sophistique où il sera tenté de s’essayer, s’il perd de vue ou bien s’il n’est pas apte à goûter la qualité de civilisation dont est dépendante sa mission particulière. Les magistrats de l’ancienne monarchie française, nourris pourtant aux meilleures lettres et à la merveilleuse dialectique de Rome, nous donnent à cet égard un admirable exemple. Grâce à leurs hautes mœurs, ces serviteurs nous font aujourd’hui l’effet de maîtres et, s’ils sont grands par la fermeté et la lucidité de la raison, ils sont uniques par une intelligence bien supérieure à la raison raisonneuse. Quand un homme est rompu au maniement des idées et des mots, il lui faut en effet une éducation du jugement tout à fait rare et en tout cas venue d’autres sources, pour s’attacher fortement à la beauté et à la justice propres d’une institution sociale donnée, et résister aux attraits de cette justice et de cet ordre possibles, qui se laissent si bien déduire de quelques notions absolues prises pour principes. Aristote, qui semble avoir de son temps réuni toutes les compétences particulières et qui avait, pour ainsi parler, le génie des principes en toutes choses, est le type le plus élevé de ce bel équilibre. L’esprit fut assez fort et surtout assez libre en lui pour modérer l’esprit et en régler l’usage. La métaphysique elle-même ne lui fit pas perdre pied et, à la lumière de l’ordre universel tel qu’il l’imagina,
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