Cours Licence 3 Psycho Ado FLSH ١

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Cours pour les étudiants de 3ème année

licence en sociologie

LA PSYCHOLOGIE
DE L’ADOLESCENT
Présenté par :
Mohamed Jarraya
DOCTEUR en « Sciences du Sport, de la Motricité
et du Mouvement Humain »
et
Professeur des universités à l’ISSEP de Sfax

Année Universitaire 2020-2021


MOHAMED JARRAYA

PLAN
1. INTRODUCTION A LA PSYCHOLOGIE DE L’ADOLESCENT

2. LES MODIFICATIONS PHYSIQUES PUBERTAIRES

3. LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL À L’ADOLESCENCE :


LES RELATIONS FAMILIALES, LES RÔLES SEXUELS ET LES AMITIÉS
INTRODUCTION
A LA PSYCHOLOGIE
DE L’ADOLESCENT
1. INTRODUCTION
Psychologie de l'adolescent ou psychologie génétique

Embrasse le même sujet d'étude.


Psychologie de l'enfant (l'adolescence en fait partie) ou
de psychologie génétique.
Psychologie de l'adolescent : objet d'étude qui est
l'adolescence.
Psychologie génétique : la genèse (développement) des
fonctions chez l'adolescent (intelligence, affectivité,
développement psychomoteur, etc.).
1.1. Définitions :
La Psychologie Du Développement (life-span)
La psychologie du développement rejette la notion de
maturité adulte statique et immuable (invariable),
l’adulte, comme l’enfant et le vieillard, change avec
le passage du temps en fonction de ses expériences.
La psychologie du développement a pour objet le
développement, l'évolution de l'être humain dans ses
aspects psychomoteurs, affectifs, sociaux et cognitifs
en fonction de l'âge, et étudie les causes et processus
de ces modifications. Elle étudie toutes les périodes
de la vie : de la vie intra-utérine à la vieillesse.
L'adolescence : C’est la période qui se situe
psychologiquement et culturellement entre
l'enfance et l'âge adulte. Période de transition
durant laquelle l'enfant change physiquement,
mentalement et émotionnellement pour devenir
un adulte.
L'adolescence qui s'étend de la douzième année
environ à la dix-huitième ou la vingtième année
est la dernière et la plus complexe des grandes
étapes du développement.
2. L'ADOLESCENCE ET L'HISTOIRE

EVOLUTION DE LA CONCEPTION DE L’ENFANT

A- L'ADOLESCENCE DANS L’ANTIQUITE GREQUE ET


ROMAINE
Selon Platon (-427à -347)
« Les habitudes prises pendant l'enfance, les règles de conduite
proposées à l'enfant par l'environnement, influencent son évolution
future. Le processus de développement de l'enfance à l'âge adulte
consiste en une maturation graduelle ». Platon définit 3 étapes :
• Désirs et appétit,
• Apparition des convictions et de la compréhension des choses,
• Développement de la raison et de l'intelligence qui, selon lui, innées.
Pour Aristote (-384à -322)
Le développement de la personne se divise en
3 périodes de 7ans :
 De 0 à 7 ans (la petite enfance) ;
 De 8 à 14 ans (l'enfance) ;
 De 15 à 21 ans (la jeunesse, c'est-à-dire la
capacité de choisir).
• Tout nouveau-né ou jeune enfant mal formé ou
trop faible était supprimé.
• Les enfants viables font l'objet de soins
attentifs mais ils n'ont aucune spécificité.
• Ce sont des adultes en miniature, que
l'éducation fera fructifier.
• L’enfant appartient entièrement à son père qui
a droit de vie ou de mort.
• Sénèque : il est raisonnable de noyer les
enfants débiles et faibles.
• Les enfants mâles, à moins d'être mal formés
ou trop chétifs, doivent être conservés en
raison des gros besoins militaires.
B- AU MOYEN AGE (IVème au XVème siècle)

• Pour Philippe Ariès la société traditionnelle se représentait mal


l'enfant et encore moins I'adolescent.
• L'enfant était mêlé aux adultes, partageant leurs travaux et leurs
jeux.
• De très petit enfant il devenait un homme jeune, sans passer par les
étapes de la jeunesse.
• La socialisation et la transmission des valeurs et savoirs n'étaient
donc pas assurées par la famille, I'enfant s'éloignait vite de ses
parents.
• L'enfant tirait ses connaissances en aidant les adultes.
C- AU SIECLE DES LUMIERES
• L'école s'est progressivement substituée (renouvelée)
à l'apprentissage comme moyen d'éducation.
• L'enfant a cessé d'être mélangé aux adultes.
• Les parents s'intéressèrent aux études de leurs
enfants.
• Le sentiment de famille est né avec la scolarisation
intense de la jeunesse.
Comenius (1592-1670) « l'organisation scolaire doit être basée sur
le développement de l'enfant ». Il définit 4 stades :
• De 0 à 6 ans : L'enfant doit rester à la maison pour recevoir une
éducation de base, exercer ses facultés sensori-motrices.
• De 7 à 12 ans : Tous les enfants, garçons et filles, pauvres et riches,
doivent recevoir une éducation élémentaire
• De 12 à 18 ans : L'éducation devrait favoriser le développement du
raisonnement à travers les mathématiques, la rhétorique, l'éthique...
• De 18 à 24 ans : Le système éducatif doit susciter chez les jeunes le
développement de l'autocontrôle, de la volonté. Le système éducatif
doit permettre aux jeunes adultes de voyager et de fréquenter les
universités.
Locke John (1632-1704):

 L'expérience est la source de nos connaissances.

 L'esprit du nouveau né est comme une page blanche: les

hommes étant égaux à la naissance, ils atteindront des

degrés de perfections variables selon l'environnement

dans lequel ils auront évolué.


Jean-Jacques Rousseau (1712-1778):
Tous les hommes sont bons à la naissance. C'est la
société qui nous rend mauvais. La raison est l'essence de
l'homme.
Il propose 4 stades de développement :
•De 0 à 4 ans : La petite enfance ou stade animal.
Comme un animal, l'enfant est dominé par ses émotions.
•De 5 à 12 ans : Enfance ou stade sauvage : Expérience
des sens.
•De 12 à 15 ans : L’enfant souhaite favoriser les
apprentissages autonomes et découvertes actives.
•De 15 à 20 ans : L'adolescence. C'est l'âge du
développement de la conscience et de la morale.
D- AUX 19ème & 20ème SIECLES

L'enfant, paradis perdu de l'adulte, est chéri, admiré.

Le 20ème siècle est considéré comme le siècle de


l'enfant.

La « Déclaration des droits de l'enfant » adoptée en


1959 par l'ONU institutionnalise sa protection au
niveau international.
3. LES THEORIES DE L'ADOLESCENCE
A- STANLEY HALL (1844-1924)
L'adolescence est une nouvelle naissance qui met en
relief les traits les plus récents de l’homme.
Hall qualifiait l'adolescence de « période de tumulte
émotionnel marqué par le stress et par les conflits,
où dominent l'instabilité, la fougue et la loi des
contradictions»
B- ARNOLD GESELL (l880-1961)
Pour Gesell l'adolescence est un processus de
maturation.
La maturation désigne l’ensemble des changements
physiques déterminés par les informations contenues
dans le code génétique et communes à tous les
membres d’une espèce.
Il a une conceptualisation intéressante de
l'interaction entre l'adolescent et ses parents.
C- Eric ERIKSON (la crise d'identité)
L’identité personnelle, c’est-à-dire, l’ensemble des
croyances, des sentiments, des projets rapportés à soi,
subit une évolution importante entre l’enfance et le
début de l’âge adulte. Le concept d’identité fait
référence à un processus en voie d’élaboration, une
construction jamais achevée du moi. L'adolescence est
une période de recherche, d'introspection, et
d'exploration.
L'environnement est important dans la construction de
l’identité. Établir une personnalité, c'est la confronter
aux autres, la tester.
D- L'anthropologie culturelle et l'adolescence
Le passage de l'enfance au statut d'adulte est
tellement important que de nombreuses sociétés ont
marqué ce passage à l'aide de rites.
Margaret Mead (1901-1978) montre que dans
certaines cultures il n'y a pas d'adolescence, c'est à
dire de rites de passage. C'est la culture qui crée les
stades. Dans certaines culture, l'évolution est
graduelle, autrement dit, sans stades.
L’adolescence est une période associée à des
changements majeurs sur 3 plans psychosociaux :
• Responsabilité
• Soumission
• Sexualité
De nombreuses variations dans le contenu de ces
rituels, mais certaines pratiques sont particulièrement
répandues (Cohen, 1964) :
• Séparation de l'enfant de sa famille (l'isolation).
Cette pratique marque ainsi la venue de l'âge adulte.
• Les tabous de nudité n'interviennent qu'à
l'adolescence. Les adolescents n'ont pas le droit de
parler aux membres de la famille du sexe opposé,
jusqu‘au mariage.
• Dans les cultures occidentales, Les jeunes peuvent
passer le permis de conduire à l'âge de 16 ans. A
l’âge de 18 ans, ils acquièrent le droit de vote,
peuvent se marier et s'engager dans l'armée.
E- Approche sociologique de l'adolescence

L'adolescence est un phénomène social (par


exemple, les relations avec les parents, les copains
ou encore l'autre sexe).

L'adolescence est la période où les rôles se


dessinent. Culture, classe sociale, familles,
enseignants (...) influencent et conditionnent le
vécu de l'adolescent.
LES MODIFICATIONS
PHYSIQUES
PUBERTAIRES
Dysharmonies de la croissance

Développement retardé ou puberté précoce,

on pourrait décrire tout un lot de dysharmonies

pubertaires :
• la grande fille puérile et coquette et le garçon
moustachu dont le psychisme n'a pas suivi la
croissance physique,
• les anomalies du développement mammaire,

• les irrégularités ou l'absence prolongée des


règles,
• l'adiposité et l'indifférenciation

morphologique de certains retards masculins,

• la voix qui n'en finit pas de muer et l'acné de

disparaître.
Tout cela fait jaser l'entourage mais surtout
perturbe fortement l'enfant

Il est inquiet et préoccupé de tout ce qui a


trait à son corps et surveille anxieusement les
transformations qui s'y produisent.
Craintes excessives, avouées ou inavouées, au

sujet de sa virilité ou de sa féminité futures.

Toute anomalie est valorisée à l'excès et peut

déclencher ou nourrir une angoisse.


Le recours au médecin, la sympathie de celui-

ci, même s'il ne pense pas qu'il y ait lieu

d'instituer un traitement médical, est le plus

souvent une nécessité pour que l'enfant s'apaise

et se sente comme les autres.


Problèmes alimentaires à l’adolescence

A l’adolescence il peut y avoir également


augmentation de l'incidence de deux troubles
de l'alimentation : la boulimie et l'anorexie
mentale.
Boulimie : Trouble psychique caractérisé par
l’absorption de grandes quantités de nourritures,
évoluant par crises. C’est une maladie caractérisé par «
une préoccupation obsessionnelle du poids, des
épisodes récurrents de gavage accompagnés par un
sentiment subjectif de perte de maîtrise et le recours
abusif au vomissement, à l'exercice physique et/ou aux
purgatifs dans le but de contrer les effets de la
goinfrerie » (Attie et al., 1990).
L'alternance de périodes de bombance (remplissage,
quelqu’un qui mange beaucoup) et de frugalité
(caractère de quelqu’un qui se nourrit de peu) est
normale chez les individus de tous les groupes de
poids. Ce n'est qu'au moment où l'excès s'accompagne
d'un type de purge (évacuation de l’intestin)
qu'apparaît le syndrome boulimique,
L'incidence de la boulimie a grimpé en flèche au cours
des dernières décennies, surtout chez les adolescentes
et les jeunes femmes adultes de race blanche.
En bref, la boulimie est caractérisée par :

- Alimentation compulsive.

- Le boulimique peut grossir par ce qu'il mange


mais voudrait manger sans grossir.

- Il est un adepte du miroir et de la balance.

- Il essaie de combler par la nourriture un manque


affectif.
Anorexie mentale est moins fréquente que la
boulimie mais elle peut être mortelle. Ce syndrome
se caractérise par « un comportement dirigé vers la
perte de poids, une peur intense de prendre du poids,
une perception faussée de son propre corps, une
aménorrhée (interruption des règles) et un refus
obstiné de se maintenir à un poids normal» (Attie et
al., 1990).
Entre 10 et 15% des jeunes anorexiques se laissent
littéralement mourir de faim.

L'incidence de l'anorexie est difficile à établir.


L'anorexie touche généralement certains groupes
bien particuliers de la population, telles les
personnes qui, à cause de leur carrière, doivent
conserver une extrême minceur, comme les
danseuses de ballet.
En bref, l’Anorexie est déclarée à l'observation
de ces trois symptômes en même temps:

1. refus de nourriture,

2. perte de poids,

3. aménorrhée.
- concerne essentiellement les filles entre 15 et 20 ans
(3 garçons pour 100 filles).
- La personne fait un régime car elle a une idée fausse
de son corps.
- On note une très forte agressivité et une mauvaise
identification vis à vis de la Mère (en tant que
représentation de la Femme).
- C'est donc refuser le potentiel féminin (l'obésité
représente pour l'anorexique la maternité).
Les causes de ces deux désordres semblent résider
dans l'écart entre la représentation interne « le modèle
interne » que se fait la jeune fille du corps qu'elle
aimerait avoir et la perception qu'elle a de son propre
corps.
La fréquence de ces deux syndromes augmente parce
que les corps minces, presque pré-pubères font office
de canons esthétiques dans de nombreux pays
occidentaux.
La boulimie et l'anorexie mentale semblent
apparaître seulement à l'adolescence,
précisément parce qu'une augmentation du tissu
adipeux accompagne la puberté chez la jeune
femme. Cela est particulièrement évident chez
les jeunes filles précoces dont le développement
pubertaire commence tôt. Leur organisme
produit et conserve une plus grande quantité de
tissu adipeux comparativement aux jeunes filles
tardives.
Une jeune fille précoce persuadée que la
minceur est l'un des critères principaux de la
beauté, et que la beauté est essentielle au
bonheur, risque davantage d'être victime de
boulimie ou d'anorexie si elle pense que son
corps ne reflète pas ce credo de la beauté qu'elle
a intériorisé.
Les filles apprennent très jeunes, de façon
explicite et implicite, combien il importe d'être
jolie ou séduisante et que la minceur est l'un des
critères les plus importants de la beauté.
Les filles qui acceptent et intériorisent
totalement ces modèles de beauté risquent
davantage de souffrir de boulimie ou
d'anorexie mentale.
Des études récentes révèlent que les ¾ environ
des adolescentes ont déjà suivi un régime ou s'y
astreignent actuellement, alors qu'une telle
pratique est plus rare chez les garçons (Léon et
al., 1989).
Les caractéristiques du développement
morphologiques

Deux caractéristiques du développement


morphologiques pouvaient avoir des répercussions
psychologiques :

a) les modifications dans l'apparence corporelle,

b) la précocité ou le retard de ces transformations.


a) Les modifications dans l'apparence
corporelle

À l'adolescence, la rapidité des transformations


corporelles oblige l'adolescent à modifier
l'image qu'il s'était fait de son corps.
Certains adolescents vivent assez mal ces
transformations, et éprouvent une certaine
inquiétude. Les dysharmonies momentanées
liées aux vitesses de croissance différenciée des
segments corporelles peuvent entraîner des
angoisses.
Les causes de cette angoisse sont à chercher
dans des processus cognitifs : les « modèles
internes ». Chaque adolescent se construit une
image d'un « corps idéal » construit par la
pression sociale et les normes culturelles
relatives aux « canons » de beauté, cette image
du corps idéal constitue plus ou moins
consciemment une référence, un standard.
Des troubles plus ou moins graves, allant du
simple « complexe » à l'anorexie mentale (qui
ne touche qu'une infime minorité d'individu)
peuvent apparaître quand l'adolescent perçoit un
décalage entre sa représentation interne du
corps qu'il aimerait avoir et la perception qu'il a
de son propre corps.
Il convient néanmoins de relativiser la
fréquence de ces sentiments de mal être
corporel, car plusieurs études tendent à montrer
que les adolescents vivaient en moyenne plutôt
bien leur remaniement (changement) corporel.
b) La précocité ou le retard de ces
transformations
Le moment d'apparition de ces modifications
corporelles (leur précocité ou au contraire leur
retard) peut également avoir des répercussions
psychologiques importantes. Encore une fois, les
modèles internes de l'individu sont à leur origine.
Chaque enfant posséderait un modèle interne de
ce que doit être l'âge « normal » ou souhaitable
de la puberté. Les adolescents dont la puberté
commencerait à un moment qui ne répondrait pas
à leurs attentes auraient tendance à être moins
bien dans leur peau, à être moins satisfaits de leur
corps. La plupart des jeunes s'attendent à
atteindre la puberté entre l'âge de 12 et 14 ans.
Les garçons souhaiteraient que les
transformations corporelles qui marquent la
puberté apparaissent plus précocement qu'elles
n'apparaissent naturellement.
La conséquence de ce modèle interne du
développement optimal est que les garçons
précoces ont une bonne image d'eux-mêmes,
sont équilibrés et populaires. Ils sont mis en
confiance très tôt par une musculature « hors
norme » qui correspond au stéréotype de la
virilité et qui leur permet certaines prouesses
sportives.
A l'inverse, le garçon immature vit très mal se
retard corporel qui s'accompagne d'un
sentiment d'infériorité physique, d'une estime
de soi négative, et d'un sentiment de rejet
social.
Les filles précoces ont généralement une
perception négative de leur image corporelle.
Avoir un corps de femme en 9ème de base
entraîne souvent une marginalisation
(désocialisation) des pairs féminin et masculin.
Enfin, il semble important de souligner le
caractère subjectif de ces modèles internes. Ce
n'est pas la réalité qui semble influencer le bien
être ou au contraire le mal être des adolescents,
mais l’image qu’ils se construisent d’eux-
mêmes. Quand celle-ci est en décalage avec
leurs attentes, des troubles psychologiques
peuvent survenir.
LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL À
L’ADOLESCENCE :
LES RELATIONS FAMILIALES, LES
RÔLES SEXUELS ET LES AMITIÉS

56
INTRODUCTION

SOCIALISATION

Processus d’acquisition des comportements,

des attitudes et des valeurs nécessaires à

l'adaptation sociale de l’individu. 57


L'adolescence n’est pas le point de départ du processus

de socialisation, ni la période adulte son point

d’achèvement.

La socialisation est un processus continu 58


Impulsion des transformations physiques et

mentales

l’évolution sociale change de rythme à


l'adolescence
59
La socialisation est le résultat de l‘interaction d’un

réseau complexe de facteurs psychosociaux:

Groupe des pairs


Règles et valeurs
Sexe
Milieu socio-économique 60
LES RACINES ENFANTINES
DE LA SOCIALISATION

L’enfant est un être social qui s’ajuste et apprend au contact


des personnes qui l’entoure. Ses interactions avec son milieu
ont forgé des habitudes, créé des compétences ou des
déficits qui définissent un profil psychosocial durable

À 12 ans, les acquis sociaux sont ancrés

Très difficile de corriger certaines tendances


61
Caspi et coll. (1990) ont analysé le phénomène de la
continuité de la socialisation à partir de l’observation
de trois styles d’interaction de l’enfance à l’âge
adulte chez des sujets masculins

1. Le mauvais caractère
2. La timidité
3. La dépendance
62
Exemples de caractéristiques observées chez des hommes adultes qui
ont fait preuve de « mauvais caractère », de « timidité » ou de «
dépendance » au cours de leur enfance (Caspi et al., 1990).

1. Mauvais caractère
Impulsivité, incapacité à supporter les attentes
Tendance à sexualiser, à érotiser les situations
2. Timidité
Système de défenses fragile
Renoncement devant les frustrations
3. Dépendance
Tendance à donner aux autres
Chaleur, empathie envers les autres
Sensualité
Comportement uniforme avec tout le monde 63
Les racines de la socialisation s’inscrivent dans
l’expérience de l’enfance
La continuité
d’une période
de vie à l’autre
s’exprime dans
le style
interactif. 64
LES RELATIONS FAMILIALES

L'adolescent est un sujet social.

Il se caractérise par l'appartenance à des

groupes sociaux différents,

par l'accès à des rôles nouveaux.


65
Ce qui différencie l'adolescent de l'enfant,

c'est bien sa relative autonomie,

ses possibilités d'agir en dehors du

contrôle des parents.

66
1. L'ÉMANCIPATION DE LA TUTELLE PARENTALE

La société exige qu’entre 12 et 18 ans


l’individu passe d’un état social de
dépendance enfantine à un état d'autonomie
et d’indépendance

67
Le passage de la dépendance enfantine à l'état
d'adulte socialement autonome dépend :

 Aménagements familiaux initiés à la


puberté

 Facteurs sociaux qui régissent de plus en


plus l'accès au statut adulte
68
Aménagements familiaux

Entrer en contact avec autrui, chercher la présence des


autres ou les fuir, s’exprimer verbalement ou non ….

Comportements acquis dans la famille


Expérimentés et adaptés à l’extérieur

Exemple : Attitude froide et autoritaire d’un père envers


sa fille risque de créer chez elle une image menaçante du
monde masculin
69
Aménagements familiaux

Les liens et les rôles familiaux sont les premiers


matériaux au moyen desquels le jeune se construit sur
le plan social : de leur qualité dépend le résultat final

70
Émancipation

Remplacement graduel des parents comme

premiers agents de socialisation au profit du

groupe des pairs


71
Ausubel (1980) parle à ce sujet d'un processus de
désatellisation et de resatellisation

Famille perdant progressivement ses


valeurs d'attraits

Groupe des pairs qui détiendra le système


de valeurs, les normes de conduite et les
sources d'attribution du statut
72
Le processus d'émancipation recouvre deux
dimensions :

 Le désinvestissement des attachements affectifs


envers les parents

 L'engagement dans une vie sociale qui se déroule en


dehors de la famille
73
Bianka Zazzo (1966)
Émancipation

Dépassement de l’univers social de la


famille
Si la famille s’oppose à ce dépassement en
freinant les tentatives d’émancipation de
l’adolescent, celui-ci ne réussira pas à s’épanouir
socialement ou entrera en conflit avec ses parents74
2. L‘ACCÈS À L’AUTONOMIE COMPORTEMENTALE

L'autonomie comportementale est définit en


termes de conflits.

s'articulant autour de l'affranchissement du


contrôle parental et des gains résultant de
l'engagement dans des choix personnels

75
(Douvan et Adelson, 1966)
Les sentiments conflictuels augmentent avec l'âge

entre 11 et 18 ans, pour atteindre des sommets

variables en fonction du sexe.

76
(Douvan et Adelson, 1966 ; Zazzo, 1966 ; Coleman, 1980)
Les revendications de liberté sont plus élevées
chez les filles plus jeunes (jusqu’à 15 ans)
les contraintes de la famille les maintiennent dans
une situation plus infantile,

elles se plaignent de se voir imposer les tâches


domestiques,

de faire l'objet de contrôles sévères sur les sorties


et le choix des amis masculins.
77
Chez les garçons c'est plus tard (à partir de 15

ans) que les oppositions se renforcent, lors des

confrontations autour :

 Notes scolaires,

 Choix professionnel et

 Valeurs de vie. 78
La crise d'adolescence

C’est un bouleversement intérieur de l’équilibre de

l’adolescent, aussi bien par les modifications de son

psychisme et de ses intérêts que par la croissance de

son corps et le développement de sa sexualité.


79
Conflits alimentaires : refus de la nourriture et la

peur de grossir ou bien à l’opposé l’obésité

80
Conflits de la propreté : toilette générale, la

propreté du corps et les vêtements 

81
Conflits sur le plan de la sexualité : existence des

pulsions masturbatoires qui se heurtent aux

interdits sociaux.

82
Les conflits au sujet des habitudes de vie :

l'habillement, coupe des cheveux, maquillage,

heures de sortie, etc...

83
Les conflits autour des valeurs et de la morale

La « crise » doit être également conçue selon deux

conflits:

 Le conflit externe : avec les autres générations,

les instances parentales ou sociales.

84
Les autres nous font souffrir et nous faisons souffrir
les autres par notre présence même. C'est
l'affrontement avec la résistance du monde extérieur
qui m'oblige à prendre conscience qu'il existe une
réalité en dehors de moi, multiple et bénéfique. Cette
réalité extérieure me montre mes limites, elle me
remet « à ma place », elle m'oblige à me situer, à
prendre un certain recul vis-à-vis de moi-même, à
me regarder avec les yeux des autres. 85
 Conflits avec la famille qui peut la rendre

déconcerter par des manifestations inhabituelles :

mauvaise tête, colère, insolence, désirs

d'indépendance ;

 Conflits avec le milieu scolaire : indiscipline,

agitations, mauvais travail.


86
 Le conflit intérieur : Recherche de l’identité

Ne comprend plus ce qui se passe en lui ;


ne veut plus ce qu'il voulait auparavant, mais
ne peut définir ce qu'il veut maintenant, se sent
à la fois angoissé et indifférent, solitaire et trop
entouré, timide et plein de projets grandioses
87
Diverses aspirations :
Revendications d'indépendance, pouvoir d'être libre
de ses allées et venues, des fréquentations, à
l'exercice de la sexualité, à la puissance de l'argent,
à une vie facile et luxueuse, à la préparation d'un
métier parfois inaccessible.

88
Mais
La persistance de l'infantile, le sentiment
d'impuissance devant la tâche à accomplir, de crainte
d'un rejet affectif, le goût pour des activités ou des
jeux qualifiés de puérils (d'au-dessous de son âge), le
besoin d'un refuge et d'un confident au­près des
parents, d'un climat de paix, de confiance et de
compréhension. 89
Est-ce que la crise a une fonction structurante ?

90
L’absence de la crise peut être de mauvais pronostic

La crise me rend compte de ma force véritable;

me force à prendre conscience de ce que je suis,


à m'organiser pour une plus grande efficacité,

à supporter les blessures, les contraintes,


les impossibilités
91
Si les conflits sont pour moi trop violents, je

risque d'y être écrasé, mais

Si je vis sans me heurter à rien, mon Moi reste

faible et débile.

92
Les mécanismes de défense

Les conflits auxquels sont soumis les adolescents


suscitent des mécanismes de défense permettant
de lutter contre les phénomènes pulsionnels et
les angoisses.

93
Le Passage à l'acte : fréquent à l'adolescence : ce
qui ne peut être élaboré psychiquement, représenté,
symbolisé, ou exprimé verbalement, s'exprime alors
par le biais d'actes. Ceux-ci ont une fonction de
libération des affects réprimés ou inacceptables par le
moi et de libération de la souffrance psychique.
94
Certains actes appartenant au registre de la
pathologie (la boulimie, la toxicomanie, les
différentes formes d'alcoolisation, les tentatives
de suicide, l'hétéro-agressivité (bagarres entre
bandes, vandalisme, délinquance)

95
L'idéalisation : est inséparable de la notion d'idéal du
moi qui désigne une partie du moi dont la fonction est
analogue à celle du surmoi.

Des renversements de l'affect : les sentiments sont

inversés : par exemple, l'affection devient l'hostilité


96
L'intellectualisation : est un mécanisme permettant

de fournir aux affects, aux conflits, aux fantasmes et

aux représentations, une forme élaborée, abstraite. le

«vécu affectif» est mis à distance (ni reconnu ni

exprimé comme tel, mais dissimulé).

97
Les différents mécanismes de défense ne sont
pas structurants pour le moi et peuvent limiter
son fonctionnement, voire posséder des effets
pathologiques en inhibant certaines
manifestations.

98
3. L‘ACCÈS À L’AUTONOMIE AFFECTIVE

Rupture des liens de dépendance infantile à

l'adolescence Aspects traumatiques

Le désinvestissement des objets d'amour engendre une

expérience de deuil, entraînant des sentiments de

dépression, de détresse et de culpabilités


99
(Freud, A., 1968; Green, 1977)
Le travail de deuil à l'adolescence

Adolescence : Renoncement, Abandon, Perte de


l'enfance

L'adolescent doit renoncer à l'enfant

Tout adolescent reste attaché pendant un temps à


des modes de satisfaction, des relations d'objet
infantiles, qu'il lui coûte d'abandonner 100
Renoncement

TRAVAIL DE DEUIL

Douleur Dépression
101
Deux phases successives dans le travail du deuil :
1. deuil de l'objet maternel et de sa fonction de
refuge

2. deuil des objets œdipiens


L'adolescent doit aussi renoncer à certaines images
de lui, voire aux situations infantiles

102
Les adolescentes se révèlent soucieuses de maintenir
les liens affectifs qui les relient à la famille et tentent
généralement de reproduire le modèle familial.

Douvan et Adelson (1966)

103
Les garçons paraissent plus engagés dans une
démarche de prise de distance face à la cellule
familiale et optent pour des modèles de succès et de
vie sociale extérieure à leur propre famille.

Douvan et Adelson (1966)

104
4. LA REPRÉSENTATION DES IMAGES PARENTALES
PAR LES ADOLESCENTS

Une entente meilleure, avec la mère qu’avec le père.


Les filles : plus proches de la mère.
Les garçons : une amélioration des rapports avec le
père en fonction de l’âge.
Bianka Zazzo (1966)

105
Moins de critiques au sujet de la mère :
«elle parle trop, se fâche pour des bêtises, elle est
trop nerveuse... »
La mère recueille des éloges sur ses capacités
d'affection, de bonté, de sensibilité et d'intuition.

attitude de bienveillance
106
Bianka Zazzo (1966)
Plus de critiques à l'égard du père « il a trop de
préjugés, il est pessimiste...»

visant sa personnalité
En effet, on reconnaît au père des qualités comme
les capacités de travail, la réussite professionnelle
ou le sens des responsabilités.

107
Pourquoi la meilleure entente est reconnue du
côté de la mère ?

La mère est socialement dépendante et soumise


à l’autorité masculine. Elle apparaît plutôt
comme une complice, les liens établis avec elle
sont source de stabilité et de sécurité.
108
On attribut au père les défauts qui font obstacle à
l’émancipation (trop de préjugés, conservateur,...)
mais en même temps, les qualités reconnues ou
souhaitées recouvrent des valeurs d'équilibre, de
force de caractère, d'expérience et d’autorité.

109
5. LES MODÈLES PARENTAUX ET LE
DÉVELOPPEMENT DE LA SOCIALISATION

Les parents sont les premiers agents de


socialisation de leurs enfants et la façon dont ils
exercent ce rôle a des répercussions considérables
sur la vie de ses derniers

110
«Quel modèle de parent est le plus approprié
pour préparer l'adolescent contemporain afin
d'affronter un monde largement imprévisible?»
(Conger, 1977).

111
Le style parental se définit selon deux principaux
aspects :

Le degré d’affirmation du contrôle


La sensibilité aux besoins du jeune

(Cloutier et renard, 1990; Maccoby et Martin, 1983)

112
113
• Style autocratique :
Le parent autocratique est plus sensible à ses
propres besoins qu'à ceux de l'adolescent et affirme
clairement ses exigences à l'égard de ce dernier :

« C'est moi qui suis le parent ici,


je suis donc le patron et tant que
tu resteras dans ma maison, tu
feras ce que je te demande de
faire; est-ce clair?»
(Maccoby et Martin, 1983) 114
Ce type de parent ne favorise pas la responsabilisation du
jeune du fait qu'il décide à sa place et qu'il ne lui laisse pas
l'occasion d'exercer ses capacités d'autocontrôle.
Ce style peut avoir des effets fâcheux. Il risque, en étouffant
le dynamisme personnel de l'adolescent, d'en faire un
conformiste dépendant qui n'aura pas appris à décider par
lui-même ; ou encore, si le jeune est assez fort, il peut
susciter chez celui-ci une vive réaction de révolte qui se
traduira par une rupture.

(Cloutier et renard, 1990; Maccoby et Martin, 1983)


115
• Style désengagé ou négligent:
Moins favorable au bon développement du jeune.
Souvent débordé par ses propres problèmes, le
parent désengagé n'est pas sensible aux besoins de
l'adolescent qu'il préfère laisser à lui-même, sans
aucune forme de supervision.

« J'ai assez de mes problèmes sans être


constamment obligé d'être sur ses
traces ; il me semble qu'à son âge elle
pourrait se débrouiller par elle-même...
si elle ne se conduit pas comme il faut
maintenant, elle ne le fera jamais...»
116
(Maccoby et Martin, 1983)
• Style permissif :
Le style permissif concerne les parents qui
accordent beaucoup d'attention aux besoins de leur
adolescent, sans beaucoup affirmer leur autorité
parentale.

« J’aime mon fils et je fais mon


possible pour lui rendre la vie agréable.
Il y a tellement de problèmes dans la
vie si je peux lui éviter des frustrations,
je vais le faire. On n'a qu'une jeunesse à
vivre, mieux vaut en profiter
pleinement»
117
(Maccoby et Martin, 1983)
Vivre dans un milieu où l'on est le centre de l’univers ne
favorise pas le développement des
« compétences sociales ». Penser aux autres, attendre son
tour, supporter les frustrations, travailler pour obtenir ce
qu’il désire, voilà autant d'habiletés qui s'acquièrent dans la
famille d'abord et qui seront très utiles dans tous les milieux
que connaîtra le jeune.

(Maccoby et Martin, 1983) 118


Le parent permissif n'est pas assez exigeant et ne
pose pas de limites assez claires entre le permis et
l'interdit.

(Maccoby et Martin, 1983)

119
• Style démocratique :
Les parents de ce type envoient des messages clairs
quant au permis et à l'interdit et s'occupent
activement de ce qui arrive à leur jeune de façon à
lui apporter le soutien requis.

(Maccoby et Martin, 1983)

120
Ce style parental crée une atmosphère familiale
favorable à l'acquisition des compétences sociales
parce qu'il respecte la position de l’adolescent dans
les prises de décisions qui le concernent

« Je tiens à ce que mon jeune


apprenne à se conduire comme un
membre à part entière du milieu dans
lequel il vit, en prenant toute la place
qui lui revient mais en étant aussi
exigeant envers lui qu'il l'est envers les
autres. » 121
(Maccoby et Martin, 1983)
Elder et coll. (1983) a définit sept structures
d'autorité :
 Autocratique : L'adolescent ne peut ni exprimer
ses vues personnelles, ni participer aux décisions qui
le concernent.
 Autoritaire: L'adolescent peut participer à la
discussion du problème, mais les parents se réservent
la solution finale selon leur propre jugement. 122
 Démocrate : L'adolescent contribue à la
discussion et peut s'engager dans une décision
personnelle; la décision est toutefois formulée aux
parents qui détiennent l'approbation finale.
 Égalitaire : II y a peu de différenciation de
rôles; parents et adolescents sont engagés à part
égale dans la prise de décision.
123
 Permissif : L'adolescent assume une position
plus active et plus influente dans la formulation
des décisions.
 Laissez-faire : L'adolescent a le choix
d'informer ou non ses parents de ses décisions.
 Ignorant : Les parents ignorent les décisions de
l'adolescent et ne s'en informent pas.
124
Les pères sont plus souvent classés dans les
catégories, «autocratique» et «autoritaire» (35 % des
cas) que les mères (22 %).
Des modèles plus permissifs à l'égard des adolescents
plus âgés.
Plus de parents autoritaires dans les familles
nombreuses que dans les familles restreintes.

125
Le style démocratique recueille le plus d'adhésion de
la part des adolescents (près de 90 %).
On accepte plus un père autoritaire (75 %) qu'une
mère qui exerce ce rôle (50 %); de même, une mère
permissive est jugée plus favorablement qu'un père
exerçant ce même rôle.

126
Le style «démocratique» donne lieu aux sentiments
d'indépendance et de confiance les plus élevés,
lorsque les parents formulent des explications pour
justifier leurs décisions (Elder, 1963).

Les adolescents qui vivent sous un régime parental


démocratique estiment disposer d'assez de liberté, en
plus de se voir traités comme des adultes (Kandel &
Lesser, 1972). 127
LES RÔLES SEXUELS À L’ADOLESCENCE

Rôle sexuel : intériorisation des normes qui


dessinent les comportements masculins et féminins
appropriés dans une culture donnée.

128
A. L'identité de genre
La notion d'identité de genre qualifie les dimensions
corporelles de la représentation de soi et de son sexe.
Avant l'âge de cinq ans, l'enfant sait qu'il est fille ou
garçon et manifeste les préférences typiques de son
sexe dans le choix des jouets, des vêtements, etc., car
cette représentation intime est le fruit de la
reconnaissance d'un corps sexué, combiné aux effets
précoces de la socialisation.

129
Douvan (1979) a souligné que les parents ne
constituent pas la seule source qui dessine l'identité
de genre. L'action d'autres adultes et surtout celle
d'autres enfants serait très déterminante sur
l'incorporation des indices corporels.

130
À l'adolescence, l'accès à la maturité pubertaire
impose un corps manifestement sexué pour soi et pour
l'entourage et entraîne l'exigence de reconstruire
l'image corporelle.
Ces préoccupations s'inscrivent à l'adolescence au
sein d'un système coercitif de conformité aux normes
de l'apparence sexuelle adéquate, normes véhiculées
par l'ensemble de la société mais, plus
impérativement, par le groupe des pairs du même âge.
131
Le jeu des pressions sociales sur la représentation de
l'identité de genre s'exerce différemment auprès des
deux sexes. L'acceptation de l’identité de genre paraît
plus problématique chez l'adolescent (Rosenbaum,
1980; Douvan, 1979).

132
Bettelheim (1971) estime que les menstruations
offrent un signe précis de l'accès à la féminité alors
que les garçons ne détiennent pas un indicateur aussi
clair, dissipant toute ambiguïté sur l'identité de genre.

133
L'identité virile est strictement délimitée au moyen
de critères univoques et toute dérogation entraîne des
risques de rejet, alors que chez les filles, le choix de
l'identité de genre se déploierait dans un éventail de
rôles plus large. En revanche, chez les filles, l'image
corporelle est considérablement affectée par la
pression des normes sociales à l'adolescence, au point
que cette représentation irradie l'ensemble de la
conception de soi. 134
B. Les rôles sexuels

La notion de rôle sexuel fait appel à la représentation

de soi comme être masculin ou féminin mais, cette

fois, en termes de comportement et d’attitudes

s’exprimant dans des situations sociales.

135
Ce concept est clairement relié à la culture qui définit les
comportements requis dans la vie quotidienne à travers
les aspects les plus apparents et les plus expressifs des
conduites: les goûts, les préférences. Les rôles sexuels
sont hautement prévisibles: on s'attend à ce que les filles
s'émeuvent devant les bébés ou les petits animaux, que
les garçons s'intéressent aux sports, etc.
136
Pour Douvan (1979), l’adoption du rôle sexuel
constitue une réalité centrale qui s'impose à
l'adolescence durant une courte période qu'elle situe
entre la puberté et le début de l'âge adulte. A la
puberté, les pressions sociales véhiculées par les
adultes et plus particulièrement par le groupe des
pairs, poussent l'individu à s'engager dans un rôle
sexuel tranché et socialement acceptable.
137
Douvan (1979) considère que le développement du
rôle sexuel serait plus problématique pour la fille que
pour le garçon. Chez le garçon, bien avant l’entrée à
l'école, on observe une rupture dans les procédures de
socialisation, lorsqu'il doit abandonner la dépendance
et la passivité qui caractérisaient le premier âge, pour
adopter une forme d'indépendance et d'affirmation de
soi dans la vie sociale, avec les autres enfants. 138
Chez la fille, cette rupture s'opère à l'adolescence. Durant
l'enfance, la fille aurait été soumise à un double message, le
premier favorisant la dépendance dans le foyer, le second
encourageant l'individualisme et la compétition dans la vie
scolaire; mais à l'adolescence, «la fille découvre qu'elle doit
abandonner ou déguiser ces traits de compétition individuelle
si elle veut se faire accepter comme être féminin ... on attend
d'elle qu'elle abandonne les projets de réalisation personnelle
ou qu'elle relègue ses ambitions, pour adopter ses objectifs
majeurs: devenir épouse et mère» (Douvan, 1979, p. 90).
139
C. L'identité sexuelle
A l'adolescence, l'individu adhère à un style de vie
qui identifie directement sa position sexuelle et il se
définit à travers des images sexuelles: «fille
sérieuse».

140
L'identité sexuelle est affirmée à l'adolescence à la
suite d'une élaboration intérieure qui va d'autant
moins de soi que les notions d'homme et de femme
sont saturées de significations sociales et
psychologiques et contraignent les sujets à des rôles
qu'il ne sont pas forcément en mesure d'assumer.
Dans le domaine de la pathologie, les névroses
(l'hystérie notamment), mais aussi l'anorexie mentale,
attestent de ces difficultés, pour certains sujets, à
construire l'identité sexuelle. 141
LE GROUPE DES PAIRS

Les relations avec les pairs occupent indéniablement


une place prépondérante à l’adolescence. Les
adolescents passent le plus clair de leurs journées en
compagnie d’adolescents de leur âge.

142
Le groupe des pairs du même âge assume un rôle
central dans les procédures de socialisation des
adolescents, puisque le mouvement d'émancipation
de l'influence familiale s'opère parallèlement à un
investissement intense dans les activités sociales avec
les partenaires du même âge. Le phénomène de
regroupement des adolescents semble être universel.
143
A. Le groupe des pairs et les comportements
asociaux
La bande est considérée comme le lieu naturel de
l'expression de l'agressivité adolescente. La bande
adolescente est le lieu de la réalisation des
frustrations sociales des jeunes issus des classes
défavorisées qui adoptent les chemins de la
délinquance.
144
Si le groupe des pairs influence l'acquisition de

certains comportements jugés asociaux, cette

influence s'exerce au sein d'un réseau complexe de

facteurs sociaux et personnels.

145
Il est certain que le type de relation que l'adolescent

entretient avec sa famille est important et que la

présence de relations familiales problématiques rend

l'adolescent plus vulnérable à l'influence des pairs.

146
B. L'évolution des groupes et des amitiés en
fonction de l'âge et du sexe
A l'adolescence, l'individu est généralement impliqué
dans divers groupes qui se chevauchent et changent
en termes de taille et de degré d'intimité entre les
membres.

147
148
149
150
L'investissement affectif dans l'amitié est toujours

plus intense chez les filles que chez les garçons:

tensions, jalousies et conflits avec les amies intimes

Crainte de rejet affectif et d'exclusion

151
Cette vulnérabilité particulière des filles à la jalousie
et à la crainte du rejet découle de la survalorisation
de l'intimité et de la dépendance dans les procédures
de socialisation des filles. En effet, pour les garçons
les relations d'amitié sont orientées vers l'action
commune (Coleman, 1980).
152
C. L'évolution de la structure du groupe des pairs
À l'adolescence, la structure du groupe des pairs
évolue considérablement sous la pression des
exigences dictées par l'engagement dans les relations
hétérosexuelles.
L'ensemble des relations interpersonnelles s'inscrit à
l'intérieur de deux groupes :
1. Groupe élargi des «amis», fréquentés dans le
quartier et à l'école (de 15 à 30 membres), et
2. Groupe restreint des amis intimes (de 2 à 6). 153
Ces deux groupes assument des fonctions différentes:

• le premier groupe organise les activités sociales —


rencontres, jeux, soirées — et agit surtout durant les
week-ends et les congés;

• le groupe restreint est plus permanent, il constitue


le lieu de la rencontre, d’échange des idées, des
intérêts et des sentiments. 154
Dunphy (1963) a définit deux types de groupes :
La clique: 6 à 8 ado possédant des liens
d'attachement très forts, au sein duquel priment la
loyauté et la solidarité. La clique suscite une forte
adhésion et ses membres sont très intimes. Au début
de l’adolescence, la clique est généralement formée
d’individus de même sexe.
155
La bande : Groupe d'amis plus nombreux et plus
ouvert qu'une clique, comprenant environ 20
membres. Elle est formée de plusieurs cliques,
hétérosexuelles, pour céder finalement le pas à la libre
association des couples. La construction de la bande
aura lieu de 13 à 15 ans.
156
D. Les fonctions du groupe des pairs

Les relations parentales sont souvent chargées


d'émotions conflictuelles, au point qu'il devient
malaisé pour l'adolescent de partager avec ses parents
la réalité de ses expériences et de ses émotions.

157
Le groupe des pairs assume un rôle prépondérant
dans les procédures de socialisation des adolescents.
Il assume une fonction centrale auprès d'individus
vivant une problématique sur le plan de
l'émancipation de l'autorité parentale, de la recherche
d'un statut et de l'identification sexuelle.

158
De multiples observations soulignent le rôle
formateur des groupes dans la vie des adolescents et
l'importance des relations entre pairs.
Les groupes constitués autour des loisirs, des activités
sportives, les bandes représentent les différents lieux
de socialisation extérieurs à la famille.

159
L'adolescent qui cherche à se dégager de la tutelle
parentale trouve dans les différents groupes un milieu
privilégié pour son développement social et affectif.
C'est d'ailleurs à l'intérieur de ceux-ci que se nouent le
plus souvent les relations sentimentales et sexuelles.

160
La nécessité pour l'adolescent d'être en groupe répond
à des déterminants psychologiques : identification des
membres entre eux, externalisation dans le groupe,
cessation des idéaux du moi, protection contre un
extérieur jugé menaçant, acquérir une représentation
de soi, lui permettre de prendre des risques et de se
confronter à des réalités compétitives.
161
L'intégration dans ces groupes n'est pas forcément
opposée à l'intégration familiale. Il semble au
contraire que le recours à l'avis des parents pour la
plupart des problèmes rencontrés soit plus fréquent
que le recours aux jugements des camarades, à
l'exception toutefois des situations sentimentales.

162
CONCLUSION :
LE COMPORTEMENT SOCIAL DE L’ADOLESCENT

Phase d'opposition (12-15 ans):


Période du «Je n'veux pas!».

L'adolescent est imprévisible, refus de tout ordre établi,


provocations... Incapacité à dominer les désirs, et recherche du
plaisir dans la transgression de l'interdit.

Il y a aussi un « mésestime » de tout ce qui représente l'ordre.

Prise de conscience de soi


Phase d'affirmation du Moi (13-17 ans):
Période de revendication, de « Je veux! », avec
demande d'indépendance, de liberté.

Période du conflit des générations. Période où on


discute beaucoup.
Orgueil, idéalisation.

Générosité et égoïsme.
Affirmer son identité
Phase d'insertion (16-20 ans):
L'adolescent s'identifie à l'adulte de façon stable,
avec moins d'idéalisation. Il réalise son
indépendance affective, et construit son
indépendance économique. On accepte réellement
et sans ambivalence de se passer de ses parents.

Phase de construction et d’intégration.


Références Bibliographiques :

Bée, H., (1997). Psychologie du développement humain :


Les âges de la vie. Montréal : Editions du renouveau
pédagogique.
Cloutier, R. (1982). Psychologie de l'adolescent.
Chicoutimi: Gaétan Morin Editeur.
Debesse, M. L'adolescence. Coll. « Que Sais-je? » P.U.F.
Dolto, F. (1988). La cause des adolescents. Paris: Laffont
Erikson, E.H. (1972). Adolescence et crise. Paris:
Flammarion.
Galimard, P. (1968). L’enfant de 12 à 15 ans. Toulouse,
Edition Edouard Privat.
Lehalle H. (1991). Psychologie des adolescents. Paris,
Editions PUF.

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