Arretez de Vous Faire Du Souci Pour Tout Et Pour Rien

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ROBERT LADOTJCET]R

ftxon

sLnxcER - lnxp lcnn

ARNTTZ DE VOUS FAIRE


DU SOUCI POUR
ET POUR RIEN

'TOUT

Odile

Jacob

Avertissement
Trop de soucit nuit la sant

Se faire du souci de temps autre est normal, parfois


mme salutaire. En revanche, se faire du souci propos de
tout, sans pouvoir s'en empcher, sans pouvoir s'arrter, tre
proccup en pennanence, envisager sans cesse de nouveaux scnarios catastrophiques est non seulement nuisible
la paix de I'esprit, mais contre-performant en termes de
rsultats et dangereux pour soi, sa sant, son quilibre personnel, son couple, sa carrire, ses proches...
Paradoxalement, ceux et celles qui se font du souci
pour tout et pour rien ngligent un point, fondamental : ils
ne peuvent jamais trouver le repos, jamais se dtendre, justement parce qu'ils sont constamment sur le qui-vive, constamment en train d'imaginer le pire. Ils ont beau sentir que
la production ininterrompue de soucis produit chez eux un
tension,
sentiment dsagrable d'inconfort et de malaise
fatigue, difficults se concentrer, troubles du sommeil,

l.

Le terme << souci >> est utilis en Europe alors que le terme < inquitude > est utilis
en Amrique du Nord pour traduire I'expression anglaise worry. Souci et inquitude
peuvent tre utiliss de faon interchangeable.

8.

ARRTEZ DE VOUS FAIRE DU SOUCI

mauvaise humeur, etc.


ils se disent le plus souvent qu'ils
sont comme a, qu'ils I'ont toujours t et que personne n'y
peut rien changer.
Ce guide voudrait justement vous prouver le contraire,
vous et tous les anxieux de la terre. Nous 1'avons volontairement conu comme un outil d'information et de soins,
afin de vous aider apprendre, ou rapprendre, mieux
vivre
'ss1-)-dire vivre plus doucement, plus tranquillement, sans inquitude inutile et sans anxit excessive.
Vous y trouverez, donc, toutes sortes de renseignements et
de prcisions sur le souci, mais aussi un programme complet, spcialement conu pour vous. Quiz, questionnaires,
exemples, exercices : tout est l pour vous permettre d'identifier vos soucis, de mesurer votre anxit, de contrler vos
inquitudes.
Dernire prcision avant de commencer: nous avons
clairement privilgi une approche, celle qui nous parat la
plus adapte, savoir : I'approche cognitivo-comportementale. Ne vous tonnez donc pas si nous insistons longuement
sur les penses et les comportements qui entretiennent vos
inquitudes. Et rassurez-vous : les stratgies que nous vous
proposons ontt d'ores et dj valides ; elles sont non seulement sres, mais efficaces et faciles d'application. Cela
fait des annes, en effet, que notre quipe se consacre la
comprhension et l'tude du souci.
Prenez le temps d'assimiler ce que vous lisez en le personnalisant, en l'ancrant dans votre alit vous : vos progrs n'en seront que plus spectaculaires. Et n'oubliez pas :
reconnatre sa tendance se faire trop de souci est crucial,
un diagnostic prcoce et juste peut viter des annes
d'incomprhension et de souffrance inutile.
Et maintenant, vous de jouer et bonne lecture !

-,

CHAPITRE

PREMIER

Anxit, quand tu nous tiens


Les caractristiques du TAG

Qui n'a pas dj prouv un tat,

gnralement

dplaisant, de tension, d'apprhension ou d'inscurit ?


Qui n'a pas dj eu la vague impression qu'un danger ou
une menace le guettait sans qu'il y ait pourtant de raison ?
Que ce soit la sensation d'oppression dans la poitrine,
I'angoisse qui serre la gorge, I'agitation qui envahit, l'irritabilit grandissante, la tension, la nervosit, le stress,
l'nervement qui fait tourner en rond, les raideurs dans le
dos ou dans le cou, la fatigue qui se manifeste tout
propos, tous ces phnomnes peuvent indiquer un tat
d'anxit. Quand ces sensations sont occasionnelles et
n'entranent pas de souffrance chronique, il n'y a pas lieu
de se faire du souci : il est tout fait normal et parfois
mme souhaitable d'tre anxieux dans certaines situations. Toutefois, si la raction d'anxit dpasse un certain
seuil, si les symptmes deviennent trs intenses ou trs
frquents, diffrentes complications peuvent apparatre.
Parmi ces complications figure le TAG, ou trouble
d' anxit gnralise.

IO o ANnrEz DE vous FAIRE DU Soucl

L'anxit, c'est quoi

L'anxit fait partie de la garnme varie des motions


humaines. C'est une motion universelle qui aide chacun de
nous s'adapter aux conditions dans lesquelles il vit afin
d'assurer sa survie et la survie de I'espce. L'anxit est
donc une motion normale. Tout le monde est anxieux de
temps autre.

Explication
Le mot

< anxit >> vient du mot latin anxius qui signifie


esprit troubl propos d'un vnement incertain >> et drive
d'une racine grecque qui signifie (< ensener >> ou << trangler >>.
Sans ncessairement porter le nom d'anxit, le fait d'tre
troubl par_un vnement incertain et le sentiment physique
d'tre
ou trangl sont dcrits depuis fort'longtemps,
"nreit
notamment par certains philosophes de l'Antiquit grecque.
<<

De nos jours, l'anxit est une exprience tellement


rpandue que chacun peut en donner des exemples. Mais
pourquoi sommes-nous anxieux parfois

> quoi a sert ?


L'anxit, est une rponse adaptative des vnements
de la vie courante ou au stress quotidien. C'est l'tat qui
accompagne I'apprhension d'vnements susceptibles de
porter atteinte au bien-tre personnel. Cet tat, ou cette
motion, n'entrane pas ncessarement de consquences
ngatives. prouver de I'anxit peut amliorer nos perfor-

ANxt,r, eUAND TU NOUS T/ENS o 1l

mances en nous poussant travailler mieux et plus vite afin


d'viter la consquence ngative qui risquerait de rsulter
si nous ne faisions rien. Pensons I'exemple d'un tudiant
quelques jours avant un important examen: la raction

adaptative (approprie), une fois reconnu l'tat d'anxit


li la peur de ne pas russir, sera d'tudier pour tre fin
prt au jour J. Cette prparation acheve ,l'anxit va normalement se rsorber. Autre situation o il est normal
d'prouver de I'anxit: lorsqu'un symptme physique
anormal apparat du jour au lendemain. L'tat d'inconfort
li I'incapacit d'expliquer ce qui se passe dans son propre
corps va alors inciter consulter.

D Comment a se maniftste ?
La rponse que reprsente l'anxit dpend de nombreux facteurs conune le type d'vnement, la personnalit,
I' humeur, la signification ou I' interprtation d' une situation.
Cette rponse se manifeste sous plusieurs formes, varie
selon plusieurs degrs de gravit et s'affiche selon diverses
frquences.
Quantit de signes physiques ou mentaux indiquent une
raction anxieuse. En consultant le tableau suivant, vous
pouffez constater que certains symptmes sont associs
l'tat d'anxit, alors que d'autres en sont la consquence.
L'anxit tagt une motion complexe, il est parfois difficile
de l'identifier prcisment ou de la distinguer d'autres motions, comme la colre ou la peur. Pourtant, s'il est souvent
prilleux de diffrencier certaines motions, il existe des lments cls, tels que nos penses, qui permqttent de les reconnatre et de les caractriser, mais, soyons honnte, c'est un
exercice ardu qui demande beaucoup d'entranement !

12 o nnnrEz DE VoUs FAIRE DU SoUcI

On peut classer les symptmes ou les manifestations


d'anxit en quatre grandes catgories :
. Les symptmes affectifs (ce que nous ressentons).
. Les symptmes physiologiques (qoi se traduisent
physiquement).
. Les symptmes comportementaux (ce que nous faisons).
. Les symptmes cognitifs (les penses qui nous passent par
la tte).
Quant aux manifestations qui sont le plus souvent rapportes et que vous tes susceptible de ressentir si vous souffrez d'anxit, en voici une liste indicative. videmment,
ces symptmes ne sont pas tous prsents en mme temps, et
leur manifestation varie d'un vnement un autre ou d'une
situation une autre.
Symptmes les plus frquents associs un tat d'anxit
Catgorie
Symptmes

affectifs

Symptmes

Irritabilit, apprhension, impression d'tre


coup de soi-mme ou de la ralit, peur
intense, impression d'un danger immdiat.

Symptmes
physiologiques

Palpitations, tachycardie, douleur

ou inconfort

thoracique, sensation d'touffement, gorge serre,


<< boule dans la gorge >>, nauses, vomissements,
difficult avaler, diarrhe, douleur l'abdomen,
douleur au dos ou dans le cou, tensions muscu-

laires, tics nerveux, grincement des

dents

(bruxisme), maux de tte, impression de s'vanouir, sensation de faiblesse, tourdissements,


tremblements, sensations d'instabilit, frissons,
bouffes de chaleur, transpiration, pleur, bouche
sche, troubles du sommeil, fatigue.

Symptmes

cognitifs

Inquitudes, difflcults de concenffation, frous de


mmoire, obsessions, penses reptitives, peurs

diverses (par exemple, peur de devenir fou, de


mourir ou de perdre la matrise de soi).

tuxt,r,, eUAND TU NoIts rrENS o

Catgorie
Symptmes

omportementaux

13

Symptmes

Attitude crispe, agitation, tremblements des


mains ou des jambes, visage tendu, respiration
rapide, vitement de certaines situations ou de
certains endroits.

Quand I'anxit est-elle anormale ?

Etablir une distinction claire entre une

raction
anxieuse << normale >>, << saine >> et << utile >> et une raction
anxieuse qui n'est rien de tout cela n'est pas facile. La plupart du temps, une raction anxieuse est considre comme
anormale lorsqu'elle se produit sans cause apparente, quand
elle parat clairement exagre par rapport au contexte ou
encore lorsqu'elle devient chronique. Lorsque le degr
d'anxit est tel qu'il empche quelqu'un d'accomplir les
activits qu'il aime ou bien nuit son travail, ses relations
avec son entourage ou sa qualit de vie, on estime que
I'anxit prouve est devenue << anonale >>. Une bonne
faon de savoir si l'anxit a atteint un niveau qui dpasse
le seuil de I'acceptable consiste donc en examiner les
consquences, par exemple sur les relations avec son entourage ou sur son travail.
Pour cerner I'incidence de cette motion sur la qualit
de vie personnelle ou pour dcouvrir l'tendue de la souffrance ou de la dtresse, vous pouvez aussi vous poser la
question suivante : << Est-ce que j'ai du mal matriser mon
anxit ? > Si la rponse est oui et que vous rencontrez des
difficults effectuer vos tches quotidiennes ou profiter
de la vie, alors vous devez adriettre que votre anxit est
devenue << anormale >>.

14 T INNTEZ DE VOUS FAIRE DU SOUCI

Les diffrents troubles anxieux


L'anxtt est une exprience subjective, vcue de faon
diffrente d'une personne I'autre, mais certaines manifestations sont typiques, voire strotypes, ce qui permet
de regrouper les manifestations dans une typologie. Les
principaux troubles anxieux reconnus sont : le trouble panique avec ou sans agoraphobie, le trouble de stress posttraumatique, les phobies spcifiques, la phobie sociale, le
trouble obsessionnel-compulsif et le trouble d'anxit gnralise. Vous remarquerez qve, parmi les symptmes prsents dans le tableau ci-dessus, certains sont propres I'un
ou I'autre trouble, mais que beaucoup se retrouvent dans la
plupart des troubles. C'est la raison pour laquelle une analyse du problme personnelle est souvent ncessaire pour
dcouvrir la nature prcise du trouble. Le tableau qui suit
rpertorie les caractristiques des principaux troubles
anxieux et les symptmes qui y sont associs.
Caractristiques principales des diffrents
troubles de I'anxit
Troubles

Caractristiques
(apprhension, souci,
crainte, peur, etc.)

Trouble

Peur de perdre

panique

contrle de soi-mme,

le

Symptmes
le plus souvent associs
Attaques de panique (pousses intenses d'anxit dli-

le temps

de devenir fou, de mou-

mites dans

rir. de vomir. de perdre connaissance, de

marques par une augmen-

connatre une nouvelle


attaque de panique.

et

tation rapide des symptmes, I'atteinte d'un niveau


critique et une rsorption).

ANXIr, eUAND TU Nous TrENS o 15

Tmubles

Caractristiques
(apprhension, souci,
crainte, peur, etc.)

Symptmes
le plus souvent associs

Principales manifestations

palpitations, tourdissements,
vertiges, serrements la poifine ou la gorge, sensations
d'tranglement, bouffes de
chaleur, transpiration, frissons, membres engourdis.

fuoraphobie

Crainte de lieux ou de

situatons qu'on associe aux malaises ou


aux paniques qu'on
ressent ou subit.

vitement de situations ou
de lieux o on a peur de voir
apparatre les symptmes de
panique et d'o on ne peut
sortir rapidement.

Trouble

Exprience d'un trau-

Tensions musculaires, serre-

de shess
post-

matisme grave mettant en danger sa vie


ou celle d'une autre
personne, impression
nette de revivre l'v-

ments la poitrine ou la

haumatique

nement, intrusion dans

l'esprit d'images associes au traumatisme


(<<

flashes

>),

gorge, sensation d'trangle-

ment, agitation,

sensation

d'tre survolt ou bout de


nerfs, irritabilit, maux de
tte, intestin irritable, manifestations possibles d'attaques de panique.

cauche-

mars, rves rptitifs,


peur de revivre un tel
vnement, de mourir,
de devenir fou.
Phobie
simple
(ou phobie
specifique)

Peur exag&e

d'un
objet (par exemple, un
couteau), d'un animal,
d'un lieu (endroits exi-

gus ou clos), d'une


situation.

Evitement de I'objet phobogne. Symptmes physiques


au contact de I'objet ou la
seule vocation mentale de
I'objet en question: palpitations, serrements la poitrine ou la gorge, sensation
d' tranglement, transpiration.

16 r

,qNNTEZ DE VOUS FAIRE DU SOUCI

Troubles

Caractristiques

Symptmes

(apprhension, souci,
crainte, peur, etc.)

le plus souvent associs

Manifestations possibles
d'attaques de panique, mais
limites l'objet phobique.
Phobie

Proccupation excessive

Fuite ou vitement sur le

sociale

du jugement d'autrui,

plan social. Symptmes physiques ressemblant ceux


du trouble panique et de la

peur de commettre une

erreur, d'tre ridicule


ou de rougir, inconfort

Trouble
obsessionnel-

compulsif

phobie simple. Manifesta-

dans diverses situations


sociales.

tions possibles d'attaques de


panique, mais limites aux
situations sociales.

Prsence d'obsessions
manifestation, d".ornl

Besoin inpressible de vri-

pulsions (gestes ou actes


rptitifs servant soulager I'anxit engendre par I'image obsessionnelle).

fier, de neffoyer, d'accomplir certains gestes ou de


se rpter certaines phrases
mentalement. Anxit intense
si ces .comportements ritua-

liss ne peuvent tre excuts.

de

Trouble
d'anxit

Prsence

gnralise

diffrents sujets

excessifs

soucis

propos

de

Anxit diffuse, mais qui

n'est pas

ncessairement

sou-

circonscrite dans le temps.

cis difficiles matri-

Symptmes courants: ten-

ser ou dominer.

sions musculaires, sensations d'tre survolt, agit


ou bout de nerfs, probl-

mes de sommeil, diffrcults


de concentration, trous de
mmoire.

ANXI , QUAND TU NoUS TIENS C I,7

Les bons mots sur les bons concepts


De nombreux termes sont utiliss pour dcire les troubles de I'anxit. Certains sont mme parfois utiliss, tort,
de faon interchangeable, ce qui a pour consquence non seulement de semer la confusion enfre les notions, mais de rendre
difhcile la comprhension des motions associes chacune
de ces notions et encore plus difficile la dtection de l'lment
qui a dclench l'motion. Ainsi, Jean a-t-il rellement
< peur >> lorsqu'il songe au voyage en avion qu'il doit faire
ou est-il plutt << soucieux > l'ide de voir le travail s'accumulerpendant ses deux semaines de vacances ? Marie est-elle
vraiment << obsde >> par les chiens ou s'agit-il davantage
d'une << peur intense >> des chiens ? Pierre est-il seulement trs
<< nerveux >> ou souffre-t-il plutt de pousses soudaines et
intenses d'anxit, aussi appeles << attaques de panique > ?
Si I'utilisation de ces diffrents termes dans un contexte
familier est souvent sans gravit, en revanche, cette confusion de termes est gnante lorsque les difficults atteignent
un seuil critique et qu'il faut essayer de comprendre exactement ce qui se passe. Quand Pierre rencontre un spcialiste
pour voquer son problme, il doit tre en mesure d'expliquer coffectement ce qui lui arrive et ce qu'il ressent. S'il

veut identifier le malaise dont il souffre et mieux le


comprendre, il importe qu'il ait les mots justes pour le

dcrire. Nommer exactement un malaise constitue souvent


la toute premire tape vers le changement.
Pour vous aider mieux faire les distinctions qui
s'imposent, nous vous proposons maintenant un certain
nombre de critres distinctifs et d'histoires emblmatiques.
Vous trouverez galement des questionnaires pour vous

18 r INNTEZ

DE VOUS FAIRE DU SOUCI

aider vous situer personnellement par rapport la notion


en question et pour vous pennettre, en quelque sorte, de
mieux vous connatre.

De l'anxit, at souci
Pour aller vite, disons que le souci rside dans le fait
d'apprhender ou d'anticiper un vnement futur qui risque
d'avoir des consquences dplaisantes ou ngatives. Il se
compose donc d'une suite de penses, d'images et de doutes
en rapport avec des vnements ngatifs qui pourraient avoir
lieu dans l'avenir. Ce sont ces penses, images et doutes qui
s'accompagnent d'anxit. Deux notions centrales sont ainsi
retenir :
. Le souci est une << forme de pense >>.
. Cette pense est << accompagne d'anxit >>.
Le souci est un phnomne << cognitif >>, il se rapporte
la prise de conscience des consquences possibles d'une
situation donne. C'est donc une forme de pense. On peut
se soucier des incidences ngatives potentielles d'une situation en train de se produire : dans ce cas, bien que la situation
soit actuelle, ce sont les consquences futures qui sont anticipes et apprhendes. On peut aussi se soucier des suites
potentielles d'une situation ou d'un vnement qui n'a pas
encore eu lieu, voire qui a peu de chances de se produire.
Globalement, les soucis touchent de nombreuses
sphres de la vie: notre bien-tre, nos ralisations professionnelles,l'tatde notre porte-monnaie,la sant de nos proches, nos relations avec nos voisins, nos rapports avec notre
patron, etc. En fait, il existe autant de sujets de souci que
d'individus. Dans la trs grande majorit de cas, le souci

r:l

ANXIT, QUAND TI] NOUS TIENS O 19

prend la forme d'un monologue intrieur ou de penses verbales (on se parle soi-mme) plutt que l'aspect d'images
mentales. Les personnes souffrant du TAG disent avoir
davantage tendance se parler et se raconter des histoires
qu' visualiser mentalement des scnarios.

Souci normal...
Lorsqu'on songe aux problmes rels qu'on doit affronter, le
souci (le fait d'apprhender ce qui pounait se passer si une
situation donne survenait) aide parfois mieux grer l'ensemble de la situation et trouver des solutions. Un souci normal
est rarement considr comme excessif, par rapport la gravit

ou la porte d'une situation. Ainsi, on peut comprendre que


Jean, qui vient de perdre son emploi, s'inquite des incidences
sur sa situation financire s'il reste longtemps sans emploi.
Un souci normal porte rarement sur des situations potentielles,
c'est--dire des situations qui ne se sont pas encore produites
et qui risquent peu de se produire. Un souci << normal >> porte
plutt sur une situation concrte et actuelle ou qui arrivera
sous peu.

D Franois :
<<

<<

Il m'arrive de me faire du souci...

>>

Il est plus de t heure du matin. Maude, ma fille de

17 ans, n'est pas encore rentre de sa soire chez des copines.

lui

avais pourtant demand de revenir la maison avant


minuit. Je sais bien qu'elle a toujours tendance dpasser
I'heure permise. Et puis, elle ne conduit pas depuis trs longtemps ; j'espre qu'elle n'a pas eu de problmes... Bon, elle
doit encore tre en train de discuter et elle ne voit pas le temps
passer. Peut-fre est-elle en train de regarder un film et a-t-elle
Je

20 r nnnrEz

DE voUS FAIRE DU SOUCI

oubli de me prvenir. Je me fais quand mme du souci... Je


vais tlphoner chez sa copine pour savoir ce qui se passe.
>>

... ou souci anormal


Un souci

<<

D Martin:

<<

anormal >>, ou plutt << excessif >> et << incontrlable >>, porte sur d'ventuelles ou de lointaines situations, voire
sur des situations trs peu probables (< Et si a arrive soudain ?
Qu'est-ce que je vais faire ? >). Toutes les ventualits lies
cette situation qui n'est pas arrive et qui n'arrivera peut-tre
jamais sont alors envisages. Quelqu'un qui a des soucis excessifs et difficiles dominer aura souvent tendance imaginer et
associer la pire issue la situation qui I'inquite, et ce, tant
pour les situations actuelles (qui sont rellement en ffain de se
produire) que pour les situations potentielles. Souvent, le souci
prend la forme d'un scnario o s'enchanent les catastrophes.

Je me fais toujours trop de souci. >>


<< Claude, mon fils de 17 ans, n'est pas encore rentr
de sa soire chez des copains. Il est plus de t heure du matin.
Je lui avais pourtant demand de rentrer avant minuit. Je sais
bien qu'il a tendance dpasser I'heure permise... Aprs
tout, il ne conduit pas depuis trs longtemps... S'il avait eu
un accident ? Et s'il avait bu et dcid de prendre quand
mme le volant ? J'espre que non ! Mais qu'est-ce que j'ai
fait pour mriter a ? Et s'il blesse quelqu'un ? Et s'il est
gravement bless ? Et s'il se tue ? Je n'y survivrais pas !
>>

Un exercice pour vous:


De quelle manire vous faftes-vous du souci ?
Voici un exercice pour savoir si vous avez tendance
vous faire du souci de faon excessive.

ANXIT, QUAND TU NOUS TIENS

.2I

. Prenez un papier et un crayon.


. Pensez une situation qui vous inquite (actuelle ou
potentielle) et dcrivez-Ia en dtaLl, la manire des deux
exemples ci-dessus.
. Posez-vous ensuite la question suivante : << Peut-on dire
que je me suis fait du souci de faon normale ou excessive
propos de cette situation ? >

Il peut tre utile, voire

ncessaire pour certains d'entre


vous, de vous arter et de fl,chir un moment afin de dterminer ce qui vous a inquit rcemment ou ce qui vous
inquite de faon gnrale. Le prochain exercice, qui numre des domaines susceptibles de constituer des motifs de
souci, va vous permettre de trouver ce qui vous inquite et
surtout d'valuer jusqu' quel point vous tes envahis par
des soucis << anormalement > levs.

D Un exercice pour vous :


Qu'est-ce qui vous inquite et jusqu' quel point

ls items recenss ci-dessous sont des motifs de souci pour la plupart


d'entre nous. valuez jusqu' quel point ces lments ont suscii chez
vous du souci au cours des derniers mois et attribuez chacun d'eux
une note selon l'chelle suivante :

0 = Pas du tout

1=Unpeu

2 = Modrment
3 = Beaucoup

4 = Extrmement
Une fois I'exercice termin, consultez les rsultats fournis tout la fin
afin de savoir comment interprter vos rponses.

A
B

Les tudes ou l'cole


Le travail

22 o nnnrEz

DE VOUS FAIRE DU SOUCI

Les relations amoureuses

La sexualit

Les relations avec la famille ou les amis


Les relations interpersonnelles en gnral
Votre avenir personnel

F
G

K
L

L'avenir des autres


La maladie, la sant ou la mort (vous)
La maladie, sant physique ou la mort (les autres)
Votre sant mentale
La sant mentale d'autres personnes

M
N

Des symptmes lis I'anxit


L'alcool et la drogue

I
J

Votre scurit personnelle

La scurit d'autres personnes

Vos finances personnelles

Votre apparence physique


Le temps (manque de temps, retards, etc.)
La socit, I'environnement ou la situation mondiale
Des tracas quotidiens concernant le logement, le transport ou les loisirs
Des questions morales touchant la religion, I'existence,

T
U

V
W

etc.

D'autres types de soucis non prciss dans le prsent


questionnaire. (Dcivez ces types de soucis avec vos
propres mots et valuez-les.)

valuation : Ce questionnaire permet de distinguer des thmes gnraux de souci que vous pourez affirner ultrieurement. Il y a, au
moins, deux faons de I'utiliser. Commencez par faire le total de tous
vos points : plus votre score total est lev, et plus vous avez tendance
vous faire du souci. Toutefois, vous pouvez aussi n'avoir qu'un ou
deux motifs de souci, mais vous inquiter beaucoup, voire excessivement, et tre envahi par le souci. Le fait d'avoir inscrit une note de 4,
ne serait-ce qu' un seul des items, rvle la prsence d'un souci anor-

malement lev. Une note de 3 montre aussi un souci qui risque de


devenir gnant ou grave si les tracas concernant I'objet en question
nuisent votre fonctionnement quotidien ou diminuent votre qualit
de vie. Faites-donc tout particulirement attention aux items que vous
avez cots 3 ou 4. Mmorisez bien les thmes qui vous inquitent plus
que les autres.

ANX]T, QUAND TU NoUS TIENS o 23

tes-vous soucieux ou anxieux

Souci et anxit ne sont pas synonymes. Alors que le


souci se rapporte la pense, I'anxit se rattache la faon
dont une personne se sent lorsqu'elle envisage des consquences ngatives. L'anxit correspond un ensemble de
malaises qui se manifestent principalement de faon affective (c'est--dire par un sentiment ou une motion) et physique (c'est--dire que les symptmes sont ressentis dans le
corps) lorsqu'un danger est apprhend. Voici quelques
exemples de malaises dnotant un tat d'anxit: prouver
des tensions musculaires, se sentir agit, avoir le sentiment
d'tre survolt ou bout des nerfs, tre facilement sujet la
fatigue, avoir des difficults se concentrer, se sentir irritable, avoir un sommeil perturb. On peut donc dire que
I'anxit est un tat qui rsulte de la prsence de soucis
excessifs. Quand Pierre dit qu'il se sent anxieux, c'est parce
qu'il ressent des sensations ou des motions particulires et
non pas parce qu'il a en tte des apprhensions, des penses
ou des images mentales particulires.

Martin:

<<

je vais clater !
l'exemple de Martin qui s'inquite de
et incontrlable propos de son fils qui

On dirait que

>>

Reprenons
faon excessive
n'est toujours pas rentr la maison. Lorsqu'il s'inquite
de cette faon, Martin se sent mal physiquement et motionnellement : << J'aila tte lourde, et les muscles de mon
cou sont tendus. Je me sens agit. J'ai souvent l'impression de tourner en rond, un peu comme un lion en cage.
Je suis irritable. Mrne si je suis puis et que je ne tiens

24 o annTEZ

DE VOUS FAIRE DU SOUCI

plus debout,

je

n'arrive pas m'endormir.

>>

Martin

prouve un certain nombre des malaises associs un tat


d'anxit.

Etes-vous anxieux ou bien avez-vous peur ?


L'anxit et la peur se ressemblent beaucoup, mais, l
encore, les termes ne sont pas synonymes. La peur est une
motion essentielle la survie, qui apparat lorsque I'on
prend conscience d'un danger rel et reconnaissable. C'est
donc une motion fonde sur la ralit et adapte la situation, ce qui n'est pas toujours le cas de l'anxit.La prise
de conscience d'un danger provoque une motion qui met
en alerte un mcanisme de dfense qui, son tour, acclre
les ractions physiologiques et aide faire face au danger
ou l'viter.
Le danger peut tre immdiat (vous rentrez la maison
tard le soir et vous tombez sur deux sinistres individus qui
portent votre tlviseur dans leurs bras). Il peut aussi tre
anticip (vous marchez seul dans un quartier mal fam, la
tombe de la nuit, et vous uaignez une agression). Se manifestent alors des sensations qui indiquent que notre systme
nerveux est stimul : acclration du rythme cardiaque, augmentation du rythme respiratoire, picotements dans les bras
et les jambes, etc. Si on vous demandait ce moment-l
comment vous vous sentez, vous rpondiez srement:
<< Mal. >> Toutefois, si vous preniez le temps de vous observer davantage, vous constateriez qe la peur s'accompagne
souvent de sentiments dplaisants : excs de dsespoir,
envie de courir ou de se cacher, sensation de faiblesse, tourdissements, vertige avoisinant la perte de connaissance.

ANXIT, QUAND TU NoUS TIENS o 25

> Sfustien:

<<

Sauve qui peut !

>>

Sbastien a 16 ans. Il est en bonne sant physique, il


n'a pas tendance se faire du souci immodrment et
il n'a pas de peurs particulires. Trs sportif de nature, il
choisit gnralement de se dplacer pied. Au retour d'une
soire chez un copain, comme il marche pour rentrer chez
lui, il rencontre deux hommes qui le menacent avec un
couteau et lui ordonnent de leur donner son portefeuille
ainsi que sa montre-bracelet. Sbastien raconte : << Je me
suis mis trembler. Mon cur battait si fort que j'ai cru
qu'il allait sortir de ma poitrine. Je paniquais tellement que
ma tte tournait ; je ne savais plus o j'tais et j'avais trs
envie de courir. > Sbastien doit-il prendre ses jambes
son cou ou obtemprer sans broncher ? Il ressent une folle
envie de courir, lance son portefeuille et dtale toute
allure jusque chez lui. Soulag et new{ il continue de
trembler comme une feuille pendant qu'il conte sa msaYenture ses parents qui dcident d'avertir la police.
Sbastien se rend compte ce moment que sa chemise est
trempe tellement il a transpir. Il dcide de se changer,
puis d'couter de la musique afin de se calmer. Petit petit,
son cur s'apaise, et ses muscles se relchent. Ouf ! I1 I'a
chapp belle !

Avez-vous peur ou bien tes-vous phobique ?


Une phobie est une peur disproportionne par rapport
au degr de danger que prsente une situation. Ce n'est plus
une raction de peur nonnale et utile la survie ; c'est une
peur irrationnelle etexag&e. Prenons la phobie des chiens.

26 o nRnrEz

DE voUS FAIRE DU

soucl

Il parat tout fait normal d'avoir trs peur face un chien


froce qui fonce droit sur vous en aboyant. Cette raction
ne constitue pas une phobie, mme si vous avez une raction
intense de peur. En revanche, quelqu'un qui ressent une
forte raction de peur la seule vue d'un chien tenu en
laisse, sur le trottoir oppos, ou encore la seule vue d'une
image de chien, et qui vite les lieux ou les situations o il
risque de rencontrer un chien, souffre trs probablement
d'une phobie des chiens.
Evidemment, il existe des phobies de toutes sortes. En
voici un autre exemple.
D lose : << Les insectes, quelle horreur ! >
Jose, 39 ans, est mre de trois garons gs respectivement de 7, 5 et 2 ans. Depuis son enfance, elle a peur de
tous les insectes. Elle raconte : << Je n'ai jamais tellement
aim les bbtes, mais, depuis quelque temps, j'ai constamment peur de me faire piquer. Si je le pouvais, j'viterais de
sortir pendant l't. Mais, avec trois enfants qui adorent
jouer dehors, il m'est difficile de rester dans la maison.
Alors je sors, mais je me sens vraiment nerveuse. Mon cur
se met battre trs vite au moindre bourdonnement ou la
seule vue d'une fourmi. Je panique si une abeille ou une
mouche tourne autour de moi ou de mes enfants. Il m'est
mme ariv de faire une crise de nerfs aprs avoir t
pique par un moustique !
>>

ANXIT, QUAND TU NoUS TIENS o 27

> Un exercice pour vous:


Quelque chose vous fait-il

trs peur ?

Ce questionnaire prsente diffrentes situations (vnements, circonstances, conditions ou lieux) que vous pouvez avoir tendance viter
parce qu'elles vous font peur, dans la ralit ou en imagination.
Premire tape. valuezlusqu' quel point vous poo.ri-ez v\ter chacune des situations suivantes en raison de la peur qu'elles suscitent
chez r-ous. Estimez cette tendance en utilisant l'chelle de 0 8 reprsente ci-dessous.
I

Je n'vi-

J'viterais

J'vite-

J'vite-

terais

occasion-

jamais

nellement

rais
souvent

toujours

rais

l. Les piqres et les interventions chirurgicales mineures


2. Manger ou boire avec d'autres personnes
3. Entrer dans un hpital
4. Voyager seul en autobus
5. Marcher seul dans des rues bondes
6. tre observ ou dvisag
7. Circuler dans des magasins bonds
8. Parler des personnes qui incarnent I'autorit
9. Voir du sang
10. Etre critiqu

ll.

Quitter seul la maison

12. Penser la maladie ou un accident


13. Parler en public
14. Etre dans un vaste espace
15. Aller chezle dentiste
16. tre aux prises avec votre principale phobie (peur). Dsignez-la:

s;;il; ;;p; ;;;;l;;q;;; ;;; ;;il i;;;il

;;

;;;,; ;;;,

gnent ou nuisent votre qualit de vie. Estimez le degr de gne ou


d'embanas l'aide de l'chelle qui suit, en encerclant le chiffre appropri.

28 o NnnTEZ

Ni

gn

ni troubl

DE VOUS FAIRE DU soUCI

Un peu
gn ou
froubl

'1

Moyen-

Trs

Extr-

nement
gn ou

gn ou

mement
gn ou

troubl

troubl

troubl

valuation: Cet inventaire permet d'identifier des situations ou des


objets qui provoquent une penr de nature phobique. Relevez les items
auxquels vous accordez un score de 5 ou plus. Une note de 5 ou plus est
prendre au srieux. Examinez ces situations attentivement. Si vous
aveztendance planifier vos activits quotidiennes pour viter systmatiquement une de ces situations, il est possible que vous souffriez d'une

phobie. Les consquences ngatives sur votre qualit de vie pourront


vous amener consulter. Des fraitements efficaces existent pour surmonter ce problme (voir liste des adresses utiles en fin d'ouvrage).

tes-vous phobique,
soucieux ou obsessionnel ?
Comme le souci, I'obsession se passe dans la tte, et
c'est aussi une forme de pense. On la confond souvent
aussi avec la phobie, car les obsessionnels disent frquemment avoir < trs peur >> ou << extrmement peur >> qu'il
arrive quelque chose de fcheux leurs proches, ou encore
tre << terroriss > l'ide que des microbes les contaminent. Pour autant, la forme de pense qui engendre cette peur
intense ou cette grande anxit ne colrespond pas la peur
phobique. En effet, l'obsession peut prendre l'aspect d'une
image mentale ou d'une impulsion associe l'apprhension ngative d'un vnement. Elle se prsente gnralement de faon rptitive (elle est plus frquente) et intrusive
(on ne s'y attend pas, et il n'y a pas de relation avec ce qu'on
est en train de faire). En outre, le contenu en est gnrale-

ANXrr, QUAND TII NOUS TrENS c 29

ment plus strotyp, c'est--dire que la pense est presque


toujours la mme et ne varie gure d'une fois l'autre.
L'obsession est une pense qui est souvent considre
comme trangre l'individu qui la subit et qui n'est pas de
mme nature que les penses que l'on a habituellement ou
que I'on s'attend avoir.
Les obsessions les plus courantes sont la contamination
(peur d'tre contamin en serrant la main d'une personne),
des doutes rpts (se demander constamment si l'on a bien
fait une chose, comme teindre la cuisinire ou verrouiller
la porte), le besoin de ranger des objets dans un ordre prcis,
la prsence d'images sexuelles qui reviennent l'esprit de
faon rcurrente (pornographie) et des impulsions agressives ou horribles (frapper son enfant avec un couteau de cuisine). U Afference du souci, il est peu probable que les
obsessions soient lies un problme de vie relle.
L'obsession est souvent vue comme un phnomne
trange: la personne qui l'prouve cherche la chasser de
son esprit, ne pas en tenir compte ou encore la neutraliser
en lui substituant d'autres penses ou d'autres actions. Il est
trs rare que les obsessions soient juges utiles, alors qu'il
est parfois salutaire de se faire du souci.

D PauI:

<<

Je ne suis pas certain,

je

vais aller vrifier...

>>

Paul a 38 ans. Il est mai,. et pre de deux enfants. Il a


rcemment perdu son emploi de rdacteur technique, car il
n'arrivait plus faire le travail qu'on lui demandait. Paul est
extrmement proccup I'ide d'tre responsable d'une
catastrophe. Il a aussi souvent peur qu'un collgue perde son
emploi cause de lui.
Paul raconte : << Au boulot, j'tais sans cesse oblig de
vrifier mon travail pour tre certain de ne pas avoir fait

30 r nnnrEz

DE VOUS FAIRE DU SOUCI

d'erreur ou crit des trucs insenss sur mes collgues au


lieu des renseignements demands. ta maison, je vrifie
constamment si les appareils lectriques sont teints et si les
ordures sont ranges au bon endroit. Je dois m'assurer qu'il
n'y aura pas le feu dans le bac ordures ou qu'un animal
ne va pas se faufiler dans la maison pour fouiller dans les
ordures. cause de toutes ces vrifications, j'arrivais souvent en retard au boulot. J'ai reu plusieurs avertissements... Je ne veux pas penser tout a, mais on dirait que
c'est plus fort que moi. Je trouve a tellement fou que je me
demande si je ne suis pas moi-mme en train de devenir fou.
C'est tellement bizane, je n'tais pas comme a avant. >>
Depuis son licenciement, Paul peut passer des heures
effectuer les mmes vrifications tant il est obnubil par ses
obsessions.

Pour aller I'essentiel


Certains termes que nous utilisons dans le langage courant
pour dcrire comment nous nous sentons ou comment nous
ragissons ne refltent pas toujours prcisment ce qui nous
arrive. Connatre ce qui diffrencie ces notions permet de cerner avec plus de justesse la nature des malaises que nous
prouvons parfois, de mieux les dfinir et de mieux nous faire
comprendre.
Malgr leur ressemblance apparente, souci, anxit, peur, phobie et obsession ne sont pas synonymes. De la mme manire,
il faut pouvoir distinguer entre une anxit normale et une
anxit anormale, entre un souci normal et un souci excessif.
Les exercices et les questionnaires sont l pour vous permettre
d'identifier les soucis, les peurs ou les malaises physiques
dont vous souffrez peut-tre.

CHAPITRE

Des soucis plus grands que nature


Reconnatre le trouble
d'anxit gnralise

Suzanne se fait du souci propos d'une multitude de


questions relatives la vie quotidienne. Elle a souvent
I'impression que ses journes sont une longue suite de soucis :
<< Je vais ariver I'heure ce matin ? J'il I'impression
qu'il y a plus de circulation que d'habitude. Que va dire le
patron si je suis en retard ? Mais ai-je bien mis deux goters
dans le sac d'cole de Mathieu ? cet ge, c'est tellement
important. Et la petite qui a encore le rhume !... Encore une
otite, c'est sr, avec les nuits blanches et un autre antibiotique. Cela va-t-il finir un jour ? Et mon mari qui doit encore
partir trois jours en dplacement... >>
Suzanne pense tout ce qu'elle va avoir faire, la
faon dont il va falloir qu'elle s'organise: conduire les
enfants l'cole et la garderie, assister au cours de
piano, etc. << Qui va garder la petite pendant le cours de piano
de son frre o je dois rester ? Et si la petite est de nouveau
malade, qui s'occupera d'elle comme il faut ? Je vais devoir
prendre d'autres journes de cong. Encore ! Et si l'otite la
rendait sourde ? Et si l'avion de Marcel s'crasait ? Ah, non !

32 E NNNTEZ DE VOUS FAIRE DU SOUCI


Je ne dois pas penser a ! Ce serait la catastrophe, ma vie
serait horrible. Et les enfants ! Le chagrin serait insurmontable !... Franchement, pourquoi je pense tout a ? Je ne dois
pas penser comme a. Tout va bien se passer. >>
Suzanne arrive au travail toujours soucieuse : < Ouf !
Je ne suis pas en retard, mais il s'en est fallu de peu. C'est
vrai, il ne faut surtout pas que j'oublie de payer la facture

d'lectricit avant la date d'chance... Franchement, je

n'aime pas que Marcel soit oblig de voyager pour son travail, on ne sait jamais ce qui peut arriver l'tranger...
Le mari de Suzanne lui fait souvent remarquer qu'elle
se fait trop de souci. Ses amis et ses proches le lui disent
galement. Suzanne objecte qu'elle a toujourS t comme
cela, et qu'elle n'y peut rien: se proccuper des autres ou
se faire du souci propos de tout fait partie intgrante de sa
personnalit. D'ailleurs, si elle ne se faisait pas de souci, qui
le ferait sa place ?
Les soucis excessifs ne portent pas ncessairemenf sur
tous les domaines de la vie. Andr mentionne qu'il a toujours t enclin se faire du souci propos de sa performance au travail. Dans son entourage, on a tendance dire
de lui qu'il est perfectionniste.
Andr raconte : << Tout jeune, j'avais dj peur de ne
pas tre capable de faire les mmes choses que mes copains,
par exemple bien dessiner, tre un bon nageur, etc. En
classe, j'avais peur de ne pas tre la hauteur et d'chouer
aux examens. >>
Toutefois, cette propension se faire du souci s'est
accentue lors de son entre I'universit. Andr a
commenc tre tendu plusieurs semaines avant la date des
examens, avoir peur au moment de rdiger son mmoire,
craindre de ne plus pouvoir payer ses frais de scolarit. Il
s'imaginait ne pas russir et tre malheureux toute sa vie.
>>

DES SOUCIS PLUS GRANDS QUE NATURE C 33

la naissance de son premier

enfant : << J'avais l'air


d'un bien bon papa en rne faisant du souci propos du poids
du bb
tout fait dans la norne
ou de la quantit de
- je m'inquitais de
lait qu'il- buvait. Quand nous sortions,
savoir s'il tait vtu assez chaudement, j'avais peur qu'il
attrape un rhume. Je m'interrogeais sur mon rle de pre. Je
ne voulais pas que ma famille manque de quoi que ce soit.
Et si les affaires au cabinet ralentissaient ? Et s'il y avait une

faillite ? >
Autour de lui, on a tendance s'attendrir et le percevoir comme un << papa poule >>, mais Andr trouve ses proccupations excessives, mme s'il n'en touche pas un mot
ses proches. Il mentionne encore qu'au cours des deux
ou trois dernires annes, son travail au cabinet est devenu
plus exigeant et que les inquitudes semblent avoir pris le
dessus. Dsormais,

il

est continuellement tendu et nerveux.


Il a dcid de consulter car il se sent fatigu tout le temps
et pourtant il a beaucoup de mal dormir.

Les grands indicateurs de tendance

\'

Lacaractristique principale du ffouble d'anxit gnralise est la prsence de soucis excessifs et incontrlables.
Les soucis peuvent porter sur des situations concrtes et
actuelles ou sur des problmes potentiels.
- Les soucis sont tenus pour excessifs lorsqu'ils sont
clairement exagrs ou dmesurs par rapport la situation :
par exemple, penser aux consquences possibles de l'crasement de I'avion que doit prendre son conjoint ou prvoir
qu'une otite pourrait rendre sourd son enfant (qui pourtant
n'en souffre pas encore). Non seulement il lui est parfois

34 o NnnrEZ

DE voUS FAIRE DU SOUCI

diffrcile de reconnatre I'aspect excessif du souci, mais la personne atteinte d'anxit gnralise affrrme se faire du souci
continuellement ou prouver de la difficult matriser ses
soucis qui gnent ses activits quotidiennes et nuisent la
qualit de sa vie.
- Les soucis sont considrs comme incontrlables
lorsqu'une personne ne parvient plus se concentrer sur
autre chose que ce qui la soucie.
Se faire du souci de la sorte cause une anxit importante et a des rpercussions tant sur l'tat physique que sur
la condition psychologique.
Parmi les malaises physiques et psychologiques les
plus frquents, citons I'agitation ou l'impression d'tre survolt ; les tensions musculaires, la fatigue chronique, rctrrente ou persistante; les difficults de concentration; les
trous de mmoire; l'extrme irritabilit, les problmes de
sommeil. Outre des tensions musculaires, vous pouvez galement prouver des douleurs musculaires, des tremblements
et une sensation de perte d'quilibre. D'autres symptmes
somatiques
mains froides et humides, bouche sche,
transpiration, nauses, diarrhe, difficults de dglutition,
<< boule dans la gorge >>, besoin frquent d'uriner, brusques
sursauts
sont aussi associs l'tat anxieux. D'autres
malaises peuvent survenir, par exemple des cphales (maux
de tte, migraines, etc.), des problmes gastriques (troubles
digestifs et diarrhe), des douleurs chroniques, etc., mais leur
relation avec le trouble d'anxit gnralise, dit TAG, n'est
pas encore clairement dmontre.
En matire de TAG, les soucis et I'anxit sont tellement drangeants qu'ils interfrent avec les activits quotidiennes et nuisent la qualit de vie. Les personnes
souffrant d'un TAG disent trs souvent se sentir mal force
de se faire trop de souci et avoir de la peine accomplir tout

DES SOUCIS

PLI]S GRANDS QUE NATURE .35

ce qu'elles devraient ou voudraient faire cause des soucis


et de I'anxit. Si certaines finissent dmoralises et puises, la plupart arrivent fonctionner malgr tout, ce qui
explique que, exception faite des intimes et des proches, le
TAG soit rarement apparent pour les autres.

Modle du trouble d'anxit gnralise

36

O NNNTEZ DE VOUS FAIRE DU SOUCI

En gnral, quand on souffre d'un TAG, on s'inquite


propos de tout et de rien, de << petits >> comme de << grands
problmes : le bien-tre de sa famille, son propre rendement
au travail, conduire ses enfants l'cole,L'argertt, etc. On se
fait mme du souci quand tout va bien... Dans la majorit
des cas, ce sont des anticipations concernant des problmes
qui pourraient peut-tre, ventuellement, possiblement, on ne
sait jamais, a:river un jour. . . Toutefois, la plupart du temps,
les personnes atteintes de TAG reconnaissent elles-mmes
que leurs soucis sont disproportionns par rapport la situation relle et que l'vnement propos duquel elles se font
du mauvais sang risque peu de se produire. Comme le dit
Suzanne : << J'ai toujours I'impression que mes soucis sont
beaucoup plus grands que nature ! >>
>>

Les paradoxes d'un trouble


Mme si elles en souffrent,les personnes aux prises avec
un TAG jugent globalement qu'il est utile de se faire du souci,
mme de faon excessive. Certaines en font mme un lment
positif qui les prpare au pire et leur vite de mauvaises surprises. On comprend mieux, du coup, qu'il soit difficile de
leur faire accepter que cette propension se faire du souci
continuellement et excessivement est la source de leurs malaises et qu'elles auraient tout avantage moins se faire de souci.
Voici ce que rpondent, pr exemple, Suzanne et Andr
quand on leur demande s'il est utile de se faire du souci :
- Suzanne.' << Bien sr ! Cela me peflnet d'envisager
I'avance toutes les solutions au cas o 1'vnement apprhend se produirait. C'est comme une assurance que je prends
au cas o.
>>

DES SOUCIS

PLUS GRANDS QUE NATURT C 37

qui m'a permis de russir dans la vie. Si je ne m'tais pas fait autant de
souci propos de mes performances, je n'aurais peut-tre pas
pr ussir aussi bien au travail ou tre un aussi bon pre. >

Andr;

< videmment ! C'est mme ce

Une varit de thmes,


deux grands types de soucis
Les rcentes tudes que nous avons conduites indiquent
que, malgr la multitude de thmes possibles, les soucis peuvent tre classs en deux catgories: 1. les soucis qui ont
trait un problme actuel, savoir une situation qui se produit dans le prsent ou qui s'est produite rcemment ; 2' les
soucis qui concernent les consquences possibles d'un problme ventuel, problme qui pounait survenir un jour ou

jamais survenir...

Nous appelons << soucis de type I >> les soucis qui se


rapportent aux consquences possibles d'un problme
actuel. Quelques exemples ? Se soucier des rpercussions du conflit qui vient d'clater avec son patron ; se
proccuper du cot des rparations de sa voiture; se
faire du souci pour sa belle-sur qui est en dpression ;
craindre de ne pas ffe en mesure de faire tout le travail
qui a t demand initialement, etc.
Les << soucis de type 2 >> concernent un problme qui

leurs rsultats ont toujours t au-dessus de la moyenne ;


avoir peur que son conjoint soit victime d'un crash
en avion ; tre proccup par I'ide de ne plus tre

38 o nnnrEz

DE

vous FAIRE DU SoUcI

performant et de perdre son emploi, alors que rien ne


tend vers cet tat de choses, etc.

On a longtemps pens qu'il n'tait pas possible, en


comparant seulement les thmes de soucis, de distinguer les
soucis excessifs et les soucis nornaux. Dsormais, on sait
que les personnes qui souffrent de TAG ont davantage de
soucis de type 2 et se font davantage de souci au sujet de
problmes ventuels, dont la probabilit est trs faible. Cela
constitue, notre sens, une caractristique importante du
ffouble qu'il faut prendre en compte dans le traitement.

Mmo
Soucis de type 1 : soucis lis l'anticipation des cons-quences
ngatives que pourrait enffaner un problme prsent
et rel.
Soucis de type 2 : soucis lis aux consquences d'un problme ventuel, dont la probabilit de survenue est extrmement faible.

Histoire de Martine
Martine a 43 ans. Elle est marie et mre de trois enfants
respectivement gs de 16, 8 et 4 ans. Elle travaille temps
plein comme secrtaire depuis de nombreuses annes. Ds la
premire rencontre avec le < psy >>, Martine se plaint de soucis
qu'elle a de la diff,rcult contenir et d'anxit assez envahissante. Elle explique que, depuis son adolescence, elle a tendance s'en faire pour toutes sortes de petites choses
11 dsg
choses propos desquelles les autres ne semblent pas tellement se faire de souci >>, prcise-t-e11e.

DES SOUCIS PLUS GRANDS QUE NATURE

.39

Cette propension se faire du souci s'est accenfue


lorsqu'elle a eu son premier enfant. Depuis, les soucis semblent dominer son existence. Martine se fait du souci de
f"oo dmesure propos de ses enfants : quelles missions
de tlvision peut-elle les laisser regarder ? Doit-elle les
laisser frquenter ce copain qui a, au moins, quatre ou cinq
piercings sur le visage. Ne devrait-elle pas insister pour
qu'ils powsuivent leurs cours de natation ? < Si jamais nous
allions en vacances la mer ou faire un tour de bateau et
qu'ils tombent I'eau... >>, etc. Martine se proccupe galement beaucoup de la scurit et du bien-tre de son mari,
tout en admeffant qu'elle s'en fait gnralement pour rien.
Il y a quelques annes, sa mre est morte d'un cancet, et,
depuis, malgr des examens mdicaux rguliers, elle se fait
beaucoup de souci l'ide d'tre atteinte de la mme maladie et d'en mourir. << Que deviendraient mes enfants sans
leur mre ? Qui s'occuperait d'eux ?
Martine a aussi tendance se faire du tracas propos
de ses collgues de travail. Elle tient absolument faire
bonne impression en toutes circonstances. Il lui arrive ainsi
d'viter certaines soires professionnelles de peur de ne pas
savoir comment se conduire et d'tre mal juge ou ridiculise. En ce qui concerne son travail lui-mme, Martine
assume beaucoup de responsabilits et trouve qu'elle possde les comptences pour le faire. Mais, ces temps derniers,
en raison d'une surcharge de travail, elle n'arrive pas toujours respecter les chances : ces retards I'inquitent et
la fatiguent en raison des heures supplmentaires qu'elle
s'impose pour essayer, malgr tout, de tenir les dlais.
L'valuation diagnostique permet d'tablir que Martine
souffre d'un TAG important et d'une lgre phobie sociale.
Les soucis occupent ses penses environ six heures parjour,
et Martine ressent frquemment les symptmes physiques
>>

40 r

,ANNTEZ DE VOUS FAIRE DU SOUCI

suivants : maux de tte, agitation, fatigue, irritabilit et


tensions musculaires.

D Un exercice pour vous: Avez-vous tendance


vous faire du souci un peu ? beaucoup ? normment ?
ln folie ?

Assurez-vous d'abord de pouvoir profiter de quelques


minutes de solitude.
. Prenez ensuite une feuille de papier et un crayon.
. l'instar de Martine, dcrivez votre situation actuelle en
faisant ressortir les principaux sujets de vos soucis et les
vnements qui alimentent ces soucis.

> TAG ou pas TAG : comment

savoir

Dterminer si on souffre ou non d'un trouble particulier


n'est jamais vident. Pour s'assurer qu'il s'agit bien d'un
TAG, plusieurs symptmes doivent tre prsents, et plusieurs
aufres absents. En outre, mme si les symptmes physiques
recenss se rattachent au TAG, un certain nombre d'aspects
diagnostiques doivent tre valus afn de vrifier que le trouble n'est pas d autre chose. C'est pourquoi il est important
de consulter un spcialiste (psychologue, mdecin ou psychiatre) : celui-ci seul sera en mesure d'valuer la nature du
problme et, au bout du compte, de confirmer la prsence
d'un trouble d'anxit gnralise. En attendant, les exercices
proposs dans les pages qui suivent vont vous permettre de
faire le point sur les difficults que vous prouvez.

D Faites votre propre diagnostic

Voici les critres qu'utilisent de nombreux spcialistes


de la sant pour tablir un diagnostic de trouble d'anxit
gnralise. Ce sont les critres dtaills dans la quatrime

DES SOUCIS PLUS GRANDS QUE NATURE

.4I

Jition du Manuel diagnostiqwe et statistique des troubles


'1rc r:t(?t/-r (DSM rV) de i'Association arnricaine de psychiatrie

\PA).

Critres diagnostiques du trouble d'anxit


gnralise (DSM-IV)
L -ri:.iet et les soucis

excessifs (attente avec apprhension)


s-r. rennent la plupart du temps durant au moins six mois et
ctrnCrrnt un certain nombre d'vnements ou d'activits
{comme le travail ou les tudes).
La personne prouve de la difficult contenir cette proccupation. Dans ce cas, l'anxit et les soucis sont associs trois
(ou plus) des six symptmes suivants (au moins quelques-uns
de ces symptmes sont prsents la plupart du temps durant les
six derniers mois) ; pour un enfant, la prsence d'un seul

.symptme suffit:
Agitation ou sensation d'tre survolt ou d'tre bout.
- Fatigabilit.
- Difficult de concentration.
- Irrirabilit.
- Tension musculaire.
- Perturbation du sommeil (difficult d'endormissement ou
-sommeil interrompu ou agit et non satisfaisant).
L'objet de l'anxit et des soucis n'est pas li aux manifestations d'un trouble principal, par exemple l'anxit ou la
proccupation n'est pas celle d'avoir une attaque de panique
(comme dans le trouble panique), ni celle d'tre gn en
public (comme dans la phobie sociale), ni celle d'tre contamin (comme dans le trouble obsessionnel-compulsif), ni
celle d'tre loin de son domicile ou spar de ses proches
(comme dans le trouble de I'anxit de sparation), ni celle
de prendre du poids (comme dans l'anorexie mentale), ni
celle d'avoir de multiples malaises somatiques (comme dans le

42 T nnRTEz DE VOUS FAIRE DU SoUcI

trouble de somatisation), ni celle d'avoir une maladie grave


(comme dans l'hypocondrie) ; en outre, I'anxit et les proccupations ne surviennent pas exclusivement en tat de stress
posttraumatique.
L'anxit, les soucis et les symptmes physiques entranent
une souffrance cliniquement significative ou une altration du
fonctionnement social, professionnel ou dans d'autres domaines importants.
La perturbation n'estpas due aux effets physiologiques directs
d'une substance (ex. : abus d'une substance, d'un mdicament, etc.) ou d'une affection mdicale gnrale (ex. : hyper-

thyrodie) et ne survient pas exclusivement en raison d'un


trouble de I'humeur, d'un trouble psychotique ou d'un trouble
envahissant du dveloppement.

Deux questionnaires sont prsents dans les pages suivfntes. Ce sont des instruments dont on se sert rgulirement pour l'valuation clinique de I'anxit gnralise. Ils
permettent de faire le point sur les problmes ou les difficults. Le premier donne un aperu de la tendance gnrale
se faire du souci ; le second a ftait plus prcisment la
nature et l'tendue des soucis et de I'anxit. En suivant
l'valuation du second questionnaire et en comparant les
rponses aux critres diagnostiques du DSM-IV prsents
plus haut, on peut se faire une ide de la prsence et de
l'ampleur du TAG.

DES SOUCIS PLUS GRANDS QUE NATURE

.43

;' Un exercice pour vous


Premier questionnaire

: Vous et vos soucis

Ce questionnaire value votre tendance gnrale vous faire du souci. I1


ne sert pas tablir un diagnostic de TAG. l score obtenu la fin de
l'exercice \,ous permettra de juger si vous avez tendance vous faire du
soucl.

Ltili:ez l'chelle suivante pour estimer jusqu' quel point chacun des
noncs suivants s'applique vous ou coffespond votre situation.
(lnscrii'ez le chiffre conespondant votre estimation devant chacun

des

noncs.)
1

i3-

Ne
correspond
pas du tout

Correspond

Correspond

un peu

ASSEZ

Correspond
beaucoup

Correspond
extrmement

l.

.. Si je n'ai pas assez de temps pour accomplir tout


je veux faire, je ne me fais pas de souci.

2.

Mes soucis me submergent.


Je n'ai pas tendance me faire du souci propos des
objets, des tres ou des vnements.
Plusieurs situations m'amnent me faire du souci.
.... Je sais que je ne devrais pas me faire de souci, mais je
n'y peux rien.
Quand je suis sous pression, je me fais beaucoup de

J.
4.
5.

ce que

souci.

\'

7.

Je me fais du souci continuellement et propos de tout.

8.
9.

.. Je me dbanasse facilement de penses proccupantes.


Aussitt que j'ai f,rni une tche, je commence immdiatement me faire du souci au sujet de tout ce qu'il me reste

10.

encore faire.
Je ne me fais jamais de souci.

. Quand je n'ai plus rien faire ni rien penser l'gard


d'un tracas, je ne me fais plus de souci.
12.
... Je me suis fait du souci tout au long de ma vie.
11.

13.

. Je remarque que je me fais du souci pour certains sujets.

44

ARRTEZ DE VoUs FAIRE DU

4.

Quand

5.
6.

soucl

je commence me faire du souci, je ne peux pas

m'arter.

.. Je me fais du souci tout le temps.


Je me fais du souci au sujet de mes projets jusqu' ce
qu'ils soient mens terme.

!. e"

vahaton et interprtation du questionnaire: Additionnez tous

les

chiffres attribus aux noncs. Plus votre score total est lev, plus vous
avez, de faon gnrale, tendance vous faire du souci.

Second questionnaire

: Vous, vos soucis

et votre anxit

1. Quels sont les sujets propos desquels vous vous faites le plus souvent du souci ?

h),..
.- ..
\?
.b

d\
\

h)
c)

fi

2.srce que vos soucis vous semblent excessifs ou exagrs ? (Entourez le chiffre correspondant votre situation.)
0

Aucu-

Moyen-

Tout

nement

nement

fait

3. Au cours des six derniers mois, pendant combien de jours avez-vous


t troubl par des soucis excessifs ? (Entourez le chiffre correspondant
votre situation.)
0
Jamais

Unjour

Tous

sur
deux

jours

les

4. Eprouvez-vous de la difficult matriser vos soucis ? Par exemple,


lorsque vous commencez vous faire du souci propos d'un objet,
d'une personne ou d'un fait, avez-vous de la difficult vous anter ?
(Entourez le chiffre correspondant votre situation.)

DES SOT]CIS

PLUS GRANDS 8UE NATURT

45

Aucune

Diffi-

Diffi-

diffr-

cult

culr

mod-

cult
extrme

re
5. Durant les six derniers mois, lorsque vous tiez sorrcieux ou anxieux,
avez-vous souvent t noubl par I'une ou l'autre des sensations (ou
qrryOmes) srivantes ? (Evaluez chaque sensation ou chaque syrnptme
l'cbelle suivante.)
I'ai&

Aucu-

Moyen-

Grave-

ment

nement

troubl

troubl

ment
troubl

. Agitation, surexcitation, nerfs vif.


....-....-..!.1. Tendance manifeste la fatigue.

..... -..

-..i..'

::::::::::::

m;ff

concenftation ou trous de mmoire'

Tensions musculaires.

......

.. . ....*,"'Problmes de sommeil

(difficult d'endormissement ou de

sommeil, sommeil agit et insatisfaisant).

ou le souci nuit-il votre vie, c'est-dire votr rvail, vos activits sociales, voffe famille' etc' ?
@ntourez le chiffre correspondant votre situation.)
6. Jusqu' quel point I'anxit

Aucu-

Moyen-

nement

nement

46 o AnnTEZ

DE VOUS FAIRE DU SoUcI

la premire question de cet exercice, avez-vous inscrit

au moins un
sujet de soucis figurant parmi les objets de soucis gnraux numrs
dans le questionnaire << Qu'est-ce qui vous cause du souci et jusqu'
quel point ? > (voir page43). Si c'est le cas, avez-vous attribu une
cote de valeur4 aux questions 2,3 et 4 du prsent exercice et a\ezvous donn une cote d'au moins 4 3 des six symptmes d'anxit de
la question 5 ? Si vous rpondez oui toutes ces questions, il est probable que vous souffriez d'un TAG.

Conseil
Ne laissez pas vos difficults prendre le dessus. Agissez
maintenant

D'o vient le malaise ?


Si on souffre de quelque trouble d'ordre mental ou psychologique et qu'on dsire recevoir un traitement appropri,
il importe de dterminer quelle est la nature exacte du trouble en question. Comme nous le verrons plus loin, de nombreux troubles psychologiques peuvent ressembler de prs
ou de loin au TAG. Cependant, nous tenons vous rappeler
encore une fois quel point il est primordial de consulter
un spcialiste de la sant mentale si vous souffrez d'un
malaise psychologique ou si vous ne vous sentez pas bien,
c'est indispensable pour recevoir des soins adapts.

D Le trouble panique

La caractristique premire du trouble panique est la


prsence d'attaques de panique rcurrentes qui surviennent
de faon imprvisible (c'est--dire sans qu'on s'y attende,

DES SOUCIS

PLI]S GRANDS QUE NATURE . 47

si on tient compte de la situation ou du contexte o ces attaques se produisent) et qui constituent un motif d'un souci
persistant. Une attaque de panique est une pousse soudaine
et intense d'anxit, de peur ou parfois mme de terreur,
associe une impression de catastrophe imminente. Au
cours de ces attaques, les symptmes suivants peuvent se
manifester : souffle court, palpitations, douleur ou inconfort
la poitrine, sensation d'tranglement ou d'touffement,
peur de perdre la matrise de soi, de devenir fou, de mourir, etc. Le trouble panique peut s'accompagner d'agoraphobie, laquelle se dfinit par le fait d'viter des lieux ou des
situations par peur de ne pas pouvoir en sortir ou ne pas pouvoir obtenir de I'aide en cas d'attaques de panique.
Depuis quelque temps dj, Jean a du mal aller au
restaurant, faire ses courses au march de son quartier ou
se r?ndre au cinma. Il tente, dans la mesure du possible,
d'viter ces activits qui lui plaisaient pourtant beaucoup
auparavant. Depuis le jour o il a d quitter un restaurant
tant il avait peur de s'y vanouir, Jean vit dans la crainte de
revivre ces sensations dsagrables. Cet tat qu'il qualifie
lui-mme d'<< tat de panique >> le proccupe au point qu'il
a l'impression de se faire du souci sans cesse.

> In phobie spciftque

La phobie spcifique se caractrise essentiellement par


la prsence d'une peur exagre et d'une anxit leve en
prsence d'un objet ou l'gard d'une situation prcise.
Cette peur, qui entrane souvent des comportements de fuite
ou de drobade, est tenue pour exagre, car l'objet qui est
craint ne prsente pas ncessairement de caractre dangereux : elle n'a aucune fonction de survie dans le contexte.
Prenons, par exemple, la phobie des chiens. Un chien peut

48 T ,cnnTEZ DE VoUS FAIRE DU SoUCI

tre un animal dangereux, mais tous les chiens ne le sont


pas, ils sont tenus en laisse. Nanmoins, quelqu'un qui a la
phobie des chiens va prouver une trs grande peur quand
il se retrouvera en prsence d'un chien ou qu'il en croisera
un dans la rue, et cette peur va se manifester mme si I'animal est tenu en laisse ou s'il est loin.
L'atu'it peut se manifester sous forme d'attaque de
panique si la personne est entre en contact avec I'objet phobogne (qui cause la phobie) ou doit affronter la situation
dont elle a peur. Parfois, le seul fait de penser I'objet
phobogne suffit engendrer de I'anxit. Rappel: nous
I'avons dj mentionn, il existe toutes sortes de phobies,
phobies des espaces exigus et clos, phobies des insectes, des
animaux, du sang, des piqres, etc. (voir page 14).

> In phobie sociale

La phobie sociale se caractrise par la prsence d'une


forte anxit dans certaines situations sociales ou certains
contextes de performance. Elle conduit souvent adopter
des comportements de fuite. Les symptmes somatiques
peuvent ressembler aux symptmes du trouble d'anxit
gnralise ou ceux du trouble panique, mais ils sont, en
vri,t, la consquence de penses lies des situations
sociales particulires ou bien rsultent de I'exposition aux
situations redoutes. Ces symptmes somatiques sont donc
propres aux situations en question. Voici un exemple.
Au cours de runions d'quipe, ve doit rgulirement
exposer son point de vue ses collgues. Elle a beau travailler avec tous ces gens depuis plusieurs annes, l'preuve
est exagrment pnible. I1 lui arrive souvent de ressentir
des bouffes de chaleur, d'avoir des palpitations et de sentir
sa gorge se nouer. Eve a mme I'impression que ses coll-

DES SOUCIS PLUS GRANDS QUE NATURE O 19

gues voient ses mains trembler. Elle est extrmement proccupe par ce qu'ils vont penser d'elle. La situation est de
plus en plus prouvante, car Eve apprhende de plus en plus
ces runions. Tantt elle trouve un prtexte pour viter d'y
aller, tantt elle s'absente de son poste pour de ne pas y
assister. Bien qu've ne soit pas foncirement quelqu'un de
nature soucieuse, penser des runions sociales ou profes-

sionnelles la rend nerveuse.

> Le trouble obsessionnel-compulsif


Ce trouble a pour caractristique essentielle la prsence
simultane d'obsessions qui entranent de 1'anxit ou une

souffrance notable et de compulsions qui neutralisent


I'anxit. La compulsion prend la forme d'un geste ou d'un
acte r!titif (se laver les mains, vrifier le bon tat d'une
serure, suivre un ordre de rangement strict) qui a pour fonction de rduire, de soulager ou de compenser I'anxit (voir
l'exemple de Paul et sa manie de tout vrifier, page29).

> L'tat de stress posttraumatique


Ce trouble se caractrise par la reviviscence d'un vnement exffmement ffaumatisant. La personne qui en est
affecte a I'impression de revivre cet vnement sous forme
d'images trs nettes ou de rves rcurrents. La souffrance
prouve s'accompagne de symptmes d'activation physique et pousse viter tout ce qui peut rappeler l'vnement
en question. Ainsi, quelqu'un qui a t tmoin d'un grave
accident d'automobile sera incapable de reprendre la mme
route. Il prouvera un malaise insurmontable, reverra des
squences de I'accident et deviendra fbrile la simple vocation de l'vnement. Des cauchemars contenant des scnes ou des images de I'accident le rveilleront en pleine nuit,

50 T nnRTEZ DE VOUS FAIRE DU SoUcI

ce qui l'amnera mme souffrir d'insomnie. Toutes ces


ractions ngatives, intrusives et fragilisantes rsultent d'un
seul et mme vnement traumatisant.

Mmo
Le souci excessif est prsent dans diffrents ffoubles mentaux,
mais il ne se manifeste pas de la mme faon que dans le TAG.
La grande distinction tient notamment aux thmes ou aux
objets des soucis. D'o I'importance de procder une analyse dtaille du trouble avant mme d'essayer de poser un
diagnostic. L'objet du souci et la faon dont celui-ci se manifeste dtermineront s'il s'agit d'un TAG, d'un trouble panique
ou d'une phobie sociale. Il en va de mme pour les autres troubles dcrits plus haut.
a

D Troubles anxieux et troubles de I'humeur


Toutefois, les tudes ont montr que les personnes
atteintes de TAG souffrent frquemment d'un ou de plusieurs autres troubles. La comorbidit constitue plus la rgle
que I'exception. Il arrive galement que les soucis prsents
dans un TAG rejoignent des proccupations typiques
d'autres troubles, comme la crainte de perdre connaissance
propre au trouble panique, la peur de rougir ou la peur de
prendre la parole propres la phobie sociale ou I'anxit
relative un objet prcis caractristique de la phobie simple.
S'il est frquent de souffrir de plusieurs troubles anxieux
la fois, les difficults qui sont le plus souvent associes au
TAG sont des troubles de I'humeur. On estime, en effet, que
80 7o des personnes atteintes de TAG prsentent aussi des
symptmes dpressifs et qu'un bon nombre d'entre elles
souffrent vraiment de dpression.

DES SOUCIS PLUS GRANDS QUE NATURT o

5I

Une dpression majeure se caractrise par une


humeur morose et douloureuse ou par la perte d'intrt ou
de plaisir l'gard de presque toutes les activits qui
taient apprcies et aimes avant. Il s'agit d'un pisode
qui persiste au moins deux semaines et durant lequel la
lassitude, ou l'abattement, est prsente presque toute la journe, voire toute la journe. Pour tablir un diagnostic de
dpression majeure, quatre des symptmes suivants doivent apparatre durant presque toute la journe : changement marqu de l'apptit ou du poids, du sommeil ou de
I'activit psychomotrice, baisse d'nergie, autodprciation ou culpabilit, difficult penser, se concentrer ou
prendre des dcisions, ides de suicide ou de mort ou
plans de suicide rcurrents et frquents. Une personne
atteintp de dpression souffre beaucoup, et son comportement sur les plans social et professionnel en est trs souvent perturb.
L'autre trouble de l'humeur dont souffrent frquemment les personnes atteintes de TAG est le < trouble dysthymique >>. Celui-ci se caractrise par une humeur dpressive
chronique mais moins intense que dans le cas de la dpression majeure. La tristesse, le dcouragement et la dprciation personnelle se manifestent une grande partie de la
journe et au moins un jour sur deux depuis deux ans.
Durant les priodes de < dprime ), u moins deux des
symptmes suivants se manifestent : changement sur le plan
de l'apptit (faible apptit ou abus de nourriture aux repas),
changement sur le plan du sommeil (insomnie ou hypersomnie), faible quantit d'nergie ou fatigue, faible estime de
soi, difficult de concentration ou de dcision, sentiment
aigu de dsespoir.
Il est urgent de consulter un spcialiste lorsqu'un ou
plusieurs troubles de I'humeur accompagnent un TAG. En

52 o nnnTEZ

DE VOUS FAIRE DU SOUCI

effet, les difficults tendent s'accentuer rapidement et se


cristalliser, elles deviennent donc plus compliques traiter
avec le temps. La prsence d'un autre trouble complexifie
toujours le choix du traitement, c'est tout particulirement
wai lorsqu'il s'agit de ffoubles dpressifs.

Qui ? Quand ? Comment

Le TAG figure parmi les troubles d'anxit les plus


rpandus : 4 5 Vo de la population en souffriraient, en
effet. Ce trouble anxieux peut toucher n'importe qui. Cependant, comme de nombreux autres troubles d'anxit, il
affecte deux fois plus les femmes que les hommes. En
outre2le TAG ne se limite pas aux adultes : les adolescents
et les personnes ges peuvent galement souffrir de soucis excessifs. On estime que de 2 4 7o des enfants et des
adolescents seraient atteints de TAG. Des tudes portant
sur des adolescents du Qubec ont mme rvl qu'environ 15 Vo des jeunes qui faisaient des tudes secondaires
avaient tendance se faire du souci de manire excessive.
Chez les enfants comme chez les adolescents, il semble
que les filles soient plus souvent touches que les
garons.

D Des jeunes...
Chez les jeunes, les soucis gravitent plutt autour de
I'ide de performance, que ce soit l'cole ou dans les
activits extra-scolaires. Mme si leurs rsultats ou leur
rendement ne sont pas ncessairement valus ou jugs,
ces jeunes se font du souci I'ide de ne pas tre la hau-

DES SOUCIS PLUS GRANDS QUE NATURT' O 53

teur ou de ne pas tre assez bons compars leurs camarades. Souvent, ils vont recommencer une tche parce
qu'ils trouvent qu'elle n'est pas assez soigne. Ces enfants
et adolescents manquent de confiance en eux et ont constamment besoin d'tre rassurs sur plusieurs plans : incendie qui se dclarerait dans la maison, panne de voiture qui
empcherait de se rendre un rendez-vous, amour des
parents, etc. Ces jeunes semblent aussi trs proccups par
la ponctualit et sont enclins au dfaitisme, c'est--dire
qu'ils ont tendance voir les choses ngativement
(< mme si elle nous a assur qu'elle viendra, je ne pense
pas que tante Andre puisse venir nous voir la fin de cette
semaine >> ; << je pense que mon copain m'invite son anniversaire >>, etc.). A noter: pour tablir un diagnostic de
TAG chez un enfant, il suffit que soit prsent un seul des
symptmes somatiques (physiques) figurant dans la liste
des critres diagnostiques du trouble d'anxit gnralise
(voir page 41).

> ... Et des moins

jeunes

Avec environ 7 7o des personnes touches, le TAG est


sans doute le trouble anxieux le plus frquent chez les personnes ges. Toutefois, les symptmes du TAG apparaissent rarement aprs 65 ans ; il s'agit, dans la majorit des
cas, d'un trouble qui a dbut plus tt et qui s'est enracin
et consolid avec le temps. Comme chez les adultes et les
enfants, les femmes sont plus concernes que les hommes.
Du moins sont-elles plus nombreuses. Le thme d'inquitude porte le plus souvent sur la sant, les capacits physiques, la scurit physique, la mort et la sant des enfants
devenus adultes.

54 o e,nnrEZ

DE VoUs FAIRE DU SoUcI

> Petit petit


Le TAG dbute de faon graduelle. Petit petit, la personne se rend compte que ses soucis occupent une place
grandissante dans sa vie et que les malaises causs par
I'anxit ne cessent de s'accentuer. S'il s'installe souvent
ds l'adolescence, le trouble atteint gnralement un seuil
clinique vers l'ge de 20 ans, soit au moment o les difficults deviennent suffisamment dbilitantes pour que soient
remplis les critres diagnostiques numrs. Certains vont
donc associer le dbut de leurs difficults un vnement
majeur (la naissance d'un enfant ou une maladie grave), ou
une preuve, ou le fait d'avor t victimes d'abus ou de
ngligence. Toutefois, la majorit des personnes souffrant
du TAG n'arrivent pas dterminer l'lment particulier qui
a dclench leurs soucis. Elles associent plutt leurs symptmes une accumulation de stress, de responsabilits ou
encore leur personnalit.
Comme le TAG est un trouble qui dure gnralement
longtemps s'il n'est pas trait, les objets ou les thmes de
soucis peuvent voluer au fil du temps. En effet, les thmes
de soucis sont intimement lis chaque ge de la vie. Par
exemple, les adolescents vont se faire particulirement du
souci pour leurs tudes, les adultes vont se faire du souci
pour leur avenir, leur travail, leur situation financire ou
leurs enfants, alors que les ans se font particulirement du
souci l'gard de leur sant. noter : les relations familiales comme les relations interpersonnelles en gnralfigurent
parmi les thmes de soucis les plus frquents chez les personnes souffrant de TAG, quel que soit l'ge.
Alors que le TAG fait partie des troubles anxieux les
plus courants, il constitue de faon tonnante le trouble

DES SOUCIS PLUS GRANDS QUE NATURT e 55

anxieux pour lequel on consulte le moins. Au moment o ils


consultent, les patients disent en souffrir depuis vingt ans en
moyenne. Plusieurs raisons peuvent expliquer cet tat de fait.
- Le TAG passe souvent inaperu. Les personnes qui
en sont atteintes ont f impression que se faire du souci fait
partie intgrante de leur personnalit ; elles ont tendance
<< normaliser >> leur tat, attnuer leur problme ou encore
faire dpendre leur tat de circonstances extrieures : << Il
est normal de se faire du souci pour la scurit de ses
enfants, tant de choses terribles arrivent de nos jours.
- Les personnes atteintes de TAG consultent surtout
leur mdecin de famille, se plaignent le plus souvent de la
gne ou du malaise suscit par les symptmes physiques
associs au TAG. La prsence de soucis excessifs et incontrlable*- caractristique principale du trouble
-passe
donc inaperue aux yeux du mdecin, les patients qui
souffrent du TAG ont souvent en mme temps des maux physiques, et c'est pour ceux-ci qu'ils vont voir un mdecin:
syndrome du clon irritable, insomnie, douleurs persistantes
sans cause apparente (muscles, articulations, abdomen, poitrine, etc.), maux de tte, etc. L'attention est ainsi fixe sur
l'aspect physique de la sant.
- Le TAG est encore relativement mconnu. Ce n'est
que depuis peu que ce trouble est considr comme un mal
contraignant et dltre (voir l'historique du TAG, page 9).
De nornbreuses raisons peuvent donc expliquer que les
personnes atteintes de TAG ne consultent pas, mme quand
elles considrent elles-mmes que leurs soucis sont excessifs et qu'elles gagneraient moins se faire de souci. Les
principaux motifs invoqus sont:
. << C'est moi, je suis comme a.
. << On ne peut pas changer la personnalit des gens.
>>

>>

>>

56 o

,qnnTEZ DE VoUS FAIRE DU SoUCI

a fait tellement longtemps que je suis comme a, je ne


pense pas qu'on puisse faire quoi que ce soit pour moi. >>
. << J'ai toujours cru que j'tais seulement un peu nerveux. >>
<. J'ai toujours cru qu'il fallait se faire du souci pour bien
faire les choses. >>
. <. J'en ai parl mon gnraliste qui m'a prescrit un mdicament pour me calmer. >>
. <. Si je ne me fais plus de souci, qui vale faire maplace ? >>
<< J'aime mieux m'attendre au pire : ce sera moins dur si
un malheur me tombe dessus. >>
<<

D Un exercice pour vous :


Pour quelles raisons n'avez-vous pas consult

. Prenez-un papier et un crayon.


. Dressdz la liste des raisons pour lesquelles vous n'avez
jamais consult propos de vos soucis.

D Un exercice pour vous : Pourquoi se faire du souci

Ce questionnaire va vous aider faire le point sur vos croyances propres et vous permettre de dterminer les fonctions que vos soucis remplissent (est-ce qu'ils servent, par exemple, vous rassurer sur le fait
que vous faites tout ce qui est en votre pouvoir pour qu'il n'arrive rien
de fcheux vos proches ?).
Voici une srie d'noncs se rapportant des soucis. Souvenez-vous
des moments o vous vous faites du souci, et indiquez jusqu' quel
point ces noncs vous semblent vrais. (Indiquez le chiffre qui vous
parat le plus adapt votre cas devant chacun des noncs.)

I = Pas du tout vrai


2 =Un peu vrai
3 = Assez vrai
4 = Trs vrai -r
5 = Tout fait vrai

':.,

DES SOUCIS PLUS GRANDS QUE NATUNE

1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.

.57

Si je ne me faisais pas de souci, je ferais preuve


d'insouciance et d'irresponsabilit.
...... -j... Si je me fais du souci, je serai moins branl quand
des vnements imprvus se produiront.
.......... Je me fais du souci pour savoir quoi faire.
Si je me fais du souci l'avance, je serai moins du
quelque
chose de grave arrive.
si

..........i;'Le fait de me faire du souci m'aide planifier mes


actions pour rsoudre un problme.
. Le simple fait de me faire du souci peut empcher les

malheurs d'arriver.

Si je ne me faisais pas de souci, cela ferait de moi une


personne ngligente.
..........,,{ C'est en me faisant du souci que je finis par entreprendre le travail que j'ai faire.
..........:{. Je me fais du souci parce que je pense que cela peut
m'aider trouver une solution mon problme.
10. ..........,'. Le fait de me faire du souci prouve que je suis une
peonne qui veille ses affaires.
Trop penser des vnements positifs peut empcher
qu'ils se produisent.
12. .........4: Le fait de me faire du souci confirme que je suis une
personne prvoyante.
Si un malheur arrive, je me sentirai moins responsable
si je me suis fait du souci avant.
14. .......... ";i En me faisant du souci, je peux trouver une meilleure
faon de faire.
Le souci me stimule et me rend plus efficace.
16. .........,1', Le fait de me faire du souci m'incite passer

8.

9.

11.
13.

15.

17.

l'action.

Le simple fait de me faire du souci diminue le risque


qu'un vnement grave anive.
18. ........,;r;'?arce que je me fais du souci, je fais certaines choses
que je n'e me dciderais pas faire autrement.
Le fait de me faire du souci me pousse faire ce que
19.

20.

je dois faire.
A eux seuls, mes soucis peuvent diminuer le risque de
danger.

,.

21. ........,i1.

En me faisant du souci, j'augmente mes chances de

trouver la meilleure solution.

58

,cnnrEz DE VoUs FAIRE DU SoUcI

))

23.

e fqit da mc foira drr cnrrni

r{a ma

oonfi

moins coupable si un vnement gtave se produit.


.........)i.'Si je me fais du souci, je serai moins triste lorsqu'un
vnement ngatif arrivera.

Si on ne se fait pas de souci, on peut attirer

24.

les

malheurs.

I fait de me faire du souci prouve que je

25.

suis

quelqu'un de bien.

Evaluation et interprtation

: Il y a plusieurs faons d'utiliser

ce

questionnaire. Commencez par additionner les scores : plus votre score


total est lev, plus vous avez de croyances errones sur I'utilit de
vos soucis, et plus ces croyances sont intenses. Dans un second temps,

procdez au classement de vos rponses. I1 arive, en effet, qu'on


enfetienne certains types de croyances plutt que d'autres et que ces
croyances entretiennent elles seules des soucis excessifs. Cinq ordres
ou grands types de croyances sont prsents dans le questionnaire cidessus. Ils ont trait aux lments suivants :
1.

La rsolution de problmes : <( Me faire du souci m'aide rsoudre


mes problmes >>
items_9, 15, 1S;18 et 19 ;

2. L'incitation entreprendre une activit: << Me faire


pousse agir >
items
14 et 2l ;

du souci me

:, !, ?,

: < Si je me fais du souci, je


items 2, 4, 13,22 et 23 ;

3. L'anticipation des motions ngatives

serai moins du >

4. La pense magique: < Si je me fais du souci, il y a moins de


risques qu'un vnement ngatif survienne>>
items 6, ll, 17,

20

et24;

5. La personnalit :

<<

Me faire du souci pour les autres signifie que je


>>
items 1,7, I0, 12 et 25.

suis une personne responsable

Classez vos croyances d'aprs ces cinq grands types et relevez les
noncs o vous avez inscrit des 4 et des 5. Quels types de croyances
vous concernent le plus ?

DES SOUCIS PLUS GRANDS QUE NATURE C 59

Rien ne va plus

Jusqu'au dbut des annes 1990, le TAG tait souvent


dcrit comme un des troubles anxieux les moins handicapants
compar au ffouble panique par exemple. On pensait qu'il n'avait pas beaucoup d'incidences ngatives et
qu'il tait normal de composer avec ce trouble. De rcentes
tudes ont montr, I'inverse, que les personnes atteintes
de TAG souffraient beaucoup plus qu'on I'imaginait et que
les rpercussions de ce trouble affectaient plusieurs domaines de l'existence.
La majorit des personnes aux prises avec un TAG
consultent un moment ou un autre, nous I'avons vu, pour
leur problme d'anxit, mais comme au moins la moiti
des patients rencontrent un mdecin gnraliste et font tat,
en premier lieu, de maux physiques
fatigue, tensions
musculaires ou difficults de sommeil. Comme elles peroivent trs souvent leur tendance se faire du souci comme
un trait intrinsque de leur personnalit, elles ne mentionnent pas cet lment au mdecin qui va, donc, examiner
et traiter les symptmes physiques : le trouble psychologique sous-jacent peut ainsi chapper toute investigation
mdicale.
On dcle souvent un TAG chez des patients prsentant
des douleurs la poitrine qui ne sont pas lies une maladie
cardiaque causale ou un syndrome du clon irritable. Ces
personnes consultent donc pour des symptmes physiques
tout en ignorant que leur propension se faire du souci
peut provoquer et entretenir ces symptmes. Dans le cas
de personnes souffrant du syndrome du clon irritable, la
reconstitution de l'histoire des symptmes physiques et

60 r ANnrEZ

DE VoUs FAIRE DU SoUcI

psychologiques rvle dans la trs grande majorit des cas


que la tendance excessive au souci aprcd I'apparition du
trouble physique. Le fait que patients et professionnels de la
sant ne voient pas dans la tendance se faire du souci une
difficult majeure et singulire, mritant une affention particulire, entrane une utilisation inapproprie, voire excessive,
des services mdicaux, qui n'attnue en rien la souffrance
psychologique et physique qui, elle, persiste.
Or, long terme, le TAG suscite l'puisement et la
dmoralisation. Rappelons que la dpression constitue une
des complications les plus frquentes du TAG, et elle n'est
pas la seule : la consommation de drogues ou I'abus d'alcool
en sont d'autres. L'alcool a d'ailleurs longtemps t utilis
comme une substance anxiolytique dans des sirops et des
prparatigns prtendument thrapeutiques. De nombreuses
personnes aux prises avec un problme d'anxit boivent
pour apaiser leur malaise, du moins pour en attnuer le
conffecoup physiologique, ce qui aggrave le problme, car
elles ne cherchent plus, alors, se faire aider convenablement. Dans un tel contexte, la consommation rpte
d'alcool ou de drogues augmente le risque de dpendance.
Sur le plan professionnel, le TAG peut avoir des effets
nfastes en augmentant I'absentisme, les besoins de rendement, voire les risques de perte d'emploi. Autrement dit, le
TAG rduit la qualit de vie.
Les tudes indiquent que le TAG ne connat jamais de
rmission complte spontane ; il ne gurit pas tout seul avec
le temps. Sans traitement adapt, il volue vers la chronicit.
Les symptmes vont gnralement s'accenfuer, devenir de
plus en plus difficiles supporter, de plus en plus envahissants
dans la vie quotidienne. En mme temps, les risques de complications s'lvent : dpression majeure, dysthymie (perte de
plaisir et d'intrt pour ce qu'on aimait faire auparavant),

DES SOUCIS PLUS GRANDS QUE NATURE

.6I

douleurs physiques rcurrentes que des examens mdicaux


n'lucident pas, etc. Il est donc important de consulter !

Mmo
Le TAG ne gurit pas tout seul...

Du malaise au trouble: petit historique

At

d'tre dsign par le nom de trouble d'anxit


gnralise, le TAG a reu diffrentes appellations. On parlait ainsi d'<< anxit flottante t, d'.. anxit non spcifique>> ou (< d'anxit diffuse>. On l'voquait quand le
patient ne remplissait pas les critres des autres troubles
anxieux. D'ailleurs, on a longtemps cru que le TAG tait
une raction d'anxit envahissante lie des facteurs existant de faon constante dans le milieu de vie des personnes
concernes, mais qu'il tait impossible d'en dterminer la
source exacte. La dfinition du TAG est ainsi demeure
vague et controverse durant de nombreuses annes.
C'est en 1980 que, pour la premire fois, le trouble
d'anxit gnralise a t reconnu officiellement, avec la
publication, par I'Association amricaine de psychiatrie
(APA), de la troisime dition du Manuel diagnostique et
statistique des troubles mentaux (DSM-III). l'poque, le
diagnostic de TAG ne pouvait tre tabli qu'en l'absence de
tout autre trouble mental, puisque, selon le DSM-III,l'arxit
gnralise constituait un symptme essentiel de plusieurs
autres troubles mentaux. Cette faon de diagnostiquer le
TAG ne tenait donc toujours pas compte convenablement
des personnes luttant contre des soucis excessifs.

62 e nnnTEZ

DE VOUS FAIRE DU

soucl

Il a fallu attendre 1987, anne de publication de la version rvise du DSM-III (le DSM-III-R), pour que le TAG
fasse I'objet d'un diagnostic particulier, mme concuffemment avec un autre trouble. Sur les quatre catgories de
symptmes figurant dans les critres du DSM-III, la catgorie << attente craintive >> est devenue le premier critre permettant de reconnatre ce trouble anxieux. ll tait galement
prcis que l'anxit et les soucis injustifis ou excessifs
ou l'attente craintive
devaient concerner, au moins,
-deux situations ou vnements
et qu'ils devaient se manifester plus d'un jour sur deux pendant six mois ou plus
(APA, 1987). Le DSM-III-R spcifiait toutefois que, si un
autre ou plusieurs autres troubles taient diagnostiqus, les
soucis et I'anxit devaient tre indpendants de celui-ci ou
de ceux-ci. Ainsi, si la volont de mieux cerner le TAG tait
indniable, certains aspects continuaient de rendre difficile
le processus diagnostique. Non seulement la dfinition d'un
souci injustifr restait ambigu, mais il fallait s'occuper d'un
nombre lev de symptmes somatiques, dont prs de la
moiti faisait aussi partie des critres tablissant une attaque
de panique. Ces symptmes communs entretenaient une
relle difficult diffrencier le TAG du trouble panique.
La plus rcente dition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (le DSM-IV, 1994) a apport
un clairage nouveau et dterminant. La notion de soucis
excessifs et injustifis a t remplace, juste titre, par celle
de soucis excessifs et difficiles dominer. Il est, en effet,
souvent ardu d'isoler les critres permettant de distinguer
les cas o un souci est justifi de ceux o il ne I'est pas. Le
thrapeute et son patient reconnaissent plus facilement un
souci s'il est excessif au regard de la situation laquelle il
se rattache. Dans la mme perspective, le DSM-IV a inclus
explicitement un critre relatif au contrle des soucis et aux

DES SOUCIS PLUS GRANDS QUE NATURE

T 63

incidences quotidiennes qui en dcoulent. Ainsi, en tablissant le degr de contrle du patient, le clinicien value indirectement l'aspect excessif du souci.
Ces modifications apportes aux critres diagnostiques
et la dfinition du TAG se sont ajoutes aux deux lments
fondamentaux dj prsents dans le DSM-III-R, savoir que
le TAG occupe dornavant une catgoie diagnostique primaire et que les soucis forment la caractristique principale
de ce trouble anxieux.

Pour aller I'essentiel


Les caractristiques principales du trouble d'anxit gnralise et les critres diagnostiques sont dsormais dcrits dans
le DSM-IV (APA, 1994) ; ces crirres peuvent guider tous
ceux qui souhaitent tablir leur propre diagnostic. Les exercices et les questionnaires que nous prsentons dans ce
chapitre sont galement l pour permettre aux intresss de
faire le point sur leurs difficults. Toutefois, compte tenu de
I'extrme complexit des troubles psychologiques et, dans
certains cas, de leur ressemblance les uns avec les auffes, nous
devons insister une fois encore sur la ncessit de consulter
un spcialiste pour obtenir une valuation approfondie et une
aide approprie.

CHAPITRE

Grer I'incertitude
Les mcanismes da TAG

Pourquoi certains sont-ils anxieux et d'autres non ?


Il n'existe malheureusement pas, en l'tat actuel des
recherches, de rponse claire et satisfaisante cette question. Aucune cause unitaire, c'est--dire susceptible
d'expliquer elle seule le trouble d'anxit gn&alise,
n'a pu tre dtermine. En revanche, une multitude
d'hypothses mettent en avant diffrentes causes possibles permettant de comprendre pourquoi telle personne,
plus qu'une autre, prsente une probabilit plus grande
d'tre victime du trouble. Mieux vaut donc, si on souhaite
tre exact, parler de facteurs de risque plutt que de causes
proprement dites.
La prsence d'un ou de plusieurs facteurs de risque
conduirait-elle alors directement I'apparition du trouble ?
La rponse est encore une fois incertaine, car les diffrents
facteurs de risque associs au TAG ne semblent pas agir ou
se manifester de la mme faon d'une personne une autre
ce qui complique encore l'exercice consistant dtermi-ner I'origine du problme...

66 o NnnrEZ

DE voUS FAIRE DU SoUcI

Gense

d'un trouble

En matire de TAG, nous disposons l'heure actuelle


de modles explicatifs qui font appel diffrents champs de
la connaissance : gntique, neurobiologie et psychologie.
Toutefois, non seulement il n'est pas possible de savoir si
une hypothse reprsente la ralit mieux que les autres,
mais il demeure impossible d'tablir exactement comment
les lents cls de ces modles explicatifs interviennent
dans la gense du trouble. Au stade o nous en sommes, il
semble que ces diffrentes hypothses contribuent toutes
vraisemblablement, jusqu' un certain point et de faon diffrente, expliquer l'apparition et le dveloppement du
trouble d'anxit gnralise.
D L'hypothse gntique
Vue sous l'angle gntique, la manifestation des symptmes d'anxit serait en partie dtermine par I'hritage
gntique, certains gnes favorisant la raction anxieuse aux
vnements de la vie. Toutefois, ce jour, aucun gne spcifique n'a t isol pour les troubles d'anxit, ce qui ne
signifie pas pour autant qu'on doive abandonner l'hypothse.
Dans les tudes gntiques, une des faons de procder
consiste comparer la prsence ou I'absence de symptmes
chez une personne dont le vrai jumeau est atteint d'un trouble (on parle alors de jumeaux homozygotes), puisque ces
deux individus ont exactement les mmes gnes. L'hitage
gntique, savoir la probabilit qu'une caractristique
gntique soit transmise par un individu sa descendance,
varie normment selon le trouble d'anxit en question. On

GRER L,INCERTITUDE o 67

estime acfuellement que le TAG se retrouve chez seulement


30 Vo des frres ou surs de jumeaux monozygotes atteints
par le trouble : le TAG serait ainsi le trouble d'anxit ayant
le plus faible taux d'hritage gntique.

> L'hypothse neurobiologique


Considr selon la perspective neurobiologique, un
trouble donn serait le rsultat soit d'un dsquilibre entre
les diffrcntes substances (les neurotransmetteurs) participant la transmission de l'information (influx nerveux) d'un
neurone l'autre, soit d'un fonctionnement inappropri du
systme neurologique qui transmet ou reoit I'information.
Rappelons que les neurones sont les cellules neryeuses
assurant la transmission de I'information I'intrieur du cerveau et du cerveau vers le reste du corps. Ils << communiquent >> entre eux au moyen de substances chimiques appeles
<< neurotransmeffeurs >>. Ceux-ci, qui sont de divers types et
qui font partie de diffrents systmes, se trouvent en trs
grande quantit dans le cerveau. Une des hypothses avances
pour expliquer la prsence du frouble d'anxit est celle d'un
dsquilibre entre les neurotransmetteurs, ce qui enfranerait
une frop forte ou une trop faible concentration dans le ceryeau
des substances en question et ferait surgir les symptmes.
L'autre hypothse se fonde sur un mauvais fonctionnement du systme neurologique dont font partie les neurotransmetteurs. Ce systme ne serait pas assez sensible ou
ceptif,ou bien il le serait trop. l'heure actuelle, les substances que I'on souponne de jouer un rle dans I'apparition

potentielle des troubles d'anxit sont la srotonine, la


noradrnaline, la cholcystokinine et le complexe GABAbenzodiazpinique. Les tudes ne sont toutefois gure
concluantes, et l'tat actuel des connaissances ne permet pas

68 o ennrEz

DE

vous FAIRE DrJ soucl

encore d'affirmer que ces substances neurochimiques


entrent rellement en jeu dans la manifestation du TAG et
encore moins de montrer de quelle manire elles agissent.

D L'hypothse psychologique

De nombreuses hypothses et thories lies la psychologie proposent des explications concernant I' apparition
et le {veloppement des troubles d'anxit.Laplupart s'inscrivent dans les courants de pense qui se rattachent aux
trois principales approches thrapeutiques, soit I'approche
psychanalytique, l' approche humaniste et I' approche cognitivo-comportementale. Selon cette dernire, qui a notre prfrence, les troubles d'anxit sont le produit de certaines
penses (ou cognitions) errones et de certains comportements inappropris qui entretiennent les soucis et I'anxit
qui en dcoule. De faon gnrale,l'approche cognitivocomportementale s'appuie sur une comprhension des troubles motionnels qui tablit des relations entre, d'une part,
les motions ressenties p une personne et, d'autre part, les
comportements qu'elle adopte et les penses qui animent
cette personne.
La tentation d'associer un trouble psychologique la
faon dont on a t duqu est forte et amne frquemment chercher les causes du problme dans I'enfance.
On dit alors : < Ce doit tre parce que mon pre faisait telle
chose...), ou encore: << Quand j'tais jeune, on m'a tellement rpt de faire attention tout qu'aujourd'hui j'ai
I'impression qu'il faut que je fasse toujours attention.
D'une certaine manire, me faire du souci me permet de
faire attention tout.
Certes, les comportements qu'on assimile depuis la
naissance jusqu' l'ge adulte jouent un rle prpondrant
>>

GRER L'INCERTITUDE O $)

dans la prdisposition connaffe un trouble d'anxit. Les


enfants apprennent normment en observant ce qui se passe
autour d'eux, ils s'approprient et reproduisent une partie des
comportements et des ractions qu'ils ont observs. Toutefois, bien que les tudes d'ordre familial rvlent que, toutes
proportions gardes, la probabilit de voir surgir un cas de
TAG est plus forte dans les familles o quelqu'un est dj
atteint de TAG, on ne peut affirmer avec cenitude que la
faon dsnt on a t duqu constitue une cause dterminante
dans I'apparition et le dveloppement du TAG.
Aufrement dit, s'il est difficile de comprendre pourquoi
Andr souffre d'un trouble d'anxit gnratise, tandis que
sa sur et son frre en sont exempts, il semble nanmoins
que certains comportements et certaines attitudes des parents
constituent des facteurs de risque pour ce qui est de voir le
TAG apparatre et prendre de I'ampleur. D'auffes recherches
sur le sujet s'avrent donc ncessaires pour cerner pourquoi
ce trouble se manifeste et selon quelles causes exactes.

Entre en matire
Cela peut paratre paradoxal, mais Si, aujourd'hui
encore, on ne peut prciser pourquoi ou comment se manifeste le TAG, on est, en revanche, en mesure de le traiter.
Des tudes rcentes ont permis d'identifier certaines penses
et certains comportements caractristiques du TAG, et de
dterminerles mcanismes qui les maintiennent, voire les stimulent. En s'appliquant modifier ces caractristiques, on
arrive amener un anxieux dorniner ses soucis excessifs et
les remplacer par des penses et des comportements qui
conviennent mieux la situation.

70 o ,InnrEZ

DE VoUS FAIT E DU soUcI

Attention
On peut ne pas tre en mesure d'influer sur les causes du TAG,
mais tre capable d'intervenir sur les facteurs qui le maintien-

nent. Il importe, en effet, de bien faire la diffrence entre ce


qui cause un problme et ce qui le maintient ou I'aggrave.
L'origine ou la source d'un trouble se rapporte au dbut mme

du trouble (l d'o vient le problme) et renvoie aux causes


profondes ou intimes du problme, tandis que le maintien du
problme a trait au fait de le conserver tel qu'il est ou de le
pousser demeurer tel quel. Aussi, lorsqu'il est question de
facteurs d'origine, il s'agit en fait des causes qui dterminent
le dbut ou l'apparition du trouble, alors que la notion de facteurs de maintien concerne tout vnement, toute situation,
toute pense ou tout comportement qui assure la poursuite du
ouble, qui I'alimente ou qui fait qu'il persiste.

Prenons I'exemple de Lon qui a perdu son emploi il


de
haute technologie pour laquelle il travaillait. Lon aimait
normment son travail. Ce technicien trs spcialis ne
s'est toujours pas replac depuis son licenciement et connat,
depuis quelque temps, de srieuses difficults financires
qui ont des rpercussions nfastes sur son mode de vie. Lon
a not que, depuis cet vnement, il a commenc avoir
plusieurs symptmes d'anxit et qu'il a du mal dormir.
Il se fait du souci propos de sa situation financire et a de
plus en plus de doutes sur sa capacit, trouver un nouvel
emploi. Il se sent continuellement anxieux et dmoralis, ce
qui a pour effet de freiner sa recherche d'emploi.
Dans cette histoire, la perte d'emploi fait partie probablement des facteurs qui sont l'origine de l'anxit de Lon,
alors que les difficults financires constituent un lment qui

y a deux ans, la suite de la fermefure de I'entreprise

G,RER

L,INCERTITUOT, o

7I

entretient le souci: elles relvent donc des facteurs de maintien. Attention, toutefois : mme dans le cas de Lon, la perte
d'emploi n'est qu'une cause probable du dclenchement des
soucis, car on ne peut ne parfaitement sr qu'elle soit ncessairement la cause absolue et le seul lment incriminer dans
la manifestation des soucis. Dans une sifuation similaire, une
auffe personne ne ragira pas forcment comme Lon.
Confront un vnement ngatif qui a des consquences
ngatives concrtes qui persistent et qui engendrent une situation propos de laquelle il est normal de se faire du souci, il
est vident que tout le monde ne s'inquitera pas avec la mme
intensit. Aussi, bien qu'il soit difficile de comparer des situations de vie, une personne soumise certaines conditions sera
affeinte d'un TAG, alors que son frre ou sa sur, qui a vcu
des vnements de vie comparables et reu une ducation
similaire, n'en prouvera jamais un quelconque symptme.

Mmo
Les facteurs d'origine se rapportent aux lments qui jouent

-un rle dans I'apparition d'un problme, tandis que les facteurs

de maintien concernent les situations, caractristiques personnelles, croyances et comportements qui alimentent le problme.
On peut traiter le TAG en agissant sur les facteurs qui
entretiennent les soucis.

La machine anxieuse :
ce qui maintient les soucis excessifs
Nous avons montr de quelle faon le souci est li
I'anxit et quelles sont les rpercussions possibles de l'inquitude excessive dans la vie quotidienne. La figure ci-aprs

72 o ,qnnTEZ

DE VOUS FAIRE DU SOUCI

(galement prsente au chapifre 2) rend compte de I'enchanement dynamique des diffrentes composantes du TAG.

Modle du trouble d'anxit gnralise

Point de dpart : vous tes confront une situation


drangeante ou un problme particulier. Par exemple, vous
prouvez des difficults relationnelles avec votre suprieur
1.

GRER L,INCERTITU DE o 73

hirarchique. Vous pouvez aussi anticiper le problme et


avoir peur que le nouveau directeur, qui vient d'tre nomm,
n'apprcie pas votre travail.
2. Ce problme initial vous conduit vous interroger
sur les possibles consquences ngatives de la situation:
.. Que va-t-il se passer si la situation se dtriore ? Et que
vais-je faire si un conflit important se dclare ? >>
3. Ce questionnement suscite un souci excessif, c'est-dire un enchanement de penses et de doutes sur les
consquences ngatives possibles : << Si le conflit devient
trop aigu, je vais peut-tro devoir changer de secteur. Mais,
si je n'arrive pas me faire muter, la situation va devenir
invivable... En fait, je risque de perdre mon travail. Du
coup, je ne pourrai plus rgler mes factures ni rembourser
les traites de ma maison...
4. Cet enchanement de penses ngatives et de doutes
provoque chez vous un tat dsagrable et drangeant:
I'anxit.
5. force de vous faire du souci ainsi, vous tes dmoralis et puis.
Le schma qui prcde rend compte de bout en bout de
I'enchanement des soucis excessifs, de I'anxit et des
consquences possibles qui en rsultent. Il ne permet toutefois pas de comprendre comment les mcanismes oprent
dans le maintien des soucis excessifs. En d'autres termes, il
ne dit rien sur la faon dont fonctionne le moteur qui
actionne le processus des soucis excessifs.
Poussons la comparaison avec le moteur d'une automobile. La plupart des conducteurs savent que le moteur est
l'lment essentiel qui fait avancer leur voiture. Ils savent
galement qu'il ne fonctionne que s'il est mis en marche au
moyen de la cl de contact. Par contre, tous les conducteurs
ne sont pas forcment au fait de la manire dont fonctionne

74 o ,qNnrEz

DE VoUs FAIRE DU SoucI

ce moteur. Cela dit, il n'est pas capital d'en connatre le


fonctionnement si I'on se limite conduire un vhicule.
C'est exactement I'inverse pour le mcanicien, ou pour celui
qui veut le devenir : idalement, celui-ci doit connatre parfaitement tous les lments du moteur. Dans notre comparaison, le schma que nous vous avons prsent correspond
ce que sait d'un moteur le conducteur moyen, alors que la
connaissance des mcanismes dynamiques de l'anxit
qurtaut au savoir idal du mcanicien.
Toutefois, avant mme de s'appliquer comprendre le
fonctionnement d'un moteur, I'apprenti mcanicien a d
apprendre en identifier les diffrentes parties. D'une certaine manire, c'est ce qu'ont fait ces dernires annes les
chercheurs qui se sont intresss l'anxrt gnralise. Ils
ont d'abord distingu les diffrentes composantes qui entrent
en jeu dans le TAG, pour ensuite tenter de cerner comment
ces composantes agissaient les unes par rapport aux autres.
Depuis quelques annes, nos connaissances sur le TAG
ont ainsi beaucoup volu. De nombreuses composantes, fondamentales pour le << fonctionnement >> de ce frouble, ont t
dcouvertes ou isoles. Ainsi, une relation cl a t tablie
entre le souci excessif,l'intolrance I'incertitude, les croyances au sujet de l'utilit des soucis et la faon dont les personnes
affeintes d'un TAG ragissent devant les problmes.

En toile de fond :
I'intolrance l'incertitude
Dans le contexte d'tudes et de recherches scientifiques, on a observ que les personnes atteintes de TAG
partagent une caractristique personnelle particulire : elles

GRER L,INCERTITUDE

75

supportent mal la part d'incertitude associe certaines


situations de la vie courante. Appele << intolrance I'incertitude >>, cette caractristique se traduit par une tendance
exagre trouver inacceptable la possibilit, si minime
soit-elle, qu'un vnement ngatif se produise. Autrement
dit, entre deux individus qui valuent de faon quivalente
la probabilit qu'un vnement ngatif survienne, celui qui
prsente l'intolrance l'incertitude la plus forte ou la plus
mar[ue se montrera plus proccup ou plus inquiet par les
consquences potentielles de cet vnement que celui qui
tolre mieux I' incertitude.
D Deux hommes, une mme situation:
deux ractions opposes

Mario et Robert estiment tous deux 20 Vo la probabilit de perdre leur emploi en raison des compressions
budgtaires que leurs patrons ont annonces la semaine
prcdente. De fait, en raison de ce remaniement budgtaire, des suppressions de postes sont prvues pour l'an
prochain. Dans les jours qui ont suivi la dclaration patronale, Mario s'est fait du souci quelques reprises, mais il
a vite repris le cours normal de ses activits, en se disant
que les licenciements n'auraient lieu que I'anne prochaine et que, pour le moment, il travaillait encore. << Je
traverserai le pont lorsque je serai devant la rivire >>, se
dit Mario en bon philosophe. Cela ne le rend pas indiffrent son sort pour autant, puisqu'il va bientt entreprendre des dmarches pour un futur emploi. De son ct,
Robert se fait constamment du souci depuis le jour fatidique
o ses patrons ont fait leur annonce. Il s'imagine dj sans
emploi et dans une situation financire prcaire. Il est
stress, agit. plusieurs reprises, il s'est retrouv tellement

76 o app6lEz

DE VOUS FAIRE DU SoUcI

tendu qu'il n'a pas russi trouver le sommeil. Frapp par


I'incertitude, Robert a I'impression qu'il n'a plus de prise
sur les vnements.

>

Stphnnie et Marc :
Ia sparation comme solution certaine

e Il

est parfois si difficile pour certains de tolrer


l'incertitude qu'ils vont prfrer affronter un vnement
l'issue ngative claire plutt que de se trouver dans une
situation incertaine dont f issue n'est pas claire. L'exemple
de Stphanie et de Marc illustre bien ce paradoxe.
Uni par les liens du mariage depuis plusieurs annes,
ce couple est actuellement en crise. Or Stphanie est une
personne qui, en gnral, tolre plutt mal les situations
ambigus dont I'issue est incertaine. Du coup, elle s'interroge normment sur sa vie conjugale en ce moment. En
dpit des efforts de Marc et bien qu'elle aime encore son
mari, elle se surprend parfois penser qu'elle prfreruit
divorcer plutt que de rester sans savoir ce que l'avenir
leur rserve. Elle raconte : < Peut-tre qu'il y aura encore
d'autres bourrasques aprs... C'est sr mme, il y en aura
une autre, et elle nous sera fatale. Je me dirai alors que
cela ne valait pas la peine d'investir autant dans notre vie
amoureuse... De toute faon, ce ne serait pas tonnant
qu'un jour Marc en ait maffe et me laisse pour une autre

femme...

>>

GRER L'INCERTITUOP C 77

Modle du trouble d'anxit gnralise 2


Situation

Ce schma permet de visualiser combien est prpondrante la place de l'intolrance l'incertitude.

78 e ennTEZ

DE voUS FAIRE DU SOUCI

Mmo
L'intolrance I'incertitude constitue la toile de fond des soucis excessifs : c'est le filtre qui colore la perception du monde
d'une personne atteinte de TAG.

Les autres composantes mcaniques

du TAG
Les tudes visant isoler les diffrentes composantes
jouent
qui
un rle dans la tendance excessive se faire du
souci ont aussi montr que les personnes dont le seuil de
tolrance l'gard de I'incertitude est bas entretiennent des
croyances particulires au sujet de l'utilit du souci. En
outre, la faon dont elles peroivent leur milieu et leurs
expriences de vie ainsi que la faon dont elles se comportent sur le plan psychique lorsqu'elles connaissent une
contrarit ou qu'elles sont aux prises avec une difficult
(orientation mentale inefficace relativement au problme
rel ou tentative d'vitement du problme) sment encore
de nouvelles embches.
D'aprs ce que nous savons des mcanismes qui
dclenchent et entretiennent les soucis excessifs, la difficult
tolrer l'incertitude, qui est la caractristique particulire
commune des personnes souffrant de TAG, susciterait le
souci de plusieurs faons, dans certains cas par I'intermdiaire des autres composantes. Ainsi, on estime que I'intolrance l'incertitude a des incidences au regard de trois
aspects en particulier :

- L'intolrance I'incertitude favorise l'apparition et le


maintien de croyances errones concernant I'utilit du souci.

GRER L'INCERTITT]NE C 79

Le fait de ne pas supporter d'tre incertain par rapport


une situation donne entrane des croyances singulires
inappropries et qui alimentent les soucis. Par exemple:
o << se faire du souci est utile >> ;
. << se faire du souci permet d'viter des dceptions >> ;
. << se faire du souci aide trouver la meilleure faon
d'agir > ;
<< se faire du souci permet de prvenir les problmes >>.
t-.
Or l'exprience montre que se faire trop de souci, et
surtout < trop de soucis tout le temps >>, provoque toutes sortes de malaises, amoindrit la qualit de vie et altre la faon
dont on fait face ses problmes.
- L'intolrance l'incertitude influe sur le processus de
rsolution de problmes.
Quelqu'un qui peroit de manire ngative un problme qui se dresse devant lui aura du mal exploiter
correctement ses aptitudes en matire de rsolution de problmes. Une personne aux prises avec un TAG est aussi apte
qu'une autre rgte.r des difficults, mais elle est tellement
dconcerte par les aspects ambigus ou indtermins de la
situation qu'elle va passer beaucoup de temps essayer de
surmonter l'ambigui au lieu de chercher tout bonnement
une solution son problme.
- L'intolrance l'incertitude participe la tentative
d'vitement des images mentales ngatives.
Une personne atteinte de TAG tente souvent de chasser les reprsentations mentales qui prennent la forme

d'images reproduisant les situations qui I'inquitent.


L'anxit lui semble, en effet, pire lorsque ce sont des
images plutt que des penses qui l'envahissent. Un des
moyens de conjurer ces images est le souci, car les penses
verbales paraissent beaucoup plus tolrables que les images mentales.

&) r entEz

DE

vous FAIRE DU soucl

Voici, la lumire de la description des diffrentes


composantes du TAG et des influences rciproques
qu'elles exercent les unes sur les autres, un nouveau
schma qui permet de saisir globalement les relations
entre ces composantes.
Modle du trouble d'anxit gnralise 3
Situation

cRER L'INCERTITUD' o 81

La dynamique du TAG
D'abord, on tourne la cl de contact : une situation
stressante ou troublante active la production de soucis
excessifs. Ce peut tre une situation externe (par exemple
une tempte de neige ou le retard d'un ami), ou bien une
situation interne (un malaise physique ou une pense soudaine qui vous traverse l'esprit). Cette situation suscite une
question: < Si... ? >> videmment, cette question cl, qui
sert mettre une supposition, peut dbuter par une formule
quivalente, comme << il se peut que... >>, << il se peut tout
coup que... >>, etc.
Dans tous les cas, ce type de supposition conduit au
souci. Les soucis sont en effet des penses dclenches par
les interrogations < si ? >> ou provoques par la nature des
rponses apportes ces questions. Le processus prend habituellement la forme d'un enchanement d'ides. En voici un
exemple.
<< Si on ne renouvelle pas mon contrat la fin de la
saison, est-ce que j'aurai suffisamment d'argent pour subvenir mes besoins ? Est-ce que j'aurai assez d'argent pour
rembourser mes dettes ? Je n'aurai plus de revenu, je vais
tre pris la gorge... Je serai sans doute oblig de vendre
ma voiture ! >
Conscutive cette accumulation des penses ngatives, I'anxit apparat, qui est le malaise physique ou psychologique ressenti quand on se fait du souci. Une fois que
les soucis et I'anxit sont dclenchs peuvent survenir des
tats pnibles qui se manifestent par le dcouragement,
I'abattement ou l'puisement. Ce sont les consquences
moyen terme de l'enchanement << situation drangeante

82 o nnnrEz

question

DE VoUs FAIRE DU SoUCI

<<

si

vv

s6uls

anxit

>>.

Cet enchanement

-reprsente la squence
ou -les tapes qui conduisent aux
difhcults d'adaptation en termes de comportement. Dans

le cas d'une personne souffrant du TAG,

il

interfire de
manire trs sensible avec sa conduite, ses activits quotidiennes, voire ses projets d'avenir.

Chocs et contre-chocs
L'intolrance l'incertitude rend wlnrable celui qui
fait face une situation stressante ou drangeante en contribuant I'apparition de soucis excessifs et en diminuant
I'efficacit dans la recherche de solutions. la manire de
lunettes de soleil, elle modifie la faon d'apprhender la ralit. Elle pousse se poser plus de questions << si >> et faire
plus de suppositions. Or ces questions ne font pas que passer
dans la tte comme I'eau glisse sur les plumes d'un canard.
Bien au contraire !
Quelqu'un qui ne supporte pas I'incertitude va trouver
inacceptable qu'un vnement ngatif puisse se produire,
mme si la probabilit que cet vnement survienne est
extrmement faible. I1 va tenter de contourner, d'viter ou
d'liminer I'incertitude de diffrentes manires et par divers
subterfuges mentaux.
L'intolrance l'incertitude est I'origine des tentatives pour viter les images drangeantes. Mais cette entreprise se rvle totalement inutile, du moins dans le monde
o nous vivons, car I'incertitude fait intrinsquement partie
de I'existence humaine. Personne ne peut tre certain qu'il
sera en bonne sant toute sa vie ou que ses enfants russiront
brillamment.

GRER L'INCERTITUDE C $J

Explication
Quelqu'un qui souffre de TAG n'est plus capable de composer
avec la part d'inconnu qui mobilise les capacits d'adaptation
humaine.

L'orientation mentale ou psychique l'gard des


problmes se traduit par I'ensemble des ractions initiales
les premires ractions
face la difficult. Une orien-

-tation mentale inefficace a- une incidence dterminante

sur
le maintien des soucis relatifs des problmes actuels (par

opposition aux problmes potentiels ou thoriques). Elle


peut se manifester de diverses faons :
- On ne reconnat pas la dfficult quivient de surgir :
le processus de rsolution de problmes ne s'enclenche pas,
et les soucis persistent.
- On juge inacceptable ou anorntal de buter contre un
obstacle: on passe, du coup, plus de temps exprimer son
mcontentement et s'indigner de la prsence de l'obstacle en
question qu' tenter de trouver une solution.
- On peroit ces dfficults comme des menaces, et non
pas comme des dfis. videmment, on se met avoir peur,
ce qui affecte le processus de recherche de solutions, provoque de nouvelles questions << si ? >> et alimente les soucis.
Des ractions initiales inefficaces ou inappropries ont
donc un effet ngatif sur toutes les tapes suivantes de la
rsolution de problmes. Dans le modle que nous avons
mis au point (voir page 85), vous remarquerez aisment que
les composantes interagissent les unes avec les autres (ce
qu'illustrent les flches qui reviennent leur point de
dpart). C'est le cercle vicieux du TAG. Dans cette chane

M T nnRTEz

DE VoUS FAIRE DU SoUcI

ferme, ces composantes provoquent ou entretiennent les


interrogations << si ? >>, lesquelles alimentent ou augmentent
les soucis et I'anxit, lesquels suscitent les interrogations :
le serpent se mord la queue !
Dans le schma illustrant la dynamique des soucis excessifs, deux autres composantes s'ajoutent: les vnements de
la vie etl'tat motionnel. Ces deux composantes n'ont pas
d'influence directe sur I'enchanement des soucis excessifs,
mais peuvent tout de mme agir sur le dclenchement des
soucis ou exacerber les soucis dj prsents. vnements de
la vie et tat motionnel jouent ainsi un rle comme facteurs
de dclenchement ou facteurs de maintien lorsqu'on a dj
certaines caractristiques pralables qui inclinent se faire du
souci de manire excessive.

Pour aller I'essentiel


Diffrentes hypothses font actuellement I'objet d'tudes relatives I'origine du ffouble d'anxit gnralise. Pour le
moment, aucune cause unitaire n'at isole. L'interaction de
diffrents facteurs de risque est trs probablement la cause de
la manifestation du TAG.
La systmatisation des diffrents mcanismes du TAG, que
nous avons mise au point rcemment, reprsente le modle
thorique sur lequel s'appuie le traitement que nous allons
vous prsenter dans le chapitre suivant. Bien que les donnes des plus rcentes recherches ne perrnettent pas encore
de dterminer de manire sre et prcise pourquoi ou
comment le TAG se manifeste, nous disposons nanmoins
de moyens efficaces pour traiter ce trouble, particulirement
en intervenant sur les facteurs de maintien des soucis et de
l'anxit.

GRER

L'INCERTITUDE

85

Modle du trouble d'anxit gnralise 4


Situation

vnements
de vie

tat
motionnel

CHAPITRE

I^a libert est au bout


da changement
Le traitement du TAG

Dans ce nouveau chapitre, vous allez frouver, expos,


le traitement qui a t mis au point par noffe quipe de
recherche pour aider les personnes souffrant d'un trouble
d'anxit gnralise. Ce traitement a pour fondement le
modle thorique dcrit au chapitre 3. Les actions et les
interventions qui sont proposes dans les pages suivantes
ont t valides maintes reprises. Adopt et utilis par de
nombreux psychologues privilgiant I'approche cognitivocomportementale, ce traitement original donne des rsultats
intressants.

Le traitement cognitivo-comportemental
En psychologie, il y a diffrentes manires d'interprter un seul et mme problme et, partant, presque autant de
faons de travailler la rsolution de ce problme. En ce
qui regarde la thrapie appele cognitivo-comportementale,

88

EnnrEZ DE vous FAIRE DU SoUcI

elle a pour principal objet d'amener le

patient > tablir


des liens entre ses penses et ses comportements, dans le but
de I'aider corriger les penses qui dclenchent ou entretiennent la raction anxieuse, mais aussi modifier les
comportements qui s'ensuivent. Pour arriver ces rsultats,
le traitement soutient le << patient >> jusqu' ce qu'il soit en
mesure de comprendre la nature des difficults qu'il connat
et aussi de << passer l'action >> afin de changer ce qu'il souhaite changer.
Une personne exagrment anxieuse qui commence
une psychothrapie ne sait pas ncessairement trs bien d'o
provient son problme. La thrapie cognitivo-comportementale (TCC), propose une nouvelle comprhension du
problme d'anxit et aide acqurir de nouvelles aptitudes
mentales, comme concevoir l'gard de ses difficults des
explications valables et ralistes ; essayer et mettre en application de nouvelles solutions, valuer les rsultats obtenus
la suite de ces essais ou utilisations.
Si vous dsftez entreprendre avec nous ce traitement,
vous devez vous engager fond: c'est essentiel. Il s'agit
en quelque sorte de devenir son propre thrapeute. Pour
appuyer cette dmarche, des exercices, des questionnaires
et des grilles d'auto-observation servant I'exploration
approfondie de chaque lment ou objectif du processus
vous sont proposs. Un conseil : pour que le traitement soit
efficace et appropri, soyez mthodique; nous vous
recommandons de faire les exercices et de remplir les
questionnaires et les grilles au fur et mesure qu'ils sont
prsents.
Votre participation active est la condition sine qua
non de la russite et du changement. Plus vous testerez vos
propres hypothses, c'est--dire plus vous ferez vos propres expriences pour vrifier si votre explication est
<<

LA LIBERT, EST AU BOUT DU CHANGEMENZ O 89

bonne, et plus vous mettrez en pratique ce que vous apprenez, plus vous deviendrez habile le faire et, consquemment, plus votre confiance en vos propres capacits se
dveloppera.

Explication
Nous avons comme objectif de vous aider devenir votre propre thrapeute.

Les activits et les interventions qui vous sont proposes dans le cadre de ce traitement touchent chacune des
composantes du modle thorique que nous vous avons prsent au chapitre prcdent. Nous voulons vous aider, si
vous en tes d'accord, dominer vos soucis en agissant sur
les facteurs qui dclenchent ces soucis et sur les facteurs qui
les maintiennent. Les trois aspects qui sont I'objet de ce processus sont les croyances errones quant I'utilit du souci,
I'intolrance I'incertitude et 1'orientation mentale ou psychique l'gard des problmes.
D Les croyances enones relatives
l'utilit du souci

Voici un exemple de croyance errone l'gard de


I'utilit du souci : << Avoir peur d'avoir un jour un cancer
me peflnet d'tre plus vigilante. >> Dans les faits, se faire du
souci au sujet de quelque chose ne signifie pas prendre des
mesures plus efficaces. Des examens de routine effectus
par un mdecin et quelques mesures prventives suivies de
faon correcte suffisent le plus souvent pour dpister I'apparition possible d'une maladie.

90

nRnrEZ DE VoUs FAIRE DU soucl

D L'intolrance I'incertitude

L'intolrance I'incertitude peut s'exprimer cornme


suit : << Je ne supporte pas de ne pas savoir si mon fils va
passer dans la classe suprieure. >> Mme avec la meilleure
volont du monde, personne ne peut prdire ce qui se passera dans l'avenir. Il est plus profitable de mettre en uvre
certaines mesures qui permettront de prendre des dcisions
judicieuses claires ou d'employer les moyens ncessaires
pour corriger ou amliorer la situation qui pose un problme.
Dans le cas qui nous occupe, la maman a choisi de rencontrer la matresse de son garon afin de discuter de la situation
et d'envisager certaines mesures pour mieux soutenir son
fils sur le plan scolaire.

> L'orientation mentale ou psychique


l'gard des problmes

Un exemple pour illustrer ces difficults : << Au travail, ds qu'un problme informatique survient, explique
Bernard, je me dis tout de suite que je ne vais pas tre capable de le rsoudre et je me sens un peu anxieux. Avant
mme d'essayer quoi que ce soit, je fais appel au technicien. Tout a me retarde normment. Du coup, je ne suis
plus en mesure de respecter les chances. >> Nos ractions
initiales, quand il nous faut rsoudre un problme ou
accomplir une tche, dterminent le plus souvent la faon
dont nous allons aborder ce problme ou cette tche. Dans
le cas de Bernard, le problme qui se pose de manire soudaine est plus peru comme une menace que comme un
dfi. Si Bernard considrait la situation comme une nouvelle tche effectuer et essayait de s'en acquitter au lieu

LA LIBERT EST AU BOUT DU CHANGEMENT O 9I

de baisser les bras, peut-tre apprendrait-il rsoudre cette


difficult et en bnficierait-il ultrieurement.
La dmarche que nous vous proposons ici se partage en
six tapes qui sont dfinies par autant d'objectifs. videmment, il est prfrable d'atteindre entirement un objectif
avant d'aborder I'objectif suivant. Dans la pratique, il est plus
facile de savoir quand passer un nouvel objectif lorsque l'on
est supervis par un << psy >>. Dans le prsent contexte, vous
passerez au prochain objectif quand vous aurez I'impression
d'tre parfaitement I'aise avec les notions et le matriel prsents
pff exemple quand il sera devenu plus facile pour
vous de reconnatre vos soucis et d'valuer votre degr
d'anxit ou encore quand vous aurez plusieurs reprises,
dans diverses activits quotidiennes, mis en pratique les nouvelles mesures ou exploit les nouveaux outils.
Vos six objectifs atteindre sont les suivants :
Prendre conscience de vos soucis et de votre anxit.
. Modifier votre degr d'intolrance l'incertitude.
Corriger vos croyances quant l'utilit du souci.
Amliorer votre orientation mentale l'gard des problmes (en tirant parti de la rsolution de problmes).
Diminuer l'vitement des penses qui suscitent la crainte
ou la peur.
Prvenir ou contrecarrer le retour des soucis.
L'apprentissage et la mise en application de la mthode
de travail que nous vous proposons faciliteront votre << passage l'action >>.

.
.
.
.

Mmo
Une participation active de votre part est essentielle.

92 . 4PP61EZ

DE VOUS FAIRE DU soUCI

Premier objectif : prenez conscience


de vos soucis et de votre anxit

La frquence comme I'intensit des soucis et

de

I'anxit varient normment d'une personne I'autre ou


d'une priode de la vie I'autre. Il arrive parfois que les
soucis et I'anxit deviennent si intenses et si envahissants
qu'ils nuisent au fonctionnement quotidien d'une personne
et sa qualit de vie. C'est gnralement ce moment-l
qu'on se rend compte que sa tendance se faire du souci est
devenue excessive. Prendre conscience que l'on est aux prises avec une difficult ou un problme est un pralable au
changement ; c'est mme une premire tape essentielle. On
ne peut, en effet, modifier volontairerrr^ent quelque chose que
I'on ignore compltement !
Le premier objectif que nous vous proposons consiste
justement apprendre reconnatre quels sont vos soucis
excessifs, quelles sont les situations ou les penses qui les
dclenchent et quelles sont les situations ou les penses qui
les maintiennent. Il existe diffrents moyens d'en prendre
conscience. La manire la plus facile, et sans aucun doute
la plus simple, est I'auto-observation: on s'observe soimme, c'est--dire qu'on observe ses ractions, ses motions, ses comportements, ses penses.
En s'arrtant au cours de la journe pour s'interroger sur
ses ractions, ses penses ou ses comportements face certaines situations, on en apprend beaucoup sur soi et sur sa
tendance se faire du souci. Ainsi : quel est le sujet ou le
thme de votre souci ? Comment ce souci a-t-il commenc ?
Combien de temps a-t-il dur ? S'accompagnait-il d'un degr
d'anxit lev ? S'interroger ainsi aide bien cerner le problme que l'on prouve. titre d'exemple, revenons sur les

LA LIBERT, EST AU BoUT DU CHANGEMENT o 93

deux premiers exercices que nous vous avons proposs au


premier chapitre. Ils avaient pour titres << De quelle manire
vous faites-vous du souci ? >> et << Qu'est-ce qui vous inquite
et jusqu' quel point ? >. Ce sont deux points de dpart intressants pour effectuer une auto-observation.
Afin de permettre une auto-observation aussi rigoureuse que possible, commenons par rappeler la dfinition
du souci.

Mmo
Le souci est un ensemble de penses, d'images et de doutes
qui s'enchanent propos d'vnements ngatifs qui pourraient survenir dans I'avenir et qui s'accompagnent d'anxit.

De cette dfinition, quatre

lments ressortent

particulirement.

Les penses, Ies images et les doutes sont des phnomnes cognitifs (rappelons que << cognitif >> vient de << cognition >>, qui est synonyme de pense). En d'autres termes, le
souci, c'est quelque chose qui se passe dans la tte.
<< On m'a avertie hier soir qu'il allait y avoir un jeune
remplaant la garderie o va ma fillette de 2 ans. Je
ne peux m'empcher de penser que a ne va pas bien
se passer. Ma puce n'a jamais eu d'ducateur masculin... Je me dis qu'il ne va pas savoir quoi faire si elle
pleure, si elle ne veut pas manger ou si elle tape sur un
petit copain. Je n'arrte pas de I'imaginer en train de
crier aprs ma fille ou de la frapper.
>>

<<

j'arriverais payer
payer si je perdais mon emploi...

Je me demande souvent comment

tout ce que

j'ai

>>

94 o NnnrEZ

DE

vous FAIRE DU soucl

<< Je me fais souvent du souci sur mon rendement au


travail. Est-ce que je suis la hauteur ?

Les soucis concernent toujours quelque chose qui va


se passer dans l'avenir.Il est possible que les soucis soient
associs une situation passe, mais ce sont les implications, les consquences ou les retombes futures de cette
situation qui proccupent.
(Souci relatif une situation venir.) << Et si, au ffavail,
on me remplaait par quelqu'un de plus jeune ? Je
pense qu' 50 ans ce n'est pas facile de trouver du ffavail, surtout dans mon domaine. Je ferais aussi bien de
metfre une croix sur mes projets de retraite ! >>

(Soucis relatifs aux consquences venir d'une situation passe.) < Un collgue de travail et moi avons eu
un diffrend la semaine dernire, et je crains que mon
point de vue ait t mal lnterpt. Je me fais du souci
I'ide que ce collgue puisse avoir une mauvaise opinion de moi. >>

Lorsqu'une personne se fait du souci, elle anticipe des


consquences ngatiyes. Dans les exemples prcdents, les
< prvisions >> ne sont pas trs positives, n'est-ce pas ?

- Le souci constitue une anticipation ngative et


s'accompagne toujours d'un certain malaise physique et
psychologique que I'on appelle < anxit >>. L'intensit de
cette anxit peut varier normment.
L'ide que ma fille puisse ne pas s'entendre avec ce
nouvel ducateur m'a tellement proccupe que j'ai eu
du mal trouver le sommeil. Dans la soire, je n'ai
rien pu avaler, j'avais des tensions dans la nuque et je
<<

n'arrtais pas de rler.

>>

LA LIBERT, EST AU BOUT DU CHANGEMENT O 95

Lorsque je me dis que je pourrais perdre mon travail


et que I'engrenage des images ngatives est dclench,
je deviens nerveux, irritable. Au bureau, je tourne en
rond, je ne sais plus quoi faire en priorit. J'ai l'impression d'tre bout.
<<

>>

Les thmes des soucis sont trs divers. On trouve


peu prs autant de sujets de soucis qu'il existe d'individus
inquiets. Cependant, on peut les rassembler dans deux
grands ensembles : les << soucis de type 1 >> qui concernent
I'anticipation de consquences ngatives relatives un
problme rel
actuel ou dj y(s
et les << soucis de
-,
Epe2 > qui ont trait l'anticipation de consquences, toujours ngatives, relatives un problme ventuel. Dans le
cadre de l'<< autotraitement >> que nous vous proposons ici,
il est capital de faire, sur le plan personnel, la distinction enfre
ces deux types de soucis:.on ne travaille pas corriger ses
soucis de la mme faon si ceux-ci se rattachent un problme

qui existe rellement ou s'ils sont lis un problme qui


n'existe pas encore.

D Martine et ses soucis de type

Dans I'entreprise pour laquelle

je

travaille, les
horaires et la charge de travail ne sont pas fixes, le travail
arrive souvent par saccades. Les semaines charges, je
n'arrive pas respecter toutes les chances. Alors, forcment, certaines tches prennent du retard. Je fais donc des
heures supplmentaires, mais, quand je fais des heures supplmentaires, je me fais du souci propos de tout ce que je
ne fais pas la maison pendant ce temps. D'autre part, si je
ne fais pas d'heures supplmentaires, je vois le travail qui
s'accumule sur mon bureau et je me fais du souci.
<<

>>

96 o nnRTEZ DE VOUS FAIRE DU

SOUCI

Un conflitaclat au cours d'une discussion avec un


collgue. Nous ne nous sommes pas reparl depuis. a fait
maintenant plusieurs jours, et je me fais du souci propos
des rpercussions de cette dispute sur notre relation. Je me
dis que, si mon collgue I'a pris comme une attaque personnelle, il ne va sans doute pas vouloir me reparler. J'ai peur
que ce conflit change notre relation et affecte I'ambiance
dans toute l'quipe. >
<<

D Martine et ses soucis de type


.;
<< Mon mari voyage beaucoup pour son travail, et, chaque fois qu'il prend l'avion, je me fais du souci. Je me dis
que son avion va s'craser. Ce serait une mort affreuse pour
lui et une preuve insurmontable pour moi. J'ai peur de ne
jamais pouvoir m'en remettre. >>

Ma fille entre I'universit cette anne. Elle prend


ses tudes cur et russit assez bien. Cependant, je me
fais souvent du souci propos de son avenir professionnel.
<<

Je me dis que, si, malgr des tudes russies, elle ne trouve


pas d'emploi, elle va se dcourager ; elle sera srement frus-

tre d'avoir fait tant d'efforts pour se retrouver avec rien,


sans travail. J'ai peur qu'elle sombre dans la dpression et
qu' cause de cela elle n'ait plus jamais la chance de faire
carrire dans ce qu'elle aurait tant aim.
>>

D Comment faire le tri

Il est possible, au dbut, que vous ayez dl mal classer


vos soucis selon le type 1 ou le type2. Si c'est le cas, vous
pouvez commencer, avant de procder au classement, pffi
chercher identifier l'lment
qui
simple ou multiple
a dclench votre souci, puis dcrire de manire prcise la

LA LIBERT EST AU BOUT DU CHANGEMENT

.97

situation qui a suscit votre souci : s'arrter quelques instants


afin d'observer ses propres symptmes ou les signes manifestes de son malaise aide assurment valuer I'ampleur de son
trouble. Il s'agit galement d'un point de repre prcieux pour
mesurer ses progrs au fur et mesure du traitement.
Voici, titre d'exemple, un exercice d'auto-observation
effectu par Manine durant une semaine entire. h fin de
chaque journe, Martine a not les soucis qui s'taient manifests dans la journe. Pour chacun d'entre eux, elle a dtermin le type de souci (1 ou 2), not la dure approximative et
tabli le degr d'anxit s'y rapportant. Le degr ou le niveau
d'anxit s'value avec une chelle allant de 0 8, o 0 correspond << aucune anxit >>, et 8 < anxit trs grave >>.

D Martine reconnat et classifte ses soucis


Jour et date

Nature du souci

Type
de souci:

l:

Dure
approximative

Problme
actuel

Degr

d'anxit
(sur une
chelle

allant

2:

de08)

Problme
ventuel

Jeudi

Dbut d'anne

7 septembre

scolaire
de mes enfants

Envoi
aux clients

20 min

2b

2h30min

sans trop de retard

Cancer

98 o e,nnrEz

DE voUS FAIRE DU soUCI

Jour et date

Nature du souci

Type
de souci:

1:

Dure
approximative

Problme
actuel

Degr

d'anxit
(sur une
chelle

allant

2:

de08)

Problme
ventuel

lh

Runion avec
toute l'quipe
de travail

30 min

Accident
de voiture

45 min

lh

2h

lh

40 min

I et2

15 min

th

30 min

lh

Vendredi

Envoi aux clients

8 septembre

sans trop de retard

concernant

ma fille ane
Samedi
9 septembre

Mon rendement
au travail

Difficults

eT2

scolaires
de mon fils

Dimanche

Cancer

10 septembre

Lundi

ll

Organisation
septembre de mon planning
de travail

Difficults scolaires
de mon fils

Mardi

Scurit

12 septembre de mon mari

(voyage en avion)

Conflit
avec ma
Cancer

fille

LA LIBERT EST AU B,UT DIJ cHANGEMENT C 99

Jour et date

Nature du souci

Type
de souci:

1:

Dure
approximative

Problme
actuel

Degr

d'anfrt
(sur une
chelle

allant

2:

de08)

Problme
ventuel

Mercredi

lh15min

15

min

Problme relatif

13 septembre I'appartement

de ma mre
Scurit
de mon mari
(voyage en avion)

D Un exercice pour vous :


votre gnlle d' auto-obs ervation
Exercez-vous faire le mme exercice que Martine
durant une semaine, deux semaines ou mme davantage.
Faites-le aussi longtemps que vous en ressentez le besoin et
tant que vous jugez I'exercice pertinent.
A la fin de la journe,notez les soucis qui se sont manifests. Pour chacun de ces soucis, dterminez le type en
question (1 ou 2) et mentionnez le temps approximatif qu'a
dur ce souci ainsi que le degr d'anxit qui lui est associ.
Photocopiez attant de fois que vous en avez besoin la grille
vierge page suivante ou servez-vous-en comme modle pour
confectionner votre propre grille d' auto-observation.
Voici donc une grille d'auto-observation prte I'emploi.
Vous pouvez vous en servir pour dcrire et valuer sparment chacun de vos soucis (faites des photocopies !). Indiquez tous les soucis qui sont survenus au cours de lajourne,
dcivez-les sommairement et valuez-les selon le type, la
dure et le degr d'anxit.

IOO

o ARRTEZDE VOUS FAIRE DU SoUcI

Jour
et date

Nature
du souci

Type de souci:

Dure

Degr

1 : Problme

approximative

d'anxit

actuel
2: Problme
ventuel

Lundi

1.

(date)

2.
3.

Mardi

1.

(date)

2.
3.

(d'aprs une
chelle

de08)

1.

2.
3.

Jeudi

l.

(date)

2.
3.

Vendredi

1.

(date)

2.
3.

Samedi
(date)

1.

2.
3.

Dimanche

1.

(date)

2.
3.

Il est normal

que certains soucis soient plus difficiles


classer que d'autres. Ne vous dcovragez pas pour autant.
Un souci peut concerner, en partie, un problme actuel et,
en partie, un problme ventuel. Le souci de Martine
propos des difficults scolaires de son fils l'illustre bien.
Ecoutons-la. Martine raconte que son fils a eu du mal dans

LA LIBERT EST AU BOI]T DU CHANGEMENZ

101

certaines matires en CM1. Il a d suivre des cours de rattrapage pendant l't. Nous sommes en septembre, le petit
Joseph commence son CM2, et Martine admet que le problme scolaire de son fils appartient au pass et qu'il n'est
donc plus actuel. Mais elle se fait du souci tout de mme,
car les difficults pourraient revenir. Dans ce cas, I'important pour Martine est de classer son souci selon ce qui le
caractrise le mieux, de faon pouvoir dterminer la stratgie qui serait la plus mme de diminuer ce souci.
Une erreur frquemment commise consiste estimer
que le souci atrait un problme actuel ou rel, alors qu'il
n'y a pas << encore >> de problme. Rappelez-vous : votre
prise de conscience par rapport vos soucis doit vous permettre d'amliorer votre capacit savoir s'il y a dj un
problme ou si I'on craint l'apparition d'un problme.

Mmo
On considre souvent que le souci porte sur un problme
actuel ou rel, alors qu'il n'y a pas << encore > de problme !

Deuxime objectif : modifiez


votre degr d'intolrance l'incertitude

La phrase
<<

Je voudrais tellement tre certain que...

>>

Vous le savez maintenant: Martine se fait du soucr


pour la scolarit de son fils. Elle dit :

102 T ARRTEZ DE VoUs FAIRE DU soUCI

L'an dernier, Joseph

difficults en mathmatiques. Pendant plusieurs mois, 1l at aidpar un professeur


particulier. Il a galement eu besoin de cours de rattrapage
durant I't. En ce moment, je me fais du souci parce que
je ne suis pas certaine que les cours l'cole suffiront
I'anne prochaine. D'un autre ct, je voudrais tre sre
qu'il a vraiment besoin de cours particulier avant d'engager
quelqu'un.
Martine voudrait connatre I'avance les rsultats scolaires de son fils durant I'anne qui vient juste de commencer. Naturellement, comme elle n'est pas voyante, elle ne
peut y
IdV".. Elle doit vivre avec une certaine part d'incertitude. Evidemment, c'est une condition laquelle personne
n'chappe: si les vnements passs ou prsents sont
connus et certains, la certitude,l'avenir, par sa nature mme,
nous est inconnu, et y penser implique, ipso facto, une part
d'incertitude.
L'incertitude d'une situation donne n'est donc pas le
seul facteur expliquant pourquoi certains se font plus de
souci que d'autres. Pour un degr d'incertitude identique
dans une situation prcise, deux personnes ne vont pas
ncessairement dvelopper les mmes soucis ni avec la
mme intensit. La capacit tolrer I'incertitude associe
diffrentes situations joue un rle dterminant dans I'apparition et le maintien des soucis excessifs.
La difficult tolrer l'incertitude, que nous avons
appele 1'<< intolrance I'incertitude >>, correspond une
tendance excessive tenir pour inacceptable la possibilit,
si minime soit-elle, qu'un vnement ngatif puisse se produire. La personne qui prouve des difficults tolrer
I'incertitude tente d'viter, de contourner ou d'liminer
I'incertitude de diffrentes faons. Toutefois, non seulement
cette entreprise semble des plus ardues, mais elle est pafiai<<

>>

a eu des

te unBnr,

Esr AU Bour DII cHANGEMENT

103

tement impossible. Pourquoi ? Tout simplement, parce que


I'incertitude ou, du moins, une certaine part d'incertifude fait
partie de la vie.

D Pour se faire moins de souci,


il faut accrotre sa tolrance I'incertitude
Une fois reconnu le rle dterminant que joue I'intolrance l'incertitude, il importe que vous dterminiez votre
cible. Il est vain de chercher augmenter voffe degr de certitude l'gard d'un lment (objet, phnomne ou vnement) au caractre incertain, puisque l'incertitude ne dpend
pas de vous mais de la vie ! Ce qu'il faut chercher augmenter, c'est votre degr de tolrance I'incertitude et devenir capable de vivre avec I'incertitude.
Comprendre que vous souffrez d'intolrance l'incertitude est une premire tape importante. Toutefois, pour
modifier votre seuil de tolrance, cette tape de comprhension doit tre suivie d'dne seconde tape capitale : le passage

l'action

Pour changer une attitude, pour corriger un comportement ou pour modifier une faon de penser, passer
l'action est le moyen privilgier. Sur certains objectifs
vidents, perdre du poids et arrter, par exemple, de manger
du chocolat. Vous savez bien que penser ce qu'on veut
changer ne suffit pas : il faut changer de comportement. Ce
que l'on sait peut-tre moins, c'est qu'il en va de mme
pour ce qui ne se voit pas clairement de 1'extrieur. On peut
tre conscient de sa nervosit quand on parle en public,
mais cette seule prise de conscience ne va pas suffire
diminuer son malaise. En revanche, s'exercer parler
devant un public, et le faire de manire rpte, permet de

104 e ARRTEZDE VOUS FAIRE DU SoUcI

rduire sa nervosit, laquelle finira mme par disparatre au


bout d'un certain temps.
Pour augmenter sa tolrance I'incertitude, comme
pour changer n'importe quelle autre attitude d'ailleurs,

on doit donc entrer en action. Le principe est d'agir


comme si l'on possdait une tolrance I'incertitude.
Pour cela, on peut se poser la question suivante : << Si
j'tais tolrant I'incertitude, quelle action ferais-je dans
une telle situation ? >
Il arrive souvent qu'on ait une ide de l'action que I'on
doive accomplir, mais qu'on ne se sente pas en mesure de
la mettre excution. Cette impression d'incapacit est trs
frquente quand on souffre de TAG, surtout lorsqu'on est
aux prises avec ce trouble depuis longtemps. Gnralement, pourtant, cette impression n'est pas fonde. Aussi,
pour changer cette impression, les personnes soucieuses ont
avantage accomplir des actions concrtes afin d'acqurir
une meilleure tolrance I'incertitude, d'abord dans des
domaines ou des champs d'activit qui ne suscitent pas trop
de soucis (il s'agit de commencer par le plus facile), ensuite
dans les domaines et les champs d'activit qui sont des sources de soucis plus nombreux ou plus intenses.

Mmo
Dfinition de I'intolrance l'incertitude : tendance excessive
considrer comme inacceptable la possibilit, si minime
soit-elle, qu'un vnement ngatif puisse se produire.

Il est possible que vous ne vous sentiez pas l'aise au


moment d'adopter une conduite ou un comportement pour
la premire fois. Dites-vous qu'il est tout fait normal d'tre

LA LIBERT EST AI] BOIJT DU CHANGEMENl

.IO5

gn dans une nouvelle situation. Cela ne signifie pas que


le comportement est mal choisi ou qu'il ne doit pas tre
adopt. Si vous tes embarrass les premires fois, sachez
que cette gne ou cet embarras s'estompera au fil des rp,titions. Contrairement ce qu'on pourrait croire, la motivation la plus efficace ne prcde pas l'action, elle la suit. En
effet, la < satisfaction du devoir accompli >> stimule et incite
poursuivre l'exercice. En outre, prendre conscience que
I'on a t capable d'adopter un nouveau comportement augmente la confiance en soi.
De nombreuses situations sont idales pour dterminer
son seuil de tolrance l'gard de f incertitude
par exemple, tlphoner un ami dans le seul but de le saluer
et sans
connatre d'avance sa raction ; choisir un plat inconnu ou
nouveau au restaurant; acheter un cadeau un proche sans
avoir fait le tour de tous les magasins. Dans cette perspective, il est avantageux de dresser une liste des situations qui
comportent une part d'incertitude et que I'on peut tester pour
connatre ou vrifier son seuil de tolrance.

D Le choix de Martine

Voici ce que Martine a choisi de suivre comme nouveau


comportement afin d'accrotre sa tolrance I'incertitude.
. Description de I'action : << Samedi dernier, j'ai eu un coup
de fil d'une amie qui m'a propos d'aller jouer au tennis.
Cela faisait longtemps que je n'avais pas jou, et je n'tais
vraiment pas certaine de la qualit de ma performance. J'ai
essay de trouver une excuse pour refuser, mais, aprs y
avoir rflchi,je me suis dit que c'tait une bonne occasion
de tester ma tolrance I'incertitude. >
. Inconfort ressenti pendant I'action : << Juste avant la partie
et au dbut de la partie,je me sentais nerveuse, j'prouvais

106 T ARRTEZDE VOUS FAIRE DU SOUCI

mme un certain inconfort physique et j'avais de la difficult


me concentrer. >>
Penses apparues pendant l'action : << Je ne suis pas en
forme. Je n'aurais pas d dire oui. Qu'est-ce que mon amie
va penser de moi ? Trouve-t-elle la partie dcevante ? >>
. Observations aprs avoir fait l'action : << Finalement, je
suis plutt contente d'tre alle jouer. Plus la partie avanait, plus j'avais de plaisir. Aprs, mon amie m'a dit qu'on
devrait jouer plus souvent ensemble. Je suis d'accord avec

elle.

>>

L'objet de I'exercice n'est pas li I'action que I'on


choisit. Il s'agit plutt d'apprendre accomplir certaines
actions concrtes, que I'on n'accomplirait peut-tre pas en
raison de la part d'incertitude qui leur est associe. Il
importe d'avoir en tte que I'objectif poursuivi est d'acqurir de nouvelles habitudes par rapport l'incertitude et
d'affronter sa peurde se tromper. Plus I'action est concrte
et circonscrite dans le temps, plus il est facile d'valuer les
effets de cette action sur sa tolrance personnelle l'incertitude. Aussi, mieux vaut commencer par des actions toutes
simples, qui peuvent sembler mme banales, et les accomplir le plus souvent possible.
Attention : exprimer ou formuler une volont thorique de changement donne rarement de bons rsultats.
Ainsi, essayer de moins se faire du souci ne reprsente
pas une action concrte. Agir sur un comportement de sa
vie quotidienne est plus raliste et plus appropri. On ne
diminue pas ses soucis seulement en se disant qu'on va
arrter de se faire du souci, il est prfrable d'avoir pour
stratgie d'augmenter son seuil de tolrance 1'gard de
l'incertitude.

LA LIBERT, EST AU BOUT DU CHANGEMENT

IO7

Troisime objectif :
corrigez vos croyances

La phrase
<<

Une chance que je me fasse du souci !...

>>

Lorsqu'elle pense aux personnes qui se font moins de


souci qu'elle, Martine envie leur confort psychologique,
mais elle hsite dire qu'elle voudrait tre comme elles.
coutons-la : << Mes soucis me rendent anxieuse, c'est vrai,
mais ils ont aussi une certaine utilit. Par exemple, le fait
que je me soucie d'avoir un cancer du sein me pousse tre
plus vigilante que les autres femmes qui ne s'en font pas.
Moi, je n'aurai pas la surprise de m'entendre annoncer, un
jour, que j'ai un cancer dj avanc. Si j'ai un cancer, j'en
aurai dcouvert les premiers symptmes, et il ne sera pas
trop tard pour intervenir. Donc, en me faisant du souci, je
prviens peut-tre les pires consquences de cette maladie.
Il me semble que je me protge ainsi. Contre le fait d'tre
prise par surprise, d'tre dsempare...
Martine hsite dire qu'elle voudrait se faire moins de
souci parce qu'elle a le sentiment que se faire du souci a des
avantages, que ses soucis la protgent, qu'ils lui sont utiles.
Puisque Martine estime que ses soucis sont utiles, il est aussi
normal que logique qu'elle souhaite les conserver; elle les
maintient donc, c'est--dire qu'elle continue se faire du
>>

souci, en dpit des inconvnients vidents que cela cornporte.


Dans le TAG, les croyances relatives aux bienfaits des
soucis renforcent la tendance se faire du souci. Celles-ci
peuvent prendre diffrentes formes.

I08

O ARRTEZ DE VOUS FAIRE DU SOUCI

Exemples de phrases dangereuses


Le fait de me faire du souci:
m'aide rgler mes problmes ;
- me permet de trouver de meilleures
solutions

-problmes

mes

1snfs1s ma vigilance et m'aide prvoir les problmes


comme les viter;
me permet d'tre mieux arm quand survient un problme ;

- me permet de agft de faon rflchie en toute


-circonstance
;

me rend plus efficace ;


me donne de l'nergie pour vaquer mes occupations ou
mener mes affaires plus rondement;
111'45ss1e une forme de protection conffe des motions
ngatives (dception, tristesse, surprise, culpabilit...) pour le
cas o un vnement fcheux se produirait;
peut avoir un effet sur les vnements qui arrivent ;
me permet d'empcher un malheur ou un danger ;

- tmoigne de certaines qualits personnelles, par exem-ple que je suis une personne prvoyante et responsable,
quelqu'un qui se soucie des autres, quelqu'un de bien.

D Pour se faire moins de souci,


il faut corriger ses croyances
Les croyances
se forment
et nous en avons tous
et se construisent tout au long de notre vie. Elles sont dtermines par un ensemble de facteurs : l'ducation, les expriences personnelles, le milieu de vie, la culture. Il arrive

LA LIBERT EST AU BOUT DU CHANGEMENT

. I09

frquemment que les personnes souffrant de TAG entretiennent depuis trs longtemps des croyances particulires sur
le souci. Pour diminuer cette tendance se faire du souci, il
est indiqu de prendre le temps de s'interroger sur le bienfond de ses croyances et de voir dans quelle mesure elles
sont vraiment utiles dans sa vie.

Une premire faon de connatre ses croyances personnelles l'gard de ses soucis et d'valuer leur pertinence
consiste dresser la liste des avantages et des inconvnients
qui leur sont associs. Cet exercice permet de constater que
se faire du souci entrane de nombreux inconvnients et
n'apporte aucun avantage rel.

- Une seconde faon d'analyser ses croyances et d'en


vrifier le bien-fond consiste trouver des preuves tablissant que la croyance est vraie. Dans ce cas, il importe de
relever toutes les preuves possibles de la v&acit de la
croyance. Ensuite, il faut se faire l'avocat du diable et forrnuler des arguments qui dmontrent la fausset de cette
croyance. Ici encore, il est important d'numrer tous les
arguments possibles I'encontre de la vracit de la
croyance. Enfin, il faut faire I'analyse de I'ensemble des
arguments. Au terme de cette analyse, demandez-vous si
votre croyance

<<

tient toujours la route

>>,

si elle est vraie ou

fausse.

D Un exercice pour vous:


faites l'analyse de vos croyances
Le tableau ci-aprs va vous permettre de faire cet exercice. Si vous le dsirez, vous pouvez photocopier le tableau
ou encore vous en inspirer pour crer votre propre tableau
ou votre propre liste.

I1O o ARRTEZDE VOUS FAIRE DU

SOUCI

Liste des croyances relatives au souci


Croyance
propos

dtun souci

Avantages
du souci

Inconvnients
du souci

Arguments
qui appuient
la vracit
de la croyance

Arguments
quidmontrent
la fausset
de la croyance

2.

3.

4.

5.

6.

Sans doute allez-vous remarquer, d'une part, les contra-

dictions qui existent entre les deux catgories d'arguments


et, d'autre part, la faiblesse de certains arguments. Il y a, en
effet, des arguments qui reposent sur des impressions ou sur

LA LIBERT EST AU BOT]T DU CHANGEMENT O

III

I'association de certains vnements plutt que sur des preuves


formelles. titre d'exemple, nous vus hvrons les rponses
I'exercice de remise en question d'une croyance quiateffectu par Martine et sa thrapeute I'occasion d'une enfrevue
clinique.
"

D Un exercice pour vous :


remettez en question une croyance
En guise d'exercice, mettez-vous la place de Martine
et rpondez a.ux questions que la thrapeute lui pose, en
abordant une de vos croyances, en exploitant vos propres
exemples et en tirant profit de vos expriences. Faites
comme si la thrapeute vous interrogeait directement. Notez
vos rponses de manire approfondir votre rflexion.

D Mar'tine remet en question l'une de

ses

croyances

Dans la discussion qui suit, Martine, guide par sa thrapeute, remet en question une croyance qu'elle entretient
depuis un certain temps et selon laquelle ses soucis propos
du cancer du sein sont utiles.
TunnpEUTE : << Pouvez-vous dcrire un souci
- ? >>
excessif
MnnrnvB : << Je me fais du souci l'ide d'avoir un
jour un cancer du sein. >>
THnepEUrE : << Est-ce que le fait de vous faire du
pour
souci
cela comporte des avantages ? S'il y en a, quels
sont-ils ?
MnnuNE : << J'ai une impression de scurit, car je
crois que je peux "devancer" la maladie. >>
TunnpEUTE : << Est-ce que le fait de vous faire du
souci-pour cela comporte des inconvnients ?
>>

>>

I12 o AnnTE,zDF' VOUS FAIRE DU SOUCI


MRRTTNB: <

Oui. Des sentiments de peur, de

I'inconfort,
des tensions musculaires

et, aussi, une espce


de lassitude lie au fait de toujours penser cela, alors que
je pourrais me dtendre et profiter de ma famille. >
TnnnpEUTE : << Si vous comparez les avantages
et les inconvnients, quelles sont vos observations ?
MemNE : (< Il y a beaucoup plus d'inconvnients
que d'avantages. Et puis I'impression de scurit, qui est le
seul avantage que je trouve, n'est peut-tre pas si juste. >
THnnpEUTE : << A prsent, exprimez prcisment
une des croyances positives que vous entretenez concernant le fait de vous faire du souci.
ManrINE : << Je crois qu'en me faisant du souci
pour ma sant, et plus particulirement pour un ventuel
cancer, je vais pouvoir dtecter rapidement le problme
et, ainsi, viter qu'il s'aggrave.
TsnapEUTE : << Qu'est-ce qui vous fait croire que
votre perception est vraie ? Quelles preuves ou quels argu>>

>>

>>

ments avez-vous pour tayer la vracit de vofre croyance ? >>


MnnrINE : <( Il existe des preuves de nature mdicale : certains cancers peuvent tre traits plus facilement

et mme guris s'ils sont diagnostiqus tt. >>


THnnpEUTE : < Si vous deviez dmontrer que
cette croyance est fausse ou errone, quels seraient les
arguments que vous avanceriez ?
MRnrtNE : << Que je me fasse du souci ou non, si
la maladie doit me toucher, elle le fera. Et, mme si un
cancer est diagnostiqu tt, ce sera quand mme un cancer. Les chercheurs eux-mmes ne savent pas avec prcision ce qui cause cette maladie ni comment l'viter. Je ne
vois pas pourquoi, moi, je serais meilleure qu'eux !
TsnapEUTE : < Si vous comparez les arguments
et les contre-arguments, quelles sont vos observations ?
>>

>>

>>

LA LIBERT EST AU BOUT DU CHANGEMENT O

MenrrNE

II3

: << Si je tiens compte de tous les lle fait que je me

- qui peuvent avoir une incidence,


ments

fasse du souci ne joue probablement pas un trs grand rle


dans la prvention du cancer. Avoir des comportements
"normaux", pat exemple passer des examens mdicaux
intervalles rguliers, parat plus efficace et est probablement suffisant dans l'tat actuel des choses. Donc, je n'ai
vraiment aucune raison de continuer me faire du souci
propos du cancer: je n'ai pas de preuve convaincante
que ce souci m'est utile, et est vident que ce souci
m'apporte plus d'inconvnients que d'avantages. >>
Ce type d'exercice favorise la reconnaissance du caractre non fond des croyances entretenues l'gard des soucis. videmment,
est plus facile de reconnatre ou
d'admettre rationnellement cet aspect lorsque I'on n'est pas
dans une priode de soucis excessifs. Aussi est-il utile de
rpter I'exercice plusieurs fois et de remettre en question
des soucis aussi divers que varis afin de fortifier cette
<< nouvelle croyance >> selon laquelle le souci ne comporte
aucun avantage, ni pour soi ni pour son entourage.

il

il

Quatrime objectif :
amliorez votte orientation mentale
l'gard de vos problmes

La phrase
Cette solution me permettrait d'exercer ma tolrance
I'incertitude !
<<

>>

Vous avez identifi vos croyances propos de vos


soucis et tent de les modifier ? Vous sentez que vous tes

I14 T ARRTEZDE VOUS FAIRE DU

SOUCI

ariv un rsultat probant, du moins dans une certaine


mesure ? Alors il est temps maintenant d'envisager les stratgies de rsolution de problmes propres aux deux grands
types de soucis. Votre quatrime objectif porte sur la
mthode utiliser pour diminuer les soucis qui, chez vous,
concernent un problme rel (actuel, rcent ou connu), soit
les soucis de type I.La stratgie exploiter pour les soucis
de type 2 vous sera prsente avec le cinquime objectif.
Pour mieux dtailler et comprendre la stratgie privilgier face aux soucis de type 1, revoyons I'un des soucis de
Martine. Souvenez-vous de ce qu'elle disait: << Dans la compagnie pour laquelle je travaille, I'horaire et la charge de travail ne sont pas constants, le travail arrive souvent par
saccades. Dans les semaines plus remplies, je n'arrive pas
respecter toutes les chances. Alors, forcment, certaines
tches prennent du retard. Aussi, si je fais des heures supplmentaires pour effectuer ces tches, je me fais du souci pour
ce que je ne fais pas la maison pendant ce temps. Et, si je ne
fais pas d'heures supplmentaires, je me fais du souci I'ide
de voir le travail s'accumuler au bureau. C'est une situation
sans issue et, chaque fois, c'est la mme chose : je ne sais pas
quoi privilgier etj'essaie de tout faire en mme temps. Je
deviens alors de plus en plus fatigue, ce qui me rend de plus
en plus inefficace et ce qui fait que je ne peux pas passer
travers cette priode sans y laisser toutes mes nergies.
>>

D Pour se faire moins de souci,


il faut rsoudre ses problmes

Martine vit une situation difficile qu'elle juge sans


issue. La perception qu'elle a de la situation est ngative et
strile, car elle n'aide en rien la recherche de solutions.
Martine considre mme qu'il n'y a pas de solution. C'est

LA LIBERT, EST AU BOUT DU CHANGEMENT

. I75

comme si elle se disait: << Ce problme est trop gros, je


n'arriverai jamais le rgler. >> Certes, il est normal que
I'existence d'un problme suscite des soucis, mais ceux-ci
peuvent devenir excessifs, en particulier en termes de dure,
si la situation contrariante persiste et si le problme n'est
pas rsolu.
La faon dont on peroit le problme constitue un
lment dterminant du processus de rsolution des problmes. C'est peut-tre mme l'lment le plus important
puisqu'il en est le point de dpart et qu'il influe fortement
sur les tapes subsquentes. Plus particulirement, les personnes qui sont aux prises avec un TAG ont souvent une
perception ngative de leurs problmes, ce qui les empche d'exploiter efficacement leur habilet en matire de
rsolution des problmes, et a pour effet de contribuer au
maintien de leurs soucis.
Le processus de rsolution des problmes comprend
un certain nombre d'tapes que nous allons examiner en
dtail les unes aprs les autres. Ces tapes sont au nombre
de cinq. Il s'agit de :
. Percevoir le problme.
. Dfinir le problme et formuler des objectifs ( atteindre).
. Chercher des solutions.
. Choisir une solution.
. Appliquer la solution retenue et valuer les rsultats.
D 7. Percevoir le problme

Il existe de trs nombreuses faons de percevoir un problme, qui sont caractrises, outre par nos ractions et la

nature mme du problma, pr la connaissance que nous en


avons, par nos expriences personnelles et par notre aptitude
rsoudre ou surmonter le type de problme en question.

116 T AnREz DE VOUS FAIRE DU SoUcI

On peut distribuer les nombreuses perceptions possibles le


long d'un galon mesurer ou suivant un continuum s'tendant entre deux extrmes :
< Ce problme

constitue un dfi
relever. >>

< Ce problme reprsente


une grande menace

pour mon bien-tre.

>

Une grande vant de perceptions se situe entre ces


deux extrmits, depuis f ide de trouver anormal qu'une
entrave surgisse jusqu'au fait de considrer qu'il n'existe
aucune difficult.
Dans la vie personnelle, comme dans la vie professionnelle, tout ne va pas toujours << comme sur des roulettes >>. Les difficults font partie de la vie ! Toutefois, la
perception que nous avons de I'obstacle est primordiale,
car elle va avoir des incidences sur toutes les autres tapes
du processus de rsolution de problme. Une perception
ngative nuit, en effet, de diffrentes faons la rsolution
des difficults. Par exemple, une raction ngative ds le
dpart dessert la capacit de considrer l'lment contraignant de manire objective, de mme qu'elle empche de
prendre le recul ncessaire. Dans certains cas, des situations pineuses ou pnibles sont vues, telles des pes de
Damocls, comme des menaces qui psent sur f intgrit
personnelle, car les seules consquences anticipes portent
atteinte l'estime de soi. L'erreur cognitive qui est commise
ici consiste croire qu'il n'est pas norrnal qu'une embche
survienne ou encore que les conditions difficiles ou stressantes signifient qu'on n'est pas bon, qu'on est incomptent
ou inefficace.
Percevoir ngativement les difficults qui se prsentent
engendre gnralement des motions ngatives qui nuisent

LA LIBERT EST AU BOUT DI] CHANGEMENT

.II'I

en retour la perception de ces difficults. C'est le serpent


qui se mord la queue. En outre, centrer son attention sur les
seuls aspects menaants ou proccupants d'un problme
quivaut se mettre un bandeau sur les yeux : cela brouille
la comprhension gnrate du problme. La perception
ngative d'un obstacle ou d'une contrainte risque aussi
d'entraver la recherche de solutions originales
dcoulant
de la rinterprtation ou de la rvaluation de la situation
et d'empcher le choix de la meilleure solution possible. Le
danger est aussi de juger et de rejeter trop rapidement les
ides qui apparaissent pour se tirer d'embarras puisque,
premire vue, aucune solution ne semble approprie ou <<
la hauteur >>. On stoppe ainsi le processus de rsolution de
problme, parce qu'on prfre ne rien choisir plutt que de
courir le risque de se tromper. videmment, le problme et
le souci ne peuvent que persister dans ce cas...
Si, malgr tout, on parvient choisir une solution, on
risque d'avoir du mal l'appliquer tant on est intimement
persuad qu'il ne vaut pas la peine d'essayer. En outre,
anticiper un chec rduit la motivation faire tous les
efforts ncessaires pour surmonter une difficult. Enfin,
une vision ngative du problme altre l'valuation mme
des rsultats obtenus la suite de la mise en application

de la solution. On aura tendance ne pas s'attribuer le


succs ou les rsultats, et estimer qu'on a eu de la chance
ou bien juger qu'un rsultat ngatif confirme I'aspect
insurmontable et menaant du problme.
Toute perception ngative doit donc tre corrige si
I'on veut surmonter efficacement une difficult. Nanmoins,
changer sa perception implique en premier lieu d'essayer
d'tablir des nuances et de faire preuve d'une certaine relativit. Celui qui a tendance voir ses problmes comme des
menaces ou des piges doit plutt se demander : << Cette

118 e ARRTE?DE VoUs FAIRE DU soucl

situation comporte-t-elle un dfi pour moi ? Puis-je y


apprendre quelque chose ? Puis-je en tirer quelque chose ? >>
S'il est difficile pour quelqu'un d'accepter le simple fait de
se heurter une difficult, il lui est nanmoins possible de
relativiser en se rappelant que tout le monde a des problmes
et que ce n'est pas le signe d'un dficit personnel, donc qu'il
n'est pas << moins bon >> que les autres. Il faut aussi garder
en tte non seulement que certains problmes sont plus difficiles rgler que d'autres, mais aussi que la rsolution
d'un problme exige du temps et des efforts, et ce, pour

n'importe qui

Revenons maintenant Martine, qui a russi changer


sa perception initiale, empreinte de peur et de menace, en
une perception plus nuance et plus positive. Si elle ne
connat pas encore la solution qu'elle apportera son problme, Martine entrevoit dornavant que celui-ci puisse tre
rgl. << Les semaines o il y a surcharge au travail sont trs
fatigantes pour moi, mais il existe sans doute des faons de
passer travers ces semaines sans en sortir aussi fatigue et
dcourage que je le suis habituellement. Cette situation
pourrait bien tre, pour moi, l'occasion d'apprendre mieux
grer mon temps. >> Forte de cette nouvelle perception, Martine peut passer aux tapes suivantes.

> 2. Dfinir

le problme et

formuler des objectifs

Avant de tenter de rgler un problme, il importe de le


connatre et de le dfinir. Il arrive souvent, en effet, que I'on
cherche une issue des difficults qui sont vagues et confuses. Il arrive aussi que I'on < mlange >> les problmes et
que, l'on essaie d'en rsoudre plus d'un la fois. Il va sans
dire que, si on tente de franchir plus d'un obstacle la fois,
les solutions risquent fort d'tre boiteuses et dcevantes.

LA LIBERT, EST AU BOUT DI] CHANGEMENT

. II9

> Prciser les dfficults

Il

est essentiel, au moment o on prend conscience


d'une difficult, de chercher la dfinir de faon prcise
et concrte. Une difficult mal comprise ou mal dfinie
suscitera le plus souvent des solutions partielles ou, pire,
des tentatives de rsolution qui risquent d'exacerber ou
d' accrotre la difficult.
Pour cerner convenablement un problme, posezvous les questions suivantes : << Que se passe-t-il vraiment
et qu'est-ce qui me drange exactement ? Qui est en
cause ? Quels sont les lments rels qui me gnent ?
quel moment et dans quelles circonstances cette situation
se produit-elle ? >> Regardons ce que Martine a rpondu
ces questions.

D Les rponses de Martine


< Ce qui me drange, c'est d'tre fatigue et dcourage parce que je doute de mes comptences chaque fois
que survient une surcharge de travail, ce qui arrive environ une fois par mois.
<< Les personnes concernes sont mes patrons
ils
sont deux
mon mari et mes enfants.
< Plus prcisment, je crois que je peux dfinir mon
problme de la faon suivante : un ou deux jours par mois,
lorsque mes patrons me demandent d'effectuer des travaux
urgents, je voudrais arriver faire ces travaux en plus de
mes tches habituelles et de mes activits la maison, mme
si, concrtement, ce n'est pas possible. J'essaie de faire
entrer trop de choses dans une journe qui ne compte que
vingt-quatre heures, comrne toutes les autres journes ! >>

-,

120 o AnRTEZDE, VoUS FAIRE DU SoUCI

Se

fixer

des objectifs

Les mmes principes s'appliquent l'gard de la formulation des objectifs personnels : ceux-ci doivent tre
prcis et concrets. Si les objectifs qu'on s'est fixs sont
vagues et confus, comment saura-t-on qu'on les a atteints ?
Seuls des objectifs prcis et concrets permettent d'tablir
que la dmarche de rsolution d'un problme est couronne de succs.
Un autre principe entre en ligne de compte quant la
formulation des objectifs : ils doivent tre ralistes et atteignables. Si vos objectifs n'ont pas ces deux qualits, vous
risquez d'tre du et de perdre confiance en votre capacit
rsoudre des problmes. Se fixer des objectifs prcis et
concrets, dans un premier temps, et ralistes et atteignables,
dans un second temps, circonscrit le rayon d'action et amliore les moyens dont on dispose pour devenir un << expert
en rsolution de problmes.
>>

> Les objectifs

de Martine

Voici les deux objectifs que Martine souhaite atteindre au terme de sa dmarche : << D'abord, me sentir moins
fatigue par les surcharges de travail, c'est--dire accepter
de ressentir une fatigue normale cause par une journe
de travail bien remplie, mais non une fatigue excessive
comme en ce moment. Ensuite, ne plus douter de mes
comptences de secrtaire et de mre quand j'ai une surcharge au travail, c'est--dire ne pas me traiter d'incomptente parce que je n'ai pas fait toutes les tches en une
seule journe.
>>

LA LIBERT EST AU BOUT DU CHANGEMENT O

I2I

D 3. Chercher des solutions


La prsente tape consiste faire l'inventaire le plus
large possible des solutions existant un problme. I1 s'agit
de parier sur la varit,l'abondance et la richesse, afin de
maximiser les chances que la meilleure solution se trouve
parmi les solutions rpertories. Si simple et vident que
puisse sembler ce principe
selon lequel il est plus probable de trouver la perle rare- dans la multitude que dans la
rarct
o ne prend gnralement pas le temps de dgager
-,
plusieurs solutions avant de se dcider. Le plus souvent, on
se contente d'une seule option et on la met en uvre sans
avoir pris la peine de considrer les autres possibilits. Pourquoi ? Parce que dgager des solutions de diffrentes espces n'est pas aussi facile qu'il y parat.
La premire pierre d'achoppement est l'habitude. Certes, les habitudes peuvent aider surmonter les difficults,
mais elles peuvent aussi, dans certains cas, entraver la solution. Par exemple, appliquer de vieilles faons de faire de
nouveaux problmes peut rendre la solution inefficace. Une
autre pierre d'achoppement est les convenances. En respectant de manire trop stricte les rgles de la biensance, on
peut avoir I'impression de faire la << bonne chose >>, mme
lorsque celle-ci n'est pas la plus approprie.
Pour trouver des solutions aussi varies que multiples, aidez-vous des principes suivants :

Principe de quantit. Plas il y a de solutions mises,


de qualit disponibles.
- Principe de varit. Phts les diffrentes solutions sont
varies, plus il y a de solutions de qualit disponibles.
- Principe du report de I'valuation. Les solutions de
qualit produites sont d'autant plus nombreuses que

plus

il y a de solutions

I22 T

ARRTEZ DE VOUS FAIRE DU SOUCI

l'valuation, ou I'examen, des solutions applicables n'est


pas anticipe, mais maintenue l'tape suivante, c'est-dire au moment de la prise de dcision et de la slection
d'une solution. Pour le moment, il s'agit simplement
d'mettre des ides de solution, non de les tudier et de
les valuer.
Si ces principes ne vous aident pas trouver des solutions varies, n'hsitez pas faire appel votre entourage
et raliser cet exercice deux ou trois. Votre objectif est
de produire un certain nombre de possibilits (au moins dix),
comprenant des solutions de toutes sortes, ce qui inclut galement des ides farfelues, puisque celles-ci peuvent mener
d'autres ides moins saugrenues. Voyons maintenant les
solutions imagines par Martine pour rsoudre son problme
de gestion de temps.

> Les solutions trouves par Martine

. Arrter de travailler.
. Refuser le travail supplmentaire que mes patrons me
demandent de faire.
. Demander mes patrons de me librer de certaines tches
quand ils rclament que j'accomplisse un travail urgent.
. Les jours o je fais face une surcharge de travail,
demander ds le matin mon mari ou mes enfants de
prparer le dner.
. Les jours de surcharge de travall,laisser mon mari le soin
de vrifier les devoirs du petit dernier et ne pas m'en mler.
. Rester au bureau jusqu' ce que j'aie termin les travaux
pressants.
. Quitter le travail au plus tard 18 heures, et ce, quelle
que soit l'urgence.

t_

LA LIBERT EST AIJ BOUT DU CHANGEMENT

. I23

Les jours de surcharge de travail, reporter au lendemain


certaines des tches mnagres que je dois faire la maison.
. Les jours de surcharge de travail, utiliser un agenda pour
planifier les tches remplir et fixer un ordre de priorit.
. Demarider mes patrons d'engager une secrtaire de plus.

> 4. Choisir une solution


Aprs avoir formul un nombre satisfaisant de solutions
pour rsoudre le problme qui vous proccupe, il est temps de
passer la prise de dcision. Votre objectif est de choisir la
meilleure solution possible parmi les propositions rpertories.
Gardez bien I'esprit qu'il s'agit ici de choisir la meilleure
solution possible, en considration du contexte, et non pas la
solution partaite. La recherche d'une ide qui convienne totalement et compltement est un obstacle de taille la prise de
dcision, puisqu'il n'existe aucune solution parfaite !
Grosso modo, vous devez valuer le pour et le contre
de chacune des propositions retenues en vue de choisir la
meilleure. Pour y parvenir, utilisez un <( processus d'li-

Commencez par cafter les solutions qui


apparaissent clairement infrieures, puis soumettez une
valuation circonstancie les solutions restantes.
Les questions suivantes vous aideront dans votre examen et guideront votre choix final :
. Que peut m'apporter prcisment cette solution ?
. Quelles sont les consquences de cette solution court
terme et long terme ?
. Quelles sont les consquences de cette solution pour moi
et pour mon entourage ?
. Quelles sont les chances (les probabilits) que cette
solution << fonctionne >> ?
mination

>>.

124 e nnnTBz DE VOUS FAIRE DU SoUcI

partir des rponses donnes ces quatre questions


pour chacune des solutions qui restent, vous allez arriver
choisir une solution ou une combinaison de solutions qui
prsente d'intressantes chances de succs et qui comporte
des avantages court terme comme long terme, pour vousmme comme pour les personnes concernes par ce choix.
A titre d'exemple, revenons sur les solutions trouves par
Martine et observons l'valuation qu'elle a faite de chacune
d'enffe elles.
D Martine value

ses

solutions

Arrter de travailler. << Je ne veux pas arter de fravailler;


j'aime mon ffavail la plupan du temps. >> Solution liminer.
. Refuser le travail supplmentaire que mes patrons me
demandent de faire. << Comme je suis leur secrtaire,je ne
peux pas vraiment refuser de faire le travail qu'ils me
demandent, et le problme n'exige pas une solution aussi
draconienne. >> Solution liminer.
. Demander mes patrons de me librer de certaines
tches quand ils rclament que j'accomplisse un travail
urgent. << Cela m'aiderait consacrer l'essentiel de mon
temps ce qui est vraiment prioritaire dans cette journe.
Ces tches devront, par contre, tre faites plus tard, par
moi ou par quelqu'un d'autre. >> Solution considrer.
. Les jours de surcharge de travail, demander ds le matin
mon mari ou mes enfants de prparer le dner. < Cela
me permettrait de moins me soucier de I'heure laquelle
je termine et d'tre plus concentre sur le travail que j'ai
faire, au lieu de penser au repas qui m'attend. Cela rendrait ma fille ane plus responsable la maison et lui
donnerait I'occasion d'accrotre son autonomie. > Solution
considrer.

LA LIBERT EST AI] BOIJT DU CHANGEMENT

I I25

Les jours de surcharge de travail, laisser mon mari le


soin de vrifier les devoirs du petit dernier et ne pas m'en
mler. << Mon mari est excellent dans cette tche, et souvent
le fait que je m'en mle n'apporte rien de plus. En outre,

cette solution me permettrait d'exercer ma tolrance


l'incertitude ! > Solution considrer.
. Rester au bureau jusqu' ce que j'aie fini les travaux
pressants. << L'avantage vident, c'est que les tches
urgentes seront termines lorsque je partirai et que je
n'aurai pas les finir le lendemain. Mais certaines tches
urgentes peuvent tre longues et demander deux ou trois
jours. Avec la fatigue, je serai moins efficace en soire
que si je reprends le lendemain. >> Solution liminer.
. Quitter le travail au plus tard 18 heures, et ce, quelle
que soit I'urgence. << Cela pourrait tre une faon pour moi
de me fixer des limites. Mais je ne trouve pas trs avantageux d'interrompre une tche parce qu'il est 18 heures,
si elle peut tre termine dans la demi-heure qui suit.
Solution liminer.
>>

Les jours de surcharge de travail, reporter au lendemain certaines des tches mnagres que j'ai faire la maison.
<< Cela me forcerait et m'habituerait peut-tre diminuer mes
exigences personnelles, en acceptant de laisser des tches
inacheves. Srement, cela favoriserait aussi I'autonomie des
autres membres de ma famille. >> Solution considrer.
Les jours de surcharge de travail, utiliser un agenda pour

planifier les tches remplir et fixer un ordre de priorit.


<< Cela me pennettrait d'organiser mes journes ; je me
serais fait moins de souci propos de toutes les tches que
j'ai faire et je serais probablement plus efficace. >> Solution
considrer.
. Demander mes patrons d'engager une secrtaire de plus.
<< Cela pourrait tre utile certaines semaines. Cependant,

a:'
126 o ANNTEZDE VOUS FAIRE DU

SOUCI

comme c'est une dcision importante pour mes patrons, je


prfre garder cette solution pour le cas o les autres solutions privilgies ne marchent pas. >> Solution liminer.

D Martine

fait

son

tri

Aprs avoir considr les bnfices et les inconvnients


de chacune des solutions, Manine est parvenue faire un
choix : << J'ai choisi de combiner les solutions flo' 3, 4, 5,8
et 9. Ces cinq solutions se compltent bien, puisque les troisime et neuvime solutions concernent directement I'organisation de mon travail, et que les trois autres ont trait mon
comportement la maison. Les jours o je dois faire face
une surcharge de travail,je crois que, sije les explique correctement aux personnes concernes, ces solutions ont de
bonnes chances de fonctionner.
>>

>

5. Appliquer la solution retenue


et valuer les rsultats

Mettre en application la solution choisie et en valuer


les rsultats constitue la dernire tape du processus de
rsolution de problme. ce stade, la seule question que
vous devez vous poser est : << La solution (ou la combinaison des solutions) que j'ai choisie me permet-elle
d'atteindre mes objectifs ?
N'oubliez pas : la mise en uvre de la solution est
dtermine, notamment, par les habilets comportementales de chacun. Il se peut donc que vous ayez besoin de
vous <( exercer >> avant de pouvoir appliquer pour de vrai
la solution retenue. Pour cela, vous pouvez, par exemple,
effectuer un jeu de rle et vous comporter comme si vous
tiez dans la vraie situation. Exercez-vous seul ou avec
>>

LA LIBERT EST At,J BoUT DU CHANGEMENT

o I27

une personne qui n'est pas touche directement par le problme. Il est plus facile deux de vrifier si la faon de
dire les choses est approprie ou de constater si la manire
d'agir qu'on a privilgie est la bonne.
Une fois que vous avez appliqu la solution retenue,
vous devez valuer son effet sur le problme qu'elle est
cense corriger, mais galement sur votre humeur. En
effet, si vous avez entrepris ce long processus de rso-

lution de problme, c'est aussi pour amliorer votre


condition motive >>. Une solution efficace doit entraner un soulagement manifeste sur le plan motionnel.
Si la solution retenue ne vous permet pas d'atteindre,
sur tous les plans, les objectifs que vous vous tiez fixs
qui est tout fait possible
vous devez revenir
-,
l'tape de la prise de dcision et opter pour une autre solution. En revanche, si la solution est efficace, vous ressentirez un rel apaisement, et le processus de rsolution des
problmes sera termin. Il sera temps, alors, de vous
rcompenser pour le travail effectu !
La mise en application de la combinaison des solutions
choisies par Martine s'est faite en deux temps. D'abord,
devanant une nouvelle surcharge de travail, Martine aparl
avec son mari et sa fille ane pour leur expliquer les changements qu'elle souhaitait effectuer la maison quelques
jours par mois. Puis, elle a discut avec ses patrons de la
partie des solutions qui les concernait et elle s'est procur
un agenda. Lorsqu'une surcharge de travail s'est prsente,
Martine a utilis son agenda pour planifier sa semaine. Trois
matins, elle a demand sa fille de se charger du dner;
trois soirs, elle ne s'est pas occupe des devoirs de son fils
et n'a pas pos de questions son mari ce sujet. Enfin,
elle a dcal la lessive et le repassage de quelques jours.
<<

r
128 T ARRTEZ DE VOUS FAIRE DU SOUCI

la suite de cette premire surcharge de travail, Martine se dit satisfaite de la faon dont elle aprocd en situation. Elle a appliqu toutes les solutions qu'elle avait
choisies. Elle a ainsi atteint ses objectifs : elle se sent moins
fatigue et a cess de remettre constamment en question ses
comptences. Elle dit qu'il ne lui reste qu' continuer dans
la mme voie et tirer parti de ces solutions chaque fois que
se prsente une surcharge de travail.

Cinquime objectif :
diminuez l'vitement des penses
qui suscitent la peur

La phrase
Il faut affronter

ses peurs pour les apprivoiser.

Nous abordons maintenant la stratgie metffe en uvre


pour diminuer les << soucis de type 2 >. Rappelez-vous : ce sont
les soucis qui ont trait l'anticipation des consquences, videmment ngatives, que pourrait engendrer un problme ventuel, c'est--dire un problme qui ne s'est pas encore produit
et qui a, enralit, trs peu de risques de se produire. Arrtonsnous I'un des soucis de type 2 de Martine : << Mon mari
voyage beaucoup pour son fravail, et, chaque fois qu'il prend
l'avion, je me fais du souci. Je me dis que, s'il fallait que son
avion s'crase et qu'il meure dans une telle catastrophe, ce
serait une mort affreuse pour lui et une preuve insurmontable
pour moi. Je crains de ne jamais pouvoir m'en remettre. >>
Martine se sent trs anxieuse I'ide que son mari
puisse avoir un accident d'avion. Contrairement son

LA LIBERT EST AU BOUT DU CHANGEMENT

. 129

inquitude relative aux surcharges de travail, o elle peut


intervenir pour amliorer la situation et mme rsoudre le
problme, Martine sait qu'elle ne peut changer quoi que ce
soit lorsqu'elle se fait du souci pour la scurit de son mari.
Elle doit reconnatre qu'elle n'a aucune prise sur les voyages
en avion de son mari. Or, comme il s'agit d'un problme
qu'elle n'est pas en mesure de rgler, elle ne dispose pas
davantage de stratgie de rsolution de problme appliquer.
Toutefois, si Martine ne peut pas intervenir sur l'vnement
qui suscite son souci, elle peut, en revanche, agir sur ellemme.

L'accident d'avion est une ventualit. Il est peu probable, mais il reste tout de mme une ventualit. Certes, la
probabilit qu'un accident de ce type se produise est
minime, mais Martine ne tolre pas cette probabilit, si
mince soit-elle. Comme la plupart des anxieux, Martine
tente de chasser de sa tte ses soucis ventuels. Voil qui
est logique, puisqu'il n'y a en pratique aucun problme
rgler et aucun moyen concret de surmonter son souci. Et
puis, qui a envie de garder en mmoire des images terribles ?
Malheureusement, essayer de ne pas penser aux vnements
qu'on craint le plus ne donne pas de rsultats trs fructueux,
ni dans le cas de Martine ni chez la majorit des anxieux. Il
existe une raison bien prcise cela : tentez de chasser une
pense, et elle revient plus vite ou plus souvent l'esprit.
Illustrons ce phnomne au moyen d'un petit exercice.

D Un exercice pour vous :


Pendant les trente prochaines secondes...
Prenez un chronomtre, une montre ou une horloge
indiquant les secondes et obsewez la consigne suivante :
pendant les trente prochaines secondes, vous ne devez pas

I3O T ARRTEZDE voUS FAIRE DU SoUcI

penser un chameau. Vous pouvez penser tout ce que


vous voulez, sauf un chameau.
Que s'est-il pass ? Sans doute le mot << chameau
ou I'image de cet animal vous sont apparus plusieurs
reprises, en dpit de la consigne. Ce que vous observez
avec le mot << chameau >> porte un nom : le phnomne de
la suppression de la pense. Ce phnomne normal et
banal explique que l'ide ou l'image de I'accident d'avion
fasse sans cesse imrption dans l'esprit de Martine. Dans
la mme optique, essayons un nouvel exercice.
>>

D Un exercice pour vous :


Pendant les trente prochaines secondes...
Prenez un chronomtre, une montre ou une horloge
et observez la consigne suivante : pendant les trente prochaines secondes, vous ne devez absolument pas penser
... un tracteur rouge.
Quel est le rsultat ? Pour nombre d'entre nous, un tracteur rouge n'est pas associ quoi que ce soit. Pourtant,
I'image d'un tracteur rouge s'est manifeste votre esprit
au moins une fois durant ces trente secondes, n'est-ce pas ?

D Pour se faire moins de souci,


il faut affronter ses peurs

Les anxieux ont souvent peu de succs quand ils


essaient de mettre en application la solution que leurs amis

ou leurs proches leur recommandent frquemment,

savoir << arrter d'y penser >>. Cet insuccs a pour cause,
videmment, le chameau qui conduit le tracteur rouge.
Euh !?... Blague part, la difficult << arrter d'y pen-

LA LIBERT EST AI] BOUT DU CHANGEMENT O 737

ser >> est due I'effet paradoxal de la suppression des


penses que nous venons de dcrire.
La diffrence entre un soucieux et quelqu'un qui se fait
du souci de faon normale ou modre ne rside pas exclusivement dans I'intensit des soucis ni dans la capacit
a:rter de se faire du souci ; elle repose sur le fait que la
personne qui se fait du souci de faon normale tolre beaucoup mieux I'incertitude face ce qui peut arriver. Cette
plus grande tolrance lui permet de << garder la tte froide >
et d'valuer la probabilit et la gravit des consquences
ngatives lies une situation ou un vnement ventuel
de faon raliste, ce qui n'est pas le cas d'une personne
qui supporte mal l'incertitude. Celle-ci, comme tous les
anxieux, va envisager les ventualits de faon plus dramatique, et le fait de percevoir les vnements ou les situations
de manire dramatique va susciter des penses et des images
plus tragiques ou plus horribles quant aux consquences
redoutes. On comprend dans de telles circonstances qu'un

anxieux cherche repousser ces scnarios catastrophiques qui sont porteurs de mauvaises nouvelles et sources
d'angoisse. Malheureusement, cette taction mentale ne
rgle rien, puisque les tentatives pour chasser une pense
ont pour effet d'en augmenter la frquence...
L'intolrance I'incertitude maintient donc les soucis
en les emprisonnant dans un cercle vicieux. Toutefois, il est
possible de briser ce cercle. Si essayer de ne pas penser au
pire ne fonctionne pas, mieux vaut faire un effort de volont
et trouver le courage d'envisager et d'affronter (en pense

ou en imagination, bien sr) les consquences que I'on


craint, mme si celles-ci paraissent graves ou horribles.
Moins on carte I'image ou la pense d'une situation qu'on
redoute, plus on augmente la probabilit que cette image ou
cette pense disparaisse d'elle-mme.

132 o nnnTEZ DE VOUS FAIRE DU

SOUCI

Votre principal exercice pour atteindre votre cinquime objectif consiste donc vous reprsenter en imagination ce qui vous cause le plus de souci. Ce travail
d'<< apprivoisement >> se nomme << technique d'exposition
en imagination >>. Nous allons vous la prsenter en dtail
au moyen d'un exercice.

D Un exercice pour vous :


la technique d'exposition en imagination
Pour cet exercice, nous vous conseillons d'enregistrer sur une cassette audio le scnario d'une situation que
vous craignez particulirement de manire pouvoir
l'couter plusieurs fois. Munissez-vous donc d'un magntophone pour I'enregistrement sur bande audio. Si vous
n'err avez pas, nous allons nous arranger autrement, mais
suivez bien les tapes.
. Prenez un papier et un crayon.
. Retirez-vous dans un endroit calme de la maison. Songez un souci de type 2, c'est--dire une situation ou un
vnement que vous craignez et qui vous trouble lorsque
vous y pensez.
. Dcrivez en dtail cette situation ou cet vnement en
prcisant du mieux que vous le pouvez I'enchanement des
penses qui correspond la faon dont celles-ci se prsentent votre esprit lorsque vous vous faites du souci
ce propos (avant de commencer, et si vous avez besoin
d'aide, vous pouvez consulter l'exemple que nous donnons
plus loin).
. Prparez le magntophone et la cassette audio. Enregistrez le texte de votre scnario en lisant chaque phrase
lentement. Si vous n'ayez pas de magntophone, passez
immdiatement l'tape suivante.

LA LIBERT EST AU BOUT DIJ CHANGEMENT

Prvoyez

733

et rservez des moments libres durant la

semaine. Installez-vous confortablement dans un endroit


o vous ne serez pas drang. Commencez l'coute de
votre scnario prenregistr. Si votre scnario n'est pas
enregistr, lisez-le voix haute. Dans les deux cas, il est
important d'imaginer les dtails mentionns dans chaque
phrase. Essayez de < voir >> l'objet de votre crainte. Surtout, n'essayez pas de chasser les images de votre esprit,
mme si elles sont trs dplaisantes.
. coutez I'enregistrement ou lisez le scnario jusqu' ce
que votre anxit diminue, c'est--dire jusqu' ce qu'elle
soit revenue un niveau au moins aussi bas que celui o
elle tait avant que vous commenciez vous reprsenter
les images.
. Rptez I'exercice le plus souvent possible durant la
semaine (tous les jours, c'est I'idal).
. Lorsque vous constatez qtue l'coute ou la lecture du scnario provoque beaucoup moins d'anxit que les premires
fois o vous avez fait cet exercice, passez I'exposition
en imagination d'un autre souci de type 2.
. IJne fois que I'exercice d'exposition en imagination ne
suscite peu prs plus d'anxit chez vous, vous devez
vrifier les manifestations, la frquence et I'intensit de
ce souci dans votre vie. Si vous appliqtez la mme technique dans votre vie de tous les jours, c'est--dire si vous
ne chassez pas les images anxiognes, mais supportez
l'anxit jusqu' ce qu'elle diminue d'elle-mme, vous
constaterez aussi, invitablement, une baisse de la frquence et de f intensit du souci en question.
titre d'exemple, regardons le scnario qu'a compos
Martine autour d'un de ses soucis les plus extrmes. I1 met
bien en lumire I'enchanement des consquences qu'elle
craint.

I34 T

ARRTEZ DE

vous FAIRE DU SOUCI

<< Lundi matin, mon mari prend I'avion pour se rendre


Londres o il doit rencontrer des collgues de travail. L'avion
roule sur la piste et se prpare dcoller. Il dcolle, s'lve,
puis une norme secousse se produit, et l'avion redescend
rapidement. Un moteur a explos, il va s'craser. Les passagers paniquent et se mettent crier. Andr se cramponne
son sige. Le choc avec le sol est brutal, l'impact terrible, et
Andr meurt sur le coup. Je n'arrive pas le croire : mon mari
est mort. Le jour des funrailles, le cercueil est ferm, le corps
d'Andr a t dchiquet dans I'accident. Jamais plus je ne
pourrai le voir. Je vais pleurer le restant de ma vie. >>
Pour faciliter I'exercice d'exposition en imagination,
Martine a enregistr son scnario en le lisant lentement.
Elle I'a ensuite cout plusieurs reprises. Au dbut, elle
trouvait que son anxit augmentait rapidement, mais,
aprs un certain nombre d'coutes, elle a constat qu'elle
atteignait un plateau, puis que son anxit commenait
diminuer. Martine a cout son scnario jusqu' ce que

son anxit soit revenue son niveau initial. Elle a fait


I'exercice chaque jour pendant deux semaines.
S'exposer ce qui fait peur, que ce soit de faon relle
ou en imagination, dclenche trs normalement une raction
d'anxit. Cependant, si les sensations lies I'anxit sont
dsagrables, elles ne sont pas dangereuses, contrairement
ce qu'on pense souvent. L'anxit n'a jamais provoqu
d'arrt cardiaque ou entran de < perte de contrle >>. Certes,les symptmes qui lui sont attachs peuvent donner cette
impression : en cas de fort accs d'anxit, on croit que sa
dernire heure est arrive ou qu'on va devenir fou, mais
aucun vnement de ce genre n'est jamais arriv cause de
l'anxit.I1 en est de mme quand on << s'expose en imagination >> : l'anxit n'entrane aucune consquence dangereuse. Au contraire, le fait de vous mettre dans la situation

LA LIBERT, EST AU BOUT DU CHANGEMENT

'

I35

inquitante durant quelques minutes et de faire I'exercice de


manire rpte va induire une baisse d'anxit.
Pour prendre de la distance par rapport ses craintes,
les principes respecter sont donc les suivants : accepter de
<< voir >> ses peurs, ne pas essayer d'carter les images qui
inquitent, mais s'obliger les visualiser en dtail et envisager le pire. En ce qui concerne Martine, par exemple, le
<< scnario >> de la mort de son mari dans un accident d'avion
suscite toujours une part d'arxit, mais l'exercice lui aura
permis d'valuer de faon plus raliste la probabilit que ce
scnario survienne et, donc, de ddramatiser son souci.

Sixime objectif :
prvenez le retour des soucis

La phrase
Devenir plus solide pour empcher le retour des soucis
excessifs.

Le souci est un phnomne que tout le monde prouve


rgulirement. Il est donc normal que les anxieux, aussi,
prouvent de temps en temps, I'instar de toute autre personne, une hausse de leurs soucis. Ces variations de niveau
ou de degr de souci n'indiquent pas forcment une rapparition du problme initial. En revanche, la raction face la
hausse momentane de ces craintes va influer considrablement sur la dure de la priode de soucis. Chez quelqu'un
qui a dj souffert de TAG, cette raction sera dterminante
pour l'intensit des soucis et de I'anxit ressentie.

136 o ARRTEZ DE VOUS FAIRE DU

SOUCI

videmment, certains moments de la vie sont plus propriodes de stress


pices que d'autres aux soucis excessifs
grande
fatigue, priodes
lev, saisons mornes, semaines de
o le moral est moins bon ou, tout simplement, certains
moments de la semaine, du mois ou de l'anne. Il est galement naturel que les vnements de la vie et les tats motionnels aient une incidence sur le cycle des soucis.
Ne vous laissez pas abattre pour autant : essayez dans
la mesure du possible de voir dans l'augmentation de vos
soucis une occasion de mettre en pratique vos nouvelles
connaissances et d'appliquer les stratgies qui vous ont dj
aid diminuer, voire matriser votre tendance vous faire
excessivement du souci. Reprenez l'ensemble de la dmarche, depuis la prise de conscience de I'intolrance l'incer-

titude jusqu'aux diverses activits ou interventions

se

rapportant chaque type de soucis, en passant parla coffection des croyances personnelles relatives l'utilit du souci.
Dans de telles priodes, vous devez vous comporter comme
si vous tiez votre propre thrapeute et jouer ce rle au
mieux: encouragez-vous poursuivre les stratgies qui se
sont rvles et qui se rvlent encore utiles, mme si elles
sont difficiles ou prouvantes ; flicitez-vous et n'hsitez
pas vous rcompenser pour vos efforts et vos succs.
Par ailleurs, plusieurs moyens sont utiles pour prvenir de nouvelles manifestations du TAG :

Vous pouvez isoler les priodes o vous tes le plus


susceptible d'prouver une hausse de vos soucis. Dressezen la liste. Le fait de connatre l'avance ces priodes
d'anxit potentielles permet la fois de moins s'nerver
quand rapparaissent de manire aigu des craintes qui

avaient diminu et de savoir plus clairement quoi attribuer cette rsurgence. titre d'exemple, voici, tablie par

LA LIBERT EST AU BOTJT DIJ CHAA'GElIE,\T O I37

Martine, la liste ayant trait aux priodes sensibles ou critiques en matire de soucis, c'est--dire de priodes o elle
risque de connatre une hausse de ses soucis :
. Les moments o je suis surcharge de travail.
. Les priodes de transitions ou d'expriences importantes
pour mes enfants (entre dans une nouvelle cole, recherche
d'emploi, dpart ou absence de longue dure, etc.).
. Les jours o je suis trs fatigue.
Comme Martine, conservez bien votre liste porte
de main pour pouvoir la consulter ds que le besoin s'en
fait sentir.
- Vous pouvez rsumer en style tlgraphique, e quelques points rapides lire, les stratgies qui se sont rvles
les plus utiles pour diminuer vos soucis excessifs. Etre en
mesure de se rappeler rapidement les mthodes ou les techniques appliquer permet de diminuer considrablement la
dure d'une priode de soucis.
Vous pouvez lire et relire rgulirement des ouvrages
sur le TAG pour toujours avoir en mmoire les lments cls
de ce trouble. Vous serez ainsi mieux arm pour reconnatre
les signes prcurseurs de souci et pour ne pas laisser des

soucis nonnaux devenir excessifs.

Conseil
Surtout, ne laissez pas des soucis nonnaux devenir ou redevenir excessifs. Surtout, ne relchez pas vos efforts : outre une
meilleure connaissance des facteurs provoquant le retour des
soucis excessifs, il existe dsormais de trs bons outils pour
surmonter ses difficults. En matire de TAG, aussi, tout
problme a sa solution !

Suggestions de lecture

> Sur le TAG


<< Behavioral treatment of
rapy, 23, 55 I-57 0.

Bnnrow D. H., Rnppe R. M., BnowN T. A. (1992),


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Paris, Masson.

Adresses utiles

Socit franaise de psychologie


7 1, avenue douard-Vaillant, 927 7 4 Boulogne Cedex
T1. 01 55 20 58 32 0r 5s 20 s8 34

Courriel : sfp @psycho.univ-paris5.fr


Adresse Internet : www.sfpsy.org
Informations pertinentes concernant divers troubles psychologiques.
Liste de ressources en psychologie. Des liens vers d'autres sites sont
disponibles partir du portail principal.

Association canadienne de psychologie


151, rue Slater, Suite 205
Ottawa, Ontario

KlP

5H3

T1. (613) 237-2144 -Fax (613)237-1674


Numro sans frais : I-888-472-0657

Adresse Internet : www.cpa.ca

Informations pertinentes concernant divers troubles psychologiques.


Disponible dans les deux langues officielles du Canada. Liste de ressources en psychologie. Des liens vers d'autres sites sont disponibles
partir du portail principal.

Ordre des psychologues du Qubec


1100, avenue Beaumont, Bureau 510
Mont-Royal (Qubec)
H3P 3H5
Numro vert : 1-800-363-2644

144 T eRRTEzDE VoUS FAIRE DU soUCI

Phobies-Zro
c.P.83
Ste-Julie (Qubec)
J3E 1X5
T1. (4s0) 922-s964

Numro sans frais : 514-877-5000, attendre Ia tonalit puis: 450-9225269.


Adresse Internet : www.phobies-zero.qc.ca

Groupe de soutien et d'entraide pour les personnes vivant avec des


peurs et des phobies.

La clef des champs


10780, rue Laverdure, Montral, Qubec, H3L 2L9

T1. (s14) 334-1s87

Tlc. (514) 334-2127


Adresse Internet : www.cam.org

Association ta phobie (France)


Association pour personnes qui souffrent de phobies et de troubles
d'anxit.
Adresse Internet : www.alaphobie.com

Psycho-ressources
Adresse Internet www.psycho-ressources. com
Information sur divers troubles psychologiques et psychiatriques. possibilit de faire une recherche par problme prsent et par rgion (ville
et pays) pour trouver un psychologue traitant des problmes spcifiques
indiqus. Divers liens vers d'autres ressources.

Association pour l'tude, la modification


et la thrapie du componement
Site Internet : http://www.ulg.ac.be/aemtc

,1DnEssES

aflLEs c

l$i

francophone de formation
et de recherche en thrapie comportementale et cognitive

As sociation

Site Internet : http://www.afforthecc.com


As

so c

iation fran aise de thrapie c ornp ort ementale

Site Internet : http://www.aftcc.org/

Table

Avertissement

...........

Chapitre premier
Alu<r, QUAND TU Nous rIENS

l0

?................
Quand l'anxit est-elle anormn'le ?................
Les dffirents troubles anxieux..
Les bons mots sur les bons concepts...
De I'anxit au souci
tes-vous soucieux ou anxieux ? ......-....-.-.

L'anxit, c'est quoi

tes-vous anxieux ou bien avez-vous peur

13

14
17
18

23

?.-...-.-.-..""""""" 24

Avez-vous peur ou bien tes-vous phobique

?.-......."

tes-vous phobique, soucieux ou obsessionnel

?....'.'."""""'

25
28

Chapitre 2

Des soucls

PLUS GRANDS QUE NATURE

tendance............--.
d'un trouble

Les grands indicateurs de

33

Les paradoxes

36

Une varit de thmes, deux grands types de soucis

-.'.""""'

37

148 o ARRTEZDE vous FAIRE DU SOUCI

Hisloire de Martine

38

D'o vient le malaise ?................

46

Qui ? Quand ? Comment ?.............

52

Rien ne va plus / ...............

59

Du malaise au trouble : petit histortque

6t

Chapitre 3
Gnen L'INcsRrnuDB

troub1e...............
Entre en matire
Gense

d'un

66

.............. 69

I-a mnchine anxieuse : ce qui m.aintient les soucis excessifs..


En toile de fond : I'intolrance

I'incertitude

7I

..... 74

l,es autres composantes mcaniques du TAG ........................ 78

TAG..........
Chocs et contre-chocs..........

La dynarnique du

81

82

Chapitre 4
LA

I-e trait ement

LTSBnT EST AU BoUT DU cHANGEMENT

c o gnitiv o - c omp o

rt emental ......

Premier objectif : prenez conscience


de vos soucis et de votre anxit.....
Deuxime objectif : modifiez
votre degr d'intolrance l'incertitude.......

87

92
.......101

Troisime obj ectif : corcigel vos croyances ........................... 107


Quatrime objectif : amliorez votre orientation mentale
l'gard de vos problmes
............... 113

TADLE,

Cinquime objectif : diminuez l'vitement fus


qui suscitent La

peur.

panfu

o 11)

---*lE

Sixime objectif : prvencz le retour dcs soucis............-....-... f 35

lecture
Adresses uti1es.........
Suggestions de

.......139
..........143

Ne pas s'inquiter pour tout et pout'


rien... Rester calme... Arrter d'imaginef
le pire... Simplifier les problmes...

ARRETEZ
DE VOUS FAIRE
DU SOUCI
POUR TOUT
ET POUR RIEN

Tout le monde en rve. Et si c'taiit


possible

Voici, en moins de deux cents pages, ufir


programme complet spcialement conu
pour tous ceux qui, comme vous, se foft
sans arrt du souci.

Quiz, questionnaires, exemples, exercices: tout est l pour vous permettre


d'apprendre vilrye autrement et mieux
c'est--dire plus doucement, plus
-tranquillement,
sans inquitude excessive, sans souci inutile...
Psychologue, psychothrapeute, Robert
Ladouceur travaille depuis plus de vingt
ans sur les troubles anxieux. Professeur

ROBERT
LADOL]CEUR

de psychologie I'Universit Laval


Qubec, il est au;'ourd'hui considr
comme l'un des spcialistes mondiaux
de I'anxit.
LYNDA BELANGER Psychologue, L;'nda Blanger est chercheur I'Universit Laval Qubec o
elle travaille notamment sur les questions de qualit de vie.

lmrp r-cpn

Psychologue, psychothrapeute, hane


Lger est l'une des fondatrices du Centre
de traitement de I'anxit Qubec.

rsBN 2.2181.r3 rj.3

Bibliothque Yitle de Lavat


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