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Jean Orieux

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Jean Orieux
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Fonctions
Inspecteur de l'enseignement primaire (d)
à partir de
Inspecteur de l'enseignement primaire (d)
-
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nationalité
Formation
École normale d'Instituteurs de Saint-André-de-Cubzac (d) (-)
École normale supérieure de Saint-Cloud (-)
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (bachelor of philosophy (en)) (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Professeur de lettres (-), biographe, écrivainVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Distinctions

Jean Orieux est un romancier et biographe français, né le à Duras dans le Lot-et-Garonne et mort le à Fontenay-lès-Briis dans les Hauts-de-Seine[1].

Issu d'un milieu modeste (son père François Frédéric Orieux, natif de Lesparre-Médoc et d'ascendance bretonne, était charron, et sa mère Ismaëla Jacques, native de Duras, était lisseuse), il passe une partie de son enfance à Duras, puis à Bordeaux où sa famille s'installe en 1918 (son père devient alors ébéniste), où il fait ses études secondaires. Il venait en vacances chez sa grand-mère maternelle et ses tantes à Duras, ville avec laquelle il n'a jamais coupé les liens.

En 1925, il entre à l’École normale d'instituteurs qui se trouvait alors à Saint-André-de-Cubzac, puis, de 1927 à 1931, il poursuit ses études à l'École normale supérieure de Saint-Cloud où il se lie d'amitié avec Marc Blancpain et Maurice Fombeure, et prépare une licence de philosophie à la Sorbonne. Professeur de lettres à Bourges et à Beauvais de 1931 à 1937, il est alors nommé inspecteur de l’enseignement primaire à Limoges, puis à Oran, en Algérie, en 1941. L'année suivante, au cours d'un voyage à Fès où il rencontre André Gide grâce à son ami Jean Denoël, membre du comité de rédaction de la revue Fontaine (il lui fera aussi connaître Paul Léautaud en 1946), il fait du Maroc sa seconde patrie. En 1943, il est détaché à la direction de l'instruction publique à Rabat où il fait la connaissance d'Henri Bosco, puis à Marrakech, puis il reprend l'enseignement dans cette ville jusqu'à sa retraite. Au cours de cette période, il effectue plusieurs séjours en métropole, en particulier chez sa mère qui vit à Saint-Aignan, près de Libourne, ou à La Chapelle-Blanche, un hameau situé dans la commune de Saint-Victurnien, près de Limoges, où il rédige plusieurs de ses œuvres. En 1955-1956, il a été aussi professeur à Grenoble et à Paris.

Au début des années 1960, il a enseigné au lycée Mohammed-V puis aux lycées Ibn Abbad et Victor-Hugo à Marrakech. En 1965, il s'installe au Bugue avec sa mère et se consacre entièrement à l'écriture. Il continue à se rendre au Maroc jusqu'en 1987, et séjourne dans une auberge à Ouirgane, au sud de Marrakech, où il travaille à ses nouveaux livres. En 1989, gravement malade, il quitte le Périgord pour une maison de retraite en région parisienne où se trouve une partie de sa famille. Il meurt l'année suivante et est enterré dans le caveau familial à Duras.

Œuvre littéraire

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Entre 1944 et 1986, Jean Orieux a publié 23 livres (romans, nouvelles, biographies, souvenirs). Il a aussi collaboré dans le même temps à plusieurs journaux et revues (Les Cahiers du Sud, Le Figaro, Flammes, Fontaine, Les Œuvres libres, La Revue des deux mondes, La Table ronde...) où ont paru intégralement ou partiellement certains de ses romans, des nouvelles, des extraits de ses biographies, différents textes repris pour la plupart ultérieurement dans des ouvrages, et des critiques. Il avait collaboré à des ouvrages scolaires à l'époque où il était inspecteur, et a donné plusieurs préfaces[2]. C'est surtout pour ses biographies qu'il était connu du grand public. La quasi-totalité de son œuvre a paru chez Flammarion.

Il a confié avoir commencé à écrire dès sa jeunesse[3]. À l'époque où il était étudiant à Paris, il a composé des poèmes en vers libres, oubliés puis exhumés bien plus tard et publiés en 1977. C'est en 1940, pendant la « drôle de guerre » qu'il a vécue dans le Limousin, qu'il a éprouvé le besoin d'écrire quelque chose de vital[4]. Il s'est alors raccroché à son enfance, à ses racines, à sa mémoire, aux histoires que lui racontait sa grand-mère maternelle sur sa famille. C'est dans cette atmosphère nostalgique qu'il a commencé à écrire Fontagre, un roman en grande partie autobiographique qui a pour cadre son pays natal. Achevé à Tlemcen, en Algérie, en 1941, il paraît l'année suivante en feuilleton dans la revue Fontaine, à Alger, puis est édité en 1944 et obtient le Grand prix du roman de l'Académie française en 1946. Ce n'est qu'après la guerre qu'il a décidé d'écrire la suite de ce roman, mais à reculons dans le temps, sous la forme d'un cycle qui comporte au total quatre volumes, dans lequel il raconte l'histoire d’une vieille famille de la noblesse rurale du sud du Périgord qui, de 1876 aux années 1930, à travers trois générations, essaie vainement de maintenir son rang et l’unité de son domaine.

Il a déclaré quelques années plus tard que l’écriture était pour lui un plaisir, que le but du romancier est de raconter une histoire où l’on voit et où l’on entend des personnages auxquels on croit, que le roman est comme une fable et qu'une histoire à la fois frappante et bien contée ne peut laisser le lecteur insensible[5].

Ses nouvelles Menus plaisirs, Tiburce ou Un déjeuner au soleil et son roman Les Ciseaux d'argent forment le cycle intitulé Les Trois-Piliers, chronique de la vie des habitants de la place des Trois-Piliers, à Langeval, petite ville de l'Ouest de la France, un monde clos où les intrigues, les personnages, le décor et les usages sont ceux d'une époque révolue. Dans L'Aigle de fer, il évoque le nazisme à travers les destins de deux frères issus de l'aristocratie allemande, Le Lit des autres a pour cadre le Périgord et raconte un épisode qui s'est déroulé pendant la « drôle de guerre » : le logement de réfugiés venus d'Alsace. Dans Alcide ou la Fuite au désert, il conte l'histoire un peu oppressante d'un misanthrope totalement désabusé qui finit par se donner la mort, toujours sur fond de guerre. Son séjour au Maroc lui a inspiré Kasbahs en plein ciel, récit d'un périple dans le Haut-Atlas à la découverte des tribus chleuhs en 1949, et Petit Sérail, un court roman plein de drôlerie. Dans Souvenirs de campagnes, il rappelle ses années passées dans le Limousin à la fin des années 1930 et au début des années 1940, et en Afrique du Nord, au cours de la période suivante, dans Des figues de Berbérie.

À partir du milieu des années 1950, il commence à s'intéresser au genre biographique, par curiosité et aussi parce qu'il avait tendance à s'épuiser dans la création romanesque. Les cinq biographies qu'il a publiées entre 1958 et 1986, consacrées à de grandes figures historiques et à des écrivains illustres (Bussy-Rabutin, Voltaire, Talleyrand, La Fontaine et Catherine de Médicis) lui ont donné une seconde notoriété et assuré une large audience auprès du grand public en France comme à l'étranger. Il a mis au point au fil des années une méthode de travail assez rigoureuse, adaptée en fonction des personnages qu'il avait choisis, amassant une vaste documentation et rédigeant des fiches. Après s'être complètement imprégné de ses modèles (cette imprégnation pouvait durer plusieurs années), et quand il était arrivé à les voir et à les entendre, il commençait alors à écrire avec lenteur, patience et méticulosité. Quand les choses se gâtaient vers la fin de la « cohabitation », il était temps pour lui de les abandonner car il n'était pas loin de les prendre en grippe, leur reprochant de lui avoir volé son temps. Puis il aimait assez divorcer de ses personnages lorsque le livre était « consommé »[6].

Il a avoué s'être senti plus à l'aise avec La Fontaine, Voltaire ou Talleyrand qu'avec Catherine de Médicis qu'il a considérée comme un « bourreau ». Il a commencé ses recherches sur la « reine noire » en 1979, dans le but de la réhabiliter, mais la tâche a été difficile au cours des années suivantes, d'une part parce qu'il a été souvent malade à cette époque-là, d'autre part parce que « Madame Catherine » lui faisait un peu peur, et il a même failli tout abandonner en cours de route[7]. Il lui a fallu six années de labeur pour venir à bout de cette biographie, et il a dû réécrire deux fois son manuscrit de 800 pages et plusieurs fois certains chapitres. Le succès a été au rendez-vous et la critique dans son ensemble a été élogieuse. « Je suis comblé en constatant que ce livre a été lu avec beaucoup d’attention et qu’il a rendu des gens heureux. […] J’ai vécu six ans avec [Catherine de Médicis], je l’ai tuée… mais elle m’a tué aussi ! »[8]. Il songeait à ressusciter d’autres personnages du passé comme Henri IV ou Richelieu, « afin qu’ils nous réapprennent à vivre »[9], mais il n'a pas pu mener à bien ces projets.

Lauréat de plusieurs prix littéraires, il a obtenu le Grand prix de littérature Paul-Morand de l'Académie française en couronnant son œuvre[10], année de parution de sa biographie consacrée à Catherine de Médicis, son dernier ouvrage, adapté pour un téléfilm en deux parties par Paul Savatier, réalisé par Yves-André Hubert, avec Alice Sapritch dans le rôle-titre, et diffusé sur Antenne 2 dans le cadre de l'émission Les Dossiers de l'écran les 18 et .

Seules sont données ici les éditions originales. Plusieurs de ses livres, notamment ses biographies, ont fait l'objet de rééditions, en particulier dans des collections de poche, et de nombreuses traductions.

Romans et nouvelles

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  • Fontagre, roman publié dans la revue Fontaine en 1942, édition originale aux Éditions de la Revue Fontaine à Alger en 1944 puis à Paris en 1945, réédité par Flammarion en 1946 - grand prix du roman de l'Académie française la même année
  • Menus plaisirs, Robert Laffont puis Flammarion, 1946
  • Les Ciseaux d'argent, Flammarion, 1947
  • Tiburce ou Un déjeuner au soleil, Flammarion, 1948
  • L'Aigle de fer, Flammarion, 1949 ; nouvelle édition revue 1972
  • Cinq filles et un fusil, Flammarion, 1950
  • Petit Sérail, Flammarion, 1952
  • La Mal Mariée, Flammarion, 1953
  • La Bonnes Fortunes, Flammarion, 1955 - prix du roman décerné en 1956 par l’association « Au service de la pensée française » et qui concerne aussi l’ensemble de la série des Fontagre
  • Le Lit des autres, Flammarion, 1964
  • Alcide ou la Fuite au désert, Stock, 1970
  • Les Fontagre, Flammarion, 1973 (reprend, dans l'ordre chronologique de l'histoire et dans une version revue, Cinq filles et un fusil, La Mal Mariée, Les Bonnes Fortunes et Fontagre dont le titre est devenu ici Le Ciel d'autrefois)
  • Les Trois-Piliers, Flammarion, 1980 (reprend Menus plaisirs, Les Ciseaux d'argent et Tiburce ou Un déjeuner au soleil)
  • Kasbahs en plein ciel : Dans le Haut-Atlas marocain, Flammarion, 1951, Prix du Maroc 1954
  • Souvenirs de campagnes, Flammarion, 1978 (une édition partielle a été publiée en 1972 par Pierre Fanlac, éditeur à Périgueux)
  • Des figues de Berbérie, Grasset, 1981

Biographies

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  • L’Étoile et le Chaos, Flammarion, 1977

Adaptations

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En 1992, une rue Jean-Orieux a été inaugurée à Duras, en 1995, une plaque a été apposée sur la maison où il a vécu au Bugue, rue de la Reynerie, et une autre, en 2011, sur la façade de sa maison natale située rue Chavassier.

Notes et références

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  1. Orieux, Jean (1907-1990), « Fichier officiel des décès de l'insee », sur Api 'Match io', République française (consulté le )
  2. Avec Joseph Nouaillac et Robert Rideau, des collègues enseignants, il a publié en 1941 Lectures du Limousin et de la Marche (Charles-Lavauzelle éditeur), un ouvrage dans lequel on trouve plusieurs textes inédits qu'il reprendra dans Souvenirs de campagnes, et avec E. Audrin et R. Gillet, toujours en 1941 et chez le même éditeur, un ouvrage scolaire intitulé Notre belle langue le français, qui a eu plusieurs éditions successives.
    Parmi ses préfaces, citons : Jean Mazel, Féerie sud marocaine. Notes d’un cinéaste, Casablanca, Bernard Rouget éditeur [Imprimeries réunies], s. d. [1956] ; Bussy-Rabutin, Histoire amoureuse des Gaules, précédé de Bussy-Rabutin ou l’art de médire, Union générale d’éditions, 1966, coll. « 10/18 » ; Marcel Blistène, Le Maroc que j’aime…, Sun, 1977, photographies de Louis-Yves Loirat.
  3. Paul Guth, « Jean Orieux entre la pluie et le beau temps », dans Quarante contre un, Corréa, 1947, p. 199-201.
  4. Le premier texte édité de Jean Orieux est une nouvelle intitulée « Un arrière-neveu de M. de Pourceaugnac », parue dans Les Cahiers du Sud (n° 234, avril 1941, p. 209-227), reprise dans Souvenirs de campagnes sous le titre « Le Monsieur du château », p. 46-63.
  5. Réponse à une enquête de Jeanine Delpech intitulée « Y a-t-il une crise du roman français ? », Les Nouvelles littéraires, 20 novembre 1957.
  6. Jean Orieux, « L’art du biographe », Le Magazine littéraire no 164, septembre 1980, p. 24-26.
  7. Pierre Paret, « Jean Orieux : Du Bugue à Marrakech... », Sud Ouest Dimanche, 26 septembre 1982.
  8. Patrick Berthomeau, « Les prix de l’Académie française. Du côté du Sud-Ouest », Sud Ouest, 7 novembre 1986.
  9. Vera Kornicker, « Ressusciter l’Histoire pour nous réapprendre à vivre », Le Figaro, 7 novembre 1986.
  10. Grand prix de littérature Paul-Morand, Académie française, consulté le 26 décembre 2019.

Bibliographie

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  • « L’interview de Paul Guth : Jean Orieux », La Gazette des lettres no 21, , p. 1-2, repris dans Quarante contre un sous le titre « Jean Orieux entre la pluie et le beau temps », Corréa, 1947, p. 197-201
  • Maurice Druon, Académie française. Séance publique annuelle le jeudi . Discours prononcé par M. Maurice Druon, secrétaire perpétuel de l’Académie française, Palais de l’Institut, Imprimerie nationale, 1987 (1986, no 30), p. 6-7)
  • Claude Arnaud, « La mort de Jean Orieux : Le plus romanesque des biographes », Le Monde,
  • « Jean Orieux (1907-1990) », Livres Hebdo, no 16, , p. 47
  • Martine Bercot et André Guyaux (dir.), Dictionnaire des lettres françaises. Le XXe siècle, coll. « La Pochothèque », Le Livre de poche, 1998, p. 815
  • Pierre Béarnais, Jean Orieux ou l’Art d’écrire une biographie, Grenoble, chez l’auteur, 2010
  • Jean-Louis Lambert, Jean Orieux (1907-1990), Paris, chez l'auteur, 2010

Liens externes

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