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{{ébauche|économie|date=02/12/2005}}
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|légende=Le concept de l'économie comportementale consiste à influencer le comportement et les actions des gens : par exemple, l'image de mouche domestique gravée dans l'émail de cet urinoir incite les utilisateurs à améliorer leur visée, ce qui réduit les coûts de nettoyage.
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L’'''économie comportementale''' est un champ de la [[Économie (discipline)|science économique]] qui étudie le [[comportement]] des [[Homo sapiens|êtres humains]] dans les situations économiques. L'un des principaux objectifs de l'économie comportementale est notamment de décrire et d'expliquer pourquoi, dans certaines situations, les êtres humains adoptent un comportement qui peut sembler paradoxal ou non [[rationalité|rationnel]], c'est-à-dire contraire à ce que prédirait la [[Théorie des jeux|théorie]] de l{{'}}''[[Homo œconomicus]]''. Ce courant de recherche s'appuie sur l'expérimentation en laboratoire ([[économie expérimentale]]) ou le recueil de données réelles et se trouve à l'interface entre l'économie ([[sciences économiques]]) et la [[psychologie]] ([[sciences comportementales]]). Il peut être employé à des fins d'émancipation de l{{'}}''[[Homo œconomicus]]'' et de rationalisation de ses comportements économiques, ou bien, inversement, à des fins de soumission et d'abolition du discernement, afin de rendre, par des [[biais cognitif]]s, le consommateur dépendant des producteurs et des distributeurs<ref>Lucie Wellgarde, « Les techniques de manipulation », ''E-commerce'' du 4 octobre 2021, [https://www.docaufutur.fr/2021/10/04/les-techniques-de-manipulation-destinees-a-vous-consommateurs/].</ref>.
'''L'économie comportementale''' (behavioral economics) s'est développée en réponse aux limites de l'économie standard reposant sur l'hypothèse de rationalité individuelle. Elle a pris appui sur les avancées de la psychologie expérimentale, portées par Daniel Kahneman et Amos Tversky qui ont mis en évidence les "anomalies" dans les comportements réels des agents économiques, rarement conformes à la théorie du choix rationnel (égoïsme, préférences stables et connues, maximisation de l'utilité espérée, capacité de calcul et de traitement de l'information illimitée, etc). Ces travaux ont montrés le rôle joué par les erreurs de jugement (biais cognitifs), les émotions, ainsi que les normes et interactions sociales (biais moraux, biais de conformité), dans les processus de décision des individus.


L'économie expérimentale est une discipline qui s'est développée depuis la fin du {{s-|XX}}. [[Daniel Kahneman]] a d'ailleurs reçu, en 2002, le [[Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel|« Nobel » de l'économie]] pour ses travaux pionniers.
Le courant de l'économie comportementale a fait des expériences de laboratoire (in vitro) et de terrain (in vivo).


Autre domaine dans le champ des sciences économiques, la [[finance comportementale]] est l'étude plus particulière des comportements en situation de [[marché financier]] et insiste davantage sur leur dimension collective.
Suite aux premières expérimentations d'Edward Chamberlin, Vernon Smith, co-lauréat avec Daniel Kahneman du prix Nobel d'économie 2002, va développer et perfectionner la méthode expérimentale à partir des années 1960, en reproduisant en laboratoire le fonctionnement de différents types de marché. Relativement aux autres méthodes d'investigation empiriques utilisées en économie, l'expérimentation permet le contrôle - dans certaines limites -de l'environnement et de la réplicabilité des expériences. Ainsi, il devient possible de tester empiriquement les prédictions des modèles de l'économie standard (et donc de réfuter certains de ces résultats) et dans une démarche inductive, d'explorer les comportements de agents afin d'en révéler des régularités empiriques nouvelles (souvent éloignées de l'égoïsme rationnel en raison des biais comportementaux).


== Origine et visée scientifiques ==
Cette approche alternative des comportements économiques mobilisant les méthodes expérimentales a révolutionné un grand nombre de champs d'étude de l'économie : le fonctionnement des marchés (marchés des biens, financiers...), l'économie du travail, l'organisation industrielle, l'analyse des choix de consommation et d'épargne, la politique fiscale, environnementale, de la santé, etc. Etant désormais une branche à part entière de la science économique, l'économie comportementales permet '''(k)''' de produire de connaissances théoriques nouvelles en confrontant les prédictions des modèles aux observations,'''(kk''') de collecter des données difficilement accessibles grâce aux enquêtes statistiques, par exemple sur les comportements d'aversion au risque, et enfin '''(kkk''') d'aider à la décision publique testant des mesures de politiques économiques pour évaluer leurs efficacité<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=L'économie comportementale, une nouvelle approche des comportements individuels et des phénomènes sociaux — Sciences économiques et sociales|url=http://ses.ens-lyon.fr/articles/leconomie-comportementale-nouvelle-approche-des-comportements-individuels-et-des-phenomenes-sociaux|site=ses.ens-lyon.fr|consulté le=2018-11-18}}</ref>.
{{Section à sourcer|date=juillet 2024|commentaire="Si la seule source de cette longue section est celle apportée à la fin, on ne peut pas être loin d'un plagiat, non ? Il vaudrait mieux mieux justifier. Ou sourcer !"}}
'''L'économie comportementale''' (''behavioral economics'') s'est développée en réponse aux limites de l'économie standard reposant sur l'hypothèse de rationalité individuelle. Elle a pris appui sur les avancées de la psychologie expérimentale, portées par Daniel Kahneman et Amos Tversky qui ont mis en évidence les "anomalies" dans les comportements réels des agents économiques, rarement conformes à la théorie du choix rationnel (égoïsme, préférences stables et connues, maximisation de l'utilité espérée, capacité de calcul et de traitement de l'information illimitée, etc.) Ces travaux ont montré le rôle joué par les erreurs de jugement (biais cognitifs), les émotions, ainsi que les normes et interactions sociales (biais moraux, biais de conformité), dans les processus de décision des individus.


Le courant de l'économie comportementale a fait des expériences de laboratoire (in vitro) et de terrain (in vivo).
L'<nowiki/>'''économie comportementale''' est un champ de la [[Économie (discipline)|science économique]] qui étudie le [[comportement]] des [[êtres humains]] dans les situations économiques. L'un des principaux objectifs de l'économie comportementale est notamment de décrire et d'expliquer pourquoi, dans certaines situations, les êtres humains adoptent un comportement qui peut sembler paradoxal ou non-[[rationalité|rationnel]], c'est-à-dire contraire à ce que prédirait la [[Théorie des jeux|théorie]] de l'''[[Homo œconomicus]]''. Ce courant de recherche s'appuie donc beaucoup sur l'expérimentation en laboratoire ([[économie expérimentale]]) ou le recueil de données réelles et se trouve donc à l'interface avec la [[psychologie]].


À la suite des premières expérimentations d'Edward Chamberlin, Vernon Smith, co-lauréat avec Daniel Kahneman du prix Nobel d'économie 2002, va développer et perfectionner la méthode expérimentale à partir des années 1960, en reproduisant en laboratoire le fonctionnement de différents types de marché. Relativement aux autres méthodes d'investigation empiriques utilisées en économie, l'expérimentation permet le contrôle - dans certaines limites - de l'environnement et de la réplicabilité des expériences. Ainsi, il devient possible de tester empiriquement les prédictions des modèles de l'économie standard (et donc de réfuter certains de ces résultats) et dans une démarche inductive, d'explorer les comportements des agents afin d'en révéler des régularités empiriques nouvelles (souvent éloignées de l'égoïsme rationnel en raison des biais comportementaux).
L'économie expérimentale est une discipline qui s'est beaucoup développée depuis la fin du {{XXe siècle}}, [[Daniel Kahneman]] a d'ailleurs reçu, en 2002, le [[Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel|« prix Nobel » d'économie]] pour ses travaux pionniers dans ce domaine (comme mentionné un peu plus au-dessus). Autre domaine dans le champ des sciences économiques, la [[finance comportementale]] est l'étude plus particulière des comportements en situation de [[marché financier]] et insiste donc plus sur leur dimension collective.

Cette approche alternative des comportements économiques mobilisant les méthodes expérimentales a révolutionné un grand nombre de champs d'étude de l'économie : le fonctionnement des marchés (marchés des biens, financiers…), l'économie du travail, l'organisation industrielle, l'analyse des choix de consommation et d'épargne, la politique fiscale, environnementale, de la santé, etc. Étant désormais une branche à part entière de la science économique, l'économie comportementale permet '''(i)''' de produire des connaissances théoriques nouvelles en confrontant les prédictions des modèles aux observations, '''(ii''') de collecter des données difficilement accessibles grâce aux enquêtes statistiques, par exemple sur les comportements d'aversion au risque, et enfin '''(iii''') d'aider à la décision publique en testant des mesures de politiques économiques pour évaluer leurs efficacité<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=L'économie comportementale, une nouvelle approche des comportements individuels et des phénomènes sociaux — Sciences économiques et sociales|url=http://ses.ens-lyon.fr/articles/leconomie-comportementale-nouvelle-approche-des-comportements-individuels-et-des-phenomenes-sociaux|site=ses.ens-lyon.fr|consulté le=2018-11-18}}.</ref>.


== Les bases conceptuelles ==
== Les bases conceptuelles ==
{{Section sans source|date=juillet 2024|commentaire="Travail personnel ?"}}
L'économie comportementale étudie les effets de facteurs psychologiques, cognitifs, émotionnels, culturels et sociaux sur les décisions économiques d'individus et d'institutions et la manière dont ces décisions diffèrent de celles impliquées par la théorie classique.
L'économie comportementale étudie les effets de facteurs psychologiques, cognitifs, émotionnels, culturels et sociaux sur les décisions économiques d'individus et d'institutions et la manière dont ces décisions diffèrent de celles impliquées par la théorie classique.


L’économie comportementale s’intéresse principalement aux limites de la rationalité des agents économiques. Les modèles comportementaux intègrent généralement les connaissances de la psychologie, des neurosciences et de la théorie microéconomique. L'étude de l'économie comportementale comprend la manière dont les décisions de marché sont prises et les mécanismes qui déterminent le choix du public. Les trois thèmes dominants en économie comportementale sont les suivants:
L’économie comportementale s’intéresse principalement aux limites de la rationalité des agents économiques. Les modèles comportementaux intègrent généralement les connaissances de la psychologie, des neurosciences et de la théorie microéconomique. L'étude de l'économie comportementale comprend la manière dont les décisions de marché sont prises et les mécanismes qui déterminent le choix du public. Les trois thèmes dominants en économie comportementale sont les suivants :


; Heuristique
Heuristique: les humains prennent 95% de leurs décisions en utilisant des raccourcis mentaux ou des règles empiriques.
: Les humains prennent 95 % de leurs décisions en utilisant des raccourcis mentaux ou des règles empiriques.


; Encadrement
Encadrement: ensemble d'anecdotes et de stéréotypes constituant les filtres mentaux sur lesquels les individus s'appuient pour comprendre les événements et y réagir.
: Ensemble d'anecdotes et de stéréotypes constituant les filtres mentaux sur lesquels les individus s'appuient pour comprendre les événements et y réagir.


Les inefficiences du marché: celles-ci incluent une mauvaise tarification et une prise de décision non rationnelle.
; Inefficiences du marché
: Elles incluent une mauvaise tarification et une prise de décision non rationnelle.


Au cours de la période classique de l'économie, la microéconomie était étroitement liée à la psychologie. Par exemple, Adam Smith a écrit The Theory of Moral Sentiments (La théorie des sentiments moraux), qui proposait des explications psychologiques du comportement individuel, notamment des préoccupations relatives à l'équité et à la justice. Jeremy Bentham a beaucoup écrit sur les fondements psychologiques de l'utilité. Ensuite, pendant le développement de l’économie néo-classique, les économistes ont cherché à réorganiser la discipline en tant que science naturelle, en déduisant le comportement des hypothèses sur la nature des agents économiques. Ils ont développé le concept d'homo economicus, dont le comportement était fondamentalement rationnel.
Au cours de la période classique de l'économie, la microéconomie était étroitement liée à la psychologie. Par exemple, Adam Smith a écrit {{Citation étrangère|langue=en|The Theory of Moral Sentiments}} ([[Théorie des sentiments moraux]]), qui proposait des explications psychologiques du comportement individuel, notamment des préoccupations relatives à l'équité et à la justice. Jeremy Bentham a beaucoup écrit sur les fondements psychologiques de l'utilité. Ensuite, pendant le développement de l’économie néo-classique, les économistes ont cherché à réorganiser la discipline en tant que science naturelle, en déduisant le comportement des hypothèses sur la nature des agents économiques. Ils ont développé le concept d'homo oeconomicus, dont le comportement était fondamentalement rationnel.


Les économistes néo-classiques ont bien incorporé des explications psychologiques: c'était le cas de Francis Edgeworth, Vilfredo Pareto et Irving Fisher. La psychologie économique est apparue au XXe siècle dans les travaux de Gabriel Tarde, George Katona et Laszlo Garai.L'utilité attendue et les modèles d'utilité réduits ont commencé à être acceptés, générant des hypothèses vérifiables sur la prise de décision compte tenu de l'incertitude et de la consommation intertemporelle, respectivement. Des anomalies observables et reproductibles ont fini par remettre en cause ces hypothèses, et Maurice Allais a pris des mesures supplémentaires, par exemple pour définir le paradoxe Allais, un problème de décision qu'il avait présenté pour la première fois en 1953 et qui contredisait l'hypothèse d'utilité attendue.
Les économistes néo-classiques ont bien incorporé des explications psychologiques : c'était le cas de Francis Edgeworth, Vilfredo Pareto et Irving Fisher. La psychologie économique est apparue au {{s|XX}} dans les travaux de Gabriel Tarde, George Katona et Laszlo Garai. L'utilité attendue et les modèles d'utilité réduits ont commencé à être acceptés, générant des hypothèses vérifiables sur la prise de décision compte tenu de l'incertitude et de la consommation intertemporelle, respectivement. Des anomalies observables et reproductibles ont fini par remettre en cause ces hypothèses, et [[Maurice Allais]] a pris des mesures supplémentaires, par exemple pour définir le paradoxe Allais, un problème de décision qu'il avait présenté pour la première fois en 1953 et qui contredisait l'hypothèse d'utilité attendue.


Dans les années 1960, la psychologie cognitive a commencé à éclaircir davantage le cerveau en tant que dispositif de traitement de l'information (contrairement aux modèles comportementalistes). Des psychologues de ce domaine, tels que Ward Edwards, Amos Tversky et Daniel Kahneman, ont commencé à comparer leurs modèles cognitifs de prise de décision avec risque et incertitude aux modèles économiques de comportement rationnel. La psychologie mathématique reflète un intérêt de longue date pour la transitivité des préférences et la mesure de l'utilité.
Dans les années 1960, la psychologie cognitive a commencé à éclaircir davantage le cerveau en tant que dispositif de traitement de l'information (contrairement aux modèles comportementalistes). Des psychologues de ce domaine, tels que Ward Edwards, Amos Tversky et Daniel Kahneman, ont commencé à comparer leurs modèles cognitifs de prise de décision avec risque et incertitude aux modèles économiques de comportement rationnel. La psychologie mathématique reflète un intérêt de longue date pour la transitivité des préférences et la mesure de l'utilité.


Certains, du fait du voisinage [[sémantique]] entre ''behavioral economics'', l'appellation apportée par les chercheurs américains, et ''behaviorism'', considèrent que ce domaine s'inspire essentiellement de la psychologie [[Behaviorisme|behavioriste]] ou comportementaliste. Toutefois, à la différence de celle-ci, l'économie comportementale ne se limite pas à une simple étude des symptômes (effets économiques en l'occurrence) et du couple stimulus — réaction, même si les phénomènes de sous-réaction / surréaction, étudiés notamment par [[Richard Thaler]], font partie de cette discipline d'analyse économique. Elle fait appel aussi à de nombreux autres concepts, tant de la psychologie individuelle que de la [[psychologie sociale]], notamment tout ce qui a trait aux [[biais cognitif]]s et émotionnels, qu'ils soient individuels ou résultent d'effets de groupe ([[conformisme]]...).
Certains, du fait du voisinage [[sémantique]] entre ''{{Lang|en|behavioral economics}}'', l'appellation apportée par les chercheurs américains, et ''{{Lang|en|behaviorism}}'', considèrent que ce domaine s'inspire essentiellement de la psychologie [[Behaviorisme|behavioriste]] ou comportementaliste. Toutefois, à la différence de celle-ci, l'économie comportementale ne se limite pas à une simple étude des symptômes (effets économiques en l'occurrence) et du couple stimulus — réaction, même si les phénomènes de sous-réaction / sur-réaction, étudiés notamment par [[Richard Thaler]], font partie de cette discipline d'analyse économique. Elle fait appel aussi à de nombreux autres concepts, issus tant de la psychologie individuelle que de la [[psychologie sociale]], notamment tout ce qui a trait aux [[biais cognitif]]s et émotionnels, qu'ils soient individuels ou résultent d'effets de groupe ([[conformisme]]).


== Méthodes utilisées et phénomènes constatés ==
== Méthodes utilisées et phénomènes constatés ==
L'économie comportementale étudie ces phénomènes, tant à large échelle (macro EC) par des enquêtes sur des segments de population concernés, des études de terrain et l'analyse de séries statistiques, que par des méthodes à portée moins généralisable (micro EC) proches de l'[[économie expérimentale]], laquelle consiste à simuler en laboratoire certains comportements économiques individuels par le truchement des jeux.
L'économie comportementale étudie ces phénomènes, tant à large échelle (macro EC) par des enquêtes sur des segments de population concernés, des études de terrain et l'analyse de séries statistiques, que par des méthodes à portée moins généralisable (micro EC) proches de l'[[économie expérimentale]], laquelle consiste à simuler en laboratoire certains comportements économiques individuels par le truchement des jeux.


Notons aussi qu'une bonne partie des recherches de l'économie comportementale et des phénomènes constatés sont communs avec ceux de la [[finance comportementale]], au point que les deux disciplines sont souvent regroupées.
Notons aussi qu'une bonne partie des recherches de l'économie comportementale et des phénomènes constatés sont communs avec ceux de la [[finance comportementale]], au point que les deux disciplines sont souvent regroupées.


La différence macro / micro déjà évoquée (et présente tant en économie qu'en finance) se situe au niveau de l'ampleur des phénomènes, de l'échelle de temps, de la réalité des situations (et donc des motivations). C'est ainsi que :
La différence macro / micro déjà évoquée (et présente tant en économie qu'en finance) se situe au niveau de l'ampleur des phénomènes, de l'échelle de temps, de la réalité des situations (et donc des motivations). C'est ainsi que :
* les avancées de la [[neuroéconomie]] contribuent à ces recherches. Les constatations portent en particulier sur le fait que la prise de décision économique est affectée par des facteurs psychologiques, tant cognitifs qu'émotionnels, qui s'écartent en partie de la rationalité attribuée à l'[[homo œconomicus]]<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Benjamin|nom1=Pelloux|prénom2=Jean-Louis|nom2=Rullière|prénom3=Frans|nom3=Van Winden|titre=La neuroéconomie dans l’agenda de l’économie comportementale|périodique=Revue française d'économie|volume=23|numéro=4|date=2009|issn=0769-0479|doi=10.3406/rfeco.2009.1705|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/rfeco_0769-0479_2009_num_23_4_1705|consulté le=2018-11-21|pages=3–36}}</ref>.

* la question est commune à l'ensemble des branches de l'économie expérimentale, il est délicat d'extrapoler les comportements individuels ou de petits groupes à l'ensemble de l'économie. D'autant que, au sein d'une foule ou d'une masse, l'individu tend à modifier son comportement (par ex. mimétisme exacerbé lors des bulles et krachs). De ce fait, l'étude des comportements des populations, ou du moins des [[segment de population|segments de population]] (types d'agents économiques) est également utilisée. Cela relève de techniques de la [[sociologie]], à la fois sous forme d'enquêtes et d'inférences statistiques. Ces études peuvent difficilement donner lieu à des expérimentations à grande échelle sur le terrain, ce qui poserait le problème éthique de la manipulation collective.
* les avancées de la [[neuroéconomie]] contribuent à ces recherches. Les constatations portent en particulier sur le fait que la prise de décision économique est impactée par des facteurs psychologiques, tant cognitifs qu'émotionnels, qui s'écartent en partie de la rationalité attribuée à l'[[homo œconomicus]].
* la question est commune à l'ensemble des branches de l'économie expérimentale, il est délicat d'extrapoler les comportements individuels ou de petits groupes à l'ensemble de l'économie. D'autant que, au sein d'une foule ou d'une masse l'individu tend à modifier son comportement (par ex. mimétisme exacerbé lors des bulles et krachs). De ce fait l'étude des comportements des populations, ou du moins des [[segment de population|segments de population]] (types d'agents économiques) est également utilisée. Cela relève de techniques de la [[sociologie]], à la fois sous forme d'enquêtes et d'inférences statistiques. Ces études peuvent difficilement donner lieu à des expérimentations à grande échelle sur le terrain, ce qui poserait le problème éthique de la manipulation collective.
*

'''''Les méthodes de la prévision économique en Pologne'''''

''également les formules représentant des phénomènes cycliques comme celui de 1' « écho » économique, celui des fluctuations périodiques des prix, etc. à l'aide d'exemples empruntés à l'expérience économique... polonaise. L'auteur tient compte en outre des nouvelles applications de l'analyse des phénomèneséconomiques. L'une d'elles consiste à étudier la demande sur le marché par le biais des budgets familiaux... des prix. Pour conclure, l'auteur fait état de l'expérience polonaise d'utilisation de la méthode de Delphes et de celle des calculatrices électroniques, notamment des ordinateurs analogiques...Les méthodesde la prévision économique en Pologne... des méthodes mathématiques dans la planification économique. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages théoriques et de modèles pratiques d'optimalisation utilisés dans l'industrie. Mieczyslaw Lesz... l'accroissement de la production des biens de la troisième catégorie, nous avons utilisé la courbe logistique ou la courbe 10 Méthodes de la prévision économique en Pologne de Gompertz. La particularité... au cours d'une période assez courte, son échange par les utilisateurs, dû à l'usure, 12 Méthodes de la prévision économique en Pologne intervient rapidement également et la demande en est beaucoup augmentée.''

'''''Psychanalyse et sociologie comme méthodes d'étude des phénomènes historiques et culturels'''''

''Archives de Sciences Sociales des Religions / Année 1975 / 40 / pp. 265-266''

''Psychanalyse et sociologie comme'' méthodes ''d'étude des'' phénomènes ''historiques et culturels... application de la psychanalyse hors du champ thérapeutique ou la présence une illusion 21-40) pose le problème des analystes qui arrêtent leur intérêt pour les manifestations de inconscient'' dès ''le départ...BULLETIN DES OUVRAGES 40A26 Psychanalyse et sociologie comme mé thodes étude des'' phénomènes ''histori ques et culturels Publié conjointement par Institut de Sociologie de Université Libre de Bruxelles... un résidu de pensée reli gieuse ou mystique qui est la base un 265 Une telle perspective éviterait en tout cas la croyance rebattue dans explication du social par des'' phénomènes ''de nature individuelle.''

'''''Méthodes, liens avec les phénomènes géodynamiques, problèmes de prévention et d'aménagement'''''

''Méditerranée / Année 1984 / 51''

''III -'' Méthodes'', liens avec les'' phénomènes ''géodynamiques, problèmes de prévention et d'aménagement ...Méditerranée N° 1.2 - 1984 67 m-''METHODES'', LIENS AVEC LES'' PHENOMENES ''GEODYNAMIQUES, PROBLEMES DE PREVENTION ET D'AMENAGEMENT Aires sismiques et aires à morphogenèse rapide : essai de définition... habituellement'' utilisés ''par les géologues et soucieux par ailleurs d'une certaine prudence en raison de facteurs politico-''économiques ''locaux. D'ailleurs, la diffusion de la carte et du rapport n'est, semble... celui qui affecta en 426 BC les côtes du Golfe maliaque en Grèce centrale et connut des récurrences jusqu'en 1894. De plus les effets répertoriés par la 70 sismologie moderne furent signalés'' dès ''cette.''

'''''Les méthodes de détermination d'indicateurs de valeur ayant la dimension de prix pour les composantes du patrimoine naturel'''''

''sont utilisés aussi bien comme générateurs de services finals que comme facteurs de production, nous attirons l'attention sur les méthodes utilisables dans ce deuxième cas. Nous poursuivons notre réflexion... en indiquant qu'au-delà de l'existence de méthodes et de résultats empiriques pour l'évaluation des services d'environnement, il faut constater et intégrer les effets de l'incompatibilité entre certaines...Les méthodes de détermination l'indicateurs de valeur ayant la dimension de prix pour les composantes du patrimoine naturel Dans cet article, nous tentorjs de restituer une image clarifiée...Les méthodes de détermination d'indicateurs de valeur ayant la dimension de prix pour les composantes du patrimoine naturel... de ressources exploitables. Dès lors qu'une ressource est exhaustible, toute utilisation d'une unité supplémentaire, aujourd'hui, la rend indisponible pour demain, générant ainsi un coût d'opportunité. Cela.... Le plus souvent, ces fonctions ne sont que partiellement compatibles. Dès lors, l'utilisation d'une fonction se fait au détriment d'autres potentialités. En d'autres termes, la sélection d'une fonction fait... of deer dans SMITH V. ed Advances in applied micro economics vol Greenwich Conn.) JAI Press MITCHELL C. CARSON 1989] Using surveys to value public goods the contingent valuation method Resources for''

<ref>{{Article|langue=fr-FR|prénom1=Benjamin|nom1=Pelloux|prénom2=Jean-Louis|nom2=Rullière|prénom3=Frans|nom3=Van Winden|titre=La neuroéconomie dans l’agenda de l’économie comportementale|périodique=Revue française d'économie|volume=23|numéro=4|date=2009|issn=0769-0479|doi=10.3406/rfeco.2009.1705|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/rfeco_0769-0479_2009_num_23_4_1705|consulté le=2018-11-21|pages=3–36}}</ref>


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
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* [[Anomalie de marché]]
* [[Anomalie de marché]]
* [[Comportement]]
* [[Comportement]]
* [[Sciences comportementales]]
* [[Sciences sociales]]
* [[Finance comportementale]]
* [[Finance comportementale]]
* [[Stimulus]]
* [[Psychologie sociale]]
* [[Modélisation comportementale]]
* [[Modélisation comportementale]]
* [[Nudge marketing]]
* [[Nudge marketing]]
* [[Psychologie sociale]]
* [[Psychologie économique]]
* [[Stimulus]]
* [[Aversion à l'iniquité]]
* [[Neuroéconomie]]


=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* {{en}} Richard H. Thaler, ''Misbehaving, The Making of Behavioral Economics'', W.W. Norton & Company, New York, 2015 {{ISBN|978-0-393-08094-0}}
* {{en}} Richard H. Thaler, ''Misbehaving, The Making of Behavioral Economics'', W.W. Norton & Company, New York, 2015 {{ISBN|978-0-393-08094-0}}
* Marc Willinger et Nicolas Eber, ''L’économie expérimentale'', [[La Découverte]], collection Repères, 2005.
* Marc Willinger et Nicolas Eber, ''L’économie expérimentale'', [[La Découverte]], collection Repères, 2005.
* {{ouvrage|langue=en|prénom1=Erik|nom1=Angner|titre=A Course in Behavioral Economics|numéro d'édition=1|éditeur=Palgrave Macmillan|lien éditeur=Palgrave Macmillan|lieu=|jour=27|mois=avril|année=2012|pages totales=272|isbn=9780230304543}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Erik|nom1=Angner|titre=A Course in Behavioral Economics|éditeur=[[Palgrave Macmillan]]|année=2012|mois=avril|jour=27|numéro d'édition=1|pages totales=272|isbn=978-0-230-30454-3}}
* {{ouvrage|langue=en|titre=The Tyranny of Utility|sous-titre=Behavioral Social Science and the Rise of Paternalism|prénom1=Gilles|nom1=Saint-Paul|lien auteur1=Gilles Saint-Paul|éditeur=Princeton University Press|lien éditeur=Princeton University Press|année=2011|isbn=9780691128177}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Gilles|nom1=Saint-Paul|lien auteur1=Gilles Saint-Paul|titre=The Tyranny of Utility|sous-titre=Behavioral Social Science and the Rise of Paternalism|lieu=Princeton|éditeur=[[Princeton University Press]]|année=2011|pages totales=163|isbn=978-0-691-12817-7|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=j_uwY6O0AxsC&printsec=frontcover}}
* Daniel Serra, Économie comportementale, Economica, Paris, 2017 {{ISBN|978-2-7178-6929-3}}
* Daniel Serra, Économie comportementale, Economica, Paris, 2017 {{ISBN|978-2-7178-6929-3}}
* Daniel Serra, Neuroéconomie, Economica, Paris, 2016 {{ISBN|978-2-7178-6847-0}}
* Daniel Serra, Neuroéconomie, Economica, Paris, 2016 {{ISBN|978-2-7178-6847-0}}
* Daniel Serra, Histoire de l'économie expérimentale, Éditions Universitaires Européennes, 2015 {{ISBN|978-3-8416-7728-0}}
* Daniel Serra, Histoire de l'économie expérimentale, Éditions Universitaires Européennes, 2015 {{ISBN|978-3-8416-7728-0}}
* Association Française d'Economie Expérimentale (http://www.asfee.fr/)
* Association Française d'Économie Expérimentale (http://www.asfee.fr/)
* LABoratoire d'EXpérimentation en Economie et Management (LABEX-EM) du CREM (Centre de Recherche en Economie et en Management) de l'Université Rennes 1 et du CNRS (https://labexem-crem.univ-rennes1.fr/)
* LABoratoire d'EXpérimentation en Économie et Management (LABEX-EM) du CREM (Centre de Recherche en Économie et en Management) de l'Université Rennes 1 et du CNRS (https://labexem-crem.univ-rennes1.fr/)
* Daniel Serra, La "révolution" expérimentale en économie - Une histoire des courants de recherche qui l'incarnent, Presses Universitaires de la Méditerranée, Montpellier, 2022 {{ISBN|978-2-36781-476-6}}

=== Liens externes ===
{{Liens}}


{{Palette|Branches des sciences économiques}}
{{Palette|Branches des sciences économiques}}

Dernière version du 8 août 2024 à 16:38

Économie comportementale
Le concept de l'économie comportementale consiste à influencer le comportement et les actions des gens : par exemple, l'image de mouche domestique gravée dans l'émail de cet urinoir incite les utilisateurs à améliorer leur visée, ce qui réduit les coûts de nettoyage.
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Behavioral economist (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Personnes clés
Daniel Kahneman
Amos Tversky
Richard Sugden (en)
Richard Thaler
Emily Oster (en)
David Laibson
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L’économie comportementale est un champ de la science économique qui étudie le comportement des êtres humains dans les situations économiques. L'un des principaux objectifs de l'économie comportementale est notamment de décrire et d'expliquer pourquoi, dans certaines situations, les êtres humains adoptent un comportement qui peut sembler paradoxal ou non rationnel, c'est-à-dire contraire à ce que prédirait la théorie de l'Homo œconomicus. Ce courant de recherche s'appuie sur l'expérimentation en laboratoire (économie expérimentale) ou le recueil de données réelles et se trouve à l'interface entre l'économie (sciences économiques) et la psychologie (sciences comportementales). Il peut être employé à des fins d'émancipation de l'Homo œconomicus et de rationalisation de ses comportements économiques, ou bien, inversement, à des fins de soumission et d'abolition du discernement, afin de rendre, par des biais cognitifs, le consommateur dépendant des producteurs et des distributeurs[1].

L'économie expérimentale est une discipline qui s'est développée depuis la fin du XXe siècle. Daniel Kahneman a d'ailleurs reçu, en 2002, le « Nobel » de l'économie pour ses travaux pionniers.

Autre domaine dans le champ des sciences économiques, la finance comportementale est l'étude plus particulière des comportements en situation de marché financier et insiste davantage sur leur dimension collective.

Origine et visée scientifiques

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L'économie comportementale (behavioral economics) s'est développée en réponse aux limites de l'économie standard reposant sur l'hypothèse de rationalité individuelle. Elle a pris appui sur les avancées de la psychologie expérimentale, portées par Daniel Kahneman et Amos Tversky qui ont mis en évidence les "anomalies" dans les comportements réels des agents économiques, rarement conformes à la théorie du choix rationnel (égoïsme, préférences stables et connues, maximisation de l'utilité espérée, capacité de calcul et de traitement de l'information illimitée, etc.) Ces travaux ont montré le rôle joué par les erreurs de jugement (biais cognitifs), les émotions, ainsi que les normes et interactions sociales (biais moraux, biais de conformité), dans les processus de décision des individus.

Le courant de l'économie comportementale a fait des expériences de laboratoire (in vitro) et de terrain (in vivo).

À la suite des premières expérimentations d'Edward Chamberlin, Vernon Smith, co-lauréat avec Daniel Kahneman du prix Nobel d'économie 2002, va développer et perfectionner la méthode expérimentale à partir des années 1960, en reproduisant en laboratoire le fonctionnement de différents types de marché. Relativement aux autres méthodes d'investigation empiriques utilisées en économie, l'expérimentation permet le contrôle - dans certaines limites - de l'environnement et de la réplicabilité des expériences. Ainsi, il devient possible de tester empiriquement les prédictions des modèles de l'économie standard (et donc de réfuter certains de ces résultats) et dans une démarche inductive, d'explorer les comportements des agents afin d'en révéler des régularités empiriques nouvelles (souvent éloignées de l'égoïsme rationnel en raison des biais comportementaux).

Cette approche alternative des comportements économiques mobilisant les méthodes expérimentales a révolutionné un grand nombre de champs d'étude de l'économie : le fonctionnement des marchés (marchés des biens, financiers…), l'économie du travail, l'organisation industrielle, l'analyse des choix de consommation et d'épargne, la politique fiscale, environnementale, de la santé, etc. Étant désormais une branche à part entière de la science économique, l'économie comportementale permet (i) de produire des connaissances théoriques nouvelles en confrontant les prédictions des modèles aux observations, (ii) de collecter des données difficilement accessibles grâce aux enquêtes statistiques, par exemple sur les comportements d'aversion au risque, et enfin (iii) d'aider à la décision publique en testant des mesures de politiques économiques pour évaluer leurs efficacité[2].

Les bases conceptuelles

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L'économie comportementale étudie les effets de facteurs psychologiques, cognitifs, émotionnels, culturels et sociaux sur les décisions économiques d'individus et d'institutions et la manière dont ces décisions diffèrent de celles impliquées par la théorie classique.

L’économie comportementale s’intéresse principalement aux limites de la rationalité des agents économiques. Les modèles comportementaux intègrent généralement les connaissances de la psychologie, des neurosciences et de la théorie microéconomique. L'étude de l'économie comportementale comprend la manière dont les décisions de marché sont prises et les mécanismes qui déterminent le choix du public. Les trois thèmes dominants en économie comportementale sont les suivants :

Heuristique
Les humains prennent 95 % de leurs décisions en utilisant des raccourcis mentaux ou des règles empiriques.
Encadrement
Ensemble d'anecdotes et de stéréotypes constituant les filtres mentaux sur lesquels les individus s'appuient pour comprendre les événements et y réagir.
Inefficiences du marché
Elles incluent une mauvaise tarification et une prise de décision non rationnelle.

Au cours de la période classique de l'économie, la microéconomie était étroitement liée à la psychologie. Par exemple, Adam Smith a écrit « The Theory of Moral Sentiments » (Théorie des sentiments moraux), qui proposait des explications psychologiques du comportement individuel, notamment des préoccupations relatives à l'équité et à la justice. Jeremy Bentham a beaucoup écrit sur les fondements psychologiques de l'utilité. Ensuite, pendant le développement de l’économie néo-classique, les économistes ont cherché à réorganiser la discipline en tant que science naturelle, en déduisant le comportement des hypothèses sur la nature des agents économiques. Ils ont développé le concept d'homo oeconomicus, dont le comportement était fondamentalement rationnel.

Les économistes néo-classiques ont bien incorporé des explications psychologiques : c'était le cas de Francis Edgeworth, Vilfredo Pareto et Irving Fisher. La psychologie économique est apparue au XXe siècle dans les travaux de Gabriel Tarde, George Katona et Laszlo Garai. L'utilité attendue et les modèles d'utilité réduits ont commencé à être acceptés, générant des hypothèses vérifiables sur la prise de décision compte tenu de l'incertitude et de la consommation intertemporelle, respectivement. Des anomalies observables et reproductibles ont fini par remettre en cause ces hypothèses, et Maurice Allais a pris des mesures supplémentaires, par exemple pour définir le paradoxe Allais, un problème de décision qu'il avait présenté pour la première fois en 1953 et qui contredisait l'hypothèse d'utilité attendue.

Dans les années 1960, la psychologie cognitive a commencé à éclaircir davantage le cerveau en tant que dispositif de traitement de l'information (contrairement aux modèles comportementalistes). Des psychologues de ce domaine, tels que Ward Edwards, Amos Tversky et Daniel Kahneman, ont commencé à comparer leurs modèles cognitifs de prise de décision avec risque et incertitude aux modèles économiques de comportement rationnel. La psychologie mathématique reflète un intérêt de longue date pour la transitivité des préférences et la mesure de l'utilité.

Certains, du fait du voisinage sémantique entre behavioral economics, l'appellation apportée par les chercheurs américains, et behaviorism, considèrent que ce domaine s'inspire essentiellement de la psychologie behavioriste ou comportementaliste. Toutefois, à la différence de celle-ci, l'économie comportementale ne se limite pas à une simple étude des symptômes (effets économiques en l'occurrence) et du couple stimulus — réaction, même si les phénomènes de sous-réaction / sur-réaction, étudiés notamment par Richard Thaler, font partie de cette discipline d'analyse économique. Elle fait appel aussi à de nombreux autres concepts, issus tant de la psychologie individuelle que de la psychologie sociale, notamment tout ce qui a trait aux biais cognitifs et émotionnels, qu'ils soient individuels ou résultent d'effets de groupe (conformisme…).

Méthodes utilisées et phénomènes constatés

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L'économie comportementale étudie ces phénomènes, tant à large échelle (macro EC) par des enquêtes sur des segments de population concernés, des études de terrain et l'analyse de séries statistiques, que par des méthodes à portée moins généralisable (micro EC) proches de l'économie expérimentale, laquelle consiste à simuler en laboratoire certains comportements économiques individuels par le truchement des jeux.

Notons aussi qu'une bonne partie des recherches de l'économie comportementale et des phénomènes constatés sont communs avec ceux de la finance comportementale, au point que les deux disciplines sont souvent regroupées.

La différence macro / micro déjà évoquée (et présente tant en économie qu'en finance) se situe au niveau de l'ampleur des phénomènes, de l'échelle de temps, de la réalité des situations (et donc des motivations). C'est ainsi que :

  • les avancées de la neuroéconomie contribuent à ces recherches. Les constatations portent en particulier sur le fait que la prise de décision économique est affectée par des facteurs psychologiques, tant cognitifs qu'émotionnels, qui s'écartent en partie de la rationalité attribuée à l'homo œconomicus[3].
  • la question est commune à l'ensemble des branches de l'économie expérimentale, il est délicat d'extrapoler les comportements individuels ou de petits groupes à l'ensemble de l'économie. D'autant que, au sein d'une foule ou d'une masse, l'individu tend à modifier son comportement (par ex. mimétisme exacerbé lors des bulles et krachs). De ce fait, l'étude des comportements des populations, ou du moins des segments de population (types d'agents économiques) est également utilisée. Cela relève de techniques de la sociologie, à la fois sous forme d'enquêtes et d'inférences statistiques. Ces études peuvent difficilement donner lieu à des expérimentations à grande échelle sur le terrain, ce qui poserait le problème éthique de la manipulation collective.

Notes et références

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  1. Lucie Wellgarde, « Les techniques de manipulation », E-commerce du 4 octobre 2021, [1].
  2. « L'économie comportementale, une nouvelle approche des comportements individuels et des phénomènes sociaux — Sciences économiques et sociales », sur ses.ens-lyon.fr (consulté le ).
  3. Benjamin Pelloux, Jean-Louis Rullière et Frans Van Winden, « La neuroéconomie dans l’agenda de l’économie comportementale », Revue française d'économie, vol. 23, no 4,‎ , p. 3–36 (ISSN 0769-0479, DOI 10.3406/rfeco.2009.1705, lire en ligne, consulté le )

Articles connexes

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Bibliographie

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Liens externes

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