— Eh bien, David, mon garçon, je vais vous accompagner jusqu’au gué, pour vous montrer le chemin.
Nous nous mîmes en marche en silence.
— Êtes-vous peiné de quitter Essendean ? me dit-il au bout d’un instant.
— Ah ! monsieur, répondis-je, si je savais où je vais ou ce qui doit probablement advenir de moi, je vous répondrais en toute franchise. Essendean est, certes, un endroit agréable, et j’y ai été fort heureux ; mais en somme, je n’ai jamais été ailleurs.
Maintenant que mon père et ma mère sont morts tous deux, je ne serai pas plus près d’eux à Essendean que dans le royaume de Hongrie. Et, à dire vrai, si je croyais avoir une chance d’améliorer ma situation là où je vais, j’irais fort volontiers.
— Vraiment ? fit M. Campbell. Très bien, David ! Alors il convient que je vous fasse connaître votre fortune, autant du moins que je le puis.
Lorsque votre mère fut morte et que votre père, un digne homme, un chrétien, fut atteint de la maladie dont il devait mourir, il me confia une certaine lettre qui, disait-il, constituait votre héritage.
« Aussitôt que je serai parti, me dit-il, dès que la maison sera licitée et le mobilier vendu (c’est maintenant chose faite, David), donnez à mon garçon cette lettre, et mettez-le en route pour la maison des Shaws, dans les environs de Cramond.
« C’est l’endroit d’où je suis venu, ajouta-t-il, et c’est là qu’il convient que mon fils revienne.
« C’est un garçon persévérant, dit encore votre père, et un marcheur éprouvé ; je ne doute pas qu’il arrive sain et sauf et qu’il ne se fasse aimer partout où il ira. »
— La maison des Shaws ! m’écriai-je, qu’est-ce que