Gens titrés,
Lettrés,
Mitrés,
Banquiers, corsaires
Et faussaires ;
Gens titrés,
Lettrés,
Mitrés,
Accourez, accourez !
L’or et l’argent sont nos idoles ;
Rester pauvre est de mauvais goût.
Votes, serments, écrits, paroles,
On trafique aujourd’hui de tout.
Tout se vend, tout s’achète,
Honneurs, emplois, brevets,
Quand Vespasien répète :
Cela sent-il mauvais ?
Gens titrés,
Lettrés,
Mitrés,
Banquiers, corsaires
Et faussaires ;
Gens titrés,
Lettrés,
Mitrés,
Accourez, accourez !
Prêtre, du ciel ouvre la porte,
Pour mon salut passons marché ;
Grand avocat, combien rapporte
Le crime au supplice arraché ?
Qu’à Waterloo succombe
Un peuple de héros,
Marchand, fouille leur tombe,
Fais argent de leurs os.
Gens titrés,
Lettrés,
Mitrés,
Banquiers, corsaires
Et faussaires ;
Gens titrés,
Lettrés,
Mitrés,
Accourez, accourez !
Si l’industrie aux bras sans nombre
Nous prépare un monde meilleur,
Des forbans l’entravent dans l’ombre,
Malgré bourgeois et travailleurs.
Cette bande honnie
Enfle son riche avoir
Des sueurs du génie,
Des pleurs du désespoir.
Gens titrés,
Lettrés,
Mitrés,
Banquiers, corsaires
Et faussaires ;
Gens titrés,
Lettrés,
Mitrés,
Accourez, accourez !