Codicologie
La codicologie (du latin cōdex, génitif cōdicis, « codex, livre » ; et du grec -λογία, -logie) est l'étude des manuscrits reliés en codex en tant qu'objets matériels. Le codex s'apparente aux livres modernes, dont on peut feuilleter les pages. Il est apparu dans le monde occidental dans le courant du IIIe siècle apr. J.-C. Il a, lentement, supplanté les volumina devenus rotuli, qui demeurèrent longtemps le mode de présentation traditionnelle des écrits, c'est-à-dire sous forme de rouleau qu'on déployait pour pouvoir lire le texte.
Description
[modifier | modifier le code]Science connexe de la paléographie — qui étudie l’écriture et ses aspects matériels — et issue de celle-ci, la codicologie est une discipline scientifique qui étudie le livre manuscrit comme objet matériel, c’est-à-dire comme support de texte, afin de mieux comprendre l'histoire du texte (ou des textes) qui est parvenu jusqu'à nous. C'est ainsi qu'elle passe en revue les techniques de fabrication et les divers accidents qui ont pu affecter ces ouvrages :
- reliure de deux manuscrits en un seul, ou, au contraire division d'un seul en plusieurs ;
- insertion, suppression et interversion de cahiers (un cahier est un ensemble de feuilles qui, pliées et reliées ensemble, forment plusieurs feuillets, chacun portant deux pages : recto et verso) ;
- numérotation et renumérotation des folios (le plus souvent) ou de pages ;
- marques employées par les créateurs du codex pour répartir le travail entre plusieurs copistes ;
- accidents destructifs (vers, incendie, corrosion, taches, etc.). Au XIXe siècle, Paul-Louis Courier se rendit célèbre dans le milieu des philologues en provoquant une énorme tache d'encre sur un manuscrit particulièrement précieux des Pastorales de Longus.
La codicologie s'intéresse également aux types de support (papier, parchemin), à la taille des codex, à leur couverture.
Histoire du mot
[modifier | modifier le code]Le terme vient du français codex, lui-même du latin classique codex et du suffixe –logie (-λογία), lui-même du grec ancien λόγος / logos, « connaissance, science », d’où le sens d’« étude ou science des manuscrits ». Il est attesté en français dans l’enseignement de Charles Samaran (qui propose en 1934-1935 le mot codicographie) à partir des années 1940 et chez Alphonse Dain en 1949. Chacun d’eux revendique la paternité du terme. Le terme anglais équivalent est issu du français et est attesté en 1953. Le mot en français rentre dans le Grand Larousse encyclopédique en 1959 : la définition donnée est « science qui étudie la réalisation matérielle du livre manuscrit »[1].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- François Déroche, Manuel de codicologie des manuscrits en écriture arabe, Bibliothèque nationale de France, (ISBN 2-7177-2106-1 et 978-2-7177-2106-5, OCLC 45807435)
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Alphonse Dain, Les Manuscrits, Diderot éditeur, coll. « Pergame », 1997 (1re édition 1949) (ISBN 2-84352-085-1), p. 76-93.
- Yann Sordet, Histoire du livre et de l’édition, éd. Albin Michel, coll. L’évolution de l’humanité, 2021.
Liens externes
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- Ressource relative aux beaux-arts :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Blog sur le manuscrit médiéval
- Le Vocabulaire codicologique de D. Muzerelle
- Codicologia (IRHT): vocabulaire multilingue pour la description des manuscrits
- Philippe Bobichon, Le lexicon : Mise en page et mise en texte des manuscrits hébreux, grecs, latins, romans et arabes
- Localisation des manuscrits médiévaux de la Communauté française de Belgique (Wallonie et Bruxelles) sur le site du Centre International de Codicologie (asbl) de la Bibliothèque Royale Albert Ier (KBR)