Mission de l'Inde à Lhassa
Mission de l'Inde à Lhassa | ||
Inde |
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Lhamo Tsering, Sumal Sinha (chef de la mission de l'Inde), Pemba Tsering, Phuntsok Tashi Takla, Lhassa 1952 | ||
Lieu | Lhassa | |
Coordonnées | 29° 39′ nord, 91° 06′ est | |
Nomination | 15 août 1947 | |
Géolocalisation sur la carte : région autonome du Tibet
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Voir aussi : Bureau du Tibet | ||
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La Mission de l'Inde à Lhassa ouverte le vit son statut modifié en Consulat général le avant d'être fermée le 15 décembre 1962 à l'issue de la guerre sino-indienne.
Histoire
[modifier | modifier le code]La Mission de l'Inde à Lhassa est ouverte lors de l'accession de l'Inde à l'indépendance le , remplaçant la mission britannique à Lhassa (1936-1947)[1],[2].
Selon ses propres dires publiés sur le site du gouvernement tibétain en exil, Sonam T. Kazi fut interprète et traducteur auprès de la mission indienne au Tibet entre 1949 et 1956[3].
Sumal Sinha est en poste à la Mission de l'Inde en quand les Chinois sont arrivés à Lhassa, précédés du général Zhang Jingwu, le représentant du Comité central du Parti communiste chinois. Dans son rapport mensuel, il relate les événements d'août-septembre de façon tragi-comique. Il mentionne que la mission a reçu les officiels suivants durant ce mois : Dzasa Lobzang Samten (frère aîné du dalaï-lama), Sholkhang Jetung Kusho, Kazi Tse Ten Tashi, Dzasa Liushar et Sampho Dzasa[4].
En , l'accord en 17 points fut signé sous la contrainte selon l'historien indien N. Jayapalan, et le Tibet devint une région de la Chine[5]. Le [6], les gouvernements de l'Inde et de la Chine annoncèrent leur accord de changer le statut de la mission en un Consulat général[5]. Le consul général, AK Sen est déjà arrivé à Lhassa. Trois bureaux commerciaux en dépendront aussi à Gyantsé, Gartok et Yatung que peut entretenir à l'avenir l'Inde[7].
En 1959, dans les premiers temps d'une révolte à Lhassa, le 9, puis le , une délégation tibétaine officielle lança un appel au monde extérieur par l'intermédiaire du Major S. L. Chhiber, le consul indien à Lhassa, mentionnant la déclaration d'indépendance du Comité de libération. La semaine suivante, le télégraphe indien continua d'informer des événements de Lhassa New Delhi, où les télégrammes furent cependant bloqués[8].
Gyatsho Tshering, un érudit tibétain de nationalité indienne, en poste de 1955 à 1962 au Consulat de l'Inde à Lhassa, explique qu'entre 1955 et 1959, une partie du travail au consulat consistait à rassembler des informations sur les activités de l'armée chinoise, et qu'il était donc au courant de la tension en mars 1959. Le soir du , l’atmosphère était survolté, et il passe la nuit avec ses collègues au consulat, sans pouvoir dormir. À 2 h du matin, le bombardement commence, il sait que le 14e dalaï-lama a quitté le Norbulingka mais, il en garde le secret. Il décide de sortir pour voir ce qui se passe, et constate que les rues sont pleines de soldats chinois, hurlant et tirant à bout portant, et qu'il y a des masses de cadavres. L'artillerie tire sur le Potala, le bombardement dure deux heures, à la suite de quoi, les moines du Potala sortent, offrant des cibles faciles aux mitraillettes des militaires chinois. Il vit aussi deux femmes et un homme marchant sur la route, des écharpes blanches à la main en signe de paix, qui furent fauchés par quatre ou cinq coups de fusil. Dans un monastère proche du Potala, il voit des soldats chinois menacer une trentaine de Tibétains qui lèvent les mains. Fouillés à la recherche d'arme, ils sont fusillés[9].
Lors du soulèvement tibétain, en , les autorités chinoises prétextant protéger la Mission des « rebelles », placèrent pendant plusieurs mois une garde à son entrée, intimidant les Indiens de Lhassa qui n'osaient plus se rendre chez leur consul, et ignorant la protestation du gouvernement indien à ce sujet[10]. Le , à l'issue de la guerre sino-indienne, le consulat indien à Lhassa est fermé en même temps que celui de Shanghai[11]. En , Pékin évoqua la possibilité qu'il soit rouvert[12],[13].
En , après une demande de la Chine d'ouvrir un troisième consulat en Inde, à Chennai, l'Inde a demandé à rouvrir son consulat à Lhassa au Tibet. La Chine s'est montré plus prudente que jamais au sujet de cette ouverture au Tibet en raison d'une série d'auto-immolations de Tibétains, dont Pékin prétend qu'elles sont effectuées à la demande du dalaï-lama. Pour les Officiels indiens, la réouverture faciliterait les échanges économiques et les pèlerinages au Kailash et au lac Manasarovar[14].
En 2014, la Chine a refusé la proposition indienne[15].
Le bâtiment de l'ancien consulat Indien à Lhassa est resté en l'état tel qu'il fut abandonné en , et ses locaux contiennent les meubles, et une partie des documents laissés à l'époque. Des scellés sont posés sur les portes et volets des fenêtres, et des policiers chinois constatent régulièrement que les scellés ne sont pas enlevés, et que l'intégrité des locaux sont respectés, et non violés. Si l'Inde reprend un jour le bâtiment, des travaux seront nécessaires.[réf. nécessaire]
Liste des chefs de la Mission
[modifier | modifier le code]- Hugh Richardson (- )[16]
- Sumal Sinha[17],[18],[19] ( - ).
Liste des consuls généraux
[modifier | modifier le code]- A. K. Sen[20] ( - 1954[21])
- P. N. Menon (-)[22] (avec le consul Apasaheb Balasaheb Pant)
- Major S. L. Chhibber (1956 - 1959)
- Prem Nath Kaul (1959 - 1961)[23],[24]
- A. R. Deo[25] (1961 - octobre 1962).
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Heinrich Harrer, Seven years in Tibet, translated from the German by Richard Graves; with an introduction by Peter Fleming; foreword by the Dalai Lama, E. P. Dutton, 1954 : « India's declaration of independence settled the fate of the British Legation in Lhasa ».
- (en) Obituary -- Dr Hugh Richardson, The Scotsman, 7th December 2000, reproduit sur le site World Tibet News : « He returned to Lhasa after the end of the war as British representative and when Britain left India in 1947 after it was awarded self-government he remained in Tibet as the representative of the Indian government as officer in charge of the Indian Mission. »
- (en) A brief account of Mr. Sonam T. Kazi's experience in Tibet before the Chinese Invasion, 13 septembre 1994.
- (en) Claude Arpi, The Chinese arrive in Lhasa...
- (en) N. Jayapalan, India and her neighbours, Atlantic Publishers & Dist, 2000, (ISBN 8171569129 et 9788171569120), p. 8
- C. H. Alexandrowicz, India and the Tibetan Tragedy, Foreign Affairs, avril 1953
- (de) Karl Haushofer, Zeitschrift für Geopolitik, Volume 24, Éditeur C. W. Leske, 1953, p. 332 « September 1952 kamen die Regierungen Indiens und Chinas überein, daß die seit 16 Jahren bestehende (früher britisch-indische) indische Mission in Lhasa durch ein Generalkonsulat abgelöst werden wird. Als Generalkonsul ist AK Sen bereits in Lhasa eingetroffen. Ihm werden auch die drei Handelsbüros in Gyantse, Gartok und Yatung unterstehen, die Indien weiterhin unterhalten darf. Die ganze, etwa 600 Meilen lange indo- tihetanische Grenze an der Indian North-East Frontier Agency ist weniger von strategischer Bedeutung, aber wie die Äußerungen des Kauschak von Ladakh in Srinagar zeigen, ist diese Grenze keine »
- Michel Peissel, Les Cavaliers du Kham, guerre secrète au Tibet, Robert Laffont, Paris, 1972, (OCLC 11833732), p. 175
- Bertrand Odelys, Dharamsala, Chroniques tibétaines, préface du dalaï-lama, Albin Michel, 2003, (ISBN 2226142592 et 9782226142597), p. 222, p. 228-229
- Revue de défense nationale, « Les autorités chinoises ont laissé sans réponse la protestation du gouvernement indien à propos de la situation difficile faite à ses ressortissants habitant le Tibet. Ces autorités agissent, dit-on à New-Delhi, comme si elles voulaient liquider les relations que l'Inde a établies avec le Tibet durant des siècles d'échanges culturels et commerciaux. Des tracasseries quotidiennes empêchent le consulat général de l'Inde à Lhassa de fonctionner normalement. À l'époque du soulèvement tibétain, en mars dernier, une garde avait été placée devant le consulat, sous prétexte de le protéger des « rebelles ». Elle y est encore, et sa présence intimide les Indiens de Lhassa, au point qu'ils n'osent plus se rendre chez leur consul. » Comité d'études de défense nationale (France) - 1959, p. 1642
- (en) Jerome Alan Cohen (en) et Hungdah Chiu, People's China and International Law, Volume 2 : A Documentary Study, , 874 p. (ISBN 978-1-4008-8761-3, lire en ligne), p. 1067.
- Claude Arpi, An Indian Consulate in Lhasa?
- India can reopen consulate in Lhasa:Chinese foreign ministry official, 25 août 2009
- (en) India to reopen Lhasa consulate, China not game, Hindustan Times, 28 mai 2012
- (en) « When India had a consulate general in Lhasa », sur Rediff (consulté le ).
- Lowell Thomas, Out of this world: across the Himalayas to forbidden Tibet, 1954, Greystone Press, p. 110 : « But Richardson had no intention of remaining permanently behind the Himalayas. In fact, in August, 1950, he relinquished his post as political officer and trade agent to Dr. S. Sinha of the External Affairs Ministry at Delhi. »
- Iqbal Singh, Between two fires: towards an understanding of Jawaharlal Nehru's foreign policy, Volume 2, Orient Blackswan, 1998 (ISBN 812501585X et 9788125015857), p. 219
- Claude Arpi, The History of a Consulate
- Patrick French, Tibet, Tibet Une histoire personnelle d'un pays perdu, traduit de l'anglais par William Oliver Desmond, Albin Michel, 2005, (ISBN 978-2-226-15964-9), p. 234
- Karunakar Gupta, Sino-Indian relations, 1948-52: role of K.M. Panikkar, Netaji Institute for Asian Studies - 1987 p. 75 : « AK Sen became our first Consul-General in Lhasa »
- India ... Annual Review, Information Service of India., 1954, p. 260
- Jawaharlal Nehru, Selected works of Jawaharlal Nehru, Volume 33, Jawaharlal Nehru Memorial Fund, 2004 p. 478 : « PN Menon (b. 1 920); joined the Indian Foreign Service as a War Service Officer, 1947; Consul-General of India, Lhasa, October 1954-November 1956 »
- (en) Prem Nath Kaul, Frontier callings, Vikas Pub. House, 1976, (ISBN 0706904680 et 9780706904680)
- « When India had a Consulate in Lhasa », sur blogspot.com (consulté le ).
- India. Ministry of External Affairs, Notes, Memoranda and Letters Exchanged and Agreements Signed Between the Governments of India and China: July 1963-Jan. 1964 « When the former Indian Consul General at Lhasa, Shri A. R. Deo and his staff visited the former Indian Trade Agency at Yatung on the 15th December, 1962, with the permission of the local authorities, they found that the premises and all the buildings had been forced open, glass panes on the doors and windows broken and all valuable properties in the buildings removed. »