La peur dans le sang: Gavert City, #1
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À propos de ce livre électronique
Un roman sentimental à suspense par Elodie Nowodazkij, à mi-chemin entre SCREAM et FRIDAY NIGHT LIGHTS.
Erin Hortz, cheerleader de dix-sept ans, devrait consacrer ses journées à se préparer pour le concours de miss qui pourrait bien changer sa vie en lui permettant de quitter sa petite ville du Texas. Mais maintenant que son père est soupçonné d'être un tueur en série, elle a du mal à garder la tête froide. Surtout quand il s'agit de Dimitri Kuvlev, le frère de sa meilleure amie Nadia, celui qui la fait craquer depuis toujours et qui lui a esquinté le cœur...
À cause d'une mauvaise blessure, Dimitri, dix-neuf ans et ex-future-star du football américain à qui les meilleures universités faisaient les yeux doux, se retrouve soudain à ne plus savoir quoi faire de sa vie. La seule personne qui semble le comprendre est celle qu'il s'est pourtant juré de garder dans la friend zone tant qu'il n'aurait pas mis de l'ordre dans sa vie : Erin.
Quand soudain, Nadia disparaît après s'être rendue à une soirée, Dimitri et Erin savent qu'ils doivent à tout prix la retrouver avant qu'il ne soit trop tard, même si cela signifie risquer leurs propres vies et remettre en question tout ce qu'Erin croyait savoir.
Elodie Nowodazkij
Elodie Nowodazkij crafts sizzling rom-coms with grumpy book boyfriends and the bold, funny women who win their hearts. Sometimes, she even writes stories that scare the crap out of her. Raised in a small French village, she was never far from a romance novel. At nineteen, she moved to the U.S., where she found out her French accent is here to stay. Now in Maryland with her husband, dog, and cat, she whips up heartwarming, hilarious, and hot romances. Ready to take the plunge? The water’s delightfully warm.
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Un seul rêve / Todo por un sueño (livre bilingue: français – espagnol) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUn Seul Rêve / One Dream Only Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
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Avis sur La peur dans le sang
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Aperçu du livre
La peur dans le sang - Elodie Nowodazkij
Petit message pour mes lecteurs
CHERS LECTEURS,
Merci infiniment à vous d’avoir choisi LA PEUR DANS LE SANG. Je sais que vous avez le choix entre des TONNES de livres, et je suis sincèrement reconnaissante que vous ayez décidé de lire le mien.
Je croise les doigts pour qu’il vous plaise.
En écrivant ce livre, j’ai ri, j’ai pleuré, je me suis attendrie... et je me suis fait peur !
Après votre lecture, si vous avez quelques minutes à me consacrer, n’hésitez pas à laisser une évaluation.
N’hésitez pas à me contacter ! ☺
J’adore recevoir des e-mails de mes lecteurs : [email protected]
Encore merci !
Elodie
Petit message pour mes lecteurs
CHAPITRE 1
CHAPITRE 2 – ERIN
CHAPITRE 3 – DIMITRI
CHAPITRE 4
CHAPITRE 5 - ERIN
CHAPITRE 6 – DIMITRI
CHAPITRE 7 – ERIN
CHAPITRE 8 - DIMITRI
CHAPITRE 9
CHAPITRE 10 - DIMITRI
CHAPITRE 11 – ERIN
CHAPITRE 12
CHAPITRE 13 – DIMITRI
CHAPITRE 14 – ERIN
CHAPITRE 15 - DIMITRI
CHAPITRE 16 - ERIN
CHAPITRE 17
CHAPITRE 18 – DIMITRI
CHAPITRE 19- ERIN
CHAPITRE 20 - DIMITRI
CHAPITRE 21 - ERIN
CHAPITRE 22 – DIMITRI
CHAPITRE 23
CHAPITRE 24 - ERIN
CHAPITRE 25 - DIMITRI
CHAPITRE 26 – ERIN
CHAPITRE 27– DIMITRI
CHAPITRE 28 - ERIN
CHAPITRE 29
CHAPITRE 30 - DIMITRI
CHAPITRE 31 - ERIN
CHAPITRE 32 - DIMITRI
CHAPITRE 33 – ERIN
CHAPITRE 34 – DIMITRI
CHAPITRE 35 - ERIN
CHAPITRE 36 – DIMITRI
CHAPITRE 37 - ERIN
CHAPITRE 38 - DIMITRI
CHAPITRE 39- ERIN
CHAPITRE 40 - DIMITRI
CHAPITRE 41 - ERIN
DEUXIÈME PARTIE
CHAPITRE 42
CHAPITRE 43 – ERIN
CHAPITRE 44 - DIMITRI
CHAPITRE 45
CHAPITRE 46 – ERIN
CHAPITRE 47
CHAPITRE 48 – DIMITRI
CHAPITRE 49 - ERIN
CHAPITRE 50
CHAPITRE 51 - ERIN
CHAPITRE 52 – DIMITRI
CHAPITRE 53 – ERIN
CHAPITRE 54 – DIMITRI
CHAPITRE 55 - ERIN
CHAPITRE 56 – DIMITRI
ÉPILOGUE - ERIN
Un petit aperçu de LA PEUR DANS LES YEUX
Chapitre Un – Mellie
Chapitre Deux -Tessa
Chapitre Trois –Luke
Petit Glossaire
REMERCIEMENTS
À propos de l’auteur
Celui-ci est pour toi, Rinette.
N’aie pas peur de viser les étoiles.
N’aie pas peur d’être toi-même.
CHAPITRE 1
AH, LA PEUR...
La peur a ce quelque chose de si particulier. Cette sensation grisante. L’impuissance dans leurs yeux. L’adrénaline, le besoin et les pulsions qu’elle réveille.
La peur redresse les torts.
La peur, c’est le pouvoir.
Et pour une fois, le pouvoir m’appartient complètement.
Jamais ils ne les sauveront.
Jamais ils ne m’attraperont.
Jamais ils ne comprendront.
CHAPITRE 2 – ERIN
VOILÀ CE QU’ON SAIT : à un moment donné, cette semaine ou dans les semaines à venir, on trouvera le corps d’une jeune fille. Chaque année, une fille disparaît, et chaque année, on la retrouve sans vie, le visage marqué d’une aile d’ange gravée dans sa peau.
Et cette année ne fait pas exception.
Une autre fille a disparu.
Rachel Stine, l’ancienne capitaine des cheerleaders, est sortie de chez elle samedi soir, et personne n’a eu de nouvelles d’elle depuis. Malgré les battues de recherche auxquelles participent la plupart des habitants de la ville, malgré les messages de supplication de sa famille et malgré tous les médiums qui ont pris d’assaut la ville en prétendant savoir où chercher, Rachel reste introuvable. Tout le monde s’accroche encore à l’espoir qu’elle va bien.
Certaines rumeurs affirment qu’il s’agirait d’une fugue, que le tueur n’a pas choisi sa prochaine victime, qu’il est encore en chasse.
« Allez les filles, on va assurer ! » Shawna, la capitaine de notre équipe de cheerleaders, a surtout l’air d’essayer de se convaincre elle-même. Elle lisse le tissu de sa jupe et vérifie encore l’écran de son téléphone portable avant de le lâcher dans la pelouse derrière elle. « Pour Rachel ! » encourage-t-elle d’une voix plus ferme. Ses cheveux bruns sont relevés en une queue de cheval qui rebondit derrière elle tandis qu’elle sautille pour s’échauffer. Son sourire fait ressortir l’éclat couleur bronze de ses joues, mais sa peau foncée n’est pas aussi parfaite que sur les photos de classe. Elle a de grands cernes sombres sous les yeux. Rachel était une amie très proche, et elle retient ses larmes depuis qu’on est entrées dans le stade. C’est Rachel qui a préparé Shawna à devenir capitaine, Rachel qui l’a prise sous son aile quand elle est arrivée au lycée et a commencé à s’entraîner avec elle.
« Allez, go ! » lance-t-elle en s’avançant vers les gradins.
Nous prenons toutes nos places pour la première chorégraphie en attendant que les joueurs de l’équipe de football américain entrent sur le terrain.
Les projecteurs illuminent tout le stade, mais ils ne réussissent pas à cacher la peur qui se propage dans la foule. L’odeur des hot-dogs traîne dans l’air, évoquant de lointains souvenirs de bonheur insouciant. Mais le rire des enfants résonne moins fort que d’habitude, et les parents les surveillent jalousement des yeux sans réussir à vraiment se détendre. Sans ce match, la plupart des gens seraient restés chez eux ce soir. Sans le football, Gavert City resterait une ville fantôme tout le mois de septembre. Sans le football, nous serions sûrement tous au bord du lac, à faire semblant que rien de mal ne peut nous arriver alors qu’au fond de nous, nous crèverions de trouille.
Malgré l’adrénaline qui parcourt les veines de toute la foule à l’idée de gagner un nouveau match et de décrocher un nouveau titre, personne ne peut ignorer la lourdeur qui imprègne l’air.
Les gens marchent plus vite. Ils murmurent beaucoup. Ils s’espionnent les uns les autres et vérifient toujours que les portes sont bien fermées à clé. Certains, soucieux de jouer les héros, organisent des surveillances de quartier ou instaurent des couvre-feux.
Des couvre-feux que personne ne respecte.
Après les cours, certains lycéens donnent des soirées sur le thème « Serial killer ». Les samedis soir, on se raconte des histoires effrayantes et on boit ou on fait la fête jusqu’à oublier la réalité. Les samedis soir, c’est ambiance même-pas-peur et rien-à-foutre. Ces soirées nous donnent l’impression d’être immortels.
Pourtant, chaque année, quelques semaines avant le homecoming et son festival de début d’année où l’on élit le roi et la reine du bal, tout change.
Alors, la peur devient presque palpable. La peur de perdre quelqu’un, la peur de mourir. Notre communauté se met en pause pour plusieurs semaines, jusqu’à ce qu’enfin, un corps soit retrouvé.
À côté de moi, ma meilleure amie Nadia se balance d’un pied sur l’autre. Nous sommes toutes les deux trop grandes pour être en haut de la pyramide, mais plus grandes tout de même que Kelly et Aliyah, alors Shawna nous a placées côte à côte pour le numéro d’ouverture du match. Nadia me jette un coup d’œil en ajustant les fines mèches brunes qui s’échappent de sa queue de cheval. « Comment tu te sens, toi ? » demande-t-elle aussi bas que possible.
« Ça va. » Je m’étire la nuque et, montant sur la pointe des pieds, je parcours du regard les gradins. Je vois mon père debout, avec mon frère Caleb devant lui. Ma mère est restée à la maison, trop fatiguée pour affronter la foule. Je me force à leur faire coucou, mais mon geste est bien trop raide pour une cheerleader. Les sièges tout autour d’eux sont vides. Parce que personne ne veut être vu avec mon père.
Mon cœur se gonfle de reconnaissance quand je reconnais les cheveux blonds d’Audrey derrière eux. Elle parle à Caleb en souriant. Même si Audrey et moi concourrons dans les mêmes concours de beauté, elle est vite devenue une de mes meilleures amies. Avant, sa mère lui interdisait d’assister aux matchs de football, mais elle se montre un peu moins stricte ces derniers mois. Audrey nous fait signe avant de s’installer à quelques rangées de mon père et de Caleb. Elle porte son haut préféré, un top bleu foncé qui met en valeur ses yeux. Carlos, le meilleur wide receiver de l’équipe, a enfin réussi à la convaincre de venir au match et à la soirée qui suit. Il avait l’air plus nerveux à l’idée qu’elle le regarderait jouer, qu’à propos du déroulement du match lui-même.
Nadia se penche vers moi, et son parfum familier, celui que sa mère lui a offert pour ses douze ans, m’enveloppe et me calme les nerfs. « Les voilà. » Sa voix a gardé quelque chose de l’émerveillement qu’on ressentait toutes les deux quand on a rejoint l’équipe des cheerleaders.
Les joueurs débarquent sur le terrain en trottinant, et le public les acclame. Comme toutes mes coéquipières, je saute à pieds joints, un sourire plaqué sur mon visage.
« Allez les Tigres ! » Nous crions, nous dansons, nous agitons nos pompons en l’air, mais Nadia ne saute pas aussi haut que d’habitude, mes cris ne sont pas aussi enjoués, et l’équipe toute entière semble manquer d’énergie.
Shawna n’arrête pas de tourner la tête pour regarder son téléphone posé sur la pelouse, et elle continue à retenir ses larmes. Depuis la disparition de Rachel, nous vivons tous sous tension, à espérer contre toute attente qu’on la retrouvera saine et sauve.
Les joueurs portent un brassard bleu et pas noir. Tout le monde veut croire que l’histoire de Rachel ne connaîtra pas la même fin tragique que les autres disparues.
Mais ce n’est pas sur les joueurs que mes yeux s’attardent. Ils vont droit à l’entraîneur assistant de cette saison, Dimitri. Il est aussi séduisant que quand il était la star de l’équipe, avec son t-shirt bleu marine moulant ses larges épaules et ses cheveux bruns arrangés dans un parfait coiffé-décoiffé, mais son expression est plus inquiète que d’habitude. Quelques mois avant son accident, il est sorti avec Rachel par intermittence. Alors, dès qu’il a un moment de libre, il se joint aux volontaires pour les battues de recherche. Il m’a confié avoir des insomnies. Une partie de moi voudrait qu’il regarde dans ma direction, pour que je puisse lui offrir un sourire rassurant, mais une autre partie me rabâche que je dois protéger mon cœur, car il a déjà prouvé qu’il était capable de le briser. Nous sommes amis, un point c’est tout.
L’entraîneur, M. Miller, passe un bras autour des épaules de Dimitri et lui dit quelque chose en dissimulant sa bouche derrière sa main. Il redouble de prudence depuis qu’une équipe adverse a réussi à lire toute sa stratégie sur ses lèvres.
Nadia me met un petit coup de coude et m’adresse un de ses clins d’œil exagérés, le genre qu’on peut voir depuis le fond de l’amphithéâtre quand elle se trouve sur scène. Je croirais volontiers à son enthousiasme si ses lèvres n’étaient pas si pincées. « Hé, tu es censée encourager l’équipe, là, pas mon grand frère ! » Ses lèvres remontent juste assez pour esquisser un sourire. Nous devons toutes afficher notre expression la plus enjouée. Dans des moments si sombres, les gens ont besoin d’un peu de lumière. Les vendredis soir sont notre tradition, la fierté de notre petite ville texane.
« Ton frère fait partie de l’équipe, je te signale. » Et je lui tire la langue. Voilà, ça paraît presque naturel.
Shawna remonte à l’avant du groupe en se dandinant, et les haut-parleurs hurlent la musique de notre deuxième numéro.
L’entraîneur se dirige vers le centre du terrain à grands pas déterminés, la tête haute. Il porte le micro à sa bouche et s’éclaircit la gorge. Sa voix, d’ordinaire si forte, se brise quand il commence. « Demain matin, les deux équipes participeront aux opérations de recherche pour la petite Rachel. Nous espérons tous vous y retrouver. Le rendez-vous est à 10 heures devant la mairie. Le temps d’un match, nous sommes peut-être des adversaires, mais nous restons tous unis dans nos prières pour retrouver Rachel en vie. Dieu la bénisse ! »
Un silence glaçant envahit les gradins. Tout le monde retient son souffle.
Puis soudain, la voix tonitruante du commentateur retentit. « Mesdames et Messieurs, veuillez vous lever pour notre hymne national. Il sera interprété par une élève de troisième année, Tessa Gardner. »
Tessa prend place sur la ligne des cinquante yards en regardant ses pieds. Tout le monde se lève, et je vois Mme Gardner debout près parents de Rachel, au deuxième rang. Elle essuie ses larmes et porte un t-shirt qu’elle avait créé il y a cinq ans, quand la sœur de Tessa a disparu : un portrait de Mélanie avec les mots « L’avez-vous vue ? » et un numéro de téléphone, 1-800-TROUVERMELLIE.
Le corps de Mélanie n’a jamais été retrouvé, mais la police est persuadée qu’elle est morte. Persuadée qu’elle a été la troisième victime du tueur aux ailes d’ange.
Tessa prend place sur la ligne des cinquante yards, au centre du terrain, et entame La Bannière étoilée. Sa voix claire porte loin et nous atteint en plein cœur. Nadia prend ma main, j’attrape celle de Shawna, et toute l’équipe des cheerleaders se regroupe. Nous ne faisons qu’une.
À la fin de la chanson, on sent un changement dans l’air. Une fois le match commencé, tout le monde se concentre sur le ballon, sur la victoire, sur n’importe quoi d’autre que le sentiment d’être complètement impuissant face au déroulement des évènements.
Malgré la température plutôt douce de ce soir de septembre, je frissonne. Ma peau me picote, comme si je me sentais observée. Je rejette cette sensation désagréable. Pendant les matchs, il n’y a pas que les joueurs qui reçoivent beaucoup d’attention. Les cheerleaders aussi.
« Touchdown ! » crie Nadia, et nous nous remettons vite en position.
Et pendant toute la durée du match, nous faisons de notre mieux pour apporter un peu de joie et de sourire aux habitants de Gavert City, même si ça ne doit durer qu’une soirée...
LA SUEUR RUISSELLE dans ma nuque et le long de mon dos. L’équipe a remporté cette victoire dont elle avait bien besoin. Bien sûr, nous les cheerleaders, nous espérons toutes que notre performance y est un peu pour quelque chose.
« Bravo, les filles » nous félicite Shawna tout en vérifiant encore une fois son téléphone portable. « Vous avez été géniales. N’oubliez pas qu’il y a entraînement dimanche, puis très tôt presque tous les matins la semaine prochaine. Il faut qu’on bosse dur pour le homecoming. »
Elle ne nous laisse pas le temps de répondre et s’éclipse dans les vestiaires.
Nadia s’essuie le front et me tend une bouteille d’eau. Comme moi, son uniforme blanc et rouge lui colle à la peau. Elle s’évente le visage du revers de la main. Ses joues sont rouges et ses yeux châtaigne louchent vers les gradins. « C’était bizarre, ce match. Les joueurs ont tout donné, et nous aussi, je crois, mais j’ai pas pu m’empêcher de regarder les parents de Rachel et de me demander ce qu’ils ressentaient. » Elle se mordille la lèvre inférieure, sa grande manie. Sa mère a essayé de lui faire perdre cette habitude, mais c’est son moyen à elle de gérer le stress ou les angoisses.
— À chaque fois qu’un téléphone a sonné, j’ai cru que quelqu’un l’avait trouvée. J’imagine même pas comment ça a été pour eux... » Je reprends une gorgée d’eau.
Nadia fait un signe du menton sur la droite. « Voilà ton fan club. » Je sens des papillons faire un million de cabrioles dans mon ventre... avant de voir qu’elle ne parlait pas de Dimitri.
Mon petit frère Caleb se précipite vers moi. Ses cheveux blonds foncés, les mêmes que mon père, sont tout collants et il a une grosse tache en plein milieu de son t-shirt Superman. Il a dû convaincre mon père de lui acheter une glace au chocolat. Il se jette dans mes bras, et je bascule un instant en arrière en l’attrapant avant de le faire tourner en l’air. Caleb rit en me suppliant d’aller plus haut, encore plus haut.
Mais en voyant mon père approcher, je m’arrête. Il a les poings serrés au bout de ses bras tendus, et je me force à respirer profondément et à garder le sourire, résistant à la tentation d’attraper la main de Caleb et de rentrer en laissant notre père derrière nous. « Caleb, tu as prévenu Papa que tu venais me voir ? » Caleb s’agrippe à Nadia, qu’il adore. Non seulement elle se montre très patiente avec lui, mais elle a toujours un projet de travaux manuels à lui proposer. Dimanche dernier, ils ont fabriqué des voitures avec une brique de lait et des ballons de baudruche.
« Bah oui » répond-il sur la défensive, mais ses yeux bleu ciel s’écarquillent légèrement, comme quand il se concentre très fort. « Enfin, je c-crois. » Son bégaiement s’est beaucoup amélioré cette année, mais il réapparaît dans les moments où il se sent nerveux, tout comme son asthme. J’ai toujours un inhalateur dans mon sac.
Je lui prends la main. « C’est pas grave. »
Papa s’arrête face à nous. Le tissu froissé de son pantalon beige me met mal à l’aise. Avant, il repassait toujours soigneusement ses vêtements. Ses cheveux ont beaucoup poussé, alors qu’il se les faisait couper toutes les deux semaines. Les anciens étudiants ne remarquent peut-être pas la différence entre sa tenue de ce soir et celle qu’il portait en cours à l’époque, mais tous ces petits détails sont autant de signes qu’il est sur une mauvaise pente. Depuis qu’il a été suspendu par l’administration du lycée, c’est difficile de savoir s’il va simplement être d’humeur passable, ou s’en prendre au monde entier.
Ses yeux bleu-vert si similaires aux miens luisent de colère, mais il semble la contenir. « Je ramène Caleb à la maison » dit-il sans m’accorder un regard, puis, se tournant vers Nadia : « Bravo, Nadia. » Son ton chaleureux contraste avec son sourire hypocrite. Je me retiens de hausser un sourcil, parce qu’il est bien plus froid avec nous, à la maison, qu’il ne l’était avec ses élèves. Au lycée, c’était un prof populaire, et la plupart des élèves ont gardé cette image positive de lui. Les parents, en revanche, se montrent plus méfiants. Au début, ils lui ont tous assuré qu’ils savaient bien qu’il était innocent, que c’était un homme merveilleux, mais depuis la disparition de Rachel, de plus en plus de gens préfèrent changer de trottoir quand ils le voient arriver. Sur les neuf élèves du lycée qui ont disparu, Rachel est la quatrième à avoir été son élève. Le shérif a commencé à s’intéresser à mon père après la disparition de Mélanie, il y a cinq ans. Mélanie n’était pas au lycée, et son corps n’a jamais été retrouvé. C’est pour ça que beaucoup de gens n’ont pas vu de lien avec les autres disparitions à l’époque, et qu’on a accusé le shérif de faire trop de zèle. Au fil des ans, le shérif s’est montré de plus en plus suspicieux et agressif, et ces trois dernières années, il ne fait plus aucun mystère qu’il considère mon père comme le principal suspect dans cette affaire de meurtres. Mon père pense que le shérif a lancé une vendetta contre lui, et il a peut-être bien raison.
« Merci, M. Hortz. » Nadia me touche le bras. « Dis, je dois aller me préparer, Liam m’attend sur le parking. Mais on se voit tout à l’heure, d’ac’ ? »
Mon père se racle la gorge comme il le faisait en entrant dans sa salle de classe. « Je ne pense pas qu’Erin pourra venir, ce soir. »
Je marmonne.
« Ah ? Pourquoi ? » Je m’efforce de parler aussi calmement que possible. Les vendredis soir au bord du lac, c’était notre tradition. Mais depuis qu’on sait qu’un tueur en série rôde à cette époque, les soirées de septembre ont lieu chez un des joueurs de l’équipe de football. Ce soir, c’est chez le quarterback.
« Parce que ta mère risque de s’inquiéter. » Ses lèvres dessinent une courbe triomphante. Il sait très bien que je ne ferais rien qui puisse inquiéter ma mère.
« D’accord. Je récupère juste mes affaires, et je rentre vite. » Mes épaules s’affaissent à peine. Je ne veux pas que Caleb voie à quel point je suis déçue. C’est déjà assez difficile pour lui de se faire enquiquiner par les brutes de son école qui lui répètent que son père est un tueur en série, et ce même si personne n’a la moindre preuve.
Même s’il n’a jamais été arrêté.
Même si Caleb n’a rien à voir avec tout ça.
Je serre les dents, mais ça n’empêche pas la colère de m’envahir. Hier soir, encore une fois, Caleb s’est endormi en pleurant.
« Entendu. » Il attrape la main de Caleb et le tire vers le parking. Mon pauvre frère ne proteste même pas.
« Entendu » je grommelle, et la colère se mue en tristesse. Caleb se donne du mal pour bien se comporter, suivre les règles et contenter nos parents, mais aucun d’eux ne s’en rend compte.
Nadia soupire et passe son bras autour de mes épaules. « Ton père nous pique encore une crise... » Elle et Dimitri sont les seuls de mes amis à savoir comment mon père peut être, parfois. « Je peux repousser mon rendez-vous avec Liam, si tu veux. On pourrait acheter des glaces sur la route et en ramener une à ta mère ? »
Je lui mets un petit coup de hanche pour feindre un air détaché qui n’a pas l’air de la convaincre. « Non, t’inquiète pas. Il faut que je me couche tôt, de toute manière. J’ai une répétition pour le concours demain, et en ce moment, Jenna est encore plus chiante que d’habitude. Elle ne porte plus sa bague de fiançailles, je me demande s’il s’est passé un truc avec son mec...
— Celui dont elle arrêtait pas de se vanter l’année dernière ?
— Celui-là même.
— Ça craint pour elle.
— Ça craint pour nous, surtout ! Elle se venge sur nous. »
Nadia grimace. « Donc si je viens te voir au concours Miss Reine de cœur, il y a un risque qu’elle me redise que je ferais vraiment mieux de m’en tenir au théâtre, parce que ma tête et mon corps ne passeront jamais sur grand écran ?
— Arrête ! Tu es douée, et tu es ravissante. Je vais te faire une choré, tiens. » Je lance un pompon en l’air. « N-A-D-I-A ! »
Nadia pose sa main sur mon bras. « Ça va, j’ai compris, tu me trouves géniale. » Elle rit, et le pli entre ses sourcils s’efface
« Je pense que Jenna est aussi nostalgique de l’époque où c’était elle qui passait les concours. Une fois, elle m’a confié qu’elle s’était jamais autant éclatée que sur scène. » Je coince une mèche de cheveux derrière mon oreille. « Et depuis qu’elle ne porte plus sa bague, c’est encore pire. Elle s’est mise à pleurer comme une gamine l’autre fois, juste parce qu’elle avait oublié son discours.
— Ça a l’air moche.
— T’as pas idée. Si seulement elle pouvait trouver un autre moyen de se passer les nerfs. » Je soupire bruyamment en voyant Caleb qui court avec son meilleur copain, Julian. Peut-être que mon père s’est enfin calmé. « Je vais essayer de participer à la battue, demain matin.
— Oui, moi aussi. »
Nous restons silencieuses quelques secondes toutes les deux, perdues dans nos pensées. Encore une journée, encore une battue, et Rachel reste introuvable. Les voitures quittent le parking, une à une. Les élèves se rendent à la soirée.
Je mets un coup de coude à Nadia. « Tu devrais y aller, Liam va s’inquiéter. »
Ses lèvres s’étirent en un sourire d’amour total. Liam et Nadia sortent ensemble depuis le début du lycée, et ce n’est pas pour rien qu’ils ont été élus « Couple le plus mignon » deux années de suite. Elle m’enlace rapidement avant de trottiner vers le parking en me lançant « Je t’appelle plus tard ! » par-dessus son épaule.
Je me dirige vers les vestiaires. Toutes les autres cheerleaders sont déjà parties, pressées de se préparer pour la soirée ou de rentrer pour rassurer leurs parents.
De l’autre côté du stade, les joueurs célèbrent leur victoire, se projetant sûrement déjà au prochain match. Dimitri a dû noter plein de gribouillis dans son carnet. Je sors mon téléphone, et une onde de chaleur me réchauffe des orteils jusqu’au bout de ma queue de cheval.
Petite, j’ai remarqué que ta voiture fuyait sur le parking. Amène-la moi au garage, que je jette un œil.
Je réponds : Merci. On se voit dimanche pour courir ?
Depuis que son kinésithérapeute lui a annoncé qu’il pouvait reprendre l’entraînement, Dimitri se donne à fond pour revenir au top de sa forme physique.
Un frisson délicieux me parcourt l’échine en l’imaginant encore en train de courir torse-nu. Pas de doute, son physique est au top.
Je lâche mes cheveux avant d’y passer les doigts.
Au loin, j’entends une porte se fermer, et mon cœur me bondit dans la gorge. Le silence des vestiaires pèse dans ma poitrine et mes yeux furètent à droite puis à gauche. « Ne sois pas ridicule, tout va bien » me dis-je à voix haute, mais je peine à trouver ma respiration. « Sûrement les joueurs qui s’en vont. »
Je prends mon sac et j’hésite entre l’issue de secours et la porte principale, située un peu plus loin. Le sang bat fort dans mes veines, et je serais presque tentée de courir jusqu’à l’issue de secours. Mais non, c’est n’importe quoi. Il n’y a personne, et je ne vais pas me faire enlever.
Soudain, j’entends des pas qui résonnent, et j’accélère.
Mais les pas se rapprochent.
Il y a quelqu’un.
Derrière moi.
Une main s’approche et me touche le bras.
Je frissonne de haut en bas et je pousse un hurlement.
CHAPITRE 3 – DIMITRI
LE TERRAIN DE FOOTBALL semble presque avoir rétréci. Quand M. Miller, notre entraîneur, m’a appelé pour savoir si je voulais l’assister bénévolement pour cette saison, mon premier instinct a été de refuser. Trop peur de ce que ça me ferait de me retrouver sur le terrain. L’année dernière était censée être la meilleure année de ma vie : j’allais porter le lycée de Gavert vers un nouveau titre de champion de l’État, ma mère allait me voir gagner, et je serais recruté par l’équipe de l’université d’État du Texas avant de poursuivre ma carrière dans la NFL. Au lieu de ça, ma mère a été emportée par le cancer et j’ai flingué ma chance de rejoindre l’équipe. Dans mes rêves, il n’avait jamais été question de passer mon examen de fin de lycée et de suivre des cours à la petite université de Gavert County le temps de trouver une reconversion. Il y était encore moins question de décevoir ma mère juste avant sa mort. Je sens la pression monter derrière mes paupières. Si mes yeux étaient des pneus, ils exploseraient.
Je fais craquer ma nuque. Ça ne change rien.
Je voudrais oublier, mais si le jour maudit où j’ai décidé de ne pas choisir entre boire et conduire m’a bien appris un truc, c’est que l’oubli a un prix.
Boire jusqu’à l’inconscience pour oublier que ma mère était malade, ce n’était pas la solution. Ça ne l’a pas empêchée de mourir, et ça m’a coûté ma place dans l’équipe et avec elle mon avenir.
Nadia avait raison : il y a un avant et un après. Elle me parlait souvent de livres qu’elle avait lus ou de pièces pour lesquelles elle auditionnait en m’expliquant que dans toute histoire, il y a un « avant » et un « après ». Et entre les deux, le moment où tout bascule.
Pour moi, ce moment, c’était mon accident. Et mon après, il craint.
L’avant : quand je me promenais en ville, on me tapait gentiment sur l’épaule, on m’offrait un sandwich ou une glace. Les enfants me regardaient avec des étoiles dans les yeux. Les mecs rêvaient d’être à ma place. J’étais admiré. J’étais quelqu’un.
Un joueur de football.
Plus qu’un sport, c’était un style de vie.
Et l’après ?
Certains me regardent exactement comme je m’y attendais : avec un mélange de pitié et de « bien fait pour toi ». Mais ce qui me blesse encore plus, c’est que beaucoup ne me remarquent même plus. Je