La Belle Dame sans merci (poème)
La Belle Dame sans Merci est une ballade écrite par le poète anglais John Keats. Il en existe deux versions, avec chacune des différences mineures. La version originale fut écrite en 1819, bien que le titre du poème soit une référence à un autre poème du XVe siècle d'Alain Chartier.
Description
[modifier | modifier le code]Le poème décrit la rencontre entre un chevalier inconnu et une mystérieuse femme qui se dit « la fille d'une fée ». Il commence par la description du chevalier, vu dans un paysage aride et froid, puis raconte comment il a rencontré une belle jeune femme aux « yeux sauvages » et l'a emmenée avec lui sur son cheval jusqu'au gouffre Elfin, où « elle pleurait, et soupirait ». Il s'endort et a une vision : des chevaliers le narguent « La Belle Dame sans Merci t'a subjugué ! ». Il se réveille enfin, mais se retrouve sur le flanc de la même « colline froide », et poursuit sa méditation. Il existe deux versions de cette ballade.
Lectures
[modifier | modifier le code]Bien que La Belle Dame sans Merci soit un poème court (douze strophes de quatre vers chacune, avec les rimes type ABCB), il est plein d'énigmes. Du fait que le chevalier est associé à des allégories de la mort, comme le lys (symbole de la mort dans la culture occidentale), la pâleur, la « disparition », il est probable que le héros soit mort lorsqu’il conte l’histoire. Il est clairement voué à rester sur la colline, mais la cause de ce sort est inconnue. Une simple lecture suggère que la dame lui a tendu un piège, à l'instar des héroïnes de contes comme Thomas le Rhymer ou Tam Lin. Par ailleurs, comme les chevaliers sont généralement liés par des vœux de chasteté, le poème semble indiquer que celui-ci est doublement damné — et, effectivement, maintenant, enchanté — quand il s'attarde ici avec une créature éthérée.
Mort à 25 ans de la tuberculose[1], Keats devient un romantique célèbre. La spéculation autour de son auto-médication au mercure mène certains à voir dans ce poème une allusion à la syphilis, qui faisait des dégâts considérables à l'époque[2]. Dans la continuité du romantisme, la même métaphore revient dans le cauchemar de des Esseintes dans À Rebours de J.-K. Huysmans[3].
Texte du poème
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La Belle Dame sans Merci |
La Belle Dame sans merci (traduction) |
Dans d'autres domaines
[modifier | modifier le code]Littérature
[modifier | modifier le code]La Dame des MacEnnen d'Armand Cabasson (Editions Glyphe).
Peinture
[modifier | modifier le code]La Belle Dame sans Merci est un thème récurrent chez les peintres préraphaélites. On peut notamment citer Sir Frank Dicksee, Frank Cadogan Cowper, John William Waterhouse, Arthur Hughes, Walter Crane, et Henry Meynell Rheam qui le représentèrent. Le thème a également été parodié en 1920 dans le magazine Punch.
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La Belle Dame sans Merci, par Frank Bernard Dicksee.
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La Belle Dame sans Merci, par Arthur Hughes.
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La Belle Dame sans Merci, par Walter Crane.
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La Belle Dame sans Merci, par John William Waterhouse.
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La Belle Dame sans Merci, par Henry Meynell Rheam.
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La Belle Dame sans Merci, dans le magazine Punch.
Vitrail
[modifier | modifier le code]Le vitrailliste irlandais Harry Clarke fait allusion à La Belle Dame sans Merci dans le sixième panneau de son vitrail monumental The Eve of St Agnes (en)[réf. souhaitée], que l'on peut voir à la Hugh Lane Municipal Gallery de Dublin, en Irlande. Ce vitrail s'inspire du poème du même nom de John Keats. Ce dernier présentait La Belle Dame sans Merci comme étant un ancien conte du folklore provençal français.
Adaptation musicale
[modifier | modifier le code]L'adaptation musicale la plus célèbre est celle de Charles Villiers Stanford.C'est une interprétation dramatique qui nécessite une voix masculine et un accompagnement. Elle est restée populaire et est parue dans plusieurs anthologies de la chanson anglaise du British Art Music enregistré par plusieurs autres artistes. Patrick Hadley a également écrit une version pour ténor et orchestre.
Sans prétendre qu'il s'agit, à proprement parler, d'une adaptation musicale, il faut citer aussi The Battle of Agincourt, sonate pour deux violoncelles d'Olivier Greif qui a été inspirée par la ballade de Keats. Dans le dernier mouvement, le texte est même inscrit sur la partition.
On peut également citer Belle Dame Sans Merci, chanson du groupe Faun, sur l'album Buch der Balladen (2009) dont le texte est en allemand, excepté les mots du titre qui sont en français.
Inspiration
[modifier | modifier le code]Les derniers vers du poème (« The sedge is wither'd from the lake, And no birds sing ») ont inspiré le titre de l'essai de Rachel Carson Printemps silencieux (Silent Spring) paru en 1962[réf. souhaitée].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Hilas Smith, « The Strange Case of Mr. Keats's Tuberculosis », Clinical Infectious Diseases, vol. 38, no 7, , p. 991–993 (DOI https://doi.org/10.1086/381980, lire en ligne, consulté le )
- (en) Nicholas Roe, « Mercury sent John Keats to an early grave », The Telegraph, (lire en ligne, consulté le )
- Michel Collomb, « Le cauchemar de Des Esseintes », Romantisme, vol. 8, no 19, , p. 82 (lire en ligne, consulté le )