Jacob Weiss
Jacob Weiss (ou Jakob Weys, Weis) est un orfèvre actif à Strasbourg au début du XVIIe siècle.
Biographie
[modifier | modifier le code]Sa biographie n'est pas établie.
Jacob Weys est reçu maître à Strasbourg en 1613, comme en témoigne la table d'insculpation II des orfèvres, conservée au musée historique de Strasbourg[1].
Œuvre
[modifier | modifier le code]Ostensoir-monstrance
[modifier | modifier le code]Le musée historique de Haguenau expose un grand ostensoir (ou « monstrance à cylindre[1]») réalisé par Jacob Weiss en 1629 et appartenant au Trésor[2] de l'église Saint-Georges de Haguenau[3].
Le conservateur Hans Haug désigne Jacob Weiss comme l'un des orfèvres strasbourgeois les plus en vue du XVIIe siècle et fait l'éloge de cet ostensoir « où l'on voit refleurir, comme dans les œuvres d'Uhlberger[4] et Dietterlin, la grammaire ornementale du gothique flamboyant[5] ».
En argent partiellement doré, d'une hauteur de 82 cm, l'objet repose sur un pied hexagonal polylobé, sur le ressaut duquel figure cette inscription, en allemand et en majuscules latines, donnant les noms des trois commanditaires et de l'orfèvre strasbourgeois, ainsi que la date du 3 mars 1629 :
« DISE MONSTRANTZ IST ZVE EHRN GOTTES, DVRCH DEN EDLEN HOCHGELEHRTEN, EHRNVESTEN VND WEISEN, H : OTTO HEINRICH WESTERMEIER DER RECTEN (sic) LICENTIAT, VND ALTER STETMEISTER ALHIE, VND H : IOHANN RINGENDORFERN BEDEN DES WERCKS WOLVERORDNETEN H: PFLEGER, VND GREGORIVM LAVWELN DER ZEIT SCHAFNER, ZVE MACHEN VERDINGT WORDEN, DEM EHRNHAFTEN VND KVNSTREICHEN, H : IACOB WEISEN BVRGER VND GOLDSCHMIDT IN STRASBVRG. ACTVM DEN 3. MARTI ANNO 1629[6]. »
La partie supérieure est dotée de trois arcs-boutants de style gothique, garnis de pinacles et de niches recevant les statuettes dorées de saint Georges, saint Pierre et saint Jean. Une flèche abritant la Vierge et l'Enfant dans une mandorle à rayons flammés domine l'ensemble[1].
La pièce porte le poinçon de contrôle de la Ville de Strasbourg, ainsi que des armoiries représentant l'aigle bicéphale de l'Empire et la rose de Haguenau.
Elle connut une histoire mouvementée, en particulier dans les années 1640, puis au moment de la Révolution[7].
L'ostensoir a été présenté dans plusieurs expositions, notamment en 1895[8], 1935[9], 1948[10], 1964[11].
Le 21 février 1967, il est classé au titre objet[3].
Gobelet du mois de décembre (Monatsbecher)
[modifier | modifier le code]Le musée de l'Œuvre Notre-Dame de Strasbourg possède un « gobelet du mois de décembre » de Jacob Weiss, en argent partiellement doré, probablement réalisé entre 1616 et 1639.
Les Monatsbecher (« gobelets de mois ») constituaient des séries de douze gobelets décorés mettant en scène les activités de chaque mois de l'année. Souvent produits à Nuremberg, on les trouve principalement dans les pays de langue allemande, entre le début du XVIe et le milieu du XVIIe siècle[12].
La partie supérieure du gobelet de décembre de Jacob Weiss est gravée de trois grands médaillons de cuir découpé représentant un boucher levant son maillet pour tuer un bœuf, un homme saignant un porc dont une femme recueille le sang, trois aides entourant un baquet fumant d'où émergent les pattes du porc. Le même thème est décliné à travers d'autres détails gravés entre les médaillons et dans le bas du gobelet[1].
La pièce porte le poinçon du maître et le poinçon aux armes de la Ville de Strasbourg sous fleur de lys[1].
Chariot à boire tirant trois tonneaux
[modifier | modifier le code]Après 1616, peut-être vers 1630[13], Jacob Weiss conçoit un jeu à boire en forme d'attelage de chevaux tirant trois tonneaux. Cette réalisation fait partie des récipients à boire ludiques ou humoristiques (en allemand Trinkspiel ou Scherzgefäß (de))[14], déclinés sous différents matériaux et formes à la Renaissance.
La pièce, en argent partiellement doré et d'une longueur de 46,6 cm, est constituée d'un chariot à quatre roues, tiré par deux chevaux et chargé de trois tonneaux. Ces fûts sont fixés à un timon creux que l'on remplissait d'alcool et qui était doté d'un robinet permettant de régler l'arrivée de la boisson. Pour vider les tonneaux, le buveur était obligé — à la plus grande joie des autres convives — d'aspirer le liquide par l'embout du timon[14].
Assis sur le cheval de gauche, le cocher brandit un fouet[14].
L'ensemble est conservé au Badisches Landesmuseum de Karlsruhe[14].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Hans Haug, L'orfèvrerie de Strasbourg dans les collections publiques françaises (tome 22 de l'Inventaire des Collections publiques françaises), Éditions des Musées nationaux, Palais du Louvre, , 225 p. (ISBN 9782711800742)
- V. Guerber, « Ancien trésor de l'église Saint-George de Haguenau », Bulletin de la Société pour la Conservation des Monuments historiques d'Alsace, 1869, p. 145-147
- « Ostensoir-monstrance no 1 », Inventaire du Grand-Est [1]
- Architecte de la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg
- Hans Haug, L'Art en Alsace, Grenoble, Arthaud, 1962 (rééd. 1974), p. 146 (ISBN 2-7003-0041-6)
- Abbé Straub, Congrès archéologique de France, XXVIe session à Strasbourg, 1860, p. 388, lire en ligne sur Gallica ; traduit par l'abbé Victor Guerber : « Cette monstrance a été fabriquée par accord, à la gloire de Dieu et à la diligence du noble, savant, honorable et prudent seigneur Othon-Henri Westermeier, licencié en droit et ancien stettmeister, de sieur Jean Ringendörfer, administrateur méritant de l'œuvre et Grégoire Lauwel, économe de Saint-George, par l'honorable et habile sieur Jacob Weis, bourgeois et orfèvre de Strasbourg. Ainsi fait le 3 mars 1629 », [2].
- (abbé) Victor Guerber, Histoire politique et religieuse de Haguenau, vol. II, Rixheim, Imprimerie A. Sutter, 1876, II, p. 49-50, [lire en ligne]
- Adolphe Seyboth, Souvenirs de l'Exposition rétrospective de Strasbourg 1895
- Catalogue de l'exposition d'art chrétien ancien et contemporain, Strasbourg, Palais du Rhin, 17 juillet-17 août 1935 (Congrès eucharistique national à Strasbourg, 1935)
- Exposition d'art religieux du Moyen âge. Strasbourg, Musée de l'Œuvre Notre-Dame, 11 juin-20 juillet 1948.
- Les trésors des églises de France : exposition Musée des arts décoratifs, Paris, 1965
- Britannica [3]
- Alexis Kugel, Philippe Bastian et Pauline Loeb-Obrenan, Vermeilleux ! L'argent doré de Strasbourg : XVIe au XXe siècle, Saint-Rémy-en-l'Eau, Monelle Hayot, , 352 p. (ISBN 978-2903824914)
- (de) « Pferdegespann », Badisches Landesmuseum, Karlsruhe, [lire en ligne]
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (de) Die Renaissance im deutschen Südwesten : zwischen Reformation und Dreissigjährigem Krieg : eine Ausstellung des Landes Baden-Württemberg, Heidelberger Schloss, 21. Juni bis 19. Oktober 1986, Badisches Landesmuseum Karlsruhe, 1986, 2 vol., 975 p. (ISBN 9783923132089)
- Cécile Dupeux et Barbara Gatineau, D'argent, de nacre et d'os - Objets d'arts et de curiosité, Musées de Strasbourg, 2015, encart central, n.p. (ISBN 978-2351251324)
- (abbé) Victor Guerber, Histoire politique et religieuse de Haguenau, vol. II, Rixheim, Imprimerie A. Sutter, 1876, II, p. 49, [lire en ligne]
- (de) Hans Haug, Alte und neue Strassburger Goldschmiedarbeiten und Uhren, Strasbourg, 1914
- Hans Haug, L'orfèvrerie de Strasbourg dans les collections publiques françaises (tome 22 de l'Inventaire des Collections publiques françaises), Éditions des Musées nationaux, Palais du Louvre, , 225 p. (ISBN 9782711800742, lire en ligne)
- (de) Hans Meyer, Die Strassburger Goldschmiedezunft von ihrem Entstehen bis 1681. Urkunden und Dartstellung, Leipzig, Duncker & Humblot, 1881, 224 p., [lire en ligne]
- (de) August Schricker, Kunstschätze in Elsaß-Lothringen, Strasbourg, Heitz, 1896