Je ne voudrais même plus être un chien
Par Jean-Marie Meyer
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jean-Marie Meyer, impliqué dans le monde animé du textile et de la mode, a été témoin d’événements majeurs des dernières décennies. Sa réactivité face aux défis de ce domaine dynamique et sans frontières se reflète dans Je ne voudrais même plus être un chien.
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Aperçu du livre
Je ne voudrais même plus être un chien - Jean-Marie Meyer
Du même auteur
De cette époque jusqu’à nos jours, Le Lys Bleu éditions, 2022 ;
Le bon sens, Le Lys Bleu éditions, 2022 ;
Des rythmes, un rythme, le rythme, Le Lys Bleu éditions, 2023.
Prologue
Hier en me promenant tranquillement comme à mon habitude dans la belle forêt communale aux confins du Jura, jouxtant le Jardin zoologique d’où venaient les effluves de fauves, je me souvenais des années antérieures lors de ces mêmes promenades, il y avait nettement moins de joggeurs harnachés et de vélocyclistes avec leur dring-dring presque insultant dans les allées du genre « Poussez-vous ! » simple promeneur du dimanche.
Ma vie durant, je me promenais avec mon chien, un bel animal intelligent : un berger allemand et lui ne cessait pas de courir autour de moi dans un périmètre où nous étions dans le champ de vision de l’autre.
Nous marchions, sortions sous la pluie, avec la neige comme compagnon, rien ne nous arrêtait et chaque fois de retour à la voiture qui devait nous ramener à la maison, si nécessaire après s’être l’avoir essuyé, moi de même, rien de meilleur qu’un bon cigare…
Aujourd’hui, cette séquence de vie est impossible, le chien devrait être sans arrêt à la laisse ou la longe… et il n’y a plus de cendrier dans les voitures non polluantes, donc obligé, si vous êtes fumeur, de jeter les cendres et les mégots à l’extérieur, c’est un beau geste très écologique…
Le chien n’a plus de liberté au nom de la liberté ! Le chauffeur et fumeur n’a plus de liberté au nom de la santé !
Il est tout aussi difficile d’être un chien heureux qu’un humain comblé de nos jours, mais par contre notre liberté va s’exercer dans le virtuel. Nous sommes en somme devenus les ilotes de la technologie et de la soi-disant solidarité fraternelle de la considération de la liberté envers les autres.
Aujourd’hui, notre liberté se réduit à naviguer sur les réseaux sociaux et autres possibilités digitales, mais en ne s’occupant plus des autres en en direct, nous sommes dans une prison virtuelle. Adieu les beaux principes, il faut simplement sauvegarder aujourd’hui une apparence qui convient à quiconque, une personne sans personnalité à part entière, c’est-à-dire à vous-même.
Chapitre I
Dans les Antimémoires, André Malraux résumait ce qu’il nommait la métamorphose de l’humain en quelques lignes qui sont encore aujourd’hui d’une actualité brûlante, elles ont toujours la même pertinence et force et je me permets de vous la citer :
« Bien que ma jeunesse soit comme l’Orient semblable à un vieil Arabe sur son âne dans l’invincible sommeil de l’Islam, les deux cent mille habitants du Caire sont devenus quatre millions, Bagdad remplace par les canots automobiles les nasses de roseaux et de bitume où pêchaient ses paysans babyloniens et les portes de mosaïque de Téhéran se perdent dans la ville, comme la Porte Saint-Denis à Paris. L’Amérique connaît depuis longtemps les villes-champignons, mais ces villes-champignons n’effaçaient pas une autre civilisation, ne symbolisaient pas la métamorphose de l’homme… »
Quels sont les facteurs essentiels dans la métamorphose de l’homme :
Ce sont ces points que nous allons aborder sans aucun ordre de préférence dans cet essai en gardant en mémoire les paroles du toujours même : André Malraux :
Si les civilisations ne survivent qu’à travers la métamorphose, alors le monde est fait d’oubli.
Nous passerons d’abord par l’économie sans rentrer dans le détail statistique des pays, mais en regardant, réfléchissant sur les grands blocs, en somme nous serons dans la réflexion macro-économique ; les comportements, les politiques mis en place par les états ou les tendances.
Nous verrons ainsi l’économie à l’échelle des continents orientaux et occidentaux, avec les quelques exceptions bien à propos.
Suivons l’ordre chronologique de l’ère moderne (les siècles récents : le 19e, 20e et 21e sont ceux retenus).
Nous partirons d’Europe pour aller en Amérique et terminer notre périple en Extrême-Orient (Chine, Japon, Corée).
Le départ de toutes les modernes métamorphoses est l’Europe occidentale, par cela j’entends :
– l’Angleterre ;
– la France ;
Ce sont les pays leaders au XIXe siècle, ils furent très rapidement suivis par les États-Unis d’Amérique qui prirent la même voie.
Ces pays ont mis en avant dans leur culture l’impermanence, cela revient à dire librement « Non », c’est une révolte pacifique et individuelle qui est possible. Comportement mis en avant par Albert Camus dans L’homme révolté.
Comment ne pas réfléchir à la personnalité de l’individu en ces jours actuels. Tout y contribue, y amène dans ces pays, que cela soit l’économie, le social, la politique, la culture ou même à l’extrême, le sport.
Les exemples pris dans cet espace nous amène jusqu’à la Russie Impériale avec des Dostoïevski, Tchekov, Tolstoï, et les adaptations faites par Albert Camus d’œuvres russes au théâtre comme Les Justes ou Les Possédés.
Si hier la Russie fut le berceau intellectuel de la révolte, aujourd’hui le cadre a changé, le leadership de la pensée intellectuel à laisser place à un totalitarisme stalinien. Hier, la révolte était contre l’aristocratie russe, elle fut la genèse du communisme qui lui-même subira différents stades avec l’avènement de différents autocrates ayant chacun une ligne de pensées autre, alors que de l’autre côté en Europe et Amérique le capitalisme lui-même subira différentes métamorphoses en étroite corrélation avec celles survenues en Russie. Celui-ci va arriver au point qu’à ce jour il en va exactement de même, malgré la chute du mur de Berlin et la Pérestroïka, mais nous reviendrons sur ces sujets sans que nous ayons à nous cachons dans notre propre existence, et je trouve cela pas anodin ni anormal.
Nous sommes en Occident en zone démocratique, géographiquement et majoritairement, c’est un constat. Mais celle-ci doit se relever, relever sa tête pour ne pas dépendre dans les années qui viennent du capitalisme de surveillance, nous devons être dans l’impermanence, nous réveiller, être dans la colère et le deuil pour avoir été abusés et cambriolés dans notre vie privée et personnelle. Nous devons admettre que nous avons été dépouillés de notre personnalité.
Pas seulement de toutes les données personnelles, ce qui est le jeu avec notre impermanence par rapport à la situation présente, nous devons revenir à l’attente humaine, au retour de la souveraineté de la personne, l’indépendance de sa propre vie, donc existence ; d’être le créateur et de ce fait l’auteur de sa propre expérience.
Il nous faut gérer l’expérience propre et intérieure grâce à laquelle nous arriverons à former une volonté à vouloir dans tous les espaces qu’ils soient privés ou publics et où nous pourrons avoir une interaction et même une action sur les évènements qui nous concernent.
Ce qui est en jeu, c’est le principe dominant de l’ordre social dans une civilisation où l’information, la nouvelle, est reine et tous nos droits aussi bien dans le cercle privé et individuel que sociétal et public doit vous donner les réponses : qui sait ? – qui décide ? – qui décide de qui décide ?
Il est évident que le capitalisme moderne, celui de la surveillance qui s’est arrogé autant de nos droits dans de nombreux domaines est simplement scandaleux, malgré de belles promesses et les belles possibilités offertes et potentielles dans ce que l’on nomme le numérique, faites lors de sa conception et naissance il y a quelques années.
La démocratisation du savoir, la satisfaction de nos désirs contrecarrés pour une vie affective que le futur qui sera invariablement numérique, ce qui est une chose, mais avant tout qu’il soit humain.
Quelles issues avons-nous pour arriver vers une