Roberte la Rousse
Roberte la Rousse est un collectif cyberféministe qui se réunit autour de projets artistiques et critiques sur les thèmes de la langue française, du genre et de la technologie (réseaux, algorithmie, informatique).
Projets
[modifier | modifier le code]Le collectif Roberte la Rousse est fondé en 2016 par Cécile Babiole, plasticienne, et Anne Laforet[1], chercheuse et docteure en sciences de l'information et de la communication. Ce collectif est rejoint pour certaines performances par la comédienne Coraline Cauchi[2].
Le nom du collectif est une référence aux deux dictionnaires Robert et Larousse[3],[4]. Les performances de Roberte la Rousse se placent dans le cadre des controverses autour de l’écriture inclusive[5]. C’est dans ce contexte qu’elles adressent en 2018 une lettre ouverte à l’Académie française qui vise à les interpeller sur le sexisme de la langue française en proposant une féminisation systématique de la langue[6]. Elles promeuvent « une systématisme inversée » [sic] de prééminence des formes féminines dans la langue française[7].
Le collectif cherche à faire prendre conscience de l'invisibilisation des femmes dans la langue française en mêlant poésie et humour[8],[9]. Pour ce faire, le collectif organise des performances interactives en utilisant l'outil de traduction La bonne usage. La féminisation systématique lors des performances perturbe le message initial des textes en produisant un effet de décalage et en donnant à entendre les effets de l'invisibilisation des femmes dans la langue française.
Roberte la Rousse est en résidence à Labomedia en février 2017 pour développer le projet En française dans la texte[10],[11], et à la Gaîté-Lyrique entre le 30 septembre 2018 et le 20 avril 2019 pour développer l'écriture du projet Wikifémia-Computer grrrls[5]. Elle est également en résidence à Emmetrop (Bourges) et à L’Espace Gantner (Bourgogne)[12].
En 2021 juin, Cécile Babiole est en résidence à Pau pour développer une police de caractère, La Berte, pour le collectif[4].
En française dans la texte
[modifier | modifier le code]Le projet En française dans la texte vise à développer des traductions en féminin de textes. La bonne usage est un ensemble de règles édictées qui visent à féminiser la langue française en « substituant systématiquement les formes féminines aux formes masculines ». Les substantifs féminins sont systématiquement substitués aux substantifs masculins. Les participes présents sont féminisés et les participes passés systématiquement conjugués au féminin. Certains néologismes sont créés à l'occasion[13],[14],[15],[16].
Le collectif propose le dictionnaire La Bonne Usage et un script de traduction automatique basé sur le dictionnaire[17].
A Votée
[modifier | modifier le code]A votée est la première traduction du collectif basée sur une nouvelle de science-fiction d'Isaac Asimov. Cette nouvelle traite du fonctionnement du système électoral en démocratie dans le cadre d'un impérialisme informatique. La traduction du collectif vise à prolonger les discussions sur le rôle des algorithmes prédictifs en démocratie contemporaine[6],[10].
A votée fait l'objet d'une performance artistique du collectif, qui inclut des commentaires et sur-titrages à une lecture publique dans le but de prolonger l'interprétation située de la nouvelle. Elles se produisent le 5 mai 2017 à la Gaîté-Lyrique[18].
Wikifémia
[modifier | modifier le code]Wikifemia[5] est une série de performances dédiée à la mise en scène de biographies de femmes sur Wikipédia. Les performances visent à mettre en scène les biais de genre sur Wikipédia à l'aide d'une traduction des biographies et d'installations interactives, d'ateliers et d'édit-a-thons[19]. Le projet est développé au cours d'une résidence d'artiste à Orléans dans un hackerspace, renommé La Labomedia[20],[11].
Madeleine Pelletier
[modifier | modifier le code]Wikifemia - Madeleine Pelletier est une performance qui cherche à faire visualiser les réseaux autour de Madeleine Pelletier à partir d'articles de Wikipédia. Elle est jouée le 6 mars 2020 à Bourges[21].
Computer grrrls
[modifier | modifier le code]Wikifemia - Computer grrrls est une performance sur le thème des femmes dans l'histoire de l'informatique. Une lecture des textes est accompagnée par un graphe projeté qui visualise les relations entre les articles Wikipédia de manière interactive. Un programme interactif permet de visualiser le réseau des femmes de cette thématique sur Wikipédia[22]. Cette performance est jouée en 2019 à l'occasion de l'exposition collective Computer Grrrls à la Gaité Lyrique[23],[24], qui a pour sous-titre « Histoire.s, genre.s, technologie.s »[25], et à la galerie Charlot à Paris le 5 janvier 2020[26].
Révisions
[modifier | modifier le code]Wikifemia - Révisions est une performance qui cherche à faire une relecture de « classiques » d'actrices ayant contribué à la réflexion sur le genre à partir de lectures critiques d'articles de Wikipédia[27]. Cette performance est jouée le 23 janvier 2021 à l'abbaye de Maubuisson[28],[29], puis le 29 janvier 2021, dans le cadre de la version argentine de l'événement La nuit des idées, organisé par l'Institut français[30].
Publications
[modifier | modifier le code]Wikifémia - Langue Genre Technologies, écrit par Roberte La Rousse, Editions UV, 2022, (ISBN 9782956275367)
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Éliane Viennot, Le langage inclusif: pourquoi, comment ?, Les Éditions iXe, (ISBN 979-10-90062-69-6, lire en ligne).
- Inke Arns, Marie Lechner, Claire Lisa Evans et DruckVerlag Kettler GmbH, Computer Grrrls, (ISBN 978-3-86206-907-1 et 3-86206-907-9, OCLC 1257297629, lire en ligne).
Liens externes
[modifier | modifier le code]Références
[modifier | modifier le code]- Virginie Veiss, « Les 4 et 5 septembre 2021, dernier week-end pour explorer Exhibit au Havre », sur Paris-Normandie, (consulté le )
- armandbehar, « A VOTÉE Une performance de Roberte La Rousse (aka Cécile Babiole, Coraline Cauchi et Anne Laforet) v », sur ecpr, (consulté le )
- (es) Débora Campos, « El lenguaje inclusivo llega al francés con un toque de humor », sur www.clarin.com, (consulté le ).
- « Cécile Babiole 7 juin-25 juin 2021. Résidence de recherche », sur le Bel Ordinaire – art contemporain, design graphique (consulté le )
- « La Gaîté Lyrique | Roberte la Rousse », sur La Gaîté Lyrique (consulté le ).
- « Roberte la Rousse saisit l’Académie pour féminiser «la française» », sur Makery (consulté le ).
- Laure Besnier, « En “française” dans le texte : Roberte la Rousse œuvre à féminiser la langue », sur ActuaLitté.com, (consulté le ).
- Éliane Viennot, Le langage inclusif: pourquoi, comment ?, Les Éditions iXe, (ISBN 979-10-90062-69-6, lire en ligne)
- Stuart Calvo, Sauve qui peut, Demain la santé: Dans un monde en suspens, sur fond de crise démocratique et climatique, 15 voix nouvelles ou reconnues de la science-fiction francophone explorent les visages oubliés et à venir du soin et de la santé., éditions La Volte, (ISBN 978-2-37049-102-2, lire en ligne)
- « A VOTÉE », sur Cécile Babiole, (consulté le )
- Labomedia, « Du 27 novembre au 1er décembre 2017 : Anne Laforet et Cécile Babiole en résidence. », sur Labomedia, (consulté le ).
- (es) « Roberte la Rousse – La Noche de las Ideas | IFArgentine » (consulté le ).
- « poptronics ' Roberte la Rousse en française dans la texte », sur poptronics.fr (consulté le )
- « « La bonne usage » : Règle de démasculinisation de la langue française – Roberte La Rousse » (consulté le ).
- Thierry Voisin, « Roberte la Rousse - Wikifémia - Quartier libre dans le Grand Paris », sur Télérama.fr (consulté le )
- « Titres et métiers au féminin : l'Académie française valide », sur TV5MONDE, (consulté le )
- « Outils de traduction en française – Roberte La Rousse » (consulté le ).
- « La Gaîté Lyrique | Big Data Président(e) ! », sur La Gaîté Lyrique (consulté le ).
- « WIKIFEMIA.ORG – Roberte La Rousse » (consulté le ).
- Maxime Guedj et Anne-sophie Jacques, Déclic, Groupe Margot, (ISBN 979-10-375-0148-6, lire en ligne)
- Centre France, « Société - Madeleine Pelletier, une féministe à l’honneur ce vendredi soir, à Bourges », sur www.leberry.fr, (consulté le ).
- (en-US) « Wikifémia – Computer Grrrls – WIKIFÉMIA » (consulté le ).
- Gaëlle, « Computer Grrrls – Week-end_02 Suck My Code + soirée Comme nous brûlons », sur Friction Magazine, (consulté le ).
- Inke Arns, Marie Lechner, Claire Lisa Evans et DruckVerlag Kettler GmbH, Computer Grrrls, (ISBN 978-3-86206-907-1 et 3-86206-907-9, OCLC 1257297629, lire en ligne)
- 01net, « Computer Grrrls, l’expo qui réconcilie l'informatique avec les femmes », sur 01net, (consulté le ).
- « Performance de clôture du Nova_XX / Wikifemia - Computer Grrrls - Actualité - Galerie Charlot | Art contemporain, Paris », sur www.galeriecharlot.com (consulté le ).
- (en-US) « Wikifémia – Révisions – WIKIFÉMIA » (consulté le ).
- Abbaye de Maubuisson, « Performance « Wikifémia-Révisions » de Roberte la Rousse Abbaye de Maubuisson Abbaye de Maubuisson samedi 23 janvier 2021 », sur Unidivers, (consulté le ).
- « Val-d'Oise. À Saint-Ouen-l'Aumône, l'abbaye de Maubuisson va fêter la Nuit de la lecture », sur actu.fr (consulté le ).
- (es) « La Noche de las Ideas: todo listo para el gran “evento híbrido” y cultural del verano », sur infobae, (consulté le ).