· 10 LA NOTION D'INSTINCT CHEZ L'HOMME . COURS.
· 9 LE STATUT DE LA CONSCIENCE SELON NIETZSCHE. COURS.
· 13 CROYANCES, RITES ET FÊTES DU JUDAÏSME
· NATURE HUMAINE ET CONDITION HUMAINE.
· 1 LES FONDEMENTS D'UNE DEMOCRATIE
· 10 LA FONCTION DU MYTHE
· 531 L'ART POUR L'ART OU ART ENGAGE?
· 5 LE BOUDDHISME: COMPARAISON AVEC L'HINDOUISME
· 12 MOÏSE, FONDATEUR DU JUDAÏSME
· 1 COURS DE PHILOSOPHIE: LA PHILOSOPHIE SPONTANEE.
· 286. LES MANIFESTATIONS DE L'INCONSCIENT PSYCHIQUE.
· 289. INCONSCIENT PSYCHIQUE ET CONNAISSANCE DE SOI.
· 411 LES SOURCES DE LA CONNAISSANCE HUMAINE.
· 2 COURS DE PHILOSOPHIE: LE ROLE DE LA RAISON.
· 8 LE STATUT DE LA CONSCIENCE SELON KANT ET PASCAL. COURS.
>> Toutes les rubriques <<
· 29 Cours: La nature de l'homme (15)
· 8 Les grandes religions (24)
· 36 Cours: L'Art. (14)
· 31Cours: L'inconscient. (6)
· 3 L'esprit démocratique (23)
· 2 Cours: Pourquoi la philosophie? (5)
· 7 Le phénomène religieux (16)
· 30 Cours: La morale. (11)
· 45 Extraits de textes philosophiques (15)
· 35 Cours: La politique. (22)
homme image sur vie moi soi jeux chez homme femme travail société histoire nature art enfant mort monde
Statistiques
Date de création : 26.02.2011
Dernière mise à jour :
30.12.2024
4833 articles
Rubrique "Pensées de la mort de l'homme". Suite du billet N°4794.
Extrait dePhilosophie pour tous, Tome VIII, A.MENDIRI, Amazon.
Les conceptions psychanalytiques de Freud ont très vite suscité des dissidences parmi ses premiers disciples. C'est le cas du psychiatre suisse Carl Jung (1875-1961). La principale objection adressée à Freud par ses dissidents est de réduire l'homme à la seule dimension de la sexualité. C'est ainsi que Jung exprime son désaccord sur la nature de la libido et sur celle des symboles. Pour lui la libido ne se réduit pas à la sexualité. C'est une énergie vitale somatique et psychique, au départ neutre et indifférenciée, mais qui se transforme qualitativement au cours de l'existence. Quant aux symboles qui apparaissent dans les rêves et les fantasmes, ils s'avèrent universels et innés. Ce ne sont pas des masques mais des indicateurs de sens que l'individu doit s'approprier pour lui-même. Ces symboles se manifestent comme image et accessoirement comme langage.
Jung ne partage pas non plus les conceptions de Freud sur la nature de l'inconscient psychique. Il y a certes un inconscient personnel, dépôt des expériences oubliées. Mais il existe également un inconscient collectif, inné, comprenant des symboles universels qui constituent des signifiants et des archétypes, images ancestrales et inconscientes qui le structurent et qui correspondent aux signifiés. Parmi ces archétypes, l'"animus" aspect masculin de l'inconscient et l'"l'anima" son aspect féminin jouent un rôle important et se trouvent présents au sein de la vie psychique de tous les hommes. Bref le psychisme s'avère plus vaste que le moi conscient et l'inconscient personnel.
Son désaccord porte enfin sur la nature du travail symbolique nécessaire pour surmonter des difficultés intérieures. En effet, l'analyse de Freud vise à libérer le sujet des refoulements au moyen de l"interprétation de leurs expressions symboliques. Ce type d'analyse ne révèle pas un sens que l'individu aurait à suivre. En revanche, pour Jung, la finalité du travail symbolique consiste dans une interprétation correcte des symboles universels en aidant le patient à s'engager dans un processus d'individuation libérateur.
Cette démarche de Jung l'a amené à s'intéresser aux différents domaines culturels où apparaissent des symboles collectifs comme les religions, les mythologies, l'ésotérisme, l'histoire de l'art. Et ce en vue de déterminer le lien entre les productions individuelles et contingentes avec ces symboles universels. A l'opposé de Freud, la démarche de Jung s'avère donc spiritualiste voire mystique.
Chez Adler (1870-1937), l'étiologie sexuelle des névroses, pièce maîtresse du freudisme s'efface derrière les stratagèmes d'une volonté de puissance où prend source toute activité humaine. Le névrosé est bien davantage mû par sa quête d'une supériorité insatisfaite que par un refoulement pathologique. Le complexe d'infériorité désigne la croyance d'une personne en son incapacité à résoudre les problèmes de la vie. Être homme, c'est donc se sentir inférieur et tenter de dépasser les diverses imperfections liées à notre condition. Cela peut amener la formation du "complexe d'infériorité" dont la guérison apparaît décisive. On décèle, derrière ces analyses, l'influence de Nietzsche.
Pour sa part, Jacques Lacan (1901-1981) va s'avérer un authentique représentant des pensées nihilistes du XX° siècle. Il part du principe commun à tous ces intellectuels du non-sens que la science poursuivant une quête vaine de la connaissance vraie de la réalité extra-linguistique, il devient impossible de parler de l'Univers et en conséquence il devient légitime de se limiter à une anthropologie, autrement dit à une étude exclusive de l'homme et ce, par le biais de son utilisation du langage. Cette étude ne sera pas centrée sur le sujet rationnel mais sur l'ordre symbolique et les jeux rhétoriques du langage, c'est-à-dire aux jeux de signifiants ne renvoyant toujours qu'à d'autres signifiants. Par là Lacan épouse totalement les conceptions soutenues par le structuralisme des années 60. A ses yeux les individus ne sont que les acteursd'un jeu symbolique dénué de sens. C'est bien l'expression explicite d'une forme de nihilisme.
Rappelons tout d'abord qu'il existe trois dimensions du signe: le signifiant, autrement dit sa matérialité sonore ou graphique ; le signifié, c'est-à-dire le sens véhiculé par le signifiant et le référé ou la réalité extra-linguistique à laquelle le signe renvoie. C'est par rapport au rôle et à l'importance respective de ces trois dimensions du signe que Freud, Jung et Lacan se distinguent. Freud accorde son attention aux trois dimensions et en particulier au référé. Jung pour sa part privilégie le signifié ou le sens des symboles. Lacan enfin accorde le primat au signifiant, considère le sens comme effet du signifiant et le référé comme illusoire car inaccessible. Il reproche d'ailleurs à Freud l'attention qu'il porte au référé, c'est-à-dire à la réalité extra-linguistique car il y voit le signe du préjugé biologique dont il serait dépendant.
Prenant à son compte les présupposée du mouvement structuraliste, Lacan proclame que l'inconscient psychique est structuré comme un langage. L'inconscient est constitué par cette partie du discours qui m'a échappé car reformulé de telle sorte que je ne retrouve pas la formulation initiale. Nous reviendrons sur quelques unes de ces reformulations. Lacan appelle "l'Autre", l'ordre des signifiants indépendant de la conscience. Il y a donc une forme d'autarcie de la structure propre au langage de l'inconscient puisque si cette structuration ne nie pas la réalité extra-linguistique elle postule néanmoins sa négation en la considérant comme inaccessible. Il résulte par ailleurs du fait que l'inconscient soit un langage que seuls les humains possèdent un inconscient puisqu'ils sont les seuls à posséder un langage.
Examinons donc deux reformulations célèbres du langage de l'inconscient et qui constituent de purs problèmes de rhétorique, c'est-à-dire de signifiants. Lacan caractérise le désir comme un déplacement ou une métonymie, figure de rhétorique par laquelle on exprime un concept au moyen d'un terme désignant unautre concept qui lui est uni par une relation nécessaire, par exemple« boire un verre » qui signifie boireson contenu. La métonymie illustre la nature du désir puisque celui-ci se déplace continuellement d'un signifiant à un autre.
Le symptôme, pour sa part,résultat d'un refoulement, est une métaphore ou une condensation en termes purement psychanalytiques. En effet, une métaphore est constituée de deux éléments : le comparé et le comparant. Le premier est l'objet, la personne ou la chose que l'on compare et le second est ce à quoi on le rapproche. Par exemple, si l'on dit : « Cette femme est une véritable déesse « femme » est le comparé et « déesse » le comparant. Or le symptôme manifeste la substitution d'un signifiant à un autre fondée sur une similarité et une analogie.
Lacan propose d'analyser la structure de l'inconscient psychique autour de trois ordres: le réel, l'imaginaire, le symbolique. Seul ce dernier est proprement humain et conditionne la portée des deux autres. L'ordre symbolique est de nature linguistique. Il résulte d'interactions de signifiants intersubjectifs et demeure pour une large part inconscient. Il conditionne le sujet individuel. Il est précédé par l'ordre de l'imaginaire ou du miroir. C'est lors de ce stade , vers l'âge de un an que l'enfant acquiert une image de lui-même. Cette image reste narcissique, fusionnelle et illusoire car antérieure à l'avènement du sujet symbolique. Il représente le stade où se forge l'identité du moi et qui prépare celui du sujet.
La perturbation de cette évolution ou de ce passage de l'ordre de l'imaginaire à celui du symbolique conduit à l'aliénation du sujet à l'ordreimaginaire c'est-à-dire aux désirs d'autrui et principalement de la mère. L'enfant devient le désir du désir de l'autre et le plus souvent désir du désir de sa mère. Cela peut conduire soit à la psychose ou bien au fait qu'il devient le jouet des images de lui-même que les autres lui renvoient.
Pour accéder au symbolique, l'enfant doit reconnaître qu'entre la mère et lui, entre lui et lui-même s'impose le Père, la loi, le signifiant c'est-à-dire la culture, la société, les autres et que c'est d'eux qu'il pourra tenir une identité et devenir un sujet. Cependant l'acquisition de cette identité n'est jamais pleinement satisfaisante. Elle n'est que partielle. Il lui faut faire le deuil de la plénitude et accepter sa finitude. A cet égard Lacan dénonce les philosophies du Cogito ou les philosophies de la pensée, de la conscience qui croient à l'illusion d'un accès direct à l'identité subjective grâce au miroir de la conscience qui est censé ne pas être trompeur.
Reste l'ordre du réel. Celui-ci étant inaccessible, sa perte implique le recours à l'imaginaire et au symbolique. Cette perte fonde néanmoins l'existence humaine et le recours à l'imaginaire donne l'illusion que cette perte peut être comblée par le passage au symbolique. Une telle illusion se trouve présente en métaphysique et en théologie. Se présente alors un paradoxe: il est impossible à la fois de parler et de ne pas parler de ce qui est "hors langage" ainsi que du langage en soi puisque comme chez Wittgenstein le langage. sert à exprimer mais ne peut s'exprimer lui-même. Pour transgresser cette impossibilité Lacan a recours à des termes spéciaux. L'ordre symbolique , la loi , le signifiant renvoient au "Nom du père". Celui-ci incarne par excellence un métalangage. Quant au " Phallus", qui exprime la réalité sexuelle, il est certes visé par le désir humain mais reste exclu du processus de symbolisation car relatif à un signifié et un référé inaccessibles. Ce terme a donc une portée "métaphysique", c'est-à-dire portant sur une réalité physique inaccessible.
.