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=== Sociologie ===
=== Sociologie ===


L'individu s'emploie en [[sociologie]] à la fois dans le [[sens commun]] d'[[homo sapiens|humain]], mais aussi en tant qu'objet d'analyse conceptualisé dans les [[Individualisme méthodologique|approches individualistes]]. Il fait aussi référence au processus d'[[individuation]], un processus social apporté par [[Georg Simmel]] pour expliquer la formation de l'individu et de son individualité par l'entrecroisement des [[Cercle social|cercles sociaux]] qui s'accroît avec la [[Époque moderne|modernité]] <ref>SIMMEL, G. (1999). ''Sociologie, Étude sur les formes de la socialisation'', Paris, PUF (Chapitre : Le croisement des cercles sociaux - 1908, p 407-452)</ref>. En [[analyse des réseaux sociaux]], l'individu désigne une [[entité]] [[social]]e spatio-temporellement situable : l'identité sociale typique désignant les êtres humains des sociétés individualistes<ref>{{Ouvrage|prénom1=White, Harrison|nom1=C.|titre=Identity and control : a structural theory of social action|éditeur=Princeton University Press|date=1992|oclc=802300026|lire en ligne=http://worldcat.org/oclc/802300026|consulté le=2018-11-15}}</ref>.
L'individu s'emploie en [[sociologie]] à la fois dans le [[sens commun]] d'[[homo sapiens|humain]], mais aussi en tant qu'objet d'analyse conceptualisé dans les [[Individualisme méthodologique|approches individualistes]]. Il fait aussi référence au processus d'[[individuation]], un processus social apporté par [[Georg Simmel]] pour expliquer la formation de l'individu et de son individualité par l'entrecroisement des [[Cercle social|cercles sociaux]] qui s'accroît avec la [[Époque moderne|modernité]] <ref>SIMMEL, G. (1999). ''Sociologie, Étude sur les formes de la socialisation'', Paris, PUF (Chapitre : Le croisement des cercles sociaux - 1908, p 407-452)</ref>. En [[analyse des réseaux sociaux]], l'individu désigne une [[entité]] [[social]]e spatio-temporellement situable : l'identité sociale typique désignant les êtres humains des sociétés individualistes<ref>{{Ouvrage|prénom1=White, Harrison|nom1=C.|titre=Identity and control|sous-titre=a structural theory of social action|éditeur=[[Princeton University Press]]|année=1992|isbn=|oclc=802300026|lire en ligne=http://worldcat.org/oclc/802300026|consulté le=2018-11-15}}</ref>.


Historiquement, se considérer comme un « individu » n'est pas une réalité qui s'est retrouvée à chaque époque ni dans chaque culture. La notion d'individu inclut une vision de l'humain comme étant autonome et indépendant. Dans certaines cultures les gens se considèrent au contraire comme interdépendants et liés les uns aux autres. Par exemple, durant l'époque [[féodalité|féodale]] en Europe, les gens se considéraient comme des « [[wikt:sujet|sujets]] » et non comme des individus. Aussi, ils s'exprimaient davantage à la première personne du pluriel (« nous ») qu'à la première personne de singulier (« je »).
Historiquement, se considérer comme un « individu » n'est pas une réalité qui s'est retrouvée à chaque époque ni dans chaque culture. La notion d'individu inclut une vision de l'humain comme étant autonome et indépendant. Dans certaines cultures les gens se considèrent au contraire comme interdépendants et liés les uns aux autres. Par exemple, durant l'époque [[féodalité|féodale]] en Europe, les gens se considéraient comme des « [[wikt:sujet|sujets]] » et non comme des individus. Aussi, ils s'exprimaient davantage à la première personne du pluriel (« nous ») qu'à la première personne de singulier (« je »).
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=== Anthropologie ===
=== Anthropologie ===
La notion d'individu est au centre de plusieurs champs anthropologiques, sans toutefois en constituer un à part entière. L'anthropologie a pour tendance de relier les individus à la société dans laquelle ils évoluent et à son contexte global, dans une vision d'interaction et de « co-construction » de ces niveaux. Des auteurs comme Corcuff, Le Bart et de Singly<ref>{{Ouvrage|langue=|auteur1=Corcuff, P., Le Bart, C., et F. De Singly|titre=L’individu aujourd’hui. Débats sociologiques et contrepoints philosophiques.|passage=|lieu=Rennes|éditeur=Presses Universitaires de Rennes|date=2010|pages totales=|isbn=|lire en ligne=}}</ref> cherchent donc à aller plus loin que la traditionnelle opposition entre individu et société. Le développement historique de la notion d'individu est explorée, tel que le propose Elias<ref>{{Ouvrage|langue=|auteur1=Elias, N.|titre=La société des individus|passage=|lieu=Paris|éditeur=Fayard|date=1991 [1987]|pages totales=|isbn=|lire en ligne=}}</ref>, qui stipule que c'est « surtout à partir de la Renaissance, que serait apparue la conscience d’un "moi" pourvu d’une intériorité; cette conscience nouvelle aurait alors entraîné, dans une perspective à vrai dire européocentrée, une "prédominance de l’identité du moi sur l’identité du nous" »<ref name=":0" />. Aussi, dans une perspective paléoanthropologique et tirant sur la neurologie, l'hypothèse de la dépendance au groupe pour le développement du cerveau est émise par des chercheurs comme Ansermet et Magistretti<ref>{{Ouvrage|prénom1=Ansermet,|nom1=François.|titre=À chacun son cerveau : plasticité neuronale et inconscient|éditeur=O. Jacob|date=2004|isbn=2738115322|isbn2=9782738115324|oclc=300262562|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/300262562|consulté le=2019-01-03}}</ref>. Ceux-ci avancent que l'organisation sociale et la culture sont des éléments nécessaires à l'activation et à la réalisation des capacités neuronales des individus, ce qui constitue un autre argument en faveur de l'étude des individus et des sociétés comme imbriqués ensemble, et non dissociés.
La notion d'individu est au centre de plusieurs champs anthropologiques, sans toutefois en constituer un à part entière. L'anthropologie a pour tendance de relier les individus à la société dans laquelle ils évoluent et à son contexte global, dans une vision d'interaction et de « co-construction » de ces niveaux. Des auteurs comme Corcuff, Le Bart et de Singly<ref>{{Ouvrage|auteur1=Corcuff, P., Le Bart, C., et F. De Singly|titre=L’individu aujourd’hui. Débats sociologiques et contrepoints philosophiques.|lieu=Rennes|éditeur=[[Presses universitaires de Rennes|Presses Universitaires de Rennes]]|année=2010|isbn=}}</ref> cherchent donc à aller plus loin que la traditionnelle opposition entre individu et société. Le développement historique de la notion d'individu est explorée, tel que le propose Elias<ref>{{Ouvrage|auteur1=Elias, N.|titre=La société des individus|lieu=Paris|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|date=1991 1987|isbn=}}</ref>, qui stipule que c'est « surtout à partir de la Renaissance, que serait apparue la conscience d’un "moi" pourvu d’une intériorité; cette conscience nouvelle aurait alors entraîné, dans une perspective à vrai dire européocentrée, une "prédominance de l’identité du moi sur l’identité du nous" »<ref name=":0" />. Aussi, dans une perspective paléoanthropologique et tirant sur la neurologie, l'hypothèse de la dépendance au groupe pour le développement du cerveau est émise par des chercheurs comme Ansermet et Magistretti<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Ansermet,|nom1=François.|titre=À chacun son cerveau|sous-titre=plasticité neuronale et inconscient|lieu=Paris|éditeur=O. Jacob|année=2004|pages totales=263|isbn=2-7381-1532-2|isbn2=9782738115324|oclc=300262562|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/300262562|consulté le=2019-01-03}}</ref>. Ceux-ci avancent que l'organisation sociale et la culture sont des éléments nécessaires à l'activation et à la réalisation des capacités neuronales des individus, ce qui constitue un autre argument en faveur de l'étude des individus et des sociétés comme imbriqués ensemble, et non dissociés.


== Avis et notions relatives ==
== Avis et notions relatives ==

Version du 4 mai 2020 à 19:06

Dans le langage courant, un individu désigne une personne, et le terme peut avoir des acceptions sensiblement différentes suivant les disciplines.

Terminologie

Du latin individuum, « ce qui est indivisible ». Le terme équivalent provenant du grec est atome, le mot individu désigne actuellement, selon le Dictionnaire de l'Académie française, « une unité organisée ».

Origine

La notion de l'individu tire son origine de celle du sujet distinct, en tant que personne ayant un corps- identité unique. Parmi ses caractéristiques principales sont l'autonomie et la réflexion, combinées à une conception de l'action, où l'individu est en interaction avec un monde qui lui est extérieur[1].

Acceptions

Statistique

En statistique, un individu est un élément d'un ensemble, généralement appelé « population », dont on mesure (ou observe) la valeur qu'il a pour la variable étudiée. Pour une étude sur les catégories professionnelles, un individu observé peut être, par exemple, « un enseignant », « un médecin », « un secrétaire », etc.

Droit

L'individu est aussi une notion centrale en matière de droit puisque le droit est relatif à celui-ci. L'individu social (dans un sens commun) peut alors être une personne morale, qui n'est pas représentative d'une personne physique. Mais la définition stricte du mot (et son applicabilité aux personnes morales) dépend des lois de chaque nation.

En droit international, le terme d'individu doit être exclusivement réservé aux personnes physiques selon l'ONU.

Biologie

  • Dans le règne du vivant, l'individu est la plus petite unité (appartenant à une variété, une espèce, un genre, etc.).
  • Dans le cycle de reproduction, c'est un spécimen vivant (ou ayant vécu) issu d'une seule cellule.
  • En génétique, c'est une unité d'information génétique.

L'individu biologique possède deux caractéristiques essentielles[2] :

  • il est original : il n'existe pas deux individus totalement identiques ;
  • il est solidaire : toutes ses parties sont interdépendantes et coopèrent à la vie de l'ensemble (ce fait peut amener à assimiler les sociétés à des êtres vivants).

Métaphysique

En métaphysique, il désigne l'être, et le terme est alors une notion associée à des questionnements dans des disciplines philosophiques, comme l'ontologie.

Philosophie

En philosophie, dans un contexte de questionnement moral, l'individu désigne l'être sentient.

L'individu est l'être vivant se caractérisant par ses capacités à être conscient et sensible.

Ces capacités permettant de dire que :

  • l'être a un soi ;
  • l'être possède des intérêts.

Les intérêts de l'individu pouvant être atteints par autrui, ces capacités lui donnent généralement (suivant le contexte social et moral) l'accès à des droits moraux fondamentaux, tel que (entre autres) le droit à rester en vie, le droit à ne pas souffrir, ou à mourir dans la dignité.

Dans la philosophie existentialiste de Jean-Paul Sartre et Albert Camus l'homme est surtout une individualité par rapport à une nature étrange dans sa généralité. L'homme est donc une unité solitaire perdue dans le monde.

Psychologie

En psychologie, l'individu désigne l'être pensant, une considération psychique de l'individu biologique.

Des nuances sont apportées par la psychanalyse qui distingue la partie que l'individu perçoit de lui-même, le moi, de l'individu complet, le soi.

En psychologie analytique, on parle de processus d'individuation pour désigner la prise de conscience qui consiste à étendre la vision du moi (vers le soi).

Sociologie

L'individu s'emploie en sociologie à la fois dans le sens commun d'humain, mais aussi en tant qu'objet d'analyse conceptualisé dans les approches individualistes. Il fait aussi référence au processus d'individuation, un processus social apporté par Georg Simmel pour expliquer la formation de l'individu et de son individualité par l'entrecroisement des cercles sociaux qui s'accroît avec la modernité [3]. En analyse des réseaux sociaux, l'individu désigne une entité sociale spatio-temporellement situable : l'identité sociale typique désignant les êtres humains des sociétés individualistes[4].

Historiquement, se considérer comme un « individu » n'est pas une réalité qui s'est retrouvée à chaque époque ni dans chaque culture. La notion d'individu inclut une vision de l'humain comme étant autonome et indépendant. Dans certaines cultures les gens se considèrent au contraire comme interdépendants et liés les uns aux autres. Par exemple, durant l'époque féodale en Europe, les gens se considéraient comme des « sujets » et non comme des individus. Aussi, ils s'exprimaient davantage à la première personne du pluriel (« nous ») qu'à la première personne de singulier (« je »).

Edgar Morin consacre le cinquième tome (L'Humanité de l'humanité, L'Identité humaine) de La Méthode, à la question de la trinité humaine : Individu - Société - Espèce.

Anthropologie

La notion d'individu est au centre de plusieurs champs anthropologiques, sans toutefois en constituer un à part entière. L'anthropologie a pour tendance de relier les individus à la société dans laquelle ils évoluent et à son contexte global, dans une vision d'interaction et de « co-construction » de ces niveaux. Des auteurs comme Corcuff, Le Bart et de Singly[5] cherchent donc à aller plus loin que la traditionnelle opposition entre individu et société. Le développement historique de la notion d'individu est explorée, tel que le propose Elias[6], qui stipule que c'est « surtout à partir de la Renaissance, que serait apparue la conscience d’un "moi" pourvu d’une intériorité; cette conscience nouvelle aurait alors entraîné, dans une perspective à vrai dire européocentrée, une "prédominance de l’identité du moi sur l’identité du nous" »[1]. Aussi, dans une perspective paléoanthropologique et tirant sur la neurologie, l'hypothèse de la dépendance au groupe pour le développement du cerveau est émise par des chercheurs comme Ansermet et Magistretti[7]. Ceux-ci avancent que l'organisation sociale et la culture sont des éléments nécessaires à l'activation et à la réalisation des capacités neuronales des individus, ce qui constitue un autre argument en faveur de l'étude des individus et des sociétés comme imbriqués ensemble, et non dissociés.

Avis et notions relatives

Une théorie défendue par Miguel Benasayag est celle de l'individu séparé du groupe sous l'effet d'un mécanisme "social". La personne (qu'il oppose à l'individu comme étant liée socialement) travaille à se couper des autres sous la pression sociale, ce qui favorise certains mécanismes qui reposent sur un ressenti individualiste de chacun. Un exemple est la façon dont le regard sur un SDF glisse d'un choc premier vers une certaine habitude, et cette façon de se couper de l'autre pour ne pas ressentir sa souffrance renforce un fonctionnement égoïste de la société.

Ce comportement est d'autant plus inhumain dans l'actuelle société occidentale qu'elle développe tout un environnement culturel destiné à valoriser les qualités individuelles. François Flahault[8] montre par d'autres exemples les raisons culturelles qui conduisent à de telles discordances allant à l'encontre des liens sociaux établis par les individus pour faire face à leur condition humaine.

Notes et références

  1. a et b Calame, Claude (2016) "Individu", in Anthropen.org, Paris, Éditions des archives contemporaines.
  2. Armand Cuvillier, Cours de philosophie, Armand Colin, 1954.
  3. SIMMEL, G. (1999). Sociologie, Étude sur les formes de la socialisation, Paris, PUF (Chapitre : Le croisement des cercles sociaux - 1908, p 407-452)
  4. White, Harrison C., Identity and control : a structural theory of social action, Princeton University Press, (OCLC 802300026, lire en ligne)
  5. Corcuff, P., Le Bart, C., et F. De Singly, L’individu aujourd’hui. Débats sociologiques et contrepoints philosophiques., Rennes, Presses Universitaires de Rennes,
  6. Elias, N., La société des individus, Paris, Fayard, 1991 1987
  7. Ansermet, François., À chacun son cerveau : plasticité neuronale et inconscient, Paris, O. Jacob, , 263 p. (ISBN 2-7381-1532-2 et 9782738115324, OCLC 300262562, lire en ligne)
  8. En particulier dans son livre Be Yourself, Au-delà de la conception occidentale de l'individu, Éditions Mille et une nuits, octobre 2006.

Voir aussi

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