Utilisateur:Jpda/Brouillon 3
Expédition d'Orient (Première Guerre mondiale)
[modifier | modifier le code]Pendant la Première Guerre mondiale, la France et l'Empire britannique organisent l'expédition d'Orient, pour conserver les communications avec leur allié russe, assurer la suprématie de la Triple-Entente dans les Balkans et y ouvrir un nouveau front destiné à soulager les théâtres occidentaux. Les opérations débutent en mars 1915 par une attaque sur le détroit des Dardanelles. Après des combats acharnés, les Alliés, repoussés par les troupes turques, doivent se replier en janvier 1916. Dès le mois de septembre 2015, l'état-major franco-britannique, voyant l'échec se profiler, décide d'utiliser le contingent pour une seconde opération destinée à secourir l'armée serbe menacée par les troupes de la Triplice. Arrivés trop tard pour atteindre cet objectif, les Alliés s'installent cependant sur zone et y restent jusqu'à la fin de la guerre (et au-delà), y constituant un front actif et une future zone d'influence. La première opération est généralement connue sous le nom d'expédition des Dardanelles, la seconde d'expédition de Salonique.
Contexte
[modifier | modifier le code]En 1915, cédant aux instances de la Russie dont les troupes sont malmenées par les Turcs dans le Caucase, Les Britanniques parviennent à convaincre la France d'intervenir avec eux contre l'Empire ottoman. Initialement conçue comme une opération purement navale, l'expédition, réunie en mer Égée, doit forcer le détroit des Dardanelles pour entrer dans la mer de Marmara et se porter contre Constantinople. Le 18 mars, l'escadre franco-anglaise échoue à passer les Dardanelles. Le corps expéditionnaire destiné à être engagé contre Constantinople est débarqué sur la péninsule de Gallipoli pour s'en emparer et libérer le passage du détroit, dont elle constitue la rive nord. Mis en échec aux Dardanelles, le corps expéditionnaire allié se replie en janvier 1916, tandis que l'état-major décide, dès le mois de septembre 1915, de réorienter ses efforts pour aller soulager l'armée serbe, mise à mal par une offensive. C'est l'expédition de Salonique, qui finit, moyennant des efforts considérables et des pertes élevées, par atteindre une partie des objectifs initiaux de l'expédition d'Orient.
Expédition des Dardanelles
[modifier | modifier le code]En février 1915, les puissances Alliées lancent une expédition navale afin de traverser le détroit des Dardanelles et menacer directement Istanbul, mais l’offensive est stoppée le 18 mars par les batteries ottomanes présentes sur les hauteurs du détroit.
Les Alliés révisent leur plan de bataille et imaginent alors une opération conjointe entre leurs marines et leurs forces terrestres. En avril 1915, un débarquement est décidé sur la presqu'île de Gallipoli. Au total, treize divisions britanniques participent aux opérations, appuyées par deux divisions françaises placées sous commandement britannique. Mais le terrain difficile, l'impréparation alliée et la forte résistance ottomane provoquent rapidement l'enlisement du front et les tentatives des deux camps pour débloquer la situation se soldent par de sanglants revers. En janvier 1916, les quelques kilomètres carrés qui ont été péniblement arrachés à l'armée turque doivent être évacués.
Expédition de Salonique
[modifier | modifier le code]En octobre 1915, alors que les Alliés constatent leur échec devant les Dardanelles et dans la presqu'île de Gallipoli, l'entrée en guerre la Bulgarie, aux côtés des Empires centraux, permet à ces derniers d'engager une attaque concentrique contre la Serbie, dont l'armée est bientôt proche de l'anéantissement. Cette nouvelle menace pousse Britanniques et Français à transférer leurs effectifs des Dardanelles vers les Balkans. Ils tentent tout d'abord de faire jonction avec ce qui reste de l'armée serbe dans le sud de la Serbie, mais arrivent trop tard pour lui porter secours et doivent se contenter d'accompagner son repli, via le Monténégro et l'Albanie, jusqu'en Grèce, où cesse la retraite. La présence alliée s'organise alors autour de Salonique, intégrant, outre les forces britanniques et françaises venues des Dardanelles, les restes de l'armée serbe ainsi que des troupes italiennes et russes. En 1916, 400 000 soldats français, britanniques et serbes sont présents à Salonique.
C'est à partir de cette nouvelle base que va s'ouvrir le second front, d'abord envisagé, ouvert, puis abandonné sur le territoire turc. En fonction des événements politiques, diplomatiques et militaires, les Alliés vont utiliser Salonique pour mener leurs opérations, finissant par faire jouer à l'armée d'Orient, et surtout après l'onde de choc de la Révolution russe, un rôle décisif dans l'évolution du conflit, sa conclusion et ses suites géopolitiques.
Ainsi pense-t-on atténuer l'influence allemande sur la Grèce et se tenir prêt à soutenir la Roumanie dont on attend la prochaine entrée en guerre. Salonique devient alors un front secondaire sur lequel, pendant plusieurs mois, aucune bataille n’éclate.
Cependant les soldats doivent lutter contre un autre ennemi : la maladie, qui touche près de 95 % des hommes présents en Grèce et en Serbie entre 1915 et 1918, soit près de 360 000 victimes. La dysenterie, le scorbut, les maladies vénériennes sont combattues par un corps médical peu nombreux et mal équipé. Le problème sanitaire majeur est le paludisme, présent de manière endémique et qui se développe de façon foudroyante dans cette Macédoine du début du siècle.
En 1917, la situation s’améliore. L'épidémie de paludisme est endiguée et l'entrée en guerre de la Grèce aux côtés des Alliés, le 3 juillet 1917, transforme à nouveau la situation stratégique. Désormais le camp de Salonique peut devenir une base de départ pour des opérations plus ambitieuses. L’Armée française d’Orient se réorganise et obtient des moyens matériels qui lui permettent d'envisager une offensive. En août 1917, tout le centre de Salonique est ravagé par un incendie qui détruit plus de 9000 bâtiments et laisse 70 000 personnes sans abri.
Après l’effondrement de la Russie sa mission est principalement de maintenir l'intégrité du front macédonien et surtout d’y fixer le plus grand nombre de forces ennemies alors que l’offensive généralisée des forces alliées se prépare. Elle débute le 15 septembre 1918 et dès le 29 septembre l’armistice est signé avec la Bulgarie (le premier de la guerre). Les forces alliées poursuivent vers le nord, franchissent le Danube et marchent sur Bucarest, ouvrant la route vers l'Autriche quand l'armistice du 11 novembre met fin aux combats.
Campagne de Serbie (septembre 1915 - 12 décembre 1915)
[modifier | modifier le code]Efforts pour sauver l'armée serbe.
À l'automne 1915, des unités germano-austro-hongroises et bulgares déclenchent une guerre de mouvements pour s'emparer de la Serbie, alors en guerre contre les puissances centrales. Rendues possibles par la participation des Bulgares, les opérations aboutissent à une rapide jonction des attaquants, qui oblige les troupes serbes à fuir à travers les montagnes d'Albanie dans des conditions particulièrement difficiles.
Constitution du front de Macédoine (12 décembre 1915 - 20 août 1916)
[modifier | modifier le code]En 1915, l'échec des Dardanelles, l'attaque allemande sur la Serbie et l'entrée en guerre de la Bulgarie entraînent, à partir d'octobre, la création à Salonique d'une armée alliée d'Orient, confiée au général Sarrail. Avec la victoire franco-serbe sur Monastir (aujourd'hui Bitola) [novembre 1916], le front se stabilise sur la frontière gréco-serbo-bulgare.
Manœuvre de Monastir (21 août 1916 - 12 décembre 1916)
[modifier | modifier le code]Manœuvres et combats destinés à soutenir les premiers mouvements de l'armée roumaine.
Guerre de position et règlement de la question grecque (13 décembre 1916 - 4 avril 1918)
[modifier | modifier le code]Opérations ponctuelles liées à l'instabilité de la situation politique grecque, d'abord hostile à la présence alliée à Salonique, jusqu'à l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement national.
La Grèce s'engage aux côtés des Alliés (1917), Sarrail est remplacé par Guillaumat (décembre) puis par Franchet d'Espèrey (1918). Celui-ci déclenche sur le massif de Dobro Polje (15 septembre) une offensive franco-serbe qui sera décisive. Le front adverse, commandé par Mackensen, est rompu ; Skopje est atteinte, la Bulgarie signe un armistice à Salonique (29 septembre). Le Danube est rejoint (19 octobre), la Turquie capitule (30 octobre) et les Français pénètrent en Roumanie (novembre) et en Hongrie où ils capturent Mackensen.
Victoire de Macédoine (5 avril 1918 - 4 août 1919)
[modifier | modifier le code]Occupation de Sofia et de Constantinople
[modifier | modifier le code]L'occupation de Constantinople, capitale de l'Empire ottoman, par les troupes françaises, britanniques et italiennes, fait suite aux clauses de m'armistice de Moudros, qui met un terme à la participation des Ottomans à la première Guerre mondiale. Les Français entrent dans la ville le 12 novembre 1918, suivis par les Britanniques le jour suivant. Les Italiens débarquent à Galata le 7 février 1919. L'occupation se déroule selon les termes de l'armistice du 13 novembre 1918 au 16 mars 1920. Elle se pérennise aux termes du traité de Sèvres, rendu caduc par le traité de Lausanne signé le 24 juillet 1923. Les dernières troupes étrangères quittent la ville le 23 septembre 1923 et les premiers soldats turcs y pénètrent le 6 octobre 1923.
Marche sur Budapest
[modifier | modifier le code]Débarquement à Odessa
[modifier | modifier le code]À peine la guerre terminée, une partie des troupes françaises d’Orient est maintenue sous les drapeaux pour venir en aide aux Russes blancs, qui tentent de reprendre aux bolcheviques le contrôle de leur pays.
Dès le 13 novembre 1918, une flotte alliée mouille devant Constantinople, prête à intervenir en Russie. Le 20 novembre 1918, depuis Jassy, en Roumanie, des Russes blancs demandent officiellement à l’Entente l'appui d’un corps expéditionnaire.
Le lendemain, Clémenceau demande à Franchet d’Espéret « un plan général pour l’isolement économique du bolchevisme en Russie en vue de provoquer sa chute ». Bientôt, une flotte théoriquement alliée, mais principalement française, débarque en Crimée, occupant Sébastopol le 13 décembre, puis Odessa, Nikolaïeff et Kherson. Le 17 décembre, la 156ème division du général français Borius débarque à Odessa, le 25 décembre, le 175ème Régiment d’infanterie débarque à Sébastopol, puis, le 8 janvier 1919, le 4ème Régiment de Chasseurs d’Afrique et une compagnie de mitrailleuses. Les troupes sont placées sous le commandement du général d’Anselme.
Bilan
[modifier | modifier le code]Ce front secondaire a pâti d’une mauvaise image pendant longtemps. Dès 1915, le soldat d’Orient subit les sarcasmes de certains journalistes et politiciens parisiens. Cette situation est le résultat de l’opposition d’une partie de la classe politique à l’expédition d’Orient qui, sous l’influence de Clémenceau, vitupère contre ceux qu’ils désignent comme « Les jardiniers de Salonique » en référence à la mise en culture, par les soldats, de nombreux terrains afin d’assécher les marais et donc d’endiguer les épidémies.
Les soldats du front de l’Ouest quant à eux ne voient en Salonique qu’un séjour de vacances ensoleillées pour « les planqués ». Il leur est, en effet, impossible d’imaginer que, sous le soleil de Grèce, la guerre puisse être aussi difficile que sur le front de France.
Pourtant, les Armées alliées d'Orient ont largement contribué à l’effondrement du front de l’Ouest et à la victoire finale. Pour ces soldats, la guerre ne prit pas fin le 11 novembre 1918, puisqu’ils la poursuivirent encore cinq mois, devant tenir le front sud de la Russie contre les bolchéviques.
Au total plus de 200 000 soldats français ont été engagés sur ce terrain et si les troupes étaient essentiellement formées d'unités métropolitaines, il faut signaler la forte proportion de soldats issus des colonies françaises (Maghreb et Sénégal), proportion bien plus importante que sur le front français.
Cette offensive a été décisive. La rupture du front de Macédoine en septembre 1918 a précipité la défaite des Empires centraux en provoquant la capitulation en chaîne de la Bulgarie (29 septembre), de l'Empire ottoman (30 octobre), de l'Autriche (3 novembre) et enfin de la Hongrie (13 novembre).
Notes et références
[modifier | modifier le code]Le front d’Orient, 1915-1919 Archives municipales de Lyon. Les armées françaises dans la Grande guerre. Tome VIII. 8,3 / Ministère de la guerre, état-major de l'armée, service historique -Imprimerie nationale (Paris)-1923