Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Mendung
Mendung
Mendung
Livre électronique211 pages2 heures

Mendung

Évaluation : 1 sur 5 étoiles

1/5

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Un demi-siècle après qu’un signal extraterrestre a été capté à l’observatoire de Lembang, en Indonésie, le vaisseau d’exploration le Geminga découvre, dans la constellation du Toucan, une planète qui pourrait en être l’origine. Malheureusement, à peine a-t-il débarqué dans le système solaire que le monde est attaqué par une armada de vaisseaux spatiaux et dévasté par des milliers d’explosions thermonucléaires. A la fois choqué par cette tragédie et inquiet des retombées politiques, l’entrepreneur Jari Orison lance une mission scientifique dans l’espoir de comprendre ce qu’il s’est passé.

LangueFrançais
Date de sortie13 sept. 2013
ISBN9782954277202
Mendung
Auteur

Julien Morgan

Je suis né en 1986, en Bretagne. Au reste, je suis profondément convaincu que la réalité a été créée pour ceux qui ne peuvent pas faire face à la science-fiction et, comme tout auteur qui se respecte, j’écris en ce moment un roman.

En savoir plus sur Julien Morgan

Auteurs associés

Lié à Mendung

Titres dans cette série (2)

Voir plus

Livres électroniques liés

Science-fiction pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Mendung

Évaluation : 1 sur 5 étoiles
1/5

1 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Mendung - Julien Morgan

    Prologue

    Vendredi 30 novembre 2131

    Observatoire de Bosscha, Lembang, Indonésie.

    Quand le skycar de location se posa sur le pad d’atterrissage au pied du bâtiment, les projecteurs avaient déjà été allumés et leurs faisceaux enveloppaient la coupole d’une douce clarté bleutée. À cette époque de l’année et sous ces latitudes, le soleil se couchait vers dix-huit heures, mais, bien qu’il fît nuit, le thermomètre affichait encore vingt-six degrés Celsius. À contrecœur, Oren Waring s’arracha à l’habitacle climatisé et sortit dans la fournaise.

    Lembang n’était pas à proprement parler une agglomération. Dans ce cloître de rizières et de plantations de thé coincé entre la métropole de Bandung et les contreforts du mont Tangkuban Parahu, tout le monde ou presque se déplaçait encore en vélomoteur, et le nombre de vaches surpassait encore le nombre d’habitants. Une personne sur vingt élevait du bétail pour le compte des multinationales de produits laitiers ; après le tourisme, il s’agissait de la deuxième activité économique dans la région. Mais si Bandung avait, par le passé, constitué un lieu de villégiature privilégié pour les Sundanais et quelques Malaisiens aisés, le tremblement de terre qui avait dévasté la région dans les années 2080 avait progressivement vu ces populations lui préférer Jakarta à l’ouest et Cirebon et Purwokerto à l’est. Un siècle plus tôt, le bassin de Bandung comptait quatorze millions d’habitants : aujourd’hui, ils n’étaient plus guère que cinq millions.

    Aussi loin que l’on pouvait remonter, il y avait toujours eu des hommes sur l’île. Les plus anciens fossiles découverts sur l’île de Java avaient huit cent mille ans et d’aucuns prétendaient même que l’île était le jardin d’Éden biblique...

    Un jardin d’Éden, maugréa intérieurement Waring en se dirigeant vers l’entrée du bâtiment en béton. Cet enfer infesté de moustiques où le moindre effort vous fait transpirer comme une vache…

    À mille mètres au-dessus du niveau de la mer, l’observatoire Bosscha surplombait un panorama de culture en terrasses qui s’étendaient sur plusieurs hectares au sud de la ville. On y accédait par la rue Kinderdort, un chemin de terre qui n’avait de rue que le nom. Cinquante ans auparavant, l’édifice original construit en 1923 avait été détruit par le tremblement de terre. Par la suite, il fut intégralement rebâti et équipé du nec plus ultra en matière d’instruments optiques et radiométriques. Aujourd’hui, le monde entier jalousait Bosscha.

    Mais ce n’était pas le clinquant qui avait attiré Oren Waring ici.

    En poussant la porte, le quinquagénaire aux tempes grisonnantes avisa deux militaires en uniforme dans le hall. L’astronome eut toutes les peines du monde à dissimuler son agacement. Waring ne comprenait pas les militaires. Il pouvait comprendre que certains champs d’investigation scientifique fussent plus sensibles que d’autres, qu’un type travaillant sur, disons, les systèmes d’écoute sous-marins pût attirer l’attention sur lui, à une époque où les gisements de terres rares dans le Pacifique attisaient toutes les convoitises. Mais un astronome ? Il poussa un soupir de consternation en se versant un café, couvé du regard par les deux plantons qu’on lui avait manifestement affectés.

    « À la vôtre », ironisa-t-il en levant son gobelet.

    L’armée indonésienne avait beau être sur le pied de guerre depuis les dernières percées mandchoues dans leurs eaux territoriales, ces nouvelles mesures de sécurité lui paraissaient disproportionnées. Le professeur Hidarto lui avait expliqué que ça avait quelque chose à voir avec l’Institut de Technologie de Bandung, qui empruntait parfois les télescopes de l’observatoire pour mener des expériences dont personne ne savait rien. Lui se contentait de traquer des supernovae. En quoi ces recherches pouvaient-elles bien compromettre la sécurité de la République ?

    Waring adressa un signe de tête aux militaires en utilisant sa carte magnétique pour accéder au Sakti II. Aucun des deux Indonésiens ne fit mine de vouloir le suivre, ayant probablement reçu pour ordre de ne pas interférer avec son travail. Ce qui était idiot dans la mesure où, depuis le terminal informatique du télescope, Oren Waring disposait d’un accès à un nombre illimité de serveurs – y compris militaires – dans le monde entier. La seule explication qu’il y voyait était que l’armée passait également au peigne fin le flot de données qu’il échangeait avec la NASA, l’ASO en Australie et ses propres étudiants à Cambridge.

    Le Sakti II contemplait le firmament qui se découpait dans l’encadrement rectangulaire de la coupole comme un géant endormi. Waring activa un par un les programmes d’alignement, ce qui prit un peu moins d’une minute. Savourant lentement son café, il regarda le monstre de verre et d’acier gros comme une camionnette pivoter sur sa plate-forme.

    Un signal lumineux sur l’une des consoles indiqua que l’opération était terminée et l’astronome consulta sa montre. Vingt heures trente. Bien qu’il fût très en retard sur son programme – la conférence qu’il venait de donner à Purwokerto avait duré une éternité –, c’était une bonne chose dans la mesure où, compte tenu du décalage horaire, il pourrait partager ses résultats en temps réel avec Cambridge. Il s’enfonça donc dans son fauteuil et lança un appel en holoconférence.

    La salle principale du département d’études stellaires de l’université se matérialisa sous ses yeux. Il reconnut les murs bleu sombre, le mobilier désuet et la montagne d’ordinateurs coiffée de pelotes de fibres optiques encombrant le centre de la salle. Deux étudiants sursautèrent en voyant s’activer l’écran holographique. L’un d’eux se hâta dans sa direction et le visage ensommeillé de Dwight Lemercier, vingt-cinq ans et abominable mèche de cheveux sur le front, le toisa en gros plan.

    « Professeur ? Nous n’attendions pas votre appel avant…

    — Bonjour, Dwight, dit-il sans préambule. Est-ce que tout le monde est là ?

    — Oui... Enfin, non, c’est-à-dire… Mark est en train de lancer les calculateurs et Kami est partie, euh, chercher du café.

    — Parfait. Bonjour, Mark », ajouta-t-il en avisant le second jeune homme au fond de la salle, qui agita la main en retour.

    Waring leur expliqua succinctement les démêlés qu’il avait eus avec les militaires.

    « Est-ce qu’ils vous suspectent ? demanda Dwight en ouvrant de grands yeux.

    — Non, bien sûr que non. Mais ces types sont un peu paranos. Le bon côté des choses, c’est que vous allez pouvoir modéliser en temps réel. Quels sont les derniers résultats ? Est-ce qu’Alfie a été en mesure de déterminer le gradient de contraction ? »

    Alfie était le superordinateur du département d’études stellaires.

    « Non, professeur, répondit l’étudiant. Mais elle a confirmé avec une marge de certitude acceptable les données de Melbourne et Hawaï. Reste à savoir s’il y a eu ou non éjection de masse coronale depuis le dernier événement chromosphérique.

    — On devrait le savoir très vite. Oh, bonjour Kami. »

    Kami Helfer n’avait jamais été du genre matinal. Contrariée de découvrir le professeur sur l’écran holo plusieurs heures avant l’horaire de transmission habituel – et au moins une heure avant que la caféine eût fait effet –, elle se contenta d’un sourire poli avant de disparaître hors champ. Quelques secondes plus tard, un mug fumant apparut dans la main de Dwight.

    « Bien, maintenant que vous êtes tous là, au travail », décréta Waring d’un ton enthousiaste. « Nous allons travailler sans coronographe. On introduira un déphasage central dans le programme si nécessaire, mais je veux pouvoir disposer de toute la bande passante possible pour cette observation. »

    Les étudiants s’affairèrent à leurs consoles respectives. Interrogeant son propre terminal, il calibra la résolution et les filtres pour obtenir une image d’Anchillies.

    Ils avaient abandonné la dénomination officielle de HIP 785 pour son nom commercial dès le début de l’étude. L’idée que l’on pût acheter une étoile sur catalogue comme un vulgaire jouet de Noël (dans le seul but apparent de lui donner le nom le plus idiot possible) faisait fulminer l’astronome. Cependant, il devait admettre que pour un astre destiné à passer à la postérité dans les décennies à venir – Anchillies deviendrait bientôt la supernova la plus brillante de l’hémisphère sud et, par ailleurs, le phénomène de ce genre le plus proche de la Terre –, il s’agissait d’une concession judicieuse. Sa luminosité dans le ciel nocturne surpasserait probablement en intensité celle de la pleine lune et, si l’expansion des couches externes de l’étoile suivait le schéma de supernovae bien connues, sa superficie céleste couvrirait la moitié de celle de la constellation du Toucan.

    Ce soir-là, il sut, bien avant de voir affluer les données, que l’étoile avait changé depuis leur dernière observation. La luminosité des bouillonnantes couches supérieures variait en intensité comme une ampoule vacillant avant de rendre l’âme. Ce qui était plus ou moins ce qui allait se produire. Quand ? Nul ne le savait. Cela pouvait être demain, ou dans trente ans. Néanmoins, jamais aucun astronome n’avait, dans toute l’histoire de l’observation spatiale, été témoin de variations aussi soudaines et brutales dans la chromosphère d’une étoile.

    Même si Waring poussait son dernier souffle avant Anchillies, il aurait recueilli entretemps suffisamment de données pour occuper toutes les universités de la Terre jusqu’à bien après leur mort à tous les deux. Pour un scientifique, cela avait davantage de valeur qu’un spectaculaire relâchement de gaz ionisés dans l’espace. Sans toutefois nier son désir ardent d’y assister dans le temps qui lui était imparti...

    Bip.

    Le bruit le prit au dépourvu. Perplexe, il parcourut les instruments du regard.

    Bip, bip...

    « Dwight, est-ce que ça vient de chez vous ?

    — Je vous demande pardon, professeur ?

    — On dirait une téléligne, avança-t-il sans certitude.

    — Ça doit être en local. L’interféromètre ? »

    Le signal ne provenait pas de l’interféromètre, mais Waring en découvrit rapidement l’origine.

    Un voyant clignotait dans un angle de la console principale.

    L’antenne.

    Il fit glisser sa chaise jusqu’à l’extrémité de la rangée de terminaux et fronça les sourcils à la vue des lignes de données qui s’y affichaient. Le terminal concerné servait, en temps normal, à signaler l’alignement avec un satellite donné pour le relais d’informations avec, par exemple, l’hémisphère nord ou des latitudes éloignées.

    Seul problème, il n’avait fait la requête d’aucun relais.

    « Professeur, est-ce que tout va bien ? » s’enquit Lemercier.

    Il devait avoir disparu subitement de son champ de vision.

    « Poursuivez l’observation », l’enjoignit Waring, « ça doit venir d’un bogue sur le réseau. »

    En l’occurrence, l’astronome n’avait pas d’autre explication au phénomène.

    Pourtant, les lignes de données qui défilaient n’avaient rien d’aléatoire, auquel cas elles eussent été purgées par le système et affichées sous forme d’erreur de transcription. Mais alors, quelle signification leur prêter ? Le système de réception intégrait tous les algorithmes de déchiffrement utilisés dans le monde entier ; s’il s’était agi d’une erreur, Waring eût été en mesure de comprendre laquelle.

    Au lieu de cela, un véritable foutoir alphanumérique encombrait l’écran.

    C’était à n’y rien comprendre.

    Cela étant, il y avait un moyen très simple d’en avoir le cœur net : passer le flot de données dans le réseau satellite local pour déterminer son origine et découvrir l’émetteur incriminé, fût-il terrestre ou spatial. Waring revint donc à ses étudiants et leur expliqua qu’il allait devoir couper la communication pour libérer de la bande passante. Lorsque l’hologramme disparut, il effectua rapidement la manipulation et le système computa pendant quelques secondes.

    Quand ce fut terminé, le résultat de son investigation s’afficha sur l’écran principal.

    Oren Waring demeura plusieurs secondes figé devant le terminal, incertain de savoir s’il devait relancer l’opération – parce qu’il se fût alors agi d’une erreur grossière, la deuxième sur un système à plusieurs millions de sollars – ou s’il devait appeler l’institution psychiatrique la plus proche.

    S’il y avait bien une chose dont il était sûr, c’est qu’il n’y avait aucun émetteur à cet endroit-là.

    Aucun émetteur terrestre, en tout état de cause.

    Consciencieusement, il relança donc l’analyse réseau.

    Le résultat fut identique.

    Intrigué, Waring décida de mettre les grands moyens. Il demanda l’aide de l’intelligence artificielle de l’observatoire, une machine au nom improbable de Minnie.

    « Minnie ? appela-t-il.

    Professeur ? se signala la voix suave.

    — D’où vient ce signal ? »

    Il pointa l’écran du doigt ; les holocaméras et le cerveau électronique de Minnie firent le reste.

    « L’analyse donne un positionnement aberrant, avec néanmoins une marge d’erreur acceptable de quatre virgule sept pour cent.

    — Merci, j’avais remarqué, grommela l’astronome. Pourquoi est-il aberrant ? D’où vient-il ?

    Si je devais parier, eu égard au degré de fiabilité du matériel dont nous disposons, répondit Minnie d’un ton détaché, je dirais qu’il vient exactement de là d’où le système pense qu’il vient. À vingt-huit années-lumière d’ici, dans la direction de la constellation du Toucan.

    — Sauf que c’est faux, martela Waring.

    Pendant que nous parlions, j’ai effectué mes propres analyses, indiqua l’IA.

    — Et ?

    Il s’agit bien d’un signal extérieur. La fréquence est légèrement inférieure à un point quatre gigahertz. »

    Il en fut abasourdi.

    « La longueur d’onde de l’hydrogène, remarqua-t-il.

    Si l’on prend en compte

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1