Comment vous débarrasser d’un mal de dos
Un mal de dos vous afflige ? Vous n’êtes pas seul : quatre personnes sur cinq en souffrent à un moment ou à un autre de leur vie. Dans ce dossier, des experts en gestion de la douleur vous donnent des pistes pour savoir comment aborder votre dorsalgie et choisir une approche susceptible de vous convenir.
Par ailleurs, sachez que les antidouleurs ainsi que les crèmes, gels et timbres vendus en pharmacie ne sont pas tous efficaces de la même manière. Les précieux conseils d’un pharmacien vous guideront dans la jungle des produits en vente libre conçus pour soulager le mal de dos.
Si rien n’y fait, l’ultime solution consiste à recourir aux injections et à la chirurgie. Or, ces solutions ne conviennent pas à tout le monde, et leur taux d’efficacité est variable, selon les plus récentes études scientifiques publiées à ce sujet et les spécialistes consultés.
Pour tout savoir sur les traitements offerts, les produits pharmacologiques en vente libre ainsi que les injections et les chirurgies, suivez le guide.
Exercices, massages, chiropratique, ostéopathie, physiothérapie, acupuncture, thérapie cognitive… voici les approches à prioriser pour mieux prévenir le mal de dos et le soulager le mieux possible.
Pas de recette unique
À la racine du mal
Quand la douleur apparaît
L’importance d’un plan personnalisé
Opération exercices
Solution : thérapie manuelle
L’approche psychologique
Mieux vaut prévenir…
Tout au long de sa vingtaine, Vincent Pomerleau a souffert de maux dans le bas du dos, de profondes douleurs qui l’ont amené à cesser de pratiquer ses sports préférés, soit le soccer, le football et le volleyball. Les années passaient et ses maux s’accentuaient : « Je faisais des entorses lombaires à répétition », dit-il. Le diagnostic est tombé alors qu’il venait d’atteindre ses 29 ans : sacralisation de la cinquième vertèbre lombaire (L5), une anomalie congénitale de la colonne vertébrale avec laquelle il doit apprendre à vivre.
Le mal de dos est un problème qui peut toucher n’importe qui : hommes, femmes, jeunes, vieux... Quatre personnes sur cinq en souffriront au cours de leur vie, selon Statistique Canada. Pour 16 % de la population, ce symptôme est chronique, c’est-à-dire qu’il persiste plus de trois mois. Et, dans la majorité des cas, c’est le bas du dos qui écope. Après tout, « la région lombaire supporte la majeure partie de notre poids et est sollicitée par une multitude de mouvements », explique la Dre Aline Boulanger, anesthésiste et directrice de la Clinique de la douleur du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM).
Pas de recette unique
Il n’existe pas de cure aux maux de dos. Chercheurs et professionnels de la santé se grattent encore la tête pour bien comprendre d’où ils viennent et pour proposer des traitements efficaces. La science apporte néanmoins quelques réponses pour prévenir la douleur et la soulager. Diverses thérapies (physiques et psychologiques) et approches complémentaires (acupuncture, yoga, méditation, etc.) gagnent du terrain pour limiter le recours aux antidouleurs, aux injections ou à la chirurgie.
Ces dernières années, la prescription fréquente d’opioïdes, et à des doses de plus en plus fortes, a mené à un usage problématique de ces substances au sein de la population. « Cela a renforcé le besoin de trouver d’autres solutions », constate Martin Descarreaux, professeur titulaire au Département des sciences de l’activité physique à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) et titulaire de la Chaire de recherche internationale en santé neuromusculosquelettique.
À la racine du mal
Hernie discale, sténose lombaire, spondylarthrite ankylosante… rien de tel que de connaître la source du mal de dos pour pouvoir s’y attaquer. Or, cerner la cause d’un tel mal n’est pas une mince affaire, même pour un spécialiste. « Dans 85 à 90 % des cas, on ne peut en trouver l’origine précise », signale Martin Descarreaux, car diverses structures anatomiques – comme des ligaments, des muscles ou des disques intervertébraux – peuvent être lésées.
D’autres facteurs peuvent s’y ajouter : la faiblesse musculaire (surtout dorsale et abdominale), de mauvaises postures de travail, le stress, l’humeur dépressive, l’obésité, la sédentarité, le tabagisme, le manque d’activité physique ou des efforts physiques trop intenses.
Dans la plupart des cas, pas même l’imagerie médicale ne permet d’établir un diagnostic, car les anomalies apparentes (par exemple un disque usé ou une articulation enflammée) n’expliquent souvent pas la cause réelle de votre mal de dos, selon Christian Larivière, chercheur principal à l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST). C’est pourquoi, 9 fois sur 10, le médecin ou le spécialiste diagnostique aux patients une « lombalgie non spécifique ».
Résultat : les experts concèdent qu’il est difficile de proposer un traitement adapté à la situation particulière d’une personne. Tous s’entendent néanmoins sur une chose : les opioïdes, comme l’oxycodone et l’hydromorphone, sont des traitements de dernier recours, car ils posent des risques de dépendance. « La grande majorité des patients a besoin d'une approche multidisciplinaire, qui combine différents traitements », souligne Martin Descarreaux.
Quand la douleur apparaît
Perte de mobilité et/ou de flexibilité, incapacité à se tenir droit, difficulté à s’adonner aux tâches de la vie quotidienne et/ou perturbation du sommeil caractérisent la vie des gens qui souffrent de maux de dos. « On parle de cervicalgie pour une douleur au cou ; de dorsalgie, de la base du cou jusqu’à la taille ; de lombalgie pour le bas du dos ; et de sciatalgie quand le mal part du dos et descend dans la jambe », détaille la Dre Aline Boulanger.
La douleur peut être aiguë – c’est-à-dire qu’elle persiste moins de 4 semaines –, subaiguë (entre 4 et 12 semaines) et chronique (12 semaines et plus).
En phase aiguë, « la première chose à faire est de ne pas paniquer », indique Christian Larivière. L’intensité de la douleur n’est pas un signe fiable de la gravité de la lésion. L’expert précise que dans la majorité des cas, le mal de dos est bénin.
Alors que, autrefois, du repos était recommandé dans pareille situation, aujourd’hui, le mot d’ordre est de rester actif, car la sédentarité contribue à atrophier les muscles, ce qui peut allonger la période de guérison. Avant de consulter un médecin ou un spécialiste, commencez par changer vos habitudes – éviter les exercices trop intenses, par exemple –, mais reprenez vos activités et le travail dès que possible, comme le recommandent les spécialistes.
Pour atténuer l’inflammation au début, vous pouvez appliquer de la glace et prendre un antidouleur, comme de l’ibuprofène. La Dre Aline Boulanger estime que dans 95 % des cas, la douleur disparaît sans autre traitement en moins de quelques semaines.
N’ignorez toutefois pas certains signaux d’alerte. « Si la douleur ne s’estompe pas ou augmente après deux ou trois jours, il faut consulter », dit Christian Larivière. La Dre Aline Boulanger recommande de voir votre médecin lorsque le mal de dos est plus sévère la nuit ou qu’il est accompagné d’engourdissements ou de fourmillement dans les jambes, d’une perte de poids inexpliquée, de fièvre ou de douleurs abdominales et/ou thoraciques. Une visite chez l’omnipraticien permettra d’écarter un problème plus grave, comme une fracture, une tumeur ou une infection.
L’importance d’un plan personnalisé
La douleur persiste ? Les traitements non pharmacologiques – qui comprennent les exercices, l’éducation, la thérapie manuelle et, dans les cas chroniques, les interventions psychosociales – ont fait leurs preuves. « Les données scientifiques nous disent que toutes ces interventions ont des effets positifs, mais pas spectaculaires. En moyenne, on parvient à réduire la douleur d’au plus 30 %. C’est modeste, mais c’est ce qu’on a de mieux », résume Martin Descarreaux, de l’UQTR.
La recherche montre aussi que combiner différents traitements est la clé pour trouver un soulagement à long terme. Vincent Pomerleau le confirme. Après une décennie sous le signe de la douleur, le jeune homme a amélioré son état de cette façon. Depuis trois ans, il combine plusieurs thérapies (chiropratique, massothérapie et ostéopathie) et stratégies, comme la méditation, le sport et le yoga. « J’ai finalement une meilleure santé générale. Je me sens plus en forme qu’à 20 ans », se réjouit le Montréalais, qui est aujourd’hui âgé de 31 ans.
Opération exercices
En phase subaiguë et chronique, l’exercice peut réduire la douleur et aider à prévenir les prochains épisodes de lombalgie. « Il ne s’agit pas seulement de reprendre vos activités, mais de faire de la marche, de l’aérobie et du renforcement musculaire », souligne Christian Larivière, de l’IRSST.
Considérez aussi les activités qui intègrent la pleine conscience, comme le taï-chi et le yoga, qui peuvent en plus aider à réduire le stress. « On sait que ces disciplines améliorent énormément l'équilibre et la souplesse », indique la Dre Aline Boulanger. La Clinique de la douleur du CHUM offre d’ailleurs des programmes de pleine conscience et de yoga aux patients qui y sont dirigés par leur médecin.
Certains sports pourraient cependant être à proscrire selon la nature de votre douleur, nuance Denis Pelletier, président de l’Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec. Par exemple, les sports de contact ou à risque de chutes sont à éviter si vous souffrez d’ostéoporose. « Faire de l’exercice dans l’eau ou du vélo stationnaire et monter et descendre des escaliers seraient plus appropriés », signale-t-il.
Un professionnel de la santé peut vous accompagner dans l’élaboration d’un programme d’exercices sur mesure (de renforcement, étirements, posture, etc.). Les approches issues de la médecine classique, soit la physiothérapie, la kinésiologie et l’ergothérapie, « permettent d'améliorer la santé du patient dans la plupart des cas et de prévenir les complications », dit la Dre Aline Boulanger.
« Ces professionnels montrent à leurs patients comment maîtriser la base d’une bonne hygiène posturale et améliorer leur musculature et leur apprennent de quelle façon déplacer des objets », poursuit-elle. Leur objectif : que ces personnes réussissent à s’autogérer et qu’elles ne dépendent pas du système de santé.
Solution : thérapie manuelle
Dans votre plan de traitement, envisagez aussi la thérapie manuelle, s’entendent les experts. Les physiothérapeutes peuvent l’intégrer « occasionnellement, selon l’évolution de leur état » à leur traitement, souligne Denis Pelletier.
Chez les chiropraticiens, « les manipulations vertébrales et articulaires sont les principales formes d’intervention », explique Jean-François Henry, président de l’Ordre des chiropraticiens du Québec. « Elles permettent de redonner à l’articulation toute sa mobilité », ajoute-t-il.
Ces professionnels de la santé neuromusculosquelettique procèdent préalablement à un bilan de santé et à un examen physique de la personne, lequel peut comprendre des examens radiologiques, afin de cerner les causes possibles de la douleur, de poser un diagnostic et d’établir un plan de traitement.
Les ostéopathes ont aussi une approche manuelle : ils cherchent la cause du mal et traitent les patients par des palpations et des manipulations. Leur objectif ? « Rétablir la fonctionnalité des structures et des systèmes du corps humain afin d’optimiser sa capacité d’autorégulation », explique Bertrand Courtecuisse, président d’Ostéopathie Québec.
Les guides de bonnes pratiques en lombalgie recommandent aussi la massothérapie et l’acupuncture pour soulager la douleur au dos, mais en complément à d’autres types de traitements, car ces pratiques sont considérées comme « passives », dit la Dre Aline Boulanger.
« Nous travaillons souvent de concert avec un physiothérapeute. Il améliore la mobilité du malade, tandis que nous éradiquons l’inflammation et [induisons] un relâchement musculaire », précise Guilhem Durand, responsable du bureau de liaison et de renseignements de l’Ordre des acupuncteurs du Québec.
L’approche psychologique
Si le manque d’activité est imputable à de nombreux maux de dos, il ne faut pas non plus sous-estimer les causes psychologiques de telles douleurs, selon le Dr Gaétan Brouillard, médecin, conférencier et auteur de La douleur repensée (Les Éditions de l’Homme, 2017). Ne dit-on pas parfois qu’on en a « plein le dos » ? L’expression est révélatrice…
« Les gens auront des douleurs musculaires ou vont carrément barrer du dos à cause de tensions trop fortes, qui perdurent depuis des semaines. Les muscles sont un peu comme des éponges : ils se remplissent de nos tensions », indique le médecin. Celui-ci ajoute que des techniques simples de relaxation, de respiration et de pleine conscience peuvent aider à réduire ce stress.
Pour les lombalgies chroniques, des mesures plus musclées sont parfois nécessaires. Dans des cas semblables, une combinaison d’approches physiques et psychologiques – au premier chef la thérapie comportementale et cognitive – est recommandée. Le but : corriger les croyances erronées, notamment en ce qui concerne l’aspect nocif de l’effort physique ou le danger qu’il pourrait représenter. Le patient évite donc de porter son attention sur sa douleur, parfois plus invalidante que le mal lui-même. Cela lui permet de réapprendre à bouger, de réintégrer la notion de plaisir dans ses activités et d’affronter progressivement les situations douloureuses (par exemple se promener, faire ses courses ou gravir des escaliers).
Mieux vaut prévenir…
La plupart des traitements présentés ici ont toutefois un coût. « Malheureusement, c’est souvent une limitation financière qui fait en sorte que les gens n’ont pas toujours accès à ces services. C'est rarement ou peu couvert par le régime public d’assurance maladie », déplore la Dre Aline Boulanger, du CHUM. Certains régimes d’assurances privées ou collectives les couvrent ; en partie, du moins.
Vincent Pomerleau affirme qu’il paie de sa poche environ 1 000 $ par année pour ses multiples traitements, puisque l’assurance collective offerte par son employeur n’éponge qu’environ le tiers des frais. « Mais c’est ça ou mon dos barre comme avant ! » lance-t-il.
Voilà pourquoi vous avez tout intérêt à miser sur la prévention, selon la Dre Aline Boulanger : « Maintenir un poids santé, faire de l’exercice régulièrement et de la bonne façon, avoir une posture appropriée, lever des objets lourds en vous servant de vos jambes et non de votre dos, avoir un poste de travail ergonomique et éviter les talons hauts » sont des mesures préventives qui vous éviteront bien des maux.
Comment choisir le bon professionnel ?
Avant de consulter un thérapeute, assurez-vous qu’il possède bel et bien les compétences pour vous prodiguer des soins.
La pratique des physiothérapeutes, des chiropraticiens et des acupuncteurs est encadrée par des ordres professionnels qui ont pour mandat de protéger le public et qui certifient les compétences de ses membres. Vérifiez que le professionnel choisi en est bien membre et qu’aucune plainte n’a été déposée contre lui.
Il n’existe pas d’ordre des ostéopathes, bien que sa création soit réclamée depuis longtemps par des membres de cette communauté. Des organisations encadrent toutefois la pratique. Comptant 1 600 membres, Ostéopathie Québec se présente comme le plus grand regroupement de professionnels de ce genre de la province. Cette association exige notamment d’eux une formation en ostéopathie dans un établissement qu’elle reconnaît, comme le Collège d’études ostéopathiques ou le Centre ostéopathique du Québec.
Il existe de nombreuses associations de massothérapeutes, une profession qui n’est pas non plus réglementée au Québec. Pour adhérer au Réseau des massothérapeutes professionnels du Québec, qui se présente comme le plus grand regroupement dans la province, ses 7500 membres doivent avoir obtenu une attestation de formation professionnelle en massothérapie. Cette association s’assure que ses membres respectent son code de déontologie et analyse les plaintes reçues du public. La Fédération québécoise des massothérapeutes agréés (FQM), qui milite depuis 1979 pour un encadrement de la profession, certifie les compétences de ses 5000 membres, qui doivent être diplômés d’une école agréée par la FQM. La mission de la Fédération est aussi de protéger le public, en soumettant ses membres à un code déontologique et à une procédure disciplinaire en cas de faute.
PRÉCISIONS 19/10/2020: Nous avons retiré la mention d’une formation minimale de cinq ans pour être membres de l’association Ostéopathie Québec. Ce regroupement exige de ses membres une formation en ostéopathie dans un établissement qu’elle reconnaît. La durée de cette formation varie toutefois d’un diplômé à l’autre, car elle prend en compte la formation dans le domaine de la santé qui a été précédemment complétée par la personne. Nous avons également modifié le paragraphe sur les associations de massothérapeutes pour préciser qu’il en existe de nombreuses au Québec, dont le Réseau des massothérapeutes professionnels du Québec et la Fédération québécoise des massothérapeutes agréés.
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