cutant de bouche en bouche finissait par des clameurs unanimes. L’automobile fut saluée de vitupérations et d’injures. Un individu plâtreux, aux bras de gorille, croassa :
— La reprise !… La reprise !…
D’un élan, sur l’air des lampions, les groupes scandèrent :
— La re-pris’ ! La re-pris’ !
À chaque tour de roue, la foule s’accusait plus dense ; des hommes débouchaient sans relâche des voies latérales, et le chauffeur, après quelques embardées, dut ralentir l’allure.
— Est-ce que tu veux écrabouiller les travailleurs ? ricana un homme noir, au nez plat et aux yeux circulaires.
— J’suis un travailleur plus conscient que toi ! hurla le chauffeur, et puis syndiqué !
— Alors, f… tes bourgeois su’le pavé de bois.
— C’est pas des bourgeois… c’est des chic types… et une femme et puis deux gosses !
Il aboyait, terrible et rauque, comme un grand molosse dans la nuit.