Bellavance, Guy & Jonathan Roberge - Le Conseil Des Arts Et Des Lettres Du Québec: Une Analyse de Son Environnement Institutionnel Et Financier

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Le Conseil des arts et des lettres du Qubec: une analyse de son environnement institutionnel et financier Guy Bellavance et Jonathan Roberge
Bulletin d'histoire politique, vol. 21, n 2, 2013, p. 136-150.

Pour citer cet article, utiliser l'information suivante :


URI: http://id.erudit.org/iderudit/1014144ar DOI: 10.7202/1014144ar Note : les rgles d'criture des rfrences bibliographiques peuvent varier selon les diffrents domaines du savoir.

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Le Conseil des arts et des lettres du Qubec : une analyse de son environnement institutionnel et nancier

Guy Bellavance Institut national de la recherche scientique Centre Urbanisation, Culture et Socit Jonathan Roberge Chercheur post-doctoral Dpartement dhistoire de lart et dtudes en communications Universit McGill
Cr en 1994, le Conseil des arts et lettres du Qubec (CALQ) reprsente aujourdhui le principal instrument de nancement public de la cration artistique au Qubec. Laction nancire de cet organisme qubcois est non seulement remarquable compare celle dautres organismes du mme genre ailleurs au Canada, mais galement ltranger. Lintention de cet article est prcisment de situer cette organisation en fonction de cet environnement institutionnel et nancier plus global. cette n, larticle propose une mise en perspective du CALQ partir de trois chelles dobservation diffrentes, de la plus gnrale la plus particulire. Une premire perspective, panoramique, propose dabord une comparaison de leffort gouvernemental qubcois lchelle nationale et internationale. O se situe le CALQ par rapport aux organisations quivalentes au Canada et ltranger ? Quel est particulirement son poids en termes budgtaires face dautres conseils des arts et dautres organisations qui, sans ncessairement en porter le nom, tiennent un rle quivalent au Canada et dans des pays qui, comme lAngleterre, les tats-Unis ou lAustralie, disposent dun instrument semblable ? La seconde perspective situe plutt le CALQ au sein de lenvironnement institutionnel dont sest dot le Qubec en matire de culture depuis la Rvolution tranquille. Cette chelle, qui est celle du gouvernement qubcois, permet de consi136 Bulletin dhistoire politique, vol. 21, no 2

drer le poids et le rle actuel du CALQ au sein de lventail des grandes institutions culturelles qui, tout comme le CALQ, relvent aujourdhui des attributions du ministre de la Culture, des Communications et de la Condition fminine du Qubec (MCCCF). Enn, en troisime lieu et dans une perspective plus rapproche, larticle examine ce que nous appellerons lenvironnement interne du CALQ. Cette section vise cerner ce que fait le CALQ au jour le jour, travers ses multiples programmes. Rappelons cet gard que laction de lorganisme couvre initialement les domaines des arts visuels, de la littrature et des crations musicale, thtrale ou chorgraphique, et quelle stend aussi depuis peu aux arts mdiatiques ainsi quaux arts du cirque et de la chanson. Sur ce plan interne, laction de lorganisme sera situe plus particulirement en regard de ses deux principales catgories de clientles institutionnelles, les secteurs artistiques dune part, et les rgions du Qubec dautre part. Ceci permettra notamment de souligner les tensions caractristiques entre logiques sectorielle (artistique) et territoriale (rgions) qui sous-tendent laction de lorganisme. Cette analyse de lenvironnement institutionnel et nancier du CALQ sarticule autour des donnes nancires pertinentes en 2009-20101. Les chiffres, bien sr, ne disent pas tout. Ils permettent nanmoins de donner un premier signalement de ce quest le CALQ, comme organisation et comme mode opratoire. Ces chiffres fournissent aussi une base comparative somme toute objective permettant damorcer une discussion sur les logiques daction sous-tendant leffort nancier du CALQ, ceci compte tenu des diffrents environnements institutionnels au sein duquel lorganisme volue. Pour anticiper peine sur la conclusion, relevons demble le caractre hybride du CALQ qui, inspir dun modle britannique (les conseils des arts), mais insr dans une plus large structure dinspiration franaise (les ministres de la Culture), se voit amen depuis peu initier des modles dappariement public-priv qui rappellent plutt le modle dominant aux tats-Unis des grandes fondations philanthropiques prives. Lenvironnement international : les conseils des arts au Canada et ltranger Le CALQ est non seulement lun des plus rcents conseils existant lchelle internationale, mais cest aussi lun des mieux dots per capita. Bien que lorganisme soit parmi les derniers conseils voir le jour, il se rvle en effet lheure actuelle lun des mieux pourvus per capita (avec 12,46 $ par habitant). Au plan historique, il est de plus intressant de constater une vague de dcentralisations ou de rgionalisations qui, touchant au dbut des annes 1990 tant le Canada que la Grande-Bretagne, semble prsider la
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naissance du CALQ. En effet, le trs ancien Arts Council of Great Britain (ACGB), cr en 1946, et qui fournit le modle aux diffrents conseils existants, donne naissance, lanne mme de cration du CALQ, trois conseils rgionaux : en Angleterre, avec lArts Council England (ACE), sur lequel portera notre attention, mais aussi en cosse et aux Pays de Galles2. Au mme moment, quatre conseils des arts provinciaux sont galement crs au Canada : non seulement au Qubec (1994), mais galement au Nouveau-Brunswick et en Alberta (1991) ainsi quen ColombieBritannique (1995). Au plan budgtaire, le niveau atteint par le CALQ est par ailleurs remarquable, tant lchelle du Canada qu celle de la scne internationale. En 2009-2010, son per capita sapproche notamment de celui de lArts Council England (ACE) qui savre non seulement le plus ancien (compte tenu de sa liation avec lancien ACGB) mais aussi le mieux dot, du moins avant les importantes coupures annonces en 20103. Le per capita de lACE risque donc dici peu dapprocher davantage celui du CALQ. La comparaison avec le budget du Conseil des arts du Canada (CAC) savre aussi des plus pertinentes. Longtemps considr comme le plus important instrument de nancement des arts et des lettres au pays, le per capita du CAC apparat en effet aujourdhui bien infrieur celui du CALQ, moins de la moiti (5,43 $). Le CAC enregistre dailleurs un per capita plus faible que celui de deux autres conseils provinciaux canadiens, ceux de la Saskatchewan et de lAlberta (respectivement 10,40 $ et 9,65 $), et savre mme plus faible que celui du Conseil des arts de Montral (7,10 $). Rappelons que le CAC, tout comme lACE maintenant, a connu dimportantes compressions au milieu des annes 1990 ; ceci sest traduit notamment au CAC par la suppression de la moiti de son personnel et llimination de nombreux programmes. Malgr une certaine relance au cours des annes 2000, lorganisme fdral nest manifestement plus la source la plus importante de soutien aux arts au Qubec comme dans plusieurs autres rgions canadiennes4. Enn en Ontario, le per capita du Conseil des arts (5,00 $), qui quivaut peu de chose prs celui du CAC, reste bien infrieur celui du Qubec5. La comparaison avec nos voisins du Sud conrme quant elle, sans surprise, la diffrence des modes dinterventions publiques de part et dautre de la frontire : malgr une population nettement plus nombreuse quau Canada, le National Endowment for de Arts (NEA) dispose dun budget global (181,5 M $) lgrement infrieur celui du CAC (183,1 M $), le per capita du NEA apparaissant donc ngligeable (0,60 $). Le NEA, dont les budgets ont aussi t srieusement comprims au cours des annes 1990, joue un rle marginal dans le paysage du nancement des arts aux tatsUnis, o les fondations philanthropiques prives, de grandes mtropoles et plusieurs villes de mme que certains tats sont gnralement beau138 Bulletin dhistoire politique, vol. 21, no 2

coup plus fortement impliqus6. Lorganisme canadien se laisse en revanche largement distancer par son quivalent australien, lAustralia Council for the Arts (ACA). Ce dernier, 8,58 $, nen dispose pas moins dun per capita sensiblement infrieur celui du CALQ.

Larrire-plan historique
Malgr ces variations, historique et budgtaire, ces organismes procdent tous dun mme modle dintervention culturelle publique langlaise , dit du arms lenght, dont lACGB xait les paramtres initiaux en 19467. Dinspiration britannique, ces organismes sont en outre tous situs dans laire dinuence culturelle et institutionnelle anglo-britannique, incluant tant le Qubec que les tats-Unis. Tout comme le modle des ministres de la culture reste insparable de la personnalit de lcrivain Andr Malraux, premier titulaire dun organisme de ce type sous Charles de Gaulle, et saccorde une certaine ide de la Rpublique et de la France8, celui des conseils des arts est indissociablement li la personnalit de John M. Keynes. En effet ce dernier, en plus davoir t linstigateur du Welfare State, a t directement impliqu dans la cration de lACGB dont il fut le prsident fondateur9. De plus, tout comme la cration du MACQ doit beaucoup aux rencontres entre Georges-mile Lapalme, Andr Malraux, et leurs quipes respectives10, celle du CAC doit linuence des milieux keynsiens sur Vincent Massey, alors haut-commissaire Londres11. Au Qubec mme, il est aussi intressant de noter lhsitation initiale entre ces deux modles, langlaise ou la franaise. Lapalme, dans les annes 1950, a en effet dabord envisag la cration dun Conseil provincial des arts12. De plus, jusque dans les annes 1960 au sein mme du MACQ nouvellement cr, un Conseil provincial des arts (1961-1968) coexiste quelque temps avec un Service daide la cration. Ce dernier ne simposera que par la suite comme principal bras nancier du gouvernement qubcois auprs des milieux de la cration. La cration du CALQ en 1994 reprsenterait donc cet gard un retour la case dpart. Les termes du modle dont sinspirent les conseils actuels sont quant eux clairement poss en Grande-Bretagne ds la sortie de la Seconde Guerre mondiale. Chacun des conseils rels en propose par la suite son interprtation, tant au plan du fonctionnement que de la mission. Il vaudrait la peine cet gard de poursuivre la comparaison. Nous nous en tiendrons toutefois dans le cadre de cet article rappeler les deux principes idaux qui permettent de les ranger au sein dune mme famille. Le premier consiste mettre lemphase sur des critres dexcellence et de professionnalisme artistiques, dnis laune des plus hauts standards nationaux et internationaux. Le second a trait la volont de mettre ces critres universels labri de lingrence politique pour se situer
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bonne distance du pouvoir politique. Deux caractristiques organisationnelles dcoulent de ces grands principes : a) un recours des organismes semi-autonomes (ni trop prs, ni trop loin du pouvoir politique) ; b) un processus dcisionnel, et non simplement consultatif, dvaluation par les pairs. la fois humaniste, litiste et libral, ce modle initial procde largement de la conjoncture politique propre lEurope de lentre-deux-guerres. En effet, le modle britannique reprsente la recherche dune troisime voie entre laction philanthropique purement prive caractristique du capitalisme classique et de nouvelles politiques culturelles alors en expansion au sein dtats totalitaires : les premiers pays se doter de politiques culturelles au sens moderne sont, comme on sait, lItalie fasciste de Mussolini, lAllemagne nazie de Hitler et lURSS de Staline ; leurs ministres de la culture sont dailleurs souvent des ministres de la propagande (Goebbels en Allemagne). Keynes est au cours de lentre-deux-guerres la recherche dune solution librale et humaniste ce dilemme. Comment, pour ainsi dire, intervenir (en art et en culture) sans intervenir (directement) ? La solution retenue, nolibrale dans la mesure o elle se distingue du libralisme classique, sinspire directement de lexprience de lUniversity Grants Committee, un modle de nancement de la recherche scientique et universitaire tabli ds 1919 en Angleterre13. Le modle est de la sorte directement calqu sur celui du dveloppement de la recherche scientique. Lapproche nest pas non plus dpourvue de contradictions. Cette approche corporatiste , ou en cogestion (public-priv), suppose notamment la dlgation de lautorit culturelle une entit dexperts non-lus, dote dune hirarchie propre, qui contrle un champ dinuence spcique14. On peut aussi voir dans cette dlgation une lite culturelle une forme prcoce de partenariat public-priv. Aux yeux de Keynes et de ses continuateurs, ce modle bien quimparfait nen reprsente pas moins le moins mauvais des systmes dans les circonstances, celles de laprsguerre et de la reconstruction. La cration des conseils sinscrit en effet dans un mouvement beaucoup plus gnral en faveur dune rgnration de cette civilisation (europenne) rcemment menace. Ajoutons que cette dlgation de lautorit culturelle de ltat un corps de non-lus na probablement t rendue possible qu cause de la trs forte solidarit et de lhomognit culturelles de la classe dirigeante de lpoque15. Ce modle est fortement contest compter des annes 1970, plus encore en Grande-Bretagne quau Canada, pour connatre de la sorte diverses adaptations et inexions. La prfrence initiale pour les uvres de rpertoire de la haute culture europenne, ainsi que pour les grandes institutions mtropolitaines nationales charges de les diffuser, opra, orchestres symphoniques, grandes compagnies de ballet, etc., volue notamment vers une dnition beaucoup plus large. Cest tout autant le cas au
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ACE16 quau CAC. Ce dernier, partir des annes 1970, largit ainsi son action au-del des grandes institutions mtropolitaines, appuie des types dartistes et dart moins traditionnels, et mne des actions cibles auprs de rgions et de milieux sous-reprsents. De plus, dautres institutions publiques voues au dveloppement conomique du secteur des industries culturelles (cinma, enregistrement sonore, dition) viennent inchir sinon doubler laction purement mcnale, et sans buts lucratifs, qui demeure celle des conseils. Le CALQ et lappareil culturel qubcois Lune des premires originalits du CALQ est sans doute dmerger au sein dun ministre provincial qui, bien que situ au Canada, est initialement fond sur un modle la franaise plutt qu langlaise. En outre, le MACQ se prsente demble, en 1961, comme le ministre de la civilisation canadienne-franaise et du fait franais en Amrique (Jean Lesage) ; il revendique de la sorte une raison dtre nationale. Son volution reste cet gard indissociable des rivalits fdrales-provinciales en matire culturelle qui furent tout particulirement vives au Qubec au cours des annes 197017. Lintervention culturelle qubcoise fera en outre un bond important la suite llection du Parti qubcois en 1976 : le budget accord au MACQ, qui correspondait avant llection 0,4 % du budget provincial, passe plus du double en moins de dix ans, pour se situer aujourdhui un peu plus de 1 %. Il reste quencore aujourdhui le gouvernement provincial nest pas le seul joueur au Qubec en matire dintervention culturelle publique : si laction fdrale apparat moins dterminante dans les secteurs artistiques traditionnels, elle nen reste pas moins prdominante en matire de radiotlvision et de cinma (Radio-Canada, ONF, CRTC, Tllm Canada) ; de plus, lintervention de Patrimoine canadien dans lensemble des industries culturelles (dition, enregistrement sonore, nouveaux mdias numriques) demeure incontournable. Malgr cette opposition initiale entre modle canadien langlaise et modle qubcois la franaise, lvolution subsquente nen prsente pas moins une tendance lquilibre. Du ct canadien, le Secrtariat dtat sous Grard Pelletier tout comme le Ministre des Communications sous Francis Fox ou Marcel Masse tiennent ainsi dj un rle largement comparable celui du MACQ ; la cration de Patrimoine canadien au dbut des annes 1990 nest venue que renforcer cette tendance. Celle-ci sinscrit dailleurs dans la mouvance de ce qui se passe au mme moment en Grande-Bretagne, o est galement cr en 1997, sous Tony Blair, un premier ministre de la culture, le Department for Culture Media and Sport (DCMS). Du ct qubcois, le MACQ en est venu quant lui faire reposer
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de larges pans de son action sur des organismes semi-autonomes, le CALQ ne reprsentant cet gard que lune des dernires manifestations de cette tendance. Ce processus est en effet bien amorc ds le dbut des annes 1980, avant donc la refonte de laction culturelle qubcoise donnant naissance au ministre de la Culture et des Communications du Qubec (1992) : ds 1983, les trois muses nationaux et les deux scnes nationales tout comme la Rgie du cinma deviennent des socits dtat dotes de leurs propres conseils dadministration ; la SOGIC anticipe pour sa part ds 1988 lactuelle SODEC (1995). Reste comparer la longueur de la distance qui spare actuellement le CALQ du MCCCF et le CAC de Patrimoine canadien. Nous nous contenterons cependant dans le cadre de cet article valuer le poids nancier du CALQ au sein de lappareil culturel strictement qubcois. Ceci peut notamment servir dindicateur quant au niveau de lgitimit actuel de lorganisme au sein de cet cosystme institutionnel. Sans y tre une entit ngligeable, le CALQ nest pas pour autant le seul joueur au sein de cet ensemble. Prcisons dentre de jeu que le budget du MCCCF ne correspond lui-mme qu un peu plus de 1 % du budget du gouvernement qubcois, ce qui est comparable au poids de Patrimoine canadien lchelle du gouvernement canadien ou du DCMS lchelle de la Grande-Bretagne. Ceci a le mrite de remettre dans une juste perspective le poids rel de laction culturelle publique des tats contemporains, qui reste somme toute mineure. Nanmoins, au sein de cet cosystme ministriel, le CALQ reprsente tout de mme le second poste budgtaire en importance (14 %). Il nest devanc ce titre que par les Programmes daide directe du ministre (24,5 %)18. En sen tenant aux seuls transferts vers les socits dtat, son budget occupe de fait prs du quart des dpenses du ministre (23 %). La part du CALQ est ainsi un peu plus leve que celle de BAnQ (12 %), des Muses nationaux et de la SODEC (chacun 10 %) et de Tl-Qubec (9 %). Contrairement la plupart des autres organismes, le CALQ ne dispose pas de revenus propres. De plus, son budget rel dopration (97 millions $) est peine plus important que ce quil reoit en transferts (95 millions $, soit 98 % de son budget). Enn, les actifs de lorganisme apparaissent ngligeables compars ceux des autres institutions, qui elles disposent pour la plupart dimportantes valeurs mobilires ou immobilires (par exemple, BAnQ, Place des arts et Grand thtre, Tl-Qubec et les trois muses nationaux). Le CALQ, quant lui, est la seule de ces institutions nationales ne pas disposer de valeurs aux livres plus importantes que son budget dopration. En fait, le prol qui se dgage de la sorte souligne la vocation clairement mcnale du CALQ. Compar aux autres institutions paragouvernementales, le CALQ est essentiellement un redistributeur de fonds publics.
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Cette fonction mcnale existait avant mme la cration du CALQ, celle-ci tant alors assume par un Service daide la cration qui, sous diverses dnominations, a t amen tenir un rle comparable. Ds le dbut des annes 1980, les transferts de ce service ministriel vers les artistes et les organismes du milieu artistique surpassaient dailleurs dj sensiblement laide apporte par le CAC19. Jusqu la cration du CALQ, cette aide la cration transite principalement par des Directions rgionales dtentrices denveloppes globales. Bien que ces Directions en soient venues recourir des jurys de pairs, ladoption dun modle langlaise na pas t sans consquence. La cration du CALQ correspond en effet un renforcement du national au dtriment de ces Directions ainsi qu un recentrage de laction sur la dimension artistique sectorielle, par opposition au dveloppement territorial. Ceci a galement eu pour consquence un dplacement non ngligeable du centre de dcision vers les milieux artistiques mtropolitains. Alors que ladministration rgulire du CALQ est base Qubec, son conseil dadministration est trs majoritairement constitu de Montralais . Ceci na pas t sans causer bien des remous en rgion. Mais si cela a pu affaiblir le pouvoir rgional, laide aux diffrents secteurs en est aussi devenue plus visible et laction sectorielle (au sens professionnel) plus transparente. Les tats nanciers du CALQ traduisent dailleurs cette orientation sectorielle, dans la mesure o ils sont principalement prsents en fonction des dpenses par secteurs artistiques plutt que par rgions. Lenvironnement interne : ce que fait le CALQ La mission ultime du CALQ est de nancer la cration, la production et la diffusion duvres qubcoises sur lensemble du territoire de la province et ce, dans le respect des standards internationaux en vigueur. La quasitotalit de ses dpenses doprations (95 %) sont consacres ce titre, soit 92 millions de dollars20. Ceci laisse en fait peu de marge de manuvre pour dautres types doprations, le CALQ tant ainsi quasi essentiellement un redistributeur de fonds publics via divers programmes de bourses, de subventions ou, plus rcemment, dappariement. Lessentiel de ses activits consiste ds lors concevoir, grer et rafner rgulirement des programmes permettant datteindre cette n. La mise au point de ceux-ci implique galement une consultation permanente des milieux concerns. Outre le conseil dadministration, plusieurs comits consultatifs sont ainsi trs actifs21. Le CALQ propose de la sorte aux milieux artistiques une panoplie de programmes relativement sophistiqus qui, ayant connu plusieurs volutions au l des ans, sont encore continuellement afns. Malgr cette diversit et des variations dans le temps, certaines constantes sen dgagent nanmoins. On peut ainsi distinguer trois grands
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types. Les deux premiers relvent des modes traditionnels dintervention des conseils des arts, savoir loctroi de bourses aux individus (principalement pour la ralisation duvres ou de projets) et de subventions aux organismes (principalement pour assurer leur fonctionnement rgulier). Ceci tant, sest ajout depuis 2005 un troisime type visant impliquer le secteur priv dans le nancement des arts : le programme Placement culture. Sadressant spciquement aux organismes, et visant les appuyer dans leurs campagnes de leve de fonds par des subventions dappariement, le programme veut leur permettre de se munir de fonds de dotation ou de fonds de rserve, et par l leur permettre de gagner en autonomie. La part relative de chacun de ces trois grands types de programme reste par ailleurs dordre fort diffrent. En effet, en 2009-2010, laide de type traditionnel aux organismes accapare 76 % de lensemble des dpenses de transfert, alors que laide aux organismes par subventions dappariement (Placement Culture) compte pour 13 %. Les bourses aux artistes ne comptent pour leur part que pour 11 %. Compte tenu de sa mission, deux principales logiques sous-tendent les trois types de programmes : le dveloppement sectoriel des diverses formes dart, dune part, et lquilibre rgional, de lautre. La premire logique en importance concerne sans contredit le dveloppement sectoriel des disciplines artistiques professionnelles. La cration du CALQ rpond de ce point de vue une demande historique de ces milieux. Dans lensemble de ces cas, les critres dexcellence et de professionnalisme, laune, trs justement, des standards internationaux de chacune des disciplines, tendent sappliquer. Ils sexercent principalement travers le recours aux jurys et aux comits dvaluation par les pairs. Sur ce terrain, le CALQ na pas de concurrence. Cette action sectorielle nen varie pas moins considrablement, au plan nancier, en fonction des disciplines. Les tats nanciers dmontrent ainsi que plus de la moiti du budget est consacre au thtre et la musique. En incluant la danse et les arts du cirque, le secteur des arts de la scne compte ds lors lui seul pour prs des deux tiers, soit 65,3 %. Ceci explique notamment le poids des programmes daide aux organismes dans le budget du CALQ : les arts de la scne, contrairement aux arts plastiques et la littrature, sorganisent davantage sur la base de collectifs. La forte majorit des fonds aux disciplines de ce secteur, et dans certains cas la quasi-totalit, comme le thtre et les arts du cirque, sont des subventions de ce type. Ceci tant, il faut aussi noter limportance relative du recours Placement Culture dans le secteur des arts visuels. Cette tendance reprsente certainement une importante volution au sein dun secteur o, traditionnellement, les organismes gnrent moins de fonds propres que les arts de la scne22. Ajoutons que ces programmes dappariement auraient permis linjection, entre 2006 et 2010, de 62 millions de dollars en argent neuf, favorisant de
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la sorte une diversication signicative des sources de nancement des organismes concerns. Au maintien des quilibres sectoriels sajoute celui des quilibres territoriaux. cet gard, on remarque dabord limportance relative de laide totale la rgion de Montral (66 %). Ceci tient en fait principalement laide aux organismes qui y mobilise en fait plus de la moiti des fonds ; cela correspond aussi prs de 70 % des subventions accordes aux organismes lchelle du Qubec. Prcisons toutefois que ce poids de laide aux organismes montralais tient en bonne partie au nancement de grandes institutions nationales elles aussi ligibles aux subventions : celles-ci reprsentent en effet prs du tiers de laide aux organismes de la rgion (29 %). En soustrayant ces institutions, laide aux organismes de la rgion de Montral compte donc plutt pour 37 %, ce qui est plus conforme au poids dmographique de la rgion, et qui est mme infrieur dans les faits23. Si laide aux artistes avantage galement la rgion montralaise (70 % des aides accordes), en revanche, le succs de Placement Culture hors Montral vaut la peine dtre signal : ces rgions obtiennent en effet plus de la moiti des fonds du programme. Ajoutons que le degr de concentration des fonds sur la rgion de Montral se rvle nettement plus faible au CALQ qu la SODEC : lintervention est en effet encore plus nettement mtropolitaine dans les secteurs des industries culturelles. La mission, lhistoire et le fonctionnement interne du CALQ impliquent une tension constitutive entre logique sectorielle, dun ct, et territoriale, de lautre. Sans tre a priori contradictoires, ces tensions se rpercutent plusieurs niveaux pour en apparatre incontournables. La logique sectorielle rpond principalement aux critres dexcellence et de professionnalisme qui prvalent dans chacune des disciplines concernes. Cette logique sectorielle procde gnralement des dynamiques internationales qui structurent chacun de ces domaines pour leur confrer une dynamique propre. cette logique de diffrentiation verticale, ou en silo, la logique territoriale oppose une diffrentiation rgionale de nature plus horizontale ou transversale. Cette logique daction sappuie sur la mobilisation des dynamismes rgionaux : lenjeu est dimpliquer les forces vives du milieu, celles du Saguenay, de la Gaspsie et des les de la Madeleine, par exemple, mais en regard de la mission principale de lorganisme, le dveloppement professionnel des arts et des lettres. Le critre dvaluation nest plus tant cependant lexcellence , au sens sectoriel, que le dynamisme rgional, pour reprendre les termes employs en entretien par les reprsentants de lorganisme. Cette action territoriale implique la consultation des reprsentants des collectivits locales, notamment des lus municipaux, des Chambres de commerce, des Conseils rgionaux de la culture (CRC), des coles, etc. Au cours des ans, le CALQ a ainsi dvelopp une srie dententes spciques avec les Confrences rgionales des
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lus (CRE) et dautres administrations rgionales dans la quasi-totalit des rgions du Qubec ( une exception prs). En 2010-2011, vingt et une ententes taient en cours. Quoique les sommes impliques soient relativement faibles pour linstant, celles-ci pourraient tre appeles progresser. Puisquil sagit dappariement, cette croissance demeure dpendante de laugmentation des fonds que les administrations rgionales elles-mmes voudront bien consacrer aux arts et la culture, tels que dnis par le CALQ. Ajoutons que, sur ce terrain culturel rgional, le CALQ nest pas le principal instrument du gouvernement qubcois. Il faut en effet dabord compter ici avec les Directions rgionales du MCCCF, responsable depuis 1995 dEntentes de dveloppement culturel avec le secteur municipal. Enn, il est aussi possible didentier, paralllement aux deux prcdentes logiques daction, une troisime logique mergente : celle du rayonnement des uvres dart qubcoises, non plus seulement au Qubec mais aussi au Canada et ltranger. Outre les prix qui servent asseoir la rputation dun artiste lchelle du Qubec, une panoplie de nouveaux programmes qui ont t progressivement mis en place paraissent cet gard annoncer une nouvelle logique dinternationalisation : rsidences dartistes ltranger, bourses de dplacement, appuis la diffusion internationale. Les contours de cette forme daction demeurent nanmoins encore ous : dune part, ces interventions semblent moins bien documentes ; dautre part, leffort nancier apparat timide. Il est possible que limplication du CALQ en matire de nouvelles technologies numriques, entre autres travers la cration de plateformes, puisse contribuer structurer ce type daction. Elle conduira sans doute sinterroger galement sur les stratgies adquates de pntration des marchs extrieurs, secteur par secteur. Conclusion Le CALQ est aujourdhui, au Qubec, le principal instrument de nancement public de la cration artistique dans ces secteurs de longue tradition (les arts et lettres) qui sont aussi gnralement dnis, par opposition aux industries culturelles (relevant de la SODEC) et aux nouvelles industries dites cratives , comme tant but non lucratif . Au niveau des jurys, des comits dvaluation, des commissions consultatives et du conseil dadministration du CALQ (et un moindre degr du CAC) scrit dune certaine manire au jour le jour lhistoire des arts contemporains qubcois. Lhistoire de lorganisme dmontre quant elle une volution de laction mcnale du gouvernement qubcois dans ces secteurs : dun modle centralis la franaise un modle dcentralis langlaise, cette action intgre dornavant des mesures de type nord-amricaines dappariement avec la philanthropie prive (Placement Culture) et (plus timidement)
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municipale (Ententes). Globalement, on peut enn avancer que la lgitimit de lorganisme tout comme son mode opratoire procdent dune primaut accorde aux logiques artistiques par rapport aux logiques socio-conomiques. La lgitimit du CALQ tient ds lors en grande partie sa capacit faire prvaloir cette priorit qui est aussi sa raison dtre. En sintressant avant tout aux environnements nanciers et institutionnels internes et externes du CALQ, cet article rvle lossature dun organisme qui apparat plusieurs titres exemplaire. De la sorte, il ne fait quefeurer les contextes idologiques et sociaux de son mergence et cet environnement actuel. Un tel choix laisse invitablement en suspens bon nombre de questions qui mriteraient des analyses plus pousses. On se contentera en conclusion den pointer quelques-unes au regard des trois chelles dobservation retenues. la premire chelle, macroscopique, le CALQ apparat demble avantag, et ceci plus particulirement dans le contexte des remises en question qui semblent affecter les organismes comparables tant au Canada qu ltranger. La rsistance du CALQ dans ce contexte troubl apparat exemplaire. Le phnomne de dcentralisation de laction culturelle nationale vers les rgions, qui est souvent associ en pays de tradition anglo-britannique un phnomne de dvolution , mrite une plus grande attention. cet gard, il vaudrait notamment la peine de poursuivre la comparaison avec des organismes dont laction se situe, tout comme le CALQ, des chelles infranationales , notamment le Pays de Galles, lcosse, lIrlande du Nord. Il faudrait aussi se pencher de plus prs sur le rle des tats fdrs aux tats-Unis et sur celui des provinces en Australie. Il faudrait de plus largir le spectre de cette comparaison dautres modles dintervention dcentraliss mis en uvre en Europe : plus particulirement en France, o un ambitieux programme de dcentralisation a t mis en uvre partir des annes 1980 ; en Allemagne, o les lnder ont toujours tenu un rle majeur ; ou en Espagne, o les revendications nationales de la Catalogne rappellent par plus dun ct le Qubec. La monte en lgitimit des industries culturelles et plus rcemment des industries cratives, le plus souvent partir des pays de tradition anglo-saxonne, mrite galement plus dattention. Le dveloppement de modles dintervention bass sur la notion dindustrie crative reprsente cet gard une tendance lourde qui affectera sans doute le Canada et par ricochet le Qubec, et qui ne sera sans doute pas sans consquences long terme sur le CALQ, comme aussi plus largement sur lensemble de lcosystme institutionnel que chapeaute aujourdhui le MCCCF. Le cas du Scottish Arts Council est particulirement signicatif ce titre. De sa fusion en 2010 avec le Scottish Screen (quivalent de Tllm Canada, et proche de la SODEC) est ne en effet une toute nouvelle structure, le Creative Scotland : le nouveau modle dintervention transversal
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quil propose se distingue radicalement de celui des organismes sectoriels qui, tout comme le CALQ mais aussi la SODEC, ont t jusquici privilgis dans la sphre dinuence anglo-saxonne et qui marquent encore profondment lenvironnement qubcois. Dans cet ordre dides, les brouillages de plus en plus frquents entre secteurs but lucratif et but non lucratif pourraient conduire une remise en question de la ligne de partage conventionnelle, ou historique, tablie au Qubec entre organismes artistiques (relevant du CALQ) et entreprises culturelles (relevant de la SODEC). Qui, par exemple, de la SODEC ou du CALQ doit se pencher sur le sort du cinma dauteur, de la cration mdiatique, de la chanson ou du cirque ; lequel sera responsable du dveloppement de fondations prives ou de galeries prives dart contemporain ? Les glissements actuels de part et dautre de cette ligne de partage invitent ds lors une rexion sur une division qui, par plus dun ct, apparat fondatrice de laction culturelle publique au Qubec. Le statut du CALQ semble par ailleurs bien tabli lchelle qubcoise, tout au moins au sein de lcosystme ministriel, o ni sa mission ni son existence ne semblent vraiment menaces. Son mandat, artistique plus quconomique, peut nanmoins savrer source dambiguts et de tensions, et tout particulirement auprs de ses deux clientles cibles que sont les artistes pris individuellement et les collectivits locales. Le rle du CALQ est-il dassurer le rayonnement des arts du Qubec ou de nancer des artistes et des collectivits au Qubec ? Lintervention artistique et culturelle du CALQ ne vise manifestement pas (directement) lamlioration des conditions de vie des artistes, et encore moins le dveloppement conomique rgional. On pourrait ainsi facilement montrer que ses programmes nont pas dimpacts signicatifs sur les conditions de vie et de travail moyennes des artistes. De mme, limpact conomique sur les collectivits reste sans doute trs marginal : cet gard, lappui aux quipements culturels qui transite par les programmes daide directe du MCCCF (en matire de bibliothques, de muse, de patrimoine) a certainement plus dimpact conomique sur ces collectivits. En fait, la mission principalement culturelle du CALQ lever le niveau dexcellence et de professionnalisme de la cration artistique qubcoise en regard des standards internationaux, compte tenu de lhistoire de lart propre chacun des sous-secteurs concerns mrite ds lors dtre rappel avec dautant plus de force, et plus particulirement encore dans un contexte de dcroissance budgtaire. Notes et rfrences
1. Les donnes ont t recueillies mme les rapports publics annuels des diffrents organismes mentionns dans cet article.
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2. Il sagit de lArts Council of Wales et du Scottish Arts Council. LIrlande du Nord dispose galement, depuis 1962, dun Arts Council indpendant. Ces trois organismes disposaient chacun en 2009-2010 de budgets oscillant entre 30 et 33 M de Livres sterling (soit un peu plus de 60 M $ canadiens). Depuis cette date, le Scottish Arts Council a t fusionn avec un autre organisme du domaine du lm (le Scottish Screen) pour donner naissance une toute nouvelle structure, le Creative Scotland . Le modle dintervention transversal de cet organisme se distingue radicalement de celui des conseils des arts et autres organismes sectoriels jusquici privilgis en pays anglo-saxons. 3. Le nouveau gouvernement conservateur a en effet amorc depuis son lection des coupures majeures au budget de lorganisme. Dici 2014, lACE doit ainsi connatre une diminution de son enveloppe budgtaire de lordre de 15 % 30 % (Brown 2011). 4. Ajoutons que le CAC nest pas le plus ancien organisme de ce type au Canada : la Saskatchewan ds 1948 (peu aprs lACGB) et la Ville de Montral ds 1956 prcdent le gouvernement fdral cet gard. Pour sa part, la cration du Conseil des arts de lOntario en 1963 suit de peu celle du ministre des Affaires culturelles du Qubec (MACQ) en 1961. 5. Le rle du Conseil de lle du Prince-douard (1974), sur lequel on dispose de peu de donnes, semble en ralit purement consultatif , aucune opration nancire autonome ny tant enregistre. 6. Martorella, Rosanne, Le soutien aux arts aux tats-Unis. Les principaux caractres des mcnats et parrainages publics et privs , Sociologie de lart, no. 12 ( Les arts et le public ), 1999, p. 109-122 ; Rushton, Michael, Political oversight of arts councils : A comparison of Canada and the United States , International Journal of Cultural Policy, vol. 8, no. 2, 2002, p. 153-165. 7. Quinn, Ruth-Blandina M., Distance or Intimacy ? The Arms Length Principle, the British Government and the Arts Council of Great Britain , International Journal of Cultural Policy, vol. 4, no. 1, 1997, p. 127-159. 8. Girard, Augusti, quoi sert un ministre de la Culture. Le cas franais , Questions de culture, no. 7, 1984, Qubec, Institut qubcois de recherche sur la culture, p. 139-148. 9. Upchurch, Anna, Keyness Legacy : an Intellectuals Inuence reected in Arts Policy , International Journal of Cultural Policy, vol. 17, no. 1, 2011, p. 6980 ; Upchurch, Anna, John Maynard Keynes, the Bloomsbury Group and the Origins of the Arts Council Movement , International Journal of Cultural Policy, vol. 10, no. 2, 2004, p. 203-217 ; Moggridge, D. E., Keynes, the Arts, and the States , History of political economy, vol. 37, no. 3, 2005, p. 535-556. 10. Harvey, Fernand, Georges-mile Lapalme et la politique culturelle du Qubec , Les cahiers des dix, Les ditions La Libert, no. 64, 2010, p. 1-46 ; Frgault, Guy, Chronique des annes perdues, Montral, Lemac, 1973 ; Lapalme, Georgesmile, Mmoires, t. 3, Le paradis du pouvoir, Montral, Lemac, 1973. 11. Upchurch, Anna, Vincent Massey, linking cultural policy from Great Britain to Canada , International Journal of Cultural Policy, vol. 13, no. 3, 2007, p. 239254. 12. Harvey, Fernand, Georges-mile Lapalme et la politique culturelle du Qubec , Les cahiers des dix, Les ditions La Libert, no. 64, 2010, p. 1-46.

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13. Keynes qui tait un familier de ce systme se fait ds 1926 le promoteur de lapplication du modle au secteur des arts. 14. La lgitimit politique dun tel modle repose sur deux postulats : les experts uvrent en fonction de lintrt public gnral long terme plutt quen fonction de leurs intrts propres courts termes ; une telle expertise professionnelle nest pas disponible au sein de la fonction publique ordinaire. 15. Williams, Raymond, The Arts Council , Political quarterly, vol. 50, no. 2, 1979, p. 157-171 ; Upchurch, Anna, Keyness Legacy : an Intellectuals Inuence reected in Arts Policy , International Journal of Cultural Policy, vol. 17, no. 1, 2011, p. 69-80. 16. Rumbold, Kate, The Arts Council Englands Arts Debate , Cultural Trends, vol. 17, no. 3, 2008, p. 189195; Gray, Clive, Arts Council England and Public Value : a Critical Review , International Journal of Cultural Policy, vol. 14, no. 2, 2008, p. 209214. 17. Pour un aperu de ces questions, voir Guy Bellavance, Les politiques culturelles au Qubec , LEncyclopdie canadienne/Encyclopdie de la musique au Canada. Pour un examen plus approfondi, voir Guy Bellavance et Marcel Fournier, Rattrapage et virages : dynamismes culturels et interventions tatiques dans le champ de production des biens culturels , dans Grard Daigle et Guy Rocher (dir.), Le Qubec en jeu. Comprendre les grands ds, Montral, Presses de lUniversit de Montral, 1992, p. 511-548. 18. Ces programmes directs incluent notamment lappui aux Directions rgionales, au patrimoine, aux bibliothques publiques (municipales), aux muses accrdits (excluant les socits dtat) et la politique dintgration des arts larchitecture et lenvironnement. 19. Bellavance, Guy, Peintres, sculpteurs et autres artistes apparents : sociologie dune profession et dune organisation contemporaines au Qubec, thse de doctorat, Universit de Montral, 1991, 377 p. 20. Le transfert vers les artistes et les organismes mobilise 89,1 % de ces dpenses, alors quune autre fraction (5,9 %) est alloue des activits menes de concert avec le MCCCF ou la SODEC. 21. Un Comit des programmes chapeaute cinq Commissions consultatives. Trois dentre elles recoupent les secteurs dactivits artistiques (arts visuels, arts mdiatiques et mtiers dart ; littrature ; arts de la scne et diffusion), un quatrime a pour thme la jeunesse et un cinquime porte sur les rgions. 22. La proportion dautonancement exige des organismes par le CALQ est dailleurs moins leve dans le cas des arts visuels (25 %) que dans celui des arts de la scne (50 %). 23. Ajoutons ces institutions qui relvent directement de lattribution du MCCCF, le cas particulier de lOSM qui, en 2009-2010 pouvait mobiliser lui seul prs de 6 millions de dollars (5 765 000 $, prcisment).

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