Discussion:La Poupée sanglante
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[modifier]Titre et éditions | |||
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1923 : | La Poupée sanglante | Gallica | dans Le Matin : derniers télégrammes de la nuit |
1924 : | La Poupée sanglante | Roman d’aventures et de mystère | éditions Jules Taillandier, Paris |
1933 : | La Poupée sanglante | Gallica | dans L'Écho du Nord : journal politique, administratif, commercial |
Résumés, critiques…
[modifier]- L'Ère nouvelle 13 juin 1924 [1]
La poupée sanglante, et la Machine à assassiner, par Gaston Leroux (Taillandier). Deux romans d’aventures mystérieuses, dans cette note où G. Leroux est un virtuose. Il n’y a pas mieux dans le genre. On y trouve des souvenirs de l’affaire Landru mêlées des inventions à la Docteur Carrel, des vampires, du sang et du mystère. Gaston Leroux a dû beaucoup s’amuser à écrire cela !
- Régis Messac, Les romans de l’homme singe note
… Une nouvelle complication est introduite par Gaston Leroux dans La Poupée sanglante et La Machine à assassiner, où le cerveau de l'assassin est adapté à un corps mécanique. Un scénariste sans scrupules a repris cette idée pour fil- mer Frankenstein ; mais nous n'avons pas à nous en occuper, cette idée du transfert des cerveaux étant absente du roman de Mrs Shelley.
- Dictionnaire mondial des littératures / Larousse ; sous la dir. de Pascal Mougin et Karen Haddad-Wotling [2]
… Mentionnons encore la Poupée sanglante (1923), un étrange roman où des thèmes fantastiques se conjuguent à un récit policier.
LA POUPEE SANGLANTE
par GASTON LEROUX.
Plus mystérieux que l’Enigme de la chambre jaune, plus angoissant que Chéri-Bibi, la Poupée sanglante, le nouveau roman de Gaston Leroux est le roman le plus remarquable qui soit sorti de son imagination si puissante. C'est la formidable et tragique aventure d'un artisan de l’Ile Saint-Louis, étrange poète amoureux. Un volume, 6 francs 75. Editions J. Tallandier, Paris
- La Liberté, 4 juin 1924 [3]
LES LIVRES
La Poupée sanglante (Chez Tallandier.) — De la littérature ? Nous savons bien que non. Et l’auteur doit bien rire, quand il entend ce mot. Il est si spirituel ; il a l’oeil si malin, ce jovial M. Gaston Leroux ! Non, ce n’est point de la littérature, ces romans de « mystère » et d’« aventures ». C’est on ne sait quoi, plein de folies, débitées d’un ton sérieux, d’énormes invraisemblances agencées avec une imperturbable gravité ; c’est un étrange ragoût d’actualités scientifiques et de faits-divers, d’hypothèses métapsychiques et de sherlockholmismes perfectionnés… La recette des sorcières de Macbeth était simple, en comparaison. Mais je me demande si ce ne sont pas les amateurs de littérature qui y prennent le plus de plaisir. Ils sont les plus dépaysés… Et peut-être sentent-ils mieux que le populaire, à qui on les destine, la savoureuse extravagance de ces histoires à faire frémir… Pour ma part, je ne lis pas souvent de livres de ce genre ; et quand je m’y hasarde, je bâille dès le second chapitre. J’ai lu, ma foi, la Poupée sanglante et la Machine à assassiner… C’est vraiment à se tenir les côtes !
N’allez pas croire que je sache raconter cela. Simplifier un récit pareil, c’est le gâter sottement. Apprenez seulement qu’il y est fait usage de l’affaire Landru -- lequel Landru devient une sorte de héros, qui n'a assissiné personne, puisque les vrais coupables sont des « vampires », un Français et des Indous, qui boivent le sang des vivants, bon !… -- des découvertes du docteur Carrel ; de magistrats, de journalistes, de gardes champêtres, de petits bougeois de l’Ile-Saint-Louis, de Verlaine, d’une danseuse qui porte le nom d’une déesse du Gange, d’un médecin plus fort que le docteur Coué, en fait de suggestion ; d’un horloger qui a découver le mouvement perpétuel, d’un étang mystérieux, d’une crypte où sont des tombeaux et des morts qui se promènent au clair de lune, d’une poupée mécanique, dont une jeune fille, la plus belle du monde, est amoureuse, et dont on remplit le crâne avec la cervelle d’un guillotiné…
Si, après cela, vous n’avez pas le vertige !…
-- Robert Kemp.
- Paris-soir, 27 juin 1924 [4]
Romans d’aventures
Dans leur ouvrage si intéressant sur le Monde des Journaux, mes confrères André Billy et Jean Piot, qui veulent bien me citer parmi les « as » du grand reportage, entre Jules Huret, Ludovic Naudeau, Albert Londres et Edouard Helsey, écrivent : « Gaston Leroux réussirait-il aussi bien dans le roman d'ayentures s'il n'avait commencé à en courir lui-même quelques-unes ?… »
Mes confrères ont tout à fait raison : quinze ans de grand reportage nourrissent singulièrement l'imagination et permettent à celle-ci de se mouvoir dans des ordres nouveaux et précis, dans une atmosphère qui, elle, n'ayant pas été inventée, donne la vie aux élucubrations les plus fantasques.
Un auteur peut se permettre bien des choses, qui observe les mœurs et les coutumes ; les héros qui sortent tout armés de son cerveau cessent d'être des fantômes s'ils ont l'habit qu'il faut et la mentalité de leur longitude et de leur latitude. Plus l'aventure que l'on propose au lecteur est audacieuse et sort du domaine courant de la spéculation, plus elle doit s'accrocher à la vie et, par certains côtés, nous montrer le visage de tous les jours.
Si, à côté de ce principe, l'auteur n'oublie point cet autre qu'il faut en fin de compte que tout s'explique normalement et avec des moyens à la portée de tous, il peut aller aussi loin qu'il voudra, il sera suivi. Sans quoi nous entrons dans le domaine du rêve et cela n'intéresse plus personne, car chacun peut faire un rêve inexplicable et il est bien inutile de le diviser en chapitres. Quant à moi, je n'ai pas eu de plus grande satisfaction que lorsque j'ai appris que mon Mystère de la Chambre jaune avait fait l'objet, dans une classe de philosophie de l'Académie de Caen, d'une petite conférence où le professeur citait les explications de Rouletabille comme un modèle de logique.
De même, quand le roman d'aventures côtoie le domaine scientifique, s'il n'est point nécessaire d'avoir toute la science avec soi, il ne faut pas l'avoir contre soi et il arrive qu’on lui montre le chemin. Le Nautilus commençait à peine son voyage quand il avait fait vingt mille lieues sur les mers, et rien ne me dit qu'un jour nous ne verrons point le véritable automate pensant, mieux armé pour le combat de la vie que ma Poupée sanglante et ma Machine à assassiner !
Pour en revenir au grand reportage, je ne saurais trop répéter combien ma carrière de journaliste d'hier a servi le romancier d'aujourd'hui.
Rouletabille à la guerre, chez Krupp, chez le tsar. les Ténébreuses et Balaoo et Chéri-Bibi !
Si le roman d'aventures est amusant à lire, combien aussi est-il amusant à écrire, surtout si l'on suit un peu de sa vie passée et je me réjouis de voir avec quel succès nos plus fameux globe-trotters se lancent depuis quelque temps dans la grande bataille des lettres et les ravages qu'ils font à la devanture des libraires.
Belle, ardente et jeune équipe, intelligente, astucieuse, devenue brave et si vivante ! Nul comme le reporter n'a la joie de vivre, puisque nul comme lui n'a la joie de voir ! Ah ! vivre ! voir ! savoir voir et faire voir !… Le reporter regarde pour le monde. Il est la lorgnette du monde ! Quoi de meilleur que de parcourir la face du globe pour écrire ensuite le geste des hommes !
Henri Béraud écrivait, l'autre jour, dans le premier numéro de Cyrano : « Il y a deux sortes d'écrivains : ceux qui s'adressent aux hommes et ceux qui écrivent exclusivement pour leurs confrères. » Pour s'adresser aux hommes, il ne faut point les ennuyer… Quand on s'adresse aux confrères, on peut ne pas les amuser toujours. Henri Béraud en est la preuve tout à fait bien portante.
Le grand reportage paraît une chose si nécessaire à l'homme de lettres d'aujourd'hui que celui qui n'a pas commencé par là se met à prendre le paquebot, lui aussi ! Que de tours d'ivoire brisées !…
Regardez le Prince du roman d'aventures, j'ai nommé Pierre Benoît, et voyez d'où nous arrivent ses chroniques. Vous verrez bientôt d'où nous viennent ses livres.
Pour finir, même si je devais déchaîner une tempête j'inclinerais mes hommages devant notre père à tous : Alexandre Dumas! Avant d'écrire l'histoire du Bastion Saint-Gervais, il avait pris à lui tout seul la poudrière de Soissons ! et c'est là un fameux chapitre de reportage dans ses Mémoires ! Encore un qui n'est pas très ennuyeux, n'est-ce pas ? et je ne m'adresse pas autrement à ma concierge. Que d'œuvres auront disparu dans « la Bataille des Virgules », qu'on lira encore l'épopée de Luc-Maria, la mort de Porthos et les premières aventures de notre cadet de Gascogne.
Mal écrit ?… Hein… Écoutez l'harmonie un peu mélancolique qui monte de ce bout de phrase.
…d'Artagnan reste seule avec Mme Bonacieux.
Sans blague…
Gaston Leroux
Vocabulaire…
[modifier]- ni son nigodiche de cousin de fiancé de Jacques
- Cette idée, resurgie tout à coup, me fait chanceler.
- en tout cas l’un des mieux conservés dans sa vieillotterie
- retourner au Thibet !
- grand’chose