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Patelle

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patelle
Nom vulgaire ou nom vernaculaire ambigu :
l'appellation « patelle » s'applique en français à plusieurs taxons distincts.
Description de cette image, également commentée ci-après
Patelle commune (Patella vulgata)

Taxons concernés

Patelle est un mot ambigu en français, servant à désigner diverses espèces de gastéropodes ayant généralement une coquille de forme grossièrement conique et vivant sur les estrans rocheux. D'origine savante, le terme « patelle » a eu autrefois une signification plus large que de nos jours. Il tend aujourd'hui à supplanter les appellations vernaculaires locales ou régionales (« arapède » en Méditerranée, « birinic », « bernique » ou « brenique » en Bretagne, « jambe » en Charente-Maritime ...) désignant, avant tout, les espèces comestibles du genre Patella.

Dénominations

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Nomenclature

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Par analogie de forme, l'animal emprunte son nom à la patella des Romains, sorte de coupe utilisée pour les libations aux dieux[1]. Le terme patelle en français est un emprunt savant au latin au XVe siècle qui s'est substitué aux différentes appellations régionales.

On trouve pour la première fois patella dans son sens zoologique sous la plume de Théodore de Gaza, traducteur d'Aristote, au XVe siècle[2]. Ce terme est ensuite repris par Pierre Belon en 1555 puis par Guillaume Rondelet en 1558. Ce dernier ne mentionne patella que par référence aux écrits de Théodore de Gaza ; il donne par ailleurs quelques appellations vernaculaires (Provence & Languedoc, lapedo ; Venise, pantalena) et considère que le nom français est œil de bouc[3]. Cependant, le mot le plus généralement connu en Normandie (et encore utilisé dans la Manche) est flie (variantes fllie, flliée), mot issu de l'ancien scandinave *fliða (cf. féroïen fliða, anglais du Yorkshire flidder, Île de Man flitter)[4],[5], ainsi que lampotte en pays de Caux, cf. anglais limpet.

Comme souvent, c'est Carl von Linné qui, en 1758, officialise le nom de genre Patella[6]. À l'époque, les conchyliologistes français désignaient le plus souvent ces mollusques sous le nom grec de lépas (λεπάς). Le nom de genre inauguré en latin par Linné sera vite adopté et francisé et « patelle » fera son entrée dans le Dictionnaire de l'Académie française, dans un premier temps comme synonyme de « lépas », dès l'édition de 1762 [1], puis comme vedette de renvoi à partir de 1798 [2].

Classiquement, la définition purement morphologique du genre Patella tel qu'il avait été conçu par Linné était très large. Elle permettait d'y inclure de nombreuses espèces appartenant à des groupes dont certains sont aujourd'hui considérés comme très éloignés. C'est par exemple le cas des siphonariidés ou des ancyles qui appartiennent au groupe des basommatophores. On y trouvait aussi les représentants de la famille des crépidules. Au total, en ne considérant que les espèces européennes, les Patella de Linné se répartissent aujourd'hui dans sept familles parfois très différentes.

Tout aussi classiquement, ce sont Jean-Guillaume Bruguière et Jean-Baptiste de Lamarck qui, à la charnière des XVIIIe et XIXe siècles, ont le plus contribué à la clarification de la situation.

Autres appellations vernaculaires

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La patelle est aussi appelée arapède, brennig, brenique, bernique, bernicle, bernache, chapeau chinois, jambe, lampote, flie, ormet.

La patelle se fixe au substrat rocheux en provoquant un frottement de la coquille contre le support, ce qui fait apparaître sur les supports lisses une cicatrice d'abrasion.

Les patelles sont des animaux peu mobiles qui passent l'essentiel de leur temps, principalement pendant les marées hautes diurnes et les marées basses nocturnes, à brouter les micro et macroalgues qui poussent sur les rochers de l'estran. Elles peuvent aussi exploiter les algues des laisses de mer, ce qui explique qu'elles peuvent présenter une croissance rapide sur des rochers apparemment dépourvus de toute végétation[7],[8]. Ils sont solidement fixés sur ce substrat en formant une ventouse. Leur mode de vie les soumet à un changement radical de milieu de vie : à chaque marée basse, ils se retrouvent totalement émergés. Les patelles sont équipées de branchies qui leur permettent de respirer dans l'eau de mer, mais ne disposent pas d'organes permettant une respiration aérienne. Elles pratiquent le homing (« retour au gîte », c'est-à-dire à un site refuge « attitré ») : elles quittent leur logette creusée dans le substrat rocheux pendant plusieurs heures puis y retournent en se fixant fortement au grâce à leur fort pied musclé et les indentations de la coquille qui s'adaptent exactement au relief du rocher. Cela emprisonne de l'eau dans leur cavité palléale qui renferme les branchies. Ce volume d'eau est suffisant pour leur permettre de survivre à l'émersion à marée basse. Le homing est également un moyen de défense efficace contre les prédateurs (principalement les crabes et les oiseaux)[9].

En , des chercheurs de l'Université de Portsmouth en Angleterre ont publié une étude[10] démontrant que le matériau constituant les dents de l'animal possède une structure plus solide encore que celle de la toile d'araignée, détrônant ainsi cette dernière de sa place de matériau terrestre naturel le plus résistant.

Alimentation

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Des amas coquilliers riches en patelles ont été mis au jour sur le site préhistorique de Beg-er-Vil. La couche archéologique de ce site a également livré des galets biseautés qui ont pu servir à décoller ce coquillage[11].

Dès la préhistoire, les populations côtières exploitent toute la frange littorale pour pêcher et consommer des patelles (Patella ulyssiponensis, Patella intermedia, Patella vulgata), comme l'attestent les nombreux amas coquilliers datés du Mésolithique[12]. Des fouilles ont également révélé l'importance de ce coquillage dans l'alimentation des populations gauloises, médiévales et modernes[13]. Fréquemment méprisées de nos jours, les patelles ont pu nourrir des populations en période de disette (par exemple durant la Seconde Guerre mondiale, sur les côtes armoricaines où leur surconsommation est la cause principale de leur rareté sur les côtes à la fin du conflit)[14]. La grande cuisine peut offrir aux consommateurs l'occasion d'un revirement culturel positif[15]

La patelle (ou arapède) peut être consommée crue (avec du jus de citron ou de la vinaigrette); poêlée dans du beurre ou cuite au four avec une persillade. Autour de la Méditerranée, elle se consomme sous forme de soupe, en escabèche, à la provençale. En Bretagne, elle se consomme sous forme de pâtée, en ragoût ou encore crue avec une tartine de pain-beurre.

Références

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  1. Félix Gaffiot, Dictionnaire latin-français, 1934 Définitions et illustration de la patella dans Le Gaffiot latin-français, 1934
  2. Informations lexicographiques et étymologiques de « Patelle » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  3. Rondelet, G., 1558. Histoire entière des poissons. Livre 2, p.2 Texte original
  4. Jean Renaud, Les Vikings et les patois de Normandie et des îles anglo-normandes, éditions OREP, 2008 (ISBN 978-2-915762-52-5), p. 10.
  5. Elisabeth Ridel, les Vikings et les mots : L'apport de l'ancien scandinave à la langue française, éditions Errance, Paris, 2009, p. 208.
  6. (la) Linnæus, C., 1758. Systema naturæ per regna tria naturæ, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis. Tome I, Holmiæ. (Laurentii Salvii), p. 780. Lire en ligne
  7. (en) Sievert Lorenzen, « The limpet Patella vulgata L. at night in air: effective feeding on Ascophyllum nodosum monocultures and stranded seaweeds », Journal of Molluscan Studies, vol. 73, no 3,‎ , p. 267-274 (DOI 10.1093/mollus/eym022)
  8. E. Fisher-Piette, « Sur les éléments de prospérité des patelles et sur leur spécificité », Journal de Conchyliologie, vol. 88,‎ , p. 45-96.
  9. (en) Mark W. Denny, Steve Gaines, Encyclopedia of Tidepools and Rocky Shores, University of California Press, , p. 376.
  10. (en) « Scientists find strongest natural material », sur University of Portsmouth,
  11. Yvan Pailler, Catherine Dupont, Yohann Sparfel, Aude Leroy, « Analyse fonctionnelle des galets biseautés du Mésolithique à la fin du Néolithique dans l'Ouest de la France, la Grande-Bretagne et l'Irlande », Bulletin de la Société préhistorique française, t. 104, no 1,‎ , p. 31-54.
  12. Catherine Dupont, La malacofaune de sites mésolithiques et néolithiques de la façade atlantique de la France. Contribution à l'économie et à l'identité culturelle des groupes concernés, Archaeopress, , p. 71-73.
  13. Gérard Deschamps, La pêche à pied. Histoire et techniques, éditions Quæ, , p. 13.
  14. Gérard Deschamps, La pêche à pied. Histoire et techniques, éditions Quæ, , p. 70.
  15. (en) Mark W. Denny, Steve Gaines, Encyclopedia of Tidepools and Rocky Shores, University of California Press, , p. 575.

Article connexe

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Liens externes

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  • Liste d'appellations commerciales sur Mercapesca
  • L'appellation patelle selon la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF)