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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/296

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J’arrive, et sur un compliment,
Moitié poli, moitié galant,
Que partout l’usage autorise, Sanchette prend feu promptement,
Et son cœur tout neuf s’humanise :
Elle me prend pour son amant,
Se flatte d’un engagement,
M’aime, et le dit avec franchise.
Je crains plus sa naïveté,
Que d’une femme bien apprise
Je ne craindrais la fausseté.

HERNAND

Elle vous cherche.

LE DUC DE FOIX

Je te laisse ;
Tâche de dérouter sa curiosité,
Je vole aux pieds de la Princesse.


Scène V

Sanchette[1], Hernand
SANCHETTE

Je fuis au désespoir.

HERNAND

Qu’est — ce qui vous déplaît, Mademoiselle ?

SANCHETTE

Votre maître.

HERNAND

Vous déplaît-il beaucoup ?

SANCHETTE

Beaucoup ; car c’est un traître,
Ou du moins il est prêt de l’être ;
Il ne prend plus à moi nul intérêt.
Avant — hier il vint, et je fus transportée

  1. Les amis de Voltaire critiquèrent ce rôle parce qu’ils le trouvaient trop gai, trop comique, trop bas. Nous notons cela pour faire remarquer combien le rire était hors de mode au théâtre en 1745. (G. A.)