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Roger Nimier

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Roger Nimier
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Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 36 ans)
GarchesVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nom de naissance
Roger Nimier de La PerrièreVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Père
Mère
Christiane Roussel (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Nadine Raoul-Duval (d) (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Autres informations
Mouvement
Distinction
Œuvres principales
Les Épées (d) (), Le Hussard bleu (), Les Enfants tristes (d) ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Vue de la sépulture.

Roger Nimier, né le à Paris et mort le [1] à Garches[2], est un écrivain français.

Également journaliste et scénariste, il est considéré comme le chef de file du mouvement littéraire dit des « Hussards ».

Enfance et études

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Fils de l'ingénieur Paul Nimier[3],[4] et de Christiane Roussel, Roger Nimier de La Perrière[5] naît le , quatre ans après sa sœur Marie-Rose, née en 1921, et six ans après un premier Roger Nimier, né et mort en 1919. La famille habite boulevard Pereire, dans le 17e arrondissement de Paris. Son père meurt alors qu'il n'a que quatorze ans.

De 1933 à 1942, il fréquente le lycée Pasteur de Neuilly. Il y est un élève brillant ; Michel Tournier, son condisciple en classe de philosophie, juge sa précocité « un peu monstrueuse » et son intelligence et sa mémoire « hors du commun »[6]. En 1942, il obtient un premier accessit au concours général de philosophie.

Après son baccalauréat, il commence des études à la Sorbonne à la rentrée de 1942, tout en étant employé par la maison de philatélie Miro, dirigée par son oncle[7].

Le , il s'engage au 2e régiment de hussards, situé à Tarbes ; il est démobilisé le .

Premiers romans

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Nimier écrit dans un style proche de Giraudoux et de Cocteau un premier roman très autobiographique, L'Étrangère, qui sera publié après sa mort.

Il est publié pour la première fois à vingt-trois ans, avec Les Épées (1948), un bref roman qui raconte l'histoire d'un jeune homme passant de la Résistance à la Milice, dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale[8].

Deux années plus tard, paraît son roman le plus célèbre, Le Hussard bleu, qui s'inscrit dans la veine des Épées et où il réemploie le personnage de François Sanders.

En 1950 également paraissent le roman Perfide et Le Grand d'Espagne, un essai historico-politique au ton pamphlétaire qu'il conçoit comme un hommage à Georges Bernanos.

En 1951, Roger Nimier publie Les Enfants tristes, puis, en 1953, Histoire d'un amour.

Suivant le conseil de Jacques Chardonne, qui juge sa production de cinq livres en cinq ans, trop rapide, il décide alors de ne publier aucun roman pendant dix ans[9].

Entre-temps, Bernard Frank l'a sacré chef de file des Hussards en , dans un article célèbre paru dans Les Temps modernes, le nom de « Hussards » faisant référence au Hussard bleu.

Édition, cinéma et critique littéraire

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La période d'abstinence romanesque n'est pas pour autant une période de silence.

Nimier se consacre en particulier à la critique, notamment dans la revue Opéra qu'il dirige.

Il écrit pour le cinéma, un art qui le divertit beaucoup[10], notamment aux côtés de Louis Malle, avec qui il écrit le scénario d'Ascenseur pour l'échafaud.

Conseiller littéraire auprès de Gaston Gallimard à partir de fin 1956, il défend l'édition d'ouvrages par des auteurs politiquement compromis en mettant en avant leur valeur littéraire au-dessus des considérations politiques. Il s'oppose en cela à l'engagement sartrien. Il œuvre à l'édition et à la promotion du roman D'un château l'autre de Louis-Ferdinand Céline en 1957[10], alors que les précédents livres du romancier publiés après-guerre n'avaient pas rencontré de succès. François Mauriac est un des écrivains qui partagent cette opinion et il lui écrit ainsi un courrier avant de recevoir son prix Nobel : « Vous êtes le seul de votre génération. C'est vous qui délivrerez la littérature de l'engagement qui l'étouffe »[11].

Il œuvre à la réhabilitation littéraire de Céline, mais aussi Morand et Chardonne, qui deviendront ses proches[12],[13]. En 1950, il adhère à l'Association des amis de Robert Brasillach[14], et participe en 1955 à l'hommage qui lui est rendu par Défense de l'Occident[15].

Sur le chapitre politique, Nimier est d'une sensibilité patriotique et nationaliste, mais il est aussi anti-conformiste et féru de contradictions, et il ne se reconnaît dans aucune de ses manifestations. Il a pendant la guerre une inclination monarchiste - il écrit ainsi des chroniques dans l'hebdomadaire royaliste La Nation française -, puis une inclination gaulliste - il écrit ainsi dans deux revues du RPF - qui ne sera cependant que passagère[16]. Il signe en 1960 le « Manifeste des intellectuels français », qui répond au Manifeste des 121 et soutient l'action de la France en Algérie.

Retour au roman et mort accidentelle

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Son ami Louis Malle vient tout juste de le solliciter pour l'adaptation au cinéma du Feu follet de Drieu la Rochelle lorsqu'il trouve la mort le , dans un accident de voiture au volant de son Aston Martin DB4. Sa voiture percute un pylône de l'autoroute de l'Ouest sur le pont de la Celle-Saint-Cloud[2],[17], et l'écrivaine Sunsiaré de Larcône à ses côtés meurt aussi des suites de l'accident[18]. Nimier allait avoir trente-sept ans. Amateur de voitures (il possédait aussi une Jaguar et une Delahaye), il en parlait souvent et écrivait à leur propos. Il avait conclu son roman Les Enfants tristes par la description d'un accident de voiture[19].

Son dernier roman, D'Artagnan amoureux, est publié quelques mois après. Ce roman posthume qui imagine le désarroi amoureux du héros de Dumas, annonçait peut-être une nouvelle phase dans l'œuvre de Nimier. Le roman est inachevé au jour de son décès et Antoine Blondin affirme en avoir écrit les deux derniers chapitres[20].

Les obsèques de Roger Nimier ont lieu le en la chapelle de l'hôpital de Garches, suivies par son inhumation, l'après-midi, au cimetière Saint-Michel de Saint-Brieuc où est également enterré le père d'Albert Camus.

Mariage et descendance

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Roger Nimier épouse Nadine Raoul-Duval (1927-2022), sœur cadette de Claude Raoul-Duval (1919-2018) (compagnon de la Libération) et arrière-petite-fille d'Edgar Raoul-Duval (1832-1887), député de l'Eure, lui-même petit-fils du célèbre économiste Jean-Baptiste Say (1767-1832)[21].

Le couple a trois enfants, dont Martin (né en ) et l'écrivaine Marie Nimier[22] (née en ).

Publiées à titre posthume :

  • 1962 : D'Artagnan amoureux ou Cinq ans avant, roman, Gallimard, 283 pages ; adapté à la télévision.
  • 1965 : Journées de lecture, préface de Marcel Jouhandeau, Gallimard, 274 pages.
  • 1968 : L’Étrangère, préface de Paul Morand, Gallimard, 219 pages.
  • 1981 : L’Élève d’Aristote, Gallimard, éd. établie, introduite et annotée par Marc Dambre, 285 pages.
  • 1986 : Paméla eut le tort de répéter sa phrase, nouvelle illustrée par une lithographie originale de Bengt Lindström, éd. établie et présentée par Marc Dambre, préfacée par Dominique Rolin, tirée à 165 exemplaires dont 15 hors commerce, imprimée par l’Imprimerie Nationale sur vélin d'Arches (32,5 cm x 24,7), placée sous emboîtage toilé comportant la reproduction de la signature des artistes, Association des Cahiers Roger Nimier éditeur, 2e trimestre, 23 pages.
  • 1989 : Les Indes galandes, nouvelles et contes, Rivages, éd. établie et présentée par Marc Dambre.
  • 1990 : Les Écrivains sont-ils bêtes ? , essais, Rivages, choix établi, annoté et préfacé par Marc Dambre.
  • 1999 : Variétés, L'Air du temps (1945-1962), Arléa, textes choisis et présentés par Marc Dambre.

Filmographie

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Scénariste

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Adaptation à l'écran

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Notes et références

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  1. Selon la transcription de son acte de décès, il est décédé à l'hôpital, à 23 heures 45.
  2. a et b Olivier Frébourg, Roger Nimier. Trafiquant d'insolence, éditions du Rocher, , 166 p., p. 17.
  3. Paul Nimier (1890-1939) a notamment été l'inventeur de la télécommande de l'éclairage public, mise au point après sa mort, et de l'horloge parlante de l'Observatoire (Marc Dambre, Roger Nimier hussard du demi-siècle, Paris, Flammarion, 1989, p. 36).
  4. Il est le petit-fils de Joseph Laurent Hillion (1821-1891), député des Côtes du Nord (1885-1889).
  5. Sa grand-mère paternelle Marie Anne HAMON se faisait appelée Hamon de la Perrière."Le nom des Hamon étant répandu en Bretagne, certains d'entre eux se seront offert La Perrière pour se donner de la branche, ou pour distinguer la leur". (Marc Dambre, Roger Nimier hussard du demi-siècle, Paris, Flammarion, 1989, p. 23).
  6. Michel Tournier, Le Vent Paraclet, Paris, Gallimard, 1977, p. 154.
  7. Marc Dambre, Roger Nimier hussard du demi-siècle, Paris, Flammarion, 1989, p. 39.
  8. Jérôme Dupuis, « Roger Nimier, l'impénitent insolent », L'Express,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. « Je jure de ne plus publier de romans avant dix ans – si la terre et Nimier durent dix ans. », lettre de Roger Nimier à Jacques Chardonne du 2 juin 1953, publiée dans : Jacques Chardonne et Roger Nimier, Correspondance (1950-1962), édition établie par Marc Dambre, Paris, NRF, Gallimard, 1984, p. 101.
  10. a et b Jean-Marc Parisis, « Roger Nimier : le hussard de nos 20 ans », Le Figaro,‎ (lire en ligne Accès libre, consulté le ).
  11. Christian Millau, Au Galop des Hussards, éditions Fallois, 1999, page 50
  12. « Roger Nimier : L’officier perdu », sur litteraire.com, (consulté le ).
  13. http://www.lerideau.fr/pierre-guillaume-de-roux/7774 « Copie archivée » (version du sur Internet Archive)
  14. Jean-Yves Camus et René Monzat, Les Droites nationales et radicales en France : répertoire critique, Lyon, Presses universitaires de Lyon, , 526 p. (ISBN 2-7297-0416-7), p. 397.
  15. Olivier Dard, Michel Leymarie, Jacques Prévotat et Neil McWilliam (dir.), Le Maurrassisme et la Culture : l'Action française : culture, société, politique, t. III, Villeneuve-d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2010, p. 213.
  16. https://www.cairn.info/revue-roman2050-2006-2-page-83.htm
  17. Selon les sources journalistiques de l'époque, Roger Nimier est mort sur le coup, ou peu après son arrivée à l'hôpital de Garches, voire pendant son transfert vers cet hôpital. Son acte de décès est enregistré le 29 septembre 1962 à Garches et le déclare décédé à l'hôpital le 28 septembre à 23 h 45. L'acte de transcription de décès no 1153 du 7 octobre 1962 est consultable sur le site des archives de Paris.
  18. Dans son ouvrage "Roger Nimier, Hussard du demi-siècle, Paris, Flammarion, 1989, page 552, Marc Dambre indique qu'elle serait décédée le lendemain matin, 29 septembre 1962.
  19. Le Journal du Dimanche, 30 septembre 1962
  20. « 1988 : Antoine Blondin dans "Apostrophes" | Archive INA » (consulté le )
  21. Elle a un fils d'un premier mariage : Hugues d'Astier de la Vigerie, petit-fils de François d'Astier de La Vigerie.
  22. Mère de deux fils : Elio Nimier-David (né en 1993) et Merlin Nimier-David (né en 1994) de son union avec le plasticien Franck David (né en 1967).

Bibliographie

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  • Pierre Boutang, article sur Roger Nimier dans Les Abeilles de Delphes II, Paris, La Table ronde, 1952.
  • Jacques Chardonne, Lettres à Roger Nimier, Paris, Grasset, 1954.
  • Bernard Pingaud (dir.), chapitre sur Roger Nimier dans Écrivains d'aujourd'hui 1940-1960 Dictionnaire anthologique et critique, Paris, Grasset, 1960.
  • Marcel Aymé, Roger Nimier, Paris, « Livres de France », 1962.
  • Antoine Blondin, André Fraigneau, Roger Nimier, Paris, « Accent grave », Laffont, 1964.
  • Olivier Frébourg, Roger Nimier. Trafiquant d'insolence, Monaco, Le Rocher, 1989.
  • Marc Dambre, Roger Nimier, Hussard du demi-siècle, Paris, Flammarion, 1989.
  • Christian Millau, Au galop des Hussards, Paris, Fallois, 1999.
  • Alain Sanders, Roger Nimier : hussard bleu et talon rouge, Éditions de Paris, 2006.
  • Marc Dambre et collectif, Cahier Roger Nimier, Paris, L'Herne, 2012.
  • Philippe Barthelet et Pierre-Guillaume de Roux (dir.), Roger Nimier, Antoine Blondin, Jacques Laurent et l'esprit Hussard, Pierre-Guillaume de Roux, 2012.
  • Alain Cresciucci, Roger Nimier, masculin, singulier, pluriel, Pierre-Guillaume de Roux, 2018.
  • Marc Dambre, Génération Hussards. Nimier, Blondin, Laurent… Histoire d’une rébellion en littérature, Paris, Perrin, 2022.
  • Jérôme Besnard, « La mêlée : La tentation royaliste de Roger Nimier. », Cahiers de L'Herne, no 99,‎ , p. 149–152 (lire en ligne, consulté le )

Articles connexes

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Liens externes

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