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Taki-taki

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Le terme taki-taki ou taki est utilisé pour désigner – de façon indifférenciée et parfois péjorative – diverses langues parlées dans l'ouest de la Guyane française près du fleuve Maroni.

Selon Isabelle Léglise et Bettina Migge dans un article de 2017[1]:

«  Le terme takitaki était utilisé par les non-Marrons au Surinam au début du XXe siècle pour dénommer, de façon péjorative, d’abord le sranan tongo et parfois aussi les langues des populations marronnes sans faire de distinction. Depuis la fin des années 1990, il a beaucoup été utilisé en Guyane. Sa réapparition semble être liée aux changements qui ont eu lieu dans l’Ouest guyanais. Il était d’abord principalement utilisé par les non-Marrons pour renvoyer à toutes les variétés à base anglaise car ces derniers n’avaient pas les moyens de différencier les langues. Son utilisation est rapidement devenue très péjorative mais cela semble moins le cas aujourd’hui. Ce « terme dans lequel le mépris côtoie l’ignorance » (Queixalós 2000, 302), était décrit comme une dénomination provenant d’outsiders ignorants des réalités locales, mais semblait aussi évoquer, au début des années 2000, la constitution d’une koïnê entre les différents créoles à base anglaise ou d’une langue véhiculaire en émergence. Nous avons donc travaillé à définir de quoi il s’agissait, d’autant qu’un certain nombre de Marrons se sont mis à l’utiliser pour désigner leur propre langue. Nous avons interprété cette utilisation de deux manières : soit pour prendre en compte l’ignorance de leur interlocuteur et ne pas avoir d’ennui, soit pour renvoyer à une variante urbanisée et pour se distinguer de leur famille qui venait des villages traditionnels (Léglise et Migge 2007). Les pratiques langagières décrites par le terme taki-taki recouvrent un ensemble de pratiques, allant du basaa nenge(e) au sranan tongo en passant par des variétés mêlant langues marronnes et sranan tongo, et des variétés de nenge(e) srananisé que nous avons patiemment décrites dans Migge et Léglise (2013).

Récemment, un autre terme, mawinatongo, est apparu. Selon l’association Mama Bobi, cette « langue du fleuve » est « le média de tous et de tout ». Selon leurs publications, il s’agit d’une langue non-ethnique parlée le long du fleuve Maroni mais il n’est pas clair s’il s’agit d’éléments déjà connus (les diverses langues maronnes et le sranan tongo ainsi que les nouvelles pratiques décrites ci-dessus) ou s’il s’agit d’un système nouveau. En revanche, si on analyse les exemples proposés dans les publications de l’association, il apparait clairement qu’il s’agit d’une variété très proche du sranan tongo et de ce que les linguistes appellent une variété de nenge(e) fortement srananisée, c’est-à-dire des pratiques qui s’appuient sur les langues traditionnelles mais qui ne sont pas représentatives de ces dernières. A Saint-Laurent-du-Maroni, ce nom, mawinatongo, est fortement associé aux actions de l’association Mama Bobi mais ne semble pas être couramment utilisé parmi les Marrons.  »

Références

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  1. Isabelle Léglise et Bettina Migge, « Langues créoles en Guyane », LC - Langues et Cité, langues de Guyane no 29,‎ , p. 6 – 7 (lire en ligne, consulté le )

Bibliographie

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  • (en) Bettina Migge et Isabelle Léglise, Exploring Language in a Multilingual Context: Variation, Interaction and Ideology in Language Documentation, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-19555-3, DOI 10.1017/cbo9780511979002, lire en ligne)
  • Isabelle Léglise et Bettina Migge, « Le « taki-taki », une langue parlée en Guyane ? Fantasmes et réalités (socio)linguistiques », dans Pratiques et représentations linguistiques en Guyane : regards croisés, IRD Editions, , 133 p. (lire en ligne)
  • Joël et Association Mamabobi, Parlons mawinatongo: le taki-taki revisité, Guyane, l'Harmattan, coll. « Parlons », (ISBN 978-2-343-07272-2)