Fordisme
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Le Fordisme est -au sens premier du terme- un modle d'organisation et de dveloppement d'entreprise,
invent en 1908 par Henry Ford (1863 - 1947), fondateur de l'entreprise qui porte son nom, l'occasion de
la production d'un nouveau modle: la Ford T. Ce modle accorde une large place la mise en uvre des
nouveaux principes d'organisation du travail, organisation scientifique du travail ou OST instaurs par
le taylorisme en y ajoutant d'autres principes comme notamment le travail des ouvriers
sur convoyeur (que Henry Ford dit avoir dcouvert lors de la visite d'un semblable dispositif dj l'uvre
aux abattoirs de Chicago).
Henry Ford et son model T. Ce vhicule, l'un des premiers est massivement produit grce au principe du fordisme.
Le Fordisme dsigne galement le compromis conomique et social vertueux permis par les rsultats de
cette mise en uvre : les forts gains de productivitpeuvent en partie tre attribus aux travailleurs
concerns, contribuant la trs forte croissance conomique qui en retour soutient la productivit. Leurs
salaires peuvent tre indexs sur cette progression et gnrer une augmentation bienvenue du pouvoir
d'achat. Comme le peroit bien Henry Ford (qui voulait que ses ouvriers fussent bien pays pour leur
permettre d'acheter les voitures qu'ils avaient eux-mmes produites) , relay plus tard par les Keynsiens
,
1
: le fordisme est le terme par lequel on dsigne l'ensemble des procdures (explicites ou implicites)
par lesquelles les salaires se sont progressivement indexs sur les gains de productivit
2
. Augmenter
rgulirement les salaires au rythme des gains de productivit permet d'assurer que les dbouchs offerts
aux entreprises crotront galement au mme rythme et permettront donc d'viter la surproduction .
Sommaire
[masquer]
1 Principes
2 Consquences
3 Historique
4 Critique du Fordisme
5 Notes et rfrences
6 Annexes
o 6.1 Bibliographie
o 6.2 Articles connexes
Principes [modifier]
Le but de ce dveloppement de l'entreprise est d'accrotre la productivit et la production de l'entreprise
grce plusieurs principes :
la division du travail en une division verticale (sparation entre conception et ralisation) et en une
division horizontale (parcellisation des tches), et l'apparition de la ligne de montage (et donc du
travail la chane).
la standardisation permettant de produire en grandes sries l'aide de pices interchangeables.
l'augmentation du salaire des ouvriers (5 dollars / jour contre 2 3 auparavant), afin de stimuler la
demande de biens et donc d'augmenter la consommation. Mais cette augmentation des salaires avait
pour but principal de lutter contre le taux de roulement (dmission des ouvriers) devenu de plus en
plus lev avec l'apparition du travail la chane, qui rendait les conditions de vie des ouvriers encore
plus difficiles qu'auparavant.
De plus, si les ouvriers taient mieux pays, ils taient exempts de proccupation trangre au travail, et
donc plus industrieux, par consquent, plus productifs
3
.
Consquences [modifier]
Les consquences sont une hausse de la production et de la productivit, mais aussi de la consommation,
une baisse du cot de production (par une conomie de main-d'uvre et de surface), une d-qualification
du travail ouvrier, un meilleur contrle par la direction du travail ouvrier, la ralisation d'un travail ouvrier de
plus en plus rptitif et monotone, et une standardisation de la production dans le but de favoriser
une consommation de masse. Cette poque a t caractrise par l'cole de la rgulation
4
.
Ainsi, le modle du fordisme comporte aussi certaines limites qui sont mises particulirement en lumire
lorsque se dveloppe la crise conomique et sociale de l'organisation scientifique du travail (en particulier
en raison de la concurrence des entreprises asiatiques, fonctionnant selon le modle du toyotisme).
Aujourd'hui, les modles primitifs du taylorisme et le fordisme ont d changer pour s'adapter : Ils ne sont
plus ce qu'ils taient, en raison de la concurrence et notamment de leur incapacit faire face une
production plus diversifie. D'o l'mergence des modles dits no-fordistes et Post-tayloristes.
Historique [modifier]
Dans son autobiographie, My Life is Work and work is life, parue aux tats-Unis en 1922, Henry
Ford rvle que son ide de la chane de production nait aprs une visite, adolescent, d'un abattoir
de Chicago. Les origines des chanes de production seraient situer non pas dans l'industrie automobile,
mais dans celle de la viande, au sein des grands abattoirs Union Stock Yards.
Le rle de la Premire Guerre mondiale semble premire vue central dans la gense du modle fordiste.
Elle ouvre le XX
e
sicle (fragilisation des imprialismes europens, monte en force de la superpuissance
amricaine et Rvolution russe) et introduit un changement conomique (alternative planificatrice
communiste), politique (brutalisations des socits europennes) et technologique (production,
consommation et ducation de masse). La mobilisation totale des socits dans la guerre marque
durablement le sicle.
La Seconde Guerre mondiale constitue pourtant un moment essentiel de lvolution vers le paradigme
fordiste. Les techniques fordistes mises au point et appliques aux tats-Unis comme solution la crise
conomique de 1929 (conjonction dun systme de production de masse une intervention tatique
travers l'investissement et la planification) ne sont effectivement transcrites que dans laprs-guerre en
Europe, travers notamment le plan Marshall. Le rgime daccumulation fordiste ne se dploie
vritablement que dans laprs-guerre dans un contexte dexplosion de la consommation et de boom
dmographique, il est caractris par une norme de production (standardisation des segments de produits
et des tches de production) et une norme de consommation (l'augmentation de la productivit et des
salaires nominaux permet une croissance du pouvoir d'achat) , qui permettent lintgration sociale.
Critique du Fordisme [modifier]
Paradoxalement, c'est l'auteur communiste italien Antonio Gramsci qui a conduit la popularisation du
terme fordisme en critiquant vigoureusement cette organisation du travail. En effet, sous sa plume,
cette expression dsigne les mfaits de la division du travail et du machinisme, de l'accroissement de
l'exploitation du travail. Dsormais ce ne sont plus les machines qui sont au service de l'Homme, mais
l'Homme qui sert les machines.
Dans la filiation du courant de la Rgulation,certains comme Benjamin Coriat -dans un essai sur le
taylorisme, le fordisme et la production de masse
5
- mettent en doute les gnreux arguments mis en
avant par Henry Ford concernant la rmunration des ouvriers et vont mme jusqu' voquer la
Fable de Ford : En ralit, Ford n'aurait pas augment ses salaris -le fameux Five dollars a
day- par humanisme mais pour combattre et rduire un renouvellement de la main-duvre trop
important (les salaris tant puiss par les contraintes inhrentes au travail post). Pour lutter contre
la fuite des ouvriers, qui fragilise les nouvelles formes d'organisation en ce qu'elles sont moins
flexibles, Ford est contraint et forc d'accrotre les salaires. Cependant -comme il le reconnat lui-
mme dans ses mmoires- cette dcision se rvle pertinente et trs lucrative : Les salaris reoivent
effectivement des salaires plus levs mais, en contrepartie d'une discipline et d'un attachement au
poste, qui renforcent les gains de productivit dgags par les ouvriers et ce, bien au-del des
augmentations de salaires octroyes . Pour plus de dtails voir L'atelier et le chronomtre
6
.
Guy Debord crit en 1967 dans La Socit du spectacle, les consquences du modle fordiste ne sont
pas seulement analyser sur le seul plan de la production. C'est la Socit toute entire qui s'en
trouve modifie : Avec la rvolution industrielle, la division manufacturire du travail et la production
massive pour le march mondial, la marchandise apparat effectivement comme une puissance qui
vient rellement occuper la vie sociale.
7
Daniel Cohen met en vidence un autre point de fragilit de la construction fordiste en ce qu'une
condition essentielle de son fonctionnement dpend de facteurs qui lui sont extrieurs
8
:
Si les travailleurs absorbent les gains de productivit gnrs dans l'usine, l'incitation
embaucher de nouveaux travailleurs s'y rduit considrablement. Si l'entreprise anticipe que les
travailleurs prempteront toujours les gains qu'ils produisent, elle voudra toujours maintenir le plus
bas possible le nombre de travailleurs embauchs. La condition de fonctionnement du fordisme lui
est doncextrieure : elle dpend de la possibilit de crer des emplois dans les domaines qui lui
chappent. Dans les annes cinquante et soixante, on a vu que ce sont les services qui ont pu
jouer ce rle.
Mais, Aussitt que le processus ( de cration d'emplois ) s'estompe (Aux Etats-Unis, la part des
services dans l'conomie s'est apparemment stabilise aux alentours de 70 % (dans les annes
1980), la phase haussire des salaires doit galement s'interrompre, voire transitoirement
s'inverser. (...) Dans ce nouveau monde, l'indexation des salaires sur les gains de productivit - si
elle continue pourtant- apparat sous un nouveau jour. (...) [ Elle n'est plus] une manire d'assurer
des dbouchs mais [devient] un des effets de la ngociation salariale mene par les insiders.
Elle devient alors contradictoireavec le plein-emploi.
L'auteur cite l'expression de Paul Krugman, l'Age des illusions perdues (The Age of diminished
expectations) : Le chmage n'y a pas cru, mais le sentiment de prcarit induit par les salaires
stagnants n'y a pas t moindre. Dans les pays de l'Europe communautaire - o l'indexation des
salaires s'est continue jusqu'au milieu des annes 1980, la mme prcarit s'est rpercute en
chmage plutt que sur les salaires.
Notes et rfrences [modifier]
1. Daniel Cohen , in Les infortunes de la prosprit , Agora Pocket, Julliard 1994
2. En France l'cole de la rgulation a tudi en dtail ce mcanisme : R. Boyer , La thorie de la rgulation, une analyse critique, La dcouverte , 1987
3. Ma vie et mon uvre par Henry Ford en collaboration avec Samuel Crowther, Paris, Payot, 1926, p.78.
4. R. Boyer, La thorie de la rgulation, une analyse critique, La Dcouverte , op. cit.
5. L'atelier et le Chronomtre , Christian Bourgeois diteur, Paris 1994
6. op.cit.
7. Guy Debord, La Socit du spectacle, Gallimard, Folio, 1992, p. 39.
8. Les Infortunes de la prosprit, Agora Pocket , Julliard Paris 1994 , p. 113
Annexes [modifier]
Bibliographie [modifier]
Robert Boyer, Andr Orlan, Les transformations des conventions salariales entre
thorie et histoire. D'Henry Ford ou fordisme , Revue conomique, anne 1991, volume
42, numro 2, p. 233-272. [lire en ligne]
Pierre Docks, Les recettes fordistes et les marmites de l'histoire : (1907-
1993) , Revue conomique, anne 1993, volume 44, numro 3, p. 485-528. [lire en ligne]
Articles connexes [modifier]
conomie de la construction automobile aux tats-Unis
Henry Ford
Taylorisme
Toyotisme
Uddevalisme
Les Temps modernes de Charlie Chaplin