La Langue Amazighe de La Tradition Orale Au Champ de La Production Ecrite
La Langue Amazighe de La Tradition Orale Au Champ de La Production Ecrite
La Langue Amazighe de La Tradition Orale Au Champ de La Production Ecrite
2014
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Sommaire
Introduction ..
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Salim LOUNISSI
Universit Akli Mohand Oulhadj,
Bouira-Algrie
295
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Introduction :
Loral et loralit ont souvent t dfinis en dichotomie avec
lcrit et lcriture. Loralit, caractristique des socits
traditionnelles, dites orales, a permis ces socits de maintenir leurs
organisations et de transmettre leurs cultures et leurs patrimoines
littraires travers le temps et lespace. Ainsi, loralit est, sans doute,
la forme de base qui tmoigne de lanciennet et de la prennit des
cultures de ces socits. Place dans le champ des productions
littraires orales, loralit peut se dfinir aussi comme lensemble des
genres littraires classiques, de prose et de posie.
Laspect essentiellement oral de la langue et de la culture
amazighe est lun des facteurs fondamentaux de sa rsistance et de son
dynamisme mais galement de son atomisation. Il faut, donc,
souligner le statut quivoque de loralit. Dun ct, cette dernire est
estime car elle est symbole fort de lidentit. De lautre, elle est mise
en question dans la mesure o elle est perue comme une marque de
faiblesse en raison notamment de sa porte limite dans lespace, de sa
lente propagation dans le temps et des carts quelle gnre par
rapport sa forme dorigine.
Par contre lcrit rsiste et garde souvent intacte sa premire
forme. Lcriture fait intervenir des changements dans les modes de
communication. Elle permet de rorganiser lordre des choses, de
dfinir leur sens et dexpliciter de faon plus rigoureuse. Lcriture
note, compare et rvle des rgularits.
Depuis la fin du 19e sicle, de nombreuses productions
littraires amazighes sont transcrites, principalement, en graphie
latine. Des autochtones tels que Mohand Said Boulifa, Belkacem Ben
Sedira, Belaid At Ali, Mouloud Feraoun et bien dautres ont
normment contribu cette opration de transcription et de
sauvegarde de cette littrature qui perdait, et perd encore chaque jour,
un peu delle-mme avec lextinction de ceux, dpositaires, qui ont
fait, de leur vivant, de leurs mmoires un coffre o tait protg le
patrimoine littraire.
Cette dynamique et cette volont de sauvegarder ce patrimoine
littraire se poursuit de nos jours. Cependant, et mme si le souci de
nos prcurseurs reste dactualit, il nen demeure p0as moins que la
Prsident du colloque
Tazwart :
Timawit s yinumak-ines yemgaraden tettas-d di tmuli n
yinagmayen mgal tirawit s wayen akk i tekseb n lemani. Timawit di
tmetti nni tamensayt tella-d d tawil agejdan i swayed ttemsefhamen
yimdanen, i swayed ttemsawaven tikta d yiznawen, am wakken s
timawit i yettwabna nvam n tmetti nni taqburt, yis-s i tteddint
tmusniwin si tsuta er tayev, yis-s i d-tezger tgemmi tadelsan erb n
leqrun d tlisa n yal adeg.
S waya i d-tettban timawit bhal nut n tidet i d-yemmalen
tiqburit d fa n yidelsan n yal timetti tamensayt. Timetti tamazant ur
txulef ara timettiyin nniven, imi tigemmi-ines tadelsant trea ef
tgejdit-agi n timawit, er-s i d-senden merra lecal n ugdud achal d
leqrun aya, imi tirawit weroin telli.
Ma yella nebder-d timawit deg unnar n usnultu aseklan, ad ttnaf tesa inumak nniven, imi tettwabna ef wayen akk i d-yettak
wennar aseklan amensay d tiwsatin n tesrit ne n tmedyazt, ayen
yecban ccnawi d yicewwiqen, timucuha d tumgisin, inzan d lemun,
timsaraq d temayin.
Timawit-agi i ef i d-tedda tutlayt d yidles amazi si zzman
aqdim, as teskecm-itt di temgiredt, tebva-tt d tantaliyin, maca tefkaas loehd i swayed tquzem leqrun, d tudert i tt-id-yesmenen si tatut,
tedda-d deg umezyab n yal tallit almi i d-teleq tizi n wass-a.
$ef aya i d-tettban timawit, di tmetti tamazant ne di
tmettiyin nniven, s sin wudmawen : udem i d-yemmalen azal i tesa di
tmetti n yal agdud imi d nettat i d azamul n tmagit d wayen i dicudden er-s n temsal yerzan tigemmi tadelsant, d wudem i dyettbegginen lexa d txearin i swayed i d-tgellu, imi tezga themmej
deg wagla n lejdud s tatut i d-tessasa, ayen yesuayen ivrisen n tsekla
mkul mi tembadalent tsutwin.
Ma tirawit tebed aas ef lexa-agi n timawit, imi tettmudu
tudert n lebda i wevris n tsekla, yerna tesnulfuy-d tawilat imaynuten i
uiwev n yiznawen akked tikta. Am wakken tettmuddu tagnit i
wemyaru iwakken ad iawed tamuli deg wayen yura. $ef aya i dyettas udris n tsekla yettwarun yettwafres akken iwata, imi amyaru
yessata deg-s tucivin, alama yeef tala-ines yennekmalen.
Si taggara n lqern wis 19 er dagi, aas n yidlisen n tsekla n
tmazit i d-yennulfan, ttwarun, di tuget-nsen, s usekkil n tlainit.
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(1)
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(1)
Considr comme prcurseur des tudes amazighes, Venture de Paradis est aussi
lun des premiers avoir signal une possible prsence de traces crites dans
certains milieux amazighes. Tout en nuanant le caractre oral de la langue, il
rapporte nanmoins, daprs les renseignements tirs de ses entretiens Paris avec
deux informateurs originaires du Sud marocain, que les Amazighes nont
maintenant point dautres caractres, pour crire leur langue, que ceux des Arabes,
auxquels ils ajoutent trois lettres persanes qui manquent lalphabet arabe, le gue,
le je, le tchin (Paradis, 1844 : XIX). Hormis cette mention, De Paradis
naccorde pas dimportance ces formes dcritures dans ses programmes
dexploration scientifique. Il sest plutt intress la recherche de possibles
documents crits en caractres originelles, les tifinaghs.
12
A propos de cette zaoua et de son matre Voir en particulier (Bodin, 1918 :259295, Spillman, 2011 et Amalek, 2006)
(2)
Outre les descriptions, les traductions et les annotations de Delaporte (1844) Voir
propos de ces documents (De Slane : 1856, t. IV : 489-584, Ren Basset, 1879 :
176-508, Henri Basset, 2001 et Galand-Pernet, 1973 : 283-296).
13
(1)
Sur ce point, De Slane (1856 : 501-502) avance que le chelha est le seul dialecte
de langue berbre qui possde une littrature crite
(2)
Ren Basset fait aussi sienne cette ide. Bien quil qualifie le style de ces textes
de littraire, il insiste sur la frontire poreuse de la langue amazighe, parce que les
textes comportent un mlange de mots amazighes et de mots arabes. Quoique le
berbre puisse former des noms abstraits, dit-il, il a emprunt presque tous ses
termes de droit et de religion larabe, ce point que, dans certains traits comme le
bahr ed-doumou et le haoudh, part quelques verbes, les pronoms et un petit
nombre de substantifs, tous les mots sont arabes (Ren Basset, 1879 : 477 ).
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de lAfrique du Nord. Il leur faudra plus dun sicle de vie avec les
Arabes, et surtout lexemple de leurs livres religieux, pour en avoir
lintuition , dit-il (Ibid. : 45). La production crite serait ainsi le
produit du contact avec lautre et du mimtisme de sa pratique
culturelle et linguistique. Cette ide apparat clairement dans ses
propos sur la posie religieuse qui, rtorque-t-il, se trane la suite
de nombreux modles arabes : traduction et adaptation bien plutt
quuvre vritablement berbre (Ibid. : 55). Mais, si les Amazighes
ont dcouvert la logique et lutilit de lcrit avec les Arabes, ils nont
pas bien assimil ses principes et ses rgles et saisi les potentialits de
cette technique et les champs du possible quelle ouvre. Ils passent
ainsi pour tre de mauvais lves, leur processus dacculturation tant
inachev. Cest pourquoi leurs produits sont pauvres et dpourvus de
tout intrt et leur faiblesse consiste non seulement dans leur aspect
mimtique et vide de toute dimension crative, mais dans leurs
caractristiques formelles. Leur criture est ainsi dcrite comme
maille de termes arabes qui ne subissent aucun effort
dacclimatation morphologique. Les mots emprunts, ou plutt
adopts, acquirent plus de reliefs que la langue dcriture elle-mme.
Inscrit dans le contexte scientifique de lpoque dont lapprhension
de lcriture dans une perspective anthropologique nest pas encore
dveloppe, Basset ne peut juger cette qualit de langue quavec une
svrit certaine. Elle est impropre, dfaillante et sans aucun intrt
philologique. Il note : la proportion des mots arabes et des mots
berbres ; par endroit, ils sont en nombre gal, et dans lensemble, il
ny a guerre plus des deux tiers des mots qui soient vritablement
berbres (Ibid. : 53)(1).
(1)
Rappelons au passage que cette ide largement partage par ces auteurs a t
rapporte et diffuse sans la situer dans son contexte de production et la mettre en
rapport avec la reprsentation de la langue et de sa dimension lexicale dans
limaginaire des producteurs locaux. Si De Slane (1856 : 564) qui crit que La
langue berbre, dans son tat actuel, renferme un grand nombre de mots arabes ;
cette race africaine, ayant accept la religion du conqurant, a toujours tch den
adopter le langage en fait le produit du statut domin des Amazighes, Basset opte
pour lpaisseur historique des contacts avec les Arabes. Il remarque en effet que le
style et la langue de la moudaouana dIbn Ghanem, un ouvrage traduit et comment
en amazighe vraisemblablement au XIVe sicle (Motylinski, 1907 :68-78), sont
beaucoup moins influencs par larabe que dans les ouvrages similaires composs
plus tard dans le Sous , (Basset, 2001 :47). Il importe en effet de faire avancer que
le caractre poreux de la langue trouve ses origines dans la conception lgiste
dfendue et impose par le Mahdi des Almohades. Pour ce dernier, les termes
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religieux nont pas des origines lexicales, ils sont des termes religieux, ils ont acquis
un statut lgal comme tous les autres actes et faits de la religion, ils appartiennent
ainsi toutes les langues des croyants. A partir de cette date, un nouveau rapport
lemprunt parait tre instaur et a dtermin le comportement langagier des auteurs
classiques.
(1)
Il est significatif que Robert Aspinion lgitime, en 1953, le choix des caractres
latines pour la transcription de lamazighe par le fait que le berbre ne scrit pas
bien quil soit averti par son collgue et ami Arsne Roux, un des grands
connaisseurs et collectionneurs des manuscrits en amazighe, qui lui demande de
signaler lexistence des Tifinagh et de la transcription de lamazighe en caractres
arabes pour ne pas laisser les tudiants dans lerreur . Mais Aspinion na pas pris
en considration la remarque de son collgue qui il a soumis le manuscrit de son
manuel apprenons le berbre avant son dition et resta fidle la conception
orale devenue dominante de la culture amazighe.
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Pour avoir une ide des diffrents textes recenss, catalogus ou tudis Voir en
particulier (Luciani, 1893 : 151-180, Boulifa, 1904 : 333-362, Galand-Pernet, 1972 :
299-316 et 1973 : 283-296, Boogert, 1995 et 1997).
(2)
Il est originaire de Isi dans lAnti-Atlas occidental, il a crit en 1755 un manuel de
fiqh versifi en 3000 vers Voir (Boogert, 1995 :123).
(3)
Mort vers 1858, il est originaire de la tribu des Ammln et a occup pour
longtemps la fonction de juge Taroudant et ce, depuis 1844. Il a compos un
manuel consacr aux obligations rituelles similaire al-Hawd de 2000 vers
(Boogert, 1995 : 123 et 1997 : 71 et as-Soussi, 1989 : 111).
(4)
Connu sous le nom dAmghar, il est le chef de la Zaoua des Tijania Idaw
Tghmma (Ihahan, Haut-Atlas occidental) dans la seconde moiti du XIXe sicle
(Boogert, 1995 : 123-124 et Boogert et Stroomer, 1993 : 47-82).
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Introduction
Loralit, comme entit distincte de lcriture et comme
modalit dexpression essentielle et non unique pour la socit
amazighe, connait un regain dintrt qui va grandissant dans une
conjoncture o elle est appele coexister face lhgmonie de
lcrit et des technologies de linformation moderne. Ayant servi de
relais entre le pass et le prsent, cette modalit dexpression orale vivante et multisculaire - continue dassurer la communication
quotidienne et dexprimer lexprience socioculturelle dans toute sa
plnitude et sa complexit. Sans aucun doute, ce qui a permis de
maintenir cette continuit de lexistence amazighe, de symboliser et de
matrialiser lessentiel de son vcu, travers plusieurs gnrations,
revient surtout la tradition orale, dfinie comme le dpositaire virtuel
des connaissances, des croyances, et du pass des socits humaines.
Les formes quelle revt : mythes, contes, chants, rcits sont
tellement mles la vie du groupe quelles constituent sa mmoire
collective et sa rfrence identitaire. Leur transmission souple,
parfaitement adapte aux modes de relations sociales entretenus par la
communaut amazighe, est fonde sur loralit,
domaine de
proccupation lgitime la jonction de lethnologie, de lhistoire, de
la psychologie, de la littrature et de la linguistique qui la traitent dans
lintention de dcouvrir les multiples facettes de la socit amazighe
ou de sen inspirer dans le processus de crativit des chercheurs,
anims par la volont de la perptuer dans ses thmes, ses formes et
ses finalits. Cette communication est une contribution la rflexion
sur loralit et la tradition orale en contexte amazigh. Sa porte est
limite un corpus de textes oraux, accumuls de notre exprience et
glans dune poigne de documents.
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1- Oralit
1-1-Traits dfinitoires
Loralit est un acte dmission des sons de la parole dont le
circuit fondamental est celui de bouche oreilles. Cet acte, enracin
dans une situation dchange o lmetteur et le rcepteur sont en face
face, est insparable des caractristiques qui lentourent telles que la
prosodie, lintonation, les gestes. qui fonctionnent comme un canal
de communication parallle au message verbal
Sa caractristique phono-acoustique fait quelle ne survit pas
sa propre mission, quelle est vanescente et nexiste que dans
linstant o elle est mise, mais quelle peut survivre grce un
processus de transfert ou de conservation. Deux types de transfert
interviennent dans cette survie : par la mmoire humaine, par
lcriture et lenregistrement magntique de la voix humaine. Le but
tant la conservation fidle dun patrimoine matriellement instable et
toujours en danger de perte des valeurs identitaires dont il est porteur.
Loralit doit donc tre considre comme une modalit de civilisation
o les informations gnrationnelles les plus pertinentes pour la survie
de la communaut nont besoin que de la mmoire humaine et non de
lcriture. Dans ces socits doralits, les changes oraux sont
conus comme un lment essentiel de ce qui fonde la cohsion
communautaire. Ils dominent dans tout ce qui ressort de la vie
communautaire : communication, divertissement, transmission des
connaissances...
Cette modalit dexpression orale, primitiveet omniprsente
dans toutes les socits humaines, est la premire forme naturelle(1) de
communication antrieure lcriture alors que celle-ci nest, en fait,
rien dautre que loralit dans sa forme visible. Les mots sont ancrs
dans le langage parl, lcrit les enferme tyranniquement dans un
(1)
Mme si lon considre la langue orale comme naturelle, elle est, en fait, sociale
en vertu du fait quelle fait intervenir aussi bien les rgles que les conventions
diffrentes conformment aux situations sociales de communication. Autrement dit,
elle implique une comptence communicative, terme utilis par les
sociolinguistes comme Hymes (1972) pour rfrer au savoir sous-jacent qua le
locuteur des rgles de grammaire. Dans sa production orale, le locuteur fait appel
sa comptence en choisissant la forme correcte non seulement dun point de vue
purement grammaticale, mais aussi dun point de vue social, en termes de
convenance dans des situations appropries. Il compte sur le choix de ce quil faut
dire qui ainsi que comment et o le dire.
34
champ visuel (W.Ong, 1982 :11). Elle est utilise par les socits
ayant connu trs tt les procds scripturaux mais qui les ont relgus
des usages spciaux, relevant, entre autres, de la religion et des
sciences exactes mais surtout par les socits traditionnelles sans
criture et pour lesquelles la parole ne peut tre asservie lcriture
qui appauvrit lacte de parole au lieu de linscrire dans le tissu
relationnel du groupe. Cet aspect relationnel de la parole est rput
comme le fondement de la vie communautaire et de lharmonie
sociale. Pour ces socits, laquelle nous sommes cens appartenir en
tant quamazighe, abandonner loralit, cest renoncer lacquisition,
la prservation et la diffusion des connaissances et des produits
culturels prsents ou hrits.
1-2-Caractristiques de loralit
Sur le plan textuel, le texte oral se caractrise par une
htrognit smantique. Celle-ci est, dans la majorit des cas,
multiple, cumulative et diverse. Tel est, par exemple, le cas de la
posie lyrique asehrurey berceuse, exclusivement fminine dans le
contexte de Figuig(1). Elle est extrmement fournie en thmes mais qui
traduisent, dans lensemble, ltat dme de la potesse. Ce caractre
composite et bigarr du texte oral, assimil une composition par
collage, sexplique par la tendance qua le texte oral intgrer des
matriaux thmatiques ou stylistiques de remploi. Comme matriau
de remploi, on peut citer, par exemple, le signal marquant le dbut du
conte berbre il tait une fois qui montre que lon passe du
discours ordinaire un discours ritualis. Pour rsoudre ce problme
dhtrognit smantique, la recherche dune unit textuelle
compensatrice simpose. Cest ainsi que la posie orale berbre, par
exemple, a labor des genres homognes trs brefs de deux ou six
vers(2).
(1)
Cette posie, axe autour du nourrisson pour lendormir, constitue par la mme
occasion une sorte de soupape de scurit destine pancher le trop-plein du cur
de la berceuse et donner libre cours ses fantasmes. Eplore et soutenue par une
musique mlodieuse et tranante, cette posie est fortement ancre au milieu social
et ses changements traduits dune manire parfaite par lvolution thmatique.
(2)
Ces caractristiques textuelles : brivet de la longueur et homognit
smantique peuvent tre illustres galement par des textes potiques (M. Taifi,
1994 :142) : Les ihellel sont des pomes chants ou plus exactement psalmodis,
gnralement composs de deux six vers sans rime mais dgale structure
syllabique. Le contenu du pome est homogne. Il sagit soit dinvocation de dieu et
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2-Tradition orale
2-1-Dfinition
La tradition orale renvoie lensemble des tmoignagescomportant divers lments de contenu- transmis verbalement,
totalement ou partiellement, de gnration en gnration dun peuple
sur son pass. Comme fondement de la mmoire collective et lment
de rfrence identitaire protger, elle ne cesse dengranger dans ses
genres varis lexprience commune, accumule au fil du temps.
Concerne par les besoins humains, elle conoit toutes les
connaissances par rfrence la proximit pratique, i.e. par le contact
personnel avec les personnes ges, limitation et la participation la
vie communautaire. Aussi aide-t-elle les personnes acqurir un large
ventail de connaissances pratiques sur divers aspects de lactivit
humaine sans quil soit ncessaire de faire appel lexplication
verbale, juge non-oprationnelles, voire non-fructueuses. Cet
apprentissage seffectue dans un contexte naturel et cologique
puisque les gens, dans ce type de socit doralit, ont tendance
vivre en troite relation avec leur milieu et avec les autres,
contrairement la civilisation de lcriture o lon pense en termes de
distance et de faon abstraite sur son mode de vie.
La conservation de tout cet hritage repose en majeure partie
sur la mmoire humaine(1). Celle-ci ncessite dtre bien travaille en
(1)
41
42
Selon M. Tafi. (Ibid. p.145-146): Un chant est toujours unique, phmre, une
scne que les potes ne jouent quune fois et nen produisant quun seule
exemplaire. Car la situation dnonciation nest jamais la mme, elle est toujours
nouvelle chaque reprsentation. Si le pome chant reste inchang en tant que
texte, lambiance et la situation dans lesquelles il est mis, et qui sont ses raisons
dtre, changent et se renouvellent. Le pome-chant nest jamais ainsi fig, chaque
reprsentation lui confre de nouvelles portes de signification et une dynamique
smantique. Ce mouvement incessant lui assure une perptuit et le sauvegarde de la
mort lente qui guette la posie crite aussi belle soit-elle.
43
dans le Moyen Atlas, les troupes de potes, qui se donnent pour tche
la perptuation des pomes ihellel, sont affilis des fractions ou des
tribus parfaitement homognes. Il y a ainsi la troupe des Ayt-Youssi,
des ayt-ndir, des ayt-Myl, des Ayt-Seghrouchen (M.Tafi, op.cit :142).
Dans ces sous-communauts, la posie orale sintgre leur
conscience culturelle, rfre leur mmoire collective et participe la
cohsion sociale du groupe.
Dans une communaut tradition orale, la parole qui
sexprime travers loralit constitue llment vital de lunit du
groupe. Son but est de maintenir sa stabilit et de favoriser
lintgration de ses membres qui partagent un ensemble de rgles
quant lusage de la parole et sont responsables de sa perptuation.
Son caractre rptitif constitue un lment central de sa prservation.
Au cours de sa vie, une personne entend tellement les rcits quon lui
raconte tant de fois quils font partie intgrante de sa vie quotidienne,
de la conscience davoir un pass commun et dappartenir un mme
groupe social usant des mmes paroles pour communiquer .
La parole, qui mane des diffrents genres, ne peut tre
attribue une pense individuelle bien quelle soit lexpression
subjective dun locuteur. Elle est impersonnelle et soumise une srie
de contraintes servant de moule pour en rgler le contenu comme la
situation sociale dans laquelle elle serait cense faire sens(1). Cette
parole collective prend ses racines dans le pass et spanouit dans le
prsent en refltant les valeurs culturelles actuelles. Toutefois, avec
lcriture, elle se transforme dune faon irrversible dimpersonnelle
quelle tait personnelle. Lcriture comme reprsentation visuelle
de la parole, sest affirme comme un instrument efficace pour passer
dune parole collective une parole individuelle.
(1)
La signification dun texte de la tradition orale peut tre glane aussi bien dans le
texte en tant que tel que dans la situation de communication qui assure son
existence. Ensembles, ces lments participent ce que M Tafi appelle, en parlant
prcisment de la posie ahellel, la transparence orale par opposition lopacit
scripturale quand le texte est matrialis graphiquement ou soumis lacte
scriptural.
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formes de pouvoir qui instituent des chefferies contrls non pas par
les masses comme autrefois, mais par des fonctionnaires sortis des
coles modernes do lmergence des relations dun type nouveau
entre les gens et les formes de vie qui tentent dtruire loriginalit de
la socit traditionnelle ; larrire-plan religieux et ducatif ;
limportance du mariage exogamique ; lattitude envers loralit ; tous
ces facteurs entrecroiss sont lorigine de lincapacit des
communauts maintenir le foyer comme un domaine intact de
lusage de la langue(1) . Il sen suit que tout ce qui a prvalu dans le
pass ne lest plus aujourdhui. Des formes de la tradition orale qui
font partie de notre histoire, de notre inconscient collectif et qui ont
voyag avec le temps, travers lespace et avec les ges semblent
interrompre leur voyage.
Actuellement, le patrimoine immatriel et ancestral vit dans les
campagnes et y demeure encore vivant, cest l quil convient daller
le chercher, si lon veut viter partiellement ce processus dextinction.
Il faut assister des reprsentations artistiques des festivals
traditionnels qui se tiennent, partout ailleurs, en territoire amazigh
pour vivre lge dor de loralit et de la tradition orale et valuer, par
la mme occasion, lampleur de la rgression des dispositifs de
transmission des savoirs ancestraux hrits.
La sauvegarde du patrimoine immatriel hrit, sa transmission
et son expansion est laffaire de tous les dtenteurs de la parole. La
famille est implique dans le transfert des connaissances hrites, au
mme titre que les conteurs, les chanteurs et les crivains berbres qui
se sont efforcs dintgrer la tradition orale dans les pages de leurs
crits. Dans ce processus de prservation, il est ncessaire de procder
avant tout par la sauvegarde des comptences et des techniques qui
requirent la cration de ce patrimoine. Ceci ne peut aboutir moins
(1)
Selon une enqute sociolinguistique que nous avons mene Figuig (Ben-Abbas :
2009), certains ksour connaissent un recule si ce nest un effondrement de la langue
orale amazighe. Dans cette localit, suite lmigration de la population originaire
vers les centres urbains lintrieur comme lextrieur du pays dune part, et
dautre part, le flux de la main duvre majoritairement arabophone, on assiste un
usage dcroissant du parler local comme tape transitoire vers sa perte dfinitive
chez la population scolaire originaire de Figuig. Les pourcentages enregistrs dans
les diffrents ksars quant lusage exclusif de larabe sont variables allant de
0/%pour le cas du ksar Znaga, la garant de la prennit de lamazighe 90/% pour
le ksar Labidat, lOudaghir et Oulad slimane.
48
Conclusion
La pratique de loralit recle un potentiel bienfaisant en
conservant une partie du patrimoine ancestral, indispensable au bon
fonctionnement de la socit amazighe et sa cohsion sociale. Ses
textes oraux ont t et continuent dtre un prcieux outil dans la
transmission de la culture et de la langue dont la matrise est si
dterminante pour lidentit amazighe. Il faut reconnatre galement
que cette mme pratique a fait quune partie imposante de cet hritage
sest tiole si ce nest perdue jamais. Des informations infiniment
prcieuses et indites ont souvent t emportes par le vent.
Avec lintroduction de lcriture comme signe de modernit,
un nouveau mode de mmorisation, largement suprieur au mode oral
prexistant, a vu le jour. Grce cet usage scripturaire, les
informations ne sont plus phmres mais conserves pour servir de
documents authentiques. Dsormais, les produits de la tradition orale
berbre, sortis de lombre suite leur diffusion massive,
nappartiennent plus uniquement leur lieu natif mais toute
lhumanit ce qui contribue lamlioration de ses modes de
production culturelle et au bannissement du repli identitaire.
Cette modalit dexpression crite est une ncessit imprieuse
lre des changes tous azimuts. Elle doit assister loralit en
contribuant sauvegarder et divulguer un savoir prtabli, comme
par ailleurs, apporter une pense
rationnelle et permettre le
dveloppement des sciences do la ncessit de lui accorder une
place dans lconomie de nos valeurs culturelles.
49
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50
(1)
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Rabat: Almaarif Aljadida, 2004; Mayssa Rachida, Asinen n iewran, Berkane:
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Zouhri, Afriwen useggwas, Midar: Ouakki, 2000. ;Mayssa Rachida, Ewc-ayi turjitinu, Midar: Ouakki, 2000; Mohamed Chacha,Cway zi tibbuhelya 3ad ur tiwi,
Amsterdam: Izaouran, 1999; Acha Bousnina, 3ad a xafi tarzud, Nador: Ben
Azzouz, 1998; Fadma El Ouariachi,Yesremd-ayi wawar, Rabat: Arrissala, 1998;
Talewliwt i Mulay, Rabat: Imperial, 1998; Mustapha Bouhlassa, Tcum3ett, Nador:
Ben Azzouz, 1997 Ahmed Essadki, Re3ya n tmurt, Utrecht: Dabar-Luyten, 1997;
Collectif, Poetas amazigh (Bilal, Buhlasa, Bumezzugh, Buzeyyani, Musawi,
Nunuhi, Salhi, Busettac,), Melilla, 1996; Mimoun Elwalid, Zi redjagh n tmuart ghar
rura ujenna, Utrecht,1995; Mhemed Ouachikh, Ad uyure ar beddu x webrid
usinu, Amsterdam: Izaouran, 1995; Ahmed Ziani, Ad ari g weu, Utrecht, 1993;
Sellam Samghini, Ma tucid ig reriq inu ?, Casablanca: Dar Kortoba, 1992.
(2)
Publi par lassociation Ihenjaren n Wezghenghan pour la Cration Artistique
(3)
Auteur rifain connu pour ses pices de thtre, actuellement il est chercheur
lIRCAM.
(4)
Nouvelle publie par tiigin n tmesmunt n ayt s3id i ydles d tyumi et transcris par
les universitaires : H. Banhakeia, H. Farhad & A. Zizaoui.
51
52
"Ecrit"
"Ecrit standardis"
(2)
53
(1)
54
(1)
Dans ses formes classiques (les conversations), le langage oral est gnralement
inscrit dans un espace dinteraction avant tout social : le lieu, le temps, lintention de
communiquer, la place et les intentions des interlocuteurs. Des facteurs non
linguistiques comme les mimiques, le regard, les postures sont des lments qui
jouent un rle central sur lespace des interlocuteurs. Une autre proprit du discours
oral est la prsence des indices prosodiques.
(2)
Julien Gautier, prface de lextrait Langage crit et rflexivit de la pensede
Lev Vygotski.
(3)
Le langage crit a une seconde particularit troitement lie son caractre
volontaire: celle d'tre plus conscient que le langage oral. Wundt a dj attir
l'attention sur le caractre intentionnel et conscient du langage crit, en tant que
caractristiques d'une importance capitale qui le distinguent du langage oral. La
diffrence essentielle, selon Wundt, entre le dveloppement du langage et celui de
l'criture est seulement que ce dernier est presque ds le dbut gouvern par la
55
56
Les spirantes
(1)
57
Les affriques
58
2.4.
Les emphatises
phonologique)
consonantiques
, ]), lapicale
[1, ]) et les
Sur le plan phontique, lemphase est une vlopharyngalisation, cest--dire une rtraction forte de la masse arrire
de la langue vers la zone vlo-pharyngale, avec abaissement
concomitant de sa partie mdiane, entranant ainsi une modification
importante des rsonateurs buccal et pharyngal. Cest le rsultat
acoustique et perceptif caractristique de cette postriorisation qui a
justifi la terminologie traditionnelle issue des tudes arabes et
smitiques d emphase/emphatiques
Les consonnes emphatises sont des variantes contextuelles, ce
sont des ralisations de la prononciation qui nont aucune incidence
sur le plan smantique :
- wellah : la consonne l est emphatise ; 3emmars : la
consonne m est emphatise ; ajji : la consonne j est emphatise de par
son contact de la consonne emphatique . Il sagit dans ce cas dune
assimilation rgressive.
2.5.
Les labiovlaires
59
LES ASSIMILATIONS
(1)
60
(1)
(2)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Allongement_compensatoire
Les deux points aprs la voyelle indiquent lallongement vocalique.
61
62
(1)
63
Standard
Traduction
Tarifit
Standard
Traduction
Arbu
Rbu
Endosser
aem
Ouvrir
Arwer
Rwl
Snfuire
ae
Casser
ae
"Emprunter,
prter"
arzu
rzu
Chercher
(1)
64
Standard
Traduction
Tarifit
Standard
Traduction
ar
Lire
Descendre
Regarder
ae
Egorger
Fsar
Fsr
Mettre scher
ba
Elaguer
1.3.
Standard
Traduction
Tarifit
Standard
Traduction
Summar
Summr
Prendre
un
bain de soleil
zuzzar
Vanner
Zuzzr
65
66
(1)
Propp voit dans le conte une forme discursive gntiquement drive du mythe,
Dumzil avoue son incapacit faire la distinction entre les deux genres discursifs
sur la base de critres valables et constants le mythe traiterait des relations entre
lhomme et la nature(le passage de la nature la culture), le conte populaire se
trouverait consacr aux rapports entre les hommes au sein dune communaut
culturelle donne.(Conte et Culture, p.6, publications de la facult des lettres N81,
2004)
(2)
La langue du conte est trs rythme, cest ce qui permet sa mmorisation. Elle est
galement musicale. Cette musicalit est dans le rythme du conte mais aussi dans les
instruments qui laccompagnent. Le langage se sert des sonorits comme dune
valeur dexpression.
67
(1)
Les manuels publis par l'Ircam ne s'inscrivent pas dans un processus d'volution
et d'homognisation progressifs de la langue amazighe. Leurs choix oblige les
apprenants apprendre une langue coupe de la pratique des locuteurs, une langue
fabrique et en dphasage par rapport un amazighe vivant et parl partie des
textes bricols syntaxiquement. Cest pourquoi nous proposons un changement
radical du cahier des charges des niveaux 4 et 5 de lenseignement de lamazighe,
surtout le point concernant ladoption des textes communs, et o la varit rifaine
est mal reprsente dans cette standardisation. Ce qui peut engendrer des problmes
normes au niveau de la rception.
(2)
Ltat libre: A ltat libre, la voyelle initiale du nom ne subit aucune
modification . Le nom est ltat libre quand il est :- un mot isol: aman "de leau"
- complment dobjet direct: if au deg ufus "Il tient une pierre la main"
- complment de la particule prdicative d "cest": d aryaz "c'est un homme"
Ltat dannexion se manifeste par une modification de l'initiale du nom dans des
contextes syntaxiques dtermins: a- quand le sujet lexical suit le verbe. yus d
waryaz"Lhomme est venu"; b- aprs une prposition: siwlv akd wemcum "J'ai
parl au malheureux"; c- aprs un coordonnant: ana d ummi "la pluie et le
froid"
68
On dit quun substantif est ltat libre lorsquil se manifeste sous la forme quil
affiche habituellement hors syntagme.
(2)
Ltat dannexion : du nom se manifeste par une modification de sa voyelle
initiale principalement Employ dans certaines positions, il arrive que la majorit
des substantifs subissent des modifications dans leurs parties initiales ou au sein de
leurs voyelles initiales. Ces changements dsignent le rapport de dpendance du
nominal en question, envers un autre nom, un pronom ou autre. Cest ce qui appel
tat dannexion.
(3)
F.Bentolila3 considre la marque de ltat dannexion comme lindice dune
fonction et lexpression dun rapport syntaxique entre deux units
(4)
Lauteur a employ aussi/ al usmir au lieu de al asmir, il a du mal distinguer
entre ltat libre et ltat construit.
69
Etat dannexion
abrid
webrid "Chemin"
asun
wesun "Corde"
arum
werum "Pain"
Parmi ces contextes, nous citons : le nom suit le verbe dont il est sujet: icca
waryaz aksum (lhomme a mang de la viande) ; En position de dterminant
nominal :awal n temarin (parole de femme) ; Aprs une prposition sauf ar/al
(jusqu) et bla/bra/mbra (sans) : iffe deg wena (Il est sorti sous la pluie)
70
71
Notons quune partie du Rif (Bni Iznassen, Kebdana, entre autres) a une mme
articulation que les rgions du Centre et du Sud.
(2)
En phontique, lassimilation est la modification que subit un phonme sous
l'influence d'un phonme proche, qui tend rduire les diffrences entre les deux.
Par assimilation [b] devient [p] devant [s] dans absolu .
72
Hiatus
et
vocatifs(1)
nentranent
pas
ltat
73
Le lexique
74
75
76
77
78
BIBLIOGRAPHIE
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et comparative, Thse de doctorat (Sciences du langage), Universit
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Louali N. & Puech G., La pharyngalisation des consonnes labiales
en berbre , Journal dacoustique, 2, 1989, p. 147-154.
79
80
81
(1)
82
(1)
83
84
(1)
85
86
lacte dexister. Ecrire contre le silence du dbut : (p. 1) ; sa bienaime est la source dinspiration de lcrivain. Peut-tre y a-t-il aussi
un rappel au rcepteur quil nest plus question de parler/couter, mais
de crire/lire
Le plus impressionnant dans ce rcit est le style potique de
Mohamed Bouzaggou quon remarque dans plusieurs passages,
surtout quand il sagit de profrer lamour infini la
femme/patrie/langue/identit
Cette rptition sera axe plus sur lacte dcrire ; comme si
lauteur rappelait au lecteur quil sagit dun rcit crit , et non pas
dun rcit oral. Comment expliquer un tel attachement dcrire sur
lamazighit ?
Axmi cem tariv taciv djiv, necc ad ssarsevreqrem zeg
idewdan inu tmettiv, taci axmi dayi teggid ca n tmegga zi cem
texsev anict uya, marra tifras nnem itazzer varsent uqemmum inu,
min daym d aweddar itaf it wur inu (Aswad Ibuyebpen, p.56)
Les reprises, ici syntaxiques et lexicales, ne sont pas littrales ;
elles tmoignent de laffolement chez lauteur : il est incapable de
trouver la phrase juste, celle qui puisse tout dire, pardon tout marquer.
Lcriture coule dans les veines de notre crivain, et langoise se fait
rcurrence du mme exercice scriptural : crire enfin un roman...
Notons, par ailleurs, que la rptition dans le langage familier
est synonyme dincapacit communiquer ou bien dimpossibilit
exprimer lide dans une langue claire et prcise. Dans ces romans
rifains qui entament la tradition crite, loin de toute forme
institutionnelle, la rptition se dfinit comme un lment de cration,
rarement sans ordre ni sens, mais souvent comme un procd interne
lcriture qui se cherche parole fixe dans le cas de la littrature
amazighe.
Dune manire prcise, cette rptition se dfinit comme
transgression du contrat auteur-lecteur qui se base sur lconomie de
leffort :
Elle constitue un cart par rapport la loi du moindre effort,
puisquelle impose deux lments ou plus, l o un seul suffirait ou,
87
(1)
88
89
faire rimer le rcit qui prend lieu et fable dans le terroir rifain des
annes sombres de la famine et de la guerre :
Atav ayrar ad iouq maa imean nnes. Atav tamurt ad
tessevmi marra imedran nnes. Atav ajenna ad isnufser marra
isudar nnes . (Tasrit n Wezru, p. 101)
La rptition phonique du possessif nnes rsonne avec
maa , constitutant une rime interne. Ladjectif possessif remplit
la fonction dictique, propre une forme orale. Cela renforce plus
lide dun souci mtrique et dune fixation chez la romancire dans
sa narration crite . Cette qute formelle nous rapproche de
lhypothse suivante : Samira entend raconter une histoire qui
scarterait du conte, et placerait le lecteur face une page crite en
tamazight.
La mme redondance phonique est prsente chez Said
Belgharbi, connu pour son criture minimaliste, ses commentaires
explicites dans les trois rcits. Dans son recueil de nouvelles Aswad
Ibuyebpen, le narrateur se met dans lme dun pote. Nanmoins, ses
rimes seraient peu recherches, alors inacceptables :
Yenna as : tiggaz nnem tesder daysent tayri nni yeffud ixf
inu, tittawin nnem yiriwen iweddar daysen weswad inu, ticri nnem
tfarren imesraq zeg isuraf inu . (Aswad Ibuyebpen, p. 12)
Ce passage rsume la force des sensations, partir de la vision
subjective inu au moment de la description du portrait de la bienaime. Lauteur parlera du tatouage o lamour a couv, ensuite des
yeux qui lont envot enfin de lallure de la bien-aime...
Dans un autre passage du mme rcit, un autre adjectif
possessif, form de deux syllabes, ( ayi ), est rcurrent :
Yenna as : Byes ayi d tameqyast x tvallin nnem, niv d
txadent di treddet nnem, sunned ayi mermi mma texsed. Niv gg ayi
d ismev d imxennecvar idaren nnem. (Aswad Ibuyebpen, p. 13)
Lauteur, toujours amoureux, se voit parure sur le corps de la
bien-aime, mais aussi un esclave. Par l, la rptition rend compte de
lide de lamour possessif
La rponse de la bien-aime est immdiate :
Tenna as : Ayyaw ! X tazyudi d issazzar wawar nnec, isruba
tisevnas x tqicciwin n idurar, issemoizza tacniwin deg uoeddis n
90
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Rup isi uru nnec var ujenna, atav ad irin ibucren. (Ifri n
ouna, p.36)
Le verbe (Rup) polysmique, signifiant la fois ici aller et
il est vain de De l, le ton ironique est explicitement enlench :
les mots sont alors redfinir dans une telle porte
Dans dautres passages qui se confondent avec des points de
vue directs, Said Belgharbi commente subjectivement une ide, en
lapportant dans des series rcurrentes afin de montrer la colre de
lauteur, travers la rptition des mmes mots :
tezdev vars tenni umi qqaren targazt, maca targazt ur telli akd
upewwas, am tenni t issufven zeg dcar nnev s tegrawla issarven
tifawin n tlelli xef idurar nnev. Targazt akd twetmin, argazen tacan
teffev zzaysen tirrugza (Nunja tanecurft n izerfan, p.8)
La colre de lauteur est explicite par la rptition du mot
targazt . Cela rduit la beaut du passage ; lanalogie ou la
synonymie seraientt plus intressantes....
Quant Mohamed El Hachmi, il apporte des passages
rcurrents dans Martcika o le mot prend la charge dune obsession :
Turja: Raja, raja, oad war mdiv awal inu. Qa necc zermmarv
ad semmesklev imucan n ytran. Cek war tzemmard! Zemmarv ad jjev
mkul ijj itwala ix nnes d min ixs! () Zemmarv, zermmarv,
zermmarv Maca cek war tzemmard. (Martcika, p.17)
En tant que jeu potique, cette rptition du mme mot au
dbut des propositions apporte un rythme de rupture, une tonalit
montante et une certaine poticit pour le passage qui renvoie
lunivers onirique. Par ailleurs, cela prsuppose une pause au niveau
de la rptition durant laquelle le lecteur revisite le lexique amazigh
En somme, par ces jeux sur le mot rcurrent , lauteur
recherche enrichir ses ides travers le signifiant, mettant au
premier plan la dimension potique. Cette anaphorisation, parfois
voulue dautres fois impose, de lide dvelopper est avant tout une
remise en question du sens des mots utiliss. Esthtiquement, il
sagirait dune autre pause filmique o le lecteur revoit le monde
prsent, et sa lecture devient plus attentive de la rptition si
sanctionne
96
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99
100
Tazwart :
Deg yiwen n udlis i d-nessizreg ef tmedyazt taqbaylit
tamensayt(1), nessawev nbeggen-d belli tamedyazt-agi tettwabna
ef waas n tulmisin i d as-d-tefka twennavt-nni ideg i d-tlul.
Tulmisin-agi, as akken ugtent, nebder-d gar-asent tid i dyufraren am tid yerzan annar n usnulfu udyiz, d wayen akk i dicudden er-s n yiferdisen, alada tamsalt n timawit , imi s
timawit i d-yettlal yal avris, yis i yettawev er yal tama, yis i
yettwaxzan deg wallaen(2). Ne tid yesan assa d ugbur n
usefru d tala-ines am: tegnatin n usevru (3), isental (4) d
lebni n usefru (5).
" #$ ('& +, ( 1)
.2009 " 9: .2;< ?> .2> @ .AB 1C
(2)
Imi am wakken i d-yenna J. Derive (Littratures orales africaines: perspectives
thoriques et mthodologiques : 2008 p. 17) : Iwakken ad nefhem akken iwata
tasekla tamensayt, di tefriqt ne anda nniven, yessefk ad nissin, di tazwara, d acu i d
timawit. Timawit yesan lemani n yidles d-yeddan di loehd n wawal, timawit d
tagnit ideg d-tettnulfu yal tasekla tamensayt .
(3)
Inagmayen n tsekla yecban Baumgardt, Derive d Zumthor, ttwalin belli tignatinagi n usevru yis-sent i yettawev uvris n tmedyazt s amseflid. Avris n tmedyazt
mebir tignatin n usevru d avris agugam ur nezmir ara ad yessiwev izen-ines akken
iwata.
(4)
Mouloud Mammeri(1991 :76), iwekked-d belli asentel deg uvris n tmedyazt
taqbayli taqburt d yiwen seg limarat tubrizin n tensayit, imi di lewhi-ines asentel di
tmedyazt taqbaylit taqburt icudd s loehd er tmetti ideg i d-yedder umedyaz, d
umezruy d-iac ugdud s lekmal-is.
(5)
Neba ad d-nini s lebni n usefru, ayen akk i d-icudden er tessa n usefru d
tulmisin i t-yeooan yemxalaf ef lenaf n tesrit, am tmerut, afir, tiseddarin d tkatit.
02 3 " #$ :7 9: (./01 02 3 425)
101
(1)
102
" #$ ('& +, ,) (
2
#C .# '> 1 B . :> &3LC > <; 7" #$ MN B O<013 P, 02 J .) (
.135 1992 ;"C 5" 0<0:
103
(2)
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106
107
(1)
Damocls, roi des orfvres, qui ne cessait de flatter son matre Denys, sur la
chance quil avait dtre le tyran de Syracuse. Agac, celui-ci lui proposa de prendre
sa place pour quelques temps. Au milieu du festin, Damocls leva la tte et saperut
quune pe tait suspendue au-dessus de lui, et ntait retenue que par un crin de
cheval. Et ainsi il montra Damocls que son rle de tyran possdait deux faces,
c'tait la fois un sentiment de puissance et le risque d'une mort pouvant frapper
tout moment. (fr.wikipedia.org/wiki/pe_de_Damocls)
2
.; \ .2;<> 7 .; 4> #^7 .C,"( +[N> Y< P2E& "#$ <& 0 +, "AE) (
.271 -269 2007 " 9: . `<&3 " $N < .25"#
108
109
(1)
Tasfift-agi teffe-d deg useggas n 1981, ddan-d deg-s isefra n tsertit i d-yekkaten
s leqse deg udabu : Almus-iw, askuti, anejme, si lekdeb er tidet .
(2)
D tasfift nniven i d-yeffen deg useggas n 1982, tebna daen ef yisefra n tsertit
yecban : es es, lxuf, nekkni s warrac, inni-as i gma, amacahu .
(3)
Tasfift-agi teffe-d, akken i t-id-nebder yakan, deg useggas n 1983, deg-s i dyedda usefru A mmi, i d-neffren di tezrawt-agi akked d yisefra nniven n
tsertit yecban : aberi, Nea la terrem .
(4)
Nikula Makyabil, d amusnaw Aalyani. Yettwasen aas deg unnar n tfelsafit akked
tsertit. Ilul di temdint n Flurans deg useggas n 1469, yewwev lefu n Rebbi deg
useggas n 1527. Yura kter n 30 n yidlisen gar-asen : Amezruy n Flurans histoire
de Florence, Lfen n tegrawla lArt de la guerre, Klizya la Clisia. Acukan d
adlis Agellid - le Prince i d-yufraren s wudem ubriz deg wayen akk yura.
110
111
Il faut donc quun Prince qui veut se maintenir apprenne ne pas tre toujours
bon, et en use bien ou mal, selon la ncessit. Le Prince : Ch. 15, p. 94.
2
.185 b5 @ ` ,"C +, " AE) (
(3)
Pour cela ce qui absolument ncessaire, cest de savoir bien dguiser cette nature
de renard et de possder parfaitement lart et de simuler et de dissimuler il a
besoin dtre renard pour connatre les piges. Le Prince : Ch. 18, p.102-108.
(4)
.186 b5 @ ` ,"C +, " AE
112
La religion n'est qu'une des forces en prsence dont il faut tenir compte et dont
il faut savoir se servir habilement comme moyen de domination . Le Prince : Ch.
11, p.38.
113
ebbi iteddu
D wigad iewren
Xas ul-ik d akafri
Yiwen ur t-yeri
Kellex-asen i laci
Ttamnen kan ayen erren
Seg sin n yimedyaten-agi i d-neffren si tmedyazt n
Lewnis Ait Mengellat, iban-a-d s ttbut amek urti asefran
aqbayli atrar, yekcem s yiquddimen wessien s annar n
tegralanit.
Di tagara, nezmer ad d-nini belli udmawen n unerni deg
wurti udyiz aqbayli ttbanen-d s ttbut, alada ayen yerzan tirawit
d tawillat n usnulfu n tmedyazt d usiwev-ines s amseflid, am
tesfifin d yisidiyen d yivebsiyen. Ne ayen i d-tefka tegralanit d
tikta d tmuliwin timaynutin i umedyaz. Iferdisen-agi merra
ttbanent-d akken iwata deg wurti asefran atrar, ayen yefkan aswir
alayan i tmedyazt taqbaylit di tallit-agi tamirant, aswir i ttyessawven ad d-tecbu tamedyazt tagralant i d-yeddan ef ubrid
n tira acal d leqrun aya.
114
lments bibliographiques :
1- Ouvrages :
BAUMGARDT, (U.), ET (J). DERIVE, Littratures orales africaines:
perspectives thoriques et mthodologiques, Karthala, Paris, 2008.
BOUNFOUR, (A.), Introduction la littrature berbre, Ed, Peeters, Paris
Louvain, 1999.
DJELLAOUI, (M.), Posie kabyle dantan, retranscription, commentaires et
lecture critique de louvrage de Hanoteau, ed, Zyriab, Alger, 2004.
115
" #$ ('& +,
.2009 " 9: .2;< ?> .2> @ .AB 1C 02 3
: E F 9: ./01 " 3 425 c3
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.135 1992 ;"C 5" 0<0: #C .# '>
2- Recueils de posie :
116
Introduction
Lappropriation progressive de lcriture dans la culture
kabyle a engendr au niveau des pratiques littraires de nouveaux
genres. On a surtout remarqu, parmi ces derniers, le roman, la
nouvelle et le thtre. Une autre catgorie de textes est apparue dans
ce mouvement de renouveau, mais il nest fait rfrence elle que trs
rarement. Il sagit de la littrature crite pour enfants. Cette tude
tente de dfinir cette catgorie de textes et den tablir un tat de son
corpus tout en abordant ces tendances au plan bibliomtrique.
Elments de dfinition
La dfinition de ce type de littrature est tributaire du public
auquel il est destin. Cest une littrature destine aux petits enfants et
aux pradolescents ; lge maximal des ces enfants semble tre limit
une quinzaine dannes daprs Annie Cantin(1).
La spcificit de ce public dtermine largement les principales
caractristiques des textes composant la littrature enfantine. En effet,
au plan smiologique, laccs au sens est orient aussi bien par la
parole que par limage (caricature, dessin). La mise en rcit des
vnements, dans le cas de la prose, est accompagne par une
reprsentation picturale et, dans le cas de la posie, le texte peut tre
accompagn par la musique (pour les CD et les cassettes audio) ou par
des dessins et parfois mme par des partitions musicales. Suivant les
donnes proprement kabyles, les textes sont gnralement illustrs.
Au plan proprement textuel, les catgories du merveilleux et
du fantastique contribuent grandement caractriser le corpus de
contes constituant cette littrature.
(1)
117
(1)
Les raisons de cet tat priphrique de la littrature kabyle sont rechercher entre
autres dans les composants culturels de la vie littraire (comme loralit et le
passage lcriture), les statuts politique et social de la langue dexpression et dans
la prise en charge institutionnelle aussi bien des langues que des littratures en
Algrie.
(2)
Cette tude se limite aux donnes bibliographiques de la prose. La posie ny
figure pas.
118
119
120
121
Editeur
Lieu ddition
Quantit
Oran
Alger
Alger
Tizi-Ouzou
Alger
Alger
Alger
Paris
Fort National / Alger
Tizi-Ouzou
Tizi-Ouzou
Paris
Bejaia
Alger
Tizi-Ouzou
Bruxelles
10
05
05
05
05
04
03
03
02
02
02
01
01
01
01
01
Oran
01
Institutions
prives
Institutions de la
socit civile
11
ENAG
ENAP
HCA
37
Achab Editions
Atfalouna
Edition El-Hikma
Editions El-Amel
Editions
Talantikit
FDB
Harmattan
Les Trois
Pommes
Lulu.com
Odysse Editions
Zyriab Editions
04
Ass. Cult.
Imazighen
Ass. Cult. Tilelli
Ass. Tidmi
Tamirant
122
Edition
Compte
dauteur
08
1970-1979
1980-1989
1990-1999
2000-2012
02
11
47
En guise de conclusion
Les premires observations proposes ici permettent, un tant
soit peu, de dlimiter le corpus de la littrature crite en kabyle
destination des enfants et de la caractriser de point de vue de son
existence ditoriale.
Dapparition rcente, sa publication est prise en charge
notamment par le secteur priv. A ltat actuel du corpus et suivant les
donnes bibliographiques disponibles, les sources des textes
composant son corpus semblent tre de trois ordres. La premire
source est loralit traditionnelle. Les auteurs y reprennent des textes
quils transcrivent, illustrent par des dessins et quventuellement ils
recomposent (les textes de Nadia Djaber par exemple). La seconde
source est la traduction (les textes traduits par Hamid Besbasi). La
troisime est la nouvelle cration (comme les textes dAkli Kebali /
Azwawi).
Etant dmergence rcente mais ayant de solides liens avec
loralit traditionnelle, il est intressant de chercher si cette catgorie
de textes constitue un genre part, de prciser ses sources et de
dgager ses tendances textuelles. Cette catgorie constitue, en somme,
un domaine de recherche intressant.
123
Rfrences bibliographiques
Aron Paul, Saint-Jacques, 2008, Dictionnaire du littraire, Ed
Seuil, Paris.
Bougchiche L., 1997, Langues et littratures berbres des origines
nos jours. Bibliographie internationale, Awal/Ibis Press, Paris.
Chaker S., 1992, Une dcennie dtudes berbres, 1980-1990 :
bibliographie critique, Bouchne, Alger.
Chaker S. et Bounfour A., 1994, Langues et littratures berbres :
chronique des tudes, Inalco/lHarmattan, Paris.
Galand L., 1979, Langue et littrature berbres, vingt-cinq ans
dtudes, Cnrs, Paris.
Lacoste-Dujardin C., 2005, Dictionnaire de la culture berbre de
Kabylie, La Dcouverte.
Lanfry J., 1974, Table chronologique et index des articles parus au
fichier de 1946 1972, Le Fichier Priodique, n 124, 1974 (IV).
124
0. Introduction
La mtrique amazighe a suscit un grand intrt pendant ces
trois dernires dcennies (H. Jouad 1995, S. Chaker 1982, Bounfour
1999, Elmedlaoui 2006, Dell & Elmedlaoui 2008, Akli Salhi 2007,
Bouamara 2010). Ainsi les particularits mtriques de divers pans
de la versification Amazighe commencrent se dessiner sous
diffrents angles et approches. De mme quon assiste une nouvelle
re de nouvelle production potique qualifie dcrite, ce qui nous a
interpel dans cette phase de mutation de lamazighe de loralit vers
lcriture. Cest dans le soucie de trouver des rponses certaines
questions concernant les proprits de la mtrique de Figuig que
sinscrit cette contribution qui vise en premier lieu explorer ce
domaine pour enrichir nos connaissances sur les divers aspects qui
dterminent le mtre dans la posie amazighe en gnrale, et en
amazighe de Figuig en particulier.
1. Le mtre dans la posie ancienne de Figuig
Une vue gnrale de la versification amazighe de Figuig laisse
croire que cette dernire se caractrise par lisomtrie, la rime ou les
assonances qui constituent ses rgularits formelles et la distingue de
tout autre nonc non versifi. Or, lexamen minutieux de certains
spcimens montre, comme on va voir, que la posie de Figuig
traditionnelle est traverse par diverses caractristiques quelle partage
avec les divers types de versification que connait lamazighe en
gnrale.
1.1. Isomtrie et quipartition morique
Dans une tude rcente, Elmedlaoui (2012, 2006) a qualifi le
mtre rifain de non quantitatif. Etant donn quil est fond uniquement
sur lisomtrie (nombre de syllabe), contrairement celui de Tachlhit
125
126
sujet des syllabes ouvertes avec schwa comme noyau et des segments
extra-syllabiques sil sagit dun simple dfaut de versification o
dune particularit propre cette langue.
1.1.2. Lidentit du vers
La dcouverte du vers vide de sens dit talalayt par Jouad
1995 a rvolutionn la recherche sur la versification en Tachlhit et en
Tamazight dont la mtrique traditionnelle est base sur la distinction
entre les syllabes lourdes et les syllabes lgres et dont lordre
dtermine le type du mtre. Quant la mtrique kabyle, elle est selon
Akli Salhi 2011 : simple. Elle se contente du nombre de syllabes
(v. P. 25-48), lisomtrie dans la posie kabyle traditionnelle en
gnrale est selon le mme auteur, rside dans la distribution
gnralement constante des groupes de syllabes (hmistiches) qui
constituent le vers tel que la distribution : 7/5/7 comme cest le cas
chez le pote Si Mohand (v. Table (15) ci-dessous); sachant que
lisomtrie dans ce sens diffre de lordre des syllabes lgres et
lourdes et de leur regroupement observ en mtrique de Tamazight et
de Tachlhit. Les divers faits rythmiques importants dans la posie
kabyle tel que laccent, la rime, lassonance et la pose quon trouve
galement dans la posie rifaine et dans celle de Figuig, ne sont pas
pris comme seul critre de dlimitation du vers par lauteur comme
lont fait dautres chercheurs (Voir par exemple la typographie du vers
dans Mouloud Maameri 2009, Bouamara 2008). Devant ces divers
indices de dlimitation du vers, voqus dans la littrature de la
mtrique amazighe en gnrale, on peut avancer que, vu les donnes
dont nous disposons de la posie amazighe traditionnelle de Figuig,
tous ces critres se valent thoriquement pour dterminer lidentit du
vers et les types des mtres que connait cette posie; mais il est plus
intressant aussi den faire sortir les rgles ou les contraintes qui
prsident la gnration illimite des vers. Ce fut le programme de
recherche quont entam Dell et Elmedlaoui (2008)(1) et la lumire
duquel nous comptons explorer nos donnes (v. section 1.4.). Pour ce
faire, nous allons dabord donner une vue gnrale des divers
spcimens qui peuvent tre reprsentatifs de quelques mtres, tout en
mettant en exergue en quoi cette posie diffre des autres dans des
questions bien prcises (quipartition morique, isomtrie, segments
(1)
Les mtres ne forment pas une liste fixe et mmorise par les locuteurs natifs.
Ils sont gnrs par un systme productif, et notre but est de dcouvrir ce systme
Dell/Elmedlaoui 2008 : 2, citation traduite par notre soin.
127
128
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(2) Table 2
1
1
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2
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132
(1)
Le sens de ces mot est successivement : lopard, herbe de bl, mtayer (qui travail
contre 1/5 de la rcolte, crdit, dents (connotation de force).
133
2
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12
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las
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Traduction :
1 Mon cur est chagrin, un chagrin de lopard ;
1 Qui erre dans le dsert, et ne trouve ses frres.
2 Mon cur est triste, tristesse dpine de bl ;
2 A peine lherbe verdi, le mtayer sy met couper.
(3)-B
3
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13
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Traduction :
3 Ainsi est mon cur, comme celui qui est endett ;
3 Quand se prsente son crancier, il se sent branl.
4 Ainsi mon cur scure, et je le rprime ;
4 Son dsire ne lassouvie, me croit je le lui ai interdis.
4 (Son amour ne le retrouve), il croit que je len ai empch
(1)
Ce pome est en fait form de plusieurs distiques autour dun mme thme le mal
en cur.
(2)
Ce genre de pomes est particulier la gente fminine dont le thme de lamour
est le motif.
(3)
Les vers 4 et 4 sont des variantes du mme vers.
134
2
2
3
3
4
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2
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but
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mi
y
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w
weq
Traduction :
1 Ainsi mon cur est, comme un ciel bleu ;
1 Parfois claire, parfois nuageux.
2 Ainsi est mon cur, comme le roseau du mtier tisser ;
2 Le long du jour, du bas en haut est hiss.
3 Ainsi est mon cur, comme le visage dun orphelin ;
3 Quant il marchandise, il nen tire bnfice aucun.
4 Ainsi est mon cur, comme un roi hors de son royaume ;
4 comme un fusil tir, comme un cercueil orn.
135
1
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11
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Davantage de recherche dans la posie Rifaine peut rvler des suites de trois
syllabes lourdes comme dans ces vers : ttungelt n tittawin yuwy itt weqrin nnek
celle aux yeux noirs (ta chre) a pous ton rival ( Zizaoui 2012 : 65). mala
texsed ad nirar awi d mawsa n miya Si tu veux me voir danser, achte le fusil de
cent (idem. p. 118).
136
Traduction(1)
Par Dieu Prophte, Dieu et Muhammad . je te salue, toi larabe, le
Hachmite.
Mon cur a jur, et sest fait le serment ; de ne plus faire confiance,
tout tre humain.
De ne plus frquenter, celui qui ne pense quau mal, qui napprofondit
pas son esprit.
Et ne fait point de distinction parmi les filles, tant que je serai en vie,
je combattrai ramier.
On remarque que les pomes dit Ahellil(2) Gourara
ressemblent beaucoup ceux de Figuig est ce dans divers aspects :
a- Le pome alterne souvent entre des mtres diffrents (10,
11, 12 syllabes) comme Figuig ; contrairement Tachelhit, et le
Rifain.
b- Le pome nobserve pas le mme alignement vertical des
syllabes lourdes et lgres contrairement Tachelhit. Le nombre
doccurrence des syllabes lourdes dans un vers stend de 0 5
syllabes. Si contrairement au cas du Rifain o toutes les syllabes de
poids lourd se trouvent limites dans les trois premires positions (V.
Elmedlaoui 2006), le cas de Gourara et de Figuig montre quaucune
condition de ce genre ne lui est impose.
c- La rime est croise Gourara (ex. la rime du premier
hmistiche du vers 9 est identique celle du deuxime hmistiche du
vers 10) ; alors qu Figuig au contraire la rime est imposante. La
rime externe fait souvent lcho de la rime interne
d- La succession de deux et trois syllabes lourdes Gourara
est frquente comme Figuig, (voir par exemples le vers 2 ci-dessus
et le vers suivant (5) tir du mme pome). Un bon nombre des cas
dadjacence des syllabes lourdes est d notamment aux emprunts(3) et
(1)
Nous reprenons ici la traduction qui est donne par R. Bellil. 2006 : 273.
Le terme Ahellel Figuig dsigne en particulier des pomes religieux dit
gnralement en arabe.
(3)
Voici un autre exemple dun vers dexpression arabe dialectale relev dans Belli
2006 : 270 vers (N30) o on remarque la succession de quatre syllabes lourdes:
(2)
137
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7
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ma
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y
10
bis
dus
bi
ya
fa
yar
11
mi
rb
12
llah
bi
Nous passons ici sous silence les contraintes relatives lalignement des attaques
des syllabes qui sexprime en termes de registre mlodique (Voir ce sujet Jouad,
1995 :30).
(2)
Nous devons ces vers et leur traduction que nous reprenons ici, Radi, 2006 : 71 :
1) Louons le nom de Dieu, louons le nom de Dieu. 1) Je commence le henn,
puisse tre bon, Monseigneur ! 2) Dame ! Ne tracasse pas, Dieu te protge. 2)
Toutes les femmes ont subi ces preuves. p. 93.
(3)
Nous ne dirons pas davantage sur son mode et manire dexcution. De mme
quon peut trouver des variantes de certains vers, lesquelles sont dus la
circonstance et la dfaillance de la mmoire. Un travail de restauration et de
fixation de ce chant aiderait mieux conserver cette mmoire collective. Quelques
enregistrements damateurs ont t raliss dernirement ; mais aussi ce mme
patrimoine sest vu modifier dans dautres. Enfin, les vers prsents ici sont donns
titre dexemple et sans ordre prcis.
139
(8) Ourar
1
1
2
2
3
3
4
4
5
5
1
Zzi
Zzi
Fer
i
Ul
A
Tz
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2
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la
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10
11
tel
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le
rar
man
li
zer
qel
Traduction :
1 La beaut est l, qui la chrir,
1 La beaut est l, voici Acha et Amar.
2 Soyez heureuses et poussez (des youyous), femmes !
2 Acha et Amar, se sont fiancs.
3 malheur moi !, elle sest penche du toit ;
3 Elle na pas de tutelle, comme une gazelle ;
4 celle aux souliers !, et au foulard vert ;
4 Elle est partie allumeuse, elle ma rendu fou.
5 Ait Atman, chorfa (saints) nobles !
5 Ils psent dans la balance (valent), de lor pure des aeuls.
Les segments extra-syllabiques tel que la particule dd du
directionnel (v. vers 3 syllabe 8 ci-dessus) montrent quils ne peuvent
pas toujours tre traits autrement lorsquils sont suivis dune syllabe
CV que cette voyelle soit pleine ou un schwa. Car cela entrainerait un
contre sens. Voyons comment les choses se prsentent dans la
syllabation de ces cas (le point marque la frontire de syllabe):
1) a. wi. li. ter.geb.<dd> sikk. tel. li. ; sens : Elle sest penche du
toit.
2) a. wi. lit. reg. bedd. sikk. tel. li. ; sens : Tu tes pench du toit.
140
141
dbut dun pome ou dun distique sans quelle ne trace ses limites(1).
Cette formule vide simbrique parfois dans la parole comme on va
voir. Ainsi, seules les pomes quelle prlude peuvent nous renseigner
maintenant sur sa structure et sa relation mutuelle avec les paroles. En
outre, le nombre des syllabes et notamment la position des syllabes
lourdes dans ces formules ne correspond pas toujours aux paroles, ce
qui ne facilite point notre tache de dfinition de lentit du vers
proprement dire en partant du vers vide.
En effet, si la dcouverte du vers vide de sens dit talalayt
sur lequel est transpose la parole fut la base de la dfinition du vers et
des patrons mtriques (une centaine selon Jouad, Dell/ Elmedlaoui
2008) que connait Tachelhit et Tamazighte en gnrale. Il ne nous
reste que des bribes de ce modle dans la posie de Figuig. Voici les
formules quon a pu releves(2) :
1)
2)
3)
4)
a
a
a
a
ra
ra
ra
ra
ya
ya
ra
a
ra
ra
bik
ra
ra
ra
ra
a
ra
ra
ra
ra
tahruryt
142
R
1
2
3
4
5
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ra
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3
Ra
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Nnec
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Nx
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ya
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til
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5
ra
ru
ru
3ed
ned
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6
ra
reyt
reyt
yan
ran
ran
Traduction :
1 a ra ra Tahrureyt
2 Dfaite ton ennemi
3 Dfaite aux ennemis
4 Que les ennemis soient extermins
5 Que les ennemis soient dracins
(10)
1
2
3
1
A
Taf
K
2
ra
ru
Kuff
3
ra
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yen
4
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12
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(10)
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kuff
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sikk
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ran
143
13
1
A
2
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3
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4
Ya
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(14) Asehrurey 3
1
1
2
3
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a
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2
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3
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13
la
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14
Teff
red
wen
nid
nal
ttel
la
zd
(1)
144
Traduction :
1) A ra ra en ta prsence (existence) ra ra, que tu soi toujours
heureux,
1) Les bdouins viendront, apporteront des tas de bl
2) Du pois chiche et des fves
3) Tu mangeras jusqu ce que tu sois rassasi, et tu pargneras
ta fin.
On peut dduire partir des exemples prcdents que les
syllabes vides de sens Figuig ne font que lcho dun hmistiche
et, quau contraire, cest le vers suivant ou le deuxime hmistiche qui
vient lui complter la formule dont la parole est versifie. Et comme
on laura remarqu le vers ou lhmistiche peut tre vide de sens ou
contenir un mot au milieu ou la fin ; le mot de la fin connote ce
genre potique quon appelle Asehrurey dont il donne le nom dunit
Tahrureyt.
4.
145
Sni
m
10
11
12
13
14
fl
a
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6
q
a
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i
1
7
d
i
r
e
18
B
bi
Traduction :
Quest-il arriv une telle et une autre jusqu ce quelles se soient
trouves devant le juge
Vous les vieilles, est-ce-que vous croyez que le divorce est
apprci par Dieu ?
La Premire a t rpudie cause de cent Dourou (5DH).
(1)
Mekki Atman est n Figuig en 1953, pote clbre Figuig, il a crit plusieurs
pomes chants en majorit par lui mme.
146
Conclusion
Au terme de cette exploration qui trace en grande partie les
proprits mtriques de la posie traditionnelle de Figuig, on peut
conclure que les pomes de Figuig sont souvent de cours pomes
composs de deux vers qui observent largement comme rgularit le
nombre de syllabes avec un ornement dassonance et de rime. Une
tude plus approfondie dgagera t- elle dautres rgularits qui
fondent le mtre de la posie figuiguienne ?
Bibliographie
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Galand-Pernet, P. 1998. Littratures berbres des voix des lettres.
PUF. Paris.
147
148
I. Introduction
Un cart important lgard de la posie orale traditionnelle se
produit la fin des annes 1970 quand commencent apparatre les
premiers crits potiques rifains. De recueil en recueil, on voit se
dessiner clairement de nouvelles formes dexpression supplantant les
clichs, la platitude et le lyrisme souvent amoureux de lizli ancestral.
Ds lors, la posie moderne opre un retournement de valeurs : un
langage trs lev est produit au service dune thmatique axe en
grande partie sur laffirmation de lidentit amazighe et la contestation
de lordre social et culturel. En effet, malgr la multiplication des
ruptures, le passage lcrit ne signifie pas forcment que la culture
traditionnellement orale est mise totalement part. Paralllement
lmergence dune nouvelle conception de la cration, la posie
moderne continue encore se dvelopper par rfrence au patrimoine
oral. Les effets de suggestion et les formules discursives puiss dans
les formes littraires traditionnelles tels le conte, la croyance
populaire, le proverbe, etc., lui permettent de dialoguer en permanence
avec la mmoire collective et confrent par l mme pouvoir et succs
sa rhtorique. Dans le mme ordre dide, lhritage symbolique
couvrant les lments du cosmos est entran incessamment vers des
valeurs qui ravivent ou amplifient son potentiel smiotique ; ce qui
ouvre la voie llaboration dune posie de mots codifie,
travers laquelle chaque crateur signe la fois lempreinte de sa
cration personnelle et sa participation aux rfrences communes qui
lunissent aux autres crateurs de son poque.
Cest de ce dtournement littraire de la tradition orale que
jaimerais donner un aperu dans la brve analyse qui suit. Mon
intrt sest particulirement port sur le pome bu-yunan de
149
II.
150
151
152
153
154
mmorisation pralable. Etant donn que ces mots sont brefs et quils
chappent de plus en plus au commun des usagers, on croirait que
lauteur exhume un texte ascendant de loubli. Cela tant, le jeu sur ce
qui est fix par lusage conserve le niveau de signification qui sy
rattache avec toues ses caractristiques dorigine. Ce qui revient dire
que les manuvres smantico-discursives effectues, ne font
quamplifier un hritage expressif et culturel sans atteindre rellement
son intgrit conceptuelle. Do, plusieurs procds damplification
peuvent tre relevs :
Personnification
En attribuant des proprits humaines un objet inanim, la
personnification introduit le surnaturel dans le cadre raliste du pome
et accentue le pathtique du sort de bu-yunan. Sur le plan de la
rception, le lecteur se projette dans lunivers merveilleux du conte et
du mythe o le rgne vgtal et le rgne animal sapparentent celui
des tres humains. Les smes /verticalit/, /nergie/, /naissance/,
/vie/, /mort/ sont autant de caractristiques qui les rapprochent. Mais,
il faut savoir que derrire cette personnification se cache la
rappropriation symbolique de bu-yunan : limage de lamazighe
abandonn dans la solitude des mourants.
Accumulation
Laccumulation de mots et de syntagmes souvent de mme
nature et de mme fonction permet de dvelopper les effets de sens
viss par le pote :
- Solitude et sous-estimation (par extension mtaphorique
des deux smes cits prcdemment : le plus souvent isole et
poussant dans des terrains incultes ) :
bu-yunan a bu-yunan ! la baba- la yemma-
bu-yunan a bu-yunan ! la wma- la wetma-
155
Comparaison
En tablissant un rapport danalogie entre les units de sens du
pome, la comparaison participe lexpressivit de la langue et la
mise en vidence aussi bien du triste sort de bu-yunan figur sous les
traits de la morsure venimeuse du serpent :
isendet ar
xa-k
am ufiar
156
Gradation
Un autre procd stylistique important est la gradation qui se
manifeste travers le passage ascendant dune ide lautre.
Remarquons bien que, dans les deux vers qui suivent, ce sont les
deuximes segments qui intensifient respectivement lide de
dgot et celle de la haine :
arhe
uar,
ur
nne
iemmar
ek yewan, x refen
arezzun-a
Dfigement
Dans la dernire strophe, le pote a recours la reformulation
du nombre du nom de lexpression ikkes reben litt. il a enlev
(sest dbarrass de) la misre : il a assouvi ses envies qui passe du
singulier au pluriel : xa tekkse iebnan. Le but tant, bien entendu,
que cette manipulation accrot et le sens de lexpression et le
retentissement de n qui, en se prolongeant au sein du nom, rend
perceptible autant lcho de bu-yunan que dautres mots composant
le pome : iwan, iewran, etc.
Symbolisation
Fidle son habitude, El Walid puise son inspiration dans sa
qute de mots renvoyant des rfrents concrets porteurs de valeurs
symboliques particulirement fortes (vgtaux, animaux, etc.) :
bu-yunan orchide , azeggwar jujubier , iewran
racines , rarra plante pineuse , nnewwa fleurs , ssjar
arbre .
157
Images
Symbolises
Units symbolisantes
Peine et souffrance de
bu-yunan
II
III
Dlivrance et libert de
bu-yunan
Rptition phonique
La rcurrence phonique sur plusieurs mots de mmes sonorits
voque, par imitation, la forme signifiante de bu-yunan :
- Lallitration en // (21occurrences)
(31occurrences).
- Lassonance en /a/ (57 occurrences).
et
en
/n/
158
159
Bibliographie
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160
(1)
161
162
163
164
165
166
(1)
167
168
(1)
169
sbbb
tttr
dlll
txmmmm
(en tarifite)
vivre
170
171
172
(1)
173
qqa ia
tout
ssuq
pierres de souk
teggen
arum
faire-il- Acc.
(1)
Pain
ien
ine
aqzin
as
p. Ao. lui
immuzzar
il-dire Ao.
gw fus sen
zi miyy gw enna
(1)
Pour les abrviations rencontres dans les traductions mot--mot, nous donnerons
les significations suivantes : Ao. (Aoriste), p.Ao.(particule daoriste), acc.
(accompli), inacc. (inaccompli), E.A. (tat dannexion)
174
p.Ao.
iwen
zembu
il-se rassasier-Ao.
ai
petit-lait.
175
inqq
176
CONCLUSION
En conclusion, nous pouvons dire que la relation tripartite
oralit- criture- traduction fonctionne comme un rouage ou un
engrenage : la transcription et la traduction sont les deux pices
matresses de ce rouage, lune situe en amont et lautre en aval. Si, en
effet, il est vrai que ces deux pices se superposent et concrtisent les
noncs oraux en criture, il est tout aussi vrai que jamais cette
reprsentation matrielle ne saura tre considre comme lquivalent
cent pour cent dun nonc oral. Du coup, il est impossible
dassimiler loral lcrit en transformant le dit en crit.
Par ailleurs, les noncs proverbiaux sont crs pour tre dits
et redits, ils vhiculent donc un certain rythme qui est une marque
incontournable de loralit. La traduction est inapte reproduire ce
rythme en franais, puisque les proverbes sont par nature mme oraux.
Ils sont en outre des structures marques du point de vue rhtorique
par la prsence de la mtaphore et de la comparaison. Ainsi, tant
donn que la traduction est une opration relative dans son
succs 1, elle dtruit compltement les caractres formels du
proverbe et brise ainsi ces units syntaxiques.
177
Bibliographie
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178
I- Procds de traduction(1)
La tradition occidentale a dfini un certain nombre de
procds de traduction dont nous donnerons quelques exemples.
1. lemprunt
A proprement parler, il ne sagit pas de traduction, mais il peut
savrer utile dans certains cas. Par exemple, dans le cas o dans la
langue cible, la ralit de la langue source nexiste pas et si un
nologisme na pas t cr pourou encore pour des raisons de
style : fr. champagne / ; kab. abazin /
Cela peut servir galement situer un lieu (gographique,
culturel, politique) : la tour Eiffel / Buckingham Palace / ;
Tajmaat /
Pour le kabyle, lemprunt peut tre berbris ou pas.
(1)
179
2. le calque
Cest la traduction littrale dun mot ou dune expression.
Cest un procd viter en gnral car source de contresens ou de
non-sens comme vachement qui serait traduit par s tfunast
3. la traduction littrale
Cest la traduction mot mot dun nonc en gardant lordre
des mots. Mme remarque que pour le calque :
yekkat uzzal traduit par il frappe le fer serait une faute (=
il est fort, courageux)
4. la transposition
Contrairement aux trois prcdents, nous avons ici un vritable
procd de traduction. Il sagit du remplacement dune catgorie
grammaticale par une autre, sans changer le sens de lnonc, comme
en kabyle mme : d amellal (adjectif) = mellul (verbe)
Entre le kabyle et le franais :
d adfel (nom) = il neige (verbe)
ils sont nombreux (adjectif) = aas yid-sen (adverbe)
yettwazgar (verbe passif lAI(1)) = franchissable (adjectif)
deg-s aman (prposition) = il/elle contient de leau (verbe)
5. la modulation
De manire gnrale, il sagit dun changement de point de vue.
- modulation mtaphorique : remplacement dune mtaphore
par une autre plus ou moins abstraite ou concrte
il roule sa bosse = tizi tettak-it i taye
tewwe tifidi s iess = il nen peut plus, il est bout
- modulation mtonynimique :
un jour sur deux = ass s wass
amek yella wexxam-ik ? = comment va ta famille / ta femme ?
(1)
180
181
langue cible
contexte
indfini
spatio-temporel
narrateur-personnage : la
premire personne : un seul
personnage nomm
182
183
184
185
Conclusion
Nous avons abord trs succinctement quelques procds et
exemples de traduction. Pour approcher dune bonne traduction, on
voit quil est indispensable dtudier de manire systmatique et
approfondie pour les deux langues en prsence : les procds de
traduction avec tout le dtail ncessaire, les quivalents des diffrents
syntagmes nominaux, des syntagmes verbaux incluant le temps,
laspect, les auxiliaires, les drivs,, la syntaxe, la smantique, la
pragmatique, etc.
186
Bibliographie
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187
Annexes
Boulifa 1904 (n XXII, p. 44-45)
188
189
190
Phonotactique et nologisme
Professeur Noura TIGZIRI
Universit Mouloud Mammeri
de Tizi-Ouzou.
Sil est vrai que le besoin en terminologie, par consquent en
nologie, se fait de plus en plus sentir avec lintroduction de la langue
amazighe dans le systme ducatif et les systmes de communication,
il nen demeure pas moins quil faut tre trs prudent dans les
crations de ces nouveaux mots. En effet, non seulement, ils
vhiculent un sens, un concept, une vision des choses, un rfrent
culturel mais ils doivent aussi se soumettre au systme, pas seulement
de composition, de drivation, mais phonotactique du berbre. Ainsi,
se poser la question pourquoi, certaines crations lexicales sont
rejetes, non admises parce que non mmorises, est primordial pour
lpanouissement de la langue travers ses locuteurs.
Nous savons quen berbre, presque tous les mots drivent de
racines triconsonantiques qui sont issues en majorit de racines
biconsonantiques. Chaque langue possde un inventaire de phonmes
mais aussi, un inventaire de combinaisons de phonmes. Si en
berbre, la suite GZMT est admise, elle ne lest pas en franais par
exemple. Si spink est admis en anglais, npink nest pas admis. Ainsi
chaque langue a des contraintes phonotactiques auxquelles on doit
absolument sintresser et mme tudier de trs prs pour dgager les
rgles de combinaison des phonmes en berbre.
Lunit de combinaison est la syllabe, qui elle-mme se divise
en attaque, coda et noyau qui contiennent des consonnes. Les syllabes
des langues humaines sont organises selon des patterns (CVCC,
CVC)
La cration lexicale (de nologismes) ne doit pas se faire juste
parce quil y a un vide et que le besoin se fait sentir : Faute de
lexistence dune terminologie spcialise, des nologismes fusent de
partout sans aucune tude pousse pour la plupart dentre eux : en
effet, il ne suffit pas dassembler des mots (composition) et de faire
des drivations pour crer un nologisme ! Combien de nologismes
sont crs que les locuteurs nutilisent pas parce quils ne les
mmorisent pas ? sest-on intress aux raisons de cet chec ?
191
192
0. Introduction
Durant lanne universitaire 2009 2010, nous avons tent une
exprience dcriture dune nouvelle en langue amazighe. Notre
objectif tait de sensibiliser nos tudiants de post-graduation(1) ce
nouveau genre qui a fait irruption dans le champ littraire de la langue
amazighe. Lexprience stait tale sur lensemble de deux
semestres dans le cadre du sminaire intitul didactique du texte
littraire . La priorit fixe ce projet dcriture/cration ntait pas
seulement de renforcer la comptence linguistique de nos tudiants de
PG mais aussi et surtout de viser les comptences transversales en leur
fournissant dautres modles dorganisation de ce genre qui leur sont
peu connus.
1. Pourquoi la nouvelle ?
Parmi les raisons qui nous ont incit favoriser ce genre
littraire, il y a dabord, le fait quil est relativement rcent dans la
littrature amazighe. Les premires vritables nouvelles ont t dites
partir de lintroduction de tamazight dans le systme ducatif. Le
Haut Commissariat lAmazighit a jou un rle prpondrant en
ditant quelques recueils de nouvellistes jusque l inconnus. Viennent
ensuite les caractristiques de la nouvelle, bien que diffrentes de
celles du conte et de celles du roman, qui sinscrivent dans le genre
(1)
Ont particip cette exprience dcriture : Sadi Kaci avec la nouvelle afus, la
main de Guy de Maupassant, Mme Bouafia ne Yahiaoui Tassadit avec Axlaq,
La cration de Dino Buzzati, Idrici Nabila avec Adeddic n ccfawat, Blessure de
mmoire de Abdelhamid Benhadouga, Tikoubaini Ouiza avec Tazlagt n lwiz, la
parure de Guy de Maupassant, Habi Dehbia avec Lbatel yedran , Mouzarine
Nadia avec Tugdi, la peur de Guy de Maupassant
193
narratif auquel sont habitus les lecteurs. Une dernire raison majeure
ajouter est dordre pdagogique. La ddramatisation de lacte
dcrire ou sa dsacralisation passe par un entranement rgulier et des
encouragements incessants. Cest dailleurs un objectif qui long
terme contribuera la promotion de la langue amazighe.
Dailleurs, les auteurs qui ont opt pour ce type de production
littraire qui se caractrise par sa brivet, sa concision et lefficacit
de son criture ont saisi tout lintrt de sy investir. Certes, le respect
de ses trois caractristiques exige un effort plus soutenu que lorsquil
sagit dun roman. Parmi les nouvellistes dexpression amazighe dont
les publications sont disponibles, citons entre autres, en commenant
par les plus rcentes Sad Chemakh avec son recueil intitul Ger zik d
tura compos de dix nouvelles, Mourad Zimu avec Tikli d tullizin
nniden ( d. HCA) et Ameddakel (d. Achab), puis Brahim
Tazaghart, Kamal Bouamara, Nekni d wiyad, Abdenbi, Djamal
Arezki, Amar Mezdad avec tualin, S. Zenia.
2. Droulement de lexprience
Aprs analyse dun corpus de quelques nouvelles1 crites en
tamazit, nous avons abord celles appartenant au patrimoine
universel rdiges en langue franaise. La slection de ces dernires
tait fonde sur le seul critre de la singularit de leur structure
gnrale que nous nassimilons pas au schma narratif bien connu
avec sa situation initiale, son lment perturbateur, son droulement
de laction et son dnouement ou chute qui est inattendue, originale et
logique par rapport l'ensemble du texte.
Quand nous parlons de structure du texte, nous entendons
lordonnancement, la configuration textuelle ou plus simplement la
charpente gnrale qui englobe en plus les divers procds littraires
investis qui peuvent tre lamplification ou la gradation, lopposition,
lantithse, lellipse narrative, lanalepse, etc.. Notre souci est
dexplorer dautres options dordonnancement, tout en insistant sur
limpossibilit de dresser un inventaire exhaustif car cela voudrait dire
quon enfermerait la crativit dans des frontires qui lui seraient
1
194
(1)
195
2.1.
Degr 1 de la dramatisation
Degr 2
Degr 3
Degr 4
Degr 5
Degr 6
Degr 7
univers trange
Rcit fantastique
rcit angoissant
vnement surnaturel
Lamplification est une figure fonde sur une gradation entre les termes dune
numration ou dans la construction dun paragraphe dans le but de renforcer le
propos. Amplifier, cest dvelopper les ides par le style pour leur donner plus
dornement, plus dtendue ou plus de force . La gradation peut tre croissante
(ascendante) ou dcroissante (descendante) B.Dupriez,Gradus - Les procds
littraires.
(2)
MAUPASSANT de G., La ficelle, in Contes choisis, Classique Larousse, Paris,
196
197
198
En France (Antibes)
Misre
la libert, la richesse
Bonne
Esclave
(Solitude, exploitation harclement, mpris, racisme)
2.2.
199
Conclusion
Notre objectif pdagogique est du reste assez modeste car il ne
sagissait dans cette exprience que de rinvestir dans la production
crite un modle rencontr en lecture. Dautres activits qui offriraient
plus de libert aux tudiants pourraient tre envisages pour
encourager lesprit de crativit et sortir des sentiers battus en
suscitant des vocations dans cette langue qui a besoin de renouveau.
Bibliographie
BUZZATI D. (1967), Le K, R. Laffont, Le libre de poche
MAUPASSANT de G. Contes choisis, classiques Larousse
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africaine, Paris
CHEMAKH S. (2008), Ger zik d tura, tullisin d yedrisen nniden,
Asqamu Unig N Timmuza
200
Tazwert
Tulmist tamezwarut i yezmren ad tettwanefk i tutlayt
tamazit d timawit ief i d-tekker. Seg zik, tutlayt tamazit
tesselat-id timawit, seg tasut er taye, armi tekcem s aerbaz
deg useggas n 1995, anda tettwaselmed yerna tu abrid n tira s
tehri.
Seld mi i d-yella unekcum-ines er Unagraw n Usegmi
Azzayri d uselmed-ines er tama n tutlayin-nnien, asteqsi
tura:
- Amek i d-tegra tulmist-a n timawit deg usemres n
uselmed n tmazit ?
- Addad n uselmed n timawit : gar liala n uselmed-is d
tira i d-yemmalen tala d wamek ara tettuselmed ?
Ma yella-d useqdec n wayen yellan d imawi
(tasalelt timawit) deg wahilen n uselmed n tutlayt tamazit deg
uerbaz Azzayri ?
- Ma tzerrer timawit-a ef taulin-a icudden er
uselmed : tasensegmit, tasnalmudt akked taywalt, atg. ?
- Ma yera-d uzerrer-a s tidet, amek i d-yella, ihi ?
Tiririt ef yisteqsiyen-a, ur nzemmer ara ad d-nerr fellas srid melba ma llant-d tezrawin icudden er waya, d acu kan
ad nere i tikkelt tamezwarut ad d-nerr lwelha n yiqeddacen n
tmazit ef uric-a n timawit ur neif ara ad amiq deg
tezrawin. Ad d-nessuk ti ef uric-a n timawit deg uselmed n
(1)
201
tmazit, ad d-nawi awal ef wayen i yean assa er tmukrista, d wayen yellan d arayan ne d ayen yellan deg wannar n
uselmed yakan. Hatan ihi, uawas ief ibedd leqdic-a.
tamdyezt
(1)
202
203
(1)
204
205
(1)
Tisefki : La necessit
Roulet Eddy. 1991. La pdagogie de loral. In Halte J.-F., integrer loral : Pour
une didactique de lactivit langagire. Colloque Gronoble, 2003. Pp.41-51.
(2)
206
207
208
(1)
209
(1)
(2)
Vido.
Les monologues.
210
B- d uselmed n timawit :
Ma yella deg uswir-a timawit mai d allal kan,
mena d agbur n ulmad yakan. Yessefk ad tettwaselmed s
tarrayt d ugbur ibanen d tsulal ilaqen.
Yakan d wa i d ugur agejdan ief ilaq ad d-yili
umsefham, qbel aeddi er yiswan n uselmed-is.
ef waya, ad naf nekni deg uselmed n tmazit s umata d
udem-nni kan amezwaru ief d-yettili wawal war ma rran azal i
wudem wis sin ief ilaq ad iressi uselmed n tmazit ma neba
ad tennerni deg taulin merra, war ma nurez-it er ulmad-is, d
tutlayt n uerbaz d aya. Ilaq-a daen, ad as- neldi tiwwura er
yal tamusni akken ad nesselmed yes-s timusniwin-nnen : d
tusnakt, d tasnilest, d tasenselkimt, d tujjya, atg, ma neba s
tidet ad as-nefk amiq i tutlayt-a gar tizzya-s i tt-yezwaren deg
tira deg umaal.
- Imusnawen n tutlayt d tsensegmit mmsefhamen akk
belli timawit d aric agejdan deg tsensegmit d taywalt s umata,
mena ugur agejdan i d-yezgan sdat uselmed n timawit d ugur
n tsensegmit-is yakan. Imi tamazit am tutlayin-nnien tesa
uguren n wanta timawit ara yettwaslmden i uqcic deg uerbaz?
D tutlayt yesseqdac deg uxxam, deg twacult-is, ne d tin n
temnat-a ne n tihin ? Uguren-a cudden daen er umcalay
utlayan(1) d uslugen n tutlayt timawit(2) ara yesun ilugan-is
akken ad tettwaselmed. Tamawt da, deg tmazit, aya urad
yakan ur d-yelli fell-as uxemmem ussnan, lada ma ugur n tira
d uslugen-is mazal ur yufi amkan-is. Ugur-a n uslugen n
timawit ur nelli ara yakan deg tilawt d ugur agejdan i dyettqabalen aselmed-is : imi timawit d tisenfal kan yal tasenfelt
iman-is (yella lxilaf deg-s seg temnat er taye, seg yimsiwel d
umseqdec er waye, seg wadeg er waye, atg.). D aya i
yettaan imeskaren n tigawt n uselmed ad ssteqsin ef wanta
timawit ara sslemden i uqcic deg uerbaz ?
(1)
(2)
La variation linguistique.
La normalisation de langue orale.
211
(1)
La phonologie.
La prononciation.
(3)
Le Rythme.
(4)
ROULET Eddy. 1991. La pdagogie de loral. In Halte J.-F.. Intgrer loral : pour une
didactique de lactivit langagire. Colloque Grondable, octobre 2003. : (Autrement dit,
le problme est le suivant : que tout loral et des lves et de la socit pntre dans
la classe. alors, bien sur, chaque enseignant est confront une autre chose quau
problme de la spontanit des lves). P17.
(2)
212
213
Taggrayt
er taggara, ilmend n wayen i newala deg tilawt ef
uselmed n timawit s tmazit d wayen i d-yellan deg tezrawin
tirayanin, nezmer ad d-nerr ef usteqsi n tazwara.
Imi, drus mai, ma mai ulac akkya azerrer-nni
yetturajun ad d-yili : tansayit-nne timawit akked useqdec n
tarrayin d tsullal ara d-yagmen seg yibula-yi. D ayen i
yesswhamen mai, imi neli-d deg ugur-a kif kif d tutlayinnnien n umaal sut tansayt tirawit (am tefransist i -yezwaren
d leqrun er tira). Imi deg tilawt, nekni ur ilaq ara ad d-neli
deg wugur-a imi nesa agerruj ameqqran deg tsekla-nne
tamnsayt timawit.
Yegra-d kan, ad d-nesmekti belli tansayit-nne timawit
tezmer ad tili d agerruj iseg ara d-nagem tarrayin d yigburen s
ara nesselmed tutlayt tamazit. Aya, ad d-yili s useqdec n
tewsatin n tsekla timawit (timucuha yemxalafen s temsirinnsent d taliwin-nsent, isefra s lesnaf-nsen d ccbaa-nsen
izaden, atg. ) ara yettusqedcen daxel n tsulal tisliriyin,
timawiyin. Tineggura-ya, ara as-yefken udem i taywalt n
tmazit : s sin wudmawen-is yettemawanen wa er tama n wa,
akken ad awen as-fken tazmert n usenfali s timawit d tirawit i
unelmad.
er taggara, ilaq ad d-nini belli, ass-a ulac tizrawin
ikemlen ef uselmed n timawit deg tutlayt n tmazit, d ara
kan i nere ad d-nessuk ti ef uric-a yebdan yettaaf
tamert tuffirt deg tesnalmudt n tmazit. S tezrawin kan
214
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Nonnon E. ; 1998. " Activits argumentatives et laboration
de connaissances nouvelles : le dialogue comme espace
d'exploration ", in Langue franaise, pages 67-87.
215
216
Introduction
Conscients de limportance de lcriture et de la lecture, dans
le dveloppement et de la promotion des langues tradition orale, les
acteurs de lintroduction de tamazight (une langue sans tradition
scolaire et sans tradition scripturaire), dans le systme ducatif, ne
cessent, depuis septembre 1995, de miser sur la culture de lcrit.
En effet, ds le dbut du lancement de lopration, toute lattention est
porte sur lcrit, la lecture et la production de textes. Trois modes de
communication susceptibles de permettre cette langue dacqurir des
domaines communicationnels (autres que ceux quelle connat
aujourdhui) o les situations doral et situations dcrit sentremlent
sans cesse.
Le lgislateur, convaincu que cest en lisant quon apprend,
ambitionne parvenir une alphabtisation gnralise dans cette
langue. Il cherche substituer la culture traditionnelle transmise par
ouie dire la culture moderne qui sacquiert par lcriture et la
lecture. Le public vis possde de bonnes bases loral dans sa langue
maternelle. Ce dont il a besoin cest de laider acqurir des
comptences en lecture et en criture dans cette langue.
Comment les activits de la lecture et de lcriture sont-elles
prises en charge dans les pratiques pdagogiques en classe de
tamazight ? Quelles sont leurs rpercussions sur les pratiques
langagires et sur les reprsentations des enquts?
217
218
Rapport oralit/scripturalit
Le rapport entre tamazight et les langues en prsence dans son
environnement est, souvent, perue travers la relation entre loralit et
lcriture. Loralit soppose la scripturalit. Le rapport oral-crit,
note G. Grandguillaume, est analogue celui de la vie et de la mort.
Or la vie et la mort ne sont pas opposes, elles sont
complmentaires ajoute-il sur la mme page (Grandguillaume, 2010:
123). Dans le domaine de la langue, cette complmentarit est
exprime en deux niveaux darticulation distincts : la fixit de
lcriture et le changement de loralit. Le texte est statique, loral est
mouvant.
Traditionnellement, l'oralit caractrise toute socit humaine
qui n'crit pas et qui ne recourt pas lcrit, pour la transmission des
traditions culturelles, ou pour inscrire rflexions, penses et motions
de ses membres. Chaque membre d'une telle socit se sent
responsable de perptuer ces traditions culturelles. L'oralit constitue
le principal moyen de restitution de la mmoire collective transmise
travers diverses expressions (le conte, le dicton, le proverbe, etc.) La
parole mmorise tient lieu dcrit et elle est lobjet dune
transmission comme un dpt, crit G. Grandguillaume
(Granguillaume, 2010 :125).
Toute langue, quelle soit orale ou crite, est alors dpositaire
dune mmoire, transmettrice dune tradition. Mais dans le contexte
de la civilisation moderne, lcriture est source de dveloppement et
219
220
221
222
223
224
Commentaire
Il est connu quau cours de lapprentissage lecture/criture, la
qualit des textes supports, dits aussi textes tmoins, jouent un
rle important et occupent une place privilgie dans ce processus. Ils
reprsentent, pour llve, un modle dcriture et lui offrent des
occasions dlargir sa vision du monde, de partager des ides, des
motions, de sinformer
Au demeurant, la pierre dachoppement laquelle se trouvent,
justement, confronts, aussi bien les enseignants que les lves de
tamazight, est la rarfaction, voire, labsence totale dcrits de qualit
(crits dauteurs), du moins en chaoui, susceptibles dintresser et
dinspirer ce public. Les efforts dploys par les enseignants et les
inspecteurs de tamazight, en matire de confection de textes supports,
sont en de des attentes escomptes, aussi bien en qualit quen
quantit, et ne rpondent pas vraiment aux aspirations des lves.
Mme le choix des thmes de textes supports, en classes de
tamazight, laisse encore dsirer. Lenseignement dune langue est,
certes, insparable de lenseignement de la culture qui sy rattache.
Mais il ny a pas que les valeurs sociales et culturelles du terroir
enseigner. La meilleure approche serait de varier les contenus des
supports pdagogiques entre la tradition et la modernit pour motiver
les apprenants en classes de tamazight.
2- La seconde remarque se rapporte lactivit de la lecture et
de lcriture en dehors du cadre scolaire.
En dehors du cadre scolaire, le choix de la langue relve, en
rgle gnrale, du locuteur et obit sa tendance. Concernant le choix
de tamazight, prs de 87% des rponses exprimes attestent de ne pas
faire usage de ces deux activits en tamazight (lire ou crire en
tamazight) dans leurs usages communicationnels courants, si ce nest
dans un cadre trs restreint (entre eux) et dans des situations trs
limites (envoi dun SMS 7%, ou dun petit mot sur le papier 4% et
un peu moins dans les mails ou sur les graffitis 2%).
225
Commentaire
Lapprentissage de la lecture et de lcriture, en dehors du
cadre scolaire, diffre dune nation une autre et dun groupe
dappartenance un autre. Le milieu socioconomique constitue, en
rgle gnrale, un lment de comprhension essentiel de cet cart.
Ceci quand on a quoi lire. Mais que dire des cas o on na pas quoi
lire ? Non pas dfaut de moyens financiers, mais en raison de la
rarfaction, voire, de labsence de production dcrits dans certaines
langues, notamment les langues minoritaires de tradition scripturaire
rcente. Le cas de tamazight, ou du moins pour la variante chaoui, est
trs difiant ce niveau, pour notre cas.
En effet pour la variante chaoui on dplore un manque flagrant
en matire de production de textes crits. Un manque que certains de
nos enquts expliquent, notre sens, par un cercle vicieux. Les
auteurs et les diteurs amputent le maque de production crite
labsence du lectorat (ils se rfrent ici leur exprience des annes
90 faite leur propre compte). Les partenaires de lcole (lves,
enseignants et inspecteurs) quant eux, dplorent la rarfaction de
production crite de qualit en chaoui, sur le march du livre.
La langue, ainsi quon le sait, est loutil de la pense. langue
pauvre, pense pauvre. Ce qui implique quun locuteur qui ne lit pas,
assez souvent, ne peut possder, dans sa tte, une langue riche de
lexique et de structures. Du coup il est incapable de lire et/ou de
produire autre chose que des textes trs sommaires.
Labsence de lexercice dune pleine utilisation de tamazight
comme moyen de communication oral et crit, aussi bien dans lusage
courant que dans les usages communicationnels formels, continuera,
de toute vidence, entraver lopration dalphabtisation dans cette
langue, en raison du manque doccasions de mettre en pratique ce que
llve a ingurgit dans le cadre scolaire. Et par consquent, mme si
llve, crivent L. Porcher et V. Faro-Hanoun, est scolairement bon
en langue, nest pas de ce simple fait, efficace dans lusage concret de
la langue apprise. (Porcher & Faro-Hanoun, 2000: 9) Ceci
contraindra, subsquemment, le locuteur amazighophone scolaris
226
227
Conclusion
Pour conclure nous disons quafin daider les lves devenir
des rdacteurs comptents et autonomes, les pdagogues proposent de
les aider dabord tre des lecteurs comptents et autonomes. Cette
faon de procder, qui met en corrlation la lecture et lcriture,
activit de comprhension et activit de production, est susceptible de
faire, progressivement, de llve un lecteur/scripteur autonome.
Lenseignement du vocabulaire et ltude des conventions
linguistiques ne favorisent pas eux seuls cette autonomie.
Si lon veut que les lves aboutissent des rsultats
satisfaisants, en matire de lecture et dcriture, il est suggr de
diversifier les supports pour diversifier leurs lectures afin de leur
permettre dacqurir et de dvelopper leurs comptences
communicatives sociales et cognitives.
Pour ddramatiser la situation dcriture, lenseignant fera
vivre ses lves des situations fonctionnelles de productions d'crits,
en dveloppant les comptences mises en jeu dans de pareilles
situations. Il leur fera prendre conscience, progressivement, des pas
quils franchiront chaque production, et fera merger en eux le
sentiment de fiert des crits produits et de confiance en leur capacit.
Cette mthode pourrait contribuer susciter la motivation de lire et
dcrire chez les lves et attnuer la situation anxiogne que
soulve, bien souvent, lcrit en leur milieu.
A lcole la lecture voix haute existe, certes, depuis des
temps immmoriaux et constitue un exercice darticulation et de
prononciation trs pris par les enseignants de langue. Pour en faire,
aujourdhui, un entranement lexpression orale, il serait
prfrable de donner cette activit une dimension communicative.
Ce qui prsuppose travailler lexpressivit, la gestuelle, le regard, et
donc les paramtres linguistiques et non linguistiques de l'oral.
En labsence despaces amnags dans les tablissements
scolaires, qui permettent aux lves davoir accs aux supports crits
varis (les bibliothques et les salles de lecture), lidal serait de
228
Notes
(1)
- Le principe de la territorialit qui sappuie sur le fait
quil est ncessaire quune langue prdomine sur un territoire pour
assurer sa survie.
-
229
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Stratgies de la lecture au primaire. Rapports de la table ronde des
experts e
n lecture, Ontario, 2003. http//www.edu.gov.on.ca. consult le
24/01/2013.
230
Loral et lcrit :
carts et influences mutuelles.
Dr. Moussa IMARAZENE
Universit Mouloud MAMMERI
Tizi-Ouzou.
Avec lintroduction de la langue amazighe dans les mdias et
le systme ducatif national algrien, celle-ci sintroduit dans un
terrain nouveau o elle se retrouve presque dans une situation
paradoxale face sa version crite : ce sont les nombreux carts
quaffiche ce rapport entre loral et lcrit.
Seulement, malgr tous les obstacles rencontrs actuellement
et les efforts fournis pour y remdier, ce rapport problmatique est
loin de sachever car plus on avance dans le temps et plus
lenseignement de tamazight stale dans lespace ( travers
diffrentes rgions de la Kabylie et autres), plus les carts apparaissent
entre ces deux codes jusqu atteindre ce jugement existant dj
ailleurs avec dautres langues : la bonne langue (lcrit) et la
mauvaise langue (loral) tout en sachant que la langue crite, qui
ntait pourtant pas tamazight dans la socit kabyle (ctait plutt
larabe et aussi le franais, par la suite), tait rserve certaines
classes de la socit ; Cela leur offrait un statut de prestige ; Cest,
dailleurs, le cas depuis la conqute de lAfrique du Nord par la
Phniciens o certaines tranches de la socit amazighes arrivaient
avoir des privilges avec la matrise de la langue de cet envahisseur en
plus de leur propre langue Pour le cas de la langue amazighe, il y a
dj un double processus qui sest enclench avec un autre jugement
qui tend se dvelopper de plus en plus, savoir : celui de la langue
haute qui est le tamazight avec tout ce quil affiche comme
nologismes et productions tranges et trangres, et la langue
basse qui est le kabyle que pratique tout kabylophone en toute
simplicit avec toutes ses carences lexicales. Cest peut-tre l, entre
autre, lune des consquences de la sous-estime de soi et du complexe
dinfriorit linguistique que le locuteur dveloppe avec son sentiment
dinfriorit sociale et raciale en tant quternel domin et colonis.
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Introduction
A l'oral, la voix monte, descend, observe des temps de pause,
des arrts, A l'crit, toute cette richesse inhrente la voix n'est
plus(1). Nous devons lemploi de la ponctuation pour la premire fois
aux trois grammairiens et dirigeants successifs de la grande
bibliothque d'Alexandrie au IIIe et IIe sicle avant J.-C., Znodote,
Aristophane et Aristarque(2).
Les dfinitions de la ponctuation sont nombreuses et diffrent
dun auteur lautre et dune poque lautre. Elle tait considre
dabord comme un art de distinguer entre les phrases et leurs sens
(Littr), puis un comme un Systme de signes graphiques qui, pour
la plupart, indiquent les pauses marquant les articulations logiques du
discours crit, les variations d'intonation, les changements de registre
observer dans la lecture, etc. (3). Selon ces derniers, la ponctuation
peut tre considre comme faisant non seulement partie de
l'orthographe, mais encore de la syntaxe, dans la mesure o elle
concourt assurer l'ordre, la sparation, ou l'union des constituants de
l'nonc, la liaison et les rapports entre les mots et les ides.
Les dfinitions de la ponctuation sont nombreuses et diffrent
dun auteur lautre et dune poque lautre. Elle tait considre
dabord comme un art de distinguer entre les phrases et leurs sens
(Littr), puis un comme un Systme de signes graphiques qui, pour
la plupart, indiquent les pauses marquant les articulations logiques du
discours crit, les variations d'intonation, les changements de registre
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5- 2- Une numration.
Deg useggas llan 12 n wagguren : yennayer, furar,
meres, yebrir, mayu, yulyu, yunyu, uct, ctember, tuber,
number d dujember.
5- 3- Une opposition (remplace maca ) :
Yewwi wuccen taylut. Deg webrid yesgunfa, yefsi-yas
iciddi : yeffe-d er-s wuccay, yerki-t, yesxenzer-it irkel(1).
(Extrait du Recueil de Brahim Zellal Le Roman de chacal ).
5- 4 - Une explication.
Rgagint tgecrar-is, iulfa s tugdi tedla ar tgecrar-is
yettzellizen : amer d yiwen deg yirfiqen-is i yea leber ?
(Extrait du Roman Salas d Nuja de Brahim Tazaghart).
5- 5- Une consquence.
Uffan-d aan-is, ur yeshil ara : ma ulac akkya, ad dteseddi aggur deg ssbiar !
5- 6- Une cause.
Yuen tumest-is : ur igin ara kra yekka yi.
Le chacal prit le sac. En chemin, il sarrta pour souffler et lentrouvrit pour jouir
de la vue de sa rcompense. Le lvrier bondit, el roula dans la poussire et lui porta
force coups de dents.
(2)
Si le complment est un indicateur de thme, une pause sensible est ncessaire
entre lui et nonc nominal minimal (Nait- Zerrad, K., 1996 : Grammaire du
berbre contemporain (kabyle) : II- Syntaxe, Ed. ENAG. Alger, p.86).
242
Inu, wexxam-a.
Axxam-a, inu.
6-2- La virgule sert isoler le complment de phrase.
Yekcem, tameddit, Meqqran s axxam.
Yekcem Meqqran, tameddit, s axxam.
Tameddit, yekcem Meqqran s axxam.
Remarque : Lorsque le complment de phrase est plac en fin de
phrase, il ne doit pas tre isol par une virgule.
Yekcem Meqqran s axxam tameddit.
6- 3- La virgule sert isoler le complment explicatif de la
phrase (elle a le mme rle que les parenthses), ou isoler les
lments en apposition.
Cacnaq, agellid ameqqran n Yimazien, yekcem
er Maser deg useggas n 950 send tallit n Sidna isa.
Dahbiya,
yiseggasen.
tamdakelt-iw,
243
Remarques
1- On peut omettre certaines virgules lorsquil y en avait dj
une aprs.
Yessawel-as maca, imi yella yerfa fell-as, ur s-dyerri ara awal.
2- Si le coordonnant qui sert dnumration la est rpt
trois fois ou plus, on met une virgule partir du deuxime
coordonnant. Sinon, on ne met pas de virgule.
Deg Fransa, ulac la baba-k, la yemma-k, la gma-k,
ttkel anagar ef yiman-ik.
6-6- La virgule peut servir quelque fois remplacer un mot
ou d'un groupe de mots omis (ellipse).
Axxam-iw yuli. Ayla-k, werad.
Mend ixeddem deg Lezzayer ; Muend, deg Bgayet.
6-7- La virgule sert isoler un marqueur de relation en dbut
de phrase.
Hah kan akka, ibeddel wudem-is.
Din din, ibeddel rray-is.
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(1)
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Extrait du Roman Mmis n Ugellil , traduit par M. Ould Taleb, HCA. p. 22.
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Conclusion
Par ce modeste travail, je souhaite avoir contribu asseoir
une ponctuation pour la langue amazighe. Cependant, le
dveloppement des tudes de la syntaxe amazighe et le
dpouillement de beaucoup de textes, que ce soient littraires ou
scientifiques, crits en amazighe permettront de mettre en relief,
dune manire exhaustive, toutes les situations dutilisation de
chaque signe de ponctuation, notamment la virgule.
(1)
partir du grec alpha et bta, nom des deux premires lettres en grec . Neveu
F., 2004 : Dictionnaire des sciences du langage. Armand-Colin, Paris. P. 25.
252
Bibliographie
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(Que sais-je?).
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Guery L., 2005 : Dictionnaire des rgles typographiques. 3e d.
rev. et augm. Paris : Victoires.
253
254
Ramdane Boukherrouf
Universit Mouloud Mammeri
Tizi-Ouzou.
(1)
Il convient juste de signaler que ce conte est une variation du conte Tafunast
igujilen .
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(1)
257
258
Conclusions et perspectives
Au terme de notre petite tude portant sur le signe
typographique de la virgule dans le conte sin igujiken dakniwen,
nous avons dgag que lauteur a uniformis la ponctuation lors de la
transcription de son texte. En effet, nous avons remarqu que lauteur
a employ la virgule dans des contextes syntaxiques stables. En outre,
tout les emplois de sa ponctuation(virgule) concident avec les
frontires syntaxiques des noncs: indicateur de thme, coordination,
interjection apposition et les monmes et les syntagmes autonomes.
En comparant les travaux portant sur la prosodie en
berbre(cf. II) et la ponctuation de notre corpus, nous dirons que la
ponctuation serait la transposition des faits de loral dans le texte crit.
Cependant, nous nous pouvons pas confirmer cette hypothse. Pour
pouvoir confirmer ces remarques, il faudrait les verifier dans un
corpus plus long.
259
Bibliographie :
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Mmoire de Magistre, Universit Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou.
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Challah S(2004) : Le rle de lintonation entre en syntaxe. Etude
de cas portant sur lopposition de ltat(analyse intonosyntaxique de
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Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou.
Grevisse M. (1980) : Le bon usage- grammaire franaise avec des
remarques sur la langue franaise dAjourdhui, Duculot.
Mettouchi, A. (2003) Focalisation contrastive et structure de
l'information en kabyle (berbre), Mmoires de la Socit de
Linguistique de Paris, PP. 179-196.
260
Introduction :
A loral, cest le ton et le rythme de la voix associs aux
contextes qui nous permettent de prciser la smantique des noncs,
donc didentifier les fonctions et les relations syntaxiques. Ces
lments extralinguistiques allgent certaines contraintes syntaxiques
et morphosyntaxiques qui, en cas de glissement, sont facilement
rcupres et replaces par le ton et le rythme donns chacun des
lments.
A lcrit, par contre, labsence du contexte et de ces lments
prosodiques, impose une rigidit dans la structure syntaxique des
noncs, accompagne dune ponctuation oriente par les fonctions
syntaxiques et les relations smantiques.
Les marques de ponctuation ne sont donc pas des signes
insrs en rfrence aux types de pauses tonales, mais chacune est
conditionne par des caractristiques syntaxiques et/ou smantiques
qui devraient faire en sorte que les marques sexcluent mutuellement
dans un mme contexte.
Dans notre article, nous nous interrogerons sur linfluence de
loral sur lcrit en ce qui concerne les marques de ponctuation et
inversement tout en examinant les fonctions et les valeurs smantiques
de la ponctuation en linguistique ainsi que les principes de
segmentation oprs laide de ces marques. Par ailleurs, nous
traiterons galement la flexibilit et la fragilit de cette ponctuation en
passant de loral lcrit.
261
262
, la imekli ,
la imensi.
263
/aqcicira/
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(1)
(2)
(3)
Yuraweqcictabrat.
Yuratabratweqcic.
Yuratabrat, aqcic.
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266
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268
(2013 : 126) elle est utilise comme morphme de filiation mais pas
exclusivement, on peut partager ses usages en trois types : indicateur
de filiation dans les noms de familles [At Belqasem], indicateur de
filiation et/ou dhabitant dans les ethnonymes [At Welis] et dhabitant
dans les noms de lieux [At Tubiret] .
c. Les choses se compliques encore un peu plus avec des noms
comme Ait Mansour, Ait Aissi, Ait Abbas, Ait Laziz, [l] on ne sait
pas si on a affaire des familles ou des ethnonymes dsignant les
tribus connues respectivement sous ces noms, dans ce dernier cas le
nom rfre aussi bien au peuple quau territoire. Le nom de lindividu
(ou de lhabitant) est form par ladjonction du morphme berbre de
nominalisation : pour le masculin on ajoute a (ou bien u dans certains
cas) linitiale du nom et on obtient Amensuri, Aisi, Aebbasi, pour
le fminin on rajoute au nom masculin deux t, prfixe et suffixe, et on
aura Tamensurit, Taisit, Taebbasit. Le pluriel est form par les
mmes schmes que pour les noms communs : Imensuriyen, Iisiwen,
Iibbasiyen pour le masculin et Timensuriyin, Tiisiwin, Tiebbasin ou
Tiebbasiyin pour le fminin. (Tidjet, 2013 : 126)
d. Mais elle se combine galement avec des noms communs at
taddart, at uxxam, cest probablement dans ce seul dernier cas que la
minuscule est justifie.
Le morphme u
En plus de linstabilit qui caractrise la notation de ce
morphme lcrit, nous pouvons ritrer quasiment toutes les
remarques que nous venons dnumrer pour la particule at.
Cest un morphme berbre pouvant indiquer la filiation(1) ou
lappartenance, il est dans ce cas le singulier de Ait/At, ou ltat
dannexion des noms en position de subordination, comme on peut le
trouver au dbut du deuxime composant de certaines formes
composes de prnoms.
(1)
269
270
nous avons tous les noms propres pour lesquels une simple volont
politique suffit pour changer la donne et les patronymes qui sont
quasiment intouchables car lcriture des anthroponymes posent des
problmes concrets : dans la vie quotidienne et en raison des usages
administratifs dj bien tablis, la prfrence va une notation globale
des composantes, ft-ce au dtriment de lanalyse et de la smantique
explicite. Lindividu par exemple, qui crit son nom Watanoufen
depuis longtemps, patronymisation dun surnom, nest pas tent par la
dcomposition en wa-tn-ufn celui qui les surpasse , mme si cette
dnomination est plutt logieuse. (Aghali, 1999 : 240).
1. Les patronymes : cette frange est compltement dnature
par ltat civil instaur par la France en vertu de la loi du 23 mars
1882 qui a rendu le port du patronyme obligatoire pour tous les
algriens et a fix dfinitivement son orthographe, cest ainsi quils
sont compltement dtach de la ralit du terrain, et beaucoup de
citoyens nassument pas, aujourdhui encore, leurs patronymes. Entre
autres raisons, nous pouvons citer :
- La cration dun nombre important de ceux quon dsigne
par les handicaps de patronymes, ce sont tous ces noms dvalorisants
(kelb, khra, bouzbel, khmadj), ou carrment tabous (Kabi, hettaya,
djahnit).
- Limposition des toponymes comme noms de familles, une
tradition valorisante dans la culture franaise mais qui ne lest pas
dans la culture algrienne ;
- Limposition du systme alphabtique dans certaines
localits, o il tait imposait chaque village de navoir que des noms
commenant par une lettre alphabtique donne, induit la cration de
noms qui nont quune existence fictive ;
- Dans le meilleur des cas, il a t procd une adaptation
morphologique, souvent une arabisation formelle par ladjonction des
morphmes comme ben, bou et plus souvent encore le morphme de
la nisba arabe i. Or une simple altration du nom de famille fait perdre
ce sentiment symbiotique entre un nom et son porteur. Nous avons eu
vrifier que la transformation du nom at mer en Awemer, qui est
pourtant un simple singulier morphologie berbre du mme nom,
suffit pour que des personnes refusent dassumer leurs noms.
271
272
(1)
273
par tous les moyens) du pays a non seulement adopt les travaux
prcdents(1) mais elle a perptu les mmes pratiques.
Enfin, et en guise de conclusion, nous esprons que des
linguistes portent une attention particulire cette portion importante
de la langue. Il est temps de rflchir une notation cohrente et qui
tiendrait compte de tous les aspects inhrents lorthographe et aux
noms propres. Bien il serait trs utile de tenir compte des expriences
passes, notamment franaises, ainsi, pour le trait dunion par
exemple, nous pouvons garder une rgle tablie en franais :
Conformment aux rgles de lcriture de la langue
franaise et la normalisation admise par les organismes chargs de la
cartographie de par le monde, les constituants dun lment spcifique
dun toponyme administratif sont relis toujours entre eux par un trait
dunion. Les noms composs de wilaya, de commune, comportent
toujours un trait dunion. Exemple : Commune de Ouled Sidi-Daoud,
Larba Nath-Irathen, Bordj Badji-Mokhtar. Llment spcifique dun
toponyme nest jamais li llment gnrique par un trait dunion.
Exemple : Hammam Guergour. (Atoui, 1998 : 75)
Par contre la rgle qui stipule qu un nom propre commence
toujours par une majuscule est problmatique pour le cas de
tamazight. En effet, cest quoi le dbut du nom propre ? Sagit-il
de la premire lettre du nom ltat libre ? Quand il se retrouve
ltat dannexion, doit-on conserver la lettre majuscule (Akli, wAkli) ?
Et les mots pour lesquels linitiale change avec ltat dannexion ? Ou
bien doit-on transfrer la majuscule sur lindice de subordination
(Wakli) ? Ne pouvons-nous pas imposer une forme crite unique aux
noms propres quelque soit leur fonction dans une phrase ?...
(1)
274
Bibliographie
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lcriture, imedyazen dition, Paris.
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Mammeri Mouloud, 1990, Tajerrumt n tmazit
taqbaylit)/Grammaire berbre (kabyle), d. Bouchne, Alger.
(tantala
275
276
(1)
Cet article est paru dans Baumgardt U., Derive J. (dir.), Littrature africaine et
oralit, Actes des Journes dtudes de l'APELA (Jeudi 23 et vendredi 24 septembre
2010, Paris, INALCO / LLACAN), Paris, Karthala, 2013. Il est ici reproduit avec
laimable autorisation des diteurs scientifiques.
(2)
Cit par Ren Basset dans Contes populaires berbres, p. III.
277
(1)
(2)
278
279
(2)
280
281
282
Op.cit., p. 44
283
moins en moins auprs des jeunes gnrations qui ont tendance sen
dtourner. Cependant depuis la floraison des maisons dditions en
Kabylie, la collecte des chants religieux traditionnels est devenue un
crneau commercial, si bien quil existe des enregistrements sur cd et
dvd. Grce ces supports, les chants vivront plus longtemps. Mais
leur fixation ne va pas sans consquences sur leur forme traditionnelle
: la perte du rituel qui les accompagne les amoindrit coup sr.
Dautre part, leur passage dune sphre spcifique (le sacr) un
espace commercial profane risque de les dfaire de leur spcificit. Le
genre Adekker inspire titre individuel des chanteurs verss dans la
posie mystique. Ainsi, Si Moh reprend larchitexte de ce genre et le
recre sous forme de zaoua(1). De son ct, Brahim Izri, lui-mme
ayant grandi dans une confrrie dont son pre tait responsable,
reprend les chants religieux traditionnels, qui, dit-il, ont berc son
enfance, et les modernise sur le plan musical.
Le devenir de la joute oratoire dans le cadre de la nolittrature est intressant observer. Dnomme amezber, elle a
traditionnellement lieu durant les ftes de mariage entre deux
potesses appartenant aux deux familles, du mari et de la marie, et
durant lesquelles chacune vante son clan. Dans un rcit rapport par
Pre Genevoix dans Monographies villageoises (1995), on apprend
que les joutes peuvent aller jusqu' la rupture du contrat matrimonial.
Dsormais, les joutes ne sont plus pratiques ; en revanche, elles
apparaissent sous une nouvelle forme chez les plus illustres des
chanteurs kabyles contemporains. De manire diffre, et par pomes
interposs, ils se lancent des charges voiles sous la mtaphore, sur
des questions d'actualit politique... La joute dans sa nouvelle forme
est le lieu d'un renouvellement de la langue tant donn que chaque
partie est somme de trouver la bonne parade. Elle se distingue de la
forme traditionnelle dans la mesure o elle engage un individu (une
subjectivit) alors que dans sa forme ancienne elle engageait toute la
collectivit et les potes(ses) taient les porte-paroles de leurs clans
respectifs.
Les comptines traditionnelles, peu connues des jeunes
gnrations, sont galement ractualises dans la chanson moderne.
Genre traditionnellement fminin, il est dsormais le fait autant des
(1)
284
hommes que des femmes (Idir, Malika Domrane, etc.). Les textes de
certaines comptines sont repris ex nihilo alors que d'autres sont soumis
des modifications apparentes (ajouts de vers, changement
thmatique...). La reprise peut parfois obir une logique subversive.
Ainsi, Si Moh reprend le modle de la comptine des fins satiriques.
Sous couvert d'un discours enfantin, le pote-chanteur critique la
manire dont les adultes lvent aujourd'hui leurs enfants. La chanson
"Soso" s'apparente ainsi une comptine pour adultes. Dans tous les
cas, la diffusion des comptines sur cd est un moyen trs efficace de
transmettre la langue kabyle, notamment en milieu dmigration.
L'izli semble avoir trouv dans la chanson d'amour moderne
son prolongement logique. C'est un genre potique thmatique
amoureuse (voire rotique), chant par des femmes entre elles (espace
restreint) pour exprimer, l'insu de leurs poux, leurs dboires
affectifs et extrioriser leur vie intrieure (Yacine, 1988). Son
intgration dans la chanson et sa diffusion par le biais des supports
technologiques (cd et cassette) brisent les contraintes traditionnelles :
dun ct, il devient mixte, en tant chant la fois par les femmes et
les hommes ; de lautre, sa rception nest plus restreinte au public
fminin.
Contrairement certaines traditions africaines o le chant se
mle au conte et fait partie de la performance, le conte kabyle n'est
jamais chant. Or, les chanteurs modernes puisent dans la tradition et
reprennent des contes qu'ils narrent dans une version chante, portant
souvent le titre du conte (ex. Tamacahut n Zelgum, le conte de
Zelgoum, chant par Meksa), et dans laquelle parfois s'alternent prose
et posie. La chanson fonctionne ainsi, l'image du roman dans la
littrature crite, comme un genre omnivore (Bakhtine, 1978) : elle
intgre en son sein tous les genres traditionnels, crant de la sorte une
continuit avec la tradition orale. Ce qui expliquerait qu'elle soit le
plus prise des genres de la no-oralit.
Une autre facette de la no-oralit, qui retient lattention, est
ladaptation en kabyle de films et de dessins anims et leur diffusion
sur dvd, une pratique trs rcente mais visiblement fconde, qui reoit
lengouement du public. Ladaptation de Lge de glace et de Shrek,
pour ne citer que deux exemples, constitue un vnement littraire en
Kabylie mais aussi auprs de la diaspora kabyle. On remarque ainsi
que ces adaptations sont, avec la chanson, le genre le plus demand.
La rception de cette nouvelle forme orale contraste de manire
285
286
Conclusion
De par la vulgarisation rapide des moyens de communication
modernes, la mutation de l'oralit traditionnelle est invitable. Certes,
on mesure quel point il y a des pertes dans la tradition orale kabyle :
travers les genres qui s'essoufflent, les vieillards (relais) qui quittent
le monde d'ici bas et qui emportent avec eux des rpertoires parfois
entiers de cette tradition. Nanmoins, l'avnement de l'oralit
mdiatise et de la no-oralit ne peut tre que salutaire. Menace de
disparition, la tradition orale y trouve son prolongement et un lieu
propice son renouvellement.
Rfrences bibliographiques
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Chaker, 1987, Une tradition de rsistance et de lutte: la posie
berbre kabyle un
parcours potique, in Les prdicateurs
profanes au Maghreb, Revue du monde
musulman et de la
Mditerrane N51, Edisud, Aix-en-Provence.
Decourt, N., 1995, Contes maghrbins en situation interculturelle,
Karthala, Paris.
Genevoix, H. 1995, Monographies villageoises, T.1 Ath Yanni et
Taguemount Azouz, Edisud, Aix-en-Provence.
Hanoteaux, A., 1867, Posies populaires de la Kabylie du
Djurdjura, Adolphe Jourdan, Paris.
Mammeri, M., 2001, Pomes kabyles anciens, La Dcouverte
(rdition), Paris.
287
288
289
290
origine pour tous les genres de loralit. Esprons ne pas trop trahir la
littrature orale amazighe par cette traduction.
Il tait une fois un homme qui avait beaucoup de terrains et
beaucoup dargent. Il fut envi par tout le monde y compris par les
hommes. Trois femmes dsirrent se marier avec lui pour sapprocher
de ses richesses. La premire lui promit de lui prparer de la pure des
fves partir dune seule graine. La deuxime lui promit de lui
prparer du pain de bl partir dune seule gerbe. Quant la
deuxime, elle lui promit de donner naissance un bb avec une
pice de monnaie sur le front. Quelques jours passrent, lhomme
dcouvrit que les deux premires femmes ne purent accomplir leur
promesse. Il dcida de ne pas les pouser. La troisime lui donna
naissance comme promis un enfant marqu par une pice de
monnaie sur le front. Content, il dcida de lpouser. Les deux autres
se dchirrent de jalousie et rflchirent sur la manire de se venger.
Elles couprent un doigt au petit garon et le donnrent sa mre qui
commena le sucer. Elles dirent lhomme que sa femme mangea
son fils. Quand il (lhomme) arriva, il fut surpris de voir sa bouche
pleine de sang et crut ce que les autres femmes lui dirent. Il dcida de
la mettre en prison et la condamna de porter pour toujours la peau de
veau et de manger dans une jarre avec les chiens. Contentes les deux
autres femmes lui volrent le petit garon. Des jours passrent, le petit
grandit et devint un homme. Un jour il dcida de retrouver sa mre. Il
rassembla un lion, un loup et une chvre et sengagea dans la
recherche de sa mre. Tous les gens qui le rencontrrent ne
manqurent de stonner de ce quil put rassembler. Lui, il rpondit et
rpta la mme chose : la femme qui mangea son fils, la femme qui
mangea son fils . Lenfant parcourut tous les champs et toutes les
forts et finit par trouver sa mre qui fut dans une situation dplorable.
Ils sembrassrent tous les deux et pleurrent. Lhomme (le pre)
arriva pour vrifier si la femme navait pas pris fuite. Il fut bahi,
quand il reconnut son fils grce la pice de monnaie quil avait sur le
front. Il lembrassa et demanda sa mre de retirer la peau du veau
quelle avait prise. Il lui donna de beaux vtements. Lhomme partit
la recherche des deux autres femmes quil trouva caches dans une
fort. Il les condamna porter pour toujours la peau du veau et de
manger dans une jarre avec les chiens.
Sans le recours donc ce conte dans son intgralit pu en
moins son rsum comme cest le cas ici, il est impossible de
comprendre le proverbe, raison pour laquelle nous estimons que ces
deux genres de la littrature amazighe signifient mais ensemble.
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Salim LOUNISSI
Universit Akli Mohand Oulhadj,
Bouira-Algrie
Tazwart :
Tamazi$t ur telli ca n wass-a, si zik d tanesba$urt s wayen
tesa, lad$a deg ta$ult n tsekla; ayagi yemmeslay-d fell-as iben
Khaldoun d wiyav, yellan d inagan $ef tegti n tewsatin yeqqnen
srid $er timawit. Tanekta n timawit-a tettu$al-d yal tikkelt mi ara
d-nadder tiwsatin n tsekla (inzan, lemun, timucuha,
tamedyazt..atg).
Aas i iruen di tatut yerna ayendin i d-yegran d imawi
kan, $er yimezi$en, awalya (surtout) deg u$ir n yicawiyen, acku
yella wacu yettwarun seg tsekla-agi timawit tanesba$urt, lad$a
tin n taqbaylit d tcelit, $ef wakken i d-yenna Haddadou M.A:
[...], il existe, dans toutes les regions du monde berbre, de
riches littrature orales, dont certaines, notamment en Kabylie et
en pays chleuh, ont t transcrites [...] (1).
Timawit d tarselt, d tagejdit deg tudert n umdan n
Wawras, timawit llsas-is d awal (parole), acku seg yimi $er
umeu$, seg tsuta $er tayev, seg tasut $er tasut tewwev-d
tutlayt, tegla-d yid-s s gut n : tmucuha, inzan, tisbirin d
yisennila(2) s umata. Akka i d-tedda tmussni n yimezwura, maca
timawit ur tefrin imawlan-is, yal yiwen s u$anib ines deg tutlayt,
acu kan llan widen i d-yufraren $ef wiyav deg uswir n tullsa d
ugemmen d ccfawat $ef wayen i as-d-yettwannan.
(1)
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1)Tamedyazt:
Tamedyazt n Ayt Wawras, al ass-a teqqim di timawit
nettmagar-itt-id deg wansayen, tifaskiwin d yal mi ara d-tili
tme$ra, ma d tamedyazt n tlawin, cennunt-tt yal ass acku
tetteddu d leqdicat nsent, yerna s umata d tameut i$ef tebna
tewsit-a acku amur ameqqran n tlawin ticawiyin ssnent ad cnunt,
llan ula d tid i d-yessnulfuyen i yesselmaden timeca, erzent
tigemmi tadelsant akken ur tettruu ara di tatut, $ef tikti-a tennad Hamouda Naziha: pratiquement toutes les femmes de
lAurs sont concernes par la production et la transmission de
la posie et, ce faisant, elles participent pour une grande part
maintenir et perptuer lhomognit du corps social et de la
culture. Elles portent la responsabilit du patrimoine culturel,
elles lenrichissent, le font circuler et vivre (1).
(1)
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297
Amedyaz/amedda:
Tamedyazt ta$erfant deg u$ir n Wawras rzen-tt ula d
irgazen, maca dersent tezrawin fell-as, ula d inagmayen
icawiyen ur as-fkin ara azal i tuklal, $as akken amedyaz ar ass-a
yesa leqde meqqren di tmetti, acku si zik win yetteddiden
awal ttwalin-t madden d amussnaw, anda ma yedda sellen-as
madden, reffden fell-as ayen i d-yeqqar, yugra-d yisem-is $er
yimazi$en n Merruk (amedyaz/imedyazen), maca $er yicawiyen
ibeddel yisem yu$al d (amedda). Amedda yeggur wed-s
ni$yella mani iteddu netta d yio ne$ sen ssemrasen allalen n
uawan.
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Amrir :
Deg Wawras, yella wanaw nniven d yimedyazen, neqqarasen imariren, d asget n wawal (amrir le sage), anamek ines
d win yewan leqel d tmussniicennu wed-s, yettawi-d
isefra $ef yisental yemgaraden, acu kan ttmeslayen-d $ef tilawt n
umdan acawi (iulfan, i$eblan d yinezgam). Seg wid i d-yufraren
di enf-a d isa Ajermun$as akken tamedyazt ines ur telli
akk s tcawit, maca yessawev yessekles aas n si tmedyazt ines
(seg useggas n 1932).
Amrir $er yicawiyen ireffed abendayer $ef tayet ines,
akken ad d-yerr ut amek Yuma (akken ilaq), yerni ad yawev
$er lebid, nig waya amrir yetteffer udem-is s ccac akken ur
thellek ara ta$ect-is.
Alali:
D tamedyazt yettwacnun, tettwassen aas deg u$ir n
Wwras n Nmamca (Inemmuciyen) d Wayt erkat, mesub di
tama n usammer n Wawras d cra n temnavin di Tunes, si
tulmisin ines:
- D anaw i cennun yirgazen, am waken i t-cennunt
tsednan.
- D tamedyazt i icennu yiwen kan.
- Ibeddu di tuget n tegnatin s wawal (yyay... yyay),
yerwes (el mewwal) s tarabt.
Anaw-ayi d aqdim nezzeh, yettwassen di$ s yisem n
(Rekuki), tufrar-d deg-s tnaurt Beggar edda.
Nezmer di$ ad d-nini, anaw-agi yerwes izlan
yettwassnen di tmurt n Meuk.
Arawi:
Awal arawi d arbib, yekka-d seg yisem: ara, ra i ilan
anamek ( aged yulin aas $ef tmurt/ taqacuct), d asefru d
ameyan, yettales-it umeksa ne$ d amaaw deg yixfawen n
yidurar, yerwes acewwiq di tmurt n leqbayel.
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Ieaben (aebi):
Nehni d tmanya (8) n yudan ne$ d setta (6), bean iman
nsen $ef sen, ttemqabalen; yio seg-sen ireffed abendir, ttawin-d
timdawlin (strophes) n yisefra. Beddun ccna s war amendayer,
yerni s wanya yersen ne$ s ta$ect yudren. imezwura ad d-inin
afir, tarbat i ten-d-iqablen ad d-rren fell-asen u ufir niven,
imezwura qqaren-asen izerraenma d ineggura qqaren-asen
ixemmasensyidin ad bdun ssalayen ta$ect ad yerni ubnadri
ad asen-yawi anya i ilaq ad vefren, iyya cennun, wiyav ttarran-d
fell-asen ttruan ttassen-d, ttezzin deg unnar, ur ttaafen ara
yiwen n umkan, akkenni alamma ssulin.
Anaw-aya yella $er yirgazen s tuget, maca ula d tilawin
xeddment aebi daxel n uxxam, awalya deg yiv n yisezvan d
taayin (sin wussan uqbel tame$ra). Yella mani ddukkulen
yirgazen d tsednan.
Ireddasen:
D tamedyazt cennun-tt yirgazen ddukklen am uebi,
maca mgaraden. ireddasen d anaw yesan kra n tulmisin, segsent:
- D anaw yerzan irgazen kan,
- Ur ssemrasen deg-s allalen n uwan,
- Anya ines xeddmen-t-id yicennayen s yivarren nsen,
syin d$a i d-yekka wawal areddes, ireddasen: d tiyyita n uvar di
tmurt.
- Ayna di tazwara yettili s ttawil, ay, maca skud
cennun skud tt$awalen, alma dayen ur zmiren ad rnun deg
wanya, syin ad yebes $ef tikkelt din-din.
- Isefra nsen ttilin deg-sen aas n tseddain (timdawlin).
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Isebbaen:
D asget n wawal asebba, win yettsebbien, seg yisemaya ad nakez d akken d wid i yettawin $er temsal n ddin.
isebbaen ttilin s uku n seddis (4/6) n yirgazen, isefra nnsen d
awal yeqqnen $er tesrevt, d wayen i yis-s yettamen umdan, seg
yiman d tnefsit, d lxir d cce $er tmes d temsunt (ljennet), rnu
$er-s taallit..., mesub ayen yerzn libada d udekker, s
yiberdan-is yeftin, amedya: abrid n tqadirit, tatioanit,
taremanit...atg.
Assa$en d ameqqran akked d zzwi d tememmrin d
tmezgidda, acku din i nezmer ad d-naf isebbaen, am waken i
ten-d-ttawin madden $er usmitti (loanaza).
Isebbaen d tarbaat tesa aqerru, netta d yiwen ger-asen,
qqaren-as am$ar, anaw-ay yella s tuget deg yi$er n At ebdi
(Tizi n Led, Mena, inurar, Cir, Ti$er$ar ...atg)
eyyac:
D tu$ac n lezen lqayen, aawan, d wanya ines, ttaooan
amseflid ne$ ames$ad ad yezen s tidet, rnu $ur-s isefra ines i direffden $ef yi$eblan d yinezgam n umdan acawi. D tamedyazt i
d-yettmeslayen s tidet, i d-yettaken tugna $ef umennu$ n umdan
n Wawras yid n ugama akken ad yidir.
Fiel ad tegzuv imeslayen, acku aawan wed-s
yessegzay-d tignatin, yettwassen aas $er Wat Wawras alemmas,
imi d nutni i yettidiren tudert tawerant deg yixfawen n yidurar.
eyyac d isem, ar ass-a ttsemmin-t yicawiyen, qqaren
tikkelt tamezwarut, anaw-aya d tameut i t-yecnan, deffir mi asn$an memmi-s awid iwumi tsemma eyyac akken ad iic ne$
ad yidir, tegra-d di tizi n wass-a d tumyist ttalsen-tt Wat
Wawras.
301
NACIB Youssef, Proverbes et dictons kabyles, Ed. Maisons des livres, Alger,
2002, p. 22.
302
(1)
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304
3) Tisuxtal/tiujay/timseraq:
Ggten yismawen-is ama di tcawit ama di tantaliwin
nniven,lad$a taqbaylit, tal$a-aya tawezlant, s umata tettili
tewzen, tesu tame$rut, tettili s tal$a n yiwen uric am waken
tezmer ad tesu aas n yiricen, anamek ines d uffir, yettexs
tiririt, tiririt-a Yuma fell-ane$ ad nurzi fell-as s laqel d
uxemmem, si daydi i as-qqaren s tcawit tasuxteli I d-yekkan seg
wawal xatelanamek I ila wawal-a: d axemmem s usexdem n
walla$ d usugen, yerna ad as-nru s uxatel, yiwet yiwet ne$ ma
ulac ur nettawev $er tririt.
Tal$a n tsuxtal tettili d asteqsi, di tazwara, d tin d tal$a n
tazwara, di tcawit qqaren: qel qel, mserg leqel, ma d
tignatin-is zdint timettiyin s umata lad$a timetti tamazi$t. ad naf
tawsit-a $er yiddaden n wawal, ama d tilawin ama d irgazen,
daxel n uxxam ne$ bea ttsehhiren madden d imeddukkal ne$ d
ieggalen n yiwet n twacult, mi ara d-nnejmaen deg yiv $ef
yilmes (lkanun) i d-qqaren timseraq.
Ulac axxam deg Wawras ur nessin ara tawsit-a ne$ ur ttnessemras ara, al ass n wass-a, acku d anaw seg wanawen n
wurar, maca yettili-d wurar-agi s walla$ d tazergi (tierci),
emmlen-tt madden ama mei ama meqqe, ttaraven akk ad
tent-issinin, ad d-afen tifrat nsent awalya (surtout), timental n
wanect-a d azal d twuri i sant temseraq $er yimazi$en, lad$a
icawiyen:
- timseraq d allal n usedwel d usegmi n warrac.
- tagnit n tmenna tessnernay assa$en gar yimawlan d
yimeddukkal yalmi ara ad d-mlilen, ne$ad d-zzin i win meqqren
deg uxxam.
- tessnernay deg usugen n yimeyanen, acku ttxemmimen
di yal ta$awsa d yal tamsalt akken ad d-afen tifrat.
- tesselmad timawalin (vocabulaires) n tutlayt tayemmat.
305
4) Tinfusin:
D tawsit n tsekla yettwassnen nezzeh deg umaval mea
$er tama n tmedyazt, d tawsit ur nezgil ula d yiwet n tmetti, acku
d idles d iles d iman, yerna d allal n uselmed n yimenzay i$ef
tress tmetti, awalya i yimeyanen, tessnernay asugen nsen,
tesselmadasen, ansayen, d tutlayt...atg
Tinfusin n yimazi$en, yella-d leqdic fell-asent seg waasaya, ad naf gut n yimura irumiyen syin akin d imazi$en s timmad
nsen i tent-yuran, amedya : (Basset Ren 1887-1890, A. Molras
1890, H. Stumme 1898, E. Laoust1949, J. M. Dallet1963 ...atg).
ef tenfusin n tcawit, amezwaru i yuran kra deg-sen,netta
d Gustave Mercier(1) gar yiseggasen 1896 d 1900, deg-sen i d(1)
Gustave MERCIER, ilul di Qsemina deg useggas 1874, yemmut deg useggas n
1954, d mmi-s n umazray Ernest MERCIER, yura sin n yimagraden, yules-asen-d
asizreg, u$alen d idlisen d imeyanen, amezwaru yeffe$-d deg useggas n 1896,
azwel-is (Les chaouias de lAurs),ma d wis sin yeffe$-d deg useggas n 1900 s
uzwel (Cinq textes berbres en dialecte chaouia).
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308
Tagrayt:
D inzi ne$ d timseraq, d tinfusin ne$ d d isefra, ayen akk
i d-yeddan s ubrid n timawit, yett$ima d tigemmi ta$erfant
tacawit ne$ tamazi$t, azal-is ur yettunesab, yerna ur i$elli $as
tura, tella tira, llant tewsatin timaynutin am umezgun d tullisin d
wungalen, ur nzemmer ara ad d-nini : yif wayen i d-yettnulfun
tura, ayen i d-ooan yimezwura, acku aswir n timawit meqqer, ar
ass-a mazal-itt tedder. Acu kan tbeddel udem tella d tamensayt
tu$al d tatrart (udem asliran audio-visuel ).
Seg waya ad d-nini, timawit d tira ttemkemmalent, ta
tettidir s ta, maca nezmer ad nessebiber $ef tirmit n yimezwura,
s waas n tarrayin, yis-sent ara nessemres timawit tamensayt deg
waas n ta$ulin, lad$a deg unagraw n usedwel, ne$ di
tesnalmudt :
- Ad nerev ad nesseqdec inelmaden akken ad d-skelsen
ayen iwumi zemren n yim$aren d tme$arin yettwasnen d i$bula n
timawit di yal tamnavt.
- Ad nessemres ayen i d-gemren d asalel asliran deg
uselmed.
- Ad nessegwet timsizzlin $ef wayen yerzan timawit.
- S uheggi n yisaragen d uncad n yimdanen yettwassnen
deg unnar n timawit, nezmer ad d-nmel i yinelmaden n yal
aswir, azal i tesa timawit, d wayen i ilaqen akken ad tt-nerez.
- Asefti n tsestanin di yal tamnavt.
- Asuget n tezrawin $ef tgemmi d timawit tamensayt,
ama d tid n turagt ne$ nnig turagt.
309
Ti$bula:
DJELLAOUI Mhammed, Les genres traditionnels de la
posie kabyle, Ed. HCA, Alger, 2007.
GUDRY Matha, La femme chaouia de lAurs, 1929.
HADDADOU Mohand Akli, introduction la littrature
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Mditerranens, N22-23 Janv-Juin 1983.
HUYGHE R, Dictionnaire Franais- Chaouia, SE, Alger,
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NACIB Youssef, Proverbes et dictons kabyles, Ed. Maisons
des livres, Alger, 2002
OUNISSI Mahamed Salah, Proverbes et devinettes Chaouis,
Ed, ENAG, Alger, 2002.
SALHI Mohand-Akli, Asegzawal ameyan n tsekla (petit
dictionnaire de littrature), Ed. LOdysse, Tizi-Ouzou, 2012.
SERVIER Jean, Chants des femmes de lAurs, Thse
complmentaire pour le Doctorat s lettres, CNRS, universit,
Sd.
TIBERMACINE Fakihani, Tanast n ukejjuf, amawit- Tarabt,
Ed HCA, Alger, 2009.
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1ere sance des actes du colloque anime par : Mustapha El Adak (Prsident),
et El Khatir ABOULKACEM-Afulay, Mostafa BEN-ABBAS, El Hossaien FARHAD,
Karima Iheddadene (communicants).
2eme sance des actes du colloque anim par : Kamal BOUAMARA (Prsident), et Kamal
NAIT-ZERRAD, Khaled AIGOUNE et Farhat BALOULI (communicants).
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