Dans les études consacrées aux langues créoles, la question de l'interprétation (non-)spécifique des groupes nominaux constitue un thème récurrent. Certaines théories (Bickerton 1981) avaient même soutenu que la distinction spécificité –...
moreDans les études consacrées aux langues créoles, la question de l'interprétation (non-)spécifique des groupes nominaux constitue un thème récurrent. Certaines théories (Bickerton 1981) avaient même soutenu que la distinction spécificité – non-spécificité serait un trait distinctif des langues créoles. Cette étude propose que ce qui semble être un trait de spécificité du morphème pluriel en réunionnais est de fait un phénomène lié à la typologie du nombre et la disponibilité d’une forme (SN nu) neutre quant au nombre.
Il est démontré que le pluriel bann n’est pas limité aux SN spécifiques, que ce soit en termes de spécificité de portée, de spécificité épistémique, de caractère partitif / présupposé ou de noteworthiness au sens de Ionin (2006). Nous montrons que bann est un pluriel exclusif – i.e. que contrairement au pluriel du français ou de l’anglais, il n’inclut pas les entités atomiques dans sa dénotation – et que les contextes existentiels qui excluent bann+N sont les environnements où apparaissent typiquement les SN pluriels à lecture inclusive dans les langues comme l’anglais ou le français. Nous proposons que ces contextes requièrent la neutralité sémantique du nombre, ce qui explique l'adéquation d’une forme neutre ou inclusive – un SN nu en réunionnais, un pluriel en anglais – et l’inadéquation d’un pluriel exclusif.
https://doi.org/10.4000/11p9v