Contentieux de L'impayé
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compares
Centre des tudes doctorales :
Droit conomie et gestion
Centre de Droit et de
Politique Compars
Zakaria BOUABIDI
Thse de Doctorat en co-tutelle pour lobtention du titre de Docteur
en Droit Priv.
2012 / 2013
Thse dirige par :
M. Abdelilah BOULAICH
Mme Marie LAMOUREUX
JURY :
M. Abdelilah BOULAICH
M. Abdallah OUNNIR
M. Bastien BRIGNON
M. Frdric BUY
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REMERCIEMENTS
thse.
SOMMAIRE
PARTIE 1 : LE CONTENTIEUX DE LIMPAYE : ENTRE EXPANSION DU
PHENOMENE ET LE BASCULEMENT VERS DAUTRES PROCEDURES
TITRE 2 :LIMPACT POSITIF DUN DROIT DES SURETES RENOVE SUR LE CONTENTIEUX DE LIMPAYE
CHAPITRE 1 : LES SURETES PORTANT SUR LA PROPRIETE GARANTIE
CHAPITRE 2 : LES SURETES FAISANT JOUER LE PACTE COMMISSOIRE ET LATTRIBUTION
JUDICIAIRE
1
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Rpertoire commercial
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Juridictions et lois
C.A
Cour Dappel
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Cour de cassation
Cass. Crim
Civ.
Com.
DOC
LME
TGI
INTRODUCTION GENERALE
1. Qui paye ses dettes senrichit , dit le proverbe populaire! On ne sait pas si dans une
situation de crise conomique, aggrave ou cause par la perversit des systmes financiers
et des mcanismes bancaires qui font fi de lintrt humain en cause, le sens de ce dicton
reste le mme. Quoi quil en soit, lobservation de la situation aussi bien des citoyens que
des Etats montre quel point le dveloppement sans limites des crances impayes et des
crdits avorts est de nature perturber gravement non seulement la sant de lconomie
mais galement celle des mcanismes juridiques. Cette observation peut se faire dans
certains pays europens comme elle peut se faire au Maroc. La comparaison historique des
situations permet sans doute de comprendre comment certains pays ont pu ragir par des
lgislations appropries afin dexercer un rle sur les causes mmes des phnomnes et, par
exemple, celui de limpay et du contentieux quil gnre.
Bien des ouvrages ont t crits sur ce thme 1 , ou celui de linsolvabilit 2 , ou du
recouvrement des crances3, ou de la dfaillance4, mais si intressants soient-ils ces travaux
ne semblent pas rpondre compltement une approche, au demeurant ncessaire, qui
repose sur une corrlation entre le phnomne de limpay et celui de lengorgement
judiciaire, et sur lanalyse des causes socio-juridiques de ces phnomnes.
En effet de nos jours, le contentieux de limpay occupe une place importante dans les
rapports personnels de lindividu civils ou commerciaux et il va sans dire que les tribunaux
souffrent aussi de lomniprsence dominatrice de tels conflits, alors que les juridictions sont
appeles juger des affaires de toute nature, et moins rcurrentes.
- E.PERROU, Limpay, Tome 438, LGDJ, collection : Bibliothque de droit priv, 2005 ; A. BROCCA, Le
recouvrement de limpay : la pratique, la loi et la jurisprudence, d. 2, Dunod, 1988.
2
- Guide lgislatif sur le droit de linsolvabilit, 2005, CNUDCI ; J-L. VELLENS, Linsolvabilit des entreprises en
droit compar, d. Lextenso, coll. Pratique des affaires, janvier 2011 ; S. PITZ- BACH, Les risques lis
linsolvabilit : les stratgies offertes au chef dentreprise, thse Strasbourg, juillet 2008.
-B. CABRIT, Les crances, guide juridiques et pratique (vos crances : comment les grer. Vos impays :
comment y faire face), d. Du puits fleuri, 1995 ; A.CROSIO, Recouvrement de crances, d.3, Dalloz, Paris,
1997.
4
- A. ZENNER. ED. LARCIER , La philosophie sous-jacente aux nouvelles lois sur linsolvabilit ou la faillite
me
travers le monde , in La prvention de la dfaillance de paiement , Actes du 2 congrs Danguinetti 1998, J.
Bastin (sous la direction) Larcier, Bruxelles,2000.
2.
La gnralisation5 de limpay et son universalit ont entrain une assimilation
smantique entre le terme dimpay et celui de contentieux, bien quils ne soient
videmment pas lis tymologiquement lun lautre. En effet, le contentieux se dfinit
comme tant : lensemble de litiges existant entre deux parties susceptibles d'tre soumis
des juridictions 6 ; il sagit galement des questions qui sont ou qui peuvent tre lobjet
dune discussion devant les tribunaux 7. Et, plus largement, cest lensemble des procs se
rapportant au mme objet: contentieux priv, pnal, administratif, etc.() En tant quadjectif
cest ce qui fait l'objet d'un dsaccord, spcialement juridique. Parfois synonyme de
juridictionnel. 8
-E.PERROU, Limpay, Tome 438, LGDJ, collection : Bibliothque de droit priv, 2005, p. 3.
-G. CORNU, Vocabulaire juridique, Association Henri Capitant, d.8, PUF 2009, p. 226
- S. GUINCHARD et T. DEBARD (sous la direction), Lexique des termes juridiques 2013, d.20, Dalloz, juin 2012,
p.235.
10
-E.PERROU, Limpay, Tome 438, LGDJ, collection : Bibliothque de droit priv, 2005, p. 5 et s.
11
-M. ROUGER, Banalisation de la dfaillance de paiement (excusabilit du dbiteur, doctrine Frech Start) ,
me
in La prvention de la dfaillance de paiement, Actes du 2 congrs Sanguinetti 1998, J. Bastin (sous la
direction) Larcier, Bruxelles,2000, p.105 et s.
de la sphre juridique dun pays, sest montr au fil du temps mois austre lgard de
limpay, et plus clment vis--vis du dbiteur.
Certes, cette nouvelle vocation humaniste a donn naissance une sorte de quitude pour
le dbiteur, mais, a conduit le phnomne dimpay sinstaller confortablement parmi les
causes principales de la dfaillance des entreprises12 et de la cessation des paiements de
celle-ci.
Cest quen effet, la notion dimpay renvoie par antithse celle de paiement, lequel
constitue un mode dextinction des obligations en vertu des dispositions du code civil
Franais et du Dahir des obligations et contrats13, cest--dire que cest lexcution volontaire
de toute obligation, quelle que soit sa source ou son objet. A partir de cette notion du droit
civil, limpay apparait, lato sensu, comme linexcution dune obligation pouvant
lgalement naitre entre deux ou plusieurs parties ou comme un phnomne socital produit
par la multiplication des faits d impay et leurs analyse globale en termes juridiques sans
doute mais aussi sociologique, politique ou de morale collective.
4.
Lanalyse de limpay et de son contentieux, suppose une immixtion dans plusieurs
disciplines de droit qui relvent aussi bien du droit priv que du droit public relevant
troitement du droit des affaires et incluant le droit commercial, le droit de la
consommation, ou celui des procdures collectives. Cette appartenance plurielle et son
domaine trs vaste ont fait de ce phnomne une matire part entire qui peut aspirer
une rglementation qui lui soit propre. Il fait du reste lobjet dune discipline part entire
dans de nombreux systmes juridiques sous lappellation de droit de linsolvabilit ,
indpendante des secteurs auxquels elle tait tributaire de coutume 14 . Lampleur du
phnomne et ses implications dans les diverses disciplines juridiques et aussi dans le
domaine de lthique sociale ou dans celui de la sociologie voire de lanthropologie ne
pouvaient manquer dattirer lattention puis de passionner lapprenti juriste cherchant
exposer un fait contemporain de premire importance qui a pu mme secouer la stabilit
des Etats et le faire sous langle troit mais trs clairant de son apprhension juridique, le
contentieux de limpay.
5. Lobjet dune telle recherche, porte sur lensemble des demandes formules ou traites
devant une juridiction commerciale ou civile, et ayant pour objet le paiement dune somme
dargent ou lexcution dune obligation pcuniaire.
12
-R.BLAZY, Dtection des causes de la dfaillance dentreprises : lutilisation des techniques conomiques et
me
de classification , in La prvention de la dfaillance de paiement, Actes du 2 congrs Sanguinetti 1998, J.
Bastin (sous la direction), Larcier, Bruxelles,2000. p.147 et s.
13
14
-Banque et insolvabilit, acte de colloque, acte de colloque du 16 mars 2006, organis par la section belge de
lAEDEF, Bruylant Bruxelles, 2007, p.33 et 34
Quoiquil sagisse dun phnomne trs large il ne pouvait tre envisag efficacement que
sous un angle troit, celui des relations contractuelles. Ces sommes dargent, objet de litige
opposant le crancier son dbiteur intressent sans doute aussi le domaine dlictuel ou
quasi dlictuel, mais galement celui de limpay public mais, comme y incite le ministre de
la justice en France qui a pris le soin de classifier dans des annuaires la nature des contrats
faisant lobjet du contentieux de limpay15, il apparait plus dmonstratif de sattacher
limpay dorigine contractuelle .
Cependant, il ne sagit pas cependant de focaliser sur une vision trop troite du phnomne
et par consquent la qualit du crancier ou celle du dbiteur importent peu, quils soient
professionnels ou non, commerant ou non commerant, seul entre en ligne de compte
lexistence dun rapport contractuel entre les protagonistes. Cette relation contractuelle
peut donc devenir contentieuse ce qui va se traduire essentiellement par une saisine du juge
judiciaire, ce type de contentieux relevant de la comptence des juridictions civiles et
commerciales, selon la nature de lacte ou du contrat conclu entre les parties.
Du point de vue de leur nature, les procdures diligentes devant ces juridictions concernent
aussi bien les demandes au fond, que le rfr, ou les demandes en injonction de payer.
Chacune fait partie du champ du contentieux de limpay. Il ny a pas lieu cependant de
faire une diffrenciation anecdotique entre le contentieux de limpay au Maroc et celui de
la France, eu gard la ressemblance de lorganisation juridictionnelles des deux pays et aux
relations de mimtisme juridique qui les runissent.
6. Au Maroc, labsence dcrits et de recherches portant sur le contentieux de limpay
namenuise en rien son importance, et, au contraire, ce type de contentieux ne cesse de
saccroitre devant lensemble des juridictions nationales, de plus en plus encombres par ce
contentieux16, et qui subissent avec rsignation un phnomne dimpay explosif, et un
mode de recouvrement qui sappuie inconditionnellement sur la justice tatique. Cela
accentue encore lintrt dune recherche sur le contentieux de limpay au Maroc compte
15
16
-infra 28 et s.
7.
En France, le sujet nest pas moins important quau Maroc,17et le phnomne a t
tudi attentivement en explorant en profondeur lessence et la ralit de cette matire.
En effet, ces tudes ne se sont pas contentes de dresser un panorama du contentieux de
limpay en France, mais, elles ont eu pour objectif danalyser un phnomne observ
durant ces deux dernires dcennies, celui de la baisse du contentieux de limpay en France
devant les juridictions civiles et commerciales, A cet gard, ces travaux, se sont attachs,
tantt partiellement, tantt exhaustivement dmontrer les ventuelles causes de la baisse
du contentieux de limpay devant les juridictions civiles et commerciales, et se sont efforcs
en outre dapprhender la ralit statistique du contentieux de limpay partir de
fondements juridiques, ce qui a servi plus ou moins comprendre le phnomne de la baisse
du contentieux de limpay en France.
Pour autant que lon sache, ces travaux, premiers de cette nature en France, ont suscit des
questionnements profonds sur lapproche systmique adopte en France en matire de
recouvrement de crances, autrement dit, la politique globale et tendancielle mene par
lensemble des cranciers confronts un problme dimpay.
8.
La constatation de la baisse du contentieux de limpay en France conduit
ncessairement le chercheur dpasser le domaine des causes et des fondements de
limpay tels quils ont dj fait lobjet dtudes antrieures. La quintessence dune
recherche nouvelle doit tre ailleurs, dans le cadre dune dmarche constructive qui ne vise
aucunement lactualisation des fondements dj voqus, mais la substantialisation dun
phnomne qui apparait aujourdhui comme une apodicticit. Il convient en outre
dapprofondir lanalyse des vritables causes de la baisse du contentieux de limpay en
France, dessein de comparer la ralit du contentieux de limpay au Maroc.
Cette baisse du contentieux en France telle quelle peut tre dmontre dans un travail de
recherche nouveau ne rsulte point dun hasard, ou de causes purement accidentelles, mais
de facteurs intrinsques et extrinsques , puisque cette dcrue si remarquable18 ne peut pas
sexpliquer par une baisse gnrale de limpay, ou celle des oprations commerciales, ou
encore, un changement du comportement du dbiteur, qui agirait plus consciencieusement
17
--P.ANCEL (sous la direction de), Lvolution du contentieux de limpay : viction ou dplacement du rle
du juge ? , CERCRID, juin 2009, (Universit Jean Monnet SAINT-ETIENNE) ; - La prise en charge de limpay
contractuel en matire civile et commerciale , CEDCACE et CRIJE, janvier 2010, sous la direction de B.THULIER,
L.SINOPOLI et F.LEPLAT ; E. NEMADEU DJUITCHOKO, Le traitement du contentieux bancaire, thse SaintEtienne, mars 2011.
18
lgard de son crancier, du seul fait que limpay ne dcoule pas automatiquement dune
abstention de paiement du dbiteur, mais dautres causes pouvant entrainer son
insolvabilit, et le conduire inluctablement une situation d impay.
9. On peut affirmer quaucune technique ou lgislation ne sera capable de supprimer ou
radiquer compltement le contentieux de limpay19, mais nanmoins, des mutations
profondes tous les niveaux20 ont d exercer un impact sur lapproche entreprise en
matire de recouvrement des crances.
- J.BASTIN, La dfaillance de paiement et sa protection, lassurance-crdit, 2me dition, LGDJ, 1993, p.23.
20
-E.PERROU, Limpay, Tome 438, LGDJ, collection : Bibliothque de droit priv, 2005, p.14 et s.
11
- infra 298 et s.
22
-infra 193 et s.
23
-infra273 et s.
24
-infra 266 et s.
12
salvateur qui lui permet dvincer toute mesure excutoire diligente son encontre. Ces
procdures collectives peuvent tre perues par le crancier comme un vritable obstacle
devant son action en paiement ou mme son intention dengager une action en paiement
contre son dbiteur, compte tenu de lencadrement de son pouvoir au cours des procdures
collectives, et les alas qui peuvent en dcouler.
12.
Au demeurant, outre la baisse du contentieux de limpay qui rsulte trs
probablement dun basculement de ce type du contentieux vers dautres procdures
contentieuses telles que les procdures de surendettement des particuliers et les
procdures collectives, dautres facteurs ont contribu une baisse pure et simple du
contentieux de limpay, aussi bien devant les juridictions civiles que devant les juridictions
commerciales.
A vrai dire, le lgislateur franais a intgr lide que les acteurs de la vie des affaires ont
compris quun recouvrement de crances efficace passait par la mise en place dune
politique de recouvrement qui se fonde moins sur la justice tatique. De ce fait, le lgislateur
a traduit une vritable intention de djudiciariser le contentieux de limpay travers la
mise en place de textes favorisant le traitement du contentieux de limpay hors du cadre de
la justice tatique25. Ces dispositifs sont de nature traiter limpay efficacement sans
recourir au juge judiciaire qui semble lass de ce type du contentieux.
13. Lobjectif de ces interventions tait donc de rpondre aux problmes lis limpay
dune manire profitable aux protagonistes26, et de veiller surtout ce que les tribunaux
soient dsengorgs des affaires relatives ce type de litiges.
Dautre part, le dveloppement du recouvrement amiable par les professionnels au
recouvrement27, constitue en soi une djudiciarisation du contentieux de limpay, eu gard
au procd utilisable aussi bien par les socits de recouvrement28 que les huissiers de
justice, qui privilgient plus que jamais la voie amiable. Ainsi ces professionnels ont pu
donner un aspect trs positif au recouvrement amiable, et, du reste, il convient de
souligner que le dveloppement de leur activit est le rsultat de la mise en place des
dispositifs qui rglementent ces acteurs. Cette expansion semble mtamorphoser le march
de recouvrement de crances.
14.
On peut donc constater que la politique de djudiciarisation ne repose pas
uniquement sur les interventions lgislatives, mais aussi sur les acteurs de la vie des affaires
25
-E.PERROU, Limpay, Tome 438, LGDJ, collection : Bibliothque de droit priv, 2005, p. 92 et s.
26
-infra 300 et s.
27
-infra 313 et s.
28
-F.GUECHOUN, Recouvrement des crances pour le compte dautrui par des agents spcialiss , E.J.D
rpertoire PC, Tome 5, mars 2011
13
qui ont compris quil leur tait indispensable dadopter une nouvelle ligne de conduite en
matire dimpay, en contribuant aussi djudiciariser les conflits ou les litiges qui naissent
de limpay. Pour autant, il ne faut pas manquer de prciser que cette nouvelle approche
entreprise sappuie sur la volont du lgislateur de mettre en place des dispositifs qui
facilitent un recouvrement de crance loin de la justice tatique.
En dautres termes, la systmatisation des clauses contractuelles par les acteurs de la vie des
affaires trouve ses sources aussi dans les interventions lgislatives. Le lgislateur franais a
veill par exemple rformer trs rcemment un arbitrage29 qui ne constituait pas un mode
alternatif privilgi en matire du contentieux de limpay, procdant de la sorte
lassouplissement des rgles relatives la procdure, et lextension des pouvoir de
larbitre30, dans le but dencourager davantage les justiciables y recourir.
Au demeurant, des techniques permettant dviter limpay ont t dveloppes par ces
mmes acteurs, et ont volu favorablement pour se transformer en de vritables
instruments tendant laisser le crancier labri dun impay, et lui permettant de se
prmunir contre le risque dimpay. Ces techniques saccordent aussi dans leur finalit la
politique de djudiciarisation du contentieux de limpay.
15.
Cependant, il semble que ces techniques ont moins influenc le contentieux de
limpay que dautres techniques qui ont t galement dveloppes, et qui visent
externaliser le traitement de limpay, telle que laffacturage et lassurance-crdit.
En effet, la qute permanente dun moyen efficace contre la dfaillance de paiement et
toutes ses consquences pour les acteurs de lconomie, et lintervention du lgislateur
lavantage du dbiteur travers les procdures de surendettement et les procdures
collectives, ont suscit vraisemblablement lapparition et le dveloppement prcoce de
techniques dexternalisation de traitement de limpay, alors pourtant quelles nont pas
atteint encore leur maturit juridique qui se traduit par une rglementation spcifique.
Toutefois, labsence dune plnitude rglementaire qui touche aussi bien laffacturage31 que
lassurance-crdit na pas frein leur essor, et ces mcanismes ont pu sinstaller
confortablement dans le quotidien des socits qui cherchent se prmunir contre le risque
dimpay32 et recouvrer le plus rapidement possible une crance sans avoir recours la
justice.
29
30
31
32
me
congrs
14
Par ailleurs, si ces mcanismes sont destins aux entreprises, le contentieux de limpay
caractre commercial reprsente un volume trs lev devant les juridictions commerciales
en France, comparativement lensemble du contentieux de limpay. On peut donc
constater une concomitance entre lvolution de ces procds et la baisse du contentieux
de limpay devant les juridictions commerciales. Une concordance chronologique entre ces
deux phnomnes est difficilement niable, et pourrait tre considre comme un facteur
dinfluence sur le contentieux de limpay.
16. Dans la mme optique, on ne peut pas se dsintresser de la rforme des srets 33 en
France, rforme substantielle qui conforte la volont du lgislateur franais de djudiciariser
le contentieux de limpay travers les nouvelles mesures apportes par cette rforme34.
En effet, la philosophie du lgislateur traduite travers cette ordonnance consiste rendre
les srets plus lisibles et efficaces la fois pour les acteurs conomiques et pour les
citoyens, tout en prservant l'quilibre des intrts en prsence35.
Toutefois, la mise en place de nouvelles srets, et de nouveaux modes de ralisation qui ne
requirent aucun recours au juge tatique, et qui taient jusqu lors prohib, tmoigne de
cette volont du lgislateur de diminuer le rle du juge dans la mise en uvre des srets,
voire de lloigner catgoriquement de la mise en uvre de ces srets dans certaines
hypothses.
Par ailleurs, cette rforme qui a modifi le droit des srets en France est riche dapports,
qui mritent dtre mis en corrlation avec le contentieux de limpay et sa baisse certaine,
afin dexplorer les vritables causes de celle-ci en France devant les juridictions civiles et
commerciales.
17. En somme, la baisse du contentieux de limpay en France devant les juridictions civiles
et commerciales, tel quil a t dlimit ci-dessus est incontestable. Il est soutenu par des
chiffres manant des instances gouvernementales, mais qui ne constituent aucunement un
indicateur fiable de lvolution positive ou ngative du contentieux de limpay, car la valeur
dun droit ne se mesure pas laune des chiffres. Ces chiffres ne prsentent quune situation
de fait, et il y manque lvidence des lments purement juridiques qui peuvent
corroborer lensemble des conclusions statistiques et confirmer irrfutablement ce constat.
33
34
-M. BOURASSIN ; V. BREMOND ET M-N. JOBRARD-BACHELLIER, Droit des srets, d.2, Dalloz. Sirey. 2010 ; Y.
Picod, Droit des srets, d.2, collection Thmis, dition PUF, septembre 2011
35
-Rapport au Prsident de la Rpublique relatif lordonnance n2006-346 du 23 mars 2006 relative aux
srets, JO du 24 Mars 2006.
15
Nanmoins, ce qui est certain, cest que la baisse du contentieux de limpay constate par
des lments statistiques na pas de causes accidentelles, au contraire, elle rsulte
vraisemblablement dune relation synergique dun ensemble de facteurs ., il sagit dune
conjonction de plusieurs dispositions lgislatives, de procds et de techniques qui ont
contribus cette baisse et quil est ncessaire dexaminer. Une telle tude travers
lexprience franaise sera sans doute riche denseignement pour lanalyse parallle et
prospective du droit marocain.
18. Au Maroc, le contentieux de limpay est bien diffrent de celui qui peut tre observ
en France. Dune manire gnrale il est certain que malgr les efforts entrepris le systme
judiciaire souffre dinsuffisances importantes36et a tendance tre inefficace37. Mais, de
surcrot, le contentieux de limpay baigne dans ces insuffisances et il en constitue une
partie importante, ce qui contribue entraver lefficacit de et du droit lexcution force
et son exercice.
En effet, le contentieux de limpay a envahi profondment toutes les juridictions civiles et
commerciales au point datteindre une hausse sans prcdent, du fait de lexpansion des
demandes dimpay devant les juridictions civiles et commerciales de lensemble du pays 38.
Cette hausse des affaires lies limpay nest pas un phnomne de circonstances et nest
pas li la crise conomique actuelle, car cette expansion a commenc bien avant la
survenance de celle-ci. Elle nest pas due davantage la fraicheur conomique qua connue
le pays dans les dbuts du troisime millnaire, de nature dvelopper les transactions
commerciales. Cette hausse dcoule certainement dautres causes.
A cet gard, lanalyse du phnomne de limpay et de son contentieux incitent explorer
les causes de laccroissement de ce dernier, qui ne peut, demble, tre imput un
accroissement de limpay lui-mme.
19. Certes, laccroissement de limpay constitue une cause importante de la hausse du
contentieux de limpay devant les juridictions comptentes, dont une partie trs
importante relve de limpay bancaire.
En effet, on assiste dernirement au Maroc une explosion du crdit, atteignant parfois une
hausse dpassant 400% en dix ans. Cette explosion est le rsultat dune conomie fonde
36
-Rapport sur lobservation des Normes et codes. Insolvabilit et droits des cranciers , rapport tabli par la
banque mondiale partir des informations fournies par les autorits Marocaines. Septembre 2006. p.1.
37
-constat dgag partie de nombreux lments, savoir, le nombre de tribunaux, de magistrats, rapidit de
traitement des procs, rapidit dexcution des dcisions, infra 115 et s.
38
-infra 28 et s.
16
sur le crdit39, qui a gnr sans aucun doute des endettements colossaux, voire des
surendettements40, entrainant invitablement un contentieux de limpay.
-Rapport sur lobservation des Normes et codes. Insolvabilit et droits des cranciers , rapport tabli par la
banque mondiale partir des informations fournies par les autorits Marocaines. Septembre 2006. p.2.
40
-infra 52 et s.
41
- La loi n32-10 compltant la loi n15-95 formant code de commerce, publie au Bulletin officiel du 6 octobre
2011.
17
Par voie de consquence, labsence dun cadre juridique propre lexercice de ces socits
spcialises en recouvrement a donn naissance un march du recouvrement
drglement impliquant parfois des comportements douteux lgard des dbiteurs, et a
frein en outre le dveloppement de ce procd amiable au Maroc. De surcroit, cela a
conduit les cranciers recourir massivement la justice tatique, qui constitue une voie
sans alternative pour le recouvrement des crances.
21. Nanmoins, la voie judicaire nest pas le gage dun recouvrement infaillible. En effet,
les cranciers semblent tre dsesprs du faible taux de recouvrement dans lensemble des
procdures judiciaires42, qui sajoute une lenteur excessive au niveau du traitement qui
entraine un encombrement de la machine judiciaire.
Ces dysfonctionnements du systme judiciaire se joignent dautres difficults de nature
aggraver le recouvrement de crances par la voie judicaire, et gnrer un sentiment de
mfiance des justiciables lgard de linstitution judiciaire.
Cependant, ce sentiment de mfiance naffecte en rien la propension de lindividu au
contentieux, impuls lvidence par une volution lgislative qui condamne de moins en
moins limpay et les mauvais payeurs, et aliment par des mutations socio-culturelles et
psychologique ayant eu pour consquence la banalisation de limpay43 et du recours la
voie judiciaire, ce qui ne semble pas tre sans incidence sur la hausse du contentieux de
limpay au Maroc.
22.
Sil est vrai quun travail scientifique doit focaliser sur une problmatique majeure,
lanalyse du contentieux de limpay doit conduire sinterroger sur sa ralit et son
volution, et par la force des choses, sur lapproche gnrale de limpay par le crancier
dans un systme juridique, en loccurrence le droit marocain, dont larsenal juridique mis en
place nest pas encore en mesure de porter remde un problme qui ne cesse de
mtastaser.
42
-Rapport sur lobservation des Normes et codes. Insolvabilit et droits des cranciers , rapport tabli par la
banque mondiale partir des informations fournies par les autorits Marocaines, Septembre 2006, p.1.
43
-M. ROUGER, Banalisation de la dfaillance de paiement (excusabilit du dbiteur, doctrine Frech Start) ,
me
in La prvention de la dfaillance de paiement, Actes du 2 congrs Sanguinetti 1998, J. Bastin (sous la
direction) Larcier, Bruxelles, 2000, p.105 et s.
18
Une approche gnrale qui trouve ses fondements dans lvolution importante que le
contentieux de limpay a connu ces dernires annes au Maroc, prsage une ralit
difficile, susceptible dempirer en raison des mutations qui affectent toute lconomie
mondiale.
23.
Lexploration du contentieux de limpay constitue aussi un moyen idoine pour
apprhender la gense et le fondement de limpay, et constitue galement un indicateur
fiable de lapproche systmique adopte au Maroc en matire de recouvrement de
crances, de son efficacit et de son efficience. On peut se demander sil existe rellement
une vritable mthode structure de recouvrement, ou sil sagit uniquement dune branche
sans spcificit qui apparait devant lensemble des tribunaux, et qui les engorgent
continuellement.
Quel que soit le contexte, lapproche comparative entre la France et le Maroc, ainsi que le
caractre de la recherche entreprise, impliquent ltablissement dun paralllisme entre
lvolution respective du contentieux de limpay dans les deux pays durant ces dernires
annes, qui se rvle manifestement dans le nombre des affaires traites devant les
juridictions civiles et commerciales.
24.
Cette volution du contentieux se prsente sous une double image. Celle dun
contentieux de limpay en hausse permanente, qui souffre dun accroissement et dune
judiciarisation de limpay, et de difficults majeures de nature remettre en cause la
politique du recouvrement de crances au Maroc, et qui mritent dtre lucider de la
manire la plus exhaustive possible. A loppos, une baisse remarquable du contentieux de
limpay en France qui, loin dtre accidentelle, apparait au premier chef absorbe par
dautres procdures contentieuses, qui ont conditionn son basculement, sous leffet de la
succession de lois et de rformes relatives aux procdures de traitement de surendettement
des particuliers, et les procdures de traitement des entreprises en difficults (Premire
Partie).
44
-E.PERROU, Limpay, Tome 438, LGDJ, collection : Bibliothque de droit priv, 2005, p.2
19
20
demeure impay, quel quen soit la cause, ou le fondement de la crance, ce dernier peut
trouver dans la voie judiciaire un moyen efficace pour recouvrer sa crance.
Par ailleurs, la ralit dun contentieux li limpay ne reflte pas uniquement une
situation statistique du nombre des demandes ou affaires lies limpay, traites devant
un tribunal, mais, elle indique une tendance gnrale de recouvrement, un processus
entrepris par chaque crancier qui doit faire face un impay.
Dans un contexte de comparaison entre le contentieux de limpay au Maroc, et en France,
la ralit du contentieux de limpay au Maroc, nous incite mettre laccent sur les lacunes
du processus de recouvrement (Titre1), qui traduisent indubitablement lexpansion de ce
type de contentieux.
En France, on assiste de nouvelles procdures contentieuses de limpay, des procdures
qui se sont profondment imprgnes dans le corps du contentieux de limpay du droit
commun, gnrant un basculement du contentieux de limpay vers les procdures
collectives et celles du traitement du surendettement des particuliers (Titre 2).
21
26.
Lanalyse du contentieux de limpay au Maroc, apparait comme la mthode
approprie pour comprendre, la fois, lvolution de ce type de contentieux si prsent dans
lensemble des juridictions nationales, et, lapproche systmique adopte en la matire, et
son efficacit.
Cette approche gnrale de recouvrement, semble, en souffrance, cette souffrance se
manifeste par une expansion du contentieux de limpay durant ces dernires annes,
aggrave par un accroissement sans prcdent de limpay (Chapitre 1).
22
28. Il semble dlicat dexplorer limpay et son contentieux sans se rfrencer aux chiffres
y affrents, les chiffres refltent la ralit statistique du contentieux de limpay au Maroc
(p.1). Toujours dans le but dclairer la ralit du contentieux de limpay, la mise en place
dune enqute prdicative apparat comme une dmarche indispensable pour mieux
apprhender cette ralit (p.2).
23
46
-annexe 1.
47
-en 2008, les injonctions de payer traites se sont leves 12507 affaires.
48
-en 2009, les injonctions de payer traites se sont leves 15025 affaires.
24
Quant lexcution des injonctions de payer, 9695 procdures dinjonction de payer ont t
excutes, contre 3512 injonctions de payer non excutes. Idem pour les annes
prcdentes et les annes suivantes, en effet, une moyenne importante de ces injonctions
de payer demeure sans excution50.
33. Relativement aux affaires lies limpay, portes devant les juridictions civiles, les
chiffres du ministre les distinguent selon le type de procdure engage, savoir, les
procdures au fond, et les injonctions de payer.
A lgard des procdures contentieuses de limpay, engages au fond, celles-ci ont t
pargnes de cet accroissement la diffrence des injonctions de payer.
En effet, des baisses de ces procdures ont t constates aprs 2008, avec une baisse de
10% comparativement lanne suivante, et de quasiment 13% en 2010 par rapport
lanne prcdente.
Il convient de souligner quun nombre important des procdures qui relvent de limpay,
menes au fond, ne sont pas juges annuellement, comparativement aux affaires qui sont
en cours et ayant t enregistres, par exemple, en 2008, 14812 procdures contentieuses
dimpay ont t rgles, contre 32759 affaires enregistres. Ce qui reprsente une
moyenne de 45% des affaires traites par rapport aux affaires enregistres. En 2009, cette
moyenne a augment51 pour atteindre 55%.
34.
En ce qui concerne les injonctions de payer portes devant les juridictions civiles,
celles-ci, ont galement connu un accroissement ces dernires annes, au mme titre que
devant les juridictions commerciales.
En 2008, les juridictions civiles ont statu sur 16778 injonctions de payer, contre 18365 en
2009, avec une hausse qui dpasse 9%.
Toutefois, cette augmentation des injonctions de payer traites devant lensemble des
juridictions civiles a t plus significative en 2010, dernire anne dobservation, atteignant
une hausse de presque 53% sur 2009, et dpassant 67% par rapport 2008. Toutefois, il
convient de prciser que les juridictions statuent, sur la quasi-totalit de ces procdures.
49
-statistiques des injonctions de payer devant les juridictions commerciales (annexe 1).
50
-statistiques relatives lexcution des injonctions de payer en matire commerciale (annexe 1).
51
-en 2009, 16553 procdures contentieuses dimpay ont t rgles, contre 29651 affaires enregistres.
25
Par rapport lexcution des injonctions de payer portes devant les juridictions civiles, une
moyenne de 24% des injonctions de payer sur lesquelles les tribunaux ont statu, restent
sans excution, entre 2008 et 201052.
Par voie de consquence, on peut constater que la hausse des affaires relatives limpay
devant les juridictions civiles est gnrale, en dpit de la lgre baisse qui a marqu les
procdures au fond entre 2009 et 201053.
35.
Gnralement, on peut observer comment les affaires relatives limpay ont
augment aussi bien devant les juridictions civiles que commerciales. En 2008, lensemble
des affaires lies limpay, slevait 62065 affaires en cours, comportant les procdures
au fond et les injonctions de payer devant les juridictions civiles, et les injonctions de payer
devant les juridictions civiles. Ce chiffre a atteint 78658 affaires en 2010. Soit une hausse qui
dpasse 26%.
Le mme constat peut tre soulev par rapport aux affaires ayant t traites par les mmes
juridictions et durant les mmes annes, sauf que laccroissement du traitement de ces
affaires est plus important, en 2008, le nombre daffaires ayant t traites slevait 44097
affaires, contre 66090 affaires en 2010, soit une hausse de presque 50%.
B-La quintessence
36. Certes, labsence de statistiques relatives aux affaires lies limpay, menes au fond
et en rfr , devant les juridictions commerciales constitue un handicap, pour pouvoir
tablir un constat plus clair sur lensemble du contentieux de limpay port devant les
juridictions commerciales.
Nanmoins, laccroissement du contentieux de limpay est incontestable devant ces
juridictions, tant donn que la procdure dinjonction de payer apparat comme la
procdure la plus utilise au Maroc devant ces juridictions en matire dimpay. En raison de
sa rapidit et son efficacit, dautant plus, que les tribunaux commerciaux statuent
annuellement sur toutes les demandes dinjonction de payer qui remplissent les conditions
de forme et de fond54 exiges par le code de procdure civile. Ce qui peut inciter les
dbiteurs y recourir.
52
-les injonctions de payer restes sans excution entre 2008 et 2010 slvent 12876, sur un
-lensemble des affaires traites comportant les procdures au fond et les injonctions de payer, slevait
31590 affaires en 2008, alors que les juridictions civiles ont rgles 41737 affaires en 2010.
54
26
En outre, cet accroissement des affaires contentieuses de limpay, ne pouvait pas tre sans
incidence sur lexcution des injonctions de payer, qui sest vu diminu en moyenne avec la
hausse continuelle des procdures dinjonction de payer. En effet, un nombre important des
titres excutoires rsultants des injonctions de payer et susceptible dtre excut, demeure
annuellement sans excution. Cette moyenne des injonctions de payer qui restent sans
excution sest hisse dune manire concomitante avec laccroissement de ces procdures,
et notamment entre 2008 et 201055.
Alors, cela peut nous conduire sinterroger sur la mise en uvre et lefficacit du titre
excutoire, une excution force qui suscite des interrogations et une remise en question.
Sagit-il dun encombrement des juridictions par ce type de contentieux, qui provoque des
difficults dexcution ?
37. A l gard du contentieux de limpay devant les juridictions civiles, les procdures au
fond et les injonctions de payer sont assez rvlatrices, en dpit de labsence des chiffres
relatifs aux procdures en rfr.
De mme pour ces juridictions, laccroissement de ce type de contentieux ne peut pas passer
inaperu, et ne peut tre rfut. En effet, lexpansion des procdures au fond, et les
injonctions de payer, lies limpay, particulirement ces dernires annes, ont atteint un
seuil sans prcdent.
38.
Toutefois, cette expansion a t caractrise par une lgre baisse des procdures
menes au fond aprs 2008, mais celle-ci peut sexpliquer par un basculement des
procdures de limpay menes au fond, vers des injonctions de payer, qui, linstar des
juridictions commerciales, sont pratiquement toutes juges devant les juridictions civiles,
contrairement aux procdures de limpay engages au fond, dont la moyenne des affaires
traites ne dpasse pas la moiti comparativement aux affaires en cours.
Dautre part, les difficults relatives lexcution des injonctions de payer devant les
juridictions civiles, peuvent tre releves lexemple des juridictions commerciales, tant
donn quune partie non ngligeable des injonctions de payer susceptible dtre excutes,
restent sans excution.
55
-en 2008, la moyenne des injonctions de payer restes sans excution, par rapport lensemble des
injonctions de payer susceptibles dtre excutes est de 26%, en 2009, cette moyenne sest leve 33%,
pour dpasser 43% en 2010.
27
On peut aussi, remettre en question la moyenne assez faible des affaires lies limpay,
juges annuellement au fond, comparativement aux affaires en cours ayant t enregistres,
cette moyenne natteint pas la moiti.
39. En rsum, lexpansion du contentieux de limpay ces dernires annes est gnrale,
la fois devant les juridictions civiles que devant les juridictions commerciales. Cet
accroissement ne sapplique pas uniquement sur les affaires en cours ou ayant t
enregistres, mais aussi sur les affaires ayant t traites par lensemble de ces juridictions.
Aujourdhui, les affaires relatives au contentieux de limpay sont plus prsentes que jamais
devant lensemble des juridictions nationales, elles reprsentent par ailleurs une moyenne
importante sur lensemble des affaires traites devant ces juridictions, toutes branches
confondues56. Sans ngliger les excutions relatives limpay qui occupent autant de place
que les affaires.
Cette expansion gnrale et continue du contentieux de limpay au Maroc, rvle un
nombre important de difficults qui dcoulent du recouvrement de limpay, aussi bien
lamiable que forc. Ces difficults sont de nature remettre en cause lapproche globale et
le processus de recouvrement.
Laccroissement de limpay est un constat rel, mais qui ne peut pas tre dmontr
uniquement par des chiffres, ou des lments statistiques, mais par dautres arguments qui
doivent corroborer la thse de cette expansion gnrale de limpay devant toutes les
juridictions, et par voie de consquence, mettre la lumire sur les cueils de recouvrement
qui peuvent expliquer cette explosion du contentieux de limpay.
56
-en 2008, les affaires relatives limpay, reprsentaient 16. 06% sur lensemble des affaires enregistres
devant les juridictions civiles et commerciales, toute branche confondue. Abstraction faite des affaires lies
limpay traites en rfrs devant les juridictions civiles, et les affaires lies limpay traites en rfr et au
fond devant les juridictions commerciales. Cette moyenne sest leve 16,52 en 2009, et en 2010, elle a
atteint 23, 12%.
28
1- Les avocats57
42. En effet, les questionnaires destins et remplis par les avocats portent essentiellement
sur tout le processus de prvention de limpay, et de son traitement, ou, lapproche
gnralement entreprise par le crancier ou son avocat lors du recouvrement de crances.
Demble, les avocats enquts ont affirm un accroissement du contentieux de limpay
devant les juridictions civiles et commerciales durant ces dernires annes58, ils ignorent
toutefois les vritables causes de son accroissement.
43. En matire de prvention de limpay, ces professionnels dclarent que les srets
relles demeurent la technique contractuelle la plus efficace comparativement aux autres,
telles que les clauses rsolutoires ou le choix du mode de paiement, en dpit des difficults
pratiques qui dcoulent de ces srets.
En revanche, ils estiment tous que les dispositions contractuelles visant prvenir limpay,
nont pas volu au cours de ces dernires annes. Par ailleurs, ils ne cherchent que
rarement une technique adapte de prvention de limpay lors de la rdaction dun
contrat ou de dispositions gnrales.
Quant aux modes de paiement les plus efficaces pour prvenir limpay, le chque est le
mode de paiement le plus efficace, eu gard son caractre dissuasif et sanctionnateur59.
Pour ce qui est du recouvrement amiable, ces professionnels, rvlent que celui-ci ne fait
pas partie de leur priorit, et la proportion des dossiers de limpay qui font lobjet dun
57
-annexes 2.
58
-annexe 2.
59
-larticle 543 du code pnal Marocain prvoit des sanctions pnales lencontre de lmetteur dun chque
sans provision.
29
Enfin, ils rvlent que labandon des procdures contentieuses de limpay peut rsulter de
plusieurs motifs, particulirement labsence de garanties et louverture des procdures
collectives lencontre du dbiteur.
-infra 68 et s.
61
-annexe 3.
30
Sous le mme angle, ils dclarent que la mise en uvre dun titre excutoire peut se rvler
inutile face un dbiteur ayant chang son adresse, particulirement les entreprises qui
procdent au changement de leur domiciliation sociale et dnomination pour esquiver les
mesures excutoires engages leur encontre.
31
49.
Force est de constater que le processus de recouvrement au Maroc sappuie
principalement sur la voie judiciaire, aussi bien pour les cranciers que pour les intervenants
en matire de recouvrement.
En effet, labsence dun cadre amiable de recouvrement constitue une charge importante
qui pse sur la justice tatique, appele statuer sur toutes les affaires relatives limpay,
ce qui gnre invitablement un encombrement important de ce type de contentieux
devant les juridictions comptentes.
Labsence dune politique prventive de limpay, capable de procurer au crancier une
vritable stratgie de recouvrer sa crance en dehors de la voie judiciaire, constitue aussi un
facteur important de cet encombrement des tribunaux. Une stratgie qui consiste faire
appel des solutions de substitution lui permettant de recouvrer efficacement la crance
sans avoir le besoin de recourir la justice.
Par consquent, la ralit du recouvrement de crances au Maroc, peut tre marque par
un accroissement du contentieux de limpay ces dernires annes devant les juridictions
civiles et commerciales. Il va sans dire que cet accroissement est le rsultat de plusieurs
facteurs et conjonctures ayant contribu cette expansion du contentieux relatif limpay.
Il convient de souligner que les questionnaires nont pas t remplis par un nombre trs
importants de professionnels, mais suffisamment pour avoir un aperu sur la ralit du
contentieux de limpay au Maroc ces dernires annes, particulirement son expansion
devant les juridictions civiles et commerciales, sans oublier lapproche gnrale entreprise
en matire de recouvrement.
62
-K. SANBI, Les garanties et les procdures pour le recouvrement des crances , AL MILAF, janvier 2005, p.6
et s.
63
-infra 68 et s.
32
50. Analyser limpay et son contentieux doit nous amener sarrter sur les causes de son
accroissement, causes diverses pouvant expliquer cet accroissement au Maroc, abstraction
faite des facteurs conjoncturels attribuables en grande partie la crise conomique que
connait le monde entier. Cette tendance daccroissement au Maroc existe bien avant le
dclenchement de la crise.
En effet cette hausse du contentieux de limpay sest manifeste par lexpansion des
demandes dimpay devant les juridictions civiles et commerciales de lensemble du pays 64,
dont une partie non ngligeable relve du contentieux de limpay bancaire, tant donn
que les crdits et les concours bancaires sont devenus une ncessit imprieuse dont peu de
personnes peuvent se passer, sagissant aussi bien des particuliers que des entreprises. Mais
ces crdits entrainent prsent une situation alarmiste compte tenu de leur explosion et de
leurs utilisations mauvais escient, ou encore de loctroi de crdit par le banquier sans le
discernement exig par la profession, ou encore sans tude minutieuse du dossier de crdit,
qui laisse lemprunteur dans des difficults manifestes de remboursement.
En loccurrence, des crdits excessivement octroys, ou des crdits inadapts la capacit
de remboursement de lemprunteur, sont incontestablement parmi les causes importantes
de laccroissement de limpay (p.1), ce qui sajoute dautres causes qui peuvent tre
dordre socio-culturel, ou attribuables lvolution lgislative qua connu le pays ou encore
quelque vide juridique (p.2).
64
-supra 30 et s.
33
En effet les crdits ont connu une hausse de 107,9% pour les crdits court terme, passant
de 104 340 217 015 millions de Dirhams entre 1998 et 2009, tandis que les crdits moyen
et long terme ont connu une hausse faramineuse qui slve 407% pour les mmes
dates, atteignant 319 948 Millions de Dirhams en 2009 contre 63 099 en 199865, avec un
taux de contentieux qui sest hiss 19,03% sur lensemble des crdits octroys en 200466
Ce sont des chiffres alarmants qui doivent faire lobjet dune analyse minutieuse.
Cependant cet accroissement de limpay ne peut pas tre imputable uniquement
limprvoyance ou parfois linconscience des dbiteurs bnficiaires des crdits. Bien au
contraire, la banque peut tre questionne sur les crdits excessivement allous (A), et voir
sa responsabilit engage pour loctroi dun crdit excessif et dun dfaut de mise en garde
(B).
A- Une conomie fonde sur les crdits67 caractrise par un octroi excessif
52. On ne conoit pas de nos jours une activit conomique ou un mnage sans crdit. On
assiste dernirement au Maroc une explosion du crdit qui a gnr vraisemblablement
des endettements colossaux, voire des surendettements, avec 55 tablissements de crdit
en 2010, dont 19 banques et 36 socits de financement, celles-ci exploitant sauvagement68
le march de crdit au Maroc, sans pour autant se soucier des moindres normes
dontologiques courantes en la matire.
En fait, si les professionnels (1), qui, par manque de fonds propres, se voient contraints
gnralement de demander un crdit pour faire face un dmarrage jug ardu, les
particuliers (2), quant eux, sont confronts une conjoncture conomique inflationniste
la fois proccupante et croissante69, et sont tents par des campagnes publicitaires
envahissantes vocation vnementielle (ftes religieuses loccasion desquelles le besoin
saccroit, rentres scolaires, vacances). Ils y cdent et contractent des crdits qui psent
lourdement sur leur solvabilit et qui constituent sans doute la cause principale de limpay.
65
-tude ralise sur la base des rapports annuels de Bank almaghrib, le taux de contentieux= crances en
souffrances / total des crdits accords, V., A. ALHAMMA, La gestion du risque crdit par la mthode du
scoring : cas de la Banque populaire de Rabat-Kenitra , EMAREM, septembre2009-aout 2010, n2 et 3, p294.
67
- Rapport sur lobservation des Normes et codes. Insolvabilit et droits des cranciers , rapport tabli par
la banque mondiale partir des informations fournies par les autorits Marocaines, Septembre 2006. p.2.
68
69
-le taux de linflation globale a atteint 3,5% fin 2008, 1,8% fin 2010, et 1,8% en septembre 2011, donnes
extraites des rapports de Bank almaghrib sur la politique montaire du pays.
34
-il sagit de la loi 18-97 du 1er avril 1999, et le dfinit comme tant : Tout crdit dont lobjet est de
permettre des personnes conomiquement faibles de crer ou de dvelopper leur propre activit de
production ou de services en vue dassurer leur insertion conomique .
71
et s.
72
-les crances en souffrances ont t dfinies par larticle 4 de la circulaire de Bank almaghrib n 19/G/2002
du 23/12/2002 comme : Sont considres comme crances en souffrance, les crances qui prsentent un
risque de non recouvrement total ou partiel, eu gard la dtrioration de la capacit de remboursement
immdiate et/ou future de la contrepartie. Les crances en souffrance sont, compte tenu de leur degr de
risque de perte, rparties en trois catgories :
- les crances pr-douteuses,
- les crances douteuses
- et les crances compromises.
35
11,5% 17,8%, et du retard important enregistr par nos tribunaux au niveau de rglement
de contentieux. Ce rapport prcise que 35% des dossiers bancaires sont au contentieux avec
un volume de dette de 300 millions de Dirhams.
55. Force est de constater que cette politique a provoqu maints incidents de paiement qui
sont enregistrs au niveau des entreprises, conduisant ces socits linsolvabilit, et a
contribu consquemment accroitre davantage limpay.
Dans ltat actuel des choses, les pouvoirs publics doivent revoir cette politique qui favorise
lendettement au mpris de la constitution de fonds propres, et mettre en place une
alternative qui pourra rpondre toutes les attentes.
74
75
-rapport annuel de Bank almaghrib sur le contrle, lactivit et les rsultats des tablissement de crdit,2010,
p.30, 89 et s., V., http://www.bkam.ma/.
76
-le Smic vient de passer de 10,64 11,70 DH le 1er juillet 2011,atteignant 2 230,80 DH par mois, dcret n
2.11.247 du 1er juillet 2011 paru au B.O., n 5959, 11 juillet 2011.
36
57. Il ressort de ces chiffres que les banques Marocaines se montrent lgres voire laxistes,
quant loctroi de crdit ; dsormais le crdit est devenu une affaire de quelques heures,
entre la demande de crdit et la rponse de lagence, mais un grave problme de non
remboursement peut en dcouler. Or un crdit contract outre les capacits de
remboursement du bnficiaire entraine quasi-automatiquement un impay, et le dossier
peut aussitt tre conduit au service contentieux de la banque, qui privilgie gnralement
la voie judiciaire.
En lespce, les banques Marocaines sont appeles aujourdhui plus que jamais instruire
minutieusement les dossiers de crdit et respecter les rgles lgales ou dusage en vigueur
en la matire, et notamment celles relatives au niveau dendettement de lindividu, qui, en
thorie, ne doit pas tre suprieur 33% de ses revenus. Or cette rgle ne semble pas faire
lunanimit, et les tablissements de crdit se montrent flexibles vis--vis celle-ci77.
58.
Somme toute, les banques doivent pour leur ensemble sefforcer dadopter de
nouvelles mthodes dinstruction des dossiers de crdit, afin de standardiser la procdure
doctroi et de dlaisser les outils classiques utiliss par notre systme bancaire pour se
couvrir contre les risques de ce type de crdit qui les rend plus dlicat valuer78. Il sagit,
dvaluer vritablement la capacit de remboursement des demandeurs de crdit, et de
former un rempart, une protection contre eux-mmes, au lieu de les surendetter, tout en
ayant la conviction que leur responsabilit ne sera aucunement remise en cause cet effet.
Et ce titre, il convient de rappeler comment les banques Franaise ont pu contribuer la
baisse du contentieux de limpay. Pour ce faire, elles ont mis en place de nouvelles
conditions pour loctroi de crdit, donc une meilleure slection des bnficiaires de crdit, et
elles ont cherch galement systmatiser les garanties du crdit79.
77
-il faut rappeler quen France que cette rgle de 33% est impose par la banque de France, et la
responsabilit de ltablissement de crdit peut tre engage en cas de viol, la jurisprudence apparait
draconienne lencontre des banques sur ce point, ltablissement encoure en outre des sanctions
disciplinaires.
78
- A. ALHAMMA, La gestion du risque crdit par la mthode du scoring : cas de la Banque populaire de RabatKenitra , EMAREM, septembre2009-aout 2010, n2 et 3, p.305.
79
- P.ANCEL (sous la direction de), Lvolution du contentieux de limpay : viction ou dplacement du rle
du juge ? , CERCRID, juin 2009, (Universit Jean Monnet SAINT-ETIENNE, p.39
37
59. Un crdit accord excessivement peut ruiner un particulier comme il peut entrainer
une aggravation du passif de lentreprise ou retarder artificiellement sa cessation de
paiement, en induisant en erreur les cranciers sur la bonne sant financire de celle-ci. Or,
si le soutien de la banque une entreprise dont la situation est irrmdiablement
compromise est interdit, en revanche le dispositif juridique mis en place nvoque point la
mise en uvre de la responsabilit de la banque dans ce cadre, lgard de lentreprise ou
lgard de ses cranciers81.
60. En effet la responsabilit du banquier en France pour loctroi du crdit excessif est
fonde sur le manquement de celui-ci son devoir de mise en garde, un devoir qui lui a t
impos par la jurisprudence.
A ce titre, une premire priode a t caractrise par une discordance jurisprudentielle
entre la chambre commerciale et la premire chambre civile. La premire soppose au
principe de lobligation de conseil et avance que lemprunteur est pleinement responsable
de ses actes travers plusieursarrts82 invoquant en outre le devoir de non immixtion du
banquier dans les affaires de son client. La seconde a soutenu fermement ce fondement en
retenant la responsabilit du banquier qui manque son devoir de mise en garde : celui-ci
est tenu lgard de lemprunteur un devoir de conseil 83 . Cette contrarit de
jurisprudence a t suivie par une jonction des dcisions des deux chambres travers le
fameux arrt du 12 juillet 200584, complt par deux autres arrts85 par lesquels la chambre
civile a procd une diffrenciation entre lemprunteur averti et lemprunteur profane
constituant un champ de responsabilit rserv chaque cas de figure, position corrobore
par la chambre commerciale86 qui a enfin admis lexistence du devoir de mise en garde du
banquier en faveur des emprunteurs profanes .
80
- D. LEGEAIS, Responsabilit du banquier en matire de crdit , RD banc. fin., avril 2010, p.4.
81
-le principe de la responsabilit de la banque vis--vis des cranciers de lentreprise en difficult a t pris en
compte une premire fois ds la fin du 19me sicle par la cour de cassation, affirm par la chambre civile de la
haute juridiction en 1876, Ibid.,p.50.
82
-Cass. Com., 18 fvrier 1997, n 94-18073 ; Cass. Com., 11 mai 1999, n 96-16088 ; Cass. Com., 26 mars 2002,
n99-13810.
83
-Cass. Civ., 18 juin 1994, n 92-16142 ; Cass. Civ., 27 juin 1995, n 92-19212 ; Cass. Civ., 18 juin 2004, n 0212185.
84
85
- Cass. Civ., 2 novembre 2005, n 03-17 .443 ; Cass. Civ., 21 fvrier 2006, n 02-19.066.
86
38
Il convient de rappeler que cette gense jurisprudentielle a t conforte par une disposition
de la loi n2010-737, du premier juillet 2010 portant rforme du crdit la consommation 87
en vertu de laquelle le prteur doit fournir lemprunteur des explications qui lui
permettent de dterminer si le contrat est adapt ses besoins et sa situation financire,
partir des informations sur les caractristiques essentielles du crdit propos et sur les
consquences du crdit sur sa situation financire. Deux devoirs du banquier en dcoulent,
celui dexplication et celui de vrification de la solvabilit88 de lemprunteur.
61. Cependant le lgislateur Marocain tait moins limpide, et na rpondu quvasivement
la rglementation des devoirs du banquier dont le manquement est source de
responsabilit, hormis quelques dispositions relatives aux obligations du banquier, qui
peuvent tre dordre informationnel89, ou qui relvent de la vigilance90, ou de la discrtion
reposant sur le secret professionnel. De surcroit le lgislateur, en matire de consommation,
na pas abord cette question, il sest content ddicter des obligations dinformation
lgard des fournisseurs sur les produits qu ls proposent, pargnant de cette faon les
prestataires de service et notamment les tablissements de crdit de cette obligation ; ils
sont seulement soumis un devoir qui concerne la publicit et loffre pralable de crdit au
consommateur qui doivent tre conformes aux dispositions de la loi de protection des
consommateurs91 . On peut dire dores et dj que notre jurisprudence reste muette quant
lextension des devoirs du banquier.
Si le devoir de mise en garde est dune importance capitale pour la mise en cause de la
banque en matire de crdit excessif, il nest soulev ni par notre jurisprudence ni par notre
lgislation92 et, notre sens, ce devoir de mise en garde au Maroc (1) relve de lthique, de
la morale, et donc tire sa source de la dontologie de la profession. De nos jours son
apprciation est encore rude, mais une fois le manquement ce devoir constat, laction en
responsabilit de la banque peut tre mise en uvre (2).
87
88
-F. CREDOT ET T.SAMIN. Lobligation de mise en garde, est-elle compatible avec le concept de crdit
responsable ? RD banc. Fin., novembre-dcembre 2010, n6, p.82.
89
-article 116 de la loi bancaire, Dahir n 1-05-178 du (14 fvrier 2006) portant promulgation de la loi n 34-03
relative aux tablissements de crdit et organismes assimils.
90
- Dahir n 1-11-03 du 18 fvrier 2011 portant promulgation de la loi n31-08 relative la protection du
consommateur, B.O. n 5932 du 7 avril 2011.
92
39
62. Vu lexplosion qua connu le crdit et la publicit incitative des banques, il fallait que le
banquier ait plus dengagement lgard de ses clients. Un crdit nest jamais accord par
empathie ou par altruisme, et non plus pour que le banquier puisse bnficier dune
quelconque commission quil pourrait en tirer. Aucun facteur extrieur ne doit influer sur
la dcision de celui-ci, qui doit analyser scrupuleusement dossier par dossier, tant donn
que le crdit nest pas un droit et relve du pouvoir apprciatif du banquier qui peut
sabstenir dallouer un crdit sans quil ait aucunement l obligation de motiver son refus.
En effet, le banquier qui accorde un crdit connait la situation du bnficiaire autant que ce
dernier. Certes le bnficiaire agit en connaissance de cause et notamment de ltat de ses
ressources, patrimoines,et de ses capacits financires. Toutefois il ne peut pas tre lunique
responsable de ses actes ou de son propre dommage, le banquier se trouvant dans une
position confortable pour juger de lutilit du crdit et de son adquation avec les
principales ressources du demandeur de crdit. En la circonstance un devoir lui est impos,
celui du conseil, qui ne substitue pas le devoir de mise en garde93 auquel il est tenu pour
toute nature de crdit y compris ceux qui font partie dune rglementation
particulire(crdit la consommation). A ce titre le banquier doit avoir une certaine thique,
et doit faire preuve dune attitude consciencieuse pour accorder un crdit responsable
Ce devoir dontologique passe par lapprciation en amont de plusieurs critres
dterminants pour le banquier pour lattribution du crdit, et qui tiennent compte en
premier lieu de lidentification du bnficiaire dans le cadre de son devoir de mise en garde.
En lespce la chambre mixte de la cour de cassation dans un arrt rendu le 29 juin 200794,
admet quun agriculteur empruntant pour les besoins de son exploitation ntait pas
forcment un emprunteur averti. Peut-on en effet qualifier un professionnel qui souscrit un
crdit pour les besoins de son exploitation de bnficiaire averti du seul fait quil est un
professionnel ? Il sagit de savoir, lexemple de la jurisprudence Franaise, si lemprunteur
est profane ou non, lemprunteur profane tant lindividu incapable de mesurer seul les
consquences de lacceptation du prt quil sollicite95.
63. En second lieu, le professionnel doit prendre en compte le critre matriel, qui repose
essentiellement sur les capacits financires de lemprunteur et les risques de lendettement
origine de loctroi du crdit. Cela consiste pour le banquier mesurer les risques qui peuvent
93
me
94
- Cass. Ch. Mixte., 29 juin 2007, n 05-21.104, bulletin 2007, ch. Mixte, n7; D. LEGEAIS, Devoir de mise en
garde envers l'emprunteur et la caution non avertis , RTD. Com. 2007, p. 579 ; P. JOURDAIN, Le devoir de
mise en garde du banquier dispensateur dun crdit excessif , RTD. CIV., dcembre 2007, p.779 ; G. PIETTE,
cautionnement commercial , rp. Com. Dalloz., n70, janvier 2012.
95
40
96
- L-J. LAISNEY, Nouvelles incertitudes sur la responsabilit du banquier pour soutien abusif , RLDA.,
n48,avril 2010, p.60 et s.
41
Par la force des choses, le fait gnrateur de responsabilit prend la forme dune faute du
banquier matrialise par une violation dun devoir de nature juridique qui simpose lui.
Donc la faute, en la matire, sappuie fondamentalement sur les devoirs qui incombent au
banquier et sur leur manquement, et il appartient lemprunteur de le dceler.
Il convient de rappeler que les banques en France tablissent la preuve de ce devoir par un
engagement dat et sign par lemprunteur dans lequel il affirme quil a t suffisamment
averti, ou galement par une clause contractuelle insre au contrat du crdit et ayant le
mme objet.
65. Quant au prjudice subi par lemprunteur, occasionn ce titre par le manquement du
banquier son devoir de mise en garde, cest celui dune perte de chance, la jurisprudence
Franaise acquiesante au fait que le manquement du banquier au devoir de mise en garde
constitue une faute qui fait perdre une chance de renoncer souscrire le prt97.
66. Enfin, il faut que le lien de causalit soit tabli entre la faute du banquier et le prjudice
subi par lemprunteur, et il revient ensuite au juge et son pouvoir souverain dapprciation
de fixer des dommages et intrts au profit de lemprunteur qui peuvent ventuellement lui
servir pour compenser le reste du montant de lemprunt quil doit.
Demble, on peut dire que la responsabilit du banquier au Maroc demeure encore
primitive, et un effort en la matire serait bien accueilli. Les juges du fond doivent en outre
sinvestir davantage au premier chef en faveur de la reconnaissance du devoir encore
inexistant de mise garde simposant au banquier, en second lieu commencer retenir la
responsabilit du banquier un moment o le contexte le requiert.
97
me
-CA Aix-en Provence, 8 ch., 29 janvier 2009, n 2009/51, jurisdata n2009-011784 ;R.ROUTIER, Obligations
me
et responsabilits du banquier, 3 d. 3, Dalloz, 2011/2012, p.845.
42
- E.PERROU, Limpay, Tome 438, LGDJ, collection : Bibliothque de droit priv, 2005, p.3 et s.
99
100
-la cour de cassation a approuv la primaut de cette disposition internationale, ce titre la cour a cass un
arrt de la cour dappel qui a appliqu la contrainte par corps pour une dette contractuelle rsultante dun
contrat de bail, arrt 3515 du 26/09/2001, V., F.ELBACHA, la contrainte par corps et le recouvrement des
dettes civiles , lconomiste, n1626 du 20 octobre 2003.
43
par corps et dont la mise en uvre est prescrite par le code de la procdure pnale, et
incarcraient les dbiteurs qui faisaient dfaut leurs obligations contractuelles, mesure
juge archaque jusqu ladoption par le lgislateur Marocain de la loi n 30-06 promulgue
par le dahir n 1-06-169 du 22 novembre 2006 modifiant le dahir prcit. A cet gard le
lgislateur abandonne lapplication de cette mesure draconienne contre les dbiteurs qui
arrivent justifier leur insolvabilit, et contre dautres dbiteurs dont la situation est
particulire101. En revanche la contrainte par corps reste applicable contre les dbiteurs qui
ne parviennent pas justifier leur insolvabilit en matire de dettes civiles et commerciales.
De mme pour les dbiteurs de lEtat en matire de crances publiques102.
Au demeurant, les proccupations du lgislateur dordre social et humanitaire ont pass
outre le souci du crancier de recouvrer sa crance. Le dlai de grce en a t la
conscration en faveur dun dbiteur malheureux et de bonne foi. Il sest agi de la prise en
considration de sa situation, dune humanisation103 lgard du dbiteur surendett, dont
la situation requiert une intervention du juge et mrite dtre analyse mticuleusement par
ce dernier.
71. Les lgislateurs Marocains et Franais ont procd travers le dahir des obligations et
contrats et le code civil respectivement confrer au juge le pouvoir daccorder des dlais
de grce aux dbiteurs de bonne foi. De cette manire la loi Franaise est plus explicite au
sens des articles 1244-1, 1244-2, et 1244-3, en vertu desquels le juge, et compte tenu de la
situation du dbiteur et en considration des besoins du crancier, dispose de la facult de
reporter ou chelonner le paiement des sommes dues dans une limite maximale de deux
annes ; il peut toutefois par dcision spciale et motive rduire les intrts ou arrter leur
cours, cette mesure ayant pour effet de suspendre les procdures dexcution qui auraient
t engages par le crancier.
Le lgislateur Marocain, quant lui, sest montr laconique par rapport cette question, et
a autoris le juge naccorder le dlai de grce que sil est prvu lgalement ou
conventionnellement au regard de larticle 128 du dahir des obligations et des contrats.
Cependant cest une procdure qui se prsente assez exceptionnellement.
101
-ainsi larticle 635 de la loi n 22-01 relative au code de procdure pnale prvoit que la contrainte ne peut
pas sappliquer aux personnes ges de moins de 18 ans ou plus de 60 ans, ne peut tre applique galement
sur dbiteur au profit de son conjoint, ses ascendants, descendants, frres et surs, oncles et tantes, neveux
et nices et allis au mme degr, ainsi que pour une excution simultane contre le mari et lpouse, mme
pour des dettes diffrentes, ni contre une femme enceinte ou une femme allaitante pendant les deux annes
suivant son accouchement.
102
-aux termes des dispositions de la loi n15-97 formant code de recouvrement des crances publiques, la
contrainte par corps est applique contre les dbiteurs dont la dette est suprieur ou gal 8000 Dh, et aprs
non aboutissement des voies dexcution sur les biens du redevable.
103
- E.PERROU, Limpay, Tome 438, LGDJ, collection : Bibliothque de droit priv, 2005, p.20.
44
Nen dplaise au crancier, cela reste une mesure caractre humain qui joue en faveur du
dbiteur, mais qui, nanmoins, rompt certains moments lquilibre contractuel par
lintervention dun tiers, le juge en loccurrence, de mme quelle peut mettre en pril la
viabilit conomique eu gard aux dommages pcuniaires que cela pourrait provoquer au
crancier.
72. Le lgislateur Marocain, a procd en outre la mise en place dune lgislation spciale
pour le traitement des entreprises en difficult, introduite dans le cinquime livre de la loi
n15-95 formant code de commerce. Il sest largement inspir de la loi Franaise n 85-98 du
25 janvier 1985 relative au redressement et la liquidation judiciaires des entreprises, ayant
comme principal objectif de prserver lemploi et lentreprise dbitrice.
En effet, travers cette approche innovante, il a voulu mettre fin au principe de la faillite qui
diabolisait les entreprises, et ddramatiser un impay qui tait tant condamn. Cet tat
dimpay nest plus peru comme auparavant, et le dsintressement des cranciers nest
plus une priorit absolue. Dans le cas prsent, cette procdure demeure un privilge
manifeste pour le dbiteur dfaillant qui, au lieu dtre sanctionn, trouve le soutien du
lgislateur qui met tout en uvre pour sauvegarder lentreprise et lemploi.
Par ailleurs, Il convient de souligner que la France dispose de davantage de dispositifs qui
relvent dun caractre social, dont le plus important, et qui a fait lobjet de maintes
rformes substantielles, est celui relatif la prvention et au rglement de difficults lies
au surendettement des particuliers et des familles, appel loi Neiertz. A cela sajoute la
mesure instaure par le lgislateur travers la loi de modernisation de lconomie du 4 aout
2008, dont les principaux apports tant linsaisissabilit des biens104. Outre la rsidence
principale de lentrepreneur qui pouvait tre dclare insaisissable par ce dernier, le
lgislateur a voulu en tendre son champ dapplication, pour porter sur tout bien foncier
bti ou non bti, non affect lusage professionnel, tout en fixant les modalits et les
conditions de dclaration du bien.
73. Force est de constater que des finalits conomiques et sociales taient derrire ces
interventions lgislatives rcurrentes, en vue de prendre en compte la situation du dbiteur,
qui demeure toujours la partie la plus faible, et lui apporter, ce titre, la protection
ncessaire. Cependant cette volution lgislative nous laisse penser que limpay n tait
pas labri, et, linverse, la hausse de limpay peut tre attribue par ricochet cette
volution lgislative, et, ipso facto, on se trouve face un dbiteur prdispos tre
assign en justice pour confronter un impay
104
- L.LAUVERGNAT, De labolition du droit des cranciers professionnels : la loi du 4 aout 2008. Rflexions sur
lextension du domaine de la dclaration dinsaisissabilit et la gnralisation du recours la fiducie , Dr. et
procdures, Mars 2009, p.68 et s.
45
74. il est vrai que le dbiteur franais en cas de dfaillance ou de survenance dun incident
de paiement de sa part pour une quelconque cause, prfre accepter de son crancier un
rchelonnement ou un accord contractuel mme sil est durement excutable, ou quil le
contraint faire davantage de sacrifices, plutt que d tre assign en justice par son
crancier et de se retrouver devant une procdure dexcution sur ses biens105. De plus, il
peut bnficier de dlais de grce accords par le juge au sens de larticle 1244-1 du code
civil, de mme, il peut demander louverture son profit dune procdure de traitement de
surendettement qui pourrait le dcharger dune partie de sa crance, voire de sa totalit. De
mme pour le crancier qui prfre que son plan de rchelonnement ou la proposition
faite par ses soins ou par une tierce personne soit accepte plutt que de se heurter
dventuels alas et difficults de la justice.
A linverse, la personnalit marocaine est imbue de fondements religieux, proprement dit
islamiques, et sefforce dexcuter les prescriptions qui lui sont imposes par le Saint
Coran et la sunna 106 . A ce propos le Coran impose dcrire la dette lors de
lengagement, et de la rembourser son chance107, et cest donc un devoir religieux avant
tout qui constitue un frein lgard de limpay, auquel sajoutent dautres considrations
socio-culturelles et coutumires qui proscrivent fermement limpay ou le non
remboursement dun prt, du fait quil dshonore lindividu, et le discrdite ce qui est
moralement inacceptable.
75. Au fil du temps, des mutations dordre socioculturel et psychologiques se sont opres
pour affecter vraisemblablement ces fondements, avec pour consquence la banalisation de
la dfaillance108, et la normalisation de laction en justice, ligne de conduite impropre la
culture Marocaine109.
105
- La prise en charge de limpay contractuel en matire civile et commerciale , CEDCACE et CRIJE, janvier
2010, sous la direction de B.THULIER, L.SINOPOLI et F.LEPLAT, p.99.
106
- la sunna est la deuxime source de lislam aprs le livre divin, elle recueillie tout l'enseignement du
prophte Mohamed avec ses dires, ses actes, ses dlaissements de certains actes, ses dsapprobations... .
107
-ainsi le verset 282 de Surat al bakara dit : O les croyants! Quand vous contractez une dette chance
dtermine, mettez-la en crit; et quun scribe lcrive, entre vous, en toute justice. Et dans le verset
suivant : que celui qui on a confi quelque chose la restitue; et quil craigne Allah son Seigneur. , En
loccurrence la chose confie ici cest la dette qui doit imprativement tre restitue. V., J. LMHALI ET
J.LYAUTI, Tafssir aljalalayn, Edit. dar el Jil, 1995, p.49.
108
-M. ROUGER, Banalisation de la dfaillance de paiement (excusabilit du dbiteur, doctrine Frech Start) ,
me
in La prvention de la dfaillance de paiement, Actes du 2 congrs Sanguinetti 1998, J. Bastin (sous la
direction) Larcier, Bruxelles,2000. p.105 et s.
109
-dans un temps jadis, les Marocains soumettaient leurs diffrents et litiges une personne rpute de sa
pit et connaissance pour trancher les litiges dans une tribu ou agglomration, il existe encore des juges
darrondissement et les juges communaux qui peuvent tre de simples citoyens, ils sont choisis au sein et par
46
un collge lectoral dont les membres sont eux-mmes dsigns par une commission dans laquelle sige le
cad ou le khalifa darrondissement, et leurs attributions judiciaires se limitent aux affaires mineures en matire
civile et pnale.
110
-infra 307 et s.
111
-sa mission principale est celle dassurer le parcours de tout projet de texte en vrifiant sa constitutionnalit
et sa compatibilit avec les textes lgislatifs et rglementaires en vigueur.
112
-dite loi scrivner , entre en vigueur le 10 janvier 1978 elle a t par la suite complte par loi Scrivener 2
du 13 juillet 1979.
47
En effet une premire mesure phare prvue par la dite loi et qui concerne cette tude est
celle relative loffre pralable du crdit, qui doit tre crite pour que lemprunteur puisse
apprcier la nature et la porte de son engagement financier. Des mentions obligatoires
doivent y figurer, loffre pralable doit tre jointe au sens de larticle 80 de ladite loi un
formulaire dtachable par lequel lemprunteur pourra dans un dlai de 7 jours compter de
lacceptation de son offre se rtracter et revenir sur son engagement. Il sagit l de
dispositions dont on ne peut que fliciter le lgislateur.
78.
En revanche, le lgislateur Marocain sest pass dune disposition trs importante
relative au devoir du banquier dinformation et de mise en garde en matire de crdit. Le
nouveau code de la consommation ne prvoit pas un tel devoir. Le banquier, except ses
nouvelles obligations susmentionnes, nest pas oblig de mettre en garde son client lors de
la demande dun crdit, et celui-ci demeure le seul responsable de son prjudice ; la
responsabilit du banquier ne peut aucunement tre engage sur ce fondement, moins
que ce devoir nait fait lobjet dune reconnaissance jurisprudentielle ou lgislative, ou quon
le fasse relever clairement de la dontologie et lthique de la profession du banquier 113.
De cette manire, le banquier sera plus prudent lors de linstruction des dossiers de crdit,
pour loctroi dun crdit responsable, qui, en labsence dune telle mesure prventive, peut
plus forte raison accroitre limpay, sans quil ait pour autant la moindre responsabilit du
professionnel. Ce vide juridique en la matire pourrait tre une cause relle de la hausse de
limpay au Maroc, et une modification ou un amendement la loi de protection du
consommateur la lumire du droit franais serait fortement salue, afin de pallier cette
problmatique.
En effet, le lgislateur franais avait compris, aprs la reconnaissance jurisprudentielle de ce
devoir du banquier, quune disposition frappant le banquier en ce sens devait voir le jour. En
lespce la loi n2010-737 du premier juillet 2010 a consacr des dispositions en vertu
desquelles elle oblige le banquier fournir des explications lemprunteur et valuer
scrupuleusement sa solvabilit114. De la sorte, la responsabilit du banquier peut tre mise
113
-supra 64
114
-ainsi larticle 311-8 prvoit que : Le prteur ou l'intermdiaire de crdit fournit l'emprunteur les
explications lui permettant de dterminer si le contrat de crdit propos est adapt ses besoins et sa
situation financire, notamment partir des informations contenues dans la fiche mentionne l'article L. 3116. Il attire l'attention de l'emprunteur sur les caractristiques essentielles du ou des crdits proposs et sur les
consquences que ces crdits peuvent avoir sur sa situation financire, y compris en cas de dfaut de
48
79.
Pour beaucoup de spcialistes, le retard de paiement constitue un grand danger
lgard de tous les acteurs conomiques, et est considr comme la premire cause de
dfaillance de lentreprise115, car un client qui passe par une quelconque difficult et sursoit
rgler son fournisseur dans nimporte quel cadre contractuel, professionnel ou non, peut
mettre en danger la sant financire de lentreprise avec qui il a eu faire.
En effet, cest un flau quon ne peut pas passer sous silence, dautant plus que les individus
en ont fait une habitude, de sorte que les retards de paiement font dsormais partie de
lconomie Marocaine, et font souffrir les PME qui se retrouvent souvent face un dilemme
ternel et insoluble, labstention de donner des facilits leurs clients afin de soit disant les
fidliser, ou se retrouver face un retard de paiement qui demeure prjudiciable, avec un
chiffre daffaires rvlant des montants non encore perus , donc une crance en souffrance,
qui peut nimporte quel moment se transformer une crance non recouvre116. Ce sont
dailleurs ces retards qui incitent et obligent parfois de nombreuses entreprises demander
un crdit ou une facilit de caisse.
Il convient de rappeler que le Maroc occupe un rang trs proccupant en la matire, avec
une moyenne de rglement de 4 6 mois en 2006117, ce qui constitue un frein majeur pour
les entrepreneurs et pour le dveloppement conomique, dautant plus quaucune
disposition ne rgissait ce flau avant 2011, except un mince texte qui y fait allusion118,
paiement. Ces informations sont donnes, le cas chant, sur la base des prfrences exprimes par
l'emprunteur.
115
- M. KADIRI, Les retards de paiement : danger ! Le client premire cause de dfaillance , lconomiste,
dition 1610, 26 septembre 2003.
116
-T. GINGEMBRE ET A.L. STERIN, Agir face aux impays : comment les viter ? Savoir se faire payer, d.5, Paris
Delmas, 2003, p.12.
117
-il sagit de la loi 6-99 relative la libert des prix et de la concurrence. Le premier alina de larticle 54 de la
loi stipule : est interdit tout producteur, importateur, grossiste ou prestataire de services de pratiquer,
lgard dun partenaire conomique ou dobtenir de lui des prix, des dlais de paiement, des conditions de
vente ou des modalits de vente ou dachat discriminatoires et non justifis par des contreparties relles en
crant de ce fait, pour ce partenaire, un dsavantage ou un avantage dans la concurrence .
49
galement un projet de loi119 qui a rcemment vu le jours120, qui porte sur les dlais de
paiement et qui a complt la loi n15-95 portant code de commerce, une disposition quasisemblable celle de la loi Franaise, stipulant que le dlai de paiement dune crance ne
doit pas dpasser 60 jours, ou 90 jours maximum si les parties se mettent daccord, et ce,
partir de la rception de la marchandise ou de la ralisation de la prestation de service, sous
peine d amende.
80.
Toutefois, il nous est difficile de mesurer exactement lampleur de cette
problmatique, ses relles causes pouvant rsulter de diffrentes origines, parmi lesquelles
la rfrence socio-culturelle occupe une place prpondrante, car, de nos jours beaucoup de
dbiteurs sont solvables mais sabstiennent de payer lchance, et le vide juridique
contribue aussi cette obstination du dbiteur.
A ce sujet, le lgislateur Marocain a finalement mis en place une mesure de nature lutter
contre les retards de paiement et contraindre le dbiteur payer dans les temps, en fixant
cet effet un dlai maximal quil ne faut absolument pas dpasser sous peine dune astreinte.
Et ce linstar de son homologue Franais, qui a introduit une panoplie de loi frappant dans
ce sens, la dernire tait loin 2008-776 du 4 aot 2008 de modernisation de l'conomie, de
mme une autre directive europenne doit tre transpose en France avant le 16 mars
2013.
81. Cependant, labsence prolonge dune telle disposition, constitue une lacune lgislative
susceptible daccroitre limpay et son con contentieux, et dapparaitre parmi les causes
importante de lexpansion du phnomne.
Par ailleurs, et sous lempire du lgislateur Europen, dsirant dharmoniser les dlais de
paiement en Europe, le lgislateur Franais a voulu encourager une culture prompte de
paiement tout en adoptant des mesures extrmement dissuasives lgard des dbiteurs
retardataires121.
Sur ce problme, qui constitue lune des principales causes de limpay au Maroc, et
ltincelle de son accroissement, le lgislateur doit sefforcer non pas seulement dradiquer
ces entraves, mais de mettre des moyens en place pour appliquer cette mesure comme elle
se doit, dans le but de dsamorcer ce problme en dissuadant les dbiteurs sujet de retard.
119
120
121
50
51
-S.KOLSI, Les contrats passs par les socits de recouvrement de crances avec leurs clients ,
in Mlanges en l'honneur de Habib Ayadi, d. Centre de publication universitaire, Tunis, 2000.p.573.
52
88. De son ct, le lgislateur marocain est rest muet quant cette question, en dpit de
limportance de cette activit et de lintrt quelle prsente vis--vis de la baisse de
limpay. Il sagit toujours de lobjectif de diminuer les actions de limpay devant les
juridictions civiles et commerciales, sans porter prjudice aux socits de recouvrement qui
ne cessent de prolifrer123. Il faut souligner que mis part quelque cabinets compts du
bout des doigts 124 qui sont parvenus se structurer et travailler dune manire
transparente, la plupart de ces structures exercent anarchiquement cette activit et
freinent sans nul doute son dveloppement.
En effet, malgr le climat de mfiance qui rgne vis--vis de la justice tatique, ces socits
de recouvrement de crances nont pas pu garantir aux cranciers dsirant recouvrer leurs
crances la scurit requise. La plupart ne souscrit aucune assurance de responsabilit civile
professionnelle ou une autre police de nature permettre au crancier dtre indemnis en
cas de survenance dune quelconque erreur susceptible de faire engager la responsabilit
civile, voire pnale du professionnel. Le cas chant le dfaut de rglementation oblige le
crancier faire appel au droit commun, ce qui constitue un dsavantage, car les fonds
recouvrs restent hypothqus, et nimporte quelle procdure de saisie ordonne
lencontre de la socit ou toute opration frauduleuse de celle-ci peut mettre en danger les
fonds collects qui appartiennent naturellement au crancier, sachant que beaucoup de ces
socits affirment avoir t mandates pour recouvrer des montants assez importants125.
En outre, il faut souligner quaucune autorit de contrle nest exerce sur ces socits, et
toute personne qui aspire exercer cette activit, peut procder la constitution dune
socit responsabilit limite126, et mettre dans lobjet de la socit, le recouvrement des
crances, alors aucune comptence juridique ou autre qualification scientifique nest exige.
Cette mesure protectrice de lactivit concerne ne se trouve pas non plus dans la
lgislation franaise. Par consquent la porte demeure grande ouverte laffluence, ce qui
met en pril la notorit des autres socits sur le march et le dveloppent du
123
- Les cabinets de recouvrement au Maroc se comptent par une centaine installs sur lensemble du territoire,
la ville de Casablanca compte 59 cabinets de recouvrement, tandis que la rgion Tanger-Ttouan compte 12,
informations souleves de lannuaire des professionnels au Maroc, voir http://www.telecontact.ma/ .option
de recherche : recouvrements commerciaux et autres.
124
125
-annexe 4.
126
-cest la forme juridique la rpandu de ces structures, il yen a des cabinets qui ont opt pour la forme dune
socit anonyme.
53
-annexe 4.
128
- Dahir portant loi n 1-74-447 approuvant le texte du Code de procdure civile (B.O. 30 septembre 1974).
129
-larticle 893 stipule : Le mandat gnral est celui qui donne au mandataire le pouvoir de grer tous les
intrts du mandant sans limiter ses pouvoirs, ou qui confre des pouvoirs gnraux sans limitation dans une
affaire dtermine.
54
En outre, ces socits dtiennent galement des bases de donnes qui leur permettent
davoir des informations sur le dbiteur et sa solvabilit, pour sassurer si un dbiteur a fait
lobjet dun fichage auparavant. Mais ces informations ne sont que des donnes recueillies
et centralises par la socit pendant ses annes dexercice, et, par consquent, il ne couvre
quun nombre limit de dbiteurs ou un rayon gographique circonscrit. Le cas chant,
elles font appel au service central des incidents de paiement(SCIP) 130 , ce qui reste
seulement un moyen de savoir si lintress a t fich la suite dun incident relatif au
chque et non par rapport un incident dune autre nature.
90. Somme toute, on peut affirmer que lintervention du lgislateur est primordiale en la
matire, car cela aidera ce secteur dactivit de manire certaine voluer et contribuer
vraisemblablement la baisse du contentieux de limpay devant les juridictions tatiques.
En effet la rglementation sera un facteur utile pour arrter laccroissement sans contrle
de ces entreprises, et aidera au regroupement de ces socits sous lgide des organisations
professionnelles qui veilleront llaboration de codes dthiques et de dontologie 131 qui
serviront ventuellement changer lattitude du dbiteur qui saura qui il aura affaire lors
dune quelconque ngociation avec les socits de recouvrement.
131
- P. DIENER et M-L. MARTIN, Droit des affaires, thique et dontologie, colloque organis Pointe--Pitre,
LHERMES, 1994.
132
-A. ABDELFETTAH ET A. DRIOUACHE, Recouvrement des crances bancaires, dition Top Management, 2000,
p.8.
55
-ces rgles garantissent essentiellement : La transparence des transactions, la protection des intrts des
bnficiaires, le respect des dbiteurs, des relations contractuelles et des obligations lgales et rglementaires,
le professionnalisme des acteurs, la crdibilit de la profession et la reprsentativit de la profession.
134
-M. Jamal Krim lors dun entretien tlphonique tenu le 12/04/2012, considr comme le doyen des socits
de recouvrement au Maroc et le fondateur de lun des premiers cabinets de recouvrement au Maroc, et
prsident de lAMPER. V., C.HENNEBICQUE, chasseurs de dettes , VH magazine, dcembre 2008, p. 47 et
48 ; N.FATHI, Socits de recouvrement : Vive la crise ! , Journal Maghress,28 fvrier2009.
135
-supra 36 et s.
56
-supra 68 et s.
137
138
-infra 115 et s.
57
Dans cette optique, on trouve dplorable que ces entreprises ne sefforcent pas de crer un
service ddi au recouvrement amiable, et de donner une primaut au recouvrement
amiable plutt que de recourir aussitt que possible la justice tatique, particulirement
en matire cambiaire.
58
recouvrement amiable, particulirement les banques et les compagnies dassurance 139, qui
privilgient ce mode de recouvrement, et ne recourent la justice que si le recouvrement
savre compromis et jusqu puisement de toutes les dmarches amiables entreprises par
ses employs dans ce cadre.
98. Quant aux modalits dployes dans ce contexte, les agents de recouvrement qui ont
procd au remplissage des questionnaires, dclarent que leur mission repose sur la clrit
et la promptitude. De plus, se doter dun constant esprit danticipation est une condition
sine qua non pour garantir le recouvrement dans les meilleurs dlais. Pour ce faire, ces
agents doivent tre en permanence tenus informs par le service concern selon le secteur
dactivit de lentreprise de lensemble des incidents de paiement ou de dfaillance
relevant dun crdit ou de nimporte quelle crance devenue exigible lchance, et ce
pour pouvoir relancer par des lettres le dbiteur, le cas chant, prendre contact avec le
dbiteur dfaillant pour savoir demble les causes principales de sa dfaillance, sil sagit
dune anomalie passagre, dun problme de trsorerie, ou dune autre cause pouvant
inquiter lagent ou mettre en pril le recouvrement de la crance. Cette dmarche sappuie
la fois sur la psychologie et sur lanalyse profonde de la situation du dbiteur en question
pour tenter dy remdier, et il faut ajouter que plusieurs facteurs peuvent conditionner la
dmarche entreprise par lagent, entres autres le type de dbiteur et le montant de la
crance.
99. En loccurrence, le gestionnaire a pour tche de proposer la solution la plus opportune
au dbiteur en fonction de la situation de ce dernier ; il peut par exemple proposer un plan
de rchelonnement si la crance est importante, et sil estime que la crance ne peut
absolument pas tre recouvre instantanment en totalit. dans ce cas le rchelonnement
fait lobjet dun engagement crit souscrit par le dbiteur et, en lespce, la dure la plus
frquente de recouvrement varie entre 6 mois et une anne.
Lagent peut galement faire bnficier le dfaillant de remises partielles de crances ou de
frais sil juge que le recouvrement est en danger, et quen aucun cas le dbiteur ne pourra
faire face lensemble de la crance en question ; cependant, si ces deux dernires
dmarches se sont puises vainement, lagent transmet sans tarder le dossier au
contentieux qui emprunte la voie judiciaire la plus approprie pour contraindre le dbiteur
sacquitter.
Ipso facto, cette dmarche sest avre fructueuse en faveur des grandes structures au
Maroc, eu gard aux rsultats obtenus par ces services spcialiss, et, ce propos, un
tablissement bancaire affirme que ces cellules sont missionnes dans certains cas pour
recouvrer des sommes importantes, et la proportion de dossiers de recouvrement qui ont
139
-annexe 5 et 6.
59
fait lobjet dun recouvrement amiable russi dpasse 55%140, tandis quun autre dclare
atteindre 60% pour la mme proportion141.
On ne peut que saluer cette nouvelle mthode de recouvrement emprunte par les grandes
entreprises, qui se focalisent sur le recouvrement amiable et ne soumettent leur litiges de
limpay aux juridictions que dans les cas o la situation limpose, encourageant de cette
manire le recouvrement amiable, et ne participant pas considrablement
lencombrement des tribunaux par des affaires dimpay.
100. Motives par lappt du gain et la croissance de leur popularit et de leur succs,
favorises par un dfaut de rglementation, les socits de recouvrement de crances au
Maroc profitent pleinement du dfaut de texte de loi pour abuser de ce silence lgislatif en
vue dobtenir gain de cause dans leurs dmarches auprs des dbiteurs.
En effet, ces socits prtendent avoir une obligation de rsultat, et elles ne sont payes lors
de leur mission de recouvrement quaprs avoir obtenu satisfaction du dbiteur. Toutefois,
on sinterroge sur les moyens dploys par ces socits lors de toutes les dmarches
entreprises auprs du dbiteur, car, pour elles, tous les moyens sont bons pour obtenir le
recouvrement de la crance dont elles en sont mandates, afin de satisfaire un crancier qui
a tent infructueusement de recouvrer sa crance, et de conqurir de nouveaux cranciers
en qute dun recouvrement plus efficace.
101. Les manuvres orchestres par ces mandataires sont juges parfois trop pousses,
ces derniers courant sans relche derrire un recouvrement dsquilibr et ingalitaire 142,
mme au dtriment de la psychologie du dbiteur ; ces derniers subissent les effets nfastes
de la drglementation de cette activit de recouvrement amiable et, inversement, ces
socits en tirent profit et dveloppent dloyalement cette activit.
Il convient de rappeler, quhormis une trs petite minorit de ces entits qui travaillent
consciencieusement, la plupart dentre elles se sont dots de prrogatives dont elles ne
disposent pas, ou font en sorte den disposer, pour contraindre le dbiteur sexcuter, et
lui faire croire quelles dtiennent les pouvoirs les plus tendus travers les dmarches
140
-annexe 5
141
-annexe 5
142
--P.ANCEL (sous la direction de), Lvolution du contentieux de limpay : viction ou dplacement du rle
du juge ? , CERCRID, juin 2009 (Universit Jean Monnet SAINT-ETIENNE), p.112 et 113.
60
quelles suivent. de telles pressions ont pu faire dvelopper chez certains dbiteurs qui ny
cdent pas, des manuvres dilatoires pour chapper tout paiement, ne serait-ce que pour
accroitre davantage le contentieux de limpay.
Par ailleurs, les dbiteurs, victimes de pression psychologique exerce par ces mandataires
qui est parfois abusive, se trouvent face une protection minimale compte tenu du dfaut
de protection spcifique. Nonobstant, le dbiteur peut trouver un rempart en droit
commun, qui apporte en effet une protection la fois pnale (A) et civile (B) contre
quasiment toutes les manuvres frauduleuses des socits de recouvrement de crances au
Maroc.
143
-Dahir n 1-59-413 du 26 novembre1962 portant approbation du texte du code pnal, B.O n 2640 bis du 5
juin 1963.
61
103.
Nen dplaise au crancier, les lettres de relances envoyes par les cabinets de
recouvrement sont considres comme comminatoires et crent une relle menace contre
le dbiteur, utilises comme un vritable tremplin par ces socits des fins purement
commerciales.
Il apparait dans de nombreuses lettres de relances destines aux dbiteurs, qui nous ont t
envoyes ou transmises par les socits avec qui nous avons pris contact144, que celles-ci
sont revtues dun caractre dissuasif, et, en loccurrence, ces cabinets se servent dun
langage menaant pour provoquer le paiement : ainsi des lettres qui annoncent des
poursuites judiciaires lencontre du dbiteur si le paiement nintervient pas sous huitaine,
ou des lettres qui annoncent le cours des intrts partir du non rglement par le dbiteur
au-del dune date butoir145 ; il sagit encore de lettres cherchant dissuader le dbiteur en
nonant des frais et des intrts supplmentaires en cas de retard ou en cas de poursuite
devant le tribunal comptent. De plus, ces cabinets peuvent aller jusqu faire allusion une
ventuelle dtention du dbiteur sil sagit dun chque non rgl par ce dernier chance,
tant donn que lmission de chque sans provision est pnalise par le droit marocain
contrairement au droit franais, aux termes de larticle 543 du code pnal, sous condition
que la mauvaise foi soit un lment constitutif de linfraction146.
104. Malheureusement, le lgislateur marocain na pas mis la lumire sur ce moyen de
recouvrement comminatoire qui exerce une vritable pression sur le dbiteur sans que cela
puisse apporter un rsultat efficace, dautant plus que le dbiteur se peut se sentir
incommod par ce procd, et peut se montrer plus obstin. Nayant consacr aucun texte
qui incrimine cette pratique devenue trs rpandue dans le milieu de ces socits, en dpit
de la licit du but poursuivi, celui de recouvrement dune crance lamiable, cette
pratique inadmissible ne cesse de gagner du terrain au prjudice dun dbiteur qui demeure
encercl par ces chasseurs de dettes. Curieusement le lgislateur franais la diffrence
dautres lgislateurs147est galement rest muet sur cette question et ny a pas rpondu.
144
-annexe 7.
145
-annexe 7.
146
-larticle 543 du code pnal Marocain stipule : Est puni des peines dictes l'alina premier de l'article
540, sans que l'amende puisse tre infrieure au montant du chque ou de l'insuffisance, quiconque de
mauvaise foi :
Soit mis un chque sans provision pralable et disponible ou avec une provision infrieure au montant du
chque, soit retir, aprs l'mission, tout ou partie de la provision, soit fait dfense au tir de payer.
147
-le lgislateur Italien puni au sens de larticle 392 et 393 du code pnal quiconque qui se fait abusivement
justice lui-mme avec violence ou menace en exerant son droit quil revendique, tandis quil avait la possibilit
de le demander devant la justice.
62
105. Par ailleurs, les appels tlphoniques sont considrs comme une suite invitable de
ces cabinets dans le cas o le dbiteur sabstient de rgler ou ne donne aucune suite
favorable aux relances agressives qui lui ont t envoyes par le mandataire au
recouvrement. Ces cabinets durcissent davantage leurs moyens dintimidation et accentuent
la pression pour obtenir gain de cause et pour cela ils choisissent gnralement les appels
tlphoniques, aprs avoir obtenu les coordonnes du dbiteur auprs du crancier, ou par
le biais des annuaires destins cet effet.
148
-- art. 49 JORF 19 mars 2003, cette loi est relative la scurit intrieure.
149
-celui-ci dclare lors de lentretien avoir contract un commerant pour lachat de produits mobiliers, ce
dernier est conventionn avec un tablissement de crdit qui offre des facilits de paiement ses clients,
moyennant des prlvent mensuels, pour insuffisance de provision, ltablissement de crdit a mandat une
socit pour recouvrer la crance.
63
En effet, le chantage en droit marocain est prvu par larticle 538 du code pnal150 dans une
section destine aux vols et extorsions : il sagit de lemploi de procds illgaux pour
obtenir de la victime une contrepartie, le recouvrement de la crance en loccurrence, et la
socit de recouvrement se sert de la menace pour arriver cette fin.
En pratique, les mandataires menacent le dbiteur pour obtenir soit le paiement, soit un
engagement du dbiteur ou un crit par lequel il sengage sacquitter, avec des conditions
prcises. En lespce la menace peut tre ici crite ou verbale, via les lettres de relances ou
les appels tlphoniques. Quant aux rvlations ou aux imputations diffamatoires qui
peuvent caractriser cette infraction, les cabinets peuvent se servir de leur bases de
donnes pour savoir si le dbiteur a eu un autre impay, et sil a dj fait objet dun fichage,
et, si cest le cas, cet lment peut tre troublant pour le dbiteur surtout sil sagit dun
professionnel, et la rvlation de ces impays ritrs peut lui porter gravement atteinte et
dtruire sa rputation. Dans ce cas, le dbiteur cdera inconditionnellement au chantage du
mandataire et procdera au paiement.
D autre part, le mandataire peut exercer un chantage sur le dbiteur en le menaant, par les
chques dont il dispose titre de garantie, pour obtenir le paiement ou un engagement crit
, ou pour obtenir encore dautres chques. Cet acte nest pas non plus impuni, puisque
larticle 544 du mme code, punit toute personne qui accepte un chque la condition qu'il
ne soit pas encaiss immdiatement mais conserv titre de garantie .
Toutefois, nest pas considr comme un chantage en France le fait pour le crancier ou son
mandataire de rclamer une crance exigible en menaant le dbiteur de recourir la voie
judiciaire151.
Ces actes ont pour effet dannihiler la libert dagir du dbiteur en lobligeant excuter un
acte quil naurait pas accompli dans dautres circonstances152. Cependant linfraction doit
tre suffisamment caractrise, et les menaces doivent porter atteinte la position du
dbiteur, et lvidence, il faut quil y ait une contrepartie relle qui rsulte de lensemble
des menaces.
Quant aux moyens de preuves, le dbiteur peut apporter la preuve travers les lettres
comminatoires qui lui ont t envoyes par le cabinet, ou invoquer les appels tlphoniques
menaants son encontre.
150
151
152
- E.PERROU, Limpay, Tome 438, LGDJ, collection : Bibliothque de droit priv, 2005, p.64.
64
107. A propos des visites domiciliaires et des visites au lieu du travail du dbiteur, cet acte
ne peut pas tre qualifi comme une violation domiciliaire du moment que le mandataire ne
sintroduit pas avec violence ni laide dun moyen illgal quelconque, et dans la mesure o
il dcline son identit ou sa profession. Cependant cet acte peut tre qualifi galement de
chantage, si le mandataire se sert directement des menaces rvlatrices ou autres pour
obtenir le paiement auprs du dbiteur.
Ces actes ne doivent plus rester impunis, et les dbiteurs doivent penser actionner en
justice pour que le ministre public puisse engager des poursuites contre les abus de ces
socits de recouvrement, qui ne se contentent pas seulement des procds comminatoires
pour obtenir satisfaction, mais qui se servent parfois de prrogatives qui ne sont pas les
leurs, pour dissuader le dbiteur et exploiter son ignorance.
2- Lusurpation
108. De nos jours, les socits de recouvrement au Maroc continuent abuser de cette
activit, sans pour autant tre poursuivies en justice, tant considr que les dbiteurs sont
protgs pnalement contre ce genre de pratique.
En effet, ces cabinets profitent de la drglementation pour faire croire aux dbiteurs quils
disposent de pouvoirs qui, en ralit, sortent de leurs comptences. Cest ainsi quils ne font
aucune mention dans leurs lettres de relance de lexercice dune activit de recouvrement
amiable, puisque dans la gnralit de ces lettres, ils indiquent dans len-tte leur
dnomination sociale non loin de leur activit, celle de cabinet juridique , ou cabinet de
conseil juridique , avec une signature du service de recouvrement amiable, faisant croire au
dbiteur dissuad l'avance par le contenu de la lettre quil disposent dun autre service de
recouvrement judiciaire et que ce sont eux qui peuvent engager une procdure excutoire
son encontre.
109. Outre cet abus, ces cabinets visent dans leurs lettres ou relances tlphoniques
crer une ressemblance avec les huissiers de justice ou encore les avocats Ainsi ils utilisent
dans leurs lettres de relances des formules identiques celles utilises par un huissier de
justice dans le cadre dune procdure de saisie, mission dont lhuissier de justice a le
monopole ou encore, ils se prsentent comme un cabinet juridique capable dentamer un
recouvrement judiciaire devant le tribunal comptent et font paraitre parfois dans ces
lettres la mention de recouvrement judiciaire sachant que seuls les avocats disposent de
cette prrogative, puisque cela relve de leur monopole, et cet acte constitue une immixtion
dans les comptences des avocats ayant fait lobjet dune formation pour plaider devant
une juridiction.
Lensemble de ces actes peut tre qualifi comme une usurpation et une immixtion dans des
professions lgalement rglementes de nature crer une confusion dans lesprit du
public, sans que ces cabinets remplissent les conditions exiges pour lexercice de ces
65
professions. En lespce, le code pnal marocain incrimine ces actes en vertu de larticle
380 qui dispose :
Quiconque, sans titre, s'immisce dans des fonctions publiques, civiles ou militaires ou
accomplit un acte d'une de ces fonctions, est puni de l'emprisonnement d'un cinq ans
moins que le fait ne constitue une infraction plus grave . De mme et larticle 381153, qui
incrimine aussi lusurpation et limmixtion dans une profession lgalement rglemente.
Quant aux moyens de preuve mis la disposition du dbiteur, on peut les trouver travers
les lettres envoyes par la socit de recouvrement., Il serait, autrement, dlicat pour le
dbiteur de dmontrer cette infraction uniquement en tablissant des visites domiciliaires
ou au lieu du travail, ou encore des appels tlphoniques.
A cet gard, mme les organisations professionnelles reprsentant les avocats et les
huissiers de justice sont appeles se mobiliser pour dnoncer les actes dlictueux
intolrables et condamnables de ces socits de recouvrement de crances.
153
-Quiconque, sans remplir les conditions exiges pour le porter, fait usage ou se rclame d'un titre attach
une profession lgalement rglemente, d'un diplme officiel ou d'une qualit dont les conditions d'attribution
sont fixes par l'autorit publique est puni, moins que des peines plus svres ne soient prvues par un texte
spcial, de l'emprisonnement de trois mois deux ans et d'une amende de 200 5.000 dirhams ou de l'une de
ces deux peines seulement.
66
Dans le mme ordre dide, un dbiteur, naurait pas honor son engagement auprs de la
socit de recouvrement si la violence navait pas t la cause directe et dterminante. Il
sagit en lespce de la crainte dexposer sa rputation un prjudice important, en
particulier sil est un professionnel, le dbiteur dcidant en gnral de sacquitter ou
acceptant de la socit un plan de rchelonnement difficilement excutable. Nanmoins il
doit dmontrer le prjudice subi du fait de la socit de recouvrement.
Cela dit, si une violence de ce type ntait pas exerce par la socit de recouvrement, ou si
la violence ou le prjudice na pas pu tre dmontr par le dbiteur pour lui permettre d
invoquer la rescision de lobligation, celui-ci peut arguer des dispositions de larticle 48 du
DOC pour invoquer la rescision, car la loi marocaine ouvre le droit la rescision si on abuse
de la position de la partie menace pour lui extorquer des avantages excessifs ou indus, en la
menaant de lexercice de poursuites ou dautres voies de droit. En loccurrence, les
avantages excessifs peuvent se traduire dans llaboration dun plan de remboursement
difficilement excutable pour le dbiteur, ou encore dans le fait de lobliger payer des frais
supplmentaires issus du retard de paiement. Il faut noter cependant que de tels procds
comminatoires ne sont pas constitutifs dune violence en France155
Par ailleurs, il faut signaler que la violence ouvre droit la rescision de l'obligation, mme si
elle n'a pas t exerce par celui des contractants au profit duquel la convention a t
conclue au regard de larticle 49 du DOC. Corollairement la violence exerce par une socit
de recouvrement donne ouverture la rescision de lobligation.
112.
Sur le plan matriel, le dbiteur ne fait quexcuter un engagement accept
pralablement, mais sous le coup dune violence exerce par une tierce personne ; le
montant est rellement d et rsulte dune obligation prexistante, mais reste savoir si la
violence seule peut entrainer lannulation du paiement effectu par le dbiteur.
154
- E.PERROU, Limpay, Tome 438, LGDJ, collection : Bibliothque de droit priv, 2005, p.67.
67
Sous cet angle, on peut admettre que le paiement fait par le dbiteur sous lempire de la
violence et du fait de lutilisation des procds illgitimes peut tre annul156. Si on admet
que la violence comme vice de consentement sanctionne la contrainte exerce sur lautre
partie contractante et la faute commise par son auteur, celle-ci donne lvidence un droit
rparation.
2- La rptition de lindu
113. Quelques socits de recouvrement profitent de la faiblesse de certains dbiteurs
pour leur demander des montants suprieurs ce qui est rellement d, en invoquant des
frais supplmentaires, qui peuvent rsulter du retard de paiement ou des majorations, frais
de cabinet, ou de quelconque prtexte qui justifierait de percevoir illicitement des sommes
qui ne correspondent pas aux montants exigibles, particulirement en matire de chque ou
en matire cambiaire, car les dbiteurs affrontent avec beaucoup de crainte ces
msaventures compte tenu du risque de pnalisation.
En fait, le dbiteur ne paie que par erreur en croyant la lgitimit de ces montants, sachant
que le dbiteur se sent dans la majorit des cas intimid du fait de ne pas pouvoir rgler
dans les temps, et cde cette pression sans prendre la peine de chercher remettre en
cause le bien-fond des sommes suprieures indment dclares par les socits de
crances.
Dans la circonstance, et si le dbiteur ralise quil a pay des sommes excessives, il peut par
la voie civile, actionner en justice la socit de recouvrement en rptition de lindu en vertu
de larticle 68 du DOC158, sous rserve quil puisse prouver la somme excessivement paye.
156
157
158
- Celui qui, se croyant dbiteur, par une erreur de droit ou de fait, a pay ce qu'il ne devait pas, a le
droit de rptition contre celui auquel il a pay. Mais celui-ci ne doit aucune restitution si, de bonne foi et en
consquence de ce paiement, il a dtruit ou annul le titre, s'est priv des garanties de sa crance, ou a laiss
son action se prescrire contre le vritable dbiteur. Dans ce cas, celui qui a pay n'a recours que contre le
vritable dbiteur.
68
En revanche, le dbiteur naura pas droit la rptition sil savait demble que les montants
rclams taient indus, et quil a acquitt volontairement et en connaissance de cause en
vue de mettre fin aux procds comminatoires de la socit de recouvrement.
115.
Lorsque Le crancier sefforce vainement de recouvrer amiablement sa crance
devenue exigible, ne dispose plus que de la voie judiciaire pour obtenir gain de cause.
Nonobstant, cette voie nest pas le gage dun recouvrement infaillible, tant donn que le
systme judiciaire au Maroc souffre dinsuffisances importantes 159 , faisant obstacle
lefficacit de lexercice et leffectivit du droit lexcution force.
En effet, outre les limites lgales ayant pour objet de protger le dbiteur, et pour effet de
rendre inefficaces ou de retarder les mesures excutoires, comme cest le cas par exemple
des insaisissabilits ou des dlais de grce accords par le juge, ou encore larrt et la
suspension de lexcution dans le cadre dune procdure collective, le crancier pourrait tre
confront des difficults dune autre nature, imputables essentiellement ltat de
linstitution judiciaire au Maroc, qui provoque davantage de dfiance au regard des
justiciables, et notamment les banques qui ne cessent de sen plaindre160 (p.1).
A fortiori, ces dysfonctionnements constats dans linstitution judiciaire, se sont
vraisemblablement aggravs du fait de la conduite dplorable et condamnable de certains
dbiteurs qui essayent par des moyens dilatoires de retarder les procdures excutoires
159
-Rapport sur lobservation des Normes et codes. Insolvabilit et droits des cranciers , rapport tabli par
la banque mondiale partir des informations fournies par les autorits Marocaines. Septembre 2006. p.1.
160
- Rapport sur lobservation des Normes et codes. Insolvabilit et droits des cranciers , rapport tabli par
la banque mondiale partir des informations fournies par les autorits Marocaines. Septembre 2006. p.1.
69
engages leur encontre, voire de les esquiver par dautres procds (p.2), sajoutant cela
le handicap de certains actes et mesures juridiques du recouvrement forc(p3).
Au demeurant, dans le cadre de lapplication de la loi traitant des entreprises en difficults
dans le nouveau code de commerce qui prvoit des procdures de prvention de difficults,
le redressement et la liquidation des entreprises mis en place par le lgislateur marocain, a
rvl galement des lacunes relatives la protection des cranciers (p4), quil convient
danalyser.
161
- cette initiative sinscrit dans le cadre du grand chantier de la rforme de la justice, annonc par le Roi
Mohamed VI au fameux discours du 20 aout 2009, cette rforme substantielle sarticule sur six grands axes,
dont lamlioration de lefficience de la justice en fait partie, galement la rvision de la justice de proximit.
162
-la procdure dans ce cadre est trs limpide, le ministre d avocat nest que facultatif, il suffit de dposer
une plainte auprs du secrtariat-greffe de cette instance pour que laction soit prise en compte, sous rserve
que lobjet de laction relve de la comptence matrielle de la juridiction de proximit, qui est comptente en
matire pnale pour les contraventions dictes par les articles de 15 18 de la loi prcite ; quant la
comptence en matire civile, hormis les affaires relevant du statut personnel et celles relatives l'immobilier,
aux affaires sociales et l'expulsion, la juridiction peut statuer en dernier ressort sur les actions personnelles et
mobilires n'excdant pas le montant de 5 000 dirhams ; cependant, le juge dispose dun dlai maximal dun
mois pour statuer compter de la date de lenregistrement de la plainte, et ce aprs lchec de la tentative de
conciliation entre les parties en conflit mene par lui.
163
-supra 30 et s.
70
En effet, outre les juridictions qui ne sont pas comptentes en matire de contentieux lis
limpay entre les personnes du droit priv, linstitution judiciaire compte son actif 68
tribunaux de premire instance, 21 cours dappel, 8 tribunaux de commerce, et trois
tribunaux dappel commercial164 ; par ailleurs, le ministre de la justice a procd au
renforcement de son effectif en recrutant un nombre trs important de magistrats ces
quatre dernires annes pour pallier les problmes dinsuffisance de magistrats et de leur
productivit excessive165 , et qui affecte incontestablement lefficacit et la qualit du
traitement des affaires. Le nombre de ceux-ci a t port 4050 magistrats occupant
lensemble des juridictions nationales, y compris les tribunaux administratifs166.
Cependant, est-ce vraiment suffisant compte tenu du nombre en constante hausse des
nouvelles affaires chaque anne, qui se sont leves 3.500.870 affaires inscrites au rle
lanne prcdente toutes affaires comprises, dont celles relevant de limpay qui
reprsentent une partie non ngligeable de lensemble des affaires annuelles traites et en
instances 167 ; mais seules 2.696.000 ont t juges 168 , bilan qui nous amne nous
interroger sur le nombre de tribunaux installs sur lensemble du Maroc et particulirement
les juridictions commerciales dont, le moins quon puisse dire, est quelles sont drisoires eu
gard au nombre des affaires traites, et au nombre des magistrats. Assurent-elles par
ailleurs la clrit requise en justice et statuent-elles efficacement sur les dossiers sans que
la qualit des jugements rendus et la lenteur du traitement des dossiers ne soient remises en
question ?
118. En pratique, les magistrats qui sont tenus de statuer sur un nombre important de
dossiers, tout en veillant respecter les droits des justiciables, se heurtent au problme de
la conciliation entre la clrit169 et la qualit des dcisions rendues, qui constituent les
164
-lvaluation quantitatif de La productivit des magistrats, est le nombre moyen daffaires traites par
magistrat, cette productivit sest accru considrablement, en passant de 419 affaires traites par magistrat en
1993 919 affaires traites par magistrat en 2003, soit une volution de 120% par an, V., A.GHAZALI.
Processus de rforme et de mise niveau de la justice et les rformes ddies assurer le rgne de la loi ,
dcembre 2005, Disponible sur http://www.rdh50.ma/fr/pdf/contributions/GT10-3.pdf, p. 99.
166
-supra 30 et annexe 1
168
-article paru sur : Aujourdhui le Maroc., le 14 mars 2012, n2639, A. SALAHEDDINE, disponible
sur :http://www.aujourdhui.ma/maroc-actualite/actualite/ramid-demande-aux-magistrats-plus-detransparence-81908.html.
169
- D. CHOLET, La clrit de la procdure en droit processuel, Paris, thse, LGDJ, Bibliothque de droit priv,
t. 466, 2006, p. 11 et s.
71
- Rapport sur lobservation des Normes et codes. Insolvabilit et droits des cranciers , rapport tabli par
la banque mondiale partir des informations fournies par les autorits Marocaines. Septembre 2006, p. 8 et
13.
171
-A.GHAZALI. Processus de rforme et de mise niveau de la justice et les rformes ddies assurer le
rgne de la loi . Dcembre 2005, Disponible sur http://www.rdh50.ma/fr/pdf/contributions/GT10-3.pdf, p.
100.
72
la lenteur des procdures en matire judiciaire constitue le premier mal dont souffre la
justice172en gnral, et on ne peut absolument pas nier que la justice au Maroc en souffre en
dpit des efforts dploys pour y remdier.
- S. AMRANI-MEKKI, Le temps et le procs civil, Paris, Dalloz, Nouvelle Bibliothque de Thses, 2002, p.6.
Note 4 ; M.Cresp, Le temps juridique en droit priv, essai dune thorie gnrale, Bordeaux IV, octobre 2010,
p.305 et s.
173
-J. MIGUET, Application dans le temps des lois de droit judiciaire priv , JCL. Proc. Civ.,Fasc. 62, janvier
2013.
174
-en 2009, la dure moyenne de traitement des affaires qui relvent de la nomenclature du droit
des affaires (hors rfrs) dont une partie du contentieux de limpay fait partie, sest tablit 13,7 mois
devant les cours dappel, 5,7 mois devant les tribunaux dinstance, et 9,7 mois devant les tribunaux de
commerce. Tandis que la dure moyenne de traitement des affaires relatives au contrat est nettement plus
longue, avec 14,5 mois devant les cours dappel, 5,7 mois devant les tribunaux dinstance, et 10,8 mois devant
les tribunaux de commerce. Annuaire statistique de lajustice_dition 2011, ministre de la justice et des
liberts rpertoire civil gnral, Disponible sur http://www.justice.gouv.fr/budget-et-statistiques-10054/
175
-F. BOUCETTA, La lenteur des procdures dcrdibilise la justice , la vie Eco, 01 mars 2010.
73
relatives aux impays ne sachvent que rarement par une dcision du tribunal de premire
instance, les dbiteurs ayant tendance puiser toutes les voies de recours avant de
sexcuter, tout en tant persuad du bien-fond de la crance, et tentent inlassablement
de proroger la dure du procs. On assiste dsormais une vritable systmatisation des
voies de recours, tant devant le juge de fond, quen procdure de rfrs. Autant de
dlments qui rendent le procs plus long, et qui accroissent et confirment la suspicion vis-vis de la justice.
Dans le mme contexte, un auteur affirme en sappuyant sur un rapport du (PNUD) sur le
dveloppement humain dans les pays arabes en 2009 que seuls 10% des Marocains estiment
bnficier du droit un procs quitable, et que la justice est peu rassurante au point quon
vite dy faire appel176. Les banques Marocaines approuvent ces conclusions, et se plaignent
elles aussi du faible taux de recouvrement dans le cadre des procdures judiciaires
commede la lenteur et de linefficacit du systme judiciaire177, cette mfiance lgard de
la justice tant aussi prsente dans les banques Franaises, mais avec une moindre
mesure178.
Au demeurant, le crancier dans le cadre du contentieux de limpay, peut se retrouver face
dautres difficults, ayant pour nature dentraver ou de retarder son droit lexcution
force, difficults manant du dbiteur lui-mme.
- Maroc
la
justice
en
chantier ,
article
publi
sur
Jeune
Afrique,
disponible
sur :http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2543p020-026.xml0/
177
- Rapport sur lobservation des Normes et codes. Insolvabilit et droits des cranciers , rapport tabli par
la banque mondiale partir des informations fournies par les autorits Marocaines. Septembre 2006. p.1 et
10.
178
-P.ANCEL (sous la direction de), Lvolution du contentieux de limpay : viction ou dplacement du rle
du juge ? , CERCRID, juin 2009, (Universit Jean Monnet SAINT-ETIENNE). p.92.
74
123. Le dbiteur, de mauvaise foi, ou parfois mme les avocats de ce dernier, connaissant
certaines carences procdurales et dfectuosits du systme judiciaire au Maroc, adoptent
des stratgies qui visent gagner le maximum de temps afin de retarder la procdure ou
lexcution, par obstination, ou pour placer largent ailleurs, ou dans quelque but quel que
soit le temps en matire dimpay tant toujours bnfique au dbiteur, et le crancier doit
chercher une protection auprs du juge contre ces manuvres, qui peuvent intervenir
tout stade de la procdure, devant les juges de fond, en rfr, avant lobtention du titre
excutoire ou postrieurement.
124. Si le juge de fond, ne peut aller outre les prescriptions procdurales en la matire, et
interdire au dbiteur condamn devant le tribunal de premire instance sacquitter auprs
du crancier, de faire appel au jugement rendu, il est soumis des exigences de clrit,
sans pour autant enfreindre les droits de la dfense du dbiteur qui lui sont confrs par la
loi. Le dbiteur connaissant le caractre incontestable du bien-fond de la crance interjette
appel, voie de recours suspensive dexcution, et sait pertinemment que lexercice de lappel
lui procurera plus de temps, et mme larrt le condamnant devant la cour dappel ayant
force de chose juge ne sera quune tape de la procdure contentieuse.
Une fois la dcision excutoire, le crancier peut se retrouver face de srieuses difficults
dexcution : notamment sil sagit dun dbiteur qui exerce son activit sous la forme dune
socit, il peut procder aisment, avant que la dcision de justice ne soit rendue, au
changement de sa dnomination sociale, voire de son sige social, et, ds lors, lexcution
savrera difficile pour lhuissier de justice qui dispose de peu de prrogatives pour
relocaliser le sige ou la nouvelle dnomination de lentreprise qui fait lobjet de
lexcution179 ; et sil y procde, le dbiteur aura gagn un temps considrable avant de
sexcuter. A ce titre, le lgislateur marocain, dans le code de procdure civile, a procd la
protection de la partie gagnante dans le procs contre ces procds dilatoires. Larticle 436
du mme code dispose :
En cas de survenance d'un obstacle de fait ou de droit soulev par les parties dans le
but d'arrter ou de suspendre l'excution de la dcision, le prsident est saisi de la difficult,
soit par la partie poursuivante, soit par la partie poursuivie, soit par l'agent charg de la
notification ou de l'excution de la dcision judiciaire. Il apprcie si les prtendues difficults
ne constituent pas un moyen dilatoire pour porter atteinte la chose juge, auquel cas il
ordonne qu'il soit pass outre. Si la difficult lui apparat srieuse, il peut ordonner qu'il soit
sursis l'excution jusqu' la solution intervenir .
179
-annexe 3
75
125.
Il convient de signaler que si les manuvres relatives au changement de
dnomination ou de sige social interviennent pralablement laction en justice, celle-ci
est frappe dirrecevabilit pour vice de forme, et ce, mme dans le cadre dune requte aux
fins d'injonction de payer au regard de larticle 157 du mme code. Dans le mme contexte,
dans ce genre de requte, le dbiteur dispose de huit jours pour interjeter appel, mais le
tribunal peut considrer que l'appel form par le dbiteur a eu un but purement dilatoire,
et, ds lors, le tribunal doit prononcer contre celui-ci une amende civile qui ne peut tre
infrieure 10 % du montant de la crance, ni suprieure 25 % de ce montant au profit du
Trsor en vertu de larticle 164 du code de procdure civile180.
A notre connaissance, les deux textes prcits demeurent les deux dispositions ayant
vocation protger la partie gagnante dans le procs contre ces procds dilatoires, et,
malgr cela, ces dispositions demeurent insuffisantes pour protger efficacement le
crancier contre les pratiques dilatoires du dbiteur de mauvaise foi qui cherche
inlassablement et en permanence des pratiques licites, voire illicites en vue de retarder le
cours de la justice.
- larticle prvoit : Si la cour estime que l'appel a eu un but purement dilatoire, elle doit prononcer contre le
dbiteur une amende civile qui ne peut tre infrieure 10 % du montant de la crance, ni suprieure 25 %
de ce montant au profit du Trsor .
181
-les biens insaisissables sont prvus en droit Marocain par les articles 458 et 488 du code de procdure civile.
182
76
A lvidence, on constate une vritable avance dans cette procdure en France du point de
vue de la recevabilit de laction paulienne : mme si le dbiteur nest pas insolvable, du
moment que lacte frauduleux a eu pour effet de rendre inefficace, voire impossible
lexercice du droit dont il dispose, il suffit de prouver que lacte frauduleux a port prjudice
ce droit183. Nonobstant, laction paulienne reste dpendante dun acte dappauvrissement
du dbiteur et de linsolvabilit qui en rsulte, deux conditions qui demeurent troitement
lies en droit Franais. Cette avance peut tre constate galement au niveau de
lassouplissement des exigences probatoires qui psent sur le crancier, qui peut dmontrer
linsolvabilit de son dbiteur par tous moyens.
127.
Inversement, et de manire regrettable, le lgislateur marocain ne prvoit aucun
texte qui se penche sur cette action, et sa mise en uvre demeure difficile compte tenu de
labsence de texte lgislatif. De mme les conditions requises par cette action et les
exigences probatoires mises la charge du crancier la rendent trs dlicate. Il est vrai que
cette procdure est trs controverse pour la confusion cre entre des notions qui se
ressemblent, par exemple linsolvabilit du dbiteur et son appauvrissement. Hormis les
dispositions relatives la nullit de la priode suspecte dans le cadre des procdures
collectives184, les cranciers nont pas assez de protection contre ces pratiques illicites du
dbiteur. Il semble en pratique plus facile pour un dbiteur de sappauvrir et dorganiser son
insolvabilit pour mettre ses biens labri de toute excution force, que pour un crancier
dengager une telle procdure et dapporter les moyens de preuves ncessaires cet effet.
Force est de constater que ces procds constituent un srieux obstacle au recouvrement
forc, et une intervention lgislative savre ncessaire linstar de la lgislation Franaise
de larticle 1167 du code civil, en vertu duquel les cranciers peuvent attaquer les actes faits
par leur dbiteur en fraude de leurs droits. On ne peut pas ngliger pour autant le rle que
doit endosser la jurisprudence en la matire, en procdant lassouplissement des
conditions de mise en uvre de cette procdure. Il faut aussi confrer plus de pouvoir aux
juges de fond pour dceler tous les actes frauduleux des dbiteurs de mauvaise foi qui
souhaitent se soustraire leurs engagements.
183
184
-larticle 680 du code de commerce prvoit : Le jugement douverture de la procdure fixe la date de
cessation des paiements. Dans tous les cas, cette date ne peut tre antrieure de plus de 18 mois celle de
louverture de la procdure.
77
128.
Le titre excutoire ne reprsente pas lassurance dune excution certaine,
abstraction faite de toutes les entraves de linstitution judiciaire imputables
lencombrement et la lenteur de la justice, ou des difficults dexcution provoques par le
dbiteur lui-mme. Lobtention dun titre excutoire par un crancier qui a opt pour la voie
judiciaire pour recouvrer sa crance ne signifie pas une excution sur le dbiteur ou ses
biens, cela ne reprsente quune tape de lensemble de son processus185, et nen est pas
laboutissements, compte tenu des difficults pratiques rencontres par les huissiers de
justice en matire dexcution(p1), qui se traduit par une course au paiement du crancier
pouvant se rvler la fois longue et fatigante, et quon peut qualifier comme un facteur de
dprciation du titre excutoire et de lexcution force en gnral.
185
186
- F. HALLABI, Les huissiers de justice , Lactualit juridique, n18, septembre 1999, p.17 et s.
187
- ce corps professionnel a t cr et rgi pour la premire fois par le Dahir du 25 dcembre 1980, B.O.
18/2/1981 P.77, ainsi que le dcret du 24/12/1986, B.O 17/08/1988.
78
De plus, ce corps professionnel, qui se dote dsormais dun statut libral et indpendant
conformment loi qui rglemente la profession, souffre dune pnurie au niveau des
auxiliaires en exercice188, et, de surcrot, leur comptence continue tre remise en
question. Une absence de centres spcialiss dans la formation des huissiers nous fait
penser quil sagit dune profession trs embryonnaire, et pourtant, lhuissier de justice
demeure le garant de la scurit juridique en matire dexcution. Dailleurs, une charte de
collaboration a t signe en 2010 entre le prsident de lordre national des huissiers de
justice marocaine cre en 2009 et son homologue franais, et qui vise former les huissiers
Marocains et les pauler dans la cration de leur systme de formation. Mais jusqu
prsent, il est encore prmatur den tirer des conclusions.
131. Quant aux voies dexcution, des difficults saccentuent par rapport la ralisation
de surets, tant donn quil sagit dune procdure trs lourde, et le recours des experts
pour la fixation du prix des biens est important189 ; ce titre, les experts peuvent fixer
parfois des valeurs infrieures aux valeurs relles des biens, manuvres que connaissent les
ventes aux enchres auxquelles certains huissiers de justice participent en vue den tirer
profit.
Autant dlments qui sajoutant dautres dordre pratiques, sont rvlateurs de la fragilit
de cette profession au Maroc, en dpit du rle que les huissiers de justice sont appels
remplir de veille sur lefficacit et la rapidit de lexcution, sans ngliger limpact pcuniaire
sur les caisses de lEtat. Par ailleurs, la comparaison est dsavantageuse entre les huissiers
de justice au Maroc et en France, eu gard la place prpondrante quoccupe cet officier
ministriel en France, et son poids dans les procdures dexcution. Il faudrait que cette
profession soit revalorise afin que les procdures dexcution soient plus rapides et
efficaces.
-les huissiers de justice au Maroc sont au nombre de 1379 en exercice, leur recrutement se fait par un
concours national, V., J. MDIDECH, Huissiers de justice, ces indsirables qui rapportent gros lEtat , 7
octobre 2011.
189
- Rapport sur lobservation des Normes et codes. Insolvabilit et droits des cranciers , rapport tabli par
la banque mondiale partir des informations fournies par les autorits Marocaines. Septembre 2006. p.4.
79
un intrt sur un autre. Lintrt gnral doit-il simposer devant lintrt conomique ou
celui du crancier ? Quid de lintrt social et de lexigence de la justice sociale ?
En effet, le titre excutoire est un moyen de sanctionner le dbiteur pour son inexcution
contractuelle, et permet au crancier dobtenir lutilit conomique de sa crance, avec
lvidence lintervention de lEtat qui prte main-forte la ralisation des droits que le titre
constate au moyen de la contrainte, qui sincarne dans des procdures de saisies190.
133. Le lgislateur, en qute du maintien dun quilibre stable et durable entre les intrts
opposs du crancier et du dbiteur. Le titre excutoire est lapproche sanctionnatrice de
linexcution contractuelle et du contentieux de limpay en loccurrence, et cette approche
ne donne pas toujours lassurance que le crancier sera dintress., Et comme son
efficience et son effectivit peuvent souvent tre remise en cause en fonction dun concours
de circonstances et de facteurs voqus ci-dessus, cela laisse penser que le titre
excutoire perd progressivement de sa valeur aux yeux du crancier notamment quand
lintrt de ce dernier cde devant lintrt gnral, ou lexcessive protection du dbiteur .
A cet gard, la dure et la lenteur des procdures de recouvrement, la congestion des
tribunaux, la mfiance des justiciables lgard de la justice tatique, refltent bel et bien
lampleur des difficults du recouvrement forc que connait la justice au Maroc. Cela se
greffe sur les diffrentes mesures mises en place par le lgislateur ayant pour objet de
sursoir lexcution afin de protger le dbiteur, tant considr que sa situation est
toujours prise en considration par le lgislateur, ce qui fait que le dbiteur peut rendre
inoprant un titre excutoire lorsquil bnficie dun dlai de grce ; de mme lorsquil
bnficie dune procdure collective qui peut rendre inefficace le titre excutoire. De mme
encore, les insaisissabilits pourront faire obstacle lexcution force. En bref lurgence qui
pse sur le crancier pour obtenir gain de cause devant la justice tatique peut se heurter
un ensemble de causes la fois intrinsques et extrinsques qui peuvent aller lencontre
de ses intentions, ce qui pourrait expliquer trs vraisemblablement laffaiblissement du titre
excutoire, et, ipso facto, sa dprciation.
134. Force est de souligner que tous ces lments et ces difficults du recouvrement forc
nont pas frein la hausse des actions en justice lies limpay, bien au contraire, et le
crancier sefforce toujours par tous moyens et expdients de recouvrer sa crance.
Dsesprment son recours la justice constitue une petite esprance dissimule derrire
une profonde lassitude.
190
80
Cependant, on peut acquiescer au fait que les rformes mises en place par le lgislateur
franais ont soutenu lapproche dune revalorisation du titre excutoire, ainsi que les
moyens ncessaires pour la mise en uvre des mesures excutoires191.
135.
La lgislation relative au traitement des entreprises en difficult est loin davoir
comme priorit la protection des cranciers, mais plutt la prservation de lentreprise et de
lemploi qui se sont rvles comme tant les proccupations majeures du lgislateur et de
la rforme mise en place192. En effet, plus de quinze annes dapplication de la fameuse loi
ont permis de dceler les lacunes y affrentes et de mettre en vidence le bilan de cette
exprience pour pouvoir en tirer des conclusions.
En dpit de laugmentation constante relative au nombre des affaires faisant lobjet du
traitement des entreprises en difficults193, la formation et le manque de repres des
magistrats spcialiss en la matire continue poser problme. Les auxiliaires de justice et
les mandataires qui sinvestissent dans la procdure194en souffrent alors que la loi ne
requiert parfois aucune exigence de qualification professionnelle ou de formation
particulire. Cest le cas notamment des syndics, qui disposent dun pouvoir important de
contrle, au dtriment des cranciers qui sont reprsents par des contrleurs dsigns par
le juge-commissaire. Nayant pas daccs direct linformation, et ne participant pas
llaboration du plan de continuation ou encore de cession, les cranciers ont un rle
subsidiaire dans la gestion et le contrle de la procdure collective.
Par ailleurs, il convient de mettre la lumire sur lensemble de dficiences relatives la
protection du crancier au niveau de la mise en uvre de la procdure, savoir son
ouverture(1), et son excution (2), sans pour autant aborder exhaustivement les effets de la
procdure.
191
192
-les affaires enregistres en 1998 et 2002 Casablanca slvent 39 et 492 affaires respectivement, tandis
que les affaires juges sur les mmes dates slvent 29 et 503 affaires,. Rapport sur lobservation des
Normes et codes. Insolvabilit et droits des cranciers , rapport tabli par la banque mondiale partir des
informations fournies par les autorits Marocaines. Septembre 2006, p.6.
194
- Rapport sur lobservation des Normes et codes. Insolvabilit et droits des cranciers , rapport tabli par
la banque mondiale partir des informations fournies par les autorits Marocaines. Septembre 2006, p. 5.
81
- Rapport sur lobservation des Normes et codes. Insolvabilit et droits des cranciers , rapport tabli par
la banque mondiale partir des informations fournies par les autorits Marocaines. Septembre 2006, p.6.
196
- M.BENTAHAR , La protection des cranciers dans les procdures collectives : mythes ou ralits ? , in Dix
ans dapplication du systme des difficults des entreprises : quel bilan, Colloque organis le 9/10 fvrier 2007,
RMDE, n53-2008.
82
En effet, larticle 686 du code de commerce prvoit que tous les cranciers dont la crance a
son origine antrieurement au jugement douverture, l'exception des salaris, doivent
dclarer leurs crances dans un dlai de deux mois compter de la publication du jugement
douverture au Bulletin Officiel198.
138. Confront des cranciers dont les crances sont nes postrieurement, et ne sont
pas tenu de dclarer leurs crances, mais qui bnficient lvidence au titre de la loi dun
traitement spcial compte tenu de leur volont de prter main-forte lentreprise en
difficult, les cranciers dont la crance est ne antrieurement au jugement douverture
subissent la fois la brivet des dlais lgaux mises en place cet effet, et la sanction qui
pourrait dcouler dun dfaut de dclaration de la crance dans les dits dlais, il convient de
signaler quhormis les cranciers titulaires d' une sret ayant fait l' objet d' une publication
ou d' un contrat de crdit-bail publi qui sont avertis personnellement et, s'il y a lieu,
domicile lu, les cranciers chirographaires sont contraints dtre informs de louverture de
la procdure uniquement par la publication du jugement douverture, face ce moyen
dinformation trs infaillible, le dfaut de dclaration de crances par les cranciers
ordinaires engendre inluctablement lextinction de la crance, et ne peuvent plus engager
une action en justice lencontre du dbiteur postrieurement la clture de la
procdure199, moins que ceux-ci fassent une action en relev de forclusion dans un dlai
dun an compter de la date de la dcision d' ouverture de la procdure, sous rserve qu'ils
tablissent que leur dfaillance ne soit pas due leur fait.
Suffisamment de contrarit pour que le crancier soit priv de son droit de dclarer
paisiblement sa crance, on se demande par ailleurs comment un juge pourrait prserver ou
veiller aux droits dun crancier qui ntait pas assez protg par le lgislateur mme.
197
-cette procdure peut tre ouverte par demande du chef de lentreprise lui-mme, sur assignation d' un
crancier quelle que soit la nature de sa crance, ou par le tribunal qui peut aussi se saisir d' office ou sur
requte du ministre public, notamment en cas d' inexcution des engagements financiers conclus dans le
cadre de l' accord amiable, conformment larticle 563 du code de commerce.
198
-ce dlai est prorog de deux mois au profit des cranciers domicilis hors le territoire Marocain art. (687 du
code de commerce).
199
-contrairement la rforme des entreprises en difficults en France qui ne sanctionne pas aussi svrement
le dfaut de dclaration de la crance Cest sous lempire de la loi de sauvegarde des entreprises, que le
principe dextinction a t supprim, V. infra 250 et s.
83
En somme, les difficults de recouvrement dordre forc restent apparentes, ce qui rend le
recouvrement forc encore plus rude, et plus contraignant, il faudrait que toutes ces
difficults soient explores en profondeur pour redonner confiance au crancier.
Conclusion titre
139.
Il en ressort, que le contentieux de limpay au Maroc a connu une expansion
importante, devant les juridictions civiles et commerciales, qui rsulte lvidence dune
dfaillance partielle du processus de recouvrement. Manifeste par une absence du
recouvrement amiable, qui demeure une notion trs loin dtre apprhend, un mcanisme
peu reconnu et qui reste encore nglig par le lgislateur. Tenant compte de limpact du
dveloppement de la voie amiable par des acteurs du recouvrement et par lintervention du
lgislateur Franais, sur le contentieux de limpay200.
En outre, les difficults en matire de recouvrement forc, constituent de vritables
handicaps face aux cranciers pour recouvrer leurs crances par la voie judiciaire. Des
limites, qui sont de nature compromettre le processus de recouvrement, et remettre en
question lapproche gnrale de recouvrement au Maroc.
Cette approche gnrale entreprise par les cranciers, qui simpose par la force des lois en
vigueur, et qui privilgie la voie judiciaire, est une cause principale de laccroissement du
contentieux de limpay au Maroc, empir par un accroissement sans prcdent de
limpay, particulirement bancaire. Cet impay bancaire aurait pu tre moins consquent
en prsence dune loi sanctionnatrice des banquiers dispensateurs de crdits irresponsables
et dmesurs.
140. Aujourdhui, la rvision du processus de recouvrement simpose plus que jamais, ainsi
que la politique doctroi de crdit, susceptible daccroitre davantage limpay et son
contentieux. Linspiration du lgislateur Marocain de son homologue Franais et de
lexprience Franaise dans la matire est une ambition lgitime, qui naura pas uniquement
pour finalit de rduire le contentieux de limpay devant les juridictions civiles et
commerciales, mais, qui offrira au crancier une vritable approche de recouvrement, qui
sappuie moins sur la justice tatique.
200
-infra313 et s.
84
141. La baisse du contentieux de limpay ces dernires annes est le fait qui marque ce
type de contentieux en France, cette baisse si importante ne pouvait pas sexpliquer par des
circonstances accidentelles.
Lintrt conomique et social a amen le lgislateur intervenir pour mettre en place des
dispositifs qui ne se contentent pas seulement de traiter la dfaillance du dbiteur, mais de
voir de plus prs les circonstances ayant conduit sa dfaillance.
Des successions des rformes qui ne pouvaient pas tre son influence sur le contentieux de
limpay, particulirement sur sa baisse. Ces rformes ont entrain un basculement des
affaires lies limpay vers dautres procdures contentieuses, pouvant expliquer sa baisse.
La drivation du contentieux de limpay, rsulte de lvolution lgislative du droit du
surendettement des particuliers (Chapitre 1). Llargissement du champ dapplication des
procdures collectives et leur volution lgislative explique galement ce basculement
(Chapitre 2).
85
86
142.
Lapproche comparative mene dans cette recherche nous conduit logiquement
mettre la lumire en premier lieu sur les procdures de surendettement en France, compte
tenu de labsence dune telle mesure dans le droit Marocain. Il convient par ailleurs de
signaler que le lgislateur Maroc a manqu dinspiration du lgislateur Franais, tant donn
quil na pas na pas procd lintroduction de ce dispositif dans la loi de protection des
consommateurs.
En France, le lgislateur sest efforc depuis la mise en place du premier dispositif relatif au
traitement du surendettement des particuliers, de perfectionner lensemble du dispositif.
Lamlioration de la situation du dbiteur au regard de lvolution des lois sur le
surendettement (Section 1) apparaissait comme lun des soucis majeurs du lgislateur, et
qui explique par ailleurs lexplosion en nombre des procdures de traitement du
surendettement des particuliers, et ltendue du basculement du contentieux de limpay
vers les procdures de surendettement (Section 2).
143. La loi sur le surendettement a t mise en place par le lgislateur afin de rpondre
un phnomne durable201, celui de surendettement des particuliers. La France a t le
premier pays Europen se doter dune mesure protectrice des surendetts, et le lgislateur
Franais a souhait anticiper un vritable flau la fois conomique et social. Cela sest
traduit par ladoption de la loi dite Neiertz de 1989202 qui fut une rforme majeure visant
prvenir et rgler les difficults lies au surendettement des particuliers et des familles, en
mettant en place des mesures entirement nouvelles et spcifiques en vue de traiter de
manire globale les difficults que rencontrent les particuliers endetts qui sont dans
lincapacit de faire face au paiement de leurs dettes. Mais la rcence de la loi, et lessor
qua connu son application ont prcocement fait surgir des lacunes procdurales ou
institutionnelles ayant conduit le lgislateur intervenir maintes reprises 203, pour y
remdier et perfectionner la procdure nouvellement cre.
201
202
me
d, 2002, p.2.
er
203
- la loi de surendettement a fait lobjet de quatre rformes substantielles qui ont vu le jour travers la loi du
8 fvrier 1995, la loi du 29 juillet 1998, la loi du 1 aot 2003 et la dernire date de 2010, ces rformes se
joignent dautres interventions lgislatives au nombre de six jusqu prsent, affectes aux aspects
87
144. La succession des lois et des rformes a pour but dendiguer linsolvabilit croissante
des particuliers, qui sest initialement manifeste sous la forme dun surendettement actif,
puis dun surendettement passif, quand les particuliers se retrouvent surendetts sans avoir
recours de manire excessive aux crdits, mais que leur surendettement rsulte de la
survenance dun accident de la vie. Certes, ces rformes ont affin le fonctionnement de ce
dispositif et son efficience, mais ne sont pas parvenues pour autant radiquer ce
problme, au vu de laugmentation croissante des demandes de procdures de
surendettement et de la banalisation de lensemble du dispositif204 ; de fait, le dbiteur
revendique dsormais davantage le droit de ne pas payer ses dettes ainsi que leur
suppression.
A- Qualit du bnficiaire
146.
La loi en vigueur, rserve le bnfice des procdures de surendettement une
catgorie bien caractrise de dbiteur, remplissant des conditions dligibilit (1) propres
aux seules personnes physiques, nonobstant, des personnes restent exclues du champ
dapplication de la prsente loi (2) en raison de leur assujettissement une autre procdure
de rglement de leurs dettes.
techniques de la procdure, dont la dernire date du 22 dcembre 2010 avec son dcret dapplication du 28
juin 2011.
204
88
me
d, 2012, p .20.
1- Eligibilit
147. La rglementation en vigueur nexige aucune condition de nationalit pour ceux qui
revendiquent le bnfice dune procdure de surendettement, il suffit dtre rsident en
France pour pouvoir en bnficier205. Toutefois, les trangers qui rsident en France ne
peuvent se prvaloir de la procdure que si leurs dettes non professionnelles ont t
contractes auprs de cranciers tablis en France 206 , il convient de prciser que
lapplication de la loi stend tout le territoire Franais207.
-voir la circulaire du 29 aot 2011 relative la procdure de traitement des situations de surendettement
des particuliers.
206
207
-la loi est applicable en France mtropolitaine, dpartements doutre-mer, collectivits territoriales de SaintPierre-et-Miquelon, de Mayotte, de Nouvelle Caldonie et Wallis-et-Futuna.
208
me
me
-Cass. Civ. 2 ch., 29 janvier 2004, n02-04095, Bull. 2004 II n36, p.28 ; Cass. Civ, 2 ch., 22 mars 2006, n
04-04124, Bull. 2006, II n88, p.84 ; G. PAISANT, Les dettes prendre en compte pour apprcier la situation
de lendettement de lintress , RTD. Com., septembre 2006, p.678.
89
209
-cette ordonnance est relative ladaptation du droit des entreprises en difficult et des procdures de
traitement des situations de surendettement lentrepreneur individuel responsabilit limite. (J O du 10
dcembre 2010, p. 21617.
210
211
me
d, 2012, p.30.
-cest le cas o lexclusion du bnfice des procdures de surendettement pouvait tre prononce
er e
lencontre des dirigeants dune entreprise, V. Cass. Civ. 1 ch, 7 novembre 2000, n99-04.058, Bull.2000,I
n285, p.184 ; G. PAISANT, confirmations jurisprudentielles propos de la demande de traitement de sa
situation de surendettement par un dirigeant de socit anonyme , RTD. Com., mars 2001, p. 253.
90
pas faire lobjet de certaines sanctions pour pouvoir bnficier dune procdure de
traitement de surendettement.
212
me
91
d., LexisNexis,
Toutefois, la loi n2005-845 du 26 juillet 2005 rformant les procdures collectives est venue
rpondre cette question tant discute, pour venir soumettre enfin ces personnes au
rgime des procdures collectives. En effet, les articles L620-2, relatif la procdure de
sauvegarde, L631-2, relatif au redressement judiciaire et larticle L640-2, relatif la
liquidation judiciaire visent dans leur nouvelle rdaction lapplicabilit desdites procdures
toute autre personne physique exerant une activit professionnelle indpendante, y
compris une profession librale soumise un statut lgislatif ou rglementaire ou dont le
titre est protg. Cette rforme a t applique partir du 1 er janvier 2006, mais il importait
peu que le professionnel ait cess son activit antrieurement la mise en application de la
rforme, sous la condition quil soit dans un tat de cessation de paiement, et quune partie
de son passif rsulte de sa propre activit professionnelle213.
Par voie de consquence, ces personnes demeurent exclues lgalement des procdures de
traitement de surendettement des particuliers, et ne peuvent plus prtendre au bnfice
dune telle procdure214.
213
-Cass. Com., 30 septembre 2008, n 07-15.446, un arrt de cassation selon lequel un masseur
kinsithrapeute exerant titre libral se trouvait exclu des dispositions relatives au traitement de la situation
de surendettement prvu par le code de consommation, comme estimait la dcision de la cour dappel qui na
er
pas pris en compte la mise en application de la rforme des procdures collectives applicable compter du 1
janvier 2006, Bulletin 2008, IV, n 163,
214
-M-L. BELAVAL et R. SALOMON, D., chronique de jurisprudence de la cour de cassation, novembre 2008,
p.2749.
215
me
-Cass, Civ. 2 ch, 11 janvier 2006, n 04-04.170, Bull. 2006,II, n9, p.9 ; Y. PICOD et V. VALETTE-ERCOLE,
surendettement des particuliers , Rp.Dr. Civ. Dalloz, avril 2004, n24.
92
154. Certes, la bonne foi ne fait lobjet daucune dfinition lgale ou unanimement admise
en matire de surendettement, mais celle-ci implique comme en droit commun un ensemble
de normes morales et de comportements mesurs selon les rgles de bons usages de la vie
en socit.
Lide du lgislateur en mettant en place la condition de bonne foi dans le dispositif de
surendettement, reposait sur la volont de classer les dbiteurs souhaitant bnficier dune
procdure de surendettement. Il sagissait particulirement de distinguer entre le dbiteur
qui stait engag outre ses capacits financires de remboursement, appel dbiteur
imprudent ou imprvoyant dans le contexte dun surendettement actif, digne de
bnficier de la procdure, et le dbiteur agissant avec malhonntet, sendettant
sciemment ou de plein gr afin de pouvoir lui aussi bnficier des avantages de la procdure
du surendettement, et qui doit par consquent en tre exclu. Cette diffrenciation tend
stigmatiser un endettement jug irresponsable manifest par un recours excessif au crdit
toujours dans la perspective de se dcharger de ses obligations in fine en recourant une
procdure de surendettement.
155.
Lanalyse de la notion de bonne foi en matire de surendettement nous amne
forcment se rfrer la jurisprudence qui lve lambigut sur celle-ci et prcise que la
notion de bonne foi en matire de surendettement implique en ralit que soit recherch
chez le surendett au travers des donnes de la cause, et cela pendant le processus de
formation de la situation de surendettement, llment intentionnel ressortissant la
connaissance quil ne pouvait manquer davoir de ce processus et sa volont manifeste,
non pas de larrter mais au contraire de laggraver, sachant pertinemment qu lvidence il
ne pourrait faire face ses engagements . La recherche de cet lment intentionnel ne peut
tre ici que globale, la procdure tant collective. Ds lors, le fait qu loccasion de la
passation dun contrat dtermine que le futur surendett ait dissimul sa vritable situation
lautre partie, sil peut avoir certaines consquences spcifiquement limites ce contrat,
ne saurait avoir rendu par lui-mme dune manire gnrale le surendett de mauvaise foi,
dans la mesure ou un tel comportement ne dmontre pas ncessairement une volont
suffisamment systmatique et irresponsable de profiter et de vivre de crdits 216.
156. Force est de constater, que la bonne foi, lment incontournable dans le dispositif de
surendettement, repose sur la sincrit de la dclaration de surendettement effectue par le
dbiteur auprs de la commission de surendettement, tant donn que le mcanisme de
droulement de la procdure est dclaratoire. Cette exigence lgale stend toutefois tous
les engagements contracts par le dbiteur et qui peuvent tre lorigine de son
surendettement. Cette condition de bonne foi dicte par larticle 330-1 du code de la
216
93
me
ch. B,
-supra 59 et s.
218
-cet article a t modifi par la loi n2012-387 du 22 mars 2012 dans son article 116.
94
dbiteur ou sa mauvaise foi sous figure ngative, cependant, cette question devant le juge
reste assez controverse et suscite de nombreux problmes.
159. En effet, les juges de fond disposent du pouvoir souverain dapprcier les lments
factuels caractrisant la bonne foi du dbiteur219, mais ce pouvoir a t encadr par
linstauration par la cour de cassation des rgles mthodologiques permettant au juge de
fond de sy soumettre en vue de relever cette bonne foi.
En premier lieu, la prsomption constante des juges de la bonne foi du dbiteur simpose,
donc il appartient au crancier qui conteste la bonne foi du dbiteur et sa violation de
larticle 330-1 fixant les conditions du bnfice dune procdure de surendettement et
frquemment rappel de le prouver. Or, le crancier doit apporter la preuve de la mauvaise
foi du dbiteur pour la prsomption de bonne foi dont il bnficie, en tablissant
juridiquement la ralit des faits quil invoque, mais cette charge de preuve peut savrer
dlicate, dautant plus que le juge ne peut en aucune manire se substituer au crancier ou
celui qui conteste la bonne foi du dbiteur, et relever doffice la mauvaise foi du dbiteur,
qui entrainerait la fin de non-rception du dossier de surendettement. Cette solution tire sa
justification dabord de la prsomption lgale et jurisprudentielle de bonne foi dont jouit le
dbiteur220, de plus cette restriction provient du caractre dordre public que revt la
lgislation relative au surendettement en conformit dun avis rendu par la cour de
cassation221, dans lequel elle dclare que Les dispositions du titre III du livre III du Code de
la consommation, relatives au rglement des situations de surendettement (loi n 89-1010
du 31 dcembre 1989) relvent de l'ordre public conomique de protection sociale ; que le
juge ne peut relever d'office la fin de non-recevoir tire de la mauvaise foi du dbiteur .
En lespce, le juge, doit sabstenir de soulever de son propre chef lirrecevabilit du dossier
de surendettement en cas dabsence dune contestation justifie du crancier remettant en
cause cette bonne foi.
En revanche cette solution a t droge par un arrt de la cour de cassation 222 dans lequel
la cour exposait que le juge disposait dun pouvoir dapprciation mme doffice sur la
bonne foi du dbiteur en matire de procdure de rtablissement personnel, et ce avant
mme quil se prononce sur louverture de celle-ci. Cette disposition lgislative trouvait son
fondement dans larticle L. 332-6 du code de la consommation modifi par la loi n2010-
219
re
-Cass, Civ. 1 , 4 avril 1991, n90-04.042 ; G. PAISANT, surendettement. Exigence de la bonne foi , RTD.
Com., septembre 1991, p.446.
220
-Cass. Civ., 2
me
221
222
me
-Cass. Civ. 2 , 14 dcembre 2006, n 05-04.051. Bull. Civ. 2006, II, n 355, p. 327; V.VIGNEAU, D., chronique
de jurisprudence de la cour de cassation, deuxime chambre civil, mars 2007, p. 896.
95
1609 du 22 dcembre 2010223, la cour estimant que le texte droge le principe selon lequel
le juge ne pouvait pas relever doffice la mauvaise foi du dbiteur.
ce sujet, cette position prise par la cour de cassation a t consolide par le lgislateur
travers la loi n 2008-3 du 3 janvier 2008 sur le dveloppement de la concurrence au service
des consommateurs, aux termes de son article L 141-4 introduit dans le code de la
consommation, les pouvoirs du juge de relever la mauvaise foi du dbiteur, mme doffice
pour statuer sur la recevabilit de sa demande douverture dune procdure de
surendettement se sont tendus explicitement 224 toutes les procdures de
surendettement. De fait, le dbiteur ne se trouvait plus immunis par la prsomption lgale
de sa bonne foi, il sagit en effet dun amnagement lgislatif qui a modifi srieusement la
conception de loffice du juge en la matire, impactant vraisemblablement le statut privilgi
du dbiteur au sein de la procdure de surendettement.
160.
En deuxime lieu, le caractre personnel de la bonne foi et son apprciation
individuelle sur lequel sappuie le contrle de la bonne foi par les juges du fond, en dautres
termes, dans le cas dun couple surendett, la mauvaise foi de lun nentache pas la bonne
foi prsume de lautre et ne doit pas entrainer le rejet de la demande du conjoint. Cette
solution a t dgage par des arrts importants225 qui censurent lirrecevabilit de la
demande de surendettement forme par un couple et dont la mauvaise foi na t tablie
que pour lun des membres du couple, ce qui justifie sans doute le caractre subjectif de la
bonne foi du dbiteur, tant donn quun couple runit deux personnes juridiquement
trangres lune de lautre, et la mauvaise foi de lune delle ne doit pas ncessairement
remettre en question la bonne foi de lautre
En outre, les juges du fond doivent veiller ce que la temporalit de la mauvaise foi226 soit
respecte, ils doivent en loccurrence mettre en avant la notion volutive de la bonne foi.
Compte tenu de lobjectif principal recherch par la loi, qui est de protger les dbiteurs
malheureux contre lexclusion sociale, et de mettre en place les moyens et dispositifs
ncessaires pour parvenir ce but, une autorit de chose juge lie une dcision
dirrecevabilit antrieure sanctionnant la mauvaise foi du dbiteur, ne peut point faire
obstacle devant une nouvelle demande de celui-ci sil invoque de nouveaux lments de
223
-larticle L 332-6 prvoit : Lorsque le juge est saisi aux fins d'ouverture d'une procdure de rtablissement
personnel avec liquidation judiciaire, il convoque le dbiteur et les cranciers connus l'audience. Le juge,
aprs avoir entendu le dbiteur s'il se prsente et apprci le caractre irrmdiablement compromis de sa
situation ainsi que sa bonne foi, rend un jugement prononant l'ouverture de la procdure .
224
- L'article L.141-4 du code de la consommation nonce que le juge peut soulever d'office toutes les
dispositions du prsent code dans tous les litiges ns de son application .
225
-Cass. Civ. 1
re
226
me
96
d., LexisNexis,
Cette solution trouve galement ses sources dans la jurisprudence, qui a rendu une myriade
de dcisions frappant dans ce sens227 et qui nous confirme la prdominance dune notion
volutive devant rentrer en ligne de compte pour le contrle et lapprciation de la bonne
foi du dbiteur228.
161. Enfin, le dernier critre qui doit tre pris en compte par les juges est celui du lien de
causalit entre la mauvaise foi et la situation du surendettement du dbiteur, le juge doit en
loccurrence tablir un rapport direct entre les faits qui lui ont permis de relever la mauvaise
foi du dbiteur et sa situation de surendettement. Une mauvaise foi qui se rattache aux
causes gnratrices du surendettement, ou aux conditions qui encadrent le dpt de la
demande dune procdure de surendettement auprs dune commission dpartementale. Il
sagit en effet dune solution rationnelle qui vise ne pas sanctionner un dbiteur par
lirrecevabilit pour des faits sans relation directe avec son surendettement et la prise en
compte seulement des faits et actes ayant conduit de manire directe et certaine son
surendettement. Comme par exemple les condamnations pnales qui ne sont pas
constitutives de mauvaise foi, comme une dcision de la cour de cassation laffirme229.
162. Pour conclure, tout semble indiquer que les lments dapprciation et de contrle de
la bonne foi du dbiteur instaurs par la jurisprudence attestent de lvolution de la
situation du dbiteur au sein de la procdure de surendettement. Dans un contexte
dindulgence et de protection des personnes vulnrables, dont la mauvaise foi peut
difficilement tre caractrise, mme lorsque limprvoyance, limprudence sont associes
lirresponsabilit. Le lgislateur tend favoriser lapplication du dispositif de
surendettement.
Outre les deux conditions voques prcdemment, le dbiteur doit justifier quil se trouve
dans un tat de surendettement.
227
me
me
re
-Cass. Civ. 2 , 10 mars 2005, n 04-04.012 ; Cass. Civ. 2 , 6 mai 2004, n 03-04.073 ; Cass. Civ, 1 , 5
re
janvier 2000, n 98-04.177., Bulletin 2000 I N 2 p. 1. ; Cass. Civ. 1 ch, 31 mars 1992, n 90-04.065, Bull. 1992, I
n106, p.70.
228
-S.PIEDELIEVRE, surendettement , Rp. pr. civ. Dalloz, mars 2011, n50 ; G. PAISANT, A propos des
lments nouveaux lgitimant une nouvelle demande de la procdure de traitement de surendettement ,
RTD. Com., mars 2000, p.193
229
-Cass. Civ, 2
me
97
C- Surendettement du dbiteur
163. Limpossibilit manifeste pour une personne physique de bonne foi, de faire face
lensemble de ses dettes non professionnelles exigibles et choir, ou lengagement
quelle a donn de cautionner ou dacquitter solidairement la dette dun entrepreneur
individuel ou dune socit, telle est la situation nonce par larticle L 330-1 du code de la
consommation caractrisent ltat de surendettement dun particulier. Il sagit dune
exigence lgale que seule la commission de surendettement sous le contrle du juge est
tenue dexaminer partir de tous les lments dactif et du passif que leur fournit le
dbiteur. Il, lui incombe la charge probatoire du surendettement230, dfaut de quoi la
demande de surendettement risque dtre rejete231.
164.
En ce qui concerne lactif du dbiteur, celui-ci comporte toutes les ressources
prsentes et ventuellement futures, ayant un caractre rgulier ou irrgulier, imposables
ou non, mme celles ayant un caractre insaisissable232, y compris les biens patrimoniaux du
dbiteur qui doivent tre pris en ligne de compte pour apprcier vritablement ltat du
surendettement, tant prcis toutefois que le seul fait d'tre propritaire de sa rsidence
principale ne peut tre tenu comme empchant que la situation de surendettement soit
caractrise comme lindique la nouvelle rdaction de larticle L 330-1 du code de la
consommation233. Cependant, il convient de souligner que labsence de ressources dans un
dossier de surendettement ne constitue pas un motif dirrecevabilit de la demande ou de
son rejet pour dfaut de ressources permettant au dbiteur de faire face ses crances
exigibles et choir, ce qui sharmonise fidlement avec lapproche poursuivie par la loi
Neiertz.
Par ailleurs, la commission est comptente pour aller plus loin et procder des vrifications
sur lexistence dventuels biens immobiliers appartenant au dbiteur, auprs des autorits
comptentes, et notamment pour les dossiers qui sorientent vers une procdure de
rtablissement personnel. Dans ce contexte, lvaluation du patrimoine est faite par le
dbiteur lui-mme et apporte par lui la commission, mais la possibilit de charger un
expert cet effet reste envisageable.
165. Pour ce qui est du passif du dbiteur, seules les dettes non professionnelles doivent
tre prises en compte, sans aucune distinction entre les dettes non-insusceptibles de
230
me
231
me
-Cass. Civ, 2
-Cass. Civ. 2 ch, 10 mars 2011, n 10-14.551, la cour avait confirm la premire dcision dirrecevabilit de
demande de surendettement tant donn que le dbiteur na fourni aucun renseignement sur ses ressources
de nature permettre dapprcier la ralit de sa situation de surendettement.
232
-comme par exemple le revenu de solidarit active (RSA), appel anciennement revenu minimum dinsertion
(RMI).
233
er
98
-sont exclues de toute remise, rchelonnement, ou effacement, les dettes alimentaires, les amendes
prononces dans le cadre dune condamnation pnale, de mme pour les rparations pcuniaires alloues aux
victimes dans le cadre pnal. Sont exclues aussi de tout effacement les dettes qui rsultent de prts sur gage
consenties auprs des caisses de crdit municipal, galement les dettes rgles au lieu et au place du dbiteur
par la caution ou le cooblig personne physique.
235
- il faut que les dettes non-professionnelles caractrisent elles seules la situation de surendettement, V.,
me
me
Cass. Civ, 2 ch, 29 janvier 2004, n02-04.095 ; Cass. Civ, 2 , 22 mars 2006, n 04-04124 (prcits).
99
simplifier toujours en faveur dun dbiteur appel malheureux . Cela se fait peut tre au
dtriment du crancier qui subit fatalement les consquences des interventions lgislatives
caractre social, et qui est pass par la force des choses et de la loi de ladversit avec son
dbiteur pour recouvrer sa crance dans le cadre de procdures forces, un compromis
forc et parfois contre son gr.
Ainsi, le crancier peut voir demble la libert de contrainte quil peut exercer lencontre
du dbiteur samenuiser ou plutt sencadrer, ds lors que la commission dclare recevable
le dossier de surendettement. Cette dcision entrane systmatiquement la suspension et
linterdiction des procdures d'excution diligentes l'encontre des biens du dbiteur ainsi
que la cessation des rmunrations consenties par celui-ci et portant sur les dettes autres
qu'alimentaires, et ce jusqu validation de la dcision relative lorientation de la
procdure et pour une dure maximale dun an aprs que de telles mesures ont t prises
par le juge dexcution. Ou encore, dans le cas de la saisine du juge pour une procdure de
rtablissement personnel, cela entraine une suspension gnrale des voies dexcution, y
compris les mesures dexpulsion du dbiteur de son logement, et ce jusquau jugement
douverture, en lespce ces mesures ne concernent pas seulement les cranciers concerns
comme ctait le cas dans lancien rgime, mais elles produisent ces effets lgard de tous
les cranciers qui aspirent une excution force pour recouvrer leurs crances.
168.
Il sagit videmment dun nouvel avantage de la procdure de surendettement
introduit par la rforme de 2010 au sens de la nouvelle rdaction de larticle L331-3-1,
renforc encore par un article plus rcent, R331-10-1 insr par le dcret du 28 juin 2011
dans le code de la consommation en vertu duquel le recours form contre la dcision de
recevabilit par un crancier ne suspend pas les effets de larticle L331-3-1 souligns ci-haut,
mme si le crancier peut engager une action en justice contre son dbiteur, mais
seulement pour la dlivrance dun titre excutoire236.
Il convient dindiquer que la commission peut saisir le juge dinstance 237 sur demande du
dbiteur ou en cas durgence avant mme la dcision de recevabilit dessein du bnfice
des mesures suspensives dexcution diligentes lencontre des biens du dbiteur et en
faveur de celui-ci.
En revanche, de telles mesures de suspension et dinterdiction doivent empcher le dbiteur
de raliser tout acte de nature aggraver son insolvabilit, de payer tout ou partie, dune
crance autre qualimentaire, ne antrieurement aux mesures dinterdiction et de
suspension, de dsintresser les cautions qui acquitteraient des crances nes
236
-Cass. Civ, 1
n10, p.6
re
re
ch, 5 dcembre 2000, n 98-20.656 ; Cass. Civ, 1 , 7 janvier 1997, n94-20.350, Bull. 1997 I,
237
100
intervenu pour la dtermination dune rgle commune dans le calcul du reste vivre 238 pour
restreindre cette facult qui tait rserve auparavant aux commissions de surendettement
qui avaient des pratiques diffrentes dune rgion une autre, aprs avis dun conseil en
conomie sociale et familiale.
Quant aux modalits de calcul, la commission doit prendre en compte le montant des
dpenses de logement, y compris les charges y affrentes239. En outre, les frais de nourriture
et de scolarit, ainsi que les frais de garde, de dplacements professionnels, de sant, et les
pensions alimentaires, sont pris en considration, soit les charges indispensables la vie
courante, estimes par la commission soit hauteur de leur montant rel en se fondant sur
des lments fournis par le dbiteur, soit sur la base dun barme tabli par le rglement
interne de chaque commission qui prend en considration plusieurs paramtres. Dans ce
cadre, la commission procde en prenant en compte les revenus de toute nature du
dbiteur, diminus de toutes les charges courantes dun dbiteur vivant seul, auxquelles
sajoute un montant forfaitaire sil vit en couple, major galement en fonction du nombre
des enfants charge240 pour dterminer sa capacit de remboursement. Cependant, les
dpenses courantes du dbiteur ne doivent pas tre infrieures au revenu de solidarit
active (RSA).
Sur cette base, la commission fixe la capacit de remboursement, et fonde galement sur
elle llaboration du plan qui ne peut excder dans son excution 8 ans, contre 10 ans dans
le rgime antrieur, et en comptant aussi sur les sacrifices consentis par les cranciers sur
proposition de la commission qui peuvent aller jusqu proposer de rduire ou supprimer les
intrts, rchelonner et offrir des dlais de paiement, ou encore accorder des remises de
dettes.
En revanche, le dbiteur doit se montrer exemplaire et sabstenir daccomplir tout acte qui
pourrait aggraver son insolvabilit, et accomplir tout acte de nature garantir ou faciliter
le paiement de la dette. Le plan peut prvoir le cas chant la mise en vente des biens
subsidiaires en disposition de ce dernier, tels que rsidence secondaire, vhicules non
indispensables lexercice dune activit professionnelle.
Au demeurant, la commission nest aucunement tenue dassurer le principe de traitement
galitaire entre les cranciers241, le redressement de la situation du dbiteur prdomine242,
238
-le montant de remboursement rsultant de lapplication des procdures classiques de surendettement est
fix, dans les conditions fixes par dcret, conformment larticle L 331-2 du code de la consommation.
239
240
-par exemple, les commissions de la rgion Limousin ont fix le forfait charges courantes 680 euros
pour un dbiteur seul, auxquels sajoute 210 sil vit en couple, major de 210 euros par enfant charge jusqu
15 ans et de 240 euros par enfant de plus de 15 ans. Voir Le surendettement , ENM., d. lextenso dition, p.
me
27, CA Paris, 8 ch. B, 20 septembre 1991, D 1991, IR, p.73.
241
- Y. PICOD et V. VALETTE-ERCOLE, surendettement des particuliers , Rp.Dr. Civ. Dalloz, avril 2008, n68.
102
172. En ce qui concerne lapproche suivie pour la ngociation de la commission entre les
parties, la loi ne prvoit aucun texte, chaque commission met en pratique des mthodes
diffrentes, celles-ci y procdent oralement ou par crit, elles ne sont tenues par ailleurs de
respecter aucun dlai dans le processus de ngociation et de conciliation sous rserve de
respecter la transparence absolue et tenir informs les cranciers de la situation exacte du
dbiteur. Dans lancien rgime, au contraire, la commission disposait de deux mois
compter de sa saisine par le dbiteur pour parvenir un compromis entre les parties, ce qui
tait extrmement court pour que commission mette en place un plan de redressement
profitable toutes les parties.
173.
Enfin, si les cranciers et le dbiteur acceptent les termes du plan conventionnel
tabli par la commission, les parties doivent le dater et le signer, le plan devient dfinitif la
signature du prsident de la commission qui lui donne sa force excutoire, il entre en
application la date fixe par la commission, ou au plus tard le dernier jour du mois suivant
la date du courrier par lequel la commission informe les parties de l'approbation de ce plan
conformment aux dispositions rglementaires de la procdure ( article R 334-2 du code de
la consommation), ds lors il commence produire des effets lgard des parties
signataires.
Force est de constater que la commission continue jouer un rle dterminant dans la
procdure de surendettement et constitue la pierre angulaire de la phase de ngociation et
de conciliation entre les parties en vue dlaborer un plan conventionnel.
b- Les effets du plan lgard des protagonistes du plan conventionnel
- A lgard du dbiteur
174. Le plan conventionnel emporte inluctablement linscription du dbiteur sur le fichier
national des incidents de remboursement des crdits aux particuliers, une mesure
prventive qui sert essentiellement aux tablissements financiers et de crdit comme
rfrence dapprciation sur la solvabilit des particuliers qui souhaitent souscrire un crdit,
leur permettant de bien grer les critres doctroi des crdits et la gestion des risques crdit
souscrits par leurs clients. La dure de cette inscription est celle de lexcution du plan, sous
rserve de ne pas dpasser la limite lgale du plan fixe 8 ans.
En effet le dbiteur pendant la dure dexcution du plan, doit respecter minutieusement
lensemble des engagements pris vis--vis de ses cranciers, et continuer prouver sa bonne
242
re
103
foi tout au long de lexcution du plan, or tout acte ou paiement qui pourrait violer les
dispositions relatives au plan conventionnel ou son application peut tre remis en cause par
la commission qui saisit le juge dinstance dans un dlai dun an compter de la ralisation
de lacte ou du paiement en vue de lannulation de lacte suspect. Il sagit dune vritable
protection des intrts des cranciers ayant consenti des sacrifices, qui peuvent voir
comment le plan peut tre frapp de caducit de plein droit 15 jours seulement aprs la
mise en demeure dun seul crancier adresse au dbiteur davoir excuter ses obligations
si elle est reste infructueuse. La caducit est alors gnrale et frappe tout le plan, les
cranciers retrouvent en loccurrence le droit de mener des poursuites individuelles sans
avoir saisir pralablement le juge243. Cela dit, cette caducit ne sopposera pas une
rvision du plan par la commission ou encore une nouvelle procdure de surendettement
si le dbiteur arrive prouver son impossibilit de respecter les engagements initiaux,
confirmant ainsi la ncessit qu le dbiteur de bnficier dun nouveau plan 244 qui tient
compte de la survenance de nouveaux lments tablis par de celui-ci pour rexaminer son
dossier.
175.
Dans le mme ordre dide, le dbiteur risque, au cours de lexcution du plan
conventionnel une dchance des mesures ngocies son avantage, lorsque celui-ci a
aggrav son endettement ou a accompli des actes de disposition de son patrimoine pendant
lexcution du plan, sans pour autant que ces actes soient annuls. Le plan conventionnel
na alors plus deffet et les cranciers peuvent reprendre leurs poursuites individuelles ; dans
le cadre du plan conventionnel, la dchance est prononce par la commission, la dcision
doit tre motive et notifie, celle-ci est susceptible de recours port devant le juge
dinstance.
Nanmoins, cette dchance ne fait pas obstacle ce que le dbiteur sollicite de nouveau
lapplication des procdures de surendettement son profit, sil arrive tablir lapparition
de nouveaux lments, cela lui permettra de suspendre et interdire de nouveau les mesures
dexcution force reprises ventuellement par les cranciers postrieurement sa
dchance. Un nouveau soutien inconditionnel du lgislateur qui continue dans cette
dynamique qui favorise le dbiteur malheureux et permet ce dernier de contrer son
exclusion, mme sil arrive parfois que celui-ci se montre malhonnte.
-Cass. Civ, 2
me
244
104
me
d, 2012, p.200.
dbiteur sexcuter auprs deux, cest dailleurs lesprit du dispositif et son efficience.
Cest sur ce principe quon se permet de se prononcer galement et de raffirmer la
drivation du contentieux de limpay vers les procdures de surendettement et sa
diminution devant les juridictions, notamment civiles. A cet gard, le crancier ne peut
aucunement rtracter sa volont daider le dbiteur et rpondre lapproche curative du
lgislateur en vue de redresser une situation financire remdiable.
Nonobstant, le crancier peut se contenter seulement dactionner son dbiteur pour obtenir
un titre excutoire 245 sans pour autant se prvaloir de son droit dexcution quoffre
naturellement le titre, et cela pendant que le dbiteur respecte les termes convenus dans le
plan et leurs excutions. Et ce principe peut connaitre une limite seulement si le dbiteur
cesse dhonorer les engagements pris aux termes du plan conventionnel, ce qui entraine la
caducit systmatique du plan.
177. En contrepartie du sacrifice des cranciers, la loi leur permet de se prvaloir dun
nouveau point de dpart du dlai de forclusion, sous condition que le plan de redressement
comprenne des mesures de ramnagement ou de rchelonnement des chances
impayes, comme prvoit le nouvel article L 311-52 du code de la consommation246, en
loccurrence le dlai de forclusion demeure interrompu pendant la mise en excution du
plan conventionnel, ce dlai de forclusion commence courir de nouveau la survenance du
premier incident non rgularis intervenu postrieurement au premier amnagement ou
rchelonnement conclu dans le cadre du plan.
Par ailleurs, on tient rappeler que linexcution du plan conventionnel entraine de plein
droit une caducit gnrale dudit plan. De mme, dans lhypothse dun ventuel chec de
la phase de ngociation, le dbiteur en est inform par la commission par lettre
recommande avec accus de rception, en lespce, le dbiteur dispose dun dlai de 15
jours compter de sa notification pour saisir la commission en vue de mettre en uvre les
mesures recommandes, ou dimposer des mesures prvues par le code de la
consommation.
-Cass. Civ, 1
re
re
246
- larticle L 311-52 prvoit : Lorsque les modalits de rglement des chances impayes ont fait l'objet
d'un ramnagement ou d'un rchelonnement, le point de dpart du dlai de forclusion est le premier
incident non rgularis intervenu aprs le premier amnagement ou rchelonnement conclu entre les
intresss ou aprs adoption du plan conventionnel de redressement .
105
247
106
peuvent l'clairer ainsi que celles dont les intrts risquent d'tre affects par sa dcision 248,
il ne peut pas non plus modifier ou complter les mesures recommandes, et se contente
seulement de rendre une ordonnance de rejet et renvoie le dossier devant la commission. A
ce sujet, ces restrictions lgard du pouvoir du juge peuvent tre qualifies
dinconcevables eu gard lampleur des mesures qui peuvent tre prises par la
commission.
248
-cest un pouvoir qui lui est confr par larticle 27 du code de procdure civile
107
182. Enfin, si la commission constate que le dbiteur ne possde que des biens meublants
ncessaires la vie courante et des biens non professionnels indispensables l'exercice de
son activit professionnelle, ou que l'actif n'est constitu que de biens dpourvus de valeur
marchande ou dont les frais de vente seraient manifestement disproportionns au regard de
leur valeur vnale, elle peut recommander un rtablissement personnel sans liquidation
judiciaire aux termes de larticle L330-1.
249
-ces mesures ne peuvent pas porter sur les dettes alimentaires, sur les amendes pnales ou les rparations
pcuniaires alloues aux victimes dinfractions pnales, elles ne peuvent faire lobjet daucune remise,
rchelonnement ou effacement, et contrairement aux mesures imposes, les dettes dont le prix a t pay
par la caution ou le cooblig personnes physiques ou morales la place du dbiteur peuvent tre
rchelonnes.
108
ans, ou la moiti de la dure de remboursement restant courir des emprunts en cours 250,
cette mesure pourrait toutefois excder 8 ans lorsquelle concerne le remboursement de
prts contracts pour lachat dun bien immobilier constituant la rsidence principale du
dbiteur et pour laquelle les mesures de la commission permettent dviter la cession du
bien.
La commission peut galement imposer une imputation de paiement sur le capital, une
mesure qui constitue un avantage considrable au profit du dbiteur qui lui permet de
rduire le capital gnrateur dimpay, en revanche, cette mesure ne peut pas tre
conjugue la diminution du taux dintrt que la commission peut aussi imposer, cette
mesure ne consiste pas supprimer le taux dintrt, mais les sommes affrentes aux
chances reportes ou rchelonnes bnficieront dun taux dintrt rduit, et
gnralement infrieur au taux lgal, cette rduction peut notamment porter sur les clauses
pnales251.
185.
Enfin, la commission peut dans ses mesures imposer jusqu la suspension de
lexigibilit de la dette pour une dure qui ne peut excder deux ans, et non susceptible de
prorogation, cette mesure entraine par voie de consquence la suspension automatique du
paiement des intrts, sauf si la commission ne dcide pas ainsi, cependant, le capital
continue produire des intrts sans que le taux soit suprieur au taux lgal, mais les
cranciers ne peuvent aucunement poursuivre le recouvrement de leurs crances pendent la
dure dexcution de toutes les mesures imposes.
Il convient de souligner par ailleurs, que la commission peut procder une combinaison
entre les mesures recommandes et imposes, mais les mesures recommandes demeurent
tributaires de lhomologation du juge.
250
-exemple : un crdit qui a t souscrit pour une dure de 20 ans le premier janvier 2012, le prt arrivera
terme le premier janvier 2032, si la commission se prononce le premier janvier 2022 alors quil reste un dlai
de 10ans courir, le paiement de ce prt se ramnage de la manire suivante : 10 ans (reste payer) + 8 ans
qui correspondent la dure des mesures= 18 ans, donc le paiement se rchelonnera jusqu 2040. Ou 8 ans
de la dure maximum de ramnagement ou de report+ la moiti de la dure de prt restant courir, soit 5
ans. Cest-- dire en 2035.
251
re
109
Il sagit dune procdure qui sinspire largement des mcanismes et modalits des
procdures collectives, dans laquelle le juge joue un rle dterminant, et notamment dans le
cadre dune procdure de rtablissement avec liquidation judiciaire.
En effet, et aprs sa saisine par la commission aux fins de louverture dune procdure de
rtablissement personnel, ou aprs une contestation portant sur lorientation du dossier par
la commission, elle convoque le dbiteur et les cranciers, pour dterminer et apprcier le
caractre irrmdiablement compromis de la situation du dbiteur pour prononcer
louverture de la procdure, en optant sur une procdure simplifie, sil savre lors de
laudience douverture que lactif du dbiteur est constitu de biens dpourvus de toute
valeur marchande ou compos uniquement de biens ncessaires la vie courante et
lexercice de lactivit professionnelle, ds lors le juge a la possibilit douvrir et clturer la
procdure de rtablissement personnel par le mme jugement. Ou alors, le juge opte pour
une procdure ordinaire dans laquelle il dsigne gnralement un mandataire judiciaire
charg du redressement et de la liquidation judiciaire, et prononce le jugement douverture
qui entraine la suspension des procdures dexcution et des mesures dexpulsion
diligentes lencontre du dbiteur qui se poursuit jusqu clture du rtablissement
personnel, et une interdiction pour le dbiteur daliner ses biens et de sacquitter des
crances antrieures.
En loccurrence, le jugement douverture implique une dclaration de crances par LRAR
adresse au mandataire, ou au juge dans les deux mois qui suivent compter de la
publication de la dcision au Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales, qui
comporte, outre le montant principal, les intrts, frais de la crance au jour de sa
dchance, lorigine de la crance, les privilges et srets. Elle doit galement mentionner
les voies dexcution dj engages.
187. Malheureusement, et comme dans lancien rgime des procdures collectives, les
cranciers qui omettront de dclarer leurs crances dans le dlai imparti, sauf sil obtiennent
un relev de forclusion six mois aprs la publication du jugement douverture peuvent voir
leurs crances teintes, et ne peuvent aucunement poursuivre le dbiteur aprs la clture
de la procdure afin de recouvrer leurs crances, mme si le dbiteur revient une
meilleure fortune, ce qui traduit la course et le combat interminable du crancier dans son
processus de recouvrement aussi long que lassant.
Par la suite, le juge dsigne un liquidateur lors de laudience sil constate un actif ralisable,
et prononce la liquidation, une dcision qui entraine de plein droit le dessaisissement du
dbiteur de la disposition de ses biens, de mme pour ses droits et actions sur son
patrimoine personnel qui sont exercs par le liquidateur pendant toute la dure de la
liquidation, le liquidateur dispose toutefois dun dlai dun an pour procder la vente
amiable avec autorisation du juge, ou une vente forc des biens du dbiteur.
110
En outre, le juge peut inviter en lespce le dbiteur demander une mesure daide
caractre social, notamment une mesure daccompagnement social personnalise, afin
dviter une nouvelle situation de surendettement.
188.
Force est de constater que lacquiescement lassouplissement des conditions
douverture et de mise en uvre dune procdure de redressement est une apodicticit 254,
autant dlments qui laissent penser que la tendance gnrale du contentieux de limpay a
bascul vers de nouvelles procdures de surendettement, plus souples, plus accessibles, et
qui tolrent progressivement le surendettement du dbiteur et son droit de non-excution
de ses obligations contractuelles. Le dbiteur peut prendre dsormais linitiative, et saisir
une commission de surendettement avant mme que son crancier ait eu recours la voie
judiciaire pour entreprendre une mesure excutoire son encontre, et le crancier, aprs
quil passait par la voie amiable pour recouvrer sa crance avant de recourir la justice, peut
continuer la recherche dun compromis dans un cadre administratif ou judiciaire, savoir les
procdures de surendettement.
252
253
254
- E.PERROU, Limpay, Tome 438, LGDJ, collection : Bibliothque de droit priv, 2005, p110 et s. ; cet
assouplissement se constate galement sur le plan statistique, en 1990, 90.174 dossiers ont t dposs, dont
64320 taient recevables, soit une moyenne de recevabilit de 71,34%, tandis que la moyenne de recevabilit a
atteint en 2011, 87,27 %, avec 202.900 dossiers recevables sur 232.493 dossiers dposs. Bilan national de
lactivit des commissions de surendettement (par anne civile)., statistiques de la Banque de France,
disponibles sur :
http://www.banquefrance.fr/fileadmin/user_upload/banque_de_france/La_Banque_de_France/pdf/statistiqu
es-surendettement.pdf
111
189. Lexplosion des procdures de surendettement nest videmment pas sans incidence.
Tout dabord, il semble opportun de prciser que le principe de la force obligatoire du
contrat est de plus en plus soumis aux transformations du fait des entraves conomiques et
sociales, et la force obligatoire du contrat qui constitue lun des piliers du droit civil se
conoit mal avec les nouvelles exigences et mutations, notamment lgislatives, car on ne
peut point nier linfluence et lvolution des lgislations caractre social sur le droit des
obligations, et sur lexcution elle-mme. Cela tant, le phnomne tudi nest pas
pargn des consquences de ces lgislations, particulirement celles des procdures de
surendettement, dailleurs, cest l o rsident les facteurs dterminants de ce
renversement de tendance, et sa corrlation avec la baisse du contentieux de limpay
demeure une thse plausible.
En effet, linstauration de procdures visant traiter le surendettement des particuliers a
tabli de nouveaux rapports de force entre le crancier et le dbiteur. Le recouvrement de
crance ne se restreint plus uniquement aux actions menes par le crancier et visant
lobtention dun titre excutoire pour le contraindre de sacquitter, mais le dbiteur avec ses
deux figures, celle dune personne de mauvaise foi ou dun dbiteur malheureux, ne peut
plus se contenter dattendre la dcision de la justice qui peut statuer sur le droit et le fait,
sans tenir compte des impratifs conomiques et sociaux auxquels il pourrait tre confront,
ou attendre des mesures de grce parfois qualifies de drisoires devant le dispositif de
rglement des situations de surendettement. Mais son action peut intervenir avant mme
celle du crancier, dans la perspective de chercher une solution adapte ses difficults
ponctuelles ou durables, mais insurmontables, ou dont lexcution ne peut plus se
conformer aux engagements pris par lui initialement envers ses cranciers, et qui
conduisent finalement un encadrement du pouvoir du crancier revendiquer son droit
lexcution force.
190.
Par analogie, le sens de ces changements sexplique essentiellement par le
renversement des priorits entre les intrts du crancier et du dbiteur, rsultant des
interventions lgislatives tendant chaque fois condamner de moins en moins limpay, et
prendre plus que jamais en compte les lments conjoncturels qui peuvent conduire le
dbiteur un tat dinsolvabilit, et par la suite un surendettement. On constate une
humanisation lgard des procdures dimpay et lgard des particuliers qui ont vu
combienla force contraignante de lobligation et son intangibilit se sont attnues.
Abstraction faite des facteurs ayant concouru au recours massif des particuliers aux
procdures de surendettement255, lessor de ces procdures est spectaculaire, et le lien
entre cette hausse et la diminution du contentieux de limpay, notamment les demandes
255
112
formules devant les juridictions civiles pour des affaires relatives limpay, ne peut tre
nglig, si on tient compte de la corrlation des deux phnomnes (p.1). Il va sans dire que
lexploration de ce lien corrlatif nous amne porter la lumire sur les fondements
juridiques du basculement des procdures de limpay vers des procdures de
surendettement (p.2).
191.
Il appert de notre exploration des procdures de surendettement, toujours dans
loptique dlucider les causes de la baisse du contentieux de limpay devant les juridictions
en France, quune concomitance a t bien constate entre la hausse rgulire des
procdures de surendettement depuis leur mise en application et la baisse du nombre de
demandes lies limpay et au contentieux de limpay rgles par ces juridictions (A),
pouvant suggrer la ralit dune vritable absorption des demandes dimpays formules
devant les tribunaux par les procdures de surendettement (B).
ou de lun des dbiteurs poursuivis, savoir, les tribunaux de grande instance, les tribunaux
dinstance, et les tribunaux paritaires des baux ruraux, ainsi que les juridictions de proximit
en ce qui concerne les demandes lies limpay.
ce propos, le nombre de demandes relatives limpay sest vu considrablement baisser,
depuis lentre en vigueur de la loi sur le surendettement. En effet, aprs une priode o le
contentieux a atteint des chiffres assez levs au cours des cinq dernires annes des
annes quatre-vingts, le ministre de la justice a quantifi le nombre des demandes relatives
limpay en 1990 1 201 339 demandes, partages entre les tribunaux de grande instance,
les tribunaux dinstance, et les juridictions de proximit.
Ces demandes comportent des procdures menes au fond, en rfr, et des injonctions de
payer, qui occupent la place de la procdure la plus utilise en matire dimpay 256. En fin
de dcennies, les demandes de cette nature ont connu une baisse remarquable suprieure
18% ne constituant plus en lan 2000 que 978 123 demandes.
Ignorant les causes de cette baisse, ces demandes, ont continu suivre cette tendance,
aprs les lgres hausses qui ont suivi lanne 2000, ces demandes ont diminu les annes
suivantes, atteignant 964 419 demandes de contentieux de limpay (dont 613322 sont des
demandes de procdures dinjonction de payer, avec 47211 demandes formules
particulirement devant le tribunal dinstance) soit une baisse gnrale de 19,72% entre
1990, date de lentre en vigueur de la loi sur le surendettement, et 2007257.
195.
Quant au nombre de contentieux de limpay rgls par les tribunaux de grande
instance, les tribunaux dinstance et les tribunaux paritaires des baux ruraux, une baisse non
ngligeable a galement t remarque depuis le dbut de la dernire dcennie. En effet,
aprs lan 2000, ces tribunaux sont parvenus traiter 983057 affaires relatives limpay258,
rparties entre les tribunaux de grande instance (avec 37355 affaires) les tribunaux
dinstance et les tribunaux paritaires des baux ruraux (avec 945702 affaires) avec une
prdominance avre des procdures dinjonction de payer dans les tribunaux dinstance et
tribunaux paritaires de baux ruraux259 . Ces chiffres ont t caractriss par la suite par une
tendance fluctuante, mais globalement baissire. A cet gard, aprs deux annes successives
au cours desquelles les affaires traites ont connu une lgre baisse comparativement
256
-dans la mme anne, 800 957 demandes de procdure dinjonction de payer ont t enregistres.
257
-source SDSE et ple dvaluation de la justice civile, La prise en charge de limpay contractuel en matire
civile et commerciale , CEDCACE et CRIJE, janvier 2010, sous la direction de B.THULIER, L.SINOPOLI et
F.LEPLAT, annexe 2.
258
259
-les affaires traites en injonction de payer slevaient 730954 affaires en 2001. Annuaire statistique de la
justice, d. 2007, publi par le ministre de la justice.
114
2001260, celles-ci se sont accentues en 2004261, cette anne a t marque dailleurs par
une progression du nombre des affaires nouvelles, devant toutes les juridictions civiles262
pour reprendre ensuite leur tendance baissire, et atteindre en 2007 le niveau le plus
significativement bas au cours de la dernire dcennie263, soit une baisse qui franchit les 9%
par comparaison aux chiffres publis de 2001.
Cependant, cette tendance la baisse a t supplante au cours des annes 2008 et 2009
par des hausses trs lgres264, natteignant toutefois pas le volume des affaires traites en
2001 date du dbut de lexploration des affaires relatives limpay, traites par les
juridictions civiles.
196. On peut tre amen en dduire que les hausses minimes et rcentes des affaires
traites par les juridictions civiles concidaient exactement avec le dclenchement de la crise
conomique mondiale, dont les premires tincelles taient dj bien prsentes avant son
annonce265. Ces hausses peuvent vraisemblablement en tre la suite logique, nanmoins, on
peut sen tenir un constat global qui tmoigne de limportance de la baisse des affaires du
contentieux de limpay traites devant les juridictions civiles.
En revanche, cette baisse relative au nombre de contentieux de l'impay rgls par les
juridictions ne remet aucunement en question la lenteur de linstitution judiciaire ou son
manque defficacit quant la clrit requise pour le traitement de ces demandes au cours
des dernires annes, tant donn que les demandes de cette nature ont suivi galement
une tendance baissire plus significative durant la priode analyse.
260
-les tribunaux ont trait en 2002 et 2003, 969301 affaires et 972529 respectivement. Annuaire statistique de
la justice, d. 2007, publi par le ministre de la justice.
261
-993739 affaires ont t traites en 2004, dont 47844 devant les tribunaux de grande instance, et 945 895
devant les tribunaux dinstance et les tribunaux paritaires des baux ruraux. Annuaire statistique de la justice,
d. 2007, publi par le ministre de la justice.
262
- C. POUTET, Une valuation de lactivit des juridictions en 2004 , bulletin dinformation statistique,
Ministre de la justice, sous la direction de la Statistique, des tudes et de la Documentation, Infostat Justice
Mars 2005,n 80.
263
- les affaires traites se sont leves 893639 affaires, dont 46448 affaires ont t traites par les tribunaux
de grande instance, entre des procdures au fond et procdures en rfrs, et 847191 ont t traites par les
tribunaux dinstance et les tribunaux paritaires de baux ruraux, entre des procdures au fond, en rfrs, et des
injonctions de payer. Annuaire statistique de la justice, d. 2009-2010 et 2011-2012, publi par le ministre de
la justice.
264
-916295 affaires traites en 2008, soit une baisse de 6,79% relativement 2001, en 2009, les affaires traites
se sont hisses 955371 affaires. Annuaire statistique de la justice, d. 2009-2010 et 2011-2012, publi par le
ministre de la justice.
265
-en France, la crise a t annonce par une locution prononce par le prsident de la rpublique le 25
septembre 2008.
115
197. Par ailleurs, il convient de prciser que les contrats qui font lobjet de ce type de
contentieux sont nombreux, classs et rpertoris dans les annuaires du ministre de la
justice en France, dont voici les plus importants :
- les contrats de prt : tels que les demandes en remboursement du prt, ou demandes en
paiement des loyers dun contrat de crdit-bail ou leasing, ou encore les demandes en
paiement formes contre la caution seule, ou son recours contre le dbiteur principal sil a
pay sa place, ou autres demandes en paiement relatives au cautionnement.
- les contrats dassurances, qui comportent des demandes en paiement relatives aux primes
dassurance, ou cotisations formes contre lassur, galement les demandes en paiement
de lindemnit dassurance dans une assurance de dommages, de personnes ou dassurancecrdit.
- les contrats de bail : regroupent les baux dhabitation, les baux professionnels et baux
ruraux, ces contrats sont en effet les plus prsents dans le contentieux de limpay devant
les juridictions civiles en France266, ils visent essentiellement le paiement des loyers et des
charges.
- les contrats de transport : ce poste de contentieux de limpay regroupe principalement les
demandes en paiement du prix de transports.
- les contrats de vente quils soient mobilires ou immobilires, pour des demandes en
paiement du prix de vente.
- enfin les oprations bancaires : telles que les demandes en paiement du solde du compte
bancaire ou celles relatives aux effets de commerce, telles que les demandes formes par le
porteur dune lettre de change ou dun billet ordre.
2- Les procdures de surendettement : une hausse colossale
198. Tous les lments et chiffres convergent pour indiquer lampleur des procdures de
surendettement depuis leur entre en vigueur. La succession des lgislations en la matire
constitue peut-tre un facteur dattractivit lgard du dbiteur qui en demande chaque
fois davantage, et qui fait valoir les droits que lui confre le lgislateur chaque fois quune
rforme intervient pour assouplir les conditions douverture et de mise en uvre des
procdures de surendettement. Si lon tient compte de la hausse de ces procdures qui est
intervenue bien avant le dclenchement de la crise mondiale, et si lon veut faire le
rapprochement entre la hausse des procdures et la crise, il apparait que ladite hausse ne
266
-par exemple, en 2007, 893639 affaires ont t traites devant les tribunaux de grande instance, dinstance,
et les tribunaux paritaires de baux ruraux, dont 151501 taient relatives au bail, soit une proportion de 16,95%
de lensemble du contentieux de limpay trait.
116
peut absolument pas tre impute ce seul facteur. La crise mondiale peut toutefois tre
vue comme la goutte qui a fait dborder le vase.
-en 1990, 90 174 dossiers ont t dposs auprs de lensemble des commissions en France. Bilan national
de lactivit des commissions de surendettement. Disponible sur http://www.banquefrance.fr/fileadmin/user_upload/banque_de_france/La_Banque_de_France/pdf/statistiquessurendettement.pdf
268
-en 2011, les dossiers de surendettement se sont levs 232 493 dossiers.http://www.banquefrance.fr/fileadmin/user_upload/banque_de_france/La_Banque_de_France/pdf/statistiquessurendettement.pdf
117
- La prise en charge de limpay contractuel en matire civile et commerciale , CEDCACE et CRIJE, janvier
2010, sous la direction de B.THULIER, L.SINOPOLI et F.LEPLAT.
271
-Evolution des contentieux : juridictions civiles de premier degr ,. Etude et statistiques justice, n21,
disponible sur : http://www.justice.gouv.fr/budget-et-statistiques-10054/etudes-statistiques-10058/evolutiondes-contentieux-juridictions-civiles-du-premier-degre-11831.html.
118
272
-infra 313 et s.
273
-infra 369 et s.
119
205. Aujourdhui, si la baisse du contentieux de limpay peut sexpliquer par son possible
basculement vers des procdures de surendettement, il nous est difficile en revanche
dlucider les relles causes de cette drivation.
On peut comprendre par ailleurs que la forte orientation vers les procdures de
surendettement a certainement influenc le comportement du crancier et du dbiteur, ce
dernier ne trouve pas seulement dans les procdures de surendettement un moyen confr
par la loi pour se soustraire son surendettement et une ventuelle exclusion sociale que
pourrait entrainer une situation de surendettement, mais une chappatoire face toute
pression exerce par le crancier visant le contraindre sacquitter par la voie judiciaire. Il
sagit l dun moyen de protection lgal qui incite le dbiteur y recourir sans avoir
hsiter. Autant davantages confrs au dbiteur au fur et mesure, par les diffrentes
modifications lgislatives mises en place et qui ont rendu ce dispositif plus efficace et plus
homogne, permettant de prter assistance tous les dbiteurs qui sont dans une situation
de surendettement. Conscient des avantages de la procdure de surendettement, le
dbiteur peut trouver dans la saisine de la commission un moyen lgal dinexcution
contractuelle (A).
206. Au demeurant, la procdure de surendettement nempche pas le crancier de saisir
la justice tant au fond quen rfr, mais cela uniquement pour la dlivrance dun titre
excutoire, et non pas pour obliger son dbiteur payer par la force de la loi. La saisine de la
commission suspend automatiquement et interdit les voies dexcution diligentes
lencontre du dbiteur compter de la dcision dclarant la recevabilit de la demande de
surendettement. Son adhsion au plan conventionnel le prive du droit dagir en justice
contre le dbiteur pour une excution force, du moment que le dbiteur se conforme aux
conditions et modalits dexcution du plan. Sa non adhsion au plan conventionnel mis en
place par la commission ne permet pas au juge de refuser une procdure dexcution
lencontre du dbiteur, mais cela demeure assez difficile, tant donn que son recours la
justice peut entrainer la caducit du plan, et que le dbiteur peut alors ressaisir la
commission pour une nouvelle demande de surendettement, qui aura les mmes effets
suspensifs que la premire, et le dossier pourrait tre orient dissemblablement.
En ce qui concerne les mesures imposes ou recommandes, le crancier peut les contester,
mais son pouvoir reste restreint, la procdure peut sorienter vers une procdure de
rtablissement personnel avec ou sans liquidation judiciaire, et sa situation relativement
son pouvoir de contrainte perdure. De l, on peut dduire que la demande formule par le
crancier en justice paralllement une procdure de surendettement pour contraindre le
dbiteur sexcuter est finalement une dmarche dcourageante (B).
120
Par ailleurs, on sinterroge sur le point de savoir si la simplicit des conditions douverture de
la procdure de surendettement est suffisante pour expliquer sa hausse exorbitante, en
tout tat de cause, les procdures de surendettement se sont gnralises au point de se
systmatiser, et les chiffres peuvent en tmoigner.
208. Certes, la mise en place du dispositif de surendettement par le lgislateur franais
sinscrit dans le cadre dune politique de protection sociale des dbiteurs particuliers ayant
subi des accidents de la vie, ou qui ont contract trop de prts auxquels ils sont dans
limpossibilit de faire face, afin de parer un problme si rcurrent et jusqu lors insoluble.
Mais protger le dbiteur en lui confrant des avantages aux dpens du crancier peut-il
tre la solution la plus adapte aux intrts du crancier, et lquilibre contractuel qui ne
cesse de se fragiliser dans lintrt du dbiteur ?
En effet, apporter une solution un problme implique des concessions qui peuvent tre
subies douloureusement par le crancier, celles-ci tant considres par le lgislateur
comme un remde la situation de surendettement dun dbiteur. On apprhende
parfaitement la protection quapporte le lgislateur Franais au dbiteur surendett. Cette
protection consiste lui accorder des avantages de nature lui permettre de remdier son
surendettement, cependant, ces avantages risquent toujours de porter atteinte au crancier
et ses intrts, et notamment ceux de recouvrer sa crance par la voie judiciaire, du
moment que lintrt gnral et social simpose et prime sur le droit dexcution du
dbiteur.
209. On peut affirmer subsquemment quil existe un changement de priorit entre les
intrts du crancier et ceux du dbiteur au regard du lgislateur Franais, et que celui-ci
privilgie dsormais de mettre en place des mesures prventives et curatives du phnomne
de surendettement loption de renforcer les mesures dexcution et contraindre un
dbiteur dj surendett sexcuter. Il sagit dune vritable justice sociale qui condamne
de moins en moins limpay, oriente par des lgislations caractre social. Le lgislateur
franais ne peut toutefois que sen fliciter.
121
274
- E.PERROU, Limpay, Tome 438, LGDJ, collection : Bibliothque de droit priv, 2005.p. 20.
122
211. De nos jours, le crancier peut tre de plus en plus dubitatif avant toute saisine de la
justice visant obtenir un titre excutoire pour exercer son droit dexcution lencontre de
son dbiteur, se dotant dun pouvoir dexcution trs encadr au sein dune procdure de
surendettement. Celui-ci ne peut pas aller dans le cadre de sa dmarche judicaire au-del de
lobtention dun titre excutoire, et attendre le sort de la procdure Il peut voir comment
sa procdure excutoire entame postrieurement lobtention du titre excutoire se met
en suspens cause dun recours de son dbiteur la commission de surendettement, et ce
parfois mme avant ltablissement de la recevabilit de son dossier, la demande du
dbiteur. Peut-on alors parler dune dissuasion du crancier lgard des procdures de
surendettement ? Cela peut-il expliquer la dcrue des demandes lies limpay devant les
juridictions civiles ?
En effet, la libert restreinte du crancier dans le cadre dune procdure de surendettement
se traduit par la suspension automatique et linterdiction des voies dexcution diligentes
lencontre du dbiteur compter de la dcision dclarant la recevabilit de la demande de
surendettement, et ce jusqu lapprobation dfinitive de lorientation du dossier de
surendettement, sous rserve que ces mesures suspensives et dinterdictions nexcdent pas
un an.
Cette suspension et interdiction peuvent toutefois intervenir avant mme la dcision de
recevabilit du dossier de surendettement par la saisine de la commission au juge dinstance
suite une demande du dbiteur celle-ci, ou mme par le prsident de la commission sil
estime que ces mesures savreront ncessaires pour le dbiteur.
A vrai dire, la lettre notifiant la recevabilit de la demande emporte automatiquement
suspension et interdiction des procdures d'excution diligentes l'encontre des biens du
dbiteur ainsi que des cessions de rmunration consenties par celui-ci et portant sur les
dettes autres qu'alimentaires, de mme pour les procdures et les cessions de rmunration
qui sont suspendues ou interdites. Il convient de rappeler que lintervention du juge
linitiative de la commission nest plus ncessaire pour parvenir cette fin comme dans le
rgime antrieur, ce qui constitue la principale nouveaut de la rforme de 2010. A nen pas
douter, cest une mesure favorable au dbiteur qui encadre le pouvoir de contrainte du
crancier pour recouvrer sa crance devant une juridiction comptente.
212. Pour ce qui est du plan conventionnel, le crancier peut faire partie des signataires de
laccord conventionnel tabli par la commission, ce qui emporte une renonciation ses
actions en paiement lencontre du dbiteur du moment que celui-ci respecte les conditions
et modalits dexcution du plan. Il peut tout autant ne pas adhrer au plan conventionnel,
car la loi nexige pas laccord de tous les cranciers pour que le plan soit valable, mais les
principaux cranciers doivent cependant en faire partie. Ds lors il peut reprendre ses
123
Outre ces restrictions relatives au droit de lexcution du crancier ces deux stades de la
procdure de surendettement, le crancier peut tre interdit dexercer des procdures
dexcution contre son dbiteur dans le cadre des mesures imposes ou recommandes par
la commission, Cela vaut pour les cranciers dont le dbiteur aura signal lexistence et qui
sont aviss par la commission, et dans le cas o ces mesures nont pas t contestes par
un crancier ; ces mesures leur sont opposables en consquence.
En lespce, les cranciers dont les mesures sont opposables, sont interdits dexercer des
procdures dexcution lencontre des biens du dbiteur pendant la dure de lexcution
desdites mesures.
En revanche, cette interdiction dexercer des procdures excutoires ne soppose pas aux
cranciers dont lexistence na pas t signale par le dbiteur, de mme pour les crances
apparues postrieurement aux mesures de la commission. Mais il apparait peu probable que
le dbiteur puisse ne pas signaler lexistence dun de ses cranciers, et notamment les plus
importants.
Il sagit dune suspension et interdiction de mesures dexcution de plein droit qui englobent
toutes les voies dexcution que le crancier peut prtendre mettre en uvre.
De surcroit, on peut constater galement comment cette position restrictive du crancier
demeure stable dans le contexte dune procdure de rtablissement personnel, en effet,
ds que la commission de surendettement recommande une procdure de rtablissement
personnel sans liquidation judiciaire, et que celle-ci a t homologue par le juge sans
contestation du crancier, ce dernier perd son droit de poursuite, attendu que cette
homologation entraine l'effacement de toutes les dettes non professionnelles du dbiteur,
pareillement pour les dettes rsultant de l'engagement que le dbiteur a donn de
cautionner ou d'acquitter solidairement la dette d'un entrepreneur individuel ou d'une
socit, lexception des dettes mentionnes par les articles L333-1 et L333-1-2 du code de
la consommation275.
213.
Quant la procdure de rtablissement personnel avec liquidation judiciaire, le
jugement douverture de celle-ci entraine invitablement la suspension et l'interdiction des
275
124
procdures d'excution diligentes l'encontre des biens du dbiteur ainsi que des cessions
de rmunration consenties par celui-ci et portant sur les dettes autres qu'alimentaires. Ce
jugement entrane galement la suspension des mesures d'expulsion du logement du
dbiteur, et se prolonge jusquau jugement de clture276.
Force est de constater, que le crancier peut tre priv de son droit dexcution lencontre
de son dbiteur, qui peut tre pargn des procdures dexcution engages contre lui sous
lgide des procdures de surendettement. Ces procdures restreignent de plus en plus la
capacit du crancier dagir en justice pour le recouvrement de sa crance, et imposent sa
libert dtre totalement encadre277.
214. Dans le mme ordre dides, on peut dduire que la dissuasion du crancier pour
intenter une action en paiement paralllement une procdure de surendettement, est un
constat qui peut tre tabli partir de tous les lments juridiques voqus prcdemment,
et ce scepticisme du crancier lgard des procdures de surendettement peut expliquer la
dcrue du contentieux de limpay devant les juridictions civiles.
A fortiori, le rapport corrlatif entre la baisse du contentieux de limpay en France, et la
hausse des procdures de surendettement peut tre analys juridiquement, et peut nous
amener proposer des conclusions qui sinscrivent dans le sens de lhypothse de dpart
quon esprait dmontrer.
Pour rsumer, ce basculement du contentieux est sans doute de cause lgislative. Cest un
constat auquel dautres parties adhrent et qui admettent que les interventions lgislatives
ont limit le recours des cranciers la justice contre les dbiteurs et leur caution pour un
recouvrement judicaire278.
276
277
- La prise en charge de limpay contractuel en matire civile et commerciale , CEDCACE et CRIJE, janvier
2010, sous la direction de B.THULIER, L.SINOPOLI et F.LEPLAT, p. 95 et s.
278
-P.ANCEL (sous la direction de), Lvolution du contentieux de limpay : viction ou dplacement du rle
du juge ? , CERCRID, juin 2009, (Universit Jean Monnet SAINT-ETIENNE), p.227.
125
126
215. Sintresser aux procdures de surendettement des particuliers en ce qui concerne les
contentieux de limpay implique, dans cette approche analytique, dapprofondir davantage
le champ de notre recherche, afin de mettre en lumire dautres procdures du traitement
des situations du dbiteur. Ce sont des procdures qui relvent galement de la dfaillance
conomique279, et dans lesquelles le traitement du surendettement des particuliers a trouv
ses sources et son mode de fonctionnement, et do provient son originalit.
Il sagit des procdures de prvention et de traitement des entreprises en difficult, des
procdures qui nont pas cess dvoluer, tant en France quau Maroc, et de susciter des
interventions lgislatives280, toujours dans la perspective de les perfectionner, et de les
rendre plus intressantes, avec le souci de russir rquilibrer harmonieusement des
procdures juges parfois imprialistes 281. Il en va de mme pour les rapports assez
controverss qui dcoulent de la vie des affaires, tels que les intrts en jeu, et notamment
les liens tablis entre le crancier et le dbiteur.
216.
A la diffrence du contentieux de limpay qui se rapporte aux procdures du
traitement de surendettement des particuliers, et qui ne touche que les particuliers ligibles
par la loi remplissant les conditions requises par la rglementation en vigueur, le contentieux
de limpay dans le cadre des procdures collectives rsulte uniquement de limpay dont le
dbiteur est une entreprise282, avec sa nouvelle notion, et tant toujours dissocie de
lhomme283. Nanmoins le contentieux de limpay demeure un vocable tranger aux
procdures collectives, du seul fait que celles-ci se dmarquent par un vocabulaire ou une
terminologie qui leur est propre, telle que la cessation de paiement ou le jugement
douverture qui est troitement li cette procdure. Cependant, les procdures collectives
qui sintressent dsormais aux protagonistes, ainsi que lencadrement procdural de la
procdure collective nous font ngliger de ne plus nous focaliser sur le fait gnrateur et
dclencheur des difficults de lentreprise, ou sur la nature du conflit rsultant de limpay,
279
-la dernire rforme relative au traitement des entreprises en difficult au Maroc a t introduite dans le
er
cinquime livre du code de commerce, loi n15-95 promulgue par le Dahir n1-96-83 du 1 aout 1996.
281
282
283
-A.RIZZI, La protection des cranciers travers lvolution des procdures collectives, Tome 459, LGDJ,. 2007,
p.146 et s.
127
pour nous axer simplement sur la structure visible des procdures collectives qui se forment
autour de lintrt gnral et collectif284, cela dans une approche de publicisation du droit
des procdures collectives285.
Certes, ces procdures collectives constituent des procdures contentieuses par excellence,
compte tenu de leur caractre la fois juridique et judiciaire, or, il nous est difficile dtablir
un rapport entre ces procdures et le contentieux de limpay du droit commun, afin de
conforter lhypothse du basculement du contentieux de limpay ici devant les juridictions
commerciales vers des procdures collectives, et ce durant ces deux dernires dcennies.
Toutefois, et dans la mme optique, on peut affirmer que le lien entre le contentieux de
limpay du droit commun et les procdures collectives peut tre tabli, tant considr que
les procdures collectives et les demandes de recouvrement individuelles formules devant
les juridictions comptentes visent le recouvrement judiciaire de crances, sauf que le
recouvrement dans le cadre des procdures collectives sopre dune faon collective
contrairement aux demandes de recouvrement en droit commun. Quant aux demandes lies
limpay sujet de rapprochement avec les procdures collectives, elles comportent les
demandes dimpay formules uniquement devant les juridictions commerciales, autrement
dit, les demandes lies limpay dont les crances revtent un caractre commercial.
217.
A notre sens, les procdures collectives et les demandes de limpay formules
individuellement devant les juridictions commerciales sont indissociablement lies, du
moment que la finalit des procdures collectives consiste apurer le passif de lentreprise
dbitrice et dsintresser les cranciers, mme si le redressement de lentreprise et la
prservation de lemploi proccupent davantage le lgislateur Franais.
Par voie de consquence, comme en matire de surendettement des particuliers, la baisse
du contentieux de limpay devant les tribunaux commerciaux286 peut tre corrle aux
procdures collectives, plus prcisment, on cherche savoir si lexpansion des procdures
collectives avec toutes ses composantes, y compris les procdures de sauvegarde introduites
nagure, na pas eu des effets sur le contentieux de limpay commercial. On sinterroge
cet gard, sur la question de savoir si la baisse constate du contentieux de limpay
commercial devant les tribunaux de commerce Peut-elle sexpliquer par la hausse
spectaculaire des procdures collectives au cours de ces deux dernires dcennies ? Peut-on
alors parler dune absorption de ce type du contentieux de limpay, et de son basculement
vers dautres procdures contentieuses, savoir les procdures collectives ?
284
- ibid., p.285 et s.
285
- B. SOINNE, La revue des procdures collectives : Bilan de 26 annes , Rev. proc. Coll.,n6, novembreDcembre 2011.
286
-infra 276 et s.
128
218.
Un auteur ayant effectu rcemment des recherches proches de notre champ
dintrt a rvl la difficult de rapprocher ces deux phnomnes. lenjeu tant de savoir
sil existe un systme de vases communicants entre le contentieux de limpay commercial,
et le redressement et la liquidation judiciaires, cest--dire, sil existe une vritable
concomitance et un paralllisme des volutions entre la baisse du contentieux de limpay
et la hausse des procdures collectives. Par insuffisance dlments, ou leurs divergences,
lauteur a finalement pris parti en dfaveur du systme de vases communicants287, pour
autant, dautres lments qui ont t explors par lui peuvent nous conduire pousser
notre analyse, et mettre en avant des fondements juridiques permettant de dgager des
constats ayant pour finalit de corroborer cette thse.
Par ailleurs, notre approche sappuiera sur lanalyse de lun des principaux facteurs de la
hausse des procdures collectives, celui des interventions lgislatives, sans pour autant en
clairer la gense. En procdant par un raisonnement la fois juridique et dductif, nous
mettrons en lumire lvolution positive du droit des entreprises en difficult au profit du
dbiteur (section1), qui a concouru trs vraisemblablement la hausse des procdures
collectives, et les rendre plus souples, toujours lavantage du dbiteur, au point que ce
droit des entreprises en difficult est regard par une partie de la doctrine comme tant un
droit de ne pas payer ses dettes, celle-ci sinterroge en lespce pour savoir sil faut encore
payer ses dettes dans le droit des entreprises en difficult288.
Un rapport de cause effet entre lvolution lgislative des procdures collectives et leur
hausse, qui ne peut tre sans incidence sur le contentieux de limpay, qui lui sest vu baisser
en termes du nombre daffaires, et tre absorb par dautres procdures contentieuses
telles que les procdures collectives (section 2).
219.
Le droit des procdures collectives a connu rcemment une immense vague
rformatrice qui na pas atteint uniquement la lgislation Franaise, mais un ensemble de
pays europens, voire dautres pays dvelopps et mergents289, qui aspirent vritablement
une conomie dveloppe et qui privilgient la cration des richesses et louverture
ltranger. Suffisamment pour traduire la volont politique et conomique des pays
287
- La prise en charge de limpay contractuel en matire civile et commerciale , CEDCACE et CRIJE, janvier
2010, sous la direction de B.THULIER, L.SINOPOLI et F.LEPLAT, p.100 et s.
288
-P-M LE CORRE, faut-il encore payer ses dettes dans le droit des entreprises en difficults ? , LPA., n63,.
29 mars 2006,. p .9.
289
-lEspagne a rform leur droit des entreprises en difficult en 2003 et en 2009, le Royaume-Uni en 2002, le
Japon en 2000, la Turquie en 2004, lItalie en 2008 et 2008, lAutriche en 2010, les tats-Unis en 2005, la Grce
en 2007, la Chine en 2006, la Belgique en 2009.
129
rformateurs, en vue de mettre en place une loi relative au droit de faillite des entreprises,
qui semble devenir une unit de mesure pour les acteurs conomiques trangers souhaitant
saventurer dans un pays quelconque.
En effet, ces rformes juges en grande partie substantielles, ont t orientes dans lintrt
du dbiteur, visant assouplir les conditions douverture dune procdure son avantage, et
favoriser galement le redressement, qui recle deux notions majeures relatives aux
entreprises en difficult, celle de la prservation de lemploi et la continuation de lactivit.
220. En France, le lgislateur a voulu la substituer une loi de faillite qui a toujours eu la
fois une connotation et une finalit sanctionnatrice. Conscient des mutations conomiques
qui se sont produites lchelle mondiale, celui-ci a d anticiper son action rformatrice
pour enfin laborer une loi dpnalisant la dfaillance des entreprises290, et soulignant les
intrts majeurs de celle-ci et sa principale vocation, qui reposait prioritairement sur la
sauvegarde de lentreprise, le maintien de lactivit et de lemploi, et en dernire priorit,
lapurement du passif. Nanmoins, confront une controverse jurisprudentielle291, et un
bilan dsastreux pour les cranciers, qui se sont soumis vainement aux sacrifices imposs
par le lgislateur, du fait que 90% des entreprises taient finalement liquides 292 , le
lgislateur franais a d se rattraper, en mettant en place la loi du 10 juin 1994, ayant pour
objectif de trouver un point dquilibre entre le redressement de lentreprise et le droit des
cranciers, notamment ceux titulaires de surets spciales et propritaires, mais ses lacunes
ont t dceles, et ont provoqu de srieuses critiques293.
Dans la mme dynamique, le lgislateur Franais a tendu les procdures collectives aux
professionnels libraux, travers la loi du 26 juillet 2005, mettant au cur de cette rforme
une nouvelle procdure dite de sauvegarde. Il sagit dune rforme courageuse qui tmoigne
de lvolution importante de la lgislation Franaise. Lordonnance du 18 dcembre qui
sinscrit dans la mme continuit est venue demble combler les insuffisances dnonces
de la loi de 2005.
290
291
-la cour de cassation a exig que les bailleurs financiers devaient dans le dlai de 3 mois de larticle 115 de
cette loi, revendiquer linstar de tout propritaire de meubles, les biens donns en location sans tenir en
compte que le contrat ait fait ou non lobjet dune publication,. Cass. Com. 15 octobre.1991, n 90-10.978, Bull.
1991, IV n291, p.202 ; A. Martin- Serf, Revendication. Article 115 de la loi de 1985, champ dapplication,
crdit-bail, cause juridique ou titre invoqu, indiffrence , RTD. Com., mars 1992, p.251 ; B.
BOULOC, Redressement et liquidation judiciaire. Revendication, marchandises livres au dbiteur, action en
revendication, dlai, application, gnralit , , RTD. Com., juin 1992, p.444.
292
- P-M LE CORRE, Droit et pratique des procdures collectives, d. 5, Dalloz Action. 2010-2011, p.24.
293
130
221.
En effet, la succession des rformes relatives aux procdures collectives a
radicalement rvolutionn ce droit, et notamment sa finalit294, sans pour autant assurer la
quitude ncessaire aux cranciers qui, dans cette perspective de redressement de
lentreprise, et eu gard lassouplissement des conditions douverture des procdures, face
laccumulation de celles-ci dans le but de sauver lentreprise295, peuvent se trouver
confronts un risque douverture prmature de ladite procdure qui rsulte des
difficults de prvoir adquatement le risque de la dfaillance financire du dbiteur. Cela
nous amne penser que ces rformes peuvent tre une source dinscurit juridique pour
les cranciers, si lon tient compte quen labsence dune dfinition unanime dun tat
dinsolvabilit296, le traitement des entreprises en difficult ne souvre pas par lexistence
dun ou plusieurs impays297, mais par une situation de fait tablie de manire comptable et
juridique, et lgalement qualifie de cessation de paiement.
De ce point de vue, on peut se demander si les procdures collectives ne servent pas de
refuge aux dbiteurs, attendu que les chances de recouvrement dans le contexte de ces
procdures sont moins videntes que dans les procdures de droit commun lies limpay,
tant donn que le dbiteur na jamais t aussi protg et avantag par une loi relative aux
entreprises en difficults
222. Certes, les questions qui portent sur la priorit des intrts du dbiteur et ceux du
crancier resteront toujours au centre des discussions en la matire, et seront une
proccupation majeure du lgislateur. Chacun adoptant une position de victime, ce
problme est loin dtre rsolu. Toutefois, on est enclin penser que le droit des
procdures collectives est pass en France dune svrit extrme un laxisme exagr298.
On peut estimer en consquence que cela a contribu ce que davantage de dbiteurs
sabritent derrire la loi travers les procdures collectives, pour peut-tre viter le
294
-A. ZENNER. ED. LARCIER , La philosophie sous-jacente aux nouvelles lois sur linsolvabilit ou la faillite
me
travers le monde , in La prvention de la dfaillance de paiement , Actes du 2 congrs Sanguinetti 1998, J.
Bastin (sous la direction), Larcier, Bruxelles,2000.p.74 et s.
295
-un auteur sest montr critique lencontre de la loi de sauvegarde et estime : quil ne suffit pas
daccumuler des procdures destines sauver les entreprises, il faut aussi, pour viter que la technique ne
stouffe pas dans sa propre complexit, penser la manire dagencer ces procdures par rapport aux
autres ,. A. BRUNET., La loi de sauvegarde des entreprises ou lillustration des dfauts elluliens du
droit , LPA,. 5 juillet 2007, n134, p.43 et S.
296
-la CNUDCI dfinit linsolvabilit comme tant : ltat dun dbiteur qui est gnralement dans lincapacit
dacquitter ses dettes leur chance ou situation dans laquelle son passif excde la valeur de ses actifs .,
Guide lgislatif sur le droit de linsolvabilit ,. 2005, p.6.
297
-la cour de cassation a considr que la caractrisation de linsolvabilit du dbiteur nest pas suffisante pour
tablir ltat de cessation des paiements. Cass. Com., 7 fvrier 2012, n11-11.347, Bull. 2012, IV, n27.
298
- A. ZENNER. ED. LARCIER , La philosophie sous-jacente aux nouvelles lois sur linsolvabilit ou la faillite
me
travers le monde , in La prvention de la dfaillance de paiement , Actes du 2 congrs Sanguinetti 1998,
2000,. P.83 et s.
131
contentieux de limpay de droit commun, qui lui peut a contrario savrer plus fructueux
pour le crancier quune collectivisation de recouvrement dans le cadre dun redressement
ou dune liquidation judiciaire.
Nous allons donc nous focaliser sur cette volution lgislative au profit du dbiteur,
particulirement sur les questions procdurales ayant vraisemblablement concouru la
hausse des procdures collectives, tant au niveau des procdures prventives de ces
rformes (p.1), quau niveau des procdures de traitement (p.2).
299
-elle est vise par larticle L612-3 si lalerte est dclenche par le commissaire aux comptes et L611-2 du code
de commerce si celle-ci est dclenche par le prsident du tribunal
300
-le mandat ad hoc est vis par larticle L611-3 du code de commerce.
301
302
-le tribunal de grande instance est comptent pour louverture des procdures de conciliation lgard des
professionnels libraux.
132
de conciliation. Celle-ci est ouverte par le prsident du tribunal de commerce303 qui dsigne
un conciliateur pour une priode nexcdant pas 4 mois.
Par ailleurs, la question est de savoir si le droit des cranciers, et notamment leur droit de
poursuites individuelles ne sera atteint par louverture de la conciliation ou pendant la
recherche dun accord amiable (1), pareillement lors dune constatation ou lors de
lhomologation dun accord (2).
303
-la dcision douverture dune conciliation est faite par ordonnance, elle est susceptible dappel de la part du
ministre public
304
-au regard de la loi du 25 janvier 1985, la suspension provisoire des poursuites ntait accorde que sil y a un
pril rel pour lentreprise, ou si les cranciers conditionnent cette suspension pour leur participation laccord
amiable. Quant la loi du 10 juin 1994, celle-ci prvoyait la facult dune suspension provisoire des poursuites
si seul le conciliateur a estim que cest ncessaire.
133
227. Nonobstant, labsence darrt des poursuites individuelles et des voies dexcution
pendant la recherche dun accord connait une exception, lorsque, le dbiteur lui-mme
sollicite le prsident du tribunal afin que celui-ci lui accorde des dlais de grce en vertu des
articles 1244-1 1244-3 du code civil. Toutefois, la jurisprudence approuve le fait que seules
les procdures excutoires et actions en justice tendant au paiement de sommes dargent,
engages postrieurement louverture de la procdure de conciliation pourront bnficier
des dispositions de larticle L611-7 du code de commerce305, mais cette dcision nest pas
encore confirme par la cour de cassation. Par ailleurs, lordonnance du 18 dcembre 2008
prvoit quune seule mise en demeure faite par le crancier au dbiteur suffit pour
permettre ce dernier de saisir le prsident du tribunal cet effet306.
Lintrt de cette mesure consistant octroyer des dlais de grce au dbiteur lors de la
recherche dun accord amiable, est une initiative du lgislateur qui a pris au srieux
lhypothse selon laquelle des poursuites exerces par un crancier risquaient de provoquer
lchec du processus de conciliation. Cette mesure est destine pallier les obstacles de
nature compromettre la recherche dune conciliation.
Il convient de souligner quau cours de la procdure de conciliation, les cranciers ne
peuvent pas sanctionner ltat de cessation de paiement de leur dbiteur, et lassigner pour
louverture dune procdure de redressement ou de liquidation judiciaire, tant donn que
le juge ne peut pas tre lgalement saisi ces fins ds lors quune conciliation est en cours.
228.
Quant la situation des garants lors de la recherche de laccord de conciliation,
louverture de la procdure de conciliation nengendre pas deffets leur encontre, et mme
les dlais de grce accords au dbiteur ne leur sont pas profitables, de fait, les cranciers
peuvent librement engager les poursuites qui leur sont reconnues par la loi307
Force est de constater que le droit de poursuites individuelles des cranciers nest pas
atteint par louverture de la procdure de conciliation, ou pendant la recherche dun accord
amiable, mais ceux-ci peuvent se voir imposer des dlais de grce par la juridiction ouvrant
la procdure. La lgislation actuelle a certes supprim cette mesure qui apparaissait
arbitraire pour les cranciers dans le cadre du rglement amiable antrieur. En revanche, ces
dlais eux-mmes semblent constituer un avantage certain pour le dbiteur sils lui sont
octroys, mais, ils peuvent tre utiles pour le conciliateur dans sa dmarche.
305
-CA Pau, 2
me
ch., 1
re
306
-le dbiteur assigne le crancier poursuivant ou layant mis en demeure devant le juge qui a ouvert la
conciliation, la demande du dbiteur est porte la connaissance de la juridiction saisie de la poursuite ou des
mesures excutoires, celle-ci doit sursoir statuer, jusqu la dcision statuant sur les dlais.
307
-O.SALVAT., La situation des garants , Rev. proc. Coll., juin 2006, p.147.
134
a- Laccord constat
230. Pour prserver le caractre confidentiel de laccord, le dbiteur a intrt procder
une constatation de laccord amiable et non son homologation. Pour ce faire, il doit
adresser une requte conjointe des parties au prsident du tribunal qui statue au regard
dune dclaration certifie du dbiteur attestant quil ne se trouvait pas en cessation des
paiements lors de la conclusion de laccord, ou quil y met fin. Le prsident du tribunal
ouvrant la procdure de conciliation constate laccord et lui revt la force excutoire. Cette
dcision qui constate laccord met fin la procdure de conciliation.
En lespce, cette dcision a pour effet dinterrompre ou interdire conformment larticle
L611-10-1 du code de commerce toute action en justice, darrter ou interdire toute
poursuite individuelle tant sur les meubles que sur les immeubles du dbiteur par les
cranciers faisant partie de laccord, en vue dobtenir le paiement des crances qui en font
lobjet. Toutefois, cette mesure ne concernait que les accords homologus avant 2008.
En revanche, les cranciers, ne faisant pas partie de laccord, peuvent engager librement
des poursuites individuelles lencontre du dbiteur, mme si cela risque de compromettre
lexcution de laccord. En pratique rien nempche le crancier, dans ce cas de figure, de
solliciter la juridiction saisie pour bnficier de dlais de grce en invoquant lexcution dun
accord amiable qui rsulte dune procdure de conciliation.
231. Au demeurant, la loi restait silencieuse quant la situation des coobligs, cautions, et
autres garants autonomes lorsque laccord tait seulement constat, elle leur confre
dsormais le droit de se prvaloir des dispositions de laccord constat.
En cas dinexcution des engagements rsultant de laccord constat, les cranciers, y
compris ceux auxquels des dlais de paiement ont t imposs en vertu des dispositions du
code civil, peuvent saisir le prsident du tribunal, qui prononce la rsolution du plan, cet
accord peut tre rsolu de plein droit dans les conditions nonces par larticle L611-12 du
code de commerce309. Mais le dbiteur a la possibilit de prsenter une nouvelle demande
308
309
-il prvoit que : L'ouverture d'une procdure de sauvegarde, de redressement judiciaire ou de liquidation
judiciaire met fin de plein droit l'accord constat ou homologu en application de l'article L. 611-8. En ce cas,
135
b- Laccord homologu
233. Laccord homologu provoque les mmes effets que laccord constat relatif la
suspension et linterdiction des poursuites individuelles par les cranciers faisant partie de
laccord. Pour les crances qui en font lobjet, mais qui sont cette homologation, le
lgislateur exige que le dbiteur remplisse trois conditions sine qua non, savoir :
- le dbiteur ne doit pas tre en cassation des paiements sans quoi laccord va y mettre fin.
-les termes de laccord doivent tre de nature assurer la prennit de lactivit de
lentreprise.
-laccord ne doit pas porter atteinte aux intrts des cranciers signataires, sans prjudice de
lapplication qui peut tre faite des articles 1244-1 1244-3 du code civil.
Il est dans lintrt des cranciers dinsister pour que laccord soit homologu compte tenu
des avantages qui peuvent en dcouler, en loccurrence, le dbiteur est seul habilit saisir
le tribunal aux fins dhomologation de laccord de conciliation. Dsormais, cette
homologation pourrait tre obtenue mme aprs coulement du dlai du mandat de
conciliateur, prorog dun mois, du moment que le tribunal aura t saisi dune demande
dhomologation de laccord avant lexpiration de ce dlai lgal.
En effet, le jugement statuant sur lhomologation doit tre publi eu gard aux effets quil
produit lgard des cranciers, celui-ci est susceptible dappel par le ministre public, et
dune tierce opposition de la part des parties laccord en cas dune contestation relative au
privilge prvu par larticle L 611-11 du code de commerce.
les cranciers recouvrent l'intgralit de leurs crances et srets, dduction faite des sommes perues, sans
prjudice des dispositions prvues l'article L. 611-11.
136
234. Relativement aux effets de laccord homologu lgard des cranciers, tout dabord,
les cranciers non signataires de laccord ne seront aucunement tenus par celui-ci, et le
tribunal ne pourra pas leur imposer des dlais de grce compte tenu de lordonnance de
2008 qui a procd la suppression de cette disposition. Ensuite, les cranciers faisant
partie de laccord, vont sassurer quen cas douverture dune procdure collective
ultrieure, la date de cessation de paiement ne pourra pas tre remonte une date
antrieure au jugement ayant homologu laccord, sauf en cas de fraude311. De la sorte, les
cranciers signataires de laccord nencourront pas le risque des nullits pour la priode
suspecte, en ce qui concerne les actes accomplis antrieurement la recherche de laccord,
et ceux accomplis pendant la recherche dun accord, ce qui donne lhomologation
lautorit de la chose juge312.
Un autre effet que laccord homologu peut entrainer, est celui du privilge de la
conciliation, qui constitue un apport substantiel de la loi de 2005 comparativement au
rgime antrieur du rglement amiable.
Ce privilge a lieu, en cas douverture dune procdure de sauvegarde, de redressement ou
de liquidation judiciaire, et consiste confrer aux personnes ayant consenti dans laccord
homologu un nouvel apport en trsorerie au dbiteur en vue d'assurer la poursuite
d'activit de l'entreprise et sa prennit. Les personnes qui fournissent, dans le mme
accord, un nouveau bien ou service pour la mme finalit sont payes pour le montant de
cet apport, par privilge avant toutes les autres crances, selon le rang prvu au II de l'article
L 622-17 et au II de l'article L 641-13313. Ainsi, ces cranciers bnficient dun rang trs
favorable, et ils ne seront devancs que par les cranciers superprivilgis des salaires, et
par les frais de justice ns rgulirement aprs le jugement douverture pour le droulement
de la procdure.
Il faut prciser que ce privilge est gnral du fait quil porte tout la fois sur les biens
meubles et les biens immeubles du dbiteur. Toutefois, les cranciers bnficiaires du
privilge de la conciliation doivent dclarer leur crance en cas douvertures de procdures
collectives, en indiquant que la crance bnficie de ce privilge, faute de quoi, le crancier
ne pourra pas opposer sa qualit de privilgi.
310
311
312
313
137
235. Il en ressort, que la conciliation sous lempire de la loi actuelle est moins bnfique
pour le dbiteur qui souhaite en tirer des avantages, dans la perspective dviter dtre
poursuivi individuellement par ses cranciers et risquer de se trouver confront un
contentieux de limpay du droit commun. Le lgislateur sest rendu compte des
rpercussions qui pouvaient dcouler dune suspension de poursuites et des mesures
excutoires dans le cadre du rglement amiable sous lancien rgime, et a supprim cette
disposition si controverse. En revanche, il a essay de rendre la procdure de conciliation
avec sa nouvelle appellation plus attractive, il na pas voulu lui accorder un caractre
collectif, en distinguant cette procdure par sa finalit purement prventive, dans le but
dassurer la poursuite d'activit de l'entreprise et sa prennit.
- P-M LE CORRE, Droit et pratique des procdures collectives, d.5, Dalloz Action. 2010-2011. p.340
315
-larticle L620-1 du code de commerce prvoit ; Il est institu une procdure de sauvegarde ouverte sur
demande d'un dbiteur mentionn l'article L. 620-2 qui, sans tre en cessation des paiements, justifie de
difficults qu'il n'est pas en mesure de surmonter. Cette procdure est destine faciliter la rorganisation de
l'entreprise afin de permettre la poursuite de l'activit conomique, le maintien de l'emploi et l'apurement du
passif .
138
Par ailleurs, les conditions douverture doivent tre apprcies au jour o il a t procd
louverture de la procdure de sauvegarde316.
316
-Cass. Com., 26 juin 2007, n06-17.821, Bull. 2007, IV, n176 ; A. LIENHARD, premires dcisions de la cour
de cassation sur la procdure de sauvegarde , D., juillet 2007, p. 1864 ; M-L. BELAVAL, I. ORSINI ET R.
SALOMON, Chronique de jurisprudence de la cour de cassation chambre commerciale , D., novembre2007,
p.2764.
317
139
En effet, le jugement douverture emporte de plein droit interdiction de payer toute crance
ne antrieurement au jugement d'ouverture318. Il sagit dune disposition qui soutient le
caractre collectif de cette procdure, et par laquelle le lgislateur a souhait assurer le
principe dgalit entre les cranciers. Peu importe le privilge de la crance, quelle soit
chirographaire, privilgie, assortie ou non dune suret, elles subissent le mme sort.
Mme lorigine de la crance nentre pas en ligne de compte, quelle soit dordre
contractuel, dlictuel, lgal ou judiciaire, chue ou choir. Le critre de l'interdiction
repose uniquement sur la date de naissance de la crance, car, toutes les crances nes
antrieurement au jugement douverture sont frappes par cette interdiction. Seule la date
du fait gnrateur doit tre prise en compte, et non pas celle dexigibilit de la crance, Une
crance ne avant le jugement douverture, mais exigible aprs l'ouverture de la procdure
est vise par cette interdiction.
Cependant, lacte ou le paiement qui viole les dispositions de larticle prcdent peut tre
annul la demande de tout intress, ou du ministre public, dans un dlai de 3 ans
compter de la conclusion de lacte ou du paiement de la crance, quant aux actes soumis
publicit, le dlai commence courir partir de la date de publicit.
Il convient de prciser que larticle prcise que le crancier titulaire dun gage sans
dpossession prvu par larticle 2286 du code civil, ne peut opposer son droit de rtention
pendant la priode dobservation, moins que le bien objet de gage soit compris dans une
cession dactivit.
239.
Par ailleurs, le lgislateur sest montr encore plus rude lorsquil a prvu une
interdiction de payer des crances nes postrieurement au jugement douverture qui ne
sont pas rellement utiles la continuation de lactivit, on parle alors des crances
postrieures au jugement douverture non ligibles au traitement prfrentiel.
Toutefois, pour que la crance subisse un traitement prfrentiel, celle-ci doit tre ne pour
les besoins du droulement de la procdure et de la poursuite de lactivit. Ds lors, elle doit
tre paye lchance et par privilge319.
Il faut prciser que le principe dinterdiction de payer des crances antrieures connait des
exceptions au regard des dispositions issues de la loi de sauvegarde, lorsque le jugecommissaire permet au dbiteur de payer des crances antrieures au jugement
douverture pour retirer un gage ou une chose lgitimement retenue, ou pour obtenir le
retour des biens transfrs titre de garantie dans un patrimoine fiduciaire 320, ds lors que
318
-larticle L622-7 prvoit : Le jugement ouvrant la procdure emporte, de plein droit, interdiction de payer
toute crance ne antrieurement au jugement d'ouverture. .
319
320
-supra 477 et s.
140
ce retrait ou retour est justifi par la poursuite de lactivit. De mme pour lever loption
dachat dun contrat de crdit-bail, lorsque cette leve justifie la poursuite de lactivit, et
condition que le paiement ne soit pas suprieur la valeur vnale du bien objet du contrat.
2- Larrt des poursuites individuelles
141
crancier qui sappliquent de plein droit aprs le jugement douverture, sans que ces
mesures soient lies au caractre conomique ou financier des difficults, mais il a mis en
perspective lventualit des difficults pouvant conduire le dbiteur une cessation des
paiements, afin dassurer le pragmatisme requis322.
322
-J-F. BARBIERI, Le choix des techniques de traitement des difficults des entreprises- Rflexions
liminaires , Rev. proc. Coll., 2005, n 9, p.346 et s
323
-A. RENARD, La situation des cranciers dispensateurs de crdit au lendemain de la loi de sauvegarde des
entreprises , mmoire soutenu luniversit de Lille II, facult des sciences juridiques, politiques et sociales,.
2006/2007 et 2007/2008. p.95 et s.
324
-elle est passe de 516 demandes douverture dune procdure de sauvegarde 1787 en 2009 et puis 1567
en 2010. Annuaire statistique de la justice, d. 2011-2012.
142
A vrai dire, le lgislateur sest efforc de mettre en place des textes plus cohrents
permettant de diffrencier chaque procdure de lautre, en veillant ce que chacune delles
soit utile dans une situation donne.
A ce propos, comme en matire prventive, le champ dapplication des procdures visant le
traitement des entreprises en difficult sest tendu aux professions indpendantes et
librales soumises un statut lgislatif ou rglementaire, ou dont le titre est protg.
243. Cependant, ltat de cessation des paiements demeure comme sous lempire de la
loi de 1985 la condition principale de louverture dune procdure de redressement et de
liquidation judiciaires. Mais le lgislateur a apport une modification qui concerne la notion
mme de celle-ci. En optant en faveur de la reprise de la jurisprudence antrieure325, il a
procd en loccurrence linclusion des rserves de crdit sur lactif prendre en compte,
et limputation des dettes, pour lesquelles le dbiteur a obtenu un moratoire de la part des
cranciers du passif exigible.
On tentera par ailleurs de mettre en avant les rpercussions des nouveaux apports de la
lgislation rcente sur, la fois le dnouement de la procdure de redressement judiciaire
(A), et de la liquidation judiciaire (B), en vue de constater si la place du droit du crancier li
sa crance est affecte ou non par louverture de ces procdures.
-Cass. Com., 18 mars 2008, n06-20.510, Bull. 2008, IV, n64 ; Cass., Com. 16 dcembre 2008, n07-16.178;
V., P. SAGNOLI, Entreprises en difficult, Rp. com. Dalloz, (Procdure et organes), mars 2010, n 415,
326
-M. GUILLAUME, audition devant la commission des lois, in Rapport assemble nationale, n2094, 11 fvrier
2005.
143
245. En ce qui concerne louverture de celle-ci, les conditions nont pas t modifies par la
loi de sauvegarde, elle souvre lgard de tout dbiteur ligible par larticle L631-2 du code
de commerce, se trouvant dans limpossibilit de faire face au passif exigible avec son actif
disponible et qui se trouve en cessation de paiements327.Louverture de la procdure donne
lieu une priode dobservation qui provoque des effets lgard des cranciers (1).
A lissue de cette priode dobservation, le tribunal peut arrter un plan de continuation sil
estime quil ya de vritables perspectives pour redresser lentreprise, et que celle-ci ralise
les rsultats esprs, savoir la poursuite de son activit, le maintien de lemploi, et
lapurement du passif. Ce plan lui-mme produit des effets vis--vis des cranciers (2).
327
328
-A dfaut de dtermination de cette date, larticle L631-8 prvoit que la cessation des paiements est rpute
tre intervenue la date du jugement douverture de la procdure, elle peut tre toutefois reporte une ou
plusieurs fois, sans quelle soit antrieure de plus de dix-huit mois la date du jugement douverture de la
procdure, hors en cas de fraude.
144
248.
Quant aux poursuites individuelles, elles sont frappes dinterdiction pour toute
action en justice de la part de tous les cranciers dont la crance est antrieure au jugement
douverture, ou pour les crances postrieures non ligibles au traitement prfrentiel
visant la condamnation du dbiteur au paiement d'une somme d'argent ou la rsolution
d'un contrat pour dfaut de paiement dune somme d'argent. Le dbiteur sera ainsi protg
de toute procdure d'excution de la part de ses cranciers, tant sur les meubles que sur les
immeubles, ainsi que de toute procdure de distribution n'ayant pas produit un effet
attributif avant le jugement d'ouverture de la procdure de redressement.
Cependant, contrairement la sauvegarde, les personnes physiques, coobligs ou ayant
consentis une suret personnelle ou ayant affect ou cd un bien en garantie ne
bnficient pas de larrt du cours des intrts lors de cette phase de la procdure. Le
lgislateur a voulu, travers cette restriction lgard de ces personnes, privilgier la
procdure de sauvegarde et amliorer son attractivit.
249.
Par voie de consquence, le dbiteur se trouve aussi bien en sauvegarde quen
redressement protg la fois contre les poursuites individuelles de ses cranciers, ainsi que
les mesures excutoires engages son encontre.
Il convient de souligner que le lgislateur a procd trs rcemment la mise en place dune
disposition329 issue de la loi n2012-346 du 12 mars, qui permet au prsident du tribunal
dordonner toute mesure conservatoire utile lgard des biens du dirigeant de droit ou de
fait, lencontre duquel une action en responsabilit a t introduite, fonde sur une faute
ayant conduit la cessation des paiements du dbiteur, soit par ladministrateur soit par le
mandataire judiciaire.
b- Les nouveaux effets de la non-dclaration de la crance
250.
Bien que la dclaration des crances suscite des dbats relativement sa
qualification juridique 330 : elle est en effet regarde tantt comme une demande en
329
330
-P-M LE CORRE, Dclaration, vrification, admission des crances et procdure civile , LPA,. 28 novembre
2008, n239., p. 79 et s.
145
justice 331 , tantt comme un acte conservatoire 332 . Cet acte juridique constitue une
manifestation par laquelle le crancier peut faire valoir son droit dans le cadre de la
procdure collective.
A ce propos, sont tenus de dclarer leur crance tous les cranciers antrieurs au jugement
douverture et postrieurs celui-ci non ligibles de traitement prfrentiel, dans les deux
mois compter de la publication du jugement333.
Dans ce mme dlai, sont galement tenus de dclarer leurs crances, les cranciers
titulaires dune suret publies ou lis au dbiteur par un contrat publi aprs avoir t
avertis personnellement par le mandataire judiciaire. Ce dlai commence courir compter
de la notification de lavertissement. Lensemble de ces dclarations doit porter sur le
montant de la crance due au jour du jugement douverture avec indication des sommes
choir ainsi que la date de leur chance, sans ngliger de prciser la nature du privilge ou
de la suret assortie la crance.
251. Nanmoins, la problmatique se pose lors de la non-dclaration de la crance dans les
dlais, en labsence dune action en relev de forclusion, mme si le crancier a obtenu un
titre excutoire pralablement au jugement douverture. En effet, le rgime de la lgislation
prcdente sest montr svre lgard de ces crances non dclares, car elles taient
frappes dextinction du moment quelles ntaient pas dclares dans les dlais, et
quaucune action en relev de forclusion ntait engage dans le dlai lgal, cette extinction
avait un effet dfinitif et irrvocable.334. Il sagit dune disposition qui violait lvidence
larticle 5 du rglement CE du 29 mai 2000335, selon lequel les droits rels dun individu ne
peuvent aucunement tre affects par louverture dune procdure dinsolvabilit.
Cest sous lempire de la loi de sauvegarde des entreprises que le principe dextinction a t
supprim. La loi attnue par ailleurs cette sanction lencontre de ces crances, en
soulignant que les cranciers nayant pas dclar leur crance, et nayant pas procd une
action en relev de forclusion, ne sont pas admis dans les rpartitions et les dividendes336,
331
-Cass. Com., 14 dcembre 1993, n93-10.696, Bull. 1993, IV, n471, p.343, Y. CHARTIER, La validit de la
dclaration de crance par le directeur gnral dune socit anonyme ou son dlgataire , Rev. Socits,avril
1994, p.100.
332
-Cass. Civ. 3
me
333
-ce dlai est prorog de deux mois pour les cranciers ne demeurant pas sur le territoire Franais.
334
-Cass. Com, 21 juin 2005, n 04-13.892, bulletin 2005, IV, n132,. p.141 ; A. MARTIN-SERF, Dclaration et
vrification des crances. Forclusion et relev de forclusion : conditions et consquences , RTD. Com.,mars
2006, p.201.
335
336
146
En lespce, le crancier peut reprendre son droit de poursuite individuelle aprs clture du
plan de redressement, sans aucune rserve quant la prescription qui peut frapper sa
crance, du fait que seules les crances dclares bnficient dun effet interruptif de la
prescription li cette dclaration, car rien nempche le crancier de se prvaloir des
dispositions de larticle L 622-26 du Code de commerce qui prvoit, dans le cadre de la
procdure de sauvegarde, une inopposabilit de la crance non dclare dont les effets sont
prolongs aprs complte excution du plan de sauvegarde. Cet article tant applicable en
matire de redressement judiciaire au regard de larticle L631-14. La doctrine conforte
galement cette position338.
Le crancier peut reprendre galement ses poursuites individuelles si le plan de
redressement nest pas correctement excut par le dbiteur, le tribunal prononce ds lors
la rsolution, Si cette rsolution intervient alors que le dbiteur nest pas en tat de
cessation des paiements, le crancier va pouvoir reprendre ses poursuites individuelles. Si
une procdure collective est de nouveau ouverte pour une nouvelle cessation des
paiements, le crancier pourra valablement dclarer sa crance lors de cette deuxime
procdure.
La loi prcise au demeurant, que les cranciers peuvent se prvaloir de ce qui ne leur est pas
imputable, et qui rsulte dune omission volontaire du dbiteur lors de ltablissement de la
liste de crances pour relever la forclusion en cas de non dclaration de leur crance339.
252. En ce qui concerne le garant, linopposabilit de la crance non dclare affecte la
caution, dans la mesure o la sanction relative lexclusion du crancier des rpartitions et
dividendes ne constitue pas une exception inhrente la dette, susceptible dtre oppose
par la caution, afin de se soustraire son engagement340, en revanche, cette sanction ne
porte pas atteinte son droit de subrogation341.
En loccurrence, cette disposition vient pour secourir le crancier qui voyait sa crance
teinte du fait quelle nest pas dclare dans le passif du dbiteur et de ne pas engager
337
-Cass. Com., 3 mai 2011, n10-16.758., bulletin 2011, n VI, n66 ; A. MARTIN-SERF, Dclaration et
vrification des crances. La compensation suppose une dclaration , RTD. Com.,novembre 2011, p.635
338
- P-M LE CORRE,. Droit et pratique des procdures collectives, Dalloz Action. 2010-2011. p.1671
339
340
-Cass. Com., 12 juillet 2011, n09-71.113, Bull. 2011, IV, n118 ; P. CROCQ, droit des srets , R., avril
2011-avril 2012, p.1573.
341
- B. BRIGNON, Sort des crances non dclares et cautionnement solidaire , Rev. Proc. Coll., septembreoctobre 2011, d.5, p.18 et s.
147
dans les dlais une action en relev de forclusion. Il sagit dune disposition protectrice qui
vient renforcer le droit du crancier et mettre fin cette mesure si controverse.
2- La situation des cranciers lors de larrt du plan de redressement
-sont vises par larticle L631-19 du code de commerce : llaboration du plan : L626-1 L626-5, et les
conditions darrt du plan : L626-6 L626-25, ainsi que les prrogatives des comits de cranciers : L626-26
L626-32.
343
344
-lordonnance dadmission au passif ou la dcision arrtant ne constitue pas selon la jurisprudence un titre
excutoire. CA Grenoble, ch. Urg., 19 novembre 1991, revue des procdures collectives, 1993, 83, n11.
148
345
- P-M LE CORRE,. Droit et pratique des procdures collectives, Dalloz Action. 2010-2011. p.1024.
346
-le lgislateur Franais a mis en place travers lordonnance de 2008, une procdure de liquidation
simplifie destine aux dbiteurs ne possdant pas un bien immobilier, elle sapplique galement aux trs
petites entreprises. Le but de cette procdure tant de rduire la dure de la liquidation, estime trop longue,
douze mois.
347
348
149
256. Relativement aux effets que produit cette procdure lgard des cranciers, ils sont
identiques ceux produits par louverture dune procdure de redressement,
particulirement en ce qui concerne linterdiction du paiement des crances antrieures et
larrt des poursuites individuelles et des voies dexcution ainsi que larrt du cours des
intrts.
Dans la mme optique, nous nous intresserons aux effets de la liquidation judiciaire par
extinction du passif (1), puis on sarrtera sur les effets de la liquidation judiciaire pour
insuffisance dactif (2).
350
- J. VALLANSON, Clture pour insuffisance dactif , JCL. Com., d.2008, n21, fasc. 2770, Redressement et
liquidation judiciaires.
150
Si le dbiteur est une personne morale, dans ce cas le code civil pose comme rgle la
dissolution de la socit uniquement par l'effet d'un jugement ordonnant la liquidation
judiciaire351. Cette dissolution intervient au jour mme de louverture de la liquidation
judiciaire, mais, on doit alors se demander si la dissolution de la socit produit la perte de
sa personnalit morale.
352
- . La personnalit morale de la socit subsiste pour les besoins de la liquidation jusqu' la publication de
la clture de celle-ci.
353
-Cass. Com, 12 avril 1983, n81-14.055 ; Cass. Com, 2 mai 1985, n83-17.409, Bull. 1985, IV, n139, p.120.
151
260. Toutefois, la condition dinsuffisance dactif pour clturer la procdure nous incite
nous interroger sur leur droit de poursuite postrieure la clture de la procdure de
liquidation judiciaire afin de rgler les cranciers qui nont pas t pays ou qui nont t
que partiellement dsintresss.
En effet, la loi du 13 juillet 1967 nonait le principe dinterdiction de reprise des poursuites
par les cranciers aprs la clture de la procdure de liquidation pour insuffisance dactif,
cette interdiction vise galement les cranciers privilgis354.
354
-Cass. Com. 16 novembre 2010, n09-71.160, Bull. 2010, IV, IV, n174 ; N. TAGLIARINO-VIGNAL, Entreprises
en difficults , Rp. Dr. Civ. Dalloz, septembre 2011, n112.
355
- J.P REMERY, Reprise des poursuites individuelles et application dans le temps , D.P.D.E., Bulletin n319,
octobre 2010, p.1 et s.
152
Par ailleurs, la caution ou le cooblig qui a pay au lieu et place du dbiteur peut le
poursuivre.
Quant aux mcanismes procduraux de la reprise des poursuites individuelles, les crances
nayant pas t admises la procdure doivent obtenir pralablement un titre excutoire
cet effet, moins quils en disposent dj, toutefois, les crances qui nont pas t vrifies
et dont les cranciers recouvrent lexercice individuel de leurs actions, doivent faire appel
aux dispositions du droit commun.
261. Il appert de lanalyse du nouveau rgime des procdures collectives, tant du domaine
prventif que de celui du traitement des entreprises en difficult, que le lgislateur a
continu rompre avec la logique classique du droit de la faillite qui consiste privilgier le
paiement des cranciers en priorit. Certes le lgislateur sest efforc de concilier les
rapports entre les cranciers et dbiteurs, sans quune loi soit aux dpens dune partie ou
dune autre. Mais on peut estimer que les alas du dispositif sont une ralit, attendu quun
avantage ne peut pas tre procur une partie sans quil soit au dtriment de lautre.
En effet, le lgislateur na pas hsit assouplir les conditions douverture des procdures
collectives, la cessation des paiements nest plus un critre qui caractrise une procdure
collective, le champ dapplication de celles-ci a t tendu dautres personnes qui
bnficient dsormais des procdures collectives. Toutefois, on peut se demander si le
lgislateur est parvenu, travers la succession des lois, concilier les intrts sociaux et
conomiques. Mais lesquels priment?
A notre sens, lvolution des lois sur la faillite constitue le principal facteur dattractivit
ayant concouru la hausse des procdures collectives et leur banalisation dans
un environnement conomique o la justice sociale peut parfois prdominer pour rpondre
une politique donne.
153
Partant de ce constat, il nous est difficile de ngliger la corrlation entre cette volution
lgislative comme facteur de hausse des procdures collectives, et la baisse du contentieux
de limpay du droit commun.
Section 2 : Ltendue
procdures collectives
262. De la mme manire que les procdures de surendettement des particuliers, la baisse
du contentieux de limpay peut tre analyse au regard de la hausse des procdures
collectives durant ces deux dernires dcennies.
En effet, le contentieux de limpay dans le cadre des procdures collectives ne peut tre
rapproch quaux demandes lies limpay formules devant les juridictions commerciales,
puisque limpay en matire des procdures collectives rsulte uniquement des dbiteurs
ayant la qualit dentreprise.
Comme on vient de lcrire, la hausse remarquable des demandes douverture de procdure
collective est vraisemblablement le rsultat dune volution incitant davantage les
entreprises dbitrices y recourir, et qui de ce fait a banalis louverture de ce type de
procdure. Nonobstant, cette hausse ne pouvait pas tre sans incidence sur les demandes
lies limpay formules devant les juridictions commerciales, qui ont connu une baisse
alors mme que les procdures collectives croissaient. Est-ce vraiment un hasard ? Ou sagitil dune absorption du contentieux de limpay commercial par dautres procdures de
nature contentieuses telles que les procdures collectives ?
263.
En tout tat de cause, la baisse des demandes relatives limpay devant les
juridictions commerciales ainsi que la hausse des procdures collectives au cours de ces
deux dernires dcennies est un constat rel, tir des chiffres manant de donnes
judiciaires, mais on ne peut bien sr affirmer que
ces seuls chiffres prouvent ce
basculement. On a toutefois tendance dire que la relation de cause effet entre ces deux
phnomnes peut au moins tre explore dun point de vue juridique. Lobjectif tant de
savoir si cest lexpansion des procdures collectives qui a entrain la baisse des demandes
de limpay devant les juridictions commerciales.
En premier lieu, nous nous efforcerons dtablir la corrlation entre la hausse des demandes
douverture de procdures collectives, et la baisse des demandes lies limpay devant les
juridictions commerciales afin de dterminer si lon est devant un basculement des
procdures du contentieux de limpay (p.1). On sarrtera alors sur les fondements
juridiques du basculement du contentieux de limpay commercial vers les procdures
collectives (p.2).
154
difficults quil nest pas en mesure de surmonter, quelles soient financires, ou dautre
nature. Il sagit donc dune procdure qui peut procurer des avantages certains aux
dbiteurs et pouvant constituer une relle chappatoire ceux qui rencontrent des
difficults insurmontables.
268. Par ailleurs, la rcence de la procdure de sauvegarde nous conduit nanalyser les
procdures de sauvegarde que depuis 2006, date de son entre en vigueur. En effet, en
2006, les tribunaux de grande instance, comptents pour ouvrir une procdure de
sauvegarde au profit des professionnels libraux, ainsi que les tribunaux de commerce, ont
enregistr seulement 516 demandes douverture dune procdure de sauvegarde ! Ce
nombre drisoire sexplique indubitablement par la mconnaissance des dbiteurs dune
procdure nouvellement cre. Cette anne, ces juridictions ont rendu 350 jugements
douverture de procdure de sauvegarde356, en revanche, ces tribunaux nont prononc que
10 plans de sauvegarde au cours de cette premire anne dapplication de cette nouvelle loi.
Lanne suivante, le nombre de demandes douverture de cette procdure a maigrement
augment slevant 593 demandes douverture, dont 390 ont fait lobjet dun jugement
ouvrant la procdure de sauvegarde, et finalement 154 plans de sauvegarde ont t
prononcs en 2007357.
En 2008, les demandes douverture de procdures de sauvegarde ont continu augmenter
lgrement relativement aux annes prcdentes, pour atteindre 890 demandes
douverture, dont 644 ont t retenues.
Ce nest quen 2009, lanne dentre en vigueur de lordonnance de 2008358 que le nombre
de demandes douverture de procdures de sauvegarde a augment remarquablement, il a
quasiment doubl comparativement 2008, atteignant 1787 demandes, dont 1281 ont fait
lobjet dun jugement douverture de la procdure de sauvegarde, et 227 plans de
sauvegarde ont finalement t prononcs. Toutefois, un nombre assez important de
procdures de sauvegarde, aprs leur ouverture, ont t converties en liquidation
judiciaire359
269. Subsquemment, cela peut corroborer la thse selon laquelle lvolution lgislative a
concouru la hausse des procdures collectives, et notamment en matire de sauvegarde, si
lon tient compte de lassouplissement des conditions douverture de la procdure de
356
357
358
359
-251 Liquidations judiciaires ont t prononces aprs conversion d'une ouverture de sauvegarde. Annuaire
statistique de la statistique, d. 2009-2010. p. 91.
156
sauvegarde travers lordonnance de 2008 qui a rendu les conditions du bnfice de celle-ci
encore plus flexibles en faveur des personnes ligibles.
Lanne 2010 a t marque par une lgre baisse des demandes douverture de procdure
de sauvegarde : les tribunaux ont enregistr 1567 demandes, avec un total de 1156
ouvertures de procdures de sauvegarde. Cependant, cette anne a connu le plus grand
nombre de plans de sauvegarde prononc, qui sest lev 541 plans de sauvegarde, de
mme pour les conversions dune ouverture de sauvegarde en liquidation judiciaire qui ont
atteint 380 conversions durant 2010.
361
-selon la mme source, 1753 plans prononcs ont t prononcs en faveur des SARL.
157
271. A propos des procdures de liquidation judiciaire, celles-ci ont t caractrises par la
plus grande hausse que les procdures collectives ont connue durant cette dernire
dcennie. De prime abord, les demandes relatives louverture dune procdure de
liquidation judiciaire ont connu une hausse spectaculaire. En 2002, les juridictions
comptentes ont enregistr 2630 demandes douverture de procdure de liquidation
judiciaire, contre 5470 en 2005. Cependant, lentre en vigueur de la loi de sauvegarde na
pas t sans consquences sur les demandes douverture des procdures de liquidation
judiciaire, tant donn que le nombre de celles-ci a quasiment quadrupl entre 2005 et
2006, anne de lentre en vigueur de la loi de sauvegarde, atteignant quelques 20 897
demandes douverture de liquidation judiciaire, puis elles ont connu une hausse constante,
pour parvenir 38 919 demandes en 2009362.
272. Corollairement, la hausse des procdures collectives est imputable en grande partie
la rforme substantielle qua connue le droit des entreprises en difficults en 2005, une
volution lgislative qui a inluctablement concouru la hausse des procdures collectives,
et particulirement celle des demandes douverture et procdure de liquidation.
Pareillement, le nombre de liquidations judiciaires prononc a t caractris par cette
tendance haussire. En fait, les liquidations prononces comprennent des liquidations
judiciaires immdiates, des liquidations judiciaires aprs priode dobservation, des
liquidations aprs conversion d'une ouverture de redressement, et des liquidations aprs
conversion d'une ouverture de sauvegarde, postrieurement lentre en vigueur de la loi
de sauvegarde. Celles-ci sont passes de 38 196 liquidations prononces en 2000, 51 098
en 2009, puis 49 981 en 2010. Cette augmentation remarquable du nombre de liquidations
prononces sexplique vraisemblablement par lvolution lgislative en la matire. On peut
constater dailleurs que plus de 70% des dcisions relatives aux procdures collectives sont
des liquidations judiciaires. Une proportion entre le nombre des dcisions relatives aux
procdures collectives, et le nombre de liquidations judiciaires prononc qui sest lev
son tour aprs lentre en vigueur de la loi de sauvegarde, pour atteindre plus de 74% de
liquidations prononces sur lensemble des dcisions relatives aux procdures collectives.
Il appert, que le nombre de procdures collectives en France a connu ses plus grandes
hausses depuis la promulgation de la premire loi de faillite. Certes le contexte a chang,
avec les mutations conomiques et sociales qui se sont opres au fil du temps, toutefois,
cette hausse ne peut pas sexpliquer uniquement par lvolution lgislative, la crise
conomique mondiale est un facteur dexplication supplmentaire.
362
158
Inversement au nombre des procdures collectives qui sest vu augmenter cette dernire
dcennie, le nombre des affaires lies limpay et rgles par les tribunaux de commerce a
baiss significativement durant ces dix dernires annes.
274. En effet, les tribunaux de commerce ont rgl en France quelques 108765 affaires
relatives limpay en 2000, dont 84 685 au fond et 24 080 en rfr363, ces affaires relvent
majoritairement des contrats de vente et des prestations de service. Les annes suivantes
taient caractrises par une tendance flottante entre de trs lgres hausses et de trs
lgres baisses, jusqu 2006, anne marque par une baisse considrable des affaires lies
limpay traites par les juridictions commerciales364. Il convient de rappeler que cest
cette mme anne quune vritable explosion en matire de demandes douverture dune
liquidation judiciaire a eu lieu, aprs lentre en vigueur de la loi de sauvegarde.
Cette baisse a continu les annes suivantes de manire importante et rgulire, lanne
2007, les tribunaux commerciaux ont trait 85 613 affaires relatives limpay, contre
seulement 83 321 affaires en 2008 et 82 157 en 2010365. Par voie de consquence, la baisse
des affaires relatives limpay traites par les tribunaux a dpass 32% entre 2000, et
2010, une baisse assez consquente qui ne peut pas tre le seul rsultat dune circonstance
hasardeuse, ou de circonstances dordre accidentel.
Cependant, on peut remarquer que le nombre des procdures diligentes en rfrs a
augment comparativement lanne 2000, ainsi, en 2010, le nombre des procdures en
rfrs reprsentait plus de 27% de lensemble des affaires lies limpay traites par les
tribunaux de commerce, contre un peu plus de 20% en 2000. Cette voie a t privilgie par
les justiciables qui souhaitent contraindre leur dbiteur sacquitter le plus rapidement
possible de leur dette.
363
364
-les affaires lies limpay traites par les tribunaux commerciaux ont baiss 94 553 affaires en 2006,
aprs quelles taient 103 642 affaires traites en 2005. Annuaire statistique de la statistique. Edition 20092010. p.95.
365
159
275. La baisse des affaires relevant du contentieux de limpay traites par les tribunaux
commerciaux, ne pouvait aucunement rsulter dun dysfonctionnement de linstitution
judiciaire li une lenteur par exemple, ou un quelconque lment entravant le bon
fonctionnement de lappareil judiciaire. Bien au contraire, la baisse a t rgulire et ne peut
pas sexpliquer ainsi, dautant plus que le temps judiciaire est plus rapide dans les tribunaux
de commerce, et il ne cesse de scourter
Cette baisse remarquable, est le rsultat dune ventuelle drivation de ce type de
contentieux vers un autre type de contentieux, pouvant tre trait diffremment devant le
mme tribunal.
160
277. Aujourdhui, si les cranciers privilgient dengager des poursuites individuelles contre
leur dbiteur, ces poursuites peuvent se voir bloques lorsquune procdure collective est
ouverte lgard du dbiteur. Par ailleurs, les cranciers sont de plus en plus perplexes
quant leurs possibles recours en justice paralllement aux procdures collectives, tant
donn que leur pouvoir de contraindre peut tre restreint dans le cadre des procdures
collectives.
En effet, on suppose que le nombre dactions en justice engages par les cranciers pour
contraindre leur dbiteur sexcuter devant les tribunaux de commerce, aurait tait
suprieur celui enregistr actuellement, si aucune procdure collective ntait ouverte
lgard du dbiteur. Le seul fait de louverture dune procdure collective au profit du
dbiteur peut amener le crancier renoncer son action individuelle devant le tribunal de
commerce. Cest donc en dsespoir de cause quil attend son sort dans la procdure
collective, tout en sachant que les alas de celle-ci peuvent constituer un frein son
paiement, et notamment lors dune clture de procdure pour insuffisance dactif, sans que
le crancier soit amen reprendre ses poursuites individuelles conformment aux
dispositions en vigueur, sans ngliger que les dcisions prononant la liquidation judicaire
atteignent 74% de lensemble des dcisions relatives aux procdures collectives qui sont
constitues en grande partie de liquidation immdiates367.
Au demeurant, on conoit mal que le crancier prfre assigner son dbiteur en procdure
collective, comme la loi le prvoit, que de diligenter une action individuelle pour obtenir le
paiement de sa crance, eu gard aux avantages dont un dbiteur peut profiter au cours
dune procdure collective, notamment la collectivisation du recouvrement dans le cadre
des procdures collectives, qui peut se faire au dsavantage du crancier, et qui peut
conduire sa crance figurer dans un rang moins privilgi que dautres crances, alors que
laction individuelle, comme lindique son appellation, lui permet, lui seul, de recouvrer sa
crance.
366
- La prise en charge de limpay contractuel en matire civile et commerciale , CEDCACE et CRIJE, janvier
2010, sous la direction de B.THULIER, L.SINOPOLI et F.LEPLAT, p.99 et s.
367
-par exemple en 2010, 49 981 liquidations judiciaires a t prononces, dont 38 289 sont immdiates, ce qui
reprsente 56% de lensemble des dcisions rendues en matire des procdures collectives, et 76% de
lensemble de liquidations prononces.
161
278.
Certes, on ignore le nombre des cranciers qui assignent leur dbiteur pour
louverture dune procdure collective, mais ces assignations peuvent concourir aussi la
diminution du contentieux de limpay devant les tribunaux de commerce.
On peut dduire, que la baisse du contentieux de limpay devant les tribunaux de
commerce nest pas une simple concidence, ou une circonstance accidentelle. Outre les
techniques nouvelles de recouvrement ayant contribu vraisemblablement cette baisse368,
celle-ci rsulte galement dune relle drivation de tendance. En effet, lassouplissement
des procdures collectives au profit du dbiteur, et notamment ses conditions douverture,
constitue un refuge derrire linstitution judiciaire pour le dbiteur, et une dmarche
salvatrice pour celui-ci. La hausse faramineuse de ces procdures aprs la mise en place des
lois y affrant peut en tmoigner. De ce fait, lencouragement du lgislateur pour que le
dbiteur recoure aux procdures collectives en vue de remdier ses difficults est une
dmarche constructive, mais qui stablit bien au dtriment du crancier dont le pouvoir
dagir individuellement en justice lors des procdures collectives est trs encadr.
279.
Consquemment, lanticipation du dbiteur pour louverture dune procdure
collective peut conduire le crancier sabstenir dengager une action devant le tribunal de
commerce. Dailleurs, la procdure collective peut constituer un moyen de pression pour le
dbiteur afin dobtenir un nouvel chancier et de dissuader le crancier dagir en justice,
compte tenu des effets suspensifs de louverture de la procdure lgard des actions
individuelles tendant au paiement dune somme dargent.
Subsquemment, le recours la procdure collective ne rpond pas convenablement aux
vraies attentes du lgislateur, si par exemple on tient compte du nombre de demandes ou
de dcisions douverture dune procdure de sauvegarde et des plans de sauvegarde
adopts qui sont trs disproportionns369, ce qui peut expliquer par le fait que le recours
naboutit pas forcment un plan, donc, le dbiteur ne recourt pas uniquement la
procdure de sauvegarde pour sauver son entreprise ou anticiper ses difficults, mais
galement pour les avantages que procure cette procdure, eux aussi incitatifs.
Ainsi, ce renversement de tendance constitue plus forte raison une absorption des affaires
relatives limpay, traites par les tribunaux de commerce, par des procdures collectives
avec leur nouvelle dimension, et une autre ampleur. Ce qui peut tre expliqu par un
basculement du contentieux de limpay devant les tribunaux commerciaux vers des
procdures collectives. Et comme en ce qui concerne le rapprochement avec les procdures
de surendettement, on estime que cest une thse trs plausible, difficilement rfutable,
368
369
-en 2009, 227 plans de sauvegarde ont t adopts sur 1281 dcision ouvrant une procdure de sauvegarde,
ce qui reprsente uniquement 17%.
162
mme si elle manque dlments juridiques venant conforter les lments statistiques et
chiffrs dvelopps prcdemment.
280.
Mme si le basculement du contentieux de limpay devant les tribunaux de
commerce vers les procdures collectives est un constat rel, il est assez dlicat den
dterminer les vritables causes, toutefois, on peut penser que cette forte drivation ne
peut pas tre le fruit du hasard. Cette nouvelle vocation du contentieux de limpay peut
trouver ses sources dans la conduite la fois du dbiteur, et du crancier.
En effet, le dbiteur en difficult, trouve dans les procdures collectives un moyen de
protection lgale pour viter dventuelles difficults judiciaires occasionnes par ses
cranciers. Le lgislateur sest efforc dapporter tout prix une solution aux entreprises en
difficult, mettant en place des mesures protectrices et salvatrices au profit de lentreprise
en difficults, toujours pour rpondre une philosophie dont lapproche sociale peut parfois
primer sur la seule logique conomique.
281. Lintervention lgislative en la matire constitue bel et bien lun des facteurs ayant
contribu au changement du comportement du crancier et du dbiteur respectivement. Le
dispositif actuellement mis en place prte main-forte toute entreprise en difficult. Ce
dispositif sest fix comme objectif majeur, la prservation de lemploi et de lentreprise, et
lapurement du passif en dernier lieu.
Cependant, la finalit attendue du lgislateur de cette succession de lois, peut tre
diffrente de celle attendue par le dbiteur au travers de son recours aux procdures
collectives. Dsormais, celles-ci suppriment toute crainte du dbiteur de recourir laide de
la justice, mais lve aussi sa crainte dtre actionn en justice par son crancier afin de
sacquitter, ou subir une quelconque pression de celui-ci. Ainsi, ces procdures peuvent tre
considres au regard du dbiteur comme un moyen quasi-sr de se soustraire ses
engagements (A).
En regard, le pouvoir dagir du crancier demeure encadr au cours des procdures
collectives, particulirement en ce qui concerne la suspension et larrt des poursuites
individuelles aprs louverture dune procdure collective, sans ngliger les autres alas des
procdures collectives, et le nombre exorbitant des dcisions prononant la liquidation
judiciaire, notamment pour insuffisance dactif. Cela peut vritablement faire obstacle son
intention dengager une action en paiement contre son dbiteur et il peut facilement cder
la pression de son dbiteur qui dclare son intention de recourir aux procdures collectives.
De ce fait, laction en justice peut tre une dmarche inutile face aux procdures collectives
(B).
163
370
- P-M LE CORRE, faut-il encore payer ses dettes dans le droit des entreprises en difficults ? , LPA., n63,
29 mars 2006, p.9.
371
-par exemple en 2010, sur 1567 demandes douverture dune procdure de sauvegarde, 1156 dcisions a t
favorables louverture dune procdure de sauvegarde, soit une moyenne douverture de 73% des demandes
obtiennent gain de cause. Annuaire statistique de la statistique. Edition 2011-2012. p. 97.
164
372
-relativement aux procdures de sauvegarde, en 2009, 1 281 jugements douverture dune procdure de
sauvegarde ont t prononcs, alors que les plans de sauvegarde prononcs atteignaient uniquement 227
plans, soit une moyenne de 17%. Quant aux procdures de redressement, dans la mme anne,
17 969jugements douverture dune procdure de redressement ont t prononcs, seulement 2 874 plans de
redressement ont t adopts, avec une moyenne de 15,99%.
165
procdures collectives, et les cranciers sorientent par la force de la loi vers les procdures
collectives pour la dclaration de leur crance et ce qui sensuit.
286.
Lintervention lgislative dans le cadre des procdures collectives qui forment en
thorie une solution la dfaillance dune entreprise ne pouvait tre sans effets sur les
cranciers. Ceux-ci peuvent subir douloureusement les sacrifices imposs par le lgislateur.
A lpoque actuelle, le crancier se montre plus perplexe quant au recours la justice pour
obtenir le paiement de son dbiteur, tant donn que son pouvoir dagir demeure encadr,
aprs louverture des procdures collectives, et mme sil agit en justice antrieurement
cela, il peut voir son action arrte ou suspendue par le fait de louverture dune procdure
collective.
En effet, la libert restreinte du crancier dans le cadre des procdures collectives se traduit
par linterruption et linterdiction automatique de toute action en justice de tout crancier
dont la crance est antrieure au jugement douverture, et ce aprs le jugement douverture
ouvrant les procdures de sauvegarde, de redressement, ou de liquidation judiciaire. En
outre, le crancier est interdit dexercer des procdures dexcution contre son dbiteur ce
stade de procdure, et se contente seulement de dclarer sa crance dans le passif de celuici. Cette dclaration demeure le seul moyen pour le crancier de faire valoir son droit de
crance postrieurement au jugement douverture.
287.
Confront au risque du recours de son dbiteur aux procdures collectives, le
crancier peut concevoir mal un recouvrement judiciaire de sa crance, compte tenu des
faveurs lgislatives qui jouent au profit du dbiteur, qui apparaissent dans les avantages qui
profitent au dbiteur. Il convient de rappeler que louverture dune procdure collective
entraine de plein droit linterdiction de payer toute crance ne antrieurement au
jugement d'ouverture. Cela peut lvidence inciter le crancier prfrer recouvrer
amiablement sa crance que de voir son dbiteur recourir une procdure de sauvegarde,
ou que de lassigner pour louverture dune procdure collective.
Outre les restrictions relatives linterdiction ou la suspension de son action individuelle,
et outre linterdiction du dbiteur de paiement des crances nes antrieurement au
jugement douverture, le crancier doit penser son rang dans la procdure, et les autres
cranciers qui le devancent, particulirement les cranciers postrieurs ayant un traitement
prfrentiel. Il ne doit pas non plus ngliger le nombre trs important des dcisions
prononant la liquidation judiciaire, en particulier pour insuffisance dactif, sans quil ait de
certitude quant la reprise des poursuites lencontre de son dbiteur. Tout cela constitue
des alas qui peuvent tre perus comme un frein impos au crancier pour recouvrer sa
crance.
166
288. Donc, le crancier peut penser aux consquences dune action en paiement contre
son dbiteur qui pourrait son tour dclarer un tat de cessation de paiement pour se
protger sous lgide des procdures collectives, et chapper une ventuelle mesure
excutoire.
A cet gard, on est enclin penser que le crancier peut estimer que son action en justice
paralllement une procdure collective est inutile. Mme si elle intervient antrieurement
une procdure collective, celle-ci peut contraindre ou inciter son dbiteur demander
louverture dune procdure collective son gard. Par consquent, le crancier peut
prfrer choisir un autre mode de recouvrement qui repose sur une rengociation de la
crance avec le dbiteur, plutt que dengager une action en justice.
289. Il en ressort, que le crancier, compte tenu, de la lgislation en vigueur, trouve dans
les procdures collectives un vritable obstacle qui soppose son action individuelle contre
le dbiteur, qui, paul par un lgislateur dtermin favoriser le maintien de lactivit et de
lemploi, peut recourir cette lgislation chaque fois que le besoin simpose, non pas
forcment pour sauvegarder son entreprise, mais parfois aussi pour viter toute mesure
excutoire ou action en recouvrement son encontre.
A fortiori, la baisse remarquable des demandes formules par les cranciers devant les
tribunaux de commerce trouve ses origines dans cette perplexit des cranciers lgard
dune action en recouvrement juge inutile devant les procdures collectives, ces
procdures dissuadant de plus en plus les cranciers, dont les droits de recouvrement
semblent tre fragiliss avec la succession des lois des procdures collectives. Ceci peut
clairement expliquer cette dcrue des demandes en paiement engages par les cranciers
devant les tribunaux de commerce durant cette dernire dcennie.
Dans le mme ordre dide, on peut affirmer quil existe comme en matire des procdures
de surendettement, un changement de priorit de la justice entre les intrts du dbiteur et
du crancier. Ce changement se traduit par des interventions lgislatives en faveur de
lentreprise dbitrice, au lieu dun renforcement des mesures excutoires mises en place.
Dsormais, la dfaillance de lentreprise est moins condamne, et celle-ci est plus protge.
290. En somme, le lien corrlatif entre la baisse des demandes lies limpay devant les
tribunaux de commerce et la hausse faramineuse des procdures collectives durant la mme
priode en France est un constat, qui nous conduit affirmer le principe de vases
communicants entre les deux phnomnes et qui conforte par ailleurs notre thse qui
adhre fortement lide du basculement du contentieux de limpay vers les procdures
collectives, ou encore son absorption par celles-ci.
Enfin, on peut affirmer que les interventions lgislatives en matire des procdures de
surendettement des particuliers ainsi quen matire de procdures collectives ont orient le
167
Conclusion titre
291. Nul ne peut douter de lincidence des lois caractre social sur le contentieux de
limpay en France. Lamlioration de la situation du dbiteur au regard de lvolution du
droit de surendettement des particuliers et des procdures collectives, tmoigne
rgulirement de la volont du lgislateur Franais de prendre en compte les facteurs
conjoncturels qui ont conduit le dbiteur la dfaillance, et explique par ailleurs lexplosion
quantitative de ces procdures.
La corrlation entre lexpansion des procdures de surendettement des particuliers, les
procdures collectives durant ces dernires annes, et la baisse du contentieux de limpay
sappuie sur une concomitance relle des deux phnomnes, qui se base elle-mme sur des
fondements juridiques pouvant traduire une absorption des affaires lies limpay par les
procdures collectives et de surendettement des particuliers.
292.
Cependant, on ignore si le basculement du contentieux de limpay vers dautres
procdures contentieuses caractre social, constitue-t-il une volution positive ou ngative
du contentieux de limpay en France.
Si ce basculement est effectif, on ne peut pas savoir par ailleurs, si celui-ci traduit la volont
du lgislateur Franais, ou il rsulte uniquement dune volution lgislative qui a tendance
traiter limpay du dbiteur en dehors du cadre du contentieux du droit commun.
168
Conclusion Partie
293. Le paralllisme entre lvolution respective du contentieux de limpay en France et
au Maroc, ne rvle pas uniquement la ralit du contentieux de limpay, mais toute une
approche de recouvrement.
Une ralit qui reflte deux images diffrentes du contentieux de limpay, celle dun
contentieux de limpay en accroissement constant, qui traduit des limites importantes de
la politique du traitement de limpay par le crancier, qui trouve dans la voie force une
solution sans alternative. Cette voie connait elle-mme des cueils de nature remettre en
doute le processus de recouvrement forc.
A loppos, en France, le contentieux de limpay devant les juridictions civiles et
commerciales sest dmarqu par une baisse importante durant ces dernires annes. Cette
baisse a t plutt conditionne par lvolution respective du droit des entreprises en
difficults et du droit du surendettement des particuliers, et notamment lamlioration de la
situation des dbiteurs au regard de lvolution de ces procdures.
Le lgislateur franais peut se fliciter sur la mise en place des lgislations caractre social
qui volue en faveur du dbiteur endett de bonne foi, que ce soit pour les particuliers que
pour les entreprises. En revanche, ces lgislations ne doivent pas rendre le rapport en le
crancier et le dbiteur en dsquilibre manifeste, et ngliger de cette manire les enjeux
que reprsentent les rapports contractuels et les finalits conomiques.
294. Force est de constater, que laccroissement du contentieux de limpay est un constat
rel au Maroc, appuy par des donnes statistiques et des fondements juridiques, ayant
permis de connaitre la ralit du contentieux de limpay au Maroc, et les difficults
majeures de tout le processus de recouvrement.
Toutefois, la baisse du contentieux de limpay en France ne trouve pas ses causes
seulement dans son basculement vers dautres procdures contentieuses, mais dautres
causes peuvent expliquer cette baisse.
169
170
297.
Le crancier, ne peut plus se contenter dune action en justice pour recouvrer sa
crance, dsormais, plusieurs procds soffre lui avant tout recours la voie judiciaire
pour le recouvrement de sa crance, ou pour se prmunir contre le risque dimpay. Une
action en amont de ce dernier lui permet dobtenir gain de cause, tout en ayant la possibilit
de prserver les liens contractuels avec son dbiteur.
171
172
173
299. Il est vrai que la baisse du contentieux de limpay en France devant les tribunaux
commerciaux et civils est laboutissement dune conjonction de plusieurs procds et
techniques y ayant contribu, car cette djudiciarisation du traitement de limpay ntait
pas le fruit du hasard. Elle traduit en premier chef la volont du lgislateur Franais de
mettre en place des dispositifs de nature traiter limpay efficacement sans recourir la
justice Etatique(p.1), les dispositifs en question ont fait lobjet de diffrentes rvisions pour,
dune part rpondre cette question de limpay, et dautre part veiller ce que les
juridictions nationales soient dsencombres des affaires relatives limpay.
Au demeurant, le dveloppement du recouvrement amiable par les professionnels du
recouvrement(p.2) ainsi que la concurrence permanente existant dans le march de
recouvrement a permis indniablement de privilgier le recouvrement amiable au dtriment
du recouvrement forc, eu gard aux rsultats obtenus par ces professionnels qui
promettent une efficacit absolue en matire du recouvrement amiable. Ceux-ci sont
parvenus par des procds qui leur sont propres djudiciariser le traitement de limpay.
A- La mdiation bancaire
301. lexception dune disposition de la loi bancaire373 Marocaine qui confre le droit
toute personne qui sestime lse dun quelconque manquement aux dispositions de ladite
373
Toute personne sestimant lse, du fait dun manquement par un tablissement de crdit aux prescriptions
174
loi par un tablissement bancaire, de saisir Bank al Maghreb, qui agit en vertu des pouvoirs
qui lui sont impartis pour effectuer des contrles afin de dterminer le manquement, la
banque centrale peut procder, le cas chant, la recherche dun terrain dentente entre le
client et ltablissement de crdit.
-rapport de lassemble nationale n3028 sur le projet de loi n2990 portant mesures urgentes de rformes
caractre conomique et financier, 30 avril 2001, p.48 et s.
175
lgard du client :
- La dsignation des mdiateurs se fait en fonction de leur comptence et impartialit. Ceuxci doivent jouir de lindpendance organique ncessaire lexercice de cette mission.
- la procdure de mdiation offre une clrit certaine pour le client, vu que le mdiateur
doit statuer dans un dlai de deux mois compter de sa saisine.
- la gratuit de la procdure et son caractre non contraignant, hors accord des parties.
lgard de ltablissement bancaire :
- les banques peuvent ainsi avoir une vision densemble des difficults auxquelles se
heurtent les clients dans leurs relations bilatrales.
375
176
passait par une sensibilisation efficace et une information suffisante sur la prsence de cette
procdure peu connue jusqualors.
Par ailleurs, en cas de survenance du litige prvu par les textes de la loi en vigueur, le client
de la banque, qui ne doit pas tre un professionnel, est contraint pralablement toute
saisine du mdiateur, dpuiser toutes les voies de recours internes linstitution. Il doit,
cet effet, se mettre en rapport avec les services dment habilits, savoir le charg de
clientle et le directeur dagence, si ses rclamations restent vaines, le client pourrait saisir
par crit le mdiateur, en loccurrence par un courrier postal qui doit contenir lobjet de sa
requte et comporter toutes les informations utiles pour linstruction de la demande. La loi
prvoit toutefois la possibilit pour le client dtre assist par une association de
consommateurs ou par un professionnel du droit si la charte de mdiation le stipule. Ace
propos, chaque banque dispose dune charte de mdiation dont elle dfinit les principes
fondamentaux.
On ne peut qutre frapp par la procdure de mdiation bancaire en France et les
avantages qui en dcoulent. Outre la gratuit de celle-ci, la procdure reste facultative et
constitue une alternative au procs, et les parties ne sont pas tenues de saisir le mdiateur
pralablement une juridiction tatique.
304. Il apparait opportun de rappeler que les banques, travers les chartes de mdiation
quelles tablissent, ont tendu le champ dintervention du mdiateur qui ne favorisait pas
son action restreinte aux articles 312-1-1 et 312-1-2. Cette extension est due
essentiellement au nombre important des requtes qui font lobjet dirrecevabilit 376, et qui
sortaient du ressort du mdiateur377. Pourtant le nombre des dossiers irrecevables restait
trs important, une situation qui a suscit le mcontentement des banques et notamment
des mdiateurs, et a amen sans doute le lgislateur intervenir pour y remdier.
Ainsi, le lgislateur a rpondu favorablement cette problmatique, et a instaur pour cela
la loi de 3 janvier 2008378 qui modifie larticle L 312-1-3 du code montaire et financier,
ayant pour objet principal dlargir le champ dintervention et de comptence du mdiateur,
qui peut dsormais tre saisi dans les litiges relatifs au crdit et notamment le contentieux
de limpay bancaire.
En effet, le texte relatif ce sujet, oblige tous les tablissements de crdit dsigner un ou
plusieurs mdiateurs, qui se chargeront de recommander des solutions aux litiges relatifs
-les principaux motifs dirrecevabilit selon le bilan de la mdiation bancaire pour lexercice 2004 : compte
professionnel, opration de crdit, politique tarifaire, placements boursiers et financiers.
376
377
-70% des litiges reus par les tablissements bancaires chappent la comptence du mdiateur, ces
dossiers sont en pratique dclars irrecevables, voir Revue Lamy Droit des Affaires - 2008 30. Les nouvelles
relations banques consommateurs . (Base de donne : LAMY).
378
-loi pour le dveloppement de la concurrence au service des consommateurs, dite Loi CHATEL.
177
aux services fournis et lexcution des contrats conclus dans le cadre des dispositions des
titres I et II du livre III du code montaire et financier, savoir les contrats touchant les
oprations de banques, les services dinvestissement, et les services connexes.
En ce qui nous concerne, lintervention du mdiateur en matire dincidents de paiement,
galement de limpay bancaire et des crdits, traduit indubitablement la volont du
lgislateur Franais daller vers une djudiciarisation de ce type du contentieux de limpay,
de faon ce que ces litiges se rsolvent le plus rapidement possible et pour dsencombrer
les tribunaux de ces litiges.
Reste savoir si la rcence de cette mesure a permis que cette loi de grande envergure ait
un impact sur le contentieux de limpay bancaire
2- Le rle du mdiateur et lincidence de la mdiation bancaire sur le
contentieux de limpay
305. Le mdiateur occupe une place prpondrante dans la mise en uvre de ce dispositif,
or il incarne un rle o il doit faire preuve la fois de comptence et dimpartialit, tels sont
les critres lgaux du choix du mdiateur dans le cadre de la mdiation bancaire, car
beaucoup dindividus critiquent cette mesure379, et semblent encore plus dubitatifs quant au
rattachement professionnel de ce dernier la banque ou un ensemble dtablissements de
crdit qui adhrent un systme de mdiation particulier380. Le fait que leur rmunration
soit assure par ceux-ci pose aussi problme certains.
Pourtant, les mdiateurs se sont montrs quitables et ont respect la neutralit requise, de
mme que la prise en compte des intrts lgitimes des parties en cause dans ce cadre, les
chiffres en attestent : le bilan de la mdiation pour lexercice 2010 a rvl une quasi-parit
entre les avis favorables et dfavorables mis par les mdiateurs sur lensemble des
demandes ligibles et rgles, avec 48% et 52% respectivement.
Manifestement, son rle consiste instruire minutieusement dossier par dossier ou
plusieurs dossiers relevant de la mme nature concomitamment pour quil puisse formuler
des recommandations homognes pour chaque groupe de dossiers portant sur le mme
objet, pour ce faire, il dispose dun dlai lgal de 60 jours compter de sa saisine pour se
prononcer. Durant ce laps de temps le dlai de prescription est suspendu, un dlai qui a t
court considrablement depuis la mise en application de ladite loi (12 dcembre 2002)
379
380
- titre dexemple, on trouve FBF : la fdration Franaise des banques, destine aux banques qui ne
disposent pas dun mdiateur propre eux, ou lASF : lassociation des socits financires, qui met un
mdiateur commun au service des tablissements de crdit membres de lASF, ou encore lAMF : autorit des
marchs financiers qui dispose dun mdiateur qui traite les litiges caractre individuel entre investisseurs et
intermdiaires financiers.
178
approuve le mme rapport, le dlai moyen de traitement des dossiers ligibles sest stabilis
aux alentours de 36,6 jours contre 40,5 jours prcdemment381.
Quant au nombre total de saisines enregistres en 2010, elles ont atteint le niveau lev de
33703 contre seulement 19726 en 2005, dont 20% sont relatives aux oprations de crdit.
Toutefois, le niveau le plus haut pour ce type de saisines depuis la mise en uvre du
dispositif traite des litiges dont lobjet peut porter sur des incidents de paiement relevs, de
nature entrainer un impay.
Par ailleurs, les litiges relatifs la tarification peuvent relever ou faire partie du contentieux
de limpay, dans la mesure o les grandes difficults prouves par certains clients
rsultent dune conjoncture conomique difficile juge comme tant lorigine des incidents
de paiement qui donnent lieu la rclamation de paiement des tablissements bancaires de
frais, et contests dordinaire par les intresss, et qui provoquent par consquent un
impay sils ne sont pas perus.
306. Force est de constater partir des chiffres annoncs, que cette procdure a gagn de
lampleur en France, une progression continue qui sest manifeste par un recours massif
tantt de la part des tablissements bancaires, tantt des clients qui estiment avoir subi un
prjudice lors dune quelconque opration. Ceci reflte lefficacit incontestable de la
procdure.
179
France reste elle seule de 66 jours382, un chiffre encore lev comparativement ses
homologues Europens383, cette pratique reste une cause directe de dfaillance des
entreprises avec 21%384, par le biais des crdits interentreprises qui ont atteint les niveaux
les plus hauts avec 501 milliards deuros385.
308. Par ailleurs, et sans se pencher sur les vritables causes des retards de paiement en
matire commerciale, qui peuvent rsulter de linsolvabilit ponctuelle du dbiteur386, de
lattente du rglement de ses propres dbiteurs, du maniement ou de linjection de fonds
pour des fins financires et personnelles sil sagit de sommes consquentes, ou parfois dun
dbiteur qui se trouve solvable mais qui sabstient de rgler ses dettes dans les dlais qui lui
sont impartisEn lespce, cest une pratique trs rpandue qui est devenue coutumire
dans le milieu commercial, imposant de lourds prjudices des cranciers qui se retrouvent
face des incidents de paiement, des impays, voire une dfaillance, au point que les dlais
de paiements excessifs et retards de paiements constituent lune des principales causes
gnratrices de limpay387.
Sur ce problme, et pour y faire face, le lgislateur Franais sest investi sous linfluence du
droit communautaire traitant de la rglementation des dlais de paiement interentreprises,
et ce travers une panoplie de lois dont la plus importante et qui a eu un rel impact sur les
dlais de paiement tait la loi n 2008-776 du 4 aot 2008 de modernisation de
l'conomie(1) de 2008, ainsi que la directive 2011/7/UE relative la lutte contre le retard de
paiement dans les transactions commerciales(2). Cest la disposition la plus rcente qui puise
sa source directement dans le droit Europen, et qui refond la directive 2000/35/CE du 29
fvrier 2000.
Demble, on peut raliser que ces dispositifs lgislatifs nont pas servi uniquement
raccourcir les dlais de paiement ou contribuer baisser le contentieux de limpay, il
sagit de dispositifs, notre sens, qui ont aid djudiciariser le contentieux de limpay,
tant donn que le caractre dissuasif de ces mesures contraint le dbiteur sacquitter
auprs de son crancier par crainte dencourir des pnalits de retard.
382
-C. VAUTRIN ET J.GAUBERT. rapport sur la mise en application de la loi n 2008-776 du 4 aot 2008 de
modernisation de lconomie, 11 avril 2011 Dlais de paiement , R.L.C., 2009 29, (Base de donnes : LAMY);
lassemble nationale :www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/ i3322.asp.
383
-ibid., la moyenne de rglement en Grande Bretagne est de 52 jours, Allemagne 47 jours, la Norvge 26
jours, tandis que la moyenne europenne est de 57 jours.
384
- C. VILMART, La rduction des dlais de paiement par la LME : mythe ou ralit, R.L.C.,(Base de
donnes : LAMY).
385
386
387
-Rapport sur la proposition de directive du parlement europen et du conseil concernant la lutte contre le
retard de paiement dans les transactions commerciales, A7-0136/2010.
180
388
-un dlai maximum suprieur celui fix par cette disposition pourra tre accord certains secteurs
dactivits, ces dlais drogatoires ont t accord 34 activits ayant donn lieu des dcrets
dhomologation, ces accords drogatoires devaient prendre fin au plus tard le 1 er janvier 2012.
389
-le taux dintrt lgal de la banque centrale est dores et dj tabli 1,00%, (3 mars 2012).
390
- Cass. Com, 2 novembre 2011, n10-14.677, Bull. 2011, IV, n178 ; B. BOULOC, la nature des pnalits de
retard , RTD. Com., mai 2012, p.182.
391
-VAUTRIN ET GAUBERT, rapport sur rapport sur la mise en application de la loi n 2008-776 du 4 aot 2008
demodernisation de lconomie. :www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/ i3322.asp.p .24.
181
-larticle 6 de la directive dispose : outre les intrts de retard, le crancier est en droit d'obtenir du
dbiteur une indemnisation forfaitaire minimum de 40,00 , exigible de plein droit sans rappel, pour tous les
autres frais de recouvrement venant en sus de ce minimum, le crancier doit avoir droit une indemnisation
raisonnable pouvant comprendre notamment les dpenses engages pour faire appel un avocat ou une
socit de recouvrement de crances.
182
antinomique avec larticle 32 de la Loi n 91-650 du 29 juillet 1991 portant rforme des
procdures civiles dexcution, abrog depuis trs peu de temps par larticle 4 lOrdonnance
n2011-1895 du 19 dcembre 2011, et galement antinomique avec la jurisprudence
Franaise393.
Toutefois, la directive prvoit que toute clause contractuelle ou pratique qui fait abstraction
du versement dintrts pour le retard de paiement est rpute comme tant
manifestement abusive, pareillement aux clauses qui ne tiennent pas compte de
lindemnisation pour les frais de recouvrement.
Par ailleurs, la directive doit tre transpose en France avant le 16 mars 2013 et doit en
outre encourager les parties intresses tablir des codes de conduite non contraignants
qui visent amliorer la mise en uvre de la directive394.
312. Dans loptique de la djudiciarisation du contentieux de limpay, on peut admettre
que cette mesure prise par le lgislateur europen aura vraisemblablement un impact
favorable sur le raccourcissement des dlais de paiement, et par voie de consquence sur la
diminution du contentieux de limpay, moyennant linstitution de mesures plus dissuasives
lencontre des dbiteurs retardataires dans leurs paiements en matire commerciale. car
cela constitue un joug pesant sur le dbiteur, qui sera dans lobligation de sacquitter avant
que son crancier ait recours la voie judiciaire, ce postulat auquel on adhre a t appuy
de faon plausible par linitiative rcente du lgislateur Franais qui a pris corps par
labrogation de la disposition mettant la charge du crancier les frais de recouvrement
entretenus sans titre excutoire.
A prsent, et compte tenu de limportance des retards de paiement, et de leurs
rpercussions sur le contentieux de limpay, le lgislateur Marocain est tenu dy remdier,
et les acteurs concerns gagneront sinspirer des lgislation europennes et franaises les
plus rcentes.
313.
On ne peut nier la baisse du contentieux de limpay devant lensemble des
juridictions Franaises, cela a probablement t le rsultat du rle capital assum en
grande partie par des professionnels du recouvrement dont lapparition a impact
393
me
- cass. Civ 2 ch, 20 mai 2010, n09-67.591, Bull. 2010, II, n 99, la cour prcise que les frais de
recouvrement entrepris sans titre excutoire restent la charge du crancier, moins quil sagisse dun acte
dont laccomplissement est prescrit par la loi celui-ci ; L. LEROY- GISSINGER et A- CANAC et S. GRIGNON
DUMOULIN, Chronique de jurisprudence de la cour de cassation , R., septembre 2010, p.2102.
394
-E.BIDAUD, une avance dans la lutte contre le retard de paiement dans les transactions
commerciales D.P.D.E.A., bulletin n278, avril 2011, ditions lgislatives, p .15.
183
Les professionnels ont fait preuve de persistance et de persvrance lors du traitement des
dossiers de limpay qui leur ont t confis. Il faut signaler quoutre lesprit de ngociation
dont ils sont dots, leur diligence et intervention rapide pour recouvrer une crance sait tre
efficiente395 .
314. Si bien que cet accroissement est la consquence de plusieurs facteurs qui y ont
contribu, qui peuvent tre dordre social, lgislatif, ou conomique, les socits de
recouvrement sont devenues des acteurs incontournables en matire du recouvrement
amiable (A), associ ou non des huissiers de justice(B) qui se sont efforcs de changer
limage dissuasive vhicule par la profession. Ils ont tendu leur activit vers le
recouvrement amiable, et ont russi gagner la confiance des cranciers toujours la
recherche dune alternative la voie judiciaire.
Par la force des choses, et mme sans le vouloir, ces acteurs du recouvrement ont concouru
la baisse du contentieux de limpay et la djudiciarisation le traitement de limpay.
395
396
-supra 115 et s.
397
-La premire socit de recouvrement en France se dnommait POUEY, elle a t cre en 1984, V.
E.PERROU, Limpay, Tome 438, LGDJ, collection : Bibliothque de droit priv, 2005, p.37.
398
- la Loi n 91-650 du 29 juillet 1991 portant rforme des procdures civiles dexcution.
184
et succincte qui attribue au pouvoir excutif le soin de rgir les entreprises spcialises en
recouvrement des crances.
Ce ne fut que cinq ans aprs quun texte rglementaire put voir le jour, plus
particulirement au travers du dcret n96-1112 portant rglementation de lactivit des
personnes procdant au recouvrement amiable des crances pour le compte dautrui.
Cette intervention lgislative tant souhaite par ces professionnels sinscrit dans la volont
du lgislateur de confrer un cadre lgal cette activit, mettant en place les conditions de
son exercice et de sa mise en uvre, dictant de cette manire les devoirs et obligations
incombant la fois aux cranciers et aux professionnels, sans pour autant rpondre ou
satisfaire aux aspirations de ceux qui attendaient beaucoup de s prtendants lavnement
de ce dispositif rglementaire.
Les professionnels avaient toujours rclam une dfinition399quon ne trouve nulle part dans
le dcret, ainsi que la dfinition dun vritable statut400. Or, les rdacteurs du texte ont fait
preuve dimprcision au terme de son premier article, entre autres, suscitant de nombreuses
critiques portant la fois sur lindtermination et lomission du lgislateur concernant les
volets non ngligeables de lactivit de recouvrement amiable401.
Il convient de souligner toutefois que cette rglementation fragmentaire est assez
restrictive quant aux nouvelles conditions de son exercice ou de sa mise en uvre,
cependant le dveloppement de ces socits ne fut point brid par une telle rglementation
(1), bien au contraire, leur progrs en la matire est remarquable, et mrite dtre explor.
316.
En effet ces entreprises en pleine expansion nont pas restreint leur activit en
recouvrement amiable, mais ont largi leurs champs dactivit, dans un march trs
concurrentiel402, proposant davantage de prestations en vue de conqurir un crancier qui y
recourt exponentiellement. Cela en accordant une importance particulire la voie amiable,
et ce, au dtriment de la voie judiciaire. Moins couteuse, elle semble tre la voie la plus
emprunte par les cranciers de diffrentes catgories.
399
- Cest la garde des sceaux travers les questions crites n43400, JO 3 fvrier 1997, qui a par ailleurs
introduit une dfinition du recouvrement amiable : lensemble des dmarches effectues par le mandataire
pour obtenir du dbiteur quil sacquitte volontairement de sa dette . Pralablement cela, et mme avant la
mise en application de la loi par le dcret, la CA de Paris dans un arrt de 15 mars 1996 a dfini de cette faon
le recouvrement amiable : le recouvrement de crances consiste mettre en uvre tous les moyens
matriels, tels que lenvoi de lettres sous toutes ses formes ,dappels tlphoniques ou autres, ou de
dmarches auprs des dbiteurs pour les amener payer volontairement leur dette en leur rappelant lorigine
de celle-ci, avant dutiliser les voies de droit, tout en attirant lattention des dbiteurs sur ces dernires ,CA
me
Paris,25 Ch, section B,15 mars 1996, jurisdata n1996-020789.
400
re
-A.LEBORGNE, voies dexcution et procdures de distribution, 1 d. Dalloz, 2009, p.394, lauteur prcise
que : sil ny a pas de statut, on peut tout de mme parler de professionnels, au sens dactivit rmunratrice
exerce titre habituel par une personne .
401
402
- E.PERROU, Limpay, Tome 438, LGDJ, collection : Bibliothque de droit priv, 2005, p.36.
185
Au demeurant, comment ces professionnels ont pu accroitre cette phase amiable ? Et quel a
t limpact du dveloppement de cette phase du recouvrement de crances sur le
contentieux de limpay (2) ?
317.
Le dcret du 18 dcembre 1996 a mis en place des dispositions relatives aux
conditions dexercice de lactivit par des socits spcialises, ainsi que leur mise en
uvre(b). Cette rglementation qui a servi au dveloppement structur mais explosif des
agents spcialiss en recouvrement(a).
a- Rglementation
318. Il tait regrettable de constater que le dcret, entr en vigueur le premier juin 1997
ne prvoie aucune disposition relative la ncessit de possder une qualification
scientifique ou professionnelle pour tout aspirant lexercice de cette activit403. Hormis
quelques conditions de fond que lintress doit remplir, aucune autre exigence de cette
nature ne lui est impose par le texte.
En effet les socits de recouvrement en France exercent cette activit habituellement sous
forme dune socit responsabilit limite, par voie de consquence, elles disposent dun
statut de commerant 404 , impliquant ce titre leur immatriculation au registre de
commerce.
Lentreprise doit en outre, comme le dispose larticle 2 alina 1 du dcret, souscrire un
contrat dassurance de type responsabilit civile professionnelle qui couvre uniquement les
erreurs professionnelles caractre pcuniaire et rsultant de lexercice de leur activit,
tant donn que cette assurance sert protger le crancier contre une ventuelle erreur
professionnelle telle que linsolvabilit de la socit405, ou le non reversement de la crance
dans le dlai lgal406. La socit doit ouvrir un compte cet effet, destin exclusivement la
403
-A.LE BAYON, Recouvrement amiable de crances pour le compte dautrui ,JCl. Procdure civile,
fasc.2500, janvier 1998, p.19.
404
405
-F.GUECHOUN, Recouvrement des crances pour le compte dautrui par des agents spcialiss , E.J.D
rpertoire PC, Tome 5, mars 2011, p.4, lauteur soppose cette disposition, une situation contrastante de voir
ces socits dispenses de souscrire une assurance couvrant aussi bien de la responsabilit dlictuelle que
contractuelle, et ce lexemple des avocats et des huissiers de justice.
406
-les fonds collects doivent tre reverss au crancier dans un dlai dun mois partir de leur rception des
dbiteurs, sauf stipulation contraire qui peut prvoir des dlais plus courts ou plus longs.
186
rception des fonds collects auprs de dbiteurs pour le compte des cranciers dans le
cadre de la mission pour laquelle elle a t mandate, le but de cette disposition tant de
prserver une sphre de transparence financire afin de se prmunir contre les risques de
toutes oprations frauduleuses, ou encore dune procdure de saisie ordonne lencontre
de la socit dtentrice des fonds. Il faut souligner en revanche que la violation des deux
conditions prcites est sanctionne pnalement par la loi407.
Outre ces critres lgaux, lentreprise doit adresser une demande crite au ministre public
prs du tribunal de grande instance auprs duquel elle a son sige social, et ce
pralablement au commencement de son activit. Cependant, cet acte nest quune
dmarche dclarative qui nest soumise aucune obligation de rponse par le procureur,
en effet ce dernier est toutefois appel vrifier tout moment la conformit de
lentreprise aux obligations prvues et aux exigences du deuxime article susmentionn408.
319.
Quant la qualification juridique de lacte qui unit le crancier et lagent de
recouvrement, le lgislateur a dissip les confusions affectant lpoque antrieure la
rglementation. En loccurrence, le professionnel agit par le biais dun mandat qui lui est
accord par le crancier. La solennit du contrat traduit lintention du lgislateur de protger
davantage le crancier, en dautres termes, le contrat nest valable entre les parties qu
ltablissement dun crit. Par ailleurs, en vertu du troisime article du dcret, la loi interdit
lagent de recouvrement dagir au nom et pour le compte du crancier sans avoir tabli
lavance une convention crite.
De surcroit, la convention doit contenir des mentions obligatoires409. Cependant, le dfaut
de ces mentions nengendre aucun effet tant lgard de la socit qu lgard du
crancier, tant donn que le lgislateur na consacr aucun texte la pnalisation de loubli
de lcrit, ni fait allusion lomission dune mention obligatoire devant figurer sur le
mandat. Position approuve par un arrt assez rcent de la cour dappel dAix-enProvence 410 , dans lequel la cour na pas dchu la socit de recouvrement de sa
rmunration laquelle le crancier soppose en invoquant le dfaut dun mandat spcial. A
-article 7 alina 2 du dcret : Sera punie de la peine d'amende prvue pour les contraventions de la 5e
classe toute personne qui, exerant l'activit vise l'article 1er : Ne s'est pas conforme aux obligations
prvues l'article 2.
407
408
-en pratique ce pouvoir de contrle ne sopre que sur dnonciation des cranciers, et galement des
dbiteurs qui dclarent au parquet avoir t objet dun abus subi de lentreprise en question, voir en ce sens la
rponse de la garde des sceaux, question n33585, JOAN 3mars 2009.
409
-1 Le fondement et le montant des sommes dues, avec l'indication distincte des diffrents lments de la
ou des crances recouvrer sur le dbiteur ;
2 Les conditions et les modalits de la garantie donne au crancier contre les consquences pcuniaires de
la responsabilit civile encourue en raison de l'activit de recouvrement des crances ;
3 Les conditions de dtermination de la rmunration la charge du crancier ;
4 Les conditions de reversement des fonds encaisss pour le compte du crancier.
410
-CA dAix-en-Provence, 8
me
187
ce titre, la cour a considr que larticle 7411 du dcret pouvait tre appliqu a pari en
labsence dun formalisme unissant la socit et le crancier, mais ne pourra aucunement
dchoir lagent de recouvrement de ses honoraires.
320. Relativement la mise en uvre de cette activit, le lgislateur sest montr quelque
peu laconique au regard des dispositions qui y sont consacres. En effet, le lgislateur na
consacr quun texte destin la mise en uvre de lactivit de lagent de recouvrement,
imposant ce dernier de respecter un certain formalisme. Pour ce faire, celui-ci est soumis
au respect de mentions obligatoires dans le cadre des lettres adresses au dbiteur cet
effet412.
-larticle 7 dispose : Sera punie de la peine d'amende prvue pour les contraventions de la 5e classe toute
personne qui, exerant l'activit vise l'article 1er :
1 Ne s'est pas conforme aux obligations prvues l'article 2 ;
2 Aura omis l'une des mentions prvues l'article 4 dans la lettre adresse au dbiteur.
En cas de rcidive, la peine d'amende prvue pour la rcidive des contraventions de la 5e classe est applicable.
412
- La personne charge du recouvrement amiable adresse au dbiteur une lettre qui contient les mentions
suivantes :
1 Les nom ou dnomination sociale de la personne charge du recouvrement amiable, son adresse ou son
sige social, l'indication qu'elle exerce une activit de recouvrement amiable ;
2 Les nom ou dnomination sociale du crancier, son adresse ou son sige social ;
3 Le fondement et le montant de la somme due en principal, intrts et autres accessoires, en distinguant
les diffrents lments de la dette, et l'exclusion des frais qui restent la charge du crancier en application
du troisime alina de l'article 32 de la loi du 9 juillet 1991 susvise ;
4 L'indication d'avoir payer la somme due et les modalits de paiement de la dette ;
5 La reproduction des troisime et quatrime alinas de l'article 32 de la loi du 9 juillet 1991 prcite.
Les rfrences et date d'envoi de la lettre vise l'alina prcdent devront tre rappeles l'occasion de
toute autre dmarche auprs du dbiteur en vue du recouvrement amiable.
413
-Ph.GERBAY, les moyens de pressions privs et lexcution des contrats, thse Dijon, 1976, p.584 et s.
414
- A.CROSIO, Recouvrement de crances, d.3, Dalloz, Paris, 1997, p.163 ; J-R. Debret , LANCR et la
dontologie , juin 2005, disponible sur : http://www.finyear.com/L-ANCR-et-la-deontologie_a106.html.
188
n 2012-783 du 30 mai 2012 relatif la partie rglementaire du code des procdures civiles
d'excution
b- Dveloppement
415
- Association nationale de cabinet de recouvrement (LANCR) est la premire association qui reprsente les
socits de recouvrement, cre en 1980, convertie en 1992 en syndicat, elle est la fondatrice avec ses
homologues Europens de la Fdration Europenne des associations nationales de recouvrement de
crances.
416
417
- P.ANCEL (sous la direction de), Lvolution du contentieux de limpay : viction ou dplacement du rle
du juge ? , CERCRID, juin 2009, (Universit Jean Monnet SAINT-ETIENNE), p.5 et s.
418
-plusieurs organisations professionnelles ont t cres au cours de ces dernires dcennies, elles
regroupent les socits de recouvrement prsentes sur le march, on trouve parmi dautres : la fdration
nationale de linformation dentreprise et de la gestion des crances, (FIGFC), elle rassemble des socits de
grande taille, lassociation Concilium.
419
-P.ANCEL (sous la direction de), Lvolution du contentieux de limpay : viction ou dplacement du rle
du juge ? , CERCRID, juin 2009, (Universit Jean Monnet SAINT-ETIENNE).
420
-on se retrouve face une situation controverse, en effet la garde des sceaux dans une question crite a
rpondu par la ngative au sujet du pouvoir des agents de recouvrement offrir des conseils des clients en
raison de leur non-conformit avec larticle 54,al 1 de la loi n71-1130 du 31 dcembre 1971 portant rforme
de certaines professions judiciaires et juridiques, question n 21119 ,JOAN 15 septembre 2003 ; loppos la
CA de Nancy a tolr sur ce point en donnant droit celui-ci donner des consultations qui relvent de son
189
par ces entreprises en termes de rentabilit sont remarquables. Elles ont pu gagner du
terrain de manire consquente, et conqurir davantage de clients formant une clientle
assez diversifie, faite de cranciers de diffrents types, qui peuvent tre catgoriss selon la
taille de lentreprise. A titre dexemple, les compagnies dassurance, les banques et les
grandes socits recourent des agents de renomme, tandis que les petites et moyennes
entreprises font appel des agents de recouvrement moins rputs422. Ce recours excessif
des acteurs conomiques ces socits peut sexpliquer corollairement par leffet de la
concurrence qui a amen ces agents rduire leurs rmunrations et honoraires.
On ne peut qutre frapp par les efforts dploys par les organisations professionnelles qui
ont contribu lexpansion de cette activit en veillant la conduite des agents qui y sont
adhrents, leurs imposant parfois, selon les circonstances, des sanctions plus rudes que
celles prvues par le dcret, tout en privilgiant et en donnant constamment une impulsion
au recouvrement amiable.
323. Lexprience accumule par les agents de recouvrement leur a permis de dvelopper
les pratiques de recouvrement amiable. Par ailleurs les dsavantages jurisprudentiels ont
contraint ceux-ci y recourir en y tant obligs(a), cest pour cette raison quon sinterroge
sur leffet de laccroissement de ce phnomne sur le contentieux de limpay(b).
a- La prdominance du recouvrement amiable
324.
Larrt de la premire chambre de la cour de cassation de 1999423, interdit aux
socits de recouvrement de reprsenter leurs cranciers en justice. En lespce, la cour a
considr que cela constitue un trouble illicite lgard des avocats, solution approuve par
activit principale condition que ceux-ci constituent laccessoire direct de la prestation fournie,12 mai 2003 ,
juris-data n2003-232194 .
421
422
-- La prise en charge de limpay contractuel en matire civile et commerciale , CEDCACE et CRIJE, janvier
2010, sous la direction de B.THULIER, L.SINOPOLI et F.LEPLAT, p.228
423
re
-Cass. Civ., 1 ch., 7avril1999, n97-10.656, bull. 1999, I ,n120 ; D. CHOLET, Assistance et reprsentation
en justice , Rp. pr. civ. Dalloz, septembre 2012, n64 ; A. LEBORGNE, actes de procdures , Rp. pr. civ.
Dalloz, septembre 2005, n259.
190
deux autres arrts de la cour de cassation424, qui a non seulement qualifi cette pratique de
dlit dexercice illgal de la profession davocat, mais aussi sans effet sur la disposition
confrant de lege lata aux parties, savoir la facult de reprsentation ou dassistance par
toute personne de leur choix devant le tribunal de commerce, et ce sauf disposition
contraire drogeant larticle du code de procdure civile.
424
er
-Cass. Crim.,1 fvrier 2000, n99-83.372, Bull. criminel 2000, n53, p.146 ; Cass. Civ., 1
2003, bulletin civil. I, n17 p.12.
re
ch., 21 janvier
425
-C A Paris, 25me ch., section B, 15 mars 1996, JurisData n 1996-765100 ; CA versailles,5 septembre 2002,
n 00/02303,JurisData n 2002-244171.
426
427
- La prise en charge de limpay contractuel en matire civile et commerciale , CEDCACE et CRIJE, janvier
2010, sous la direction de B.THULIER, L.SINOPOLI et F.LEPLAT, p.327 et s.
191
crances428 , ces socits de recouvrement passent par dautres procds amiables, savoir
les relances tlphoniques et les visites domiciliaires qui se sont avres efficaces pour
inciter le dbiteur sacquitter en leur prsence, compte tenu de leffet psychologique que
suscite lintervention dune tierce personne auprs du dbiteur.
Au demeurant, dans le cadre de leur politique commerciale, ces socits dclarent atteindre
des taux de succs importants, pour inciter davantage les clients y recourir au moment de
la dtection de limpay429. ce propos la socit de recouvrement EFFICO430 rvle raliser
un taux de succs moyen de 50 % sur lensemble des crances recouvres, dont 80% sont
recouvres lamiable431 et ce, dans un dlai moyen de 45 jours, la FIGEG a estim en outre
que le recouvrement amiable atteint 95 % en ce qui concerne le recouvrement des crances
des entreprises432.
En dpit de tout ce qui a t prcdemment voqu, les socits sont nanmoins arrives
moyennant la primaut donne au recouvrement amiable de crances contribuer en
quelque sorte djudiciariser le contentieux de limpay.
b- L impact sur le contentieux de limpay
428
- La prise en charge de limpay contractuel en matire civile et commerciale , CEDCACE et CRIJE, janvier
2010, sous la direction de B.THULIER, L.SINOPOLI et F.LEPLAT, p.240
429
430
431
432
192
433
A cet gard, on ne peut que se rfrer aux chiffres annoncs prcdemment pour tablir
la corrlation entre la baisse massive des actions en paiement en matire contractuelle,
devant les juridictions civiles et commerciales, et le dveloppement de la phase amiable par
les socits spcialises.
En somme, cette relation de cause effet a t utile pour dmontrer la baisse du
contentieux de limpay, et a permis aux socits de recouvrement de gagner du terrain
quant leurs interventions en recouvrement de crances amiables face dautres
intervenants dans la matire.
amiable
En effet, face la rude concurrence impose par celles-ci, les huissiers de justice qui ont le
monopole de lexcution, sont confronts la complexit et la lenteur du processus
judiciaire
435
Pour ce faire, ces derniers ont t amens dissocier leur image de celle de lexcution
afin de sadapter aux nouvelles exigences du march de recouvrement.
329.
438
433
434
- A. Mathieu-FRITZ, Les huissiers de justice, PUF, coll. sciences sociales et socits , 2005.
435
-la dure de traitement des affaires en France hors rfrs sest tablie en 2005 4,9 mois en moyenne
contre 5 mois en 2004 devant les tribunaux dinstance , tandis que la dure moyenne devant les tribunaux de
grande instance denviron 7,3 mois contre 7,8 en 2004 et 8,2 en 2003 , en dpit des progrs raliss en vue
de rduire le temps judiciaire, il demeure encore lent eu gard aux enjeux que cela reprsente. Voir dans ce
sens : http:/www.stas.justice.gouv.fr.
436
437
- E.PERROU, Limpay, Tome 438, LGDJ, collection : Bibliothque de droit priv, 2005, p.42.
193
439
330.
Cette dmarche amiable ne se limite pas seulement lobtention du titre
excutoire(b), mais remonte bien antrieurement ; Lhuissier peut procder
au
recouvrement amiable de la crance (a).
331.
Cette intervention amiable des huissiers de justice peut se prsenter comme un
moyen idoine pour avantager un rglement amiable entre le crancier et le dbiteur, dune
manire ce quils vitent la voie judiciaire. Il faut noter que leur rle dans cette gestion
amiable nest gure ngligeable, particulirement dans le milieu rural440. Leur mission dans
le cadre amiable ne cesse de gagner du terrain. Ces professionnels prfrent dsormais
recouvrer amiablement que de recourir lexcution dun titre excutoire441, solution
prconise par la commission europenne pour lefficacit de la justice442.
438
439
440
-dans les petites agglomrations, les huissiers de justice disposent de plus dinformations sur les dbiteurs,
et peuvent facilement savoir sils sont solvables ou pas, voir dans ce sens, E.PERROU, Limpay, Tome 438,
LGDJ, collection : Bibliothque de droit priv, 2005, p.50
441
442
-elle indique : le processus dexcution devrait tre suffisamment flexible, de faon laisser lagent
dexcution un degr de latitude raisonnable pour trouver un arrangement avec le dfendeur, lorsquil existe
un consensus entre le demandeur et le dfendeur et lhuissier peut intervenir cet effet.
194
Mme en labsence dun titre excutoire, le crancier peut faire appel au service dun
huissier de justice pour un recouvrement amiable, ce dernier agit par le biais dun mandat et
nintervient aucunement en sa qualit dofficier ministriel.
332. Celui-ci initie en premier lieu des ngociations avec le dbiteur pour linciter rgler
la crance qui lui est due, il procde dans ce cadre lenvoi de courriers sous forme dune
injonction de payer443 linvitant se mettre en contact avec son tude pour convenir
ensemble dune solution amiable, il peut lui proposer en outre un rendez-vous avec le
crancier dans son cabinet pour essayer de trouver un terrain dentente. Il peut galement
laborer des solutions de rglement amiable avec le dbiteur, qui se retrouve sous la
menace dune requte en injonction de payer, ou peut bnficier dun plan de
rchelonnement propos par lhuissier de justice sous rserve dacceptation du crancier.
Le contenu de laccord se limite des modalits dexcution volontaire de lobligation qui
prennent parfois la nature dune transaction444, en loccurrence, le professionnel est tenu
par la finalit de son intervention amiable. Le terme excution ngocie exprime
parfaitement la fonction quil exerce445.
Si cette premire dmarche demeure infructueuse, le professionnel peut interrompre la
ngociation et faire une requte en injonction de payer pour sinstaller dans une position
plus confortable que celle du dbiteur.
En tout tat de cause, cette initiative conciliatrice prise par lhuissier de justice reste
avantageuse pour toutes les parties.
b- Postrieurement lobtention du titre excutoire
333.
Linjonction de payer constitue la procdure la plus utilise en France pour le
recouvrement de limpay446, sa simplicit et sa rapidit en tmoignent, ce qui conduit
dailleurs cet acteur principal de recouvrement quest lhuissier y recourir constamment447
lorsque les dmarches amiables hors de la voie judiciaire naboutissent aucun rsultat.
443
-annexe n8.
444
-B.GORCHS-GELZER, lhuissier de justice et la mdiation , Rev. droit et procdures, EJT , n9, octobre 2010,
p. 252.
445
-V.Y DESDEVISES, lexcution ngocie , in Brenner, le droit de lexcution force entre mythe et ralit,
EJT 2007, p.110.
446
- -P.ANCEL (sous la direction de), Lvolution du contentieux de limpay : viction ou dplacement du rle
me
Cass. Civ. 2 ch., bull civ.II, G. P., n285,1976, p.11, cest larrt qui a permis aux huissiers de justice de
prsenter des requtes en injonction de payer.
195
334. Par consquent, cette dmarche sest avre de plus en plus efficace, car la menace
dune excution force psera toujours sur le dbiteur. Sous la crainte dune ventuelle
saisie, celui-ci prfre dans la majorit des cas accepter les modalits mises en place par
lhuissier de justice pour un recouvrement amiable, que de voir ses biens faisant lobjet
dune mesure excutoire.
Il faut noter toutefois que contrairement la phase pralable lobtention du titre
excutoire ou antrieure lexcution, lhuissier peut en principe provoquer une rencontre
opposant le crancier et le dbiteur, en loccurrence, il intervient en tant que mdiateur
entre les parties.
335.
Force est de constater que les huissiers de justice restent en conformit avec les
dispositions de la loi des procdures civiles dexcution du 9 juillet 1991, une rforme ayant
pour vocation dhumaniser ces procdures dexcution 450 , et de les rendre moins
contraignantes.
Il convient de rappeler quen cas de dfaillance du dbiteur survenue au cours du plan de
rchelonnement, lhuissier peut tout moment procder une mesure force pour obliger
lintress honorer des engagements.
Ainsi, on constate que le recouvrement amiable entrepris par les huissiers de justice occupe
une place prpondrante dans lactivit de ces professionnels, tous les stades du
recouvrement451, et les parties en jeu peuvent en tirer profit, eu gard aux multiples intrts
les rendant indispensables et quil nous faut dtailler.
448
-O.SALATI. Les obstacles lexcution force : permanence et volution , Dr. Et Proc. , n1-janvier- fvrier
2009, p.4.
449
-leur responsabilit peut tre engage sur le fondement de larticle 22 al 2 de la loi du 9 juillet 1991, elle
peut tre galement engage dans le cadre du droit commun de la responsabilit contractuelle en vertu de
larticle 1992 du code civil Franais.
450
-Y.DEVDEVISES, Equilibre et conciliation dans la rforme des procdures civiles dexcution , nouveaux
juges, nouveaux pouvoirs ?, Dalloz 1995, p.100.
451
196
a- Clrit
337.
Si les efforts dploys en matire de rduction des dlais de jugement sont
remarquables, particulirement sur le plan des juridictions commerciales, compte tenu de
limportance de lenjeu conomique qui en dcoule, les acteurs de la vie des affaires
demeurent insatisfaits des progrs raliss.
En effet, la France compte dans son corps de magistrature quelque 8355 magistrats452, qui
relvent du statut de la magistrature, un nombre assez rduit en comparaison dautres pays
Europens. Pour une efficacit optimale de la justice, la commission Europenne estime
comme bonne une proportion de 9,1 magistrats pour 100.000 habitants. , Si lon prend en
considration uniquement lensemble des demandes relatives au contentieux de limpay
devant les tribunaux dinstance et les tribunaux de grande instance, comportant les actions
menes au fond, en rfr ou les requtes en injonction de payer entre 1990 et 2003, le
chiffre slve une moyenne de 1.034.885 affaires annuelles453, autant dlments qui
justifient le doute de ces acteurs eu gard la clrit de traitement des demandes tant
devant les juridictions civiles que commerciales .
338. Cest la lumire de plusieurs exigences dordre juridique et morale que la rduction
des dlais de jugement, restera toujours confronte au respect des garanties procdurales
et du droit un procs quitable, et principalement aux droits de la dfense. Cependant, le
temps judiciaire a une valeur conomique, et requiert en outre une maitrise parfaite dun
certain nombre de dlais.
A lvidence, seule une solution ngocie peut garantir la rapidit impose par
lenvironnement conomique, et permet aux intresss daboutir en passant par lhuissier
de justice un rglement amiable efficace dont lexcution peut tre beaucoup plus
prompte quune action en justice.
452
-F. JOHANNES combien de magistrats en France ? Le Monde ,29 novembre 2010, cest lensemble des
magistrats inscrits sur les listes lectorales.
453
-Rpertoire gnral Civil, voir dans ce sens P.ANCEL (sous la direction de), Lvolution du contentieux de
limpay : viction ou dplacement du rle du juge ? , CERCRID, juin 2009, (Universit Jean Monnet SAINTETIENNE), p.133
197
b- Profitabilit conomique
339.
Si les honoraires des huissiers de justice sont fixs par voie rglementaire et plus
prcisment par larticle 10, 11 et 12 du dcret n96-1080 du 12 dcembre 1996 modifi par
le dcret du 8 mars 2001, en ce qui concerne les actes dexcution qui lui sont reconnus par
la loi, leur rmunration dans le cadre des dmarches amiables entreprises par leurs soins
reste librement ngociable, aux frais du crancier dsirant recouvrer sa crance.
340. De nos jours, il est difficilement concevable quun dbiteur qui a t contraint de
sacquitter dune quelconque mesure force puisse renouer avec son crancier, dautant
plus que cela gnre une certaine hostilit systmatique provoque par lexcution, voire
ds la premire assignation.
A fortiori, toute personne qui a choisi dintenter une action en paiement devant la justice,
lencontre de son dbiteur, sous nimporte quelle forme, opte pour loption la plus abrupte
consistant interrompre toutes relations contractuelles avec son contractant, prsentes ou
futures, et le crancier se trouvera inluctablement dans une situation dfavorable vis--vis
de son dbiteur.
En effet, si les liens contractuels sont fonds sur la mutuelle confiance entre les
contractants, la relation daffaires ne pourra gure se prenniser si le crancier sollicite la
voie judiciaire pour un ventuel impay, en loccurrence, leur interaction sera dpourvue de
toute confiance, et corollairement la relation prendra fin.
341. Par ailleurs, assurer un acquittement de la dette par la voie amiable, cest garantir
gnralement le maintien des rapports contractuels, en dautres termes, cela revient
198
donner une autre opportunit son contractant suite une insolvabilit ponctuelle,
abstraction faite de toutes causes ou circonstances gnrant limpay. Lexprience la
dmontr en maintes occasions.
On ne peut qutre frapp par lintervention de ces professionnels du recouvrement qui ont
concouru, entres autres, la djudiciarisation du contentieux de limpay. Ce constat
sappuie essentiellement sur leur rle actif dans le recouvrement amiable, ainsi que sur leurs
rsultats, et en corrlation avec les demandes relatives limpay devant diffrentes
juridictions.
454
-annexes 2, 3, 4, 5 et 6
199
A- La convention darbitrage455
344. La convention est un mcanisme ancien en France, sous lappellation de la clause
compromissoire, celle-ci ne constituait pas un mode alternatif privilgi en matire
dimpay. La rforme de larbitrage mise en place rcemment(1) peut avoir un effet trs
favorable sur lensemble des litiges soumis larbitre avec ses nouvelles prrogatives et
comptences, particulirement les litiges qui relvent de limpay(2).
1- Un arbitrage rformiste
456
-ce dcret a modifi le quatrime livre du code de la procdure civile, introduit dans son troisime chapitre,
er
le prsent texte est entre en vigueur le 1 mai 2011
200
346.
Abstraction faite du silence du texte quant aux moyens mettre uvre pour
ordonner ces mesures, par le moyen dune sentence ou par le biais dune ordonnance, la
conscration formelle de ce nouveau pouvoir de larbitre traduit la volont claire du
lgislateur de renforcer les pouvoirs de celui-ci et de le considrer comme un juge part
entire458.
De surcroit, lun de principaux apports de ce dcret rside dans le pouvoir darbitre de
procder aux mesures dinstruction pour entendre toute personne, en particulier les tiers. A
ce titre, il peut les contraindre lui faire parvenir un lment de preuve dans le cadre de la
procdure arbitrale. Pour ce faire, il invite lune des parties saisir le prsident du tribunal
de grande instance ayant lobligation de statuer comme un juge de droit commun afin
dobtenir lexpdition ou la production de lacte de la pice constituant un lment de
preuve dans le procs arbitral.
En outre, le texte na pas omis les intrts des parties qui sont en qute dun terrain
dentente, moyennant le recours un arbitre, en vue dobtenir une justice quitable, rapide
moins couteuse, et parfois confidentielle. Ainsi, le texte sest montr explicite, imposant des
obligations larbitre au sens de larticle 1464 du CPC, qui met la charge de ce dernier une
obligation de confidentialit, de loyaut et de clrit.
Sur ce problme, le lgislateur a mis laccent sur une question qui est dune importance
capitale en la matire, celle de la clrit459. Car, si les parties conviennent dun commun
accord des dlais du procs, larbitre doit imprativement respecter ceux qui lui sont
impartis, sous peine de nullit de la sentence arbitrale. En cas de silence des parties, celui-ci
a une obligation lgale de rendre la sentence dans un dlai de 6 mois, pouvant tre
prorogeable, et ce dpendamment de la complexit factuelle ou juridique de laffaire.
Toutefois, sa responsabilit pourrait tre mise en cause en cas de dpassement des dlais
lgaux ou conventionnels sur lesquels il doit statuer460.
347. lgard des conditions de validit de larbitrage, la disposition maintient les mmes
conditions de forme dictes auparavant, en lespce la convention darbitrage doit tre
458
-T. CLAY, le nouveau droit Franais de larbitrage , octobre 2011, lextenso ditions, p.131.
459
- techniques pour maitriser le temps et les couts dans larbitrage , rapport de la commission de larbitrage
de la CCI, n843. 2007.
460
- TH. CLAY, le nouveau droit Franais de larbitrage, Lextenso ditions, octobre 2011, p.89 ; E. GAILLARD et P.
DE LAPASSE, Le nouveau droit franais de l'arbitrage interne et international , D., janvier 2011, n3, p.175 et
s.
201
crite sous peine de nullit, tant prcis quil faut quil y ait une volont des parties de faire
soumettre leurs litiges un arbitre. Toutefois, la convention darbitrage peut ne pas tre
insre dans le corps du contrat. Dans ce cas, elle peut prendre la forme dun avenant ou
tre insre dans un contrat antrieur lavenant si aucun changement ne sest opr
concernant les voies de recours.
Par ailleurs, la mise disposition et le dvouement du juge tatique au service de larbitre
refltent en quelque sorte le souci permanent du lgislateur de renforcer ce mode alternatif
du rglement des litiges, et de le rendre efficient et attractif. Cet interventionnisme na
cependant pas affect les pouvoirs et prrogatives de larbitre, bien au contraire, la rforme
de 2011 a confr une parcelle dimperium461 larbitre. On se demande ce titre, pour
savoir si lon nest pas devant une semi-djudiciarisation ?
348. Larbitrage en France a franchi dimportantes tapes par la mise en place de cette
disposition utilement inspire de certains droits trangers462, le lgislateur Franais ne peut
que sen fliciter.
Subsquemment, restait savoir quel est limpact de ce nouveau dispositif sur le
contentieux de limpay, sera-t-il capable de devenir la voie la plus emprunte par les
contractants ?
461
462
- Rapport au Premier ministre relatif au dcret n 2011-48 du 13 janvier 2011 portant rforme de l'arbitrage.
463
- P.ANCEL (sous la direction de), Lvolution du contentieux de limpay : viction ou dplacement du rle
du juge ? , CERCRID, juin 2009, (Universit Jean Monnet SAINT-ETIENNE), p.104.
202
464
- larbitrage : principes et pratiques , cahier du CNB, spcial arbitrage, octobre 2011, ce cahier met la
lumire sur le nouveau dcret relatif larbitrage.
465
203
B- La clause de conciliation
352.
Hors le cadre de la conciliation judicaire, applicable en matire pnale, familiale,
prudhomale, ou encore en procdure des entreprises en difficult, le crancier et le
dbiteur, pour trancher un litige li limpay et avant tout recours la justice, peuvent
convenir dune clause de conciliation. Celles-ci ont particip la baisse du contentieux de
limpay, et constituent un moyen alternatif remarquable la justice tatique pour
recouvrer sa crance (1), grce la place prpondrante quoccupent le conciliateur et le
rle central quil est appel remplir (2) dans ce mode alternatif de rglement de litiges lis
limpay, tandis quau Maroc cette clause est peu frquente et la conciliation est mise en
uvre dans un cadre judiciaire, particulirement en ce qui concerne les entreprises en
difficult466.
466
467
- La prise en charge de limpay contractuel en matire civile et commerciale , CEDCACE et CRIJE, janvier
-une clause insre dans un contrat de distribution dlectricit ou de gaz applicable en matire
dimpay : en cas de litige relatif linterprtation, lexcution ou la rsiliation des conditions standard de
livraison, les parties sefforcent de le rgler lamiable. Les cordonnes des services du distributeur
comptents pour lexamen du litige sont disponibles sur simple demande auprs du fournisseur .
469
-un navire dune socit Costa croisire avait fait naufrage le 13 janvier 2012, la socit a engag un
conciliateur ayant pour objectif dindemniser les ayants droit pour leurs pertes matrielles rsultants de cet
accident juste aprs sa survenance, et avant que toute action en justice ne soit engage leur encontre.
204
354.
Toutefois, alors que la jurisprudence admettait le principe de non-recevoir des
affaires dont le contrat qui runit les parties prvoit un recours pralable un conciliateur,
la fin de non-recevoir invoque par lune des parties dans un procs a t retenue par la
cour de cassation470 pour une clause de conciliation obligatoire et pralable toute saisine
de juge qui ntait pas respecte par lune des parties471, simposant au juge et ayant
galement pour effet de suspendre le cours de la prescription jusqu' l'issue de la procdure
de conciliation472. Cette solution a galement t retenue par la premire chambre civile de
la cour de cassation473 qui a refus de qualifier dabusive, une clause qui imposait au
consommateur de saisir pralablement toute action en justice une commission de
conciliation, le lgislateur a introduit une loi474 qui allait lencontre de ce principe, travers
son article 6 qui interdit toute clause qui vise :
supprimer ou entraver l'exercice dune action en justice ou des voies de recours par le
consommateur, notamment en obligeant le consommateur saisir exclusivement une
juridiction d'arbitrage non couverte par des dispositions lgales ou passer exclusivement
par un mode alternatif de rglement des litiges, en limitant indment les moyens de preuves
la disposition du consommateur ou en imposant celui-ci une charge de preuve qui, en
vertu du droit applicable, devrait revenir normalement une autre partie au contrat .
Ainsi, le lgislateur a souhait protger les consommateurs contre les clauses les obligeant
recourir pralablement au concours dun conciliateur ou tout autre tiers charg de trouver
une solution amiable entre les parties, cela pourra freiner vraisemblablement lvolution de
ce mode alternatif de rglement de litiges.
355. Nonobstant, ce mode alternatif peut tre considr comme tant une cause srieuse
de la baisse du contentieux de limpay devant les juridictions tatiques, eu gard la
rapidit quil procure aux parties pour trouver un terrain dentente, sans tenir compte du
cot qui est lvidence plus bas.
Par ailleurs, il faut souligner que labsence dune clause de conciliation dans le contrat
nempche pas les parties qui ont un litige portant sur un impay, de solliciter lintervention
dun mdiateur pour trouver une solution satisfaisante et convenable.
470
-Cass. Ch. Mixte, 14 fvrier 2003, n00-19.423, bull. 2003 n1, p.1.
471
-J.MESTRE et B.FAGES, Conciliation au plus haut niveau en faveur des clauses de conciliation , RTD. CIV.,
juin 2003, p.294 ; M. DOUCHY-OUDOT et J. JOLY-HURARD, Mdiation et conciliation , Rp. pr. civ. Dalloz,
septembre 2006, n14 ;
472
-A. HONTEBEYRIE, Prescription extinctive , Rp. Dr. Civ. Dalloz, mars 2011, n315.
473
-Cass. Civ., 1
re
er
474
- il sagit de la loi n2005-67 du 28 janvier 2005 qui modifie la liste des clauses abusives vises par larticle L
132-1 du code de la consommation.
205
Quoique la mission du conciliateur soit ardue en matire dimpay, et plus complique que
dans dautres questions qui lui sont frquemment soumises, celui-ci est tenu de jouer un
rle dterminant afin de rapprocher les parties et de trouver une solution.
356.
Les pratiques de compromis et de ngociation sont mieux incorpores et plus
prsentes dans la culture anglo-saxonne475, y compris dans lensemble de linstitution
judiciaire, dailleurs le juge aux Etats-Unis incarne demeure le rle dun conciliateur ou
dun mdiateur dans le cadre dun procs civil, et le procs sachve dans la gnralit des
cas par une conciliation, convenable et plus rapide pour les parties. Le cas chant, sil
savre que le juge agit vainement dans ce sens, et que la partie mise en cause sabstient et
nacquiesce pas aux propositions et laction conciliatrice mene par le juge, celui-ci peut
tre moins clment quant aux dommages-intrts ou aux indemnisations compensatrices
alloues en faveur de la partie demanderesse, comparativement aux offres faites par le juge
pralablement au prononc du verdict. Ainsi, cette pratique a fait rellement ses preuves, et
constitue dsormais un mode dusage courant de rglement de toute sorte de litiges dans
les pays anglo-saxons.
357. Par ailleurs, le conciliateur en matire dimpay agit activement dans le droulement
et la dynamique de ngociation, la diffrence du mdiateur qui a un rle passif 476 dans ce
processus, se contentant de rapprocher les parties.
475
-M. FRANCK, la gestion des conflits, un enjeu stratgique pour les entreprises , in annonces de la seine, 10
juin 2004, n38, p.5.
476
-L. CADIET, T.CLAY ET E. JEULAND, Mdiation et arbitrage, alternative la justice ou justice alternative ?
Perspectives comparatives , LexisNexis, coll. Pratique professionnelle, aout 2005, p.21.
477
206
En revanche, la solution propose par le conciliateur ne peut pas sopposer lordre public,
celui-ci doit respecter en outre les rgles supposes dans ce genre dintervention, savoir
lindpendance, la neutralit, et la confidentialit478 de la ngociation.
358. Une fois arriv un terrain dentente, la conciliation steint par la conclusion d'un
accord mettant fin en totalit au diffrend ou l'tablissement d'un acte par la signature
dune transaction entre les parties conformment larticle 1555 du nouveau dcret n
2012-66 du 20 janvier 2012 relatif la rsolution amiable des diffrends. Toutefois cet
accord peut faire lobjet dune homologation par lune des parties au juge comptent afin de
le rendre excutoire, au sens de larticle 1565, une homologation partielle peut tre
demande au juge si laccord nest pas total entre les parties.
Sans doute cette nouvelle mesure qui a abrog larticle 1441-4 du code de la procdure
civile cre par le dcret n98-1231 du 28 dcembre 1998 qui confre la force excutoire
une transaction la demande de lune des parties au prsident du tribunal de grande
instance est-elle la preuve manifeste de la volont du lgislateur de renforcer et solidifier ce
mode alternatif de rglements de litiges.
478
-conformment larticle 1531 du nouveau dcret relatif la rsolution amiable des diffrends qui
prvoit: La mdiation et la conciliation conventionnelles sont soumises au principe de confidentialit dans les
conditions et selon les modalits prvues l'article 21-3 de la loi du 8 fvrier 1995 susmentionne.
479
207
A- La contre-passation
361. Cest un procd purement bancaire propre aux rapports entre une banque et une
entreprise et destin au banquier pour rcuprer les crances issues dune cession de
crance par bordereau Dailly480 ou un escompte qui relve dune opration cambiaire
faisant lobjet dimpay lchance par le principal oblig ou mme avant lchance dans
des conditions prcises481.
En effet, la loi laisse en matire descompte une obligation la charge du porteur qui cde
leffet de commerce ou autre titre ngociable, den rembourser le montant dfaut de
paiement par le principal oblig482. Mais le banquier peut se retrouver face un impay de
leffet et une abstention de remboursement du cdant de leffet, client de la banque en
loccurrence et ce sous nimporte quel prtexte, si le cas se prsente le banquier peut
rcuprer sa crance auprs de son client sans pour autant agir en paiement contre celui-ci
ni contre le tir.
362.
Cette technique suppose tout dabord que la banque soit crancire dans une
opration descompte dun effet de commerce, puis il faut que leffet soit impay son
chance, or cette technique est considre comme une manifestation ou une substitution
du recours cambiaire ordinaire, dans la circonstance, le recours de la banque ne doit tre
480
-appele au Maroc cession des crances professionnelles, rgi par les articles 529 536 de la loi n 15-95
formant code de commerce.
481
482
-ainsi larticle 526 du code de commerce Marocain dispose : Toute personne physique, dans lexercice de
son activit professionnelle, ou toute personne morale, de droit priv ou de droit public, peut cder, par la
seule remise d' un bordereau un tablissement bancaire, toute crance dtenue sur un tiers, personne
physique dans l' exercice de son activit professionnelle, ou personne morale de droit priv ou de droit public.
208
483
- titre dexemple, le cas du banquier qui ralise une opration descompte et accorde au tir un report
dchances sans en appeler le tireur, Voir dans ce sens, Cass. Com., 20 novembre 1990, n 89-13.321, Bull.
.civil. IV, n 285.
484
485
486
-D. GIBIRILA, Lettre de change , Rp. Com. Dalloz, janvier 2011, n628.
487
-J. STOUFFLET, Compte courant , Rp. Com. Dalloz, fvrier 2009, n76.
488
-Cass. Com., 30 sept. 2008, n 07-13.298, Banque et droit, novembre-dcembre 2008, n 122.
489
-il a la possibilit de clturer le compte (si la convention est dure dtermine, il ne doit pas clturer avant
larrive du terme. Lorsque la convention est dure indtermine, le banquier doit respecter un dlai de
pravis minimum de deux mois) et agir ensuite en paiement du solde dbiteur, comme il peut agir en
remboursement de crdit octroy sous forme de facilit de caisse.
209
364. Il convient de rappeler que le banquier peut se servir de cette technique en matire
de cession de crances par bordereau Dailly, ayant un recours contre le cdant, et il pourra
alors procder la contre-passation. En revanche, si le banquier se montre perplexe pour
une quelconque raison quant au recours cette technique, il gardera son droit dagir en
justice contre son client, tir, ou tout autre endosseur.
Nous ne pouvons in fine quassurer lefficacit de cette technique trs ancienne en France,
dont le rgime juridique salimente de la jurisprudence et de la coutume, elle a connu
cependant ces dernires annes une forte expansion rsultant du recours massif des
banquiers celle-ci, pour remdier un problme si rcurent et quotidien des banquiers,
celui de limpay. On peut approuver par ailleurs le rapport entre ce procd et le
contentieux de limpay, celui-ci ayant une vocation de djudiciariser le contentieux de
limpay, et par la force des choses, les professionnels qui y recourent ont particip tout
en protgeant les intrts de leurs banques la baisse du contentieux de limpay. Par
ailleurs, dautres techniques qui ne sont pas rserves exclusivement aux banquiers ont
contribu viter le contentieux de limpay sans aucun recours la justice.
B- Le prlvement automatique
365. Le prlvement automatique demeure de loin, la technique la plus approprie pour
viter limpay490, il sagit dune technique peu rcente en France mais qui sest dveloppe
au fil du temps jusqu devenir le mode de paiement le plus demand par les cranciers pour
le rglement des crances rgulires ou priodiques.
En effet, ce mode de paiement sest vu accroitre laide du recours des banques cette
technique permettant de prlever sur le compte de leurs clients des sommes dues et issues
essentiellement de remboursement des prts octroys par la banque elle-mme, la fois
pour les particuliers et les professionnels. Car, lautomaticit de la transaction rend les
choses plus simples pour ltablissement bancaire, eu gard aux fortes chances pour celui-ci
de se faire recouvrer lchance.
Par la suite, la technique sest gnralise tant demande par les cranciers tant dans les
rapports entre professionnels, que ceux entre professionnels et consommateurs, mme si
le prlvement automatique impos dans les conditions gnrales comme mode exclusif de
490
-- La prise en charge de limpay contractuel en matire civile et commerciale , CEDCACE et CRIJE, janvier
2010, sous la direction de B.THULIER, L.SINOPOLI et F.LEPLAT, p.159
210
-TGI Paris, 1
re
492
-cest au sens de larticle L311-42 du code de la consommation que ces opration sont rglementes.
493
-un fichier tenu par la banque de France cr en 1955 ayant pour objet de recenser les personnes qui ont eu
un usage abusif de leurs cartes bancaires, ou ayant mis des chques sans provision menant une interdiction
conventionnelle ou judiciaire dmettre des chques. Il a un rle prventif et rpressif en matire dinfraction
211
-principe apport par la directive n 2007/64/CE du 13 novembre 2007 sur les services de paiement, elle a
t transpose en droit en France par lordonnance n 2009-866 du 15 juillet 2009 (JO 16 juill. 2009),
complte par le Dcret n 2009-934 du 29 juillet 2009 et un arrt de la mme date (JO 31 juill. 2009).
495
- La prise en charge de limpay contractuel en matire civile et commerciale , CEDCACE et CRIJE, janvier
2010, sous la direction de B.THULIER, L.SINOPOLI et F.LEPLAT, p.160.
496
-les motifs licites dune opposition de paiement de chque en France sont : la perte du chquier ou dun
chque, le vol, la procdure collective du porteur ou lutilisation frauduleuse du chque).
497
212
368. Force est de constater que cette technique permet au crancier danticiper les risques
dun nouvel impay498, une fois le premier impay constat. Ce dernier peut alors suspendre
toute fourniture de bien, ou prestation de service. Si le dbiteur sabstient ou nhonore pas
son engagement, le crancier grce son anticipation, peut ne se retrouver que face une
crance dont la valeur est peu importante ou trs faible, ne suscitant pas lintrt dagir en
justice, attendu que lenjeu pcuniaire est mineur.
Par ailleurs, le dveloppement de ce procd a accru des demandes en justice dun autre
type : celles relatives au paiement de lindu, car, les dbiteurs protestent souvent contre les
montants excessivement prlevs, ou qui dpassent les sommes convenues avec le
crancier ; Mme si le code montaire et financier en prvoit le remboursement dans des
cas spcifiques499, ceci na pas empch den remarquer laugmentation500.
498
499
-larticle 133-25 prcise que ce dernier a le droit au remboursement des sommes prleves si lautorisation
donne nindiquait pas le montant exact de lopration de paiement et si le montant de lopration dpassait le
montant auquel le payeur pouvait raisonnablement sattendre, il a galement le droit de se faire rembourser
mme si ces conditions ne sont pas satisfaites au sens de larticle 133-25-1.
500
-devant le TGI le nombre de ces demandes au fond est pass de 146 603 de 1988 2003, quant au rfr il
est pass de 42 224, devant le tribunal dinstance le chiffre est pass de 635 1817 durant les mmes dates,
voir dans ce sens, P.ANCEL, Lvolution du contentieux de limpay : viction ou dplacement du rle du
juge ? , juin 2009, Centre de recherches critiques sur le droit (Universit Jean Monnet SAINT-ETIENNE,
Recherche ralise avec le soutien de la maison de recherche droit et justice, p.90.
213
214
369. Malgr linitiative prise par le lgislateur Marocain pour promouvoir la cession des
crances professionnelles lexemple de la cession des crances par bordereau Dailly en
France, travers le code de commerce501, celle-ci reste peu utilise tant considr que le
cessionnaire doit obligatoirement tre un banquier. Cependant, si au Maroc la pratique de
lexternalisation de limpay en gnral est encore peu rpandue, en France, le lgislateur
et les acteurs conomiques taient en qute dun moyen de protection efficace contre la
dfaillance de paiement502.
370.
En effet, le dveloppement des techniques dexternalisation du traitement de
limpay a concid avec la baisse du contentieux de limpay en France, qui ntait point le
fruit du hasard. Bien au contraire, la dfaillance des dbiteurs en constante progression tait
un effet incitatif pour chercher un moyen de prvention permettant dintervenir
pralablement cette dfaillance. Les banques, confrontes une explosion du contentieux
de limpay, ont mis en place des stratgies tendant limiter le recours la justice tatique
et aux mesures excutoires pour le recouvrement de leurs impays503. Ayant la certitude que
la voie judiciaire ne protge pas assez leurs intrts : inefficacit, favoritisme et dcisions
dfavorables aux banques, mais aussi un temps judiciaire estim long et qui se concilie trs
mal avec les nouvelles exigences comptables des banques en France504, ont suscit du point
de vue des banques une diminution des chances de succs judiciaire, et par voie de
consquence, un sentiment de mfiance vis--vis de linstitution judicaire505. Ce sentiment
sest aussi dvelopp chez dautres cranciers qui luttent en permanence contre le flau de
limpay, et qui nont tendance aujourdhui emprunter la voie judiciaire quen dernier
recours.
En outre, lintervention du lgislateur Franais lavantage du dbiteur, toujours en vue de
raliser une justice sociale avec sa nouvelle conception, a excit vraisemblablement
lapparition et au dveloppement des techniques dexternalisation de limpay, conduisant
un renversement de tendance vers une externalisation de limpay506.
501
-la cession de crances professionnelles est rgie par les articles 529 536 du code de commerce.
502
504
505
506
-A. DRIF Recouvrement : l'externalisation complte gagne du terrain , Les Echos, n 19909, 30 Avril
2007, p.29.
215
A cet gard, linspiration de la pratique anglo-saxonne en la matire sest rvle tre une
dmarche importante et fructueuse pour lutter contre limpay durant ces deux dernires
dcennies, puisque sa baisse a concid avec le dveloppement de lexternalisation en
France, par ailleurs, on sintressera aux techniques qui ont notre sens le plus contribu
la baisse du contentieux de limpay en France, savoir laffacturage (section 1) et
lassurance-crdit (section2).
371. Connu dans les pays anglo-saxons, lapparition de laffacturage en France est assez
rcente, car ce mcanisme a t mconnu jusquau dbut des annes 60. Sen inspirer tait
une dmarche constructive pour offrir aux entreprises Franaises un moyen efficace de se
couvrir contre linsolvabilit de leurs dbiteurs. Etrangement, ce mcanisme nest pas
jusqu prsent rglement507. Affect par la bancarisation du droit des obligations508, il
obit lautonomie de la volont des contractants et aux principes gnraux des obligations,
mais labsence dune rglementation spcifique de ce procd nest pas alle lencontre du
dveloppement spectaculaire qua connu celui-ci, avec la constitution de socits
importantes qui se sont spcialises dans ce secteur dactivit509, et qui ont su mettre en
place des mcanismes juridiques qui sharmonisent avec laboutissement de cette
technique. Une croissance qui traduit certes le besoin des entreprises en France de sadapter
aux impratifs dun march trs concurrentiel et qui requiert une liquidit constante.
A cet gard, la banque de France dans une note dinformation a dfini laffacturage
comme lopration qui consiste en un transfert de crances commerciales de leur titulaire
un factor qui se charge d'en oprer le recouvrement et qui en garantit la bonne fin, mme
en cas de dfaillance momentane ou permanente du dbiteur. Le factor peut rgler par
anticipation tout ou une partie du montant des crances transfres .
507
-hormis larrt du 29 novembre 1973 (JO du 3 janvier 1974) relatif la terminologie conomique et
financire qui a traduit en franais le terme de factoring par affacturage, et larticle R313-16 du code montaire
et financier qui en fixe les mentions obligatoires devant figurer sur la facture envoye par laffactureur, aucun
autre texte ou disposition ne rgit la matire.
508
509
-les principales socits sont regroupes en France au sein de lassociation Franaise des socits financires
appele ASF.
216
372. Au Maroc, ce type de contrat nest plus innom, aprs avoir pratiqu cette technique
au seul plan international510, le lgislateur a procd travers la loi n 34-03 relative aux
tablissements de crdit et organismes assimils qualifier ce procd comme tant une
opration de crdit sans oublier de lui attribuer une dfinition : est la convention par
laquelle un tablissement de crdit sengage recouvrer et mobiliser des crances
commerciales, soit en acqurant lesdites crances, soit en se portant mandataire du
crancier avec, dans ce dernier cas, une garantie de bonne fin .
510
-cest en vertu de la circulaire n1613 que les exportateurs peuvent conclure des contrats avec des
affactureurs.
511
-en 2010, seulement deux socits au Maroc opraient dans laffacturage, avec des chiffres drisoires
raliss tout au long de leur prsence sur le march. Voir dans ce sens, le rapport annuel de Bank almaghrib sur
le contrle, lactivit et les rsultats des tablissements de crdit, 2010, p36, 110, 114, et 117.
512
- M.MOUNADI, Factoring: Le Maroc encore la trane , lconomiste, dition n 3056 du 29 juin 2009.
513
-Cass.com., 21 novembre 1972, n 71-13.170, Bull. des arrts cour de cassation, chambre commerciale,
n296, p.277.
217
374. Quant la nature juridique du contrat daffacturage, outre son caractre innom en
France du fait quil nexiste aucune dfinition lgale de ce procd, ce contrat se conclut
titre onreux. Il est synallagmatique tant donn quil cre des obligations rciproques
lgard des parties. Il repose galement sur lintuitu personae, toutefois, les auteurs
sopposent quant la qualification de ce contrat comme dadhsion ou de gr gr514.
En effet, des auteurs515 considrent que ce contrat est dadhsion dans la mesure ou
laffactureur peut imposer lentreprise adhrente des clauses restrictives comme par
exemple la clause dexclusivit par laquelle laffactureur contraint ladhrent lui
transmettre lensemble de ses crances et ne pas recourir un autre affactureur. Dautres
auteurs516 considrent que ce contrat peut tre qualifi comme tant de gr gr, du fait
que les conditions gnrales du contrat daffacturage diffrent dun affactureur lautre, et
les parties peuvent ngocier les diffrentes clauses du contrat.
Par ailleurs, lusage courant de laffacturage et quelques dispositions lgales ont permis en
France dtablir des conditions auxquelles il faut rpondre pour que ce contrat soit valable,
afin dexaminer ensuite les principales caractristiques qui permettent de distinguer ce
contrat (A). Il conviendrait alors de mettre laccent sur les effets engendrs par le contrat de
laffacturage lgard de tous les protagonistes, son vritable impact sur le contentieux de
limpay en France (B).
515
516
-A.MUSSO., Les difficults dexcution des mobilisations de crances, thse Nice, dcembre 2000, p.10.
218
Subsquemment, pour que la subrogation soit valable et opposable aux tiers, il faut que
celle-ci remplisse deux conditions, savoir, prsenter un caractre expresse, ainsi que devoir
tre effectue au moment mme du paiement.
Autrement dit, la subrogation doit tre mentionne formellement dans le contrat, avec
une date certaine517. Cest la volont de la subrogation qui se traduit dans la quittance
subrogative remise par ladhrent (lentreprise) laffactureur, mais cette condition ne fait
pas obstacle vu que les contrats prpars par les socits daffacturage mentionnent une
promesse de subrogation.
377.
En outre, la subrogation doit intervenir concomitamment au paiement, tant
considr que la quittance subrogative ne constate pas seulement le paiement, mais un
vritable transfert de la crance.
Pour ce faire, les socits daffacturage optent, gnralement dans le cadre de la
convention daffacturage signe entre elles et lentreprise adhrente, pour la rservation
dun compte courant destin toutes les oprations dans ce contexte, cest--dire le
paiement sur ce compte de lensemble de leurs crances rciproques rsultant de la
convention daffacturage pour tre conforme cette condition exige par le code civil.
Linscription sur ce compte courant vaut paiement 518 , ce qui permet dailleurs aux
affactureur de recourir la contrepassation par le biais de ce compte courant 519 .
Consquemment le caractre concomitant de la subrogation se manifeste partir du
moment o laffactureur ralise une inscription sur le compte courant, postrieurement la
rception de la quittance subrogative.
Telles sont les conditions de laffacturage qui sincarnent dans le support de la subrogation
conventionnelle. Une fois remplies ces conditions, ladite subrogation devient de plein droit
opposable aux tiers, cependant, dautres modalits pratiques et lgales doivent tre
respectes pralablement la ralisation de la subrogation.
378.
En effet, laffacturage est une opration de mobilisation de crance rserve
uniquement aux crances commerciales court terme520, corollairement, laffactureur a
517
-la cour dappel dAix-en-Provence avait rejet une quittance subrogative qui ne portait aucune date, de
mme, la concomitance de la subrogation et du paiement ntait pas tablie, CA Aix-en-Provence, 7 mai 2002,
DMF., 2002, p.830.
518
519
-supra 36 et s.
520
-en gnral la mobilisation de la crance est de 30 90 jours, cela peut aller jusqu 180 jours, V.,
S.STANKIEWICH, La couverture du risque par les contrats dassurance-crdit et daffacturage, mmoire,
Universit de droit et sant de Lille, p.17.
219
affaire des entreprises de toute taille, ce qui exige de ce dernier une constante vigilance
lgard de ces contractants relativement aux informations fournies par ceux-ci, pour lui
permettre dvaluer mticuleusement les risques de lopration et les consquences qui en
dcouleront. De cette manire, le choix du partenaire par la socit daffacturage est une
condition dterminante pour ltablissement de ce contrat, ce qui attribue ce contrat le
caractre dintuitu personae.
A vrai dire, ces informations doivent porter essentiellement sur la forme juridique de
lentreprise, son secteur dactivit, son chiffre daffaires, le type de facilits accordes ses
clients, les pertes rsultant des dfaillances de ses clients antrieurement, ainsi que des
informations sur ses dbiteurs. En revanche, une mauvaise apprciation du risque par
laffactureur ou la communication dinformations errones par lentreprise adhrente
peuvent occasionner des difficults considrables. Laffactureur devra alors faire face des
crances litigieuses ou fictives quil ne pourra pas recouvrer. Dans ce cas de figure,
laffactureur ne disposera que dune action en rptition de lindu contre lentreprise
adhrente pour la restitution des fonds avancs, et ladhrent peut voir sa responsabilit
pnale engage pour manuvres frauduleuses521.
En loccurrence, si le partenaire (lentreprise adhrente) remplit les conditions requises en
pratique par les socits daffacturage, et si les conditions exiges par le code civil relatives
la subrogation conventionnelle sont respectes, laffactureur est appel se conformer aux
dispositions du code montaire et financier pour que lopration nentraine pas
doppositions dune partie ou dune autre.
ce titre, le code montaire et financier cite explicitement laffacturage dans larticle R 31316, en vertu duquel il exige de la socit daffacturage dans le cadre de la notification au
dbiteur cd par la cession de crance de faire apparaitre certaines mentions obligatoires
sur la facture affrente la crance qui lui a t cde522.
Cependant, cet article ne sanctionne pas la transgression de cette disposition par la socit
daffacturage qui ne procde pas linformation du dbiteur cd par les moyens dicts
par ledit article, ou par nimporte quel autre procd. Nonobstant, le paiement du dbiteur
cd demeure valable et libratoire tant que ce dernier nen est pas inform par
521
-le responsable de cette appropriation frauduleuse peut tre poursuivi pour faux et usage de faux, et
escroquerie, mais la cour dappel dAIX-EN-PROVENCE na pas retenu la responsabilit dune personne qui a
produit de fausses factures une socit daffacturage en vue de lescroquer, et qui a invoqu en instance la
faute de la socit daffacturage, qui avait eu une attitude ngligente dans la vrification de lauthenticit des
me
certificats et factures, C.A., Aix-En-Provence., 5 ch.,16 novembre 2005, jurisdata n297-691.
522
-la facture envoye au dbiteur cd doit mentionner : 1- Le nom de la socit d'affacturage, comme suit :
La crance relative la prsente facture a t cde ... dans le cadre des articles L. 313-23 L.
313-35 du code montaire et financier,
2- Le mode de rglement, comme suit : Le paiement doit tre effectu par chque, traite, billets, etc., tablis
l'ordre de (nom de la socit d'affacturage ou de son mandataire)... et adresss ... ou par virement au compte
n ... chez ...
220
laffactureur523, sil est inform travers les mentions figurant sur les factures envoyes par
laffactureur, son paiement effectu entre les mains de son crancier initial nest pas
libratoire, et devra payer une seconde fois laffactureur524.
379.
Certes, les usages et les coutumes de cette pratique en France ont servi
particulariser ce mcanisme, qui dsormais dispose de caractristiques qui lui sont
propres525, dveloppes travers les conditions gnrales de laffacturage et les contrats
signs entre les parties. Labsence de lune de ces caractristiques essentielles peut donner
au contrat daffacturage une autre qualification.
Tout dabord, le contrat daffacturage doit porter sur la globalit, si lune des missions
principales de laffactureur consiste protger ladhrent contre linsolvabilit des
dbiteurs526, le factor doit se procurer lensemble des crances de ladhrent. Aussi, toutes
ses crances doivent tre considres par le contrat daffacturage, ou une catgorie
prdfinie de crances, en fonction de lune des branches dactivit de ladhrent par
exemple, ou alors il peut sagir de crances nes dans un rayon gographique dtermin,
comme une ville ou une agglomration car la globalit demeure un lment dterminant
pour tenir lquilibre des oprations daffacturage et afin que laffactureur ne se risque pas
uniquement dans les crances douteuses ou litigieuses, afin de pouvoir compenser les
risques et fixer le taux de commission sur cette base. Cest dailleurs la raison pour laquelle
les affactureurs insrent gnralement une clause dexclusivit dans le contrat, soumettant
ladhrent prsenter lensemble des crances un seul affactureur, le cas chant,
lentreprise peut obtenir une autorisation du factor pour en ngocier certaines avec une
autre socit daffacturage.
En revanche, on peut affirmer quen labsence dune telle caractristique dans le contrat
daffacturage, lopration perdra sa qualification, et ladhrent ne sera que face un service
ponctuel de recouvrement ou de crdit court terme.
523
-le dbiteur peut sappuyer sur la thorie de lapparence qui prend son fondement de larticle 1240 du code
civil.
524
525
526
me
congrs
-article premier de la convention dUnidroit sur laffacturage international, 28 mai 1988, ratifie en France le
23/09/1991.
221
380.
Deuximement, ce contrat repose sur la slectivit, un principe selon lequel
laffactureur est libre de choisir certaines crances, et den rejeter dautres, cest un pouvoir
dont dispose le factor en vertu du contrat daffacturage sign avec ladhrent, et travers
lequel il peut slectionner les crances quil estime tre en adquation avec sa prise de
risque, et ce en fonction du degr dincertitude de la crance527.
527
-en pratique, il existe quatre types de crances classes en fonction du degr dincertitude li la crance
cde : les crances sures, cdes entre 90 et 95% de leur valeur nominale, les crances dont le
remboursement ne semble pas compromis, cdes entre 70 et 90% de leur valeur nominale, les crances dont
les chances de remboursement sont atteintes, cdes entre 25 et 70% de leur valeur nominale, et enfin les
crances envers des entits en difficults, cdes infrieurement 25%. Voir dans ce sens, La prvention de
me
la dfaillance de paiement ., Actes du 2 congrs SANGUINETTI 1998, sous la direction de J.Bastin,
d.Larcier,2000, p.299.
528
222
-H.GUYADER, Le subrog est seul titulaire du droit dagir, le subrogeant en tant dpossd , RLDA, mars
2010, p.21.
530
- en revanche la cour de cassation a rejet le pourvoi form par une socit daffacturage, et a confirm
larrt de la cour dappel de Paris qui a considr quun paiement effectu par dbiteur cd entre les mains de
son crancier dorigine a t libratoire mme sil en tait inform, attendu que lavis ntait pas appos dune
223
qui protge les dbiteurs de bonne foi. Car le dbiteur ne connait quun seul crancier, et on
ne peut pas lui reprocher de ne pas stre acquitt auprs dun nouveau crancier quil
mconnait, dans ce cas il appartient ladhrent de remettre au factor les sommes payes
par le dbiteur cd.
-CA Paris, 17 novembre 1995, D. 1996, jur., p.339, note Dagorne-Labbe, note in La couverture du risque par
les contrats dassurance-crdit et daffacturage , op. cit., p.38. Note n82.
532
-infra 397 et s.
224
o rgne la mfiance, compte tenu des circonstances conomiques actuelles. cet gard,
plusieurs facteurs ont vraisemblablement contribu lexpansion de cette pratique, car
lvolution tait remarquablement concomitante de la baisse du contentieux de limpay en
France.533
En effet, si cette technique est conue uniquement pour les entreprises, le contentieux de
limpay caractre commercial reprsente un volume trs lev devant les juridictions
commerciales en France, relativement lensemble du contentieux de limpay sujet de
cette recherche. Cependant, pour se prmunir contre le problme pratiquement insoluble
de la dfaillance et du recouvrement, dont une socit n est jamais labri, les entreprises
prfrent externaliser leur traitement de limpay, toujours dans lobjectif de recouvrer le
plus rapidement possible une crance, et sans avoir recours la justice dans ce contexte, qui
ne rpond pas en termes de clrit aux intrts commerciaux et conomiques en jeu.
394. Par ailleurs, ces entreprises cherchent le plus souvent cder leurs crances des
socits daffacturage pour avoir une trsorerie en vue de faire face leurs charges,
moyennant une commission verse au factor. Cependant, celle-ci a considrablement
diminu du fait de la concurrence entre les socits daffacturage 534 et la demande
importante des entreprises qui veulent travers cette opration se dfaire du risque
dinsolvabilit des clients et se dcharger du recouvrement des crances qui restera une
tche laborieuse, requrant la fois du temps et le dploiement defforts importants par
lentreprise crancire. Cette diminution des commissions daffacturage535 a rendu cette
opration de plus en plus accessible et a incit les entreprises y recourir massivement536 en
ralisant des chiffres en constante hausse ces deux dernires dcennies, particulirement
ces trois dernires annes537, contrairement au Maroc o cela demeure une prestation trop
onreuse, et qui ne sadapte pas aux besoins et attentes des PME.
Dans le mme ordre dides, les banques occupent une place centrale parmi les entits qui
recourent frquemment ce procd, ce qui peut sexpliquer par la politique des
tablissements bancaires consistant anticiper le risque, et recouvrer une crance sans
533
534
- le march Franais de laffacturage se situe au deuxime rang mondial, derrire le Royaume-Uni, avec 15%
du march europen, et 10% du march mondial. Rapport ASF, 2010, p38.
535
536
-en 2008, les clients des socits adhrentes lASF est denviron 30.000 entreprises, soit environ 10% des
entreprises Franaises, voir, La prise en charge de limpay contractuel en matire civile et commerciale ,
CEDCACE et CRIJE, janvier 2010, sous la direction de B.THULIER, L.SINOPOLI et F.LEPLAT, p.129.
537
-avec un nombre de clients qui slve 35200 entreprises qui y ont eu recours, avec une hausse de 9,6% sur
lanne prcdente, 2010 a t lanne la plus importante en termes de chiffre, avec prs de 32.900.000
crances prises en charge avec un chiffre de 153,3 milliards deuros, soit une hausse de 19,4% sur lanne 2009,
voir dans ce sens le rapport de lASF 2010, p 27 et 28.
225
faire appel la justice tatique, eu gard aux exigences comptables quelles sont tenues de
respecter. En outre, les tablissements bancaires prfrent externaliser le traitement de leur
impay, en cdant leurs crances ou en ayant recours dautres techniques similaires plutt
que dengager des actions en justice pour le recouvrement, particulirement en ce qui
concerne les crances difficiles, ou celles dont le recouvrement est compromis. En effet,
recourir systmatiquement des dcisions de justice pourrait avoir des rpercussions
ngatives sur limage et la rputation dune banque. Car, dans un march bancaire trs
concurrentiel, les banques veillent leur image auprs de la clientle, afin de prserver leur
part de march, et pour ne pas avoir la rputation dune banque qui a vision contentieuse du
recouvrement, en privilgiant la voie judiciaire et en recourant systmatiquement aux
tribunaux.
539
-cest larticle 442-6-2-c modifi par la LME et qui stipule : -Sont nuls les clauses ou contrats prvoyant pour
un producteur, un commerant, un industriel ou une personne immatricule au rpertoire des mtiers, la
possibilit : D'interdire au cocontractant la cession des tiers des crances qu'il dtient sur lui.
226
-laffacturage est apparu au Maroc bien aprs son apparition en France, la premire socit daffacturage a
t cre en 1988.
227
541
-larticle L511-12 du code de commerce franais et larticle 171 du code de commerce marocain stipulent
: Les personnes actionnes en vertu de la lettre de change ne peuvent pas opposer au porteur les exceptions
fondes sur leurs rapports personnels avec le tireur ou avec les porteurs antrieurs, moins que le porteur, en
acqurant la lettre, n'ait agi sciemment au dtriment du dbiteur .
228
400. Cette situation peut donc entrainer de srieuses difficults au factor, et constitue un
vritable inconvnient de ce mode de mobilisation de crances, qui en pratique incite son
client excuter le contrat lorigine de la crance, pour pouvoir tre pay de son dbiteur,
le cas chant, le factor peut engager une action en responsabilit contractuelle contre son
adhrent pour une mauvaise excution du contrat, ou encore se prvaloir des dispositions
du code pnal si son client a agi sciemment son dtriment.
Dans le mme ordre dide, on peut en dduire que le factor est inefficacement protg, vis-vis dune mauvaise excution de son client lgard du dbiteur, inversement au banquier
mobilisateur de lettres de change qui peut toujours se prvaloir du principe de
linopposabilit des exceptions, selon lequel le tir est interdit dopposer au porteur les
exceptions souleves dune mauvaise excution de lobligation initiale, mme si ce contrat
avait dj pris fin.
Au demeurant, le factor peut tre confront un autre type dexception invoqu par le
dbiteur cd et qui peut compromettre srieusement son droit sur la crance acquise.
2- Les exceptions relatives la compensation
401. Dans une relation daffaires, le dbiteur peut lui-mme dtenir une crance sur son
propre crancier, ce qui lui permet de se librer auprs de lui par le biais de la compensation
si celle-ci remplit les conditions requises par la loi542. Reste savoir si le dbiteur cd dans
le cadre dune convention daffacturage pourrait se prvaloir de la compensation et refuser
de se librer entre les mains du factor
En effet, la diffrence de la cession de crance par bordereau Dailly pour lequel la loi
interdit explicitement au dbiteur qui a accept la cession de crance faite par son crancier
un tiers dopposer au cessionnaire la compensation quil et pu, avant lacceptation,
opposer au cdant (son crancier)543, cette exception a t conditionnellement retenue par
la jurisprudence Franaise, qui exige la runion des conditions de la compensation avant la
date de la subrogation544. Ce fameux arrt avait confirm ce principe qui a t pos
prcdemment par les juridictions de fond, selon lequel le dbiteur ne pouvait se prvaloir
de la compensation lgale lgard dune socit daffacturage en excution dun contrat
daffacturage que si la compensation sest produite antrieurement la subrogation. Par
consquent, cette exception peut tre invoque par le dbiteur cd du moment que les
542
-le code civil Franais et le dahir des obligations et contrats dictent la runion des mmes conditions pour la
compensation, savoir : la rciprocit des crances, leur caractre fongible, certain, liquide, et exigible.
543
- Entendu au sens de larticle 1295 du code civil Franais, ces dispositions ont t appuyes par larticle L
313-29 du code montaire et financier sont les mmes dispositions sont prvues par larticle 359 du DOC.
544
229
545
-Cass.com, 10 octobre 2000, n96-22.412, Bull. 2000, IV, n153, p.138 ; Cass.com, 23janvier 2001, n9814.421.
546
-J. MESTRE et B. FAGES, Des conditions de la subrogation personnelle et de lventuelle influence des
relations entre subrogeant et subrog sur le sort du dbiteur , RTD. CIV., septembre 2001, p. 592.
547
-la notion des tiers se limitait parfois toute personne qui a acquis des droits sur la crance cde, donc celle
qui revendique la crance en loccurrence. V., F.J Credot et Y. Gerard, RD banc., 1993, n427.
548
me
230
405.
Faute dune intervention du lgislateur pour trancher ce genre de litige, la
jurisprudence Franaise a d sinvestir davantage en la matire et prendre des dcisions
abondantes et constantes pour pouvoir constituer une rgle dusage laquelle on puisse se
rfrer.
En effet, ce type de conflit est assez rcurrent en matire de mobilisation de crance :
chaque mobilisateur de crance prsume que son rang prime sur lautre, et que cest lui qui
doit prioritairement tre pay par le dbiteur cd. En fait, ce sont deux oprations de
mobilisation de crances qui se ressemblent, ayant la mme tendue et finalit, la seule
diffrence seulement des modalits qui sont propres chacun de ces modes, et au fait que
la cession de crance par bordereau Dailly a dj fait lobjet dune rglementation 550.
A cet gard, la jurisprudence a eu recours lapplication du principe Prior tempore, potior
jure , cela consiste comparer les dates respectives de laffacturage et de la cession de
crances par bordereau Dailly pour pouvoir en relever lantriorit, nanmoins la difficult
tait rencontre en termes de dates prendre en considration, savoir celle de la
notification de la cession au dbiteur, ou celle qui figure sur le bordereau en matire de
cession de crances par bordereau Dailly, ou encore la date porte sur la quittance
subrogative ou celle de linscription au compte courant par rapport laffacturage.
549
-B. EL MOKHTAR, Les tiers dans la complexion de laffacturage , RJDA., n3, 1994, p.207.
550
-la cession de crances professionnelle est rglemente par la loi du 2 janvier 1981 dite loi Dailly, modifie
en 1984, elle est rgie par le code montaire et financier.
231
407. La crance peut se trouver transmise tant dans le cadre de laffacturage que par le
biais du tirage dune lettre de change au profit dun porteur ; il sagit en gnral du banquier
mobilisateur. La distinction entre ces deux cas de figure est un problme assez courant en la
matire et qui repose sur le fait que la lettre de change a t accepte ou non :
-
551
552
-B. TEYSSIE et M. CABRILLAC, Banque, affacturage, cession de crances professionnelles , RTD. Com.,
septembre 1992, p.655.
553
- Cass.com., 3 janvier 1996, n 93-21.675 94-10.513, Bulletin 1996 IV N 2 p.1 ; J. MESTRE, Cession de
crances et responsabilit civile , RTD. CIV., mars 1997, p.130.
554
-Cass. Com., 3 juin 1998, V., S.Stankiewich, La couverture du risque par les contrats dassurance-crdit et
daffacturage , mmoire, Universit de droit et sant de Lille, 2003-2004, note n108, p.43.
232
408. Cest une situation moins frquente que les prcdentes : au moment o ladhrent,
en raison dun quelconque diffrend avec son affactureur recourt un deuxime factor sans
rsilier son contrat avec le premier, et transmet au nouveau factor une crance qui a t
dj transmise lancien factor. Dans ce cas, le paiement effectu par le dbiteur cd est
libratoire et opposable au deuxime factor556.
555
-Cass.com.,19 dcembre 2000, n97-15011, Bull. 2000, IV, n200, p.175, il faut toutefois noter que cest un
arrt qui oppose le porteur de la lettre de change un cessionnaire Dailly, mais les solutions dgages en
matire de cession Dailly sont aussi applicables en matire daffacturage. M. CABRILLAC, Effet de commerce.
Cession de crances professionnelles , RTD. Com., septembre 2001, p.737 ; P. CROCQ, conflit entre le
porteur de lettre de change accepte et le bnficiaire dune cession Dailly , RTD. Civ., juin 2001, p.393.
556
233
410. Cest un cas de figure trs frquent, lorsquon est devant une procdure collective,
ds lors quune procdure collective lencontre de ladhrent est ouverte, la chose vendue
par celui-ci peut se trouver entre les mains dun tiers, qui revendiquera inluctablement son
droit de rtention.
En effet, le droit de rtention est opposable tous, y compris au factor ou mme ceux qui
ne sont pas dbiteurs de la crance, et le factor peut voir sa situation se compliquer et il ne
pourra aucunement contester le droit de rtention exerc par un transporteur par exemple
et lui imposer de livrer lacheteur (cest le dbiteur en loccurrence) pour que ce dernier
puisse rgler entre ses mains. Dans la circonstance, la loi confre au crancier dtenteur le
droit de garder la chose-objet jusqu paiement intgral de celle-ci, or la crance du factor
ne nait qu la livraison du bien lacheteur, consquemment, le factor se trouvera
dpourvu de son droit dtre pay par le dbiteur cd, et ne pourra faire autrement que
payer le cot du transport ou la crance restant la charge de ladhrent si celui-ci est en
procdure collective en vue dtre pay par le dbiteur cd.
b- Le factor face un vendeur sous rserve de proprit
411. Une autre situation complexe qui peut entraver les droits du factor sur la crance
transmise, et propos de laquelle il doit tre extrmement prudent, est celle qui loppose
un vendeur sous rserve de proprit dans lhypothse dune vente opre entre un
vendeur initial et un adhrent si celui-ci revend le bien dont la proprit est encore rserve
avant mme de rgler intgralement le prix de vente un sous-acqureur et qui transmet
paralllement la crance un factor. Dans le cas prsent, le factor et le vendeur initial, sous
rserve de proprit, se trouveront en concurrence sur les sommes restant dues par le sousacqureur, et ce en cas de dclenchement ou non dune procdure collective de ladhrent.
412.
Dun point de vue juridique, la clause de rserve de proprit est opposable au
crancier, et par voie de consquence au subrog qui acquiert la crance avec ses avantages
et prils, par ailleurs, dans le cadre dune procdure collective, le vendeur initial a le droit de
revendiquer le prix du bien ou une partie du prix sur le fondement de larticle 624-18 du
code de commerce557. Autrement dit, il existe en lespce une subrogation relle tant
donn que le droit portant sur le bien est report sur le prix de revente du bien, et le
vendeur continuera revendiquer sa crance rsultant du prix de revente du moment que
celle-ci na pas t paye. Cette solution a t dailleurs dgage par le lgislateur Franais
travers lordonnance du 23 mars 2006 relative aux srets, qui au terme des dispositions de
557
-article modifi par lordonnance n2008-1345 du 18 dcembre 2008 qui stipule : Peut tre revendiqu le
prix ou la partie du prix des biens viss l'article L. 624-16 qui n'a t ni pay, ni rgl en valeur, ni compens
entre le dbiteur et l'acheteur la date du jugement ouvrant la procdure.
234
larticle 2372 prcise que le droit de proprit se reporte sur la crance du dbiteur l'gard
du sous-acqureur ou sur l'indemnit d'assurance subroge au bien.
558
559
-P. PISONI, Conflit entre le vendeur de biens sous rserve de proprit et le factor de lacqureur-vendeur
en redressement judiciaire , D., juin 2000, p.278.
235
414.
Certes, lassurance-crdit na pas eu une forte incidence sur le contentieux de
limpay en France, mais le dveloppement de ce mcanisme durant ces dernires annes
nest pas rest sans effet sur le phnomne de limpay, et en constitue peut-tre un
remde560.
-M.FLAMEE, La dfaillance de paiement et les remdes dans une conomie de march : vision dun juriste
rveur sur le dveloppement de lassurance-crdit , in La prvention de la dfaillance de paiement, Actes du
me
congrs Sanguinetti 1998, J. Bastin (sous la direction) Larcier, Bruxelles, 2000, p. 309 317.
561
562
-J.CHAHOUD., lassurance-crdit interne , thse soutenue le 6 novembre 2010 luniversit Montpellier I.,
p10 et s.
563
564
-aprs deux annes de recul en 2008 et 2009, le secteur a connu une forte progression en 2010, le montant
me
des encours bruts relatifs aux encours de crdit clients slve 254 milliards deuros au 4 trimestre 2010,
soit une hausse annuelle de plus de 8%, selon lautorit de contrle prudentielle. Voirhttp://www.banquefrance.fr/fileadmin/user_upload/banque_de_france/La_Banque_de_France/pdf/fiche_224-BDF-Societesassurance-credit.pdf.
236
416. En revanche, ce mcanisme au Maroc ne connait pas le mme essor quen France,
bien au contraire567, hormis lassurance-crdit lexportation qui est dailleurs rglemente
par un dahir568, et pratique par la socit Marocaine dassurance lexportation 569 ,
lassurance-crdit domestique en est un stade encore embryonnaire, et reste pratique
par une seule 570socit. Cette absence de dveloppement du procd peut tre imputable
plusieurs causes qui entravent le recours cette technique.
Tout dabord, une rglementation spciale en la matire fait dfaut, attendu que le Dahir n
1-02-238 du 3 octobre 2002 portant promulgation de la loi n 17-99 portant sur le code des
assurances exclut expressment dans son deuxime article de son champ dapplication les
oprations relatives lassurance-crdit. Nanmoins, le lgislateur a autoris les
tablissements de crdit dans le cadre de la loi bancaire de 2006 sous rserve du respect
des dispositions lgislatives et rglementaires applicables en matire doprations lies
leur activit, la pratique de lassurance-crdit, sans pour autant mettre en place un
dispositif propre la matire., Ce vide juridique constitue un vritable frein face au
dveloppement de lassurance-crdit au Maroc, ce mme vide na cependant pas ralenti son
volution en France.
565
566
-Rapport d'activit de la mdiation du crdit aux entreprises, 2008/2009, le rapport voque le fait que
lassurance-crdit joue un rle important dans lconomie nationale en couvrant les entreprises contre le
risque de dfaillance de leurs clients, auxquels elles accordent des dlais de paiement. De cette manire elle
scurise prs du quart du crdit interentreprises en France., p.84.
567
-A. JOUAHIRI, Lassurance-crdit dans les pays arabes , in La prvention de la dfaillance de paiement,
me
Actes du 2 congrs Sanguinetti 1998, J. Bastin (sous la direction) Larcier, Bruxelles,2000, p.274 et s.
568
-il sagit du dahir portant loi n1-73-366 du 23 avril 1974 relatif lassurance lexportation, modifi et
complt par le dahir portant loi n1-92-282 du 29 dcembre 1992, galement par le dahir n1-04-09 du 21
avril 2004 portant promulgation de la loi n55-03.
569
-la socit a t cre en 1988 ayant pour objet la gestion du systme dassurance lexportation, son
capital social est rparti entre lEtat, les banques et les compagnies dassurance.
570
-larticle 2 du code des assurances stipule : Le prsent livre ne concerne que les assurances terrestres. Il
n'est applicable ni aux assurances maritimes, ni aux assurances fluviales, ni aux assurances de crdit, ni aux
conventions de rassurances conclues entre assureurs et rassureurs .
237
417. Par ailleurs, la position du droit coranique est assez restrictive lgard des contrats
dassurance, et notamment de lassurance-crdit, ce qui constitue vraisemblablement un
vritable barrage face lvolution de ce procd, car au vu du droit islamique les contrats
dassurance sont domins par lincertitude au moment de leur conclusion ce qui entraine un
dsquilibre flagrant dans les prestations des parties et cre un ala en droit islamique 571.
Cependant, ces contrats sont admis dans la doctrine islamique sils sont conclus titre
gratuit, de l, on peut dduire quun nombre assez important dentreprises se montrent
rticentes vis--vis de lassurance-crdit, et ne souscrivent que des contrats lgalement
obligatoires.
En outre, ces causes sajoute la mconnaissance absolue par la majorit crasante des
entreprises et des acteurs conomiques du Maroc de ce procd. Car le dveloppement
dun tel mcanisme ncessite des campagnes de sensibilisation et dinformation importantes
visant informer les personnes pouvant y recourir. Lenjeu est de mettre en lumire
limportance de lassurance-crdit et notamment son ventuelle incidence sur le contentieux
de limpay eu gard son efficacit et son concours probable sur le contentieux li
limpay devant les juridictions commerciales, de surcrot, la matire vient achopper sur la
pauvret en matire dcrits572 et de dcisions jurisprudentielles de nature constituer une
rfrence.
Par ailleurs, il conviendrait dans notre analyse de mettre laccent sur le rgime juridique et
rglementaire relatif lassurance-crdit, qui suscite dimportantes divergences doctrinales
(p.1). Puis on tudiera les avantages de ce mcanisme qui ont concouru plausiblement la
baisse du contentieux de limpay en France, et lon sintressera galement aux
inconvnients de ce procd (p.2).
-lala en droit islamique cest le GHRAR, savoir, une transaction qui comprend un lment dincertitude
relatif soit lobjet du contrat, soit au prix, soit au dlai dans lequel il sexcute. Cest le risque, lincertitude, la
spculation, V. O. El sherif., quelques aspects juridiques de la caution et lassurance-crdit dans la doctrine de
me
lIslam , in La prvention de la dfaillance de paiement , Actes du 2 congrs SANGUINETTI 1998, (sous la
direction de J.Bastin), p.68.
572
-mis part quelques articles qui traitent de loin lassurance-crdit, celle- ci na pas fait lobjet notre
connaissance dun manuel ou dun ouvrage.
238
inhrents toute opration civile, commerciale, industrielle ou bancaire qui ne se rgle pas
au comptant573 , tandis quun autre auteur a qualifi lassurance-crdit de : une assurance
souscrite par un crancier pour couvrir le risque dinsolvabilit de son dbiteur. Des
dfinitions qui restent assez restrictives compte tenu de lvolution de ce mcanisme.
A ce titre, deux dfinitions ont permis dosciller entre laspects technique et juridique en
assurance-crdit. La premire est celle de Joseph HEMARD qui la dfinie comme :
l'opration par laquelle une partie, l'assur, se fait promettre, moyennant une rmunration,
la prime, pour lui ou pour un tiers, en cas de ralisation d'un risque, une prestation par une
autre partie, l'assureur, qui, prenant en charge un ensemble de risques, les compense
conformment aux lois de la statistique .574 La seconde est une dfinition plus rcente qui
la dfinie comme : un systme dassurance, qui permet des cranciers, moyennant le
paiement dune prime, de se couvrir sur le non-paiement des crances dues par des
personnes pralablement identifies et en tat de dfaillance de paiement 575.
Toutefois, le rgime juridique nest pas pargn dincertitude quant sa qualification(A), en
revanche les droits et obligations des parties dans un contrat dassurance-crdit sont tablis
par les rgles dusage et les dispositions auxquelles obit lassurance-crdit en France.
573
574
575
576
239
-il sagit des articles R331-33 et R331-34 Cr par le dcret n91-398 du 25 avril 1991, ainsi que larticle
R331-35.
578
-cest la directive n73/239/CEE du 24 juillet 1973 portant coordination des dispositions lgislatives,
rglementaires et administratives concernant l'accs l'activit de l'assurance directe autre que l'assurance sur
la vie, et son exercice, J.O n L228 du 16 aout 1973.
240
droit commun, cependant, le lgislateur Franais a procd ladmission de lassurancecrdit comme contrat dassurance en vertu de larticle R321-1 du code des assurances579 en
vertu duquel lassurance-crdit a t classe explicitement au rang des activits qui peuvent
tre pratiques par une compagnie dassurance. Cependant, les assureurs pratiquant
lassurance-crdit doivent se conformer aux mmes exigences que nimporte quelle autre
branche dassurance, et doivent obtenir pralablement un agrment du Ministre de
lEconomie et des finances.
422. Par analogie, on peut affirmer que les rgles de contrle et exigences imposes par le
code des assurances sont applicables aux socits pratiquant lassurance-crdit, ainsi que les
obligations dinformation qui incombent aux assureurs des autres branches dassurance.
Cela nous donne penser que lassurance-crdit est considre comme une vritable
opration dassurance. Pour autant, celle-ci demeure une exception au regard du code des
assurances qui continue tre en vigueur, or le contrat dassurance-crdit trouve sa source
dans le droit commun des obligations et lautonomie de la volont des parties. Cela dit, les
parties peuvent fixer librement le contenu des polices, il est possible toutefois que les
parties soumettent conventionnellement leur police au code des assurances 580 .
Subsquemment, cette situation suscite une ambigut lgislative, tant donn que le
contrat dassurance-crdit demeure rgi par le principe de lautonomie de volont des
parties et non pas par le code des assurances, tandis que les assureurs-crdits sont soumis
aux rgles du contrle des autorits publiques en vigueur pour les assureurs pratiquant
dautres branches dassurances. Pour autant, le dveloppement de lassurance-crdit navait
pas t frein par cet cueil, et cela na pas suscit de doute quant la nature juridique du
contrat dassurance-crdit.
En revanche, relativement la subrogation en matire dassurance-crdit, celle-ci obit aux
rgles de droit commun, ds lors que lassureur-crdit indemnise lassur de la dfaillance
de son dbiteur, celui-ci est subrog dans les droits du crancier, en lespce il pourra
intenter une action en justice contre le dbiteur pour rcuprer les crances recouvres par
application de larticle L121-12 du code des assurances.
2- La nature juridique du contrat dassurance-crdit
423. Les parties en matire du contrat dassurance-crdit sont tenues dtablir un crit en
vertu de larticle L112-3 du code des assurances, et doivent faire figurer dans la police
dassurance les mentions obligatoires soulignes par larticle L112-4. Mais en principe, ce
contrat requiert seulement lchange de volont des parties. Le contrat devient parfait ds la
579
-cet article a t rcemment modifi par lordonnance Ordonnance n2010-76 du 21 janvier 2010.
580
241
rencontre des volonts des parties, mme en cas dabsence dun document sign 581, en
loccurrence le contrat dassurance ntant pas un moyen de validit, il nest quun moyen de
preuve ou de prsomption de lassurance582, ce qui ne laisse pas de doute sur le caractre
consensuel du contrat dassurance-crdit 583 , laissant entendre que ce contrat repose
essentiellement sur les rgles du droit commun des obligations. Cependant, des rgles
dordre public ont t mises en place par le lgislateur auxquelles il ne peut absolument pas
tre drog, ayant pour objectif de protger le consommateur dans le contrat dassurance
eu gard lintrt social que linstitution dassurance prsente, ce qui confre galement
un caractre dordre public ce type de contrat.
me
582
583
584
-cet article dispose : Dans le doute, la convention s'interprte contre celui qui a stipul et en faveur de celui
qui a contract l'obligation.
242
-infra 440 et s.
243
seuls dbiteurs dont le risque dinsolvabilit est important. Lassurance-crdit est galement
rgie par le principe de globalit tout comme la technique daffacturage car travers ce
principe lassureur-crdit pourra compenser lensemble des risques garantis. Cependant les
entreprises dassurances, disposent dun pouvoir dapprciation qui leur permet, aprs
examen de la solvabilit du client de lassur daccepter ou de rejeter le risque en question,
ce qui constitue dailleurs lun des rles les plus importants que joue un assureur-crdit,
savoir, celui de la prvention. Cest la raison pour laquelle lassur doit fournir des
renseignements exacts sur le risque assurer et notamment, les informations relatives son
dbiteur. Dans le cas inverse, lassur court le risque de voir son contrat frapp de nullit si
sa mauvaise foi est tablie. Si ce nest pas le cas, il peut encourir une rduction
proportionnelle de taux de prime en vertu de larticle 113-9 du code des assurances.
De surcroit, lassur est tenu de payer la prime586 selon le mode convenu entre les parties587
conformment la loi en vigueur588, et le taux de prime est subordonn limportance du
risque assurable dclar par lassur lors de la conclusion du contrat. Par ailleurs, les
compagnies sappuient sur plusieurs paramtres dterminants pour la fixation du taux de
prime applicable sur le risque assur, le plus important relve de lexprience propre de la
compagnie, qui lui permet de recueillir un nombre non ngligeable de statistiques sur tel ou
tel risque, voire sur les dbiteurs eux-mmes et sur leur risque dinsolvabilit. Il convient de
souligner que plus la compagnie est anciennement implante sur le march, plus elle
dispose damples renseignements statistiques. Cest partir de ces donnes conjugues avec
lassiette du chiffre daffaires trait que lassureur-crdit fixe le taux de prime. Nonobstant,
le mode de calcul peut tre diffrent selon la police ou le type du risque589.
429. En revanche, cette obligation de payer la prime dassurance par lassur demeure
lobligation principale, et en cas dabsence de paiement de prime ou dune fraction de
prime, lassureur peut procder la mise en demeure de lassur, qui dispose quant lui
dun dlai de 15 jours partir de la rception de la mise en demeure pour sacquitter. En cas
dabstention, lassureur a la possibilit de rsilier de plein droit le contrat dassurance aprs
coulement dun dlai de dix jours590.
Lassur doit en outre dclarer le sinistre de nature entrainer la garantie de lassureur, ds
quil en a eu connaissance, et ce au plus tard dans le dlai fix par le contrat. En loccurrence,
586
-pour calculer la prime, les compagnies dassurance-crdit procdent la formule suivante : Prime Pure =
Taux de Prime X Capitaux Assurs.
587
-lassur peut effectuer un paiement comptant, chelonn, ou encore par compensation dans le cas o
lassureur doit lassur une indemnit rsultant de la constatation de dfaillance dun dbiteur de ce dernier.
588
-larticle L113-2 prvoit : lassur est oblig de payer la prime ou cotisation aux poques convenues. .
589
-il faut voir par exemple si il sagit dune police court, moyen ou long terme, ou sil sagit encore dune
police individuelle o la prime est calcule dune manire forfaitaire et payable la souscription de la police
dassurance.
590
244
245
592
246
434. La prvention est lun des principaux rles de lassureur-crdit, celui-ci est appel
rester vigilant. Lintervention en amont de celui-ci par le biais dun examen minutieux de la
situation du dbiteur de son assur et de son degr de solvabilit lui permet davoir une
perception plus au moins anticipe de la situation de chacun des dbiteurs de lassur, en
vue de donner son agrment lassur ou pas. En loccurrence, le crancier ou lassur
connatra grce son assureur qui peut disposer de plus amples renseignements sur le
dbiteur, le risque encouru par la transaction entre le crancier et le dbiteur.
En effet, lassureur-crdit offre une meilleure gestion de risque grce au systme de risque
consolid et la gestion de bases de donnes visant recueillir tous les lments possibles
sur les dbiteurs. Ces bases salimentent par des renseignements collects au fur et
mesure de lactivit de lassureur-crdit et de son exprience. Plus il a dexprience, plus il
dispose de renseignements de ce type. On constate par ailleurs que les compagnies
dassurance-crdit sont de plus en plus mticuleuses sur cette question eu gard la baisse
de moralit commerciale constate dernirement593, ce qui incite celles-ci se prmunir
dans leur activit.
De cette manire, lassureur-crdit et le crancier pourront viter le risque de dfaillance du
dbiteur sil prsente un degr dinsolvabilit lev, grce cette mesure purement
prventive. Le crancier fera confiance lexprience de son assureur pour viter en amont
les problmes qui lopposeront son dbiteur en matire de recouvrement. Par consquent,
il vitera de se trouver face une situation compromise chez son dbiteur, et notamment
une procdure collective son encontre. Il vitera ainsi dtre ventuellement devanc par
dautres cranciers, ou daller en justice pour une action de recouvrement forc. Certes,
cette prvention peut avoir des retombes conomiques ngatives sur le crancier, qui peut
perdre un client, car celui qui ne paie pas une fois parce que sa trsorerie connait des caps
nest pas forcment dfaillant ou insolvable. Il se peut que le dbiteur ait t fich
auparavant par lassureur-crdit qui refuse de prendre le risque, et dconseille galement
son assur, mais dans cette situation, le crancier peut se rfrer ladage : mieux vaut
prvenir que gurir .
435. Toutefois, ces donnes et renseignements demeurent intressants, mais incomplets,
pour pouvoir tirer des conclusions dfinitives sur un dbiteur, tant donn que lassureurcrdit peut se retrouver face un dbiteur dont il estime que la situation financire est
sereine, et se trouver confront de graves dfaillances de la part de celui-ci.
Par ailleurs, on estime que cet atout de lassurance-crdit ne pouvait pas tre sans incidence
sur le contentieux de limpay en France durant ces dernires dcennies, compte tenu du
nombre considrable dactions en justice lies limpay qui auraient pu tre dclenches
sans ce rle prventif de lassureur-crdit quil est appel jouer, et qui constitue lune des
593
-J.BASTIN, La dfaillance de paiement et sa protection, lassurance-crdit, 2me dition, LGDJ, 1993, p.160.
247
249
dquilibrer les bons et les mauvais risques moyennant leur mutualisation 594. Il sagit dune
condition lourdement supporte par lassur qui ne compte pas seulement que des mauvais
payeurs dans son portefeuille, mais il est tenu de sassurer mme contre le risque
dinsolvabilit des prsums bons payeurs. Et les contrarits de lassur ne sarrtent pas
l
En effet, lassureur-crdit dispose dun pouvoir qualifi dexorbitant en la matire, qui lui
permet de rduire, voire de dnoncer la garantie acquise par lassur sur un client dj agr
ds lors que le risque assur sest aggrav, une disposition lgalement prvue595 qui sest vu
tendre par lusage de lassurance-crdit.
442. Il appert, que les assureurs-crdit ont largi lapplication de cette disposition pour
insrer des clauses qui vont au-del de leur pouvoir lgal, qui contiennent expressment des
motifs de dsengagement596 qui offre lassureur-crdit la facult de rduire ou dnoncer sa
garantie sur un client agr auparavant. Un pouvoir unilatral dont dispose lassureur-crdit
et qui entraine un dsquilibre flagrant dans le contrat dassurance-crdit au dtriment de
lassur eu gard au caractre dadhsion de ce type de contrat597.
Ce pouvoir a t par ailleurs confort par la jurisprudence598, qui a affirm la licit de la
clause par laquelle lassureur se rserve le droit de se dsengager dune police en cours
dexcution, sous condition que lapplication de cette clause ne ressorte pas seulement de la
volont de lassureur-crdit, mais de circonstances objectives pouvant faire objet dun
contrle judiciaire, ainsi, cette clause ne doit pas avoir un caractre potestatif. Cela signifie
que le contrat dassurance-crdit perd en quelque sorte son caractre alatoire en donnant
lassureur cette facult de dnoncer un contrat en cours dexcution. Peut-on cet gard
remettre en question le caractre alatoire du contrat dassurance-crdit ?
594
595
-larticle 113-4 du code des assurances prvoit : En cas d'aggravation du risque en cours de contrat, telle
que, si les circonstances nouvelles avaient t dclares lors de la conclusion ou du renouvellement du contrat,
l'assureur n'aurait pas contract ou ne l'aurait fait que moyennant une prime plus leve, l'assureur a la facult
soit de dnoncer le contrat, soit de proposer un nouveau montant de prime .
596
-la police dassurance-crdit doit souligner expressment cette facult de lassureur-crdit, et prvoir une
liste dtaille des causes de dnonciation ou de rduction de la garantie sur un client pour le contrat en cours
dexcution,. Voir dans ce sens guide dutilisation du contrat dassurance-crdit COFACE, article B06.03.F, d
2006.
597
-J. MESTRE, Des engagements habilement retenus par lun ceux abusivement imposs par lautre , RTD.
CIV., juin 1991, p.333 et s.
598
re
250
A ce titre, la cour de cassation599 avait estim que la clause offrant la facult lassureurcrdit de rduire ou dnoncer la garantie accorde auparavant un client ne privait pas la
police dassurance-crdit de caractre alatoire600.
443. Force est de constater, que cette clause de dsengagement accorde par la loi est
confirme par la jurisprudence Franaise, trs utilise par les compagnies spcialises en
assurance-crdit, fait perdre de toute vidence ce mcanisme beaucoup de son
attractivit 601 , tant donn que lassur qui choisit de se protger contre le risque
dinsolvabilit de son dbiteur reste tributaire de la rigidit de lassureur-crdit, et se trouve
parfois dpourvu de cette couverture pour un motif ou un autre, loppos du but
recherch.
Somme toute, il faudrait que les assureurs-crdit abandonnent ces clauses de
dsengagement, ou plutt limitent au maximum les motifs de dsengagement possibles, afin
de rendre ce procd plus attractif et pour quil devienne le mode dexternalisation de
limpay par excellence, et puisse concourir davantage par son rle prventif et avec la
protection effective quil apporte au crancier contre linsolvabilit du dbiteur, faire
baisser le contentieux de limpay devant les juridictions commerciales.
2- Les clauses visant une intervention de lassureur-crdit postrieurement
lchec de la procdure judiciaire
444. Dans le mme contexte, lassur en matire dassurance-crdit peut se retrouver face
des clauses qui ne correspondent pas au but escompt, savoir se prmunir contre
linsolvabilit du dbiteur, et tre indemnis dans les meilleurs dlais. Or, lassureur-crdit
peut insrer des clauses qui visent faire intervenir ce dernier ds lors que toutes les
tentatives et dmarches de recouvrement entreprises par le crancier lui-mme auront
chou602, et notamment judiciaires. Autrement dit, lassureur-crdit nintervient pas en cas
de survenance dune dfaillance du dbiteur de lassur, et ne prend pas en charge la
crance sinistre, en lespce il attend que lassur ait puis toutes les voies de
recouvrement possibles, en commenant par la voie amiable, jusqu lchec de la voie
judiciaire, pour prendre en charge la crance sinistre. Celui-ci peut encore limiter son
risque la seule ouverture dune procdure de redressement ou de liquidation judiciaire
lencontre du dbiteur.
599
-Cass. Civ., 1
re
600
-J. MESTRE, lala la lumire.des clauses de prix , RTD. Civ., juin 1996, p.394.
601
602
251
Conclusion titre
446.
On a pu constater comment le lgislateur, tout comme les acteurs de la vie des
affaires ont compris lampleur dun impay qui ne cesse dencombrer les juridictions,
gnrant une lenteur excessive dans le traitement de ces dossiers. De ce fait, ils se sont
efforcs de mettre en place des mcanismes visant djudiciariser le contentieux de
limpay, pour offrir des solutions de substitution un crancier lass de recourir un
recouvrement forc, qui se rvle parfois inefficace.
Une panoplie de lois, et de techniques dvelopps par la pratique, ont offert au crancier
une vritable stratgie de recouvrement, qui sappuie moins sur la justice tatique, mais
dont lefficacit a dores et dj fait ses preuves.
447. Tous ces lments lgislatifs et pratiques, constitue vraisemblablement une synergie,
ayant trs possiblement contribu la baisse du contentieux de limpay en France devant
les juridictions civiles et commerciales ces dernires annes, et affirment la vritable
intention de ces acteurs remdier au problme de limpay.
On ne peut qutre frapp par laction du lgislateur Franais, qui a compris quil fallait
alternait entre la justice tatique e dautres alternatives pour assurer un recouvrement de
crances efficace et rapide.
Le dveloppement des mcanismes visant externaliser le traitement de limpay tait le
rsultat dune qute permanente dun crancier prtendant prvenir les risques de
252
253
Titre 2 : Limpact positif dun droit des srets rnov sur le contentieux de
limpay
448. On peut se demander si les srets en France ont eu une incidence sur la baisse du
contentieux de limpay devant les juridictions civiles et commerciales, ou encore, est-ce
que la rforme structurelle engage par le lgislateur Franais a pu contribuer une baisse
du contentieux de limpay ?
Considres comme le support de dveloppement du crdit603, les srets en France ont
connu une rforme substantielle qui a comme objectif de les rendre plus lisibles et efficaces,
la fois pour les acteurs conomiques et pour les citoyens, tout en prservant l'quilibre des
intrts en prsence604. Pour lassurance dune meilleure lisibilit, lordonnance du 23 mars
2006605 a insr pour la premire fois en droit Franais lensemble des textes relatifs aux
srets dans le quatrime livre du code civil, et a introduit un ensemble de rgles innovantes
ayant pour but de simplifier la constitution de celles-ci, et de faciliter leur mode de
ralisation. Cest dans ce cadre que sinscrit cette rforme tant attendue.
En effet, lintervention du lgislateur en la matire a t juge essentielle tant donn la
solidit des srets qui a t branle par la force de dveloppement du crdit ainsi que les
nouvelles techniques bancaires606, notamment celles qui se ressourcent des rgles dusage.
Sans ngliger leur mode de constitution et de ralisation qui ne sadapte point un march
conomique si exigent et dont la clrit fait ses preuves. Autant dlments qui ont
vulnrabilis les srets en France et suscit la remise en question de leur finalit. Cela a
conduit le lgislateur introduire une rforme profonde qui se veut rpondre des
problmatiques lies lefficacit du rgime des srets.
449. Il est difficile de mesurer si le nombre de prise de surets a augment depuis la mise
en place de cette nouvelle loi, tant donn que les srets ne font pas toutes lobjet dune
publicit, il est plus difficile encore de connaitre le nombre exact de ralisations des srets,
avant et aprs lordonnance de 2006, qui permettra de faire la corrlation entre le nouveau
droit des srets et le contentieux de limpay, et de savoir si ce changement substantiel a
603
- M. BENNIS, Leffectivit des srets garantissant les crdits bancaires en jurisprudence Franaise et
Marocaine, thse Paris V, 2003.
604
-lordonnance n2006-346 du 23 Mars 2006 relatives aux srets, JO 24 mars 2006, p 4475, entre en
vigueur le 25 mars 2006.
606
-B. FOEX, Quelques remarques sur le rle de la banque et sur les propositions dharmonisation
me
internationale des srets relles , in La prvention de la dfaillance de paiement, Actes du 2 congrs
Sanguinetti 1998, J. Bastin (sous la direction) Larcier, Bruxelles, 2000, p.283 et s.
254
eu un impact sur les demandes lies limpay formules devant les juridictions civiles et
commerciales, chose qui ntait pas exclue par dautres recherches607.
Nanmoins, on peut faire un examen mticuleux sur les nouveaux apports de cette rforme,
de manire ce quon puisse tablir un rapprochement entre les dits apports de la rforme
et le phnomne tudi, celui de la baisse du contentieux de limpay devant les juridictions
comptentes.
450.
Demble, on fait abstraction des surets personnelles608 de notre champ de
recherche, compte-tenu de lintrt minime quelles reprsentent pour le rapprochement en
question, dautant plus quelles ne soutiennent pas notre thse de diminution du
contentieux de limpay, tant considr que le crancier emprunte la voie judiciaire contre
la personne qui sest porte garante pour recouvrer sa crance en cas de dfaillance de son
dbiteur principal, ces srets peuvent au contraire provoquer des effets opposs la baisse
du contentieux de limpay.
En effet, la demande en paiement formule par le crancier peut tre engage soit contre le
dbiteur principal, soit contre son garant, mais le plus souvent, ces demandes sont formes
la fois contre le dbiteur principal et contre le garant609, ce qui peut apparaitre comme
deux actions en paiement, mais pour une seule crance, ce qui entraine invitablement une
hausse et pas une baisse du contentieux de limpay devant les tribunaux.
Invitablement, la caution qui paie la place du dbiteur principal exerce son action
rcursoire contre ce dernier, par voie de consquence, on pourra assister plusieurs actions
en paiement pour le recouvrement dune seule crance. Les srets personnelles nont donc
pas de consquences sur la diminution du contentieux de limpay, mme de faon
indirecte, comme une tude lavait soulign610.
De la sorte, si on veut conforter le rapport entre la diminution du contentieux de limpay et
la nouvelle rforme de srets, on doit tre conduit mettre la lumire uniquement sur les
srets dont la ralisation nexige pas forcment un recours devant la justice par le crancier
contre son dbiteur ou le constituant dune sret, donc, en ayant recours, le crancier
pourrait tre dsintress seulement par la force de la sret constitue, et il naura pas
faire valoir son droit de suite ou de prfrence, droits qui sont reconnus gnralement aux
srets relles devant le tribunal.
607
608
-les srets personnelles ont t elles aussi rformes (article 2288 2322 du code civil), ce titre comprend
la rglementation du cautionnement, et lintroduction de la garantie autonome, et la lettre dintention.
609
610
255
451. A vrai dire, les srets sujettes de cette corrlation sont anciennes, et remontent
une poque bien antrieure lordonnance de 2006, mais ladite ordonnance a certainement
lev lambigut qui les entourait et est venue combler les lacunes rglementaires qui
apparaissaient, et qui qui rendait quelques srets fragiles, particulirement dans le mode
de ralisation de celles-ci.
Ces srets fortifies par la nouvelle loi, ont sans aucun doute servi comme une mesure
prventive contre lventuelle problmatique de limpay. Celles-ci ont dores et dj fait
preuve de leur force et efficacit devant les procdures collectives, qui constituent sans nul
doute une vritable unit de mesure de lefficacit dune sret, en plaant les cranciers
qui y ont recours dans une position beaucoup plus confortable que dautres cranciers,
notamment ceux ayant inscrit des surets qui se sont rvles peu efficaces devant les
procdures collectives.
452. Toujours, dans le but dclairer les causes de la baisse du contentieux de limpay
devant les tribunaux en France, nous tenterons dexaminer les srets ayant
vraisemblablement contribu la baisse de ce contentieux durant cette dernire dcennie,
particulirement aprs lordonnance de 2006 et autres textes lgislatifs qui ont t adopts
dans la mme philosophie que ordonnance : renforcer et rendre plus lisible les srets.
Pour ce faire, nous nous arrterons sur les mcanismes de proprit-sret (chapitre 1), qui
ne faisaient pas lobjet dunanimit de la doctrine, et qui seraient contraire aux principes
fondamentaux du droit Franais611. Mais lordonnance de 2006 a prvu le retour de la
proprit garantie, qui acquiert une vritable nature de sret relle, ainsi que la
reconnaissance lgale du droit de rtention, qui lui aussi demeure un moyen trs efficace
pour le crancier afin de prvenir le risque dimpay de son dbiteur, et pour se faire justice
soi-mme sans avoir recours la justice tatique, ou encore pour viter dtre confront aux
risques des procdures collectives qui peuvent mettre en pril la sret.
Lun des principaux apports de lordonnance, tait le fameux pacte commissoire qui autorise
les cranciers sattribuer le bien faisant objet dun ensemble de srets, en cas de
dfaillance de leur dbiteur, sans avoir aucun recours la justice cet effet. Cette sret a
particip trs possiblement la baisse du contentieux de limpay. Nous traiterons par
ailleurs les srets pouvant faire intervenir ce pacte commissoire (chapitre2).
611
256
-la fiducie est dfinie par le vocabulaire juridique de CORNU comme : acte juridique par lequel une
personne, nomme fiduciant, transfre la proprit dun bien corporel ou incorporel une autre personne
nomme fiduciaire, soit titre de garantie dune crance, sous lobligation de rtrocder le bien au constituant
de la sret lorsque celle-ci na plus lieu de jouer, soit en vue de raliser une libralit, sous lobligation de
transfrer le bien un tiers bnficiaire aprs lavoir gr dans lintrt de celui-ci ou dune autre personne
pendant un certain temps, soit afin de grer le bien dans lintrt du fiduciant, sous lobligation de le
rtrocder ce dernier, une certaine date. d. PUF, DELTA. Janvier 1996, p.356
613
614
-P. CROCQ, Dix ans aprs : lvolution des proprits-garanties , Mlanges M. Gobert, Economica, 2004,
p.357 et s.
615
-elle est prvue par chapitre IV du deuxime livre relatif aux srets relles, sous le rgime de la proprit
retenue ou cde titre de garantie.
616
257
garantie-proprit, procurant aux cranciers une obtention effective de leur d, dans les
meilleurs dlais, et avec le moindre cot617, et surtout sans recourir la voie judiciaire ces
fins. Ces srets ont trs possiblement aid la baisse du contentieux de limpay devant les
juridictions civiles et commerciales.
455.
En droit Marocain, la clause de rserve de proprit est reconnue par le code de
commerce dans le cadre des procdures collectives618, une disposition isole qui ne peut
gure rpondre aux difficults y affrentes, et les solutions dgages par la jurisprudence
constituent la rfrence en la matire. Celle-ci nest toutefois pas reconnue comme une
sret, et demeure peu rpandue dans la pratique commerciale.
De ce fait, il convient de dresser un panorama exhaustif du rgime juridique de la clause de
rserve de proprit aprs lentre en vigueur de lordonnance de 2006 (p.1).
Ensuite, nous mettrons le point sur lefficacit de cette clause et son utilit par rapport aux
contentieux de limpay (p.2).
617
- J-P. BRANLARD, Lessentiel du droit des garanties de paiement : le droit des srets, Gualino diteur, 2007
618
- lArticle 672 du code de commerce prvoit : Peuvent galement tre revendiqus, s'ils se retrouvent en
nature au moment de l'ouverture de la procdure, les biens vendus avec une clause de rserve de proprit
subordonnant le transfert de proprit au paiement intgral du prix. Cette clause, qui peut figurer dans un crit
rgissant un ensemble doprations commerciales convenues entre les parties, doit avoir t convenue entre
les parties dans un crit tabli, au plus tard, au moment de la livraison.
619
258
Les conditions de constitution de cette sret doivent tre analyses (A) ainsi que ses effets
(B) pour mieux apprhender sa nature juridique.
457. Sagissant des conditions de forme de la clause de rserve de proprit, un crit doit
tre tablit entre les parties pour la validit de cette sret620, cet crit doit tre tabli au
plus tard au jour de la livraison. Toutefois, le dfaut de ce formalisme entraine-t-il la nullit
du contrat, et de la sret par voie de consquence ?
Larticle 2381 de lavant-projet de loi prvoyait que la rserve de proprit est convenue par
crit, peine de nullit, une disposition qui sanctionnait le dfaut du formalisme de la
constitution dune clause de rserve de proprit, trangement cette sanction a t carte
de lordonnance, et le dfaut dcrit semble tre considr comme une sanction entrainant
linopposabilit la procdure collective comme avant lordonnance de 2006621, autrement
dit, lcrit tait une condition dopposabilit la procdure collective.
458. Quant la publicit du contrat, elle reste une condition facultative622, et lintrt de
cette publicit rside dans les procdures collectives, o le propritaire sera exempt de
lobligation de revendiquer le bien dans le dlai lgal623, il se contentera en loccurrence de
faire une demande en restitution de son bien. Ce dernier fera partie des cranciers titulaires
d'une sret publie avertis personnellement pour la dclaration de leur crance comme le
prvoit larticle L622-24 du code de commerce.
Dsormais, le vendeur ne peut plus insrer unilatralement la clause de rserve de
proprit sans que lacheteur ne puisse sy opposer624, comme larticle 19 de la loi du 1er
juillet 1996 le prvoyait625, qui rendait le consentement de lacheteur tacite. En effet la cour
de cassation qui avait fait prvaloir la clause dexclusion de rserve de proprit stipule par
620
-larticle 2368 du code civil prvoit que : La rserve de proprit est convenue par crit .
621
- lancien article L. 624-16 du Code de commerce prvoyait galement que : doit avoir t convenue entre
les parties dans un crit .
622
623
625
-nonobstant toute clause contraire, la clause de rserve de proprit est opposable l'acheteur et aux
autres cranciers, moins que les parties n'aient convenu par crit de l'carter ou de la modifier .
259
lacheteur sur la clause de rserve de proprit stipule par le vendeur626, a prcis que cet
article navait pas un caractre rtroactif627.
459. Relativement la nature juridique du contrat pouvant faire lobjet dune clause de
rserve de proprit, le texte fait rfrence leffet translatif dun contrat sans en
dterminer la nature, ce qui pourra nous conduire entendre que ladite clause pourra tre
stipule quel que soit le contrat, et peu importe sa nature juridique628. La cour de cassation
avait dailleurs confirm cette solution, en soulignant dans un arrt629 que laction en
revendication dun bien dont la proprit est rserve en vertu dune clause de rserve de
proprit peut tre exerce quelle que soit la nature du contrat dans lequel cette clause
figure, y compris dans les contrats dentreprise630.
460. A lgard des biens pouvant tre retenu en garantie en application dune clause de
rserve de proprit, larticle 2367 du code civil souligne : La proprit d'un bien peut tre
retenue en garantie par l'effet d'une clause de rserve de proprit , Ce qui peut laisser
une vaste interprtation de ce texte. En effet, tout bien peut faire lobjet dune clause qui
suspend le transfert de la proprit, mme les biens fongibles631, la cour de cassation avait
rendu des arrts auxquels elle avait admis par exemple de retenir la proprit du matriel
dquipement en garantie632, galement sur un vhicule automobile633, ou encore sur un
fonds de commerce634, prcisant en lespce que : l'obligation de revendiquer dans le dlai
de 3 mois, impose par l'article 115 de la loi du 25 janvier 1985 celui qui doit faire
reconnatre son droit de proprit contre une personne soumise une procdure de
626
-Cass. Com, 11 mai 1993, n 90-19.283, Bull. 1993, IV, n183, p.130 ; F. PEROCHON, Inopposabilit de la
clause de rserve de proprit expressment refuse par lacheteur dans le bon de commande , D.,
septembre 1993, p.287.
627
-Cass. Com, 2 octobre 2001, n98-19.681, Bull. 2001, IV, n156, p.148 ; N. MOLFESSIS, La notion de loi
interprtative , RTD. Civ., septembre 2002, p. 599.
628
-A. LIENHARD, Tout contrat peut stipuler une rserve de proprit , D., dcembre 2003, p.3049.
629
-Cass. Com, 19 Novembre 2003, n01-01.137, Bull. 2003, IV, n174, p.391.
630
-Cass. Com, 29 mai 2001, n98-21.126 ; P. CROCQ, Rserve de proprit, contrat dentreprise, subrogation
relle et dbiteur in bonis : un trange cocktail aboutissant une solution tonnante , RTD. Civ., dcembre
2001, p.930.
631
-larticle 2369 du code civil prvoit que : La proprit rserve d'un bien fongible peut s'exercer,
concurrence de la crance restant due, sur des biens de mme nature et de mme qualit dtenus par le
dbiteur ou pour son compte .
632
633
-Cass. Com, 5 octobre 1993, n91-14.194, Bull. 1993, IV, n314, p.226.
634
-Cass. Com, 21 novembre 1995, n93-20.531, Bull. 1995, IV, n266, p.245.
260
redressement judiciaire, n'est pas limite aux meubles corporels , d'o il suit que le moyen
est sans fondement .
Il convient de souligner, que lune des innovations majeures de lordonnance de 2006 tait
la reconnaissance de la clause de rserve de proprit immobilire. En effet, dune manire
explicite, le code civil affirme dans son article 2373 que : La proprit de l'immeuble peut
galement tre retenue ou cde en garantie . Cette conscration sinscrit dans la volont
du lgislateur Franais dinsertion de la clause de rserve de proprit immobilire aux cot
des autres srets immobilires.
461. Pareillement la clause de rserve de proprit en matire mobilire, la clause de
rserve de proprit immobilire consiste retenir en garantie la proprit de limmeuble
vendu par leffet de cette clause qui suspendra leffet translatif du contrat de vente jusquau
complet paiement de lobligation de lacheteur, sous rserve que la clause soit publie la
conservation des hypothques635, ce qui implique lvidence le recours un acte notari
pour ce faire, cette inscription doit imprativement prcder louverture dune procdure
collective lgard de lacqureur, afin que le vendeur rservataire de proprit puisse se
prvaloir de ladite clause.
Par ailleurs, le non-paiement du bien par le dbiteur, au crancier rservataire de proprit,
comme en matire de rserve de proprit mobilire, pourrait lui procurer le droit de
demander la restitution de limmeuble sur le fondement de larticle 2371 du code civil.
462. Toutefois, en cas douverture dune procdure collective lgard du dbiteur, ce
contrat de vente serait rput en cours ds lors quune partie du prix de vente reste
payer636, tant considr que leffet principal du contrat, celui du transfert de la proprit de
limmeuble ne sest pas opr. En lespce, seul L'administrateur a la facult d'exiger
l'excution de ce contrat637, et cette crance sera considre comme tant antrieure, et
doit faire lobjet dune dclaration de crance par le crancier.
En revanche, cette solution semble sopposer celle retenue en matire de rserve de
proprit mobilire, la cour a prcis que : Un contrat de vente de biens mobiliers dont la
635
-cette publicit nest pas exige par le code civil, mais sur le fondement de larticle 28 du dcret du dcret du
4 janvier 1955 portant rforme de la publicit foncire, modifi par lordonnance Ordonnance n2010-638 du
10 juin 2010 art. 14, qui prvoit que : Sont obligatoirement publis au service charg de la publicit foncire
de la situation des immeubles :
- Tous actes, mme assortis d'une condition suspensive, et toutes dcisions judiciaires, portant ou constatant
entre vifs.
636
-Cass. Com, 1 fvrier 2000. n97-15.263, Bull. 2000, IV, n23, p.19 ; S. ALARY-HOUIN, Notion de contrat en
cours , RDI., juin 2000, p.192.
637
261
proprit est rserve et dont le prix n'est pas pay lors de l'ouverture de la procdure
collective de l'acqureur n'est pas un contrat en cours au sens de l'article L. 621-28 du Code
de commerce de sorte que le point de dpart du dlai de revendication est la publication du
jugement d'ouverture 638.
638
-Cass. Com, 5mai 2004, n01-17201 01-17590, Bull. 2004, IV, n81, p.85.
639
640
-Cass. Com, 1octobre 1985, n84-12.015, Bull. 1985, IV, n222, p.184.
641
-Cass. Com, 5mars 1996, n93-12.818, Bull. 1996, IV, n72, p.59.
262
report sur la crance du dbiteur l'gard du sous-acqureur, donc, le vendeur exerce son
action contre le sous-acqureur.
464. Le code civil ne sest pas content de mettre en place des textes relatifs la mise en
uvre de la clause de rserve de proprit en cas de dfaillance de lacqureur, mais il a
essay de rpondre des situations aussi complexes que prcises, telle que la rserve de
proprit sur un bien fongible, o la mise en en uvre de la clause sur un bien qui a t
incorpor un autre.
En effet, larticle 2369 du code civil affirme que : La proprit rserve d'un bien fongible
peut s'exercer, concurrence de la crance restant due, sur des biens de mme nature et de
mme qualit dtenus par le dbiteur ou pour son compte . Cette disposition est venue
rpondre une problmatique quasiment insoluble techniquement642, pour permettre au
vendeur rservataire de proprit dexercer sa revendication mme si les choses qui sont
entre les mains de lacqureur ne sont pas celles dont le prix reste d, celle affirme la
dcision de la cour de cassation qui avait rendu mme la revendication des choses fongibles
comme une rgle de fond643. Ce qui consolide la nature juridique de cette sret relle, et la
laisse apparaitre comme un droit sur la valeur.
Toutefois, le vendeur peut tre confront une situation ou plusieurs vendeurs de biens
fongibles, rservataires de proprit, se rencontrent en concours sur les biens mlangs, il
semble que le vendeur qui agit en premier sera favoris. Une rpartition proportionnelle est
envisageable galement644.
465. Quant la mise en uvre du droits du crancier sur un bien qui a t incorpor un
autre dans le cadre dune clause de rserve de proprit, le code civil a rpondu
explicitement cette question, en disposant : L'incorporation d'un meuble faisant l'objet
d'une rserve de proprit un autre bien ne fait pas obstacle aux droits du crancier
lorsque ces biens peuvent tre spars sans subir de dommage 645. Cette rgle a t
confirme par un article du code de commerce modifi par lordonnance de 2008 646,
galement par la jurisprudence647 avant mme lordonnance de 2006, qui confre le droit au
642
-A-S. BAUDRAN, Quelques dveloppent sur les revendications des biens fongibles en droit des procdures
collectives , Rev. proc. Coll., mars 2004, p.5.
643
-Cass. Com, 5 mars 2002, n98-17.585, Bull. 2002, IV, n48, p.48.
644
645
646
-larticle L624-16 du code de commerce dispose : La revendication en nature peut s'exercer dans les
mmes conditions sur les biens mobiliers incorpors dans un autre bien lorsque la sparation de ces biens peut
tre effectue sans qu'ils en subissent un dommage .
647
-Cass. Com, 12 fvrier 1991, n89-19.314, Bull. 1991, IV, n69, p.47 ; Cass. Com, 15 mars 1994, n91-14.375,
Bull.1994, IV, n110 , p.85.
263
648
649
-il dispose : Le gage de la chose d'autrui est nul. Il peut donner lieu des dommages et intrts lorsque le
crancier a ignor que la chose ft autrui .
264
Cette solution sapplique galement en matire de gage sur stock, qui est un gage sans
dpossession, le rservataire de proprit emportera ce conflit, moins que le crancier
gagiste ait eu recours un entiercement, qui lui confre le droit de rtention effectif de la
chose, sur le fondement de larticle 2276 du code civil650.
468.
Sous le mme angle, la concurrence du vendeur rservataire de proprit un
crancier de son acqureur ayant la possession du bien savre dlicate, spcifiquement
aprs la reconnaissance explicite de ce droit par lordonnance de 2006, qui en a fix les
conditions, aprs que ce droit ait t rgi par les solutions dgages par la jurisprudence, et
quelques textes spcifiques651. Ce droit est opposable tous, cest ce qua affirm la cour de
cassation dans un arrt aprs lentre en vigueur de lordonnance652, qui prcise que :
Le droit de rtention est un droit rel, opposable tous, y compris aux tiers non tenus
de la dette et peut tre exerc pour toute crance qui a pris naissance l'occasion de la
chose retenue. Il en rsulte qu'un garagiste est en droit de rclamer l'encontre du
propritaire d'un vhicule les frais de gardiennage ns l'occasion de sa rtention, peu
important que ce vhicule ait t confi au garagiste par un tiers auquel le propritaire
l'avait donn en location .
Antrieurement, la cour avait reconnu au titulaire du droit de rtention effectif, de refuser la
restitution de la chose lgitimement retenue jusqu' complet paiement de sa crance mme
en cas de redressement ou de liquidation judiciaire du dbiteur653. Ce texte consacr par le
code civil au droit de rtention ne vient que consolider ce droit et le rendre comme un
rempart contre toutes les srets, y compris la rserve de proprit.
Il en ressort, que le vendeur rservataire de proprit peut voir ses droits se fragiliser devant
un titulaire de droit de rtention, qui peut retenir le bien jusqu complet paiement de sa
crance654, ce droit de rtention peut tre le maillon faible de cette sret655, cest ce que la
jurisprudence avait soutenu656.
650
651
-par exemple larticle 1948 qui prvoit lexistence dun droit de rtention en matire de dpt.
652
653
-Cass. Com, 25 Novembre 1997, n95-16.091, Bull. 1997, IV, n301, p.258.
654
-F. ZENATI, Droit de rtention et clause de rserve de proprit , RTD. Civ., juin 1990, p.306.
655
-M. BOURASSIN ; V. BREMOND ET M-N. JOBRARD-BACHELLIER, Droit des srets, d.2, Dalloz. Sirey. 2010. P.
332.
656
-Cass. Com, 3 octobre 1989, n87-15-725. Bulletin 1989 IV, n244, p.163,
265
-article L624-9 du code de commerce dispose : La revendication des meubles ne peut tre exerce que
dans le dlai de trois mois suivant la publication du jugement ouvrant la procdure.
266
En pratique, cette garantie devenue sret, est de plus en plus utilise, et constitue
dsormais lune des srets les plus sres pour le vendeur659, bien quelle soit concurrence
par la fameuse et nouvelle sret : la fiducie-sret660.
471. Par ailleurs, le recours des vendeurs cette clause constitue videmment un gage de
non recours la voie judiciaire hors cadre des procdures collectives pour contraindre leurs
dbiteurs sacquitter, car on le rappelle, les conflits entre le vendeur rservataire de
proprit et son dbiteur ne font pas partie du contentieux de limpay trait devant les
juridictions civiles ou commerciales.
La ralisation hors cadre des procdures collectives sopre gnralement par la voie
amiable661, car un dbiteur in bonis sait pertinemment que le dfaut de paiement du bien ou
sa restitution peut le conduire louverture dune procdure collective, par assignation du
vendeur, ou encore une action en revendication devant un juge de rfr, ou une saisie
revendication.
472. Consquemment, cette voie constitue un moyen efficace de pression pour le vendeur,
qui peut obtenir la restitution de son bien par tous les moyens, et viter la voie judiciaire.
Corollairement, cette clause a trs probablement contribu la baisse du contentieux de
limpay devant les juridictions civiles et commerciales, les vendeurs qui y recourent gardent
la proprit de leur bien jusqu ce que lacqureur sacquitte de sa dette, et ne recourent
que rarement la voie judiciaire pour faire valoir leur droit.
658
-voir ce propos la nature des contrats faisant lobjet du contentieux de limpay, dans les annuaires
statistiques de la justice, dition 2011/2012. P.95.
659
-Y. PICOD, Droit des srets, d.2, collection Thmis, dition PUF, septembre 2011, p.461.
660
-F. PEROCHON, La rserve de proprit demeure-t-elle utile en 2009 ?, Cah. dr. Entr., n4, juillet 2009,
dossier 22.
661
-la restitution amiable du bien fait gnralement lobjet dune stipulation contractuelle qui permet au
vendeur de rcuprer son bien sans recourir la voie judiciaire, ses modalits figurent galement dans le
contrat.
267
473. Le transfert de proprit titre de garantie constitue lune des innovations majeures
introduites dans le dispositif des srets durant cette vague de rforme, mconnu jusqu
lors dans la lgislation Franaise662, lordonnance de 2006 avait seulement reconnu que la
proprit pouvait tre transfre titre de garantie, sans pour autant prvoir un autre
mcanisme que celui de la rserve de proprit.
Confront des obstacles juridiques de nature droger aux principes dunicit et
dindivisibilit du patrimoine, le lgislateur Franais a progressivement rglement la
matire. Cest en sappuyant sur des considrations bases sur lattractivit et la
comptitivit conomique dont celui-ci a motiv la dmarche.
474.
En effet, deux institutions ont t mises en place, destines au transfert de la
proprit titre de garantie, elles ont pour particularit de droger au caractre perptuel
du droit de proprit, il sagit de :
La vente avec facult de rachat : mise en place par la loi du 12 mai 2009663, elle est
dfinie par larticle 1659 du code civil comme tant : La facult de rachat est un pacte
par lequel le vendeur se rserve de reprendre la chose vendue, moyennant la restitution
du prix principal et le remboursement dont il est parl l'article 1673 . Il sagit des
frais de vente ou les rparations effectues par lacheteur dans le cas o celles-ci sont
ncessaires. Ce pacte a un effet de garantie ou un effet de sret ds lors que le prix
dachat constitue un prt664, le vendeur profite de la facult de rachat du moment quil
rembourse le prix-prt dans le dlai convenu qui ne doit pas dpasser cinq ans665, la
vente se trouve rsolue en loccurrence. A dfaut de quoi, lacheteur devient
propritaire irrvocable. Cependant, ce pacte est rarement utilis dans la pratique en
tant que garantie du fait que le montant du prt doit tre gal au prix du bien.
662
-le droit Franais connaissait quelques applications partielles de cette institution comme par exemple la
cession de crances professionnelles connu par le nom de Dailly .
663
664
-dans cette situation, le vendeur du bien est prsent comme un emprunteur, et lacheteur comme un
prteur.
665
268
En effet, cette conscration est venue rpondre aux questions des cranciers qui dsiraient
disposer dune sret plus efficiente que les srets traditionnelles667, pouvant les prmunir
contre tout risque dinsolvabilit de leur dbiteur, ou ala pouvant mettre en pril leur
action en recouvrement, notamment louverture dune procdure collective.
Cette sret utilise des fins de garantie, est prsente aujourdhui comme un outil
efficace pour les dispensateurs de crdit compte tenu de son rgime juridique qui consacre
une place importante la libert contractuelle, sans ngliger lassiette des biens pouvant
faire lobjet de cette opration. Ce mcanisme est galement utilis dans le cadre des
oprations de montage financier668. Dsormais, ce mcanisme ne cesse de gagner du terrain,
son attractivit est devenue indiscutable pour tous les acteurs conomiques. Son avenir est
prometteur669.
475. Par rapport au contentieux de limpay, ltude de cette sret pourra nous conduire
nous interroger sur sa vritable incidence sur le contentieux de limpay. Certes, la rcence
de la loi ne nous permettra pas de tirer des conclusions exhaustives, elle nous permettra
nonobstant de mesurer le degr de son influence sur le phnomne tudi, celui de la baisse
du contentieux devant les juridictions civiles et commerciales.
Autrement dit, si lefficacit dune sret se mesure lassurance quelle procure au
crancier lors de louverture dune procdure collective, et la rapidit de sa ralisation
ainsi que son cot, cette sret prsente alors des caractristiques qui peuvent nous laisser
croire en son efficacit, particulirement son mode de ralisation qui nexige aucun recours
la voie judiciaire.
En effet, le pacte commissoire introduit par lordonnance de 2006, constituait lun des
modes de ralisation qui caractrisait cette sret, le crancier ayant eu recours cette
666
-M. BOURASSIN ; V. BREMOND ET M-N. JOBRARD-BACHELLIER, Droit des srets, d.2, Dalloz. Sirey. 2010, p.
343.
667
- J-J.ANSAULT,. Fiducie-srets et sret relles traditionnelles : que choisir ? , , Dr. et patr., dossier,
n192., mai 2010, p.52.
668
-M. COLLET ET M. DUBERTRET. Du recours la fiducie-sret dans cadre des oprations de LBO, pour une
plus grande scurit juridique et fiscale , RTD.fin., n2, 1juin 2012, p.74 et s.
- quel avenir pour la fiducie , dossier, n192,Dr. et patr., mai 2010, p.51.
669
269
sret, peut, recouvrer sa crance, par la vente du bien ou son auto-attribution sans avoir
aucun recours la voie judiciaire.
476. Consquemment, ce mode de ralisation, pourrait trs possiblement contribuer la
baisse du contentieux de limpay, du fait que les cranciers ont la possibilit de convenir
contractuellement de ce mode de ralisation, ce qui leur permettra dvincer la voie
judiciaire pour une action en recouvrement.
Dans un premier lieu, et compte tenu de labsence dun tel mcanisme dans le droit
Marocain, et sa rcence dans le droit Franais, il convient de se pencher sur le rgime
juridique de la fiducie-sret (p.1), dans le but de mieux apprhender ce mcanisme, et
connaitre ses avantages.
Toujours dans le but de mettre la lumire sur les possibles causes de la baisse du
contentieux de limpay en France, on sefforcera dans un deuxime lieu de faire un
rapprochement entre cette sret et la baisse du contentieux de limpay, en dmontrant
dabord lefficacit de ce mcanisme, et son utilit par rapport au contentieux de limpay
devant les juridictions civiles et commerciales (p.2).
-le lgislateur a interdit lutilisation de la fiducie-libralit par larticle 2013, qui consiste confier un tiers la
gestion dun bien laiss dans un patrimoine fiduciaire, pour quil soit transfr un bnficiaire titre gratuit
une date dtermine.
270
Nous allons nous intresser aux conditions de formation propres la fiducie-sret (A),
ensuite, aux principaux effets qui en dcoulent (B), et notamment lors de la ralisation.
672
271
Par ailleurs, la loi ne prvoit aucune limitation relatives au nombre des bnficiaires de la
fiducie, comme le souligne larticle 2016 du code civil673.
Quant au fiduciaire, troisime partie au contrat, pour assurer la plus grande transparence
aux oprations de fiducie, la loi a dtermin les personnes habilites remplir cette
fonction674, il sagit : Seuls peuvent avoir la qualit de fiduciaires les tablissements de
crdit mentionns l'article L511-1 du code montaire et financier, les institutions et
services numrs l'article L 518-1 du mme code, les entreprises d'investissement
mentionnes l'article L. 531-4 du mme code ainsi que les entreprises d'assurance rgies
par l'article L 310-1 du code des assurances .
Lordonnance de 2009 a autoris les avocats remplir la mission du fiduciaire, sous rserve
quils souscrivent pralablement une assurance particulire.
481. Le fiduciaire est charg de prendre la possession du bien transfr par le constituant,
pour une dure dtermine, ou pour laccomplissement dune obligation objet de la fiducie.
Il a lobligation de sparer le patrimoine fiduciaire de son propre patrimoine.
A lgard de lobjet de la fiducie-sret, il ne diffre pas de la fiducie qui relve du rgime
gnral, larticle 2011 prcise que celle-ci peut porter sur un bien ou un ensemble de biens,
meubles, ou immeubles, corporels ou incorporels, prsents ou futurs, sous rserve quils
soient dterminables. Une assiette assez ample qui donne cette sret une vritable
flexibilit.
Elle peut galement porter sur des droits, comme par exemple les droits de crances (droit
de proprit ou usufruit). Le texte rajoute, que celle-ci peut porter sur des srets, se sont
en effet les srets classiques lorsquelles sont prises sur des biens dont le dbiteur est
propritaire.
Pour accroitre lattractivit de cette sret, le lgislateur Franais a instaur une fiducie
rechargeable tant en matire mobilire quimmobilire depuis lordonnance de 2009, dans
le but dallger le cot de constitution dune seconde ou plusieurs autres fiducies, et le
formalisme qui en dcoule. Elle consiste laffectation dune fiducie la garantie de crance
autre que celle qui figure lacte constitutif.
673
-il dispose que : Le constituant ou le fiduciaire peut tre le bnficiaire ou l'un des bnficiaires du contrat
de fiducie .
674
272
Tout dabord, le contrat doit dterminer peine de nullit, les biens, droits ou srets
transfrs, si les actifs transfrs sont futurs, la loi exige quils soient dterminables.
Deuximement, la dure de transfert : initialement, elle nexcdait pas trente-trois ans,
dsormais, elle ne doit pas dpasser quatre-vingt-dix-neuf ans depuis la loi de modernisation
de lconomie, ce qui droge aux principes de la perptuit de proprit.
Troisimement, lidentit des parties : il convient de rappeler quun pourrait avoir la qualit
du constituant sil affecte un bien ou un ensemble de bien un patrimoine fiduciaire pour
garantir la dette du dbiteur principal.
483.
Quant au fiduciaire, il peut tre un ou plusieurs, il peut lui-mme tre dsign
bnficiaire de la fiducie-sret.
Enfin, le contrat de fiducie-sret doit prvoir la mission du ou des fiduciaires et l'tendue
de leurs pouvoirs d'administration et de disposition.
Toutes ces mentions sont obligatoires, et le dfaut dindiquer une de ces mentions entraine
la nullit du contrat de fiducie-sret.
A lgard dautres mentions propres la fiducie-sret, lordonnance de 2009 a exig de
prciser dans le contrat de fiducie-sret la dette garantie, une vritable mesure protectrice
en faveur du dbiteur et ses autres cranciers, contre dventuelles modifications
postrieures la conclusion du contrat. Toutefois, cette mention nempche pas le contrat
de comprendre plusieurs dettes garanties.
675
676
-cependant, la loi exige, peine de nullit, un acte authentique lorsquil sagit des biens ou des droits
transfrs dans un patrimoine fiduciaire et dpendent dune communaut existant entre les poux ou d'une
indivision. (Article 2012 du code civil).
273
En outre, le contrat doit indiquer, galement peine de nullit, la valeur estime du bien ou
du droit transfr dans le patrimoine fiduciaire, cette estimation peut tre convenue entre
les parties amiablement ou par le biais dune expertise. En effet, le rapport relatif
lordonnance du 30 janvier 2009 677 souligne que : La fiducie peut avoir de graves
consquences sur le patrimoine du constituant lorsque celle-ci est constitue titre de
garantie . Cette mention a t exige dessein de garantir une parfaite connaissance par
le constituant personne physique de la porte de son engagement rajoute le rapport. Par
ailleurs, il sagit dune mention qui peut faciliter la ralisation de la fiducie-sret par
lintervention du pacte commissoire.
484. Au surplus, le contrat de fiducie-sret ainsi que ses avenants, doivent, peine de
nullit, tre enregistrs, dans un dlai dun mois compter de la conclusion du contrat au
service des impts du sige du fiduciaire.
Toutefois, aucune publicit nest prvue pour ce contrat, mais les parties sont tenues de
respecter les mesures de publicit de droit commun relatives aux biens transfrs. Cette
exigence denregistrement existe galement lorsquil y a dsignation dun autre bnficiaire
ou dun changement de bnficiaire.
Enfin, il faut prciser que la fiducie rechargeable doit faire lobjet dune clause expresse
figurant dans lacte constitutif.
677
274
678
- La fiducie-sret : Le bilan dune aventure lgislative de 3 ans , Banque et droit, n128, novembredcembre 2009. p.22.
679
680
681
275
fixe les modalits. Le remplacement du fiduciaire peut tre sollicit ds lors que celui-ci fasse
lobjet dune procdure collective.
b- Les effets lgard du patrimoine fiduciaire
488. Le lgislateur a mis en place un mcanisme qui repose sur le transfert de proprit
titre de garantie, et a instaur tout un dispositif qui vise protger le patrimoine transfr.
683
276
490. Cest la question qui occupe le plus dintrt dans notre approche, dans un contexte
qui situe le contentieux de limpay dans laxe de cette recherche.
En effet, le rgime initial de la fiducie gardait le silence quant la mise en uvre de la
fiducie utilise titre de garantie, alors, le recours au droit commun de la ralisation des
srets tait une solution propose pour la ralisation dun contrat de fiducie-sret.
Particulirement, lentre en vigueur du pacte commissoire par lordonnance du 23 mars,
par lequel le lgislateur entendait vincer le juge et diminuer son rle dans lexcution des
srets, semblait satisfaire parfaitement les attentes des cranciers qui avaient eu recours
cette sret pour ne subir le concours daucun autre crancier de leur dbiteur, et compte
tenu galement de la rapidit de ralisation qui peut rsulter dune ralisation de fiduciesret en faisant jouer le pacte commissoire.
Cest dans cet esprit que sinscrit lintervention lgislative du 30 janvier 2009, qui a mis en
place des modes de ralisation propre la fiducie-sret, visant combler les lacunes
releves lors de la rglementation initiale, et complter un mcanisme qui avait jusqu lors
fait ses preuves685.
La loi prcise que le dfaut de paiement de la dette garantie du contrat de fiducie-sret, le
fiduciaire acquiert la libre disposition du bien ou du droit cd titre de garantie du moment
quil est lui-mme le bnficiaire686, cette acquisition de la libre disposition des actifs
fiduciaire est de plein droit si aucune stipulation contractuelle na prvu un autre mode de
ralisation.
684
685
277
Si le crancier est une autre personne que le fiduciaire, appele bnficiaire, celle-ci peut
exiger du fiduciaire la remise du bien, dont il peut alors librement disposer.
491. Le contrat de fiducie-sret peut prvoir galement la vente du bien ou les droits
cds titre de garantie, en loccurrence, la valeur du bien est fixe par une expertise
amiable ou judiciaire687. En tout tat de cause, le bnficiaire de la libre disposition du bien,
ou du prix de la vente doit verser au constituant une somme gale la diffrence entre le
montant de la dette et la valeur du bien si celle-ci excde le montant de la dette garantie.
492.
Donc la seule dfaillance du dbiteur dans le contrat de fiducie-sret ou
gnralement la survenance de lvnement prvu au contrat entraine lacquisition de libre
disposition du bien par le vritable crancier, et ce, quel que soit le bnficiaire ou le
constituant.
Cette nouvelle libert de disposition, ne porte pas sur la proprit elle-mme, mais sur les
droits qui sy attachent, la nouvelle proprit na plus un caractre temporaire, il a un
caractre perptuel et irrvocable.
Quel que soit le mode ralisation de la fiducie-sret, il prsente des avantages certains
pour les cranciers, et particulirement pour le contentieux de limpay, compte tenu du
non recours des cranciers au juge pour la ralisation de cette sret, elle chappe par
ailleurs toute contrainte impose par le droit des voies dexcution.
-la loi fait exception des cotations officielles sur un march organis au terme du code montaire et financier
ou encore si le bien est une somme d'argent.
688
- L.LAUVERGNAT, De labolition du droit des cranciers professionnels : la loi du 4 aout 2008. Rflexions sur
lextension du domaine de la dclaration dinsaisissabilit et la gnralisation du recours la fiducie , Dr. et
procdures, Mars 2009, p.68.
278
689
- La fiducie-sret : Le bilan dune aventure lgislative de 3 ans . Banque et droit, n128, novembredcembre 2009. p.30.
690
-M. COMBE, Lefficacit de la fiducie sret . LPA, 11 fvrier 2011, n30, p.8 et s.
279
Le but tant dempcher que lactif de lentreprise ne disparaisse du jour au lendemain par
la ralisation dune fiducie-sret assortie dune clause de mise disposition, lordonnance
du 18 dcembre 2008 la prcis explicitement travers son article 32692 :
Lorsque des biens ou droits prsents dans un patrimoine fiduciaire font l'objet d'une
convention en excution de laquelle le dbiteur constituant en conserve l'usage ou la
jouissance, aucune cession ou aucun transfert de ces biens ou droits ne peut intervenir au
profit du fiduciaire ou d'un tiers du seul fait de l'ouverture de la procdure, de l'arrt du
plan ou encore d'un dfaut de paiement d'une crance ne antrieurement au jugement
d'ouverture. Cette interdiction est prvue peine de nullit de la cession ou du transfert .
Par ailleurs, le crancier titulaire de cette sret se trouve priv de son droit de ralisation
pendant la priode dobservation, ou de larrt dun plan de sauvegarde ou de
redressement693, ou encore le dfaut de paiement de la crance ne de la fiducie-sret
antrieure au jugement douverture.
497.
Nanmoins, le bnficiaire de la fiducie-sret pourrait retrouver son droit, si la
convention de mise disposition a t initialement conclue, mais elle a t rsilie
postrieurement au jugement douverture, ou encore lorsque les dispositions du plan de
sauvegarde ou de redressement nont pas t respectes par le dbiteur, entrainant la
rsolution du plan, et ouverture dune procdure de liquidation.
Il convient de souligner que lordonnance du 18 dcembre 2008, a prvu la possibilit du
dbiteur de payer avec autorisation du juge commissaire une crance antrieure au
jugement douverture pour obtenir le retour de biens et droits transfrs titre de garantie
dans un patrimoine fiduciaire, lorsque ce retrait ou ce retour est justifi par la poursuite de
l'activit694, mais cette hypothse demeure peu probable puisque lentreprise dbitrice
conserve lusage ou la jouissance des biens mis en fiducie, et ne risque pas une ventuelle
ralisation de ces biens.
691
692
693
694
280
En absence dune dcision prise par la haute cour qui dpartage cette discordance
doctrinale, il est dextrme prudence que le crancier bnficiaire dans le cadre dune
fiducie-sret dclare sa crance.
quil demande au fiduciaire la ralisation du bien jusqu auteur du restant d. A moins que
le juge-commissaire autorise un retrait du bien mis en fiducie contre paiement.
Cette sret a dores et dj fait ses preuves devant les procdures collectives, si mme une
convention de mise disposition peut entraver sa mise en uvre lors de louverture dune
procdure collective, nonobstant, cette sret peut tre remise en cause si elle est prise en
priode suspecte. En effet, le lgislateur prvoyait antrieurement lordonnance du 18
dcembre 2008, la nullit de la fiducie ds lors quelle intervenait en priode suspecte, et ce
quel que soit la dette garantie, avec lordonnance, le lgislateur a assoupli cette restriction,
et a prvu une nullit de plein droit seulement si la fiducie-sret est prise en priode
suspecte en garantie dune dette ne antrieurement695, le texte fait exception, lorsque
transfert est intervenu titre de garantie d'une dette concomitamment contracte.
Le crancier peut tre confront galement dans le cadre des procdures collectives une
disproportion entre le montant de la crance et les garanties prises en application de larticle
L650-1 du code de commerce, en loccurrence, la valeur des lments fiduciaires doit tre
manifestement suprieure au montant de la dette garantie. Depuis lordonnance de 2008, le
juge a le pouvoir de dcider, de rduire les garanties juges disproportionnes ou de les
annuler. Mais le risque de disproportion reste faible avec la mise en place de la fiducie
rechargeable.
695
282
ngliger leur vulnrabilit devant les procdures collectives, rien ne peut contester son
impact sur le contentieux de limpay.
En effet, le lgislateur a instaur pour cette sret un mode de ralisation qui lui est propre,
en voulant non pas diminuer le rle du juge dans la mise en uvre de cette sret, mais
lloigner catgoriquement dune ralisation y affrente, en laissant les parties choisir de
leur gr le mode de ralisation qui leur paraitra appropri, mais le principe nonc par le
texte veut que le fiduciaire acquiert la libre disposition du bien ou du droit cd titre de
garantie du moment quune dfaillance du constituant a t constate, ou ventuellement
une vente du bien ou de droit transfr, l encore le lgislateur a voulu assurer le maximum
de transparence et mettre en place des mesures protectrices lgard des parties au
contrat, en exigeant linsertion dans le contrat de fiducie-sret dune clause indiquant la
valeur estime du bien ou du droit transfr dans le patrimoine fiduciaire, ainsi que le
montant de la dette garantie.
505. est difficile de penser que le lgislateur ait rflchi travers la loi de fiducie-sret
contribuer la diminution du contentieux de limpay en mettant en place un mode de
ralisation qui ne requiert pas un recours la justice tatique. Nonobstant, dlibrment ou
inconsciemment, ce dernier a srement concouru la diminution des affaires lies
limpay devant les juridictions civiles et commerciales en cartant le juge tatique de la
ralisation de cette sret.
Certes, la rcence de la loi ne nous permet pas de trancher sur son incidence effective, mais
la fiducie-sret aurait contribu la baisse du contentieux de limpay mme lgrement
depuis son entre en vigueur.
Si on se rfre une autre fois aux chiffres relatifs au contentieux de limpay, on peut
remarquer une baisse significative du contentieux de limpay traite par les tribunaux de
grande instance, dinstance, et les tribunaux de commerce entre lanne 2005 et 2006,
lanne de lentre en vigueur de lordonnance du 23 mars 2006 relative la rforme de
droit de sret, une baisse dpassant 5,5% comparativement 2005, une moyenne
importante eu gard au nombre excessif de lensemble des affaires relatives limpay696, et
si on tient compte de la baisse constate entre 2004 et 2005, qui slevait une moyenne
qui dpassait 3% de baisse. Ces baisses ont t marques par les affaires lies au
contentieux de limpay traites particulirement par les tribunaux de commerce qui ont d
connaitre une baisse sensible697.
696
- ce propos, en 2005 ces juridictions ont rgl 1 057 453 affaires, contre 998 598 affaires en 2006.
Annuaires statistiques de la justice, d. 2009/2010.
697
-les tribunaux de commerce ont enregistr une lgre baisse de 2,54% entre lanne 2004 et 2005, alors que
lanne de lentre en vigueur de lordonnance relative aux srets a t marque par une baisse plus
significative, atteignant 8,76% comparativement lanne 2005. Annuaires statistiques de la justice, d.
2009/2010.
283
Cest ainsi que le contentieux enregistr par lensemble de ces tribunaux a connu une baisse
de 7,39% entre 2005 et 2007, rappelons que les deux annes qui ont suivi 2005 ont t
marques par les rformes des srets et de linstitution de la fiducie.
Cette baisse significative qui a marqu ces deux annes, a touch particulirement les
affaires traites par les tribunaux de commerce qui ont d connaitre une baisse trs sensible
selon la mme source, entre 2005 et 2007 les tribunaux de commerce ont enregistr une
baisse de 17,39%698.
Cette baisse a t lgrement plus notable devant les tribunaux de commerce en 2007,
anne de linstitution et lentre en vigueur de la fiducie, quen 2006 anne de lentre en
vigueur des nouvelles srets, en 2006 la baisse releve tait de 8,76% sur lanne 2005,
alors quen 2007, la baisse enregistre slevait 9,45% sur lanne 2006.
Ces baisses peuvent sans aucun doute tre lies lentre en vigueur desdites lois, si on
tient compte des baisses des annes antrieures ou prcdentes qui natteignaient pas 3%
chaque anne699.
507. Faute de mesures publicitaires concernant cette sret, il nous est difficile de mesurer
le nombre de fiducie-sret qui ont t prises depuis lentre en vigueur de la loi, pour
pouvoir faire le lien corrlatif entre les lments chiffrs du contentieux de limpay, et le
nombre de fiducies-srets prise. Toutefois, la baisse remarque lanne mme de lentre
en vigueur de la loi est suprieures aux baisses enregistres auparavant et mme aprs
2007.
698
-les tribunaux de commerce ont trait 103 642 affaires lies limpay, alors quen 2007 ce chiffre a atteint
uniquement 85 613 affaires, soit une baisse dpassant 17%. Annuaires statistiques de la justice, d.
2009/2010.
699
-par exemple entre lanne 2004 et 2005, la baisse enregistre devant les tribunaux de commerce tait
seulement de 2,45%, de mme pour la baisse des annes postrieures la loi instituant la fiducie, aprs 2007,
les tribunaux de commerce ont relev une baisse de 2,67%. Annuaires statistiques de la justice, d. 2009/2010.
284
Force est de constater que la corrlation peut tre faite entre la baisse du contentieux de
limpay en France et lentre en vigueur de la loi relative la fiducie, et lutilit de cette
sret sur le contentieux de limpay ne peut tre conteste, et son incidence sur la baisse
du contentieux de limpay est effective.
508. Cependant, cette conclusion peut tre prsente comme un postulat, parce quon
doit le ritrer, une rgle juridique ou un constat en la matire ne peut pas tre fond
uniquement sur des chiffres, dautant plus que ceux-ci manquent certainement de nombre
de fiducies-surets ayant t constitues cette mme priode de baisse analyse, ce qui
aurait sans doute corrobor les conclusions dgages lors de notre dveloppement.
Lattractivit de cette sret est impressionnante700, elle ne cesse de gagner du terrain au
dtriment dautres srets, son avenir sannonce trs prometteur701, et il semble quelle sera
la sret de rfrence dans le futur, compte tenu des avantages quelle prsente aux
cranciers qui y recourent, et notamment dans sa ralisation qui ne demande pas de recours
la voie judiciaire, sa ralisation se particularise par sa rapidit, mme dans le cadre des
procdures collectives, le crancier demeure protg, moins que celui-ci ait sign une
convention de mise disposition au profit du constituant.
Le lgislateur Franais ne peut que se fliciter davoir choisi un mode de ralisation trs
efficace pour cette sret, en optant pour carter carrment le juge tatique, celle-ci aura
certainement plus dinfluence sur le contentieux de limpay dans le futur eu gard sa
rcence, et ses mcanismes qui ne sont pas encore connus par tous les cranciers ou les
dispensateurs de crdit.
700
-Y. PICOD, Droit des srets, d.2, collection Thmis, dition PUF, septembre 2011, p.480.
701
-P. DUPICHOT. Proprit et garantie au lendemain de lordonnance relative aux srets , RLDC., 2006-29
Supplment. (Base de donnes : LAMY).
285
286
509.
Le lgislateur Franais ne sest pas content travers lordonnance de 2006 de
reconnaitre la proprit retenue titre de garantie comme sret, ou la gnralisation du
champ dapplication du droit de rtention, ou la conscration des solutions
jurisprudentielles dgages antrieurement, mais il a voulu donner une dimension diffrente
aux srets dont la rglementation remontait au code de 1804, qui ne rpondait plus ni aux
besoins des cranciers, ni lvolution des patrimoines et aux nouvelles exigences du crdit,
suscitant ainsi une remise en cause de leur efficacit.
Celui-ci a souhait offrir aux cranciers le plus large ventail de srets, tout en leur
prservant les mmes caractres essentiels, tel que le caractre accessoire de la sret
relle, qui implique que la sret suit la crance garantie, elle se transmet, et steint avec
elle, ou la porte des srets qui repose sur la technique de laffectation dun bien au profit
du crancier des fins de garantie.
510.
Par ailleurs, lun des principaux facteurs du perfectionnement des srets de
lordonnance de 2006, tait la classification formelle et cohrente entre les srets
gnrales et srets spciales, srets personnelles et sret relles, srets relles
immobilires et srets relles mobilires. Une autre classification tait consacre par
lordonnance, reposant sur la nature du bien assiette de la sret, cette classification
distingue les srets portant sur les biens corporels, et les srets portant sur les biens
incorporels.
En effet, cette rforme a modifi substantiellement les principales caractristiques propres
chaque sret, ces srets traditionnelles se distinguaient essentiellement par le rgime de
la garantie, autrement dit, la dpossession ou la non dpossession du bien lors de la
constitution de la sret.
A vrai dire, le gage est lune des srets les plus anciennes en droit Franais, avant
lordonnance de 2006, il pouvait porter aussi bien sur un bien corporel, comme sur un bien
incorporel, toutefois, la dpossession tait une condition de validit de cette sret, qui
confre par consquent au crancier gagiste un droit de rtention sur la chose engage
jusqu' parfait acquittement de la dette. Ce rgime demeure lheure actuelle en droit
Marocain702.
511.
Aprs la rforme, le gage peut tre avec ou sans dpossession, sous rserve quil
porte obligatoirement sur un bien meuble corporel703, ce gage de droit commun sajoute
dautres gages spciaux rgis par le code de commerce.
702
-larticle 1184 du DOC prvoit : Le gage confre au crancier le droit de retenir la chose engage jusqu'
parfait acquittement de la dette, de la vendre si l'obligation n'est pas acquitte, et d'tre pay sur le prix, en
cas de vente, par privilge et prfrence tout autre crancier .
703
287
Une autre modification apporte par lordonnance porte sur le nantissement, qui dsignait
dans le code Napolonien le contrat par lequel un dbiteur remettait son crancier une
chose qui constituait une sret pour la dette704. Cette sret recouvrait en effet deux
srets relles, le gage lorsque la chose est mobilire, et lantichrse lorsque la chose remise
au crancier est immobilire. Le terme nantissement dsignait alors un gage sans
dpossession. Par ailleurs, la rforme a rompu avec cette tradition, pour rserver cette
sret aux biens incorporels, nimpliquant plus la dpossession du bien, cette distinction a
t souligne par larticle 55 de lordonnance705.
705
- dans toutes les dispositions lgislatives et rglementaires en vigueur, la rfrence au gage et au crancier
gagiste s'entend de la rfrence au nantissement et au crancier nanti lorsque la sret a pour objet un bien
meuble incorporel. Rciproquement, la rfrence au nantissement et au crancier nanti s'entend de la
rfrence au gage et au crancier gagiste lorsque la sret a pour objet un bien meuble corporel .
706
Par ailleurs, on sintressera uniquement dans notre dveloppement aux srets rformes
offrant aux cranciers la possibilit de recouvrer leur crance sans avoir besoin de recourir
la justice, ou que le recours soit uniquement une formalit, afin de voir sil existe une baisse
du contentieux de limpay devant les juridictions civiles et commerciales rsultante de ces
srets.
514. Mme si la rcence de la rforme des srets ne nous permet pas de faire un constat
dfinitif sur limpact des srets traditionnelles rformes sur le contentieux de limpay en
France, on est enclin penser que les modes de ralisation offerts dsormais aux cranciers
ont chang lattitude des cranciers, qui ont autrefois confiance en ces srets, et ont eu
trs possiblement une incidence directe sur le contentieux de limpay dans son ensemble.
Ltude se centrera sur le rgime juridique du gage ainsi que ses principaux drivs, en
analysant les nouveaux apports de la rforme de 2006, afin de sarrter sur leur ventuelle
contribution la baisse du contentieux de limpay (section 1).
Ensuite, on sera appel suivre la mme dmarche, toujours dans lesprit danalyser les
srets ayant particip la baisse du contentieux de limpay en France, on mettra la
lumire sur une sret trs ancienne, qui semble attrayante avec les nouveaux apports de la
rforme des srets : il sagit lhypothque. (Section 2).
289
518. La conclusion du gage sopre entre un crancier gagiste et un constituant, qui peut
tre lui-mme le dbiteur, ou un tiers qui garantit la dette du principal dbiteur, en
loccurrence, le crancier gagiste ne peut agir que sur le bien affect en garantie et non pas
sur lensemble de son patrimoine comme en matire du cautionnement rel, donc, le
nouveau article 2334 du code civil a mis fin cette controverse occasionne par
linterprtation de la notion du cautionnement rel707.
La rforme a voulu que le gage perde son caractre rel tant donn que le gage se
constituait par la remise de la chose au crancier gagiste, dsormais, la dpossession ne
constitue plus une condition de validit et devient une condition de son opposabilit.
Toutefois, cette opration ne peut exister sans une crance garantie, et lobligation
garantie peut tre terme comme elle peut tre conventionnelle. Lun des apports de la
rforme tait ladmission de la crance future708, sous rserve que la crance garantie soit
dterminable709
Relativement au consentement des parties au contrat, il est subordonn aux rgles du droit
commun, par ailleurs, le constituant du gage doit avoir la capacit daliner, et doit en outre
tre le propritaire du bien gag, puisque le gage de la chose dautrui est nul710, et pourrait
donner lieu des dommages-intrts ds lors que le crancier ignore lappartenance de la
chose autrui711.
519. A lgard du bien gag, le lgislateur exige que le bien objet du gage soit un bien
corporel ou un ensemble de biens corporels, lobjet de cette mesure repose sur lalinabilit
707
-larticle prvoit : Le gage peut tre consenti par le dbiteur ou par un tiers ; dans ce dernier cas, le
crancier n'a d'action que sur le bien affect en garantie .
708
-par exemple, louverture de crdit est qualifie comme une crance future.
709
710
711
-la jurisprudence applique en lespce le fameux principe issu de larticle 2276 selon lequel : en fait de
meubles, la possession vaut titre .mais seulement lorsque le crancier gagiste est de bonne foi et lorsquil agit
en mconnaissance de cause.
290
du bien gag, tant considr quil est susceptible dtre vendu ou attribu au crancier
gagiste en cas de dfaillance du dbiteur. Cependant lindisponibilit temporaire du bien ne
fait pas obstacle devant son affectation712, comme a estim la haute cour713.
La rforme des srets a rserv le domaine du gage uniquement aux biens meubles
corporels, le gage ne peut comporter dans son assiette un bien meuble incorporel, de mme
pour les biens immeubles, particulirement les immeubles par destination destins
lexploitation du fonds. En revanche, la loi autorise la constitution du gage sur un bien futur,
cela laisse penser deux situations, selon lesquelles, le bien nexiste pas au jour de la
constitution du gage, la chose devra en loccurrence tre dsigne, et le gage sera
valablement constitue ds lexistence de la chose. La chose existe, mais nappartient pas
encore au constituant, cette chose peut faire lobjet dun gage.
En outre, le gage peut porter sur des choses fongibles, cette innovation ne date pas de la
rforme de 2006, mais celle-ci a lev toute ambigut714.
Par ailleurs, le bien ne doit pas ncessairement entre les mains du crancier ou du tiers
dsigner pour conserver le bien par le biais de lentiercement, le dessaisissement de la chose
constitue une condition dopposabilit aux tiers, pouvant tre remplace par une formalit
de possibilit dans lhypothse dun gage sans dpossession.
2- Les conditions de forme
520.
Le gage davant la rforme de 2006 ntait pas un contrat solennel, la condition
dtablissement dun crit constituait un moyen de rendre le gage opposable aux tiers,
toutefois, le dfaut de cette formalit nentrainait aucunement la nullit du gage, mais
pourrait priver le crancier gagiste de se prvaloir de son droit de prfrence devant les
autres cranciers du dbiteur.
Cest ainsi que le lgislateur a introduit une modification profonde sur ce principe, rendant le
gage un contrat solennel par excellence. En effet, ltablissement dun crit constitue une
condition de validit du contrat de gage aux termes de larticle 2336 du code civil.715
712
-P. CROCQ, Lindisponibilit dun bien nest pas ncessairement incompatible avec la constitution dune
sret relle , RTD. Civ., dcembre 2008, p.706.
713
714
-toutefois, le crancier gagiste doit se conformer aux dispositions de larticle 2341 et 2342 du code civil lors
du gage des choses fongibles, larticle 2341 prvoit : Lorsque le gage avec dpossession a pour objet des
choses fongibles, le crancier doit les tenir spares des choses de mme nature qui lui appartiennent. A
dfaut, le constituant peut se prvaloir des dispositions du premier alina de l'article 2344 .
291
De surcroit, des mentions obligatoires doivent figurer sur lcrit, telle que la dsignation de
la dette garantie en vue dviter une ventuelle modification ultrieure de la crance due et
garantie, et la quantit des biens donns en gage ainsi que leur espce ou leur nature.
A lgard de lopposabilit du gage aux tiers, la rforme a apport une modification
importante en offrant deux possibilits au crancier pour rendre le gage opposable aux
tiers comme le prvoit larticle 2337 du code civil :
Un gage avec dpossession : comme avant la rforme, elle sopre par le dessaisissement
matriel de la chose gage pour la remettre entre les mains du crancier, ou dun tiers
convenu, et il importe peu que le gage soit civil ou commercial. Cette dpossession doit tre
effective pour que le constituant ne puisse pas accroitre ses dettes, elle doit tre apparente,
de manire aviser les tiers du dessaisissement de la chose gage, et que celle est distraite
de son patrimoine, la dpossession doit enfin avoir un caractre continu, pour priver le
constituant de reprendre la possession du bien par fraude titre dexemple. Dans ce cas, la
dpossession rend le gage opposable aux tiers sans aucune autre formalit publicitaire.
521. Un gage sans dpossession avec publicit : cette forme de gage constitue lune des
innovations majeures de la rforme, pour rendre un gage sans dpossession opposable aux
tiers, la loi exige une publicit qui sopre par une inscription sur un registre spcial 716, ce
registre est tenu par le greffier du tribunal de commerce dans le ressort duquel le
constituant est immatricul, dfaut, dans le ressort duquel se trouve son sige social ou
son domicile. Cette inscription est faite par linitiative du crancier, elle demeure pendant
cinq ans, et prend fin en labsence dun renouvellement.
Il convient de souligner que la mesure de publicit introduite pour le gage sans dpossession
montre lefficacit de cette forme de gage, mme en prsence ultrieure dun autre
crancier gagiste avec dpossession, le crancier gagiste sans dpossession lemportera sil a
rgulirement publi son gage, et ce malgr la rtention effective du bien par le second
crancier gagiste717.
-toutefois, le lgislateur Franais a laiss subsist le doute quant la sanction de labsence dcrit en
employant dans larticle 2336 lexpression parfait , et non pas peine de nullit, comme cest le cas en
matire de nantissement.
716
717
292
En effet, sur le mme modle du gage du droit commun, le lgislateur a apport des
modifications relatives au rgime du gage portant sur un vhicule automobile, toutefois le
dcret fixant lentre en vigueur de ces articles demeure paralys, le gage portant sur un
vhicule automobile continu trouver ces rgles dans le dcret du 30 septembre 1953 relatif
la vente crdit des vhicules automobiles.
Par ailleurs, le gage sur stock dont les rgles de constitution sont soumises une
rglementation particulire (1), constitue une vritable nouveaut de lordonnance de 2006,
et qui semble aussi avoir particip lvitement des cranciers de la voie judiciaire lors dune
dfaillance des dbiteurs.
Cette forme de gage sajoute un autre gage qui est bien ancien, et qui ntait pas modifi
par lordonnance de 2006, mais le vritable succs du gage sur matriel et outillage (2), et
son ventuel apport au contentieux de limpay, mrite dexplorer ce gage.
1- Le gage sur stock
523. Contrairement au gage du droit commun, la dpossession en matire du gage sur
stock nest pas facultative, ce gage sopre sans aucune dpossession718, par ailleurs, sa
constitution est subordonne des conditions de fond (a) et des conditions de forme(b) qui
est assez diffrente celle du gage du droit commun
a- Les conditions de fond
524. Cette forme particulire du gage est rgie par les articles L527-1 L527-11 du code de
commerce, ce gage tait rserv uniquement aux personnes morales de droit priv ou des
personnes physiques dans le cadre de lexercice de leur activit professionnelle, toutefois, la
loi a rserv la qualit du crancier au seul tablissement de crdit.
A lexemple du gage du gage du droit commun, larticle 2335 du code civil qui interdit le gage
de la chose dautrui tant applicable en la matire, subsquemment, le dbiteur doit tre le
propritaire des stocks gags. Le code de commerce interdit en outre le gage portant sur des
stocks soumis une clause de rserve de proprit, en effet, le crancier gagiste sur stock
est un crancier sans dpossession, si les biens font lobjet dune clause de rserve de
proprit, il peuvent sans aucune rserve tre revendiqus par le vendeur rservataire de
proprit sans que le crancier gagiste sur stock puisse se prvaloir de larticle 2276 du code
de commerce.
Cependant, le gagiste a la possibilit dagir en responsabilit lencontre du dbiteur qui a
omis de lavertir de lexistence dune clause de rserve de proprit, mais celui-ci sera priv
de demander des dommages et intrts si la clause de revendication a t correctement
publie.
718
293
525. Relativement lassiette de ce gage, elle est bien diffrente celle du droit commun,
certes elle porte sur des biens meubles corporels, mais, elle doit se baser sur des stocks.
Larticle L527-3 du code de commerce souligne : Peuvent tre donns en gage,
l'exclusion des biens soumis une clause de rserve de proprit, les stocks de matires
premires et approvisionnements, les produits intermdiaires, rsiduels et finis ainsi que les
marchandises appartenant au dbiteur et estims en nature et en valeur la date du dernier
inventaire . Les stocks objet de gage peuvent tre prsents ou futurs719.
Il convient de prciser que ce gage sappuie sur la valeur des biens, donc les biens peuvent
tre changs par des biens de mme nature ou non, sous rserve quils aient la mme valeur
des biens remplacs. Le crancier peut, toutefois ses frais, faire constater l'tat des stocks
engags.
Par ailleurs, ces stocks constituent une vritable garantie pour ltablissement du crdit,
jusquau remboursement total des sommes avancs, et Le privilge du crancier passe de
plein droit des stocks alins ceux qui leur sont substitus720.
720
721
-les parties peuvent toutefois comme en matire du gage du droit commun convenir de conserver les stocks
chez un tiers de commun accord, ce dernier a lobligation de maintenir les stocks la mme valeur celle du
gage initial.
722
294
528. Cette sret a t dveloppe en France aprs la fin de la guerre mondiale, en effet,
le lgislateur a voulu mettre en place une sret relle portant sur le matriel et loutillage,
et qui ne peut tre prise quen garantie du crdit accord pour financer le bien, de faon
pouvoir donner plus dassurance aux relations commerciales et au dveloppement du crdit.
La loi du 18 janvier 1951 complte par le dcret du 17 fvrier a institu cette sret,
introduite aprs dans le code de commerce. Cependant, la rforme de sret a modifi
uniquement la terminologie de celle-ci, sans pour autant changer les conditions de fond (a)
ou de forme (b) relatives sa constitution.
295
Par ailleurs, il importe peu que Le matriel soit neuf ou doccasion, toutefois, les conditions
relatives la nature des crances garanties doivent tre respectes, ce sont des conditions
de validit du gage sur matriel et outillage.
En effet, ce type de gage doit tre en relation avec une opration de crdit destine
lacquisition du matriel dquipement, et il importe peu la qualit de lacqureur ds lors
que celui-ci agit pour les besoins de son activit professionnelle. Par consquent, les
crances lis au financement de loutillage et du matriel sont les seules qui peuvent tre
garanties par ce gage, elles peuvent tre limites aux724 :
- crances du vendeur crdit de loutillage ou du matriel
- crances du prteur de deniers permettant le paiement du prix dachat des biens en
question.
Cependant, il reste savoir si le prteur a lobligation de dbloquer les fonds entre les mains
du vendeur.
En pratique, les fonds sont dbloqus entre les mains du vendeur ou de lemprunteur,
toutefois, ce dernier doit remettre les fonds au vendeur, dfaut de quoi, le gage ne sera
pas valablement constitu.
-la crance garantie ne peut pas tre prise sur des biens sur lesquels une autre sret spciale a t prise
comme par exemple le vhicule automobile, de mme pour le matriel incorpor dans un bien sur lequel une
autre sret a t prvue par le lgislateur. (Article L525-18 du code de commerce).
724
296
A lexemple du gage sur stock, lacte constitutif du gage du matriel et outillage doit
numrer dune faon prcise les biens acquis en vue de les distinguer des autres biens de
mme nature appartenant galement lentreprise, cet acte indique aussi selon larticle
525-2, le lieu o les biens ont leur attache fixe ou mentionne, au cas contraire, qu'ils sont
susceptibles d'tre dplacs.
531.
Enfin, la conclusion de cette sret est tributaire dune inscription sur un registre
spcial tenu au greffe du tribunal de commerce dans un dlai de 15 jours compter de la
date de lacte constitutif726, cette condition constitue un moyen dopposabilit aux tiers, et
le dfaut entraine galement la nullit du gage.
Une autre publicit sadditionne celle-ci, mais ayant seulement un caractre facultatif, et
seffectue la demande du bnficiaire du gage, qui peut exiger lapposition sur le matriel
ou loutillage une plaque, destine informer les constituant du gage. Cette plaque
comporte le lieu, la date, ainsi que le numro dinscription du gage. Lenlvement de ces
plaques par le constituant peut lui entrainer des sanctions pnales.
Cette formalit facultative, permet au crancier dassurer un droit de suite, sans pour autant
lui procurer un droit de rtention effectif727.
725
726
727
-Cass. Com. 4 janvier 2005, n02-10.511, Bull. 2005, IV, n1, p.1 ; A. AYNES, Nantissement de l'outillage et
du matriel d'quipement : le crancier n'a pas le droit de rtention , D., avril 2005, p.970.
297
Pourtant, lentre en vigueur de la rforme du 23 mars 2006 semble non pas uniquement
rendre les srets plus lisibles et efficaces, mais, produire dautres effets qui nont pas peuttre t fixs comme objectif par le lgislateur.
En effet, les modes de ralisation des srets constituaient lune des priorits du lgislateur
quil ne fallait pas ngliger, celui-ci a voulu offrir plus de choix aux cranciers assortis dune
sret, afin de rendre la mise en uvre de celle-ci moins contraignante et plus attractive.
533. A cet gard, deux institutions ont t mises en place pour rpondre aux attentes des
cranciers et remdier, semble-il un problme si rcurent en matire des srets, il sagit
du pacte commissoire qui relve dune pure libert contractuelle, et lattribution judiciaire
qui exige une intervention du juge, sans pour autant constituer une composante du
contentieux de limpay.
Ces deux modes de ralisation soffrent aux cranciers pour la ralisation du gage du droit
commun, et les autres gages spciaux (A). Par ailleurs, ces modes de ralisations nouvelles
ont vraisemblablement produit des effets vis--vis de la diminution du contentieux de
limpay (B).
1- Le pacte commissoire
535. Si au fil du temps728, le lgislateur a choisi de protger le dbiteur contre les abus
subis des oprations de crdit, et notamment contre le pacte commissoire dont la
728
-le pacte commissoire tait connu en droit romain sous le nom de lex commissoria, il tait considr comme
une vente conditionn par linexcution de lobligation dont laccomplissement emporte transfert de proprit
de plano.
298
En effet, lintrt du pacte commissoire se base sur la rapidit de la ralisation du gage, tout
en vitant une excution force risquant dtre entrave par des dlais procduraux.
Cependant, ce mode demeure un mode de ralisation facultatif, et se traduit uniquement
par le consentement des parties. Cette mesure, laisse le crancier mesurer les risques lis au
bien quant sa vente, ou son appropriation. Donc, ce mode constitue une vritable
excution force puisque larticle prvoit un transfert de proprit de plein droit en cas de
dfaut d'excution de l'obligation garantie par le dbiteur732, toutefois, ce principe de
ralisation de plein droit a un caractre suppltif, puisque les parties ont la possibilit de
prvoir contractuellement la date du transfert de la proprit.
Ainsi, la dfaillance du dbiteur est le fait gnrateur du transfert de proprit, mais ce
dfaut dexcution du dbiteur exige labsence dune clause contractuelle qui prvoit une
autre date de transfert de proprit, ce transfert est qualifi comme une cession dfinitive
terme sous condition de dfaillance du dbiteur733, ce qui nous rappelle le principe de la lex
commissoria du droit romain.
536.
En revanche, la crance doit tre certaine et exigible, par ailleurs, le crancier a
lobligation de dlivrer au dbiteur un commandement de payer avant toute excution
force, la dclaration pralable dappropriation peut tre faite par une mise en demeure,
mais, les parties peuvent prvoir dans le pacte commissoire une ralisation uniquement par
lchance du terme.
Il faut entendre, que le labsence de mise en demeure peut profiter au dbiteur pour
demander des dlais de grce pouvant faire obstacle la ralisation du pacte commissoire
avant que le crancier procde sa ralisation734.
729
- P. F. GIRARD, Manuel lmentaire de droit romain, 1929, D., 2003, par J.-P. Lvy, p. 830.
730
-la jurisprudence a cependant prononc des dcisions qui vont lencontre de cette prohibition, V.,
Cass.Com., 5 octobre 2004, n 01-00.863, Bull. 2004, IV n176. p.199, La cour a estim que le pacte intervenu
postrieurement la constitution du gage tait valable ; B.BOULOC, ralisation du gage commercial , RTD.
Com., juin 2005, p.408.
731
- S. HEBERT, Le pacte commissoire aprs lordonnance du 23 mars 2006 , D. 2007, n29, p. 2052
732
-larticle 2348 du code civil prvoit : Il peut tre convenu, lors de la constitution du gage ou
postrieurement, qu' dfaut d'excution de l'obligation garantie le crancier deviendra propritaire du bien
gag .
733
- L. AYNES, P. CROCQ, Les srets, La publicit foncire, Defrnois, d.3, 2008, p.514.
734
-par contre, il lui est impossible de demander des dlais de grce si la crance ntait pas encore exigible, V.
J. GHESTIN, M. BILLIAU et G. LOISEAU, Le rgime des crances et des dettes, LGDJ, 2005, p.587 et S.
299
-Cass. Ch. Mixte, 10 juin 2005, n02-21.296, Bull. 2005 chambre mixte, n5, p.13 ; B. BOULOC, renonciation
du crancier au bnfice du gage. Dcharge de la caution de son obligation , RTD. Com., juin 2006, p.473.
736
-D. LEGEAIS, Caution. Bnfice de subrogation. Facult ouverte au crancier , RTD. Com., septembre 2005,
p.582, cette erreur du crancier entraine une dcharge de la caution de son obligation en vertu de larticle
2314 du code civil.
737
-Cass. Com. 13 mai 2003, n 00-15.404, Bull 2003 IV, n73. p.83 ; P-M. LE CORRE, Lattribution judiciaire du
gage, facult ou obligation du crancier lgard de la caution , D., janvier 2004, p.52.
738
739
-P. CROCQ, prservation du recours subrogatoire et mise en uvre du bnfice de subrogation , RTD. Civ.,
septembre 2009, p.55.
300
octroys peuvent faire obstacle la ralisation du pacte740, sans pour autant invalider le
commandement de payer, ni reporter lexigibilit de la crance. Toutefois, cette solution
peut tre diffrente si la dcision accordant les dlais de grce intervient postrieurement
la ralisation du gage741.
A lgard des procdures collectives, lvidence, le jugement douverture fait obstacle la
conclusion et la ralisation dun pacte commissoire742, cette rgle rsulte du principe
gnral de linterdiction du paiement des crances antrieures.
740
-larticle 1244-2 prvoit que la dcision du juge, prise en application de larticle 1244-1, suspend les
procdures dexcution qui auraient t engages par le crancier .
741
742
743
744
301
crancier dclare raliser le pacte commissoire, il devient alors propritaire du bien gag par
le jeu du pacte commissoire.
541.
La rforme de 2006 a consacr ce mode de ralisation et a tendu son champ
dapplication pour tous les cranciers gagistes et non pas uniquement qui taient dtenteurs
du bien gag.746
Le principe de lattribution judiciaire est prvu par le nouvel article 2347 du code civil, qui
offre la possibilit au crancier non pay lchance dordonner que le bien gag lui soit
attribu en proprit titre de paiement de sa crance.
Lordonnance du 23 mars 2006 a lev les restrictions relatives la facult dexercer ce mode
de ralisation par les seuls cranciers gagistes ayant la dpossession du bien gag,
dsormais, tous les cranciers, quils soient en dpossession ou sans dpossession, disposent
de la facult de solliciter une attribution judiciaire747.
745
-article 2348 prvoit : La valeur du bien est dtermine au jour du transfert par un expert dsign
l'amiable ou judiciairement, dfaut de cotation officielle du bien sur un march organis au sens du code
montaire et financier. Toute clause contraire est rpute non crite .
746
-la cour de cassation avait tendu lattribution judiciaire aux cranciers gagistes ne dtenant pas le bien
gag, V. Cass.Com, 06 mars 1990, n88-16.036, Bull.1990, IV, n67, p.46 ; Cass. Com. 06 janvier 1998, n9517.399, Bull.1998 IV, n9, p.6 ; M. BANDRAC, attribution judiciaire du gage sans dpossession , RTD.
Civ.,mars 1991, p.150 ; S.PIEDELIEVRE, Le suprprivilge des salaires ne peut faire obstacle lattribution
judiciare du gage du crancier nanti mme non assorti dun droit de rtention , D., novembre 1998, p.375.
747
- moins que le crancier bnficie dun cautionnement, le dfaut de ralisation de gage peut priver la
caution dun droit qui pouvait lui profiter, V..Cass. Com. 13 mai 2003, n 00-15.404 (prcit).
302
Il sagit dun mode de ralisation de droit, cest--dire que le juge saisi a lobligation
dordonner lattribution du bien gag au crancier, par une simple vrification en amont de
la validit des conditions de fond et de forme du gage, cette attribution a pour effet
dteindre la crance concurrence de sa valeur, et de transfrer la proprit au crancier
gagiste, ce transfert sopre partir du jugement dattribution ordonn par le juge748.
748
-Cass. Com. 24 janvier 2006, n02-11.989, Bull.2006, IV, n15, p.4; D. LEGEAIS, Nantissement. Effet du
jugement excutoire par provision ordonnant lattribution du gage au crancier gagiste , RTD. Com., juin 2006,
p. 467.
749
-Cass. Com. 03 juin 2008, n07-12.017, Bull.2008, IV, n114 ; P. CROCQ, lattribution judiciaire au profit dun
crancier de second rang : une possibilit parfois dangereuse , RTD. Civ., dcembre 2008, p. 701.
750
-le crancier a la possibilit de solliciter une attribution judiciaire contre le cessionnaire seulement si celui-ci
narrive pas rgler les dettes chues.
303
751
752
-Cass. Com, 14 octobre 1997, n95-10.423. Bull.1997, IV, n265 p.230; A. MARTIN-SERF, Crancier gagiste.
Caution relle. Gage de valeurs mobilires. Attribution judiciaire demande avant le jugement douverture.
Liquidation judiciaire. Ncessit dune nouvelle demande , RTD. Com., septembre1999. p. 747.
753
-C. JACOMIN, De lintrt du pacte commissoire dans les srets relles , RLDC., 2012-99, p.1 5, (Base de
donnes : LAMY).
754
304
pratique a pu dmontrer un recours trs large au pacte commissoire aprs son entre en
vigueur755.
Dans la mme optique, ce recours massif ce mode de ralisation a indubitablement jou
en faveur du contentieux de limpay devant les juridictions civiles et commerciales, compte
tenu du caractre extra-judiciaire qui le particularise.
546. Ce caractre extra-judiciaire peut tre lun des facteurs ayant conduit les cranciers
y recourir davantage, tant donn quaucun mode de ralisation ne prsentait autant
davantages pour les cranciers que celui-ci. Hormis lvaluation du bien gag par un expert,
la ralisation nexige aucun recours la justice ou une autre formalit procdurale de
nature retarder le dsintressement du crancier.
Ce premier mode de ralisation de sret extra-judiciaire756 en France permet aux cranciers
de se dsintresser tout en vitant la voie judiciaire qui peut tre encombre par ce genre
daffaires, provoquant de la sorte une lenteur qui peut nuire les intrts en jeu. De ce fait,
lintrt pour le crancier de recourir ce nouveau mode de ralisation peut lui procurer
des avantages importants757.
547.
Par voie de consquence, le choix du lgislateur, dvincer le juge tatique de la
ralisation des srets par le recours au pacte commissoire a probablement eu des
incidences directes ou indirectes sur la diminution du contentieux de limpay.
Autrement dit, le recours des cranciers au pacte commissoire pour la ralisation des
srets ne permet pas uniquement ceux-ci de se dsintresser de leur crance sans avoir
recours la voie judiciaire, mais permet aux tribunaux comptents de se dcharger
dventuelles affaires relatives la ralisation des srets, et notamment la vente force du
bien gag, qui implique une demande auprs du tribunal pour ordonner la vente, si le bien
gag est entre les mains du crancier gagiste, dans lhypothse o le bien est rest entre les
mains du constituant, le crancier doit pralablement procder une saisie apprhension du
bien avant de pouvoir le vendre.
548. Lincidence du pacte commissoire sur la diminution du contentieux de limpay ne
repose pas sur lvincement du juge tatique lors de la ralisation du gage, tant donn que
la ralisation par la vente force ne relve pas du contentieux de limpay 758, donc cette
corrlation est difficilement dmontre.
755
-S. PERUS, Des aspects pratiques du pacte commissoire , RLDC., 2008, n50, p.30.
756
-il convient de souligner que la rforme des srets continu prohiber la clause de voie pare qui consiste
dispenser le crancier dobtenir lautorisation du tribunal pour la vente du bien gag, ou le vendre lamiable,
cette clause tait interdite par lancien article 2078 du code civil.
757
-A. DADOUN, La date du transfert de proprit en excution du pacte commissoire , Dr. et Patri., 2009187, disponible sur : Lamyline.fr.
758
305
En revanche, on peut appuyer notre approche sur les ventuelles difficults qui peuvent
naitre lissue dune ralisation par la voie judiciaire, et qui conduisent les parties recourir
de nouveau la voie judiciaire dessein de se dsintresser de leur crancier, le cas
chant, de la caution.
En effet, le crancier peut rencontrer des difficults inhrentes la ralisation du gage par la
vente force, par exemple, celui-ci, peut se trouver face dautres cranciers mieux placs
qui ont eux-mmes procd la ralisation du gage par la voie judiciaire, en loccurrence, la
vente peut dsintresser uniquement le crancier inscrit en premier rang ayant demand la
vente force du bien, donc aucune somme ne sera consigne pour dsintresser les autres
cranciers gagistes, par la force des choses, celui-ci sera contraint de faire une action en
paiement contre son dbiteur, action qui relvera bel et bien du contentieux de limpay.
De surcroit, le crancier peut tre le premier inscrit dans un gage, mais la vente du bien par
la voie judiciaire ne lui permet pas de se dsintresser totalement de sa crance, voire, la
vente du bien est impossible, dans cette hypothse, le crancier doit engager une action en
paiement devant la juridiction comptente pour contraindre son dbiteur de sacquitter de
sa crance.
549. A cette hypothse sajoute la dtrioration du bien gag, qui nest couvert par aucun
contrat dassurance permettant au crancier de subroger les droits dindemnisation de son
dbiteur, cest une autre difficult procdurale relative la ralisation du gage, de nature
basculer la vente force du bien vers une action en paiement du droit commun.
Corollairement, la ralisation du gage par la vente force peut tre affecte par des alas
procduraux, ou inhrents au bien gag, de nature conduire cette ralisation une
nouvelle demande en paiement qui fera partie purement et simplement du contentieux de
limpay.
Force est de constater, que le recours massif des cranciers la ralisation du gage par le
pacte commissoire aprs son entre en vigueur aurait trs possiblement concouru la baisse
du contentieux de limpay devant les juridictions civiles et commerciales comme on la pu
dmontr ci-haut759.
550. A lvidence, ce mode de ralisation prsente des caractres judiciaires, compte tenu
du recours pralable au juge pour ordonner lattribution, mais sa nature juridique demeure
759
306
difficilement dterminable760, tant donn que ce mode de ralisation ne donne pas lieu
une quelconque saisie, ni une vente, elle permet nanmoins au crancier dobtenir
satisfaction et se dsintresser de sa crance sans quil dispose dun titre excutoire,
contrairement aux voies dexcution.
Donc, elle ne se prsente pas comme une simple modalit dexercice du droit de prfrence
attach la sret761, mais un autre droit supplmentaire offert au crancier pour se faire
justice par une simple demande dattribution au juge, ce dernier est oblig de lui ordonner
lattribution ds lors que le gage remplisse les conditions de fond et de forme.
En effet, lintrt de lattribution judiciaire peut se prsenter en premier lieu par rapport la
vente force, lattribution judiciaire est soumise des formalits beaucoup moins lourdes
que celles de la vente force, qui demeure soumise une saisie apprhension si le crancier
ne se trouve pas en possession du bien, et ce avant toute vente force, ce qui confre ce
mode de ralisation un caractre judiciaire par excellence.
Dautant plus que lattribution judiciaire est gratuite contrairement la vente force, qui
exige videmment des frais de vente et autres frais y affrents.
551. En outre, lattribution judiciaire est exclusive des rgles relatives lordre dans lequel
les droits de prfrence sur le prix de vente du bien gag sont exercs, cest--dire que
lattribution fait viter dventuels conflits avec les cranciers privilgis du constituant, du
moment que le prix destimation du bien gag est gal ou suprieur au montant de la dette
garantie. Ce qui peut appuyer notre fondement, qui repose sur lventuel apport de ce mode
de ralisation lgard de la diminution du contentieux de limpay.
552.
Hormis les inconvnients qui caractrisent ce mode de ralisation762, qui rsident
dans le fait que le crancier peut devenir le propritaire dun bien dont il nen a pas besoin,
ou dont la vente pourrait savrer difficile, lattribution judiciaire a possiblement aid la
baisse du contentieux de limpay attendu que cette attribution constitue un mode de
ralisation de droit, cest une mesure propre qui autorise le crancier conserver le bien en
paiement, sans pour autant constituer une demande judiciaire pour le paiement de la
crance garantie, de ce fait, elle vite la naissance de conflits relatifs la ralisation du gage
linstar de la vente force763, ces conflits ont tendance inciter le crancier agir en justice
contre le dbiteur pour obtenir le paiement de sa crance, et augmenter par voie de
760
-P-F CUIF, Lattribution judiciaire de limmeuble hypothqu : spcificit et efficacit , RLDC. 2010-69,
disponible sur : Lamyline.fr.
761
762
-M. BOURASSIN ; V. BREMOND ET M-N. JOBRARD-BACHELLIER, Droit des srets, d.2, Dalloz. Sirey. Janvier
2010, p.450.
763
-supra 545 et s.
307
553. Considre comme la reine des surets, lhypothque fut pendant longtemps la
garantie naturelle des crdits immobiliers, permettant au crancier ayant procd
linscription hypothcaire de faire vendre limmeuble grev en quelques mains quil se
trouve du moment que la dfaillance de son dbiteur est constate, pour tre pay en
priorit sur le prix de la vente.
Le lgislateur na pas omis dapporter des modifications touchant le fond ainsi que la
clarification formelle de lhypothque travers la rforme de 2006, aprs que cette sret a
perdu du terrain face dautres srets plus efficaces et moins onreuses, tel que le
cautionnement, dautant plus que son systme manquait de clrit, et ne rpondait plus
aux exigences du monde des affaires.
Cest ainsi, que la rforme du 23 mars 2006 a voulu remdier en profondeur aux problmes
de lhypothque764, mettant en place deux produits parfaitement adaptables aux oprations
de crdit et qui tendent ainsi le champ de lhypothque765, et en simplifiant les modes de
ralisation de celle-ci par la mise en place dautres modes nouveaux, pouvant insuffler
lhypothque un dynamisme incontestable.
Il est important de sintresser aux conditions de constitution de lhypothque (p.1), pour
savoir si ces conditions ont t modifies par la rforme, avant de mettre la lumire sur les
modes de ralisation instaurs par la rforme, et qui ont vraisemblablement contribu la
baisse du contentieux de limpay devant les juridictions civiles et commerciales (p. 2).
-F. VAUVILLE, Les ajustements hypothcaires de la rforme des srets , defrnois, 2007, p.1327
765
-cest lhypothque rechargeable et le prt viager hypothcaire qui sont dorigines anglo-saxonne.
308
qui subsiste en entier sur tous les immeubles affects, et sur chaque portion de ces
immeubles766.
Par ailleurs, la formation dune hypothque conventionnelle767 est toujours soumise des
conditions de fond (A), et de forme (B), qui doivent tre scrupuleusement respectes.
1- Lassiette de lhypothque
556. Au terme de larticle 2397 du code civil768, sont seuls susceptibles dhypothque : 1
Les biens immobiliers qui sont dans le commerce, et leurs accessoires rputs immeubles ;
2 L'usufruit des mmes biens et accessoires pendant le temps de sa dure.
Lhypothque porte sur un droit et non pas sur la chose objet de lhypothque, donc elle na
pas pour assiette un immeuble, mais le droit de proprit qui porte sur limmeuble.
Ainsi, pour quun bien soit hypothqu, un droit doit tre existant et disponible lors de la
constitution de la sret, en outre, le bien grev doit tre dans le commerce, cest--dire,
susceptible dtre vendu ou alin769. Le but tant de permettre aux cranciers de pouvoir
vendre le bien pour lexercice de son droit de prfrence, subsquemment, les hypothques
sur les biens du domaine public sont interdites770.
Si les immeubles par nature sont seuls qui peuvent faire lobjet dune hypothque, celle-ci
peut porter sur des biens qui deviennent des immeubles par destination en se runissant
limmeuble du moment que lhypothque a t constitu771. Cette extension peut atteindre
galement tous les accessoires juridiques de limmeuble, telle que la servitude par exemple,
ou dautres accessoires matriels.
766
767
-le lgislateur a t trs clair lors de la classification des hypothques, (lgales, judiciaires et
conventionnelle), en les soumettant toutes des dispositions gnrales.
768
769
-Cass. Civ. 3
me
770
-sauf en application de la loin 94-631 du 25 juillet 1994 compltant le code du domaine de l'Etat et relative
la constitution de droits rels sur le domaine public.
771
309
557. Par ailleurs, la rforme des srets a maintenu le principe selon lequel lhypothque
ne peut tre consentie que pour les biens prsents772, cest lapplication du principe de
spcialit sur les biens objet de garantie773. De la sorte, le lgislateur continue interdire en
principe lhypothque des biens venir774, ou dont le constituant na pas encore de droits
sur le bien, ni actuel, ni conditionnel. La violation de cette rgle est toutefois sanctionne
par la nullit absolue de lhypothque775.
2- Le constituant
773
-F. MARTIN, Le principe de spcialit de lhypothque, application et volution , Dr. et patri., novembre
2005, p.59 et 60.
774
-ce principe souffre trois exceptions prvues par larticle 2420 du code civil, autorisant que l'hypothque soit
consentie sur des immeubles venir.
775
-une dcision de la cour suprme a estim que lhypothque doit tre annule mme lorsque le constituant
devient propritaire par la suite. Cass. Civ., 29 juin 1983, (prcit note 648).
776
777
-il prvoit : Les hypothques conventionnelles ne peuvent tre consenties que par ceux qui ont la capacit
d'aliner les immeubles qu'ils y soumettent .
778
779
me
-un autre arrt assez rcent conforte cette thse, et voque lerreur lgitime du crancier, Cass. Civ.3 ch.,
24 septembre 2004, n02-13.030, Bull. 2003 III, n 162, p.144 ; L. AYNES, Les dangers de l'hypothque sur un
immeuble provenant d'une donation entre poux , D., octobre 2004, p. 2709 ; contra. La cour a refus
lapplication de cette thorie dans lacquisition dun immeuble hypothqu par un associ fondateur pour le
me
compte dune socit en formation, Cass. Civ. 3 ch, 9 juillet 2003, n01-10.863, Bull. 2003, III, n159, p.140 ;
S. PORCHRON, Porte de la reprise des engagements des fondateurs , AJDI., dcembre 2003, p.873.
310
559.
La deuxime consquence de lhypothque constitue sur un bien indivis, une
question qui suscite des difficults quant la mise en uvre780. En effet, larticle 2414 du
code civil a pu rpondre cette question partir des solutions jurisprudentielles dgages
antrieurement,
Le texte prvoit que lhypothque qui porte sur un bien indivis conserve son efficacit du
moment quelle est consentie par tous les indivisaires pour garantir la crance de lun
dentre eux.
Par ailleurs, le crancier ne peut pas saisir le bien avant le partage si lhypothque portant
sur un bien indivis a t consentie par un seul indivisaire sans avoir eu laccord des autres, en
loccurrence, si limmeuble a t attribu dans le cadre du partage lindivisaire constituant,
lhypothque est rtroactivement valide, en revanche, si limmeuble a t attribu un
autre indivisaire, lhypothque est rpute comme une hypothque de la chose dautrui.
Une dernire distinction du texte, celle de lhypothque portant sur un bien indivis consentie
par un indivisaire sur sa quote-part, dans cette hypothse, lefficacit de lhypothque
dpend de lattribution du bien lors du partage de limmeuble lindivisaire ayant consentie
lhypothque, car elle stend sur la totalit de limmeuble alloti.
560. Outre la qualit du propritaire que le constituant doit satisfaire, celui-ci doit jouir
dune capacit daliner limmeuble, et dun pouvoir dhypothquer.
En effet, cette rgle vise limiter la possibilit pour les incapables juridiquement de
consentir des hypothques, elle a galement pour but de protger le constituant, tant
donn que lhypothque est un acte de disposition important qui peut produire la vente du
bien en cas de dfaillance du dbiteur, la violation de cette rgle est sanctionne dune
nullit relative. Cependant, le crancier peut se prvaloir de la thorie de lapparence pour
carter la nullit.
Quant au pouvoir du constituant, celui-ci doit disposer des pouvoirs ncessaires pour la
constitution dune hypothque, quand il sagit dune hypothque des biens des incapables
majeurs ou mineurs, celle-ci doit respecter les principes dicts par le code civil781.
3- La crance garantie
561. Lordonnance rformant le droit des srets a maintenu le principe de spcialit en
matire dhypothque782, celle-ci doit porter sur un bien dtermin et garantir une crance
780
-E. FIGEROU ET G. LAMBERT, Hypothque et indivision , Gaz. Pal.,6 juin 2003, p.8.
781
311
En effet, les biens doivent tre affects individuellement la garantie, larticle 2418 prcise
que la nature et la situation de chacun des immeubles sur lesquels lhypothque est
consentie doivent tre spcialement dsignes.
Toutefois, ce principe a volu avec la rforme de sret qui a permis lhypothque de
garantir des crances futures, condition quelles soient dterminables783, sans pour autant
se dsintresser de la protection du constituant qui demeure interdit de consentir une
hypothque susceptible de garantir lensemble de ses crances ou celles du dbiteur
principal lgard de son crancier. Cette protection stend lors dune hypothque
consentie pour des crances futures ayant une dure indtermine, ds lors, le constituant
peut la rsilier tout moment sous rserve de respecter un dlai de pravis de 3 mois784, en
loccurrence, lhypothque demeure uniquement pour la garantie des crances nes
antrieurement la rsiliation.
562. Lun des apports majeurs de la rforme des srets tait laffectation la garantie de
crances que celles mentionnes par lacte constitutif, appele lhypothque
rechargeable785, celle-ci a fait de lhypothque et de limmeuble un vritable support de
crdit, elle droge toutefois au caractre accessoire de la crance.
Une autre innovation majeure de la rforme, le prt viager hypothcaire, lorsque la crance
garantie prend la forme dun prt remboursable au dcs de lemprunteur ou lors de
lalination du bien hypothqu.
782
784
785
312
Lintrt de lauthenticit de lacte est de protger le constituant qui doit tre parfaitement
inform de la porte de lacte quil envisage de souscrire, sans ngliger lintrt du
crancier786. Par ailleurs, lacte constitutif de lhypothque doit mentionner peine de
nullit, la crance garantie et son montant, la cause de lhypothque doit apparaitre sur
lacte notari, qui doit en outre prciser spcialement la nature et la situation de chacun des
immeubles sur lesquels l'hypothque est consentie787, enfin lacte peut mentionner si
lhypothque est rechargeable ou non, les parties peuvent toutefois signer une convention
de rechargement de lhypothque postrieurement lacte constitutif.
Enfin pour que lhypothque soit opposable aux tiers, celle-ci doit tre publie tout
moment788, par la voie dune inscription la conservation des hypothques789 ou se situe
limmeuble grev.
564. Toutefois, cette inscription na aucun effet sur la validit de lhypothque, mais elle
rend lhypothque opposable aux tiers en les informant de la situation juridique de
limmeuble, elle garantit en outre la scurit juridique requise en matire des immeubles790.
Partant de cette analyse descriptive de lhypothque, il appert que les apports de la rforme
des srets taient minimes vis--vis des conditions de constitution de lhypothque,
cependant, le lgislateur a t plus occup par le renforcement de lefficacit de
lhypothque, par la mise en place de nouveaux modes de ralisation de nature dfinir de
nouveau la porte de cette sret.
786
-J-P. SENECHAL, Lacte notari, une quasi-sret , Dfrnois, 1993, n35660, p.1313.
787
788
-Cass. Civ. 3
me
789
-la publicit foncire est rgie en France par le dcret du 4 janvier 1955.
790
-S. PIEDELIEVRE,La publicit foncire, Trait de droit civil, (sous la direction de J. Ghestin), LGDJ, 2000 ; L.
AYNES ET P. CROCQ, Les srets, La publicit foncire, d. 6, Defrnois, octobre 2012.
791
-M. BOURASSIN ; V. BREMOND ET M-N. JOBRARD-BACHELLIER, Droit des srets, d.2, Dalloz. Sirey
313
792
-J.-M. HOCQUARD., Le pacte commissoire en matire immobilire : une fausse bonne ide , Dr. et patr.
2005, n 142, p. 80.
793
-B. KOHL, (sous la direction de), La vente immobilire - Aspects civils, administratifs et fiscaux, Anthemis,
janvier 2011 ; vente immobilire, Francis Lefebvre, Mmento pratique Francis Lefebvre, juin 2010.
314
sacquitter en cas de dfaillance du dbiteur. Cette option offerte par le lgislateur a fait ses
preuves depuis son entre en vigueur, et les cranciers ne cessent dy recourir794.
Cependant, si le futur de ce mode de ralisation sannonce prometteur, la corrlation entre
ce mode et la baisse du contentieux de limpay nest pas facilement dmontrable, certes, ce
mode de ralisation a un caractre extra-judiciaire, pour autant, la saisie immobilire ne
relve pas du contentieux de limpay, et elle ne figure pas dans les affaires qui visent le
contentieux de limpay recenses par le ministre de la justice.
- S. PERUS, Des aspects pratiques du pacte commissoire , RLDC., 2008, n50, p.30.
795
-supra 545 et s.
796
-A.LEBORGNE, La procdure de saisie immobilire est-elle respectueuse des droits fondamentaux des
parties ? , in La justice civile au vingt-et-unime sicle, Mlanges P.Julien, Aix-en-Provence, Edilaix, 2003, p.
219 229.
797
- Ordonnance n 2011-1895 du 19 dcembre 2011 relative la partie lgislative du code des procdures
civiles d'excution.
315
considr que ces formalits sont dordre public aux termes de larticle 114 du code de
procdure civile.
En outre, ces actes peuvent tre attaqus pour des irrgularits de fond, qui affectent la
validit de ces actes en vertu de larticle 117 du code de procdure civile, et qui sont :
Le dfaut de capacit d'ester en justice, le dfaut de pouvoir d'une partie ou d'une personne
figurant au procs comme reprsentant soit d'une personne morale, soit d'une personne
atteinte d'une incapacit d'exercice, et le dfaut de capacit ou de pouvoir d'une personne
assurant la reprsentation d'une partie en justice.
De surcroit, larticle R-311-11 du code des procdures civiles dexcution prvoit que les
dlais prvus par les articles R. 321-1, R. 321-6, R. 322-6, R. 322-10 et R. 322-31 sont
prescrits peine de caducit du commandement de payer valant saisie, en loccurrence,
toute partie intresse peut demander au juge de dclarer la caducit de lacte, moins que
le crancier poursuivant puisse justifier dun motif lgitime798.
569. Il faut souligner quoutre les vrifications lgales effectues par le juge de lexcution,
le dbiteur peut soulever lors de laudience dorientation des contestations portant sur le
fond, quand par exemple le dbiteur soulve la violation du principe de proportionnalit
prvu par larticle L.311-5 du code des procdures civiles dexcution799, ou lorsque celui-ci
remet en question sa qualit du propritaire de limmeuble, ou les lments de preuve
produits au juge, encore lorsque le dbiteur conteste le caractre liquide et exigible de la
crance800.
En lespce, le juge est tenu lors de laudience dorientation de statuer sur ces questions, les
questions portant sur le fond du droit narrtent pas le cours de la procdure.
Toutefois, le juge demeure incomptent lorsque ces demandes portent titre principal sur
le fondement du droit invoqu pour pratiquer une mesure d'excution.
Le juge ici, na pas statuer sur le caractre excutoire, tant donn que le crancier dispose
dune sret constitue par un acte notari, et na pas besoin davoir un titre excutoire
pour procder la saisie immobilire, dans le cas contraire, lannulation d'une dcision de
justice qui a servi de base aux poursuites de la procdure de saisie doit ncessairement avoir
pour consquence la nullit de toute la procdure de saisie801.
570. Nanmoins, le dbiteur peut se voir refuser la vente force du bien immeuble, lorsque
le dbiteur a rgl le principal de la crance, et que le crancier nagit que pour des frais qui
798
-Cass. Civ. 2
me
799
800
-CA Chambry, 2
801
-Cass. Civ. 2
me
me
316
Ds lors, la libert de contrainte du crancier est limite par les effets de la procdure de
surendettement, cest le sort de la procdure qui dterminera le moment ou le crancier
reprendra ses poursuites.
Il convient de rappeler que le crancier peut tre concurrenc par dautres cranciers si la
procdure de traitement de surendettement soriente vers une procdure de rtablissement
personnel804.
571.
Toutefois, dautres difficults de nature compromettre le dsintressement du
crancier et le conduire vers une action en paiement contre son dbiteur peuvent surgir, en
effet, le crancier peut se retrouver lors de la saisie immobilire devant des cranciers mieux
placs que lui, et que le prix de vente ne dsintresse que les premiers cranciers inscrits,
dans cette hypothse, le crancier hypothcaire devient un crancier chirographaire, et ne
pourra valoir ses droits sur la crance quen engageant une action en paiement devant le
tribunal comptent, une action qui vise lobtention dun titre excutoire, et qui rentre
videmment dans le champ du contentieux de limpay.
Au demeurant, le crancier peut tre le premier inscrit, mais la vente du bien immeuble par
la saisie ne lui permet pas de se dsintresser totalement de sa crance, dans cette
hypothse, seule une action en paiement lui permettra de contraindre son dbiteur de
sacquitter de la diffrence restante.
Par voie de consquence, on peut remarquer, que la saisie immobilire linstar de la
ralisation du gage peut tre affecte par des difficults inhrentes la procdure ou au
bien805, de nature contraindre le crancier poursuivant de se retourner vers la justice
802
me
-Cass. Civ., 2 ch., 17 mai 1993, n91-20.673, Bull. 1993, II, n177, p.95 ; P. SIMLER, La vente force des
immeubles ne peut tre poursuivie qu'en vertu d'un titre authentique et excutoire, pour une dette certaine et
liquide. , RDI., mars 1994, p.89.
803
804
-supra 186 et s.
-supra 545 et s.
805
317
tatique pour engager une action en paiement contre son dbiteur, ces actions relveront
du contentieux de limpay.
572. A fortiori, le recours important des cranciers la ralisation de leur hypothque par
le pacte commissoire aurait des incidences indirectes sur la baisse du contentieux de
limpay devant les juridictions civiles et commerciales, toutefois, il est difficile de mesurer
avec exactitude ltendue de cette incidence compte tenu de la rcence de ce mode de
ralisation, et du fait aussi que le pacte ou sa ralisation ne sont pas soumis une mesure de
publicit.
Pour conclure, on peut adhrer intimement cette approche du lgislateur selon laquelle il
entend diminuer le rle du juge dans lexcution de lhypothque, en dpit de toutes les
critiques suscites806, mettant ainsi fin toute contrainte affrente la ralisation de
lhypothque.
806
808
809
me
- P-F CUIF, Lattribution judiciaire de limmeuble hypothqu : spcificit et efficacit , RLDC. 2010-69,
disponible sur : Lamyline.fr.
318
574. Par ailleurs, on ne peut pas avoir la certitude que ce mode de ralisation a contribu
en France la baisse du contentieux de limpay devant les juridictions civiles et
commerciales, nanmoins, une incidence indirecte peut tre souleve, il sagit dun mode de
ralisation de droit, qui permet au crancier de sattribuer le bien en paiement par une
simple demande au juge, sans quil constitue une demande judiciaire en paiement.
Ainsi, en vitant la naissance de conflits relatifs la ralisation de lhypothque, ce mode de
ralisation a possiblement particip, mme maigrement, la baisse du contentieux li
limpay.
Conclusion titre
575. Probablement, la rforme des srets navait pas pour objectif de contribuer la
baisse du contentieux de limpay devant les juridictions civiles et commerciales. Toutefois,
limportance de la rforme, et son caractre substantiel, ont permis au contentieux de
limpay doccuper une place importante dans les apports du nouveau droit des srets en
France. Des effets qui nont pas peut-tre t recherchs par le lgislateur.
En effet, le lgislateur sest fix comme objectif apparent travers cette rforme de rendre
les srets plus lisibles et efficaces la fois pour les acteurs conomiques que pour les
citoyens.
576. Par ailleurs, la mise en place, de nouvelles srets, ou la rvision dautres srets
ayant exist auparavant, dont la ralisation nexige pas un recours la justice tatique,
reprsente en effet pour le crancier une vritable assurance contre le risque dimpay et
dinsolvabilit du dbiteur, particulirement lors de la mise en uvre, et permet au
crancier dviter le recours la voie judiciaire pour la ralisation de sa sret.
En outre, linsertion dun mode de ralisation dans le nouveau droit des srets, qui nexige
pas un recours au juge judiciaire, et qui tait jusqu lors prohib, est dsormais applicable
pour quasiment toutes les srets, et son caractre extra-judiciaire est incontestable, ainsi
que contribution la baisse du contentieux de limpay en France sa mise en place.
Pour conclure, il convient de prciser quen dpit de la rcence de la rforme de srets,
celle-ci a trs possiblement aid la baisse du contentieux de limpay en France.
577. Au Maroc, la solidit des srets traditionnelles peut tre remise en question, du fait
de leur affaiblissement par le dveloppement du crdit et les nouvelles techniques
bancaires. Celles-ci, semblent, ne sadaptent plus aux exigences dun crancier qui aspire
se prmunir contre tout risque dinsolvabilit de son dbiteur, ou alas pouvant mettre en
pril son action en recouvrement, et notamment louverture dune procdure collective.
319
Par voie de consquence, se servir de la rforme des srets en France, dans un contexte
Marocain, peut constituer une dmarche importante lavantage de la lgislation
Marocaine.
320
Conclusion partie
321
CONCLUSION GENERALE
Limpay demeurera prsent linfini dans notre quotidien, dans la mesure o aucune
technique et aucun dispositif lgislatif ne parviendra labolir, et du fait que limpay et son
contentieux voluent avec lvolution de la protection de la dfaillance du paiement.
Toutefois, le lgislateur franais et les acteurs de la vie des affaires se sont montrs
perspicaces lgard du traitement de limpay, traduisant leur vritable volont de faire
face celui-ci et son contentieux, en accordant une priorit claire ce phnomne
rcurrent et ses consquences.
Lexprience franaise en la matire est si constructive, aussi bien sur le plan lgislatif, que
sur le plan pratique, quelle est parvenu atteindre un degr de maturit lui permettant
doffrir au crancier une vritable politique de recouvrement. Cette politique repose sur un
ventail lgislatif assez large, et une pratique enrichissante, aptes permettre au crancier
de recouvrer sa crance promptement et hors cadre judicaire. En revanche, lapproche
entreprise par le crancier est loin dtre infaillible, la fois devant la voie judiciaire quen
dehors de celle-ci, car le recouvrement en France connait son tour des difficults bien
quelles ne soient pas alarmantes, et nappellent pas une intervention urgente du
lgislateur.
Or, la baisse du contentieux de limpay devant les juridictions civiles et commerciales
durant ces dernires annes est un constat rel, et irrfutable, qui sappuie ncessairement
sur des fondements juridiques.
Au Maroc, le risque daccroissement de limpay et dchec de recouvrement ntait pas
aussi frquent, alors que les obstacles au recouvrement de crances nont jamais t aussi
importants quaujourdhui, laissant susciter de nombreuses interrogations, particulirement
sur la vision future de ce flau par le lgislateur, et la ncessit de mise en place dune
vritable politique de recouvrement pour le crancier, contenant des solutions de
substitution ou des alternatives la voie judiciaire, avec des moyens ncessaires qui
facilitent leur promotion et leur mise en uvre.
En effet, la hausse de limpay et de son contentieux est le rsultat dun recouvrement
fond sur la voie judiciaire, anarchiquement structur. A vrai dire, le dbiteur profite de plus
en plus des cueils lgislatifs et pratiques pour se soustraire ses engagements lgard de
son crancier, et ces entraves sont de nature rendre le recouvrement de plus en plus rude.
La lenteur de lappareil judiciaire constitue un grand dsavantage pour recouvrer
322
judiciairement une crance, aggrav par les manuvres dilatoires dun dbiteur conscient
des disfonctionnements judiciaires, et dun titre excutoire qui perd progressivement sa
valeur eu gard lampleur des difficults de recouvrement forc que connait la justice au
Maroc.
Mais, les vritables causes de lexpansion du contentieux de limpay sexpliquent par
laccroissement de limpay lui-mme, qui trouve son domaine de prdilection dans les
impays caractre bancaire.
323
324
ANNEXES
Annexe n8 : Lettre de relance envoy par un huissier de justice avant lobtention du titre
excutoire
325
Annexes 1
326
Annexe n1
327
328
329
330
ANNEXES N2
Barreau : Casablanca
Nos recherches seront ventuellement publies, voulez-vous que vos informations personnelles y
figurent ou restent dans lanonymat ?
Oui
Non
Quelles sont les techniques contractuelles les plus efficaces pour prvenir limpay (cochez et classez
de 1 la plus efficace 6 la moins efficace)
331
Nous vous saurons gr de bien vouloir nous transmettre par mail des exemples de clauses que vous
jugez les plus efficaces ([email protected])
Quels sont les modes de paiement les plus efficaces pour prvenir limpay (cochez et classez de 1 la
plus efficace 4 la moins efficace)
Prlvement automatique
Carte bancaire
Chque (1)
Autres
Lors de la rdaction dun contrat ou de dispositions gnrales, vous chercherez une technique
adapte de prvention de limpay :
Systmatiquement
Frquemment
Rarement
Jamais
Quelle est la proportion de vos dossiers qui font lobjet dun recouvrement amiable (impliquant des
diligences au-del dune mise en demeure : seulement en matire de chque.%
Quelle est la suite la plus frquente en cas dchec dun recouvrement amiable ?
332
en rfr
injonction de payer
Autre (prcisez)
Systmatiquement
Frquemment
Rarement
Jamais
Lesquels ?
Trs efficace
Pas plus efficace quune procdure judiciaire
Pas efficace
333
Indiquez la proportion de vos dossiers de recouvrement qui font lobjet : cela dpend de la nature du
dossier
Quels sont les motifs susceptibles de dissuader vos clients dentreprendre une procdure
contentieuse ?
Dlais
Le cout
Les chances de recouvrement
Le risque de contestation sur le bien-fond de la crance
334
Quels sont les critres permettant de dterminer les crances faisant lobjet dun abandon des
poursuites ? Sil yen a plusieurs, pourriez-vous les classer par importance (de 1 le plus important 5
le moins pertinent) ?
6- lvolution
Selon vous, au cours des dix dernires annes, le recours au juge a-t-il diminu ou augment en
matire dimpay contractuel ? Il a augment
Pourquoi ?
335
Barreau Casablanca
Nos recherches seront ventuellement publies, voulez-vous que vos informations personnelles y
figurent ou restent dans lanonymat ?
Oui
Non
Quelles sont les techniques contractuelles les plus efficaces pour prvenir limpay (cochez et classez
de 1 la plus efficace 6 la moins efficace)
Nous vous saurons gr de bien vouloir nous transmettre par mail des exemples de clauses que vous
jugez les plus efficaces ([email protected])
336
Quels sont les modes de paiement les plus efficaces pour prvenir limpay (cochez et classez de 1 la
plus efficace 4 la moins efficace)
Prlvement automatique
(2)
Lors de la rdaction dun contrat ou de dispositions gnrales, vous chercherez une technique
adapte de prvention de limpay :
Systmatiquement
Frquemment
Rarement
Jamais
Quelle est la proportion de vos dossiers qui font lobjet dun recouvrement amiable (impliquant des
diligences au-del dune mise en demeure : trs peu, particulirement les chques.
Quelle est la suite la plus frquente en cas dchec dun recouvrement amiable ?
Action au fond
en rfr
injonction de payer
Autre (prcisez)
Systmatiquement
Frquemment
Rarement
Jamais
Lesquels ?
Trs efficace
Pas plus efficace quune procdure judiciaire
Pas efficace
338
30 %
20%
Quels sont les motifs susceptibles de dissuader vos clients dentreprendre une procdure
contentieuse (1 le plus pertinent 4 le moins pertinent)
Dlais (1)
Le cout (3)
Les chances de recouvrement
Quels sont les critres permettant de dterminer les crances faisant lobjet dun abandon des
poursuites ? Sil yen a plusieurs, pourriez-vous les classer par importance (de 1 le plus important 5
le moins pertinent) ?
6- lvolution
Selon vous, au cours des dix dernires annes, le recours au juge a-t-il diminu ou augment en
matire dimpay contractuel ? Augmentation
Pourquoi ?
340
ANNEXE N3
341
-Votre tude
Nos recherches seront ventuellement publies, voulez-vous que vos informations personnelles y
figurent ou restent dans lanonymat ?
Oui
Non
-vos clients
Exercez-vous pour vos clients une activit de recouvrement sans quun titre excutoire nait t
pralablement obtenu ?
Oui
342
Non
Pour dterminer les lments du patrimoine du dbiteur vous effectuez des investigations
complmentaires :
Systmatiquement
Rarement
Jamais
Systmatiquement
Rarement
Jamais
Fiables
Pas fiables
En quoi :
Dans quelle proportion vos clients vous demandent-t-ils dutiliser des moyens de recouvrement
amiable, (%du nombre total de vos dossiers de recouvrement)
Entre 0 et 10 %
Entre 10 et 25 %
Entre 25 et 50 %
Plus de 50 %
Montant de la dette
Caractristique du dbiteur (entreprise/particulier)
Caractristique du crancier
Autres (prcisez) :
A quel moyen procdez-vous la localisation dun dbiteur qui a chang son adresse ?
Cest toujours dlicat de localiser des dbiteurs ayant procd au changement de leur adresse,
particulirement les entreprises.
Avez-vous constat une modification du volume daffaires relatives au contentieux de limpay ces
dix dernires annes ?
Diminution
Augmentation
Depuis 2000
Depuis 2005
Avez-vous constat une modification de la nature des dossiers qui vous sont confis ? Non
Depuis 2000
Depuis 2005
Si oui, laquelle ?
345
Ponctuellement
Dans le cadre de conventions gnrales
Non
Oui
Si oui, prcisez le type de clients ?
Recouvrement amiable
Labandon des poursuites
La limite des frais engager pour le recouvrement
Autre (prcisez) :
Leurs avocats
Leurs services internes : contentieux
Leurs services internes : recouvrement
Leurs entreprises externes de recouvrement
346
Si oui, lequel ?
Vous essayez de jouer le rle du conciliateur entre vos clients et leurs dbiteurs. Non
Oui
Non
Si oui, par :
347
Le crancier lui-mme
Une agence de recouvrement
Un avocat
Autre (prcisez) :
348
-Votre tude
Nos recherches seront ventuellement publies, voulez-vous que vos informations personnelles y
figurent ou restent dans lanonymat ?
Oui
Non
-vos clients
Exercez-vous pour vos clients une activit de recouvrement sans quun titre excutoire nait t
pralablement obtenu ?
Oui
Non
349
Pour dterminer les lments du patrimoine du dbiteur vous effectuez des investigations
complmentaires :
Systmatiquement
Rarement
Jamais
Systmatiquement
Rarement
Jamais
Fiables
Pas fiables
En quoi :
350
Dans quelle proportion vos clients vous demandent-t-ils dutiliser des moyens de recouvrement
amiable, (%du nombre total de vos dossiers de recouvrement)
Entre 0 et 10 %
Entre 10 et 25 %
Entre 25 et 50 %
Plus de 50 %
Montant de la dette
Caractristique du dbiteur (entreprise/particulier)
Caractristique du crancier
Autres (prcisez) :
351
A quel moyen procdez-vous la localisation dun dbiteur qui a chang son adresse ?
Commentaire : aucun
Avez-vous constat une modification du volume daffaires relatives au contentieux de limpay ces
dix dernires annes ?
Diminution
Augmentation
Depuis 2000
Depuis 2005
Avez-vous constat une modification de la nature des dossiers qui vous sont confis ?
352
Depuis 2000
Depuis 2005
Si oui, laquelle ?
Ponctuellement
Non
Oui
Si oui, prcisez le type de clients ?
Recouvrement amiable
Labandon des poursuites
La limite des frais engager pour le recouvrement
Autre (prcisez) :
Leurs avocats
353
Si oui, lequel ?
Vous essayez de jouer le rle du conciliateur entre vos clients et leurs dbiteurs. Non
354
Oui
Non
Si oui, par :
Le crancier lui-mme
Une agence de recouvrement
Un avocat
Autre (prcisez) :
355
ANNEXES N4
356
1-votre entreprise
Nos recherches seront ventuellement publies, voulez-vous que vos informations personnelles y
figurent ou restent dans lanonymat ?
Oui
Non
2-vos clients
occasionnellement
rarement
occasionnellement
rarement
357
Souvent
occasionnellement
rarement
occasionnellement
rarement
Les banques
Souvent
occasionnellement
rarement
3-vos affaires
Renseignement commercial
Conseil
Gestion du poste clients
Autre (veuillez prciser)
358
Souvent
occasionnellement
rarement
De factures impayes ?
Souvent
occasionnellement
rarement
Autres :
Les montants des crances dont vous tes charg se situe le plus souvent entre
Moins de 1000Dh
Entre 1000 et 5000Dh
Avez-vous des fichiers vous permettant dvaluer et de voir la solvabilit des dbiteurs ?
NON
Pour dterminer les lments du patrimoine du dbiteur, vous effectuez des investigations cet
effet ?
Systmatiquement
359
Rarement
Jamais
45 Jours
Une lettre de relance envoye par vos soins suffit-elle de provoquer le paiement ?
De la totalit de l crance ?
Souvent
occasionnellement
rarement
occasionnellement
rarement
Non
Le type de dbiteur ?
OUI
Le montant de la crance ?
NON
OUI
NON
NON
NON
OUI
360
Plus le montant et frais sont rcents, plus les chances de rcupration sont grandes.
Quelles sont les actions autres que les lettres de relance et de mise en demeure que vous mettez en
uvre pour recouvrer les crances ?
Plus dun an
Oui
Non
Aprs combien de temps les dossiers de crances non recouvres sont-ils classs ?
Un mois
Six mois
Un an
Plus
Faites-vous appel un huissier de justice pour appuyer vos tentatives de recouvrement amiable ?
Souvent
occasionnellement
rarement
En cas dchec du recouvrement amiable, vous orientez-vous vers une procdure de demande
dinjonction de payer ?
362
Souvent
occasionnellement
rarement
Reprsentez-vous vos cranciers devant les juridictions civiles ou commerciales dans le cadre dune
procdure de recouvrement forc pour avoir un titre excutoire ?
Souvent
occasionnellement
rarement
Jamais
A partir de quel montant de frais (en xx du montant de la crance) le recouvrement est-il dissuasif ?
Moins de 1xx
Entre 1xxet 5xx
Entre 5xx et 10 xx
Plus de 10 xx
Quels sont les critres conduisant abandonner les poursuites contre le dbiteur ?sil y en a
plusieurs, pourriez-vous les classer par ordre dimportance ?
1 Montant de la crance
2 Labsence de garantie
363
7- rglementation
Les entreprises de recouvrement au Maroc sont en pleine expansion, existe-t-il une loi ou un projet
de loi destins rglementer cette activit si importante ?
364
1-votre entreprise
Nos recherches seront ventuellement publies, voulez-vous que vos informations personnelles y
figurent ou restent dans lanonymat ?
Oui
Non
2-vos clients
occasionnellement
rarement
occasionnellement
rarement
occasionnellement
rarement
365
occasionnellement
rarement
Les banques
Souvent
occasionnellement
rarement
3-vos affaires
Renseignement commercial
Conseil
Gestion du poste clients
Autre (veuillez prciser)
occasionnellement
rarement
366
De factures impayes ?
Souvent
occasionnellement
rarement
Autres :
Les montants des crances dont vous tes charg se situe le plus souvent entre
Moins de 1000Dh
Entre 1000 et 5000Dh
Entre 5000 et 10000Dh
Avez-vous des fichiers vous permettant dvaluer et de voir la solvabilit des dbiteurs ?
NON
Pour dterminer les lments du patrimoine du dbiteur, vous effectuez des investigations cet
effet ?
Systmatiquement
Rarement
367
Jamais
45 Jours
Une lettre de relance envoye par vos soins suffit-elle de provoquer le paiement ?
De la totalit de l crance ?
Souvent
occasionnellement
rarement
occasionnellement
rarement
Non
Le type de dbiteur ?
OUI
Le montant de la crance ?
NON
OUI
NON
NON
NON
OUI
368
Plus le montant et frais sont rcents, plus les chances de rcupration sont grandes.
Quelles sont les actions autres que les lettres de relance et de mise en demeure que vous mettez en
uvre pour recouvrer les crances ?
Non
Aprs combien de temps les dossiers de crances non recouvres sont-ils classs ?
Un mois
Six mois
Un an
Plus
Faites-vous appel un huissier de justice pour appuyer vos tentatives de recouvrement amiable ?
Souvent
occasionnellement
rarement
En cas dchec du recouvrement amiable, vous orientez-vous vers une procdure de demande
dinjonction de payer ?
Souvent
occasionnellement
rarement
370
Reprsentez-vous vos cranciers devant les juridictions civiles ou commerciales dans le cadre dune
procdure de recouvrement forc pour avoir un titre excutoire ?
Souvent
occasionnellement
rarement
Jamais
A partir de quel montant de frais (en xx du montant de la crance) le recouvrement est-il dissuasif ?
Moins de 1xx
Entre 1xxet 5xx
Entre 5xx et 10 xx
Plus de 10 xx
Quels sont les critres conduisant abandonner les poursuites contre le dbiteur ?sil y en a
plusieurs, pourriez-vous les classer par ordre dimportance ?
1 Montant de la crance
2 Labsence de garantie
3 Une contestation de la crance
371
7- rglementation
Les entreprises de recouvrement au Maroc sont en pleine expansion, existe-t-il une loi ou un projet
de loi destins rglementer cette activit si importante ?
372
ANNEXES N5
373
1- Votre poste
Analyste financier
Vous traitez :
Exclusivement du B to B (les relations avec les entreprises)
Exclusivement du B to C (les relations avec les consommateurs)
Les deux (part de B to B : 90 %, part de B to C : 10 %)
6 personnes
Nos recherches seront ventuellement publies, voulez-vous que votre nom et celui de
ltablissement y figurent ou restent dans lanonymat ?
Oui
Non
Disposez vous dans votre Banque dun dpartement spcialis et destin au recouvrement
amiable ?
Oui
Non
2-
Quelles sont les techniques contractuelles de prvention de limpay les plus efficaces ? (cochez et
classez de 1 la plus efficace 6 la moins efficace)
Le mode de paiement :
Clause pnale ou quivalent :3
Clauses rsolutoires :5
Srets personnelles :4
Srets relles :2
Autres (prcisez) :1
375
Nous vous saurons gr de bien vouloir nous transmettre par email des exemples de clauses que vous
jugez les plus efficaces.
Crdit dinvestissement
Constatez-vous que la rdaction des clauses contractuelles a volu au cours des 10 dernires
annes ? Non
En quoi ?
Non
Depuis quand ?
376
Dans le cadre de vos missions, disposez-vous des fichiers ou des services de renseignement sur la
solvabilit des dbiteurs ?
Oui
Non
Immdiatement
377
De quelques jours
Dun mois environ
Autre
Fiables
Pas fiables
En quoi ?
378
Dans quelles hypothses les informations donnes par le dbiteur sont-elles vrifies ? Comment ?
Avez-vous recours :
A des socits de renseignement commercial ?
A dautres tiers ?
-non
-si oui, lesquels ?
379
En quoi ?
Non
Oui
Si oui lequel ?
Quels sont les dlais moyens (en moi ou jours) pour le recouvrement ?
Une lettre de relance envoye par vos soins suffit-elle provoquer le paiement ?
rarement
jamais
380
rarement
jamais
Quelle est la proportion de vos dossiers de recouvrement qui font lobjet de recouvrement amiable
(impliquant des diligences au-dels dune mise en demeure) : 50%
Quelle est la proportion de russite dun recouvrement amiable par rapport la totalit de vos
dossiers de recouvrement amiable ? 30 %
oui
non
oui
non
oui
non
non
Oui
Non
Oui
Non
Faites-vous appel une socit de recouvrement pour appuyer vos tentatives de recouvrement
amiable ?
Souvent
rarement
jamais
En cas dchec du recouvrement amiable, vous orientez-vous vers une procdure de demande
dinjonction de payer ?
Souvent
rarement
jamais
En cas dchec du recouvrement amiable vous adressez-vous un avocat afin dobtenir un titre
permettant une excution force ?
Souvent
rarement
jamais
Toujours
frquemment
jamais
Toujours frquemment
jamais
382
Trs efficace
Pas plus efficace quune procdure judiciaire
Pas efficace ou peu efficace
6- le contentieux de limpay
Quel est le service qui dcide dentreprendre une procdure contentieuse ? Service contentieux
Quels sont les motifs susceptibles de dissuader dentreprendre une procdure contentieuse (de 1 le
plus pertinent 4 le moins pertinent) ?
-les dlais 3
-le cot2
-les chances de recouvrement 4
-le risque de contestation sur le bien-fond de la crance 1
Quelle est, en moyenne, la proportion du cot de la procdure judiciaire par rapport au montant de
la crance ?
Quelle proportion du cot rellement pay par le crancier sera finalement la charge du dbiteur ?
Quelle est, en moyenne, la proportion du cot de lexcution par rapport au montant de la crance ?
Quels sont les critres conduisant abandonner les poursuites contre le dbiteur ? Sil yen a
plusieurs, pourriez-vous les classer par importance ?
Quelle est la proportion dimpay qui entrane louverture dune procdure collective ?
384
Partielle
Nulle
8- lvolution
Selon vous, au cours des dix dernires annes, le nombre de procdures judiciaires a-t-il diminu ou
augment ?
Pourquoi ? Augment, toujours en raison de la crise dans le monde et dans plusieurs secteurs
dactivit.
385
1- Votre poste
Vous traitez :
Exclusivement du B to B (les relations avec les entreprises)
Exclusivement du B to C (les relations avec les consommateurs)
Les deux (part de B to B :
%, part de B to C :
%)
Oui
Disposez vous dans votre Banque dun dpartement spcialis et destin au recouvrement
amiable ?
Oui
2-
Quelles sont les techniques contractuelles de prvention de limpay les plus efficaces ? (cochez et
classez de 1 la plus efficace 6 la moins efficace)
3Le mode de paiement :
5Clause pnale ou quivalent :
4Clauses rsolutoires :
2 Srets personnelles :
1 Srets relles :
Autres (prcisez) :
Nous vous saurons gr de bien vouloir nous transmettre par email des exemples de clauses que vous
jugez les plus efficaces.
Constatez-vous que la rdaction des clauses contractuelles a volu au cours des 10 dernires
annes ? non, nous utilisons les mmes contrats
En quoi ?
Non
Depuis quand ?
Dans le cadre de vos missions, disposez-vous des fichiers ou des services de renseignement sur la
solvabilit des dbiteurs ?
Oui
Non
388
Signature du contrat
Au cours de lexcution du contrat
En cas dincident
Immdiatement
De quelques jours
Dun mois environ
Autre
Fiables
Pas fiables
En quoi ?
389
Avez-vous recours :
A des socits de renseignement commercial ?
390
A dautres tiers ?
-non
-si oui, lesquels ?
En quoi ?
Non
Oui
Si oui lequel ?
391
Quels sont les dlais moyens (en moi ou jours) pour le recouvrement ? 1 3 mois
Une lettre de relance envoye par vos soins suffit-elle provoquer le paiement ?
Souvent
rarement
jamais
rarement
jamais
-non
Quelle est la proportion de vos dossiers de recouvrement qui font lobjet de recouvrement amiable
(impliquant des diligences au-dels dune mise en demeure) :
%
Quelle est la proportion de russite dun recouvrement amiable par rapport la totalit de vos
dossiers de recouvrement amiable ? 80 %
oui
non
oui
non
oui
non
392
non
parfois
Oui
Non
Oui
Non
Faites-vous appel une socit de recouvrement pour appuyer vos tentatives de recouvrement
amiable ?
Souvent
rarement
jamais
En cas dchec du recouvrement amiable, vous orientez-vous vers une procdure de demande
dinjonction de payer ?
Souvent
rarement
jamais
En cas dchec du recouvrement amiable vous adressez-vous un avocat afin dobtenir un titre
permettant une excution force ?
Souvent
rarement
jamais
393
Toujours
frquemment
jamais
Toujours frquemment
jamais
Trs efficace
Pas plus efficace quune procdure judiciaire
Pas efficace ou peu efficace
6- le contentieux de limpay
Quels sont les motifs susceptibles de dissuader dentreprendre une procdure contentieuse (de 1 le
plus pertinent 4 le moins pertinent) ?
1-les dlais
3-le cot
394
Quelle est, en moyenne, la proportion du cot de la procdure judiciaire par rapport au montant de
la crance ?
Pas de donnes
Quelle proportion du cot rellement pay par le crancier sera finalement la charge du dbiteur ?
Pas de donnes
Quelle est, en moyenne, la proportion du cot de lexcution par rapport au montant de la crance ?
Pas de donnes
Lefficacit des procdures de recouvrement est meilleure :
2 Devant les juridictions civiles
1 Devant les juridictions commerciales
Aucune diffrence nest constate
Commentaire :
Quels sont les critres conduisant abandonner les poursuites contre le dbiteur ? Sil yen a
plusieurs, pourriez-vous les classer par importance ?
Quelle est la proportion dimpay qui entrane louverture dune procdure collective ?
Partielle 50 %
Nulle
8- lvolution
Selon vous, au cours des dix dernires annes, le nombre de procdures judiciaires a-t-il diminu ou
augment ? Augment
396
ANNEXES N6
397
1. Votre poste
Vous traitez :
2. Votre entreprise
Le montant le plus frquent des crances dont vous tes chargs se situe entre :
dhs
Avez-vous accs des fichiers vous permettant dvaluer la solvabilit des dbiteurs ?
Non
Oui
Internes
Systmatiquement
Rarement
Jamais
Pour dterminer les lments du patrimoine du dbiteur, vous effectuez des investigations
complmentaires :
399
Systmatiquement
Rarement
Jamais
Quels sont les dlais moyens (en mois ou jours) pour le recouvrement ?
21 45 jours
Une lettre de relance envoye par vos soins suffit-elle provoquer le paiement ?
De la totalit de la crance ?
Souvent
rarement jamais
rarement jamais
Non
Quelle est la proportion de vos dossiers de recouvrement qui font lobjet dun recouvrement amiable
(impliquant des diligences au-del dune mise en demeure) : %
400
Le type de dbiteur
oui
non
Le montant de la crance
oui
non
oui
non
non
oui
Si oui, pouvez-vous prendre quelques lignes pour nous expliciter ces diffrences ?
Notre approche satisfaction des clients , selon certification ISO 9001, est diffrente dun client
un autre selon le portefeuille gr au niveau recouvrement.
Oui
Non
401
Aprs combien de temps les dossiers de crances non recouvres sont-ils classs,
Un mois
Six mois
Un an
Non, ils ne sont jamais classs, sauf si la crance est prescrite
Faites-vous appel une socit de recouvrement pour appuyer vos tentatives de recouvrement
amiable ?
Souvent
rarement jamais
Souvent
rarement jamais
En cas dchec du recouvrement amiable, vous orientez-vous vers une procdure de demande
dinjonction de payer ?
Souvent
rarement jamais
En cas dchec du recouvrement amiable vous adressez vous un avocat afin dobtenir un titre
permettant une excution force ?
Souvent
rarement jamais
Quelle est la proportion de russite dun recouvrement amiable par rapport la totalit de vos
dossiers de recouvrement amiable ? Importante
402
Quels sont les critres conduisant abandonner les poursuites contre le dbiteur ? sil y en a
plusieurs, pourriez-vous les classer par importance ?
403
ANNEXE N7
404
Casablanca, le ..
NOM OU R. SOCIAL
ADRESSE
VILLE
Rf.
Crancier :
Crance
Objet
..
.
RELANCE
Messieurs,
Nous sommes mandats par le crancier cit en marge pour le recouvrement de ses
crances en souffrance, et dans ce cadre, nous vous rappelons que vous tes toujours
redevable dun montant de . reprsentant vos impays non honors ce jour.
Nous pensons quil sagit l dun simple oubli de votre part, et vous invitons rgulariser
votre situation lamiable dans un dlai ne dpassant pas huit jours.
Aussi, nous vous demandons de prendre attache directement avec RECO-ACT pour rgler le
montant prcit et viter une procdure judiciaire entranant des intrts et frais supplmentaires qui
restent votre charge en vertu de la loi en vigueur.
Dans lattente de votre rglement, veuillez agrer, Messieurs,lexpression de nos salutations
les meilleures.
SERVICE RECOUVREMENT AMIABLE
N.B. : Pour tout rglement par virement bancaire voici nos coordonnes :
Numro de compte
Agence
Intitul du compte
HORAIRES :
: ..
: .
: RECO-ACT.
Du Lundi au Vendredi
: 8 h30 12 h30 - 13h30 17h30.
Samedi
: 8 h 12h.
405
Annexe n8
406
Rgularisation l'amiable et
sans frais de votre dossier
Bocchio& Associs
Huissiers de justice
Si vous rencontrez des difficults pour vous connecter sur notre site,
veuillez consulter l'aide disponible cette adresse.
Membre d'une association agre par l'administration fiscale, le rglement des honoraires par chque est accept.
Numro de dclaration : 8008033. Conformment la loi informatique et liberts, vous bnficiez d'un droit d'accs et de rectification aux informations
qui vous concernent. Pour exercer ce droit, veuillez envoyer un courrier l'adresse de l'Etude
407
INDEX ALPHABETIQUE
A
Action paulienne : 126
Affacturage : 371 et s.
Agression tlphonique : 102 et s.
Arbitrage : 344 et s.
Assurance-crdit : 414 et s.
Attribution judiciaire : 550 et s., 573, 574
B
Banquier : 51 et s.
- devoir de mise en garde : 62, 63
- responsabilit : 59, 60, 61, 64, 65, 66
Bonne foi : 153 et s.
C
Cautionnement : 536
Cessation de paiement : 227, 234
Cession Dailly : 406
Chantage : 103 et s.
Chque : 43, 47
Clause
- clause compromissoire : 345 et s.
- clause de conciliation : 352 et s.
- clause de mdiation : 303 et s.
- clause de rserve de proprit : 456 et s.
Compensation : 251, 401, 402
Commission de surendettement : 157, 158, 163, 170 et s.
Contrainte par corps : 70
Conciliation : 224 et s.
- accord homologu : 230, 231, 232
- accord constat : 233, 234, 235
Contre-passation : 361 et s.
Convention
- affacturage : 376, 377, 378
- arbitrage : 345 et s.
Crancier
- gagiste : 518 et s.
- hypothcaire : 565 et s.
Crdit : 53 et s.
408
D
Dbiteur
- malheureux : 70, 175, 189
- de mauvaise foi : 68, 122 et s.
Djudiciarisation : 298 et s.
Dlai
- de grce : 71
- plan conventionnel : 170, 171, 172, 173
- rglement amiable : 223 et s.
Dontologie : 61, 78
Droit
- de crance : 258, 286
- de ne pas payer ses dettes : 218
E
Entreprise Notion : 216
F
Faillite : 72, 219, 220, 261
Fiducie : 453
- fiducie-sret : 477 et s.
Forclusion : 177, 187, 251, 252
G
Gage
- gage sur matriel et outillage : 528 et s.
- gage sur stock : 523 et s.
H
Huissier de justice
- difficult : 129, 130, 131
- mission : 45
- recouvrement amiable : 328 et s.
- recouvrement forc : 130
Hypothque : 553 et s.
I
Impay
- gnralisation : 2
409
J
Justice sociale : 261, 284, 370
L
Liquidation judiciaire : 255 et s.
- par extinction du passif : 257, 258
- pour insuffisance dactif : 259, 260, 261
M
Manuvre : 122 et s.
- dilatoire : 123, 124, 125
- frauduleuse : 126, 127
Mdiation bancaire : 301 et s.
Mise en demeure : 227, 536
O
Opposition : 325, 366, 398 et s.
Organisation frauduleuse dinsolvabilit :
P
Pacte commissoire : 475, 490, 535 et s.
Priode dobservation : 237, 238, 246
Plan conventionnel : 170 et s.
Prlvement : 365, 366, 367, 368
Prescription extinctive : 179, 251, 305
Procdures collectives : 215 et s.
- accroissement : 266, 267, 268, 269, 270, 271, 272
- arrt des poursuites individuelles : 225 et s., 240, 241
- interdiction du paiement de crances antrieures
Procdures de surendettement des particuliers : 142 et s.
- accroissement : 198, 199, 200
- mesure impose : 183, 184, 185
- mesure recommande : 179, 180, 181, 182
Proprit-sret : 453 et s.
410
R
Recouvrement
- amiable : 83 et s., 313 et s.
- forc : 115 et s.
Redressement judiciaire : 244 et s.
Rchelonnement : 99, 177
Rptition de lindu : 110, 378
Responsabilit
- banquier : 59 et s.
- socit de recouvrement : 102 et s.
Rtablissement personnel : 186, 187, 188
Retard de paiement : 79, 80, 81, 307 et s.
Revendication : 412, 459, 463
S
Sauvegarde : 236 et s.
Socit de recouvrement de crance : 315 et s.
- dveloppement : 321, 322
- rglementation : 318, 319, 320
Surendettement des particuliers : 142 et s.
Sret : 448 et s.
- relle : 455 et s.
- personnelle : 450
Suspension des poursuites : 136, 247
T
Technique bancaire : 359 et s.
Technique contractuelle : 343 et s.
Titre excutoire : 132, 133, 134
V
Violence : 103 et s.
411
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Cass. Com., 5 mai 2004, n01-17201 01-17590, Bull. 2004, IV, n81, p.85.
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437
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Cass. Civ. 3me ch, 10 juillet 2002, n00-22.433, Bull. Civ. III, n167
Cass. Civ. 3me ch., 29 janvier 2003, n00-21.945, Bull. 2003, III, n21, p.21
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septembre 2004, n02-13.030, Bull. 2003 III, n 162, p.144
Cass. Ch. Mixte, 14 fvrier 2003, n00-19.423, bull. 2003 n1, p. 1.
Cass. Ch. Mixte, 10 juin 2005, n02-21.296, Bull. 2005 chambre mixte, n5, p13
Cass. Ch. Mixte., 29 juin 2007, n 05-21.104, bulletin 2007, ch. Mixte, n7, n JurisData
: 2007-039908
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Les avocats................................................................................................................. 29
2-
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2-
Labsence prolonge dune loi pour la lutte contre les retards de paiement ........... 49
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B-
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Lusurpation ............................................................................................................... 65
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Eligibilit .................................................................................................................... 89
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B-
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C-
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Les effets du plan lgard des protagonistes du plan conventionnel ............... 103
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B-
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b-
2B-
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b2-
Linefficacit de laction en justice du crancier face aux procdures collectives ...... 166
Les lois pour la lutte contre les retards de paiement .................................................. 179
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A-
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B- Les effets de laffacturage et son impact sur le contentieux de limpay ...................... 223
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B-
A-
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B-
Les effets de la fiducie-sret lgard des parties et du patrimoine fiduciaire .... 274
a-
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B-
Chapitre 2 : Les srets faisant jouer le pacte commissoire ou lattribution judiciaire.................. 287
Section 1 : Le gage la lumire de lordonnance du 23 mars 2006 et son ventuelle influence sur
la baisse du contentieux de limpay .......................................................................................... 289
Paragraphe 1 : les conditions de constitution du gage du droit commun et des gages spciaux
................................................................................................................................................. 289
A- Le gage du droit commun ............................................................................................... 290
1-
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Paragraphe 2 : lventuelle influence du gage sur la baisse du contentieux de limpay ..... 297
A-
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Zakaria BOUABIDI
Universit du Sud Toulon-Var