6 LA PHILOSOPHIE EN FRANCE
briand publie le Génie du christianisme, et en 1810 Mme de Staël donne à imprimer son livre De l’Allemagne. Presque en même temps, de 1807 à 1810, Saint-Simon fait paraître une Introduction aux travaux scientifiques du xixe siècle, puis à la Philosophie du xixe siècle, Joseph de Maistre date de 1809 ses Soirées de Saint-Pétersbourg, et en 1808 Lamennais publie avec son frère ses premières Réflexions sur l’état de l’Église en France. Ajoutons qu’en 1811, à la Sorbonne, Royer-Collard enseigne une philosophie en opposition avec les doctrines du xviiie siècle, et que vers le même temps il se rencontre, dans des réunions philosophiques chez Maine de Biran, avec Ampère, Guizot et bientôt Victor Cousin. La fin de cette période est due aussi à des événements politiques d’abord, puis à un grand événement philosophique. Les journées de juin 1848 ont compromis pour longtemps des idées généreuses qui avaient inspiré jusque-là pleine confiance ; ensuite, le commencement et la fin du second Empire, le coup d’État de 1851 et le désastre de 1870-71 ont laissé dans bien des âmes une amertume qui ne les prédisposait que trop au pessimisme. D’autre part, l’année 1859 était marquée par la publication du livre de Darwin sur l’Origine des espèces, et bientôt Spencer faisait l’application de la théorie nouvelle à la nature entière, à l’homme et aux sociétés humaines, opérant ainsi une véritable révolution dans tout le domaine des idées. Ni les solutions ne peuvent plus être aujourd’hui ce qu’elles étaient avant ces années 1848, 1859 et 1871 : trop d’éléments nouveaux interviennent désormais ; ni les problèmes ne se posent non plus de la même façon. Une autre période commence donc vers le milieu du siècle, et déjà en remplit toute la seconde moitié. La première, délimitée ainsi qu’on vient de voir, a son point culminant aux environs de 1830. Ce n’est pas seulement à cause du cours retentissant que fait Victor Cousin, d’avril 1828 jusqu’en juillet 1829. Mais en 1829