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Grand Angle

Diaspo #24 : Rachid Yazami, l'inventeur qui veut recharger ses batteries au Maroc

Rachid Yazami est depuis plus d’une trentaine d’années le chercheur marocain de référence. Polyglotte, passionné, ce scientifique a sillonné le monde pour persévérer dans son domaine de prédilection: les batteries. Il veut offrir sa dernière invention à son pays.

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Rachid Yazami, l'inventeur marocain qui révolutionne les batteries utilisées de nos jours, à Singapour. /Ph: Ore Huiying
Temps de lecture: 4'

Dès les premières minutes de conversation, Rachid Yazami dénote par sa joie de vivre contagieuse. Chaque fin de phrase est ponctuée par un éclat de rire tonitruant. Les anecdotes se suivent et sont toutes passionnantes. Ce directeur de recherche au CNRS en France, a un parcours qui en ferait rêver plus d’un. Il est à l’origine de plusieurs découvertes qui ont ou vont révolutionner notre quotidien. Ses travaux sur les batteries au lithium, essentielles à la vie moderne dépendante des smartphones et aux énergies renouvelables font autorité.

Comme ses batteries, Rachid Yazami a la mémoire ultra-chargée. Il vit le premier tournant de sa carrière en 1972, alors qu’il est étudiant à la faculté des sciences de Rabat. «Un jour, je reçois un télégramme en plein mois d’août qui dit ‘Vous êtes admis en math sup, rejoignez le lycée Pierre Corneille de Rouen d’urgence’», confie à Yabiladi le scientifique. Ses parents «se sacrifient» alors pour lui payer un billet d’avion. Trois ans de dur labeur s’ensuivent, «des années très très dures» où la solitude et une masse de travail rythment son quotidien. Les offres d’écoles réputées pleuvent, lui choisit Grenoble.

«On est en 1975, je choisis l’Institut polytechnique qui dispose de six écoles d’ingénieur. La plus cotée est celle de l’informatique. On m’a proposé d’aller en mathématiques appliquées. J’ai dit non : je voulais faire de la chimie parce qu’au Maroc il y avait les phosphates. J’ai choisi de faire l’Ecole nationale supérieure d’électrochimie et d’électrométallurgie de Grenoble, qui était l’avant dernière, la cinquième sur six. C'est là que j’ai commencé à m’intéresser aux batteries.»

Une carrière qui passe par la NASA

En 1978, diplôme d’ingénieur en poche, Rachid Yazami opte pour la recherche. Il décroche un diplôme d’études approfondies (DEA) puis un doctorat d’Etat. Il découvre la batterie au lithium insérée de nos jours dans tous les téléphones et ordinateurs portables et désormais aussi dans les voitures électriques. «La découverte s’est faite fin 1979, début 1980. Ça a été un moment déterminant dans ma carrière mais malheureusement à l’époque, ni le CNRS, ni l’industrie française n’y ont cru.»

Homme de défis, Yazami décide de se présenter au concours du CNRS en 1985. «Je l'ai fait sans vraiment y croire car les chances qu’un Marocain entre au CNRS, ou même un Français, sont extrêmement faibles. Le concours est très sélectif», reconnaît le sexagénaire. Il décroche la deuxième place face à 48 autres candidats. «Il n’y avait que six places et j’ai été pris !»

Lors de la présentation de ses travaux en 1983 à San Diego, en Californie, Yazami rencontre un professeur japonais passionné par son travail. Ce dernier l’invite à venir à Kyoto. «Dès que j’ai eu ma thèse en 1985, je lui ai écrit. Il a présenté un dossier au ministère japonais de la recherche scientifique pour que je leur rende visite. En 1988, je suis allé au Japon, invité par le gouvernement», raconte le scientifique. «J’en ai profité pour apprendre le japonais. J’ai passé environ deux ans entre Kyoto et Wedda.»

En 1990, il rentre à Grenoble et y reste pendant dix ans. Entre-temps, Sony le contacte pour annoncer la commercialisation d'une batterie rechargeable au lithium, en 1991. «Elle allait utiliser ma découverte, l’anode en graphite», précise le scientifique.

Deux ans plus tard, il fait une rencontre déterminante lors d’un congrès à San Francisco. L’organisateur n’est autre que le directeur des programmes de recherche sur la batterie de la NASA. Ce dernier le contacte pour lui proposer de venir animer la conférence pleinière. L'occasion de visiter le laboratoire de recherche de l'agence spatiale à Pasadena. «Pendant la visite, il a ouvert un bureau et m’a dit : ‘ça, Rachid, c’est ton bureau, tu viens quand tu veux, tu passes un jour, une semaine, un an, dix ans, tu y es le bienvenu.». Désormais père de famille, il déclinera toutefois la proposition. «Croyez le ou pas, en 2000, j'y suis retourné et il m’avait effectivement gardé le bureau !»

«La recherche sur les batteries est faite au Jet Propulsion Laboratory (JPL) en collaboration avec le California Institute of Technology. J’y ai alors travaillé en étant indirectement sponsorisé par la NASA.»

Une trouvaille qu'il rêve d'offrir au Maroc

Fort de son succès au pays de l’Oncle Sam, Rachid Yazami décide de fonder sa propre entreprise en Californie en 2007 et développe un autre type de batterie. «J’ai fait une levée de fonds de plus de 20 millions de dollars pour la start-up. C’était un record historique de Cal Tech. Jamais quelqu’un n'avait levé autant d'argent au premier round. Pas même Apple ou Windows», confie-t-il, pas peu fier. Les perspectives de développement seront moins prometteuses suite à l’arrêt des subventions pour le lithium lors du deuxième mandat de George Bush.

En 2010, une connaissance de Rachid Yazami l’informe qu’un professeur de Singapour souhaite le rencontrer. Ce dernier l’y invite pour l’inauguration d’un centre de recherche pour l’énergie. «En fait c’était un piège: ils voulaient me garder à Singapour. J’en ai parlé à ma famille le soir même de mon retour en France. Ma femme m’a dit : on y va», souffle le directeur de recherche du CNRS. Depuis, il est installé.

Malgré cette reconnaissance internationale, notamment avec le prix Draper en 2014, le Nobel des ingénieurs, une décoration du roi Mohammed VI et sa nomination en tant que membre au sein de l’académie Hassan II des sciences et techniques, l’homme de 64 ans demeure humble et attaché à son pays. «Le Maroc, j’y vais quatre à cinq fois par an. On garde toujours l’idée qu’on peut faire des choses mais il faut que le royaume soit prêt. Il faut que les choses aillent dans les deux sens.» Son statut au sein de l’académie des Sciences est une «opportunité de rendre tout ce que le Maroc m’a donné», dit-il quelque peu ému.

Sa dernière trouvaille devrait révolutionner le quotidien de chacun : un moyen de charger des batteries en un temps record. Rachid Yazami explique : «On a l’appareil qui le fait alors que les chargeurs actuels d’Apple ou de Samsung ne le font pas.»

«Cette technologie peut facilement être lancée au Maroc. Si des investisseurs veulent y mettre de l’argent, je rentre au pays. Un d'eux m’a dit ‘Rachid, ça c’est une technologie de plusieurs milliards de dollars’. Vous imaginez si la presse internationale titrait : ‘Le Maroc, pays africain et premier pays au monde à sortir la technologie qui recharge en dix minutes les téléphones portables et les voitures électriques’ !»

Ornitho2
Date : le 10 mai 2024 à 11h07
Quelles ont été les avancées concrètes faites depuis cet article ? C'était en 2018. Dans cet interview récent, M. Yazami pointe des dysfonctionnements qui entravent la mise en place d'une industrie basée sur l'innovation R&D au Maroc. Si je peux résumer en quelques points d'après ma compréhension: - Des initiatives et rencontres à effets d'annonce sans suite. - Une certaine mise à l'écart des chercheurs Marocains pourtant indispensables à ce genre d'entreprise. - Frilosité quant à la prise de risque nécessaire pour toute ambition R&D sérieuse. - On s'attend à ce que des opérateurs viennent livrer des infrastructures clés en main, quitte à payer plus. Aussi, cette anectode m'a marqué. M. Yazami ramène le vice-président de l'université de Singapour au Maroc pour négocier des partenariats. Réunion programmée à 10:00. L'interlocuteur Marocain ne se présente qu'à 13:00. Résultat, l'invité Singapourien ne veut plus avoir à faire à ces gens. Autre anecdote, en 2002 déjà M. Yazami avait écrit à l'OCP au sujet du LFP (Lithium Fer Phosphate). Les Chinois à cette époque ne connaissaient pas. Aujourd'hui, les Chinois viennent montrer aux Marocains ce qu'ils avaient déjà la possibilité d'exploiter en 2002. Le problème que je vois est que pendant que le Maroc perd du temps, le autres avancent et n'attendent pas. Et si le Maroc rate la coche et ne se donne pas les moyens de se positionner en acteur clé alors même qu'il dispose d'atouts dans le domaine, eh bien ça sera tant pis. ça ne servira à rien de pleurnicher dans quelques années et de dire qu'on aurait pu.
HAJJAJI60
Date : le 21 janvier 2018 à 19h24
Le Maroc et les marocains avancent !
HAJJAJI60
Date : le 21 janvier 2018 à 19h22
Fier de lui ! En plus c'est un taounati ! C'est valorisant pour cette région d'avoir des personnalités haute gamme
AigleRoyalair
Date : le 21 janvier 2018 à 15h21
bonjour, La corruption s'enracine là où il y' a des bouches ouvertes. Cet etat des lieux comme tu as citè merveilleusement bien, dècourage , freine le Maroc dans sa marche , une forme de Magma qui bloque tout progrè sociètal. En effet ,les magnats ,les puissants capitalistes confondus , ont tout corrompus , ils se permettent de mettre la main basse pour s'accaparer des terrains,des commerces, tout ,sans pour autant s'inquièter, car où tu vas te plaindre ,c'est comme des vagues qui battent la falaise . investir au bled, reste .... c'est la raison pour laquelle nos compatriotes,appellent au secours, et seulement au ROI. C'est malheureux,mais c'est comme ça. https://www.bladi.net/notaire-arnaque-immobiliere-casablanca,50205.html
Citation
HomLibre33 à écrit:
Des marocains qui sont des chercheurs reconnus, des intellectuels, des chefs d'entreprise, des hommes politiques, des cadres, des sommités dans la médecine, des marocains hauts fonctionnaires , etc... sont nombreux en Europe et en Amérique du nord. Tous ces personnages de la diaspora peuvent apporter beaucoup au Maroc comme la diaspora chinoise a beaucoup apporté à la Chine. Mais reste à la protéger contre les corrompus la bureaucratie, la spoliation de leurs bien par des voleurs organisés et appartenant au monde judiciaire, au monde bureaucratique, au monde des fonctionnaires du ministère de l'intérieur qui tuent dans l’œuf tout projet de développement. L'insécurité , mal bureaucratique, la corruption sont des fléaux qui mettent en colère les marocains et les poussent à partir réussir ailleurs qu'au Maroc.
HomLibre33
Date : le 21 janvier 2018 à 13h16
Des marocains qui sont des chercheurs reconnus, des intellectuels, des chefs d'entreprise, des hommes politiques, des cadres, des sommités dans la médecine, des marocains hauts fonctionnaires , etc... sont nombreux en Europe et en Amérique du nord. Tous ces personnages de la diaspora peuvent apporter beaucoup au Maroc comme la diaspora chinoise a beaucoup apporté à la Chine. Mais reste à la protéger contre les corrompus la bureaucratie, la spoliation de leurs bien par des voleurs organisés et appartenant au monde judiciaire, au monde bureaucratique, au monde des fonctionnaires du ministère de l'intérieur qui tuent dans l’œuf tout projet de développement. L'insécurité , mal bureaucratique, la corruption sont des fléaux qui mettent en colère les marocains et les poussent à partir réussir ailleurs qu'au Maroc.
FATEM95
Date : le 20 janvier 2018 à 23h46
Ce sont les gens comme vous qui parlent sans rien faire qui donnent les leçons et qui dénigrent. Les faiseurs travaillent et font...
Citation
Abdou2030 à écrit:
Cher monsieur, Il ne faut pas croire au Maroc car à part le béton et le commerce les investisseurs nd vont pas suivre votre démarche, sans oublier les problèmes administratives et mwalin chkara et les groupes de corrompus et une justice des années 100. Stay in Europe or best retirn to Asia, where your research would be valued loin du systeme corrompu d’un oays en chute libre, ou on sait meme qui fait quoi, qui gouverne
unerosedesvents
Date : le 20 janvier 2018 à 21h48
Tbarkellah Allah ihafdo quelle fierté
Abderahman2018
Date : le 20 janvier 2018 à 20h44
salam aleykoum il faut que son projet soit chapeauter/protéger par la famille royale sinon c'est mort effectivement...
maghribiyaFR
Date : le 20 janvier 2018 à 19h54
Cher Mr Abdou2030, vous pensez que le Docteur Yazami a vraiment besoin de vos conseils et que vous connaissez mieux que lui le Maroc??? On a bien compris que vous n'aimez pas le Maroc, merci de garder vos pensées et commentaires négatifs pour vous !
Abou300
Date : le 20 janvier 2018 à 18h45
Cher monsieur, Il ne faut pas croire au Maroc car à part le béton et le commerce les investisseurs nd vont pas suivre votre démarche, sans oublier les problèmes administratives et mwalin chkara et les groupes de corrompus et une justice des années 100. Stay in Europe or best retirn to Asia, where your research would be valued loin du systeme corrompu d’un oays en chute libre, ou on sait meme qui fait quoi, qui gouverne
Dernière modification le 10/05/2024 11:07
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