Ateliers de poterie antique de Montans
Ateliers de poterie antique de Montans | ||
Localisation | ||
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Pays | Empire romain | |
Région française | Occitanie | |
Province romaine | Gaule aquitaine | |
Type | Vicus | |
Coordonnées | 43° 51′ 55″ nord, 1° 53′ 01″ est | |
Altitude | 360 m | |
Superficie | 20 ha | |
Géolocalisation sur la carte : Empire romain
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Histoire | ||
Époque | Antiquité (Empire romain) | |
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Les ateliers de poterie antique de Montans sont un site de production de poterie gallo-romain à Montans dans le département du Tarn en Midi-Pyrénées (région Occitanie, France).
En activité dès le début du Ier siècle, ces ateliers de la Gaule du sud ont eu une renommée importante dans le courant du même siècle et ont perduré jusque dans le IIe siècle. Ils font partie des satellites de La Graufesenque.
Situation
[modifier | modifier le code]Le village de Montans est dans le nord du département du Tarn, à 5 km au sud de Gaillac, sur la rive gauche du Tarn[1].
Historique des fouilles
[modifier | modifier le code]La plus ancienne mention de four à poterie vient de Élie Rossignol en 1868 au lieu-dit Saint-Sauveur[1] en rive droite du Tarn[2].
T. Martin effectue des fouilles sur deux ans de 1972 à 1974 et recueille plus de 500 estampilles de potiers[3]. Il localise les ateliers des potiers ACVTVS, CATO, IVLLVS et CADVRCVS, et ajoute une vingtaine de noms à la liste des potiers montanais déjà connus[4].
Le site
[modifier | modifier le code]L'agglomération gallo-romaine couvrait approximativement 40 ha, dont 20 ha pour les ateliers de poterie.
Avant l’atelier
[modifier | modifier le code]Occupé dès le VIIe siècle av. J.-C., le site s'organise de façon plus ordonnée trois siècles plus tard. Des fragments de céramique attique (Grèce) et d'amphores marseillaises datant de cette époque indiquent l’existence d'échanges commerciaux vers la Méditerranée. La prospérité venant à l'oppidum de Montans, l’artisanat potier se développe dès le IIe siècle av. J.-C., ayant vraisemblablement son origine dans les traditions locales[5].
Les débuts de la sigillée
[modifier | modifier le code]La fabrication de pré-sigillées débute dans les années 10 avant notre ère[5], un tout petit peu avant La Graufesenque qui la commence vers l'an -10[6]. Thierry Martin pense que cette nouvelle production est due à l’arrivée de potiers italiens[5]. Un des fours repérés aux alentours du quartier de Labouygue date de cette époque (début du Ier siècle) ; son remplissage a livré de la céramique commune : ollae, jattes, vases sanglés à décor guilloché[7]. La production de sigillées commence quelque vingt ans plus tard, dans les années 10 ou 20[5]. Les échanges commerciaux avec l'espagne sont toujours de vigueur : des tessons de sigillée montanaise de l'époque tibérienne (14-37) accompagnant une amphore espagnole produite par l'atelier de l'Aumedina (à 1 km au nord-ouest de Tivissa, province de Tarragone) ont été découverts en 1994 lors du creusement d'une tranchée dans la place de l'église de Montans (l'amphore, de type Oberaden 74, est estampillée SEX. DOMITI)[8].
On y fabrique également d'autres types de céramiques : antéfixes, lampes à huile, statuettes, vases à engobe blanc[9], céramique commune, tuiles… Les vases à engobe blanc, hérités des traditions laténiennes, sont produits à Montans aux Ier et IIe siècles[10]. Des fouilles au Rougé ont livré une couche d'époque tibérienne (14-37) avec des vases à engobe blanc<[11], ce qui a permis d'en faire remonter la fabrication à cette époque alors qu'on pensait auparavant que celle-ci ne commençait que dans les années 45 à 60[7] ; la même époque a aussi livré des sigillées de Montans estampillées L. AVRELIOS, CELER.F(ecit), CONTOUCA, FELIX et NICI(A), et de nombreux vestiges d'amphores vinaires de type Pascual 1 signées TARANI, plus trapues que les amphores catalanes ou languedociennes[11]. Datées de la fin de l’époque d’Auguste (27 av. J.-C.-14 apr. J.-C.) et sous Tibère (14-37), ces amphores accompagnent les débuts du vignoble de Gaillac[12].
Le même site du Rougé a aussi livré des fonds de sigillée Drag. 27 signées L.V. MARC, potier montanais peu connu de l'époque de Claude (41-54) et Néron (54-68)[11]. L'époque de Néron a aussi laissé un petit four à poteries rectangulaire, rapidement abandonné pour construire au-dessus dès les années 70 un four plus grand qui a probablement fonctionné jusqu'à la fin du Ier siècle. Un dépotoir de l'époque flavienne (69-96) contenait plus de 4 500 tessons de sigillée, dont les 2/3 venant de vases lisses de forme Drag. 33, Drag. 35/36 avec ou sans feuilles d'eau, Stanfield 22A et Curle 11. La plupart des poteries ornées sont des coupes hémisphériques Drag. 37 dues au potier ATTILVS I. Deux vases décorés Drag. 37 de la Graufesenque et un fragment de moule de la même provenance illustrent les liens de Montans avec ce grand centre de production céramique aveyronnais du Ier siècle[13].
Le deuxième four repéré vers le quartier de Labouygue est de forme carrée et a produit des tuiles entre 140 et 160 apr. J.C.[7].
Déchelette reconnaît 37 types de décorations propres à la céramique de Montans[14]. Ce qui n'empêche que la moitié des types de poterie de Montans se retrouvent à la Graufesenque ; ceci parce que la Graufesenque, plus gros centre de production de sigillée du monde romain pour la deuxième moitié du Ier siècle, essaime des ateliers secondaires eux-mêmes importants - dont Montans -, qui dépendent en partie des mêmes propriétaires. Les mêmes moules y circulent[15].
La similarité de structure des engobes des sigillées de Montans et de la Graufesenque indique des procédés d'élaboration proches. Mais l'argile employé pour les pâtes de Montans a un taux d'aluminium (Al2O3) plus faible (toujours inférieur a 19.6) qu'à la Graufesenque (supérieur à 21.0). Même chose pour le pourcentage en TiO2, inférieur à 0.88 à Montans mais supérieur à 100 à la Graufesenque[16].
Diffusion
[modifier | modifier le code]Les sigillées de Montans sont exportées en grande partie par voie fluviale en descendant le Tarn puis la Garonne. À Bordeaux, une partie remonte par les côtes de l'Atlantique vers le nord et vers la Loire, l'Armorique et la Bretagne romaine - c'est-à-dire l'Angleterre[5]. L'autre partie va vers le sud, la Cantabrie et l'Asturie où les productions de Montans concurrencent celles de la Graufesenque qui y arrivent par l'Ebre[6]. La sigillée de Montans domine largement dans le sud-ouest de la Gaule et sur le littoral atlantique[5], comme par exemple dans le lot de céramiques trouvé au site des Genats[17] (Fontaines et Fontenay-le-Vicomte, Vendée)[18].
Déclin
[modifier | modifier le code]Dans le nord-ouest de l'Espagne, vers le milieu du Ier siècle les produits espagnols concurrencent ceux de Montans qui cessent leurs exports dans cette région vers la fin du règne de Néron[6] (dans les années 60). C'est aussi la fin de la plus belle période des ateliers de la Graufesenque : après son apogée des années 40 à 60, la production aveyronnaise augmente en quantité au détriment de la qualité, qui perd beaucoup dans la deuxième partie du Ier siècle ; les décors deviennent grossiers à partir des années 80[19]. Au tournant du IIe siècle la production de céramique opère un glissement depuis la Gaule du sud vers les ateliers de la Gaule du centre : la Graufesenque et ses satellites cèdent la première place à Lezoux et aux ateliers de la vallée de l'Allier[20]. Dans le Montans du IIe siècle, moins tourné vers la très grande production, la qualité baisse également dans le IIe siècle. Mais Montans a exporté sur environ un siècle et demi, de 15 à 140[6].
Aujourd'hui
[modifier | modifier le code]Ce patrimoine archéologique est conservé et étudié à l'Archéosite de Montans, à la fois musée et centre de conservation et d'étude inauguré en 1995[21].
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Céramique
- Céramique sigillée
- Céramologie
- Liste des articles sur les ateliers de poterie antique dans la catégorie « Céramique romaine antique »
- Chronologie de la Gaule romaine
Liens externes
[modifier | modifier le code]- « Terra sigillata production sites », Carte interactive des centres de production de sigillée antique (Europe de l'ouest), sur potsherd.net.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- [Dejoie et al. 2005] Catherine Dejoie, Sabrina Relaix et Philippe Sciau, « Les sigillées des ateliers de la Graufesenque et de Montans. Étude comparative des pâtes et engobes », dans X. Nieto, M. Roca Roumens, A. Vernhet, P. Sciau (éd.), La difusió de la Terra Sigillata Sudgàl·lica al nord d'Hispania, Barcelone, Museu d'Arqueologia de Catalunya, coll. « Monografies » (no 6), (ISBN 84-393-6930-1, lire en ligne), p. 9-18.
- [Durand-Lefebvre 1954] Marie Durand-Lefebvre, « Étude sur la décoration des vases de Montans », Gallia, t. 12, no 1, , p. 73-88 (ISSN 0016-4119, lire en ligne, consulté le ).
- [Lequément 1983] Robert Lequément, « Circonscription de Midi-Pyrénées », Gallia, t. 41, no 2, , p. 473-503 (ISSN 0016-4119, lire en ligne, consulté le ).
- [Martin 1974] Thierry Martin, « Deux années de recherches archéologiques à Montans (Tarn) », Revue archéologique du Centre de la France, t. 13, nos 1-2, , p. 123-143 (ISSN 1159-7151, lire en ligne, consulté le ).
- [Martin 1977] Thierry Martin, « Note sur quelques vases à engobe blanc de Montans », Revue archéologique du Centre de la France, t. 16, nos 1-2, , p. 165-171 (ISSN 1159-7151, lire en ligne, consulté le ).
- [Pailler 2010] Jean-Marie Pailler, « Déchelette et la Graufesenque », dans Journées PCR « Archives et correspondance de Joseph Déchelette » Toulouse 4-5 novembre 2010, (lire en ligne).
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]Références
[modifier | modifier le code]- « Montans / Saint-Sauveur, carte interactive » sur Géoportail. Couches « Cartes IGN classiques », « Limites administratives » et « Hydrographie » activées.
- Martin 1974, p. 124.
- Martin 1974, p. 123.
- Martin 1974, p. 123, n. 3.
- Yoanna Léon, Étude de la diffusion en Gaule d'une technique romaine d'élaboration de sigillées à travers l'analyse microstructurale des surfaces décoratives (ou engobes) (thèse de doctorat en Physique de la matière), Université Toulouse 3 Paul Sabatier, (lire en ligne), p. 11.
- Léon 2010, p. 12.
- Lequément 1983, p. 501.
- [Martin 1996] Thierry Martin, « Découverte à Montans d'une amphore Oberaden 74 estampillée SEX. DOMITI », Pallas, no 44 « L'antiquité à la page », , p. 109-117 (lire en ligne, consulté le ).
- Martin 1977.
- [Trescarte 2013] Jérome Trescarte, Les céramiques de la cité des arvernes au haut-empire : production, diffusion et consommation (Ier siècle avant J.-C. – IIIe siècle après J.-C.) (thèse de doctorat d'archéologie), Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand II, (lire en ligne), « Le principal facteur d’évolution de la vaisselle gauloise : l’imitation des importations italiques », p. 373.
- Lequément 1983, p. 499.
- [Laubenheimer 2009] Fanette Laubenheimer, « Des amphores et des hommes », Dialogues d'histoire ancienne, , p. 183-196 (lire en ligne, consulté le ), paragr. 31.
- Lequément 1983, p. 500.
- Durand-Lefebvre 1954.
- Pailler 2010, p. 8.
- Dejoie, Relaix et Sciau 2005, p. 10.
- « Les Genats, carte interactive » sur Géoportail. Couches « Cartes IGN classiques », « Limites administratives » et « Hydrographie » activées.
- [Simon 1997] Laure Simon, « Le mobilier céramique d'un habitat rural en Sud-Vendée : les contextes de la première moitié du Ier siècle de n.è. du site des Genâts (Fontaines et Fontenoy-le-Vicomte) », dans Lucien Rivet (éd.), Actes du congrès du Mans, 8-11 mai 1997, Marseille, Société française d'étude de la céramique antique en Gaule, (lire en ligne), p. 217-232.
- Léon 2010, p. 10.
- Pailler 2010, p. 5.
- [Pech et al. 2017] Julien Pech, Fanny Maury, Daniel Schaad et al., Atlas archéologique de Montans, Montans, éd. Archéosite de Montans, , 239 p. (ISBN 978-2-9534643-4-4).