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Xhosa (langue)

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Xhosa
isiXhosa
Pays Afrique du Sud
Région Cap-Oriental
Nombre de locuteurs 8 millions
Classification par famille
Statut officiel
Langue officielle Drapeau d'Afrique du Sud Afrique du Sud
Drapeau du Zimbabwe Zimbabwe
Codes de langue
IETF xh
ISO 639-1 xh
ISO 639-2 xho
ISO 639-3 xho
Étendue Langue individuelle
Type Langue vivante
Linguasphere 99-AUT-fa
Glottolog xhos1239
État de conservation
Éteinte

EXÉteinte
Menacée

CREn situation critique
SESérieusement en danger
DEEn danger
VUVulnérable
Sûre

NE Non menacée
Langue non menacée (NE) au sens de l’Atlas des langues en danger dans le monde
Échantillon
article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme (voir le texte en français)

Inqaku loku-1

Bonke abantu bazalwa bekhululekile belingana ngesidima nangokweemfanelo. Bonke abantu banesiphiwo sesazela nesizathu sokwenza isenzo ongathanda ukuba senziwe kumzalwane wakho.

Le xhosa est une langue tonale d'Afrique australe. Cette langue compte, pour la seule Afrique du Sud, un peu plus de huit millions de locuteurs, soit environ 18 % de la population, ce qui en fait la deuxième du pays après le zoulou. Elle est la langue du peuple xhosa.

Le ‹ xh › de xhosa est une consonne originale de cette langue, appelée clic alvéolaire latéral aspiré : cette consonne se prononce d'un claquement léger de la langue sur le côté (son utilisé en Europe par les cavaliers pour faire avancer leur cheval), suivi d'une aspiration, elle est notée /ǁʰ/ dans l'alphabet phonétique international, le mot xhosa étant : /kǁʰóːsa/[1],[réf. obsolète].

Le nom de ce peuple aurait pour origine celui d'un chef légendaire, uXhosa, il y a environ 1 500 ans[2]. Il prit son véritable essor grâce à une fusion avec les clans Khoi et Griqua d'où il a puisé les racines de son dialecte[3]. Par ailleurs, le groupe ethnique qui pratique cette langue se nomme lui-même amaXhos et dénomme son idiome isiXhosa. Le clic, caractéristique des langues khoïsan, dans le xhosa trahit la forte influence de ces dernières sur cette langue bantoue.

Distribution géographique

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Le xhosa représente la branche sud-orientale de la sous-famille Nguni des langues bantoues. Il se pratique essentiellement dans la province du Cap-Oriental, mais aussi, de plus en plus, dans la province du Cap-Occidental, y compris la ville du Cap.

Le zoulou et les langues bantoues voisines du groupe de langues nguni sont compréhensibles en xhosa et réciproquement. De plus, il compte un certain nombre de dialectes sur l'identification desquels les avis divergent : xhosa, ngqika, gcaleka, mfengu, thembu, bomvana et mpondomise.

Xhosa parlé

Si les voyelles du xhosa sont relativement courantes, ses consonnes sont plus inhabituelles. À côté des consonnes égressives pulmonaires communes, il existe des consonnes éjectives et implosives ainsi que trois clics de base.

  • Le clic dental qui se fait de la langue sur l'arrière des dents à la façon du tss-tss de réprimande[1].
  • Le clic latéral, la langue créant une dépression dans la partie inférieure de la bouche libère soudain la cavité de chaque côté et produit un son similaire par lequel on appelle un animal[1].
  • Le troisième, très proche, se fait de façon similaire mais la cavité est formée dans le haut de la bouche avec la langue contre le palais[1].

Chacun de ces clics compte six variétés, chacune dans deux tonalités.

Ces sons ont été rendus célèbres en Occident par le film Les Dieux sont tombés sur la tête, bien que la langue parlée par le héros Xhixho soit le ungwatsi, une langue bochimane (san).

Le xhosa possède un inventaire de dix voyelles : [a], [ɛ~e], [i], [ɔ~o] et [u] respectivement écrites a, e, i, o et u, se présentant toutes sous formes longue et courte. La voyelle /i/ est longue en pénultième syllabe, et courte en dernière syllabe[4].

Voyelles du xhosa
antérieure postérieure
courte longue courte longue
Fermée i ‹ i › ‹ ii › u ‹ u › ‹ uu ›
Moyenne ɛ ‹ e › ‹ ee › ɔ ‹ o › ‹ oo ›
Ouverte a ‹ a › ‹ aa ›

Le xhosa est une langue tonale comprenant deux tons phonémique : haut et bas. Les tons sont rarements transcrits à l'écrit, mais ils peuvent être indiqués ; a [à], á [á], â [áà], ä [àá]. Les voyelles longues sont phonémiques mais ne sont habituellement pas écrites, à part â et ä, qui sont des séquences de deux tons différents, réalisées comme des voyelles longues, avec les contours de tons suivants : â haut–bas = descendant, ä bas–haut = montant).

Le xhosa procède par agglutination. Des préfixes et des suffixes viennent s'attacher à des radicaux pour en affecter le sens et le rôle dans la phrase. Un peu comme pour les genres masculin, féminin et neutre des langues indo-européennes, il y a 8 classes en singulier qui marquent la parenté, les animaux, les objets, l'abstraction, etc. Au pluriel il y a 5 classes, dont une indique souvent des mots de quantité. Les verbes, les pronoms, les adjectifs s'accordent à la classe du nom.

  • ukudlala (verbe/nom classe 15) - jouer
  • ukubona (verbe/nom classe 15) - voir
  • umntwana (classe 1) (enfant) - abantwana (classe 2) (enfants)
  • umntwana uyadlala - l'enfant joue
  • abantwana bayadlala - les enfants jouent
  • indoda (classe 9) (homme) - amadoda (classe 6) (hommes)
  • indoda iyambona umntwana (l'homme voit l'enfant)
  • amadoda ayababona abantwana (les hommes voient les enfants).

Orthographe

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Le xhosa utilise un alphabet dérivé de l'alphabet latin. Une première orthographe xhosa est développée au début du XIXe siècle par des missionnaires britanniques, et le premier ouvrage xhosa est publié en 1823 par John Bennie (en) pour la Glasgow Missionary Society. Cet alphabet est révisé à plusieurs reprises[5]. La nouvelle orthographe, utilisée à partir des années 1930 jusque dans les années 1950, utilise notamment 29 lettres dont ɓ, ʃ et ɼ[6]. La dernière révision de l’alphabet, utilisant 26 lettres et plusieurs digrammes ou trigrammes, et de l’orthographe standardisée ont été publiés dans The greater dictionary of isiXhosa.

Alphabet xhosa
a b bh c d dl dy e en f g gr h hl i j k kh kr l m mbh n nd ndl
ndy ng ng’ nj ntsh ny o p ph q r rh s sh t th tl tsh u v w x y z

Les trois clics se notent respectivement c, x et q. Exemple extrait du Qongqothwane de Miriam Makeba dont le nom anglais est The Click Song :

Igqira lendlela nguqongqothwane
Igqira lendlela kuthwa nguqongqothwane
Sebeqabele gqithapha bathi nguqongqothwane
Sebeqabele gqithapha bathi nguqongqothwane.

Grands personnages

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La lutte contre l'apartheid fut menée, principalement, par des Xhosas parmi lesquels figurent des grands noms de cette époque, comme Nelson Mandela, Chris Hani, Oliver Tambo, Walter Sisulu et Govan Mbeki[7].

L'ancien président de la république d'Afrique du Sud, Thabo Mbeki, est d'ailleurs le fils d'un de ces grands noms qui ont forgé la nouvelle Afrique du Sud[8].

Outre les activistes politiques, certains artistes xhosa s'engagèrent également contre le régime d'apartheid, comme Miriam Makeba et Brenda Fassie.

Dans la culture

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Le xhosa est parlé par les différents protagonistes du film Black Panther : certains acteurs du film l’ont appris pour l’occasion[9].

Notes et références

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  1. a b c et d « Xhosa Language | Effective Language Learning », sur www.effectivelanguagelearning.com (consulté le )
  2. Chassang 2007, p. 9.
  3. Chassang 2007, p. 10.
  4. William Branford, The Elements of English: An Introduction to the Principles of the Study of Language, Routledge, , 65– (ISBN 978-1-317-42065-1, lire en ligne)
  5. Kirsch, Skorge et Magona 2003, p. 16.
  6. Bennie 1935.
  7. Chassang 2007, p. 121.
  8. Chassang 2007, p. 136.
  9. « Derrière le pays imaginaire de « Black Panther », une langue sud-africaine bien réelle », sur Le Monde.fr, (consulté le )

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Bibliographie

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  • The greater dictionary of isiXhosa
    • (af + en + xh) S.L. Tshabe (dir.) et F.M. Shoba, The greater dictionary of isiXhosa, vol. 1 : A-J, Alice, University of Fort Hare,
    • (af + en + xh) B.M. Mini (dir.) et S.L. Tshabe, The greater dictionary of isiXhosa, vol. 2 : K-P, Alice, University of Fort Hare,
    • (af + en + xh) H.P. Pahl (dir.), A.M. Pienaar et T.A. Ndungan, The greater dictionary of Xhosa, vol. 3 : Q-Z, Alice, University of Fort Hare,
  • (en) William Goven Bennie, « A new orthography for Xhosa », Africa, Cambridge, vol. 8, no 1,‎ , p. 111-112 (DOI 10.1017/S0001972000056114, lire en ligne)
  • (en) John Sellick Claughton, The tonology of Xhosa, Rhodes University, (lire en ligne)
  • (en) Beverley Kirsch, Sivlia Skorge et Sindiwe Magona, Clicking with Xhosa : a Xhosa phrasebook, Cape Town, David Philip Publishers, (1re éd. 2001) (ISBN 0-86486-645-3, présentation en ligne)
  • (en) W. B. Boyce, A grammar of the Kafir language, Graham’s Town, Wesleyan Missionary Press, (lire en ligne)
  • Guillaume Chassang, L’Afrique du Sud, en territoire Xhosa, Paris, La Société des Écrivains, , 148 p. (ISBN 978-2-7480-3642-8)
  • (en) William J. Davis, A grammar of the Kaffir language, Londres, Wesleyan Missionary Society, (lire en ligne)
  • (en) Thomas Niesler, Philippa Louw et Justus Roux, « Phonetic analysis of Afrikaans, English, Xhosa and Zulu using South African speech databases », Southern African Linguistics and Applied Language Studies, vol. 23, no 4,‎ , p. 459–474 (lire en ligne)
  • (en) Dion Nkomo et Zola Wababa, « IsiXhosa lexicography: past, present and future », Lexikos, AFRILEX, no 23,‎ , p. 348–370 (lire en ligne)
  • (en) Pan South African Language Board, Spelling and orthography rules, Pan South African Language Board,
  • (xh) Pan South African Language Board, ImiGaqo yokuBhalwa nokuPelwa koLwimi lwesiXhosa, Pan South African Language Board,
  • Zamantuli Scaraffiotti, Parlons Xhosa : Afrique du Sud, Paris, L’Harmattan, , 155 p. (ISBN 978-2-296-55158-9)

Articles connexes

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Liens externes

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