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{{Taxobox taxon|animal|famille| Acipenseridae|[[Charles Lucien Bonaparte|Bonaparte]], [[1831 en science|1831]]<ref>{{Article|prénom1=Richard|nom1=Van Der Laan|prénom2=William N.|nom2=Eschmeyer|prénom3=Ronald|nom3=Fricke|titre=Family-group names of Recent fishes|périodique=Zootaxa|volume=3882|numéro=1|date=2014-11-11|issn=1175-5334|issn2=1175-5326|doi=10.11646/zootaxa.3882.1.1|lire en ligne=http://biotaxa.org/Zootaxa/article/view/zootaxa.3882.1.1|consulté le=2021-02-03|pages=1}}</ref>}}
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Les '''esturgeons''' (''{{dfn|Acipenseridae}}'') forment une [[famille (biologie)|famille]] de [[poisson]]s peuplant exclusivement l'[[hémisphère nord]].
Les '''''Acipenseridae''''' forment une {{b famille}} de poissons peuplant exclusivement l'[[hémisphère nord]], appelés communément '''esturgeons'''. Ils présentent quelques caractères primitifs (une nageoire caudale [[hétérocerque]]), par exemple 5 rangées de plaques osseuses sont logées dans la peau nue du corps. La bouche est placée à la face inférieur du corps, elle est très [[protractile]] et [[wikt:tubulaire|tubulaire]]. En avant de la bouche se trouvent 4 barbillons sensoriels. Les œufs de presque toutes les espèces sont transformés en [[caviar]].
C'est une famille composée d'espèces capable d'[[hybridation]] naturelles, ce qui est inhabituel parmi les vertébrés. La famille comprend 2 sous-familles, 4 genres et 29 espèces.


C'est l'une des plus anciennes familles de [[Osteichthyes|poissons osseux]], celle des [[chondrostéens]]. Les esturgeons fréquentent les rivières subtropicales, tempérées et sub-arctiques, les lacs et les côtes de l'[[Eurasie]] et d'[[Amérique du Nord]]. Ils se distinguent par leur corps allongé, l'absence d'écailles et une grande taille occasionnelle, allant généralement de 2 à {{unité|3|m}} de longueur ; certaines espèces comme le [[Béluga (esturgeon)|béluga]] atteignent jusqu'à {{unité|7.5|m}} pour {{unité|1570|kg}}. La plupart des esturgeons sont [[Benthos|benthiques]], s'alimentant sur le fond, et [[anadrome]]s, migrant entre les [[Delta (hydrologie)|delta]]s, les [[lagune]]s, les [[liman]]s et les [[estuaire]]s, mais remontant les cours d'eau pour pondre ; certains sont tout à fait [[dulçaquicole]]s, et très peu s'aventurent dans l'océan au-delà du [[plateau continental]].
==Étymologie et taxonomie==
Le terme esturgeons dérive de l'[[francisque|ancien bas franc]] ''*sturjo'', racine que l'on retrouve dans l'[[allemand]] ''[[:de:Störe|Störe]]''. Les formes ''sturio'', ''sturgio'' du bas [[latin]] en dérive aussi.


Plusieurs espèces d'esturgeons sont pêchées pour leurs œufs, le [[caviar]], mais aussi pour leur chair. Leur croissance lente, leur maturité tardive et leur alimentation riche en [[Mollusca|mollusques]] et [[Crustacea|crustacés]] [[benthique]]s les rendent particulièrement vulnérables à la surpêche, à la pollution et la à fragmentation de leur habitat. La plupart des espèces d'esturgeons sont actuellement considérées comme menacées d'[[Extinction des espèces|extinction]].
Le nom de la famille a été attribué en raison du nom donné à un des genres. L'étymologie de ''Acipenser'' est incertaine, une simple étymologie latine est improbable du fait de la terminaison par ''er'', cependant ce terme pourrait dérivé de ''acupensum'' via ''acipensis'' suite à des réajustements morphophonologiques, dérivant de ''acus'' signifiant aiguille et de ''pensum'' terme qui représentait la quantité de laine qui devait être tricotée en un jour. ''Acipenser'' digne donc le poisson avec des barbes en aiguille de laine, ce qui représente bien le [[rostre]] du poisson<ref>{{it}}{{lien web|série=De lingua Latina novae quaestionesactes|titre=ETIMOLOGIA E STRUTTURA MORFOLOGICA DI ACIPENSER|auteur=Renato ONIGA|url=http://books.google.fr/books?id=AWHE7bf9N2AC&pg=PA133&lpg=PA133&dq=acipenser+%C3%A9tymologie&source=web&ots=0qUXXaeeXL&sig=6S01z_Ml1UpfnqNaOcV5Gz7dDXo&hl=fr}}</ref>.


Entre 1970 et 2012, les populations d'esturgeons vivant dans les lacs et les rivières ont chuté de 94 %<ref>{{Lien web|langue=|titre=En quarante ans, 88 % des grands animaux d’eau douce ont disparu|url=https://www.france24.com/fr/20190813-faune-lacs-rivieres-disparition-eau-douce-biodiversite|site=France 24|périodique=|date=2019-08-14|consulté le=}}</ref>.
== Liste des genres ==


== Description ==
* sous-famille ''[[Acipenserinae]]''
[[Fichier:Acipenseridae - face interne et externe - squelette mnhn Paris.JPG|thumb|Crâne d'esturgeon, vue externe et interne, collection du [[Muséum national d'histoire naturelle|Muséum de Paris]].]]
[[Fichier:VOA - Caviar farm in South Korea - 2.jpg|vignette|Dans un élevage de [[Corée du Sud]], un [[Béluga (esturgeon)|bélouga]] tente d'échapper au reporter {{Lien|fr=Steven L. Herman|lang=en|trad=Steven L. Herman|texte=Steve Herman}}.]]
[[Fichier:Beluga sturgeon.png|thumb|[[Béluga (esturgeon)|Bélouga ''Huso huso'']].]]

Bien qu'ils appartiennent à la super-classe des [[Osteichthyes|Osteichthyes (poissons osseux)]], les esturgeons ont un squelette principalement cartilagineux, caractéristique de la sous-classe des [[chondrostéens]]. Ils n'ont pas d'écailles : leur corps est partiellement recouvert de plaques osseuses nommées [[scutelle]]s. Ils ont quatre [[barbillon]]s tactiles devant leur bouche, dépourvue de dents mais capable d'aspirer tout ce qui vit sur le fond. Avec leur rostre, ils fouillent la [[Vasière|vase]], et utilisent leurs barbillons pour détecter des mollusques, des crustacés et de petits poissons dont ils se nourrissent. Les esturgeons sont immédiatement reconnaissables à leur corps allongé, à leur [[Rostrum (anatomie)|rostre]] plat, à leurs scutelles et leurs barbillons ainsi qu'au lobe supérieur allongé de leur nageoire caudale.

En raison de leurs tailles et âges possibles, les esturgeons sont parfois qualifiés de « [[Léviathan]]s » ou de « [[Mathusalem]]s » des poissons, par référence à la [[Bible]]. Ils sont parmi les plus grands poissons : certains bélougas âgés des mers [[Mer Noire|Noire]] et [[mer Caspienne|Caspienne]] peuvent dépasser {{unité|7|m}} pour une masse d'une tonne et demie, tandis que le [[Huso dauricus|calouga]] du [[fleuve Amour]] atteint une longueur similaire et dépasse la tonne. Leur longévité aussi est l'une des plus grandes parmi les poissons : certains vivent plus de 100 ans et atteignent leur maturité sexuelle à 20 ans ou plus. La combinaison d'une croissance lente et d'une maturité tardive rendent l'esturgeon particulièrement vulnérable à la [[surpêche]]. Les esturgeons sont [[polyploïde]]s ; certaines espèces ont quatre, huit ou 16 jeux de [[chromosome]]s.

== Étymologie et taxonomie ==
Dans l'Antiquité, les esturgeons étaient appelés ''oxyrhynques'' soit « nez pointus » ; le mot « esturgeon » est un emprunt fait à l'[[Bas francique|ancien bas francique]] ''sturio'' soit « rostré », d'où le [[néerlandais]] ''steur'', comparable à l'[[allemand]] ''Stör'', au [[vieil anglais]] ''styria'' ou au [[vieux norrois]] ''styrja''.

Le [[Nom binominal|nom scientifique]] de la famille a été attribué d'après celui de l'un des genres. L'étymologie de ''Acipenser'' est incertaine, une simple étymologie latine est improbable du fait de la terminaison par ''er'', cependant ce terme pourrait dériver de ''acupensum'' via ''acipensis'' à la suite de réajustements morpho-phonologiques, dérivant de ''acus'' pour « aiguille, pointe » et de ''pensum'' pour « fuseau ». ''Acipenser'' désignerait donc à la fois le rostre et les barbillons en fuseau de sa tête<ref>{{it}} {{lien web|série=De lingua Latina novae quaestiones acta|titre=Etimologia e struttura morfologica di Acipenser|auteur=Renato Oniga|url=https://books.google.fr/books?id=AWHE7bf9N2AC&pg=PA133&lpg=PA133&dq=acipenser+%C3%A9tymologie&source=web&ots=0qUXXaeeXL&sig=6S01z_Ml1UpfnqNaOcV5Gz7dDXo&hl=fr}}</ref>.

=== Liste des genres ===
* Sous-famille '''Acipenserinae'''
** genre ''[[Acipenser]]'' Linnaeus, 1758
** genre ''[[Acipenser]]'' Linnaeus, 1758
** genre ''[[Huso]]'' Brandt et Ratzeburg, 1833
** genre ''[[Huso]]'' Brandt et Ratzeburg, 1833
* sous-famille ''[[Scaphirhynchinae]]''
* Sous-famille '''Scaphirhynchinae'''
** genre ''[[Pseudoscaphirhynchus]]'' Nikolskii, 1900
** genre ''[[Pseudoscaphirhynchus]]'' Nikolski, 1900
** genre ''[[Scaphirhynchus]]'' Heckel, 1836
** genre ''[[Scaphirhynchus]]'' Haeckel, 1836

== Évolution ==

=== Histoire évolutive ===
[[Fichier:Yanosteus longidorsalis MHNT (cropped).jpg|vignette|''Yanosteus longidorsalis'', un membre de la famille éteinte des ''{{Lien|langue=en|trad=Peipiaosteidae|fr=Peipiaosteidae}}'' acipensériformes du [[Crétacé inférieur]] (125-120 [[Million d'années|Ma]]) trouvé dans la [[Formation d'Yixian]] à [[Liaoning]], en [[Chine]].]]
Des [[Acipenseriformes]] sont visibles parmi les [[Fossile|fossiles]] d'il y a environ 174 à 201 [[Million d'années|millions d'années]] (Ma) au cours du [[Jurassique inférieur]], ce qui en fait les plus anciens [[Actinopterygii|actinoptérygiens]] encore vivants<ref name=":02">{{article|nom=Hilton|prénom=Eric J.|nom2=Grande|prénom2=Lance|nom3=Jin|prénom3=Fan|date=January 2021|titre=Redescription of † Yanosteus longidorsalis Jin et al., (Chondrostei, Acipenseriformes, †Peipiaosteidae) from the Early Cretaceous of China|url=https://www.cambridge.org/core/product/identifier/S0022336020000803/type/journal_article|journal=Journal of Paleontology|langue=en|volume=95|numéro=1|pages=170–183|doi=10.1017/jpa.2020.80|issn=0022-3360}}</ref>. Les vrais esturgeons apparaissent dans le registre [[fossile]] au cours du [[Crétacé supérieur]]. Au cours de cette période, ils subissent peu de changements morphologiques, ce qui indique une évolution lente qui leur vaut le statut informel d'[[espèce panchronique]]<ref>B. G. Gardiner, {{en}} « Sturgeons as living fossils », pp. 148–152 in N. Eldredge and S.M. Stanley, eds. ''Living fossils'', Springer publ., New York 1984.</ref>{{,}}<ref name="krieger">{{article|nom1=Krieger|prénom1=J.|nom2=Fuerst|prénom2=P.A.|année=2002|titre=Evidence for a Slowed Rate of Molecular Evolution in the Order Acipenseriformes|journal=Molecular Biology and Evolution|volume=19|numéro=6|pages=891–897|doi=10.1093/oxfordjournals.molbev.a004146|pmid=12032245|accès doi=libre}}</ref>. Cela s'explique en partie par l'abondance de proies dans l'[[Benthos|environnement benthique]], le peu de prédateurs pour les adultes en raison de leur taille et de leurs [[scutelle]]s, le long intervalle entre les générations et la tolérance à de larges plages de température ([[Eurytherme|eurythermie]]) et de salinité ([[Euryhalin|euryhalinie]]). Bien que leur évolution ait été lente, ils forment un [[Ordre (biologie)|Ordre]] très évolué, et ne ressemblent pas étroitement à leurs ancêtres [[chondrostéens]]. Ils partagent cependant plusieurs caractéristiques anciennes, telles que la [[Nageoire caudale|queue hétérocerque]], la [[Écaille|squamation réduite]], plus de rayons de nageoires que d'éléments osseux de soutien, et une attache unique de la mâchoire<ref name="HelfmanCollette2009">{{ouvrage|auteur1=Gene Helfman|url=https://books.google.com/books?id=FyehAR6hsUUC&pg=PA252|titre=The Diversity of Fishes: Biology, Evolution, and Ecology|auteur2=Bruce B. Collette|auteur3=Douglas E. Facey|auteur4=Brian W. Bowen|date=April 3, 2009|éditeur=John Wiley & Sons|isbn=978-1-4443-1190-7|pages=252–}}</ref>.

== Les esturgeons et l'homme ==
[[Fichier:SturgeonTurkmarket.jpg|vignette|Vendeuses d'esturgeons de la Caspienne sur un marché à [[Türkmenbaşy (ville)|Türkmenbaşı]] ([[Turkménistan]]).]]

=== Utilisations ===
Avant l'[[ère industrielle]] et le début du {{s-|XX}}, les vessies natatoires d'esturgeon (principalement du [[Béluga (esturgeon)|béluga]]) ont été utilisées comme une source de colle de poisson, une forme de [[collagène]] utilisée historiquement pour la clarification de la [[bière]], comme un prédécesseur de la [[gélatine]]. La grande quantité de glace nécessaire à la conservation et à l'acheminement du [[caviar]] provenait soit des montagnes comme l'[[Elbourz]], le [[Caucase]], les [[Alpes pontiques]] ou les [[Balkans]], soit des [[liman]]s englacés l'hiver (les plaques de glace étant conservées dans des [[glacière]]s), rendant le prix des œufs d'esturgeon accessible seulement aux [[noblesse]]s [[noblesse russe|russe]], [[noblesse roumaine|roumaine]], [[Organisation de l'Empire ottoman|turque]] et [[mourza|perse]], puis plus récemment à la [[nomenklatura]] et à l'exportation vers la [[gentry]] des pays riches. C'est pourquoi les esturgeons renvoient à une image de grand luxe. L'esturgeon fournit aussi une [[Tissu biologique|chair]] prisée qui accompagne traditionnellement le caviar, et également un cuir utilisé dans la [[maroquinerie]] de prestige<ref>[http://www.montres-de-luxe.com/Esturgeon-le-caviar-du-bracelet-montre--La-chronique-de-l-Atelier-du-Bracelet-Parisien_a4288.html Voir sur ''montres-de-luxe.com''.]</ref>. Cette image luxueuse a contribué à sa [[surpêche]] et à sa disparition dans presque la totalité de son [[aire de répartition]].

=== Espèces menacées ===
Les esturgeons étaient autrefois présents dans toute l'Europe. Jusqu'au {{s-|XIV}}, ils semblent encore présents dans une grande partie de la France. Ainsi au {{s-|XV}} on pouvait les pêcher en pleine ville dans la petite rivière de [[Valenciennes]] (aujourd'hui souterraine sous des voûtes de brique) : {{Citation|le vingt-quattriesme d'apvril dudit an [[1648]], à Valentienne, at esté prins en la rivierette Descronais, à l'opposite de la ruelle Haprois, un esturgeon lequel pesoit cent trente cinq livres}}<ref>Pierre Le Boucq, Amédée Le Boucq de Ternas (1857) ''[https://books.google.fr/books?id=9VZbAAAAQAAJ&vq=esturge&dq=vivat+flandres&lr=&hl=fr&source=gbs_navlinks_s Histoire des choses les plus remarquables advenues en Flandre, Hainaut, Artois et pays circonvoisins depuis 1596 jusqu'à 1674]'' ; Vve Ceret-Carpentier (voir p 73).</ref>, ce qui laisse penser qu'ils étaient encore présents dans tout l'[[Escaut]] et nombre de ses affluents.

=== Conservation ===
La plupart des espèces d'esturgeons sont désormais protégées, et figurent dans l'appendice III de la [[Convention de Berne (protection de la vie sauvage)|convention de Berne]], leur commerce est également limité en vertu de l'appendice II de la [[Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction|CITES]].

==Culture==
[[Fichier:AD 2023 - Temsica Amelberga.jpg|vignette|[[Amalberge de Tamise]] avec son esturgeon.]]
Selon une légende [[Francs|franque]], la noble moniale [[Amalberge de Tamise]] vivant en [[Flandre (terminologie)|Flandre]] avait pour emblème un esturgeon.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
<references/>
<references/>


== Liens externes ==
== Annexes ==
=== Articles connexes ===
{{début de colonnes|nombre=2}}
* [[Esturgeon d'Europe]]
* [[Esturgeon blanc]] (''Acipenser transmontanus''), espèce la plus commune
* [[Scaphirhynchus albus|Esturgeon blanc]] (''Scaphirhynchus albus''), espèce en danger d'Amérique du Nord
* [[Esturgeon jaune]]
* [[Esturgeon scaphirhynque]]
* [[Huso huso|Béluga]]
* ''[[Acipenser baerii]]''
* [[Caviar]]
* [[Mer Noire]]
* [[Delta du Danube]]
* [[Mer d'Azov]]
* [[Liman]]
* [[Mer Caspienne]]
* [[Volga|Delta de la Volga]]
* [[fleuve Amour|Amour]]
{{fin de colonnes}}


{{Autres projets
* {{FishBase ordre|32|''Acipenseridae'' }}
* {{ITIS|161064|''Acipenseridae'' }}
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=== Références taxinomiques ===
* {{BioLib|taxon|15444|''Acipenseridae'' Bonaparte, 1831 }}
* {{Faunaeur2|a8083b03-4e9a-4c7d-be98-ddbff88055fb|''Acipenseridae''|consulté le=2 nov. 2021 }}
* {{FishBase famille|32|''Acipenseridae'' }}
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* {{CITES famille|animal|9|''Acipenseridae'' }}
* [http://www.arkive.org/search.html?client=more_info_only&q=Acipenseridae&btnG=Go&getfields=*&output=xml_no_dtd&sort=date%3AD%3AL%3Ad1&filter=0&num=20&oe=utf8&ie=utf8&site=default_collection Fonds documentaire ARKive (photographies, extraits sonores et vidéos) : Acipenseridae] {{Indication de langue|Anglais|en}}


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[[ru:Осетровые]]
[[th:ปลาสเตอร์เจียน]]
[[tr:Mersin balığı]]
[[vi:Họ Cá tầm]]
[[zh:鱘科]]

Dernière version du 29 août 2024 à 16:09

Les esturgeons (Acipenseridae) forment une famille de poissons peuplant exclusivement l'hémisphère nord.

C'est l'une des plus anciennes familles de poissons osseux, celle des chondrostéens. Les esturgeons fréquentent les rivières subtropicales, tempérées et sub-arctiques, les lacs et les côtes de l'Eurasie et d'Amérique du Nord. Ils se distinguent par leur corps allongé, l'absence d'écailles et une grande taille occasionnelle, allant généralement de 2 à 3 m de longueur ; certaines espèces comme le béluga atteignent jusqu'à 7,5 m pour 1 570 kg. La plupart des esturgeons sont benthiques, s'alimentant sur le fond, et anadromes, migrant entre les deltas, les lagunes, les limans et les estuaires, mais remontant les cours d'eau pour pondre ; certains sont tout à fait dulçaquicoles, et très peu s'aventurent dans l'océan au-delà du plateau continental.

Plusieurs espèces d'esturgeons sont pêchées pour leurs œufs, le caviar, mais aussi pour leur chair. Leur croissance lente, leur maturité tardive et leur alimentation riche en mollusques et crustacés benthiques les rendent particulièrement vulnérables à la surpêche, à la pollution et la à fragmentation de leur habitat. La plupart des espèces d'esturgeons sont actuellement considérées comme menacées d'extinction.

Entre 1970 et 2012, les populations d'esturgeons vivant dans les lacs et les rivières ont chuté de 94 %[2].

Description

[modifier | modifier le code]
Crâne d'esturgeon, vue externe et interne, collection du Muséum de Paris.
Dans un élevage de Corée du Sud, un bélouga tente d'échapper au reporter Steve Herman (en).
Bélouga Huso huso.

Bien qu'ils appartiennent à la super-classe des Osteichthyes (poissons osseux), les esturgeons ont un squelette principalement cartilagineux, caractéristique de la sous-classe des chondrostéens. Ils n'ont pas d'écailles : leur corps est partiellement recouvert de plaques osseuses nommées scutelles. Ils ont quatre barbillons tactiles devant leur bouche, dépourvue de dents mais capable d'aspirer tout ce qui vit sur le fond. Avec leur rostre, ils fouillent la vase, et utilisent leurs barbillons pour détecter des mollusques, des crustacés et de petits poissons dont ils se nourrissent. Les esturgeons sont immédiatement reconnaissables à leur corps allongé, à leur rostre plat, à leurs scutelles et leurs barbillons ainsi qu'au lobe supérieur allongé de leur nageoire caudale.

En raison de leurs tailles et âges possibles, les esturgeons sont parfois qualifiés de « Léviathans » ou de « Mathusalems » des poissons, par référence à la Bible. Ils sont parmi les plus grands poissons : certains bélougas âgés des mers Noire et Caspienne peuvent dépasser 7 m pour une masse d'une tonne et demie, tandis que le calouga du fleuve Amour atteint une longueur similaire et dépasse la tonne. Leur longévité aussi est l'une des plus grandes parmi les poissons : certains vivent plus de 100 ans et atteignent leur maturité sexuelle à 20 ans ou plus. La combinaison d'une croissance lente et d'une maturité tardive rendent l'esturgeon particulièrement vulnérable à la surpêche. Les esturgeons sont polyploïdes ; certaines espèces ont quatre, huit ou 16 jeux de chromosomes.

Étymologie et taxonomie

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Dans l'Antiquité, les esturgeons étaient appelés oxyrhynques soit « nez pointus » ; le mot « esturgeon » est un emprunt fait à l'ancien bas francique sturio soit « rostré », d'où le néerlandais steur, comparable à l'allemand Stör, au vieil anglais styria ou au vieux norrois styrja.

Le nom scientifique de la famille a été attribué d'après celui de l'un des genres. L'étymologie de Acipenser est incertaine, une simple étymologie latine est improbable du fait de la terminaison par er, cependant ce terme pourrait dériver de acupensum via acipensis à la suite de réajustements morpho-phonologiques, dérivant de acus pour « aiguille, pointe » et de pensum pour « fuseau ». Acipenser désignerait donc à la fois le rostre et les barbillons en fuseau de sa tête[3].

Liste des genres

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Histoire évolutive

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Yanosteus longidorsalis, un membre de la famille éteinte des Peipiaosteidae (en) acipensériformes du Crétacé inférieur (125-120 Ma) trouvé dans la Formation d'Yixian à Liaoning, en Chine.

Des Acipenseriformes sont visibles parmi les fossiles d'il y a environ 174 à 201 millions d'années (Ma) au cours du Jurassique inférieur, ce qui en fait les plus anciens actinoptérygiens encore vivants[4]. Les vrais esturgeons apparaissent dans le registre fossile au cours du Crétacé supérieur. Au cours de cette période, ils subissent peu de changements morphologiques, ce qui indique une évolution lente qui leur vaut le statut informel d'espèce panchronique[5],[6]. Cela s'explique en partie par l'abondance de proies dans l'environnement benthique, le peu de prédateurs pour les adultes en raison de leur taille et de leurs scutelles, le long intervalle entre les générations et la tolérance à de larges plages de température (eurythermie) et de salinité (euryhalinie). Bien que leur évolution ait été lente, ils forment un Ordre très évolué, et ne ressemblent pas étroitement à leurs ancêtres chondrostéens. Ils partagent cependant plusieurs caractéristiques anciennes, telles que la queue hétérocerque, la squamation réduite, plus de rayons de nageoires que d'éléments osseux de soutien, et une attache unique de la mâchoire[7].

Les esturgeons et l'homme

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Vendeuses d'esturgeons de la Caspienne sur un marché à Türkmenbaşı (Turkménistan).

Utilisations

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Avant l'ère industrielle et le début du XXe siècle, les vessies natatoires d'esturgeon (principalement du béluga) ont été utilisées comme une source de colle de poisson, une forme de collagène utilisée historiquement pour la clarification de la bière, comme un prédécesseur de la gélatine. La grande quantité de glace nécessaire à la conservation et à l'acheminement du caviar provenait soit des montagnes comme l'Elbourz, le Caucase, les Alpes pontiques ou les Balkans, soit des limans englacés l'hiver (les plaques de glace étant conservées dans des glacières), rendant le prix des œufs d'esturgeon accessible seulement aux noblesses russe, roumaine, turque et perse, puis plus récemment à la nomenklatura et à l'exportation vers la gentry des pays riches. C'est pourquoi les esturgeons renvoient à une image de grand luxe. L'esturgeon fournit aussi une chair prisée qui accompagne traditionnellement le caviar, et également un cuir utilisé dans la maroquinerie de prestige[8]. Cette image luxueuse a contribué à sa surpêche et à sa disparition dans presque la totalité de son aire de répartition.

Espèces menacées

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Les esturgeons étaient autrefois présents dans toute l'Europe. Jusqu'au XIVe siècle, ils semblent encore présents dans une grande partie de la France. Ainsi au XVe siècle on pouvait les pêcher en pleine ville dans la petite rivière de Valenciennes (aujourd'hui souterraine sous des voûtes de brique) : « le vingt-quattriesme d'apvril dudit an 1648, à Valentienne, at esté prins en la rivierette Descronais, à l'opposite de la ruelle Haprois, un esturgeon lequel pesoit cent trente cinq livres »[9], ce qui laisse penser qu'ils étaient encore présents dans tout l'Escaut et nombre de ses affluents.

Conservation

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La plupart des espèces d'esturgeons sont désormais protégées, et figurent dans l'appendice III de la convention de Berne, leur commerce est également limité en vertu de l'appendice II de la CITES.

Amalberge de Tamise avec son esturgeon.

Selon une légende franque, la noble moniale Amalberge de Tamise vivant en Flandre avait pour emblème un esturgeon.

Notes et références

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  1. Richard Van Der Laan, William N. Eschmeyer et Ronald Fricke, « Family-group names of Recent fishes », Zootaxa, vol. 3882, no 1,‎ , p. 1 (ISSN 1175-5334 et 1175-5326, DOI 10.11646/zootaxa.3882.1.1, lire en ligne, consulté le )
  2. « En quarante ans, 88 % des grands animaux d’eau douce ont disparu », sur France 24,
  3. (it) Renato Oniga, « Etimologia e struttura morfologica di Acipenser », De lingua Latina novae quaestiones acta
  4. (en) Eric J. Hilton, Lance Grande et Fan Jin, « Redescription of † Yanosteus longidorsalis Jin et al., (Chondrostei, Acipenseriformes, †Peipiaosteidae) from the Early Cretaceous of China », Journal of Paleontology, vol. 95, no 1,‎ , p. 170–183 (ISSN 0022-3360, DOI 10.1017/jpa.2020.80, lire en ligne)
  5. B. G. Gardiner, (en) « Sturgeons as living fossils », pp. 148–152 in N. Eldredge and S.M. Stanley, eds. Living fossils, Springer publ., New York 1984.
  6. J. Krieger et P.A. Fuerst, « Evidence for a Slowed Rate of Molecular Evolution in the Order Acipenseriformes », Molecular Biology and Evolution, vol. 19, no 6,‎ , p. 891–897 (PMID 12032245, DOI 10.1093/oxfordjournals.molbev.a004146 Accès libre)
  7. Gene Helfman, Bruce B. Collette, Douglas E. Facey et Brian W. Bowen, The Diversity of Fishes: Biology, Evolution, and Ecology, John Wiley & Sons, , 252– (ISBN 978-1-4443-1190-7, lire en ligne)
  8. Voir sur montres-de-luxe.com.
  9. Pierre Le Boucq, Amédée Le Boucq de Ternas (1857) Histoire des choses les plus remarquables advenues en Flandre, Hainaut, Artois et pays circonvoisins depuis 1596 jusqu'à 1674 ; Vve Ceret-Carpentier (voir p 73).

Articles connexes

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Références taxinomiques

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