Château du Hohlandsbourg
Château du Hohlandsbourg | |
Cour intérieure avec animations culturelles | |
Période ou style | Médiéval |
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Type | Château fort |
Début construction | 1279 |
Destination initiale | Forteresse |
Propriétaire actuel | Collectivité européenne d'Alsace |
Destination actuelle | Site touristique |
Protection | Classé MH (1840, château) |
Coordonnées | 48° 03′ 36″ nord, 7° 16′ 09″ est[1] |
Pays | France |
Anciennes provinces de France | Haute-Alsace |
Collectivité territoriale | Collectivité européenne d'Alsace |
Département | Haut-Rhin |
Commune | Wintzenheim |
Site web | www.chateau-hohlandsbourg.com |
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Le Hohlandsbourg est un château-fort situé sur le territoire de la commune de Wintzenheim, à proximité de Colmar dans le Haut-Rhin. Construit à partir de 1279 par Sigfrid de Gundolsheim sur un site déjà occupé à l’âge du bronze, il entre dans le patrimoine des Habsbourg au plus tard en 1289 et sert alors de garnison impériale. Il est vendu en 1410 aux Lupfen, qui le revendent à Lazare de Schwendi en 1563, ce dernier lançant alors un chantier de modernisation pour l’adapter à l’artillerie. Le château change plusieurs fois de mains pendant la guerre de Trente Ans et est finalement démantelé en 1637 par les Français.
Classé au titre des monuments historiques en 1840, le château reste en grande partie à l’abandon jusqu’à la fin des années 1980. Un grand chantier d’aménagement est lancé en 1986 sur l’impulsion d’élus locaux qui souhaitent en faire un pôle touristique pouvant concurrencer le Haut-Koenigsbourg. Mené par des buts essentiellement économiques, le chantier est réalisé sans considération pour le site archéologique, qui est en partie détruit par les pelleteuses sans fouilles préalables. Les travaux d’agrandissement du site touristique se poursuivent ensuite progressivement dans les décennies suivantes avec l’adjonction d’espaces de restauration, de réception et de boutiques.
Historique
[modifier | modifier le code]Le site est occupé à l’âge du bronze par une importante agglomération organisée en terrasses, dite station d'altitude de Wintzenheim-Hohlandsberg. À l’emplacement où sera construit ultérieurement le château se trouve alors déjà une acropole ceinte d’un puissant rempart. Le site est toutefois abandonné au cours ou à la fin du bronze final et il n’y a plus de trace d’activité humaine jusqu’au XIIIe siècle[2]. Le site est fortifié par une enceinte de 300 m de long sur 160m de large[3].
En effet, le , le chevalier Sigfrid de Gundolsheim, schultheiss de la ville de Colmar, demande et obtient du roi Rodolphe de Habsbourg l’autorisation de construire un château à cet endroit. Toutefois, en , le château, dont les travaux sont alors presque achevés est assiégé par Otto IV d'Ochsenstein, grand bailli d’Alsace. Cette attaque, liée à la destitution de Siegfried de sa charge en février, entraîne le pillage du château par les Colmariens, alliés à Otton. Il n’est pas établi si Sigfrid en conserve la propriété ou si les droits reviennent aux Habsbourg, toutefois, ceux-ci récupèrent le château au plus tard en 1289, après l’assassinat de Siegfried[4],[5].
Après avoir récupéré le château, les Habsbourg le remettent en fief aux chevaliers Konrad et Walther de Kaysersberg, le premier étant le successeur de Sigfrid au poste de schultheiss de Colmar[5]. En 1303, il est fait mention que le château est gardé par un ministériel, Hans Rottlieb de Nortgasse, avec une garnison de huit hommes[4]. À partir du milieu du XIVe siècle, le château est mis en gage auprès de la famille de Ferrette, puis de celle de Haus. À partir de 1363, le gage passe aux Ribeaupierre et enfin en 1400 aux Lupfen, qui le rachètent en 1410 et en font un de leurs fiefs. Ceux-ci le conservent pendant cent-cinquante ans, avant de le vendre en 1563 à Lazare de Schwendi, qui modernise le château en l’adaptant à l’artillerie ; il passe ultérieurement par héritage à l’époux de sa petite-fille, le comte de Fürstenberg[6].
Pendant la guerre de Trente Ans, le château est occupé par les Suédois en 1633, puis par les Français en 1634. Peu de temps après, les troupes impériales s’emparent par surprise de la place et la pillent[6]. En 1637, le commandant de Colmar, sur ordre de Richelieu, fait incendier le château, qui est ensuite démantelé à la poudre[7].
Le château est classé au titre des monuments historiques par la liste de 1840[8]. Un grand chantier de restauration est entamé en 1986, dans le but d’en faire un pôle touristique du département, à l’image du Haut-Koenigsbourg dans le Bas-Rhin[6]. Les opérations de terrassement de grande ampleur qui sont alors réalisées ne le sont pas dans les règles de l’art : aucune fouille archéologique autorisée n’a lieu avant les travaux, ce qui entraîne la destruction des couches stratigraphiques et de toutes les informations liées, faisant perdre beaucoup de leur sens au matériel retrouvé lors du chantier. Ces faits donneront par ailleurs lieu à des suites judiciaires[9]. Pour tenter de réparer les dégâts occasionnés, des fouilles menées par les services compétents eurent lieu en 1998 et 2004, permettant de récupérer tout-de-même quelques informations stratigraphiques, qui confirmèrent la chronologie connue du site[9].
Les derniers travaux entrepris de 2011 à 2013 ont porté sur la création d'un pavillon d'accueil avec billetterie/boutique, d'un espace d'exposition permanente et d'exposition temporaire, d'un théâtre de plein air, d'un espace pédagogique et d'un pôle restauration comprenant brasserie et salle de réception.
Description
[modifier | modifier le code]Le château se trouve sur la « montagne de Wintzenheim », une série de reliefs remontant vers le nord et séparant la vallée de Munster de la plaine d'Alsace. Le château occupe le point culminant de l’extrémité nord de la crête ainsi formée, à 640 m d’altitude ; cette position est particulièrement stratégique, l’emplacement offrant une vue dégagée dans toutes les directions, permettant de protéger efficacement la ville de Colmar et de contrôler l’accès à la vallée de Munster[10]. Le château, construit pour l’essentiel en granit extrait sur place ou à proximité immédiate, notamment lors du creusement des fossés et du nivellement de la cour, est composé de deux parties : d’une part l’Oberschloss, ou château supérieur, qui est la partie la plus ancienne, et d’autre part la grande enceinte formant la cour[11].
Le château a été construit sur un éperon granitique dont les constructeurs ont su tirer parti en concevant le système défensif. Château de garnison, mais place-forte, le Hohlandsbourg se devait d'être capable de résister contre toute attaque. Pour ce faire, il a été nécessaire de l'isoler du reste du plateau rocheux par deux profonds fossés, côtés ouest et est. Les faces nord et sud étant défendues par une forte déclivité naturelle du terrain.
L'accès se fait par l'ancien pont-levis, appelé aujourd'hui pont-dormant, en traversant le bastion d'où, sur le côté droit, l'on aperçoit les restes de deux casemates voûtées en berceau, surplombées d'une plateforme d'artillerie dotée de bouches à feu soigneusement disposées. Elles sont probablement l’œuvre de Lazare de Schwendi. Sur le côté gauche se trouve un jardin d'inspiration médiévale.
Les murailles massives, de 100 × 60 mètres et de 12 à 15 m de haut, enserrent une grande cour dominée au nord par le château supérieur (ou Oberschloss), véritable cœur fortifié et partie primitive (il date de la fin du XIIIe siècle) du Hohlandsbourg.
Les trente chambres de tir avec leurs archères d'une hauteur moyenne de 2 m sont toujours bien visibles.
La tour carrée et la fausse braie ne furent rajoutées que quelques années plus tard par le comte de Lupfen, afin d'améliorer le côté défensif du château primitif. La tour abrite une citerne à eau reliée à un puits taillé dans le granit aménagé dans la cour. Une grille matérialise son emplacement initial sous l'auvent.
Les logis du XIIIe siècle, remaniés successivement aux XIVe siècle et XVIe siècle par le comte de Lupfen et le Baron Lazare de Schwendi étaient destinés initialement à l'amélioration de la fonction résidentielle et des conditions de vie au château. Les restes d'un conduit d'évacuation d'une latrine double subsistent encore. Ils abritent maintenant les expositions temporaire et permanente.
La brasserie et la salle de réception ont pris place dans les anciennes dépendances et écuries, au sud.
Dans l'angle sud-est, subsistent les restes d'un grand escalier permettant aux hommes de troupe logés dans le château de parvenir rapidement au chemin de ronde.
Artéfact
[modifier | modifier le code]Sur le site fut retrouvé notamment des bombardes datées de la fin du XIVe ou du début du XVe siècle[12], ainsi que des trompes ou cornes d'appel[13].
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Château de Hohlandsbourg en 1979.
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Oberschloss.
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Oberschloss et chemin de ronde.
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Vue du chemin de ronde.
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Chemin de ronde.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Coordonnées vérifiées sur Géoportail et Google Maps
- Jean-Jacques Wolf et Bénédicte Viroulet, « La station d’altitude du bronze final de Wintzenheim-Hohlandsberg : nouvelles données, nouvelles interrogations », Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire, no 43, , p. 19-34 (lire en ligne).
- Mengus et Rudrauf 2013, p. 139.
- Koch 2015, p. 456.
- Biller et Metz 1995, p. 155.
- Mengus et Rudrauf 2013, p. 140.
- Koch 2015, p. 457.
- Notice no PA00085738, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Koch 2015, p. 458.
- Koch 2015, p. 460.
- Koch 2015, p. 460-461.
- Nicolas Mengus, Châteaux forts au Moyen Âge, Rennes, Éditions Ouest-France, , 283 p. (ISBN 978-2-7373-8461-5), p. 182.
- Mengus 2021, p. 191.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Jacky Koch, L’art de bâtir dans les châteaux forts en Alsace (Xe – XIIIe siècles), Nancy, Éditions universitaires de Lorraine, , 561 p. (ISBN 978-2814302556).
- Nicolas Mengus et Jean-Michel Rudrauf, Châteaux forts et fortifications médiévales d’Alsace, Strasbourg, La Nuée bleue, , 376 p. (ISBN 978-2-7165-0828-5).
- (de) Thomas Biller et Berhard Metz, Die Burgen des Elsaß : Architektur und Geschichte, vol. III, Deutscher Kunstverlag, (ISBN 9783422061323).
- Gilbert Charles Meyer, « La renaissance du château du Hohlandsberg. Premier bilan des recherches archéologiques et architecturales », Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire, no 38, , p. 151-178 (lire en ligne).
- Charles-Laurent Salch, Nouveau Dictionnaire des Châteaux Forts d’Alsace, Ittlenheim, éditions alsatia. Conception et réalisation Lettrimage, , 383 p. (ISBN 2-7032-0193-1).
- Charles-Laurent Salch, Dictionnaire des châteaux et des fortifications du moyen âge en France, Strasbourg, Editions Publitotal, 4ème trimestre 1979, 1287 p. (ISBN 978-2-86535-070-4 et 2-86535-070-3).
- Dominique Toursel-Harster, Jean-Pierre Beck, Guy Bronner, Dictionnaire des monuments historiques d’Alsace, Strasbourg, La Nuée Bleue, , 662 p. (ISBN 2-7165-0250-1).
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Liste des monuments historiques du Haut-Rhin
- Haut-Landsberg
- Station d'altitude de Wintzenheim-Hohlandsberg
Liens externes
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- Ressource relative à l'architecture :
- Site officiel