Cheikh Muhammad Sâlih Al-Uthaymîn (qu'Allah lui fasse miséricorde) a dit :

Concernant le Tafsîr du Coran, le musulman doit être conscient que lorsqu'il explique le Coran, il est l'interprète d'Allah. Il atteste pour Lui ce qu'Il a voulu dire dans Sa parole. Il doit donc donner une grande importance à ce témoignage, craindre de parler sur Allah sans science, de tomber dans ce qu'Allah a interdit et d'être châtié pour cela le Jour de la Résurrection.

Allah dit :

Dis : " Mon Seigneur n’a interdit que les turpitudes, tant apparentes que secrètes, de même que le péché, l’agression sans droit et d’associer à Allah ce dont Il n’a fait descendre aucune preuve, et de dire sur Allah ce que vous ne savez pas ".

(Coran 7:33)

" Et au Jour de la Résurrection, tu verras les visages de ceux qui mentaient sur Allah, assombris. N’est-ce pas dans l’Enfer qu’il y aura une demeure pour les orgueilleux ? "

(Coran 39:60)

Source : Comprendre le Coran p.42-43 du Cheikh Uthaymîn

Sa récitation se fait en suivant l'ordre tel qu'il est dans les exemplaires du Coran (Masâhif) et ce qui est retenu par cœur. L'ordre comporte trois niveaux.

1. - L'ordre des mots. Chaque mot est à sa place dans la Sourate et ceci est confirmé par les Textes (an-Nas) et par le consensus (al-Ijmâ') et nous ne connaissons pas de divergence quant à l'obligation de suivre cet ordre et à l'interdiction d'en changer. Il n'est donc pas permis de lire : " Allah, la louange, Seigneur des ondes " à la place de " Louange à Allah, Seigneur des mondes " (Coran 1:1).
2. - L'ordre des versets. Chaque verset est à sa place dans la Sourate et ceci est confirmé par les Textes et le consensus et il est obligatoire selon l'avis prépondérant de suivre cet ordre, et il est interdit d'en changer. Et il n'est pas permis de lire : " Maître du Jour de la Rétribution, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux " au lieu de " Le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux, Maître du Jour de la Rétribution " ( Coran 1:2-3). Ibn Zubayr a dit à Uthmân Ibn Affân (qu'Allah soit satisfait de lui) à propos de la Parole d'Allah : " Ceux d'entre vous que la mort frappe et qui laissent des épouses, doivent laisser un testament en faveur de leurs épouses pourvoyant à leurs besoins pendant un an, sans les expulser de chez elles " (Coran 2:240) que ce verset avait été abrogé par un autre qui est la Parole d'Allah : " Ceux des vôtres que la mort frappe et qui laissent des épouses : celles-ci doivent observer une période d'attente de quatre mois et dix jours " (Coran 2:234) Et ce verset est placé avant dans la lecture. Il dit alors : " Ne l'écris pas ". Uthmân (qu'Allah soit satisfait de lui) lui dit alors : " Ô fils de mon frère, je ne changerai rien de sa place ". Dans autre hadith d'après Uthmân Ibn Affân, il est fait mention que le Prophète ﷺ recevait la révélation de nombreuses fois et lorsqu'il la recevait, il appelait certains scribes du Coran et leur disait : " Mettez ces versets dans la sourate où il est dit ceci et ceci ". (Rapporté par Ahmad dans son Musnad 399 . 1/73,57-Abû Dawûd 786-787- At-Tirmidhî 3086 et An-Nasâ'î dans al-Kubrâ 8007)
3. - L'ordre des sourates. Chaque sourates est à sa place dans le Mushaf [exemplaire du Coran] et ceci est confirmé par l'Ijtihâd' et il n'est pas obligatoire de suivre cet ordre. Hudhayfa Ibn Al-Yamân (qu'Allah soit satisfait de lui) rapporte qu'il a prié une nuit avec le Prophète ﷺ et celui-ci a récité la sourate La Vache puis les Femmes puis la Famille d'Imrân (Rapporté par Muslim 772). D'après Al-Ahnaf, que le Prophète a récité dans la première rak'at de sa prière la sourate la Caverne et dans la deuxième, les sourates Yûsuf et Yûnus (Rapporté par Bukhâri 2/255). Al-Ahnaf rapporte également qu'il a prié la prière du Subh derrière Umar Ibn Al-Khattâb (qu'Allah soit satisfait de lui) et que ce dernier à récité ces deux sourates.

Cheikh Al-Islam Ibn Taymiyya (qu'Allah lui fasse miséricorde) a dit :

" Il est permis de réciter cette sourate avant celle-là, de même lorsqu'on les écrit. C'est pourquoi les Masâhif des Compagnons étaient différents dans leur écriture. Par contre, le Mushaf sur lequel on s'est accordé à l'époque de Uthmân (qu'Allah soit satisfait de lui) est devenu une Sunna des Compagnons bien guidés. Et il existe un hadith qui prouve qu'ils ont leur Sunna qu'il est obligatoire de suivre ".

(Il parle du hadith de Irbâd rapporté par Abû Dawûd 4607, At-Tirmidhî 2676, Ibn Mâja 4444 et d'autres. Voir Ibn Rajab dans Jâmi' al-Ulûm wal-Hikam)

Source : Comprendre le Coran p.32-34 du Cheikh Uthaymîn

Cheikh Muhammad Sâlih Al-Uthaymîn (qu'Allah lui fasse miséricorde) a dit :

Les sources vers lesquelles on revient pour expliquer le Coran sont les suivantes :

• La Parole d'Allah. On explique le Coran par le Coran, car Allah est Celui qui l'a révélé et Il est Celui qui sait le mieux ce qu'Il a voulu transmettre à travers lui. Il y a plusieurs exemples parmi lesquels :

" En vérité, les biens-aimés d'Allah seront à l'abri de toute crainte, et ils ne seront point affligés ".

(Coran 10:62)

Allah a expliqué le sens de bien-aimés d'Allah dans le verset suivant :

" Ceux qui croient et qui craignent Allah ".

(Coran 10:63)

" Et qui te dira ce qu'est l'astre nocturne ? "

(Coran 86:2)

" C'est l'étoile très brillante ".

(Coran 86:3)

" Et quant à la terre, après cela, Il l'a étendue ".

(Coran 79:30)

" Il a fait sortir d'elle son eau et son pâturage et quant aux montagnes, Il les a ancrées ".

(Coran 79:31-32)

• La parole du Messager d'Allahﷺ. C'est à dire que l'on explique le Coran par la Sunna, car le Messager d'Allah ﷺ est celui qui transmet la parole d'Allah et il est celui qui sait le mieux parmi les hommes ce qu'Allah a voulu dire dans Sa Parole. Il y a plusieurs exemples parmi lesquels :

" A ceux qui agissent en bien est réservée la meilleure (récompense) et même davantage ".

(Coran 10:26)

Il a été rapporté dans des hadiths que le Prophète ﷺ a expliqué que davantage signifiait de voir la Face d'Allah.

Suhayb Ibn Sinân (qu'Allah soit satisfait de lui) rapporte que le Prophète ﷺ a dit :

" Il lèvera le voile, et ils n'auront jamais eu quelque chose de meilleur que de regarder leur Seigneur ".

Puis il a récité : " A ceux qui agissent en bien est réservée la meilleure (récompense) et même davantage ".

(Rapporté par Muslim 181, Ahmad 4/333 et 6/15-16)

" Et préparez (pour lutter) contre eux tout ce que vous pouvez comme force ".

(Coran 8:60)

Le Prophète ﷺ a expliqué la force par l'artillerie. Ce hadith est d'après Uqbah Ibn Amir (qu'Allah soit satisfait de lui) rapporté par Muslim 1917 et d'autres.

• La parole des Compagnons (qu'Allah soit satisfait d'eux). Surtout ceux parmi eux qui avaient la science et ont accordé de l'importance au Tafsîr. En effet, le Coran a été révélé dans leur langue et à leur époque. Ils sont, après les Prophètes, les plus sincères des hommes dans la recherche de la Vérité, les plus préservés des passions, les plus exempts des divergences qui s'interposent entre l'homme et la Vérité. Les exemples sont très nombreux, parmi lesquels, la Parole d'Allah :

" Si vous êtes malades ou en voyage, ou si l'un de vous revient des toilettes, ou si vous avez touché aux femmes... ".

(Coran 4:43)

On rapporte de manière authentique qu'Ibn Abbâs (qu'Allah soit satisfait de lui) a expliqué le fait de toucher aux femmes par le rapport sexuel.

(Rapporté par At-Tabarî 5/101-102 et d'autres)

• La parole des Successeurs (At-Tâbi'ûn). Qui se sont efforcés d'apprendre le Tafsîr des Compagnons, car les Successeurs sont les meilleurs des hommes après les Compagnons et sont plus préservés des passions que ceux qui viennent après eux. De plus, la langue arabe n'avait pas beaucoup changé à leur époque, leur compréhension du Coran était donc plus exacte que celle de ceux qui sont venus après eux.

Cheikh Al-Islam Ibn Taymiyya (qu'Allah lui fasse miséricorde) a dit :

" S'ils (les Successeurs) étaient d'abord sur une question, nul doute que leur avis est considéré comme une preuve et s'ils ont divergé, la parole de certains n'est pas une preuve contre d'autres, ni contre ceux qui sont venus après eux. On revient alors à la langue du Coran, à la Sunna, à la compréhension générale de la langue arabe ou à la parole des Compagnons à ce sujet ".

(Majmû' Al-Fatâwa 13/370)

Il dit aussi : " Quiconque s'écarte de la voie des Compagnons et des Successeurs dans leur explication du Coran (Tafsîr) pour adopter un avis qui les contredit, est dans l'erreur et il a innové, même s'il est un Mujtahid [c'est à dire un savant qui fournit un effort pour arriver à la connaissance d'un avis religieux] à qui on pardonne ses erreurs. Quiconque diverge de leur parole et explique le Coran autrement que par leur Tafsîr est dans l'erreur, que ce soit dans les preuves ou ce qu'elles signifient ".

(Majmû' Al-Fatâwa 13/361)

• Ce qu'implique les mots. Comme le sens religieux ou littéral selon le contexte, d'après la Parole d'Allah :

" Nous t'avons révélé le Livre avec la vérité, pour que tu juges entre les gens selon ce qu'Allah t'a appris ".

(Coran 4:105)

" Nous en avons fait un Coran arabe afin que vous raisonniez ".

(Coran 43:3)

" Et Nous n'avons envoyé de Messager qu'avec la langue de son peuple, afin de les éclairer ".

(Coran 14:4)

Si le sens religieux et littéral divergent, on privilégie le sens religieux, car le Coran a été révélé pour exposer la religion, non pas pour exposer la langue, sauf s'il y a une preuve qui donne la préférence au sens littéral, dans ce cas, on retiendra celui-ci.

Un exemple de divergence entre le sens religieux et littéral et dans lequel on privilégie le sens religieux est la Parole d'Allah à propos des hypocrites :

" Et ne fais jamais la prière (salât) sur l'un d'entre eux s'il meurt... "

(Coran 9:84)

Dans la langue arabe, As-Salât désigne l'invocation (Ad-Du'â) et dans la religion, le fait de se tenir debout devant le mort pour invoquer Allah en sa faveur d'une manière spécifique. Donc, on privilégie le sens religieux, car le sens voulu par Celui qui parle (Allah) est le sens connu de celui à qui Il s'adresse. Quant à l'interdiction absolue d'invoquer Allah en leur faveur, on la trouve dans d'autres versets.

Un autre exemple de divergence entre les deux sens et dans lequel on privilégie le sens littéral du fait d'une preuve est dans la Parole d'Allah :

" Prélève de leurs biens une aumône (Sadaqa) par laquelle tu les purifies et les bénis, et prie pour eux ".

(Coran 9:103)

Ce qui est désigné ici par la prière (Salât) est l'invocation. Abd Allah Ibn Abî Awfâ (qu'Allah soit satisfait de lui) a dit :

" Lorsqu'on apportait au Prophète la Sadaqa (aumône) de quelqu'un, il priait sur lui [c'est à dire il invoquait Allah en sa faveur]. Mon père lui a donc apporté son aumône et le Prophète a dit : " Ô Seigneur, prie sur la famille d'Abî Awfâ ".

(Rapporté par Bukhâri 4166 et Muslim 1078)

Quant aux exemples de concordance entre le sens littéral et religieux, ils sont nombreux, comme les mots : ciel, terre, véracité, mensonge, pierre, homme, etc.

Source : Comprendre le Coran p.43-49 du Cheikh Uthaymîn