remue à force de bras toute cette compoſition pendant une heure, & on en forme des tas qu’on laiſſe ſécher pendant vingt-quatre heures en été, & durant trois ou quatre jours en hyver.
Ce mortier eſt ſi dur, que M. Milet de Monville ayant fait remplir de maçonnerie de Béton une caiſſe de vingt-ſept pieds cubes, & l’ayant plongée dans la mer, où elle reſta pendant deux mois, elle compoſa un corps ſi denſe qu’on trouva plus de difficulté à en ſéparer les parties, que celles d’un bloc de la meilleure pierre.
Il eſt parlé dans l’Architecture de Vitruve ; d’un mortier très-dur, compoſé de deux parties de Pozzolane, & d’une de chaux. (Voyez Pozzolane.)
BEUVEAU ou BUVEAU, ſ. m. Eſpece d’équerre mobile, dont un bras eſt bombé ſelon la douelle d’un arc ou d’une voûte, & l’autre droit ſelon le joint de coupe. Quelquefois auſſi un bras eſt bombé, & l’autre creuſé. Et il y en a encore dont les deux bras ſont creux en dedans. Cet inſtrument ſert à décrire, prendre toute ſorte d’angles, & à marquer l’inclinaiſon des plans. Il a encore pluſieurs uſages dans la coupe des pierres, comme on peut le voir dans les Traités du P. Derand, & de Deſargues, ſur cette matiere.
BIAIS, adj. Ce qui eſt de côté. C’eſt un défaut dans la conſtruction d’un bâtiment, qu’on ne peut éviter dans un mur de face ou mitoyen, à cauſe du coude que forment ſouvent les rues d’une ville ou d’un grand chemin, ou le terrein d’une maiſon voiſine. Ce terme ſe caractériſe, ſuivant les cas, de la maniere ſuivante.
Biais gras ou maigre. Le premier a lieu lorſque l’angle d’obliquité eſt obtus, & le ſecond lorſqu’il eſt aigu.
Biais par tête. Déviation d’un plan qui provient de ce que le mur de l’entrée d’une voûte, droite ou rampante, n’eſt pas d’équerre avec ceux qui portent la voûte.
Biais paſſé. On appelle ainſi la fermeture d’un arc ou d’une voûte ſur des piédroits de travers par leur plan, comme aux deux chapelles les plus proches du chœur dus Minimes de la Place Royale, à Paris.
Biais. Terme de Jardinage. Sauver un Biais. C’eſt empêcher des alignemens irréguliers, & des formes bizarres dans un jardin. Dans les pieces couvertes, comme les boſquets, les berceaux, &c. une ligne droite, que forme une paliſſade, ſuffit pour redreſſer un Biais, qui ſe perd alors dans les quarrés. Dans les lieux découverts, tels que les parterres, les boulingrins, &c. le Biais paroît un peu plus ; mais s’il eſt difficile de le corriger, il ſe perd auſſi plus aiſément dans l’étendue, & on ne peut juger que par le plan de l’irrégularité du terrein. Dans les petits jardins on rejette le Biais ſur les platebandes, en régulariſant la piece du milieu ; & on redreſſe les plate-bandes par un trait de buis. Des liſieres de bois & des broſſailles couvrent les Biais des murs. Un banc placé dans un angle, ou un berceau, corrige le coude des allées qui ne peuvent s’aligner.
BIBLIOTHEQUE, ſ. f. Lieu en forme de grand cabinet ou de galerie, où des livres ſont rangés ſur des tablettes avec ordre & décoration. Telles ſont entr’autres les Bibliotheques du Vatican, à Rome, & du Roi, à Paris. On trouvera aux articles Appartement & Architecture, la place d’une Bibliotheque dans un édifice, & ſon expoſition. A l’égard de la décoration, elle comporte des buſtes, des globes, des ſpheres, placés à propos ; & on orne les tablettes avec des bandes de ſoye de différentes couleurs, ou avec des moulures. Ce ſont là les ſeules connoiſſances qui conviennent à cet ouvrage. Nous perdrions notre objet de vûe, ſi nous entrions dans tout l’hiſtorique que le mot Bibliotheque peut fournir, parce que c’eſt une choſe purement littéraire ; & l’Architecture eſt aſſez vaſte & aſſez riche par elle-même, ſans qu’elle ait beſoin d’ornemens étrangers pour la rendre recommandable. Contentons-nous donc de dire que le terme Bibliotheque eſt formé de deux mots grecs, Biblion & Tecke, qui ſignifient armoire à livres.
BIBLOQUET, ſ. m. Nom qu’on donne à tout petit quarré de pierre, qui ayant été