Instant download Solution Manual for Understanding American Government – No Separate Policy Chapter, 13th Edition pdf all chapter
Instant download Solution Manual for Understanding American Government – No Separate Policy Chapter, 13th Edition pdf all chapter
Instant download Solution Manual for Understanding American Government – No Separate Policy Chapter, 13th Edition pdf all chapter
https://testbankmall.com/product/solution-manual-for-
understanding-american-government-no-separate-policy-
chapter-13th-edition/
OR CLICK BUTTON
DOWLOAD EBOOK
https://testbankmall.com/product/test-bank-for-understanding-
american-politics-and-government-2nd-edition-by-coleman/
https://testbankmall.com/product/solution-manual-for-american-
government-institutions-and-policies-14th-edition/
https://testbankmall.com/product/solution-manual-for-american-
public-policy-an-introduction-11th-edition/
https://testbankmall.com/product/test-bank-for-american-
government-institutions-and-policies-13th-edition-james-q-wilson-
download/
Solution Manual for Economics Principles and Policy,
13th Edition
https://testbankmall.com/product/solution-manual-for-economics-
principles-and-policy-13th-edition/
https://testbankmall.com/product/solution-manual-for-california-
politics-and-government-a-practical-approach-13th-edition/
https://testbankmall.com/product/test-bank-for-essentials-of-
american-government-10th-0205825761/
https://testbankmall.com/product/test-bank-for-american-
government-institutions-and-policies-14th-edition/
https://testbankmall.com/product/test-bank-for-american-
government-14th-edition-walter-e-volkomer/
Describe the influence of identity politics on local and national
elections.
Discuss Howard Zinn and Ray Rafael’s analysis of the traditional
accounts of the Founding.
Explain the significance of political culture.
Identify and describe the six major core values of American political
culture.
Overview
Americans boast about their form of government—“for the people, of the people, and by
the people.” Immigrants, it has been broadcasted, flock to this nation for “life, liberty,
and the pursuit of happiness.” Yet citizens’ participation in their own governance has, for
the most part, been disappointing.
Chapter 1 focused on the changing demographics of the nation and its impact on the
political process. Identity politics is more evident today with the burgeoning Hispanic
population, and the highly visible shift of women’s involvement in politics. This has had
a profound impact on the political landscape, from the elections of local and national
candidates to appointments to the highest court in the land. Political socialization—
educating citizens, residents and guests alike of the six major core values—is necessary
for understanding the true responsibilities of the American citizen.
Political scientists like Seymour Marin Lipset in his book “American Exceptionalism: A
Double-Edged Sword,” has argued that “Americans’ tendency to view society in
idealized terms is a source of both alienation and progress.” For American democracy to
continue being the preferred form of government by citizens around the world, it is
important that this idealization comes closer to realization.
Lecture Launcher
1. After winning independence from the British, the leaders of this new nation did
not mimic the type of governing system that they had fought to free themselves
from. Instead, they opted for a democratic form of government “…of the people,
for the people and by the people.” American society is extremely diverse. It has
been referred to by social scientists as both a “melting pot” and a “salad bowl.”
With such conflicting views as to what constitutes American society, the question
that begs an answer is “Is the U.S. form of government responsive to the people
under its jurisdiction?”
In-Class Activities
Recently, U.S. District Court Judge Susan Bolton blocked the portion of the Arizona
immigration law that would require police to determine the status of people they lawfully
stopped and suspected were in the country illegally.
1. Divide the class in half. Have one group develop arguments to support, and the
other group to oppose the police requirement in the law with specific supporting
examples.
Web Links
Instructor Resources
Dahl, Robert A. Democracy and Its Critics. New Haven, Conn.: Yale University Press,
1989. One of the most prominent political theorists of our era on the assumptions
of democratic theory. The book provides a justification for democracy as a political
ideal by tracing modern democracy’s evolution from the early nineteenth century
to the present.
Domhoff, William G. Who Rules America? Power and Politics, 4th ed. New York:
McGraw-Hill, 2002. A critical assessment of American government by a leading
proponent of elite theory.
Katz, Michael B., and Mark J. Stern. One Nation Divisible: What America Was and What
It’s Becoming. New York: Russell Sage Foundation, 2006. A penetrating look at
the transformation of American society during the twentieth century.
Ravitch, Diane and Abigail Thernstrom, eds. The Democracy Reader. New York: Harper
Collins, 1992. The enduring issues of democracy in a collection of documents,
essays, poems, declarations, and speeches.
Stout, Jeffery. Democracy and Tradition. Princeton, N.J.: Princeton University Press,
2004. An analysis of the moral claims associated with democracy.
Verba, Sidney, Kay Lehman Schlozman, and Henry E. Brady. Voice and Equality: Civic
Volunteerism in American Politics. Cambridge, MA: Harvard University Press,
1995. An analysis of how people come to be activists in their communities, what
issues they raise when they participate, and how activists from various demographic
groups differ.
Important Terms
Elle huma tout à coup l’air, renifla une présence insolite au bout du
port et se lança. Un chemineau, sa besace enfilée à un scion qu’il portait
sur l’épaule, arrivait boitillant, traînant un pied enveloppé de bandes de
toiles. Finette, en haine du pauvre et de l’étranger, écumait, les babines
retroussées. L’homme, appuyé contre un mur, attendait que la bête le
laissât passer. Il savait, celui-là, que le cœur des gens n’est pas toujours
aussi difficile à prendre que celui des chiens.
Les abois de Finette à la fin attirèrent l’attention de Tantin; mais déjà
le spitz de Hollemechette et le fox de Moya s’étaient mis de la partie.
Ensemble ils entouraient le pauvre diable des fureurs d’une meute.
—Mâtin! v’là cor une fois ta chienne de chienne qu’est lâchée, disait
Fré D’siré. T’arrivera malheur avec elle, que j’ te dis. Si j’étais que du
gouvernement, j’ mettrais le triple de l’impôt sur ces sacrées sales bêtes-
là.
—Finette! Hé! Finette! appelait Tantin en tournoyant sur place comme
le gambrinus en zinc qui moulinait au vent sur le toit de la brasserie.
Il arriva que le spitz tout à coup fit une pirouette et s’en retourna du
côté de la ruelle. Tantin, rassuré, se remit à contempler la peinture de Fré
D’siré.
—Hé! Tantin! fit celui-ci.
—De quoi?
—V’là bientôt le temps de penser à prendre not’ café. J’ crois ben que
j’ vas fumer une pipe en attendant.
—T’es ton maître, y a personne pour t’en empêcher.
—Moi, d’abord, j’ suis pour la liberté. On a fait des révolutions pour qu’
chacun y fasse ce qu’y veut faire. Toé, tu vas z-à-droite, moi je vas-t-à
gauche, qui qu’a à voir là-dedans? Personne. T’as ton tabac d’sus toi?
Tous deux, assis l’un près de l’autre sur un tas de gravier, maintenant
fumaient à grosses bouffées en faisant claquer leurs lèvres juteusement.
Ils avaient la conscience d’avoir bien mérité un moment de repos, depuis
trois heures que la journée de travail avait commencé pour les autres.
C’était un matin délicatement gris où le soleil n’était pas en train, comme
s’il se réservait pour le dimanche. Les deux amis, en tirant sur leurs culots,
faisaient un brouillard léger par-dessus la marine. Comme il n’y avait pas
de vent, la fumée montait droit, très haut.
—Est parti, m’sieu Fauche? demandait à la fin le sourd, en poussant le
coude à Tantin.
—Tu l’as vu? y reluisait dans ses habits comme un petit bon Dieu de
procession. Y avait bien quinze livres de poisson dans sa bannette.
Un silence et puis Fré D’siré lâchait un jet de salive.
—Hé! Tantin!
—De quoi?
—T’as pour sûr ton idée là-dessus.
C’était pour la centième fois qu’ils en reparlaient.
—J’ dis pas, mais pour dire ce qu’y en est, j’ le dirai point.
—J’ te crois, c’est tout profit pour toi, quand y s’en va, ton maître. T’as
pu qu’à fumer ta pipe en tournant d’sus tes pieds comme le soleil qui te
regarde.
Fré D’siré se dressa et secouant Tantin à bout de bras, avec le geste
dont il eût ébranlé une montagne:
—Feignant! Tous feignants!
—Pour sûr, tout le monde te ressemble point, humblement disait
Tantin.
XVIII
Noémie interpellait Tantin:
—Ah! monsieur Tantin! monsieur Tantin! Comment va M. Fauche?
—De dire ce qu’y a dit, j’ pourrais point puisqu’il est là-bas, savez bien.
C’est son jour.
Elle éprouva un saisissement.
—Ah! il est parti, monsieur Fauche?
—Oui-dà, à c’ matin, avec sa bannette à poissons, comme à son
ordinaire.
Elle ne riait plus; son cœur battait nerveusement et elle avait sa petite
moue des mauvais jours. «Mais c’est ridicule, songea-t-elle, est-ce qu’il
n’est pas libre de faire ce qu’il veut?» Elle haussa les épaules et, sa jupe
sur le bras, partit devant elle en courant.
Elle eut, ce jour-là, de vraies crises de gaieté. Après le dîner, elle
plaqua des accords sur le piano et puis dansa en rond autour de la table;
sa robe derrière elle s’évasait, ses pieds glissaient sans bruit en tournant
toujours plus vite. Moya, inquiet pour le mobilier, tirait les chaises contre
le mur. Elle s’arrêta toute pâle, dans un vertige.
—Dieu! que j’ai mal à la tête! fit-elle en s’abattant dans le fauteuil de
madame Moya.
Après le dîner, elle alla détacher une des barques; elle godilla jusqu’à
l’îlot, une bande de terre qui divisait le courant. A droite, du côté des
saules, l’eau semblait morte, tournée au marais, avec des osiers et des
roseaux. En face, ancrée à la rive, une falaise croulait à pic.
Elle amarra, se coucha sous la saulaie, parmi les hautes graminées, la
tête dans les poings. Elle ne pensait à rien, sa vie ne lui pesait pas.
Doucement, le miroitement de l’eau l’endormit. Alors M. Fauche s’avançait
et courbé vers elle, lui rattachait les lacets. «Ah! se dit-elle en se
réveillant, il en fait peut-être autant pour l’autre à présent!» Cette idée
plutôt l’amusait.
Elle reprit la barque et regagna la rive. L’après-midi s’achevait dans un
ciel de fines soies grisaillées teintées d’hortensia infiniment doux. On
sentait qu’il ferait le lendemain un vrai jour de dimanche. Les merles
chantaient dans les vergers. Les vieilles gens n’avaient pas mal dans les
reins.
Noémie, par-dessus le mur de la cure, aperçut le curé Jadot, qui, en
bras de chemise, ramait ses pois dans son jardin. C’était un homme jeune
encore, au visage cordial, et qui savait parler au pauvre monde.
—Vos pois ont bien levé, monsieur le curé, lui dit-elle comme elle disait
aux autres.
—Dieu soit loué! Voilà qu’ils vont fleurir. C’est de la petite espèce, mais
pur sucre!
—C’est mamzelle Gudule qui sera contente!
Et comme justement la vieille servante arrivait secouer sous la treille
son panier à salade, Noémie la salua d’un cordial:
—Bonjour, mamzelle Gudule! Cela va-t-il à votre idée?
—Mais oui, grâce à Dieu. Vous êtes bien honnête.
Elle était à la cure, avec ses cinquante ans de loyaux offices et son
bouquet de poil au menton, comme la sainte Vierge auprès du bon Dieu.
Elle avait servi deux générations de curés: quand on leur demandait la
bénédiction, c’était elle qui faisait le signe de la croix.
LES DEUX AMIS FAISAIENT UN BROUILLARD
LÉGER PAR-DESSUS LA MARINE (P. 35).
Noémie filait sous bois. Ce temps humide et doux lui mettait un calme
frais au cœur. Elle avait fini par trouver que le soleil était un ami des
dimanches dont la gaîté ne convient pas à toutes les heures de la vie. A
pas de silence, elle aimait s’enfoncer dans les taillis pour mieux entendre
la chanson de la pluie sur les feuilles. La robe rose, à la longue, malgré les
aiguillées de reprises, lambeau à lambeau était restée aux épines des
ronces. Avec le dernier morceau, elle avait fait une jupe pour une des
petites pauvres du village et maintenant elle usait une de ses robes de
classe qui autrefois avait été bleue. Elle avait là-dessous autant de grâce
qu’une poupée de la ville dans ses robes de soie.
Une gorge sauvage échancrait un bois de bouleaux, de chênes et de
coudriers. Elle l’avait découverte un jour en dégringolant une pente. Des
blocs de schistes, entraînés par d’anciens déluges, cabossaient le lit d’un
mince cours d’eau qui, au temps des grandes eaux, roulait en torrent.
Une petite horreur la charmait et lui donnait le frisson dans cette
solitude où personne ne venait. Il lui fallait fendre la mêlée des feuillages
en se retenant aux branches.
D’en bas, du fond de la ravine, il lui semblait qu’elle avait le poids de la
montagne au-dessus d’elle. Et elle demeurait là, perdue, n’entendant plus
que le glouglou du ruisselet entre les grosses pierres et le bouillonnement
de son propre sang. L’endroit était à ce point sauvage que si, pour une
cause quelconque, son cœur était venu à s’arrêter, il eût fallu le passage
sournois d’un braconnier pour la retrouver. Elle n’avait pas peur de cette
idée, très brave comme les créatures qui regardent la vie en face.
Vers le fond de la gorge, dans la rainure élargie du torrent, une
éclaircie s’était comblée d’herbe: elle s’y asseyait sur un éclat de roche,
dans le crépuscule vert tombé des hauts feuillages. Des sources en
légères cascades y ruisselaient. C’était comme l’âme de la terre qui
chuchotait dans le mystère. Elle avait envie de joindre les mains et de
prier, comme les petites bergères qui voient apparaître la Vierge.
Il y avait des jours déjà qu’elle n’était plus allée au ruisseau, près des
obiers. Il semblait qu’il fût resté là une chose d’elle qui lui était devenue
étrangère. C’était le temps où le soleil lui mettait le cœur en gaîté: son rire
alors résonnait comme les fredons des oiseaux. Et puis M. Fauche un
matin était reparti pour la ville: elle n’aurait pu définir quelle espèce
d’antipathie elle en avait gardée contre lui. C’était un sentiment obscur qui
ne s’en était pas allé tout de suite. Voilà, oui, elle avait perdu la confiance
et la gaîté. Il lui était venu une petite âme animale de femme des bois,
mobile et irritable.
Mon Dieu! que c’était bon, ces journées de fines brouées! Elle se jetait
aux épaules son caban des matins pluvieux de la ville quand, les yeux
encore éraillés de sommeil, elle partait en coup de vent faire sa classe.
Elle avait trouvé un chemin à travers roches et taillis qui lui accourcissait
sa montée chez les carriers. Et toujours, comme du lin au rouet, les fils
longs de la pluie se dévidaient; les feuillages d’en haut dégouttaient sur
les feuillages d’en bas. Un lent et continu ruisselis imitait la musique d’une
infinité de petites bouches se baisant amoureusement. Les feuilles
s’étendaient toutes plates pour recevoir la bonne pluie du ciel, et à peine
elles bougeaient, de peur de faire du vent dans le bois: l’ondée n’aurait eu
qu’à tomber plus loin! Noémie abaissait son capuchon, jouissant de sentir
se mouiller sa nuque et les gouttes froides lui glisser entre les épaules.
Le mystère hostile des solitudes bientôt lui donna le frisson. Elle voulut
chanter sa chanson pour se prouver à elle-même qu’elle était brave. Mais
sa voix lui fit peur. Son cœur sonnait comme un grelot, une chaleur
maintenant faisait fumer sa robe à son épaule. Elle subit la petite angoisse
de se sentir dans la main inconnue. Elle se mit à courir, fouettée par les
branches, tâchant de gagner de la distance; et puis tout à coup elle
s’arrêtait, retenant son haleine.
Le grondement d’une chute d’eau montait vers la droite. Elle pensa
que c’était le bruit du barrage. Elle se vit sauvée, se lança d’un dernier
élan. Et une clarté à mesure arrivait à elle, la pâleur trouble d’une trouée
de ciel dans le crépuscule du taillis. Sans doute elle allait trouver la fin du
bois et le chemin en lacet qui la ramènerait dans la vallée.
Tout d’une fois la montagne, d’une courbure violente, se disloquait; la
pente croulait à pic. Elle poussa un cri et s’accrocha à une touffe de
genêts. Sous elle, à une profondeur d’abîme, le barrage, un train qui
passait, le chalet du grand Cortise se brouillèrent. Une minute d’agonie
pesa d’un poids d’éternité. Elle ferma les yeux; la touffe des genêts se
déchaussait. Son âme déjà partie, elle pensa à sa mère, à sa petite classe
de la ville... «Notre père qui êtes aux cieux...»
—Ardent! Ardent! cria une voix sauvage.
Le Spirou d’un bras enlaçait le tronc d’un bouleau et, les pieds entrés
dans les trous du roc, de toutes ses forces, la tirait par les aisselles.
Il avait l’agilité souple d’un chat. Les dents serrées, une force d’homme
entre les sourcils, il put la hisser jusqu’à un bloc de pierre en surplomb.
D’un dernier coup de reins, ensuite, il la remontait dans le taillis.
TRICOT N’ÉPARGNAIT PAS LA SAVONNÉE (P. 38).
Une ombre froide enveloppa Noémie; elle eut les yeux pâles des
mortes; elle cessa de sentir. Et ils demeuraient là seuls un long temps.
Enfin elle ouvrait les paupières: un soupir déliait sa rigidité. Elle vit le
Spirou, le fils des Mangombrou, assis près d’elle, ses genoux au menton,
et la regardant froncé, tendu, sans rien dire. Il avait ôté sa veste et la lui
avait jetée sur la poitrine, pour la protéger contre la pluie qui tombait
toujours.
Elle ne sut pas d’abord ce qui s’était passé.
—Quoi? Qu’y a-t-il?
Il donnait de petits coups de tête devant lui, sifflant entre ses dents,
les yeux sournois, comme à la maison quand il craignait d’être battu. Et
puis, soudain, elle se souvenait, la glissade, le gouffre, le Spirou la tirant
sous les bras. Elle eut une crise de sanglots.
—Sans toi j’étais morte, Spirou.
Elle le tint serré contre elle, tout mouillé, la chemise trempée par-
dessus la saillie dure de ses os: cette petite bête de la montagne, ignorant
des caresses, maintenant avait à la pointe des dents un rire niais, gêné. Il
restait pressé dans son étreinte, immobile contre la chaleur de sa vie.
—Ah! Spirou! mon petit Spirou! disait-elle sans cesse en le baisant.
C’était pour tous deux une minute de vie, de douceur infinie. Spirou
serait demeuré toujours ainsi. Elle lui souriait.
—Tu es un héros, tu as fait ce que peu d’hommes auraient fait.
Un frisson glacé courut sous sa robe, ses dents claquèrent.
—Viens, viens, Spirou. Ramène-moi, toi, qui connais les chemins. J’ai
froid. Vois, je tremble. Alors seulement elle se rappela de la présence d’un
être vivant la suivant sous bois.
—C’était donc toi, Spirou?
Spirou nia effrontément, toute sa ruse et sa défiance revenues.
—C’est point moé, c’est point moé. J’ vo dis que c’est point moé.
Et il se remettait à siffler entre ses dents.
XX
M. Fauche, depuis qu’il tombait des pluies douces, encore une fois
lâchait la peinture pour la pêche. Celui-là vraiment se connaissait à
prendre la vie comme elle lui venait, pêchant aux mois clairs, chassant
l’automne dans la montagne et, le reste du temps, ne faisant rien.
Noémie, en levant son rideau au petit jour, était sûre de le voir au milieu
du fleuve sur sa barque avec Bellaire, tous deux debout dans leur caban
et jetant la ligne à droite ou à gauche, selon que ça mordait. Quand c’était
une tanche, le flotteur avait l’air de cligner de l’œil; et le matin regardait.
Le Chinois alors se persuadait qu’il allait pêcher quelque chose. Là-haut la
montagne s’ennuageait de flocons gris comme des fumées de feux de
pâtre au temps des pommes de terre cuites sous les fanes. La pluie
quelquefois titillait l’eau comme d’un fourmillement de petits vers qui
faisait monter les grévis. Avec une bonne pipe, on serait resté longtemps
à regarder tout cela comme en songe.
Tout de même c’était un peu triste à la fin, cette pluie qui effilait de la
charpie autour du jour malade. On avait mal de quelque chose qu’on ne
savait pas. Noémie perdit courage et regretta sa petite classe à la ville.
«Mon Dieu! que je suis seule ici!» songeait-elle. Et elle ne détestait pas de
se sentir devenir mélancolique, comme une chose nouvelle dans sa vie et
qui la faisait vivre plus finement. D’une plainte douce elle se dorlotait elle-
même et n’aurait pas voulu être consolée. Oui, c’était là un sentiment
qu’elle n’avait encore point éprouvé.
Le cimetière entourait l’église de ses murs bas, chenillés de cœdum
rose. C’était une vieille terre bénite, la petite paroisse sacrée du bon
repos, avec des croix pourries et des tertres étoilés de pissenlits. Les
maisons alentour, par leurs fenêtres ouvrant sur les tombes, pouvaient
voir leurs morts sous les orties, les buis et les hautes herbes. Le soir, une
ombre descendait du clocher carré comme une housse qui jusqu’au
lendemain les recouvrait.
Noémie avait fini par connaître toutes ces humbles sépultures, celles
qui avaient un nom et les autres qui n’en avaient jamais eu. Il y avait là
des vieilles gens qui doucement avaient trépassé, les mains en croix, dans
l’attente du jugement dernier. Elles avaient ri, elles avaient pleuré, elles
avaient aimé.
Elles avaient été des épouses, des mères, des aïeules, et elles étaient
mortes, laissant continuer la vie sortie d’elles.
Noémie lisait:
Noémie! Et dans la solitude de son cœur, avec sa vie en elle qui, elle
aussi, était faite de souvenirs comme un petit cimetière de roses et de
soucis, elle se sentait si vieille déjà!
—Oui, se disait-elle, vivre ici dans la vallée au pied de la montagne et
le jour venu, fermer tranquillement les yeux... Ah! ce serait bon!
Passant ensuite devant la pierre murée au chevet de l’église, elle
saluait d’un signe de tête la mémoire du vieux curé qui, pendant un demi-
siècle, avait paît ses ouailles dans les chemins de l’Evangile. C’était comme
si elle l’eût connu en vie, comme si, à la bénédiction, elle se fût courbée
sous le geste de ses mains vénérables.
XXI
De tendres et salutaires impressions lui naquirent. Elle s’en allait,
raffermie pour avoir communié avec cette simple humanité qui avait
trouvé la vie bonne malgré ses misères et ne l’avait quittée qu’à regret, le
plus tard qu’elle avait pu. Et par delà le cimetière, derrière les petites
clôtures en pierre, les choux, les carottes, les pois sur leurs ramettes
étaient comme un symbole des fructifications humaines, sorties des
jardins de vie. Toute l’affaire était d’aimer: il fallait beaucoup aimer autour
de soi pour mériter de vivre. C’étaient ceux qui avaient le plus aimé qui
avaient le mieux vécu.
—Voilà, oui, se répétait-elle longuement, il faut beaucoup aimer.
Sa robe à petits coups levait là où battait son cœur.
Au bout de la semaine, vers le temps de la nouvelle lune, le ciel
redevint fluide, haut, léger. De petites nuées blanches plissaient comme le
surplis que la vieille Gudule à petits fers repassait pour le curé Jadot. Le
soleil lui semblait regarder par les trous d’une dentelle. Et puis, de
nouveau, c’était tout à fait le joli printemps vert et or. La terre bouillait
comme une étuve dans le brouillard chaud du matin. On commença à
battre les faux sur l’enclumette.
La gaîté était revenue à Noémie. Une fois qu’elle passait devant la
maison de M. Fauche, elle le vit qui ouvrait ses châssis pour donner de
l’air à sa couche à melons.
Elle lui dit en riant, dans une imitation gentille du patois du pays:
—C’est-y que vous me boudez toujours, m’sieu Fauche?
Il se redressa, fit sauter son chapeau de paille.
—Je voudrais que je ne pourrais pas, à vous voir si gaie.
Et lui aussi riait, mais ce n’était pas le même rire que Noémie.
—Est-ce que vous êtes encore allé au ruisseau, monsieur Fauche,
depuis l’autre jour que...