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La clé des Mandanes
La clé des Mandanes
La clé des Mandanes
Livre électronique280 pages3 heures

La clé des Mandanes

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À propos de ce livre électronique

Ils l’avaient tous oubliée, mais elle est de retour…

* * *

Loungaro, un jeune Mandane qui vit au centre de galeries souterraines, se rebelle contre les siens quand il découvre la vérité sur l’univers extérieur qui les entoure. Il s’empare alors de la relique que son peuple cachait depuis déjà trop longtemps. S’ensuit pour lui une aventure qui changera le cours de son histoire.

Au travers de son périple dans un monde désormais sans frontières, le jeune Mandane rencontre des créatures qui lui partageront leur savoir ainsi que des ennemis voulant s’approprier son trésor. Ces derniers apprendront à connaître son animalité au péril de leur vie.

Trois romans – Trois quêtes – Un seul but

Une série à lire en entier… dans l’ordre désiré!
LangueFrançais
Date de sortie3 avr. 2020
ISBN9782898083143
La clé des Mandanes
Auteur

Danny Rotondo

L’intérêt de Danny Rotondo pour le monde littéraire débute dès son très jeune âge. À seize ans, il écrivait déjà les bases de ce roman que vous tenez entre vos mains. Détenteur d’un DEC en lettres et d’une imagination débordante, il a travaillé comme animateur-intervenant durant 15 merveilleuses années qui l’obligèrent à écrire des thématiques et des histoires toute aussi folles les unes que les autres. Homme très généreux, il espère transmettre aux jeunes et aux moins jeunes l’étincelle de l’imagination, mais aussi la force de croire en eux.

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    Aperçu du livre

    La clé des Mandanes - Danny Rotondo

    Prologue

    Jour de la catastrophe

    La salle du trône, sans porte, était vaste. Une lueur, provenant des couloirs adjacents à la tanière, illuminait le siège royal qui paraissait déformé par les jeux d’ombre.

    Un Mandane y pénétra avec vigueur, affichant un air contrarié. Au moment où il aperçut son maître, il arrêta sa course pour exercer des courbettes de politesse.

    — Ô noble Ancien, les galeries du versant sud ont tremblé. Vous connaissez les écritures du grimoire tout comme moi. Serait-ce le retour de celle que nous sommes les seuls à connaître ?

    Zingaro, chef suprême du clan des Mandanes, ouvrit grand les yeux.

    Ces êtres avaient un physique mélangeant les caractéristiques d’un humain et d’un hérisson, ce qui en faisait des créatures inusitées, bien qu’elles ne possédassent aucun pouvoir particulier. De la grandeur d’un homme, ils avaient la peau aussi dure qu’une carapace, recouverte, du dos à la tête, d’épines grosses comme des doigts humains.

    Les Mandanes étaient aussi dotés d’une courte queue, tout aussi épineuse et impénétrable que le reste de leur corps. Leurs gros yeux noirs, dont on ne voyait pas les pupilles, leur permettaient de voir tant de nuit que de jour. De plus, ces drôles de bêtes hérissées possédaient deux oreilles pointues qui ornaient chaque côté de leur tête.

    Quant à leurs bras, ils constituaient une protection naturelle, un mélange de carapace et de pointes plus petites que celles qui poussaient sur leur dos. Aux coudes, les Mandanes avaient une seule épine, plus grosse que toutes les autres, en forme de demi-lune recourbée vers l’arrière, leur permettant ainsi de trancher toute chose.

    Des dents, semblables à celles des requins, les aidaient à déchiqueter la nourriture. Leur mâchoire était d’ailleurs puissante et se bloquait lorsqu’ils mordaient pour se défendre.

    La gigantesque tanière qui constituait leur habitat comportait des accès pour entrer et sortir. Ce domaine consistait en un réseau presque infini de tunnels et de cavernes qui s’étendait sous la surface d’un énorme territoire. Son environnement était hostile et peu attrayant pour les habitants qui vivaient à l’air libre. Par conséquent, aucun aventurier, pas même les plus courageux et téméraires, n’avait osé parcourir ses sombres profondeurs.

    Dans ce pays peu accueillant régnait un tyran. La couleur de ses épines différait de celles des autres, en raison de son âge. Plus de quelques centaines d’années le séparaient de son peuple.

    Le dictateur, contrarié et effrayé, se retourna vivement vers son seul conseiller avec un air dubitatif. Il savait parfaitement de qui il parlait… et ça n’avait rien pour le réjouir.

    — C’est impossible ! chuchota l’Ancien, mort de peur.

    Benorio s’approcha de son maître avec une main levée vers lui pour appuyer ce qu’il allait expliquer.

    — Effectivement, cela peut sembler chimérique…, admit-il. Mais souvenez-vous des anciennes écritures laissées en recommandation par nos ancêtres.

    Le silence qui planait dans cette partie des galeries donna soudainement des frissons à Zingaro. Il tourna le dos à son serviteur et regarda son trône fait de glaise séchée, songeant à ce qui pourrait arriver si ce qu’il racontait — cette légende vieille de dix mille ans à laquelle il faisait allusion — s’avérait. Ce serait la catastrophe.

    Il revoyait dans son esprit l’un des enseignements qu’il avait reçus, une éternité plus tôt, lors de son couronnement.

    « À son réveil, elle supprimera les frontières entre les territoires du continent et commencera à se nourrir de ses terres. Cette entité est la créatrice et la protectrice de cet univers, mais également son bourreau. Un jour marquera son retour. Dès lors, l’heure de notre sentence aura sonné. Il faudra faire vite pour la freiner, faute de quoi ce peuple courra à sa perte, Zingaro. Son sort reposera entre tes mains. »

    — Maître ? s’enquit son serviteur, inquiet.

    Le chef des Mandanes sursauta et laissa s’échapper une sombre colère. Il fit à nouveau face à Benorio.

    — Que je ne vous prenne pas à ébruiter une telle nouvelle. Nous sommes les seuls à connaître cette légende. Je vous jure que si qui que ce soit apprend un seul détail à propos de cette histoire de charlatan, vous le paierez de votre vie ! termina-t-il, irrité. Je vous dévorerai en commençant par vos boyaux…

    Voyant la furie de l’Ancien, le serviteur abaissa aussitôt sa tête vers le sol, s’inclinant en signe d’accord, puis sortit brusquement de la pièce.

    La terre trembla une seconde fois, faisant cette fois-ci tomber des morceaux de terre aux pieds de Zingaro.

    — Maudite sois-tu, Dévoria, dit-il pour lui-même en fermant les yeux.

    Chapitre un

    37 jours après la catastrophe

    Il n’existait qu’une carte détaillée du royaume, et elle était détenue par les Mandanes eux-mêmes. Ce peuple n’avait pas de gouvernement centralisé, mais plutôt une seule autorité depuis des centaines d’années : le chef Zingaro.

    Les Mandanes ne connaissaient rien d’autre que leur monde. Seuls les chasseurs, élus par le chef, avaient l’autorisation de s’aventurer à l’extérieur des cavernes pour aller chercher la nourriture suffisante afin d’alimenter tout le clan. Le reste du peuple n’en avait pas le droit. On leur avait d’ailleurs affirmé que la forêt qui fourmillait au-dessus de leurs têtes était trop dangereuse pour eux. Il s’agissait là d’un mythe bien implanté dans leur conscience pour faire régner l’ordre.

    Leur royaume, parsemé de colonnes supportant le plafond de terre, était composé de différentes galeries qui serpentaient son sous-sol dans lesquelles les Mandanes évoluaient. Ce pays situé à l’ouest du continent s’étendait sur des kilomètres, et ce, tout en restant sur un seul étage. Il n’y avait aucune autre partie sous-jacente.

    Cependant, les couloirs secondaires, perpendiculaires au corridor principal, menaient vers différentes chambres plus ou moins importantes les unes par rapport aux autres.

    Au cœur de cette architecture souterraine aussi incroyable que magnifique, trois lacs abreuvaient le clan. Leur eau pure, froide et cristalline, provenait de la surface. Les jours de pluie, les gouttes d’eau qui rafraîchissaient la forêt interdite qui les surplombait s’infiltraient dans le sol. Suivant des canalisations formées naturellement, ces ondées réussissaient à se frayer un chemin pour terminer leur course dans les plans d’eau.

    La qualité de l’air souterrain était parfaite. En effet, l’oxygène était filtré par les trous laissés par les diverses familles d’animaux invertébrés. Ces insectes creusaient des chemins qui, la plupart du temps, créaient des conduits d’air qui s’ajoutaient aux portes de l’habitat des Mandanes. Lors des journées d’été plus chaudes, une humidité imprégnait les murs, qui dégageaient alors une odeur fétide. Mais, quand un vent de fraîcheur était poussé par des courants d’air créés par les entrées et sorties de ce pays caché, il balayait ces effluves malsains pour laisser place à un doux parfum de fleurs et d’herbes géantes.

    Les portes d’accès de ce monde étrange étaient camouflées au pied de troncs d’arbres qui poussaient à l’extérieur et au ras d’immenses pierres arrondies. Comme elles étaient bien gardées par des vigiles, personne du clan ne pouvait sortir du royaume, pas plus qu’un étranger ne pouvait y pénétrer. Ordre de l’Ancien Zingaro.

    Dans les confins des cavernes, un jeune Mandane rebelle se questionnait depuis longtemps au sujet de son dirigeant. En effet, il soupçonnait ce dernier de ne pas avouer l’entière vérité de leurs conditions au peuple. Dans un moment de passion, il s’était juré de libérer ses semblables de ce persécuteur. Ils méritaient un dirigeant juste et honnête.

    Car Loungaro n’accordait aucun crédit à ce que l’on racontait présentement. Il croyait voir plus clair que les autres : on les retenait en otages. Il en était persuadé : il y avait des gardes partout pour les empêcher de sortir. L’un d’entre eux, répondant au nom de Dgarra, s’était d’ailleurs fait particulièrement présent près de lui depuis qu’il s’était mis à tourner autour du chef des Mandanes. Il chérissait en effet le désir de provoquer ce dernier, mais malheureusement, le mercenaire à la solde de Zingaro, méfiant, le tenait à l’œil.

    Ce sombre soudard n’était pas comme ses pairs. Adopté par le peuple Mandane, ce rhinocéros géant monté sur ses deux pattes arrière était couvert, des cuisses aux épaules, d’une cuirasse amovible de métal. Une encolure, modelée en forme de pointes acérées, s’étirait jusque derrière sa tête, imitant les épines que les Mandanes avaient partout sur leur corps et qu’il ne possédait point. Comme tout rhinocéros, Dgarra était muni d’une corne sur le nez.

    En ce matin du solstice d’été, Loungaro tenta pour une énième fois de s’enfuir du terrier en plongeant dans le lac Mirio.

    La première fois qu’il y avait été fut purement accidentelle : il était tombé dans l’eau froide lorsqu’un de ses congénères distrait l’avait bousculé par inadvertance. Une nuée de soldats s’était précipitée sur lui pour le ramener à la surface en le menaçant. Le jeune Mandane s’était aussitôt douté qu’il y avait anguille sous roche. Que dissimulait donc ce lac ? Une sortie vers l’extérieur ? Il ne voyait pas ce que ça pouvait être d’autre. Or, Loungaro avait recommencé maintes et maintes fois, d’abord pour s’en assurer, puis pour découvrir ce qui s’y cachait.

    Ce matin encore, le fugitif se fit aussitôt prendre : le mercenaire à la solde de Zingaro plongea, malgré la lourdeur de sa cuirasse, afin de saisir le fuyard par le collet. Celui-ci se débattit et tous deux se mirent à perdre peu à peu de leurs forces. Néanmoins, Dgarra, bien qu’il fût exténué, réussit à s’emparer de Loungaro et, une fois à l’extérieur de l’eau, le maintint en le tenant à la gorge afin de le paralyser.

    — Je te tiens, impertinent ! Après toutes ces visites au cachot, tu oses encore défier la loi ? ragea le mercenaire. On verra bien ce que le seigneur va faire de toi…

    — Lâchez-moi… espèce d’animal !

    Le Mandane contestataire tentait désespérément de reprendre son souffle tout en frappant le bras musclé du mercenaire. Dgarra resserra davantage son emprise pour lui montrer sa supériorité.

    Loungaro abdiqua en fermant les paupières et en laissant tomber ses poings.

    Aussitôt, il fut amené, trempé jusqu’aux os, devant l’Ancien Zingaro.

    — Pourquoi te retrouves-tu devant moi ? demanda le dirigeant du clan, bien assis sur son trône.

    Il avait eu le temps d’assimiler la nouvelle concernant Dévoria apprise un mois plus tôt et dissimulait ainsi son angoisse.

    Le rhinocéros géant se plaça auprès de son chef pour avoir le plaisir de regarder son prisonnier se faire malmener. Loungaro n’était pas comme tous les autres de son espèce.

    Physiquement, tous les Mandanes se ressemblaient — à l’exception de l’Ancien qui, à l’instar d’une reine abeille dirigeant sa ruche, différait par sa couleur — et n’arrivaient souvent à se différencier entre eux que par les phéromones qu’ils produisaient. Si le jeune rebelle avait la même apparence que ses congénères, il en allait autrement de son esprit et ses convictions, puisqu’il était l’un des seuls à s’afficher en opposition à son dirigeant.

    Le Mandane divergent garda ses yeux fixés sur son supérieur en tentant de contrôler sa rage. Depuis des milliers d’années, les différents meneurs du clan leur avaient fait croire que le monde qui évoluait au-dessus de leur tête était dangereux, fourbe et mensonger ; qu’il y avait là des ennemis indestructibles qui pourraient ne faire qu’une bouchée d’eux.

    De plus, une légende — que Loungaro considérait comme inventée par Zingaro — racontait que si un Mandane osait sortir des galeries souterraines, il pouvait éveiller la colère de leur dieu, qui les écraserait sur-le-champ pour ensuite détruire leur monde tout entier. Des foutaises…, songea-t-il, toujours bien droit devant son maître.

    Finalement, Loungaro restait persuadé que leur dirigeant ne voulait les garder dans l’ignorance que pour être capable de mieux les contrôler et, ainsi, assouvir ses désirs de pouvoir.

    — Je n’ai rien fait de mal ! finit par exploser le jeune Mandane. Je veux uniquement connaître la vérité sur le monde extérieur. Je suis persuadé qu’il n’est pas comme vous vous tuez à vouloir nous le faire croire.

    Le réfractaire prit une pause pour bien organiser ses pensées avant de s’exprimer à nouveau.

    — Pourquoi ne nous expliquez-vous pas plutôt pourquoi il y a ces tremblements de terre depuis plus de trente lueurs du jour ? Pourquoi continuer de dire que vous nous empêchez de sortir pour nous protéger du mal, nous protéger de la mort, alors que cela n’a aucun sens ? Quiconque étant doté de raison peut en convenir : si la moitié de tout cela était vrai, il serait impossible que les chasseurs reviennent vivants — avec des proies, par-dessus le marché. Vous n’êtes que des animaux sauvages ! Vous vous empiffrez comme des bêtes avec cette viande chaude et saignante. Vous devriez contenir votre animalité…

    — ASSEZ ! hurla Zingaro en se levant de son siège d’un trait.

    Le monarque était envahi d’une sombre colère. Il n’était pas question que quiconque l’insulte de cette façon.

    S’il n’en tenait qu’à lui, l’Ancien aurait bien aimé éventrer cet impertinent. Mais, en tant que seigneur du clan, il devait se montrer plus indulgent devant ses sujets. Avoir été seul avec cet idiot, je n’en aurais fait qu’une bouchée… Une lueur éclaira son regard. En revanche, l’assemblée du peuple qui se tiendra dans deux lueurs du jour le fera pour moi !

    — Qu’on l’amène aux galeries des prisonniers ! ordonna Zingaro en levant le bras devant lui. Ses semblables l’élimineront une fois pour toutes.

    Dgarra n’eut pas besoin de se le faire dire deux fois. Il prit plaisir à pousser Loungaro hors de la salle du trône.

    — Non ! tenta de se débattre le rebelle, déjà pris entre les pattes du mercenaire. Vous le paierez cher lorsque le clan saura ce que vous manigancez ! Je suis persuadé que tout ce que vous tentez de leur faire croire n’est que balivernes !

    — Tais-toi et avance ! s’imposa le mercenaire. Tu n’impressionnes personne avec tes racontars.

    Dgarra traîna sa capture, qui se débattait vivement en le maudissant haut et fort. Une fois devant le cachot, Loungaro fut jeté à l’intérieur comme un vulgaire déchet. Puis, dans un fracas, la porte se referma derrière lui.

    Chez les Mandanes, les prisons étaient différentes de celles que l’on pouvait imaginer. Elles étaient de forme rectangulaire, un peu comme les tombeaux que l’on retrouvait parfois dans certaines cryptes : un lit creusé dans les murs de terre durcie avec un mélange d’eau et de poudre d’os des restes de leurs festins. Ces espaces restreints étaient refermés par des barreaux, assemblés avec des fémurs de Biffons dévorés — des espèces d’animaux aux longues oreilles, munis d’ailes surdimensionnées et ayant deux longues cornes incroyablement solides sur la tête.

    Une fois à l’intérieur, le détenu se voyait dans l’obligation de s’étendre face vers le haut, ce qui constituait une position de torture pour le Mandane qui s’y installait. Les épines, qui les protégeaient pourtant des attaques ennemies, subissaient une telle pression au contact du sol qu’elles cherchaient à pénétrer dans leur peau, leur causant une douleur insoutenable. Comme la possibilité de se mouvoir était limitée, le Mandane ne pouvait pas trouver de position confortable. Alors, après un passage de quelques jours dans l’une de ces geôles, les malveillants préféraient généralement y réfléchir à deux fois avant de commettre un nouveau délit. Mais Loungaro, lui, n’avait pas peur de cet endroit : il avait seulement la frousse de perdre sa liberté fondamentale.

    Après tant de temps passé dans ces cages ajustées, le jeune rebelle avait développé une technique pour se retourner sur le ventre. À trois reprises, il s’était retrouvé dans l’une de ces cellules pour la même raison : tentative d’évasion des cavernes. Là, c’est pour m’être dressé devant le chef suprême du clan…

    L’abdomen était la partie la plus sensible du corps des Mandanes en raison de la peau plus tendre et moins épineuse. Il y avait des pics, certes, mais ils étaient plus souples que ceux se situant sur leur échine.

    Loungaro finissait par ressentir de la douleur au bout d’un certain moment. Mais, malgré cette souffrance, il recommençait chaque fois ses tentatives d’évasion.

    — Hé ! Loungaro, c’est encore toi ? chuchota une voix provenant de la droite du jeune Mandane.

    Le détenu avait reconnu l’odeur du nouveau venu.

    — Tu n’es toujours pas sorti, Milero ? Il me semble que cela fait une éternité que tu es emprisonné ici ! s’étonna le rebelle en tentant de se placer de façon à ne pas ressentir la douleur lombaire qui, déjà, lui picotait le corps.

    Milero, à l’instar de Loungaro, était un récidiviste. Il avait beau être puni pour les infractions qu’il commettait, il ne pouvait s’empêcher de recommencer. Après chaque séjour en prison, ce brigand trouvait toujours une raison pour voler ou tenter de s’enfuir du terrier. C’était d’ailleurs sans compter toutes les fois où il avait réussi à s’évader à l’extérieur, dans la forêt interdite. Milero connaissait tous les recoins des tunnels qui constituaient le monde des Mandanes, jusque dans les moindres détails de leur architecture unique, particulière.

    Des portes en forme d’arche de couleur rouge, aux sculptures et gravures ancestrales, décoraient les murs des salles — plus particulièrement celle de l’hôtel sacré. Cette pièce accueillait un coffre-fort qui était recouvert de feuilles d’or et de rubis. Selon la légende, ces magnifiques décorations avaient été léguées aux Mandanes par d’étranges guerriers venus de l’est en échange d’épées de métal noir enchantées.

    Personne ne savait ce qui était caché à l’intérieur de ce coffre au trésor. La seule chose que le clan savait était qu’il fallait vouer un culte à celui-ci pour calmer les dieux. Quelquefois, Zingaro exigeait que l’on y sacrifie quelques petites bestioles ramenées par les chasseurs.

    Bref, Milero était le seul Mandane, en dehors des gardes de l’Ancien, à pouvoir s’orienter aussi facilement dans ce monde caché de la vie extérieure.

    — J’ai fait quelque chose de grave, Loungaro, lui rappela le prisonnier habile. Depuis, j’ai besoin de repos, malgré la douleur que ma position me cause. De plus, le vol à la tire est devenu difficile, ces derniers jours, avec ces secousses sismiques intermittentes qui n’arrêtent pas de nous faire tomber cette foutue terre sur la tête. Dernièrement, ça a même bloqué les galeries les plus au sud. Avec tout cela, je ne peux plus faire ce que je veux quand je le veux ; il y a de plus en plus de gardes qui nous surveillent. Sans parler de ce monstre de Dgarra qui met son museau partout. Je te le dis, mon garçon, les corridors de nos sous-sols ne sont plus ce qu’ils étaient !

    Le jeune Mandane, qui avait

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