Aller au contenu

Winter's Bone

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Winter's Bone

Réalisation Debra Granik
Scénario Debra Granik
Anne Rosellini
d'après le roman de Daniel Woodrell
Musique Dickon Hinchliffe
Acteurs principaux
Sociétés de production Anonymous Content
Winter's Bone Productions
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre Drame
Durée 95 minutes
Sortie 2010

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Winter's Bone est un film dramatique américain réalisé par Debra Granik en 2010. Adaptation du roman éponyme de Daniel Woodrell publié en 2006, il a révélé au cinéma Jennifer Lawrence.

On y suit une adolescente vivant dans la forêt des Monts Ozarks, contrainte de partir à la recherche de son père fraîchement sorti de prison afin de sauver sa famille de l'expulsion[1].

Le film remporte le Grand prix du jury au Festival de Sundance 2010 et le Prix du jury du Festival de Deauville.

Dans les monts Ozarks du Missouri, Ree Dolly (Jennifer Lawrence) est responsable de ses jeunes frère et soeur, Sonny (Isaiah Stone) et Ashlee (Ashlee Thompson), ainsi que de leur mère souffrant d'un trouble psychique. Elle leur apprend à chasser et faire à manger pour subvenir à leurs besoins alimentaires. Jessup, leur père, a disparu depuis longtemps ; ils savent uniquement qu'il a été libéré sous caution après une arrestation pour fabrication de méthamphétamine.

Le Shérif Baskin (Garret Dillahunt) annonce aux Dolly qu'ils seront mis à la rue si le père de famille ne se présente pas à son audience, car la maison a été incluse dans la caution. Ree part chercher son père, en commençant par aller voir son oncle, Teardrop Dolly (John Hawkes), dépendant à la méthamphétamine. Elle continue ses recherches auprès de parents éloignés, avant de se diriger vers le chef du crime local, Thump Milton. Cependant, il refuse de la rencontrer, mettant en avant des rumeurs stipulant que son père aurait fui la région, ou serait mort dans l'incendie d'un laboratoire clandestin.

Le procès arrivé, Jessup ne s'y présente pas. Lorsque le garant (Tate Taylor) menace d'expulser la famille Dolly dans une semaine, Ree admet qu'elle le sait mort, bien qu'on lui demande de fournir des preuves supplémentaires.

Ree retourne voir Milton, et est battue par les femmes de sa famille. Son oncle Teardrop la sauve, avant de lui révéler que son père a été tué car il comptait dénoncer des fabricants clandestins de méthamphétamine. Il ne connaissait cependant pas ses meurtriers, et l'avertit de ne pas lui dire l'identité du coupable, si elle le découvre.

En rentrant d'un bar, Ree et son oncle se font arrêter par le shérif. Lors de son interrogation, Teardrop le convainc de les laisser partir. Ree cherche à s'engager dans l'armée, pour le bonus de 40 000 dollars accordé aux soldats. Le recruteur la dissuade en lui rappelant que sa raison est purement intéressée, et qu'étant mineure, elle a besoin des signatures de ses parents.

Plusieurs jours plus tard, pendant la nuit, les femmes de Milton s'introduisent chez Ree et lui proposent de lui montrer la dépouille de son père. Après avoir recouvert sa tête d'un sac, elles la conduisent à un étang. Elles prennent une barque et rament dans une zone peu profonde, où, sous la surface de l'eau, le corps de son père est visible. Comme preuve pour le shériff, elles suggèrent que ses mains coupées feront l'affaire, justifiant au Shériff qu'un inconnu les a posées devant le domicile familial.

Le garant donne à Ree une partie de la caution en cash, laissée par un associé anonyme de son père. Elle pense confier le banjo de son père à Teardrop, qui le refuse. Avant qu'ils ne se quittent, il lui avoue connaître l'identité de l'assassin. Le film se clôt sur Ree rassurant Sonny et Ashlee, cette dernière jouant du banjo.

Fiche technique

[modifier | modifier le code]

Distribution

[modifier | modifier le code]

Accueil critique

[modifier | modifier le code]

Le succès de Winter's Bone auprès de la critique américaine fut immédiat, la performance de Jennifer Lawrence étant un point récurrent. Le film a reçu 94% de critiques positives sur Rotten Tomatoes, basé sur 174 critiques, d'un score moyen de 8.31/10. Le consensus critique du site note : "Froid, hantant, et pourtant plein d'espoir, Winter's Bone est pour le moment la meilleure œuvre de sa réalisatrice et scénariste Debra Granik — et peut se targuer d'une performance incroyable et éclatante de la part de Jennifer Lawrence."[2] Sur Metacritic, le film a obtenu une note de 90 out of 100[3].

Roger Ebert attribua au film 4 étoiles sur 4, louant "l'espoir et le courage" inébranlable du personnage de Jennifer Lawrence, toujours optimiste malgré ses tribulations, et félicitant Granik pour sa direction, qui évite les jugements de valeur ou les stéréotypes habituellement accolés à ces personnages[4]. Peter Travers du Rolling Stone considère le film comme "inoubliable", saluant la direction "féroce" de Granik, et le choix de Jennifer Lawrence dans le rôle de Ree[5]. Le critique James Berardinelli écrit que "Winter's Bone est un rappel bienvenu que les thrillers n'ont pas à être bruyants et rutilants pour attirer l'attention du spectateur, et la garder captive."[6]

De nombreux critiques soulignèrent le soin accordé aux personnages féminins. Pour David Edelstein du New York ,"comme héroïne des temps modernes, Ree Dolly n'a pas d'égal"[7]. David Denby du New Yorker ira plus loin en sacrant Winter's Bone comme "une des plus grandes œuvres féministes du cinéma"[8].

En France, le film est accueilli tout aussi chaleureusement. Thomas Sotinel remarquera pour Le Monde que "peu de films donnent aux femmes cette place, cette liberté."[9] Pour Libération, Bruno Icher salue "un film extraordinairement moderne, décrivant un monde, le nôtre, qu’on aimerait oublier et qu’il faut bien, de temps en temps, regarder au fond des yeux."[10] Enfin, Jacky Goldberg des Inrockuptibles remarque l'utilisation de "la crise (morale, économique) comme pur moteur fictionnel, davantage soucieuse d’en montrer les effets concrets que d’en dénoncer les causes", mettant cette pratique en parallèle avec celle de Kelly Reichardt dans ses œuvres Old Joy et Wendy et Lucy quelques années plus tôt[11].

Dans son pays d'origine, Winter's Bone est sorti dans seulement 4 salles le , engrangeant 84 794 dollars d'entrées, pointant à la 35e place du box-office. Face à un tel succès, il fut ensuite diffusé dans 39 autres salles, suivant la stratégie de son distributeur Roadside Attractions, qui cibla des villes du "cœur" du pays, comme Minneapolis, Overland Park, Saint-Louis, Springfield (Missouri), Dallas et Denver[12]. Une stratégie commerciale qui s'avéra gagnante, et permettra d'engranger 6 531 503 $ aux États-Unis durant les 45 semaines de projection, pour 9 600 048 $ à l'étranger. Au total, le film engrangera 16 131 551 $, surpassant de loin son budget initial de 2 millions de dollars[13].

Distinctions

[modifier | modifier le code]

On compte plusieurs différences avec l'intrigue originale. Dans le livre, le trafic de drogue local se centre sur la cocaïne plutôt que sur la méthamphétamine. Tous aspects sexuels ont également été évacués du film, que ce soit les infidélités passées de la mère, ou la tentative de viol de Ree par Little Arthur[16].

Le film a été quasi-intégralement tourné dans des décors naturels des Monts Ozarks, et compte dans sa distribution une majorité d'acteurs amateurs[17],[18]. Une des raisons pour laquelle la projection du film fut aussi localisée dans le centre des États-Unis était une volonté, selon Roadside Attractions, de Granik elle-même, souhaitant "donner le film aux personnes qui l'ont aidé à lui donner vie"[12].

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. « Winter's bone - la critique », sur Avoir Alire - aVoir-aLire.com (consulté le ).
  2. (en) « Winter's Bone (2010) » (consulté le ).
  3. « Winter's Bone » (consulté le ).
  4. (en) Roger Ebert, « Winter's Bone movie review & film summary (2010) | Roger Ebert », sur rogerebert.com (consulté le ).
  5. (en-US) « Movie Reviews », sur Rolling Stone (consulté le ).
  6. (en) James Berardinelli, « Winter's Bone », sur Reelviews Movie Reviews (consulté le ).
  7. (en-US) « David Edelstein on 'Winter’s Bone,' 'Joan Rivers: A Piece of Work,' and 'Let It Rain' -- New York Magazine Movie Review - Nymag », sur New York Magazine (consulté le ).
  8. (en-US) David Denby, « Thrills And Chills », sur The New Yorker (consulté le ).
  9. « "Winter's Bone" : voyage au bout d'une nuit d'hiver », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. « Trompés jusqu’aux os », sur Libération.fr, (consulté le ).
  11. « Winter's Bone », sur Les Inrockuptibles, (consulté le ).
  12. a et b (en-US) Anthony Kaufman, « Box Office Focus: 'Winter's Bone' Heats Up in the Heartland », Wall Street Journal,‎ (ISSN 0099-9660, lire en ligne, consulté le )
  13. « Winter's Bone », sur Box Office Mojo (consulté le ).
  14. a b c d e f et g AlloCine, « Prix et nominations pour Winter's Bone » (consulté le ).
  15. a et b (en-US) Melena Ryzik, « 'Winter's Bone' Dominates at Gothams », sur The Carpetbagger, (consulté le ).
  16. Yan, « Un hiver de glace / Winter’s Bone, de Daniel Woodrel / Romain Renard / Debra Granik », sur ENCORE DU NOIR ! (consulté le ).
  17. (en) Indiewire et Indiewire, « Toolkit Case Study: How Indie Hit “Winter’s Bone” Came to Be », sur IndieWire, (consulté le ).
  18. (en) « On Location: The Frozen Ozarks Of 'Winter's Bone' », sur NPR.org (consulté le ).

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]