Marconis Jacques-Etienne - Le Rameau D'or D'eleusis
Marconis Jacques-Etienne - Le Rameau D'or D'eleusis
Marconis Jacques-Etienne - Le Rameau D'or D'eleusis
RAMEAU D OR
D"ELEUSIS
t.O.NTENANT :
L'Histoire abrge de la Maonnerie, son origine, ses mystres, son action
civilisatrice, son but et son introduction dans les divers pays du monde; l'origine de tous
les rites et les noms de leurs fondateurs ; le tableau de toutes
les grandes Loges, le lieu o elles sont tablies, l'anne de leur fondation, le rite
qu'elles professent, le nom de tous les grands matres qui les rgissent,
le nombre de celles qui en relvent; les 95 Rituels de la Maonnerie, renfermant toutes les
connaissances des rites les plus universellement pratiqus; l'explication de
tous les symboles, emblmes, allgories, hiroglyphes, signes caractristiques de tous
les degrs, et le Calendrier perptuel de tous les rites maonniques;
le Kadosch templier avec l'agape des anciens initis ; le grand Chapitre des
Chevaliers de la rose croisante, le Tuileur universel ; les cinq Rituels de la Maonnerie d'adoption
pour les dames, avec le Tuileur complet, etc.
Aattur de l'Hic'npbiDte, do Sinetuiirt, du Stlril Myiliqoe, do Temple vilique, du Panthon Mateotiique, de l'iniiiatcor, te.
Mrmbre de uluiimn puinsntei matomiiquri, ele.
PARIS
IMI
-
IMPRIM PAR CHARLES NOBLET,
18, rue Souftlul.
.
LE
RAMEAU D"OR
D'ELEUSIS
aux yeux des profanes, et leur ont appris comment on peut, force de persv
rance, lever des temples la vertu et creuser des cachots pour les vices.
Partout les intelligences tendaient vers le progrs, cette condition sublime de la
nature humaiue, car Dieu permet au travail persvrant, l'tude consciencieuse,
de soulever sans cesse de plus en plus le rideau mystique dont il a recouvert les
secrets de la civilisation.
Des plaines de la Perse les mystres passrent en Ethiopie. Mns, appel Osi'
ris, descendit bientt dans le Delta du fleuve nourricier, y trouva des descendants
j de ses premiers aeux et les civilisa par l'enseignement des mystres mac.'. ;
grce leurs gigantesques travaux le cours du Nil fut rgularis, ses inondations
priodiques soumises des lois invariables, et au lieu de rpandre autour de lui
la dvastation et la strilit, le fleuve porta partout la richesse et l'abondance,
couvert de son limon fcondant et habilement cultiv, le sol de l'Egypte devint
le jardin et le grenier de l'univers ; plus tard, de magnifiques cites se fondent,
Thbes, Memphis lvent des temples dont les imposants dbris font encore notre
admiration, les sages accourent des contres les plus lointaines pour contempler
les merveilles artistiques et scientifiques de ce peuple, le plus antique missionnaire
de la civilisation.
Le sage Mns, la fois roi et pontife, coordonna tous les lments de la science
mcanique, en forma un tout harmonieux, et confia ce dpt aux plus hauts digni
taires de la caste sacerdotale; ceux-ci pour drober au vulgaire la connaissance
de ces dogmes sacrs, les envelopprent d'allgories, et, pour mieux djouer la
curiosit des profanes, adoptrent les hiroglyphes Ainsi renferms dans les pro
fondeurs des sanctuaires, les mystres ne furent rvls qu' un petit nombre d'i
nitis, qui subissaient pralablement une srie d'preuves et s'engageaient par des
serments solennels un secret inviolable.
Chaque cit d'Egypte avait son symbole particulier, l'loquente Memphis adopta
| pour le sien, la pie, oiseau jaseur ; Thbes, qui jusqu'au ciel levait sa pense, d-
! cora sa bannire de l'aigle l'il de feu ; Canope avait choisi le vase o brle
I l'encens, comme pour rendre hommage la divinit, les sphinx accroupis au seuil
! | des temples taient les emblmes des sages qui veillaient sur l'Egypte.
Mns termina sa longue et glorieuse carrire dans Memphis, et son peuple re-
[ connaissant l'adora comme un Dieu, sous le nom d'Osiris.
A Mns succda le sage Patruszim. C'est ce roi qui employa une arme entire
creuser, non loin de Thbes, les fondations d'un de ces gigantesques monu
ments qui bordent le dsert.
La manire dont les pyramides sont construites mrite une attention toute par
ticulire, soit comme monuments scientifiques, soit comme religieux.
Comme monuments scientifiques, elles attestent le haut degr de perfection au
quel les Egyptiens avaient pouss la gomtrie et l'astronomie,
Comme monuments religieux, il suffit de considrer les querres qui compo
sent ces masses normes, et leur correspondance juste aux quatre points cardi
naux; il suffit de jeter un coup d'il sur l'lvation du sommet qui reoit exacte
ment midi le disque du soleil une fois avant l'quinoxe du printemps, et une au
LE HAMEAU D 'o It D'ELEUSIS
trc fois aprs celui d'automne ; il suffit, en un mot, de considrer que le culte
d'Isis et d'Osii isest celui de la lune et du soleil, comme l'attestent Porphyre et
Diodore de Sicile, il est donc prouve que les pyramides ne sont que les figures
al'goriques de la religion de l'ancienne Egypte.
Dj belle et florissante, l'Egypte vit encore grandir sa puissance sons Ozy-
mandias, ce monarque, patriarche de l'ordre, construisit prs du Nil le plus
splendido palais qu'on et vu jusqu' ce jour ; il y avait accumul tontes les riches
ses alors connues du monde; les artistes s'taient surpasss pour excuter les or
dres du souverain. OzymanJias rassembla les prcieux documen: s de Mns et
le fit placer au rang des Dieux. Pour honorer dignement la mmoire de son
prdcesseur il fit ceindre son tombeau d'un cercle d'or orn de sept pierres
prcieuses de couleursdiffrentes, autour s'tendait une vaste galerie circulaire o
le cours du soleil tait marqu jour par jour, depuis le commencement de l'anne
jusqu' la fin.
Le feu sacr de la maonnerie y brla pendant mille ans sans aucune tentative
coupable pour l'affaiblir ou l'teindre.
Pendant qu'aux bords du Nil, les augustes dpositaires des traditions les voi
laient aux yeux de leurs contemporains et ne les rvlaient qu'au petit nombre
de ceux qu'ils jugeaient dignes de l'initiation, d'autres adeptes, dans l'intrieur
de l'Afrique rassemblaient des peuplades barbares, polissaient leurs murs, pro
pageaient la science, fondaient enfin nos mystres sacrs dans les sables brlants
de la Nubie ; Maero, de son ct, instruisait les Gymnosophistes, sur les bords du
Gange et de l'Indus, Zoroastre fondait l'cole des mages, dans la Perse et la Mdie.
Enfin, cette sublime institution s'tendit des plaines de Memphis jusqu'au pa
lais de David. Cet Illustre Maon en expirant, recommanda son fils Salomon d'
lever un temple splendide la gloire du Sublime Architecte des mondes et de se
faire initier aux sublimes mystres de la desse Isis.
Salomon, jeune encore, au front majestueux, la dmarche lente et solennelle,
vtu d'une longue tunique blanche, venait de prendre place la poupe d'un lger
navire qui se prparait remonter le Nil . Son langage harmonieux et sonore in
diquait un tranger, tandis que la forme de son vtement annonait, au contraire
un de ces sages que la clbration des mystres d'Isis attirait priodiquement vers
la capitale de l'Egypte.
Hiram, illustre par sa science et sa vertu, par l'austrit fie sa vie et l'autorit
de sa parole, accompagnait Salomon Il avait pouss un plerinage philosophique
jusqu'au rivage du Gange, o il avait t initi aux mystres indiens ; on lui avait
montr la signification vritable des symboles dont les novateurs taient forcs
d'envelopper leur doctrine pour qu'elle chappt aux atteintes brutales de l'igno
rance et de l'imposture, admis dans l'observatoire, il avait tudi le cours des
astres et pntr les arcanes de la nature et dgageait de l'histoire des sicles
passs la doctrine de la dualit des principes.
Cette doctrine de la dyade, origine des contrats, loi d'un combat ternel entre
le bien et le mal, entre la lumire et les tnbres, entre la matire et le principe
gnrateur, n'avait pas satisfait compltement la grande me d'Hiram, il cherchait
LE HAMEAU D OR D ELEUSIS
vainement la loi d'harmonie qui devait fondre ces lments contraires en un seul
tout, digne de correspondre l'uvre du grand Inconnu.
A mesure que le navire mont par Salomon s'avanait au milieu des fertiles
campagnes du Delta, couvertes des flots de l'inondation qui devait les fconder, il
admirait les merveilles d'une civilisation large et carrment assise, bientt le
sommet de la grande pyramide se dessina nettement l'horizon et domina les fo
rts de palmiers et les monticules sur lesquelles d'innombrables villagos s'levaient
droite et gauche du lit du fleuve. Les voyageurs salurent de leurs acclama
tions le monument immense qui annonait l'approche du temple de la sagesse.
Enfin, obissant l'impulsion du gouvernail, la proue du navire vint heurter
doucement les degrs d'un vaste escalier taill dans la rive gauche du Nil, en
face de la Babylone gyptienne qu'on appelle aujourd'hui le vieux Caire ; les voya
geurs taient attendus sans doute, cardes prtres vtus de courtes tuniques blan
ches reurent les plerins leur descente du vaisseau et les guidrent vers la
giande pyramide, o Salomon devait subir les preuves de l'initiation. En pr
sence de cette uvre gigantesque du travail humain, produit collectif de tant d'ef
forts divers, Salomon comprit tout coup l'insuffisance de la doctrine dualiste, il
comprit que si l'humanit toute entire arrivait un jour dposer les sentiments
d'antagonisme et de discorde qui fermentaient dans son sein, ce ne serait qu'en
revenant au culte de l'unit; il comprit que le fondateur du mythe des ams-
chands, en admettant deux principes en lutte perptuelle, prparait sans le vou
loir, aux gnrations futures, un pouvantable avenir de haines et de malheurs
Cette pense accablante confirma Salomon dans le dsir de connaitre la vrit;
il se confia donc sans hsiter au ceryce charg de le prparer 1 inititaion.
Aprs avoir subi les preuves physiques Salomon arrive au Pronaos. Cette salle
formant un carr parfait, est orne d'emblmes maonniques, au fond, sur une
estrade leve, on voit un trne richement dcor, l se trouvent neuf patriarches
runis sous la prsidence du dadougue qui, s'adressant Salomon lui dit : Que
demandes-tu ? Je demande d'tre initi aux sublimes mystres de la desse Isis.
Mais qu'as-tu fait pour mriter cette faveur ? J'ai pntr dans le sein de la terre
et dans le sjour de la mort, j'ai parcouru tous les sentiers de la vie, et, ayant t
purifi par l'eau, le feu et l'air, j'en suis sorti dlivr des liens des prjugs et
des souillures du vice. Veuille nous donner l'explication de ton voyage?
* Je montai la Pyramide et je m'avanai la recherche du ressort secret,
quand une certaine distance, j'entendis un grand et lugubre bruit auquel r
pondirent tous les chos, il venait du grand temple sur les bords du lac, et c'tait
le retentissement de ses portes, que l'on nomme Porte Doubi, tournant cette nuit
sur leurs gonds.
Je doutai un instant si je n'abandonnerais pas mon entreprise ; maisl'hsita-
tion ne fut que momentane. Je touchai le ressort de la porte, peu de secondes
aprs j'tais dans le passage de la Pyramide, et ma lampe me donnant la facult
a d'en suivre les dtours avec moins de lenteur, je me trouvai promptement dans
a la galerie, la porte d'une chapelle. Une lampe brlait sur une chsse de cristal;
une voix sonore me dit : Prends garde que l'image matrielle des choses sym
10 LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS
dsesprs, qu'au bout de quelques minutes je sentis que mon front heurtait la
balustrade, et un instant aprs mes pieds furent sur lesdegrs.
Quoique ne sachant pas o me conduisait cet escalier, j'en montai les de
grs, mais je n'tais pas encore arriv bien haut, lorsque je vis avec un horrible
effroi que chacun de ces degrs, mesure que mon pied s'abandonnait, se brisait
sous moi, me laissant au milieu des airs sans autre alternative que de continuer
monter sans savoir s'il pourrait me supporter.
Pendant quelques secondes, je continuai monter sans avoir au-dessous de
moi rien que cette effrayante rivire o j'entendais tomber les fragments de l'es
calier, mesure que chaque degr s'croulait sous mes pas. C'tait un moment de
rude preuve. Cette balustrade, sur laquelle je m'tais appuy en montant, devint
tremblante sous ma main , cet instant, mon il fut frapp d'une lueur momen
tane, comme serait celle d'un clair, et je vis suspendu ma porte un grand an
neau de bronze ; par instinct je le saisis ; au mme moment, l'escalier et la balus
trade s'abmrent sous moi, me laissant suspendu par la main dans le vague de
l'air, et, comme si par quelque magique pouvoir cette norme bagne et t en as
sociation avec tous les vents, je ne l'euspas plus tt touche, qu'elle sembla avoir
mis en mouvement la plus terrible tempte. Chaque nouvelle bouffe de sa furie
menaait de me rduire en cendres.
Je fus enlev, et au milieu de cet assourdissant chaos, je me sentis tourner
en l'air comme une pierre dans une fronde, ma tte finit par se troubler, mes ides
se brouillrent, et je me crus presque sur cette roue du monde infernal dont l'
ternit seule peut compter les rotations.
Aucune force humaine n'aurait pu tenir une si rude preuve. J'tais la fin
sur le point de lcher prise, lorsque tout--i oup la violence de la tempte se
calma, je cessai par degr d'tre tourbillonn dans les airs, et je sentis l'anneau
descendre doucement avec moi, je me retrouvai encore une fois sur un terrain
solide.
Au mme moment, l'air fut rempli d'une douce lumire, une musique
comme celle dont on est berc dans les songes se faisait entendre dans le loin
tain, et mes yeux recouvrant la facult de voir, il se dploya devant eux un spec
tacle des plus brillants. J'allais courir, le ceryce m'arrte et me dit : Tous ces
voyages sont autant d'emblmes qui te seront expliqus par la suite, lorsque la
lumire aura brill tes yeux et qu'il te sera permis de comprendre le langage de
la sagesse et de la philosophie antique... Suis-moi... (1). U m'a conduit ici...
Aprs ce rcit, le dadousue lui fait subir un examen sur ses opinions relatives
la divinit, sur les pnneipes de la morale individuelle, sar la mission que la so
cit humaine est appele remplir, sur les caractres distinctifs de l'hrosme de
la vertu, sur les devoirs du citoyen envers sa patrie, envers ses semblables, et lui
expose les rgles gnrales des murs dont il fait l'application des exemples
convenables la condition de l'aspirant.
Aprs cet examen le dadougue orne l'initi d'une Etangi (tunique blanche) et
lui prsente une coupe : C'est le breuvage du Lotus, lui dit-il, bois l'oubli des
sentences mondaines. Il boit, ensuite deux jeunes prtres vtus de tuniques de lin
brodes sur les paules, vinrent le prendre et l'aidrent gravir les sept marches
du temple de la vrit o l'attendait un spectacle imposant. Deux colonnes sur.
montes de sphres et couvertes d'hiroglyphes s'levaient droite et gauche
l'entre d'une salle immense dispose en paralllogramme, et resplendissante de
mille feux. A travers les vapeurs de l'encens dont les nuages lgers allaient en on
dulant se briser la vote symbolique du temple, on apercevait de chaque ct
de l'difice deux rangs presss de guerriers arms de glaives et' la lte couverte de
la mitre gyptienne. Le grand hirophante, assis sur un trne d'ivoire, au milieu
d'une estrade couverted'un daisaux couleurs clatantes attendait le rcipiendiairc.
Arriv sur la septime marche, le gnie dubien lui prsente la main droite et lui dit:
L'obstacle est l'preuve o se gagne le triomphe, regarde. Le nophtye jette un
regard sur un tableau placau-dessas de la porte d'entre, et lit ces mots : L'en
tre de ces lieux n'est permise qu'aux mes pures, s La maonnerie, cette fille du
ciel, lui dit-il, pure les murs, dtruit les prjugs, efface les rivalits et jette
avec amour, sur tous les hommes, le rseau sacr d'une fraternit gnrale.... En
ce moment une douce harmonie se fait entendre, le feu sacr est allum, les mail
lets, symbole de la force soumise l'intelligence, ont retenti et Salomon s'avance
avec, recueillement jusqu'au pied du trne pour y prter son serment. L'hiro
phante lui dit: Ne souffre pas que des prjugs et des affections antrieures t'en
lvent le bonheur que tu souhaites de puiser dans la connaissance des vrits mys
trieuses, considre la nature divine, contemple la sans cesse, rgle ton esprit et
ton cur et marche dans une voie sure.... Ton cur est-il assez purifi pour que
la haine et les passions dsavoues par l'honneur ne puissent jamais y pntrer?.,
fis-tu dispos chrir, autant que toi-mme, ceux qui veulent bien te reconna
tre pour leur frre ?... Oui, rpond Salomon, je le jure ... Tu promets de te
conformer au vu de l'ordre en soumettant tes passions l'empire de la raison,
tu promets de considrer toujours la nature comme le temple sacr de l'Eternel
auquel tu prpareras un sanctuaire dans ton cur; tu chercheras connatre tes
faiblesses et leurs sources afin d'purer de plus en plus ton me et de la rappro
cher de son crateur en accomplissant ta mission ici-bas d'une manire plus con
forme ses volonts, et te rendre ainsi plus digne de ta cleste patrie?.... Je
le jure.. .
Tu promets, en consquence, de t'armer constamment contre les passions et
la sensualit, de faire ton possible pour t'lever au-dessus des choses terrestres,
de veiller l'accomplissement des devoirs qui te sont imposs par notre ordre?.. .
Je le jure....
Tu promets de faire tous les sacrifices possibles pour concourir l'dification
du Sublime Architecte des mondes, ton propre perfectionnement, celui de tes
semblables, et qu' l'exemple de Dieu qui aime et bnit sans dictinction toutes ses
cratures, de chercher rpandre le bien autour de toi et que jamais ton oreille
ne sera ferme aux plaintes de tes semblables, afin que l'Eternel se souvienne de
toi au jour de la dtresse et du malheur?.. Je le jure... Le G.-, hirophante lui
16 LE RAMEAU D'OR d'ELEUSIS
tenait dans son bec un livre reli en argent, il renfermait les lois sacres, nos su
blimes mystres crits en langue amounique, et les symboles, aprs l'ouverture
des travaux, ; le G .' Matre instruisait les adeptes, tandis qu'au pied des deux
colonnes J .\ et B.\ brlaientsur un trpied des parfums odorifrants.
Et maintenant de ce sublime temple, enfant par un gnie divin, que reste-t-il
aujourd'hui ? rien que le souvenir historique; mais Dieu qui gouverne toute chose
a voulu que les principes de ce vaste monument, rig sa mmoire, se perp
tuassent dans les uvres des enfants de la lumire.
Depuis le jour o Salomon, initi aux mystres, avait bti le temple, du Nil au
Jourdain la science mcanique tendait ses bienfaisants rayons ; les peuples unis
jouissaient des douceurs de la fraternit la plus cordiale ; le feu sacr brillait dans
laChalde; son flambeau pacifique clairait toute la Jude; enfin, la paix rgnait
dans tout l'orient, lorsque l'infme Cambyse, dj souill de crimes, porta dans
l'Egypte le fer et le feu, et en fit un thtre de mort et de dvastation.
Dans cet affreux bouleversement, dont les crivains du cinquime sicle nous
ont transmis lelugubre tableau, la civilisation s'arrta tout'-coup. La Franc-Ma
onnerie sommeilla son tour; mais les Sarrazins, aprs les premires brutalits
de la conqute, adoucissent leurs murs, se livrent l'tude et rendent leur do
mination moins dure aux pays asservis ; ils fondent des coles clbres, cultivent
avec ardeur les sciences et les arts et font faire d'admirables progrs l'astrono
mie, la mdecine et la chimie; plusieurs califes aeeordentune clatante protec"
tion aux savants, et emdloieut leur immense pouvoir rpandre partout le flam-
I beau de la civilisation ; la maonnerie est pour eux sinon protge, du moins
tolre ; ils souffrent qne les hirophantes aillent cacher le dpt de nos doctrines
sur les bords du Nil ou dans les rochers de la Palestine; cette concession de leur
part a d'autant plus de prix que l'esprit essentiellement progressif de notre insti
tution est oppos au fatalisme musulman.
Pendant toute la dure du moyen-ge, qui embrasse plusieurs sicles, la ma
onnerie ne donne aucun signe de vie, mais elle renat aprs les croisades qui
eureniun effet si marqu sur le dveloppement des lumires et du bien-tre soci al
i en Europe. I>es rudes guerriers de la France et de l'Allemagne se polissent au
contact des Sarrazins et rapportent dans leurs donjons quelques dbris des arts
antiques et les douces habitudes des beaux climats de l'Asie.
Sous Louis XI, l'invention de l'imprimerie dtermine l'mancipation de l'esprit
humain en scularisant la science. A sa mort, les ruines de l'Europe fodale ach- I
vent de s'crouler ; Constantinople est pris, les lettres renaissent, le canon civilise
la guerre en adjugeant la victoire au gnie et la discipline, les papes et les j
Mdicis accordent une noble hospitalit aux illustres proscrits de la Grce.
La dcouverte de l'Amrique amne une rvolution dans le commerce, la pro
prit et les finances de l'ancien monde, l'introduction de l'or du Mexique et du
Prou baisse le prix des mtaux, fait changer de main la proprit foncire, cre
une proprit inconnue jusqu'alors, celle des capitaux.
Aux aventures des croisades succdent des aventures d'outre-mer; le globe
s'agrandit, le systme des colonies modernes commence, la marine militaire et
LE RAMEAU D'OR d'LEUSIS 19
marchande s'accrot de toute l'tendue d'un ocan sans rivage ; la petite mer in
trieure de l'ancien monde ne reste plus qu'un bassin de peu d'importance depuis
que les richesses ds Indes arrive it en Europe par le cap des Temptes.
Les expditions transalpines de nos anctres font passer dans les Gaules le got
des lgances de la vie depuis longtemps perdus sur cette terre classique de
l'Italie, o le gnie d'Auguste s'tait rveill ; ils adoucissent leurs rudes vertus
la voix des arts accourus une seconde fois de la Grce, tandis que les guerres de
Charles'Quint et de Franois I" mlent les peuples et multiplient les ides.
Tous ces vnements compltrent l'uvre des croisades et de la dcouverte
de Guttenberg; ils ravivent le foyer maonnique et en projettent les rayons dans
toutes les contres civilises.
Ne perdons pas de vue que c'est aux croisades que l'on doit l'introduction de
nos rites dans l'Europe. Malgr leur mauvais succs, l'Orient resta longtemps pour
nos hroques guerriers le pays de la religion et de la gloire; ils tournaient sans
cesse les yeux vers ce beau soleil, ces palmes d'Idume; vers ces plaines de
Rama, o les infidles se reposaient l'ombre des oliviers ; vers ces champs
d'Ascalon, qui gardaient encore les traces de Godefroy de Bouillon et ds Tan-
crde, de Philippe-Auguste et de Coucy ; vers cette Jrusalem, un moment dli
vre, puis retombe dans les fers, et qui se montrait eux comme Jrmie,
noye dans ses pleurs, prive de son peuple et de son temple , assise dans la
solitude.
Cinq fois, dans l'espace de deux sicles, l'Occident se rue sur l'Asie musulmane,
el cette lutte gigantesque, qui cote l'humanit des flots de sang, est fconde en
rsultats dont un des plus prcieux est l'introduction de notre ordre en Europe.
C'est par les vaillants guerriers qui revenaient de la Terre'Sainte que furent ap
ports daus nos climats les drapeaux de la fraternit maonnique; c'est du fleuve
clbre qui avait vu sur ses bords le divin Osiris. l'harmonieuxOrphe et le grand
Ssostris; c'est de ce point sacr, de ce centre pur de la vote toile ; c'est du
Pronaos du temple de David que nos preux du moyen-ge avaient entrevu nos
mystres jusqu' la porte du milieu, cette porte d'airain conduisait au sanctuaire
o se trouve l'arbuste fleuri de la rose croissante, science sublime, foyer antique
et toujours vif, o le cur s'pure et o les vices corrupteurs viennent s'englou- j
tir ; mais il fallait s'arrter au pied de la double colonne ; l'aide d'un mot, d'un
signe, ils pntrent plus avant, reoivent leur salaire et, la chute du jour, ren
trent dans un sombre rduit pour gmir sur la mort apparente de la nature.
Mais n'anticipons pas, et, pour ne pas compliquer notre sujet, procdons avec
ordre : il est vident que la Franc Maonnerie a pris naissance dans l'Inde et
qu'elle a t transmise l'Europe par les Sages de l'Ethiopie et de l'Egypte, o les
hirophantes formrent ces grands hommes qui rpandirent sur le monde entier
la lumire et la vrit.
La Franc-Maonnerie est une dans ses dogmes et dans ses principes; toutefois
il existe 28 rites ma.'.. mais ils ne diffrent, pour les trois premiers grads, que
par des points de dtails. En voici la nomenclature :
Le rite Indien. Son origine. Le monde ayant t cr, les hommes v-
20 LE RAMEAU D'OR d'eLECS18
curent longtemps dans une grande saintet, cet ge d'or succda une poque
malheureuse, les peuples, mconnaissant les lois divines, blasphmaient le nom
sacr de Jhovah. Dieu fit natre un grand gnie, cet homme nomm his parvint
force de persvrance rassembler les familles errantes; il leur parla au nom
du Sublime Architecte des mondes et rpandit sur elles des flots de lumire et de '
vrit, sa voix les arts primitifs sortirent du nant et la terre faiblement sollici
te, rpondit aux efforts des premiers cultivateurs. Ce premier lgislateur du
monde naquit sur les bords du Gange.
Les descendants d'Isis suivirent la route qu'il leur avait trace, inventeurs de
tous les arts, crateurs de toutes les sciences; ils se constiturent en socit et
n'admirent au partage de leurs connaissances que des hommes dignes, par leurs
vertus et leurs qualits, de cette minente faveur; c'est du sein de cette runion
d'hommes que jaillirent les rayons de lumire qui devaient clairer l'univers;
ce sont eux que l'antiquit reverra sous le nom de Gymnosophistes.
Cette cole de la morale fut appele les mystres d'Isis.
Ce rite est un cours thorique et pratique de philosophie morale et religieuse et I
destin perptuer les premires traditions du genre humain ; il se compose de
trois degrs d'instruction.
Le rite Chalden remonte la plus haute antiquit, les mages qui en sont
les fondateurs, avaient puis la science qu'il renferme chez les Gymnosophistes,
il est divis en trois classes
Le rite de Memphis est la suite des mystres de l'antiquit, il fut introduit en
Kurope par le F.*. J. Et. Marconis, en 1836 et proclam en 1839. Cet ordre se
i compose de quatre-vingt-dix degrs d'enseignement, divis en trois sries et r
parti en cinq classes ; il est rgi par sept conseils suprmes, chargs de dvelopper
la partie mystique et transcendante de tous les rites maoniques connus.
Le rite Japonais a beaucoup de rapport avec celui de l'Asie occidentale. Le
soleil y est considr comme le hros plantaire ; il a des combats soutenir et
, des monstres vaincre (les passions) ; ses allgories sont reprsentes dansle pour
tour du temple et forment douze tableaux l'exemple des douze pisodes dela mar
che du Chrjstallant au calvaire. Le grand matre, vtu d'une robe couleur de feu,
fait passer le nophyte travers une sphre artificielle compose de cercles mou
vants et lui donne l'instruction qui lui est ncessaire pour tre initi aux subli
mes mystres de Tien-le-oh ou l'union du ciel avec la terre.
Cet ordre scientifique a un grand nombre d'ateliers dans les provinces de l'ouest
et du sud de la Chine.
Le grand matre est nomm par le suffrage universel, vie, tous les sept ans ce
rite mac.\ tient une assemble gnrale laquelle assistent les dputs de tous
les ateliers qu'il rgit. Il possde dquze degrs.
Le rite de Belly-Paaro existe parmi les ngres de la Guine, il enseigne la mo-
j raie, l'galit entre les hommes et l'amour du prochain.
Cet ordre est toujours prsid par un vieillard, l'aspirant est conduit dans un
bois et soumis pendant cinq ans une retraite des plus austres, le moment de
l'initiation pass, il putre dans une vaste cabane construite pour la crmonie.
LE RAMEAU D'Ol n'ELEUSIS 21
C'est l que lui sont rvls les mystres de cette institution ; partir de ce jour
il est respect par le peuple et il jouit de la plus grande considration. Cette ma
onnerie ne possde qu'un seul degr.
Le rite de Swedenborg est une maonnerie thosophique. Cette cole de croyants
n prtendu pouvoir s'lever jusqu'aux mondes suprieurs par l'extase (magn
tisme).
On donne, dans le dernier degr de ce rite, que l'on peut appeler le complment
de la Maonnerie primitive, une explication dveloppe des rapports de l'homme
avec la Divinit, par la mdiation des corps clestes.
Cette science occulte, qualifie par les anciens prtres de feu rgnrateur,
est celle laquelle on donne de nos jours le nom de magntisme animal, science
qui fut pendant plus de trente sicles l'apanage des hirophantes... Il se compose
de sept grades.
Le rite des frres initis de l'Asie lut fond en 1780. Cette Maonnerie thoso
phique est base sur les vangiles, elle tudie les sciences naturelles et fait des
recherches sur l'art de prolonger la vie. Elle se compose de sept degrs.
Le rite aux trois globes a t fond Berlin (Prusse), en 1744, par le baron
Biclefeld,'\\ fut lev au rang de grande loge par Frdric le Grand, lu grand
matre ; plus tard, cette grande loge adopta les hauts grades franais des empe
reurs d'Orient et d'Occident, qui lui furent apports par le F.- de Bernez, dans la
suite, le F. . Rose les propagea en Hollande ; ce fut dans ce moment qu'eut lieu la
! runion des nouveaux degrs avec ceux du F.-. Romsay pour reprsenter l'ge
de la perfection de la vie humaine (33 ans). Ils furent dcrts en France en
1786.
Le rite du Congo on les mystres de l'Inqueta, offre une grande ressemblance
avec les anciennes initiations d'Egypte. Il admet daus son sein tous les hommes
! de couleur des rgions d'Afrique. An milieu d'une vaste fort s'lve un temple
remarquable par sa simplicit, toutes les avenues sont gardes avec soin par les
initis, tout profane qui tenterait d'y pntrer serait impitoyablement mis mort.
Pour tre initi cet ordre Maonnique il faut mourir au vice, et le candidat
est envelopp dans une natte et port dans le parvis du temple au milieu de
chants funraires, son arrive il est tendu sur une table et frott avec de l'huile
de palmier, arbre consacr au soleil par les Egyptiens. Aprs avoir subi pendant
quinze jours les preuves les plus rudes, on lui rvle avec une grande crmonie
les mystres de Ylnqueta et on le ramne dans sa demeure en entonnant des
chants de joie ; suivant les croyances populaires, l'initiation lui a donn une me
cleste et il jouit de la plus grande vnration. Ce rite ne possde que trois
j grades. .
Le rite Musulman fut fond Constantinople par Ali qui a t puni de mort pour
ce fait.
Les Maons turcs s'appellent Derviches ; ils considrent cet ordre comme ren
fermant un ensemble de connaissances qui demandent, pour tre apprcies, un es
prit attentif, prpar, un cur pur et indpendant ne cherchant que la vrit et la
justice; ils poursuivent le mme but que nous, l'humanit et la bienfaisance ; ils
22 LE hameau n'oR d'eleusis
ont les mmes crmomes, les mmes signes, paroles, etc. La Maonnerie Otto
mane ne compte que trois grades.
Le rite du systme de Zinnendorf, fond en 1773, fat tabli Berlin la tin du
xvme sicle. Un chapitre de ce rite est attach la G.-. Loge nationale, son systme
est tout--fait en opposition avec le rite de la stricte observance ; quant sa doc
trine elle rentre entirement dans la thosophie. Il possde sept degrs d'instruc
tion.
Le rite des Philalthes ou chercheurs de la vrit, fut fond en 1773 par le
F.-. Savalet des Loges et Court de Gebelin ; il est form par trois classas de M ayons
qui reoivent dix degrs d'instruction ; ces trois chapitres s'occupent de toutes les
connaissances mac-, physiques et philosophiques dont les produits peuvent influer
sur le bonheur et le bien-tre matriel et moral de l'homme temporel; mais leur
objet spcial est la rhabilitation ou rintgration de l'homme intellectuel dans son I
rang et ses droits primitifs.
Le rite clectique, il se compose de trois degrs. Cette Maonnerie est pratique
par la G.-. Loge de Francfort-sur-le-Mein ; elle se rapproche beaucoup du rite 1
amglais. Il rejette les hauts grades, mais les Maons au 3e degr sont admis l'
tude de toutes les sciences Ma.-.
Le baron de Knigge fut le fondateur et l'instituteur de la mac.-, clectique ; elle
fut tablie par suite des grandes divisions entre les diffrents rites, par l'intol- :
rance et la violence des FF.-, de la stricte observance, qui voulaient dominer sur
tous les autres, comme si de fait ils taient les seuls hritiers des Chev. . du
Temple.
L'objet de l'instruction clectique est d'clairer les FF.-, des autres rites sur
l'abus et le fanatisme de quelques hauts grades, de les porter adopter une tol
rance absolue de toutes les croyances Ma.-.
Le rit primitif (cossais) se compose de trente-trois degrs d'enseignement; son
centre est dimbourg ; il a des loges de sa constitution dans les Pays-Bas, en
Allemagne et en Italie.
Il fut introduit en Belgique par lettres constitutionnelles accordes par la grande
Loge d'dimbourg, le 9e J.-. du 12e mois 5769, sous le n 160.
Le rite des anciens Maons libres et accepts, le seul que l'on suit aujour
d'hui en Angleterre, se compose de quatre grades, Apprenti Compagnon
Matre et Maon de la sainte Royal-Arche.
Le quatrime dgr est considr comme une dpendance du troisime, bien
qu'il ait ses assembles appeles chapitres et ses officiers part.
Le Royal-Arche du rite anglais a beaucoup d'analogie avec le treizime grade
du rite cossais, sant la valle de Paris.
La grande Loge anglaise fut fonde en 1813; elle est issue de deux grandes
Loges, de celle d'York (anciens Maons) fonde en 926, et celle des Maons libres
et accepts, fonde en 1717, dont le rite est le plus universellement pratiqu.
Les mots, signes et attouchements sont les mmes que ceux du rite cossais
ancien et accept de France.
Le rite Ecossais ancien et accept fut fond Paris, l'an 1725, par milord Der-
23
d'une mme famille, parce qu'il n'y a qu'une seule essence vitale, qu'une seule
nature dame, qu'un seul souffle divin. Mais hlas, un fait immense rsulte de
ces dislocations, c'est que l'unit maonnique est perdue ; c'est l un trs-
grand malheur, car la force d'une institution est dans son unit. Il est
pourtant un moyen de contrebalancer cette influence pernicieuse, c'est d'ap
peler l'attention de tous les grands matres des diffrents rites sur la partie
dogmatique, morale et scientifique de cette sublime institution, et de reconstituer
l'unit des vues et des penses, si l'on ne peut encore esprer de rtablir l'unit
d'action et de pouvoir.
DU TRIANGLE.
et qui renferme les mots sacres et de passe des rites les plus universellement
pratiqus.
B H J 1 N M M
0 T A A H I A
0 E K K 0 L K
z L I L A B B
s 0 N A B I E
c B T B 0 H N
I H U N G A H
Cette Grande Loge possde trois comits de bienfaisance : le premier a pour objet
d'assister les Franc-Maons dans la dtresse ; le deuxime, l'cole royale des !
Franc-Maons, a pour but l'instruction et l'ducation des orphelins ; et le troisime, j
l'institution maonnique, pourvoit l'apprentissage et l'entretien des enfants
infortuns. Ces trois tablissements, placs sous le patronage du gouvernement, j
disposent de sommes considrables et rpandent leurs bienfaits sur un grand nom- j
bre de familles.
Cette puissance ma.-. est issue de deux grandes Loges, celle d'York (anciens
Maons), fonde en 926, et celle de la Grande Loge d'Angleterre (des Maons
libres et accepts), fonde en 1617, dont le rite est le plus universellement pra-
! tiqu.
La Grande Loge ou Suprme Conseil de France, sant la valle de Paris, fut
constitue le 17 mai 1729, par la Grande Loge d'Angleterre; elle s'en dclara ind
pendante en 1756; elle professe le rite cossais ancien et accept. Le nombre de
Loges qui en relvent est de 61. Son Grand- Matre est le T.-. 111.-. F.-. Vien-
net, membre de l'Acadmie. Cette Grande Loge a un Suprme Conseil du 33e D.-.
et une caisse de secours sagement administre.
Le Grand-Orient de Frauce, sant la valle de Paris, fond en 1761 et consti-
j tu le 24 dcembre 1772, professe le rite franais; ce rite embrasse les 18 premiers
degrs du rit cossais, mais au dessus des trois premiers grades formant la Maon-
I nerie symbolique, il ne compte les autres que par le premier degr de chaque
ordre. Le Grand-Orient possde, dans le sein du pouvoir central, un atelier sup
rieur, qui, sous la dnomination de Grand-Collge des rites, a le droit d'initier
aux derniers grades de la Franc-Ma.'. Ce Grand-Collge se divise en autant de
sections qu'il existe de rites diffrents reconnus par lui. Son Grand-Matre est
le T.-. I11.-. F.-. prince Lucien Murat. Les Loges places sous son obdience s'l
vent au nombre de 186.
Le Grand-Orient de France a une maison centrale de secours qui tut fonde le
31 mars 1840. Cet asile reoit les Maons malheureux pendant un temps dtermi
n, pour, ensuite, leur procurer du travail.
Les ateliers sant l'Orient de Paris se runissent dans un temple splendide,
rue Cadet, 16.
La Grande Loge de l'Arc-en-cicl, sant la valle de Paris, fonde en 1813,
professe le rite de Misram ; son Grand-Matre est le T.-. I11.- . et T.-. Ed.-. F. .
Hayre ; le nombre des ateliers qui en relvent est de 3. Cette Grande Loge pos
sde un comit de bienfaisance sagement administr.
La Grande Loge chapitrale de l'Union Royale (Hollande), sant la valle de
La Haie, fonde en 1733, professe les rites accepts, rectifis et l'cossais ancien
et accept. Son Grand-Matre est le T.-. 111. . F.-, prince Guillaume de Nassau,
Le nombre de Loges qui en relvent est de i>8 ; le temple est d'une construction
lgante l'extrieur, l'intrieur est richement dcor; cette Grande Loge a fond
en 1808, Amsterdam, l'Institution des aveugles. On y enseigne toutes les sciences
et la musique. Ses bienfaits ne se bornent pas l, ses ateliers ont distribu, en
1860, des secours qui s'lvent 1,212,000 fr. et fond une riche bibliothque.
30 LE RAMEAU D'OR d'eLEDSIS
par Fessier en 1765 ; elle professe son rite; son Grand-Matre est le T.-. 111. -. F.-.
Link. Le nombre des ateliers qui en relvent est de 45 ; son temple, d'une cons
truction lgante et svre, est trs-bien dcor; elle possde un comit de bien.,
(aisance.
La Grande Loge aux trois Globes, suprme Orient intrieur, sant la valle de
Berlin, fut fonde en 1744: elle professe le rite des trois Globes; son Grand-
Maitre est le T.-. I11.-. F.-, Frdric-Guillaume-Louis, prince de Prusse. Le
nombre des ateliers qui en relvent est de H 6; cette Grande Loge a une caisse de
bienfaisance et plusieurs tablissements d'utilit publique.
La Grande Loge de Saxe, sant l'Orient de Dresde, fut fonde en 1741 (la
Pomme d'Or) ; elle professe le rite ancien ; son Grand-Matre est le T.-. 111. -. F.-.
j Winkler. Le nombre des ateliers qui en relvent est de 25 ; les bienfaits que rpand
son comit sur les malheureux lui ont acquis l'estime gnrale.
La Grande Loge de la Concorde, sant l'Or.-, du grand-duch Darmstadt
fonde en 1803, professe le rite Ecossais ancien ; son Grand-Matre est le T.-.
I11. F.-. Mathieu Leykam, Docteur en droit. Le nombre des Loges qui en relvent
est de 7.
La Grande Loge ou Suprme Conseil Maonnique du grand-duch de Luxem
bourg, londe en 1849, professe le rite ancien ; son Grand-Matre est le T.-. I11.-.
F.-. Schrobilgen. Le nombre des ateliers qui en relvent est de 7 ; ce Suprme
Conseil possde dans son sein un comit de bienfaisance.
LaGrandeLoge des Sages d'Hliopolis sant l'Orient de Bruxelles, fut fonde
en 1838; elle professe le rite de Memphis; son Grand-Matre est le T.-. 111. -. et
T.-. Ed.-. F.-. Vayrat. Le nombre des ateliers qui en relvent est de 2 ; cette Grande
Loge possde un Chapitre, un Aropage et un conseil des Sublimes Matres du
grand uvre, 90e.-. D.-.
La Grande Loge de Hambourg, sant l'Orient de Hambourg, fut (onde en
1736 ; elle professe le rite ancien et celui de Schrder; son Grand-Matre est le
T.-. I11. F.-. Physicus. Le nombre des ateliers qui en relvent est de 27.
Cette Grande Loge a fond dans son sein plusieurs comits de bienfai
sance qui soulagent galement les pauvres non maons.
La Grande Loge au Soleil de Bavire, sant l'Orient de Beyrouth, fut fonde
en 1741 ; elle professe le rite clectique, la grand matrise est vacante. Le nombre
des ateliers qui en relvent est de 17 ; cette Grande Loge a un comit de bienfai
sance trs-bien administr.
Le Suprme Conseil du rite moderne sant a la valle de Bruxelles, fut fond
par les soins du F.-. Rouyer, souverain grand inspecteur gnral, le 15e jour du
lie mois 5816 et install le 11e jour du 1 mois 5817. Son Souverain Grand-Ma
tre ad vitam est le T.-. -111. F.-. Stevens, avocat la Cour d'appel . Le nombre
des Loges qui en relvent est de 17. Les ateliers les plus remarquables sont les
Amis philanthropes Or.-, de Bruxelles, les FF.-. runisOr.-. de Tournay. Cet at.-.
possde un consistoire du Subi.-. Prince du Koyal Secret. La PaiTaite -Union,
Or.-, de Mons, cet At.-. possde un Arop.-. de G.-. lu Chev.-. Kadosch ,
constitu le 5e j. . du 2e m.-. 5840; la Constance, Or.-, de Louvain,
32 LE KAMEAL D'OR D'ELEDS18
cepls, et celui de la stricte Observance ; son Grand-Matre est le T.\ Ill.*. F.'.
Lowinski ; le nombre des Loges qui en relvent est de 9.
La Grande Loge d'Edimbourg, fonde en 1150, l'Orient de Kilwinning, fut
leve au rang de G. \L.'. royale en 1314, et le sige en fut transport Edim
bourg en 1744; Robert Bruce, roi d'Ecosse, fonda en 1314 l'ordre d'Hrodom de
Kilwinning, en faveur des Francs-maons qui avaient combattu pour lui, et le roi
Jacques II, alors Grand-Matre de cette institution, rtablit, en 1685, l'ordre des
chevaliers de Saint-Andr qui avait t supprim vers 1700; un chapitre de cet
ordre fut constitu, et le docteur Romsay reut des pouvoirs pour tablir en
France et en Angleterre des ateliers; cette institution fut appele en France
rite de perfection; il est pratiqu en Ecosse, en Irlande, et le Grand-Orient
de France en est devenu collateur.
La Grande Loge de Munster (Nord), sant l'Orient de Limerick (Irlande), fon
de en 1795, professe le rite cossais ancien ; son Grand-Matre est le T.\ Ill.\
F.'. Michal Furneil ; le nombre des ateliers qui en relvent est de 5.
Grande Loge de Munster, sante l'Or.\ de Cork, professant le rite cossais ;
son Grand-Matre est le T.'. Ill. \ F.*, gnral sir James ; le nombre des Log( s
qui en relvent est de 7.
La Grande Loge Archimde, sant la valle de Gra (principaut de Reuss),
professe le rite cossais. Son Grand-Matre est le T.*. -Ill.'. F.'. C.-A. Beatup. Le
nombre des Loges qui en relvent est de 5.
La Grande Loge de l'Amiti sociale, sant l'Orient de Madras, fonde en 1854,
professe le rite des anciens Mnons libres et accepts' Son G.' -M.\ est le
F.'. Stols ; le nombre des ateliers qui en relvent est de 9. Cette Grande Loge s'oc
cupe de l'rection d'un temple maonnique.
La Grande Loge de l'Ocanie (Australia Flix), sant l'Orient d'Australie, pro
fesse le rite cossais ; son Grand-Matre est le T.\ IlI.*. F.*. John Stephen; le
nombra des ateliers qui en relvent est de 9.
Comme tmoignage d'estime et de reconnaissance un magnifique bijoux enrichi
de pierreries et admirablement cisel a t offert au Grand-Matre qui la rgit.
La Grande Loge de l'Etoile Danubienne, sant l'Orient de Bucharest (Valachie),
fonde en 1859, travaille le rite franais; son Grand-Matre est le T.'. Ill.*. F.\
Bourre
La Grande Loge de l'Etoile du Bosphore, sant l'Orient de Constantinople,
fonde en 1852, professe le rite franais; son Grand-Matre est le T.'. Ill.'. F.'.
Eugne Maillard.
La Grande Loge le Phnix, sant l'Orient de Corfou (les Ioniennes), fonde le
53 J.'. du i mois 5843, professe le rite franais ;son Grand-Matre est le T.\ M.\
F.'. Zancarol.
La Grande Loge des Disciples d'Herms, constitue ; la valle de Londres en
1850, professe le rite de Memphis; son Grand-Matre est le T.'. lll.'. F.'
"La Grande Loge Trionfo-Ligure, sant la valle de Gnes (Italie), fonde le
11 jour du 4* mois 5856, professe le rite cossais; son Grand-Matre est le T.'.
Ill.'. F.*.F. Capollina.
LE RAMEAU D ' 0 R D ' E L E C S 1 S 3?)
AMRIQUE.
Une Loge Maonnique est considre, aux Etats-Unis, comme tant un lieu de
paix et d'amiti fraternelle. On s'y runit pour y enseigner les principes de la plus
haute philosophie et pour y donner des leons et des exemples de morale et d'a
mour du travail ; on s'occupe particulirement du bien qui a t fait et de celui
qui reste faire. De retour dans leurs familles, les membres sont meilleurs, plus
sociables, et chacun d'eux aspire aprs le jour o une runion nouvelle les d
dommagera du poids des affaires civiles.
On compte, seulement dans le Kentueky, deux cent dix Loges de Maons,
environ trois mille membres , et dans l'Etat du Muchigan, cinq mille
Francs-Maons; ce qui donne un total de sept mille Maons dans ces deux
provinces.
Ces huit mille Maons ont t choisis parmi cette multitude d'hommes sains
d'esprit et bien proportionns de corps; ils ont tous reu une ducation conve
nable, et mnent une vie de famille sobre et rgle. Il y a beaucoup attendre en
30
retour de semblables rformes morales, et on peut hardiment compter sur les ser
vices qu'est appele rendre une pareille socit.
Ces nouveaux initis ont tudi l'Ksotrisme et l'Kxotrisme; ils se sont desti
ns la mme occupation, ils ont t soumis aux mmes rglements et ont tra
vaill maonniquement tous ensemble pour le bien de l'humanit.
En consquence, quoi qu'ils soient trs-nombreux, ils sont tous anims de la
mme pense : faire le bien ; ils vivent sur une grande tendue de terrain, plus
grande que le royaume du roi Salomon ; ils ne font qu'un seul homme, parce
que leurs sentiments sont les mmes, et qu'ils visent tous atteindre le mme
but.
Gloire celui qui est l'alpha et l'omga d'une telle institution.
La Grande Loge de l'Etat de New 'York, fonde en 1781, professe le rite d'York;
son Grand-Matre est le T.'. IlI.*. F.*. John W. Simons; le nombre des Loges qui
en relvent est de 360. Cette loge possde un G.\ chapitre de Royal-Arche.
Le Suprme Grand Conseil et Souv.'. G.'. Cons.\ du 33e degr du rite cossais
ancien et accept, sant la valle de New-York, fut constitu en 1616; son
grand commandeur est le T.\ Ill.'. et T.\ Ecl.*.F.*. Alley. Atwood ; son secrtaire
gnral Rob. B. Folger; le nombre des ateliers qui . en relvent est de dix-neuf.
Ce Suprme Conseil travaille galement le 89e degr du rite maonnique do
Memphis.
Le Grand Conseil des sublimes matres du Grand uvre, 90e degr du rite ma
onnique de Memphis, fut fond New-York le 21 juin 1854; son Grand-Matre
est le T.*, Il1.*. F.'. Henry Seymour.
Le Suprme Conseil reprsentatif de l'ordre maonnique de Memphis a t
constitu la valle New-York le 15 aot 1854 ; son Grand-Matre est le T.'. Il1.'.
et T.'. Eccl . . F.' . David M Lellan .
Le Grand Chapitre des sublimes commandeurs du Temple, 35 degr du rite tic
Memphis, sant la valle de New-York, a t constitu le 3 janvier 1859 ; cet
atelier est prsid par le T.'. IlI.'. F.'. Mitchell.
La Grande Loge de l'Union amricaine, sant la valle de New-York, professe \
le rite des anciens maons libres et accepts d'Angleterre ; son Grand-Matre est
le T. ' . Ill.'. et T.'. Ecl.'.F.'. Barnett,95c degr. Cette puissance maonnique pos
sde un Grand-Consistoire des Princes de la vrit, 65e degr du rite de Memphis,
1 et un comit de bienfaisance sagement administr.
Le Conseil des sublimes architectes de la cit mystique, 89 degr de l'ordre
l maonnique de Memphis, a t fond par le T.'. Ill.:. F/. Folger, secrtaire g
nral du Suprme Conseil du rite cossais ancien et accept le 23 octobre 1851 ;
ce Conseil est prsid par son fondateur. Les travaux de ce grade sont une cole
de philosophie contemplative ; le trne o sige le Grand-Matre est considr
comme tant l'emblme du G.'. Architecte des mondes et symbolise la sagesse, la
, force et la beaut, les emblmes qui ornent le temple sont privs de luxe et d'os
tentation. Cette institution n'admet d'autre diffrence entre ses Frres que celle de
leur mrite personnel.
I l'a Grande Loge de Pensylvanie (Etats-Unis), sant la valle de Philadelphie,
I
LE HAMEAU D'OR D'ELEUSIS 37
fonde en 1787, professe le rite ancien ; son Grand-Maitre est leT.-.Ill.-. F.-.
\V. H. Sommers; le nombre des loges qui en relvent est de 17. L'acte de cons
titution indique pour Vn.-. Benjamin Franklin ; c'est lui qui posa la premire
pierre de l'difice maonnique dans cette province; son temple est d'une beaut
remarquable.
La Grande Loge de Massachusetts, sant la valle de Boston, fonde en 1735, I
professant le rite ancien, est issue de la fusion des deux anciennes Grandes Loges; I
son Grand-Matre est le T.-. IlI.-.F.-. Robinson ; le nombre des Loges qui en re- I
lvent est de 36. j
La Grande Loge de la Virginie, sant l'Orient de Richemond, fonde en 1778,
professe le rite ancien; son Grand-Maitre est le T.-. Ill.-. F.-. Aumer A. Leitch;
le nombre des ateliers qui en relvent est de 57.
La Grande Loge de la Caroline du Sud, sant l'Orient de Charlestown, lut
constitue le 24 mars 1787 ; elle professe le rite ancien; son Grand-Maitre est le
T.-. Ul.-. F.-. Albert Pike ; le nombre des ateliers qui en relvent est de 37, elle
possde un Suprme Conseil du 33e degr du rite des anciens maons libres et
accepts.
Cette Grande Loge possde plusieurs tablissements de bienfaisance, notam- ]
ment pour les veuves et les orphelins.
La Grande Loge de l'Etat de Manland, sant la valle de Baltimore, fut fonde
en 1782; elle professe le rite ancien ; son Grand-Maitre est le T. .. I11.-. F.-. John
D. Readel; le nombre des ateliers qui en relvent est de 38. Ces dignes maons, I
comprenant que tous les tres qui souffrent ont des droits sacrs leur bien
faisance, n'attendent pas que le cri de la misre la sollicite.
La Grande Loge de Missouri, sant l'Orient de Saint-Louis, fut fonde en 1787;
elle professe le rite d'York. Son Grand-Maitre est le T.-. 01.-. F.-. John Rails; le
I nombre des Loges qui en relvent est de 38.
La Grande Loge de Kentucky, sant l'Orient de Louis, ville fonde en 1810,
professe le rite d'York. Son Grand-Maitre est le T.-. I11.-. F.-.Daviest; le nombre
des ateliers qui en relvent est de 67. L'intrieur du temple prsente un aspect j
symbolique trs-remarquable, et son comit de bienfaisance distribue d'abondants
secours aux infortuns.
La Grande Loge de la Caroline du Nord, sant la valle de Baleigh, fonde
en 1771 , professe le rite d'York. Son Grand-Maitre est le T \111.-. F.-. Ch. Jordan; j
le nombre des ateliers qui en relvent est de 37. Le temple est d'une construction j
lgante et l'intrieur richement dcor. Cette G.-. Loge fut fonde en vertu d'une I
patente dlivre par la Grande Loge d'Ecosse ; toutes ses archives furent brles j
dans la guerre de l'indpendance en 1788, et elle tablit son sige dans la ville de I
Raleigh.
La Grande Loge de Colombie, sant la valle de Washington, fonde en 1800, |
professe le rite d'York. Son Grand-Maitre est le T.-. Hl.-. F.-. Chas. S. Failey ; le
nombre des Loges qui en relvent est de 23.
La Grande Loge de la Louisiane, sant l'Orient de la Nouvelle-Orlans, fonde
en 1811, professe le rite cossais ancien et accept; son Grand-Matre est le
33 LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS
T.-. 111.-. F.-. Win. M. Perkins; le nombre des ateliers qui en relvent est de 25.
Cette Grande Loge travaille galement le rite franais et possde un conseil du 33e
degr fond en 1835.
La Grande Loge de l'Ohio, sant l'O ient de New-Lancaster, fonde en 1781,
professe le rite ancien. Son Grand-Matre est le T.-. 111. -. F.-. John D. Caldwel ; le
nombre des ateliers qui en relvent est de 60.
La Grande Loge du M^ine, sant l'Orient d'Augusta, fonde en 1785, professe
le rite ancien. Son Grand-Matre est le T.-. Ul.-.F.-.Pettney; le nombre des Loges
qui en relvent est de 32. Cette Grande Loge possde un chapitre du rite de
Memphis.
La Grande Loge du Mississipi, sant l'Orient de Vicksburg, a t fonde en
1791; elle travaille suivant le rite ancien; elle possde un chapitre de Royal-Arche
et 29 ateliers; son Grand-Matre est le T.-. Il 1 " - . F.-. W. Gilles M. Hlyer. Son
temple est richement dcor.
,La Grande Loge de Delaware, sant la valle de Douvres, a t fonde en 1806;
elle suit le rite ancien; son Grand-Matre est le T.-. I11.-. F. .Del part; elle possde
6 ateliers et un comit de bienfaisance trs-bien administr.
La Grande Loge d'Illinois, sant la valle de Ruscheville, n'a t fonde qu'en
18-21; elle professe le rite d'York; le Grand-Matre qui la rgit est le T.-. I11.-. F.-.
Nelson de Morre; le nomb'e des Loges qui en relvent est de lb. Son temple,
nouvellement construit, est dcor avec tous les symboles de l'ordre; elle possde
un tablissement de bienfaisance.
La Grande Loge de New Jersey, sant l'Orient de Trenton, fut fonde en 1 786;
elle professe le rite d'York ; le Grand-Matre qui la rgit est le T.-. 111. -. F.-. \V. S.
Bown, H Loges en relvent; elle a plusieurs tablissements de bienfaisance.
La Grande Loge deNew-Hampshire, sant la valle deConcord, date de 1790;
elle professe le rite ancien ; son Grand-Matre est le T.-. 11l -. F.-. John Christie;
le nombre de ses ateliers est de 24; elle possde un chapitre de Royal Arche.
La Grande Loge des Florides, santla valle de Tallehasse, fonde en 1812,
professe le rite ancien, le Grand-Matre qui la rgit est le T.-. 111.-. F.-. Josse Co,
le nombre des ateliers qui en relvent est de 20 ; elle possde un tablissement
de bienfaisance.
La Grande Loge d'Indiana, sant l'Orient d'Indianapolis, fonde en 1817,
professe le rite primitif cossais ; le Grand-Matre qui la rgit est le T.-. I11. -. F.-.
Elizier Domming ; le nombre des ateliers qui en relvent est de 2i.
La Grande Loge de Tennessee, sant l'Orient de Nashville, fonde en 1821,
professe le rite des anciens maons libres et accepts ; son Grand-Matre est le
T.- 111.-. F.-. W. L. Martin; le nombre des Loges qui en relvent est de 96.
La Grande Loge d'Alhabama, sant l'Orient de Tascalavoa, fonde en 1814,
professe le rite des anciens maons libres et accepts. Cette Grande Loge possde
plusieurs tablissements de bienfaisance; le Grand- Matre qui la rgit est le
T. . I11.-. F.-. Fexis G. Normann ; le nombre de ses ateliers est de 43.
La Grande Loge d'Hati, sant l'Orient de Port-au-Prince, fonde eu 1823,
professe le rite cossais ; son Grand-Matre est le T.-. lil.-. F.-. J. Paul, prsident
LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS 39
du conseil des ministres; le nombre de ses ateliers est de 13, son comit de bien
faisance est sagement administr.
La Grande Loge du Texas, sant l'Orient de Boston, professe le rite d'York ;
son Grand-Matre est le T.-. IU.-. F.- M. \V. M. Taylor. Le nombre des Loges qui
en relvent est de 3.
La Grande Loge de l'Etat de Vermont, sant l'Or.-, de Burlington, professe
le rite Ecossais ancien ; son Grand-Matre est le T.- . I11.-. F.-. Ph.-C.-Tucker. Le
nombre des Ateliers qui en relvent est de 10.
La Grande Loge Cha pi traie et Aropagiste des disciples de Memphis, sant la
valle deTroy, Etat de New-York, a t constitue le 14 juillet 1860; elle professe
le rite de Memphis et le rite philosophique ; son Grand-Matre est le T.-. I11.-. et
Tv. Ed.-. F.-. Louis Cousin.
La Grande Loge de Saint-Jean, isole de Terre-Neuve, sant l'Orient de
Saint-John, fonde en d827, professe le rite des Anciens Maons libres et accep
ts; son Grand-Matre est le T .. 111.-. F.- . M. J. Jossow. Le nombre des Ateliers
qui en relvent est de 3.
La Grande Loge des les de Canarie, sant l'Orient de Tnrisse, fonde en
823, professe le lite Ecossais philosophique ; le Grand- Matre qui la rgit est le
T.-, I11.-. F.-. Kolber; le nombre de celles qui en relvent est de deux. Annoblir
l'espce humaine et la rendre meilleure en clairant son intelligence, la rappro
cher de son crateur par la charit envers le prochain ; enfin, cet ordre se pro
pose d'amener les hommes une fraternisation gnrale.
La Grande Loge de Sngambie, sant l'Orient de Bathurst, fonde en 1735,
travaillant le rite Sudois ; le Grand Matre qui la rgit est le T.-. I11.-. F.-. Nolte-
nius ; le nombre des ateliers qui en relvent est de 3.
La Grande Loge du cap Dalon, sant la valle de Sydney, fonde en 1839,
travaille le rite des anciens Maons libres et accepts ; le Grand-Matre qui la rgit
est le T.-. 111.-. F.-. W. Schebleir; le nombre des Loges qui en relvent est de 3.
La Grande Loge du cap de Bonne-Esprance, fonde en 1736, travaille le rite
des anciens Maons libres et accepts; elle possde un Grand-Chapitre de R.-.
A.-. ; le Grand-Matre qui la rgit est le T.-. 111.-. F. -.(vacante); le nombre des ate
liers qui en relvent est de 8.
Le Temple est magnifique, il a une artillerie, au bruit de laquelle on salue aux
jours de fte tous les Maons de l'univers ; cette Grande Loge est attach un
comit de bienfaisance parfaitement administr.
La Grande Loge de Nordhausen (Thuringe), fonde en 1797, travaille le rite pri
mitif; le Grand-Maitre qui la rgit est le T.-. I11.-. F.-. S. D. Kreweneckels ; le
nombre des Loges qui en relvent est de 10. Le temple de l'Innocence-Couron-
ne est d'une construction toute rcente ; un comit de bienfaisance est institu
pour soulager indistinctement tous les malheureux.
La Grande Loge de Glogau (Basse-Silsie) , fonde en 1805, professe le rite
primitif; le nombre des Loges qui en relvent est de sept, et le Grand-Matre qui
la rgtes^ leT:-. I11.-. F.-. Barnault. Le temple la Loyale-Runion est riche
ment dcor, et son comit de bienfaisance trs-bien administr.
iO LE RAMEAU D 'o II d'EI.EUSIS
1850, professe le rite franais (G.'. O.'. de France) ; son Grand -Matre est le
T.\ Ill.'. F.'. Greene Curtis; les ateliers qui en relvent sont au nombre de 3.
La Grande Loge de Porto-Rico, sant la valle de Porto-Rico, fonde
en 1805, professe le rite des anciens maons libres et accepts; le Grand-
Matre qui la rgit est le T.\ Ill.'. F.'. C. Honis ; deux ateliers seulement en
relvent.
La Grande Loge de la rpublique dominicaine, sant l'Orient de San-Domingo,
fonde en 1843, professe le rite des anciens maons libres et acceptes (Anglais) ;
le Grand-Matre qui la rgit est le T. ' .Ill.'. F.'. Wollendorff. Son tablissement de
bienfaisance procure d'abondants secours aux classes malheureuses.
La Grande Loge des Provinces-Runies de la Plata, sant la valle de Buenos-
Ayres, fonde en 1852, professe le rite cossais; son Grand-Matre est le T.*. Ill.'.
F.'. Louis Sagory. Cette loge possde un comit de bienfaisance sagement ,
administr. i
La Grande Loge de la Guiane Hollandaise, sant l'Orient de Paramaribo, j
fonde en 18H , professe le rite des anciens maons; le Grand-Matre qui la rgit
est le T.'. Ill.*. F.\ G. Berghon ; le nombre des ateliers qui en relvent est
de 3.
La Grande Loge de la Guiane anglaise, sant l'Orient de Strabock, fonde en
1801, professe le rite des anciens maons libres et accepts ; le Grand-Matre qui
la rgit est le T.'. Ill.'. F.'. Ad. Tardy; le nombre des ateliers qui en relvent est
de 6.
La Grande Loge de la rpublique de Vnzuela, sant la valle de Caracas,
fonde en 1839, professe le rite primitif cossais; son Grand-Matre est leT.'. Il1 ' ' '
T. I.Sanavria; le nombre des ateliers qui en relvent est de 6 . Il existe un Sup.'.
Cons.'. des GG.'. H.'. GG.'.; son souv.'. commandeur est le T.'. F.'. T. I.
Sanavria.
La Grande Loge de la rpublique du Paraguay, sant la valle de l'Assomp
tion, fonde en 1839, professe le rite Royal-York; son Grand-Matre est le T.'. Il1. *.
F.'.Burkart; le nombre des ateliers qui en relvent est de 3; son temple est
richement dcor.
Cette Grande Loge reconnat comme seul et vrai principe maonnique la religion
naturelle, c'est--dire la connaissance de Dieu, de l'homme, de sa destine en
cette vie, de celle qui l'attend dans l'ternit, et de ses devoirs envers son cra
teur, ainsi qu'envers son prochain.
La Grande Loge de la Nouvelle-Grenade, sant l'Orient de Carlhagne, fonde
en 1825, professe le rite primitif cossais. Le Grand-Matre qui la rgit est le
T.'. Ill.'. F.'. Francisco de Zubria ; il existe la valle de Carthagne un Su
prme Cons.'. de 33e prsid par le T.*. IlI.*. F.'. Francisco de Zubria.
La Grande Loge de la rpublique de Bolivie, sant l'Orient de la Plata, fonde
en 1825, professe le iite clectique; le Grand-Matre qui la rgit est le T.'. IlI.'.
F.'. I. E. Kliberg; le nombre des ateliers qui en relventest de 5. ,
La Grande Loge d'Uruguay, sant l'Orient de Montevideo, fonde en 1835,
professe le rite cossais. Son Grand-Matre est le T.'. Ill. '. F.'. Florentino Castel
LE RAMEAU D'OR d'ELECSIS
lanos. Cette grande loge possde un Sup.'. Cous.\ du 33e d.\; le nombre des ate
liers qui en relvent est de 7.
En terminant le tableau, htons-nous de dire avec regret que peu de Loges comp
tent de longues annes d'existence ; souventaprs avoir jet un brillant clat, elles
languissent ou s'teignent, et c'est presque toujours par suite de petites passions
ou de misrables querelles. Est-ce lu ce que rclament de nous les engagements
contracts l'autel de la vrit? Non, le temple n'est pas une arne. Il faut la Ma
onnerie des curs gnreux, des philanthropes; il y a dans le monde profane assez
de belles mes, sans avoir besoin d'agglomrer des hommes sans murs, sans foi,
sans piti, hypocrites et calomniateurs. Est'ce ainsi que nous devons exercer la
fraternit? Que chacun s'interroge. .. Le but constant de nos efforts doit tre le
bien gnral de l'humanit. Maon, sers-toi de la truelle pour cacher les d-
.i fauts de tes frres, ne pse jamais tes semblables dans un seul bassin, et si
celui du mal l'emporte, tes-enceque la faiblesse humaine y a mis de charge,
et que la charit complte le poids du bien.
Si ton frre est dans l'erreur, loin de t'loigner et de le maudire, va vers lui
avec les lumires du sentiment de la raison. S'il est en butte aux traits
i de la calomnie, ne crains pas de l'avouer son ami , sois son dfenseur
en public et tu ramneras peut-tre l'opinion gare, prvenue; il est beau, il est
saint de rappeler la vertu celui qui chancelle, de relever celui qui est tomb;
mais il est presque d'un Dieu d'tre le protecteur de l'innocence mconnue.
Tous les bons maons se plaignent de la trop grande facilit des admissions, il
est certain que les Loges ne seront sres de vivre en paix qu'aprs avoir rtabli le
noviciat ; ce n'est pas avec des mdiocrits et des hommes sans principes que no
tre sublime institution deviendra forte et puissante.
Fonde des institutions philanthropiques, c'est l ce qui nous manque. La Ma
onnerie porte en elle le germe de tout ce qui est bon et utile, mais ce germe
est avort en France parce qu'on le nglige.
Abrge les crmonies , que le sujet de vos discours soit bien choisi, donnez
peu l'rudition, inutile pour les uns, indiffrente pour les autres; attachez'vous
mouvoir les cuis, faites que toutes vos sances soient sanctifies par une bonne
uvre, et la fraternit ne sera plus un vain mot.,
O divine Maonnerie ! Lumire cfeste, suprme flicit, union des mes hu
maines : viens former tous les curs, viens les purer, les vivifier, les animer
des mmes sentiments d'amour, de fraternit et de bienveillance, unis leshommes ;
que l'intrt et les prjugs divisent, carte le bandeau de l'erreur qui obscurcit
leurs yeux et fais que, ramen la philosophie, le genre humain ne prsente plus
qu'un peuple de FF.*.
LE RAMEAU D OH D ELEUSIS 43
Le 31e jour du soleil de feu, la 7 heure, le ciel se couvrit de nuages, une nuit
anticipe s'tendit sur les eaux et du sein de cette nuit sortaient des clairs ter-
a ribles la lueur sinistre des mtores affreux, le thesmophore vit un frle
a esquif ballott sur l'abme mugissant ; dans l'esquif si misrablement perdu
parmi les flots en courroux, se trouvait Thales, le thesmophore appela les
lvites du temple de Memphis et se fit apporter des torches de pin rsineux; il
mit aussitt le feu un arbre touffu qui dominait sur le rivage.
a L'esquif approchait et le thesmophore put distinguer alors la noble figure du
philosophe; enfin la tempte s'apaisa, et en quelques instants l'tranger coura-
c, geux touche au rivage.
Thals, dj initi la tradition des mages, parcourait l'Egypte dans le but de
pntrer les hauts mystres de la science sacre; le thesmophore, aprs l'avoir
reconnu, lui prsenta la main droite et l'invita le suivre. Il le fit descendre dans
un chemin troit, bord par des roches ; peu de temps aprs il lui bande les yeux,
et l'ayant fait tourner plusieurs fois sur lui-mme, on le conduisit au bord d'un
abme profond, des bras robustes le soulevrent et l'ayant dpos dans une cor
beille suspendue par des cordes au milieu du gouffre bant, on le descendit len
tement dans le sjour des morts.
Qui vient ici ? s'crirent des voix lugubres, quand la corbeille eut touch
le sol.
Un profane qui aspire la sagesse, rpondit Thals.
Remonte au sjour des vivants et demande aux philosophes de t'enseigner
ce que les profanes ont nomm la sagesse, dit lentement une voix mle et
sonore.
Ils ne m'ont appris jusqu'ici, rpondit Thals, qu' constater mon
ignorance et la leur, ils m'ont laiss flotter, sans pilote, entre le doute et l'erreur.
41
Aprs sa rponse, il fut saisi violemment par des mains invisibles, renvers sur
le sol, dpouill de ses mtaux et charg d'une chane pesante, qu'il ne trana
qu'avec peine, quand il lui fut permis de se relever et de marcher ; le bandeau qu>
couvrait ses yeux avait disparu, mais il reconnut qu'il tait plong dans des
tnbres profondes, et il n'aurait su de quel ct se diriger, s'il n'avait aperu bien
loin devant lui un point lumineux, dont il constata l'immobilit, en marchant ;
autour de lui rgnait un silence de mort que rien ne troublait, si ce n'est le bruit
sinistre de sa chane heurtant chaque pas les asprits du chemin.
Une atmosphre touffante et charge de vapeurs aromatiques oppressait sa
poitrine haletante; il hta sa marche pour chapper la suffocation, mais le sentier,
au lieu de s'largir, se rtrcissait toujours davantage, et de ses deux mains en
chanes il put toucher de chaque ct une range non interrompue de cercueils
dresss contre la muraille.
Le courage de Thals ne fut point branl par cette preuve ; depuis son entre
dans le souterrain, il avait reconnu l'odeur particulire aux momies gyptiennes,
et savait que pour arriver la vie de l'intelligence il fallait sonder sans terreur le
mystre de la mort physique. Cependant le point lumineux vers lequel il se diri
geait, loin de s'agrandir progressivement, suivant les lois de la perspective, dimi
nuait, au contraire, de grandeur et d'intensit chaque pas qu'il faisait pour s'en
rapprocher. Bientt cette faible lueur disparut tout fait, le nophyte continua sa
marche, en suivant la double range de tombeaux, jusqu' ce qu'il vnt se heurter
contre un bloc de granit plac en travers de la voie ; il essaya vainement de le
mouvoir : mais il ne l'eut pas plus tt frapp de sa chane que le bloc tourna sur un
pivot et lui livra passage, et par ses violents efforts il se dbarrassa de la chane
qui chargeait ses bras ; le stalista lui posa les questions d'usage, et lui dit :
L'preuve que tu viens de subir n'a aucune valeur nos yeux, si ton me
reste souille par des penses impures, si ta vie n'a pas t chaste, et tes actions
a toujours guides par les conseils de la sagesse; la chane que tu viens de laisser - j
n'a dlivr que tes mains si ton esprit reste obscurci par les prjugs d'une
fausse ducation, si tu ne sais pas fermer l'il et l'oreille aux suggestions de
o l'intolrance et de l'erreur.
Thals : J'ai toujours pratiqu la vertu comme il m'tait donn de la com
prendre ; j'ai appris combattre et vaincre mes folles passions, et j'ai russi
souvent les dompter parce que j'ai su me respecter moi-mme.
Satisfait de cette rponse, le stalista le prit par la main, et lui fit remonter un
sentier en pente douce qui le conduisit la porte d'une immense salle souter
raine. Deux hommes arms, la tte couverte d'un casque reprsentant une tte de
j chien, gardaient l'entre de cette salle dont la vote tait supporte par deux '
colonnes, leves l'une l'orient, l'autre l'occident. Au milieu de ces colonnes,
un griffon, emblme du soleil, poussait une roue, du centre de laquelle partaien1
quatre rayons chargs d'hiroglyphes, indiquant les quatre saisons de l'anne.
Dans cette retraite, o ne parvenait aucun bruit du monde, le stalista posa
; Thals des questions sur les lois physiques de la nature, base des mystres, sur
LE HAMEAU I) OU 1> E L K V S 1 S HO
,4L-
46 LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS
Quand l'ducation de Thals fut termine, on lui fit remonter le Nil jusqu'
Hermopolis. Aprs l'avoir conduit travers de fertiles campagnes jusqu'au pied
dela chaine, oh lui fit suivie un canal, creus de main d'homme, dans une troite
valle dela montagne. Bientt il dut gravir un plateau sur lequel tait assise une
pyramide d'une masse moins imposante que celle de Memphis, mais d'o la vue
s'tendait sur la plus merveilleuse oasis qui se ft encore droule sous les yeux
de Thals; ses pieds s'tendait un vaste bassin, sillonn par d'innombrables ca
naux bords de jardins, de vergers et de moissons; interrompues et l par les
colonnades lgantes d'une fort de palmiers, les eaux du lac Mris resplendis
saient au loin, servant de limites la verdure du ct de l'occident; enfin, de
vant lui, douze temples contigus formant un vaste paralllogramme dont les grands
cts regardaient le nord et le midi, tandis que les deux petits cts faisaient face
l'orient et l'occident, offraient ses yeux tonns toutes les merveilles de l'ar
chitecture gyptienne. Douze portes, places six au sud et six au septentrion,
donnaient accs 3,000 appartements, dont 1,500 souterrains taient consacrs
la clbration des grands mystres. Thals se trouvait donc en prsence du c
lbre difice auquel les Grecs ont donn le nom de labyrinthe; il allait pntrer
dans ce chef-d'uvre d'architecture qu'aucune construction, ancienne ou mo
derne, n'a depuis gal ; il put remarquer que le toit de chaque appartement se
composait d'un seul monolithe, et qu'en avant des entres, une multitude de
cryptes d'une grande tendue, coupes de routes tortueuses qu'aucun tranger ne
pouvait parcourir sans guide, taient galement couvertes d'un seul bloc de
pierre d'une norme dimension.
Lorsque Thals eut longtemps admir l'intrieur imposant du temple, son guide
lui fit redescendre, au versant occidental de la chane libyque, le plateau qu'ils
avaient gravi, et tournant droite sur la rive du canal gigantesque, tablissait la
communication du Nil avec le lac Mris, ils arrivrent la base occidentale de la
pyramide; une porte de granit tourna sur elle-mme leur approche et leur
donna passage dans un long couloir dont ils suivirent les innombrables dtours
au milieu d'une obscurit profonde. Arrivs la base orientale de la pyramide
dont ils venaient de traverser la masse tout entire, un spectacle admirable s'offrit
leurs yeux, l'entre du temple, dont ils n'avaient vu que l'intrieur, s'levait
peu de distance : son portique, en marbre de Paros, o l'on arrive par quatre-
vingt dix marches de granit rouge, resplendissait aux rayons du soleil couchant,
et montrait Thals le terme ardemment dsir de son voyage. Mais un obstacle
inlranchissablo, sans guide, le sparait de ce portique dont la merveilleuse archi
tecture le frappait d'lonnement: c'tait la ceinture de cryptes qui entourait le tem
ple et qu'il fallait parcourir tout entire avant d'arriver l'unique entre du sanc
tuaire; d'innombrables sentiers se coupant dans toutes les direetions, formaient
dans ces cryptes un labyrinthe inextricable o Thals et err des jours et des
nuits sans se rapprocher du sanctuaire s'il n'et t guid comme un enfant par
le stalista charg de l'accompagner. Arriv devant un vestibule, au-dessus duquel
se trouve l'image du phnix, symbole de la mort et de la rsurrection : Oui, dit
LE RAMEAU D'ol D ELEUSIS 47
Thales, les socits meurent et renaissent, et les premires prparent les lments
qui doivent servir aux fecondes
Thals porte ses regards droite du vestibule, et le stalista lui dit : La statue
que tu regardes reprsente Isis (la nature) et son fils Horus (le travail) ; les caresses
qu'il donne sa n-.re symbolise le germe de l'amour. L'amour, dit Thals, oui, car
l'amour c'est l'me de la nature, l'univers, c'est l'amour de l'ordre et de l'harmo
nie des corps et des tres. Ecoutez-moi, l'enlant commence pour aimer sa mre ;
sa confiance, sa tendresse pour elle, sa reconnaissance, sa joie, tout annonce en lui
le dveloppement du germe de l'amour. Parvenu l'adolescence, il commence
sentii plusvivement, il sent le besoin de se communiquer son semblable, d'aimer
et de connatre; arriv la fleur de la jeunesse, la force du sentiment, la matu
rit, non encore de l'esprit, mais du cur, il sent le besoin suprme d'aimer dans
toute sa force, dans toute son nergie, il aime le premier objet qui lrappe ses yeux,
qui touche son cur, qui meut son me par le sentiment de la sympathie, mais
l'objet de l'amour doit tre pur comme le sentiment qui l'a fait natre; c'est donc
la raison qu'il appartient de diriger l'homme dans son choix, mais non cette pas
sion funeste qui porte le trouble et le dsespoir dans la socit. La vertu anno-
blit l'amour et sans elle il n'y en a point de vritable sur la terre , l'amour seul
est le salaire de l'amour; le vice ne peut sympathiser avec la vertu
Regarde sur le pidestal ce plican qui nourrit de son sang ses enfants, il sym
bolise la terre.
A ct de la statue d'Iris se trouvent le Silence et la Charit. Le silence te dit:
a Que jamais ta bouche n'altre les penses secrtes de ton cur; qu'elle en soit
toujours l'organe vrai et fidle, mais sache garder un silence prudent et qui ne
permette pas mme de souponner le dpt du secret confi ta foi; ainsi tu vi
teras toute importunit, et le mensonge ne souillera jamais tes lvres; ne confie
pas non plus sans ncessit Ion propre secret, de quel droit voudrais-tu exiger
d'un autre plus de fidlit le garder que tu n'en eus toi-mme ?
La charit est comme les rayons du soleil, elle doit se rpandre sur toutes les
surfaces du globe. La charit est fille du ciel et l'ange tutlaire de la terre, elle
console le malheureux, expirant, abandonn sur un lit de douleur ; attache
l'humanit comme une mre son enfant, elle est toujours ct d'elle pour
l'clairer de ses lumires et l'appuyer de ses conseils; la bienfaisance ne consiste
pas seulement donner un peu d'or, l'homme ne vit pas seulement de pain ; vois
'a misre impuissante de l'enfance, elle rclame ton appui ; considre l'inexp
rience funeste de l'adolescence, elle sollicite tes conseils; mets ta flicit la
prserver des erreurs et des sductions qui la menacent ; excite, autant que tu
pourras, dans des jeunes curs, les tincelles du feu divin du gnie, de la vertu ;
aide les dvelopper pour le bonheur du monde; sers-toi du don sublime de la
parole, signe extrieur de la domination de l'homme sur la nature, pour aller
au devant des besoins d'autrui, et pour exciter dans tous les curs le feu sacr
de la vertu ; instruit, protge, donne, soulage tour tour; ne crois jamais avoir
assez fait, et ne te repose que pour reprendre une nouvelle nergie, en te livrant
ainsi aux lans de cette passion sublime. Une source intarissable de jouissance
48 LE RAMEAU D 'o I! d'ELECSIS
jaillira sur toi, ton me s'agrandira et tous les instants de ta vie seront dignement
remplis. La charit est une premire providence, ses nobles et gnreuses sym
pathies ont une douce influence sur toutes les catgories sociales ; petits et grands,
j riches et pauvres, l'ignorant comme l'homme d'esprit, chacun se sent heureux
| ' d'tre sous son empire, elle est aussi la gardienne des murs ; on ne peut tre
vertueux sans tre charitable.
Regarde gauche le vieillard enfant, emblme de la vie et de la mort; image
de la nature entire, dans les tableaux mithriaques, ces deux gnies accompa
gnent Mithra; l'un, jeune, tenant un flambeau lev ; l'autre, vieux, tenant le sien
I renvers et prs de s'teindre.
Sur le pidestal se trouve la croix mystique, renfermant tous les nombres sa
crs ; elle est la base de la gomtrie, cette croix est l'emblme de la science.
ct, se trouvent les statues de la Temprance et de la Vrit.
La Temprance, dans un sens gnral, est une sage modration, qui retient
dans les justes bornes nos dsirs, nos sentiments et nos passions ; cette vertu si
rare porte les hommes se passer du superflu ; le sage ddaigne les moyens p
nibles que l'art a invents pour se procurer ce qu'on nomme le plaisir, il se con
tente de la simplicit naturelle des choses modres et son cur n'est point agit
par la convoitise.
L'homme doit donc se mettre en garde contre les sductions des plaisirs, il doit
apprendre de bonne heure combattre contre les passions funestes, injustes et
criminelles, afin de contracter l'habitude d'y rsister, et comme les penses en
flamment les dsirs, chauffent l'imagination, donnent de l'activit nos passions,
la temprance nous prescrit de mettre un frein mme nos penses, de bannir de
notre esprit celles qui peuvent nous rappeler des ides dshonntes, capables
d'irriter nos passions pour les objets dont l'usage nous est interdit.
La Vrit te dit : Regarde mon miroir, il rflchit ton pass, cheiches-y des
motifs d'esprance pour l'avenir.
Lestalista continue d'expliquer Thals les symboles et les emblmes qui se
trouvent dans le vestibule du temple. Cet uf ail est l'emblme du monde.
Le rosier est consacr la desse Isis.la rose symbolise la science et le produit
brillant de l'imagination. L'il au milieu de cette glaire symbolise Dieu qui con
temple la cration, et la colombe est l'image de l'esprit vivifiant qui fconde toute
la nature. Regarde cette brillante toile, elle est l'emblme du gnie qui lve aux
grandes choses ; elle symbolise ce feu sacr dont nous avons t dous par Dieu,
et la lumire duquel nous devons discerner, aimer et pratiquer la justice et
l'quit. Cette toile se nomme Sothis, son nom se compose de deux mots: cabab.
c'est--dire Stella, et leb, c'est--dire flamme (toile flamboyante).
Cette femme, balanant sur ses genoux son fils, est un des hiroglyphes les plur
ingnieux et les plus vrais ; ce groupe est l'image du gouvernement et du peuple.
Peut-on mieux peindre, en effet, la confiance de ce dernier dans l'autorit qui le
gouverne que par la scurit avec laquelle un enfant repose sur les genoux de sa
mre.
Le peuple s'appuyant sur le sceptre de la loi est reprsent sous la forme de ce
gant aveugle marchant l'aide d'un long bton surmont d'un il ouvert.
Cette figure demi-nue, la tte rase droite, est le symbole du soleil ne se d
couvrant jamais en entier, c'est -dire n'clairant qu'une partie de l'univers la
fois; les cheveux coups, dont il ne reste que la racine, indiquent que cet astre
bienfaisant et d'une inpuisable vivification renat pour nous chaque jour ; l'urne
suspendue sa main droite rappelle qu'il est la source de tous les biens, et le
bton augurai qu'elle tient dans sa main gauche est l'emblme heureux de la
sollicitude avec laquelle il prvient les besoins des mortels.
Ce serpent roulant sur lui-mme en spirale et dvorant sa queue est la figure
mystique de la rvolution ternelle du soleil, en d'autres termes, de l'ternit.
Cette pie, oiseau jaseur qui dchiquet une feuille de laurier, est l'image de la
calomnie qui perscute les sages et les savants.
Cette ligure qui tend la main est l'emblme de la bonne foi. Le fil plomb
symbolise la loi d'attraction; il tend vers le centre de la terre, pour nous apprendre
gouverner nos actions et les diriger vers la justice et la bont, attributs par
excellence du Grand Architecte des mondes.
Cette tte de mort, sur laquelle se trouve trace une scie ayant pour manche un
sablier, est l'emblme du Temps qui dtruit tou%.
Ce serpent vomissant un uf, symbolise l'univers renfermant eu lui le germe
de toutes choses dveloppes par l'astre du jour.
Cette lampe symbolise le flambeau de l'humanit ; elle nous rappelle incessam
ment l'amour de nos semblables et la pratique de la bienfaisance.
Cette lyre symbolise l'harmonie ternelle; la sphre est l'emblme des sciences
exactes, objet de nos tudes; c'est par l'tude de la nature et la contemplation des
merveilles de la puissance divine qu'on peut parvenir la connaissance de la vrit.
Regarde ce maillet, il nous indique la fermet que nous devons avoir dans nos
principes et dans leur application ; il est l'emblme de la force soumise l'intelli
gence.
Cette branche de laurier est le symbole de la paix et de l'union ; car
l'union, quand elle est parfaite, satisfait tous les devoirs et simplifie les besoins;
elle prvient les vux de l'imagination, elle remplace tous les biens.
Le Slalista, aprs avoir donn Thales l'explication des symboles qui se trou
vent dans le parvis du temple, lui fait remarquer un tableau plac en face de
lui. C'est l'homme libre et l'homme esclave, dit Thales au Thesmosphors, qui se
trouve en ce moment ct de lui ; chez l'homme libre, les vertus et le devoir
ont pris la place des passions humaines qui le faisaient agir : il ne vit pas pour
iui seul, mais pour le genre humain, pour sa patrie, pour sa famille; son me est
simple, douce, indulgente, modeste; il se rend tmoignage de la drioture de ses
V
L rameau d'or d'Eleusis
LE CRIME ET LE REPENTIR
Can, le premier enfant d'Adam, donne la mort sa premire proie, ce fils tue
son frre ; mais l'me de la victime s'envole vers le cleste sjour. Dieu dit
Abel : Mortel, d'o viens-tu? je ne l'avais point appel encore. Je viens,
rpond Abel, car ton uvre est incomplte; tu fis de l'homme une intelligence
organise, tu l'animas de ton souffle divin, et en le plaant la tte de la cration,
tu l'as soumis aux lois ternelles de la matire, et tu as dcid qu'il serait le plus
faible des tres sur lesquels il exerce une suprmatie manifeste. Pourquoi rie lui
as-tu donn ni la force du lion, ni l'agilit de la gazelle, ni la dextrit du singe,
ni la vue perante de l'aigle, ni la magnificence du paon, ni la voix mlodieuse
du rossignol? Homme et matire, dit Dieu, ta plainte est injuste: je t'ai fait trois
dons minents qui te ddommagent amplement de ta faiblesse native, en te don
nant de l'empire sur tous les tres que tu as cits; je t'ai donn l'intelligence pour
inventer, le langage pour t'associer avec tes semblables, des mains pour excuter,
tandis que les animaux demeurent circonscrits dans les bornes de leur organisa
tion respective, assujettis des instincts limits ; toi seul as reu l'minente facult
de te connatre loi-mme, de perfectionner la nature, et de mesurer l'tendue de
tes droits et de tes devoirs. Homme, ta plainte est injuste! tu as cherch, et tu as
trouv les sciences divines; tu as demand, et je t'ai donn le pain de l'me
comme celui du corps ; tu as frapp, et je t'ai ouvert la porte de la batitude ter
nelle, d'o tu as pu contempler l'uvre mystique de la cration. Plonge donc,
mortel ! ton regard dans le chaos, traverse ces paisses tnbres, et tu seras initi,
c'est--dire que tu connatras les causes premires et secondes.
Dieu dit, et posant son doigt sur le front du premier initi, il lui permit de voir
les mystres de l'uvre ternelle.
Le premier objet qui frappa la vue du nophyte fut la terre encore vierge rou-
gie de son sang frachement rpandu ; de cette tache fumante et noirtre manait
une vapeur ftiche qui se condensa dans l'air et prit insensiblement ses yeux la
forme d'une crature d'une taille gigantesque couverte d'un long voile noir :
c'tait le repentir; le crime venait de l'enfanter. En effet, Can, le fratricide Can,
prostern sur la terre, le sein dchir par le remords, se frappait la poitrine, le
vant des yeux baigns de larmes vers le ciel, dsormais la patrie immortelle de sa
victime ; mais Dieu tait inexorable ses supplications. A ce spectacle navrant,
Abel, mu de la plus gnreuse piti, ne peut retenir ses pleurs, et s'adressant
l'tre tout-puissant qui lit au fond des curs : a ternel bienfaiteur de la nature,
dit-il, pardonne mon frre ou laisse-moi redescendre sur cette terre de souf
france pour le consoler.
A cette touchante prire, toutes les harmonies clestes se firent entendre et sa
lurent Abel ; toute la cration entonna des hymnes d'une suave allgresse, et Dieu
couvrit du mme regard le pcheur et l'lu, regard qu'il n'est donn aucun mor
tel de dpeindre, mais que les justes, comme Abel, peuvent seuls comprendre (1).
Cette allgorie est l'emblme de la truelle, dit Thals, car elle cache, rpare et
reconstruit ce que le crime et les vices peuvent dtruire.
Aprs l'explication de cette allgorie empreinte d'une majestueuse simplicit, le
Thcsmosphors conduit Thals la porte du temple o se trouvent tracs des hi
roglyphes en or qui se traduisent par ces vers :
(1) Netlcr.
LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS 53
Le temple des symboles est rempli d'une douce lumire qui dessine toutes les
formes et charme les yeux; la douce bienveillance, assise sous les portiques, tend
la main l'tre timide qui vient tudier les symboles, emblmes et allgories.
A l'orient est l'image du soleil dans son clat; au-dessous est crit le mot
ineffable avec sept pierres prcieuses de couleurs diffrentes ; entre des colonnes
entoures de pampres et de fleurs se trouvent les statues des hommes vertueux
qui ont fait le bonheur des humains ; des cadres d'une grande tendue reprsen
tent les trois rgnes de la nature, les quatre parties du monde ornes de leurs
diverses productions , les quatre saisons , les lments et leurs caractres
diffrents.
La coupole du temple est parseme d'toiles; on y voit le disque argent de la
lune et une comte.
Des magnifiques bas-reliefs prsentent l'histoire de l'homme, les heureux
vnements qui assurent la flicit des peuples et les actions des mortels illustres.
Le premier objet qui frappe les regards de Thals en entrant dans ce temple
auguste est la nature (Isis) ; le feu qui brille dans ce sanctuaire sacr forme autour
de son front une aurole lumineuse; de lgers mtores s'arrondissent en boucles
ondoyantes autour de son visage et sur son sein, toutes les fleurs qui embellissent
la terre, tous les oiseaux qui animent les bocages sont peints sur sa robe diapre ;
ce temple enfin est un abrg de l'univers.
Une ravissante harmonie se fait entendre, et les draperies qui cachent l'autel
des derniers serments s'entr'ouvrent et laissent apercevoir un transparent sur lequel
on distingue tous les symboles.
En ce moment, le sublime Demiourgos, juge suprme vtu d'une robe bleu de
ciel, parseme d'toiles d'argent, portant son cou un saphir entour de brillants,
suspendu une chane triangulaire d'or, parat avec un brillant cortge, et
s'adressant Thals, lui dit : Approche, ne crains rien; coute.
D.-. Que viens-tu faire ici?
R.-. L'allgorie est la voix de la sagesse, et je viens tudier les symboles.
D.-. Le triangle est l'objet de notre culte, il symbolise l'unit de Dieu. Comment
comprends-tu l'unit?
R.-. L'unit, dit Thals, c'est le terme minent vers lequel se dirige toute philo
sophie, ce besoin imprieux de l'esprit humain, ce pivot auquel il est contraint de
rattacher le faisceau de ses ides ; l'unit est cette source, ce centre de tout ordre
systmatique, ce principe de vie, ce foyer inconnu dans son essence, mais mani
feste dans ses effets ; l'unit est ce nud sublime auquel se rallie ncessairement
la chane des causes.
D.-. Qu'cntends-tn par emblme?
R.-. L'image d'un objet qui reprsente une chose Fail et une autre l'esprit,
comme le niveau, signe de l'galit.
D.-. Par allgorie?
R.-. Un discours ou tableau offrant dans la runion de plusieurs objets un sens
moral.
D.-. Par type?
54 LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS
peut obtenir la connaissance que par l'tude des sept sciences dsignes par les
sept sceaux qui les renfermaient, surtout par l'astronomie indique par l'agneau
triomphant.
L'urim, figure hiroglyphique, est le symbole de la vrit.
Le thumim symbolise la justice, d'aprs les traditions; cette figure sert
celui qui la porte dcouvrir par une lumire surnaturelle les choses caches.
Regarde ce tableau.
Vois cette femme peine visible; c'est une lgre vapeur condense; elle se
perd dans la brume comme une ombre lgre : c'est la vie humaine. Les hiro
glyphes qui se trouvent sur la base se traduisent par ces vers :
Ce tablier est le symbole du travail ; il nous indique que nous devons constam
ment travailler vaincre nos liassions, et contribuer au bien gnral de l'huma
nit. Le travail! source fconde de vrit, utile aux hommes; c'est par lui seul
que l'homme parvient combattre et subjuguer ses passions.
Le compas symbolise l'exactitude et la droiture de nos murs ; il dcrit la cir
confrence et nous rappelle la route que les sphres clestes parcourent dans l'im
mensit.
Ce levier est l'emblme de la puissance que l'homme emprunte aux formules
de la science, pour l'appliquer des actes que sa force individuelle ne pourrait
accomplir.
Ce pav mosaque, form de diffrentes pierres jointes ensemble par le ciment,
symbolise l'union troite qui rgne entre les initis lis entre eux par la vertu.
Cette houppe dentele est l'emblme de l'ornement extrieur d'un temple embelli
par les murs des initis, et du secret qui doit encadrer leurs mystrieuses cr
monies.
Le rameau d'or est le symbole de l'initiation; toutes les traditions antiques et
les ingnieuses allgories de la posie attestent ce fait ; cette locution signifie qu'on
est parvenu au degr qui marque la perfection de l'initiation aux mystres.
Cetarbre renvers symbolise le monde, dans les traditions de l'antiquit ; il est
ainsi reprsent, conformment ce passage des Vdas : (r Le monde, figuier
ternel, lance ses racines dans les cieux, tend ses branches sur l'abme.
Cette branche d'acacia est le symbole de l'initiation moderne ; elle remplace le
myrthe que portaient les initis d'Hliopolis, et le rameau d'or que Virgile plaa
dans la maison d'ne n'a pas d'autre origine.
Les deux colonnes qui sont l'entre du temple symbolisent Dieu et la Nature,
la Force et la Beaut, la Justice et la Bont, l'Intelligence et la Science.
La navette renfermant l'encens est l'emblme du feu des vertus qui doit em
braser le cur du bon maon.
Cotte pierre se nomme salix ; elle est l'emblme du feu sacr.
Ce chandelier trois branches, avec les bougies allumes, symbolise la triple
essence lumineuse de la Divinit : la Sagesse, la Justice, la Bont.
Cette lumire que tu vois l'occident symbolise le flambeau de la vertu; elle
nous rappelle sans cesse que la vertu soutient l'difice social ; que, sans elle, il
n'est pas de bonheur rel.
La lumire du sep.\ est l'emblme de l'humanit; elle doit nous rappeler
l'amour de nos semblables et la pratique de la bienfaisance.
La rgle est l'emblme de la prcision avec laquelle nous devons parcourir la
route qui doit nous conduire au bien.
La planche tracer indique tous les initis qu'ils ne doivent rien entreprendre
sans y rflcliir avec maturit ; elle est l'emblme d'une conduite sans reproche.
L'toile du matin symbolise la vigilance.
Le tombeau de notre Matre symbolise la vie, la mort et l'immortalit; il est
l'emblme de la marche apparente du soleil, cette mort est purement allgorique.
Sous cette allgorie, se trouve cache l'expression de la grande et profonde loi
LE HAMEAU D'OR D'ELEUSIS 59
Les cercles que tu vois tracs au milieu du temple, reprsentant le systme uni
versel plantaire et le soleil au centre, symbolisent les mystres de la cration.
Cette plaque, formant un triangle o se trouve grav d'un ct le nom de Jho-
vah, avec les mots : Vrit, sagesse, science, et de l'autre un serpent formant un
cercle au milieu duquel est un lion ; le triangle symbolise la divinit, le serpent
avec le lion sont l'emblme de la force et de la prudence.
Regarde la desse Isis tenant son fils sur ses genoux , trois feux sur trois autels
brlant devant elle.
L'homme est corps, me et intellect, rpond Thals; chacun des lments
qui constituent nos corps est ternaire, et offre l'esprit l'emblme de la nature.
Ce tableau reprsente Adam et ve chasss du jardin d'Eden par l'ternel.
Cette allgorie, dit Thals, exprime l'obissance que l'homme doit aux lois de
la nature, de la justice, de l'humanit ; lorsqu'il les oublie, il se rend malheureux,
infirme, ignorant ; il dtruit toute socit et renverse les lois que l'tre suprme
a imprimes sa cration.
Cette langue, avec cette main dans ce cadre, droite, symbolisent deux objets
capables de flchir le Sublime Architecte des mondes : la langue par la prire, la
main par les offrandes.
Mais il ne faut pas avoir un caractre ingal ou capricieux, si tu fais le bien
par prfrence ou par abandon ce que tu dois faire par devoir; si ton cur
calcule sur ses gots ou ses affections, tes actes de vertu n'auront pas cette rgle
de droiture et d'quit qui doit les distinguer. Le bien n'a pas, comme le mal, son
quart d'heure de prmditation; il faut le faire en aveugle, mais avec la conscience
qu'on le fait sans ostentation et sans prfrence aucune : Que ta main droite ne
sache pas ce que ta gauche fait.
Voil le vase enchagt. Cette allgorie se traduit ainsi :
L'IMAGE ENCHANTE
(1) A. Guyard.
62 LE RAMEAU D'OU d'eLECSIS
Comprends-tu cette allgorie? Oui, rpond Thals; le vase d'or, c'est l'es
prance; l'image divine, c'est le bonheur; Hannah, c'est l'homme. L'esprance
fait briller nos yeux le bonheur qui nous chappe sans cesse au moment o
nous croyons le saisir, et nous quittons la vie sans l'avoir connu.
Le hibou que tu vois ici symbolise la Prudence, sans doute par cette continuit
de la fable d'Ascalaphe chang en hibou par Crs pour le punir de son indis
crtion.
Regarde, la Vrit, YEsprance et la Sagesse; ces trois figures symbolisent les
arts et les sciences. Elles enseignent aux hommes :
1 La Vrit, se dfier du rapport des sens et n'admettre aucune proposi
tion vraie sans auparavant l'avoir examine;
2 L'Esprance, ne se laisser guider que par la raison et ne prtendre qu'
ce qui est bon et honnte; l'Esprance est un sage qui nous conduit, c'est un
ami qui nous conseille ;
Enfin, 3 la Sagesse, modrer nos passions, nos plaisirs, et supporter les
peines.
Regarde ce tableau : c'est l'homme riche et l'homme pauvre, dit Thals ;
l'homme riche, symbole dela Providence, est un ange de paix et de consolation,
plac entre Dieu et les hommes pour achever la distribution des biens de la
terre; c'est l'ambassadeur du ciel, comme l'aptre de la divinit, oblig de la faire
connatre ceux qui l'ignorent, de la disculper aux yeux de ceux qui l'accusent ;
et tel que l'astre du jour, dont la marche clatante parle tous les yeux de la
gloire de son auteur, le riche, par ses bienfaits, parle au cur de tous les
hommes; et, selon qu'il est avare ou gnreux, sensible ou inexorable, il devient
pour les peuples un objet de terreur ou de consolation, un dieu s'il est bienfai
sant, un monstre s'il est barbare.
Qu'est-ce que le pauvre aux yeux du monde? C'est un tre isol, proscrit, triste
rebut de la nature entire, qui la misre a comme imprim sur le front un ca
ractre de honte et d'ignominie; errant fugitif, et comme retranch du reste des
humains; on ne l'approche qu'en tremblant, on ne le rencontre qu'avec peine;
l'humanit en lui n'a plus de droit, le malheur plus de dignit; on ne le plaint
pas, on le secourt avec dgot, et, rduit rougir de son existence, il semble
qu'en devenant malheureux il a cess d'tre homme :
L'autel des parfums symbolise nos vux qui se lvent vers le Sublime Archi
tecte des mondes toujours purs, et au-dessus des passions humaines.
Cette figure que tu vois compose de cinq triangles se nomme Pentalpha ; elle
est l'emblme de la paix et de l'accueil fraternel.
La ruche est l'emblme de l'obissance, et l'abeille symbolise te travail.
Les sept lumires du grand chandelier symbolisent les sept plantes.
Le soleil est le symbole de la vie.
La lumire place l'Orient est l'emblme de la vertu : elle nous rappelle sans
cesse que la vertu soutient l'difice social, que sans elie il n'est pas de bonheur
rel.
Le franc-maon symbolise l'intelligence; c'est celui qui concourt par son travail
la formation d'une doctrine qui a la puissance matrielle pour base.
Les archologues affirment que dans l'antiquit toute science tait symbolise
dans une construction, et que, dans le langage des potes, une ville btie, ce
n'tait pas des pierres entasses, c'tait des institutions fondes.
C'est ainsi que Neptune, dieu du raisonnement, et Apollon, dieu des choses
caches, se prsentent chez Laomdon en qualit de maons pour construire la
ville de Troie, c'est--dire former la grande religion troyenne.
Le lotus symbolise l'oubli des sentences mondaines.
Le ciseau est l'emblme du travail.
Le banquet symbolise le triomphe de la lumire sur les tnbres, la vrit sur
l'ignorance et l'erreur, l'amour de l'humanit sur l'gosme ; la chaleur rchauffe
les curs engourdis; une tincelle suffit pour renverser un sicle d'erreurs et
et pour fondre des montagnes de glace.
Les symboles numriques qui se trouvent tracs dans ce cadre en caractres
hiroglyphiques sont en usage chez les Orientaux, et l'on peut les regarder comme
le berceau de la morale.
L'unit est le symbole de l'harmonie gnrale; elle reprsente le centre invi
sible, la source fconde de toute ralit, le caractre sublime et le sceau du
Grand Architecte des mondes.
Le nombre deux symbolise la science funeste du bien et du mal; il exprime
aussi l'tat de mlange dans lequel se trouve la nature humaine, la nuit et le
jour, la lumire et les tnbres, le froid et le chaud, l'erreur et la vrit.
Le nombre trois symbolise le plus auguste mystre, qui est celui du triangle
sacr objet de notre culte. Il n'y a que trois figures dans la gomtrie, puisqu'il
n'y a point d'espace autour d'un point donn, qu'on ne puisse galer un trian
gle; on distingue sur tous les principes naturels : le sel, le soufre et le mercure;
on ne reconnat que trois lments, trois rgnes de la nature : le rgne animal,
le feu; le rgne vgtal, l'eau (elle fait germer), et le rgne minral (la terre
matrice). Ainsi le ternaire reprsente non-seulement la surface, mais encore le
principe de la formation des corps.
Le nombre quatre est considr dans nos mystres comme l'emblme du mou
vement et de l'infini; il est le symbole du principe ternel et crateur. Aussi le
Grand Matre communique-t-il ses disciples, sous le nom de quaternaire, le
64 LE RAMEAU 1 0K D ELEUSIS
nom ineffable de Jhovah, qui veut dire source de tout ce qui a reu l'tre, qui
est de quatre lettres en hbreu.
Le quatre se trouve la premire figure solide, le symbole universel de l'immor
talit. Si le trois fait la base triangulaire de la pyramide, c'est l'unit qui en fait
le sommet. Enfin on ne saurait nommer une seule chose qui ne dpende pas du
quaternaire comme la racine. L'esprit immortel a pour hiroglyphe essentiel le
quaternaire.
Le nombre cinq est form du ternaire et du binaire, symbole de ce qui est faux
et double; il exprime l'tat d'imperfection, d'ordre et de dsordre, de bonheur et
d'infortune, de vie et de mort qui se voit sur la terre. Le quinaire, sous un rap
port diffrent, est l'emblme du mariage, parce qu'il est compos de deux, pre
mier pair, et de trois, premier nombre impair; aussi Junon, prsidant l'hymne,
avait-elle pour hiroglyphe le nombre cinq.
Le nombre six est l'emblme frappant de la nature comme prsentant les
dimensions de tous les corps. Les lignes qui en composent la forme indiquent les
directions du Nord, du Midi, de l'Orient et de l'Occident, et les lignes de hauteur
et de profondeur rpondent au znith et au nadir.
Les sages appliquent le nombre senaire l'homme physique.
Le nombre sept est l'emblme de tout ce qui est parfait; il renferme en lui de
grands et sublimes mystres. Les sages prtendent qu'il rgit l'univers : c'est
dans cette pense qu'on a exig sept officiers principaux pour diriger les travaux.
Il rappelle les sept jours de la cration du monde, les sept sphres clestes aux
quelles correspondent les sept jours de la semaine , les sept couleurs primitives ;
les sept tons de l'harmonie, les sept mtaux, les sept filets colors de la lumire
enfin tous ces phnomnes naturels confirmrent les anciens sages dans l'emploi
de ce symbole.
Le nombre huit est le symbole de la concorde, de l'amour et de la paix.
Le nombre neuf, compos de trois fois trois, tait clbre dans l'antiquit
d'aprs les gymnosophistes de l'Inde : chacun des lments qui constituent nos
corps est ternaire, et offre l'esprit l'emblme de la matire qui le compose sans
cesse nos yeux, aprs avoir subi mille dcompositions. Ce nombre est devenu
le symbole de toute corporisation, car toute tendue matrielle, toute ligne circu
laire a pour signe reprsentatif le nombre neuf. Ce nombre a la proprit de se
reproduire sans cesse, et il offre l'esprit un emblme bien frappant : les
360 degrs, valeur de la circonfrence.
Le nombre dix est l'emblme des merveilles de l'univers; l'unit est place au
milieu du zro comme le centre d'un cercle. Ce chiffre tait pour les anciens
le symbole et la lettre initiale du Sublime Architecte des mondes; ils voyaient en
lui le centre, le rayon et la circonfrence, qui leur reprsentaient Dieu, l'homme
et l'univers. Hors de l'unit, tout est nant, a dit Pythagore; ce n'est que par
elle que toutes choses subsistent.
Regarde cet homme au visage vnrable, au regard doux et bienveillant, por
tant une longue barbe plus blanche que la neige, c'est Zoroastre qui, au milieu
d'un vestibule cent portes, conduisant toutes la sagesse, s'occupe concen
LE RAMEAU D'OR d'eLEUSIS 65
trer le feu cleste dans le foyer d'un miroir concave (les principes de Zoroastre
sont appels portes du Sadder et sont au nombre de cent).
Les hiroglyphes placs au bas de ce tableau signifient ces paroles : Dans le
doute, si une action est bonne ou mauvaise, abstiens-toi.
Regarde la statue A'Jsts, premier lgislateur du monde. Isis fut un sage venu des
rives de l'Euphrate; un enthousiaste dont le gnie tait aussi vaste que son
imagination paraissait brillante. Sa lgislation religieuse est un beau pome dont
le sujet est un nouvel univers qui doit son existence la muse cratrice du pote
s'lanant dans les rgions de l'Empyre; il laisse avec ddain la terre sous ses
pieds pour planer majestueusement dans les rgions clestes : ses regards auda
cieux ont fix l'ternel sur son trne, les secrets de la cration lui ont t rvls;
enfin, il a connu le mcanisme de ces ressorts qui font mouvoir l'univers.
Fondateur de notre sublime institution, la reconnaissance publique fit elle-
mme l'apothose de cet illustre lgislateur, et la postrit confondit bientt Isis
avec la divinit dont il avait t la fidle image sur la terre. Mais revenons aux
symboles.
La parole du matre symbolise la rgnration; ce mot signifie littralement
produit de la putrfaction, et donne l'ide de la condition ncessaire au dvelop
pement des autres tres et aux principes des nouvelles existences. Les mmes doc
trines se manifestent dans les emblmes du matre parfait, le cercle et l'querre;
le premier vient expliquer la succession ternelle des tres aliments par la mort
et la vie, et le deuxime se rapporte aux quatre lments, qui dtruisent et rg- !
nrent les tres. I
La mer d'airain sert la purification par l'eau : elle est soutenue par douze bou-
villons qui symbolisent les douze mois de l'anne, dont trois regardent l'Orient,
trois l'Occident, trois le Midi, trois le Nord, faisant ainsi allusion aux quatre saisons.
Le candlabre sept branches et sept lumires symbolise les sept sciences
auxquelles les initis doivent s'adonner.
L'autel des pains de proposition (agape) est l'emblme de l'union.
L'ancre symbolise 1 esprance.
L'agra (temple), est le symbole de l'univers.
La nappe blanche qui dcore l'autel des derniers serments est l'emblme de la
candeur. Pour blanchir cette nappe, il a fallu que la plante y parvint par la ma
cration et qu'elle se dpouillt de son corce ; il faut, pour parvenir cet tat de
perfection, que l'initi travaille pour se dpouiller des prjugs et des vices qui
l'environnent.
La farine (G.-. Elus ec.-.) symbolise la beaut.
Cette colonne renverse symbolise une loge compose de FF.-, indiscrets et
vicieux.
Le bruit des armes symbolise la force morale que le nophite doit acqurir
pour figurer dignement dans le combat qu'il doit livrer aux vices, aux prjugs et
l'ignorance
Hiram, fils de Cet (le feu), est, sous le rapport astronomique, l'emblme du
soleil, le symbole de sa marche apparente.
s
60 LE HAMEAD d'OR D'ELEUSIS
CODE MAONNIQUE
Aimer Dieu d'un amour suprme,
Avec respect, crainte et foi,
Kt son prochain comme soi-niuie,
C'est le sommaire de la loi.
ARTICLE I
DEVOIRS ENVERS DIEU
Ton premier hommage appartient Dieu ; adore l'tre suprme qui cra l'uni
vers par un acte de sa volont, qui le conserve par un effet de son action continue,
qui remplit ton cur, mais que ton esprit faible no peut concevoir ni dfinir.
Plains le triste dlire de celui qui ferme les yeux la lumire et marche au milieu
d'paisses tnbres; que ton cur, reconnaissant des bienfaits de ton Crateur,
rejette avec mpris ces vains sophismes qui prouvent la dgradation de l'esprit
humain lorsqu'il s'loigne de sa source; mais sois tolrant, garde-toi de har ou de
perscuter; la divinit ne t'a pas commis le soin de venger ses injures; contente
IE rameau d'or d'eleusis 67
toi d'aimer et de tolrer. Maons, enfants d'un mme Dieu! que ce lien d'amour
nous unisse troitement et fasse disparatre tout prjug contraire notre con
corde fraternelle.
lve souvent ta pense au-dessus des tres matriels qui t'environnent et jette
un regard de dsir dans les rgions suprieurs qui sont ton hritage et ta vraie
patrie, car la vie terrestre, crois-le bien, n'est pas la fin de l'homme; fais Dieu le
sacrifice de ta volont et de tes dsirs, et rends toi digne de tes destines en rem
plissant comme homme les devoirs qui te sont imposs sur celte terre.
ARTICLE II
IMMORTALIT DE L'AME
ARTICLE III
DEVOIRS ENVERS LA PATRIE
Si ton premier hommage appartient Dieu, le second appartient ta patrie; tu
dois la chrir et l'honorer comme un fils vertueux chrit et honore sa mre; soumis
aux lois de ton pays, rien ne saurait te dispenser de ce devoir, quelle que soit
la condition o le hasard t'ait plac, lors mme que la patrie aurait t martre
ou ingrate envers toi.
ARTICLE IV
DEVOIRS ENVERS SA FAMILLE
Aprs avoir satisfait tes devoirs envers Dieu et ta patrie, considre ta famille,
fils, poux et pre ; chacun de ces tats comporte des obligations nombreuses et
sacres; applique-toi les remplir, elles te deviendront faciles.
Pourrais-tu jamais onblier ce que tu dois aux auteurs de tes jours : dans l'ge
mr, honore, respecte ton pre, mais rends surtout ta mre, en gards, en ten
dresse, le prix des soins dont elle entoura ton jeune ge, et, s'il en est besoin,
l'exemple du pieux fils de No, couvre leurs dfauts du manteau filial; tu en
seras bni.
68 LE RAMEAU D'OR d'eLEUSIS
L'amour parle ton cur : lve de la sagesse, loin de toi les dsirs corrup
teurs, loin de toi les plaisirs faciles; ne choisis pas ta compagne parmi les plus
belles et les plus riches; tche d'obtenir la plus vertueuse, efforce-loi ensuite
d'tre digne d'elle; car l'amour seul est le salaire de l'amour, et le vice ne peut
sympathiser avec la vertu.
Si le ciel a bni ton hymen, souviens-toi que l'enfant au berceau est un citoyen
que la patrie t'a confi ; fais germer dans cette jeune me le principe de toutes les
vertus, c'est une noble tche.
Chef de famille, tu dois protger et instruire cette nouvelle tribu; Maon, un
noble orgueil t'est permis ; sois le premier de ta race, n'en sois pas le dernier :
n'oublie jamais le respect d la vieillesse, si tu veux, vieillard ton tour, rece
voir les hommages des jeunes hommes : les vieillards sont les tmoins des anciens
jours !
ARTICLE V
DEVOIRS ENVERS L'HUMANIT EN GNRAL
L'univers est la patrie du Maon ; rien de ce qui regarde l'homme ne lui est
tranger, tous les hommes doivent donc tre frres. Comme toi, ils ont une me
immortelle, les mmes organes, le mme besoin d'aimer, le mme dsir d'tre
utiles; viens donc dans nos temples, car la sainte humanit y a son autel. Vois
avec respect cet difice majestueux, destin resserrer les liens trop relchs de la
morale et de la F rat.-.; unis par un langage mystrieux, les Maons rpandus sur
tout le globe, partout o les lumires ont pntr, ne forment qu'une seule
famille, un seul peuple de FF.-.; un lien sublime runit ce peuple innombrable;
c'est la bienfaisance, la bienfaisance qui n'est pas la vertu, mais sans laquelle la
vertu ne saurait tre.
ARTICLE VI
LA BIENFAISANCE
Cr l'image de Dieu, qui rpand le bonheur sur tous les hommes, rapproche-
toi de ce modle infini par une volont constante, verse sans cesse sur tes sem
blables toute la masse de bonheur qui est en ton pouvoir, car tout ce que l'esprit
peut concevoir de bien est le patrimoine du Maon.
Tout tre qui souffre a des droits sacrs sur toi; n'attends point que le cri
perant de la misre te sollicite; prviens et rassure l'infortune timide; n'empoi
sonne pas, par l'ostentation de tes dons, les sources d'eau vive o le malheureux
doit se dsaltrer; ne cherche pas le prix de ta bienfaisance dans de vains ap
plaudissements, mais dans le suffrage tranquille de ta conscience. Si la Provi
dence librale l'a accord quelque superflu, au lieu d'en faire un usage frivole ou
criminel, elle veut que, par un mouvement libre et spontan de ton me gn
reuse, tu rendes moins sensible la distribution ingale des biens. Jouis de cette
prrogative; que jamais l'avarice, cette passion sordide, n'avilisse ton caractre;
LE RAMEAU D OR D ELEUSIS 69
que ton cur se soulve aux calculs froids et arides qu'elle suggre : que ta bien
faisance soit active, ingnieuse, mais surtout claire par une prudente sagesse.
Si tu sens ton impuissance suflirc seul au bien que tu voudrais faire, viens
encore dans dos temples, apporte une brandie au faisceau sacr de bienfaits qui
nous unit; concours, selon tes facults, aux plans et aux tablissements utiles
que l'association maonnique te prsentera : tu apprcieras bientt les fruits de
la combinaison des forces et de leur concentration sur un mme objet; que ta
bont s'tende sur toute la nature; l'insecte qui n'est pas nuisible a droit de vivre,
ne l'crase point sans raison; ne sois donc pas cruel envers les animaux, compatis
au contraire leurs souffrances, et ne crains pas d'tre ridicule en les dfendant
contre la brutalit stupide.
ARTICLE VII
DEVOIRS ENVERS SON PROCHAIN
Sois affable et officieux envers tout le monde, difie par ton exemple, aime ton
prochain, prends part la flicit d'autrui, ne permets jamais l'envie de s'lever
un seul instant dans ton sein, ton me serait bientt en proie la plus triste des
furies.
Sois tolrant, parce qu'il n'est pas juste d'imposer ton opinion des hommes
dous, comme toi, de la facult de raisonner.
Pardonne ton ennemi, ne te venge que par des bienfaits; ce sacrifice gn
reux te procurera les plaisirs les plus purs, et tu deviendras la vive image de la
divinit qui pardonne avec une bont cleste les offenses des hommes et les com
ble de grces malgr leur ingratitude ; rappelle-toi que c'est l le triomphe le plus
beau sur l'instinct. Maon oublie les injures, mais jamais les bienfaits.
ARTICLE VIII
PERFECTION MORALE DE SOI-MME
Que des murs chastes et svres soient tes compagnes insparables; que ton
me soit pure, droite et vraie.
Que la modestie soit ta loi; l'orgueil est l'ennemi le plus dangereux, il entre
lient l'homme dans une confiance illusoire de ses forces; ne considre donc
jamais le terme o tu es venu, ta course en serait ralentie, mais celui o tu dois
arriver. La courte dure de ton existence te laisse peine l'espoir d'y atteindre;
te ton amour propre l'aliment dangereux de la comparaison avec ceux qui sont
derrire toi; sens plutt l'aiguillon d'une mulation vertueuse en voyant des mo
dles plus accomplis. La route de la vertu est aussi facile que celle du vice , il
suffit d'y entrer; cette marche sera aise si, de bonne heure, tu l'es soumis au
joug de la temprance, sans laquelle il n'est point de sagesse; la temprance est
la mdecine universelle au physique comme au moral; sois sobre, frugal et mo
dr, tu prviendras ainsi les maux du corps et de l'esprit.
tudie enfin le sens des hiroglyphes et des emblmes. La nature voile ses se
crets; elle veut tre observe, compare et surprise souvent dans ses effets. De
toutes les sciences dont le vaste champ prsente les rsultats les plus heureux
l'industrie de l'homme, et l'avantage de la socit, celle qui t'enseignera les rap-
j ports entre Dieu, l'univers et toi, comblera les dsirs de ton me cleste, et
t'apprendra mieux remplir tes devoirs.
ARTICLE IX
Dans la foule immense des tres dont cet univers est peupl, tu as choisi, par
un vu libre, les Maons pour tes frres. N'oublie donc jamais que tout Maon,
de quelque pays, religion ou condition qu'il soit, en te prsentant sa main droite,
symbole de la franchise fraternelle, a des droits sacrs sur ton assistance et ton
amiti. Fidle au vu de la nature, qui fut l'galit, le Maon rtablit dans ses
temples les droits originaires de la famille humaine; il ne sacrifie jamais aux pr
jugs populaires, et le niveau sacr assimile ici tous les tats. Respecte, dans la
socit civile, les distances tablies ou tolres par la Providence; mais n'entre
dans nos temples qu'avec l'escorte de tes vertus.
Ne rougis jamais en public d'un homme obscur, mais honnte, que dans nos
loges tu embrassas comme frre; l'ordre rougirait de toi son tour et te renver
rait avec ton orgueil pour l'taler sur les thtres profanes du monde.
Si ton frre est en danger, vole son secours, et ne crains pas d'exposer pour
lui ta vie ; s'il est dans le besoin, verse sur lui tes trsors et rjouis-toi d'en pou
voir faire un tel emploi; tu as jur d'exercer la bienfaisance envers les hommes
en gnral, tu la dois surtout ton F.-. qui gmit et t'implore.
Si ton cur, ulcr par des offenses vraies ou imaginaires, nourrissait quelque
inimiti secrte contre un de tes frres, dissipe l'instant le nuage qui s'lve;
appelle ton secours quelque arbitre dsintress ; rclame sa mdiation frater
nelle ; mais ne passe jamais le seuil du temple avant d'avoir dpos tout senti
LE RAMEAU D'OR d'eLEUSIS 71
ARTICLE X
DEVOIRS ENVERS L'AMITIE
Il te faut un ami : choisis-le de bonne heure, car la vie est courte ; qu'il soit
le plus digne entre tous ceux que tu connais, il sera ton Mentor. Dieu te garde
qu'il descende au rle de complaisant, il deviendrait bientt le complice de tes
passions, loin de t'aider les vaincre. Un vritable ami est un trsor, trois fois
heureux qui l'obtient! Lent former les nuds de l'amiti, sois encore plus lent
les dlier.
ARTICLE XI
DEVOIRS ENVERS L'ORDRE
n'a ni commencement ni tin ; et les neuf lettres places dans le cercle signifient :
beaut, sagesse infinie, misricorde, science, ternit, perfection, justice, tendresse
et cration (7e degr).
Les cinq rayons de l'toile flamboyante symbolisent : les cinq ordres d'architec
ture, les cinq sens de nature sans lesquels un homme ne peut tre parfait, les
cinq lumires du temple, les cinq zones de la terre, les cinq points de fidlit :
agir, intercder, prier, aimer et secourir nos FF.'.
Le triple triangle avec la clef d'or est l'emblme de la triple essence de la di
vinit.
Cette croix rouge borde d'or est l'emblme de la force et de la puret de nos
murs.
Cette bannire noire que tu vois est l'emblme de la vertu mprise, du vice
qui triomphe.
La cruche d'eau symbolise la soif des sciences.
Le carquois garni de flches est l'emblme du pouvoir de l'loquence.
Regarde Minerve : sous la forme d'un hibou, cette allgorie symbolise l'homme
sa naissance (il est aveugle) ; la lumire lui arrive par l'exprience et la
philosophie.
Ces deux colonnes, au milieu desquelles est un griffon poussant une roue
devant lui, symbolisent l'Orient et l'Occident; le griffon est l'emblme du soleil,
et de la roue du centre, partent quatre rayons qui figurent les quatre saisons.
Ouvre cette porte : regarde, Typhon est assis; Orus s'approche de lui, Typhon
se lve et se montre sous une apparence effrayante; tout son corps est couvert
d'cailles, et ses bras ont une longueur dmesure. Sans se laisser dcourager par
cet pouvantable aspect, Orus s'avance vers le monstre, il le terrasse, et son corps
produit un torrent de feu. Typhon est l'emblme du feu. l'agent le plus terrible,
et sans lequel rien ne peut se faire dans ce monde; Orus est l'emblme du travail
et de l'industrie, l'aide desquels l'homme excute de grandes et utiles entre
prises, en parvenant dompter la violence du feu, diriger sa puissance et
s'approprier ses effets.
Ce lion dans un ciel orageux symbolise la fore."; qui rsiste aux passions hu
maines.
Isis et Osiris sont l'emblme de !a nature.
Aprs avoir donn Thaes l'explication de tous les objets qui se trouvent ren
ferms dans le temple des symboles, le Thesmosphors lui demande quel est le
plus modeste des hommes.
R.\ C'est celui qui se connat le mieux, dit Thals; le plus humble est rput
pour tre le plus sage.
D.'. Qu'est'ce que le bonheur?
R.\ Le bonheur, c'est l'amour... traduction sacre de tout ce qui est vrai, sim
ple et grand dans le monde moral comme dans le monde physique ; reflet de l'im
mense harmonie qui rgit la cration entire et vers laquelle l'homme gravite in
cessamment; lumire sublime, qui, lors mme qu'elle n'inonde pas nos curs,
devrait au moins leur prter son ombre tutlaire. Quand doue se dtacheront pour
LE RAMEAU D OR D ELEUSIS 73
l'homme vos voiles mystrieux, ces voiles au travers desquels il ne rve le bon
heur que dans un autre monde.
En ce moment le fond du temple s'ouvre; trois soleils brillaient ensemble
l'Orient; les patriarches, grands conservateurs de l'ordre, descendent d'une vaste
galerie en marbre de Paros; les lvites s'avancent professionnellement au devant
de Thals, la bannire se droule devant lui, l'encens brle sur le trpied mys
tique, et le grand hirophante annonc par tant de splendeur apparat enfin au
milieu d'un flot de lumire, et il dit d'une voix forte et sonore, en s'adressant
Thals :
Abhorre la superstition, adore Dieu, qui, en te crant intelligent, libre et capa
ble de vertu, t'a constitu l'arbitre de ta destine.
coute la voix de la nature qui te crie : Tous les hommes sont gaux, ils ne
forment qu'une seule famille : sois tolrant, jusie, bon, et tu seras heureux.
Que toutes tes actions soient diriges vers le bien public; juge- les d'avance;
si l'une d'elles te parat douteuse, abstiens-toi.
Pratique la vertu ; elle fera le charme de ton existence. La vertu consiste dans
un mutuel change de bienfaits.
u Ton bonheur est insparable de celui de tes semblables; fais-leur tout le bien
que tu voudrais qu'ils te fissent ; porte le dvouement l'humanit jusqu'au sacri
fice de ta vie.
Souviens-toi que la morale est universelle; son texte sacr est grav dans le
cur de tous les hommes. Observe religieusement les lois; quiconque les trans
gresse est infailliblement puni.
Le juste, fort de sa conscience, ne peut tre malheureux; il brave mme tous
les genres d'injustice et de proscription, et s'en remet avec confiance la justice
suprme, du triomphe de la vertu et du chtiment du crime.
Le mchant subit dans sa conscience un supplice invitable; il n'est point
d'eaux lustrales qui puissent teindre le feu du remords.
N'oublie pas que ton me est immatrielle et ne peut se dissoudre avec ton
corps, dont les lments eux-mmes sont ternels; garde-toi de la dgrader par
le vice.
Rappelle-toi sans cesse que ta flicit doit tre ton propre ouvrage; pense
la dignit de ton espce place par Dieu au-dessus de tous les tres.
Aprs cette allocution, un homme au visage vnrable, au regard doux et
bienveillant, s'approche de Thals et lui dit : Jure obissance et soumission
nos lois sacres. Thals jure et crit ce serment sur le livre sacr, alors le grand
hirophante pose la pointe de son glaive sur sa tte et le constitue patriarche.
Ensuite, aprs lui avoir communiqu en silence les derniers mystres, il lui dit :
Va rpandre sur la terre les vrits sublimes que tu viens d'apprendre, mais
surtout ne choisis et n'accorde cette faveur qu' ceux qui s'en rendront dignes, et
n'oublie pas que
L'homme passe ici-bas voyageur phmre :
Le terme du voyage est pour tous un mystre;
Tenons-nous prls toujours.
74 LE KAMEAC D'OR D'ELEUSIS
L'gyptea toujours t regarde chez les anciens peuples comme la mre des
arts et des sciences; la Grce lui dut sa religion, sa philosophie et ses institu
tions; Hsiode fut son premier pote, Hrodote son premier historien; Thals et
Pythagore ses premiers philosophes, Isis et Solon ses premiers lgislateurs; enfin
tous ceux qui ont contribu plus ou moins aux progrs de la civilisation ont fait,
pour ainsi dire, un plerinage en Egypte : les ruines immenses dont le sol est
couvert suffiraient pour attester l'antique splendeur de cette contre.
Des temples, des palais, des colosses, que le temps ni les hommes n'ont pu d
truire, peuvent donner une ide du degr de puissance et de perfection o les
gyptiens avaient port les arts. LaThbade est un pays enchant o vingt cits
offrent ces grands difices antiques, chels-d'uvre de l'architecture, non-seule
ment par leurs masses imposantes, mais par leur caractre grave et religieux, par
leur belle et simple ordonnance, par l'lgante et sage disposition des sculptures
emblmatiques qui les dcorent, et par la richesse inconcevable de leurs orne
ments, qui ne sont jamais insignifiants; Thcbes, clbre par Homre, aprs
vingt-quatre sicles de dvastation, en est encore la plus tonnante merveille :
on se croit dans un songe quand on contemple l'immensit de ses ruines, la gran
deur et la majest de ses difices, et les restes innombrables de son antique magni
ficence; mais les plus merveilleux sont, sans contredit, les Pyramides, ces cons
tructions colossales que l'on a peine se figurer leves par la main de l'homme,
tant elles supposent d'efforts et de puissance.
TRAVAUX COMPLETS
DU
PRLIMINAIRES
CABINET DE RFLEXION
lampe spulcrale, une critoire, une plume, du papier blanc et une chaise pour
le nophyte; au fond de la salle est une porte devant laquelle se trouve un cer
cueil.
On donne au candidat des questions rsoudre par crit; c'est le seul moyen
de fixer son attention, au lieu de l'abandonner de vagues rveries; ses rponses
sont plus prcises et plus rflchies, et la rception est intressante et utile.
On lit sur les murs les inscriptions ci-aprs :
Aime les bons, plains les faibles, fuis les mchants, mais ne hais personne.
h N'oublie pas que l'homme est fragile, et que pendant sa vie il est l'esclave de
la ncessit, le jouet des vnements... Mais console-toi, car la mort t'attend, et
dans son sein est le repos...
a L'homme le plus parfait est celui qui est le plus utile ses Frres...
R.-. F.-, premier surveillant, tous les FF.-, de ma colonne sont apprentis
Maons.
Celui-ci frappe aussi un coup et rple :
R.-. Vnrable, tous les FF. . de l'une et de l'autre colonne sont App.-.
Maons.
D.-. F.-, deuxime surveillant, quelle est votre place en Loge?
R.-. A l'angle de la colonne du septentrion.
D.-. Pourquoi, F.-, deuxime surveillant?
R.-. Pour veiller au maintien de l'ordre, la parfaite excution des travaux,
prvoir et transmettre au premier surveillant les difficults qui peuvent surgir, et
obtenir les solutions que ncessite le parfait dveloppement des questions sou
mises l'apprciation de notre Resp.-. Loge.
D.-. O se tient le premier surveillant?
R.-. A l'angle de la colonne, du midi l'occident.
D.-. Pourquoi, F.-, premier surveillant?
R.-. Pour donner le signal de la suspension des travaux, aider le Vnrable
dans l'enseignement et le dveloppement des travaux du premier degr maon
nique.
D.-. O se tient le Vnrable?
R.-. A l'orient.
D.-. Pourquoi, F.-, premier surveillant?
R.-. Le Vnrable se tient dans cette partie pour ouvrir les travaux et rpandre
sur la Loge des flots de lumire et de vrit.
D.-. F.-, deuxime surveillant, quelle heure s'assemble la Loge?
R.-. Lorsque le soleil est entr au mridien.
D.-. Quelle heure est-il, F.-, premier surveillant?
R.-. Il est l'heure de nos travaux, Vnrable.
Puisqu'il est l'heure de nous mettre en activit, joignoz-vous moi, FF.-.
premier et deuxime surveillants, pour demander au Sublime Architecte des
mondes de bnir nos travaux, qu'ils soient conformes sa loi et qu'ils n'aient
d'autre but que la gloire de son nom, la prosprit de l'ordre et le bien gnral
de l'humanit.
Le Vn.\ descend de l'autel, tenant son maillet en main, et va se placer au
milieu du temple, en face de l'orient, ayant ses cts les deux surveiltants. De
vant le Vnrable brlent des parfums, et derrire, entre les deux colonnes
et B.'., sont les FF. . des crmonies, le grand expert et le F.-, couvreur.
Tuus les FF.-, se tournent vers l'orient. Le Vnrable s'incline et dit haute
voix :
.i Matre souverain de l'immensit, nos penses et nos curs s'lvent jusqu'au
pied de ton trne cleste, pour rendre hommage la perfection de tes plans ter
nels; nous nous prosternons devant les lois de ta sagesse infinie : dirige nos tra
vaux, claire-les de tes lumires, carte de nos yeux le voile fatal de l'inexprience,
afin que tes enfants ne s'loignent jamais de la ligne droite, qui doit un jour les
conduire au point parfait du triangle 1...
LE RAMEAU D'OB b'eLEUSIS 79
Le Vn.-. remonte l'avtel, frappe trois coups suivant la batterie, qui sont r
pts par les deux surveillants . et, glaive en main, il dit :
A la gloire du Sublime Architecte des mondes, au nom et sous les auspices du...
les travaux de la Resp.-. Loge de
sont en activit. A moi, trs-ehers frres.
Signes, batterie et acclamation du premier degr. Tous les FF.-., ayant les yeux
fixs sur le Vnrable, suivent exactement ses mouvements. Ensuite le premier
Surv. . . dit :
F.-. deuxime surveillant et FF.-, qui dcorez ma colonne, les travaux sont
en activit.
Le deuxime surveillant rpte l'annonce, aprs quoi le Vn.-. dit :
En place, mes frres.
MODLE
LES VISITEURS
Les FF.-, visiteurs sont introduits dans la salle d'attente, o ils doivent ins
crire, sur le livre appel Registre de prsence, leurs noms, prnoms, leurs grades
et le titre des Loges auxquelles ils appartiennent. Avant d'introduire un visiteur
dans le temple, le Vnrable fait remettre son certificat l'orateur, pour le vrifier,
et il envoie le grand expert dans le parvis pour le tuiler; aprs cet examen, le
matre des crmonies est invit l'introduire, en dsignant son degr maonni
que, afin qu'il en reoive les honneurs prescrits par les statuts.
Il donne en entrant dans le temple, au F.-, couvreur, soit le mot de passe,
soit le mot de semestre (suivant le rite) : il est conduit la place qui lui est
destine.
Quand cet examen est termin, le Vn.-. frappe un coup, et dit :
Debout et l'ordre, mes FF.-.
A ce moment, le matre des crmonies introduit les FF. . . visiteurs.
Lorsque les visiteurs sont des hauts dignitaires de l'ordre, le Vn.-. dit :
Ouvrez-vous en leur prsence, portiques de notre temple! Orient vnr, jette
tes plus clatantes splendeurs! Que les toiles, en nombrp sacr et dans un ordre
mys-tique, se rendent leur rencontre; que l'harmonie clbre leur venue ; que
l'tendard droule devant eux ses plis glorieux, et que nos illustres FF.-, pn
trent dans le sanctuaire de la vrit, environns des suprmes honneurs dus
leur minente dignit!...
F.-, matre des crmonies, conduisez les trs-chcrs FF.-. visiteurs aux places
qui leur sont destines. En place, mes FF.-. (Voiries Statuts gnraux, honneurs
maonniques).
.RCEPTION
Le G.'. expert sort et revient faire son rapport; s'il est affirmait/, le Vin.-, dit :
Retournez auprs du profane, assurez-vous de sa personne, faites en sorte
qu'il ne puisse rien entendre de ce qui se passe parmi nous, et attendez prs de
lui les ordres de l'atelier pour le soumettre aux preuves ou l'carter tout fait de
ces lieux.
Le G.'. expert sort.
Ds que cet ordre est excut, le Vn.'. reprend :
Mes trs-chers FF.-. , les renseignements qui nous sont parvenus sur le pro
fane N.-. lui ayant t favorables ainsi que les conclusions du F.-, orateur, l'ordre
du jour indique sa rception. tcs-vous d'avis qu'il y soit procd?
Si les FF.-, de l'At.-. se prononcent pour l'affirmative (ils doivent tous lever la
main pour marquer leur approbation), le Yen. -, ajoute :
Nous allons avant tout recevoir le serment du F.-, qui a prsent le profane.
a Aussitt la proposition faite la Loge d'un profane , le secrtaire affichera sur
le tableau ce destin, les nom, prnoms, profession, demeure, age et lieu de
naissance du candidat; la tenue suivante, le Vn. . . consultera les FF.-, sur l'ad
mission ou le rejet du profane ; aprs les claircissements convenables, il fera cir
culer le scrutin, lequel sera toujours secret.
Si le scrutin lui est favorable, le Vn.-. invitera le F.-, proposant accom
pagner le candidat chez le F. . . trsorier, pour acquitter les droits de rception, et
la tenue suivante, il sera admis aux preuves.
Debout et l'ordre, mes FF.-.
Tous les FF.-, se lvent.
La main gauche appuye sur le livre sacr de la loi et sur le glaire, symbole de
l'honneur, le F.-, proposant prononce la formule suivante ;
A la gloire du Subi.-. Arc.-, des mondes, en prsence des clatantes lumires de
cette respectable Loge, je jure sur le livre sacr de la loi et sur le glaive symbole
de l'honneur, que le nophyte que je prsente l'initiation est digne de cette
faveur, et je rponds de lui.
Le Vn.-. repond :
Je reois votre serment au nom de l'ordre; allez, mon trs-cher F.-., et que le
Dieu de paix demeure ternellement avec vous.
F.-, couvreur, allez auprs du profane et faites rentrer le F.-, expert.
Ce dernier tant entr, le Vn.-. lui dit :
Mon F.-., c'est vous qu'est confie l'importante mission de soumettre le no
phyte aux preuves physiques, de le diriger dans les voyages emblmatiques, et
de le faire passer par les lments qu'il doit traverser avant de parvenir la porte
du temple de la vrit; faites-lui avant tout faire les rponses aux trois questions
que je confie votre sagesse; allez, mon F.-., et que le Subi.-. Arc.-, des mondes
soit avec vous.
Le F.'. expert sort, et rentrant un instant aprs, il apporte la rponse aux trois
quetions, les bijoux et les mtaux qui taient en la possession du nophyte.
Le Vn.-. communique V Al.'. les rpontes qui ont t faites aux trois questions
suivantes :
G
|
S2 LE RAMEAU D'OR d'ELEUSIS
La Maonnerie, admettant les hommes de fous les pays et de foutes les religions,
vous ne ferez jamais de questions qui puissent blesser les croyances ni du nophyte,
ni de l'auditoire.
Il faut que le rcipiendaire emporte la plus '.avte opinion de noire sublime ins
titution et du V rable qui lui aura donn la lumire.
Vous ferez peu d'preuves physiques, elles ont trop d'inconvnients : le premier
est de nuire la gravit des rceptions, le second de ne point faire connaitre le
mrite du rcipiendaire ; vous vous en tiendrez autant que possible celles que nous
donnons ici et aux preuves morales.
PREMIER VOYAGE
Le F.*. terrible ouvre le cabinet noir, place le bandeau sur les yeux du candi
dat et il lui dit :
Pendant le voyage prilleux que tu vas entreprendre, n'oublie pas que l'obstacle
est l'preuve o se gagne le triomphe.
Ensuite, il lui fait faire en silence le premier voyage dans la rgion de l'air.
Le nophyte doit rencontrer mille obstacles dans sa march", le chemin qu'on
lut fait parcourir doit tre ingal ; arriv A la porte du parvis du temple, le F.*,
terrible frappe un seul coup, et la porte s'ouvre avec grand fracas; le F.*. grand
expert lui dit :
Arrt'', mortel audacieux, qui, sans 'rc pu:i'i, ose pntrer jusqu'ici; ap
prends que tu ne peux enuer dans le tem, ! de la v' qi'e parla mort. IV is-
tes-tu, en pisence de rctte dcaua'.'.on, l;e in'.i i nos p'vni' ;es? Consens'tu
quitter cette vie pi( aie de Rivalits, et hum lir les i\ voii s qui te seront
imposs?
R.\ Le nophyte dit : J'aspiie la sagesse, et je consens tout pour tre
initi.
Ici le noph ytc entre dans la. rgie de Voir, au milii u de la foudre et des clairs;
l'orage le plus cpoucuntable succde le calme le plus profond.
LE HAMF.AlT D'OH D'ELEUSIS 83
Le F.-. G.-, expert lui dit : Tu es sorti vainqueur de cet lment; mais songe
que pour arriver la vie de l'intelligence, il faut sonder sans terreur les mystres
de la mort physique La purification matrielle que tu viens de subir n'a aucune
valeur nos yeux, si ton me reste souille par des penses impures, si ta
vie n'a pas t chaste, et tes actions toujours guides par les conseils de la
sagesse. fconnais-tu l'art de diriger les passions?
H.-. Pour diriger nos passions vers le bien, il faut que notre me le sente, que .
notre esprit le connaisse, que notre cur l'aime, et que noire corps ait la force et
le pouvoir de le faire. Nous avons ce pouvoir ds que nous en avons la volont
ferme.
I).-. Livr une mditation profonde, en face d'objets lugubres, tu as d rfl
chir la vanit des choses de ce monde prissable, tu as sans doute compris aussi
par cette allgorie que pour entrer dans notre sublime institution, il fallait d
pouiller le vieil homme, mourir au vice pour renatre la vertu?
R.-. Oui.
D.-. Que penses-tu de l'obscurit dans laquelle tu es plong? des mtaux dont
tu as t dpouill, et de la chane de mtal qui te lie?
R.-. Je pense que le bandeau qui couvre mes yeux marque les tnbres de
l'ignorance dans laquelle vit tout homme sans instruction ; les mtaux tant l'em
blme des vices, il faut y renoncer pour devenir meilleur, et la chane doit tre le
symbole des prjugs de ce monde.
D.-. Consens-tu continuer ta route?
R.-. Je le dsire.
DEUXIME VOYAGE
Considre encore une fois les emblmes tic la mort que tu vois en ce lieu, et
souviens-toi que tu dois toujours vivre de manire pouvoir mourir chaque
instant, sans tre tourmente par quelque remords. Cet emblme (le coq) te pres
crit la vigilance et t'engage veiller sans cesse sur toi, afin d'viter toute action
mauvaise; ce symbole (le sablier) est l'image du temps qui s'coule avec rapidit,
Profite toujours du temps prsent, et n'attends jamais lorsque tu as l'occasion de |
faire le bien...
D.-. coute, rponds-moi. Quelle est la plus utile et la plus ncessaire de toutes
les connaissances?
R.-. C'est la connaissance de soi-mme; c'est elle qui apprend l'homme d
velopper, perfectionner toute sa nature, former son corps et son me, sentir
sa dignit et ennoblir tout son tre.
Le F.-, terrible lui remet un maillet et lui fait frapper un coup sur la pierre
brule. Le Vnrable lui dit :
Cette pierre brute est l'emblme de ton me, susceptible de bonnes ou de
mauvaises impressions; elle est galement le symbole de l'ge primitif de
l'homme.
Les premiers sacrifices, que la Bible et les traditions font remonter pour ainsi
dire la cration, se firent sur des pierres amonceles, qui consacrrent sur des
hauts lieux quelque grand souvenir.
Ces premiers autels, nomms belhel, s'levrent dans la C.haldc, dans la Jude
et l'gypte; ils taient forms de trois pierres brutes, disposes en forme de table
triangulaire; l'origine de cette pierre est donc de la plus haute antiquit.
Le F. -, terrible lui remet le bandeau sur les yeux, et il dit :
Le nophyte a accompli son deuxime voyage, il a travers l'lment de l'eau,
il en est sorti purifi, et il persiste dans sa rsolution.
D.\ Le Vn.'. dit: Puisqu'il persiste dans sa rsolution, veuillez, F.-, expert, lui
faire laire le troisime voyage, afin qu'il achve sa purification; vous l'abandon
nerez ensuite lui-mme, afin que le Sublime Architecte des mondes le conduise,
et que sa volont s'accomplisse.
TROISIME VOYAGE
.
LE RAMKAt d'OR D'ELEUSIS 85
Le Vn.-. dit :
Fn place, mes FF.-.
Le F.-, des crmonies fait asseoir le rcipiendaire au mitieu du temple, et le
Vn.-. s'adressant lui, s'exprime ainsi :
Je dois vous faire connatre que le premier principe d'un Franc-Maron est de
croire en Dieu et de l'adorer; son tude est de s'attacher distinguer le sacr du
profane et la lumire des tnbres.
R.-. C'est ma conviction.
D.-. Cette croyance fait honneur votre cur et votre raison, elle fait la base
de la vraie philosophie, et si quelques hommes doutent de l'existence de Dieu,
c'est qu'ils craignent sa justice.
D.'. Quelle ide aviez-vons de notre socit avant de vous y prsenter, et quel
est le motif qui vous a fait dsirer d'y tre admis?
R.-. J'ai toujours pens que la Franc-Maonnerie tait une socit toute
philanthropique, et que parmi les vertus qu'elle enseigne on doit placer au
premier rang l'abngation de soi-mme et le dvouement au bien-tre de
l'mimanit.
D.-. Vous tes dans le vrai, cette institution remonte la pins haute antiquit,
ses dogmes reposent sur les principes de la fraternit; sa mission, c'est l'tude
de la sagesse, qui sert discerner la vrit, c'est l'uvre bienfaisante du dvelop
pement de la raison et de l'intelligence, c'est le culte des qualits du cur humain
et la rpression de tous les vices.
Le Vnrable interroge le nophyte sur les questions qu'on lui a poses dans
le cabinet noir, dans le cas o elles ne seraient pas lu satisfaction de l'atelier.
L'ide qu'on se forme de nous dans le monde est fausse' on nous a reprsents
comme runis par des motifs vagues et ridicules; on nous dit ennemis de la
socit, et vous trouverez parmi nous les amis les plus ardents; on nous a peints
comme une socit sans principes religieux, et la morale religieuse est le fonde
ment de notre Ordre. Si nous admettons parmi nous l'honnte homme de tous les
cultes, c'est qu'il ne nous appartient pas de scruter les consciences, et ipie nous
pensons que l'encens de la vertu est agrable Dieu, de quelque manire qu'il
soit offert; la tolrance que nous professons n'est point le rsultat de l'athisme
ou de l'impit, mais seulement celui de J'indulgenCe et de la philosophie. Knfin,
on nous a reprsents comme une socit de gastronomes; vous allez connatre la
boisson qui sert nos repas.
Le F.-, des crmonies lui donne le rase d'amertume.
Cette coupe est emblmatique : l'amertume de ce breuvage symbolise la diffi
cult qu'on a de quitter les mauvaises habitudes qu'on a contractes ; suivez avec
courage le chemin de la vertu, et ne vous laissez jamais rebuter par les contra
rits que les passions pourront vous opposer.
D.-. Vous promettez d'tre bienfaisant, vrai, et d'obir strictement la loi
morale ?
11.-. Oui, je le jure.
LE HAMEAU D'OH d'ELEUSIS 87
SERMENT j
PROCLAMATION
la gloire du Sublime Architecte des mondes, et sous les auspices du..., je
proclame ds prsent, et pour toujours, membre de cette Resp.-. Loge, le
T.-. Ch.-. F.-, (nom et prnoms) au grade d'apprenti Maon, et vous tes invits,
mes FF.-., le reconnatre en saditc qualit et lui prter aide et protection au
besoin.
Aprs la proclamation, le Yn.-. frappe xin coup et dit :
FF.-, premier et deuxime surveillants, invitez les FF.-, qui se trouvent sur vos
colonnes se joindre moi pour nous fliciter de l'heureuse acquisition que
l'Ordre et la Loge viennent de faire d'un nouveau F.-, et d'un nouvel ami.
Les surveillants rptent l'annonce; ensuite, le Yen.-, dit :
A moi, mes FF.-.
On fait avec le Yen.-, le signe et la batterie du premier degr.
Le nouvel initi rpond :
d'adresser quelques remercments notre 111.' . Vn.\, qui dirige les travaux
avec une si louable et si habile persvrance.
Le F.\ M.*, des crmonies se joint au nouvel initi pour la batterie, et
le Vn.\ dit ensuite:
Prenez place, mon F.'., en tte de la colonne de septentrion, mritez par votre
assiduit aux travaux et par la pratique des vertus, dont vous vous oies impos
l'obligation, de pntrer plus avant dans nos mystres, et de recevoir les laveurs
que les Maons ne refusent jamais aux FF.', qui s'en rendent dignes.
Lorsque le nouveau F.*, a pris place, le Vn.\ dit:
En place, mes F.'.
Pids il prononce l'allocution ci-aprs :
T.'. G.'.FF.'.,
C'est dans l'antique Egypte que les premiers sages, constitus en corpora
tions nomb .juses, tudirent en commun le grand art d'apprendre leurs sem
blables les moyens do goter ici-bas quelque peu de cette flicit qui nous est
promise dans un monde meilleur.
Ces hommes dvous avaient compris que le but qu'ils se proposaient ne
pouvait tre atteint qu'en accomplissant une tche bien aride et bien rude surtout
cette poque de barbarie, c'est--dire en amenant les hommes se rendre mo
ralement solidaires les uns des autres, en gravant dans les curs le mot sacr :
fraternit.
L'ordre vnr de la Franc Maonnerie date de cette poque. Quelle origine
plus belle, plus digne de cette sublime institution peut-on lui donner?
d Oui, mes FF.*., le jour o il y eut un opprim dfendre, une larme scher,
un combat livrer l'gosme, un martyre endurer pour la sainte cause de
l'humanit, ce jour-l vit clore la Franc-Maonnerie.
C'est sur les bords du Ml qu'on clbra d'abord ses mystres; c'est l que les
premiers nophytes reurent l'initiation; c'est de l qu'ils se rpandirent ensuite
sur les deux hmisphres.
Ces aptres de la vrit eurent sans doute de grands obstacles surmonter,
de grands prils affronter ; ils durent tre en butte de nombreuses pers
cuuons.
Mais tous les moyens furent mis en pratique pour clairer les esprits, pour
polir les usages, pour adoucir les murs et amener les hommes l'tat de
socits polices.
El pourtant, mes FF.'., il nous reste encore beaucoup faire ; mais notre
sage institution est persvrante dans ses uvres. Chaque jour, ne dtachons' nous
pas un fragment de l'difice d'iniquit que renferme le cur des mortels, pour le
remplacer par le germe d'une vertu?
C'est nous de cultiver levante champ de l'intelligence humaine, de jeter les
semences d'une philosophie bienfaisante, de montrer la route du bonheur, de pr
cher les saintes maximes de la fraternit.
LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS 91
Continuons donc notre louable travail ; que le profane soit heureux par nous;
que l'exemple de notre amiti lui inspire le d^ir de demander la lumire.
Qu'il vienne prendre part au dveloppement des questions qui sont l'objet
de nos travaux, qu'il vienne entendre nos paroles de paix, de tolrance, d'union
et de charit.
Alors il remercia le Sub.*. Arc.\ desinondes de lui avoir ouvert le temple de
la vrit. Et vous, F.*. nouvellement initi, dgag' z-vous, si vous voulez pour
suivre glorieusement la carrire maonnique, de toute ide matrielle ; tudiez les
symboles, purifiez votre cur, semez par le monde la parole de la sagesse, en
seignez vos semblables s'aimer entre eux et ramener ceux qui s'garent
dans le sentier de la vertu ; instruisez les ignorants et soulagez ceux qui souffrent.
Les trois lumires places dans le temple signiliiait la trinit, c'est--dire
cration, destruction, rgnration; les sages de l'antiquit l'ont reprsente par
le delta, le plus simple et le plus parlait des polygones rguliers. Les deux colon
nes l'entre du temple reprsentent les deux solstices et les deux hmisphres,
elles marquent la marche apparente du soleil pendant les douze mois de l'anne,
symboliss par les douze travaux d'Hercule. L'histoire de Joseph parle des deux
colonnes qui existaient sur le plateau de la Tartavie, et sur lesquelles taient
gravs, non-seulement les phnomnes de l'astronomie, tuais encore les principe!
de toutes les sciences. Le signe donn l'apprenti pour le faire reconnatre se
compose de l'querre, du niveau et de la perpendiculaire ; pour bien en saisir les
sens, il sufiit de se rendre compte de ces outils allgoriques : l'attouchement ou
batterie I l-l signifie les choses cres par un seul Dieu ; 1'1-1 , les trois paroles de
l'vangile : Cherchez, vous trouverez; frappez, il vous sera ouvert; demandez,
et vous recevrez. Trois pas sont la marche, elle a la mme signification ; trois
ans sont l'ne d'un initi ; du nombre trois dpend la dcouverte des trois prin
cipes chimiques qui donnent l'animation tout l'univers : sel, soufre et mercure;
des trois rgnes de la nature, le vgtal, le minral et l'animal, me, esprit et
corps, naissance, existence et mort; enfin, le nombre trois est chez les philoso
phes le nombre par excellence, il tait rvr dans l'antiquit comme l'image de
l'harmonie parfaite, car il trouve des applications sans fin dans la nature cl dans
toutes les sciences.
, ce mot de passe dsigne les arts mcaniques, c'est le'nom du premier
ouvrier qui a su manier les mtaux, les analyser, les combiner, les allier pour les
rendre plus ductiles, c'est le fils de Lamcck et de Salla, le Vulcain des Grecs; la
fameuse Nomie tait sa sur , elle apprit les femmes filer la laine, et les Grecs
l'ont adore sous le nom de .Minerve.
La parole sacre J.... est le nom d'une colonne du temple, il est aussi le nom
du troisime fils ile Sitnon, qui fut pre des Jakinits (dus hommes justes) ; dans
la langue primitive, chaque nom rendait raison de l'tre auquel il s'appliquait :
c'est la tzrdaka (bienfaisance), premier chelon de l'chelle mystrieuse que les
initis de Memphis et d'IJliopolis devaient monter; elle est encore le septime
et le dernier sous le nom de Thcoimuh; ainsi les sages l'ont considre comme
le commencement et la lin.
!>.> LE RAMEAU D'OU D'ELEUSIS
tonnons donc plus si cotte institution a brav les injures du temps, resist aux
orages, la perscution, jinditl'rence; elle porte en elle un principe ternel de
vitalit.
Pour nous, mes FF.-., appels concourir au grand uvre de la rgnration
humaine, a conserver le dpt des vertus et de scii-nce, transmis par les premiers
I Maons leurs descendants, appliquons toutes les facults de notre esprit, toutes
" les forces de notre me nous rendre dignes de cette noble tche (1).
Aprs cette allocution, le Vn.-. ordonne de faire circuler le sac des proposi
tions et le tronc de bienl'aisaue . ; ensuite il frappe un coup et dit :
FF.-, premier et second surveillants, annoncez sur vos colonnes que si quel
ques FF.-, ont des propositions faire, la parole leur sera accorde.
Les soi veillants rptent l'annonce, puis le Vn.-. s'adresse aux FF.-, visiteurs
en ces termes :
Le Ven.', frappe un coup, et dit : Debout et l'ordre, mes FF.-., pour sus- l
pendre les travaux.
. D.-. F.-, deuxime surveillant, quelle est votre place en Loge?
R.-. A l'angle de la colonne de septentrion.
D.-. Pourquoi, mon F.-.?
R.-. Pour veiller au maintien de l'ordre et la parfaite excution des travaux.
D.-. O se tient le premier surveillant?
Pi.-. A l'angle de la colonne du midi, l'occident.
D.-. Pourquoi, F.-, premier surveillant?
(1) M. Chastaing.
LE RAMEAU D'oR D'ELEUSIS 05
LE PAPILLOX
Ii 1:
LORDRE MAONNIQUE
BANQUET SYMBOLIQUE
Los banquets symboliques sont de la plifs haute antiquit. Tous les ans, la
statue d'Ammon tait porte aux confins de l'gypte et de l'Ethiopie ; c'tait l
que les Hirophantes des deux nations offraient conjointement un sacrifice et
clbraient le triomphe de la lumire sur les tnbres par un festin sacr, nomm
par les Crees Hliolropez (table du soleil). Le soleil, disent-ils, embellit et dcore
In nature : c'est lui que nous devons le feu de l'imagination, les saillies de l'es
prit, la sublimit des penses, la profondeur du jugement, tout ce qui carac
trise l'intelligence dont l'homme est dou; il est le principe du mouvement de
la vie.
Le moment choisi pour la clbration de cette fte indique que le soleil, ayant
chass les tnbres, se trouvo alors dans sa plus grande splendeur; les sages de
l'antiquit ont toujours solennis cette poque.
L'attention qu'ils donnaient au mouvement des astres, leurs variations et aux
effets qui en rsultent, les a conduits reconnatre les perfections de la nature
et concevoir des ides dignes de la grandeur du moteur de toutes choses.
Il ne doit exister qu'une seule fte d'Ordre, soit au rveil de la nature, soit
lorsque le soleil se trouve dans sa plus grande splendeur; car c'est une anomalie
de clbrer par un banquet le repos de la nature, c'est--dire son dfaillissement,
ou mieux encore la mort apparente du soleil. Etudies les mythes orientaux, et
principalement ceUii d'Isis (la nature), cherchant sur les bords du Nil son poux
Osiris (le soleil ), mis mort par Typhon (le gnie du mai).
Dans le but de fixer l'esprit de l'homme sur des combinaisons merveilleuses, il
a fallu se servir d'allgories et de symboles, images agrables qui reprsentaient
une morale pure, simple, naturelle, et excitaient en mme temps la pratique de
la vertu.
L'allgorie adopte pour la fte dont il est ici question est une pyramide sur
monte du soleil; cette forme, qui prsente une ide de la perfection, rappelle
aussi la recherche de l'art.
Au milieu de l'Orient, et au-dessus du trne, est un triangle en forme de gloire,
au centre duquel brille le nom deJ -.
Du ct du midi, dans un transparent, se trouve un soleil lev au-dessus
7
IS LE UAMEIU D'OR n'ELEUSIS
d'un tombeau auprs duquel on a plac un oranger charg de fleurs et de fruits verts.
On distingue dans la salle des banquets diffrents emblmes relatifs l'astro
nomie; sur la table, devant le Vnrable, est un vase contenant des parfums, une
coupe et un chandelier trois branches, avec l'inscription : Sagesse, Justice,
Bont.
Il ne doit y avoir qu'une seule table, dispose en fer cheval; les FI".*, et les
SS.*. se placent en dehors, except le matre des crmonies et le grand expert ;
le Vnrable occupe le milieu de la table, ayant ses cts les officiers, suivant
leur rang en loge; aux deux extrmits sont les FF.*. premier et deuxime sur
veillants.
La loge, en banquet, prend particulirement le nom d'atelier; tout ce qui est
pos sur la tabledoit tre rang sur des lignes parallles; il est des ateliers o
l'on porte cette attention jusqu' placer des cordons de couleur pour marquer
les alignements.
La premire ligne, en partant de l'intrieur, est pour les bougies, la deuxime
est pour les plats, la troisime est pour les bouteilles et les bouquets, la qua
trime est celle (les verres, et la cinquime, enfin, est celle des assiettes. Les
bouquets sont bleu et blanc pour les dames, et pour les hommes, de couleur
diffrente.
Les ustensiles ont des noms maonniques; en voici la nomenclature : la table
se nomme plate-forme; la nappe, voile ; la serviette, drapeau; le plat, plateau;
l'assiette, tuile; la cuillre, truelle; la fourchette, pioche; le couteau, glaive;
ln bouteille, barrique; le verre,' canon; les lumires, toiles; les mouchettes,
pinces; les chaises, stalles; les mets en gnral, matriaux; le pain, pierre
brute; le vin, pou dru forte; l'eau, pondre faible; les liqueurs, poudre fulmi
nante; le sel, sable; le poivre, ciment ou sable jaune; manger, c'est mastiquer;
boire, c'est tirer nue canoune; dcouper, c'est dgrossir Ces noms ne sont plus
de notre sicle; il est temps do les faire disparatre de nos rituels. N'oublions pas
que la Maonnerie marche au progrs et non l'absurdit.
Il ne faut pas confondre le banquet de la Loge symbolique avec l'Agape (scne
mystique), dcrite dans les rituels des chevaliers Rose'Croix et des grands lus
chevaliers Kadosch: nous parlons ici du banquet qui a lieu la fftle d'Ordre; ils
se tiennent toujours au premier degr, afin que tous les FF.*. et SS.*. puissent y
tre admis.
Le jour de lu fte de l'Ordre, lu Loge se runit dans le temple, et immdiatement
aprs !u mise e.i activit dos travaux, l'installation des ofiei ts dignitaires a lieu,
le Vnrable prte serment entre les mains de l'ex-Vn.'., de bien et fidlement
remplir ses fonctions; il reoit ensuite le serment des autres officiers dignitaires,
el procde leur installauon suivant la forme d'usage.
Aprs cette crmonie, le F.*. oiateur prsente le compte moral de l'atelier
pendant le cours de l'anne maonnique.
Un comit, nomm par la Loge, tablira, quelque temps avant la fte d'Ordre,
des concours littraires et philosophiques; il donnera traiter des questions
importantes qui tournent la gloire et la prosprit de l'Ordr.
LE RAMEAU D'OU I'F.LEUSIS 99
Les vainqueurs seront couronns avec crmonie, et trois prix leur seront
dcerns.
Le premier, une mdaille d'or;
Le deuxime, une mdaille d'argent;
Le troisime, une mdaille de bronze.
Lorsque cette crmonie est termine et les discours lus, le Vnrable frappe
un coup de maillet et dit :
Les travaux sont suspendus; je vous in vite, mes FF.-., au banquet symbolique
Tous les membres de la Loge se rendent la salle du banquet, o se trouvent
runis les SS.-.
Les banquets sont-ils symboliques ou simplement fraternels? S'ils ne sont ipie
fraternels, s'il n'y a autour des tables que des bons vivants cherchant passer
j agrablement quelques heures, il ne faut pas mler les choses sacres aux
profanes; pourquoi prostituer les insignes maonniques en assujtissant les
FF.-, en tre revtus? pourquoi ces mots : travaux du banquet?
De quel droit un homme, parodiant un pontife, est-il venu appeler les bn
dictions du ciel sur ce qui pourra (on l'a vu quelquefois) devenir une orgie?
Simple prsident, ne pouvait-il apporter une sonnette au lieu de ce maillet rvr,
emblme de l'intelligence qui commande, et ce maillet est-il, en ce cas, autre
chose qu'un morceau de bois mis ct d'une fourchette?
Les banquets maonniques sont rellement partie intgrante de cette sublime
institution, comme l'agape chez les anciens chevaliers; c'est--dire qu'ils ne
doivent tre qu'un symbole pour rappeler l'homme son tat de faiblesse, la
reconnaissance envers la nature, la charit, la fraternit et aux vertus qui en
drivent.
N'oublions pas que la Maonnerie est une institution morale, religieuse, scien
tifique, commmorative et symbolique; si elle n'tait qu'une runion pacifique
d'hommes n'ayant d'autres liens qu'une amiti et une estime rciproques, d'autre
attrait ipie le plaisir sous le sceau du mystre, je ne concevrais pas comment, au
milieu du naufrage o le temps engloutit toute chose, elle aurait pu survivre
cet agent infatigable.
Lorsque tous les FF.-. et SS.-. sont leur place, le Vnrable frappe un coup
de maillet et dit :
Prenez place ce banquet, o noire respectable Loge vous convie, pour
clbrer la fte de l'Ordre.
Puisse ce banquet resserrer les liens de la fraternit qui unit les vrais Maons!
Qu'une douce joie y rgne! Il est permis l'homme de chercher dans les plaisirs
dcents l'oubli des chagrhs de la vie; mais, pour que notre gaiet soit sans
remords, souvenons-nous que plusieurs de nos F.-, souffrent et gmissent peut-
tre au moment mme o nous nous rjouissons, adoucissons leurs maux autant
qu'il est en nous.
100 LE HAMEAU II ' 0 II D ' E L E U S 1 S
INVOCATION
Debout et l'ordre, mes FF.-, et SS.-.
b Matre Souverain de l'immensit, nous nous prosternons devant les lois
ternelles de ta sagesse; nous rendons hommage la perfection de tes plans
ternels; dirige nos travaux, rends-les conformes ta loi, claire- les de ta
lumire divine, qu'ils n'aient d'autre but que la gloire de ton nom, la prosprit
de l'Ordre et le bien gnral de l'humanit.
Mes FF.-., c'est en son nom que je bnis ce festin. >.
Le Vnrable fait cette bndiction en la forme accoutume ; il prend ensuite
une coupe, la remplit de vin, boit quelques gouttes et dit :
o Cette coupe est le symbole de la \ie; elle va circuler, et chacun de vous y
boira; car nous devons partager en frres le vin gnreux qu'elle renferme,
comme nous devons partager les biens que la bont divine nous dispense; mais
si, au lieu d'une boisson agrable, cette coupe tait pleine de fiel, nous devrions
encore l'accepter et y boire avec rsignation, parce que nous serions indignes de
partager les biens de nos FF.-, si nous n'tions prts pa, tager leurs maux ; que
le Sublime Architecte des mondes loigne de nous la coupe amre dont l'adversit
est l'emblme!... A moi, mes FF.-.
On fait la Batt.-. et l'Ace.-, d'usage.
Aprs la batterie d'usage, le Vnrable prend le chandelier et l'lve en disant :
a Fais, Sublime Architecte des mondes, que ces trois perfections divines
soient toujours prsentes nos esprits, qu'elles soient le seul guide de notre
volont, afin que nous soyons sages, justes et bons.
Que l'obscurit disparaisse, et que la vraie lumire dissipe les tnbres de .
l'erreur comme le soleil dissipe les ombres de la nuit; que le Sublime Architecte j
des mondes couvre la terre de ses bienfaits et rpande sa bndiction sur tout ce j
qui respire. i
Le Vnrable frappe un coup de maillet et dit : j
loi
C R ATI US DE LA V Eli ME
1
Mes H-'.-, et mes Sieurs.
'i Le Sublime Architecte des mondes dit, el sa parole la vie a ouvert les sour- '
ces ternelles, le liai coule de l'iutini, le possible revt l'existence, le chaos ,
enfante l'harmonie, la lumire inonde les ahimes de l'tendue et de leurs bal m- |
ciers clestes; les sphres mlodieuses mesurent aux mondes naissants le temps
dan* l'ternit ; sur le globe de hitene se droule un vaste tapis d'meraudes,
loil pe fleurs pai fumes, taudis qu au-dessus un immcn>c dome de saphir, sem
d'toiles seintil.antes, s'lve et s'ari ou Ht aux. cieux , les poissons nagent dans
l'atmosphre condense des eaux; les oiseaux se balancent dans l'atmosphre
thre du lirmament : les inmiuanls |taissent l'herbe verte, les insectes bour
donnent leurs amours; des mouvements et des bruits mystrieux s'lvent de tous
les rgnes, de toutes les essences, et viennent s'unir dans un concert sublime,
102 LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS
dans une immortelle symphonie, aux couleurs, aux armes, aux saveurs et aux
formes; l'homme incomplet, triste et solitaire, prte une oreille avide cette ou
verture sans fin du Grand Architecte de la nature, laquelle il mlera bientt sa
voix reconnaissante, et, pour se distraire, il nomme d'un nom qu'il invente la
substance, les modes divers et les rapports des attributs et des tres ; le verbe
crateur contemple son ouvrage, le trouve bien et s'applaudit.
Mais l'uvre cratrice est imparfaite encore, la terre et les cieux attendent,
l'homme soupire : un tre manque tons ces tres, deux empires une souve
raine, l'homme une compagne; une vie manque sa vie, une me manque
son me et son bonheur; nulle crature n'offre encore Dieu sa parfaite image;
nulle part encore son cachet divin n'a 'laiss une irrprochable empreinte de son
auguste trinit; l'Ineffable se recueille donc pour rsumer son uvre, pour termi
ner par une proraison magnifique ce discours dont les plantes, les animaux, les
toiles, l'homme, surtout, s.ont lus mots vivants et anims. La plus belle, la plus
puissante, la plus parfaite des cratures de Dieu couronnera l'uvre divin.', et
Jhova s'applaudira trois Ibis.
Jusqu'ici Dieu n'a fait encore que vivifier la matire inerte, l'homme lui-mme
n'est qu'un peu de boue anime du souffle ternel ; mais il va crer son chef-
d'uvre : pour cela, il lui faut de la matire vivante qu'il ptrira des quintes-
cenceset des perlections de tous les tres clestes. Attributs dos substances, qua
lits choisies de l'esprit et de In matire, accourez, donc la voix du pre ! Accourez !
mlodies et harmonies de la nature, azur et lumire des cieux, brises des mers,
zphirs des champs et des forts, voix des oiseaux, clat et parfums des fleurs,
formes des fruits et des sphres lointaines, intelligence de l'homme et des auges,
bont, douceur, amour et misricorde de Dieu, accourez et formez la femme! La
femme, complment de tout ce qui est, couronne de la cration, reine du ciel et
de la terre, uvre des uvres du Seigneur; la femme parat! Les mondes en tres
saillent d'allgresse, l'homme adore, les anges admirent, Dieu eon'emplc sa pure
image, et trois lois s'applaudit.
Quelle plume tmraire oserait essayer l'analyse de tes charmes, cleste
crature, femme! toi qu'une lyre sraphique pourrait peiou clbrer digne
ment, toi-mme en sais-tu bien le nombre et la puissance? I. 'homme sensuel et
grossier s'arrte ta brillante enveloppe. Mais ces vertus caches, ces attraits
invisibles, ces trsors de douceur, d'amour et de bont, qui font de toi le plus
prcieux bijou tir de l'crin de Dieu pour l'ornement et le bonheur de l'homme,
profanes que nous sommes, nous les souponnons peine! Oui, les anges seuls
peuvent l'apprcier ta juste valeur, diamant limpide aux scintillantes facettes,
l'eau pure et mystrieuse! L'homme te blasplTme, parce qu'il t'ignore. Des tradi
tions antiques attribuent aux esprits clestes des amours clandestins avec les filles
de la terre; je crois ces vieilles lgendes, l'ange doit tre jaloux de l'homme;
c'est sans doute de ces hymnes sublimes que sont ns, que naissent et que na
tront les hommes de gnie.
Des transitions admirables unissent entre eux les diffrents rgnes de la na
ture : le corail et les mousses sont intermdiaires entre le minral et la plante, les
lk 11 a mi; au d'or d'eleusis 103
.1) A. Guyard.
104 LE RAMEAU D'OU d'eLEUSIS
lger bruit se Ht entendre, et aussitt une voix mlodieuse chanta ces couplets
dont j'ai gard le souvenir :
Tout nous dit d'esprer, le ciel dit la terre :
Espre en mes rayons; '
Il dit au laboureur courb sous la misre :
Espre en tes sillons.
Je levai les yeux et je vis s'avancer par une petite fentre le plus charmant
visage qu'il m'ait t donn de contempler depuis longtemps. Je pris un instant
cette apparition pour l'image d'une do ces odalisques dont je peuplais tout
l'heure la cour du grand prophte. Erreur! c'tait bien une ralit. Je ne savais
trop quelle contenance je devais avoir devant cette ravissante beaut; mais elle
sut m'encourager en faisant tomber sur mon regard un de ces sourires dont
l'ineffable expression de tendresse et de douce coquetterie sait jeter la perturba
tion dans les sens les plus calmes. Survint une ngresse laquelle la jeune lille
adressa voix basse quelques mots qui provoqurent chez elle un rire Botanique,
et qu'elle accompagna de ce geste qui semblait dire : Entrez. Croyant aune bonne
fortune, j'acceptai la proposition sans hsiter, et bientt je pntrai, sans me
soucier du danger que pouvait provoquer une pareille excursion dans une maison
loigne de tout secours immdiat, et environne de tous les mystres dont les
murs arabes savent si bien s'entourer... A peine tais-je entr que la porte fut
referme sur moi; la ngresse vint me prendre par le bras et me conduisit dans
l'angle d'une cour pave en mosaque, orne de colonnettes en marbre blanc; elle
me fit signe de m'asseoir et d'attendre. Dix minutes aprs, je vis arriver deux,
petits ngrillons; ils tendirent mes pieds une natte de jonc marin, la couvrirent
de mets arabes, et se retirrent aussitt, (l'est alors qu'apparut ma sduisante
Arabe; elle vint se placer ct de moi sans prononcer une seule parole. En vain
j'employai prs d'elle toutes les ressources de la galanterie, en vain je lui adressai
les expressions les plus tendres! Impossible d'obtenir autre chose que des regards
bien capables d'enflammer les curs les plus froids; mais elle observa mon
gard le silence; le plus dsesprant.
Je pris mon mal en patience, me disant (pie cela ne pouvait se prolonger
longtemps; que d'ailleurs il tait peut-tre dans les murs arabes de prluder par
les apparences d'une grande froideur pour arriver graduellement des marques
non quivoques de tendresse.
LE RAMEAU D'OR d'ELEUSIS 105
Mens! o sont tes fils? Ils taient purs de tout cet alliage profane.
J'entends ta voix, ils sont disperses...
La grande priode, sujet d'effroi pour l coupable univers, va-t-elle donc
arriver ?
Un nouveau cataclysme menace-t-il la postrit d'Adam, et l'arc-en-ciel au*
sept couleurs a-t-il, infidle la divine promesse, disparu de l'horizon?
L'toile flamboyante ne jette plus qu'une lueur incertaine, et la lettre myst
rieuse qu'enferme le sublime quaternaire est imperceptible : enfants de Mnes, o
tes-vous? La. pierre brute attend que l'ouvrier intclligeril vienne la polir; ne s'en
prsentera-t-il donc point?...
LE RCIT
Ainsi, dans sa douleur amre, chantait le nouveau Jrmie.
Disciple chri de Mns, instruit dans la science des prtres de la ville sainte
(Kadosch, saint purifi), il venait d'une valle plus heureuse chercher des FF.-,
vers lesquels il pt pancher les trsors de son cur, et il n'en trouvait aucun
qui lui rpondt par les signes connus de l'Orient vnr.
Il suspendit son luth l'acacia mystique, et il pleura.
C'est que Memphis tait dserte; le tabernacle avait t viol, la bruyre cou
vrait le parvis du temple.
Des cultes rivaux, ingrats envers leur pre, s'taient levs sur les dbris de
celui d'Isis, et ils s'oubliaient dans une joie mondaine.
Plus rien de l'antique Maonnerie, plus rien des anciens mystres.
Une nuit ternelle, nuit sombre comme celle qui suivit le sacrifice du mont
Golgotha.
Une nuit fatale, comme celle qui suivit l'irruption des barbares, couvrait la
vote cleste.
L'acacia remplaait le gent mystique; aussi rien ne pouvait consoler le prtre
d'Isis; il tait, comme l'enfant de Solyme, captif Babylonc, qui, rappelant sa
mmoire la patrie outrage, Adona mconnu, refusait de sacrifier sur l'autel de
Baal l'encens d seulement celui dont le nom ineffable n'est prononc qu'avec
crainte et respect.
Mais Jhovah eut piti de .son pi tre gar sur une terre inhospitalire; il lui
envoya un doux sommeil escort de songes lgers et riants sortis par la porte
d'ivoire.
Une musique cleste, suave harmonie que rva Pvthagme, charmait et assou
pissait ses sens, et une voix harmonieuse faisait entendre ces mots :
Temple silencieux, tmoin de nos mystres,
Toi qui dans ce grand jour brilles ile tant d'attraits;
h Colonnes d'union, o le beau nom de frire
Vit en ineffaables traits,
Nous venons de nos curs dposer les prmices,
En payant au mrite un sincre tribut;
Proclamer les vertus et combattre les vices,
Des Maons est le noble but.
LE HAMEAU D'OR D'ELEUSIS 107
Que vois-je! o suis-je! quel bonheur est le mien! frres chris, je vous revois
enfin !
Salut! trois fois salut loi, Isis!
Un temple nouveau, resplendissant de lumire, s'lve la gloire du Sublime
Architecte des mondes !
Je vois briller l'toile flamboyante, la lettre sainte reparait dore de mille feux.
De nombreux ouvriers s'apprtent polir la pierre brute,
J'entends Yalleluia sacr,
Mns a retrouv ses enfants,
Salut! trois fois salut toi, Isis !
PILOGUE.
Le disciple de Mns se leva, et il vit un homme, jeune encore, mais ancien de
sagesse et de vertu, s'avancer vers lui.
Charg de construire, dans cette belle valle, un temple o le culte primitif,
que Mns enseigne ses nophytes, trouvt des desservants, le savant architecte
s'acquittait avec zle de sa noble tache.
Il lui tendit la main droite, symbole de franchise et d'galit, et le salua du
doux nom de frre.
1 Et ils se donnrent le baiser de paix, gage de l'alliance qui unit les vrais
| Maons.
1 Et ils montrent vers la colline, o fut le palais des Csars, ruines loquentes!
O le sang des martyrs tmoigna la foi chrtienne et la puissance du Verbe!
L, des ouvriers, peu nombreux, mais diligents, levaient un asile Isis, sous
les auspices de la Bienveillance.
Ils avaient choisi ce nom pour peindre ce sentiment affectueux qui porte
l'homme aimer son semblable, sympathiser ses douleurs, se rjouir de sa
joie, excuser ses fautes, le dfendre contre l'envie et la calomnie, le soutenir
contre l'adversit : ils voulaient que la bienveillance ft la rgle de leur conduite,
et ils inscrivaient son nom sur le fronton du temple auguste.
Le disciple de Mns s'arrta et dit : Mes enfants, puissirz-vous ne jamais
perdre de vue cet emblme!
Que toujours la concorde rgne parmi vous, malgr les dissentiments
insparables de la faiblesse humaine; que la bienveillauce, cette vertu divine et
sociale, sous le nom de laquelle vous avez inscrit cette respectable Loge dans les
annales de la Maonnerie soit votre guide constant dans vos rapports avec les
hommes en gnral, avec vos frres en particulier!
Et le disciple de Mns reprit sa marche.
Le temple s'ouvrit, lorsqu'on eut frapp trois fois.
La Loge tait juste, parfaite et couvert.
Le feu sacr tait allum, l'encens brlait, et la flamme odorifrante s'levait
jusqu' la vote symbolique du temple.
Le maillet ayant retenti, les FF.'., debout et l'ordre, la tte couverte en
signe de libert, devinrent attentifs sur l'une et l'autre colonne; les acolytes
d08 LE HAMEAU D'OR D'ELEUSIS
surveillaient, les maillets battaient et la vote d'acier honora la venue d'un Ka-
dosch, il prit place l'Or.-., et dit:
FF.-., je vous apporte les bndictions de Mens; comme les lils de Sem,
croissez et multipliez.
N'oubliez pas que la tolrance est le propre de l'homme de bien et l'aimant
qui attire les curs.
Sans la tolrance, point de sociabilit, point d'union, point de confiance.
Avec la tolrance, on voit se maintenir la paix, se multiplier les lans
de l'amiti et s'effectuer sans cesse les plus doux rapprochements de toutes
les volonts.
Que l'ordre et l'harmonie soient toujours avec vous! La science laquelle vous
aspirez vous clairera de ses brillants rayons, et vous recueillerez bientt les heu
reux fruits de vos travaux et de la noble mission ipie vous voulez accomplir.
Il fut salu d'une batterie ; puis l'orgue saint modula un hymne religieux ; des
voix s'lvent en chur chantant les louanges de l'ternel.
Les travaux commencent, et un nophite a vu la lumire, il a t purifi, ses
fautes lui sont remises; il revt la tunique blanche et dpouille la vieil homme.
Partout il trouvera dsormais des FF.-., car la Maonnerie embrasse tout le
monde.
La tzdaka circule sur les colonnes, chacun y dpose avec joie sou offrande au
malheur, puis le baiser de paix, car il est le symbole de la concorde fraternelle,
et le plus pur hommage de la crature envers Dieu.
Alors on entend les mots sacrs que l'Hirophante prononait jadis . veillez et
soyez purs, aimez-vous les uns les autres, priez, car l'homme est faible, et la
prire soutient...
Les ouvriers sont contents, et ils jurent de ne rien rvler des saints mystres,
et par le signe et la Batt.-. symboliques, ils se joignent au Vnrable.
Des Maons de tous les rites assistaient ces travaux, ils avaient t reus fra
ternellement, car Mens a inscrit la tolrance en tte de ses lois sacres. Bnis |
par la prire, les FF.-, se sparrent en paix, glorifiant la sainte Maonnerie, et ils
allaient en disant : Oli ! tu ne mourras pas, lille de Jhovah ! la couronne de l'im
mortalit repose sur ton front... tu vivras pour fermer la paupire au dernier des
humains et tmoigner devant ton pre en faveur du fils d'Adam. (I)
ASTRE
DISCOURS SUR LA JUSTICE
La iustice est la grumle tli\iuiit' tics
empires, ta mile proviil"MU-e il iu-
tiuti ; elle e>t te ilupu&ou des vertua,
ette tes suppose toute*.
PYTHACORE.
Los temps primitifs connurent la justice sous le nom d'Astre ; les hommes
Font appele Thmis; mais les tres divins la nommrent simplement vente.
(1) M. Chastaing.
LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS d09
Les anciens, dans leur langage allgorique, disaient la Justice fille de la Vrit,
et lui donnaient pour sur la Vertu; suivant eux, la Vrit elle-mme tait fille
de Saturne, c'est--dire du Temps.
Pourquoi firent-ils deux tres distincts de la Justice et de la Vrit, ou, plutt,
pourquoi ne firent-ils pas natre la Vertu de la Justice? Conoit-on, en effet, un
homme vertueux et injuste tout la fois ?
Mais, ne nous htons pas de blmer nos pres, cette contradiction renferme une
leon de grand sens.
La vertu, tre collectif, comprend tous les devoirs de l'homme : pit filiale,
amour conjugal, temprance, charit, modestie, amour de la patrie, courage
civique, etc.
Mais il n'est aucun de ces devoirs que la justice ne domine : elle tait donc trop
importante pour en faire simplement une partie de la vertu.
Tel homme est sobre, tel autre est charitable, celui-ci est bon fils, celui-l bon
poux ;, Dcieus et d'Assas se dvouent pour la patrie; Calon et 1 Hospital sont de
rigides magistrats; Fenlon est dvor pe l'amour du prochain ; Vincent de Paul
est l'aptre de la charit ; Aod et Biutus immolent les tyrans; Lonidas meurt
pour son pays ; Lycurgue en est le lgislateur ; chacun possde quelques vertus,
mais qui sera compltement vertueux?
On a donc, avec raison, l'ait de la Justice un tre part, une divinit ayant son
culte et ses autels spars.
C'est que la justice bien comprise peut tenir lieu de toutes les vertus, car elle
les prescrit toutes.
Pour suivre sa loi, l'homme sera temprant, parce que l'intemprance te la
facult d juger sainement; il sera charitable, parce qu'il dira : il n'est pas juste,
quand mon frre est afflig, de garder pour moi seul le bien que la nature a cr
pour tous.
Il sera tolrant, parce qu'il comprendra qu'il n'est pas juste d'imposer son opi
nion des hommes dous comme lui de la facult de raisonner.
Il sera bon pre, bon poux, bon fils, bon Fr.-., car il saura ipie ce sont des
devoirs naturels, et il dira : la justice veut qu'on accomplisse les devoirs de la
nature et de la socit, parce que l'homme est soumis la loi du devoir.
Ainsi, de toutes les obligations que le mot vertu renferme, la sagesse est l'a
poge de la vertu. Si vous voulez devenir sage, commencez par entrer dans le
chemin de la sagesse, la justice sera votre guide.
La justice est inne dans le cur de l'homme ; elle a pour truchement sa con
science.
La conscience, qui ne faillit jamais, tmoin qui parle haut et n'attend pas qu'on
l'interroge, juge intgre et svre qui n'a pas besoin qu'on le sollicite pour rendre
sa sentence, et ne se lasse pas.
La conscience, accusateur importun, qui se manifeste parla rougeur sur le
front du coupable, te ses paroles le ton de vrit qui persuade, son main
tien la dignit qui commande le respect, la conscience qui empche de dormir, ou
veille en sursaut lorsqu'une certaine heure est sonne; qui vient chercher
no LE RAMEAU D'OR D'r.t.EUSIS
sont dans un jeu continuel, et rien ne s'opre que par l'action et la raction qui
rsultent du jeu des lois, dont la chane remonte jusqu' lui.
Newton est grand pour avoir dcouvert la loi qui rgit le monde physique; le
sage qui connat celle qui rgit le monde moral est plus grand que Newton ; c'est
cette connaissance qui le soutiendra dans l'adversit et lui dira: Souffre, espre
et poursuis La loi du monde moral est la justice qui conserve ; de l'injustice nat
la violence qui dtruit.
Scrutons la fortune des hommes heureux selon le monde, cette fortune qui
blouit le vulgaire. Assise sur l'injustice, elle n'a jamais eu, elle n'aura jamais
qu'une existence phmre.
C'est que la Providence veille pour l'opprim, et chtie l'oppresseur sans lui
dire pourquoi.
C'est que la terre, imbibe de larmes, lve dans le silence des nuits, aux pieds
du Dieu vivant, une clameur incomprise des mortels inattentifs.
C'est qu'on est puni de l'injustice qu'on a commise comme de. celle qu'on n'a
pas empche : car il y a solidarit entre tous les hommes, et ce n'est pas en vain
qu'il a t dit : Aimez-vous les uns les autres.
Non content d'tre juste, ne permets pas l'injustice, dit Phocilides.
Tche, dit encore Marc-Au rlc, de pemiader les hommes, et si cela ne se peut,
fais, malgr eux, ce que la justice demande de toi.
C'est que la conscience ne dort jamais; bourreau et victime entendent chacun
la voix qui punit ou console. *"
C'est que la vue de l'homme, envers qui on a t injuste, est un reproche vivant
qui trouble les facults de l'me et fait mourir.
Dans la justice seule se trouve le bonheur. Ou demandait Sociate si Archlas
tait heureux : Oui, s'il est juste, rpondit le sage.
Suivons donc toujours les saintes lois de la justice. Elle comprend toutes les
vertus de la socit, qui ne sont que des formes varies et des applications di
verses de cet axiome : ne fais auti ui que ce que tu veux qu'il te fasse C'est
peut-tre par cetle maxime que j'aurais d commencer ; car elle est le crUrium
du juste et de l'injuste; tous les peuples l'ont inscrite en tte de leurs codes
divers, C'est elle qui institua la peine du talion, et si les lgislateurs humains ont
cess de l'appliquer, Dieu n'y a pas renonc.
Avez-vous t injuste envers un autre homme, serait-ce votre plus grand
ennemi, ne prenez pas un instant de repos avant d'avoir rpar votre faute.
Cet homme vous dira merci, je vous pardonne. Et moi, je vous dirai merci
pour vous mme, car le souvenir de cette rparation vous rendra la paix du cur,
que vous aviez perdue. Gloire vous! car l'aveu d'une faute commise n'humilie
point, et la justice rend l'homme vraiment grand.
Ne dites donc pas non plus : Cet homme m'a t utile, mais il ue l'est plus, je
puis le ngliger ; ce serait parler le langage de l'ingratitude, monstre hideux qui
enfanta l'gosme.
Le peuple athnien fut grand, le jour o, dans les plaines de Marathon, il
vainquit Xcrcs ; il fut grand le jour o, parla victoire de Salamine, il sauva la
112 LE RAMEAU D'OR II' ELEUSIS
Grce de l'invasion. Mais le jour o, sur la parole d'un homme de bien, il sacrifia
la justice ce qui pouvait lui tre utile, ce jour-l il mrita l'immortalit, F.h !
croyez-vous que la Providence n'estime pas autant la vie de l'homme le plus
obscur, que celle de tout un peuple? Votre erreur serait grande, et vous n'auriez
qu'une iile incomplte de la justice ; toute l'antiquit est pleine, au contraire, de
leons de ce genre, tant l'ide de la justice tait encore vivante! FF.-., voulez-
vous enfin tre compltement justes?
Ne soyez jamais prompts juger vos FF.-., quels que soient leurs torts apparents.
Soyez justes envers vos amis, comme envers vos ennemis, envers tous les hommes,
envers tout ce qui respire.
Un profane, interrog sur le sens des lettres qui dcorent nos colonnes
symboliques, rpondit : Justice et ISont. Une acclamation gnrale l'admit sans
autre preuve nos mystres. N'tait-il pas digne de l'initiation ma.-. ! (I)
LA MAONNERIE.
Le F.-, matre des crmonies demande la parole au Vnrable, et aprs l'avoir
obtenue, il dit : Regardez cette splendido lithographie, compose par le F.-. Ram-
debt, elle reprsente la Maonnerie, l'ancien et le nouveau monde, l'union des
hommes!... Peut-on rien imaginer de plus beau, de plus complet que ce dessin
offert aux abonns du Rameau d'Or d'Eleusis!
Regardez la Maonnerie, celte beaut antique, avec l'expression des rveries
profondes des sicles philosophiques, ces formes et ces traits si riches, ce luxe
d'organisation; regardez, vous dis- je, c'est le regard cleste du Tasse, avec le
sourire sombre d'Alighicri ; c'est l'attitude aise et chevaleresque des jeunes
hros de Shakespeare; c'est Romo, le potique amoureux; c'est Hamlet, le ple
et asctique visionnaire; c'est Juliette, Juliette demi-morte, cachant dans son sein
le poison et le souvenir d'un amour bris! Vous pouvez crire les plus grands
noms de l'histoire ct de la posie sur et! visage, dont l'expression rsume tout
force de tout concentrer. Le jeune Raphal devait tomber dans celte contempla
tion extatique lorsque Dieu lui faisait apparatre une virginale idalit de femme.
Corinne mourante devait tre plonge dans cette morne attention lorsqu'elle cou
tait ses derniers vers dclams au Capitolc par une jeune fille Le page muet et
mystrieux de Lara se renfermait dans cet isolement, ddaigneux de la foule.
Oui, mes FF.-., la Maonnerie, telle qu'elle nous est reprsente par le F.-. Ram-
bert, runit toutes ces idalits, parce qu'elle runit le gnie de tous les potes,
la grandeur de tous les hrosmes; vous pouvez donner tous ces noms la
Maonnerie; le plus grand, le plus harmonieux de tous devant Dieu sera encore
celui de celte fille du ciel, dont le front lumineux et pur, dont la vaste et souple
poitrine renferme toutes les grandes penses, tous les gnreux sentiments :
religion, enthousiasme, stocisme, pit, persvrance, douleur, charit, pardon,
candeur, audace, mpris de la vie, activit, espoir, patience, tout, jusqu' la mo
bile insouciance, qui est peut-tre son plus doux privilge et sa plus puissante
sduction
(I) M Chastaing.
113
DE LA LANGUE ET LA PAROLE
distinctifs, le nombre (|ui les classe dans leur ordre naturel et les sons attachs
chacun d'eux, constituent ce que nous appelons la langue primitive de l'homme.
Pour la crer il a exerc l'organe de la parole pour pouvoir exprimer ses
sentiments, ses penses, ses ides et toutes ses sensations; il a ensuite nomm
les tres et signifi les choses, il a reprsent les substances et leurs qualits par
des mots, il en a fait l'analyse, il a compos et dcompos son langage, il a fait
un tout de ses parties, et sa langue s'est trouve forme.
Dans la suite des temps, le genre humain s'est trouv divis par les rvolutions
du globe, et les premires peuplades, munies des lments de la langue primitive,
se sont cr chacune une langue particulire. Le nom seul que tous les peuples
ont donn l'Etre suprme en est la preuve: Thos, Deus, Da , Dalat, Adonai ,
Adima, Amida, Amito, Tyo, Tien, Oroo, Oromaze, Osiris, Jovis, Jehova, Bova,
Boga, Gott, God, Dio, Bios, ternel, Grand Architecte de l'Univers, tous ces
noms ont une ressemblance frappante, et sont employs dans les cinq parties du
monde.
La mme analogie et ressemblance existent entre les noms que les hommes et
les peuples ont donn la nature, au ciel, la terre, la mer, aux animaux les
plus communs, l'homme, et surtout au pre, la mre ; il en est de mme des
noms qui reprsentent les qualits, comme beaut, bont, vrit, vertu; partout
l'homme a peint par des sons analogues la nature des objets et des qualits qui
leur sont inhrentes.
Si l'homme pouvait remonter l'origine de toutes les langues, en faire la com
paraison et l'analyse par la connaissance de l'tymologie et des familles des mots
primitifs qui les composent, il retrouverait, sans doute, les mots radicaux de la
langue primitive, et reconnatrait cei tainement les causes de cette conformit de
principes, de penses et d'ides qu'on remarque chez presque tous les peuples.
Ainsi, toutes les langues sont les expressions varies des sentiments, des
ides, des penses, des sensations, des passions, des caractres, de l'esprit et du
gnie des diffrentes nations.
La langue perfectionne du premier homme de gnie a servi de modle la
langue du premier peuple civilis, ainsi de suite jusqu' nous, de sorte que les j
nations profitant les unes des lumires et des connaissances philologiques des
autres, elles ont laiss l'empreinte des analogies qu'on observe dans toutes leurs
langues sans exception ; preuve certaine qu'elles sont les restes prcieux de cette
mre'langue, que les hommes ont perdue faute de communications continuelles
entre eux, et d'une instruction commune, fonde sur la connaissance universelle
des lois du dveloppement de l'homme et de ses organes.
La nation grecque est arrive crer une langue parfaite ; c'est la plus belle,
la plus harmonieuse qu'aient parl les hommes; c'est cette langue presque divine '
qui a lev ou plutt caractris la nature humaine dans ce qu'elle a de plus
noble; c'est elle qui nous a laiss l'ide cleste du vrai et du sublime dans sa
perfection, qui nous a transmis l'ide des beaux-arts et les lments de toutes les
sciences ; on peut l'appeler la langue de la sagesse humaine ou de l'humanit
perfectionne.
LE HAMEAIT D'OH d'eLEUSIS 118
Cette langue devrait devenir la langue de tous les hommes clairs, de tous les
sages, de tous les gnies, de tout le genre humain.
L'usage de la parole, mes FF.-., renferme une promesse tacite de dire la vrit,
une convention commune tous les hommes, une espce de droit divin de se
communiquer ses ides; et c'est en apprenant sa langue que l'homme apprend
penser, juger, raisonner, connatre ses sentiments et ceux des autres;
purer, grandir, communiquer ses penses; claircir, lever et tendre ses
ides.
C'est par l qu'il dveloppe son intelligence! et qu'il acquiert la connaissance
de toutes les vrits utiles et ncessaires son bonheur.
D'aprs l'opinion des plus grands philosophes et les penses des plus grands
gnies, les hommes ne pourront jamais s'accorder sur le grand point de leur union
et de leur commun bonheur, sur les principes ternels de la raison, de la vrit
et de la justice, sur les plus chers intrts de l'humanit et sur les sentiments
d'amour, de charit, de fraternit et de bienveillance, que par un mme langage.
C'est par l'lude et l'usage d-'une langue universelle que nous pouvons runir
les hommes la mme pense et les porter se considrer comme tous membres
d'une mme famille, car ils sont tous enfants de Dieu et de la nature; l'usage
d'une mme langue donnerait tous les hommes les mmes sentiments de
bienveillance, ferait natre les mmes penses, dvelopperait les mmes ides,
rpandrait partout les mmes principes, les mmes vrits, les mmes prceptes;
rapprocherait les opinions, tendrait les lumires et tarirait les sources trop
fcondes des passions, des haines, des jalousies, des divisions, de l'ambition et
de l'orgueil. Alors le monde deviendra la cilr de tous les hommes, l'amour de
l'humanit se gravera dans tous les curs, et la vrit, universellement connue,
assurera le perfectionnement de l'espce humaine, qui marchera dans le chemin
de la vrit et du bonheur.
Travaillons, mes FF.-., perfectionner notre me et notre corps, dpouillons-
nous des vices que le monde profane nous a donns, brisons la chane des pr
jugs, polissons et repolissons sans cesse la pierre brute, mditons, et de l'lude
que nous ferons sur nous-mmes, nous serons clairs sur le sens moral de notre
sublime institution.
La parole est donne au F.-. Trsorier; il s'exprime en ces tenues :
L'DUCATION DE L'AMITI
aim : celui-ci est le crateur ou l'ouvrier qui faonne tout ce qui est dans la
nature et destin tre utile aux hommes, celui-l est le dispensateur des dons
de la Providence.
O homme ! qui que tu sois, riche ou pauvre, sois l'ami des hommes et tu seras
l'ami de Dieu : si tu n'es point l'ami de ton frre, lu es l'ennemi de ton Dieu et
de toi-mme.
C'est en vain ipic tu dis ton semblable et l'orphelin : Il existe un
Dieu, si tu ne leur montres pas en toi un frre, un ami.
> Si tu es bienfaisant envers le pauvre, si tu sers de pre l'orphelin, de frre
la veuve, alors tu leur montres non-seulement un pre au ciel, mais encore un
ami sur la terre.
L'amiti des hommes est le vrai trsor du sage : il ne peut trop s'attacher la
mriter par ses vertus et par son amour pour eux : celui qui aime les hommes
doit les servir, leur tre utile et leur dire la vrit.
Pour servir les hommes, il faut aimer le bien; pour leur tre utile, il faut le
vouloir et l'excuter; et la vrit est la connaissance du bien. Enseigner la
i, viit et faire du bien aux hommes, c'est imiter les uvres de Dieu, disait
Pythaqore.
liien n'est plus propre perfectionner l'homme qu'un ami vrai et clair;
mais souvent un ennemi nous claire mieux qu'un ami. Nous reproche-l-il notre
ignorance? Redoublons d'ardeur et d'amour pour la sagesse. D'ingratitude?
Doublons nos bienfaits et nos services. D'injustice? Faisons nos efforts pour
devenir plus justes. D' inimiti1 Formons-nous de nouveaux amis. C'est ainsi
que nos ennemis mmes nous feront du bien.
On n'a besoin que de soi pour rprimer ses penchants et corriger ses dfauts ;
on a quelquefois besoin d'autrui pour les connatre : c'est quoi sert l'amiti d'un
homme sage, qui voit sous un autre point de vue les objets ipie nous avons int
rt de bien connatre.
Un ami qui nous claire, qui nous rend meilleurs, qui nous perfectionne et
npns lve nos propres yeux, est pour nous un vritable ducateur.
lever son ami jusqu' soi, ou s'lever jusqu' lui s'il est plus parfait que
nous, c'est l une loi de l'amiti.
Un homme ami de la vrit l'exprime avec simplicit et modestie; il respecte
la diversit des caractres, des sentiments, dos penses, des ides, des opinions,
et laisse chacun la libert d'esprit; car on se dclare l'ennemi de la vrit quand
on voit et juge les choses d'aprs soi.
Pour avoir de vrais amis, tout se rduit l'tre soi-mme : nul n'est aim s'il
n'aime lui-mme d'un amour pur et sincre; et pour savoir bien aimer, il laut
connatre les lois de l'amour et de l'amiti; il faut en connatre les droits et les
devoirs, et on ne peut les connatre qu'en aimant toute sa vie.
Malgr le plus beau choix du monde, malgr la plus parfaite ducation de
l'amiti la plus vraie, vn h-mnrtv homme n'aura jamais de meilleur ami que sa
femme Celui-l reste, mme quand la fortune a dispers lous les autres.
L'homme qui peut rencontrer uno femme amie est le plus heureux des
LE HAMEAU d'0R d'ELEUSIS
mortels; car il n'y a rien sur cette terre qui gale les douceurs de l'amiti d'une
femme tendre, sensible et vertueuse.
Une femme doue d'une me sensible, d'un bon cur, d'un esprit cultiv,
d'un jugement sain, d'une humeur douce; une femme que l'amour et la raison
conduisent est faite pour les dlices de la terre.
Heureux l'homme dont la vertu le rend digne d'une telle femme, d'une telle
amie! le sage peut en former une semblable, et il peut la former ds sa jeunesse.
La femme est encore plus susceptible que l'homme tre forme par l'amour et
l'amiti.
L'amiti de la femme est la flicit de l'homme : il semble qu'elle n'ait un cur
que pour aimer, et qu'elle n'ait reu de la nature tous les moyens de charmer,
que parce qu'elle possde tout ce qui peut rendre l'homme heureux dans la pros
prit et adoucir l'amertume de ses jours d'infortune.
Combien d'hommes sauvs, ramens l'esprance ou la vie par les soins et
l'amiti des femmes sensibles et courageuses! Combien de fois l'homme, aban
donn de ses semblables, n'a-t-il point dit son unique amie, sa femme :
Ange du ciel sur la terre! toi, qui ne m'as point abandonn, je n'ai rien
perdu, puisque ton cur me reste : je bnis l'infortune que tu partages avec
moi et qui m'a fait connatre tout ton amour.
Quelle grandeur dans l'me d'une femme, quel hrosme, quand il s'agit de
sauver celui qu'elle aime! La timidit, la crainte, l'amour-propre, sont loin de son
esprit; surmontant sa faiblesse naturelle, elle ne conserve de son sexe que des
vertus et des charmes; son dvouement lui donne la force d'un hros, en fait sou
vent une hrone.
Mais pour voir briller le courage d'une femme du plus pur clat, dit un ami
de ce sexe, que son pre ou son frre, ou son amant, ou son poux, ait mrit
la mort ou le malheur qui le frappe : coupable tous les yeux, il est encore
d innocent pour elle; seule, elle ne l'accuse point, elle cherche au contraire les
moyens de l'excuser, de le justifier, de le consoler; seule, elle est sa mdiatrice
entre Dieu et les hommes.
Embrassant des devoirs aussi grands que les maux dont elle voudrait tarir la
b source, elle va partager la captivit ou l'exil de celui qui l'a prive du bonheur;
elle aime mieux tre malheureuse avec lui que d'tre heureuse avec les autres;
b il trouve encore sur le sein de l'innocence un refuge o ses remords s'adou-
b cissent, comme autrefois les proscrits trouvaient aux pieds des autels un asile
contre la fureur des hommes. ->
La plus belle et la meilleure ducation morale est, pour les hommes et pour
les femmes, pour les enfants et pour les jeunes gens de l'un et l'autre sexe, celle
que donne l'amili claire
CHANT MAONNIQUE
DES INFLUENCES
(I) J. M. Fouehet.
LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS 123
les Lapons, prouvent ou ont prouv, de la part des clipses, des motions d'une
absurdit quivalente.
Les comtes ont aussi de tout temps les rnes aux jongleries apocalyptiques,
en semant des apprhensions de bouleversements, que les mathmatiques sont
loin de ratifier; l'apparition de ces sphres chevelues n'tait rien moins, il n'y a
pas bien longtemps encore, et dans l'Europe mme, que la menace de la fin du
monde. Jugez, mes I11.-. FF.-., de tout ce qu'a du inspirer ce phnomne des
nations grossires, dans les temps les plus reculs ! Je n'en citerai qu'un exemple.
Les Mexicains de la conqute taient si persuads, qu'aprs un laps de cinquante-
deux semaines d'annes, les Hraults blancs de l'Ouest, guids par une comte,
devaient venir les anantir totalement, qu' chacune de ces terribles poques,
s'attendant leur ruine, ils brisaient et brlaient, enfin dtruisaient tout, avec
l'imperturbabilit de la conviction et du dsespoir, sorte de frnsie pidmique,
intermittences de trois cent soixante-cinq ans!
Enfin, il est nombre de calamits concomitantes dont on a accus les comtes,
comme nombre de flicits dont on leur a su gr, et l'archologie en fournira des
preuves, depuis les aruspices, qui les chargrent de la mort de Csar, jusqu'aux
potes de notre re, qui les ont remercies de la naissance du roi de Rome, etc.
En rsum, c'est aux rvolutions plantaires que peuvent se rattacher plus
ou moins directement, et ce n'est pas peu dire, la plupart des superstitions qui
ont berc l'humanit; ainsi, la sorcellerie, les arts cabalistiques, la magie et la
dmonologie, flanqus ou non flanqus des prestiges alchimiques, voil les
satellites les plus assidus et comme ies enfants naturels de l'astrologie. Qu'on
scrute l'tiologie de tant de fourberies, de tant de mprises traditionnelles, depuis
les gris-gris des Gambiens jusqu' la madone plombe de Louis XI; qu'on fouille
les dcombres cosmogoniques des Carabes, des Virginiens, des Hurons, etc., des
Tatiens comme des Japonais, des Pguans comme des Moluquois, comme des
Iroquois, comme des Macassarois, partout et presque toujours on verra le cortge
si htroclyte de tous les ftichismes remonter, ou, si l'on veut, redescendre
l'exploitation du firmament. Expdients d'oracles, expdients de prophtes,
augures, exorcistes et sibylles, sortilges, horoscopes, cataclysmes de chiro
mancies, de cristallomancies et d'oniroerities, talismans, amulettes et panaces
quelconques, fabriqus sous telle ou telle constellation ; en un mot, toute cette
hirarchie amphigourique de duperies et de mensonges, qu'on pourrait renfermer
entre les vux de l'incas pour le salut de la Lune et la foi du cousin de Trajan
dans l'toile d'Antinous; tout cela ne dvoile que trop l'autorit que le ciel s'est
comme arroge sur la psychologie de tous les sicles.
L'HIVER.
soupire... la femme qui prie et pleure, et vous serez bnis; donnez, vous dirai-jc,
et ce vieillard achvera en paix, malgr l'injustice du sort, sa carrire qui fut
honorable ; et cette mre, victime, car elle est femme, ne maudira plus la fcondit
de ses entrailles... Cet enfant, un jour, sera citoyen utile... C est d'un hpital o
il fut recueilli expirant de froid et de misre, que le grand Amyot est sorti... Et
cette jeune fdle sera sauve de la mort, du dshonneur pire que la mort! Rendez
hommage la beaut, mais ne la fltrissez pas par un impur trafic, respectez le
malheur, la vertu... Le malheur, la vertu sont les sensitives de la socit (1).
L'DUCATION DE L'ENFANCE
naissantes; alors l'enfant sent intrieurement qn'il n'est pas bon ni juste de crier
contre une mre aimante qui n'exige rien de lui que par amour et pour son propre
bien : voil le germe de l'obissance dvelopp dans son esprit.
Dans son origine cleste, comme dans son tat le plus parfait, la mre se
trouve devant l'enfant comme la loi divine dans sa plus douce et dans sa plus
belle forme, elle est ses yeux l'image de la divinit mme et une seconde
Providence ralise en sa personne.
Le mouvement, l'activit, la libert d'agir, voil les premiers principes de
l'ducation de notre enfance.
L'enfant doit tre son livre lui-mme; son unique tude est celle de son
corps : elle doit commencer par l'instruction des sens, par l'exercice de la vue, de
l'oue, de l'odorat, du got et du toucher, par l'exercice de tous ses organes et
de toutes ses facults.
Le besoin d'agir, comme celui de se nourrir , est le principe actif de
l'ducation de notre enfance; car en agissant l'enfant rencontre des obstacles,
il sent bientt le dsir de les vaincre ou de les surmonter; ds qu'il en a le dsir
il en a la volont, et il en cherche les moyens; prouve-t-il de nouveaux
obstacles dans l'application de ses moyens, il s'exerce la patience: en prouve-
t-il encore, a-t-il des maux, il s'anime, il apprend supporter les contrarits;
bientt il supportera la fatigue, il apprendra souffrir, vaincre la douleur et sa
propre faiblesse. L'enfant apprend-il agir malgr les obstacles, s'exerce-t-il
au travail, la marche, se vaincre lui-mme..:, les germes du courage se
dveloppent avec ceux de la force, de la fermet et du caractre.
En formant le corps de l'enfant pour la vie active, on forme son me la
pratique du bien ; en appliquant son esprit la recherche du bien, on forme son
cur l'aimer, et il aime tout ce qui est bien.
Ds que l'enfant a les premires ides de bont, de beaut, d'honntet,
d'utilit, de vrit et de justice, il a l'ide de la vertu : le germe de la raison est
dvelopp dans son me.
C'est l le premier don de Dieu, le premier bien de l'homme, mais il a sa
source dans un plus grand bien, et il est ncessaire que l'enfant la connaisse.
La mre, qui a dvelopp en lui tous les germes qui constituent la perfection
de l'humanit, dirige son esprit vers l'observation de la nature entire; elle lui
montre le soleil qui nous claire, les toiles du ciel, les pluies qui tombent sur
la terre, les sources jaillissantes, les montagnes, les fleuves qui arrosent les
campagnes, les valles fertiles, les fruits de la terre, les travaux des hommes,
les animaux innocents, les plantes bienfaisantes, tous les bienfaits de la Providence
divine, tous les dons de la nature.
A la vue de cet univers, des bienfaits du ciel et de la terre, l'esprit de l'enfant
remontera la cause qui les a produits, l'Etre souverainement bon, intelligent '
et parfait, auquel il donnera le nom que sa mre lui aura appris prononcer :
Dieu bon.
En prononant ce nom, le premier sentiment de l'enfant sera celui de l'amour
et de la reconnaissance; la confiance, l'obissance et la croyance natront dans
LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS 127
son cur : voil le premier germe de la religion dvelopp. C'est le plus baul
degr de la perfection o l'enfant puisse parvenir ; c'est l o l'amour et
l'attachement d'une bonne mre le conduisent : voil les devoirs sacrs d'une
mre tendre et sensible. Mais que penser d'une mre qui refuse son enfant
ce qu'elle lui doit, la premire ducation, qui lui drobe ses soins pour aller
briller dans la socit ? que penser d'un pre qui arrache le nourrisson des
bras de sa mre, afin qu'elle ne soit pas prive un seul jour de la jouissance
enivrante des plaisirs du monde? En fermant ainsi la source de l'amour maternel
et paternel, les germes prcieux que nous venons de voir se dvelopper restent
sous leur enveloppe grossire; ils tarissent les sources de la vie et conduisent leurs
enfants la mort, car s'ils vivent sans aimer, sans se former l'amour, c'est comme
s'ils n'existaient pas : le grand art d'lever les enfants est de les rendre heureux.
Nous venons de voir que le principe de l'ducation de l'enfant est l'amour
de la mre, le principe de l'ducation de l'adolescent et du jeune homme est
l'amour du pre; ce que la mre a fait pour lui jusqu' l'ge de dix ans, le pre
doit le faire jusqu' vingt ans.
La nature nous offre l'aspect du dveloppement de tous les tres organiss
sous deux formes invariables et ncessaires, mais essentiellement diffrentes. La
premire est la naissance, la croissance et l'extension. Chaque arbre sort d'un
germe primitif qui enveloppe, qui renferme en lui, qui dveloppe ensuite tout ce
que sa nature lui permet de produire, si les circonstances les plus heureuses
favorisent son accroissement.
La seconde forme consiste dans la gradation, dans la marche et les lois d'un
dveloppement progressif et graduel. L'tre organis ne se borne pas cr jtre et
s'tendre : il s'lve successivement divers degrs d'une existence de plus en
plus noble et parfaite. Un arbre dans sa premire croissance est compos de bois,
de branches, d'une sve intrieure qui le nourrit et de feuilles qui manifestent sa
vie; puis, une seconde cration commence pour lui : la fleur qui nat et s'panouit
reproduit ce mme tre sous une forme plus noble; cette fleur est elle-mme le
germe d'un produit plus lev encore, qui est le fruit destin lui succder et le
reproduire.
Ainsi l'homme se dveloppe, se forme et se rgnre, pour ainsi dire, en
parcourant des degrs successifs par lesquels son tre n'est pas seulement renou
vel, mais ontre dans une sphre suprieure et jouit d'une existence plus pure et
plus complte.
On peut comparer l'enfant, ds le premier ge, non-seulement sous le rapport
physique, mais aussi quant son dveloppement moral et intellectuel, l'arbre
qui ne porte encore ni des fleurs ni des fruits, mais qui crot, dont la tige s'tend,
et qui a dj des branches et des feuilles.
Al 'poque de la pubert, une nouvelle cration se dveloppe dans les facults
naturelles de l'enfant, dans ses actions, dans ses sentiments, dans ses ides, dans
tout son tre : il commence sentir et penser, se concevoir lui-mme d'un
point de vue plus lev ; ses conceptions deviennent plus spirituelles, plus dignes
d'un tre intelligent.
128 LE RAMEAU D'OR d'eLEUSIS
Il n'avait encore prouv que les impressions donnes et reues par les sens ; il
n'avait vu que son corps : il commence apercevoir son esprit, il voit spirituelle
ment son intrieur; il sent les mouvements de son cur; il reconnat les opra
tions de son intelligence; il se forme des notions plus justes du bien et du mal, du
vrai et du faux.de l'honnte et de l'utile; il saisit les lments intimes des
premires connaissances; il se cre, pour ainsi dire, un nouveau monde, par une
manire plus claire d'envisager les choses et de saisir les rapports qui sont entre
elles.
Il arrive enfin un point o il dcouvre et peut s'approprier de nouvelles
lumires qui vont se rpandre sur tout ce qu'il a prcdemment appris; tous les
objets dont il ne connaissait que l'enveloppe et la superficie commencent lui
donner des impressions plus releves; ils se prsentent lui pars de tous les
attraits de l'imagination et du sentiment, qui, par une sorte d'enchantement, en
sont pour lui Je nouveaux tres. Chaque homme, s'il retourne jusqu' son enfance,
peut se rendre compte de l'poque o ce nouveau monde a frapp, par un charme
auparavant inconnu, son esprit et son me.
>. Tel est, pour l'homme, le passage de l'enfance l'adolescence. Alors, tout
coup ses yeux sont clairs d'une nouvelle lumire; un nouveau feu vient purer
le cur et l'me; une nouvelle clart brille pour le sentiment et l'intelligence; un
jour nouveau claire, anime, vivifie tous les objets; l'existence tout entire reoit
une modification soudaine qui se communique tous les tres; la nature parait
dans toute sa beaut; la scne entire du monde est change.
La mme chose arrive encore au passage do l'adolescence la jeunesse, poque
d'un troisime degr de dveloppement. Le jeune homme sent ses forces, il connat
ses facults et l'art de les exercer, de les employer pour son plus grand bien, pour
le perfectionnement de toute sa nature physique, morale et intellectuelle.
La nature s'agrandit ses yeux; il reoit des impressions plus fortes; il
prouve des sentiments plus gnreux; il a des penses plus leves, des ides
plus sublimes de son tre ; il acquiert des connaissances plus sres, plus relles,
plus parfaites; les fleurs de l'imagination font place aux fruits de la raison; il
marche d'un pas sr et ferme vers la connaissance de toutes les vrits utiles et
ncessaires au bonheur de sa vie entire.
Alors, le jeune homme sent le prix de l'existence; il cherche les moyens de
la perfectionner par le bon emploi de la vie, par l'observation de la nature, par
l'exprience, par la culture de l'art et de la science, et la loi de la perfectibilit sert
de direction son intelligence. Il sent la dignit de l'homme, il s'estime lui-
mme, il estime les hommes et les choses selon leur vritable prix; il connat la
place qu'il occupe dans le monde; il sait ce qu'il a t, ce qu'il est et ce qu'il
peut tre; il a trouv la boussole de la vie et le chemin du bonheur, qui est celui
de la plus grande perfection possible.
Le jeune homme, aprs avoir reu la meilteure ducation possible, n'est encore
qu' moiti form : il doit se donner lui-mme une seconde ducation plus par
faite que la premire. Ds qu'il sent qu'il est homme, il doit rentrer en lui-mme,
et, par la connaissance qu'il a de sa nature et de sa destination, examiner si tous
LE RAMEAU D'OR d'ELEPSIS 129
les principes, si toutes les vrits et les maximes qu'on lui a enseigns tendent
sa plus grande perfection et au plus grand bien des hommes, si tout est fond sur
la morale pratique et sur la vertu active. L'ducation que le jeune homme se donne
lui-mme sera parfaite, s'il est form pour pratiquer constamment le bien, pour
conserver sa dignit, pour tre et demeurer toujours homme.
PRIRE
ORPHE
Orphe naquit en Thrace, vers l'an 1330 avant J.-C; il avait reu de la nature
le don sublime de la musique et de la posie un si haut degr de perfection,
qu'il passait, dans ces temps fabuleux, pour le fils d'Apollon et de Calliope.
Orphe avait appris que le premier homme, mu par la contemplation des
grands effets de la nature, chercha exprimer son admiration dans un langage
plus lev et fut le premier pote ; il savait que l'homme, agit par des sentiments
tendres et passionns, voulut peindre l'tat de son me par des accents plus
nergiques et cra la premire mlodie; enfin, ds que les hommes ont cherch,
pour exprimer leurs sensations, un langage suprieur, ils ont rencontr la posie
et la musique, deux arts qui ont la mme origine et qui reposent sur les mmes
lments.
L'art de la musique tant donc destin plaire et mouvoir les curs par
la combinaison des sons, elle tait employe civiliser les barbares, chanter la
gloire des dieux et des hros.
Orphe avait tellement compris la puissance de la musique et de la posie sur
le cur humain, qu'il entreprit la tche difficile de civiliser les peuplades sauvages
et de rgnrer sa nation en lui imprimant une lgislation nouvelle; c'est travers
les ruines mutiles de l'ignorance stupide, de la barbarie, que nous trouvons
l'uvre civilisatrice du chantre de la Thrace et la pense qui arracha les Plasges
la barbarie.
Pour excuter son projet, Orphe se rendit avec courage dans une fort qui
n'tait claire que par des rayons vacillants et presque teints, par des reflets
aussi ples que les lueurs d'une lampe spulcrale; les chnes et les ormes
tendaient leurs branches touffues sur un sanctuaire orn de leurs dieux,
reprsents par des pierres brutes et des trnes grossirement faonns ; l'eau
du ciel filtrait dans ce lieu lugubre, travers cent tages de rameaux, et
traait d'humides couleurs sur ces images tivides, que la mousse et les lichens
rongeaient comme une lpre affreuse : c'est l qu'Orphe venait apprendre des
sauvages vivre en hommes...
Souvent, du milieu de cette fort, l'on entendait des hurlements affreux, des
cris perants et des voix inconnues... Orphe prenait alors sa lyre harmonieuse,
et, par sa voix douce et sympathique, faisait cesser l'horreur du tumulte... Ce
phnomne appartient l'ordre prophtique, ce rayon de la puissance adimique
destine confondre la raison humaine, cette clef mystrieuse qui ouvre
LE RAMEAU d'OB. d'ELEUSIS 131
nous, lui dit'il; attends que la saison des orages soit passe; pourquoi bannirais-tu
l'amour de ton cur; aimer est si noble, et tre aim si suave?... Je n'ai rien
offrir Eurydice que les peines de l'exil; je sais quelles perscutions menacent
les initiateurs apportant aux peuples des ides nouvelles. Eurydice sera ton
pouse, rpondit Talaon ; elle te suivra partout o tu porteras tes pas errants;
elle habitera avec toi la solitude... Et o reposera-t-clle sa tte?... Sur ton
sein, dit le vieillard...
Orphe pousa Eurydice; mais, persuad que les connaissances de la divinit,
de la morale et de !a nature donneraient plus d'lvation sa posie, plus
d'expression aux accords de sa lyre, il commena tudier la langue du pays
qu'il voulait visiter; une seule ide venait le plonger dans le chagrin et l'indcision :
il fallait quitter sa chre Eurydice ou l'exposer aux dangers d'un long et pnible
voyage. Il lui en reprsenta les inconvnients, lui parla des douceurs de la patrie
et de la considration dont elle jouissait la cour du roi de Thessalie; mais toutes
ces observations augmentaient visiblement sa tristesse. En effet, le sjour de cette
cour dont il vantait les agrments devenait pour Eurydice un sujet de danger et
d'effroi. Depuis quelque temps, Arisle, petit-fils du roi rgnant, ne pouvait se
dfendre d'un amour violent pour cette chaste pouse; mais Eurydice, guide
par la prudence, sut cacher son mari les poursuites dont elle tait l'objet; elle
lui dclara seulement que, ne pouvant vivre sans lui, elle avait le courage de
partager ses prils.
Les deux poux s'embarqurent pour l'Egypte ; mais, dans sa pnible mission,
Orphe ne devait pas recevoir les consolations de l'amour, goter les joies de la
famille : son apostolat allait commencer par la souffrance. Il aborda Canope,
remonta Memphis par le canal hraclatique. Dans le trajet du port une
htellerie, Eurydice fut lgrement pique au talon par une bte venimeuse, et
expira quelques heures aprs. Le chagrin d'Orphe fut d'autant plus violent en
reconnaissant le motif de sa mort, qu'il portait sur lui le remde infaillible la
morsure duVeptile venimeux qui lui enlevait ce qu'il avait de plus cher au monde.
Orphe, plong dans le plus profond dsespoir, n'avait nullement song se
faire connatre, et Eurydice fut, sans aucune crmonie, descendue dans le
tombeau destin aux trangers, prs des pyramides. A l'entre des catacombes se
trouvait le lac Achrusia (Achron), sur les bords duquel les Egyptiens taient
jugs aprs leur mort.
Orphe, toujours inconnu, ne trouvait de consolation qu'auprs du tombeau
o reposait son Eurydice. Il apprit un jour, par un gyptien, que les catacombes
avaient une communication souterraine avec les pyramides, et qu'on y entendait
les chants des ombres bienheureuses. Orphe rsolut, le soir mme, de s'introduire
dans la grande pyramide et d'y appeler son Eurydice par les doux accords de cette
lyre, qui faisaient autrefois tant d'impression sur son coeur. Ds que la nuit fut
venue, muni d'une lampe, il monta jusqu' la septime assise du ct nord de la
pyramide, o se trouvait une fentre carre toujours ouverte pour recevoir les
initis.
Cette ouverture tait l'entre d'un troit souterrain dans lequel on ne pouvait
LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS 133
pntrer qu'en rampant. Orphe s'y engagea. Aprs bien des dtours, il arriva
une seconde ouverture qui conduisait une galerie creuse dans le roc vif, espce
de labyrinthe se terminant par une porte s'ouvrant d'elle-mme sans produire le
moindre bruit. Des crnes, des squelettes, htes silencieux et ternels, entourent
cette enceinte dfendue par un chien; son museau tait tendu, prt aboyer;
mais il se borna regarder triMement Orphe. C'tait le sanctuaire des tombeaux;
il conduisait une vaste salle entoure de trois gateries soutenues par des colonnes
de granit. On parvenait la premire galerie, place au septentrion, par trois mar
ches ; l'entre se trouvait, droite et gauche, plusieurs colonnes de pierre,
mal tailles, de la hauteur d'un homme : c'lait l toute la sculpture des premiers
ges du monde.
Plus tard, l'homme trouva, parmi les pierres que la nature avait formes, des
ressemblances avec les tres anims, il en fit ses dieux pnates. Par suite, il
imita ces objets avec de la terre et du bois ; et en cherchant perfectionner ce que
la nature et le hasard avaient laiss d'imparfait, la sculpture commena paratre,
ce qui conduisit naturellement ls artistes aux attitudes lgantes et aux mira
cles de l'art, pure et brillante manation de la divinit.
La deuxime galerie, place l'occident, tait destine la peinture ; on y
arrivait par cinq marches. On voyait d'abord des planches de bois blanchies dont
les objets, tracs en noir, taient incomprhensibles. En avanant, on y voyait
des traits qui paraissent avoir t tirs autour de l'ombre que forme un objet
expos au soleil. Mais les tableaux suivants se faisaient remarquer par la perfec
tion du dessin et des couleurs. Toutes les grandes manifestations de l'art ne se
produisirent pas ds les premiers jours du monde, l'homme dut conqurir la
terre avant de songer l'embellir.
La troisime galerie, place l'orient, tait destine la musique; on y arrivait
par sept marches. On voyait d'abord le chalumeau, la flte champtre et les
instruments vent (inventes les premiers), les harpes, la flte plusieurs tuyaux
de grandeur ingale, dont on se servait avant qu'Osiris et invent la flte simpte,
qui rend seule tous les tons de la premire. Ce hros en faisait accompagner les
cantiques. On y voyait ensuite la trompette, les timbales, la lyre trois cordes de
lin, que Linus remplaa par celles en boyau, lajyro quatre cordes, symbole iles
quatre lments, la lyre sept cordes, emblme des sept plantes; on prtend que
les deux extrmits de cette lyre, qui laisse au musicien la libert de joindre sa
voix aux sons de l'instrument formaient le diapason ou l'octave, avant mme qu'on
et introduit dans le systme diatonique la pnultime eoide qui le rend complet.
Aprs les lyres, on voyait les premiers corps d'insti umeuts et les premires tables
d'harmonie, si favorables pour fortifier les sous, souvent trop faibles, dans une
seule circonfrence de bois inbranlable comme celle pii soutient les cordes
d'une lyre; on arrive enfin aux instruments manches ou toucl.es, oit les
doigts, formant les tous et trouvant sur un moindre nombre de cordes un plus
grand nombre de ttracordes et d'octaves, peuvent passer indiffremment partons
les modes, et ont un champ libre pour excuter tout ce qui se prsente L'imagi
nation du plus hardi compositeur.
134 le rami:ai- d'o d'F.lF.usis
Orphe continua son chemin avec l'assurance qu'il avait montre en pntrant
dans les tombeaux; seulement il s'tonnait de la longueur de la route, lorsqu'une j
petite porte de fer, place au midi, s'oirit ses regards ; elle tait garde par trois
hommes arms ; leurs casques taient surmonts d'une tte d'anubis, c'est ce qui
donna lieu la fable de Cerbre : Chien trois ttes, permettant l'entre des
enfers et en dfendant la sortie. En effet, un de ces trois hommes dit Orphe :
Nous ne sommes pas ici pour arrter vos pas, continuez votre route si Dieu
vous donneassez de courage; mais n'oubliez pas que si vous franchissez le seuil de
cette porte, ce sera pour toujours, et vous ne sortirez qu'en allant toujours devant
vous, t Soutenu enfin par l'espoir de retrouver l'ombre de son Eurydice, et sans
couter ces paroles, le fidle poux double le pas, clair par une lueur trs-vive
s'chappant d'une chambre vote. 11 ne s'arrte qu'aprs avoir franchi un chemin
pnible par son irrgularit; en ce moment, Orphe prend sa lyre et chante ces
vers :
Il arrive devant une porte deux battants, sur laquelle sont crits ces mots, en
lettres d'or : Asile pacifique de la vrit. A son approche, cette porte s'ouvre
d'elle-mme et il entre dans une salle dispose en paralllogramme et resplen
dissante de lumire. A travers les vapeurs de l'encens, on apercevait tout un
matriel d'astronomie; un homme la figure vnrable, portant une couronne
de 1er sur sa tte (c'tait Minos s'occupant juger tes morts et sparant le
juste de l'injuste) lui dit : Arrte et contemple ces hommes qui ont t les
bienfaiteurs de l'humanit; ils se sont tous runis pour enseigner la vertu.
Interroge-les si tu le veux. Orphe courut au premier, il avait un petit encensoir
la main; c'tait Numa, auquel il baisa la main, et se dirigea vers le second, un
beau vieillard, vtu d'une tunique hlanelie; il mettait un doigt sur sa bouche.
Il reconnut Pythagore devant lequel, pour lui tre agrable, il passa en disant :
a La rflexion est la vie de l'me et la plus srieuse occupation du sage, celle
laquelle l'homme de bien s'attache pour se prserver des erreurs des sens et des
folies de son orgueil.
Il se rendit auprs de Zoroastre, qui lui dit Dans le doute, si une action est
bonne ou mauvaise, abstiens-toi.
Aprs avoir salu tous les sages qui avaient cherch la vrit et pratiqu la
vertu, Orphe s'avana vers Chilon, qui lui dit : Je sais garder un secret, je
souffre les injures et j'emploie bien mon temps. Il se rend ensuite auprs de
Clops, qui lui dit : Je me suis souvent repenti d'avoir parl et jamais de m'tre
tu. S'adressant Confucius, le sage lui rpond : a Tu ne dois jamais faire la
guerre qu' cinq choses : aux maladies du corps, l'ignorance de l'esprit, aux
passions du cur, aux sductions, la discorde des familles. Ton me, lui
dit Minos, est une pierre que tu dois polir et y tracer des plans parfaits; travaille
donc perfectionner ton me et ton corps, dpouille-toi des vices que le monde
t'a donns, brise la chane des prjugs et tu deviendras l'image de la divinit sur
la terre.
En suivant la voix de la natur, tu peux atteindre au bonheur ; tout le monde
peut le possder, c'est une plante dont l'origine est cleste... mais il ne faut
pas le chercher dans les extrmits, il ne faut pas que du bon sens dans
l'esprit et de la droiture dans le cur.
La cause universelle n'agit que par des lois gnrales qu'elle a constitues.
C'est le vritable bonheur. L'ordre est la premire loi du ciel : Dieu gouverne par
des lois gnrales et non particulires ; il veut que le bonheur soit gal pour tous, b
Aprs lui avoir donn quelques dtails sur l'origine des mondes, il poursuit ainsi :
A la place de ces astres qui nous entourent, qui nous clairent, avant qu'ils
fussent, il est probable que la matire n'tait pas compacte, qu'il n'y avait qu'un
mlange ou qu'un seul lment compos de quatre autres ; mais successivement
les globes se sont forms par la force vitale et cratrice de l'esprit, qui a dsign
les points o s'est ensuite concentre la matire.
S'il y a eu un premier n parmi les tres, il y a sans doute eu un premier
globe, et cette multitude de soleils qui roulent sur nos ttes ont eu aussi leurs
ains.
136 LE RAMEAU D'OR I>'ELEt!SlS
encore les proprits des vgtaux et la manire d'en extraire les sucs pour la
prolongation de la vie; que l'unit est le terme minem vers lequel se dirige
toute philosophie, ce besoin imprieux de l'esprit humain, ce pivot auquel il est
contraint de rattacher le faisceau de ses ides. On lui fit comprendre que
l'unit est cette source, ce centre de tout ordre systmatique, ce principe de vie,
ce foyer inconnu dans son essence, mais manifeste dans ses effets; que l'unit
enfin est ce nud sublime auquel se rallie ncessairement la chane des causes.
Ou lui apprend que la vertu a pour objet l'lvation et l'anoblissement de l'esprit
humain, et que sa mission est d'tablir le rgne de l'amour, de la vrit et de la
justice. Va rpandre sur la tene, lui dit le G.-. Hirophante, parmi les enfants
des hommes, les vrits sublimes que tu viens d'apprendre, mais surtout n'cris
pas sur la neige.
...De retour dans sa patrie, Orphe apprit aux hommes go vtir et s'nbriter
contre les intempries des saisons; il les disposa . recevoir les leons de
l'intelligence; il leur donna l'institution du mariage, c'est--direja famille; puis,
le culte des tombeaux, reliant ainsi le pass et l'avenir par l'amour. Aprs avoir
fond les institutions sociales, il organisa les institutions politiques, et leur donna
la loi divine et humaine.
LE HAMEAU D'OR d'ELEUSIS 139
TRAVAUX COMPLETS
nu
PRIRE
Suprme Architecte des mondes, daigne bnir nos travaux et rends- les
conformes ta loi, claire-les de ta lumire divine, qu'ils n'aient d'autre but que
la gloire de ton nom, la prosprit de l'Ordre et le bien gnral de l'humanit;
unis les hommes que l'intrt et les prjugs divisent; carte le bandeau de l'erreur
qui obscurcit leurs yeux, et que, ramen la vrit par la philosophie, le genre
humain ne prsente plus qu'un peuple de FF.-., qui t'offre de toutes parts un
encens pur et digne de toi.
Puis le Vnrable frappe cinq coups suivant la batterie, qui sont rpts par
les deux surveillants, et dit :
LE RAMEAU D'OR d'eLEUSIS Ul
Le Vn.-. dit : T.-. C.-. F.-, secrtaire, veuillez nous donner lecture du plan
parfait des travaux de la dernire tenue.
Le F.-, secrtaire donne lecture du plan parlait, et s'il n'y a pas d'observations
aprs les conclusions du F.-, orateur, on le sanctionne par la batterie d'usage.
Le Vn.-. dit ensuite :
T.-. C -, F.-, matre des crmonies, rendez-vous dans le parvis du temple, afin
de vous assurer s'il n'y a pas de FF.-, visiteurs possdant le deuxime degr de
l'Ordre.
Le F.-. matre des crmonies remplit sa mission et vient en rendre compte; s'il
se trouve des visiteurs, le Vnrable agit selon les statuts gnraux de l'Ordre.
RCEPTION
L'on donne au candidat des questions rsoudre par crit; si les rponses sont
la satisfaction de l'At.-., le Vnrable dit :
Le F.-. N..., ayant satisfait l'At.-. par ses rponses crites, tes-vous d'avis,
T.-. G.-. FF.-., de lui accorder l'augmentation de salaire qu'il demande ?
Les FF.-, donnent leur assentiment de la manire accoutume.
Ensuite le Vn.-. dit :
D.-. F.-, grand expert, rendez-vous auprs du candidat, et annoncez-le suivant
l'usage.
Le F.-. G.-, expert sort, revient annoncer le candidat ; il frappe la porte du
temple en apprenti.
Le F.-, gardien du temple (couvreur) dit :
R.-. F.-, deuxime surveillant, on frappe la porte du temple en apprenti.
Le F.-, deuxime surveillant frappe un coup de maillet et rpte l'annonce au
F.-, premier Surv.-., qui dit :
R.-. V.-., on frappe la porte du temple en apprenti Maon.
Le Vn.-. dit :
D.-. T.-. C-. F.-, premier Surv.-., faites voir qui frappe.
Les FF.-, premier et deuxime surv.-. rptent l'annonce, le F.-, couvreur
entr'ouvre la porte, et le grand expert dit haute voix :
R.-. C'est un apprenti Maon qui demande tre reu compagnon; il a travaill
sur la |lierre brute, fini son temps et mrite de passer de [la perpendiculaire au
niveau.
142 LE RAMEAU d'0R D'eLECSIS
Le Vn.\ dit :
D.". F.'. G.\ expert, demandez-lui son nom et quel Atelier il appartient.
Le F.*, grand expert rpond :
R.\ C'est le F.*. N , apprenti Maon, membre de la Loge de...., qui a mrit
de monter le deuxime chelon mystique.
Le Vn.'. dit :
D.'. Debout et l'ordre (d'apprenti), mes FF.'.
Puis, s'adressant au F.', gardien du temple.
Faites entrer le candidat.
Le candidat est introduit dans la Loge avec une rgle dans la main gauche,
appuye sur l'paule; lorsque le Rcip.'. est introduit, il donne au couvreur le
mot depasse, ets'avance l'ordre et par le pasd'App.*. Il est accompagn du F.'.
G.', expert, qui, l'ayant fait passer dans la chambre d'Endymion et mrit le nom de
mysthe, lui fait monter le deuxime degr mystique et le place entre les deux
colonnes, les pieds en Eq...... Le silence le plus profond rgne dans le temple.
Le Vnrable lui explique en ces termes pourquoi il porte la rgle :
1).\ Mon F.\, un vritable Maon doit toujours se servir de l'outil allgorique
que vous portez en ce moment; sans la rgle, on ne ferait rien de bon ni dans
les ouvrages manuels, ni dans les productions de l'esprit, ni dans la conduite de
la vie; le gnie lui-mme y est soumis, malgr ses lans auxquels on applaudit
quand ils sont heureux, mais il a des rgles qu'il n'est jamais permis de violer.
Le Vnrable invite l'expert prendre la lyle des mains du candidat et la
dposer sur la table o sont les instruments.
EXAMEN DU CANDIDAT
PREMIER DEGR
penses telles qu'en pouvaient concevoir les Pascal, les Bossuet, les Fnelon,
voil le caractre et le devoir du Maon; purili de tous les vices, dpouill de
toutes les erreurs, il marche la recherche de la vrit, et fait son tude assidue
de tout ce qui peut amliorer le bien-tre de l'humanit.
D.-. Quelle est sa premire lude?
R -. Il doit s'attacher distinguer le sacr du profane et la lumire des
tnbres.
D.-. Quel est le premier principe de l'ducation d'un Maon?
R.-. C'est la connaissance de la nature, de ce qu'elle a t, de ce qu'elle est, de
ce qu'elle peut et doit tre.
. D.-. Quel est le second principe ?
R.-. C'est la connaissance des tres organiss, des lois de leur existence, de
leur dveloppement et du degr de perfection auquel ils peuvent parvenir, d'aprs
la nature qui leur est propre.
D.-. Quel est le troisime principe ?
R. . C'est la connaissance d'un Dieu crateur, qui n'a cr et organis les
tres intelligents que pour les conserver, les dvelopper et les lever jusqu' la
plus haute perfection de leur nature.
D.-. Quel est le but de nos travaux?
R.-. Les travaux maonniques sont entirement consacrs la plus^grande
gloire du Sublime Architecte des mondes ; toutes les vertus humaines sont
agrables Dieu, c'est donc le servir, le glorifier que d'enseigner, dvelopper et
pratiquer celles qu'il a mises en nous.
Le but constant de nos efforts doit tre le bonheur de l'humanit; car ce n'est
pas nous tous Maons que doivent appartenir seulement les bienfaits de notre
morale, mais tous les hommes, nos FF.-.; c'est nous de les appeler, de les
convier au bien par nos paroles et nos exemples.
D.-. Quel est le but de la Mac.-. ?
R.-. Son but est d'lever l'homme au plus haut degr de perfection possible
dans l'tude des sciences, dans le dveloppement des connaissances et des ides
gnreuses, dans l'accomplissement des devoirs locaux et dans la pratique de
toutes les vertus.
D.-. En quoi consiste le bonheur de l'homme?
R.-. Le bonheur de l'homme consiste dans la perfection de son tre; et l'art
d'tre heureux consiste savoir tre eu harmonie avec soi-mme, avec ses sem
blables, avec Dieu et toute la nature.
D.-. Par quel moyen le Maon peut-il arriver ce but?
R.-. Lorsque, par le libre et entier dveloppement de toute sa nature, il est
parvenu ce degr de perfection o les organes de son corps, de son me, o les
facults de son esprit et les sentiments de son cur sont d;ins un parfait accord,
il est en harmonie avec lui-mme.
Tous les hommes doivent tre forms pour l'humanit, tous sont ns pour s'ai
mer, pour s'entr'aider les uns les autres; car ces myriades d'tres qui peuplent
l'univers ne sont que les membres d'une seule et mme famille, parce qu'il n'y
144 LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS
a qu'une seule essence vitale, qu'une seule nature d'mes, qu'un seul souffle
divin.
D.-. Quelles ont t les formalits usites dans votre rception?
R.-. Je lus d'abord prsent par un ami que j'ai depuis reconnu comme un F.-.,
puis conduit par des inconnus dans une salle contigu la Loge, o, aprs m'a-
.voir demand si mon intention tait bien d'tre reu Maon, on m'enferma dans
un lieu secret.
D.-. Que reprsentait ce lieu?
R.-. Le centre de la terre et le sjour de la mort, afin de m'apprendre que tout
vient de la terre et doit y retourner ; que l'homme doit constamment se tenir prt
paratre devant Dieu; que le profane qui veut tre reu Maon doit, avant tout,
mourir au vice, afin de ne plus vivre que pour la vertu.
Que fites-vous dans ce lieu?
R.-. Ma profession de foi.
D.-. Dans quel tat vous mit-on?
R.-. Un bandeau couvrait mes yeux, et j'tais priv de tous mtaux.
D. . Pourquoi aviez-vous les yeux bands ?
R.-. Pour marquer les tnbres de l'ignorance.
D.-. Pourquoi vous priva-t-on de vos mtaux en vous donnant une chane
pesante?
R.'. fces mtaux tant l'emblme des vices, on m'apprit par l qu'il fallait y re
noncer pour devenir meilleur (les prtres gyptiens, pour sacrifier au soleil, d
posaient leurs ornements d'or et d'argent); la chane tant le symbole des pr
jugs, je devais m'en dpouiller, comme je le fis, au deuxime point de ma pu
rification.
D.-. Que fites-vous dans cet tat?
R.-. On me lit entreprendre un long et pnible voyage.
D.-. Que signifie ce voyage?
R.-. Ma purification et ma prparation recevoir les secrets importants qui
devaient m'tre confis; il reprsentait encore mystrieusement toutes les vicis
situdes de la vie humaine, et la nature donnant aux sages la clef dos hautes
connaissances.
D.-. Qu'prouvtes-vous dans ce premier voyage?
R.-. Je fus plac dans la rgion de l'air; la foudre, la grle et tous les autres
mtores se dchanrent autour de moi, mais cette tempte affreuse succda
le plus grand calme.
D.-. Que signifie cette tempte?
R.-. Elle peignait les embarras qu'prouve l'homme dans l'ge mr et jusqu'
la fin de sa carrire.
D.-. O vous conduisit ce premier voyage?
R.-. A une piscine salutaire, d'o je sortis libre des entraves qui m'accablaient;
un ami m'expliqua une partie des vrits caches sous les emblmes de cette
preuve.
D.'. Que fit-on de vous, alors?
LE RAMEAU J)'OR D'ELEUSIS 145
I i
R.-. Aprs s'tre assur que je persistais dans ma rsolution, ce F.-, me fit con
tinuer ma route.
D.-. Quels obstacles rencontrites-vous?
R.-. Un brasier ardent se trouva devant moi : je fus contraint do le traverser.
D.-. Que signifie ce brasier?
R.-. La violence des passions, la fougue de la jeunesse, qui sont autant d'obs
tacles la perfection morale de l'homme.
D.-. Que fites-vous au sortir Je ce troisime lment?
R.-. Un F.-, me prsenta une liqueur amre, emblme des chagrins et des d
gots que l'homme prouve dans celte vie, et que les sages supportent sans se
plaindre.
D.-. Que fites-vous ensuite ?
R.-. Mon guide me laissa continuer ma route, et je me trouvai la porte du
temple.
D.-. Qu'y trouvtcs-vous?
R.-. Deux FF.-, qui m'arrtrent, et, aprs s'tre assur s que j'avais t purifi,
me firent connatre les obligations que je devais contracter, et frapper trois coups
la porte du temple.
D.-.Que signifient ces trois coups?
R.-. Demandez et vous recevrez, cherchez et vous trouverez, frappez et l'on
vous ouvrira.
D.-. Que fites-vous ensuite?
R.-. Le Vnrable m'adressa diverses questions auxquelles je rpondis, et,
du consentement de tous mes FF.-., il me fit conduire l'autel, afin d'y prter
mon serment.
D.'. Comment tiez-vous en le prtant?
R.-. Debout sur la troisime marche de l'autel, la main gauche sur le livre sacr
de la loi et sur le glaive, symbole de l'honneur, et de la main droite tennnt la
pointe d'un compas sur le cur.
D.-. Que fit ensuite le Vnrable?
R.-. Il m'accorda la lumire.
D.-. Que vites -vous dans ce moment?
R.-. Trois objets prcieux, emblmes de tous nos devoirs.
D.-. Quels sont ces objets?
R.-. Le livre de loi, qui contient nos devoirs envers Dieu; un tronc, destin
recevoir les secours que nous devons nos FF.-., et un compas, symbole de ;
l'exactitude et de la droiture de nos murs. .
D.-. Que fit alors le matre de la Loge?
R.-. lime fit ritrer mon obligation, me donna le signe, la parole et l'attouche
ment du grade d'apprenti Ma.-.
D.-. Donnez-moi le signe.
R.-. (On le donne.) Il me rappelle que j'ai promis de garder le secret sur nos
mystres, d'aimer mes FF.-., de les aider, de les secourir et de travailler cons
tamment vaincre mes passions ; il se nomme Guttural.
10
H6 LE RAMEAI D'OH d'LEUSIS
certains animaux qui, en cela, sont nos matres, ainsi que les sauvages ; l'homme
qui vivrait comme eux, dans l'tat le plus prs de la nature, aurait l'odorat le plus
parfait.
Le sens de l'oue se perfectionne par l'attention de l'oreille distinguer l'har
monie des sons naturels ou artificiels. Pythagore, l'un des initis de Mem-
phis, croyait entendre l'harmonie des lments; et les sons mlodieux de
la lyre d'Orphe, attendrissant les tigres et civilisant les hommes , l'obser
vation de la nature et l'art divin de la musique, peuvent seuls oprer ce perfec
tionnement.
Le sens de la vue se perfectionne comme tous les autres sens, par le bon usage
que l'homme en fait : fixer ses regards sur le ciel, sur cette immense vote o la
nature tale avec le plus de profusion sa magnificence; nulle part elle ne dvoile
des effets plus magnifiques et des beauts plus imposantes; faire usage de la
vue pour reconnatre la vritable beaut et la reconnatre, c'est avoir la vue parfaite.
D.\ Pourquoi, enfin, sept la rendent-ils juste et parfaite?
R.-. Parce qu'il y a sept officiers principaux dans une Loge, et que ce nombre
renferme en lui de grands et sublimes mystres : il rappelle les sept jours que le
Tout-Puissant employa la cration de l'univers, les sept sphres clestes (des
anciens) auxquelles correspondent les sept jours de la semaine, les sept couleurs
i primitives et les sept tons harmoniques. Le nombre sept, en effet, semble se ratta-
i cher tous les systmes et appartenir toutes les sectes... Tout corps agissant
est compos de trois mesures : longueur, largeur, paisseur, et de quatre
extrmits , qui sont : le point, la ligne, la superficie, le solide; voil les sept
qualits qui sont la perfection de tout corps, et cette perfection est justifie par
bien des vertus; enfin, les proprits de ce nombre sont telles que les sages pr
tendent qu'il rgit l'univers.
D.', Quelle forme a votre Loge?
R.-. Un carr long.
D.-. Dans quel sens est sa longueur?
R.-. Du levant au couchant.
D.-. Sa largeur?
R.-. Du midi au septentrion.
D.-. Sa hauteur ?
R.-. De la terre aux cieux.
D.-. Sa profondeur?
R.-. De la surface de la terre au centre.
D.-. Pourquoi ces dimensions?
R.-. Parce que la Maonnerie est universelle et qu'elle nous est venue d'Orient.
D.-. Qu'entendez-vous par Loge?
R.-. Le monde. Tous les Maons rpandus sur notre globe ne forment qu'une
seule et mme Loge, et les FF.-, runis dans un temple ne sont que des portions
de la Loge universelle.
D.-. Existe-t-il dans la Franc-Maonnerie un secret, indpendamment des for
mules et des signes ?
148 LE HAMEAU D'OR D'ELEUSIS
dictes ou qu'il avait dcouvertes par ses diffrentes combinaisons ; telle fut
l'origine de ces traditions, qui se conservrent, dans les peuples les plus fidles,
sur l'origine du monde et sur les arts les plus ncessaires la vie. La premire
ville du monde fut btie par son fils an ; cette ville emporte avec elle l'ide d'une
socit. Jubal fut appel le pre de ceux qui chantaient et qui se servaient de la
harpe, et Tubal-Can fut le premier qui a su manier les mtaux et l'airain : ces
faits sont attests par l'histoire sacre et nous dcouvrent une socit aussi
ancienne que les hommes. Les besoins toujours renaissants firent tirer du sein de
la terre, par un travail opinitre, les nourritures ncessaires, et cette mre fconde
rpandait partout l'abondance des moissons et la douceur des fruits, tandis que
les bestiaux, levs avec soin, fournissaient l'homme une nourriture succulente.
L'exprience rendit dans la suite des temps les hommes plus polis, plus instruits
et plus heureux; mais ils n'ont puis ce bonheur que dans les liens qui formrent
la socit.
D.-. Un peuple sans ducation pourrait-il vivre heureux?
R.-. Non ; si, dans l'homme, tous les mouvements sont rgls, si tout en lui est
bien, l'ducation ne sera pas ncessaire pour le rendre heureux; mais s'il est
capable d'excs, s'il joint l'ignorance des passions toujours renaissantes et
opposes, qui le tirera de son ignorance? qui lui assignera ce juste milieu o se
trouve essentiellement la vertu? qui lui apprendra soumettre ses passions la
raison? Se procurera-t-il lui-mme ce bonheur sans un secours tranger? Non;
pour y parvenir, l'ducation est indispensable.
D.-. Quelles sont les facults principales de l'homme?
R. -. L'entendement et la volont : l'entendement, qu'il faut diriger vers la
vrit; la volont, qu'il faut plier la vertu; l'un est le but de la logique, l'autre
est celui de la morale.
D.-. Vous croyez l'me humaine, son immortalit ?
R.-. Oui; la nature elle-mme nous rassure tacitement sur notre immor
talit. Je ne sais d'o cela vient, mais je trouve qu'un pressentiment d'une vie
venir est inhrent l'me de l'homme; ce pressentiment, cette ide de
l'immortalit existe, et parait avec le plus d'clat dans les plus grands gnies et
dans les mes les plus leves; notre me n'a qu'une forme trs-simple, trs-
gnrale, trs-constante : cette forme est la pense ; il nous est impossible
d'apercevoir notre me autrement que par la pense; cette forme n'a rien de
divisible, rien d'tendu, rien d'impntrable, rien de matriel : donc le sujet de
cette forme (notre me) est indivisible et immatriel; notre corps, au contraire,
et tous les autres corps ont plusieurs formes; chacune d'elles est compose,
divisible, variable, destructible... Il en est de mme des autres facults de notre
me compares celles de notre corps et aux proprits les plus essentielles
toute matire.
D.-. Qu'est-ce que l'intelligence?
R.-. L'intelligence est celte facult laquelle on rapporte tous les phnomnes
intellectuels, c'est--dire tous ceux qui tiennent la connaissance; elle atteint le
moi intrieur par la conscience, le non-moi physique par les sens, le non-moi
150 LE RAMEAC d'OR d'eLEUS1S
R.-. Oui; il signifie justice et bont; la justice et la bont sont les bases de
tout systme moral . par la justice, on ne fait de tort personne, c'est le devoir
rigoureux; la bont va plus loin, elle s'lve jusqu' la vertu, en faisant aux
autres tout le bien que l'on peut.
Le Vnrable l'ait remettre par le grand expert le maillet au candidat, et le fait
conduire devant le deuxime surveillant, pour qu'il frappe la batterie d'apprenti
sur la pierre brute; ensuite, le rcipiendaire est de nouveau plac debout en avant
des deux colonnes, le Vnrable lui adresse les questions suivantes :
D.-. Que signifient les trois coups?
R.-. La foi en Dieu, la charit envers nos frres, l'esprance dans l'avenir.
D.-. Quelle est l'origine de la pierre brute?
R.-. A Hliopolis, lieu clbre par le culte du soleil et de la grande divinit
sidrale des Syriens, Lucien signale un autel form de trois pierres brutes dispo
ses en forme de table triangulaire. A Ortosia, en Syrie, on voit encore une
construction semblable tablie au milieu d'une enceinte dcouverte, forme de
cinq pierres brutes alignes. Strabon raconte que, voyageant en Egypte, il voyait
son chemin couvert de temples consacrs au dieu Mercure, et composs de trois
pierres brutes. Arfmidore, cit par Strabon, nous apprend qu'en Afrique, auprs
de Carthage, le dieu Melkart, ou Hercule phnicien, dont le culte fut apport de
Tyr, tait honor sur des pierres brutes au nombre de sept l'une sur l'autre. La
pierre brute est le symbole de l'ge primitif.
D.-. Pourquoi n'avez-vous plus de bandeau sur les yeux?
R.-. Je crois qu'ayant vu la lumire, la Loge, m'avanant en grade, m'a jug
digne de la conserver ; car cette lumire ne nous abandonne plus lorsque nous
persvrons la prendre pour guide, h l'entretenir, l'augmenter au flambeau
de la philosophie maonnique, sans quoi nous retomberions bientt dans l'obscu
rit de l'ignorance et dans les illusions de l'erreur.
D.-. Qu'entendez-vous par emblme?
R.-. Image d'un objet qui reprsente une chose l'il et une autre l'esprit,
comme le niveau, signe de l'galit.
D.-. Par allgorie?
R.-. Discours ou tableau offrant dans la runion de plusieurs objets un sens
moral.
D.-. Par type?
R.-. Le triangle est le type de la perfection divine; Hercule tait le type de la
force physique, Apollon de la puissance intellectuelle, employes toutes deux
l'avantage de la socit.
D.-. Avez-vous une ide des hiroglyphes?
R.-. Oui, Vnrable; c'est la mthode de peindre des ides par les figures
d'animaux, de plantes, etc. f"est la premire de toutes les critures, celle qui a
prcd les caractres i!e l'alphabet. Les sages de l'antiquit lui ont suppos une
origine divine; de l son nom, qui signifie criture sacre.
D.-. Que signifie le mot philosophie?
R.-. Le mot philosophie signifie amour de la sagesse, de la science, recherche
152 LE RAMEAU D'OR d'ELEUSIS
RCEPTION
Vn.-. F.-. expert, veuillez conduire le candidat dans son second voyage.
Le F. -, expert fait prendre au candidat, de la main gauche, unergleetuncompas,
et, le prenant par la main droite, il lui fait faire le second voyage, en le faisant
incliner deux fois devant le triangle lumineux en passant devant l'autel et il dit :
F.-, premier surveillant, le second voyage est termin.
Le premier surveillant rpte l'annonce, et le Vnrable dit au nophyte :
Ce second voyage vous enseigne que, pendant la deuxime anne, un Maon
doit acqurir les lments pratiques de la Maonnerie : le compas est l'emblme
de la prcision avec laquelle le trac dcrit la circonfrence et rappelle la route
que les sphres clestes parcourent dans l'immensit-
Vn.-. F.-, expert, faites faire le troisime voyage au candidat.
Le F.-, expert place sur l'paule droite du nophyte un levier, le fait incliner
par trois fois devant le triangle lumineux et le conduit entre les deux colonnes,
et il dit :
F.-, premier surveillant, le candidat a fait son troisime voyage.
Le F.-, premier Surv.-. rpte l'annonce, et le Vnrable dit au nophyte :
Mon F.-., ce voyage reprsente les trois annes que les compagnons emploient
transporter les matriaux pour lever le temple de la sagesse; le levier est
l'emblme de la puissance que l'homme emprunte aux formules de la science pour
l'appliquer des actes que sa force individuelle ne pourrait accomplir.
F.-, expert, accompagnez le nophyte dans son quatrime voyage.
Le F.-, expert fait prendre au candidat l'querre et le niveau, il lui fait faire le
tour du temple en le faisant incliner par quatre fois devant le triangle lumineux
aprs l'avoir ramen entre les deux colonnes, et il dit :
F.-, premier Surv.'., le quatrime voyage est termin.
Le premier surveillant rpte l'annonce; le Vn.-., s'adressant au nophyte, dit :
Mon F.-., ce quatrime voyage est l'emblme du temps pendant lequel un
compagnon doit tre occup l'lvation de l'diflce et en diriger l'ensemble ; il
vous apprend que le zle et l'intelligence que vous avez montrs dans vos travaux
peuvent seuls vous aider parvenir un degr suprieur; l'querre est l'emblme
de la justice, et le niveau celui de l'galit.
Le Vn.-. dit ensuite :
F.-, expert, accompagnez le nophyte dans son cinquime voyage.
Le F.-. expert remet entre les mains du nophyte la perpendiculaire, lui fait
faire le tour du temple, et, aprs l'avoir fait incliner par cinq fois devant le triangle
lumineux, le ramne entre les deux colonnes, et dit :
F.-, premier Surv.-., le cinquime voyage est termin.
Le F.-, premier Surv.'. dit :
Vn.-., le nophyte a accompli son cinquime et dernier voyage la satisfaction
de tous nos FF.-.
Le Vn.-. frappe un coup de maillet et dit, en s'adressant au candidat :
Mon F.-., ce cinquime et dernier voyage marque que, suffisamment instruit,
un compagnon emploie cetle dernire anne l'tude de l'art; apprenez donc,
mon F. -., qu'il ne suffit pas d'tre dans le sentier de la vertu pour pouvoir s'y
LJS HAMBAD D'OR p'eLU81S 155
maintenir : il est des efforts puissants faire pour acqurir la perfection ; suivez
la route que l'on vous a fraye, et rendez-vous digne de la haute faveur dont vous
tes l'objet-
La perpendiculaire reprsente la stabilit de l'ordre maonnique tablie sur les
bases immuables de la vrit et de la science.
Le degr que vous avez mont pour arriver jusqu' nous se nomme chekida,
qui signifie persvrance; c'est par lui que vous tes parvenu dans ce temple.
Veuillez, mon F.-., approcher de l'autel pour renouveler vos prcdentes
obligations maonniques, et recevoir l'augmentation de salaire que vous avez
acquise par votre zle, un travail assidu et un dvouement sans bornes l'Ordre.
Le matre des crmonies conduit le candidat l'autel.
Le Vn.-. frappe un coup de maillet, et dit :
Debout et l'ordre, mes FF.-. ; puis, s'adressant au candidat :
D,'. Qu'entendez-vous par Maonnerie?
R.-. Vn.-., j'entends l'tude de la sagesse et la pratique de la vertu.
Le Vn.-. lui dit, en lui montrant le triangle lumineux:
Considrez ce triangle lumineux, que jamais votre souvenir ne puisse s'en
loigner; que votre mmoire et votre cur en soient toujours remplis; H est
l'emblme du gnie qui lve aux grandes choses, le symbole d ce feu sacr dont
le Sublime Architecte des mondes nous a rendus dpositaires, et par lequel nous
devons dsirer et pratiquer le vrai, le juste et l'quitable. Le delta que vous voyez
au milieu, rayonnant et resplendissant de lumire, vous reprsente de grandes
vrits et de sublimes ides; vous y voyez le nom ineffable du grand moteur de
toutes choses; il s'explique par le G.-., qui signifie aussi symboliquement
gomtrie; cette science sublime est de la plus haute antiquit.
Le Vn.-. dit au rcipiendaire, en dsignant la pierre cubique (le F.-, expert
lui fait remarquer tous les objets cits par le Vnrable) :
Cette pierre angulaire est une des bases essentielles de la Maonnerie. Dans le
bas, qui forme un carr, est une division de cent cases; vingt-six contiennent
les hiroglyphes, vingt-six autres les lettres italiques, quatre en hiroglyphes
composs, quatre en lettres composes, et douze en ponctuations hiroglyphiques
avec les chiffres, depuis un jusqu' soixante-dix.
Tel est le contenu du ct gauche de cette pierre.
Les deux niveaux que vous voyez dans le haut du chapiteau vous annoncent
que les connaissances rendent les hommes gaux, et que les talents lvent
l'homme d'une classe ordinaire au niveau des grands de la terre.
Maintenant que nous connaissons les caractres, nous allons apprendre
connatre la face de cette pierre; cette face est un cbef-d'uvre, puisqu'elle
renferme dans sa composition une division de quatre-vingt-une cases qui forment
le carr de neuf, o tous les mots mystrieux se trouvent renferms, en y ajoutant
les seize du chapiteau, qui contiennent UQ seul mot sacr compos de trois
paroles.
Pour lire ce que contient ce carr, on commence par le / qui est au bas, sur la
premire ligne gauche, ensuite la lettre u, au-des6us de t, dans la premire case
156 LE HAMEAU D'OR d'ELECSIS
Le 8 se fait en traant une croix de saint Andr, c'est--dire deux lignes croi
ses, fermes par une ligne horizontale en haut et en bas.
Le 9 se fait en partant du centre, en remontant la ligne perpendiculaire, puis
une horizontale jusqu' l'angle droite, et descendant par une diagonale jusqu'
l'angle gauche.
Le 0 est le carr.
Vous voyez que les anciens chiffres taient tous angulaires; mesure que les
peuples se policrent, ils donnrent leurs caractres des formes plus agrables,
arrondirent les lignes de leurs premiers chiffres, qui sont ceux que nous avons
actuellement et qu'improprement nous nommons chiffres arabes.
| La connaissance de la gomlrie conduisit nos anctres l'tude du monde
habit, et bientt ils surent approfondir ce ddale de l'immensit et percer la
vote azure.
L'homme se livra l'tude des mathmatiques, science sublime, seulement
connue des initis dans les mystres du deuxime ordre; cette science les conduisit
dvelopper peu prs l'organisation de toute la nature, en observant le cours
du soleil et celui de la lune, ainsi que l'ordre priodique des saisons.
Le carr du ct droit de la pierre cubique nous reprsente cet ancien
systme.
Les quatre cercles sont les quatre rgions prsumes autour de la terre ; on
dcouvrit, par le cours du soleil, les quatre points cardinaux : orient, occident,
midi et nord ; les quatre carrs servirent d'angles de division pour les saisons^en
donnant le quart de l'anne solaire de quatre-vingt-onze jours environ, ce qui
procurait pour l'anne entire trois cent soixante-quatre jours, auxquels on ajou
tait une ou deux journes de plus la fin d'une priode dtermine.
Les mages considrrent avec attention la nature entire. L'tude les porta
vouloir en connatre l'essence dans sa composition ; l'immensit du fluide arien
rempli de ces feux qu'ils prirent pour autant de petits soleils, qui furent par la
suite nomms toiles ; la puissance de l'air sur toutes les substances et l'unit
d'accord des lois organiques, ce qui les porta l'admiration des merveilles de la
nature et aiguillonna leur curiosit pour faire de plus grandes recherches, et pour
parvenir connatre le principe vivifiant; enfin, laine de l'univers; ils reconnurent,
par leur travail, la Divinit, seul principe de la conservation et de l'organisation
universelles ; ils adorrent l'Etre suprme dans toutes les productions de la terre,
comme tant son ouvrage; ils cachrent aux peuples les vrits qu'ils avaient
dcouvertes, en donnant un sens diffrent aux emblmes qu'ils exposaient aux
regards du public.
Ils dcomposrent l'air et la matire; le sel, le soufre et le mercure leur paru
rent en tr e les principes constituants; de ces trois parties ils formrent un triangle
qui devint avec plus de raison encore un principe de culte, comme tant l'em
blme du grand moteur des tres anims qui fut nomm Dieu ; les Hbreux le
nommrent Jhovah, ou la vritable me de la nature : ils placrent ce triangle
au centre de divers cercles et carrs pour indiquer le principe vivifiant qui tendait
ses ramifications sur toutes choses.
198 L RAMEAU b'oR d'eLEUSIS
SERMENT
Lorsque les deux surveillants ont rpt l'annonce, le Vnrable frappe cinq
coups de maillet, suivant la batterie, et dit (tous les FF.*, sont debout et l'ordre,
et le nouvel initi est plac entre les deux colonnes) :
PROCLAMATION
mmes offense nos semblables ; la modestie seule est capable de dsarmer l'envie.
Tont tre vraiment sociable doit se prter la faiblesse humaine, rsister aux
mouvements d'un amour propre qui lui attirerait la haine et le mpris; l'homme
vertueux doit dsirer la bonne opinion de ses semblables; et il s'loignerait de ce
but si, par son arrogance, son orgueil, sa prsomption et sa vanit, il affligeait les
hommes dont il veut mriter l'amour. La modestie est une vertu digne d'admira
tion, c'est une espce de verni qui relve les talents, soit naturels soit acquis ;
elle est la vertu ce que le voile est la beaut.
La cinquime marche symbolise la douceur, cette heureuse disposition de
l'esprit et du cur qui nous rend modrs dans les injures que nous recevons,
patients dans les torts que nous endurons, tranquilles dans les maux que nous
souffrons ; elle se manifeste dans les discours par la circonspection et la modestie
avec lesquelles nous parlons, dans tous les mouvements par la dcence qui les
accompagne; elle est oppose l'irritation, la colre, l'emportement, au cour-
roux et la violence; elle porte la bienveillance universelle et la charit, qu'elle
nourrit, entretient et accompagne; enfin, elle sert rgler toutes les passions
tumultueuses et irascibles de l'me; la douceur nous rend sociaux et aimables.
Lorsque les facults morales se dveloppent, mon F.-., la raison grandit, et la
voie du bonheur commun devient plus large et plus facile. Pntrez-vous de toutes
ces vrits et vous vous rendrez facilement compte du sens moral que renferment
les cinq voyages emblmatiques que vous venez d'accomplir. La route que vous
avez suivie indique le commencement et la fin de la vie, la mme que le soleil
emblmatise chaque jour vos yeux. La pierre brute s'est dpouille de ses
difformits; travaillez, travaillez donc dsormais perfectionner votre me et
votre corps, avec l'attrayante affection d'un artiste amoureux de son uvre.
GLORIFICATION DU TIUVAIL
qui lui remet une couronne compose de chne (symbole de la force), de clmatite
(symbole de l'union) et d'acacia (symbole de la sagesse), et lui dit :
l'homme de bien : il renferme celui de bon pre, de bon Bis et de bon poux;
travaillons donc avec persvrance.
N'oublions pas que la nature est notre nourrice, et l'humanit notre vritable
mre; elle est la mre de tous les mortels, la Providence visible de tous les
enfants des hommes; cette voix cleste nous crie d'un bout de l'univers l'autre :
Hommes, vous n'avez qu'un seul et mme pre, vous tes tous FF.-., et vous avez
tous un cur pour vous aimer; aimez-vous donc, et soyez heureux !
Si tu frappes, la porte s'ouvrira;
Demande, et l'on te donnera ;
Cherche, tu trouveras; que ta main gauche ignore
Ce qu'a donn la droite celui qui t'implore.
Ton frre aurait-il froid? donne-lui ton manteau.
Le Maon doit mourir pour sauver un agneau (1). >
I .
LE RAMEAU D'OR d'LEUSIS 169
Le travail, la vie active, l'habitude des bonnes actions, l'emploi de ses forces
physiques et morales pour faire le bien, l'usage constant de la raison, ce sont les
moyens de conduire ses passions la perfection de son tre; le triomphe des
passions, c'est la runion de la sagesse et de la vertu.
Dieu nous a donn la raison pour nous apprendre distinguer le bien du mal,
le vrai du faux; il faut cultiver la raison comme le moyen le plus sr de plaire
la Divinit et d'tre utile nos semblables.
Cultivons la science pour rendre la raison profitable, et tablissons dans nos
Loges l'amour de l'humanit afin de nous sauver des ravages de l'erreur et du
mensonge.
Propageons la lumire et la vrit, car le perfectionnement moral des hommes
est le terme propos dans notre sublime institution; que la pratique des vertus en
prpare la marche, et que les sciences, en clairant l'esprit, nous conduisent au
bonheur auquel la sagesse divine nous destine !
Aprs ce discours, le Vnrable fait circuler le sac des propositions, le tronc de
bienfaisance, et ordonne au F.-, secrtaire de donner lecture de l'esquisse des
travaux du jour, puis ensuite il procde la suspension des travaux.
SUSPENSION DS TRAVAUX
Le Ven.-. frappe un coup de maillet, et dit :
Debout et l'ordre, TT.-.-Ch -, FF.-, pour la suspension des travaux.
D.-. F.-, premier surveillant, quelle est la dure de nos travaux (compagnon
deuxime degr) ?
R.-. Depuis midi jusqu' minuit, Vnrable.
D.\ F.-, deuxime surveillant, quelle heure est-il?
R.-. Il est l'heure de suspendre nos travaux, les ombres de la nuit s'tendent
i sur la nature entire.
Le Vnrable dit :
Puisque l'heure du repos est arrive, joignez-vous moi, mes FF.-.
Le Vnrable descend de l'autel pour la prire, laquelle il procde de la mme
manire qu' l'ouverture.
PRIRE
Dieu tout puissant, Dieu de l'immensit, qui d'une parole as tir le monde du
nant, et dont le regard donne la vie tout ce qui respire, nous te remercions des
faveurs que tu as daign rpandre sur nous dans cette journe ; toi nous
rapportons la gloire de tout ce que nous avons pu faire de bien; continue
tendre sur nous ta main protectrice et nous diriger sans cesse vers le bien, dont
la perfection rside en toi.
Le Vnrable remonte l'autel, il frappe cinq coups selon la batterie du
deuxime degr, qui sont rpts par les deux surveillants, et dit :
A la gloire du Sublime Architecte des mondes, les travaux du deuxime degr
(compagnon), sont suspendus.
170 LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS
CATCHISME INDIEN
INITIATION DE PLATON
Un appel d'en haut interrogea le nophyte pour savoir si le cur lui manquait
et le nophyte rpondit : Non; et, sans faiblir, il poursuivit sa route; il aperut un
temple d'une beaut surnaturelle clair par des lampes; les colonnes qui le
soutiennent sont couvertes dans toute leur longueur d'ornements, et les murailles
extrieures qui le sparent en plus ou moins de parties sont galement ornes de
bas-reliefs et de figures de dix seize pieds de hauteur, tellement saillantes que
quelques-unes ne tiennent au mur que par des artes; rien ne peut tre compar
ce merveilleux travail. Si les pyramides paraissent le produit d'un esclavage, ce
temple reprsente la magnificence d'un peuple clair En ce moment il entend
une voix sonore lui dire : Admire la disposition intrieure de cet difice majes
tueux, dont les murailles sont couvertes de symboles et d'hiroglyphes.
Regarde et apprends que la cause universelle n'agit que pour une fin, par
diffrentes lois; que cette grande vrit soit toujours prsente ta mmoire.
Considre le monde o tu es plac, examine cette chane d'amour qui rassemble
et runit tout ici-bas comme en haut, vois la nature fconde travailler cet objet;
vois la matire, varie sous mille formes diffrentes, se presser vers un centre
commun, le bien gnral.
D.-. Comprends-tu l'avenir ?
R.-. C'est le doute.
D.-. Et la promesse?
R.-. C'est l'esprance.
D.-. L'me est-elle une cration?
R.-. Oui, et nous devons la respecter.
D.-. L'me doit-elle songer au corps destin mourir?
R.-. Non.
D.-. Qu'est-ce que l'essence divine ?
R.-. C'est le gnie; le gnie, c'est la divinit de l'esprit; il est l'me de la
nature intelligente, il est la puissance cratrice des penses et des ides les plus
sublimes.
Le vrai gnie a sa source dans la divinit qui l'inspire, le dirige et l'claire de
sa lumire; il n'agit que par elle, il n'imite que la nature, il ne marche qu'avec le
flambeau de la raison dans la recherche de la vrit.
D.-. Que faut-il faire pour devenir ange ?
R.-. Il faut cesser d'tre homme...
D.-. La route que tu commences est bien longue !
R.-. Oui, et moi je suis bien faible.
D.-. La faiblesse, c'est le doute et la douleur; courage et persvrance, c'est le
but de la vie, pour arriver la sagesse !
R.-. J'ai fait tout pour y parvenir.
D. -. Insens!.... as-tu vers des larmes sanctifiantes? Elles sont le point jet
entre le ciel et la terre Songe que le bonheur de ce monde est moins que la
feuille que roule le vent et que le nuage qu'emporte la tempte Le temps
finit-il?
R.-. Non, nous passerons et le temps coulera toujours.
LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS 173
Trois vieillards taient assis sur des trnes tendus de noir; celui qui sigeait
droite tait un lgislateur, qui lui dit :
a Comment comprends-tu la loi?
Une loi est une rgle tablie par une autorit lgitime; toute rgle prsente
des tres raisonnables a ncessairement pour objet la perfection d'un bien.
Si le lgislateur n'est pas inspir par Dieu, il peut se tromper sur la nature du
bonheur de l'homme et sur celle de la vertu. Les vues des hommes sont courtes et
leur prudence est incertaine; mais le lgislateur se propose toujours un bien
suivre ou un mal viter, il n'a jamais voulu rendre les peuples malheureux; plus
les nations ont t polices, plus leurs luis ont t sages; ce qui nous reste des lois
des anciens peuples nous dcouvre une sagesse profonde, mais deshonore par
les prjugs de l'idoltrie et par la corruption des murs.
Les droits de l'humanit sont sacrs, l'homme est fait pour en jouir et pour les
dfendre; on y porte des atteintes dangereuses quand on attaque les principes de
la loi naturelle, lorsqu'on branle les fondements de la socit, et quand on
dtruit les rgles d'une ducation solide.
Ecoute-moi : le lgislateur lui fait connatre l'ide de la loi gnrale et naturelle,
son antiquit, son accord avec les prcoptes divins, la nature de la socit, les
suites funestes de l'anarchie, l'tablissement de l'autorit publique par le peuple,
les principes de la religion et de l'ducation en gnral; il lui fait comprendre que
l'galit des biens et des tats est impossible parmi les hommes, que la loi
naturelle tablit la distinction du vice et de la veitu, et qu'elle n'est point le
penchant que nous avons pour les plaisirs physiques.
Lorsque le lgislateur eut termin, le deuxime vieillard lui dit : Jette un regard
sur ces globes d'or qui roulent dans l'espace, vois cette immensit au milieu des
mondes qui s'teignent et des mondes qui naissent, embrasse d'un coup d'il la
vote cleste et dis-moi si l'impression profonde et multiplie qu'elle laisse
n'anantit pas la pense et n'cblouit pas l'etp. it humain, en songeant que notre
terre roule toujours dans l'espace son cercle immuable travers les sicles,
jusqu' ce qu'il plaise au Tout-Puissant de l'arrter.
De tous les objets qui tombent sous les sens, celui qui nous frappe le plus est
l'univers ou le monde visible; rien ne parait plus digne de la curiosit des hommes,
que la disposition, le nombre, la grandeur, les distances, et les mouvements des
corps qu'il renferme dans son immensit. Pour parvenir cette connaissance, les
astronomes ont suppos divers systmes qui pussent servir fixer leurs ides et
les guider dans l'explication des phnomnes clestes.
Ici il lui fait connatre que les bergers qui passaient les nuits en pleine campagne
bauchrent cette science, mais que, dans la suite, elle fut porte bien loin.
Lorsque les savants s'en furent saisis, ils s'avisrent de rgler l'anne sur
le cours du soleil, ils fixrent les parties de l'anne sur l'ordre de ce qui se
passe durant les quatre saisons, et par des caractres qu'ils tenaient de No, ils
dsignrent les diffrents mois. Quand on eut oubli la signification de ces
symboles, on leur substitua les animaux qu'on regardait comme sacrs; de l le
zodiaque et les douze signes ou constellations.
LE RAMEAU D'OR d'eLEI'SIS 175
Enfin, aprs lui avoir expliqu tous les phnomnes de la nature et lui avoir
fait connatre que la terre que nous habitons est une sphre suspendue au
milieu de l'univers, agite d'un mouvement de rotation, ouverte circulairement en
divers endroits de sa surface concave pour rendre visibles les corps clestes, il le
conduisit dans une galerie o se trouve le tombeau d'Osymandias. On y voit
le lever et le coucher du soleil, la lune et les signes clestes sur un cercle d'or de
trois cent soixante coudes de circuit; le patriarche lui fait galement remarquer
le miroir ardent, et lui dit :
o Ce miroir multiplie la chaleur en rassemblant les sept rayons du soleil dans
un seul foyer, et brle le bois quinze pas de distance ; si tu places le prisme
triangulaire aux rayons du soleil avec du papier une distance qui puisse ren
voyer les rayons rompus et spars, tu verras paratre les sept couleurs lmen
taires bien distinctes, le bleu cleste, le rouge, le jaune, le vert, l'indigo ou le
pourpre t le violet.
Mais les sept couleurs produites par les rayons du soleil peuvent se rduire
trois, qui sont le bleu, le jaune et le rouge; car le violet, le pourpre et le bleu
cleste ne sont que trois nuances de la mme couleur. Le vert est produit par le
mlange du bleu avec le jaune, et l'orange est form par l'anticipation du jaune sur
le rouge. Ces trois couleurs sont les seules que reconnat la peinture.
Aprs ces explications, il le conduit dans une chambre obscure appele Endi-
mion. L de belles et gracieuses femmes lui servent des mets dlicats pour rani
mer ses forces puises. C'taient les pouses des prtres qui venaient ainsi le
visiter et l'exciter l'amour par toutes sortes d'agaceries. Aprs avoir triomph de
cette preuve difficile et prouv l'empire qu'il avait sur lui-mme, le stolista se
prsente et l'introduit dans une pice garnie d'instruments de gomtrie et d'ar
chitecture; l se trouve un prtre, au regard doux et bienveillant, qui l'instruit
sur cette science sublime et le familiarise avec les calculs et les chelles des
mesures dont il peut avoir besoin dans le monde profane. Aprs cet enseignement
de haute science, le stolista l'introduit dans un sanctuaire tnbreux o se trouve
le cercueil d'Osiris (le soleil). Au moment o ils ouvrent la porte, des coups de
tonnerre se font entendre, des clairs brillent, et le prtendu mort se trouve
entour de feu. Le stolista s'empare de Platon et le fait descendre chez les juges
des sombres bords. Ce tribunal redoutable lui adresse des questions sur sa vie,
et le condamne errer dans ces galeries. Pendant ce temps, on lui enseigne
l'unit de Dieu, le dogme de la Providence et l'immortalit de l'me, les principes
ternels de la religion naturelle el de l'ducation la plus conforme la dignit
de l'homme; les notions du bien et du mal, du vrai et du faux, du juste et de
l'injuste, et les ides du beau et du bon, les principes immuables de la raison,
de la vrit, de la vertu et de la sagesse, les devoirs de la morale universelle, les
droits des hommes, les principes du droit divin, naturel et humain, la lgislation
et les institutions les plus importantes pour le bonheur des peuples.
Il ne devait rester dans ce sjour de la mort que le temps ncessaire son
instruction. Un thesmosphores vint le voir un jour, le salua gracieusement et
l'invita le suivre. Aprs avoir parcouru ces galeries sombres, habites par des
LE RAMEAU D'OH D'ELEUSIS 177
hommes masqus sous des figures hideuses, il l'introduisit dans une salle brillam
ment claire*, o sigent neuf patriarches; l'Odos lui remit le bouclier d'Isis et le
couvrit du manteau d'Orci, orn de son capuchon; le ceryce lui chaussa les
brodequins d'Anubis et le demiourgos lui prsenta un glaive en lui dsignant une
trs-belle femme qui se trouvait en (ace de lui. Frappe, lui dit-il. (Elle tait
compose de peaux trs-fines, et si artistement faite qu'elle semblait tre vivante.)
Platon s'approche d'elle, la prend par les cheveux et lui tranche la tte.
Aprs avoir applaudi son action hroque, on lui annonce que cette femme,
symbole des passions, est l'pouse de Typhon, emblme du mal, et qu'il doit com
battre les vices pour faire triompher la vertu; le roi tait prsent cette preuve
et le dcora de l'Alide.
Jao, le grand lgislateur, lui remit le code des lois, lui donna la clef de la langue
amounique (mystique) avec l'explication dtaille des mystres. Le demiourgos
fit un signe, incompris du nophyte, et le thesmophores le prend par la main et le
conduit une porte invisible jusqu' cette heure qui leur livra passage dans une
salle qu'illuminaient des centaines de flambeaux ; sigeaient l soixante prtres
couverts de byssus en toffe de fin lin, portant, de mme que les dieux, des
colliers d'une forme et d'une valeur proportionne aux divers grades; l'Hiro
phante orna l'initi de la robe blanche, et lui prsentant une coupe :
| C'est le breuvage de lotos; bois l'oubli des sentiments mondains.
I Vingt-quatre heures d'un repos bien mrit prparrent le nophyte une
I retraite de quatre-vingt-un jours. Pendant cette priode, et six mois encore,
on lui rvla l'existence du Dieu crateur, ses noms, ses attributs, les rayon
nements de sa puissance infinie; et les principes de haute morale et de philo
sophie religieuse lui furent dvoils. Ensuite, on le reconduisit aux lieux sacrs,
o il jura de n'apprendre aucun profane ce qu'il avait vu et entendu.
De retour dans sa patrie, Platon fixa sa rsidence dans un faubourg d'Athnes,
appel l'Acadmie.
Ses disciples prirent de l le nom d'acadmiciens.
Les principaux points de sa doctrine taient qu'il n'y a qu'un seul Dieu, auteur
de toutes choses, que l'me ne meurt point, que l'homme dans le principe tait un
tre spirituel ; c'est l'esprit qui l'a revtu d'un corps mortel, en sorte que ce que
nous voyons de l'homme n'est pas proprement parler l'homme. 11 ne faut pas
croire, disait-il, que Dieu a parl aux hommes, que leurs oreilles aient t frap
pes d'une voix matrielle; mais c'est l'me qui, tant claire par la lumire la
plus pure, a rayonn vers Dieu, travers l'espace, et a convers avec lui. En effet,
son infinie spiritualit ne peut lui faire supposer un corps articulant des sons, il ne
peut parler nos yeux que par le spectacle de l'univers, donc Dieu Verbe est
ternel, manifeste dans les cratures qu'il anime.
Platon mourut quatre-vingts ans. Ses disciples se partagrent en deux sectes :
l'une, des acadmiciens, parce qu'ils enseignaient dans le mme lieu que lui;
l'autre, des pripatticiens, qui instruisaient dans le Lyce. Son loquence lui a
valu le titre de divin.
Platon alla trois fois la guerre : la premire, Tanagre; la seconde, Corinthe,
19
418 LU RAMEAU U'OH b'bLJDSII
et la troisime, Dloa ; et, dans cette dernire, son parti Ait victorieux. 1] fut
aussi deux foie en Sicile, la premire par curiosit, afln de voir le mont Etna;
U e trouva la oour de Denys l'anoien, qui avait dsir le voir. 11 lui parla avec
tant de libert, que le tyran, furieux, voulait le faire prir; mais Dion et Aristomne
obtinrent sa grce- Cependant il le livra Polides, ambassadeur de Sparte, avec
ewlre de le faire vendre comme esclave. Cet ambassadeur le mena g Kgine, o il
le vendit. Il y avait une loi d'Egine qui dfendait, sous peine de la vie, un
Athnien de venir dana eette le. On allait immoler Platon , lorsque quelqu'un
allgua que la loi regardait des hommes et non des Philosophes, et cette distinction
le sauva. Qn le vendit, et Annira de Cyrne, initi aux mystres d'/s/'s, l'acheta,
pour le renvoyer ses amis.
Il passa une seconde fois en Sicile, sous Denys le jeune, pour l'engager
rgner avec douceur, et y resta quatre mois; mais voyant que ses conseils ne
aervaient rien, que le tyran avait exil Dion, il revint Athnes, malgr les
instances de Denys, qui le traitait avec toutes sortes d'gards. Il y passa toute sa
vie dans le clibat.
|1 tait si retenu, mme ds sa jeunesse, qu'on ne le vit jamais rire qu'avec
modration. Un jeune numme qui avait t lev auprs de lui, tant retourn
chez ses parents, fut si tonn de voir son pre en colre, qu'il dit n'avoir
jamais rien remarque de semblahle chez Platon.
Quoique d'un naturel mlancolique, il avait cependant de la douceur et de
l'enjouement.
Tous les ouvrages de Platon, hors ses lettres qui nous restent au nombre de
douze, aont en forme de dialogues. Il se fit un systme de doctrine, compos
des opinions de trois philosophes. Il adopta les sentiments d'Heraclite, sur la
physique ; ceux de Pythagore, sur la mtaphysique, et ceux de Socrate, touchant
la politique et la morale.
QUESTIONS D'ORDRE
LE VNRABLE AUX FF.-. VISITEURS
TRAVAUX COMPLETS
DU
GRADE DE MAITRE
(TROISIEME DEGR)
PRLIMINAIRES I
! I
180 LE HAMEAU d'OR d'eLEUSIS
PETITS MYSTRES
GRANDS MYSTRES
3 Aimer ses semblables , leur tre utile autant que possible, et ne chercher
son propre intrt que dans le bien-tre commun de tous.
Que de morale dans ces recherches! Elles sont la consquence de la pure doc
trine de notre divin Matre, que l'ignorance, la superstition et l'avarice ont
dfigure par la suite des temps.
Hiram est, sous le rapport astronomique, l'emblme du soleil, le symbole de sa
marche apparente; sous cette lgende allgorique se cache l'expression de la
grande et profonde loi palingnsique, qui exige la mort violente de l'initiateur
comme complment de l'initiation. Cette loi a sa conscration dans le mythe
antique de Promthe, qui, pour avoir rvl aux hommes le feu sacr, a t
enchan sur le Caucase et foudroy par Jupiter.
Le nom mystique du matre est popte, c'est--dire parfait voyant; il porte
aussi le nom de Gabaon, emprunt aux Gabaonites, qui taient les gardiens de
l'arche d'alliance, emblme des traditions et de la science.
La branche d'acacia qui lui est remise est le symbole de son initiation. On
trouverait la preuve de cette assertion dans les traditions antiques et dans les
ingnieuses fictions de la posie ; lorsqu'un Franc-Maon se prsentait, en effet,
dans une assemble de haute science, interrog sur sa qualit Ma.-., il rpondait :
L'acacia m'est connu, l'acacia est un arbre dont l'attribut mystique ne doit tre
connu que des matres, il remplace le myrte des initis d'Eleusis, le rameau d'or
que Virgile place dans la main d'ne, la branche de lierre d'Hliopolis, \epapayer
des Indiens, le rosier. consacr la desse Isis par les Hirophantes de Memphis.
DCORATION DE LA LOGE
Lorsque la Loge de matre est ouverte, l'expert, qui est en dedans, doit avertir
celui qui est dehors qu'on est la matrise, afin que ce dernier puisse tuiler les
FF.-, qui se prsentent pour tre admis aux travaux, et que ceux-ci puissent,
en entrant, donner le signe et le mot de passe; ces devoirs sont insparables de
leurs fonctions, c'est pourquoi ils doivent faire grande attention les pratiquer
dans tous les grades.
PRIRE
Mahre souverain de l'immensit, qui fais briller dans 1*9 cieux ton trne cla
tant, reois l'hommage de notre admiration et de notre cultes
Par toi roule devant nos yeux l'astre lumineux des joura ; par ton ordr la
douce messagre des nuits marque l renouvellement des saiaous et trie x
mortels le eerele de lurs travaux. Nous nous prosternons devant les lois ter*
nelles de ta sagesse ; nous rendons hommage la perfoction de tes plans ternels;
184 LE RAMEAU d'or d'eLEUSIS
PRPARATION DU RCIPIENDAIRE
EXAMEN
Une toile est souvent pour le voyageur un guide qui l'empche de s'garer
dans les tnbres; mais dans nos temples elle est l'emblme du gnie qui lve
aux grander choses, le symbole de ce feu sacr dont nous avons t dous par le
Sublime Architecte des mondes, et la lumire duquel nous devons discerner et
pratiquer la justice et l'quit.
L'toile flamboyante tait l'un des derniers mystres offerts la mditation des
initis d'Egypte, elle tait considre comme tant la source de toute lumire; les
sages d'Hliopolis l'ont appele Sothi* (le nom de cette toile se compose de acab,
c'est--dire ttella, et de leb, flamme, ce qui alors signifie toile flamboyant) ; les
Hirophantes avaient une telle vnration pour l'toile de Sirius, qu'ils placrent
le commencement de l'anne normale son lever, le il mars, onze heures ;
cette poque la terre se rgnre.
D.-. Comment voyagent les compagnons?
R.-. De l'Occident au Midi, du Midi au Nord et du Nord l'Occident. Cette
marche signifie qu'un vritable Maon doit voler au Becours de ses FF.-., fussent-
ils aux extrmits de la terre.
I1.-. Pourquoi une Loge n'est-elle juste et parfaite qu'autant qu'elle renferme le
nombre sept?
R.-. C'est que le nombre septnaire est celui de l'harmonie, et que l'harmonie
nat de la justice.
D. . . Quel ge avez-vous ?
R.-. Cinq ans.
>.-. Pourquoi cinq ans?
R.\ Cinq ans indiquent l'ge du compagnon ; l'homme est dou de cinq sens :
la vue, pour voir le signe; l'oue, pour entendre la parole; le toucher, pour
apprcier la batterie 5 le got, pour discerner la coupe emblmatique; l'odorat,
pour l'exercer sur les parfums symboliques.
Cinq FF.-, composent une loge : le Vnrable, le premier et le deuxime Snrv.-.,
l'Or.-, et le secrtaire.
L'initi monte les cinq marches allgoriques appeles : prudence, justice, amour
de Dieu, amour du prochain, intelligence.
D.-. Quel est l'enseignement du deuxime degr compagnon ?
R.-. On lui enseigne la logique naturelle, c'est--dire l'art de diriger son me,
son cur et son esprit selon la raison ; elle lui apprend connatre, dvelopper,
perfectionner ses facults physiques, morales et intellectuelles; c'est elle
qui veille l'instruction du corps, de l'me, du cur et de l'esprit : elle est le
guide des sens intrieurs et spirituels et des sens extrieurs et physiques. Elle
exerce :
1 La vue, en la fixant sur les objets qui sont dans la nature et sur tes rapports
visibles de ces mmes c-bjote;
2* L'oue, en donnant son attention k l'harmonie ou la discordance des sens
que l'homme doit connatre et qu'il peut produire ;
9" L'odorat, en l'exerant sur les odeurs naturelles qui produisent des exhalai
sons agrables ou dsagrables ;
188 LE RAMEAU D'OR d'ELEUSIB
l'esprit la voit et la reconnat dans les rapports des tres intelligents avec tout ce
qui existe dans la nature.
On peut appeler l'intuition la connaissance intime des tres et des choses, depuis
l'tre suprme jusqu'au petit atome. C'est la seule facult par laquelle l'homme
reconnat tout ce qui est en lui, autour de lui et au-dessus de lui.
Et quand nous disons : L'homme a une connaissance intuitive de la Divinit,
nous reconnaissons que le principe de cette connaissance est dans sa nature int
rieure, dans son me, dans son esprit, et que, sans sortir de lui-mme, il peut
connatre toutes les vrits relles et spirituelles, physiques et morales.
D.-. Y a-t-il toujours eu dans l'univers quelque chose de fix et de rgl ?
R.-. Oui, Dieu tant Dieu vivant, il lui fallait une base pour tre, pour vivre,
pour agir ; cette vie, cette action, quelles qu'elles fussent, devaient avoir un effet,
un rsultat; o est pass un tre intelligent, on trouve ncessairement des traces
de son intelligence; mais aussi, puisque partout l'intelligence est cratrice, puis
qu'il y a croissance en toute cration, ou puisque la cration est une organisation
incessante de la matire, tout ce qui est uvre aujourd'hui ne l'tait pas autrefois,
comme tout ce qui l'tait autrefois ne l'est pas aujourd'hui, car nulle fraction de
la masse, rien de ce qui est formes ou difices, quelque immenses et admirables
qu'ils soient, les astres, les soleils, rien enfin de ce qui compose les lments ou
de ce qui sort de la main de l'tre, n'est imprissable et n'a t constitu pour
l'ternit; ainsi l'a voulu le Sublime Architecte des mondes, qui est le pre de la
croissance et de la progression : tout globe a commenc, tout globe doit finir,
l'tre suprme seul est ternel.
D.-. Que signifie les trois toiles placs l'Orient.
R.\ Elles symbolisent la triple essence lumineuse de la divinit: la sagesse,
la justice et la bont; l'homme doit faire tout ce qui dpend de lui pour la possder
et aimer ses semblables.
Ensuite le grand expert lui dit :
c Donne ton corps et ton me, ton cur et ton esprit, toute la force,
toute la grandeur et toute la perfection dont ils sont susceptibles par leur nature.
Forme-toi pour ton Dieu, pour ta patrie, pour l'humanit dont tuf ais partie;
en un mot, forme-toi pour le bien.
Telle est la loi naturelle de l'homme : elle a son principe et son but dans sa
propre nature, dans la premire cause de son tre, et dans sa vritable destina
tion sur la terre, qui est d'tre homme.
Nous sommes crs pour agir, comme le monde est cr pour se mouvoir ;
et l'activit de notre corps et de notre me est le principe conservateur de notre
vie.
s La sant, la force du corps, la bont, l'lvation de l'me, la puret, la sen
sibilit du cur, le bon sens et la justesse de l'esprit, constituent essentiellement
la perfection et le vrai bonheur de l'homme sur la terre.
Lorsque, par le libre et entier dveloppement de toute sa nature, il est parvenu
ce degr de perfection, il est en harmonie avec lui-mme.
d Lorsque, par ses sentiments, ses principes et ses actions, le Franc-Maon
i&Q (.S JUM*A" '* d'kuusis
Trs-resp.-. matre,
La lgende d'Hiram, que la plupart regardent comme le rcit d'un simple fait
historique, est un de ces aide-mmoire symboliques En chalden, le mot hiram
est l'expression la plus leve de la vie; comme personnage allgorique, Hiram
est videmment l'Qsiris des gyptiens, le Mithras des Perses, l'Atys des Phrygiens,
l'Adonis des Phniciens, le Bacchus des Grecs ; il est, comme eux, l'emblme du
soleil, qui, parcourant dans sa marche apparente les douae signes du aodiaque,
claire et fconde l'hmisphre septentrional', puis, descendant sous l'quatew, va
porter la chaleur et la vie l'hmisphre austral. Dans un hymne qu'on attribue
LB RAMEAC D'OH d'LBUSIS 191
Orphe, le pote dit que tantt Adonis habite le Tartare obscur, et que tantt,
montant vers l'Olympe, il fait renatre la verdure et mrir les fruits. Maorobe,
son tour, dit que les physiciens ont donn le nom de Vnus l'hmisphre
suprieur que nous habitons, et celui de Proserpine a l'hmisphre infrieur. La
a mme chose, ajoute-t-il, se passe chez les gyptiens, sous diffrents nems
a religieux : lorsqu'/sis pleure Qsiris, il est clair qu'Osan's n'est autre que le soleil,
Jsis autre que la terre ou la nature.
Maintenant, si nous suivons pas pas la tradition syriaquo, relative la
onstruotion du temple de Salomon et la lgende d'Hiram, nous y trouverons la
confirmation de cette hypothse.
Salomon, fils do David, ayant rsolu de construire un temple au Grand
Architecte des mondes, pria Hiram, roi de Tyr, de lui permettre de couper sur le
Liban les bois de cdre et de sapin ncessaires la construction de cet difice. Le
roi de Tyr accorda l'autorisation qui lui tait demande, moyennant un tribut
annuel de 20,000 mesures de froment et 20,000 mesures d'huile trs-pure*.
Salomon choisit donc 30,000 ouvriers qu'il envoya sur le Liban, par corve de
10,000 hommes qui se relevaient tous les mois, de manire ne rester qu'un mois
de suite dans les montagnes et se reposer deux mois dans leurs foyers. Tous
ces ouvriers taient placs sous les ordres immdiats d'Adohiram. Il y avait, ea
outre, 70,000 manuvres qui portaient les fardeaux et 80,000 tailleurs de pierres,
tous surveills par 3,300 matres, qui donnaient les ordres aux ouvriers.
Aprs treize annes de travaux non interrompus, le temple se trouva achev;
Salomon fit venir de Tyr Hiram, fils d'une femme veuve de la tribu de Nephtali et
d'un ouvrier tyrien nomm Ur (feu). Hiram travaillait le bronze avec une adresse
merveilleuse; il tait d'ailleurs rempli de sagesse, de science et d'intelligence. Il
lit deux colonnes de bronze de dix-huit coudes de haut chacune, et fondit
part deux chapiteaux de cinq coudes chacun, qu'il plaa sur le haut des colonnes.
Klles furent drosses dans le vestibule du temple : l'une droite, qu'Hiram appela
B..; l'autre gauche, qu'il appela i... 11 fit ensuite une mer de fonte circulaire
de dix coudes de diamtre et de cinq coudes de hauteur ; ello tait entoure de
supports en forme de consoles, placs par faisceaux de dix dans chaque inter
valle d'une coude. Enlin, cette mer tait pose sur douze bufs, dont trois
regardaient le Septentrion, trois l'Occident, trois le Midi, et trois l'Orient. Tous
ces ouvrages et beaucoup d'autres du mme geare, destins orner l'intrieur du
temple, furent fondus dans une plaine argileuse, non loin du Jourdain.
Les ouvriers placs sous les ordres d'Hiram taient distribus en trois classes :
apprentis, compagnons et matres.
Les apprentis s'assemblaient pour tre pays la colonne B..., les compa
gnons la colonne J..., et les matres dans la chambre du milieu. Quinze compa
gnons, voyant le temple presque fini sans qu'ils eussent obtenu le gradede matre,
parce que leur temps n'tait pas expir, rsolurent d'arracher par force Hiram
les mots, les signes et les attouchements do ce grade, afin de passer pour des
matres et d'eu recevoir le salaire. Douze de ces compagnons rflchirent aux
consquences probables de cette mauvaise action, et finirent par renoncer au
192 LE HAMEAU D'OR D'eLECSIS
dessein qu'ils avaient form ; mais trois persistrent et rsolurent de faire violence
au matre, pour obtenir la parole et le signe.
s Hobbhtn, Sterk et Austerfluth, sachant que le matre venait tous les jours,
midi, faire sa prire dans le temple, tandis que les ouvriers se reposaient, allrent
se placer : Sterk, la porte du Sud ; Austerfluth, a la porte de l'ouest, et Hobbhen
a celle de l'Est. Les noms de ces trois compagnons et la place qu'ils choisirent ne
laissent aucun doute sur le sens astronomique de la lgende d'Hiram, interprte
par les Maons allemands.
O va se placer en effet Hobbhent la porte de l'Orient, c'est--dire l'endroit
o le soleil merge au-dessus (oben) de l'horizon ; Sterk se place la porte du
Sud, au lieu o le soleil a toute sa force (streke) ; enfin, Austerfluth prend position
la porte de l'Ouest, o le soleil a fini sa marche apparente, o il est la fin de sa
course (aus der flucht).
Ainsi embusqus, les trois compagnons attendirent qu'Hiram et fini sa prire
et se prsentt, pour sortir, l'une des portes du temple. Il se dirigea d'abord
vers la porte de l'Est, o Hobbhen lui ayant demand le mot de matre, Hiram
rpondit qu'il ne pouvait le lui donner ainsi; qu'il fallait d'abord que le temps de
'son compagnonnage ft termin, et qu'ensuite, s'il avait rellement mrit une
augmentation de salaire, le mot ne pourrait lui tre confi qu'en prsence des rois
d'Isral et de Tyr; car ces deux rois et Hiram avaient fait serment de ne le
donner que lorsqu'ils seraient runis tous les trois. Hobbhen, mcontent de cette
rponse, frappa le matre d'un coup de rgle au travers de la gorge.
Hiram s'enfuit vers la porte du Sud, o il trouva Sterk qui lui fit la mme
demande, et, sur son refus, lui porta sur le sein gauche un coup violent de
l'querre de fer dont il tait arm.
(A midi, les rayons perpendiculaires du soleil forment une double querre avec
la ligne de l'horizon).
Hiram se sauva chancelant vers la porte de l'Ouest, o Austerfluth lui fit la
mme demande que les deux autres, et sur son refus, lui assna un si terrible coup
de maillet sur le front qu'il l'tendit mort ses pieds.
Les trois meurtriers s'tant rejoints se demandrent rciproquement la parole
de matre; mais voyant qu'ils n'avaient pu l'obtenir, et dsesprs d'avoir commis
un crime inutile, ils ne songrent plus qu' en drober les traces ; ils enlevrent
donc le corps d'Hiram, le cachrent sous un tas de dcombres, et pendant la nuit
le portrent hors de Jrusalem, o ils l'enterrrent sur le penchant de la mon
tagne. .
Le lendemain, Hiram ne paraissant pas aux travaux, comme son ordinaire,
Salomon fit des recherches qui n'amenrent aucun rsultat; mais les douze com
pagnons qui s'taient retirs, souponnant la vrit, mirent des gants et des
tabliers blancs en signe de leur innocence, puis allrent trouver Schelomah
(Salomon), et l'informrent de ce qui s'tait pass.
Salomon envoya ces douze compagnons la recherche du matre, en leur pro
mettant la matrise s'ils russissaient dans leur mission. Craignant que la parole
n'et t arrache Hiram avant sa mort, s'il avait rellement succomb quelque
MORT D7HIRM
LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS 193
violence, il fut convenu que lo premier mot qui serait prononc en retrouvant le
corps d'iliram deviendrait dsormais la parole de matre. Aprs avoir voyag
pendant cinq jours sans rien dcouvrir, les compagnons vinrent rendre compte
Salomon de l'inutilit de leurs recherch es ; celui-ci fit alors partir neuf matres,
savoir :
1. Moabon (a patre).
2. Jachin ou Jakin (firmus).
3. Bogar ou Booz (in fortitudine).
4. Ganigam ou Anigam (affliclio populi).
o. Gazariah ou Azariah (auxiliurn Dei).
G. Joram (cxcclsus).
7. Isch'gi (salus mca).
8. Aclial ou Acal (comedif).
9. Gobed ou Obcd (serviens).
lisse rpandirent dans la montagne et furent plus heureux que les compagnons;
l'un d'eux, en effet, puis de fatigue aprs une longue course, voulut se reposer
sur un petit monticule, o il remarqua que la terre avait t nouvellement remue;
il appela ses FF.-., et, tous ensemble creusant la terre, trouvrent un cadavre
qu'ils prsumrent tre celui d'Hiram; mais n'osant pousser leurs recherches plus
loin, ils recouvrirent la fosse, et pour la reconnatre y plantrent une branche
d'acacia, puis ils vinrent rendre compte Salomon de la triste dcouverte qu'ils
avaient faite.
Renvoys immdiatement sur le lieu o les assassins avaient enterr rram, les
matres procdrent pieusement son exhumation ; mais quand le cadavre eut t
compltement dcouvert, ils ne pnrents'empcherde faire un signe d'horreur, car
le meurtre-remontant dj neuf jours, le corps tait en pleine dcomposition;
ils s'crirent : Mak-B'nah et non pas Mac-Benac connue on l'enseigne (il
signifie dificantis putrido, filius putrificationis, lils de la putrfaction, que
l'on traduit par : la chair quitte lis os, et symbolise le rgne animal). L'un
d'eux essaya de le soulever en le prenant par l'index de la main droite, et en
disant : J.-., mais le bras retomba inerte le long du corps; un second le prit
par le doigt majeur de la main droite, en disant : /?.-., mais cet effort n'eut
pas plus de rsultat que le premier; alors, un troisime prit le poignet droit du
cadavre en formant la grille, passa la main gauche sous son paule droite, le
releva par les cinq points de la matrisa, en disant : M -. B.-., la chair quitte
les os.
Salomon fit faire au matre des obsques magnifiques; il fut inhum dans le
sanctuaire, et on plaa sur son tombeau une mdaille d'or triangulaire, sur
laquelle etait grav l'ancien mot (ihaouha).
(A mesure que l'orateur fait ce rcit au candidat, il doit tre mis en action, de
manire que celui-ci ne puisse plus jamais l'oublier.)
CRfOriE
HYMNE
Maitre ; c'est ce titre et dans cet espoir, mon Tj\-C.\ F.'., que je m'applaudis
de vous avoir en ce jour reu comme tel. (Il lui donne les signes, paroles et
attouchements.)
Le signe d'ordre rappelle le serment que vous venez de prter.
Le signe caractristique signifie que tout Ma.'. doit avoir en horreur le vice.
Les attouchements de la matrise signifient : le pdestre, que tout Maon doit
voler au secours de ses FF.'.; l'inflexion des genoux, que l'on doit sans cesse
s'humilier devant Dieu ; Injonction des deux mains droites, que l'on doit assistance
ses FF.'.; le bras que l'on passe sur l'paule, qu'on leur doit des conseils dicts
par la sagesse ; le baiser exprime enfin la douceur et l'union inaltrable qui fait
la base de l'Ordre maonnique.
Les sept marches allgoriques du temple sont appeles: force, travail, science,
vertu, puret, lumire, vrit, comme nous l'avons dj dit.
Une Loge n'est juste et parfaite qu'autant qu'elle renferme le nombre sept.
L'ge du matre se nomme par sept ans. Le nombre septnaire est celui de
l'harmonie, et l'harmonie nat de la justice.
La batterie, selon le rite cossais, est IIIIIIIII. Celle du grand Or.\ est
II IIIIIII. Le mot de passe est, selon le rite cossais, Th.'., (possessio
mondana), c'estle fils de Lamech; selon le grand Or.'., Gh.'. (les Ghibliens furent
occups par Salomon la coupe des pierres pour la construction du temple; il
signifie : terme, complment); le mot sacr du rite cossais est M.\ (fils de Loth,
n de son inceste avec sa fille ane, engendr du pre), et celui du grand Or.\
est Mah.'., qui veut dire : la chair quitte les os.
Un matre perdu se retrouve entre l'querre et le compas. L'querre et le
compas sont les symboles de la sagesse et de la justice; un bon Ma.\ ne
doit jamais s'en carter.
Le mot adonhiram se compose de deux mots hbreux : adon, qui signifie
matre, et kiram, vie vivante, lvation.
.\ Les sept lumires du grand chandelier symbolisent les sept plantes des
anciens.
.*,Le soleil est le symbole de la vie; en effet, c'est le soleil qui fconde
La lune symbolise la terre (divinit rgnratrice).
.". Les tnbres de la chambre du milieu symbolisent la mort, c'est--dire
sont les principes de la mort.
.'.Le voile dchir d'un bout l'autre (matre), symbolise le complment de
l'initiation.
.*. L'Epopte (matre) sortant du tombeau est le symbole d'une nouvelle vie.
.\ Les divisions gomtriques symbolisent les lments, les astres, l'univers,
le mcanisme du monde.
.\ Le temple de Salomon symbolise l'univers.
s .\ L'pe flamboyante symbolise les combats qu'un vritable Maon doit sou
tenir pour faire triompher la vertu, rpandre la lumire et la vrit.
d .'.La chane brise symbolise les prjugs, qui ne peuvent pntrer dans le
temple de la sagesse.
LE RAEi i'oi d'elecs<s
.-. L'il, au milieu d'une gliofe, symbolise' l Siib.-. rch'.-: desnines qui
contemple la cration.
.-. Hiram, le soleil; les meurtriers d'Hiram, les tnbres, symbolisent ls Vicis
situdes du jour et de la nuit, de la mort, qui est une ncessit de la vie, qui nat
de la mort, enfin le combat des deux principes.
La marche, trois pas levs, comme si l'on passait au-dessus de quelque objet
plac terre en obliquant : le premier pas droite, le deuxime gauche et le
troisime droite.
Le matre est reu dans la chambre du milieu; il y parvienten inoriiaht l'esca
lier rhystique par T..., C .. et S...; il Voit deuil et tristesse, le tombeau de notre
Resp.-. M.-. M... et neuf toiles.
Hiram, assassin par trois compagnons qui veulent iui arracher le mot deM\'.,
por s'en procurer le salaire, indique l diinger des passions violentes qui ptivnt
vous porter aux plus grandes extrmits si on ne les rprime, et l'injustice de
ceux qui, sans prendre la peine de faire aucun trvail, voudraient arracher aYix
autres leurs dcouvertes et en partager le fruit. Le refus d'flliram apprend que \&
discrtion doit tre la vertu favorite du Maon, et qu'il doit purifier son cur et se
rendre digne dela perfection.
La pierre carre dans le centre des cercles nous apprend que notre difice doit
avoir pour fondement une pierre parfaite que nous devof/s faonner nous-mmes ;
les cercles sont l'emblme de la Divinit, qui n'a ni commencement ni fin ; ils
reprsentent aussi la cration de l'univers.
La chane brise signifie que nous avons rompu les liens qui nous attachaient
au vice.
Les quatre symboles, les quatre lments t les saisons.
Adorez Dieu, aimez votre prochain, aidez vos FF. ., remplissez consciencieu
sement, dans la vue de plaire au.Sub.-. Areb.-. des mondes, tous vos devoirs
d'homme, de citoyen, de fils, d'poux, de pre et de frre; c'est de son cur qu'il
faut faire un temple au Pre de la nature; il n'en a pas sur la terre qui lui soit
plus agrable qu'une me pure.
Le cordon de matre nous donne l'avertissement d'tre, dans nos sentiments,
dans notre conduite, aussi purs que l'azur des cieux. (// le lui donne).
La branche d'acacia place sur le tombeau d'Hiram est l'emblme du zle
ardent que le matre doit avoir pour la vrit, au milieu des hommes corrompus
qui la trahissent, et sans lequel on ne mrite pas d'tre admis dans sor
sanctuaire.
Le soin allgorique que prit Salomon pour trouver les compagnons coupables
nous avertit de mettre le mme soin vaincre et terrasser nos mauvaises passions,
qui donnent la mort l'me.
Le coupable se cache, mais le remords le suit dans la retraite la plus profonde.
Les trois compagnons assassins d'Hiram reprsentent les trois passions ls
plus communes dans le monde profane, savoir : l'orgueil, l'envie et l cupidit. Il
faut les combattre jusqu' ce qu'on les ait touffes dans son cur, car elles sont
rc tourment de l'homme.
200 LE RAMEA D'OE d'ELEUSIS
PROCLAMATION
DISCOURS
a Vn.-. MM.-.
Au commencement des choses, avant l'tablissement des socits, l'homme,
n pur et dgag de toutes souillures, semblait avoir, par une sorte d'intuition
divine, la puissance, l'instinct des plus nobles vertus, des plus gnreuses
inspirations; le bien pour lui tait chose naturelle ; il n'et pu comprendre le
mal, le mal n'existait pas.
Doux et pur rayon de la puissance incre, la charit, l'amour de ses
semblables tait le seul mobile de ses actions. Il vivait en autrui plus qu'en lui-
mme, tout pour lui se rduisait en un seul mot, aimer! parce que l, il le sentait,
taient renferms tous les devoirs que la nature avait gravs dans son cur en
caractres indlbiles; dans son semblable, il ne voyait qu'un F.-, avec qui il
partageait sans hsiter.... Cet heureux temps a pass comme une ombre, la
Maonnerie seule appartient le pouvoir de nous le ramener....
Et, en effet, quoi de plus divin que sa morale! quoi de plus sublime que
cette charit qui en est l'me! Aimer les hommes comme soi-mme; les aimer en
Dieu et pour Dieu sans exception, sans rserve; aimer jusqu' nos ennemis;
oublier les injures ; pardonner les offenses ; vaincre le mal par le bien; tre dans
la joie avec ceux qui y sont; pleurer avec ceux qui pleurent; clairer ceux qui
sont dans les tnbres ; reprendre en secret et ramener avec douceur ceux qui
s'garent; ne point juger tmrairement pour n'tre pas jugs nous-mmes;
consoler les affligs; assister de tout son pouvoir les malheureux; ne se considrer
dans l'usage de ses talents et de ses richesses que comme le dispensateur des
dons du Sublime Architecte des mondes et l'conome de sa Providence; remplir
avec amour et par principe de conscience tous les devoirs que notre condition
nous impose; ne point chercher sou propre intrt, mais le sacrifier l'intrt
LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS 201
gnral; respecter Dieu dans ceux qu'il a tablis pour nous gouverner; voil,
Ven.-. MM.-., ce que la Maonnerie nous prescrit l'gard des hommes, l'gard
de la socit tout entire, et ce que le Maon qui l'est en vrit ralise tous les
jours par sa conduite. Bon, sensible, compatissant, affable, gnreux, misricor
dieux et clment, sujet fidle, ami constant, digne poux, bon pre, fils tendre,
respectueux et soumis, matre soigneux et vigilant, plein de charit l'gard de
tous, il prvient tous les besoins, il accomplit toutes les lois, il satisfait toutes
les biensances, il se prte tous les dsirs honntes, il se livre toutes les
bonnes uvres, il fait tous les genres de bien qui sont en son pouvoir. Li par sa
F.-, Ions les hommes, il volera pour eux jusqu'aux extrmits du monde, et,
nouvel aptre, il portera, s'il le peut, la vrit, Injustice et la paix dans tous les
curs. Enfin, donnez-moi un monde de vritables Maons, et la terre sera le
sjour de l'innocence et du bonheur.
Cette sublime institution n'est pas moins digne de notre admiration et de nos
hommages dans les vertus qu'elle nous inspire l'gard de nous-mmes, elle
oppose au fol amour de soi le renoncement notre volont propre et une haine
de nos penchants drgls ; notre orgueil, la connaissance de notre misre, de
notre nant et les sentiments d'une humilit profonde ; la cupidit, l'esprit de
dtachement; la mollesse, la mortification; un penchant trop vif pour les biens
sensibles, le dsir et la recherche des biens spirituels et clestes ; aux saillies de
notre humeur, la douceur et la patience; elle veut enfin que nous usions de tous
les biens avec modration et sagesse, que nous soyons purs et que nous nous
dfendions jusqu' la pense du mal.
Plus on tudie la Maonnerie, plus on dcouvre en elle de caractres de sagesse
qui saisissent, enchantent, pntrent te cur d'amour et l'esprit d'admiration;
dites-moi, je vous prie, un excs qu'elle ne blme pas-, un mal sous ses yeux sans
remde, une passion sans frein, un dsordre sans condamnation, une bonne uvre
sans rcompense! Quelle admirable sagesse dans toutes les maximes de la
Maonnerie sur l'amour qu'elle rgle, sur l'amiti qu'elle sanctifie, sur les
grandeurs du monde dont elle dsabuse, sur les talents qu'elle ennoblit, sur
l'amour-propre qu'elle rectifie, sur la prosprit dont elle montre les cueils, sur
l'adversit dont elle soulage le poids, sur les devoirs dont elle inspire l'amour, sur
la mort dont elle modre la crainte, fait natre le dsir et dissipe les horreurs!....
N'oublions donc pas, Vn.-. MM.-., que la peine et le plaisir passent comme une
ombre; la vie s'coule en un instant, elle n'est rien par elle-mme, son prix
dpend de son emploi, le bien seul qu'on a fait demeure, et c'est par lui qu'elle (
est quelque chose.
Ne croyez pas qu'un tre soit plac sur la terre au hasard, seulement pour
vivre, souffrir et mourir, non; la vie humaine a un but, une fin, un objet moral;
l'homme doit l'usage de la vie son semblable, il ne saurait faire un pas sur la
terre sans y trouver quelque devoir remplir... Marquons donc notre passage sur
la terre par quelque uvre digne de rester dans le souvenir des hommes, faisons-
nous gloire d'apporter chacun notre pierre cet admirable difice, appliquons
toutes les forces de notre me nous rendre dignes de cette noble tche.
LE RAMEAU D*OR D'ELEUSIS
a Vn.\ M.'.,
Notre me est immortelle, et l'athe est un monstre d'orgueil et d'im
perfection, qui abaisse la Divinit jusqu' lui pour s'lever jusqu' elle; il
l'enchane dans le cercle troit de ses penses pour embrasser avec elle
l'immensit; il fait son idole de la matire. Et quel moyen a-t-il de s'assurer
qu'elle existe hors de ses sens, que l'univers n'est pas une perception de son
me comme il est une des ides du Sublime Arch.'. des mondes? Oh! athe,
tu te dis : Qu'ai-je besoin de fatiguer mon imagination par l'ide d'un Dieu
qui humilie mon orgueil? La matire a des forces inhrentes qui suffisent
son mouvement; relguons cet tre parmi les enfants de l'imagination.
Non, non, tu n'as point ananti cet Etre suprieur, les preuves de son existence
sont crites en lettres de feu sur la coupole du firmament dans lequel ton esprit
s'gare! Quoi ! l'homme serait un compos prodigieux de matire dirige par une
intelligence, et l'univers. dans lequel il n'est qu'un atome, serait produit et dirig
par le hasard? ces masses tincelantes dans l'immensit seraient ternelles, et
celui qui traa leur route prirait? Non ! cela est impossible ! L'ide de l'immortalit
de ton me, de l'existence d'un tre suprieur toi, est-elle donc trop vaste,
trop sublime? Tu ne peux soutenir le poids du mot ternit! Ton imagination ne
peut concevoir un monde peupl d'tres suprieurs toi; si le hasard est un dieu
que les mortels, genoux, doivent conjurer d'amener un meilleur ordre de
choses; si l'inerte matire a cr la pense; si le Sublime Arch.'. des mondes est
le fils de l'imagination, l'ide de son existence tant la plus vaste, la plus sublime
de toutes les penses de l'homme, il est le crateur de l'univers, le moins
imparfait des mortels et le premier des tres; c'est lui qu'il faut que la terre
adore comme son souverain; c'est lui que les hommes doivent dresser des
autels; prosterns ses pieds, qu'ils tchent d'en obtenir les biens aprs lesquels
ils soupirent; qu'ils tchent d'en obtenir le silence des remords!
Ce serait donc en vain qu'une mre prosterne sur la tombe d'un mortel ador
y viendrait user sa douleur, et dgote de la vie par la perte de ce qu'elle avait
de plus cher, voudrait s'lancer avec lui dans l'ternit! Ce serait en vain qu'un
homme vertueux et perscut, soutenu par l'esprance d'un tat meilleur, se
tranerait avec courage jusqu' la fin de sa carrire ; il n'y trouverait que le
nant! Ce serait en vain que le coupable, dchir de remords, viendrait pleurer
sur la tombe de sa victime et demander le pardon!... Puisque l'homme pauvre
est dupe de la vertu, puisque aucune rcompense ne l'indemnisera de ses longues
privations, il ne lui reste que la ressource du crime et l'art de le cacher! Alors les
liens de la socit sont rompus, l'homme doit fuir dans les forts; qu'il se garde
de cultiver son esprit et son cur : la raison, le savoir et la sensibilit le rendraient
le plus malheureux des tres, si son me n'est pas immortelle, s'il n'existe pas
un Dieu.
Non, mes FF.'., l'homme n'est pas le fils du hasard; il n'est point, aprs ta
mort, jet dans le nant; le Sublime Arch.*. des mondes aurait-il cr des tres
LE RAMEAD D'OH D'ELEUSIS 203
sont propres; il a son chyle et ses humeurs, il a ses fonctions comme les autres
corps : la trituration, la circulation du sang, la digestion et la gnration; enfin,
toutes ces oprations sont autant de merveilles de la nature et tmoignent
l'intelligence, la sagesse et la puissance du Crateur.
Mais choisissons, mes FF.*., des objets plus A notre porte; prenons au hasard,
et examinons l'oiseau qui vole, le poisson qui nage, l'araigne qui file, l'abeille
qui a sa police et ses lois, l'insecte industrieux, qui pourvoit avec tant d'art ses
besoins et ceux de ses petits qui vont clore; la chenille rampante qui se
mtamorphose dans le plus lger papillon; la plante qui vgte; l'arbuste qui
croit l'aide des sucs qui le nourrissent; la semence que la terre reoit dans son
sein et nous rend au centuple; le ppin qui devient pour notre usage arbre,
fleurs et fruits; l'difice mobile de notre propre corps, dont Galien n'a pu exposer
la structure sans s'crier, dans l'enthousiasme dont il tait saisi, qu'il avait chant
le plus bel hymne en l'honneur du Sublime Architecte des mondes.
L'univers est un livre ouvert tous les hommes... La route qui conduit au
temple du Sublime Architecte des mondes n'est point pre, hrisse d'pines, et
la Maonnerie n'exige pas que les mortels s'abandonnent aux terreurs supersti
tieuses; que, rompant tous les liens qui les attachent aux objets dont ils sont
entours, ils se condamnent aux privations, aux pratiques austres, la vie
contemplative. C'est un tat contraire ses lois. Quoi homme, enfl d'un vain
orgueil, oserait se dire : Je m'lverai sans cesse par la pense au-dessus des
autres hommes, et, brisant les chanes qui m'unissent eux, je fixerai mes
regards sur la Divinit? Il suffit aux mortels de s'aimer les uns les autres, de
soutenir mutuellement le poids de leurs faiblesses, de jouir, sans en abuser, des
richesses que la nature leur a prodigues ; il leur suffit de suivre la secrte
inspiration du guide qu'ils portent dans leur cur; ce guide ne les dtournera
jamais du chemin de la vertu, mre du vrai bonheur.
Les chanes qui attachent l'homme cette terre ne sont pas trop pesantes; il
peut s'lever au-dessus d'elle par la mditation ; le momie moral est son vritable
empire, et le Sublime AreruVete des mondes a pos des bornes immuables entre
cet empire et celui de la matire. Quelle puissance pourrait l'anantir? L sont les
vastes rgions de la pense, les royaumes de l'imagination ; son esprit, en les
parcourant, y trouvera des jouissances que tous les agents du mal ne pourront
lui ravir.
L'homme n'a qu'un trajet bien court faire dans la route de la vie; plus il y est
perscut et plus aisment il se dtache de la terre ; les ailes de la mort deviennent
son asile; et lorsque cette aveugle divinit a bris la couche paisse de matire
qui enveloppe son me, elle brille dans l'espace comme un ange de lumire; les
traits de la douleur ne peuvent plus l'atteindre, il voit d'un il de mpris les
cohortes infernales des passions cherchant en vain leur proie sur le limon qu'elle
a quitt; semblable au ver hideux qui, aprs avoir longtemps ramp sur la terre,
objet de ddain et de mpris, se dpouille enfin du masque qui voilait sa beaut,
et dveloppant aux rayons de l'astre du jour ses ailes tincelantes , s'lve
triomphant au-dessus de ceux qui nagure voulaient l'craser sous leurs pieds.
LE HAMEAU D'ol D'ELEUSIS 205
Vnrables matres,
Il est toujours excellent de remonter la source des ges et de plonger du
regard dans l'ombre invitable de notre antiquit, de rassembler grand' peine les
tincelles de ce volcan teint, ou plutt qui repose et prte ses labyrinthes qui
veut les fouiller, afin d'en clairer d'autant la gnalogie des sicles o nous
sommes.
La nationgyptienne est la premire qui, aprs ledmembrement de la grande
famille, ait eu un culte rgl, des lois civiles, un droit politique ; qui ait cultiv
les sciences, les arts, et pratiqu l'agriculture; c'est la premire qui se soit civi
lise. Mns, petit-fils deNo, fut son premier lgislateur.
Les premiers Egyptiens professaient comme les Arabes, les Cbananens, les
Phniciens du premier ge, les dogmes, du monochisme; ils honoraient l'Etre
suprme, l'auteur de la nature.
Ils s'assemblaient dans des temps rgls pour louer Dieu, et mangeaient en
commun ce qui avait t bni par la prire. C'est ce qui tablit i'agape.
Sais tait une ville clbre par ses mystres. Dans le temple tait la statue d'Isis,
sous le nom de Minerve, avec cette inscription : Je suis tout ce qui est, qui a t,
j qui sera, et nul mortel n'a encore pu soulever le voile qui me couvre. Minerve, dans
; l'ancienne langue gyptienne, signifie Vnus de moi-mme; enfin, Isis tait le
I Jhovah de Mose. Le mot Jhovah est form de la troisime personne du verbe
hovah, j'existe; celui d'Isis est form par le redoublement de la racine iss, il est.
Ils expriment donc l'un et l'autre la source de l'tre par essence.
Les initis regardaient le mot Isis comme une parole sacre, incommuni
cable. Le triangle, qu'on appelle le Dieu des gomtres, tait l'emblme d'Isis, et
se voyait trac sur la table isiaque.
Osiris tait reprsent, par les Egyptiens, par un sceptre surmont d'un
il dont la signification est : Celui qui est, qui voit et qui rgne, c'est Dieu.
C'est--dire qu'/sis est la sagesse, et Osiris la puissance, toutes deux runies
en Dieu, et ne faisant qu'un avec lui. Le mol puissance est quivalent de celui de
force.
Voil donc l'origine des deux mots sacrs des premier et deuxime degrs de
l'Ordre.
> L'Egypte fut jadis le berceau des scienceset des arts, et les premiers peuples y
puisrent leurs principes religieux et politiques... Semblable un arbre aussi
ancien que le monde, l'Egypte a lev sa tte majestueuse dans le chaos de
l'ternit, et a enrichi de ses produits les trois anciennes parties de la terre ; elle
a pouss ses racines vers la postrit, sous diffrentes formes, dfigures et ht
rognes en apparence, mais constantes dans l'essence, faisant parvenir jusqu'
nous sa religion, sa morale et ses sciences.
Pour les Egyptiens le grand paon fut l'image de la nature universelle; tandis
que dans la thologie mythologique des Grecs, le Jupiter, principe de la lumire et
du bien, correspond l'Osiris des Egyptiens...
LE RAMEAU d'0R d'ELEUSIS
dcouverte ie ceux qui ne le sont pas. Or, comment saisir exactement ces rapports
si on ne dtermine pas les ides avec prcision ?
La premire prcaution prendre est de savoir comment nous concevons les
choses que nous avons apprises. Il faut dcomposer l'esprit humain, c'est--dire
observer les oprations de l'entendement, les habitudes de l'me, la gnration
des ides. Aussitt que cette analyse est faite, le plan d'instruction est trouv.
C'est pour dlaisser trop ces tudes rflchies, tout fait personnelles et
seules durables, que tant d'hommes n'apportent, dans le commerce de la vie
sociale, avec une dplorable prsomption, que des connaissances incertaines et
mobiles.
Il nous est doux de penser que notre intention sera comprise par ceux de
nos FF.\ qui se dvouent au salut humanitaire, et cherchent, au-dessus des
rapports spciaux et du scolastique terre--terre, le suprme lien qui fait pro
gresser l'intelligence et la morale des nations, harmonise la pense universelle,
soutient par le sentiment du devoir le courage de l'homme oblig de vivre et de
mourir.
Aprs l'allocution du Vn.\ F.*. deuxime surveillant, la parole est accorde
au Vn.'. M.*. grand expert; il dit:
Vnrables matres,
C'est dans l'antique Egypte que les premiers sages, constitus en corporations
nombreuses, tudirent en commun le grand art d'apprendre leurs semblables
les moyens de goter ici-bas quelque peu de cette flicit qui nous est promise
dans un monde meilleur.
Ces hommes dvous avaient compris que le but qu'ils se proposaient ne
pouvait tre atteint qu'en accomplissant une tche bien aride et bien rude, surtout
cette poque de barbarie, c'est--dire en amenant les hommes se rendre mora
lement solidaires les uns des autres, en gravant dans les curs ce mot sacr : Fr.\
L'Ordre vnr de la Franc-Maonnerie date de cette poque.
C'est sur les bords du Nil qu'on clbra d'abord ses mystres; c'est l que les
premiers nophytes reurent l'initiation; c'est de l, c'est de Memphis qu'ils se
rpandirent dans les deux hmisphres.
Ces aptres de la vrit, dispensant les lumires, communiquant tous ce feu
qui les animait, eurent sans doute de grands obstacles surmonter, de grands
prils affronter; ils durent tre en butte de nombreuses perscutions de la
part des heureux de la terre.
Un crivain profond a dit que le degr de civilisation des peuples disparus
pouvait tre apprci la vue des monuments qu'ils ont laisss la postrit.
Partant de l, les Maons n'ont-ils pas t les historiens de leurs contem
porains?
Qu'on parcoure l'Italie, la Grce, chaque pas on trouvera une trace indi
quant le passage de nos prdcesseurs; partout quelques pierres aux emblmes
indiquent que l'ouvrier par excellence du progrs et de la civilisation a pass par
l ; les monuments druidiques des vieilles contres armoricaines sont souvent
Lp BAMEAC DrOR d'eLEUSIS
empreints du mme cachet; et,! plus prs de nous, Notre-Dame de Paris est
dcore de nos insignes, et le temple chrtien de Suint'Denis possde un Christ
ayant la main l'ordre Ma.\ au premier degr.
d Mais la construction des monuments n'tait que le but secondaire que se
proposaient les M.'. Ils voulaient surtout lever, agrandir, affermir l'difice de
l'intelligence humaine.
Les pierres de l'difice maonnique, disent-ils, ce sont les F.'.; le ciment qui
doit les unir, c'est l'amiti.
Vous eiterai-je Platon, ce rformateur acqurant l'immortalit en dveloppant
nos dogmes; Socrate, mourant volontairement en digne aptre de la sagesse; le
Christ, recueillant nos doctrines, prchant l'affranchissement des esclaves, prchant
la libert de la femme, constituant une religion d'abngation et d'amour, dont
toutes les penses manent de la secte des Thrapeutes et des Essniens, et, noble
martyr, expirant, le sourire sur les lvres, en murmurant encore : Aimez-vous les
uns les autres.
C'est vers le quinzime sicle que la Maonnerie sembla prendre son plus
grand essor. '
Ds cette poque, Florence possdait l'Acadmie platonique et la Compagnie
de la truelle (symbole de la charit).
En Allemagne, en Suisse, de nombreuses Loges se fondaient; en Ecosse et
en Angleterre, notre foi portait ses fruits, et les Maons jouissaient d'une pr
pondrance profitable la dissipation des tnbres de l'ignorance.
Tous les moyens furent mis en pratique pour clairer les esprits, pour polir
les usages, pour adoucir les murs et amener les hommes l'tat de socits
polices.
L'influence de la Ma.\ est irrcusable sur le dveloppement des facults
morales; c'est elle qui a inspir chaque peuple le sentiment de sa nationalit;
c'est elle qui a appris aux hommes se respecter entre eux; c'est elle qui a tir
les arts de l'enfance.
Ce senties sages de Memphis, les Hirophantes de la Ma.*., qui, les premiers,
ont tudi l'astronomie; c'est par eux que l'homme est arriv un tel degr de
science, qu'il peut lire dans le ciel, nommer les astres, annoncer le retour prio
dique de chaque plante et compter les toiles des constellations. .
C'est par la Ma.'. que l'gosme a t combattu avec le plus de fruit; c'est
donc elle que les socits doivent leur conservation, car l'gosme n'est-il pas
une maladie lente qui consume insensiblement leurs facults vitales? L'gosme
n'est'il pas la cause principale du dmembrement des nations ?
Et pourtant, mes FF.\, il nous reste encore beaucoup faire; mais notre
sage institution est persvrante d&ns ses uvres; chaque jour ne dtachons-nous
pas un fragment de l'difice d'iniquil que renferme le cur des mortels, pour le
remplacer par le germe d'une vertu?
Grce aux efforts soutenus et incessants de nos illustres prdcesseurs, l'esprit
humain, en traversant les sicles, a fait d'immenses progrs : l'homme, moins
asservi, n'en est plus vivre comme l'animal inintelligent, qui n'a que son instinct
Lt RAMEiX D'OB D'ELEtSIS 209
pour guide, aujourd'hui l'homme a lev la lete, il a envisage son pass, il s'est
tonn de son ignorance, mre de son abaissement ; puis il a jet un long regard
d'esprance et de joie dans l 'avenir.
C'est nous de cultiver le vaste champ de l'intelligence humaine, de jeter les
semences d'une philosophie bienfaisante, dmontrer la route du bonheur.
Continuons donc notre louable travail ; que le profane soit heureux par nous;
que l'exemple de notre fraternelle amiti lui inspire le dsir de demander la
lumire.
Qu'il vienne prendre part au dveloppement des questions qui sont l'objet de
nos travaux; qu'il vienne entendre nos paroles de paix, de tolrance, d'union et
de charit.
Alors il remerciera le Sublime Architecte des mondes de lui avoir ouvert le
temple de la sagesse, et sera convaincu, comme nous le sommes, que le seul
moyen d'arriver au bonheur, c'est de travailler celui de ses frres.
Le mot hirum signifie lev ; on l'appelle souvent hiram-abi dans certains
rites (pre lev) ou adonhiram (seigneur lev), d'o est venue la Maonnerie
adonhiramite, et ce qui donne lieu diverses interprtations astronomiques et
religieuses.
Le matre doit ajouter aux cinq premires qualits : la modration dans ses
prtentions et dans ses dsirs, qui met en garde contre l'orgueil, l'envie et la cupi
dit; le courage et la rsignation dans le malheur, soutenus par l'esprance d'un
meilleur avenir dans cette vie ou dans l'autre.
Vous avez t introduit en L.-. de M.-, par le signe, la marche et en costume
de Comp.-., les bras uns, signe de votre ardeur au travail ; la poitrine dcouverte,
pour exprimer que votre cur est dvou vos FF.-.; l'querrc attache votre
bras a pour signification votre droiture et votre rgularit dans vos bonnes murs.
La chambre du milieu est l'enceinte o se trouve le corps d'Hiram.
Dans le grade decompagnon, vous avez appris connatre l'esprit philosophique
et allgorique de la Maonnerie, et nous sommes certains que vous ne regardez
pas la rsurrection d'Hiram comme un fait accompli.
Jusqu' ce jour, on ne vous avait gure prsent que des emblmes matriels,
ici il y a un drame mystrieux, un mythe, o tout est allgorique, l'action, la
victime et les meurtriers; la Maonnerie, eu offrant ce drame ses disciples, a
voulu les avertir que beaucoup de faits de ce genre, contraires aux lois ternelles
de la nature, ne sont que des symboles; voil, mes FF.-., comme elle a des secrets
qu'elle ne rvle pas explicitement, mais que notre intelligence dcouvre; notre
sublime institution n'tablit pas de controverses dans son sein, alin de n'affliger
aucune croyance. Mais en mettant sous les yeux du candidat un mort qui revient
la vie, elle soumet son jugement cette grande question : a Les lois tablies par
le Sublime Architecte des mondes sont-elles immuables, ou peuvent-elles tre
r changes dans l'intrt d'un individu, d'une famille, d'une peuplade, de la terre
elle-mme, qui est peine, dans l'immensit, ce qu'est un grain de sable dans
l'ocan ? I Iles sont immuables, et je pense qu'en prenant pour base les deux
consquences gnrales qu'elles prsentent, le bien succdant au mal rel et le
14
210 LE RAMK.W; D'OR I> ' E LE I.slfl
qui pourraient surgir, et obtenir les solutions qui ncessitent le parfait dvelop
pement de la science maonnique.
D.\ O se tient le Trs-Vnrable matre premier surveillant?
R.\ A l'angle dela colonne du Midi, l'Occident.
D.*. Pourquoi, Trs-Vnrable matre premier surveillant?
R.'. De mme que le soleil se couche l'Occident pour fermer la carrire du
jour, de mme le Trs-Vnrable matre premier surveillant se tient dans cette
partie, pour donner le signal de la suspension des travaux.
D.\ O se tient le Trs-Respectable matre?
R.'. A l'Orient.
D.'. Pourquoi, Trs-Vnrable matre?
R.'. Comme le soleil se lve l'Orient, de mme le Trs-Respectable matre se
tient dans cette partie pour clairer les travaux de cette parfaite Loge.
D.'. Trs-Vnrable matre premier surveillant, quelle heure les matres
doivent-ils suspendre leurs travaux?
R.'. Lorsque le soleil est entr au mridien infrieur.
D.'. Trs-Vnrable matre deuxime surveillant, quelle heure est-il ?
R.\ Trs-Respectable matre, le soleil est entr au mridien infrieur.
Le Respectable matre frappe un coup de maillet, et dit :
Puisqu'il est l'heure de suspendre les travaux de cette parfaite Loge, Vnrable
matre grand expert, venez recevoir une mission pour le Trs-Vnrable matre
premier surveillant.
Le vnrable matre grand expert monte l'autel ; tant l'ordre, il fait le signe ;
le Trs-Respectable matre lui dit l'oreille: Dik (justice), et lui donne le baiser
fraternel. Le Vnrable matre grand expert remplit sa mission auprs du Trs-
Vnrable matre premier surveillant, qui le fait transmettre au deuxime sur
veillant; ensuite le Trs'Respectable matre descend de l'autel, et procde la
prire, comme l'ouverture des travaux.
L'encens brle et l'on entend les sons mlodieux d'une lyre pendant la prire.
PRIRE
travaux de cette parfaite Loge sont suspendus. Retirons-nous en paix, MM.-. FF.-.;
mais avant de nous sparer, jurons d'acqurir l'amour du bien, l'habitude de le
vouloir et de le faire, le courage dans l'adversit, la gnrosit dans le bonheur,
la prudence dans les dangers, la modration dans les plaisirs, la crainte des re
mords, la force de rsister aux approches du vice, le mpris de l'oisivet, et la vo
lont d'tre utiles.
Tous les matres disent, en levant la main :
Nous le jurons!
Le Trs-Respectable matre dit :
Que la rgle de tous vos instants soit donc de bien penser, bien dire et bien
faire. Allez en paix, Vnrables matres, et que l'esprit de Dieu veille jamais
sur vous... A moi...
On fait le signe, la batterie et l':icclamation, etc.
QUESTIONS D'ORDRE
ADRESSES AUX FF.-. VISITEURS LORS DE LEUR ENTRE DANS LE TEMPLE
(Troisime degr.)
D.-. tes-vous matre?
R.-. L'acacia m'est connu.
D.-. O avez-vous t reu?
R.-. Dans la chambre du milieu.
D.-. Qu'avez-vous vu dans cette chambre?
R.-. Deuil et tristesse.
D.-. O trouve-t-on un matre perdu?
R.-. Entre l'querre et le compas.
D.-. Pourquoi ?
R.-. L'querre et le compas sont les symboles de la sagesse et de la justice, et
un bon Maon ne doit jamais s'en carter.
D.-. Quel ge avez vous?
R -. Sept ans.
D.-. Quel est le symbole de la matrise?
R.-. Un vaisseau sans mts, sans voile, flottant sur une mer calme, avec la
lgende : Ma force est dans l'esprance.
D.-. Donnez-moi le signe. (11 le donne. )
R.-. Donnez-moi la parole sacre'/ (Il la donne.) I
Le matre des crmonies le conduit la place qui lui est destine. j
ALPHABETS ET HIROGLYPHES
Plusieurs opinions ont cours dans le monde savant sur l'origine des alphabets
et des hiroglyphes ; il ne nous appartient pas de dcider entre ces opinions dont
chacune est soutenue par des hommes i'minent, et appuye sur des raisons plus
ou moins plausibles. Toutefois, l'opinion qui semble avoir prvalu le plus univer
LE RAMEAU 1)'i)R D'ELEUSIS
seflemerit est que les premiers caractres employs pour fixer les penses ou les
images fuient emblmatiques, et emprunte, soit aux travaux du labourage, soit
aux procds les plus usuels des arts de fa fie , soit enfui aux observations
astronomiques ; c'est de l'gypte que nous viennent, ainsi que toutes les autres
connaissances, les hiroglyphes et tes premiers alphabets, (.a plupart des
monuments qui couvraient la terre d'Egypte taient revtus de signes
hiroglifiques, dont l'emploi tait, soit de donner des indications relatives aux
travaux de l'agriculture, aux crues du Nil, aux inondations, etc., soit de conserver
le souvenir des vnements mmorables , et de consacrer la mmoire des
souverains qui avaient illustr leur rgne par des institutions utiles et glorieuses.
Les Egyptiens, et gnralement tous les peuples primitifs, avaient l'habitude
de symboliser les grands accidents de la nature et les hautes spculations
philosophiques, de btir l-dessus des fuhles que le vulgaire prenait au pied de
la lettre, et dont la connaissance n'tait communique qu'aux initis; c'est ainsi
qu'ils avaient symbolis la nature dans Isis et ses mystres, dans les voiles qui
enveloppaiept la statue de cette desse, et dont le dernier no tombait jamais,
mme aux yeux de l'Hirophante; c'est ainsi encore que les Grecs avaient
symbolis les hautes sciences dans la courtine sacre du temple d'Apollon.
Avant les hiroglyphes on se servait, chez les Chinois, de cordelettes charges
de nuds, dont chacune rappelait un vnement. A la dcouverte du nouveau
monde on trouva galement des guipos ou registres de cordelettes, dont les nuds
taient de diffrentes couleurs et combins entre eux; ils renfermaient les annales
de l'empire, les revenus publics, les impts, etc. Chez les Chinois, t'o-hi, en 2951
avant Jsus-Christ, remplaa les cordelettes par huit louas, dont les lignes
horizontales et brises, graves sur des planchettes, se combinaient volont;
ces kouui, taient exposs dans les lieux les plus frquents, soit pour donner des
ordres ou avertir de quelque solennit.
Suivant les Chinois, les traces d'oiseaux imprimes sur le sable fournirent
la premire ide des caractres : Tsangi, ministre de Hutmg-lg, appela ces
caractres hiao-ki -tchouen, et ils servirent tracer les premiers hiroglyphes.
( Voir la pierre cubique.)
Duu tait reprsent par un cercle ou un soleil, symbole extrmement simple et
le plus capable de leur reprsenter la puissance et l'action universelle de l'tre
souverain qui anime tout.
Ils ajoutaient au cercle ou au globe solaire diffrentes marques ou attributs qui
servaient caractriser autant de perfections diffrentes pour marquer que l'tre
suprme est l'auteur et le conservateur de la vie; ils accompagnaient le cercle
d'un ou deux serpents. Cet animal, chez les gyptiens, a toujours symbolis la
vie ou la sant ; le serpent se rajeunit en se dcfaisant tous les ans de sa vieille
peau. Le mot Hv signifie galement la vie et un serpent; le grand nom de Dieu,
Jov ou Jebova, en est tir; le nom de la mre commune des vivants provient
du mme mot. On no pouvait peindre la vie, mais on pouvait la marquer par
la figure de l'animal qui eu porte les noms.
C'est de ce nom Hv ou lva que les Latins ont fait leur vxum : la vie.
LE HAMEAU D'OR 1)' EL E US1 8
CALENDRIER MAONNIQUE
Tout porte croire que les Indiens et les Chinois sont les deux plus anciens
peuples du monde Les Indiens se servent de trois res la premire s'indique
par neuf zros, ce qui est en effet la manire la plus philosophique de l'exprimer,
puisqu'elle est Inconnue. Les Indiens avaient sur l'anciennet du globe une ide
bien diffrente de celle des Europens : ils la faisaient remonter 4,320,000 ans ;
les Japonais, 2,000,000; les Chaldens, les Mages et les anciens Perses,
130,000; les Phniciens, 36,000, et les gyptiens, 24,000 : ce sont des
annes d'homme, dont 360 jours font une anne divine. En divisant cette somme
par ce nombre, l'on obtient pour quotient la priode de 12,000; divisez les
150,000 annes lunaires des Perses par 12, et vous aurez encore un nombre gal
d'annes ; enfin, en divisant toutes ces priodes, quoique parscs chez divers
peuples, diffrentes poques, s'amalgamant si parfaitement bien, qu'il est vident
qu'elles appartiennent un seul et mme corps de doctrines, dont l'origine
remonte une trs-haute antiquit.
La deuxime, appele re de Koliouga, commence eu l'an 3101 avant J. C.j et
la troisime, appele re des Saces, commence l'an 78 aprs J. C.
Le commencement de l're en usage aujourd'hui chez les Chinois remonterait
l'anne 2697 avant J. C.
Les Grecs n'ont jamais eu d're civile qui leur ft commune. Chaque cit avait
la sienne. Ce ne fut qu'aprs Alexandre le Grand qu'ils adoptrent l're clbre
des olympiades ; une olympiade tait un espace de quatre annes, qui s'coulaient
entre deux clbrations conscutives des jeux Olympiques.
A l'appui d'une date de l'histoire ancienne de la Grce, on cite les marbres de
Paros : c'est le nom sous lequel on dsigne une srie de dates chronologiques
graves sur une table de marbre ; elle renferme les principaux vnements de
l'histoire de ce pays, depuis 1582 jusqu'en 264 avant J. C.
L're des Sleucides, qui fut adopte par la plupart des historiens, doit son
216 LE RAMEA d'or d'eIEUSIS
nom la dynastie macdonienne qui rgna sur la Syrie aprs la mort d'Alexandre
le Grand, ut commena en la personne de Sleucus; elle date de l'anne 311
avant J. C.
L're des Romains, appele l're consulaire, remontait l'institution du consulat,
l'an 753 avant J. C.
L're des peuples musulmans, arabes, turcs et persans, s'appelle hgire, ce
qui signifie, en arabe, fuite (fuite de Mahomet de la Mecque et son triomphe
Mdine). La premire anne de l'hgire correspond l'anne 622 de J. C.
L're chrtienne date de la naissance de Jsus-Christ, quatre mille ans aprs la
*ation du monde.
L're des Francs-Maons se datede deux manires : la premire s'indique par
neuf zro6, ce qui est en effet la plus philosophique; ils la font prcder par
l'indication du quantime du mois, en se servant du calendrier des Hbreux,
puis ils ajoutent entre parenthses (re vulgaire 1862).
La seconde manire consiste dans la dsignation des jours et des mois, selon
le calendrier grgorien ; ils ajoutent simplement l're vulgaire le chiffre de 4000,
ce qui la porte 5862.
Les Francs-Maons, en adoptant cette re, n'ont voulu indiquer qu'approxima-
tivement l'poque o l'on a commenc avoir quelques notions historiques sur
l'existence des anciens peuples.
Les Maons amricains, allemands et anglais, du systme moderne, ont une re
commune, celle de la Lumire, 5862 annes.
Dans la Maonnerie cossaise, fonde sur des mythes d'origine juive, qui
admettent la construction du temple de Salomon comme l'origine de cette
institution, on adopte le calendrier hbreu, dont l'anne commence avec la lune
du nisan, qui tombe dans le mois de mars, et l'on suit les mois lunaires 5862.
Les rites maonniques indien, chnlden, de Mempliis, permn, philosophique, eu'.,
suivent le calendrier gyptien, qui commence l'anne lorsque le soleil est dans le
signe du Lion.
Le rite franais (Grand Orient), pour simplifier son calendrier, commence
irrvocablement son anne au 1er mars et l'on suit les mois solaires, de sorte que
l'anne n'a jamais que douze mois, tandis que la supputation par mois lunaires
donne des annes de douze et treize mois. *
Le calendrier hbraque est fond sur le systme demi-solaire, d'aprs lequel,
dans un temps dtermin, le premier mois de l'anne lunaire revient correspondre
au mme jour que l'anne solaire o la priode a commenc.
Cette priode, marque dans nos annuaires par le nombre d'or, est de dix-neuf
annes, pendant lesquelles il y a juste deux cent trente-cinq mois lunaires, gaux
en temps deux cent vingt-huit mois solaires. Pour accorder les annes lunaires
avec les annes solaires, on est donc oblig d'en faire sept de treize mois dans le
cours du cycle de dix-neuf annes, par l'intercallation du mois la tin dos troisime,
sixime, huitime, onzime, quatorzime, dix-septime et dix-neuvime anne du
cycle, qui, par cette raison, sont nomms cmbolismiques; les autres sont des
annes dites ordinaires; cette intercallation a toujours lieu aprs la lune d'Adar,
LE RAMEAU D'OR. d'eLKUSIS
dernier mois de l'anne religieuse, et le mois ainsi ajout est nomm- veaiar ou
double dqtr.
Chaque mois lunaire est compos temps moyen de 29 jours, 1-2 heures,
44 minutes, 3 secondes ; ainsi, 235 mois lunaires donnent la quantit de 6,939 jours,
16 heures, 33 minutes, 3 secondes, gale 19 annes solaires, qui donnent
6,940 jours.
Cependant les mois lunaires ne sont pas gaux, il y en a de 29 et de .'19 jours;
de mme, dans les annes communes, il en est de 353, 354, 355 jours; et des
annes embolismiques de 383,384 et 385 jours; ce qui cause ncessairement
quelque diffrence entre les lunaisons relles et la nomnie conventionnelle;
mais les choses n'en reviennent pas moins constamment les mmes la fin de la
priode ou cycle lunaire.
On ne doit pas s'attendre voir concider ie premier jour de chaque mois du
calendrier lunaire avec la nouvelle lune, selon les annuaires, pour deux raisons :
la premire est que les mois, temps moyen, tantde 29 jours, 12heures, 44 minutes,
3 secondes, il reste loujours une fraction de temps qui n'est employ qu' la
longue; la seconde raison est que le jour astronomique commanant midi, et
notre manire ordinaire de compter les faisant commencer minuit, il en rsulte
que la nouvelle lune, qui commence l'aprs-midi, se trouve appartenir au jour
suivant; cette diffrence apparente peut tre quelquefois de deux jours, par le
concours fortuit de deux causes que nous venons d'indiquer; c'est pourquoi il a
t jug ncessaire de fixer conventionnellement la nomnie pour viter toute
discordance.
L'invention du zodiaque remonte la plus haute antiquit. Voici les motifs qui
ont fait donner aux deux signes, que nous appelons les portes ou les barrires
fie la course du soleil, les noms d'crevisse et de chvre sauvage.- L'crevisse est
un animal qui marche reculons et obliquement ; do mme le soleil, parvenu dans
ce signe, commence rtrograder et descendre obliquement. Quant la chvre,
sa mthode de patre est de monter toujours, et de gagner les hauteurs tout en
broutant ; de mme le soleil, arriv au capricorne, commence quitter le point le
plus bas de sa course pour revenir au plus lev.
Si les deux constellations sous lesquelles le soleil se trouve aux deux solstices
n'ont reu ces noms que pour dsigner par un. mol ou par un rapport de. ressem
blance ce qui se passe alors dans la nature, on est raisonnablement port croire
que les autres signes du zodiaque ont reu des noms galement propres carac- 1
leiser de mois en mois ce qui arrive sur la terre dans les divers dplacements du j
soleil. Commenons par ceux du printemps.
L'antiquit, en donnant aux trois astrismes que le soleil parcourt au printemps |
les noms de blier, de taureau et de deux chevreaux, a dsign trois animaux \
qui produisent pendant cette saison des richesses la socit. S'ils ont mis deux
chevreaux an lieu d'un, c'est que la chvre produit gnralement deux petits, et
reoit, pour suffire leur nourriture, une abondance de lait proportionne sa
fcondit. , -.
La furie du Mon pouvait bien marquer .celle .du soleil lorsqu'il abandonne le
218 LE HAMEAU D'OR d'eI.EUSIS
cancer; la lille qui parait la tuite du lion, portant une poigne d'pis, exprime
naturellement la coupe des moissons; il n'tait pas jiossible.de mieux marquer
l'ga'ite des jours et des nuits qu'amne le soleil parvenu l'quinoxe, qu'en
donnant aux toiles sous lesquelles il se trouve alors le nom de balances.
Les maladies d'automne, lio s de la retraite du soleil, ont t caractrises par
le scorpion qui trane aprs lui son dard et son venin. Lachasse que les anciens
peuples donnaient aux btes froces, la chute des feuilles, ne pouvait tre mieux
marque que par un homme arm d'une flche ou d'une massue; le verseau a un
rapport sensible aux pluies d'hiver, et les poissons lis ou pris au ilet marquaient
la pche qui est excellente aux approches du printemps.
L'ordre que nous venons de voir dans ce qui se passe sur la terre durant le
cours de l'anne se trouve peu prs le mme dans le cur de la -zone tempre;
mais il change totalement vers les tropiques ou sur les bords de la torride. En
Egypte, par exemple, les semailles et la rcolte se lont tout autrement et dans
d'autres temps qu'il n'est d'usage dans les climats temprs. C'est |>artni les
enfants de No, runis autour de Babel, qu'il faut chercher le premier usage de ht
dnomination des signes clestes. Les travaux et la vie des hommes, lorsqu'ils se
furent extrmement multiphs, ne purent se rgler que par l'exacte connaissance
du cours du soleil, et par la facilit des annonces de ses divers dplacements ; on
partagea pour cet effet les toiles, sous lesquelles on le voyait passer et repasser,
en douze portions gales, parce qu'on avait observ qu'il les parcourait une fois,
pendant ipie la lune eu faisait environ douze l'ois le tour. Ainsi, toute la suite des
prparatifs et des oprations qui devaient occuper la socit dans le cours d'une
anne entire, fut exprime par douze mois; ces douze mois sont en usage, chez
tous les peuples, ce qui prouve qu'ils nous viennent de la source commune du
genre humain.
LE
CHAPITRE PREMIER
Interrog un jour sur ce qu'tait Dieu : C'est, dit-il, ce qui n'a ni commen
cement ni fin. On lui demanda si l'homme pouvait drober la Divinit la
connaissance de ses actions. Il rpondit : Comment le pourrait-il, puisqu'il n'est
pas en son pouvoir de lui cacher mme les penses les plus secrtes.
Thals tait un savant astronome, un excellent gomtre; il ne s'attacha jamais
aucun matre, il dut ses expriences une partie de ses belles connaissances; il
avait l'esprit lev, parlait peu, rflchissait beaucoup, ngligeait son intrt
particulier, et se montrait Tort zl pour son pays.
Il remerciait les dieux de trois choses : 1" d'tre n raisonnable plutt que bte;
2" homme plutt que femme; 3" Grec plutt que barbare. Il est le premier qui ait
enseign que les mes taient immortelles; il disait que la chose la plus grande
tait le lieu, parce qu'il renfermait tous les tres; que la plus forte tait la
ncessit, parce qu'elle venait bout de tout; que la plus prompte tait l'esprit,
puisqu'on un instant il parcourait l'univers; que la plus sage tait le temps, puis
qu'il dcouvrait les choses les plus caches; mais que la plus douce et la plus
aimable est de faire sa volont.
Stolon, philosophe, n Salamine, initi aux mystres de Memphis, l'un des
sept sages de la Grce et le plus habile de son sicle, fut lgislateur d'Athnes,
dont il refusa le titre de roi; il se rendit clbre par ses lois sages. Ayant tout fait
pour s'attirer la reconnaissance desAlhniens, il ne recueillit que leur ingratitude.
Solon mourut File de Chypre, o il se retira aprs l'usurpation de Pisistrate.
Orphe, philosophe, pote, lgislateur et thologien do la Thracc, initi aux
mystres de Memphis (gypte), rgularisa l'initiation Eleusis et fonda ses mys
tres dans l'le de Samotrace (Voir V Initiation d'Orphe, page 130.)
Virgile, l'une des gloires du sicle d'Auguste, fut jug digne, par son gnie,
des faveurs de l'initiation aux mystres d'Isis, et mrita les honneurs divine!.
Socrnte, le plus clbre philosophe de l'antiquit, l'un des sept sages de
Grce, fut initi aux mystres d'Isis en 470 avant J. C. Il enseigna que la vri
table science est de se connatre soi-mme. Aussi savant qu'habile guerrier et ver
tueux citoyen, toujours dvou sa patrie, Sucra te devait esprer une autre fin.
Sa morale si pure ne trouva pas grce devant les envieux et les hypocrites qui
l'accusrent de corrompre l'esprit de la jeunesse. Anitus et Melitus le reprsen
trent comme impie; Aristophane se joignit eux ; il se vengeait du mpris de
Soerate pour ses uvres licencieuses. Le philosophe se dfendit avec la noble
fiert de l'innocence, m;iis sa mort tait rsolue; il fut condamn boire la cigu.
Sa fin fut aussi calme que sa conscience. Il vida la coupe fatale au milieu de ses
amis, en leur disant : Adieu.
Cjtus, roi de Perse, aprs avoir t initi aux mystres d'Isis, en 534, assige
et prend Dabylone. Ce prince est le fondateur de la grande monarchie persane :
en l'an 537, il rend le fameux dit qui permet aux Juifs de. retourner dans leur
pays et de rebtir le teir pie de Jrusalem
Hippocrate, pre de la mdecine, tait Grec originaire de l' Egypte, Il fut
initi aux mystres d'Isis, o les pitres exeraient la mdecine comme une
science secrte; llippocrate en lit une science d'observation libre, et, ce titre, il
224 LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS
CROIX PHILOSOPHIQUE
La croix philosophique est trace dans un cercle de trois cent soixante degrs;
elle se compose de douze querres gales qui reprsentent les douze signes du
zodiaque ou les douze mois de l'anne solaire ; une moiti, en montant depuis
janvier jusqu' la fin de juin, indique la progression des jours, et l'autre moiti,
depuis juillet jusqu' la fin de dcembre, la dclinaison du soleil.
Elle marque essentiellement la ligne du mridien, du midi au nord, et nous
indique en mme temps la forte chaleur de l't, en opposition aux glaces de
l'hiver; une ligne horizontale traverse le monde entier, de l'orient l'occident, et
nous dmontre l'galit des jours et des nuits dans la zne qu'elle divise. Cette
ligne se nomme l'quateur.
En parcourant des yeux de l'imagination les quatre parties du globe, nous
dcouvrirons, dans cette croix, le principe de la vie, qui est l'air ; du ct de
l'orient, le commencement de la vgtation, ou le printemps, qui nous annonce le
rveil de la nature ; l'enfance doit tre place de ce ct-l, puisque l'homme se
trouve au printemps de sa vie comme l'horizon du matin nous indique que le
jour se montre dans cette partie du monde, et que le soleil son lever enrichit
l'orient de ses rayons bienfaisants.
Elevons nos regards vers le haut de cette croix, et nous y dcouvrirons le feu
qui est l'me de la vie selon plusieurs philosophes ; ils symbolisaient par cet
lment le crateur de l'univers ; l't, par sa forte chaleur, caractrise la
deuxime partie de l'anne. L'homme, dans l'ge adulte, se fait remarquer par
les dsirs de la reproduction de son espce et par la force de ses facults physiques.
Le midi se trouve naturellement dans cette partie de la croix, puisque le soleil est
son plus haut point qui marque le mridien.
Si nous portons nos regards vers l'occident, nous trouverons que cette partie
du monde contient plus d'humidit atmosphrique. L'automne, qui est la
troisime saison de l'anne, nous dmontre que toutes les productions de la
terre sont arrives leur maturit. L'homme, dans cette division de la croix, se
trouve aussi plac son dclin, que nous nommons la vieillesse, troisime priode
de la vie, celle dans laquelle il doit vivre heureux, s'il a su mettre profit les
annes prcdentes par son travail et son conomie. Cette division de la croix
nous indique aussi que le soleil descend, sous l'horizon du soir, dans la partie
occidentale ; c'est le moment o l'homme se prpare au repos.
Au nord se trouve indique la terre comme tant la portion la plus matrielle
et par consquent la plus pesante; c'est aussi la raison pour laquelle nous l'avons
place en bas de la croix. L'hiver, o tout est glac cause de l'loignement du
LE HAMEAU D'OR D'ELEUSIS 229
le monde physique; le coupable en effet est toujours puni, soit par le remords,
soit par les malheurs que lui attire sa perversit. Le douzime est consacr aux
progrs que doit faire le F.*. revtu de ce titre, dans les connaissances et les
qualits ejui distinguent le vrai Maon; le treizime degr, Chevalier Royal-Arche,
nous encourage la constance dans la recherche de la vrit ; et le quatorzime
degr, G.\ lu' Ecossais, l'union troite des Maons, la puret morale, au
sacrifice gnreux et sincre de tout ressentiment; le quinzime degr, Chevalier
d'Orient, est consacr l'hrosme qui dlivre nos FF.". de la misre, il travaille
et combat pour le bien gnral; le seizime degr. Prince de Jrusalem, la
rcompense du vrai mrite; le dix-septime degr, Chev.\ d'Or:", et d'Occid.*.,
travaille la Sainte-Alliance des sages pour propager les saines doctrines de la
Maonnerie par les seules armes de la persuasion.
Cette croix symbolique doit vous rappeler sans cesse que l'honneur, la Foi et la
charit sont les lois fondamentales de notre Ordre. Que ces trois vertus soient donc
le principe de toutes nos actions!
Nota. Page 66 et suivantes : Cette rgle maonnique fut adopte par un couvent de
Loges runies a Wilhemsbad (prs Hanau), le 46 juillet 1782, sous la prsidence du duc
Ferdinand de Brunswick ; ce couvent, qui avait t prcd par celui des Gaules, tenu
Lyon en 1778, eut pour rsultat d'carter de la Franc-Maonnerie le systme Templier ', ce
document a t publi par la Resp.\ L. . : l'Amiti de Chaux'de'Fonds, en 1821 et en 1835,
Lyon; en 1839, il fut modifi et publi Paris {['Hirophante, un vol. in-8). La confrrie
des anciens Maons libres et accepts en forma dix articles, qui furent promulgus par le
Grand-Maltre Prov.\ d'Angleterre pour la L.\ de l'Espr.\ et Cordialit, et le G.'. M.\
Nat.\ suisse les adopta pour la R . L.*. de Tavel de Kruyningen, le 7 octobre 1840.
Page 117 : F.'. Potier, Esq. de la Vie M.\ suisse.
Page 195 : F.*. Rdars, Hymne.
Avis. Voir page 24 : Rit hesprique, philosophique et templier. Aayant t mal renseign
sur l'existence de cette Maonnerie, cette citation ne doit pas tre prise au srieux. Voir le
Tuileur gnral, page 335 et suivantes, par le F.'. J. M. Ragon ; Nomenclatures de tous les
rites, ordres, etc., etc. ; l'Expos historique, par le F.'. Rebold, page 46, etc.
232 LE RAMEAU D'OB d'ELEUSIS
I/INAUGURATION D UN TEMPLE
PARVIS DU TEMPLE
LE TEMPLE
Le temple est ferm et dans l'obscurit la plus profonde. Tous les membres sont
introduits, ainsi que les FF. -. visiteurs, dans le parvis.
Le Prsident, aprs avoir frapp un coup de maillet, rclame le silence; la
colonne d'harmonie fait entendre des sons mlodieux, auxquels succde le chant
d'inauguration.
LE CHUR.
Dieu crateur, Ame de l'univers,
Entends les vux que nous formons dans l'ombre;
Assez longtemps nos saints concerts
Ont retenti dans la nuit sombre :
Rpands sur nous tes rayons immortels.
La vertu cherche la lumire;
Viens rallumer, sa prire,
Le feu sacr de tes autels.
une viox.
Tu prte au jour son disque lumineux,
La nuit te doit son char sem d'toiles :
Ainsi de ton trne et des cieux
Ta main a dchir les voiles.
Mais ces flambeaux des lambris ternels
Nous font, en publiant ta gloire.
Chrir encor plus la mmoire
Du feu sacr de tes autels.
LE CHUR.
Dieu crateur, Ame de l'univers, etc.
Quand le chur i rpt cette itrophe, on entend gronder le tonnerre.
UN APmENTI.
A l'Orient, j'entends gronder les cieux;
Dieu voudrait-il, arm de son tonnerre,
Confondre nos vux orgueilleux?
Ah! craignons, craignons sa colre...
234 LE RAMEAU D'OE d'eLEUSIS
UN MATRE.
Craignez plutt d'outrager l'temel,
De mconnatre sa clmence;
Fermer vos curs l'esprance,
C'est renoncer son autel.
Aprs un moment d* silence :
Le Dieu vengeur, juste effroi des pervers,
Lance la mort dans le sein du parjure :
Mais pour nous ses brlants clairs
Sont en ce jour un doux augure.
Ainsi jadis, aux regards d'Isral,
Il apparut dans les nuages,
Et vint, port sur les orages,
Rtablir son antique autel.
L* temple s'ouTre aux derniers bruits de U foudre; le feu sacr, ddi i la fraternit, brle sur l'autel.
UN MATRE.
Dieu d'Hiram, que notre bouche implore,
Ta splendeur clate nos yeux,
Et du Nord au Midi, du Couchant l'Aurore,
Ici tout brle de tes feux.
De tes bienfaits, sous ces portiques,
Nous instruirons l'astre du jour,
Et, dans la nuit, nos saints cantiques
Seront toujours des chants d'amour.
Mais je l'entends, Dieu nous appelle;
Il veut que ses heureux enfants
Aux pieds de l'Amiti fidle
Courent brler un pur encens.
LE CHUR.
Nous l'entendons, Dieu nous appelle, etc.
Les FF.', entrent en semant des fleurs.
INVOCATION
UN MATRE.
Au nouvel Orient suspendons nos guirlandes,
A ses parfums mlons nos fleurs.
Que devant l'ternel ces modestes offrandes
Portent l'hommage de nos curs.
Et toi, compagne de la Gloire,
Sainte Harmonie, fille du Ciel,
Recois des mains de la Victoire
L'encens promis ton autel.
Celui dont le bras redoutable
Moissonna tes fiers ennemis
Sera ton prtre vnrable,
Le dfenseur de tes parvis.
LE CHUR.
Celui dont le bras redoutable
Moissonna nos fiers ennemis
Est notre prtre vnrable,
Le dfenseur de nos parvis.
LE VNRABLE.
Connaissez quel prix du Dieu qui vous contempla
Les doux bienfaits nous sont rendus;
Qu' jamais le profane apprenne votre exemple
Que les vrais biens sont les vertus.
Loin de vous la coupable envie!
Loin de vous le funeste orgueil I
Soyons gaux pendant la vie,
Car nous le sommes au cercueil.
L'amiti sainte vous appelle,
A ses lois jurez d'obir :
Jurez tous de vivre pour elle,
Pour elle jurez de mourir.
le cnur (levant les mains vers l'autel).
La fraternit nous appelle,
A ses lois jurons d'obir :
Jurons tous de vivre pour elle,
Pour elle jurons de mourir. (1)
(1) Voir la table des matires.
236 LE RAMEAU D'OR d'ELEUSIS
Le Prsident frappe sur le salis, et aussitt les trois toiles symboliques brillent
d'un vif clat et les parfums s'lvent l'Orient.
Le Prsident s'adresse l'Orateur et lui dit : Veuillez nous dire ce que
signifient ces trois toiles?
L'Orateur rpond : Elles symbolisent la triple essence lumineuse de la divinit :
la sagesse, la justice et la bont; l'homme doit faire ce qui dpend de lui pour
les possder.
D.-. Que signifie l'toile place auprs du premier Surveillant?
R.-. Le flambeau de la vertu; elle doit nous rappeler sans cesse que la vertu
soutient l'difice social, que, sans elle, il n'est point de bonheur rel sur la terre.
D.-. Que signifie celle qui se trouve auprs du deuxime Surveillant?
R.-. Elle symbolise le flambeau de l'humanit; elle doit nous rappeler inces
samment l'amour de nos FF.-, et la pratique de la bienfaisance.
Le Prsident frappe trois coups suivant la batterie, le temple prend un air de
fte, des flots de lumire l'inondent et l'toile emblmatique de l'Ordre resplen
dit du plus bel clat.
Le Prsident ouvre les travaux du premier degr! ( voir page 77). Aprs l'ou
verture, le Prsident invite le F.-. Orateur donner l'explication des symboles
runis dans ce temple, ce qui a lieu immdiatement ; ensuite, le Prsident, aprs
avoir frapp trois coups suivant la batterie, dit:
Jeconsacre ce temple la plus grande gloire duSublime Architecte des mondes,
la fraternit et la bienfaisance, manations de la divinit.
Que Dieu nous donne la force et le courage de remplir fidlement l'engagement
que nous avons contract. Je consacre ce temple la justice, la tolrance et la
concorde.
Soyons bienveillants, clairons les hommes nos FF.-, et, unis par la mme pen
se, celle du bien, je consacre ce temple la vertu, la science, la vrit (il
frappe trois autres coups rpts par les Surveillants, et ensuite il dit:) A la
gloire du Sublime Architecte des mondes, nous dclarons et proclamons solen
nellement que le temple est inaugur (les Surveillants rptent l'annonce).
Le Prsident s'adressant au F.-. Couvreur: o Mon F.-., la sret de ce temple
repose dsormais sur votre bienveillance, je vous en remets les clefs ; ayez soin
de n'en accorder l'entre qu' des Maons dignes de porter ce titre. Et vous, mes
FF.-., vous avez lev un temple la sagesse, chacun de vous y a contribu sui
vant sa force, suivant ses moyens; vous avez tous travaill avec ardeur, mus par
un noble sentiment. Je dois vous rendre justice, vos bonnes intentions me sont |
connues. Les officiers dignitaires doivent aux membres de l'At.-. l'exemple des
vertus maonniques et l'accomplissement de ce que prescrit la fraternit, dans le
sens le plus tendu de ce mot. Que la tolrance soit votre devise! Indulgents
pour vos FF.-., ne soyez rigoureux que pour vous-mmes. Mais qu'ai-je dit? la
tolrance... ce n'est pas assez : aimez-vous les uns les autres, l'exemple des
chevaliers profanes du moyen ge : ils avaient invent la fraternit d'armes. For
mez dans ce temple, au pied de cet autel, une fraternit maonnique dont chaque
jour vienne resserrer les nuds et que le temps rende indissoluble ; celte frater-
LE HAMEAU D'OR D'ELEUSIS 237
nit sera votre soutien, votre consolation dans toutes les priodes de la vie ; par
elle, vous connatrez le vrai bonheur qu'il est donn l'homme d'esprer sur cette
terre. De cette vertu principale dcoulent toutes les autres : c'est le tronc qui a
jet d'innombrables racines, la sve qu'alimente l'arbre, l'uf sacr qui fait clore
le type de l'homme accompli. Comprenez donc bien cette sainte fraternit qui,
dans la pense de nos anctres, tend ne faire du genre humain qu'une seule et
mme famille.
Une carrire nouvelle s'ouvre devant vous, votre temple est inaugur, et le
triomphe des grands principes de philosophie, qui font les ornements de l'Ordre,
ne dpend plus dsormais que de votre zle et de votre dvouement.
Aprs cette allocution, la parole est donne l'Orateur :
LE TEMPLE MYSTIQUE
Au centre de l'espace que parcourent les astres dans leur marche rgulire,
s'lve le temple mystique; le marbre, l'albtre ou le porphyre n'en composent
pas l'lgante et majestueuse architecture : ces matires sont laisses aux mortels
pour construire des temples leurs dieux imaginaires; le temple mystique est
fait d'une substance plus pure : une matire subtile, essence des clments,
compose ses colonnes qui brillent d'une douce clart ; ici elle s'tend en longs
portiques, l s'arrondit en votes imposantes, plus loin en coupoles hardies,
ou bien elle forme un sanctuaire dont l'art ne pourrait imiter les religieuses
beauts. Ce sjour est rempli d'une douce lumire qui dessine toutes les formes
et charme les yeux ; des gnies, arms d'pes flamboyantes, n'en dfendent pas
l'entre : la douce Bienveillance, assise sous les premiers portiques, tend la main
l'tre timide qui vient y implorer la Divinit pour tre admis dans le sanctuaire
des Grands lus.
Sur le frontispice est l'image du soleil dans son clat; au-dessous est crit le
mot : ineffable ; les astres sont reprsents circulant autour des entablements qu'ils
dcorent de leurs globes lumineux, les colonnes sont entoures de fleurs;
car ce temple est un abrg de l'univers. Entre ces colonnes, des vapeurs
thres forment les statues des hommes vertueux qui doivent servir d'instru
ments l'ternel pour faire le bonheur des humains, de tous ceux que voudraient
y placer la reconnaissance ou l'admiration des peuples; sur les faces extrieures,
la mme matire reprsente dans des cadres d'une immense tendue les trois
rgnes de la nature, les quatre parties du monde ornes de leurs diverses
productions, les lments et leurs caractres diffrents; le lever imposant du
soleil (son disque tincelant roule son coucher sur la cime des montagnes et
lance ses derniers feux dans les mers azures du firmament), la coupole des cieux
parseme d'tioles, le disque argent de la lune, les quatre saisons ornes de leurs
charmes, la pluie chaude et vivifiante qui file en traits argents travers les
rayons du soleil et ranime la terre aux premiers jours du printemps, les torrents
de chaleur ondoyante que les feux de l't font lever des gurets et du sol em
bras, les vapeurs de l'automne remplaces par les vents sur les bords d'une
LE RAMEAU D'OR d'LEUSIS.
les tnbres qui enveloppent les dernires limites des connaissances humaines se
dissiperont; il saisira d'un regard cette longue suite de principes et de cons
quences que les travaux et les lumires des hommes de gnie accumulrent pour
en former les sciences, monuments, par leur tendue, de la supriorit de
l'homme sur les tres qui l'entourent, et de sa faiblesse, par leurs limites qu'il ne
peut franchir ; son esprit, semblable au flambeau qui s'obscurcit par ses propres
vapeurs, brillera comme la flamme la plus pure, et rpandra sur tous les objets
une "douce clart.
Lorsque vos regards auront contempl, connu toutes ces beauts, saisi les
rapports entre toutes ces parties, ils se porteront sur l'immense labyrinthe que
les astres parcourent; vous jouirez je l'harmonie cleste de ces corps marchant
dans l'espace des distances combines, mus par le bras de l'ternel, guids par
des intelligences filles de la pense, dpositaires de sa toute-puissance.
Ces gnies dvelopperont vos yeux tonns des spectacles plus grands et
plus sublimes que ceux que la nature peut vous offrir ; vous contemplerez avec
tonnement des corps d'un volume immense disposs dans l'espace qu'ils
traversent, accompagns d'un cortge pompeux de plantes et d'toiles d'une
lumire plus pure que celle de l'astre du jour; vous verrez ces mondes nouveaux
peupls d'tres comme nous destins l'ternelle flicit; tres suprieurs, dont
les formes, les qualits et les modifications n'taient pas souponnes par notre
faible intelligence.
Le plaisir de ces contemplations sublimes remplira pour vous, mes FF.'.,
l'ternit; vos facults, toujours croissantes, se dvelopperont pour embrasser
tant de merveilles, les charmes de la vrit brilleront vos yeux dans tout leur
clat; votre imagination embrassera l'univers, ses vastes conceptions renfer
meront tout ce qui est, tout ce qui peut tre; votre esprit : toutes les penses que
peut former une intelligence; vous connatrez l'universalit des rapports, l'en
semble des systmes clestes accumuls par la main puissante du Sublime
Architecte des mondes, sur d'autres systmes jusqu'aux confins de l'immensit;
vous connatrez les forces et les mouvements de ces mondes, dont l'union et les
rapports enfantent l'harmonie de l'univers.
Croyez-vous qu'il existe des esprits clestes formant une chane invisible de
l'homme Dieu, semblable celle qui existe de l'homme la brute ?
Oui, mes FF.'., des clestes intelligences, avoues par les traditions les plus
anciennes et les plus universellement rpandues, des esprits purs, clairs de
la lumire divine, brlant des feux de son amour, s'lvent de degr en degr
jusqu'au trne de sa gloire, et sont les ministres de ses volonts danse
monde des intelligences; tous ces esprits.'dgags de la matire, et continuant
nanmoins la chane des tres, en forment une nouvelle entre eux, telle que
nous l'offrent, dans ce monde visible, les tres matriels, sensibles, anims, et
ceux qui unissent comme nous une substance spirituelle une substance corpo
relle, l esprit la matire ; le Sublime Architecte des mondes prside tout,
tenant le fil de nos destines, voulant le bonheur de ses cratures, selon la
mesure qui leur convient, et en proportion de nos mrites.
LE RAMEAU d'OH D'ELEUSIS 241
Le Prsident fait excuter une triple batt.\ et ensuite former la chane d'union,
et le baiser de paix circule avec enthousiasme de l'or.*, sur les col.'.
Le Prsident flicite les FF.\ visiteurs et les engage venir souvent dans ce
temple, consacr la vrit, pour assister aux travaux qui n'auront d'autre but
que la gloire du Subl.'. Arc.\ des mondes et le bien gnral de l'humanit.
Les FF.', visiteurs y rpondent parunebatt.'., laquelle est couverte.\ par l'at.'.;
les travaux sont rgulirement suspendus suivant le rituel (voir page 94).
Pour former une Loge maonnique, il faut au moins une runion de sept Maons
possdant le troisime degr; le doyen d'ge prend le titre de Prsident (Vn
rable), nomme deux Surveillants, un Orateur, un Secrtaire, un Trsorier et un
Hospitalier (olemosinaire), et si le nombre le permet, un premier Expert, un
Archiviste garde des se.*. et timbr.'., un F.*. Couvreur et un Matre de cr
monie.
Le secrtaire dresse aussitt un tableau contenant les noms, prnoms, ges,
professions, qualits maonniques, adresses, signatures des membres de la Loge
naissante ; le plus lev en grade est plac le premier, ainsi de suite.
Ce tableau une fois dress, le Secrtaire rdige un procs-verbal de cette pre
mire opration, et l'Orateur requiert que, conformment aux statuts de l'Ordre,
la Loge se mette en demande de constitution symbolique; le Secrtaire en fait
mention au procs-verbal, ainsi que de la dlibration prise. La nouvelle Loge
s'occupe aussitt de faire son rglement intrieur, dans lequel elle fixe l'ordre
qu'elle a tabli ; ce rglement, adopt, doit tre consign, en son entier, dans le
Livre d'Architecture, et sign par tous les membres.
La Loge se choisit un titre distinctif. Aprs avoir rempli ces formalits, le Secr
taire fera une copie de toutes ces dcisions, et y joindra un tableau des membres
de la Loge et une copie des rglements. Ces diffrentes pices, intitules : Extrait
du Livre d'Architecture de la Resp.'. Loge de..., sant l'Or.\ de..., dans la
sance du..., etc., sont signes du Vn.'., des deux Surveillants, de l'Orateur, du
Secrtaire, timbres et scelles par le Garde des sceaux, et elles sont adresses
la puissance maonnique, avec une demande en lettres constitutives.
LE RAMEAU D'OR d'ELEESIS 245
QUALITS
nom PREHOMS AGI PEOrESSIOHS ADRESSES SIGNATURES OBSERVATIONS
ma.-,
Le Vnrable,
Le i" Surveillant, Le 2e Surveillant,
Vis par VOrateur,
Timbr et scell par nou, Garde des Par mandement de la Loge,
timbres, sceaux et arch.-. de la Loge, fje Secrtaire,
Chaque Loge est dirige par des officiers qu'elle ljt tous les ans la majorit
absolue des membres prsents.
Sont seuls ligibles une fonction quelcunque, dans un atelier, les membres
actifs, cotisant depuis six mois au moins, et possdant le grade le plus lev
oue confre l'nf.\
Les membres actifs d'un atelier, cotisant depuis trois mois au moins, et les
membres honoraires ayant acquis cette qualit par neuf annes conscutives
d'activit dans l'atelier, jouissent seuls du droit d'lection ; on suivra pour les
lections l'ordre hirarchique; aprs lft. nam,ination des officiers titulaires, on
procdera. * l'$*Uei* <k adjoints.
Les lections auront lieu la majorit absolue des membres prsents. Si aucun
F,\ ne. runit. ,flWe, majore il y aura un second tour de scrutin, et si la majorit
absolue ivvtwt ps ncore acquise, il sera procd un scrutin de ballolage entre lus
deux FF.\ qui auront runi le plus de voix; en cas d'galit, la prfrence sera
donne d'abord l'ge maonnique et ensuite l'ge civil.
. Le dpouillement des scrutins sera fait par trois FF.\ dsigns par le Vnrable, j
en prsent 4e l'Orateur, dt Grand Expert et du Secrtaire gnral.
Le Vnrable, les premier et deuxime Surveillants, le Grand Expert, le Secr
taire, le (Jarde des sceaux, timbres et archives, seront pris parmi les FF.*. qui
possdent le degrs les plut levs.
Tous, lus FF'', sont gaux; aucun ne peut se prvaloir de sa position sociale ni
d ses titras maonniques ( mais ils doivent rwpecfc et obissance aux officiers de
la Loge.
Tous les officiers doivent donner l'exemple du ale et de la bonne conduite, at,
autant que possible, devancer de quelque temps l'heure de la mise en activit des
travaux, pour ne pas faire attendre les simples membres et les visiteurs.
L'ordre hirarchique da officiers de 1 Loge est ainsi rgl :
1. Le Vnrable y
2. Le premier Surveillant;
3. Le deuxime Surveillant ;
4. L'Orateur;
5. Le Secrtaire ;
6. Le Grand expert (tuileur);
7. Le Trsorier;
I 8' L'Hospitalier;
Peux, Maitres, 4e crmonie ;
10. Lit Archiviste garde des sceaux et timbres;
LE RAMEAU D'OR d'eLEUSIS 247
Les officiers de la Loge portent en sautoir le cordon bleu moir, au bas duquel
est attach le bijou.
1. Celui du Vnrable est une querre.
2. Celui du premier Surveillant un niveau.
3. Celui du deuxime Surveillant une perpendiculaire.
4. Celui de l'Orateur un livre ouvert.
5. Celui du Secrtaire deux plumes en sautoir.
6. Celui du Trsorier une clef.
7. Celui du Garde des sceaux, timbres et archives, un sceau et un timbre en
sautoir.
8. Celui de l'Hospitalier, une tzdaka.
248 LE RAMEAU D'OB d'eLEUSIS
Tous les ans, lors de la fte d'Ordre, le secrtaire remet au Vn.-. deux
tableaux des FF.-, de l'At.-., par ordre alphabtique, avec les dates des rceptions
en marge, et une colonne pour les observations du Vnrable.
Le Grand Expert veille ce que tous les FF.-, soient revtus du costume de la
Loge et des insignes maonniques de leur degr ; en cas d'omission, il en prvient
immdiatement l'Or.-, pour requrir conformment aux rglements; il est charg
de tuiler les visiteurs.
Il accompagne les rcipiendaires dans leurs voyages symboliques. Lors des
lections, il assiste au dpouillement du scrutin ; il fait circuler le sac des propo
sitions, et le remet, sans l'ouvrir, au Vnrable.
Il distribue et recueille les boules ou billets pour les scrutins, et s'assure du
nombre des votants.
Le Trsorier est le dpositaire des finances de la Loge ; il rpond personnelle
ment des sommes qu'il a reues ; il ne doit rien payer que sur un bon motiv du
Vnrable, et fait acquitter ces bons par les personnes qui reoivent.
Toutes les sommes reues ou payes par le Trsorier sont crites par lui au fur
et mesure sur le livre de caisse, et ensuite sur le livre de raison, aux comptes
courants ouverts.
Le Trsorier doit dlivrer reu de toutes les sommes qu'il encaisse, et il signe :
Par mandement de la Loge.
Ce n'est que sur le vu de son reu que la Loge peut tre convoque par le
Vnrable pour rception, affiliation ou augmentation de degr.
L'Hospitalier est charg: lde recevoir les offrandes des rcipiendaires de chaque
degr et des affilis; 2 de prsenter chaque tenue la tzdaka; 3" dfaire acquitter
les amendes auxquelles les FF.-, auraient t soumis en faveur des pauvres.
Il tient registre de sa recette, jour par jour, et de la dpense qui se compose
des bons du Vnrable, acquitts par lui, et dont il doit garder un secret invio
lable; la divulgation d'un secours accord un F.-, malheureux emporte pour
le dlinquant l'exclusion de l'Ordre maonnique ; car un sage a dit : a Ne cherche
pas le prix de ta bienfaisance dans de vains applaudissements, mais dans le
suffrage tranquille de ta conscience.
LeMaitre des crmonies est charge d'introduire, sur l'ordre du Vnrable, les
dputations, les hauts dignitaires, les FF.-, visiteurs, et de les placer suivant leurs
rangs et dignits.
11 doit joindre sa Batt.-. celle des FF.-, visiteurs et des nouveaux initis ; au
besoin, il doit prendre la parole pour ces derniers ; il leur enseigne la Batt.-. et
les conduit l'autel pour renouveler leur obligation, et aux Surveillants pour se
faire reconnatre.
Le Garde des sceaux, timbres et archives est charg de signer tous les actes
officiels de ia Loge, sur expditions, diplmes, etc., d'y apposer les sceaux ; il
tient un registre des pices qu'il signe, timb:e et scelle, et indique sur la pice
scelle le numro d'ordre.
Tous les ans, lors de la fte d'Ordre, il prsente l'tat dtaill des pices qu'il
a signes et scelles.
250 LE rameau d'or d'eleusis
L'installation des officiers dignitaires d'une Loge a lieu le jour de la fte d'Ordre,
immdiatement aprs la mise en activit des travaux.
Tont officier, avant d'tre reconnu et proclam dans sa nouvelle dignit, prte,
entre les mains du Prsident qui l'installe, l'obligation d'observer fidlement la
constitution, les statuts et rglements gnraux de l'Ordre, ainsi que les rglements
particuliers de l'atelier.
Le Prsident nouvellement lu est proclam et install par son prdcesseur;
immdiatement aprs son installation, le Vnrable procde simultanment celle
des premier et deuxime Surv.'., qu'il proclame et fait reconnatre en cette
qualit.
L'installation des autres officiers a lieu collectivement.
LE HAMEAU D'OR D'ELECSIS 25t
CONSEIL D'ADMINISTRATION
COMIT DE BIENFAISANCE
Les bonnes uvres tant l'me de la Maonnerie, il sera tabli dans la Loge
une caisse philantropique.
Cette caisse se composera des finances de la Loge et des fonds de la tzdaka
(tronc de bienfaisance), rest* libres aprs le solde des dpenses gnrales.
La caisse philantropique est spcialement consacre au soulagement des FF.*.
composant l'atelier, le comit qui la gre sera nomm pour cinq ans par le
Vnrable.
Le nombre des membres du comit est fix cinq, y compris l'Elemosinaire,
qui en est Prsident de droit.
252 LE RAMEAU D'OR d'eLEUSIS.
Si la charit bienfaisante
Par l'union devient un bien,
A son tour l'union charmante
Sans la charit n'est plus rien
Vertus si dignes de l'exemple
Des mortels unis par nos nuds,
A jamais soyez dans ce temple
L'ternel cho de nos vux.
LE RAMEAU D'OR d'ELECSIS. 253
Les Loges maonniques sont toujours installes par trois dlgus nomms par
le Grand- Matre.
Au jour fix pour l'installation, l'atelier, l'arrive des dlgus installateurs,
ouvre ses travaux au premier degr symbolique et dpute trois de ses membres
pour recevoir communication de leurs pouvoirs.
Sur le rapport favorable des dputs, neuf membres de la Loge, arms de
glaives et munis d'toiles, vont recevoir les dlgus installateurs; le Vnrable et
les deux Surveillants les attendent l'entre du temple, ils leur remettent les trois
maillets, et les conduisent sous la vote d'Arc.'.; alors les travaux sont suspendus.
Le Prsident, l'installation, occupe le fauteuil et fait placer le Vnrable sa
droite; les deux autres dlgus remplissent les fonctions de premier et deuxime
Surveillants.
Avant d'ouvrir les travaux, le Prsident lait parcourir les colonnes par les deux
dlgus surveillants, pour s'assurer de la rgularit des Maons prsents. L'ate
lier prend un air de fte ; il est resplendissant de lumire. Le Prsident ouvre alors
les travaux (Voir page 77).
Il descend de l'autel tenant son maillet en main; il va se placer au milieu du
temple, en face de l'orient, les deux surveillants ses cts. Le Grand expert et
le Matre des crmonies sont au pied de l'autel, sur lequel sont deux urnes qui
brlent l'encens. Derrire le Prsident, entre les deux colonnes, sont le F.\ cou
vreur et le Porte-tendard avec la bannire de l'Ordre; tous les FF.\ se tournant
vers l'Orient, le Prsident s'incline et dit haute voix :
INVOCATION
Soyez bienveillants, clairez les hommes vos FF. ., et soyez unis par la mme
pense, celle du bien.
Sur l'ordre du Prsident, le Vnrable, entour des officiers et des membres de
l'atelier, en son nom et au leur, prte serment entre ses mains; le Secrtaire fait
ensuite l'appel nominal des membres actifs inscrits sur le tableau, et chacun d'eux
signe, en double expdition, la formule du serment ; les dlgus installateurs
certifient les signatures apposes. L'une est dpose aux archives de la Loge, et
l'autre est envoye la puissance maonnique de l'Ordre par le Prsident instal
lateur.
Le Prsident fait annoncer sur les Col.\ qu'il va tre procd l'installation;
aprs cette annonce, tous les FF.\ tant debout et l'ordre, le glaive en main, le
Prsident prononce l'installation en ces termes :
Que l'obscurit disparaisse pour toujours et que la vraie lumire dissipe
les tnbres de l'erreur comme le soleil dissipe les ombres de la nuit! Que le
Subl.'. rch.'. des mondes couvre la terre de ses bienfaits et rpande sa bn
diction sur tout ce qui respire !
A la gloire du Subl.'. Arch.'. des mondes! Au nom... et en vertu des pou
voirs nous dlgus, nous installons l'Or.', de... un Atel.'. travaillant du...
au... sous le titre distinctif de...
La Loge est installe; que le Subl.'. Arch.*. des mondes vous soit en aide!
Cette annonce est rpte trois fois sur les Col.'., et couverte par la batterie du
rite.
Le Prsident, l'installation, fait former la chane d'union par les membres actils
de l'atelier, leur communique le mot de S..., leur donne le baiser de paix et
s'exprime ainsi :
M.'. Ch.'. FF.'.,
Permettez'moi de vous tmoigner ma vive gratitude pour la coopration
fraternelle que vous avez apporte l'excution de nos travaux; vous en
trouverez l'heureuse rcompense dans la position honorable et prospre que
prendra chaque jour votre Resp. '. Loge, sortie victorieuse de toutes les luttes
qu'elle a eu soutenir.
C'est sans doute avec joie que vous voyez flotter la bannire maonnique et
que vous avez entendu ces paroles consolantes et pleines d'avenir; soyez fidle
la devise que vous avez choisie : science et dvouement, et bientt vous recueil
lerez les fruits prcieux de vos travaux.
Un nouvel clat, inconnu jusqu' ce jour, rejaillira sur votre atelier et vous
fera comprendre de plus en plus tous les bienfaits de la fraternit et toute la
grandeur de notre institution. C'est par la science, c'est par la connaissance des
principes et des causes des actions humaines que la pratique d'une douce morale
vous deviendra plus familire et plus profitable ; tous les bons sentiments
viendront d'eux-mmes se placer dans votre cur et vous rendront facile le
triomphe de la vertu sur vos passions.
Vous avez compris la Franc-Maonnerie comme la comprend notre nouveau
256 LE RIHEAU D'OR d'eLEDSIS.
RPONSE DU VNRABLE.
Dans ma dignit de Matre,
Je dois m'e^timer heureux;
Chacun de vous fait paratre
Un zle an gr de mes vux;
Je trouve, au sein de la Loge,
Le centre de mon bonheur;
C'est trop peu d'un vain loge,
Je vous consacre mon cur.
Venez souvent encourager par votre prsence les travaux de ce jeune atelier.
Le Sublime Arehit.-. des mondes coute avec amour les hymnes des enfants de la
veuve, et partout o son nom est bni, il fait sentir son souffle divin.
Je n'abuserai pas plus longtemps de votre indulgente bont, mes FF.-., mais
avant de suspendre les travaux de cette Resp.-. Loge, joignez-vous moi pour
offrir le tribut de notre reconnaissance aux 111.-. FF.-. dlgus, qui, mus par de
nobles sentiments pour le bonheur des hommes, sont venus nous prter le
secours de leurs lumires, et nous guider dans les premiers pas de la vraie
sagesse.
Puis le Vnrable dit : A moi, mes FF.-. (On fait le signe, la batterie et l'accla
mation d'usage.)
Les visiteurs et les dlgus rpondent par quelques mots de remercment, et
Couv.-. cette Batt.-.
HYMNE MAONNIQUE
Aucun profane ne peut tre initi aux mystres maonniques avant l'ge de
vingl-et-un ans; il ne peut tre reu s'il n'est de condition libre, illettr ou de
mauvaises murs.
Le profane qui voudra se faire initier crira et signera une demande contenant
Le Maon qui voudra se faire affilier une Loge devra justifier au Vnrable,
qui en fera part la Loge, de ses titres maonniques, et prouver par un acte
authentique qu'il ne doit rien la caisse de l'aiel.-, auquel il appartient ou a
appartenu; il rpondra catgoriquement, s'il en est requis, au Grand Expert
charg de le tuiler.
Il sera vot, sur la demande d'affiliation, au scrutin secret, la majorit des
membres prsents.
Au jour fix pour son admission, l'affili prtera serment: il sera ds lors con
sidr comme membre actif, et prendra place suivant son degr.
L'insigne maonnique est rgl par un programme dpos aux archives (voir
le Tuileur gnral;.
Nul F.-. ne se prsentera jamais en Loge que vtu convenablement, et s'y
comportera avec la plus rigoureuse dcence.
Ce n'est pas pour nous crer des dignits oiseuses, pour nous couvrir d'in
signes et de riches cordons que la Maonnerie existe, mais pour pratiquer la jus-
tice, la vrit, la sagesse, la charit, la concorde et la confraternit gnrale
entre les hommes nos FF.-.
travaille peu, on se querelle, et le bien public est oubli. L'on se runit pour ainsi
dire sans se connatre, on vit ensemble sans s'aimer, et l'on se quitte sans se
regretter. Voil ce qui enlve notre sublime institution un grand nombre de
proslytes, d'autant plus regrettables, qu'ils taient capables d'en connatre et
d'en remplir les obligations. Nous pouvons changer de situation en mettant dans
nos rapports plus de cordialit, d'affabilit, de douceur dans nos discussions, plus
d'amnit dans nos manires. Le vritable Maon doit constamment rendre le bien
pour le mal, travailler au progrs humanitaire, combattre la mauvaise foi ; par
tout o il les rencontre, sentinelle avance, il doit rester ferme son poste et ne
pas l'abandonner comme le font ceux qui la force fait dfaut, parce qu'il leur
manque une foi sincre et profonde.
O toi! homme qui viens avec une hardiesse insense accuser ton frre, coute
le Christ :
C'est le brin de paille lgre
Qu'en l'il d'autrui l'on voit si bien,
Tandis qu'on ne dcouvre gure
La poutre qu'on a dans le sien.
UN VOYAGE MAONNIQUE
CHAPITRE P11EMIER
prchant partout que l'humanit se dgrade de plus en plus, que le monde est en
dcadence et tend incessamment sa ruine; je ne crois ni la saintet de l'tat de
nature, ni aux merveilleuses volupts de l'ge d'or; je crois, au contraire, que s'il
a jamais t dans les destines du monde d'avoir un ge d'or, une poque de ba
titude physique et morale, ce n'est point au fond du pass qu'il faut chercher cet
heureux ge, mais aux dernires extrmits de l'avenir; je crois que, loin de se
dgrader, l'humanit se retrempe et se moralise; en un mot, je crois au progrs.
Le progrs ! telle est la loi des hommes, des peuples, des socits; tel est le
principe des destines humaines ! Remontez par la pense le cours des sicles qui
nous ont prcds, remuez les dbris de l'histoire, relevez de leurs tombes toutes
ces nationalits, toutes ces civilisations qui se sont teintes les unes aprs les
autres, et cherchez au fond de leurs entrailles le principe de leur vie et de leur
mort. Qu'y verrez-vous? des ruines et du sang, des catastrophes sans nombre,
toujours l'incertitude, toujours un mouvement en avant: rien de stable ni d'ter
nel. Aprs la civilisation gyptienne, la civilisation grecque; aprs la civilisation
grecque, la civilisation romaine; aprs la civilisation romaine, la civilisation fran
aise.
Eh bien ! croyez-vous qu'au fond de ce tourbillon, dans ce ple-mle d'ascen
sions et de funrailles, ce soit le vice, le crime, le mal qui triomphe ! non ; le prin
cipe ternel de justice se purifie de plus en plus: c'est le vrai, le beau, le bien
seul qui surnage. L'Egypte, en disparaissant, lgue la Grce encore sauvage
sa civilisation et ses mystres religieux; Rome vient emprunter la Grce ses
lois, et la Grce mourante lui inocule le stocisme, l'manation la plus pure de la
philosophie antique; la France son tour parat, et, laissant la vieille Rome ses
esclaves et ses gladiateurs, proclame la libert et l'galit humaine; l'Amrique
survient, s'en empare, et pose sur ces principes nouveaux les fondements d'une
civilisation nouvelle.
Telle est la priptie des ides sociales: la lutte, la victoire, la dcadence; une
ide parat et s'teint; une autre, plus large, s'implante sur ses dbris, combat,
triomphe et meurt son heure; une autre apparat, encore plus large et plus ra
dieuse, et subit les mmes vicissitudes, et l'humanit, montant d'ide en ide,
accomplit sa fonction dans le temps et dans l'espace.
Voulez-vous que nous vrifions cette loi? en voulez' vous la preuve visible,
palpable, irrcusable? Placez-vous au sommet de la civilisation moderne, au
point de vue de la fraternit universelle; comparez le prsent au pass, et dites ce
qu'est devenu ce vieil et immoral principe de l'esclavage, si vivace et si gnral;
dites ce que sont devenues, sous le souffle de la civilisation, ces antiques supers
titions auxquelles on sacrifiait des hcatombes humaines; dites comment est
tombe en dsutude cette morale antique, si rvoltante pour nous aujourd'hui,
qui donnait droit de vie ou de mort l'homme sur son semblable, au mari sur
sa femme, au pre sur ses enfants, au fort sur le faible, au riche sur le pauvre!
Dites si nos lois d'aujoud'hui ne sont pas plus morales et plus gnreuses;
dites si les dcouvertes de la science ne sont pas plus tendues et ses tendances
plus humaines; dites si notre morale n'est pas plus aimante et plus dvoue; dites
LE RAME.AU D'OR d'ELECSIS 265
LCHELLE MYSTIQUE
Bien avant, et lors des premires croisades, il existait, cachs dans les grottes
de la Thbade, formes par l'art, et prsentant un espace de plus de vingt lieues,
des solitaires connus sous le nom de Chevaliers de l'Aurore et de la Palestine.
Ce fut la plus ancienne association militaire soumise des rgles de discipline.
Ces hommes, descendants des architectes de l'ancien temple de Salomon, en
avaient soigneusement conserv les plans et les dimensions.
Errants, eux et leurs pres, depuis la dispersion du peuple d'Isral, ils languis
saient dans la crainte et l'obscurit, toujours confiants en l'espoir de relever un
jour les colonnes abattues du temple, et d'occuper dans la nouvelle cit les
charges et patrimoines de leurs anctres.
S'imposant l'observation la plus stricte des pratiques anciennes et des devoirs
les plus rigoureux des rites de leurs auteurs, ils s'entretenaient dans leurs com
munes prtentions.
La crainte que leur inspiraient les Sarrasins, aussi cruels que redoutables, les
forait vivre isols les uns des autres et les faisait, dans leur solitude, mettre
profit toutes les ides des savants et des philosophes capables de les conduire la
ralisation de leurs projets.
Ce fut alors, il y a prs de huit sicles, que fut rsolu au concile de Clermont
la premire croisade en l'anne 1095.
A cette nouvelle, que les cent voix de la Renomme portrent rapidement aux
extrmits de l'univers, les chevaliers cachs dans les dserts de la Thbade
tressaillirent et tirent retentir des chants de bonheur et d'allgresse.
Les princes croiss arrivrent en foule, les pieux anachortes de la Thbade
se mlent dans leurs rangs et abjurent la pratique extrieure du culte antique de
leurs pres; tout en conservant le souvenir et le secret exercice de leurs rites, ils
jurent entre eux de nourrir toujours, mais de cacher, tant qu'il sera ncessaire,
l'espoir d'lever la gloire du Sublime Architecte des mondes un autre temple
sur les ruines du premier.
Voil quelle fut la base de la partie matrielle de nos secrets, et comment
vinrent en quelque sorte se souder la Franc-Maonnerie les divers chanons
des mystres que l'on peut considrer comme en tant une suite immdiate.
Les Chevaliers ou solitaires de la Thbade avaient pour but avr la recons
truction du temple : nos nouveaux lus, dont le caractre est essentiellement
philosophique, clairs par les progrs de la raison et des lumires, durent faire
succder la sublimit des spculations morales au chimrique projet de quelques
pratiques peu importantes dans leurs effets.
LE RAMEAU I)'OR D'eLECSIS 267
Le temple que les Maons veulent difier aujourd'hui est eelui de la sagesse et
de la vertu, dont les principes immuables sont les premiers fondements qu'il faut
s'efforcer constamment d'tablir dans nos ^mes.
Une offrande pure au Crateur, une lvation de pense telle qu'en pouvaient
concevoir les Pascal, les Bossuet, les Fnelon, voil le caractre et le devoir du
Franc-Maon. Purifi de tous les vices, dpouill de toutes les erreurs, il marche
la recherche de la vrit, et fait son tude assidue de tout ce qui peut amliorer
le bien-tre de l'humanit.
Il sait que la religion, qui ne dfend l'homme que des vices, l'orgueil, la
haine, la vengeance, la duret du cueur, le mensonge, l'ingratitude, le parjure et
l'hypocrisie, n'inspire et ne commande que les plus douces et les plus sublimes
vertus, et que toute la loi divine est renferme dans ces deux prceptes : Aimer
Dieu de toutes les forces de son esprit et de son me, aimer son semblable comme
soi'mme. Le Maon cultive la science afin de rendre la raison profitable, d'tablir
l'amour de l'humanit, et de sauver les hommes des ravages de l'erreur et du
mensonge.
Dieu est la vrit!... i Je connatrai, dit saint Paul, comme j'ai t connu,
c'est'-dire fond, et comme cette dfinition de la vrit est justifie par la nature
de la connaissance promise notre intelligence dans l'autre vie, il n'enseigne
donc que la vrit.
Aussi l'chelle mystique, compose de deux montants ayant chacun sept
chelons runit-elle les sept arts libraux diviss en deux parties : le trivium et
le quadriviurn; mais commenons par le premier montant de droite, qui se
nomme Ohcd Eloah (Deum amans], amour de Dieu, amour du prochain.
Les sept chelons signifient les sept vertus que le Maon doit professer, savoir:
1er Tzedakab, justice, c'est'-dire l'observation des lois ou, en d'autres termes,
la conformit des actions avec le droit; 2e Schor-Laban, puret, c'est'-dire la
chastet morale qui consiste ne rien dire et ne rien faire qui puisse blesser
la pudeur; 3e Mathok, douceur, ce fond de complaisance qui nous fait dfrer
la volont d'autrui, c'est l une qualit du temprament que l'ducation et la
rflexion fortifient; -i.. Emounah, foi, force, cette vigueur de l'mequi rsiste aux
obstacles et renferme le courage qui consiste voir le danger, les prils, les
maux, les malheurs tels qu'ils sont, et par consquent ses ressources; la force
d'esprit, a dit Vauvenargues, est le triomphe de la rflexion! c'est un instinct
suprieur aux passions; 5= Amal-Saggi, travail, ou la source de tous les plaisirs,
et le remde le plus sr contre l'ennui; 6e Sabbal, fardeau, c'est--dire les acci
dents passagers qu'en quelque tat que nous soyons nous devons toujours
attendre pour qu'ils nous soient moins sensibles; 7e Ghemoul Binah thebounah,
prudence, cette dlibration des moyens qui peuvent nous conduire au but que
nous nous proposons, et qui renferme la circonspection dans les paroles et dans
les actions; elle nous prescrit l'tude des usages, les bons exemples, les bien
sances et la pudeur.
.Maintenant revenons aux chelons du deuxime montant de gauche, le trivium
et le quadrivium des sept arts libraux. 1er l'Astronomie, ou le trait des mou
268 LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS
UN VOYAGE MAONNIQUE
CHAPITRE DEUXIME
Je revois enGn, aprs douze ans d'absence, la terre hospitalire o j'ai passe-
quelques moments heureux pendant les premires annes de ma vie. J'esprais
que lus distractions du voyage, un changement inopin dans mes habitudes, la
diffrence du lieu, de climat, l'aspect d'une nature aussi riche que varie, pour
raient donner le change mes ennuis ou rprimer les froides sensations de
dgot, de langueur et de ddain qui alimentent mon me. L'vnement n'a point
justifi mes prvisions. Je commence craindre que les beauts physiques ne
soient mes yeux comme les illusions morales; que tout ne soit insensiblement
dcolor, et que rien ne puisse repeupler la solitude de mon existence. Maintenant
le ciel est pur, les jours sont beaux, les nuits sont douces, les forts s'animent,
et je suis dans une paix profonde. Combien mes impressions sont altres et
affaiblies ! Jadis, le retour de cette saison du bonheur me faisait tressaillir de dsir
et d'esprance; jadis, dans ces nuits tranquilles, remplies d'un charme et d'une
ineffable mlodie, je ne pouvais entendre et sentir sans motion le frmissement
mystrieux de la brise qui agitait les ombres; ce souffle lysen me semblait
charg de tous les parfums et de toutes les dlices de la nature. Quelque chose
de divin subjuguait toutes les forces de mon me, toutes les puissances de mon
tre, et, dans cette muette contemplation de l'infini, j'tais si heureux de mes
motions et de mes esprances, je me sentais si riche de ces trsors d'amour, de
bonheur et de gloire qui remplissent le cur au beau temps de l'adolescence,
que je ne savais comment rpandre en dehors cette surabondance de vie, cette
plnitude d'affection universelle dont j'tais intrieurement submerg. Ainsi, il
est une poque de l'existence o l'homme, entran par cette nergie qui promet
tout et dont rien encore n'a pu le dsabuser, sent, aime, recherche et veut tout
ce que contient la nature.
Mais quand la ralit, la sombre ralit, a fait tomber tous les voiles et dissip
les enivrants mensonges des premiers jours; quand nous restons accabls de
l'inanit de nos dsirs, de l'impuissance de nos vux, de la fragilit de nos
esprances, ah! je ne sais quelle froideur glaciale et dsesprante nous saisit; je
ne sais quel sentiment de rpulsion nous fait abandonner les choses extrieures
pour nous renfermer dans un centre de tristesse o se consument et s'teignent
insensiblement tout ce que nos curs pouvaient avoir de grces, de candeur, de
nobles instincts et de puret primitive...
LE RAMEAU D'ol d'ELEUSIS 273
TUILEUR GNRAL
noble ide, et peut-tre la seule vraie que nous puissions notls" n fair. Lur
concentration entre quelques hommes lis par urf sriririt trribl et religleos-
ment gard faisait de ces hommes des tres part, bien au-dessus de la multi-
' i tude; mais soit que quelques-uns d'entre eux aient t indiscrets, soit que
i l'intelligence humaine ait fait des progrs, le premier degr des mystres fut
dvoil; de l naquit l'tude de la morale et des rapports' de l'homme avec la
Divinit. En dehors des initis, il y eut d'autres hommes qui mritrent le nom
de sages; Socrate est le plus clbre : par la seule force de son esprit, il comprit
la doctrine sacre.
Toutes les nations, peu d'exceptions prs, avaient leurs mystres; ainsi la
vrit tait connue par toutes, mais seulement par les initis, runis en corps
sacerdotal .
Pythagore popularisa l'initiation et la rendit accessible tous ceux d bonne
volont; cet homme est le plus grand des mortels; la philosophie lui dbit son
nom.
La civilisation poursuit son uvre de la diffusion des lumirs.
Quelque opinion qu'on se forme sur Jsus-Christ, en ne le considrant (jd
comme homme, on ne saurait lui refuser un tribut mrit d'admiration et de
reconnaissance. Ce que Mose avait fait pour les Hbreux, Jsus le fait pour tous
les peuples; tous il livre des paroles de vie: il affranchit l'esclave, il relve la
dignit de la femme, il proclame l'galit; c'est par lui qu'il faut commericer
l'histoire de l'mancipation du genre humain: o Allez, dit-il ses disciples, et
instruisez les nations.
Dpossds de la prminence de leur culte, les druides, en grand nombre,
se rfugient dans la Grande-Bretagne, d'autres se retirent chez leurs frres du
Nord.
L'initiation tait connue dans ces contres, et en supposant qu'elle se ft
perdue par le laps de temps, on sait qu'Arminius, lev Rome sous Auguste, et
initi aux mystres d'leusis, fonda dans la Germanie, avec quarante-neuf de ses
compagnons, les mystres d'Herta, divinit en tout semblable Is{s, Crs, Ves-
ta, Cyble, etc.
L'gypte est galement trouble par les successeurs d'Alexandre; des rites
infmes, connus sous le nom d'Alexandrins, succdrent ceux de Memphis, et
Rome courba son front devant ceux 4'Antinous.
Les initis sont obligs de se cacher dans les dserts ou de s'expatrier, entours
de barbares; ils sentent plus que jamais la ncessit d'un secret rigoureux. Mais
il y a des initis de divers degrs: tous ne sont pas galement instruits; il n'y
a rien d'crit, la plupart ignorent les traditions orales; peu savent lire la langue
hiroglyphique qui en a consacr quelques-unes.
Qu'on ne s'tonne donc pas si un voile pais couvre cette partie de l'histoire
de la Franc'Maonnerie, et mme si l'existence du secret maonnique est mise n
doute. Cependant quelques sages ont conserv le dpt sacr et rel des principes
maonniques, crits en chalden; ils se conservent, en partie, dans la grande
Loge d'Edimbourg et dans les archives des Patriarches de l'Ordre primitif; le but
LE RAMEAU D'OR d'ELEUSIS 275
moral n'est pas le but direct de la Maonnerie; Kis anciens mystres taient non-
seulement un cours thorique et pratique de philosophie morale et religieuse,
mais encore une institution destine perptuer les premires traditions du genre
humain: Tout initi, parvenu au complment de l'initiation Mac.-., connatra
la haute sagesse que j'appellerai vertu; il jouira de la suprme flicit, car la
connaissance du grand uvre de la nature inspire l'homme un sentiment de
raison qui l'lve au-dessus de ses sefflblrtbles.
La Maonnerie de l'antiquit tait comprise dahs les trois grades symboliques;
mais dans l'tat actuel de nos murs, il est impossible que les Loges soient
constitues de telle faon que tons leurs membres sans exception puissent avoir
une connaissance complte de la science sacre. Il faudrait pour cela' rtablir le
noviciat, et mettre pour le passage d'un degr un autre les mmes dlais
et les mmes prcautions que dans les mystres de l'antiquit. La civilisation
moderne s'oppose cette marche rgulire et seule rationnelle; il faut en subir
les consquences.
Les mystres maonniques furent introduits en Europe par Ormus, sage
d'gypte. Ses disciples, jusqu'en 1118, restrent seuls dpositaires de l'ahclchne
sagesse; ils la communiqurent aux chevaliers de la Palestine, ol FF.-. Kose-croix
d'Orient. En 1 1-20, quatre-vingt-un d'entre eux arrivrent en Sude sous- la con
duite de Garimout, et se prsentrent l'archevque d'Upsal q(1l reut d'elix le
dpt des connaissances maonniques; ce furent ces quatre-vingt-un fliibns
qui tablirent la Maonnerie en Europe.
Eu 1 150, trois d'entre eux fondrent en Sude l'ordre des Maons d'Ofietit potir
servir de sminaire aux sujets qu'on devait instruire dans les sciences les plus
sublimes, et continurent se l'aire des partisans dans toutes leS parties de l'Eu
rope.
MAONNERIE SCANDINAVE
La bannire est couleur de feu, ayant au milieu une pe et une palme croises
ensemble.
TUILEUR
PREMIER GRADE (LU)
CONFRENCES
MAONNERIE ANGLAISE
Le rite des anciens Maons libres et accepts, je seul qu'on suive aujourd'hui
en Angleterre, se compose de quatre grades, savoir :
1. Apprenti.
2. Compagnon.
3. Matre.
4. Maon de la sainte Royale- \rche.
Quant au dernier, Je concordat de 1813 ne semble le considrer que comme
une dpendance du degr de Matre, bien qu'il ait ses assembles, appeles cha
pitres, et ses officiers part.
Le rite de la constitution d'Angleterre ou rite moderne, le mme, pour les trois
premiers grades, fjiie celui qu'a adopf le Grand-Orient de France, se composait
de sept grades, jont voici les noms :
1. Apprenti.
3. Compagnon.
3. Matre.
4. Matre de marque.
5. Matre pass.
6. Trs-excellent MfJtre.
7. Maon de la sainte Royale-Arche.
Indpendamment de ces degrs, les Loges en confraient plusieurs autres en
dehors du systme, que le trait dsigne sous le nom de chivalry (chevalerie), et
, dont il n'interdit point expressment la pratique. Ces chevaleries ne sont gure
prsent en vigueur que dans les possessions anglaises de l'Amrique et des Indes.
Nous en donnons seulement la liste :
1. Grand-prtre. 10. Chevalier du Christ.
2. Chevalier de la Croix-Rouge. 11. de la mre du Christ.
3. du Temple. 12. de Saint-Lazare.
4. de Malte. 13. de l'toile.
5. du Saint-Spulcre. 14. du Zodiaque.
6. Teuton. 15. de l'Annonciation de la Vierge.
7. de Calatrava . 16. de Saint-Michel.
8. d'Alcantara. 17. de Saint-tienne.
9. de la Rdemption. 18. du Saint-Esprit.
Les seuls grades vraiment anciens sont les trois premiers. L'institution du
Royal-Arche ne remonte pas au-del de 1777. Les autres sont de beaucoup
postrieurs.
.280 LE RAMEAU d'OH d'LEDSIS
Les trois premiers grades du rite des anciens Maons sont mot mot les mmes
que les trois premiers du rite cossais ancien et accept. Les seules diffrences
qu'on y remarque sont les suivantes. Les Anglais n'ont que sept officiers :
le Matre ou Vnrable (master), les deux Surveillants (wardens), le Secrtaire
(secrelary), les deux Diacres (deacons) et le Trsorier (treasurtr). Il y a de plus
le Tuileur (tyler), qui se tient l'extrieur de la Loge. On trouve aussi dans
quelques ateliers un autre officier appel Chapelain (chaplain), dont la fonction
est de lire la prire au commencement des travaux. C'est ordinairement un
ministre du culte. 11 n'y a que le Vnrable qui ait un maillet; les Surveillants ont
un bton comme celui des hrauts d'armes, mais tourn en forme de colonne, et
qu'ils appuient par une extrmit sur la hanche. Ce sont ces deux officiers qui
prparent le rcipiendaire et le conduisent dans les preuves; mais cet usage est
moderne. Les Diacres, outre les fonctions qu'ils remplissent, en cumulent plusieurs
autres qui rpondent celles d'Architecte, d'Hospitalier et de Matre des banquets.
Il y a dans la grande Loge des dignits en plus grand nombre.
La grande Loge unie d'Angleterre, sant la valle de Londres, fonde en 1813,
professe le rite des anciens Maons libres et accepts. Elle est issue de deux
grandes Loges: de celle d'Yorck (anciens Maons), fonde en 926, et de celle de
la Grande Loge d'Angleterre des anciens Maons libres et accepts, fonde en
1717, dont le rite est le plus universellement pratiqu.
Dans les Loges anglaises, l'ouverture des travaux se fait plus simplement;
le gardien du temple se borne heurter la porte, le Grand Expert lui rpond
du dehors par une semblable percussion; cela veut dire : nous sommes
couvert.
Le Vnrable dit : F.-, premier Surveillant, quel est votre second devoir?
Le premier Surveillant rpond : C'est de m'assurer si tous les assistants sont
Francs-Maons.
Les Surveillants parcourent alors les colonnes du temple et demandent, la parole
tous les FF.-., un un; lorsqu'ils sont de retour leurs places, le Vnrable
frappe trois coups, que les Surveillants rptent, et se tourne ensuite vers le
premier Diacre, et, la tte dcouverte, il lui donne l'oreille la parole sacre; le
premier Diacre va la transmettre au premier Surveillant qui, par le deuxime
Diacre, l'envoie au deuxime Surveillant ; et ce dernier dit : Vnrable, tout est
juste et parfait.
Le Vn.-. dit : Puisqu'il en est ainsi, au nom du Grand Architecte des mondes,
je dclare cette Resp.-. Loge ouverte. A moi, mes FF.-., etc.
Le Chapelain fait la prire, et ensuite le Secrtaire donne lecture du plan trac
dans la dernire tenue ; puis, si aucune rectification n'est demande, le Vnrable
requiert de conclure, et les FF.-, de manifester leur sanction, ce qui se l'ait en
levant les deux mains et les laissant retomber avec bruit sur le tablier.
Les Loges se runissent deux fois par mois pendant les six mois d'hiver, et une
fois seulement pendant les six mois d't. A la suite des travaux, il y a toujours
un banquet. Les cotisations des membres ne sont que de 4 6 fr. par trimestre.
Plusieurs Loges, mme Londres, ont leur local elles.
LE HAMEAU D'OR d'LECSIS. 281
GOUVERNEMENT DE L'ORDRE
FINANCES
TABLISSEMENTS PHILANTROPIQU ES
Comit de bienfaisance (comitee of charity)
Cre le 17 mars 1725, mis en vigueur le 27 novembre 1729
5 guines (125 fr.) Le comit, prsid par le Grand-Matre, peut donner jusqu'
1,000 liv. st. (25,000 fr.) Des sommes de 5, 10 ou 20 liv. st. sont communment
alloues des frres indigents, en proportion de leurs besoins et du nombre
d'annes qu'ils ont t membres de leur Loge.
vriers de l'avenir et que nous devons rester au poste que le Sublime Architecte
des mondes nous a assign.
TUILEUR
APPRENTI
Signe. Porter la gorge la main droite ouverte, les doigts runis, le pouce
cart et formant l'querre; lorsqu'on reste en cette position, on est l'ordre. ,
Signe de reconnaissance . Retirer la main horizontalement vers l'paule droite,
et la laisser retomber le long du corps, le bras allong, ce qui dcrit une querre;
puis placer cette main au-dessus de la gauche qui reprsente le livre de Ja loi,
et symbolise le serment prt.
Attouchement. Prendre la main droite de celui dont on veut se faire connatre,
presser lgrement avec l'ongle du pouce la premire phalange de l'index; c'est
la demande du mot; en rponse, on donne la parole sacre, sujvant la forme
mystrieuse connue des seuls initis.
Batterie. Trois coups gaux. (On fait une grande faute lorsqu'en ouvrant ou, en
fermant la Loge d'apprenti, on triple cette batterie). Dans les applaudissements,
on frappe trois fois dans les mains, la troisime fois, avec la pointe du pied
droit, et on dit par trois fois : huzza! (prononcer houzzai); il exprime la joie. Les
anciens Arabes se servaient du mot uzza ; c'est un des noms de Dieu dans leur
langue).
Marche. Etant l'ordre, le corps lgrement effac, porter en avant le pied
gauche, approcher en travers le pied droit, talon contre talon, pour former
l'querre; rpter ce pas trois fois et faire le signe.
Cette pose est ancienne; elle appartient l'initiation de l'antiquit; elle se
trouve reproduite sur plusieurs monuments. On peut l'attribuer aux disciples de
Zoroastre; c'est la mme que les Thrapeutes observaient dans leurs assembles
lorsqu'ils coutaient les instructions de leurs chefs.
Parole sacre. Iiooz (les Anglais prononcent Boaz). C'est le nom de la deuxime
colonne du temple de Jrusalem; c'est aussi le nom de l'poux de luth.
Age. Trois ans ; ils symbolisent les trois voyages du rcipiendaire.
Habillement. Gants blancs, un tablier de peau blanche, dont la bavette est
releve.
Le candidat est celui qui est propos pour l'initiation ; une fois que la Loge a
consenti l'admettre, il n'est -plus candidat, il est postulant; admis aux preuves,
il est rcipiendaire; une fois reu, c'est un nophyte (nouveau-n.)
COMPAGNON
Signe. Porter la main droite sur le cur, les doigts un peu arrondis, comme
poui saisir un objet.
Elever la main gauche ouverte, et la paume en avant la hauteur de la tte,
le coude rapproch du corps; ces deux mouvements composent le signe d'ordre.
284 LE RAMEAU d'OR d'eLKDSIS
La jonction des pieds signifie : voler au secours de ses frres ; l'inflexion des
genoux, adorer le Sublime Architecte des mondes; la jonction des mains, assister
ses frres dans le besoin ; la main sur l'paule, sages conseils ses frres; le
baiser fraternel est l'image de la douce union.
Mot de passe. Thubalkain; l'Anglais prononce Joubalkain (possessio mondana);
c'est le nom du fils de Lameck.
Mot sacr. Muabon, engendr du pre.
Habillement. Tablier blanc doubl et bord de rouge, avec une poche au-des
sous de la bavette ; au milieu du tablier sont brodes les lettres M. B. Un cordon
bleu-moir, port en charpe de droite gauche; au bas, est suspendu, avec une
rosette rouge, le bijou qui est une querre, sur laquelle se croise un compas
ouvert 45 degrs ; le bijou est en or.
Batterie. Neuf coups, par trois fois trois.
Marche. Trois pas levs, comme si l'on passait au-dessus de quelque objet
plac terre, en obliquant; le premier pas droite, partant du pied droit,
assembler; le second pas gauche, partant du pied gauche, assembler; le
troisime pas droite, partant du pied droit, assembler en querre.
Age. Sept ans.
ROYAL-ARCHE
MAITRE DE MARQUE
Signe. Mettre les trois premiers doigts de la main droite derrire l'oreille
droite.
Attouchement. S'accrocher rciproquement par le petit doigt de la main droite,
les autres doigts tant ferms et se joignant mutuellement le pouce.
Batterie. Quatre coups gaux.
Marche. Quatre pas ordinaires ; le rcipiendaire fait quatre voyages.
Mot de passe. Zabulon (Z'buloun), le ciel ; la demeure du Sublime Architecte
des mondes.
Mots sacrs. Que ferons-nous de cette pierre?
Rponse: Portons-la plus loin.
Le bijou est une mdaille en or, avec les deux colonnes et les lettres H.-.
T.-. S.-. R.-. S.-.
Le devoir spcial du Maitre de marque est d'empcher que le dsordre et la
confusion ne s'introduisent au milieu des travaux ; c'est lui de signaler les
ouvriers intelligents et de rprimander fraternellement ceux qui commettraient
quelques fautes ; il contracte l'obligation formelle de secourir un frre malheureux
286 LE 1AMEAC D OR D ELEUSIS
dans une limite dtermine; il doit dsigner ceux des travailleurs qui mritent
d'tre encourags par des rcompenses maonniques ; les bfjou diStinClifS de
Matre d marque sont : le ciseau et le maillet.
Signe. Porter les deux premiers doigts allongs derrire l'oreille ; le pouce et
les autres doigts plis dans la main.
Attouchement. S'accrocher les deux petits doigts de la main droite, tourner les
mains et appuyer les pouces l'un contre l'autre, puis tourner les mains sans
dessus-dessous, en donnant le mot de passe.
Mot de passe, tt is over.
Mot sacr. Jabulum.
Batterie. Cinq coups gaux.
Ce grade repose allgoiquement sur une cl de vote et sur la dcouverte du
trsor renfermant les emblmes de l'ancienne loi.
Les fonctions de Matre Prsident ou Maitre pass consistent ouvrir et
fermer la Loge aux diffrents degrs; installer et consacrer les grandes Loges;
poser la pierre fondamentale des difices ma.'. ; prsider aux funrailles et
aux ddicaces, en observant scrupuleusement les crmonies et formalits tablies
par le rite.
par Gode; roy de Bouillon; c'tait au moins la pense du chevalier Ramsey, qui
releva cet Ordre en 1768, et qui l'ut institu en 1777.
Dans la Maonnerie amricaine, cet Ordre est trs-eonsidr ; on le regarde
cumme reprsentant la suprmatie de la royaut des Hbreux.
Avant t"0'i, les chapitres de la Royale-Arche n'taient rallies entre eux par
aucune centn lisation rgulire; les chapitres se formaient cot les uns des
autres, en sollicitant quelquefois l'approbation du chapitre le plus voisin, mais
sans sortir pour cela d'un isolement peu favorable aux progrs et l'unit
d'enseignement de la Maonnerie suprieure. Il tait ncessaire de former des
grands chapitres et de rdiger une constitution uniforme pour ces nouveaux
centres de direction et d'enseignement. L'tat de Pennsylvanie se mit la tte de
ce mouvement, et dans le courant de l'anne 1797, tous les chapitres de l'tat
londrent, l'unanimit, un grand chapitre du Royal-Arche la valle de
Philadelphie. Les tats situs au nord de l'Union amricaine s'empressrent de
suivre cet exemple. Dans une runion solennelle qui eut lieu Hartford, le
quatrime mercredi de janvier 1798, ils adoptrent une constitution rdige par
une commission nomme cet effet, lurent leurs grands officiers, et constiturent
un grand chapitre dont la juridiction s'tendait au New-Hampshire, au Massa
chusetts, Khode-lsland, au Connecticut, au Vermont, New-York, etc.
Il y a donc pour les tats-Unis d'Amrique un grand chapitre gnral de la
Maonnerie du Koyal-Arche, qui se compose d'un souverain Pontife, de son adjoint,
d'un grand Roi, d'un grand Notaire, d'un Secrtaire, d'un Trsorier, d'un Chapelain
et d'un Prvt, et de tous les souverains Pontifes, Rois et Notaires dputs par
les G.-. chapitres de chaque tat. Le grand chapitre gnral admet galement
comme membres actifs les souverains Pontifes, Rois et Notaires honoraires.
Les sessions ordinaires du grand chapitre gnral ont lieu tous les sept ans, le
second jeudi de septembre, pour lire ses officiers.
Les quatre premiers officiers du grand chapitre gnral sont tenus de s'instruire
et de se perfectionner dans les degrs suprieurs, de manire les possder
parfaitement et pouvoir donner une direction uniforme aux travaux des cha
pitres et ateliers de leur juridiction.
Les quatre premiers grands officiers gnraux ont sparment le droit de
constituer de nouveaux chapitres de Royal-Arche et des Loges dans tous les
tats qui n'ont pas de chapitre rgulier.
Toute runion de Ma.-. de la Royale-Arche, rgulirement constitue, se
nomme Chapitre, tandis que les assembles de Matre pe marque, Matre parlait
et trs-excellent Matre prennent h; nom de Loges.
La Maonnerie amricaine professe la philosophie judaque, qui est une alt
ration de la religion primitive, malgr ses principes dmocratiques; enfin, ce rite
n'est, avec un mlange informe de mosasme , que la doctrine elvticnne
maonnilie. (Voir le Tvileur dr la Maonnerie anglaise.'
in
290 Lk hameau d'or d'eleiisis
LE ROYAL-ARCHE PRIMITIF
La constitution des Maons de l'Arche-Royale est base sur la loi de Hom, qui,
selou le traducteur du Zend-Avesta, annonait un tre suprme et ternel, auteur
des deux principes opposs. Les crmonies de cette loi, appele Priokesch,
taient en petit nombre, trs-simples, et rappelaient l'origine et l'arrangement
de l'univers.
Les travaux de cette Maonnerie antique consistent dans la connaissance de la
nature et de sa puissance ; ils ont pour but de rendre Dieu l'hommage qui lui
est d; ils lvent en mme temps l'homme au-dessus de ses semblables en le
mettant l'abri des passions qui troublent si souvent son existence.
TU1LEUR
Nous avons dit que le rite maonnique des Chevaliers de la Rose croissante
remontait la plus haute antiquit (voir page 2.'i). Cette Maonnerie est forme
par trois classes de Maons; le passage d'une classe une autre n'est accord
qu' titre de rcompense. Le nophyte doit possder une vritable instruction,
une moralitp prouve et avoir rendu des services l'humanit pour obtenir le
premier grade.
Le but de cette institution sublime est de mettre les hommes d'lite l'abri
des err eurs du vulgaire par des tudes philosophiques, et de leur inspirer la forte
volont de leur perfectionnement moral, la bienfaisance, l'amour du travail et la
piatiquc de toutes les vertus, qui constituent l'homme aux sentiments dlicats et
gnreux, l'ami de ses semblables, le citoyen utile.
l.T. RAMEAU D'OR D'ELEUSIS.
TU1LEUR
PREMIER OU A DE
'
DEUXIME GRADE
TROISIEME G R A D E
MAONNERIE CHALDENNE
Les Mages, qui en sont les fondateurs, avaient puis leur science chez les
Brahmanes ou Gymnosophistes de l'Inde. Ils avaient dans la ville chaldenne
d'Hipparenum une cole clbre, digne, par la concentration de toutes les
vertus humaines, des. Loges que le ciel destinait devenir les institutrices du
monde. Mais c'tait particulirement dans la Mdie que les Mages clbraient les
mystres et enseignaient les dogmes qui rpandirent dans le monde ces flots do
lumire et de vrit que Dieu avait placs dans le cur des patriarches de la
savante gypte.
La Maonnerie chaldenne est rgie par un conseil suprme, sous la dnomina
tion de temple mystique. Il se compose de sept Patriarches, grands conservateurs
de l'Ordre; toute lumire, toute science, toute doctrine manent du temple
mystique, o sige le Grand Maitre nomm vie et irrvocable.
Le rgime de ce rite est form par trois classes de Maons qui reoivent trois
degrs d'instruction.
Voici la nomenclature des trois degrs :
1* Temple des Thalrm ilimites, sagesse.
2" Temple des Hbi imites, force.
3 Temple des Nesehirites, bemt.
D.uis le premier temple, le Grand Maitre donne la vie au nophyte, qu'il sort
LE RAMEAI D'OR D'ELEUSIS 293
TUILEUR
PREMIER T. R A D E
DEUXIME G R A I) E
T R O I S 1 1 l M F. G R A h E
Parole de passe. lsis.
Parole sacre 0*iris.
29'i m: nameau d'or u'eleusis
Ces deux mois sont emblmatiques ; ils sont employs pour exprimer la nature,
Signe Lever les deux mains vers le ciel, les yeux en extase.
Boor. Cordon blanc moir, liser d'or; sur le devant est brod en or un
triangle au centre duquel est l'il de la Vigilance, rappelant la gloire de l'ternel
qui a l'il tout et partout ; compos de trois units gales qui formaient la
Trinit, base des mystres gyptiens his, Osiris, Qrus.
Signe. Mettre le genou droit terre, les bras croiss sur la poitrine.
Attouchement. Se prendre mutuellement les doigts de la main droite.
Parole. Tzadikim.
Habillement. Ruban blanc porto en sautoir, sur lequel est brod en or un triple
triangle.
MAONNERIE CLECTIQUE
TUILEUR
1. Anal, au Soleil.
2. Michel, la Lune.
3. Raphal, Mars.
4. Gabriel, Mercure.
5. Uriel, Jupiter.
6. Zobiacliel, Vnus.
7. Anachiel, Saturne.
Cagliostro avait admis, entre autres ornements, le drap snique, ou voile copte,
que les Coens avaient adopt, de couleur jaune, ayant les franges blanches aux
extrmits, brodes en or, et reprsentant les sept emblmes des lus, des sept
plantes, et les sept sciences prescrites pour obtenir la sagesse.
Cagliostro, impliqu dans l'affaire du collier de la reine de France, fut enferm
la Bastille, et, en 1786, banni du royaume. Il passa en Angleterre avec son rite,
qui y fut tabli. Il quitta cette le eu 1790, parcourut l'Allemagne, la Suisse, et
fut chass de Trente, par l'vque, qui en tait prince. Il se rendit lioveredo, il
y tablit une Loge, et transmit ses pouvoirs au F.'. Bat. de Mori (commissaire
dlgu).
Les vocations de Mose et des morts, les apparitions des absents, qui avaient
lieu par sa colombe ou son pupille, et ses prdictions, acquirent bientt une
grande publicit par ses prneurs et par les visionnaires qui en vantaient
l'exactitude; elles se pratiquaient par le moyen de la colombe ou du pupille, qui
seuls voyaient tous ces miracles dans une carafe remplie d'eau pure, place sur
une table couverte d'un tapis vert, et environne de sept bougies.
Dans les derniers temps, Cagliostro passait pour avoir le don de gurir les
malades; il donnait gratuitement aux pauvres les mdicaments et faisait des
aumnes trs-gnreuses.
Son culte mystrieux et merveilleux lui procura un grand nombre d'adeptes;
son dogme se rapprochait de celui de Swedenborg. Il tait fond sur la mme
thosophie; ses crmonies taient un mlange de prires sacres et profanes, de
psaumes et de cantiques.
Ses travaux s'ouvrent en langue latine, comme les deux hauts grades de la
stricte Observance.
En quittant Roveredo, Cagliostro passa Rome. Il y tablit une Loge, mais
l'inquisiteur le fit arrter et l'accusa d'hrsie, de magie, d'apostasie et mme de
frnsie, le condamna la peine de mort comme hrtique, ot le frappa des
excommunications de Clment XII et Benoit XIV.
298 LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS
Le saint Pre Pie VI crut devoir commuer cette peine de mort celle de la
prison perptuit.
Renferm au chteau Saint-Ange, il essaya un jtralagme pour se sauver; il
feignit de se repentir tles erreurs pour lesquelles il avait l condamn. Il
demanda faire pnitence de ses fautes, et il voulut se confesser. Le dlgu
sa garde lui envoya un capucin.
11 fait sa confession gnrale, supplie le Rvrend Pre de lui donner la
discipluie ; il consent cette dvote prire. Mais aprs avoir reu quelques coups
de fustigation, le pnitent s'empare du cordon du moine, se jette sur lui et
cherche le lier. Mais le capucin, qui tait trs-vigoureux, lutta contre Cai-liostro,
cria, ft du bruit, et appela son secours les gardiens. 11 parat que le projet de
Cagliostro tait de prendre l'habit du Rvrend Pre et de s'vader.
En 1797, lorsque les Franais s'approchaient de Kome, on le trouva mort dans
le chteau Saint-Ange. La tradition populaire est que les membres de l'inquisition,
craignant l'arrive des Fi anais quelque vengeance de la part de ses adeptes, le
firent trangler par mesure de sret.
Cette Maonnerie admet tous les hommes instruits, de bonnes murs, et soumis
aux lois de leur pays. Elle ne proscrit aucun rite, moins qu'il ne renferme en
lui quelques principes contraires la morale. Elle se compose de trois grades,
savoir :
1" lu, Apprenti (mditation).
2 Sage interprte, Compagnon (silence).
3 Sublime popte, Matre (science).
TUILEUR
PREMIER GRADE (APPRENTI)
MAONNERIE PRIMITIVE
Introduite en Allemagne en 1770, et Berlin en 1771.
Cet engagement solennel prononc, on lui tait le bandeau de dessus les yeux,
et on le plaait entre deux colonnes carres nommes Betilies.
Au milieu de ces deux colonnes lait couche une chelle sept chelons, et
une autre figure allgorique compose de huit portes de diffrentes dimensions.
L'Hirophante n'expliquait pas d'abord au rcipiendaire le sens mystrieux de
ces emblmes, mais il lui tenait le discours suivant :
Vous qui venez d'acqurir le droit de m'entendre, je m'adresse vous : les
portes de cette enceinte sont svrement fermes aux profanes, qui ne peuvent
y pntrer; mais vous, Mens Muse, vous, enfant des travaux et des recherches
clestes, coutez ma voix, elle va vous enseigner de grandes vrits. Soyez en
garde contre les prjugs et les passions qui pourraient vous loigner du vritable
chemin du bonheur; fixez vos penses sur l'tre divin; ayez-le toujours devant
les yeux, afin de mieux gouverner votre cur et vos sens. Si vous voulez marcher
dans la vraie route de la flicit, songez que vous tes sans cesse en prsence du
Tout 'Puissant, qui gouverne l'univers. Cet tre unique a produit toutes choses;
il les conserve et existe par lui'mme. Aucun mortel ne peut le voir, rien ne peut
tre soustrait ses regards.
Aprs ce discours, on faisait passer l'apprenti sur les degrs de l'chelle, et on
lui indiquait mesure quel en tait le symbole fond sur la mtempsycose. On
lui enseignait aussi que les noms et les attributions des Dieux avaient une toute
autre signification que celle que le peuple y attachait.
Ce grade tant consacr la physique, on lui expliquait les causes des vents,
des clairs, du tonnerre; on y comprenait l'anatomie, l'art de gurir et de com
poser les mdicaments.
C'tait galement dans ce mme grade que l'on enseignait aux nophytes la
langue symbolique et l'criture vulgaire des hiroglyphes.
La rception finie, l'Hirophante donnait l'initi le mot d'ordre, l'aide
duquel tous les initis se reconnaissaient. Ce mot tait Amoun; il signifiait : Sois
discret.
Ils se reconnaissaient encore par un attouchement manuel, ayant la main droite
sur le cur: la retirer, la placer dans celle de l'examinateur et la presser par
trois fois.
On remettait au rcipiendaire une espce de bonnet termin en pyramide, et
on lui ceignait autour des reins un tablier appel xylon.
Il portait autour du cou un collet dont les bouts tombaient sur la poitrine.
Du reste, il tait dshabill pendant la rception, et il devait garder son tour
la Porte des hommes.
De belles femmes lui servaient des mets dlicats pour ranimer ses forces
puises. C'taient les vierges consr.cres Diane qui allaient ainsi le visiter. Elles
l'excitaient- l'amour par toutes sortes d'agaceries.
Il devait triompher de cette preuve difficile pour prouver l'empire qu'il avait
sur lui-mme.
Aprs l'avoir subie, le Thesmosphores venait et lui posait diverses questions.
Si le neocoris y rpondait avec justesse, on l'introduisait dans l'assemble.
Le stolista (ou aspergeur) jetait de l'eau sur lui pour le purifier; on l'obligeait
d'affirmer qu'il s'tait toujours conduit avec sagesse et chastet.
Aprs cette dclaration, le Thesmosphores courait vers lui, ayant dans les mains
un serpent vivant qu'il lui jetait sur le corps, et le retirait par le bas du tablier (1).
Le local paraissait rempli de reptiles, pour tcher de porter l'effroi dans l'me
du neocoris.
Plus il se montrait courageux dans cette preuve, plus il tait combl d'loges
aprs sa rception.
On le ramenait ensuite vers deux colonnes trs-leves, au milieu desquelles un
griffon poussait une roue devant lui.
Ces colonnes signifiaient Orient et Occident. Le griffon tait l'emblme du
soleil; et la roue, du centre de laquelle partaient quatre rayons, figurait les
quatre saisons.
On lui apprenait en mme temps l'art de calcule]' l'hygromtre (qui servait
valuer les inondations du Nil) ; on l'instruisait dans la gomtrie et l'architecture,
et il se familiarisait avec les calculs et les chelles des mesures dont il devait
avoir se servir dans la suite. Mais ceci tait un grand secret qui n'tait dcou
vert qu' ceux qui appartenaient une secte dont les connaissances taient bien
suprieures celles de la population.
On lui donnait pour insigne un bton accol d'un serpent. Le mot sacr du
grade tait Eve. A cette occasion, on lui racontait l'histoire de la chute du genre
humain.
Croiser les deux bras sur la poitrine tait le signe dont il devait se servir pour
se faire reconnatre.
(I) Juliui Firmicus Maternus, chap. II, dit que c'tait un serpent artificiel et dor, mais que les
gyptiens possdent l'art de priver les serpents de leur venin .
302 LE HAMEAU ft'OR 6'ELEUSIS
(1) L'empereur Commode, remplissant un jour cel emploi, s'en acquitta d'une manire tellement
srieuse, qu'elle devint tragique.
(2) Ce dogme n'est pas gyptien; on peut plutt l'attribuer Platon, qui aurait mal comprit les
mystres indiens.
LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS
(1) La langue amounique tait ta langue royslriruse (voyez le mot du premier grade). Le rcipiendaire,
ayant parcouru les petits mystres, qui avaient pour objet de le prt'jtarer, en l'instruisant dans les
sciences humaines, louchait au moment d'tre admis aux grands mystres, a la connaissance de la i
doctrine sacre, appele lu grande manifestation de la lumire; il ne devait bientt plus y avoir de ;
secrets pour lui.
LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS 305
On lui apprenait que Typhon signifiait le feu, qui est un des agents les plus
terribles, et sans lequel cependant rien ne pourrait se faire dans ce monde;
qu'Orus tait l'emblme du travail et de l'industrie, l'aide desquels l'homme
excute de grandes et utiles entreprises, en parvenant dompter la violence du
feu, diriger sa puissance et s'approprier ses effets.
Le balahate apprenait, dans ce grade, la chimie, l'art de dcomposer les
substances et de combiner les mtaux. Il tait le matre d'assister, quand il le
voulait, aux recherches et aux expriences que l'on faisait dans cette science.
C'est par cette raison que le mot sacr tait Chymia.
chronologique o ils avaient exist, ainsi que le tableau de tous les membres
de l'institution.
On lui apprenait aussi la danse des prtres, dont les pas figuraient le cours des
1 astres.
j Le mot sacr tait Ibis, qui signifiait grue, symbole de la vigilance.
(1) 1! semble que c'est uni; expression figurative par laquelle on Toulait dire que le nophyte, ayant
acquis toutes les connaissances qu'on pouvait lui donner, sa langue tait dlie, et qu'il lui tait permis
de parle r de tout.
(2) Sjour des mnes.
LE HAMEAU D'OE d'F.LEUSIS 307
MAONNERIE DE ZOROASTRE
Cette Maonnerie tait suivie par le rite ancien. Elle tait ainsi conue :
Il n'y a qu'un seul Dieu qui coordonna deux principes pour la conservation,
la perptuit de ce qu'il a cr : la lumire et les tnbres, source de vie et cause
de mort.
Le dogme de cette Maonnerie a trois grades, savoir :
1. Celui de Voil;
2. Celui de l'lu ;
3. Celui de Parfait voyant.
Ces ordres sont confrs par les Mages suprieurs respectifs.
Le but principal de cette Maonnerie est le perfectionnement de l'homme et son
rapprochement vers celui dont il est man, c'est--dire sa rintgration dans
son rang et sesd'oits primitifs.
De nos jours, cette opinion, toute excentrique qu'elle soit, a t adopte par
des hommes profonds, tels que Fabre dOlitet, ftallaouhe, etc.; et nous lisons,
dans un ouvrage que le clbre auteur des Paroles d'un croyant a publi, ce
passage remarquable: En nous sont deux tres, l'animal et l'ange, et notre
travail est de combattre l'un pour que l'autre domine seul, jusqu'au moment o,
dgag de son enveloppe pesante, il prendra son essor vers de meilleures et plus
hautes rgions
C'est peut-tre en ce sens que le dogme universel de la rdemption du genre
humain doit tre expliqu.
Contemporaine de ce dogme, est ne comme consquence des principes du
spiritualisme la doctrine d'un tre double dans l'homme, doctrine qui explique le
magntisme, le somnambulisme, les songes, la prescience ou les prvisions, les
antipathies et sympathies, etc. Cotte" doctrine a t celle des sages de l'antiquit.
Les secrets de ces grades ne peuvent s'acqurir qu'aprs des tudes prescrites, de
svres preuves qui n'tafent en ralit qu'un cours d'ides religieuses et
morales dgag de toute superstition.
Pour tre admis dans cette vnie institution, il fallait joindre l'lvation de
l'me et de l'intelligence une grande puret de murs, et l'on s'engageait par un
serment solennel suivre les prceptes les plus svres de la vertu dans la vie
nouvelle o l'on entrait.
L'admission a lieu lorsque les Mages se sont assurs de la moralit du candidat
et de ses progrs dans les sciences.
Les grades sont distingus entre eux par un signe, un attouchement et une
parole.
L'instruction s'exerce sur la physique, la gomtrie, l'astronomie, comme les
sciences les plus utiles l'humanit.
308 LE RAMEAU D'OR d'eLECSIS.
Les Mages sont chargs de l'explication des emblmes, qui ne doivent rappeler
que l'unit de Dieu.
TUILEUR
PREMIER GRADE (CROYANT)
Signe. Porter les deux doigts de la main gauche sur la bouche et la main droite
sur le cur.
Il n'y a point d'attouchement.
Parole de reconnaissance. Archimage.
Mme dcor.
Signe. Les deux mains jointes, plier le genou gauche et fixer le ciel.
Attouchement. Prendre la main droite de l'examinateur et la presser par sept
fois.
Parole sacre. Aius-Locvtius, dieu de la parole.
Parole de reconnaissance. Anagogie, lvation.
Ruban blanc sur lequel est brod un soleil avec une gloire.
pyramide haute de dix pieds, forme par sept degrs triangulaires quilatraux
et sept figures allgoriques.
Tous les membres sont dans le deuil.
Le troisime prend le titre de Sanctuaire : il est consacr aux travaux et
la rception du nophyte. Le Sanctuaire est tendu d'une draperie couleur pourpre,
sur laquelle sont brods en or tous les attributs, symboles et allgories de
l'Ordre; il doit tre resplendissant de lumire. Sous le dais est brod en or et en
argent une Gloire clatante, au milieu de laquelle est une toile flamboyante qui,
dans son centre, a un iod, initiale du Subi.-. Arch.-. des mondes ; sur le ft de la
premire colonne on lit science, sur la deuxime aspiration, et sur la troisime
amour; droite, l'Orient, est un tableau transparent sur lequel sont peints une
sphre armillaire, le Livre de la vraie lumire, et un aigle planant dans les airs;
gauche est un second tableau transparent sur lequel sont peints un soleil radieux,
la lune, les sept plantes connues des anciens, un plican et ses petits, un phnix,
symbole de la nature, et un arbre dont les racines sont en l'air et les branches en
bas; sur l'autel sont poss le livre de la loi, un compas, un triangle, une querre
et un glaive.
Tous les Chev.-. sont assis sur des banquettes couvertes d'une toffe bleu-
cleste.
Le Prsident est nomm Trs-Sage, les Surveillants trs-clairs Chevaliers, et
les Officiers dignitaires trs-ill.-. Chevaliers.
L'on nomme l'Orient Sanctuaire, et les colonnes du Midi et du Septentrion
des valles.
L'on date tous les actes de la valle de..., au point correspondant du
Znith, etc.
Les Chevaliers Rose-Croix font, leur rception, le choix d'un titre caract
ristique, sous lequel ils sont toujours dsigns.
Le vtement des Chevaliers est une tunique couleur chamois, ayant une croix
latine violette sur le cur; une ebarpe en soie rose avec frange en or; un cordon
port en sautoir, rouge d'un ct et noir de l'autre; du ct rouge est brode une
croix noire, etc., et du ct noir une croix rouge.
Le bijou est un compas couronn, ouvert sur un quart de cercle; entre les
branches sont un plican et une croix sur laquelle est une rose; le bijou est voil
et le cordon tourn du ct noir jusque aprs l'ouverture des travaux.
EXAMEN DU CANDIDAT
mes questions. O l'homme p-ut-il trouver ce qui est ncessaire son ducation?
R.-. L'homme le trouve dans sa nature : il trouve dans son corps la force
motrice de son perfectionnement physique, dans son me le principe de son
perfectionnement intellectuel et religieux, il trouve enfin en lui sa morale et sa
religion, et dans son corps une hase inbranlable et inattaquable.
Comment peut-on relever la dignit de l'homme?
R.-. Il faut lui faire considrer son existence comme divine, c'est--dire comme
sacre et inviolable; il doit s'estimer et se respecter lui-mme comme un tre
sacr, et, en cette qualit, ne rien faire qui ne relve sa uature.
D.-. Quel est le plus sage des hommes?
R -. Le plus sage de tous les hommes est celui qui se connat lui-mme, qui
connat sa nature intrieure et divine, et qui sent, qui pense, qui agit d'une
manire conforme cette connaissance; celui qui connat les forces de son corps
et les facults de son me, qui sait les dvelopper et les perfectionner par l'usage
de ses sens et de sa raison, qui sait les employer et les diriger vers le bien de sa
propre nature.
D. . Quelle est la vritable ducation de l'me humaine?
R.-. Elle consiste se former pour l'immortalit; l'homme doit se former
non-seulement pour la vie prsente, mais encore pour la vie future. Car que
serait-ce qu'une ducation dont les fruits ne s'tendraient pas au-del des bornes
de la vie?
Dois-je me former pour mourir ou pour vivre?
Que me servirait mon ducation, si je ne travaillais que pour la mort? Rien.
L'ducation est l'art de se former la vie, non pour un instant, mais pour
l'ternitp.
D.-. Pour former notre me, que faut-il faire?
R.-. L'me qui veut se former pour cette vie doit acqurir le plus haut degr
de force dont elle est susceptible pour diriger un corps mortel, pour lui apprendre
rsister aux lments, vaincre la douleur et surmonter tous les obstacles
qui se rencontrent dans le chemin de la vie; elle doit encore commander elle-
mme, vaincre les passions et triompher des vices.
D.-. En quoi consiste l'ducation du cur de l'homme?
R.-. A savoir bien aimer: il doit se former l'amour, il aime souvent sans
connatre; et pour se connatre en amour comme en amiti, il a besoin d'tre
clair des lumires de l'esprit.
D.-. Qu'est-ce que l'esprit de l'homme?
R.-. Une manation de la souveraine intelligence; c'est l'tre qui pense en
nous, qui conoit la raison des choses et les rapports des tres : lui seul est
capable de connaissance.
D.-. La nature de l'esprit est donc essentiellement intelligente ?
R.-. L'homme est non-seulement un tre extrieur, matriel et physique, il est
encore un tre sensible, intelligent et moral, capable de sentiment, d'amour, de
conceptions et de raisonnements.
Le cur aime, l'esprit conoit, l'intelligence connat et raisonne.
LE HAMEAU D'OR d'ELEPSIS 311
avec la nature et l'tat de l'homme, car cela tendrait sa destruction, et, par
consquent, son malheur.
Pour se procurer un solide bonheur, il ne suffit pas de faire attention au bien
et au mal prsents; il faut encore examiner quelles en seront les suites naturelles,
afin que comparant le prsent avec l'avenir, et balanant l'un par l'autre, on puisse
connatre d'avance quel en doit tre le rsultat.
D.\ Et la bienfaisance?
R.*. Dieu, la nature, la raison, nous invitent faire du bien.
Dieu, par son exemple et son essence; la nature, par le sentiment du plaisir
qu'prouve celui qui oblige; la raison, par l'intrt que nous devons prendre au
malheur de nos FF.'.; mais il ne faut pas oublier qu'un bienfait public n'en est
pas un.
D.\ Et la reconnaissance?
R.'. La reconnaissance est le tmoignage d'une belle me, et un sentiment plus
pur que celui qui inspire les bienfaits. La pratique de ce devoir n'est point
pnible; elle est, au contraire, suivie de tant de plaisir, qu'une me noble s'y
abandonne toujours avec joie; la bienveillance, la bienfaisance et la reconnaissance
forment l'humanit de l'homme et caractrisent l'espce humaine.
D.'. Et la gnrosit?
R.*. La gnrosit consiste faire pour nos semblables beaucoup au-del de ce
qu'ils peuvent esprer de nous. La gnrosit est une des plus admirables vertus
de la nature humaine; elle brille, dans tout son clat, par les manires dlicates
et flatteuses dont elle embellit ses bienfaits.
D.'. Qu'entendez-vous par superstition?
R.'. Un culte qui ne convient point, ou qu'on prte un tre qui n'en est pas
digne.
D.\ Le disme?
R.'. Est la religion de ceux qui attribuent tout la nature.
D.\ Le politichisme? . .
R.\ Est la religion de ceux qui pensent que le culte extrieur est une branche
du gouvernement.
D.'. L'indiffrentisme?
R.'. Enseigne que les hommes peuvent tre sauvs dans toute religion quel
conque.
D.*. L'hypocritisme?
R.*. Il consiste dans un simple extrieur de religion qui cache un cur dprav.
D.'. L'athsme?
R.\ Il frappe les fondements de toute religion, parce qu'il nie l'existence de
Dieu.
D.*. La prophlie?
R.\ Est la prdiction d'un vnement futur, qu'on ne peut prvoir, ni par les
causes naturelles, ni par l'tal actuel des choses qui y ont quelque rapport.
D.*, Qu'entendez'vous par philosophie?
R.'. L'amour de la sagesse, la science des principes, la connaissance de la vrit
LE RAMEAI D'OR d'eLEUSIS
D.'. Et la charit?
R.\ La charit est un devoir sacr de l'humanit.
D.*. Connaissez-vous l'art de prolonger la vie?
R.\ Oui ; il consiste dans la frugalit et la temprance.
Le rgime dittique d'Orphe et le rgime frugivore de Pythagore sont les
meilleurs pour arriver une longue vie.
Les hommes les plus forts, et ceux qui ont vcu le plus longtemps, ont tous
suivi ce rgime ; les hros, les sages, les lgislateurs n'en ont point eu d'autre,
et tous en ont fait une loi sacre.
D'aprs ces exemples, que l'histoire nous a transmis, on peut juger que le
premiers hommes, ne vivant que des fruits que la terre produisait d'elle-mme,
taient d'une force dont nous n'avons plus d'ide. Leur vie tait si longue, qu'ils
ont pens que le corps aurait pu tre immortel, aussi bien que l'me, si l'homme
n'et point dgnr.
Mener une vie simple et rgle, se lever avec le soleil, travailler avec modra
tion; un repos raisonnable, la propret et l'activit, des bains froids, surtout de
la gaiet.
D.'. Quelle est votre pense l'gard de l'homme et de la femme chasss du
jardin d'Eden par leur transgression aux commandements de l'ternel?
R.\ C'est l'emblme de l'obissance que l'homme doit aux lois de la nature, de
la justice, de l'humanit: lorsqu'il les oublie, il se rend malheureux, infirme,
ignorant; il dtruit toute socit, il renverse les lois que le Sublime Architecte des
mondes a imprimes la cration.
D.'. Et la voix qui sort du buisson ardent?
R.\ C'est une ligure symbolique, qui veut dire le feu de l'intelligence, la voix
de la conscience qui ordonne Mose d'aller trouver Pharaon et lui dire qu'il est
injuste, inhumain de tenir en esclavage des hommes ses FF.\; que la Providence
veille pour l'opprim, et chtie le mchant sans lui dire pourquoi; que la terre,
imbibe de larmes, lve dans le silence des nuits, aux pieds du Sublime Archi
tecte des mondes, une clameur incomprise des mortels inattentifs; qu'on est puni
de l'injustice qu'on a commise comme de celle qu'on n'a pas empche ; car il y
a solidarit entre tous les hommes, et ce n'est pas en vain qu'il a t dit : Aimez-
vous les uns les autres.
D \ Combien distingue-t-on d'espces de natures dans l'homme?
R.'. Deux. L'homme n'tant qu'une intelligence organise, c'est--dire soumise
par 6a nature complexe des besoins de deux sortes, sa premire nature est l'me
qui aspire continuellement vers la nourriture spirituelle; l'autre, plus grossire,
soumise toutes les infirmits d'une existence limite, dirige toute sa puissance
satisfaire ses apptits matriels.
D.'. La culture de la raison est-elle ncessaire?
R.'. Oui, la raison seule peut faire connatre les biens rels et les distinguer des
biens apparents, car c'est elle seule qui peut nous mener, par un calcul juste,
connatre la valeur et le prix des choses, et valuer les rapports des objets avec
notre perfection et notre bonheur.
*
LE HAMEAU D'OH d'KLEUSIS. 315
remplir, ils ont des obstacles vaincre, des erreurs combattre, des adversaires
redouter, une guerre ternelle soutenir contre l'ignorance et le vice; ils
doivent s'attendre aux perscutions rserves aux zlateurs de la justice, de la
vrit, de la vertu, et aux ennemis du mensonge.
Le Prsident fait un signe incompris du candidat, une porte masque s'ouvre
droite ; il lui remet un bton et lui dit: Tu vas entreprendre un pnible voyage,
mais ta conduite passe nous fait esprer que tu suivras, sans faiblir, la ligne
droite qui mne au sanctuaire de la vrit ; le F.', expert t'accompagnera, allez
tous deux, et que le Sublime Architecte des mondes soit avec vous.
L'obscurit la plus profonde rgne, il marebe faiblement dans la rgion du
nord, l'ingalit du chemin l'oblige s'arrter de lomps en temps et l'Expert
lui dit: Courage, mon F." courage... A peine sont-ils arrivs en face de la
colonne du nord, qu'une voix s'lve des profondeurs de la terre et dit : Homme
destin au travail, la peine et la douleur, console-toi, car tu es mortel ; le
matin tu te leves pour sentir le besoin ; tu te couches le soir, lass, abattu de
fatigue; console-toi, car la mort t'attend...
Que ce Dieu Tout-puissant qui anime le monde laisse chapper un souffle, c'est
la vie qu'il le retire, c'est la mort...
A la suite de ces paroles, le silence le plus profond rgne et l'Expert lui dit, en
lui dsignant la colonne du septentrion : La foi. Le candidat rpond :
R.\ La foi en Dieu nous sauve...
J'ai foi, que dans l'antique et sainte Maonnerie se trouve le dpt de toutes
les vrits utiles aux hommes.
D.\ Pourquoi, mon F.'., les sublimes vrits qui nous ont t transmises
restent-elles enfouies et souvent infcondes?
\\.\ C'est que le sanctuaire de la Mnonnerie est difficile et long ouvrir; c'est
une science au langage mystrieux, qui a plac son temple au milieu du dsert
pour que nul profane n'y atteignit sans y avoir t prpar par de longs et
pnibles voyages; il faut plus que du zle pour y pntrer, il faut une ferme
volont d'abord pour en trouver le chemin et un courage soutenu pour le suivre
jusqu'au but.
Il y a vingt sicles, l'un de nos sublimes matres nous l'a dit : Il y aura
beaucoup d'appels et peu d'lus.
Ils poursuivent leur voyage en se dirigeant l'occident. Arrivs la colonne,
V Expert lui dit :
D.\ L'esprance.
R.*. L'esprance est le bton de l'homme travers le rude et douloureux
voyage de la vie, c'est un sage qui nous conduit, c'est un ami qui nous conseille.
L'esprance, sainte Bile du ciel que Dieu fil descendre sur la terre, que ton charme
est puissant et que ta voix est douce au cur du malheureux ! tu parais, et la nuit
rayonne, sois bnie! Esprance, l'enfant te trouve auprs de son berceau, l'homme
au milieu de son uvre, et le vieillard au bord do la tombe, lorsqu'aprs son long
plerinage ici-bas, et fatigu de la route, ton doigt lui montre le ciel, sois bnie,
esprance! car avec ton aide nous parvenons acqurir la science.
318 LE RAMEAU D'OR d'ELEUSIS
semblables; la modestie seule est capable de dsarmer l'envie. Tout tre vraiment
sociable doit se prter la faiblesse humaine, rsister aux mouvements d'un
amour-propre qui lui attirerait la haine et le mpris; l'homme vertueux doit
dsirer la bonne opinion de ses semblables, et il s'loignerait de ce but si, par son
arrogance, son orgueil, sa prsomption et sa vanit, il affligeait les hommes dont
il veut mriter l'amour. La modestie est une vertu digne d'admiration, c'est une
espce de verni qui relve les talents, soit naturels soit acquis; elle est la vertu
ce que le voile est la beaut.
D.-. A la cinquime?
R.-. La Prudence est une vertu qui consiste prvoir toutes les consquences
d'une dmarche, les raisons qui encouragent la faire ou l'viter, les difficults
qu'on peut rencontrer en agissant, les moyens qu'il faut mettre en uvre pour
s'assurer le succs dsir; la prudence demande qu'on pse la dmarche, les
moyens, les suites, les prils et le rsultat; la prudence enfin exige qu'on ait soin
d'viter tout ce qui pourrait faire mal.
D.-. A la sixime ?
R.-. La Douceur est cette heureuse disposition de l'esprit et du cur, qui nous
rend modrs dans les injures que nous recevons, patients dans les torts que
nous endurons, tranquilles dans les maux que nous souffrons; elle se manifeste
dans les discours par la circonspection et la modestie avec lesquelles nous parlons,
dans tous les mouvements par la dcence qui les accompagne ; elle est oppose
l'irritation, la colre, l'emportement, au courroux et la violence ; elle porte
la bienveillance universelle et la char it, qu'elle nourrit, entretient et accom
pagne; enfin, elle sert rgler toutes les passions tumultueuses et irascibles de
l'me; la douceur nous rend sociaux et aimables.
D.-. A la septime ?
R.-. La Candeur consiste dans ce caractre de vrit, qui imprime aux dis
cours, aux actions et aux procds, l'air du visage et la contenance, le sen
timent intrieur de la puret de l'me, qui l'empche de penser qu'elle ait rien
dissimuler, rien dguiser, rien taire, rien dont il lui importe de drober la
connaissance aux autres hommes; l'ide du mal ne s'offre point l'me qui est
i . pare de candeur, et cette vertu commence s'effacer ds qu'on perd l'innocence
et qu'on apprend connatre le mal.
Sur l'ordre de l'Expert, le candidat prend le livre de la vraie lumire qui se
trouve sur la dixime marche, il descend paisiblement et se dirige vers l'orient;
uie porte s'ouvre droite, il s'y engage, mais cette ouverture est l'entre d'un
! troit souterrain dans lequel on ne pntre qu'en rampant; aprs bien des dtours,
il lit cette inscription en lettres de feu : Si tu peux pntrer plus avant sans
frayeur, tu recevras la lumire, et tu auras le droit de prparer ton me la
j rvlation des mystres des Rose-Croix...
320 LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS
PRIRE
le plus ancien alchimiste arabe ; Al-Faroby, dont les ouvrages manuscrits sont
la bibliothque de Leyde ; Paracclse, lioijer Bacon, en Angleterre ; Arnault de
Villeneuve, Nicolas Flamel, en France ; Albert le Grand, en Allemagne ; saint
Thomas d'Aquin, en Italie ; et surtout Raymond Lulle, en Espagne.
Ils appelaient leurs oprations le Grand-uvre ou la pierre philosophale ", l'or
tait le roi, son dissolvant le bain, ou l'eau rgale; toutes les expressions taient
mystrieuses.
On a fait du roi Salomon un alchimiste qui on a attribu la Clavicule, livre
apocryphe o seraient enferms les arcanes du grand-uvre; s'il y a eu des
alchimites qui ont abus de cette science pour faire des dupes, il y en a eu aussi
de bonne foi, qui, anims de sentiments plus gnreux et fortement pntrs de
la ralit de leur art, ont dirig franchement tous leurs efforts et consacr leurs
veilles au bien de l'humanit.
L'emblme des chevaliers est une croix, au pied de laquelle est un plican et
au milieu une rose ; la croix reprsente l'arbre de la science ; la rose, le produit
brillant de l'imagination et de la posie ; le plican est l'emblme de la mort et
de la renaissance perptuelle de la nature.
Les lgendes qui veulent que ces emblmes soient emprunts uniquement au
Christianisme ne sont pas dans le vrai.
Cette croix se rattache au culte maonnique primitif, elle faisait partie du sym
bolisme de cette institution, dont la connaissance formait une partie de l'ensei
gnement secret des chapitres.
Ce symbole existait dans l'le de Cozumel et sur les ctes de l'Yucatan (Mexique),
prs de quatre cents ans avant J.-C. Ce signe tait rvr comme la divinit de la
pluie, allgorie de la fcondit. Quetzalcoatl, lgistaleur des Indiens, tait repr
sent avec une robe couverte de croix.
D.'. Quelle est la mission des chevaliers Rose 'Croix?
R.\ Les Chev.\ sont chargs de conserver le feu sacr de la Mac.*, et de
rappeler tous nos FF.', que notre dogme, nos mystres et les grades philoso
phiques rclament l'tude de la nature et des sciences sublimes, et qu'il nous
ordonne l'ordre, la bienfaisance et la probit.
D.'. Que signifient les tnbres auxquelles succde une lumire clatante,
la parole perdue et retrouve, la colonne brise, les instruments du travail
disperss?
R.\ Ils symbolisent le dcouragement remplac par l'allgresse et le travail,
le triomphe du bien sur le mal, de la vrit sur l'erreur, de la foi claire sur la
superstition, l'abrutissement et la misre des peuples dans le premier tat, l'am
lioration de leur sort dans le second.
D.'. Que signifie le voyage du candidat?
R.\ Les efforts qu'exige l'acquisition de la science pour augmenter le trsor de
nos connaissances; il est le symbole de cette vie passagre, il nous indique que
nous devons employer avec activit tous les moments afin de la rendre utile.
D.'. Que signifient maonniquement les douze signes du zodiaque?
R.\ Les potes de l'antiquit les ont appels les Douze Temples ou Palais du
LE RAMEAU D OH D ELEUSIS 325
Soleil, parce que dans sa rvolution annuelle, il semble parcourir ces douze signes
un par mois, trois par saison ; dans ce parcours, il arrive priodiquement sur
chaque branche de la croix mystique des Chev.-. Rose-Croix : c'est pour cela que
ces quatre branches indiquent les quatre principales poques solaires, quinoxiales
et solsticiales.
D.-. Dans quel but se trouvent placs sur la croix la rose, l'toile flamboyante,
le Jhovah et un plican ?
R. . Ce sont autant d'emblmes du feu divin, de la lumire vivifiante qui se
renouvelle sans cesse, de la bienfaisance inpuisable, de la source divine qui,
du centre de l'univers, lui donne ses lois, rgle le cours des astres, verse la
fcondit sur la terre, et lui prodigue ses ornements, afin que ses enfants soient
heureux.
D.-. Que signifie la rose ?
R. -. Par son alliance avec la croix, elle exprime le mlange des jouissances et
des peines de la vie ; ce symbole nous indique que nos plaisirs, pour tre suaves
comme elle, doivent en avoir la dlicatesse, et qu'ils sont de courte dure lors
qu'on s'y livre avec excs.
D.-. Que signifie le plican ?
R.-. Le plican st l'emblme de la mort et de la renaissance perptuelle de la
nature; c'est la terre qui nourrit ses enfants, c'est une mre qui remplit ses
devoirs sacrs, un bon pre pour sa famille, c'est la charit envers nos FF.-.
D.-. Quel est le mythe cach sous la fable du phnix ?
R.-. Suivant les traditions profanes, cet oiseau mystrieux, aprs une vie de
1461 ans, arrivait de l'Orient dans le temple vnr d'IIliopolis, et, se posant sur
un bcher tic myrthe et d'encens, expirait au milieu des flammes; mais peine
son corps tait-il rduit en cendres qu'il renaissait glorieux, et, prenant son vol
l'Occident, s'laUait dans une vie nouvelle pour revenir mourir priodiquement
sur le mme autel aprs chaque srie de 1461 ans. Dans sa signification gnrale,
cette fable tait l'emblme de l'immortalit; mais elle indiquait plus spcialement
la concidence du lever de Sothis ou Syrius avec le premier jour du mois de
thoth, c'est- dire le commencement de la priode sothique.
D.-. Que signifie l'toile flamboyante?
R.'. I.e symbole du soleil, emblme de la Divinit.
D.-. Et la croix?
R.-. Ce symbole a servi dans l'antiquit indiquer les chemins; elle a t
consacre, en Chine, l'adoration du Sublime Architecte des mondes; on a
trouv, dans l'Asie septentrionale et dans quelques parties de l'Amrique, de
grandes pierres en forme de croix, adores par les anciens peuples; plusieurs
divinits mythologiques ont eu la mme forme dans la Grce; en Egypte, les thos
(bornes) taient souvent en bois, et figuraient une croix ; sur la pice transversale
taient des inscriptions relatives aux sciences et aux arts, et, pour multiplier ces
i iscriptions, on mettait quelquefois deux ou trois traverses, ie qui faisait des
croix doubles et triples, que l'on voit frquemment dans les monuments antiques,
ainsi que des croix simples; elle y tait encore considre comme la clef du Nil,
326 LE RAMEAU d'or d'eLEUSIS
auquel ce pays doit sa fertilit; le tau, en effet, est notre T.'. En prolongeant la
ligne verticale au-dessus de la transversale, avec un anneau l'extrmit, on a l
figure d'une clef cruciforme. Les prtres de Alithra , dieu-soleil des Perses ,
faisaient le signe de ce tau ou de la croix, sur le front de leurs initis; on voit
combien tait gnrale la vnration de ce signe, avec des motifs diffrents.
On remarque avec autant de plaisir que d'intrt comment le bon sens naturel
a su, lorsque la science tait peu avance, reprsenter, par un signe aussi Simple
que deux btons qui se coupent dans leur milieu angles droits, le cours du soleil
et la marche des saisons ; il n'est pas tonnant que, pour mieux fixer l'attention
de9 peuples sur ces grands phnomnes, auxquels nous devons les productions de
la terre, et les exciter une pieuse reconnaissance envers leur auteur, on ait fait
de leur signe reprsentatif un symbole religieux.
La ligne hoi izontale reprsente l'quateur, et la verticale, le mridien ; on a
ainsi quatre extrmits o l'on place les quatre points cardinaux, puis les qui-
noxes de printemps et d'automne aux deux extrmits de l'quateur, elles deux
solstices d't et d'hiver, celles du mridien, par consquent les quatre saisons.
Par analogie, on runit au printemps l'adolescence et le matin; l't, l'ge
adulte et le milieu du jour; l'automne, la vieillesse et le soir ; l'hiver, la ca
ducit suivie de la mort et la nuit. Les alchimistes ont ajout ces quatre points
ce qu'ils appelaient les quatre lments gnrateurs : le feu, l'eau, l'air et la terre,
j qu'ils expriment par des signes de convention.
! D.\ Que signifient les*trois colonnes que vous avez rencontres dans votre
voyage ?
R.\ La premire est celle de la foi ; elle symbolise, non cette foi aveugle et
superstitieuse, qui rejette tout examen, qui abdique la raison, le plus beau pr
sent fait l'homme par la Divinit, mais bien cette conviction intime des vrits
ternelles, qui nous attache tout ce qui est beau, noble et gnreux; cette con
fiance filiale dans la suprme bont de Dieu, qui fait quelquefois passer au creuset
le l'infortune pour nous rendre meilleurs; cette foi du cur qui ne nous trompe
jamais. Elle nous conduit la vertu, au bonheur et aux jouissances que pro
cure une bonne action.
La seconde colonne est celle de l'esprance ; elle symbolise le courage indispen
sable l'homme pour travailler au bien de l'humanit. Dieu a plac l'esprance
dans nos mes pour nous consoler et nous soutenir dans nos peines ; elle nous est
recommande par le signe que nous faisons en levant les yeux au ciel, pour de
mander au Sublime Architecte des mondes de nous donner la force de vaincre
nos passions et de marcher sans obstacle dans le sentier de la vertu.
La troisime colonne est celle de la charit ; cette vertu divine symbolise la
bont, manation du Sublime Architecte des mondes; par elle l'galit n'est pas
un vain mot, mais bien un droit sacr; ange consolateur, elle apaise les maux
du riche, du pauvre, de la veuve, de l'orphelin et du vieillard qui souffre; elle
sou tient et console le malheureux expirant, abandonn sur un lit de douleur, et
ses sublimes inspirations s'lvent jusqu' l'Eternel.
Soyons donc charitables, car nous sommes sur terre les images de Dieu.
LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS 327
hommes vers la justice et l'amiti, pour les rendre heureux ; c'est lui qui juge les
curs, qui donne la joie aux bons et les remords aux mchants.
D.\ Quelle est l'origine des signes ma.'.?
R.\ Les signes ma.'. nous viennent de la plus haute antiquit ; nous avons vu
des abraxas, avec le Pre ternel, ou l'emblme du Sublime Architecte des
mondes, ayant les bras croiss, dans le signe du bon Pasteur; les hirophantes
d'Hliopolis sortaient toujours de chez eux en portant la main comme les Maons
modernes quand ils se mettent l'ordre.
D.\ Que signifie le mot initiation ?
R.'. Il signifie naissance une vie nouvelle, c'est--dire que le profane, pour
tre admis dans notre sublime institution, doit se dpouiller des erreurs, des
prjugs, et principalement des dfauts et des habitudes vicieuses qu'il a pu
contracter dans le monde.
D.'. Quel est le but de notre antique et vnre institution '.'
La fusion de toutes les croyances religieuses et runir tous les hommes
dans un seul faisceau, attendu qu'il n'y a qu'une essence vitale, qu'une seule
nature d'me, qu'un seul souffle divin.
D.'. Comment le ehev.'. Rose 'Croix considre-t-il les hommes et les choses?
R.'. Par les conseils de la raison, il considre les objets sur toutes leurs faces,
et trouve le plus grand bien o il y a moins de mal ; il voit les hommes tels que
les a crs la nature, dous de qualits contraires; il ne ddaigne pas en eux
celles qui mritent son attachement et son estime, pour ne voir que leurs imper
fections ; il n'en redoute pas plus de mal, et n'en attend pas plus de bien qu'ils
ne peuvent lui en faire. Appuy sur ces maximes, il n'est plus le jouet de ses
passions, de ses incertitudes, il rflchit sur tous ses choix et toutes ses actions,
pour les accorder avec les principes de la raison et de la vertu ; soumis avec
rsignation aux maux insparables de son existence, la succession rapide des
vnements heureux ou malheureux, aux phnomnes de la nature, il regarde le
temps qui entraine tout avec lui comme le plus grand des consolateurs, il n'ou
blie jamais qu'tant un compos prodigieux de l'esprit et de la matire, ces deux
lments de son tre ont l'un sur l'autre une mutuelle action.
D.'. Que signifie le hibou V
R.'. L'homme, sa naissance, est aveugle comme le hibou, et il ne devient
homme qu' l'aide de l'exprience et des lumires de la philosophie.
D \ Et la cruche d'eau?
R.'. Elle symbolise la soif des sciences.
D.'. Que signifie l'arc-en-ciel?
R.'. L'harmonie de tous les bons sentiments. ,
D.'. Le maillet?
R.'. Le maillet prsida la naissance des arts. C'est l'emblme de la force sou
mise l'intelligence et la sagesse; le nombre trois caractrise sa forme, et la
croix qu'il reprsente est le symbole de l'immortalit.
D.'. Et le ciseau?
R.\ Le ciseau polit et perfectionne ce qui est informe; il symbolise donc le gnie.
330 LE KMEAU D'OR D'ELEUSIS
SUSPENSION
PRIRE
TUILEUR
Signe cTordre. Les yeux levs vers le ciel, les bras croiss sur la poitrine, les
mains tendues; il se nomme signe du Bon Pasteur.
Signe de reconnaissance. La main droite leve, et de l'index lev montrer le
ciel, et en rponse montrer la terre du mme doigt. Faire alternativement ces
deux mouvements.
Signe de secours. Croiser les jambes en passant la droite derrire la gauche ;
on rpond en faisant le mme mouvement de la jambe gauche.
LE RAMEAU D*OR D'eLKDSIS 331
Attouchement. Ayant les bras toujours croiss sur la poitrine, s placer en face
l'un de l'autre, s'incliner pour le salut, et aussitt aprs, se poser rciproquement
les deux mains sur la poitrine, saris dcroiser les bras ; dans cette position se
donner le baiser fraternel et le mot de passe.
Batterie. Sept coups par six et un.
Age. Trente-trois ans.
Mot de passe. Emmanuel (Dieu avec nous) ; la rponse est : pax vobis (paix avec
vous).
Mot sacr. I. N. R. I. Il ne se prononce pas en entier, on nomme alternative
ment les lettres qui le forment.
L'acclamation, aprs avoir fait la batterie, est : Hoschta (Sauveur).
Marche. Trois pas prcipits.
PREMIRE CLASSE
1 . Novice. Prparation.
2. Minerval. Mditation.
3. Apprenti.
4. Compagnon.
5. Matre.
DEUXIME CLASSE
6. Illumin mineur.
7. Illumin majeur.
8. Novice Ecc.-. j
9. Chevalier Ecc.-. ou illumin directeur. I\
TROISIME CLASSE
40. Epopte illumin (celui qui voit tout dcouvert).
1 1. Rgent ou prince illumin.
332 LE RAMEAU D-OR d'LECSIS
QUATRIME CLASSE
12. Mage philosophe.
13. Homme roi.
Dans ses premires instructions, il ordonna l'tude des anciens mystres gyp
tiens comme ncessaires la connaissance de ceux de l'Illumination.
Pour les preuves, il les a tablies trs-rudes; la rception est faite dans les
tnbres; le nophyte est au milieu de squelettes et environn de FF.-, masqus
qui mettent tout en uvre pour l'effrayer, dans le but de dcouvrir son caractre.
Si l'on examine les anciennes initiations, on verra que la fantasmagorie, les
breuvages, les saignes, les jenes et tout ce qui fatigue le corps et affaiblit les
facults intellectuelles, taient mis en usage.
TUILEUR
NOVICE (PREMIER DEGR)
Signe. Poser la main droite sur la bouche, regarder le ciel et placer le pied droit
en arrire.
Parole sacre. Ramah.
Parole de passe. Urim, illumination.
Dcor. Cordon bleu, liser noir.
Signe. Le genou droit terre, les main jointes, les yeux levs au ciel.
Parole sacre. Moriah (terre de la vision).
Parole de passe. Emeth vemouna (vrit, fermet).
Dcor Cordon blanc moir, liser or; sur le devant sont brods en or le Soleil,
la Lune et les sept plantes connues des anciens.
EXAMEN
D.-. Crois-tu avoir t cr pour l'immortalit?
R.-. Oui, car nous sommes des manations de la souveraine puissance, nous
avons quelque chose de sa bont et si nous l'aimons, si nous sommes purs, nous
retournerons elle. Mais nous devons nous former l'amour du beau, du bon,
du vrai et du juste, et nous lever jusqu'au temple Saphenath Pancah pour y
faire notre demeure ternelle.
LE RAMEAU D'OR d'ELEUSIS 335
rgne entre tous les corps; il est le type de la perfection divine, savoir : le rgne
minral symbolise Tub.-., le rgne vgtal symbolise Chb.-., le rgne
animal symbolise Mach.-.
Le Pass, Le Prsent, L'Avenir,
La Naissance. La Vie. La Mort.
L'difice ma.-. repose sur un carr dont les angles expriment les mots
suivants : Silence, Profondeur, Intelligence, Vrit.
D.-. Que signifie le centre de la circonfrence ?
R.-. L'esprit universel.
D.-. Voyez cette ligne droite, ct de laquelle se trouve une ligne courbe, qui
s'approche continuellement et l'infini sans pouvoir se rencontrer jamais : on
l'appelle, en gomtrie, ligne asymptote; elle est le symbole de l'ternit, etc.
TUILEUR
Pour les trois premiers grades, voir le Tuileur des anciens Maons libres et
accepts (rite anglais) le plus universellement pratiqu.
Signe. Porter la main droite sur les yeux et la descendre sur le cur.
Atlovchement. Se prendre mutuellement la main droite et la serrer lgrement
neuf fois.
Parole de passe. Haver.
Parole sacre. Legolam.
Signe hiroglyphique. Un point dans un cercle.
Dcor. Cordon rouge moir, sur lequel est brode en or une toile flamboyante.
MAONNERIE PYTHAGORICIENNE
Nous ne donnons pas de nom au crateur des mondes, car un nom ne sert qu'
tablir une distinction ; celui qui est seul n'en a pas besoin, car nul n'est l... qui
pourrait tre confondu avec lui... Travaille... travaille... car le temps perdu ne
revient pas... Hier a t une journe mal employe : les heures se sont coules
comme les grains qui se succdent dans le sablier du temps. Aujourd'hui, c'est le
temps prsent, le seul moment vritablement toi. Travaille pour faire le bien,
pour jouir, car si tu n'y prends garde, tu vas perdre toute ta vie ne rien faire ;
songe que chaque minute que tu comptes est dj tombe dans l'ternit ! Celui
qui dit : je rattrapperai le temps perdu, est un sophiste : le temps chapp est
jamais perdu pour lui, pour l'humanit, et c'est un vol commis au prjudice de
ceux auxquels il pouvait faire du bien. Demain ne t'appartient pas. Que sera pour
toi ce demain inconnu? peut-tre la maladie... la misre... le crime... la mort...
et c'est sur demain que tu dois faire... Infortun, mdite et comprends enfin qu'il
faut mettre profit le temps qui est nous, car, qui peut savoir ce que lui rserve j
l'avenir?... etc. j
TU1LEUR
lotus est une espce de nymphia qui vient abondamment au bord du Nil, et donne
une belle fleur qui s'panouit le matin et se ferme le soir.
: i
M
MAONNERIE FRANAISE
(grand or.'.)
Loge, qui refusa positivement de reconnatre son dlgu. Lacorne tablit alors
une seconde Grande Loge, en rivalit de celle qui n'avait pas voulu de lui; mais
le comte de Clermont, cdant aux observations qui lui furent laites, rvoqua
Lacorne et nomma le F.-. Chailloude Joinville pour son reprsentant. Ces deux
Grandes Loges s'anathmatisrent, et les choses en vinrent un tel point que les
travaux cessrent le 24 juin 17G7. Mais laissons l ces tristes dbats, et songeons
qu'une uvre aussi belle que la Maonnerie ne saurait tre souille par les pas
sions qui se couvrent de son auguste manteau. La premire Grande Loge reprit
les travaux le 21 juin 1772, en se constituant sous le titre de Grand-Orient, nom
sous lequel elle a continu d'tre connue.
Le 5 mars 1773 eut lieu la premire assemble du Grand-Orient; il se procla
ma le 9 du mme mois, et les nominations du duc de Chartres, comme Grand-
Matre, et du duc de Luxembourg, comme Grand-Administrateur, furent confirmes.
Le 24 juillet suivant, le duc de Luxembourg installa les trois chambres qui le
composaient alors.
Le Grand-Orient, marchant rapidement vers une unit maonnique devenue
dsirable, faisait de nombreuses amliorations.
Le 14 juin 1773, il supprima l'inamovibilit des Vnrables, qui taient alors
Matres des Loges, d'o tait venu le grade de Matre ad vilain; le 23 octobre
suivant, il donna pour la premire fois un mot de semestre ; enfin, le 27 dcembre
1774, il substitua le nom d'Ordre maonnique celui d'Art royal.
Le 13 mai 1793, la Grande-Matrise fut dclare vacante.
Pendant l'organisation du Grand-Orient, et mme antrieurement, d'autres rites
s'taient tablis en France.
Le 15 avril 1747, Charles-douard Smart avait institu Arras un chapitre
primordial d'Ecosse Jacobitej en 1754, le chevalier de Bonneville avait fond un
chapitre de H.-. G.-., dit de Clermont; le chap.-. des Emp.-. d'Or.-, et d'Occ.-. le
fut Paris, en 1758, et l'anne suivante, un chapitre des P.-. du R.-. S.-, s'tablit
Bordeaux; enfin, le F.-. Pirlet fonda, le 22 juin 1762, le cons.-. des chev.-.
d'Or.-.; et le 21 septembre de la mme anne, le cons.-. des Emp.-. d'Or.-, et
d'Occ.-. et celui du R.-. S.-, arrtrent la Maonnerie de perfection au vingt-
cinquime degr.
Le F.-. Stephen-Morin avait reu, l'anne prcdente, pouvoir du Cons.-. des
Emp.-. d'Or.-. et d'Occ.-. de propager la Maonnerie en Amrique, d'o le
F.-. Hocquet, en 1803, et le F.-. Grasse-Tilly, en 1804, la rapportrent en France,
le premier avec 25 d.-., le second avec 33 degrs.
Le F.-. Mathus tablit galement, en 1786, une S.-. G.-. L.-. du rite d'Her.-.
de Kilwining, Rouen.
Le Grand-Orient songeait depuis longtemps runir sous son obdience tous
les rites dissidents.
Le 27 dcembre 1801, il accueillit le Chap.-. d'Arras; le 5 dcembre 1804, il
reut galement dans son sein la Grande Loge coss.-. du rit ancien; mais cotte
union fut rompue. Ce ne fut que le 16 septembre de l'anne suivante qu'un
concordat dfinitif eut lieu. Le 19 du mois de dcembre 1804, le Grand-Orient
342 LE BAMEAU d'OR D'ELEUSIS
dclara qu'il reconnaissait tous les rites. Conformment cette dcision, il nomma
un directoire des rites, qui fut install le 25 juillet 1805; ce directoire a t
remplac par un grand collge, divis en autant de sections qu'il y a de rites
maonniques reonnus.
Le collge des rites, tabli dans le sein du Grand-Orient de France, est le
pouvoir collateur et rgulateur des derniers degrs de chacun des rites reconnus
en France par lui.
Mais n'anticipons pas. Depuis la mort du duc d'Orlans jusqu' l'avnement de
l'empire, aucun Grand-Matre ne fut nomm.
Ce fut en 1805 que le prince Joseph Bonaparte fut proclam Grand'Matre; mais
il ne parut jamais aux travaux du Grand-Orient. Le prince Cambacrs, lev
la haute dignit de Grand-Matre adjoint, et le F.'. Roettier de Montaleau, Grand
Vnrable, dirigrent seuls la Franc-Maonnerie franaise. Enfin, les vnements
politiques de 1814 ayant chang le gouvernement, le Grand-Orient dclara que
la Grande-Matrise en France serait remplie par une commission de trois officiers
d'honneur, qui prendraient le titre de Grands Conservateurs de l'Ordre; et le
marchal Magdonal, le comte Beurnonville et le comte de Valence furent nomms
cette dignit. Le F.*. Roettier de Montaleau fut lu reprsentant de cette com
mission.
N'ayant pas l'intention de faire ici l'histoire du Grand-Orient de France, nous
ne le suivrons pas dans les vicissitudes qu'il a subies. Si l'institution qui le
dirige prouva de nombreuses atteintes, c'est qu'elle n'avait pas su prendre les
mesures convenables pour arriver l'unit par la concentration de toutes les
dissidences.
Mais dj elle s'est releve dans son administration intrieure en rtablissant la
Grande-Matrise et en levant cette dignit un prince qui a signal son avnement
par l'acquisition d'un temple. Son Excellence le marchal Magnan a succd au
prince Murat dans la direction du Grand-Orient de France ; il a t install solen
nellement et les paroles qu'il a fait entendre sont pleines d'avenir pour la pros
prit de notre sublime institution.
TUILEUR
degr. Apprenti. \
2B Compagnon. ' Maonnerie bleue ou symbolique.
3e ' Matre. )
4 lu. 1* Ordre.
5* cossais. 2 Ordre.
LE RAMEAU D'OR d'ELEUSIS 343
au-dessous de la bavette (au milieu du tablier sont brodes les lettres M.-. B.-.),
plus un cordon bleu moir, port en charpe de droite gauche; au bas est sus
pendu, avec une rosette bleue, le bijou, qui est une querre, sur laquelle se croise
un compas ouvert quarante-cinq degrs; gants blancs, habit noir.
la main gauche, dont ils entrelacent les doigts et se donnent le baiser de paix en
disant, l'un : Juda, et l'autre rpond : Benjamin.
Batterie. Sept coups, par cinq et deux.
Marche. Sept pas, trois de Matre en avant, trois en arrire, et un pas ordinaire
en avant, les pieds en querre.
Mots de passe. Ja voroum, Hammam (ils passrent les eaux).
Mot sacr. Juda.
Rponse. Benjamin.
Dcor. Tablier blanc, doublure et bordure verte, la bavette basse; on peut
broder un pont sur un fleuve charriant des ttes de mort, et au milieu deux
glaives en sautoir. Cordon vert moir, sur lequel doivent tre brods une pe et
un sceptre, placs en sautoir, et surmonts d'un soleil ; plus les lettres L.\ D.\
P.\ Ce cordon se porte en charpe, passant de gauche droite.
Les Chevaliers d'Orient portent en outre une charpe en ceinture, couleur vert-
d'eau, avec une frange d'or, et pour bijou deux pes croises sur un triangle.
BANQUET DES CHEVALIERS D'ORIENT
Les Chevaliers d'Orient ont toujours le glaive la main.
Commandement. Aux armes, Chevaliers ! (Tous les Chevaliers se lvent.) Dra
peau autour de la ceinture ! main droite au glaive ! haut le glaive ! salut du glaive
en trois temps! main gauche au canon 1 haut le canon! vidons en trois temps! en
avant le canon ! exercice du glaive ! posons le glaive et le canon ! (Batterie.)
Acclamation. Gloire au Sublime Architecte de l'univers!
SOUVERAIN PRINCE ROSE -CROIX (QUATRIME ORDRE, SEPTIME DEGR)
Ordre. Les bras croiss sur la poitrine, les mains cartes; il se nomme signe
du Bon pasteur.
Signe. Lever les mains, les paumes en dehors, les doigts entrelacs la
hauteur du front, en regardant le ciel.
Rponse. Lever, la hauteur du front, la main droite ferme, l'index lev, pour
indiquer le ciel que l'on regarde en mme temps.
Signe de secours. Lever la jambe droite derrire la gauche, et la croiser la
hauteur du mollet; on rpond par le mme signe excut de la jambe gauche.
Attouchement. Placer rciproquement la main droite plat sur la mamelle
droite du F.\ et la main gauche sur la mamelle gauche, et se donner le baiser
fraternel en disant, le premier : Emmanuel; le second rpond : Paix profonde.
Mot de passe. Emmanuel.
Rponse. Pax vobis.
Mot sacr. I, N, B, I.
Age. Trente-trois ans.
Marche naturelle, par trois pas prcipits, mais tant l'ordre, et faisant
une gnuflexion avant de se placer.
Batterie. Sept coups, six et un.
Accla7nation. Ose ! rpt sept fois.
348 LE RAMEAU d'OR d'LECSIS
Signe de la loi. Les mains jointes l'une contre l'ait; ie, les doigts allongs;
ouvrir les mains comme on ferait d'un livre. (Ce signe symbolise les tables de la
loi.)
Signe de la tour. Porter la main gauche plat sur le ct gauche du F.'. Tui-
leur, et la main droite sur l'paule gauche.
Signe du pidestal. Regarder la paume de la main droite et la porter ensuite
sur le front.
Signe du cliapiteau. Etendre ses deux mains contre le front, la paume tant
en dehors.
Signe d'Hrdom. Ayant la main droite ferme, le pouce lev, la porter la
hauteur du front, la descendre jusqu' l'estomac, la diriger vers la gauche, la
ramener droite, enfin figurer une croix.
LE RAMEAU D'OR d'LEUSIS. 34!)
Signe gnral. Les bras croiss, lever les mains vers le ciel et les laisser
retomber devant soi.
Rponse. De la main droite, montrer, avec l'index, le ciel.
Attouchement d'Hrdom. Se placer eu face l'un de l'autre, et se mettre rci
proquement les mains sur les hanches.
Batterie. Trois coups gaux.
Mot de passe. Emmanuel.
Rponse. Zorobabel.
Parole particulire. I, N, R, I.
Parole gnrale. Raphodom.
Rponse. Salathiel (demande de Dieu).
Grandes paroles. Moabon, Hiram, Jhovah.
Les Chevaliers portent la jambe gauche une jarretire verte, sur laquelle est
brode la devise : Virtute et silentio.
Marche. Trois pas prcipits.
Dcor. Tablier blanc, bord de rouge, sur lequel sont peintes deux sphres et
leur pied ; au milieu, un soleil rayonnant, ayant au centre un compas ouvert sur
une rgle.
TUILEUR
CHRONOLOGIE
dei
GRANDS MAITRES DE L'ORDRE
MAONNERIE COSSAISE
Nous avons dit que l'origine de la Franc-Maonnerie se perd dans la nuit des
temps, que mille opinions contradictoires ont t admises sur ce sujet, mais
qu'aucune n'a pu prendre une prpondrance assez marque pour rallier l'opinion
gnrale.
De l, des systmes plus ou mieux ingnieux, mais tous errons, lorsqu'ils ne
sont pas coupables, et qui ont fait des Loges maonniques une arne, et de cette
sublime institution une thse oiseuse pour la multitude des esprits superBciels,
LE RAMEAU d'or d'eLKCSIS. 351
fondrent une cole de science salomonique qni se runit Ormus. Les dis
ciples d'Ormus restrent seuls dpositaires de l'ancienne sagesse gyptienne;
ils la communiqurent en partie aux Templiers, connus sous le nom de Cheva
liers de la Palestine.
En 11S0, ils arrivrent en Sude, sous la conduite de Garimont, et se prsen
trent l'archevque d'Upsal, qui reut d'eux le dpt des connaissances qu'ils
avaient acquises.
Ce furent ces initis qui tablirent la Maonnerie en Europe.
Aprs la mort de Jacques Molay, des Templiers cossais, devenus apostats
l'instigation de Robert-Bruce, se rangrent sous les bannires d'un nouvel Ordre
institu par ce prince, et dans lequel les rceptions furent bases sur celles de
l'Ordre du Temple ; c'est l qu'il faut chercher l'origine de la Maonnerie
cossaise.
Les Maons d'Orient restrent fidles aux antiques traditions, et les autres
fondrent un nouveau rite.
Nous lisons dans les tudes historiques et philosophiques sur la Franc-Maon
nerie ancienne et moderne (p. 108 et suivantes), par le T.'. IlI.'. et T.'. Resp.'. F.'.
J.-S. Boube, savant rudit : La Maonnerie cossaise doit son origine l'un des
enfants de l'Ecosse, Andr-Michel Ramsaij, nomm orateur de la Loge, au Lion-
d'Argent, lors de la nomination de milord d' Barnouester la dignit de Grand-
Matre, en 1736.
Anim du dsir de se faire un nom, Ramsay imagina d'y parvenir par la
Maonnerie. Il btit son systme sur l'histoire emblmatique des Chevaliers du
Temple. Il supposa que Robert-Bruce n'avait eu pour objet, en crant cet Ordre,
que de rcompenser les Templiers qui l'avaient aid reconqurir son u ne, en
perptuant le dsir de les venger et de leur faire rendre leurs biens et leur puissance.
C'est sur cette fausse ide que Ramsay tablit une nouvelle Maonnerie, et
qu'il remplaa l'querre et le flambeau symbolique par le poignard et la torche
des Kadosch.
Sa doctrine fut rejete par la Grande-Loge de Londres, laquelle il l'avait
soumise, et qui crut devoir renfermer tout le systme maonnique dans les trois
premiers grades symboliques, systme dont elle ne s'est point dpartie.
Mais rentr en France, Ramsay y obtint plus de succs; ce ne fut, il est vrai,
qu'un succs posthume, puisqu'il mourut, peu de temps aprs, Saint-Germain-
en-Laye, et que le premier Kadosch qui fut pratiqu dans le royaume, le fut
Lyon en 1743, mais enfin son systme se fit jour. C'est sur ce systme que le
chevalier de Bonneville fonda Paris, en 1747, le chapitre de Clermonl, dans
lequel le baron de Hund reut les hauts grades, qu'il alla porter en Allemagne,
sous le titre de la Stricte observance.
Ces grades, qui n'taient que le prlude du systme dont le Kadosch tait le
complment, sont : le Petit-Elu, l'Elu des neuf ou de Prignon, l'Elu des quinze,
le Matre ill.\, le Chev.\ de l'aurore ou de l'esprance, le Grand inquisiteur, le
Grand Elu, le Commandeur du Temple, et une infinit d'autres grades, etc.
Voici ce que dit le F.'. J.-M. Ragon dans son Tuileur, page 103, sur l'origine
2,'i
LE RAMEAU D'OR d'LEUSIS.
Signe. Porter la gorge la main droite, les doigts runis, le pouce cart,
formant l'querre ; en cette position on est a l'ordre. Retirer la main horizontale
ment vers l'paule droite, la laisser retomber le long du corps, le bras allong :
c'est le signe form de l'querre, du niveau et de la perpendiculaire ; il se nomme
guttural et rappelle le serment.
Attouchement. Prendre la main droite du F.', dont on veut se faire connatre,
(que nous nommerons dsormais le Tuileur), frapper avec le pouce trois coups
gaux sur la premire phalange de l'index (l) ; ensuite presser lgrement avec
l'ongle du pouce cette phalange, c'est la demande du mot sacr laquelle on
(I) Celte indication , consacre dans tous les rituels, est susceptible d'induire en erreur. 11 serait
plus exact de dire que l'attouchement se donne sur le nud qui unit l'index au mtacarpe.
LE RAMEAU D'OR d'ELEBSIS. 355
Signe. Porter la main droite sur le cur, les doigts arrondis comme pour saisir
un objet ; lever la main gauehe ouverte, la paume en avant, le coude rapproch
du corps, c'est le signe d'ordre. Retirer la main droite vers le flanc droit, la lais
ser retomber le long du corps, te bras allong, et abaisser la main gauche le long
du corps : c'est le signe entier. Il se nomme pectoral et signifie que l'on prfre
rait avoir le cur arrach plutt que de rvler les secrets de l'Ordre.
Attouchement. Il faut prendre la main droite du Tuileur, frapper avec le pouce
cinq coups, suivant la batterie, sur la premire phalange du mdius, ensuite poser
le' pouce entre cette phalange et celle du doigt annulaire ; dans cette position, l'on
donne le mot de passe. Le Tuileur passe ensuite le pouce sur la premire phalange
du doigt mdius et la presse lgrement avec l'ongle ', c'est la demande du mot
sacr.
Batterie. Cinq coups par trois et deux.
Marche. Trois pas d'Apprenti et deux autres pas obliques, l'un droite, en
partant du pied droit et assembl, l'autre gauche en partant du pied gauche et
assembl.
Age. Cinq ans.
Insignes, dcors. Tablier de peau blanche, ayant la bavette rabattue.
Mot de passe. Schibboleth (pis nombreux) .
Mot sacr. Jakin.
Signe d'horreur. Porter la main droite ouverte, les doigts tendus et rapprochs,
le pouce spar et appuy contre le flanc gauche, c'est le signe d'ordre. Elever les
deux mains vers les cieux,les doigts tendus et spars, en disant : Adona! Aprs
cette exclamation laisser retomber les deux mains sur le tablier comme pour
marquer une surprise : c'est le signe entier.
Signe de secours. Lorsqu'un Matre est en danger et qu'il veut appeler un F.',
son secours, il lve ses deux mains jointes au-dessus de sa tte, la paume en
I
356 * LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS
dehors, en disant : A moi les enfants de la veuve. Lorsqu'un Matre est interrog sur
sa qualit maonnique, il repond : l'accacia m'est connu. Voici l'origine de cette
locution. Lorsque les Chevaliers Maons se prsentaient une assemble de haute
science, le Grand Matre leur donnait une branche d'accacia; elle remplaait la
branche de myrthe que portaient les initis de Memphis. Le Rameau d'or que
Virgile donne ne a la mme origine.
Attouchement. Pied droit contre pied droit, genoux contre genoux, s'approcher
le haut du corps, se poser rciproquement la main gauche sur l'paule droite pour
se tenir troitement, et s'attirer l'un l'autre ; se prendre mutuellement la main
droite en formant la griffe comme pour embrasser la paume : voil les cinq points
parfaits de la matrise. On prononce l'un et l'autre, alternativement, les trois syl
labes du mot sacr et l'on se donne le baiser de paix ; ces cinq points signifient :
1 le pdestre, que tout Maon doit voler au secours de ses FF.'.; 2 l'inflexion des
genoux, qu'on doit sans cesse s'humilier devant le Tout-Puissant ; 3 la jonction
des deux mains droites, que l'on doit assister ses FF.*, dans leurs besoins; 4 le
bras que l'on passe sur l'paule, qu'on leur doit des conseils dicts par la sagesse ;
5 le baiser de paix annonce cette douceur, cette union inaltrable qui fait la base
de l'Ordre.
Batterie. Neuf coups par trois fois trois.
Marche. Trois pas levs, comme si l'on passait au-dessus de quelque objet
plac terre, en obliquant : le premier pas droite en partant du pied droit et
assembl, le second pas gauche en partant du pied gauche et assembl, le
troisime pas droite en partant du pied droit et assembl.
Age. Sept ans et plus. Les anciens n'admettaient un aspirant la matnse
qu'au bout de sept ans employs s'instruire dans les sciences utiles au genre
humain, et pntrer autant que possible les secrets de la nature.
Insignes et dcors. Tablier blanc doubl et bord de rouge, avec une poche
au-dessous de la bavette; au milieu du tablier sont brodes les lettres M.'. B.'. ;
plus un cordon bleu-moir port en charpe de droite gauche; au bas est sus
pendu avec une rosette rouge le bijou qui est une querre, sur laquelle se croise
un compas ouvert 45 degrs.
Mot de passe. Ihubalkain.
Mot sacr. Moabon, qui signifie : engendr du pre.
Un Matre perdu se retrouve entre l'querre et le compas : l'querre et le compas
sont les symboles de la sagesse et de la justice ; un bon Maon ne doit jamais s'en
carter.
QUATRIME DEGR (MAITRE SECRET)
Signe. L'index et le doigt mdius de la main droite runis, les mettre sur la
bouche; en rponse on fait le mme signe de la main gauche.
Attouchement. Se prendre, comme au grade de Matre, la main droite, avancer
ensuite la m:iin jusqu'au coude que l'on empoigne, en se balanant par sept fois
le bras, pendant que l'on s'approche de la jambe droite, en se touchant par
l'intrieur.
LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS 357
Signe d'admiration. Lever les mains et les yeux vers le ciel, laisser tomber les
bras en les croisant sur le devant et en portant la vue terre.
Signe de reconnaissance. En s'approchant par degrs les pieds l'un de l'autre
par la pointe, les genoux se touchant, se porter soi'mme la main droite sur le
cur et la main gauche sur la poitrine du Tuileur.
Attouchement. Se prendre mutuellement la main droite, en tenant le pouce
cart et se porter la main gauche sur l'paule droite.
Batterie. Quatre coups gaux.
Marche. Former un carr par quatre pas assembls.
Age. Un an l'ouverture des travaux et sept la suspension, ensemble huit ans.
Insignes et dcors. Tablier blanc, bavette verte ; au milieu du tablier sont trois
cercles concentriques, au centre desquels est une pierre carre sur laquelle est
grave la lettre J ; cordon vert moir, port en sautoir, auquel pend pour bijou
un compas ouvert sur un segment de cercle gal 00 degrs ; le cercle est gradu.
Mot de passe. Accacia.
Mot sacr. Jhovah (je suis celui qui est).
Insignes et dcors. Un cordon cramoisi port en sautoir au bas duquel est sus
pendu un bijou compos de trois triangles entrelacs. Tablier blanc doubl et
bord de rouge; sur la bavette est un triangle brod en or.
Mot de passe. 1er mot, Johaben (Jils de Dieu) ; ce nom est donn au rcipiendaire .
2 mot, Zerbel.
Mot sacr. Jvah, pour Jhovah.
Signe de surprise. Ayant les mains tendues en querre, porter les deux pouces
aux tempes, reculer de deux pas, avancer d'autant, en disant : Ben-chorim (fils
des nobles), porter les deux mains sur les yeux pour les couvrir.
Signe d'admiration. Ayant entrelac les deux mains, les tourner de manire
que la paume soit en haut, les laisser aussitt retomber sur la ceinture, en regar
dant le ciel et en prononant : Achar (troublant) ; c'est un des noms de Dieu.
Signe de douleur. Ayant port la main droite sur le cur, placer la main
gauche sur la bouche et se balancer par trois fois sur les genoux en disant, le
premier : Hhdi (vivant); le second : Jah (Dieu).
Attouchement. L'on se frappe avec la main droite mutuellement sur le cur, et
ensuite on la passe sous le bras gauche, et l'on prend l'paule droite avec l'autre
main, en disant, le premier : Jachindi; le second rpond : Juda (louange).
Batterie. Cinq coups gaux.
Marche. Cinq pas gaux (monter les sept marches d'exactitude et connatre les
cinq points de fidlit).
Age. Trois fois neuf ans.
Insignes et dcors. Un tablier blanc bord en vert et doubl en roage ; au
milieu du tablier est brode une toile neuf pointes sur une balance, et sur la
bavette un triangle contenant les lettres B.-. A.-. J.-.; un cordon rooge moir,
que l'on porte en charpe, passant de droite gauche; le bijou est un triangle, et
sur l'un des cts sont gravs les mots de passe et sacr : Ben-Chorim, Achar,
LE EiMIil B'OR d'LEUS1S 359
Signe. Se croiser les bras sur la poitrine, ayant les mains fermes et le pouce
cart.
Attouchement. La main droite tant ferme, le pouce lev, on se le prsente
mutuellement; le tuil prend le pouce du Tuileur et lui renverse le poignet par
trois fois, en disant alternativement ces trois mots : BeriIh, TSeder, Schelemoth. On
prend la main droite du Tuileur, et l'on frappe avec le pouce trois coups sur la
premire phalange du mdius.
Batterie. Douze coups gaux.
Insignes et dcors. Cordon noir, port de gauche droite, sur lequel est brode
la devise : Vincere aut mori\ et au bas du cordon est suspendu un poignard (nous
observons que tous ces poignards, toutes ces vengeances ne sont que des all
gories). Un tablier blanc, bordure noire; au milieu du tablier est une poche, sur
laquelle est brod un poignard environn de neuf flammes.
Mot de passe. Slolkin (eau courante), Amar-Iah (parole de Dieu).
Mot sacr. Adona.
Signe. L'on pose la main droite sur la gauche, l'une est suppose tenir un
crayon et l'autre une planche tracer, et l'on fait le simulacre d'y tracer un plan;
l'on fixe le Grand-Matre, qui est cens en indiquer le sujet.
Attouchement. Mettre chacun la main sur la hanche et entrelacer les doigts de
la main droite avec ceux de la main gauche du Tuileur.
Marche. Trois pas en querre, le premier fait lentement et les deux autres
vivement.
Insignes et dcors. (Le Grand-Matre a une robe blanche), un cordon bleu, pas
sant de droite gauche, un tablier blanc bordure bleue, une poche au milieu du
tablier. Le bijou est suspendu au cordon; aprs le compas est grave une croix
au milieu de laquelle sont les lettres R.-. N.-.
Mot de passe. Babbanain (matre des architectes).
Mot sacr. Adona.
Signe du serment. Porter la main droite rers le flanc gauche, la retirer horizon
talement avec vivacit vers la droite.
Premier attouchement. Se donner mutuellement la main droite, la retourner
alternativement trois fois en disant, l'un : Brith, l'autre: Neder, et le premier
rplique : Schelmoth.
Premier mot couvert. Jabulum.
Deuxime mot de passe. Svhibboleth.
Signe du feu. Placer sur la joue gauche la main droite ouverte, la paume en
dehors, et se tenir avec la main gauche le coude.
Deuxime attouchement. S'empoigner la main droite comme au troisime degr
en disant : Allez-vous plus loin? La rponse est d'avancer la main le long de
l'avant-bras jusqu'au coude ; ensuite se poser rciproquement la main gauche sur !
l'paule droite et se balancer trois fois ayant les jambes avances les unes entre |
les autres par la droite; le deuxime mot couvert est Machobin (douleurs);
le deuxime mot de passe, Ehihanan (grce de Dieu, Dieu misricordieux).
Signe d'admiration et de silence. Aprs avoir inclin la tte, les yeux levs,
lever les deux mains ouvertes vers le ciel et porter ensuite les deux premiers
doigts de la main droite sur les lvres.
Troisime attouchement. L'on se saisit mutuellement la main droite, on se
cramponne avec la gauche l'paule droite en avanant la main sur le dos pour
s'attirer soi.
Troisime mol couvert. Adona.
Attouchement. Se prendre mutuellement la main droite et la retourner alterna
tivement jusqu' trois fois, l'un dit: Brilh, l'autre: Neder; le premier rplique:
Schelmoth.
Batterie. Vingt-quatre coups par trois, cinq, sept et neuf
Marche. Neuf pas, huit prcipits et un lent, en se prenant le coude droit et en
se portant la main droite sur la joue, la paume en dehors. (Il est dit dans le rite
Ec.-. que c'est ainsi que lit Hiram pour parer les coups de ses meurtriers).
Age. Sept fois sept ans.
Insignes et dcors. Le tablier est blanc avec bordure cramoisie, dont un ruban
bleu est acheval sur la bordure ; au milieu du tablier est brode une pierre plate
carre, au centre de laquelle se trouve un anneau de fer qui y est scell; le cor
don est cramoisi, port en sautoir avec le bijou qui est un compas en or, surmon- I
362 IE RAMEAU D'OR d'eLECSIS.
t d'une couronne pointe, ouvert sur un quart de cercle; entre les jambes du
compas est une mdaille o se trouvent gravs d'un ct le soleil et de l'autre l'toile
flamboyante avec la lettre G. Sur le quart de cercle sottt les chiffres 3, 5, 7, 9.
Tous les Ecossais portent un anneau en forme d'alliance, sur lequel sont gravs,
d'un ct, le nom du tV. et la date d sa rception, et de l'autre ces mots : ealh
cannot separate what virtue units (la mort ne peut sparer ce qui est uni par la
vertu).
Grand mot de passe. Beamacheh, Bamearh (Dieu soit lou ! nous avons trouv).
Mot sacr. Iehovah.
Signe. Porter la main droite l'paule gauche, et, comme pour imiter les ondes
d'un fleuve, la descendre en serpentant vers la hanche droite, tiret' enstiite le
glaive du fourreau t le prsenter comme pour le combat.
Attouchement. Se prendre rciproquement la main gauche, le br Iv, cofflme
pour repousser une attaque, et de la droite faire le simulacre de Vouloir se fryer
un passage; se porter ensuite la pointe de l'pe sur le cur; l premi&r dit:
Juda; le second : Benjamin (Benjamin, fils de la droite ou fils des ges).
Batterie. Sept coups, par cinq et deux.
Marche. Par cinq grands pas, avancer firement, l'pe haute.
Age. Soixante-dix ans.
Insignes et dcots. Tablier blanc avec bordure verte ; sur la bavette snt brds
une tte ensanglante et deux pes en sautoir; au milieu du tablier sont brodes
trois mailles de chane, d'une forme triangulaire. Le Cordon est vert d'eau ; on le
porte de droite gauche. Sur ce cordon sont brods des ossements t des membres
pars, des ttes, des couronnes, des pes, dont quelques'unes sorit brises, et au
milieu est un pont, sur le cintre duquel sont les lettres L.\ Dv. P.'. ; le bijou est
un glaive en forme de sabre. Les Chevaliers portent, en outr, uri utre charpe
en ceinture, couleur vert d'eau, avec frange en or.
Cri d'acclamation. Gloire Dieu et au souverain !
Mot de passe. Jaaborouhammam (les eaux passeront).
Grande parole. Schalal Schalon abi (il a enlev la paix son pr*).
Mut Sacr. Rphodon (lieu de repos).
Signe. La main gauche appuye sur la hanche, l'pe haute, se prsenter fire
ment. Tendre le bras comme pour commencer le combat, ayant le pied droit en
querre, le talon la pointe du pied gauche.
Attouchement. Se frapper rciproquement avec le pouce droit cinq coups par
un, deux et deux sur la jointure du petit doigt. L'on se joint en mme temps le
pied droit par la pointe, ce qui forme une ligne droite; se toucher les genoux et
se porter la main gauche ouverte sur lpaule; le premier dit : Vingt ! le second
LE HAEiD D'OR d'bLEDSIS
dit : Vingt-trois! (La 2(K-. jour de tebeth, dixime mois de l'anne, les anciens
firent leur rentre Jrusalem, aprs leur ambassade Babylone. Le 23e.-. jour
d'adar, douzime mois de la sixime anne du rgne de Darius, il fut rendu des
actions de grces par le peuple, aprs la rdification du Temple.)
Batterie. Vingt-cinq coups, par cinq fois cinq.
Marche. Un pas sur la pointe des pieds.
Mot de passe. Tebeth (nom du lOv. mois lunaire). On rpond: srim (vingt).
Mot sacr. Adar (nom du 12e.-. mois lunaire). On rpond : Schalash esrim
(vingt-trois).
Insignes et dcors. Va cordon couleur aurore avec un liser d'or, sur lequel sont
brods une balance, une main de justice, un poignard, deux couronnes, cinq
toiles; les princes de Jrusalem portent des gants blancs. Le bijou est une m
daille en or; d'un ct est grave une main tenant une balance; sur l'autre, une
pe deux tranchants et deux toiles attaches au cordon. Le tablier est rouge,
bord de jaune-aurore.
Les rituels du rite cossais portent que ce degr a t institu en iHs, lorsque
les Croiss s'unirent aux Chevaliers d'Orient, sous la conduite de Garimont, pour
former un corps arm destin protger les plerins.
Signe gnral.] Fixer son paule droite, et en rponse se regarder l'paule en
prononant alternativement ces mots : Abandon (exterminateur) et Jabulum.
Signe pour l'entre. L'on se met mutuellement la main droite sur le front.
Premier attouchement. Placer la main gauche dans la main droite de l'exami
nateur, les doigts allongs; celui-ci la couvre de son autre main, chacun se regarde
l'paule droite.
Deuxime attouchement. Placer la main gauche sur l'paule gauche de l'exami
nateur, et celui-ci touche l'paule droite du premier avec la main droite.
Batterie. Sept coups, par six et un.
Marche. Sept pas en querre marquant un heptagone.
Insignes et dcors. Un cordon blanc, passant de droit* gauche, et un noir mis
en sautoir, o le bijou, qui est une mdaille partie en or partie en argent, formant
un heptagone, est suspendu; d'un ct, dans chacun des angles, sont graves les
lettres B.-. LV. S.-. P.-. H.-. G.-, F.-.; au-dessus de chaque lettre est une toile.
(Ces lettres sont les initiales des mots: Beaut, ftivmt, Sagesse, Puissance, Hon
neur, Gloire, Force). Au centre est un agneau en argent, couch sur le livr des
sept sceaux; chaque sceau porte l'une des lettres ci-dessus. Sur l'autre face sont
deux pes en croix, la pointe en haut, et poses sui- Une balance en quilibr>
un tablier jaune bord de rouge.
Mot de passe. Jabulum.
Mot sacr. Abandon.
364 LE RAMEAU D*OB d'eLEUSIS
Signe d'ordre. Les yeux levs vers le ciel, les bras croiss sur la poitrine, les
mains tendues; il se nomme signe du Bon pasteur.
Signe de reconnaissance. La main droite leve, et de l'index lev montrer le
ciel, et en rponse montrer la terre du mme doigt. Faire alternativement ces
deux mouvements.
Signe de secours. Croiser les jambes en passant la droite derrire la gauche ;
on rpond en faisant le mme mouvement de la jambe gauche.
Attouchement. Ayant les bras toujours croiss sur la poitrine, se placer en face
l'un de l'autre, s'incliner pour le salut, et aussitt aprs, se poser rciproquement
les deux mains sur la poitrine, sans dcroiser les bras ;dans cette position se
donner le baiser fraternel et le mot de passe.
Batterie. Sept coups par six et un.
Age. Trente-trois ans.
Insignes et dcors. Vtement noir; par dessus, une dalmatique blanche, brode
en noir, ayant une croix latine rouge devant et derrire; le tablier est en satin
blanc, doubl et bord de rouge; sur la doublure est une croix rouge, et sur le
devant est brod l'un des cts du bijou. Le cordon est rouge d'un ct et noir de
l'autre; du ct noir est brode une croix rouge, et du ct rouge une croix noire.
Le bijou est voil, le cordon et le tablier sont tourns du ct noir, au premier
point de la rception.
Mot de passe. Emmanuel (Dieu avec nous) ; la rponse est : Pax vobis (paix avec
vous).
Mot sacr. I. N R. I. Il ne se prononce pas en entier, on nomme alternative
ment les lettres qui le forment. Les anciens Rose-Croix, les philosophes herm
tiques formrent de ces quatre lettres les aphorismes suivants :
D'autres les interprtent comme tant les initiales du nom hbreu des quatre
lments de l'ancienne physique : lammim-eau, Nour-/eM, Rouahh-ai'r, Iabescheh-
terre.
L'acclamation, aprs avoir fait la batterie, est: Hoschea (Sauveur). Les Chev.'.
portent la jambe gauche une jarretire sur laquelle est brode la devise :
Virtute et silentio. Le titre caractristique de chaque Chevalier doit tre grav sur
son bijou.
Marche. Tiois pas prcipits.
LE RAMEAU D'OR D'LEUSIS 365
DIX- NEUVIME DEGR (G.*. PONTIFE OU SUBLIME COSSAIS, DIT DE LA JRUSALEM CLESTE)
Signe. 1 L'on forme quatre querres, savoir : la main droite sur le cur, le
pouce cart (deux querres); joindre les deux talons, les pieds ouverts (une
querre); enfin placer la main gauche sur les lvres, le pouce cart (encore une
querre). 2 La tte un peu penche vers la gauche, se mettre genoux, et poser
les coudes terre. 3 En croisant les bras sur la poitrine, placer le droit par
dessus le gauche, les doigts allongs, le pouce en querre, les pieds placs en
querre (ce qui en forme cinq).
Signe d'introduction. Le bras droit lev, comme pour se porter un coup; en
se rencontrant, les bras des deux FF.\ se croisent.
Attouchement . Se presser par quatre fois le coude du bras droit avec la main
droite, que l'on se prend rciproquement, et laisser glisser ensuite la main le long
de l'avant-bras jusqu'au poignet, et sur la ligature du poignet appuyer avec
l'index.
Introduction. Se prendre par la main en plaant le pouce sur la ligature du
poignet, et le laisser glisser le long de la main, en se retirant, jusqu'au bout des
doigts.
Batterie. Trois coups, par un et deux.
Marche. Neuf pas en querre.
Insignes et dcors. Un cordon jaune et un bleu-cleste, les croiser sur la poi
trine; le bijou est un triangle en or avec la lettre R.
Mot de passe. Jeksan; rponse : Zabulon; rplique : Nabuzardan (prince de
l'arme).
Mot sacr. Razah-Betsijah (branche de la solitude).
366 LE RAMEAU d'0R D'eLECSIS
Signe d'ordre. Le visage tourn vers le ct ou se lve la lune, les bras levs
vers le ciel.
Signe d'introduction. Prsenter au Tuileur trois doigts de la main droite ; celui-
ci, en les prenant, dit : Frdric II, et prsente son tour les trois doigts; on les
saisit en disant : No (repos).
Attouchement. Aprs avoir pris l'index de la main droite de l'examinateur, le
presser avec l'index et le pouce en disant : Sem (renomme) ; l'examinateur fait
aussitt aprs le mme signe en disant : Cham (chaud ou noir), et en rptant
l'attouchement, dire : Japheth (beau).
Batterie. Trois coups lents.
Marche. Trois pas de Matre.
Insignes et dcors. Tablier et gants jaunes; cordon noir, port de droite
gauche; le bijou est un triangle quilatral en or, travers d'une flche, et le bi
jou de l'Ordre est une lune d'argent.
Mots sacrs. Sem, Cham, Japheth.
Mot de passe. Phalegh (division), rpt par trois fois.
Signes. Faire le signe comme pour lever une hache avec les deux mains, pour
couper un arbre par le pied. Rponse : lever les deux mains, les doigts tendus
la hauteur du front et les laisser retomber.
Attouchement. L'on se prend rciproquement les mains en croisant les doigts.
Batterie. Deux coups gaux.
Marche. Trois pas croiss.
Insignes et dcors. Cordon port en sautoir, aux couleurs de I'arc-en-ciel ; pour
bijou une hache d'or surmonte d'une couronne ; sur un ct du manche sont les
lettres L.\ S.\ et au sommet, du mme ct, A.'. A.'. C \ D.'. X.\ Z.\ A.\; sur
l'autre ct est la lettre S.', et au sommet N.'. S.'. C.\ J.'. M.\ B.'. O.\; ce sont
les initiales des noms Liban : Salomon, Abda, Adoniram, Cyrus, Darius, Xercs,
Zorobabel, Ananias, Sidonius, No, Sem, Cham, Japheth, Mose, Beseleel, Ooliab.
Un tablier au milieu duquel est brod un il.
Mot de passe. Japheth, Ooliab (tabernacle du Pre).
Mot sacr. No, Beseleel (ombre de Dieu), et Sidonius (chasseur).
Signe. L'on est cens tenir un encensoir la main gauche et Ton fait le mouve
ment de le saisir avec la main droite en avanant du pied gauche.
Attouchement. Se prendre rciproquement avec la main droite le coude gauche,
en arrondissant le bras.
LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS 367
Signe. Indiquer un objet terre, avec l'index de la main droite, incliner la tte,
de plus faire le signe de la croix sur soi-mme.
Attouchement. Prendre avec la main gauche le poignet gauche de l'examinateur ;
en rponse le Tuileur prend le poignet droit du premier avec la main droite.
Batterie. Neuf coups : cinq lents, trois prcipits et un spar.
Marche. Neuf pas en serpentant.
Insignes et dcors. Le bijou est un serpent entortill autour d'une baguette
termine en T. (C'est l'image du serpent que Mose $t lever dans le camp des
Isralites) ; le cordon est rouge, on le porte en sautoir ; sur ce cordon est brode
la devise : Vertu et courage.
368 LE RAMEAU D'OR d'ELEUSIS
Mot de passe. I. N. R. I.
Mot couvert. Johannes Raid (fondateur de l'Ordre).
Mol sacr. Mose; il s'ple (enlev). Mose fut le chef et le lgislateur des'H-
breux ; il termina sa carrire sur la montagne Nebo, au dernier jour de la lune
d'adar, dernier de l'an du monde 2553 ; mais l'on n'a jamais pu dcouvrir le lieu
de sa spulture.
Signe d'entre. Comme pour se garantir d'une vive lumire, porter la main
droite en triangle au-dessus des yeux.
Signe de caractre. Avec les deux pouces et les deux index runis par les ex
trmits, ayant les mains devant soi touchant au corps, former un triangle.
Signe de secours. Les mains ouvertes, la paume en avant, croiser les deux bras
au-dessus de la tte, en disant : A moi les enfants de la veuve.
Signe d'ordre. La main droite appuye sur la hanche.
Attouchement. Placer les deux mains sur les paules du Tuileur, les lui presser
lgrement par trois fois, en disant : Gomel.
Batterie. Quinze coups par trois, cinq et sept.
Marche. Trois pas gaux, en partant du pied gauche.
Age. Quatre-vingt-un ans.
Insignes et dcors. Tablier rouge; au milieu est brod un triangle blanc et vert;
un cordon aux trois couleurs de l'Ordre port en sautoir ; le bijou est un triangle
quilatral en or.
Mol de passe. Gomel (rcompensant).
Mois vulgaires. Ghiblin el Gabaon (colline).
Mots sacrs. Jhovah, Jakin.
Mol sublime. Edul-Pen-Cagu (fais ce que tu voudrais qu'il te ft fait).
cts sont brodes en rouge quatre croix de commandeur ; le bijou est un triangle
en or, sur lequel est grav le mot sacr ; charpe rouge, brode en noir, passant
de droite gauche; la croix de commandeur est suspendue cette charpe. Tablier
rouge avec bordure noire; sur la bavette est une croix teutonique entoure d'une
couronne de laurier et au-dessous de la bavette une clef.
Mot dpasse. Salomon (Pacifique).
Mot sacr. I. N. R. I.
Signe. Ayant le pouce de la main droite cart, la mettre plat sur le cur, ce
qui forme une querre ; en rponse, montrer le ciel avec l'index de la main droite.
Attouchement. Prendre les mains de l'examinateur et les lui presser lgrement.
Batterie. Six coups gaux.
Insignes et dcors. Le Grand-Matre porte une robe rouge, un manteau couleur
aurore et tient la main un sceptre bleu au bout duquel est un globe en or; les
FF.-, de la Vrit ont le bton blanc avec un il en or l'extrmit; les chrubins
portent un cordon blanc moir en sautoir, sur la pointe duquel est brod un il;
le bijou est un triangle radieux avec un il au milieu; les chrubins n'ont point
de tablier; les sylphes portent une tunique, un tablier brun, un bonnet bleu, serr
par un ruban aurore. (Le rcipiendaire est voil lorsqu'il entre en Loge).
Mot de passe. Blios, Men, Ttragrammaton (le soleil, la lune, Dieu). Stibium
(antimoine).
Mot sacr. Adona ; rponse : Abra (roi sans tache).
peu moins lev, le talon du pied gauche un peu relev, de manire ce que le
genou fasse querre avec la jambe droite.
Signe du soleil. Placer le pouce de la main droite sur l'il droit, lever l'index
pour former l'querre, et l'aligner comme si l'on voulait marquer un point de vue,
et dire : Je compass jusqu'au soleil.
Signe gnral. Former avec les deux bras, les mains vers le haut de la poitrine,
une croix de Saint-Andr.
Attouchement gnral. Se prendre la phalange extrme de l'index de la main
droite, le premier dit : Ne, le second : Kat et en passant la phalange extrme du
petit doigt dire, le premier : Mah, le second : Nekamah.
Marche. Faire sur le plan de la croix de Jrusalem trois pas d'Apprenti, trois
de Compagnon et trois de Matre.
Age. Le carr de neuf : quatre-vingt-un ans.
Batterie. Neuf coups, par deux, trois et quatre.
fnsignes et dcors. Robe rouge; le cordon est ponceau, port en charpe; au
bas est attach le bijou avec une rosette en ruban vert, liser de rouge. La cein
ture est blanche, avec frange en or; le bijou est un compas dans trois triangles
renferms dans un; au-dessous du grand triangle est une querre renverse; dans
l'angle de l'querre est pos un poignard.
Mots de passe (vritables). Erel (ange du feu, de la lumire), Hassan (ange de
l'air), Taljahhad (ange de l'eau), Phorlach (ange de la terre). Ardarel, Cas-
maran, Talliud, Furlac (anges du feu, de l'air, de l'eau, de la terre). Ces mots
sont fautifs.
Mot sacr. Nekamah (vengeance).
Signe. Placer la main droite, les doigts carts, sur le cur, et la laisser
tomber sur le genou droit, que l'on empoigne en flchissant; saisir ensuite le
poignard qui est suspendu au cordon, l'lever comme pour en frapper, en disant :
Nekam, Adonai (vengeance, Seigneur).
Signe d'ordre. Ayant le glaive dans la main gauche, placer la droite tendue
sur le cur.
Attouchement. On se touche rciproquement par la pointe du pied et du genou
droits, et en se prsentant le poing ferm de la main droite; le pouce tant lev,
le prendre alternativement, le laisser glisser en reculant d'un pas et en levant le
bras comme pour frapper d'un poignard. L'on dit, le premier : Nekamah-Bealim
(vengeance des trahies); le second rpond : Pharaschchol (tout est expliqu).
Batterie. Trois fois deux et un.
Marche. Trois pas prcipits, les mains croises sur la tte.
Age. Un sicle et plus.
Insignes et dcors. Tunique blanche, en forme de dalmatiquc, borde en noir;
charpe noire, avec frange en argent; un poignard est pos dans la ceinture ;
chapeau rabattu; sur le devant de la coiffe est un soleil fond d'argent, rayons
LE RAMEAU D'OR d'LEUSIS 371
Signe. Croiser les deux mains sur le nombril. En rponse, l'on croise les deux
bras au-dessus de la tte, les doigts allongs, la paume de la main en dehors.
Attouchement. Se prendre la main gauche, s'approcher rciproquement du pied
droit et se toucher le genou, et de l'autre main se frapper mutuellement un coup
sur l'paule droite.
Batterie. Neuf coups, par un, trois, quatre et un.
Insignes et dcors. Cordon blanc port en camail, sur la pointe duquel est brod
en or un triangle radieux; au milieu est le nombre 31. Une croix teutonique en
argent est le bijou de ce grade.
Il n'y a point de mot de passe.
Mots sacres. Tzedakah (justice) ; rponse : Mishor (quit); ensemble : Amen
(ainsi soit-il).
Signe. Placer la main droite sur le cur, la porter en avant, la paume tourne
vers le bas, et la laisser retomber sur le ct.
Batterie. Cinq coups, par un et quatre.
Insignes et dcors. Cordon noir liser d'argent, port en sautoir; sur la pointe
est brode une croix teutonique; l'aigle deux ttes, en argent, est plac dans le
centre de la croix; la ceinture est noire, avec frange en argent, et une croix rouge
est sur le devant. Le bijou est une croix teutonique en or ; le tablier est blanc et
372 LE RAMEAU D'oR D'eLE0SIS
bordure rouge; sur la bavette est brode la croix, rehausse d'argent sur les
contours; au milieu du tablier est trac le plan du camp des princes.
Mots d'ordre de l'arme. Il y a, pour chacun des jours de la semaine, un mot
diffrent, et le second est donn en rponse du premier :
Lundi, Darius; mardi, Xercs; mercredi, Alexandre; jeudi, Philadelphe;
vendredi, Hrode; samedi, Ezchias; dimanche, Cyrus.
Mots de passe. Phaal-Chol (spars), Pharasch-Chol (runis), JSekam-Maqqham
(pour la vengeance)-; ensemble : Schadda (tout-puissant).
Mots sacrs. Salix; rponse : Noni; ensemble : Tengu. (Ces mots sont composs
de lettres qui marquent les tentes du camp des princes.)
Premier signe. Croiser les bras sur la poitrine, le corps et la tte inclins en
avant; se mettre deux genoux.
Deuxime signe. Tirer le glaive du fourreau, poser la main gauche sur le cur,
tomber sur le genou gauche.
Troisime signe. Baiser par trois fois la lame de son pe.
Ce degr n'a pas d'attouchement.
Batterie. Onze coups par cinq, trois, un et deux.
Insignes et dcors. Un cordon blanc moir, liser d'or, au bas duquel est une
rosette blanche, rouge et verte, avec frange en or; un delta environn d'une
gloire en or est brod sur le devant ; sur deux cts du delta est un poignard
dont la pointe est dirige vers le centre, et au milieu le nombre 33 en chiffres
arabes; ce cordon se porte de gauche droite. On porte en outre du ct gauche
une croix teutonique rouge ; le bijou est un aigle noir deux ttes, couronn,
ayant les ailes tendues, et tenant un glaive dans les serres; le glaive, le bec,
les ongles sont en or; ce bijou se porte suspendu une chane d'or passe au cou.
Premier mot de passe. De Molay ; rponse : Hiram-abi.
Deuxime mot de passe. Frdric; rponse: de Prusse.
Grand mot de passe ou mot sacr. Mi-chamichah Bealim Adona (qui est sem
blable vous, parmi les forts seigneurs !)
auteur des deux principes opposs; les crmonies de cette loi, appele
Priokesck, taient en petit nombre, trs-simples, et rappelaient l'origine et l'ar
rangement de l'univers; elle a pour but de rendre au Sublime Architecte des
mondes l'hommage qui lui est d.
Le Chevalier du Delta sacr portait en sautoir un cordon, avec un Delta; d'un
ct tait grav le nom de Jhovab, entour de ces mots : Vril, Sagesse, Science,
et de l'autre un serpent formant un cercle, au milieu duquel est un lion.
Le Delta est le symbole de la divinit; le serpent avec le lion sont l'emblme
de la prudence et de la force; on lui remettait avec le code des lois sacres
une dcoration nomme l'alide, qui ne pouvait se porter que dans les grandes
solennits.
Cette Maonnerie antique est divise en trois sanctuaires : le premier est celui
o se fait l'examen du candidat; il prend le nom de Pronaos. 11 est tendu d'une
draperie bleu-cleste parseme d'toiles d'argent et orne d'emblmes reprsentant
les mystres de l'Ordre; au fond du Pronaos est un tableau transparent sur lequel
est peinte une gloire, au centre de laquelle est l'il de la Vigilance ; devant le
Prsident est une table triangulaire, couverte d'un tapis noir, sur laquelle sont
poss le grand livre des maximes, les tables de la loi et un vase contenant les
parfums.
Ce sanctuaire est clair par trois lampes, places l'Orient, l'Occident et au
Septentrion. |
Au-dessus de la porte d'entre est un transparent avec ces mots : La raison te j
conduit, avance sa lumire. \
Le deuxime sanctuaire prend le nom de Temple des Esprits; les murailles
sont couvertes d'hiroglyphes; tous les signes du zodiaque y sont reprsents. Au
fond, l'Orient, se trouve le tombeau emblmatique; cette salle figure les ruines
du temple de Jrusalem ; cette salle n'est claire que par un transparent repr
sentant la lune; pendant les voyages du candidat rgne un silence de mort; tous
les membres de l'aropage peuvent assister aux preuves physiques, mais ifs
doivent tre inaperus.
Le troisime sanctuaire prend le titre de Temple de la Vrit; au-dessus de la
porte sont crits ces mots : Ventre de ces lieux n'est accorde qu'aux mes
pures.
Un globe de feu, reprsentant le soleil, occupe le milieu de l'espace; ct de
cet astre, on voit une figure majestueuse face humaine; sa barbe est parseme
d'toiles, et de sa bouche enflamme sort l'il symbolique du monde.
Cette salle est richement dcore et resplendissante de lumire; sur une estrade
ayant sept marches et sous un pavillon d-loffe d'or, on voit le nom ineffable;
dans une gloire rayonnante est l'toile flamboyante, portant aux cinq points des
caractres hiroglyphiques; on dcouvre la statue de la Nature ct de la figure
face humaine.
Sur l'estrade est plac le sige du Grand-Pontife, devant lequel est un autel
couvert d'un riche tapis d'or; dessus est un candlabre sept branches et le grand
livre de rvlations. I
874 LE kameAu d'or d'eleuss
EXAMEN DU CANDIDAT
R.-. Oui, car le plus haut degr de l'intelligence o l'homme puisse atteindre
serait de connatre la nature des tres et leurs rapports avec nous, de connatre
l'essence des choses et les qualits des objets destins notre instruction, au
dveloppement et au perfectionnement de notre propre nature. L'homme doit
observer toute la nature, soumettre tout l'examen de la raison, l'exprience,
l'analyse et tout diriger vers son perfectionnement.
D.-. Qu'entendez-vous par Franc-Maonnerie?
R.-. L'histoire de la civilisation, car cette institution a assoupli le cur de
l'homme et poli les murs des peuples, et on l'a surnomme le culte humanitaire.
D.-. Pourquoi la philosophie est-elle partie indispensable de la Maonnerie?
R.-. Attendu que toute doctrine, morale religieuse ou scientifique, qui n'est pas
claire par la philosophie, est fausse, et qu'elle gare plus encore que l'ignorance.
D.'. A quoi tendent les grades symboliques de la Maonnerie?
R.-. A inspirer au Maon le dsir de son perfectionnement moral et la pratique
de toutes les vertus qui constituent l'homme de bien.
D.-. Quel est le but des grades capitulaires?
R.-. De donner une grande nergie et d'chauffer l'me de ce saint enthou
siasme qui distingue l'homme par une philantropie ardente, aux premiers degrs;
vertu, philantropie, aux degrs intermdiaires; chaleur, enthousiasme pour le bien,
au sommet; philosophie, pour rgler et cimenter les moyens de bien faire tout ce
qui est bon; il faut donc que les Maons qui en sont revtus cultivent la philoso
phie avec ardeur, car la philosophie est la science des principes, la connaissance
de la vrit, embrassant dans sa gnralit toutes les lois du monde physique et
du monde moral.
D.-. Quel rapport existe-t-il entre la Maonnerie et le culte du feu?
R.-. Le culte du feu a t une consquence de celui qu'on rendit au soleil. Chez
les uns, le feu a t rvr seulement comme un emblme que la raison pouvait
approuver; chez les autres, il donna lieu des superstitions; les mages voyaient
en lui le symbole du Sublime Architecte des mondes.
D.-. Que signifie le triomphe de la lumire?
R.-. Le triomphe de la lumire est une crmonie religieuse et morale de nos
anctres qui suivaient le culte de nature, lequel consiste en observer toutes les
merveilles; elle nous reprsente que le soleil, arriv sa plus grande lvation, a
chass les tnbres et se trouve dans sa plus grande splendeur ; celte contempla
tion lve l'me jusqu' l'auteur de tout ce qui existe; il est vident que l'attention
aux mouvements, aux variations et aux effets qui en rsultent, dcouvre les
miracles du Sublime Architecte des mondes; elle conduit la connaissance des
perfections, elle donne des ides dignes de la grandeur du moteur de toutes
choses.
D.-. Qu'a-t-on fait pour fixer l'esprit de l'homme sur ces combinaisons et ces
variations merveilleuses?
R.-. On s'est servi d'allgories et de symboles, comme d'images agrables,
pour reprsenter aussi une morale pure et naturelle, qui pt exciter l'homme
pratiquer la vertu.
LE BAMKAV 'OR d'bLEUSIS 377
intrieure qui lui sert reconnatre la ralit et les rapports des choses, c'est ce
qu'on appelle l'intuition.
D.-. Qu'est-ce que l'intuition?
R.-. Cette vue intrieure, claire et distincte de l'esprit, qui est l'organe par
lequel il acquire la connaissance de la vrit; il la voit et la reconnat dans les
rapports des tres intelligents avec tout ce qui existe dans la nature.
On peut appeler l'intuition la connaissance intime des tres et des choses.
Depuis l'Etre suprme jusqu'au plus petit atome, c'est la seule facult par laquelle
l'homme reconnat tout ce qui est en lui, autour de lui et au-dessus de lui.
D.-. Qu'est-ce que l'intuition?
R.-. La lumire de l'me, le flambeau de l'esprit, le guide des penses et des
ides ; elle est encore la lumire des sentiments du beau, du bon, du vrai, du
juste et elle claire l'intelligence en activit.
L'intelligence en activit cre les ides, et les ides sont les essences ternelles
manes de l'Etre suprme.'
D.-. Pour exercer son intelligence, l'homme doit-il connatre la nature des
tres intelligents?
R.-. Oui, il doit lever sa pense jusqu' l'Etre suprme et redescendre en lui-
mme, puis jeter les yeux sur la nature; il reconnatra qu'tant l'tre interm
diaire entre la divinit et les tres qui sont au-dessous de lui, il doit tre le
premier entretenir l'harmonie dans le monde moral et intellectuel.
D. -. Comment l'homme perfectionne-t-il sa nature?
R.-. Il ne la perfectionne qu'autant qu'il cultive son esprit et qu'il dveloppe
librement toutes les facults de son entendement ; c'est dans l'imagination que
brle la flamme du gnie; cette flamme divine est toujours dans une me embrase
de l'amour du beau et du bon ; elle est le feu sacr qui alimente le gnie.
D.-. Qu'est-ce que le gnie?
R.-. Le gnie est en quelque sorte la divinit de l'esprit : il est l'me de la
nature intelligente, il est la puissance cratrice des penses et des ides les plus
sublimes, il est pour l'esprit ce que l'imagination est pour l'me.
D.-. Qu'est-ce que le talent?
R.-. Le ministre du gnie, ou la force et l'adresse par lesquelles il excute ses
uvres. Le but de toutes les productions du gnie, c'est l'utilit du genre humain
ou le perfectionnement de l'homme.
Le vrai gnie a sa source dans la divinit qui l'inspire, le dirige et l'claire de
sa lumire; il n'agit que par elle, il n'imite que la nature, il ne marche qu'avec
le flambeau de la raison dans la recherche de la vrit, il n'a pour objet que
l'lvation et l'anoblissement de l'esprit humain.
D.-. En quoi consiste l'esprit de l'homme parfait?
R.-. Celui dont le gnie naturel, agissant par lui-mme, l'a lev jusqu'au plus
haut degr de perfection dont il est susceptible.
D.-. Sans le gnie l'homme peut-il concevoir les lois de la divinit et de la
nature, et perfectionner la socit ?
R.-. Non, il faut que l'homme cre les ides, perfectionnements dont les
380 LE HAMEAU D'OR d'LEUSIS.
INVOCATION
et les joies des sens consistent en trois choses, la sant, la paix et le ncessaire.
La sant ne se maintient que par la temprance, et la paix est l'apanage de la
vertu, Les hommes bons et les mauvais peuvent galement acqurir les dons de
1 la fortune, mais le plaisir de la jouissance en est diminu proportion de la ro-
j chancet de ceux qui les obtiennent, Le rcipiendaire pntre dans cette vote,
[ au bout de laquelle se trouve une quatrime porte avec ce mot : Emounah (force).
| Une voix forte lui adresse ces questions :
D.\ Que penses'tu de la morale?
R.\ La morale est le point de runion de toutes les connaissances humaines;
elle est la bonne voie, le moyen assur de vivre heureux et sage, le miroir fidle
de la vertu et l'interprte des consciences ; sans elle, tout le reste est vain ; avec
elle, tout devient utile et profitable ; l'homme, lorsqu'il en est rapproch, se pr
sente sous un jour nouveau et plus intressant ; le sentiment de lui-mme l'lve
jusqu' l'auteur de tout ce qui existe ; il se voit entour d'hommes qui lui res
semblent, dont il a besoin et qu'il peut secourir. De l la prcieuse connaissance
et l'intime conviction de ses devoirs envers Dieu, envers lui-mme, envers son
prochain ; c'est le sommaire de toutes ses obligations, il ne doit plus les ignorer.
D.\ Comment peut-on tre initi dans les premiers principes des connaissances
humaines?
R.\ En portant les vrits primitives au plus haut degr d'vidence, la thorie
de l'tre, sa possibilit, son existence, son essence, ses proprits, ses attributs,
ses modifications, sa force, sa dure, ses principes, ses causes, ses effets, sa vrit,
sa perfection...
D.'. Mais tous ces grands objets exigeaient une discussion profonde, mtho
dique, dmonstrative?
R.\ Oui, ils doivent tre mis la porte des faibles intelligences par des
exemples tirs des circonstances familires de la vie, afin de rendre cette tude
aussi facile que sensible.
D.\ Je suis satisfait... continue ta route... courage et persvrance!... La
porte s'ouvre et le nophyte marche au hasard; il entend non loin de lui un bruit
analogue celui que produirait une voiture charge de lourdes barres de fer
roulant avec rapidit sur un pav ingal; au mme instant, il aperoit une lumire
vers laquelle il se dirige avec prcaution ; il est bientt en face d'une vote grille,
compose d'normes barreaux ; sur la porte d'entre sont crits ces mots: Coher-
Eloah (amour de Dieu). Il ouvre cette porte, et aussitt un panneau de muraille
glisse devant lui, trois hommes arms de glaives se prsentent et l'un d'eux lui
dit : Nous ne sommes pas ici pour arrter tes pas (il lui prsente un livre reli
en maroquin rouge) ; cris ton nom, ton ge et tes qualits maonniques. Il lui
dit ensuite : a Pardonne tout aux autres et rien toi-mme (il lui prsente un
miroir) ; regarde, il rflchit ton pass, cherches-y des motifs d'esprance pour
l'avenir...
En suivant la voie de la nature, tu peux atteindre au bonheur : tout le monde
peut le possder, c'est une plante dont l'origine est cleste. Pour lui, nous sup
portons la vie et nous ne craignons pas de mourir...; tout le mondo peut le
y
possder, ses biens s'offrent nous, mais il ne faut pas les chercher dans les
extrmits, il ne faut que du bon sens dans l'esprit et de la droiture dans le cur.
a La cause universelle n'agit que par des lois gnrales qu'elle a constitues.
C'est le vritable bonheur.
L'ordre est la premire loi du ciel ; Dieu gouverne par des lois gnrales et
non particulires ; il veut que le bonheur soit gal pour tous, et, pour tre tel,
il doit tre social; ne l'oublie pas... Poursuis la route, elle te conduira au temple
de la vrit...
Le nophyte marche pniblement dans une route ingale; arriv la sixime
porte, il frappe avec son bton; elle s'ouvre avec un bruit pouvantable. Sur cette
porte est crit ce mot : Tzedakah (justice) ; il pntre dans cet asile de la mort ;
l'instant mme, deux lions de grandeur naturelle, l'aspect terrible, s'avancent,
allongent leurs griffes et font entendre d'affreux rugissements (effet d'un mca
nisme). Son courage n'est point branl par cette preuve, il s'avance tenant la
main droite la branche de myrthe (la force soumise la prudence). Au milieu de
cette enceinte se trouve une colonne d'airain, dans laquelle est dpos le coffre
contenant le Delta sacr et le G.\ livre des traditions; ct brle, sur un tr
pied antique, de l'esprit de vin dont les flammes bleues et blanches ressemblent
la lumire blafarde d'un ple mtore ign. Qui vient ici? s'crie une voix
mle et sonore... Un nophyte qui aspire la sagesse, rpond le candidat.
Songe que pour arriver la vie de l'intelligence, il faut sonder sans terreur le
mystre de la mort. Rponds-moi...
D.'. Qu'appelles-tu cause premire?
R.\ Celle qui ne dpend d'aucune autre, tel que Dieu.
D.'. Et la cause seconde ?
R.\ Celle qui dpend de la premire, telles que toutes les causes cres.
D.'. Et la cause immdiate?
R.'. Celle qui produit l'effet par son action.
D.\ Et la cause mdiate ?
R.*. Celle qui a produit l'immdiate; le pre est cause immdiate de ses enfants;
l'aeul en est la cause mdiate. La cause physique est celle qui contient la raison
suffisante d'un tre par sa propre action : c'est la cause efficiente considre sous
un autre point de vue.
D.*, Et la cause morale?
R.'. La cause morale est celle qui influe sur l'existence d'un tre par une loi,
par un conseil ou par l'exemple.
D.\ Qu'appelles-tu providence?
R.'. La providence est la disposition libre d'un tre intelligent, de tout ce qui
arrive dans ce monde.
D.'. Et la conservation?
R.'. La conservation est la continuation de l'existence des tres assujettis au
systme de leurs lois physiques ou morales.
D.'.Et la fin?
R.'. La fin est la raison suffisante qui dtermine une cause libre la production
LE HAMEAU d'0B d'LEUSIS. 385
de son effet; il ne faut pas confondre l'objet avec la fin, car c'est l'objet qui
produit la fin par l'espoir de sa jouissance.
D.\ Et l'espace?
R.\ L'espace est tout tendue, suivant les trois dimensions; si elle est pleine,
on lui donne le nom de corps, et on l'appelle vide si elle ne contient rien.
D.'. Et l'infini?
R.\ L'infini est ce qui n'a point de bornes; c'est un ternie ngatif qui marque
ce que le fini n'est pas.
D.'. Et la dure ?
R.\ La dure d'un tre est la continuation de son existence ; si l'tre n'a point
de commencement ni de fin, la dure s'appelle ternit; mais s'il a un commen
cement sans avoir de fin, sa dure s'appelle immortalit; enfin, la dure d'un tre
qui a eu un commencement et aura une fin se nomme temps.
D.'. Et le lieu?
R.'. Le lieu est une partie de l'espace vide.
D.\ Et le mouvement?
R.'. Le mouvement est toute action qui transporte un corps d'un lieu dans unautre.
D.'. Et la matire?
R.*. J'entends par matire les premiers lments des corps, qui ne sont autre
chose que des tres composs de ces mmes lments.
D.'. Et la vrit?
R.*. Il y a trois sortes de vrits : la vrit naturelle ou mtaphysique, la vrit
morale et la vrit logique. La vrit naturelle est la conformit de l'essence des
tres avec leur modle; la vrit morale est la conformit de nos penses avec les
mots dont nous faisons usage pour les exprimer, elle est encore l'usage de la
parole conformment aux lois naturelles ; la vrit logique est la conformit de
nos ides avec l'essence des choses reprsentes par ces ides.
D.'. Et le bien?
R.'. Le bien est tout ce qui contribue l'avantage d'un tre; ainsi l'ide du
bien est relative, car le bien absolu n'est proprement que la perfection.
D.'. Le bien rel?
R.\ Le bien rel est celui qui contribue la perfection et au vrai bonheur d'un
autre.
D.\ Et le bien apparent?
R.*. Est celui qui n'a que l'apparence de ces avantages, et qui, dans la ralit,
contribue au malheur de ceux qui le recherchent.
D.'. Crois-tu l'existence de l'me?
R.'. Oui, rien de plus certain que l'existence de l'me humaine; mais rien de
plus obscur que son essence. Tout ce que nous pouvons connatre d'elle se rduit
ses principales oprations.
L'me humaine est ce principe dans l'homme qui sent, qui pense, qui compare
les objets de ses penses et qui veut; il faut donc un tre, un principe qui en
contienne la raison suffisante, et c'est ce principe que j'appelle me.
D.'. Et la vie?
LE BAMEAU d'OK d'B|.ECSI8
R.\ La vie d'an tre, en gnral, consiste dans son action; sa mort, au con
traire, consiste dans la privation de l'action. Nous attribuons la vie une plante
qui vgte, une eau qui court dans la route qui lui est prescrite, et nous disons
qu'une plante arrache de la terre, ou dont le tronc est spar de sa racine,
qu'une eau qui croupit san6 mouvement, sont des titres privs de leurs actions et
par consquent morts.
D.". Et le penchant?
R.'. Le penchant est une forte inclination vers le bien aperu et eenti; pous
donnons, au contraire, le nom d'aversion tout loignement d'un mal aperu ou
senti. Le premier est l'effet de la sensation que produit en nous le bien ; la se
conde est la suite de ce que nous prouvons la vue du mal; les penchants et les
aversions sont des symptmes naturels, ncessaires et indpendants de la libert,
car ils sont des suites de la loi de la conservation de soi-mme.
D.'. Et la libert morale?
R.'. La libert morale de l'homme consiste dans cette facult que nous avons
de suspendre nos jugements et nos actions, jusqu' ce que nous ayons examin
mrement les objets, en faisant usage de tous les moyens possibles pour parvenir
la connaissance du vrai et du faux, du bien et du mal.
D.*. Et la volont?
R.\ La volont est la dernire dlibration de l'me, qui la dtermine em
brasser le bien ou fuir le mal aperu dans les objets qui l'occupent ; c'est donc la
volont qui choisit d'aprs les lumires de l'entendement. On se trompe, lorsqu'on
attribue la libert la facult de choisir : elle ne fait qu'clairer la volont, lorsque
les lumires de l'entendement ne suffisent pas; cette erreur vient de ce qu'on
confond la libert morale avec la libert naturelle, oppose la force.
D.*. Et la vertu?
R.\ La vertu est l'habitude d'agir conformment aux lois de Injustice naturelle;
le vice, qui lui est oppos, est l'habitude d'agir contre la disposition de ces mmes
lois.
D.'. Qu'entends-tu par justice naturelle?
R.*. J'entends l'accomplissement de tous les devoirs naturels de l'homme, soit
l'gard de Dieu et de soi-mme, soit relativement ses semblables; le tout en
vue de sa conservation et de son bonheur dans cette vie.
D.'. Quelle est ton ide l'gard de la mort?
R.\ La mort n'est pas une chose aussi terrible qu'on cherche le faire croire.
L'homme passe de la vie la mort de la mme manire qu'il est pass du nant
la vie, et le dernier soupir est la fin du mouvement et de la sensibilit ; la mort j
est un sommeil !...
La voix lui dit : Purifie ton cur... sme par le monde la parole de la sa-
gesse, enseigne tes semblables s'aimer entre eux et ramener ceux qui s'ga
rent dans le sentier de la vertu, instruis les ignorants et soulage ceux qui
souffrent... frappe avec ton rameau symbolique cette colonne d'airain, d Il obit,
une petite porte s'ouvre. Prends ce coffre, lui dit la voix, il renferme le Delta
sacr et le G.\ Livre des rvlations; tu seras admis le dposer sur l'autel du
le rameau d'ob d'elbusis 387
temple de Vrit; adieu, mon F.*., et que l'esprit du Sub.\ Arch.\ des mondes
veille jamais sur toi !
Le nophyte marche dans le plus profond silence, enfin il arrive au pied d'un
splendide portique; il gravit sept marches, il frappe suivant la batterie de son
grade, la porte s'ouvre, il est introduit dans le parvis du Temple, et aprs avoir
lu ces mots : Schor-Laban (Puret), le Thesmosphores lui dit :
D.'. Que viens-tu faire ici?
R.'. Je viens apprendre l'art d'tre meilleur.
D.*. Tu veux donc tre initi aux mystres des Chevaliers du Delta sacr?
R.\ Oui, si vous m'en jugez digne.
D.'. Sais-tu ce que c'est qu'un initi ces mystres ?
R.'. C'est un Maon qui a appris vaincre ses passions, et qui les a vaincues.
D.'. Dans quel lieu crois-tu qu'on puisse apprendre cette science?
R.\ Dans le temple de la Vrit.
D.*. Que faut-il faire pour y pntrer?
R. \ Vaincre les trois monstres qui en dfendent l'entre.
D.*. Quels sont ces monstres?
R.*. L'gosme, l'orgueil et l'ambition.
D.'. Que faut-il faire pour cela?
R.'. L'gosme fuit devant la bienfaisance, l'orgueil devant l'humilit, l'ambi
tion devant la modestie.
D.\ Je vais demander pour toi l'entre du sanctuaire de la Vrit.
D.-. Pourquoi?
R.-. Pour veiller au maintien de l'ordre, la parfaite excution des travaux,
prvoir et transmettre au premier Mystagogue les difficults qui peuvent surgir,
et obtenir les solutions que ncessite le parfait dveloppement des questions sou
mises l'apprciation de nos FF.-.
D.-. F.-, premier Mystagogue, quelle place devez-vous occuper?
R.-. L'angle de la colonne du Midi, l'Occident.
D.-. Pourquoi?
R.-. Pour aider le G.-. Pontife dans l'enseignement et le dveloppement des
travaux de ce grade.
D.-. O se tient le G.-. Pontife?
R.-. A l'Orient, pour ouvrir les travaux et rpandre dans le temple des flots de
lumire et de vrit.
D.-. F.-, premier Mystagogue, quelle heure s'assemble notre Aropage?
R.-. A sept heures du soir.
D.-. Quelle heure est-il, F.-, deuxime Mystagogue?
R.-. Il est l'heure de nos travaux, G.-. Pontife.
D.-. Joignez-vous moi, Chevaliers, pour y procder.
PRIRE
Dieu tout-puissant, auteur de tout bien, source de toute clmence, rpands sur
nos travaux tes bndictions, fortifie nos engagements par les liens d'une affec
tion fraternelle. Nous nous prosternons devant les lois ternelles de ta sagesse,
nous invoquons ton nom, car nous sommes tes enfants. Dissipe les tnbres de
nos mes, continue tendre sur nous ta main protectrice, et nous diriger sans
cesse vers le bien, dont la perfection rside en toi.
Gloire toi, Seigneur ! gloire ton nom! gloire tes uvres!
Le Grand-Pontife frappe sept coups suivant la batterie du grade, et dit : A la
gloire du Sublime Architecte des mondes ! les travaux sont en activit; moi,
mes FF.-. Signes, batterie et acclamations.
Le Grand- Pontife dit ensuite : En place mes FF.-. (Cette annonce est rpte
par les deux Mystagogues.)
MODLE
CONFRENCES
prodiges qu'elle a oprs se sont manifests par des exemples frappants chez les
peuples de l'antiquit, par les actions des grands hommes, et par les crits des
sages de toutes les nations... Il dit ensuite en s'adressant au F.-, premier Mysta-
gogue :
D.-. Que figure le Delta ?
R.-. La doctrine d'un dieu unique. La vrit ne doit tre prsente qu' ceux
qui sont capables de la comprendre.
D.-. Personne n'avait donc essay de fouiller dans ces ruines?
R.-. Des Mac.-, ambitieux et jaloux ont pntr dans ces ruines, mais ils y ont
pri. La science, source de tant de biens, est un instrument funeste celui qui
ne la cultive que par des motifs d'orgueil, et qui n'a pas des intentions pures et
bienveillantes.
Aprs les confrences, le Gr.-. Pontife frappe un coup de maillet et dit :
F.-, premier et deuxime Mystagogues, annoncez sur vos valles respectives
que l'ordre des travaux tant puis, la Tzedaka va circuler et que nous allons
procder la suspension des travaux.
Les FF.-, premier et deuxime Mystagogues font cette annonce, la Tzedaka
circule, le G.-. Pontife en fait connatre le produit, ensuite il frappe un coup de
maillet et il dit : Debout et l'ordre, Chevaliers.
PRIRE
Sublime Architecte des mondes, allume dans nos curs l'amour de nos sem
blables, inspire-nous l'ardent dsir de travailler sans relche au bien de l'huma
nit, but constant de notre vnre institution, conserve nos consciences la
puret que tu leur as communique, et prserve-nous de toute action dont l'effet
pourrait tre nuisible, soit nous, soit nos semblables; continue de protger
nos travaux, et dirige-les de plus en plus vers la perfection.
394
TUILEUR
Signe. L genou gauche terre, les deux mains jointes, fixer le ciel; se rlevef,
et tenant sa bourse dans la main droite, la prsenter l'examinateur. (Sig.'., f
prire, la charit, l'avenir).
Attouchement. Se prendre rciproquement la main droite, fair trois pa prci
pits, et faire le simulacre de lever quelque chose de lourd. (Sig.\, l travail,
source fconde de tous les biens).
Batterie. Sept coups gaux. (Cette batterie signifie l'humanit, la sympathie,
l'union, la grandeur, la force, la beaut, la perfection).
Parole de pdss. fhoth (nom de l'toile de Sirius).
Parole de reconnaissance. Sothis (nom de palais consacr l'initiation, etc.
Parole sacre. Jehovah (Dieu).
Grande parole. Chons (nom d'une grande divinit gyptienne, troisime per
sonne de la grande triade thbaine, fils an des enfants d'Ammon I" des sept
Horus).
MAONNERIE D'ADOPTION
Les novateurs des Loges d'adoption, ayant compris que le Commerce familier
entre les deux sexes contribuait puissamment la civilisation des peuples, ta
blirent, par une loi religieuse, une association de femmes ; ils suivirent en cela
l'exemple des initiations anciennes, qui admettaient dans les temples les pr
tresses, les vestales, etc.
Les historiens nous apprennent, en effet, que les temples de Minerve et de Crs
taient desservis par des femmes, et qu'une grande prtresse rendait des oracls
dans le temple d'Apollon ; nous voyons aussi dans la bible que Marie, Sur d
Mose, disait au peuple hbreux qu'elle tait n communication avec l'ternel ;
nous y Voyons encore les fmtties des lvites participe la gard du Temple t
exercer le sacerdoce au besoin. ).:! prphtesS d'Isral, eu serait unprebV,
IE BAMEAU D'OR D'ELEUSIS
TUILEUR
Signe d'ordre. Les deux mains l'une dans l'autre, la droite couvrant la gauche,
et tombant sur le tablier.
Signe de caractre. Porter sur la bouche les deux premiers doigts de la main
gauche, le pouce sous le menton; en rponse se prendre avec le pouce et le petit
doigt de la main droite l'oreille gauche.
Attouchement. La main droite ouverte, les doigts rapprochs, l'avancer rci
proquement, placer les mains l'une sur l'autre, par l'intrieur, et frapper cinq
coups avec les doigts du milieu, suivant la batterie.
Bat teri. Cinq coups gaux.
Acclamation. Frapper lgrement l'extrmit des doigts l'un stir l'autre e
disant : Vivat! (cinq fois).
Insignes et dcors. Robe blanche, un ruban bleu-cleste; pour bijou un cur
enflamm. Les dignitaires portent le ruban en sautoir avec le bijou qui est une
truelle. Le tablier est de peau blanche, doubl etbord en soie bleue; la jarretire
de l'Ordre est en satin blanc, avec la devise : Silence et Herlu; on la place autour
du bras gauche ; gants blancs.
Mot de passe. Eva (la vie).
Mot sacr. Feix feax (cole de vertu).
3% LE HAMEAU D'OR d'ELEHSIS.
Signes. L'il droit ferm, y porter le petit doigt de la main droite; pour
rponse, couvrir les yeux de la main droite, en se prenant le bout du nez avec le
pouce et l'index.
Attouchement. Se prendre rciproquement la main droite, de manire ce que
les deux pouces soient croiss, et le doigt mdius tendu sur le poignet.
Batterie. Cinq coups gaux.
Acclamation. Vivat!
Insignes et dcors. Les mmes qu'au premier degr; seulement un voile de
gaz sur la tte, et les dignitaires des gants noirs.
Mot de passe. Lamma sabactani (pourquoi m'as-tu abondonn)?
Mot sacr. Belba (tour de confusion), anagramme du mot Babel. |
Signes. Avec la main droite figurer devant soi l'chelle de Jacob, et pour
rponse placer sur le visage la main gauche, de manire ce que le petit doigt
soit sur la bouche, le pouce sur l'oreille gauche, le mdius et l'index sur l'il, et
l'annulaire sous le nez.
Attouchement. Poser en lonjueur l'index et le mdius de la main droite sur
ceux du Tuileur, se touchant par l'intrieur, et appuyer tour tour le pouce droit
sur les jointures des deux doigts prs de l'ongle.
Batterie. Cinq coups gaux.
Acclamation. Eva! rpt cinq fois.
Insignes et dcors. Comme au premier degr; pour bijou une truelle d'or; une
couronne de myrthe sur la tte; de plus un tablier blanc, doublure et bordure
cramoisies.
Mot de passe. Babel.
Mot sacr. Havoth-Jar (clatante lumire.)
Signe. Saisir la tte par les cheveux avec la main gauche et de la droite faire le
simulacre de se couper le cou.
Attouchement. S'entrelacer le petit doigt de la main droite mutuellement.
Insignes et dcors. Mme robe ; charpe couleur cerise, frange en or, passant
de droite gauche ; au bas de l'charpe est suspendu un g'aive attach avec une
rosette verte; sur le devant de l'charpe sont brodes en argent cinq toiles
cinq pointes; l'endroit o l'charpe se trouve fixe sur l'paule est une rosette
blanche ; sur la poitrine, du ct gauche, est attach avec un ruban bleu une
truelle en or ; et du cot droit sont attachs avec un ruban ponceau un ciseau, un
marteau et un anneau d'or; le tablier est bleu, doublure et bordure vertes, et la
bavette de mme.
Batterie. Deux coups gaux.
Acclamation. Judith! rpt deux fois.
Mot de passe. Vagao (intime).
Mot de reconnaissance. La valle de Bthulie m'est connue.
Matresse parole. Sig et Aleth (silence, vrit).
Marche. Sept pas (symbole des sept vertus).
Age. Je passe cinq lustres.
comme le miel : un homme voraee vint en goter, et, par l'loge qu'il en fit, il
donna aux autres l'envie d'en manger; ds lors la saintet disparut de la surface
de la terre ; les forces surnaturelles, la longueur de la vie et la grandeur des
hommes diminurent, l'on fut oblig de vivre longtemps dans les tnbres; la terre
tait consterne, les vertus se ngligrent, enfin elles disparurent entirement et
leur place se mirent l'adultre, le meurtre, l'injustice et tous les vices. La terre
ne produisant plus rien pour la nourriture des hommes, la ncessit fit inventer
la charrue ; mais comme ni la vie, ni les proprits n'taient assures, on choisit
un sage pour matre et pour gouverner.
Cet homme fit le partage des terres et des biens ; son nom tait Bourchant,
fondateur de la religion des Lamas; il tablit ses dogmes chez soixante-et-une
nations; mais par malheur chacune d'elles les prit dans un sens oppos, et de l
les diffrentes religions rpandues dans le monde. (Schrer prtend que Confucius
tait inspir, et qu'il a prdit la venue du Christ dans la personne de Bourchant.)
(rite oriental)
brle dans son me et ds lors, dignes du Subl.'. Arch.\ des mondes que nous
invoquons, nous pourrons nous dire avec orgueil les vrais enfants de la lumire.
Cinq ministres prsidaient aux initiations et aux mystres : le Grand Hirophante
il tait cens reprsenter le Crateur ; le Dadouque donnait la Ivmire au
nophyte; YOdos (orateur sacr); le Saronide, ministre de l'autel (bienfaiteur
de l'humanit); le Cryce (examinateur).
Clment d'Alexandrie affirme que dans les grands mystres, tout ce qu'on en
seignait concernait l'univers, et que c'tait la fin et le comble de toute science.
Pythagore avouait que c'tait aux mystres qu'il avait appris l'unit de la cause
premire et universelle. Enfin, le dogme de l'immortalit de l'me tait connu des
Grecs, puisque Platon fait dire Socrate, dans ses Pangyriques, que Crs avait
fait aux Athniens deux prsents d'une immense importance : le bl, qui les
avait fait renoncer la vie sauvage qu'ils menaient, et les mystres o l'on appre
nait concevoir les plus belles esprances touchant la mort et l'ternit.
Le rite maonnique de Mempbis a pour origine les mystres de l'antiquit; il
apprit aux hommes rendre hommage la divinit. Ses dogmes reposent sur les
principes de l'humanit; sa mission est l'tude de la sagesse qui sert discerner
la vrit; c'est l'uvre bienfaisante du dveloppement de la raison et de l'intelli
gence, c'est le culte des qualits du cur humain et la rpression de ses vices.
Cette Maonnerie a donc pour bas'; l'existence de Dieu, l'immortalit de I ame, et
pour objet l'exercice de la bienfaisance, l'tude de la morale universelle, des
sciences, des arts et la pratique de toutes les vertus; elle est enfin l'cole de la
tolrance religieuse, l'union de toutes les croyances, le lien entre tous les hommes,
le symbole des suaves illusions de l'esprance prchant la foi en Dieu qui sauve
et la charit qui fait bnir.
L'Ordre maonnique de Memphis fut introduit en Europe par un sage d'Egypte
du nom d'Ormus, converti au christianisme par saint Marc. Il purifia la doctrine
des Egyptiens selon les prceptes du christianisme. Vers le mme temps, les
Essniens fondrent une cole de science salomonique qui se runit Ormus.
Ses disciples, jusqu'en 1118, restrent seuls dpositaires de l'ancienne sagesse
gyptienne ; mais, cette poque, ils la communiqurent en partie plusieurs
chevaliers de la Palestine qui, en H 80, arrivrent Edimbourg, o fut cre
par eux une grande Loge, d'aprs les formules initiatoires qu'on leur avait don
nes. C'est l qu'il faut chercher l'origine de la Maonnerie moderne.
Les disciples d'Ormus restrent fidles aux antiques traditions, les autres fon
drent un nouveau rite ; voil donc, ds la fin du quatorzime sicle, deux rites
existants.
Le rite de Memphis fut introduit en France par Samuel Honis, natif du Caire
(Egypte) en 1814.
La premire Loge fut fonde Montauban le 30 avril 1815, par les soins des
FF.'. Samuel Honis, Gabriel Mathieu Marconis de Ngre, le baron Dumas, le mar
quis de Laroque et Hippolyte Labrunie; elle se constitua sous le titre distinctif
des Disciples de Memphis, le 83 mai de la mme anne.
Cette grande Loge se dclara en sommeil le 7 mars 1816 et ses archives furent
.101
confies au F.-. Marconis de Ngre (G.-M.) son Grand Hirophante, nomm par
dcision du 21 janvier 1816.
Le rite maonnique de Memphis reprit ses travaux la valle de Paris le
21 mars 1838; ses trois conseils suprmes furent installs le 29 du mme mois et
la G.-. Loge d'Osiris fut constitue le 3 avril de la mme anne.
Le rite de Memphis publia ses statuts et rglements le 11 janvier 1839, et le
F.-. Jacques-Etienne Marconis fils fut nomm G.-. Hirophante, dpositaire des
traditions et des archives gnrales de l'Ordre, etc.
Nous donnons ici le statut organique de ce rite et le Tuileur jusqu'au trente-
troisime d.-. seulement.
STATUT ORGANIQUE
PRAMBULE
TITRE I
SECTION PREMIRE
Dn Grand Hirophante
Art. 5. Le Grand Hirophante est nomm vie par les membres actifs de
l'Ordre, la majorit absolue des FF.\ prsents.
Art. 6. Le Grand Hirophante nomme les membres du Temple mystique pour
sept ans'
EXOTRISME
TITRE II
Constitution de l'Ordre
PREMIRE SRIE
DEUXIME SRIE
31 . Kadosch Templier.
32- Chevalier de la Cit sainte.
33. Sublime Chevalier de l'Anneau lumineux.
404 LE RAMEAU D'OR D'ELECSIS.
TROISIME SRIE
celle des Sublimes Commandeurs des trois sries de l'Ordre. Ces dcorations
demeurent le partage exclusif du mrite.
TITRE III
GOUVERNEMENT DE L'ORDRE
Art. 1er. L'Ordre maonnique de Memphis est rgi par six Conseils suprmes,
savoir :
1. Le Temple mystique du Grand Hirophante, quatre-vingt-seizime degr.
2. Le Sanctuaire de Memphis, gouvernement gnral de l'Ordre, quatre-vingt-
quinzime degr.
3. Le souverain grand Conseil gnral, administration de l'Ordre, quatre-
vingt-quatorzime degr.
4. Le grand Collge des Sublimes Catchistes de l'Ordre, quatre-vingt-treizime
degr.
5. Le suprme Tribunal des G.-. Dfenseurs de l'Ordre, quatre-vingt-douzime
degr.
6. Le grand Aropage des Grands Inspecteurs de l'Ordre, quatre-vingt-onzime
degr.
TEMPLE MYSTIQUE
SANCTUAIRE DE MEMPH1S
Art. 18. Le suprme Tribunal des dfenseurs de l'Ordre se compose d'un Grand
Suffet et de huit Officiers dignitaires, nomms pour cinq ans par le Sanctuaire de
Memphis, savoir :
1. Grand Suffet, Prsident.
2. Grand Dfenseur de l'Ordre.
3. Subl.\ l'Odos, Avocat de l'accus.
<i. Premier Mystagogue, Surveillant.
5. Deuxime Mystagogue, Surveillant.
6. Annaliste, Greffier.
7. Grand Inspecteur, Quteur.
8. Un Juge.
9. Un Juge.
Art. 19. Le suprme grand Tribunal est charg, dans l'Ordre, de veiller
l'excution des statuts, des dcisions du Sanctuaire et des instructions arrtes
Art. 20. Il connat par appel de toutes les condamnations prononces par tous
les Ateliers placs sous l'obdience du rite.
II poursuit d'office toutes infractions aux rglements laisses impunies par les
Ateliers, et qui lui sont dnonces par le Sanctuaire de Memphis. Il voque lui,
toutes les fois qu'il le juge convenable, les causes pendantes auprs des Loges,
Chapitres, Aropages, Snats et Conseils.
Art. 21. Toutes les peines infliges par le suprme Tribunal, par application
des articles qui prcdent, sont celles qui sont dictes par le Code maonnique.
LE RAMEAU D'OR d'LEUSIS. 409
Art. 22. Dans la huitaine qui suivra la remise d'un dossier par le Sanctuaire au
Grand Suffet, celui-ci sera tenu d'assembler le suprme Tribunal.
Art. 23. Aucune dcision du suprme Tribunal n'est excutoire si elle n'est
revtue du sceau du Grand Matre, chef du gouvernement de l'Ordre, et vise par
le Grand Chancelier.
Art. 24. Toute discussion ayant trait des questions politiques ou religieuses
est formellement interdite dans tous les AU-, placs sous l'obdience du rite
maonnique de Memphis, de peur qu'elle ne porte atteinte la fraternit.
Art. 25. Les dignitaires des Conseils suprmes exercent, pour le gouvernement
gnral de l'Ordre, les mmes fonctions que les dignitaires correspondants des
Loges. (Voir page 2i8 du Rameau d'or d'Eleusis.)
Art. 26. Tous les Membres du rite de Memphis sont porteurs d'un titre qui
justifie de leurs droits et qualits; il doit tre vis par le Grand Chancelier et
enregistr sur le grand livre d'or.
Tout titre non revtu de cette formalit est nul.
Art. 27. Nul ne peut tre admis dans un At.-. s'il n'est porteur d'un titre en
bonne et due forme.
Art. 28. Les runions des Conseils, Consistoires, Snats, Aropages et Chapitres,
rgulirement indiques, sont obligatoires. Tout Membre qui ngligerait de s'y
rendre sera passible d'une amende fixe par les rglements particuliers de chacun
de ces At.-.
Art. 29. Le rite de Memphis ordonne toutes les Loges de son obdience et
tous ses enfants de fraterniser avec les Maons de tous les autres rites. L'Ordre
maonnique de Memphis a inscrit la tolrance en tte de ses lois sacres.
Art. 30. Le rite de Memphis admet dans son sein des FF.-, qui peuvent
galement professer tout autre rite maonnique. Ces FF.-, porteront le titre de
FF.-, libres.
Art. 31. L'Ordre maonnique de Memphis donne du huitime au quatre-vingt-
quinzime grade, et jamais il ne pourra, sous aucun prtexte, les faire payer; ils
demeurent le partage.exclusif du mrite.
Nul ne pourra tre admis un degr s'il n'a soutenu une thse par crit sur
trois questions relatives ce degr. Les questions seront proposes vingt-et-un
jours avant l'admission.
Art. 32. La charit maonnique et le dvouement notre sublime institution
tant le premier devoir de tous les FF. ., quiconque serait convaincu d'avoir tenu
des propos ou fait des actes tendant dconsidrer l'Ordre, soit porter atteinte
l'honneur d'un F.-., pourra, par ce seul fait, tre dfr au Conseil de radiation
et exclus de l'Ordre.
Art. 33. Les Loges, Chap.-., Snats, etc., qui dsirent travailler des degrs
suprieurs ceux qu'ils possdent, devront en adresser la demande au Sanctuaire
de Memphis, et joindre cette demande une dissertation littraire, philosophique,
historique ou scientifique, traite maonniquement, qui sera le travail collectif de
l'Atelier sur lequel le Temple mystique dcidera, s'il y a lieu, sur la concession
demande.
410 LE RAMEAU d'0K d'eLEUSIS
Art. 34. Les Loges chapitrales ont le droit de former des Ateliers au degr
qu'elles travaillent, mais le Sanctuaire de Memphis seul peut les constituer.
Art. 35. Les Loges, Chapitres, Aropages, Snats, etc., seront installs par les
grands reprsentants de l'Ordre, ou par des dlgus du Sanctuaire de Memphis.
(Formation de la Loge, etc., voir pages 214 et suivantes.)
TUILEUR
Signe. Porter la gorge la main droite, les doigts runis, le pouce cart,
formant l'querrc ; en cette position , on est l'ordre ; retirer la main hori
zontalement vers l'paule droite, la laisser retomber le long du corps, le bras
allong : c'est le signe form de l'querre, du niveau et de la perpendiculaire ; il
se nomme guttural et rappelle le serment.
Attouchement. Prendre la main droite du F.\ dont on veut se faire connatre,
frapper avec le pouce trois coups gaux sur la premire phalange de l'index, c'est-
-dire que l'attouchement se donne sur le nud qui unit l'index au mtacarpe;
ensuite presser lgrement avec l'ongle du pouce cette phalange: c'est la demande
du mot sacr laquelle on satisfait; il signifie les trois paroles de l'criture
sainte : Frappez, l'on vous ouvrira ; cherchez, vous trouverez ; demandez, et l'on
vous donnera.
Batterie. Trois coups gaux.
Acclamation. Gloire Dieu !
Marche. Trois pas en avant, en partant du pied droit et en assemblant
chaque pas.
Age. Trois ans.
Mot sacr. Booz (force).
Il n'y a pas de mot de passe.
Insignes et dcors. Une tunique bleu-cleste, un tablier de peau blanche,
bavette releve. Le tablier est le symbole du travail, sa blancheur est l'emblme de
la candeur.
Signe. Porter la main droite sur le cur, les doigts arrondis comme pour
saisir un objet, lever la main gauche ouverte, la paume en avant, le coude
rapproch du corps, c'est le signe d'ordre. Retirer la main droite vers le flanc
droit, la laisser retomber le long du corps, le bras allong, et abaisser la main
gauche le long du corps, c'est le signe entier (il signifie qu'un cur vertueux est
comme un vase rempli d'une liqueur prcieuse) ; il faut toujours le tenir droit
et tourn vers le ciel, car la vertu s'coule ds que le cur incline vers la terre.
Attouchement. Il faut prendre le main droite du Tuileur, frapper avec le pouce
cinq coups, suivant la batterie, sur la premire phalange du mdius; ensuite poser
LE RAMEAU D'OR D'ELEUS1S 411
le pouce entre cette phalange et celle du doigt annulaire; dans cette position,
l'on donne le mot de passe; l'examinateur passe ensuite le pouce sur la premire
phalange du doigt mdius et la presse lgrement avec l'ongle ; c'est la demande
du mot sacr.
Batterie. Cinq coups par trois et deux.
Marche. Trois pas d'Apprenti et deux autres obliques, l'autre droite, en
partant du pied droit et assembl, l'autre gauche, en partant du pied gauche
et assembl.
Age. Cinq ans.
Mot de passe. Schibboleth (pis nombreux).
Mot sacr. Jakin (nom de la colonne J.-.). La colonne J.-. signifie symboli
quement prparation du Seigneur, c'est la sagesse de l'homme qui prend ses
inspirations dans le sentiment religieux.
Insignes et dcors. Tunique bleu-cleste , tablier blanc , ayant la bavette
rabattue.
Signe d'horreur. Porter la main droite ouverte, les doigts tendus et rap
prochs, le pouce spar et appuy contre le flanc gauche, c'est le signe d'ordre.
Elever les deux mains vers les cieux, les doigts tendus et spars en disant :
Adonail Aprs cette exclamation, laisser retomber les deux mains sur le tablier
comme pour marquer une surprise, c'est le signe entier.
Signe de secours. Lorsqu'un Matre est en danger et qu'il veut appeler un F.-,
son secours, il lve ses deux mains jointes au-dessus de la tte, la paume en
dehors, en disant : A moi les enfants de la veuve.
Attouchement. Pied droit contre pied droit, genoux contre genoux, s'approcher
le haut du corps, se poser rciproquement la main gauche sur l'paule droite
pour se tenir troitement et s'attirer l'un l'autre ; se prendre mutuellement la
main droite en formant la griffe comme pour embrasser la paume, voil les cinq
points parfaits de la matrise. On prononcel'un et l'autre, alternativement, les trois
syllabes du mot sacr, et l'on se donne le baiser de paix.
Batterie. Neuf coups par trois fois trois.
Marche. Trois pas levs, comme si l'on passait au-dessus de quelque objet
plac terre, en obliquant, le premier pas droite, en partant du pied gauche et
assembl, le troisime pas droite en partant du pied droit et assembl.
Age. Sept ans et plus.
Mot de passe. Ghiblim (terme, fin). On prononce Guiblime.
Mot sacr. Mak-Benah (fils de la putrfaction). Un Matre perdu se trouve entre
l'querre et le compas. L'querre et le compas sont les symboles de la Sagesse et
de la Justice. Un bon Maon ne doit jamais s'en carter.
Insignes et dcors. Tunique bleu-cleste, tablier blanc, doubl et bord de rouge,
avec une poche au dessous de la bavette ; au milieu du tablier sont brodes les
lettres M.-. B.-.; plus un cordon bleu-moir, port en charpe de droite gauche;
LE R1MEAC O'OH D'ELEUSIS
au bas est suspendu, avec une rosette rouge, le bijou, qui est une querre, sur
laquelle se croise un compas ouvert 45 d. ..
Attouchement. Entrelacer les deux mains droites de manire que la paume soit
en haut, frapper avec le pouce.
Batterie. Trois coups, par deux et un.
Parole de passe. Thokath ( force).
Parole sacre. Jophi (beaut).
Insignes et dcors. charpe verte, frange en argent, porte de droite gauche ;
le bijou est un Delta.
Signe. Porter la main droite sur la paume de son pe, et la retirer horizonta
lement avec vivacit.
Attouchement. Se donner mutuellement la main droite et la presser par trois
fois.
Batterie. Sept coups gaux.
Marche. Marche ordinaire.
Parole de passe. Beamacheh Bamcarah (Dieu soit lou !).
Parole sacre. Darakiel (direction de Dieu).
Insignes et dcors. Echarpe en soie, couleur d'or ange, avec frange en or; un
cordon ponceau, port en sautoir, sur lequel est brode une toison d'or dans une
gloire en argent; la tunique est bleu-cleste.
Signe. L'on pose la main droite au-dessus de la gauche et l'on fait le simulacre
de ritrer le serment.
Attouchement. Placer sa main droite sur le cur du Tuileur et, en cette position,
donner la parole sacre.
Parole de passe. Edul-Sengagu (fais le bien que tu dsires).
414 LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS
Signe. La main droite tant ferme, le pouce lev (figurer une cl). On se le
prsente mutuellement.
Parole de passe. Aliam (peuple de Dieu).
Parole sacre. Amar-iah (parole de Dieu).
Insignes et dcors. Echarpe rouge, frange en or; cordon noir, port en sautoir;
le bijou est une cl d'or suspendue au bas du cordon.
Signe. Salut du glaive; placer son glaive la main gauche et porter la droite
sur le cur.
Parole de passe. Dantanes, nom d'une toile remarquable par la vivacit de sa
couleur rouge.
Parole sacre. Moul-Saa (Matre de l'heure).
Signe. Fixer le ciel et lever les deux mains pour exprimer la surprise.
Parole dpasse. Bihan-il-molonk (valle cleste).
Parole sacre. Khama (repos, jour consacr la prire).
Signe. Ayant le pouce de la main droite cart, le mettre plat sur le cur,
ce qui forme une querre ; en rponse montrer le ciel avec l'index de la main
droite.
Attouchement. Prendre les mains de l'examinateur, et les lui presser lgre
ment.
Batterie. Sept coups gaux.
Parole de passe. Helios, mn, tetragrammation (le soleil, la lune et les toiles).
Parole sacre. Adondi. Rponse : Hahtzield (volont de Dieu).
Insignes et dcors. Tunique bleu-cleste, parseme d'toiles; un manteau
couleur aurore; charpe blanche avec frange d'or; il porte un bton couleur feu
l'extrmit duquel est un globe en or.
Premier signe. Porter la main ouverte contre le front, la paume tourne vers
la terre, comme pour garantir ses yeux d'une trop grande lumire.
Deuxime signe. Croiser les bras sur la poitrine et s'incliner.
Attouchement. Appuyer le genou droit contre celui de l'examinateur, le prendre
par la main, puis la glisser jusque sous le coude, en passant la main gauche sous
416 LE RAMEAU d'OK d'LEBSIS
l'paule gauche ; se tenant ainsi embrasss, ils se donnent les trois mots sacrs,
chacun prononce une syllabe en se faisant prouver trois secousses au coude.
Premier mot sacr. El (Dieu est fort).
Deuxime mot sacr. Gomez (beaut, divinit), premier nom donn Dieu.
Troisime mot sacr. Jhovan.
Age. Quatre-vingt-un ans, le carr de neuf.
"
VINGT-CINQUIME DEGR, CHEVALIER DE LA PALESTINE
Signe. Porter la main droite sur le cur; puis la lever en l'air en regardant le
ciel, et la porter ensuite sur l'pe.
Attouchement. S'opposer les mains gauches, en s'entrelaant les doigts; puis
s'empoigner la main droite par le travers.
Batterie. Neuf coups gaux; elle se fait avec le pommeau de l'pe.
Age. Quatre-vingt-un ans.
Mot sacr. Tsiion.
Parole de passe. Paul-Kal Pharat-Kados.
Insignes et dcors. Une charpe de soie blanche sur laquelle est une croix
verte entoure de palmes et de lauriers.
Bijou. Une croix d'or, maille de vert, entoure d'une palme.
Signe. Porter la main droite sur le cur, les doigts carts, et faire une gnu
flexion.
Attouchement. Se prsenter la main alternativement et se la prendre par trois
fois.
Parole de passe. Dyamschid (fondateur du culte du soleil).
Parole sacre. Autopsie, contemplation.
Insignes et dcors. charpe noire avec frange d'argent ; un ruban bleu-cleste
port en sautoir.
Signe. Aprs avoir fait trois pas prcipits, contempler le ciel avec surprise.
27
418 LE RAMEAU D'OR d'ELEUSIS.
La Loge chapitrale des Philadelphes, fonde par les FF.'. : Audibert, docteur
mdecin, professeur, membre de l'Institut; le baron de Pderlet et Delaplane, fut
installe la valle de Paris, le 21 mai 1839.
Les Loges de la Bienveillance et celle des Sages d'Hliopolis, fondes par les
FF.'. : Viterbols, joaillier de S. M. le roi des Pays-Bas; Glaudin, secrtaire de
l'Acadmie, et de Mesmakeir, banquier, furent installes l'Or.*, de Bruxelles : la
premire, le 21 novembre 1839, et la deuxime, le 29 fvrier 1840.
La Resp.'. Loge des Chc.'. de la Palestine, fonde par les FF.'. : Roux, rentier;
Dumas, secrtaire gnral la prfecture, et Durbec, armateur, fut installe
l'Or.*. de Marseille, le 30 dcembre 1840.
Cette mme anne, le statut organique et les rglements gnraux furent pu
blis (voir l'Hirophante par le F.'. J. Et. Marconis, un vol. in-8, imprimerie de
Chassaignon).
Le 25 fvrier 1841, M. le Prfet de Police invita les membres de l'Ordre ma.'.
de Memphis cesser leurs travaux. Les deux frres Bdarides, chefs du rite de
Misram, les avaient signals l'autorit comme tant des hommes politiques. On
aura peine croire que, dans une institution fraternelle, il se rencontre des ini
quits semblables, qu'on y trouve des tres capables d'employer le mensonge
pour faire le mal. Quel est l'homme de cur qui ne prfrerait pas, ce mtier
odieux, celui du chiffonnier, et n'aimerait mieux vivre dans la boue des rues que
dans la fange de la diffamation!
Le 21 mai 1841, le Grand Hirophante dclara le rite maonnique de Memphis
en sommeil.
LE HAMEAU D'OR D'eLBDBIS 419
OD
CHEVALIERS PRUSSIENS
Les ouvriers, ne s'entendant plus, furent obligs de se sparer. Chacun prit son
parti. Phaleg, qui avait donn l'ide de ce btiment et qui en tait le directeur, se
retira dans le nord de l'Allemagne, o il ne trouvait, pour toute nourriture, que
des racines et des fruits sauvages.
Dans cette partie, que l'on appelle la Prusse, il construisit quelques cabanes
pour se mettre l'abri des injures du temps, et un temple en forme de triangle,
o il s'enfermait pour implorer la misricorde de Dieu.
Dans des dcombres, quinze coudes de profondeur, l'an 553, on trouva une
forme de btiment triangulaire, dans lequel tait un marbre blanc, sur la base
duquel toute l'histoire tait crite en hbreu. A ct de cette colonne, on trouva
un tombeau de grs o l'on aperut une pierre d'agate sur laquelle tait l'pitaphe
suivante :
Ici reposent les cendres du G.\ A.-. de la tour de Babel. Le Seigneur eut piti de
lui, parce qu'il est devenu humble.
CHAPITRE
En Loge, le Chev.-. commandant est plac l'oppos de la lune, les quatre Chev.\
en avant pour tre mieux porte d'entendre les ordres ; ils n'ont point de place
fixe, pour faire voir qu'un Chev.-., ayant renonc l'orgueil, se fait gloire de
pratiquer l'humilit en tous temps. Il est dfendu, suivant les statuts de l'Ordre,
de recevoir la clart d'aucune lumire artificielle. Le Chev.-. commandeur-
lieutenant ouvre la Loge par trois coups frapps trs-lentement distance gale;
le premier Chev.-. d'office rpond par un seul coup qu'il frappe sur le pommeau
de son pe, aprs quoi le Commandant-lieutenant dit : A l'ordre, Chev.-.,
levant les bras tendus vers le ciel, le visage tourn du ct de l'Orient. Les
Chev.-. Ma.-. prussiens font la mme chose, et le Chev.-. commandeur-lieutenant,
aprs avoir fait la prire et quelques questions de catchisme aux Chevaliers
d'office, leur dit : Annoncez tous les Chev.-. que la Loge est claire. Alors tous
les Cbev.-. reprennent leur attitude naturelle.
Le dessin de la Loge est le Firmament; les Chev.-. regardent la lune et les
toiles jusqu' ce que le Candidat soit arriv la porte du Temple; il doit tre
introduit sans pe et tte nue avec un tablier et des gants de peau blanche. Le
second Chev.-. d'office introducteur frappe trois coups trs-lentement, distance
gale ; le Chev.-. de garde rpond par un seul coup. Alors le Chev.-. de garde,
dont le soin est d'empcher aucun profane d'entrer, ouvre la porte par l'ordre
du Chev.-. commandeur-lieutenant, et demande au Chev.-. introducteur le signe,
l'attouchement, la parole et le mot de passe; ensuite le commandeur-lieutenant j
dit au Chev.-. introducteur : Chev.-., me rpondez-vous du Matre que vous pr- }
sentez ? J'en rponds. Le Commandeur-lieutenant quitte sa place, et va demander |
hu Candidat le mot de Matre; celui-ci donne la parole, et le Commandeur,
s'adressant aux Chev.-., dit : Je vous annonce un Matre Mac.-, qui demande
tre reu Chev.-. prussien, y consentez-vous? Aussitt les Chev.-. mettent l'pe
la main sans dire un seul mot et en prsentent la pointe au corps du Candidat,
qui rpond par l'organe du Chev.-. introducteur, qu'il persiste dans sa rsolution.
Alors le Commandeur dit : Promettez-vous de renoncer tout orgueil? Le
Candidat rpond: Je le jure! Commencez donc par faire un acte d'humilit.
Alors le Chev.-. introducteur, assist du premier Chev.-. d'office, conduit le rci
piendaire aux pieds du Commandeur-lieutenant par trois grandes gnuflexions
qu'il fait du genou gauche. Y tant arriv, il se prosterne devant le Prsident, qui
lui ordonne de baiser le pommeau de son pe; il le relve et le Chev.-. d'lo
quence prononce un discours sur l'orgueil des enfants de No et sur l'humilit de
celui qui reconnut sa faute.
Ce discours termin, tous les FF.-., l'pe la main, l'ont le signe de Matre
Maon d'Adonhiram avec le Chev.-. commandeur-lieutenant qui lui dit : Pro
mettez-vous, foi de Matre Mac.-., de garder les secrets que je vais vous cou fier, et
de ne les rvler jamais aucun des enfants d'Adam moins que vous ne le
connaissiez pour Mao.-.; que vous serez officieux et compatissant pour tous les
Chev.-. de notre Ordre antique et vnr et que vous ne souffrirez jamais, mme
au pril de votre vie, qu'une profane pot te noire bijou? Il rpond : Je le jure et
m'y engage sous les conditions prescrites. I
422 le rheac d'or d'elehsis
TUILEOR
Signe d'ordre. Tourner le visage l'est et lever les bras vers le ciel.
Signe. Montrer les trois premiers doigts levs de la main droite ; l'examinateur
les prend de la mme main et dit : Frdric II ; il prsente son tour les trois
doigts, on les saisit galement en disant : No (noahh), premier attouchement.
Attouchement. Prendre l'index de la main droite du Tuileur et le presser avec
le pouce en disant: Sent (renomme) ; l'examinateur fait le mme attouchement
en disant : Cham ; rpter l'attouchement en prononant : Japheth.
Mot de passe. Phalegh, prononc trois fois d'un ton lugubre et lent (divisio).
Mots sacrs. Sem, Cham, Japheth (les-trois fils de No).
Marche. Trois pas.
Batterie. Trois coups lents.
Insignes et dcors. Tablier et gants jaunes. Cordon noir port de droite gauche.
Le bijou est un triangle travers par une floche d'argent ayant la pointe tourne
vers le bras ; le bijou de l'Ordre estune lune d'argent qu'on porte la boutonnire.
Cet Ordre est divis en deux grades : le Chevalier adepte ou Chrubin, qui
sert d'introducteur au sublime Elu de la vrit.
Ces deux grades sont entirement philosophiques.
LE HAMEAU D'OH d'LEUSIS. 423
CHEVALIER ADEPTE
Ce grade n'admet dans ses travaux que sept membres et point de sylphes.
Cet aropage travaille activement l'uvre de l'unit, il dveloppe le sentiment
et la raison : la raison qui purifie, vivifie le cerveau de l'homme et en chasse les
illusions en lui faisant comprendre que le travail est l'hymne et la loi de l'univers,
que l'unit de Dieu, la fraternit universelle et la croyance sont les dogmes divins
o se trouve la source de toutes les vrits ternelles.
TUILEUR
SUBLIME LU DE LA VRIT
saisi d'admiration et d'tonnement tout la fois, quand on voit que l'homme, dont
la vie et l'intelligence sont bornes, a os concevoir l'ambition de possder l'uni
versalit des connaissances et de leurs ramifications entre elles.
Les sublimes Elus de la vrit clbrent comme fte d'ordre le triomphe de la
lumire : elle signifie que le soleil, arriv sa plus grande lvation, a chass les
tnbres et se trouve dans sa plus grande splendeur; cette poque a toujours t
solennise par les Loges de l'antiquit qui suivaient le culte de la nature, lequel
consiste en observer toutes les merveilles ; cette contemplation lve l'me jus
qu' l'auteur de tout ce qui existe.
TUILEUR
Insignes et dcors. Cordon ponceau avec frange en or, port de droite gauche;
il est attach vers le bras avec une rosette; sur le devant est brod un Delta
rayonnant, or et argent, avec un il au milieu, et sur la partie du cordon qui passe
sur l'paule est une paulette en or avec trois toiles en argent ; il n'y a point de
tablier; le bijou est une gloire en or avec un triangle; au milieu et dans le triangle
est une croix qui symbolise la science.
Point de signe, de marche, de batterie ni d'attouchement.
Mot de passe. Natura (nature) ; il se donne voix basse.
Mot sacr. Horus (travail).
MAONNERIE ADONHIRAMITE
Les trois premiers sont semblables ceux du rite franais, Grand Orient de
France. " -
V
QUATRIME GRADE, MAITRE PARFAIT U
.. V.
Signes. Etendre la main, comme pour la poser sur l'vangile; la porter sur la
mamelle gauche ; lever la main droite, le bras tendu, et regarder le ciel; montrer
la terre avec l'index.
Attouchements. De reconnaissance, de paix, d'amiti et d'galit.
Marche. Trois pas : un d'Apprenti, un de Compagnon, un de Matre.
Batterie. Quatre cou ps gaux . i\ ' V.
Age. Un an en ouvrant. Sept ans en fermant. n .
Mot sacr. Jhovah. n,
Mot de passe. Mont-Liban. .' :
Insignes. Cordon. Vert, moir. Bijou. Un carr parfait. Tablier. Blanc,
doubl et bord de vert. u >
M
CINQUIME GRADE, LU DES NEUF .' '.
v
Signe. Lever le poignard de la main droite, comme pour frapper au front, et
dire : Necum. En rponse, fermer la main droite, lever le poing et le renverser.
Attouchement. Fermer la main droite, le pouce lev, et le prsenter au Frre,
qui le saisit.
Marche. Neuf pas : trois d'Apprenti, trois de Compagnon, trois de Matre.
Batterie. Neuf coups : sept gaux et deux prcipits. ' '
Age. Neuf ans. - '
Mot sacr. Necar; en rponse, Necum. > ' '.
Mot de passe. Slerkin, nom du premier des neuf lus envoys la recherche
d'Hiram. 1" .
Dans l'Elu secret franais, il se nomme Joaben; dans Ycossisme rform,
Jocabert.
Habillement. Habit noir. Sur le cur un petit plastron o sont brods en argent
une tte de mort, un os et un poignard en sautoir, avec la devise : Vaincre ou
mourir. , .
Cordon. Noir, port de droite gauche, avec la devise brode en argent. "." i
Bijou. Un poignard dans son fourreau, tenant une rosette de ruban blanc, i
Tablier. De peau blanche, doubl et bord de noir. Sur la bavette, une tte de
mort, avec un os et une pe en sautoir, le tout sous une querre d'or. Sur la
426 LE RAMEAU D'OR d'ELECSIS
poche, une grosse larme ; sur les cts, huit larmes plus petites ; au bout une
branche d'accacia.
SIXIME GRADE, LU DE PRIGNAN
Signe dit de passage, parce qu'on l'exige pour entrer en Loge. Dire : tes-vous ;
Architecte? et poser la main droite sur la hanche droite, en la serrant du pouce
et de l'index ; lever les yeux au ciel et faire un mouvement de corps, comme pour
se reculer. Rpondre : Je le suis, et excuter les mmes mouvements, mais du
ct oppos.
Signe ordinaire. Porter la main droite au cur, comme au grade de Matre;
dcrire une diagonale en avant, la hauteur du visage, puis ramener 18 main
LE HAMEAU D'OR D'ELEUSIS 427
Signe dit d'appel. Porter les mains sur l'estomac, en formant un triangle avec
les pouces et les index. En rponse, porter les mains ainsi disposes au-dessus de
la tte.
Attouchement. Se prendre l'un l'autre la main droite et la renverser trois fois
alternativement, en prononant les trois syllabes du mot sacr, puis on s'embrasse.
Marche. La mme qu'au grade prcdent.
Batterie. Neuf coups, par trois fois trois.
Age. Vingt-sept ans.
Mot sacr. Moabon.
Mot de passe. Schibbolelh.
Cordon. Ponceau, port en sautoir ou en charpe de gauche droite. Dans le
premier appartement, on porte un ruban noir.
Bijou. Un double triangle form par un compas et un niveau, et renferm dans
un cercle, le tout en or. La tte du compas est un soleil d'or qui s'appuie sur le
sommet du niveau.
Tablier. Le mme qu'au grade prcdent.
Ce grade ne diffre du Chevalier d'Orient franais que par [les variantes que
voici :
Mot de passe. Libertas.
Cordon. Rouge, avec cinq petites rosettes : la premire bleue, pour le Petit
Architecte; la deuxime ponceau, pour le Grand Architecte; la troisime rouge,
pour l'cossais; la quatrime verte, pour le Chevalier d'Orient; la cinquime
noire, pour le Chevalier de l'Aigle.
Voir le Chevalier d'Orient, rite franais.
MAONNERIE MISRAIMITE
Mon intention n'tant pas de tracer l'histoire des rites, je me borne citer les
faits qui peuvent tablir leur origine.
a Le rite de Misram (dit le F.'. Ragon dans son Tuileur gnral, pages 234 et
nu vantes) reprsente l'autocratie. Un seul, sous le titre de Souverain-Grand-
Maitre absolu, gouverne les ateliers ; il est irresponsable ; cette anomalie toute
LE RAMEAU d'OR d'eLEDSIS 429
profane rappelle le droit divin. Ce rgime, qui n'a de maonnique que ses emprunts
aux collections et aux rites connus, n'est pas mme .maonnique dans ses
formes.
A une poque o il tait dj question de rduire le nombre, rcent alors,
des trente-trois degrs de l'cossisme, rduits de fait cinq dans la pratique: les
trois grades symboliques, le Rose-Croix et le Kadosch, se prsenta le Misramisme,
avec ses quatre-vingt-dix degrs, diviss en quatre sries, subdiviss en dix-sept
classes,
Sur ce rite monstre, pour lequel ses auteurs ont puis dans l'Ecossisme, le Mar-
tinisme, le Templirisme et dans des rformations maonniques, voici ce que dit
l'auteur de FHistoire pittoresque de la Franc-Maonnerie, qui a pratiqu ce rgime.
C'est en 1805'que plusieurs FF.-. de murs dcries, n'ayant pu tre admis
dans la composition du Suprme Conseil cossais, qui s'tait fond en cette
anne Milan, imaginrent le rgime misramite. Un F.-., Lechangeur, fut charg
d'en recueillir les lments, de les classer, de les coordonner et de rdiger un
projet de statuts gnraux. Dans ces commencements, les postulants ne pouvaient
arriver que jusqu'au 87e degr; les trois autres qui compltent le systme taient
rservs des suprieurs inconnus; et les noms mme de ces degrs taient
cachs aux FF.-, des grades infrieurs. C'est avec cette organisation que le rite
de Misram se rpandit dans les royaumes d'Italie et de Naples; il fut adopt,
notamment par un chapitre de Rose-Croix, appel la Concorde, qui avait son sige
dans les Abruzzes. Au bas du bref ou diplme, dlivr en 1811, par ce chapitre
au F -. B. Clavel, commissaire des guerres, figure la signature du F.-. Marc
Bdarides, qui n'avait alors que le 77' degr.
En 1814, Paris entendit parler, pour la premire fois, du rite de Misram ; les
FF.-. Joly, Gaborria et Garcia taient porteurs de leur patente du 90e degr,
constatant le pouvoir d'tablir, hors de l'Italie, le rite de Misram.
Ce fut le 21 mai 1814 que les nomms Bdarides frres, ngociants, tablirent
dans leur domicile, rue des Bons-Enfants, n 27, un grand chapitre du rite de
Misram.
Voir les tudes historiques et philosophiques, par le F.'. Boube, pages 161 et
suivantes.
A peine Marc Bdarides eut-11 form le grand conseil gnral, qu'il nomma
son frre Michel suprme grand Conservateur de l'Ordre, se contentant d'tre son
reprsentant, et il rdigea des statuts gnraux qui donnaient ce chef un pouvoir
tel, que les rois les plus absolus n'en ont jamais eu de pareil, ce qui faisait dire
au F.-. Thory, qu'avec des statuts semblables il gouvernerait despotiquement
dix royaumes la fois.
L'art. 19 de ces statuts est ainsi conu :
c 11 n'y a dans chaque tat qu'un seul suprieur grand Conservateur du rite ;
il a la souveraine puissance et la suprme administration; lui seul appartient le
droit de crer le souverain grand conseil gnral du 90 et dernier degr, de le
suspendre, de le dissoudre et de le recomposer, si toutefois ce conseil s'carte
des prsents statuts gnraux, et en gnral de faire ce qu'il juge dans sa sagesse
430 LE RAMEAU D'OR d'LEUSIS
MM. Bdarides n'avaient pas un seul rituel rgulier et ne ^pouvant pas mme
justifier de leur qualit maonnique.
Le 22 juin 1818, le suprme conseil des Pays-Bas interdit le rite de Misram.
Frapp des inconvnients plus graves que prsentait l'exploitation de ce rite, le
Grand-Orient lana une nouvelle circulaire en date du 10 j.\ du 9 mois 5821 ;
cette circulaire ordonne, sous les peines maonniques les plus graves, aux Loges de
son obdience, d'interdire l'entre du temple tous les membres de ce rite. En
1821, la Loge la Bonne-roi voit l'autorit s'emparer de ses papiers et fermer son
local. Le 1 octobre 1822 une loge de Tarare prouve le mme sort.
Les FF.*. qui dsirent avoir des renseignements plus tendus sur ce rite,
les trouveront: 1 dans l'Histoire des Francs-Maons, par le F.*. Dubreuil, pages
176 et suivantes ; 2 dans l'ouvrage intitul : la Maonnerie considre comme
rsultats des religions gyptienne, juive et chrtienne, par le F. ".M. R. de S. Paris,
Dondey-Dupr, 1835, tome H, pages 283 et suivantes; 3 dans le Tuileur
gnral de la Maonnerie, par le F.'. Ragon, pages 234 et suivantes ; 4 dans
^Orthodoxie maonnique, par le mme auteur; 5 dans les tudes historiques et
philosophiques sur la Maonnerie, par le F.'. J.-S. Boube, etc.
CHARTE DE COLOGNE
> L'flrient est le point central des diffrentes Loges d'un royaume ou de la
fdration d'un mme rite; ce mot s'emploie en Maonnerie pour dsigner la
place du Matre et des Officiers de la Loge; il rappelle aussi l'esprit des F.*. que
les mystres de la sagesse sont venus de l'Orient.
' 'V*
A L.\ G.'. D.\ G.'. A.'. D.'. L'Un.'.
saire d'exposer quelle est l'origine et le vritable tat de notre Ordre ot quel est
le but de son institution de charit, ainsi que ces diffrents points ont t fixs
et approuvs par les principaux Mait.-. experts dans l'art suprme et clairs dans
les sciences naturelles ; et cette exposition tant trace et rdige, nous avons rsolu
de l'envoyer en original, souscrite et signe par nous, toutes les LL.'. de notre
socit, afin que, perptuant le souvenir de ce renouvellement solennel de notre
pacte et de l'intgrit des principes, elle puisse l'avemr porter nos institutions
dans quelque autre partie de la terre, si, dans nos contres, la haine, l'envie et
l'intolrance des citoyens et des nations, multipliant les ravages de la guerre, acca
blaient notreSocit et l'empchaient de maintenir son tat et sa consistance; ou que,
devenue moins pure, moins intacte et moins incorrompue dans la suite des temps,
elle puisse prendre pour rgle les principes tracs dans la prsente Charte, si
quelques-uns de ses exemplaires chappent l'oubli et au nant, et les professer
de nouveau dans des circonstances plus prospres, lorsque les temptes seront
calmes, pour rtablir l'Ordre s'il tait renvers, ou pour le ramener son
vritable tat s'il tait corrompu ou cart de son but primitif et de la puret de
sa doctrine ;
Par ces motifs, et au moyen de cette lettre universelle, rdige d'aprs les plus
anciennes Chartes et les monuments existants relatifs aux principes, aux rites et
aux usages de notre Ordre trs-antique et trs-bon, nous, ftiait.-. lus, conduits
par l'tude de la V.-. Lum.\, au nom de la promesse sacre qui nous loi, supplions
tous collaborateurs qui les prsentes parviendront ou pourraient parvenir plus
tard, de ne jamais s'carter de ce document de vrit; annonons et publions en
outre, tant au monde clair qu' celui plong dans les tnbres, dont le salut
nous est galement cher :
A. Que la Socit ou l'Ordre des frres admis F.-. M.-., consacr saint Jean,
ne drive ni des Chevaliers Templiers, ni d'aucun ordre de chevaliers ecclsias
tiques ou sculiers; qu'il n'en est pas une partie spare; qu'il n'est joint ni l'un
nia plusieurs d'entre eux, et qu'enfin il n'a avec eux, directement ou indirectement
par aucun lien quelconque, aucune et pas la moindre relation, mais qu'il est plus
ancien qu'aucun ordre de chevalerie de ce genre, et qu'il existait dj, tant en
Palestine qu'en Grce, et dans l'une et l'autre partie de l'empire romain, avant les
guerres sacres et les temps o les chevaliers susdits partirent pour la Jude; qu'il
nous est dmontr, par diffrents monuments d'une antiquit bien constate, que
l'origine de notre association remonte jusqu'aux premiers temps o, fuyant les
disputes des diffrentes sectes du christianisme, quelques adeptes imbus, par une
sage interprtation, des vrais principes, des secrets de la philosophie morale, se
sparrent de la multitude; c'est cette poque que des hommes savants et clairs,
que de vrais chrtiens, qui n'taient souills d'aucune des erreurs du paganisme,
croyant voir la religion, altre et corrompue, propager les schismes et les horreurs
de la guerre au lieu de la paix, de la tolrance et de la charit, s'unirent et se
lirent par un serment sacr, afin de conserver, et plus srement et plus purs
les principes de la morale de cette religion, principes gravs dans le cur de
hommes; ils s'y dvourent afin que la lumire, clatant de plus en plus du sein
LE RAMEAU D'OU D'ELEUSIS
la naissance du Christ sous d'autre dnomination que celle de FF.\ de Jean; c'est
alors, d'aprs ce qu'il nous a paru, qu'elle commena prendre le nom de confra
ternit des Francs-Ma.*., spcialement Valenciennes, en Flandre, parce qu'
cette poque on commena, par les soins et les secours des F.\ Francs-Ma.\
de cet Ordre, btir, dans quelques parties du Uainaut, des hospices pour y
gurir les pauvres qui taient alors attaqus de l'inflammation dartreuse dite Mal
de Sain ! *Antoine ;
Z. Quoiqu'on accordant nos bienfaits, nous ne devions nullement nous
inquiter de religion ni de patrie : il nous a cependant paru ncessaire et prudent
de ne recevoir, jusqu' prsent, dans notre Ordre, que ceux qui, dans le monde
profane ou non clair, professent la religion chrtienne;
Il ne faut employer, pour pouver cr pour sonder ceux qui se prsentent
l'iniuation du premier Grad.\, qui est celui d'App.'., aucun tourment corporel,
mais seulement les preuves qui peuvent aider dcouvrir l'esprit, les volonts et
le caractre des novices;
H. Parmi les devoirs prescrits, et dont la pratique doit tre jure par un
serment solennel, sont : la fidlit et l'obissance aux sculiers et tous ceux qui
sont lgitimement revtus du pouvoir ;
O. Les principes qui guident toutes nos actions, et le but o tendent nos efforts
sont noncs dans eus deux prceptes : aime, chris tous les hommes comme tes
frres et tes parents ; rends Dieu ce qui appartient Dieu, et l'Empereur ce
qui appartient l'Empereur;
F. Le secret et le mystre qui cachent nos Trav.\ ne servent qu' cette seule
fin de nous laisser rpandre nos bienfaits sans ostentation, et conduire sans trouble
jusqu' sa perfection l'ouvrage que nous nous sommes propos;
14.. >ious clbrons tous les ans la mmoire de saint Jean, prcurseur du
Christ et patron de notre Communaut ;
U. Cette coutume et toutes les autres crmonies du mme genre, lorsqu'elles
ont lieu, soit en ralit, soit en discours, soit de toute autre manire dans les
runions de FF.'., n'ont nanmoins aucun rapport avec les rites de l'glise;
M. N'est rput F.*. de la Socit de Jean ou Franc-Ma.'. que celui seulement
qui, lgitimement initi nos mystres par un Mait.'. lu aid au moins de sept
FF.'., est capable de donner la preuve de sa rception par les signes et paroles
dont se servent les autres FF. .; parmi ces signes et ces paroles cependant, sont
aussi admis ceux qui sont en usage dans la loge d'Jimbourg, ainsi que dans
celles de Hambourg et de Rotterdam, de Middelbourg et de Venise, qui lui sont
affilies, et dont les occupations et les Trav.\, quoique rgls selon la manire
des coss.'., ne s'cartent pourtant pas des ntres, en ce qui concerne l'origine,
le but et l'institution ;
M. Notre Socit tant gouverne par un chef unique et universel, etles diffrents
magistres qui la composent, par plusieurs G.'. Mat.'., selon la position et les
besoins des pays et des royaumes divers. rien n'est plus ncessaire qu'une entire
uniformit entre tous ceux qui, rpandus sur la surface de la terre, forment comme
les membres spars d'un seul corps; rien n'est plus utile encore qu'une cn es
130 LE RAMEAU d'or d'LBDSIS.
LA MAONNERIE EN ALLEMAGNE
La troisime est la rforme du Chapitre historique dont nous avons parl. Cette
grande Loge n'admet pas l'initiation des candidats juifs et mahomtans.
Malgr cette diversit de rites, de grades, les Maons allemands vivent en paix
et travaillent d'un commun accord au bien gnral, parce qu'ils s'attachent plus
au fond qu' la forme et que les discussions oiseuses sur des sujets sans impor
tance n'occupent pas leurs loisirs.
La Franc- Maonnerie allemande compte au nombre de ses hauts protecteurs :
le roi de Hanovre, le roi de Danemark, le roi de Sude, le prince Guillaume de
Prusse, le prince Charles des Pays-Bas et le gnral prussien Selasinsky, etc.
Ce systme fut cr en 1761 par les jsuites et les partisans des Stuarts. Le
chapitre de Clermont, fond en 1754 par le chevalier de Bonneville, en fut le foyer
principal.
Ce rite tait, dans le principe, compos de cinq grades, puis de sept; enfin le
nombre en a t augment jusqu' vingt-cinq, dont les derniers s'appellent :
Souverain Prince de la Maonnerie, Grand Chevalier, Sublime Commandeur du
Royal Secret.
La Loge qui pratiquait ce rite fut fonde en 1150 Kilwinning. Elle fut leve
au rang de Grande Loge Royale en 1314. Le sige en fut transport Edimbourg
en 1744 : alors cette Loge ne professait que sept grades.
Robert Bruce, roi d'Ecosse, fonda, en 1314, l'Ordre d'Hrodom de Kilwinning,
en faveur des Francs Maons qui avaient combattu pour lui ; et le roi Jacques II,
Grand Matre de l'Ordre d'Hrodom de Kilwinning, rtablit en 1685 l'Ordie des
Chevaliers de Saint Andr, qui avait t supprim, et dont les biens avaient t
confisqus Cet ordre devait tre, selon son intention, un signe de distinction et
de rcompense pour les Francs-Maons; il est supposable que ce monarque leur
et rendu leurs biens, si le sort lui et t favorable. Ce sont ces chevaliers de
Saint-Andr qui, se trouvant la tte du parti des Francs-Maons, combattant
pour Jacques II, suivirent ce prince en exil, avec beaucoup de nobles et de
jsuites.
Vers 1700, des Maons, partisans des Stuarts, fondrent, Edimbourg, un cha
pitre sous le nom de Saint-Andr d'Ecosse, et c'est de ce chapitre, dont il faisait
partie, que le docteur Ramsay reut des pouvoirs pour tablir des Loges qui
devaient travailler au rtablissement des Stuarts. L'infiltration des hauts grades
dans les Loges de Fiance date de 1728.
Le rite d'Hrodom de Kilwinning fut appel en France rite de Perfection.
Il est pratiqu en Ecosse et en Irlande par quelques chapitres isols ; car la
Grande Loge de Saint-Jean d'Ecosse, Edimbourg, fonde en 1737, laquelle la
438 LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS
Sic transit gloria mundi ; et dans diffrents rites, la rception d'un Frre la
matrise, entr'autres inscriptions qu'il dcouvre dans le caveau funbre d'Hiram,
se trouve le memento mort: sentences qui font allusion au systme de destruction,
de rgnration ou de rsurrection des tres.
L'initiation, les preuves et les doctrines des Essniens se rapportent celles
des Maons. Dans Stobe, l'initiation chrtienne offre, comme dans celle des
gyptiens, des craintes, des marches pnibles, qui sont suivies, comme dans
plusieurs rites maon.-., par des scnes riantes.
L'introduction au Saint-Spulcre est la mme que celle de la chambre de
rflexion dont on se sert dans l'initiation maon.-..
L'initiation du jour, la chevalerie Balduine et de Halte, est un fac-simile des
initiations des anciens Croiss ; il n'y a que les doctrines qui se trouvent en
opposition avec l'ancienne tolrance des Croiss.
De tous ces faits, on doit conclure que l'initiation maon.-, est le rsultat de
celle des gyptiens.
Les allgories des hros de l'antiquit, comme de Bacchus, d'Hercule, etc.,
sont celles du soleil.
Ces allgories furent confondues par les peuples de l'antiquit, et vers la d
cadence de l'empire romain.
Nous avons voulu rappeler que notre dogme, nos mystres et nos grades
rclament l'tude de la nature et des sciences utiles, qu'ils nous commandent
l'ordre et la bienfaisance.
Que nos lgendes, crmonies et assembles, ne respirent que l'ordre, afin
d'imiter les vertus civiles et morales des hommes justes, et pour obtenir le grand
but de la plus grande gloire du G.-. A.-. D.-. L.-. U.-., et de l'amlioration de
l'espce humaine.
MAONNERIE MUSULMANE
tralis Paris, passa par ses constitutions au Caire, o il tablit la Loge des
Pyramides, et Alexandrie celle de la Bienfaisance et Philantropie.
Il existe aujourd'hui Belgrade une grande Loge appele Alikotch. Les Atel.'.
qui en relvent sont au nombre de onze, dont le plus prospre est celui du cou
vent des derviches tourneurs de Serkeischiteckar.
Cette Maonnerie ne possde que trois grades, savoir : Apprenti, Compagnon,
Matre.
(Voir, pour le Tuilevr, les trois premiers degrs du rite anglais.)
Les Maons turcs portent, comme signes distinctifs, un petit chle brun orn
de diverses figures allgoriques et un dodcahdre de marbre blanc, poli sur
toutes ses faces, ayant des tches rougetres, qui symbolisent (le sang), la mort
d'Ali. Ils portent ce bijou suspendu au cou par un cordon blanc, symbole de
puret.
Les Maons turcs sont gnralement trs-honorables, et ils considrent l'his
toire de la mort d'Hiram comme purement allgorique.
LA CHARIT MAONNIQUE
morales, cesseraient d'avoir cette puissante influence qui fait les grands peuples
et les grands citoyens.
Mais les abus sont partout, surtout dans les murs sociales et dans les
habitudes prives; partout on exagre le pouvoir personnel; partout on se fait un
petit despotisme soi, qui est bien loin d'tre fraternel.
Lorsque l'on soumet une sage analyse les murs sociales et cette ducation
vicieuse et Funeste que les passions cupides, l'ambition et l'gosme donnent
l'homme viril, on arrive se convaincre que tous les systmes politiques qui
tendent galiser et niveler les conditions et les fortunes, ne sont que de belles
illusions philantropiques, pour faire passer les hommes du point o ils sont au
point o ils devraient tre. Pour les amener vivre fraternellement et dans une
commune intelligence, il faudrait un revirement universel dans les opinions et
les ides, dans les usages et dans les murs, et, de plus, brider la nature, la
sevrer de ses volonts capricieuses, qui, presque toujours, dgnrent en un
despotisme funeste.
. C'est pour corriger ces deux extrmes que les lgislateurs religieux, les rfor
mateurs philosophes, les moralistes de tous les temps et de tous les lieux se sont
efforces d'apprendre aux hommes que la charit tait la plus belle et la plus n
cessaire de toutes les vertus; que dans leur saint dlire philantropique ils ont
cri leurs contemporains : Donnez! donnez! la charit, c'est la vie des anges de
la terre, la charit, c'est Dieu !
Mais si la Franc-Maonnerie n'avait pas d'autre but que de donner et de
rpandre le superflu des biens dont le Sublime Architecte des mondes nous a
faits dpositaires, je ne vois pas pourquoi nous nous glorilierions d'tre les
enfants de la Lumire.
Nos travaux, mes FF.\, doivent avoir pour principal objet l'tude des lois de
la nature et des vrits qu'elle nous rvle et non un systme d'administration
purement matriel; ils ne doivent pas se borner recevoir quelques nophytes
que l'on soumet d'insignifiantes preuves, auxquels on donne la clef de quelques
signes, la signification de quelques symboles, toutes choses qui sont de peu
d'importance; il faudrait s'occuper du dogme et de ia doctrine qui en drive, qui
s'applique plutt perfectionner l'me que le corps.
Le dogme et la croyance, voil la pierre angulaire de l'difice, l'appui philo
sophique et religieux du systme social maonnique. Le dogme fait natre la foi,
et la foi seule inspire les nobles sentiments. C'est elte qui donne aux vrais
croyants le gnie de la sagesse et le fanatisme de la vertu.
C'est la foi dans le dogme qui a fait les aptres de la Maonnerie, ceux qui ont
clair les peuples de l'Europe, mancip ceux du Nouveau-Monde, et qui encore,
dans les archipels amricains, dans ceux de l'Ocanie, dans l'Inde, dans la Chine
et partout o se trouve quelque association humaine, travaillent dtruire l'igno
rance et tous les vices qui asservissent les esprits et abtardissent les curs.
C'est sur l'esprit et sur le principe du dogme, sur la croyance qu'il fait natre,
sur les devoirs qu'il impose, sur les vertus qu'il consacre, que je voudrais voir
fonder l'ducation maonnique et la thorie de la science qui fait le vrai Maon.
LE RAMEAU D'OB D'ELEUSIS 4.13
Et je ne vois point dans nos At.\ d'lment doctrinal, point de ces rayons lumi
neux qui rendent la vrit plus expressive et plus clatante aux yeux de tous et
la font aimer des forts comme des faibles, des petits comme des grands. Cet
abandon, cet oubli.de tout ce qui donne une origine pure et cleste notre sainte
institution, inspire l'indiffrence et le dgot aux bons et pieux Maons qui ne
frquentent plus nos temples, non pas parce que la Mac.\ est mauvaise, ou parce
qu'elle est dpourvue d'lment moral et religieux, mais pnreo qu'elle n'est pas
faite comme elle doit l'tre, et que l'on semble prendre plaisir d'assimiler son
action cette pbilantropie d'ostentation et d'gosme qui caractrise les murs
de notre sicle.
Pour faire arriver la Mac.*. ses habitudes primitives et son principe naturel,
croyez-le bien, mes FF.'., il faut suivre d'autres voies que celles que nous sui
vons. Ce n'est point avec l'lment terrestre que se forme le ciment mystrieux ;
ce n'est point dans le sable du dsert, ni sur les surfaces o tourbillonne le monde
profane, que nous devons aller chercher les matriaux avec lesquels nous devons
accomplir nos travaux de rgnration et de perfectionnement. C'est dans une
rgion plus leve, l o l'imposture et l'hypocrisie, la fourberie et l'ambition
n'ont point accs, o tout ce qui est vrai et pur domine l'entendement, o l'esprit
du Sublime Architecte des mondes claire et dveloppe l'intelligence de notre
nature.
La bienfaisance, telle que nous la pratiquons dans nos temples, est une vertu
inne dans l'homme, un besoin de son cur; mais il existe une charit plus noble,
plus leve que celle qui s'attache satisfaire les besoins physiques, une charit
qui n'a rien de soumis l'empire des sens ni aux habitudes matrielles. Cette
charit donne la vie l'intelligence et lui trace la voie du bonheur moral; elle
fixe la fois le dogme et la croyance : c'est l'image du soleil qui, non'seulement
anime la nature, mais donne tous les tres la force et la vigueur ncessaires
pour atteindre la perfection qui lui est propre; il ne faut pas aller puiser cette
lumire dans les sources de la science profane, nous n'y trouverions qu'erreuis et
prjugs, orgueil et bassesse. Que peut, en effet, nous offrir l'homme du monde,
clair des lumires de la civilisation ? Sa raison, il la prostitue tout instant aux
passions les plus dvorantes, aux apptits les plus ignobles; son intelligence, il
ne s'en sert que pour faire un centre d'activit son gosme, pour le satisfaire
dans ses convoitises et dans ses penchants envahisseurs ; sa science, juste ciel ! sa
science; voyez, mes FF.*., quel trafic il en fait; voyez cette fourmillire de savants
de toute espce, de tout rang, de toute condition, qui s'agitent dans le foyer
social; voyez-les s'appliquer jouer au plus fin, au plus rus, celui qui trompera
l'autre le plus facilement ou le plus habilement. Voyez le commerce lgal
d'intrigue, de rouerie, de flonie, de trahison, et dites-moi si la science profane
sert quelque chose, si ce n'est soumettre l'humanit une humiliante condi
tion, et la priver des avantages attachs sa nature.
Elle serait bien malheureuse, l'humanit, si elle n'avait pour se relever de sa
misre et de son asservissement que les fausses esprances que lui donnent tes
lumires de la civilisation; si, pour revendiquer ses droits et son empire, elle se
444 LE RAMEAU D'0R d'ELEUSIS.
La Franc- Maonnerie n'est pas l'humble colire de la routine; elle ne suit pas
servilement les traces des enfants de la terre dans leurs prjugs et dans leurs
erreurs; elle ne sympathise pas avec les vices et les passions qui les abtardissent
et ne tourne pas autour du cercle que les apptits des sens ont trac la vie
animale. Fille de fa lumire, elle parcourt comme le soleil les vastes plages du
monde, avec la seule mission d'apprendre et de faire aimer la vrit, et de la
dfendre contre les imposteurs et les mchants (1).
DISCOURS
SUR
LSOTRISME MAONNIQUE
Un grand pote, l'une des gloires du sicle d'Auguste, et qui, par son gnie,
fut jug digne des faveurs de l'initiation, Virgile, voulant consacrer dans le
sixime livre de son immortel pome quelques-uns des rites des mystres
gyptiens, au moment d'aborder ces rvlations redoutables, pour dtourner de
sa tte les maldictions fulmines contre les divulgateurs des secrets de l'initiation,
s'crie : O dieux! dont l'empire s'tend sur les mes, ombres silencieuses, imp
ntrable chaos, Phlgton aux ondes dvorantes, lieu sur lequel plane, au loin,
le silence de la nuit, qu'il me soit permis de raconter ce que j'ai entendu sous
votre puissante protection, qu'il me soit pardonn de rvler des choses plonges
dans les profondeurs de l'abme et environnes de nuages mystrieux.
Je n'ai pointa former de pareils vux, mes illustres FF.'.; je n'ai point
solliciter un pareil pardon; l'auditoire minent, au milieu duquel ma voix se fait
entendre, me dispense de ces ombrageuses prcautions. Environn des lumires
les plus clatantes de l'Ordre, en prsence de ce Snat auguste, si un sentiment
de regret se fait jour dans mon me, c'est d'tre moi-mme si peu la hauteur
du sublime sujet que je suis appel traiter et du savant auditoire qui daigne
m'honorer de son attention.
Un philosophe grec, aprs avoir parcouru l'Egypte et visit les principaux
avec sagesse; a nul n'est digne de la science disent nos traditions a qui ne l'a
conquise par ses propres etrio ts. Sur ce point soyons un peu plus condescendants
que nos matres svres; montrons de loin cette science, et s'il nous est interdit
de la rvler celui qui n'a pas, comme Josu, ceint l'pe des forts pour entrer
dans la Terre promise, transportons au moins le nophyte sur la montagne d'o
on peut la dcouvrir. Peut-tre, enflamm d'ardeur cette vue, il travaillerai!
mriter de faire partie de l'arme des Elus.
L'sotrisme ma. . embrasse le cercle tout entier de l'activit de l'me humaine :
toute science, tout art, toute pense y trouve son cadre, son poste, son rang;
seulement, ngligeant la partie lmentaire et pratique, Ysotrisme n'embrasse
que la partie transcendante et mtaphysique; laissant Yexotrisme l'esprit qui
dispose, le talent qui excute, il ne se rserve que le gnie qui cre.
Trois Cycles, unis dans un ordre mystrieux, se correspondant par une chane
indivisible, et s'engendrant rciproquement d'une manire ineffable, forment le
temple mystique.
Le premier peut s'appeler, pour les profanes, le Cycle historique ; il se compose
de trois degrs, dont la srie philosophique embrasse le dveloppement social de
l'humanit tout entire et de chaque peuple en particulier, dans trois priodes
symboliques, qui sont toute l'histoire : la Sociabilit, lu Famille, la Libert.
Le second est le Cycle potique; tes neufs Muses, gracieuses filles de l'Imagi
nation, soutiennent la guirlande sacre qui le couronne; les colonnes de son
temple, du plus clatant marbre de Paros, portentd'ingnieux emblmes consacrs
la gloire des enfants de l'harmonie et de la fantaisie aux ailes d'or; les trois
Grces, au maintien noble et dcent, veillent l'intrieur du temple, artistes ins
pirs, dont la toile ou le bloc nous transmettent les sublimes inspirations. Savants
profonds qui lisez dans les cieux la puissance de Dieu, ou dans les entrailles de
la terre, les ressources infinies de l'Arch.-. des mondes; pote aux rves inspirs,
votre place est marque dans le temple! Le cygne aux ailes argentes traverse le
fleuve d'Oubli, et, travers mille obstacles, il va attacher vos noms au fronton du
temple de l'immortalit !
Et vous aussi ne viendrez-vous pas, habiles interprtes des conceptions du
gnie, vous dont les pas tracs par les Grces, dont la voix module par la desse
de l'harmonie, portent dans nos mes des motions inconnues, et qui nous faites
vivre dans un monde plein de posies? Pourquoi nous repousserions-vous du
temple de l'art? Euterpe, aux doux accents, Terpsichore, la dmarche divine,
vous appellent! Tous, vous y apprendrez qu'au-dessus de l'art terrestre il y a un
art cleste; vous vous expliquerez alors, peut-tre pour la premire fois, ces
clairs qui sillonnent vos nobles mes et illuminent des rgions lointaines; la voix
intrieure qui vibre au-dedans de vous sera intelligible ; vous comprendrez le Dieu
qui vous agite.
Mais recueillons-nous ! chassons ces trop sduisantes images. Grce potique,
loigne-toi ; loin de nous tes gracieuses thories, tes churs de danse, le pinceau
' Appelles et le ciseau de Phidias ! Nous allons demander au sanctuaire de Brahma,
l'Inde mystrieuse, rveuse, philosophique, l'Inde institutrice de l'Egypte,
448 LE RAMEAU D*OR D'ELEDSIS
comme l'Egypte fut l'institutrice du monde, ses grands secrets, les secrets par
excellence, la science divine de Brahma. Nous entrons dans le Cyclephilosophique.
Sur l'autel trois feux mystrieux et emblmatiques sont allums; trois sacrifices
vont tre accomplis. Sage Brahmane dont les cheveux ont blanchi l'tude de la
vrit, explique-nous ces trois feux ct les trois sciences qu'ils reprsentent : nous
voyons le feu des crmonies journalires, le feu du foyer domestique, le feu
des sacrifices ; mais leur signification nous reste inconnue. Homme infirme et
courb vers la terre, dit le sage Brahmane, pourquoi m'interroger sur les sciences
les plus sublimes? Aux trois mystres, je rpondrai par trois mystres : L'homme
est corps, me et intellect ; rflchis, et pourtant, si ces recherches profondes
t'effrayent, neufcieux sont dcrits sur la vote symbolique du temple, tu peux
les parcourir; neuf puissances clestes y prsident, et tu pourras prendre place
au milieu d'elles si tu sais t'en rendre digne. La volont intelligente habite le
premier, la parole sympathique le second, l'esprit organisateur le troisime, la
puissance qui cre la soumission le quatrime, l'nergie sociale le cinquime, le
gouvernement des peuples le sixime, la domination des intelligences le septime,
le gnie qui dcouvre la vrit le huitime, le sage qui pense et vit en Dieu occupe
le neuvime et se repose ternellement au pied du trne de Brahma.
Telles sont, mes FF.-., autant qu'il m'a t permis d'tre clair, les grandes
masses de la science sotrique; en dire davantage serait prvarication, en avoir
autant dit est peut-tre imprudence, mais cette imprudence me sera pardonne,
car c'est le pur amour de la propagation de la vrit; c'est pour rpondre, autant
qu'il peut tre permis de le faire, aux tmraires et aux insenss qui, peine sur
le seuil de la Maonnerie et persuads que tout est dans les symboles extrieurs
qui frappent leurs yeux, se retirent, disant avec ddain : nous avons regard dans
les profondeurs de la science, et n'y avons trouv que le vide. Tmraires et
insenss ! vous n'avez pas seulement soulev le premier voile de la statue
mystrieuse d'Isis, la courtine du temple d'Apollon est reste silencieuse pour
vous. Allez, ne blasphmez pas ce que vous ignorez!
LE RAMEAU D'OR d'ELKUSIS 449
INVOCATION
EXAMEN
8idrment d'une partie des secours qui nous ont t accords pour nous
conduire.
D.\ Qu'est-ce que vivre?
R.\ C'est souffrir; ne pas souffrir est le but ; qui ne souffre pas est dieu.
Le Prsident lui dit :
Je dois vous dire que nos travaux sont consacrs la plus grande gloire du
Sublime Architecte des mondes.
Toutes les vertus humaines tant agrables Dieu, c'est le servir, le glorifier
que d'enseigner, dvelopper et pratiquer celles qu'il a mises en nous.
Le but constant de nos efforts est donc le bonheur de l'humanit, et notre prin
cipal devoir est d'attaquer et de dtruire, par toute la puissance qui nous est
donne, l'ignorance, la misre, la dpravation parmi les hommes, et d'amener
ainsi le rgne de Dieu sur la terre.
L'homme est n bon, son cur est dou de qualits utiles lui et a ses
semblables, mais ses qualits ont besoin d'tre diriges par l'intelligence et d'tre
duques pour produire d'heureux rsultats. L'ignorance est donc un premier
mal que les Kadosch doivent tendre diminuer et dtruire.
La misre nat le plus souvent de l'ignorance; celui qui sait a des moyens pour
se soustraire aux temps difficiles; attaquer 1'un, c est donc soulager l'autre.
La dpravation aussi s'engendre par l'ignorance ou l'oubli des lois morales;
ils les enseignent aux uns et en rappellent sans cesse la pratique aux autres.
Nos moyens de ralisation se puisent dans la recherche des grands principes
qui dirigent l'homme sur cette vaste chelle o le Tout-Puissant l'a plac.
En consquence, le rcipiendaire, en entrant dans notre Ordre, prend l'enga
gement de vouer une grande partie de son existence et de son activit l'tude de
l'homme et des choses qui l'environnent.
Les membres de notre aropage ont foi que dans l'antique et sainte Maonnerie
se trouve le dpt de toutes les vrits utiles aux hommes ; ils se destinent donc
au perfectionnement de leur doctrine, mise en harmonie avec les progrs de la
science et les besoins de l'humanit.
D.*. Il me reste encore plusieurs questions vous adresser, tes-vous dispos
rpondre?
R.\ Oui, Sublime Chevalier Kadosch.
D.'. Quelle est la distance qui nous spare des astres?
R.\ La distance qui nous spare des astres est presque infinie, l'tendue du
ciel dans lequel ils font leur cours est immense ; cependant si nous examinons
attentivement les mouvements clestes, et que nous recherchions avec soin les
diffrents lieux o se sont trouvs les astres ; alors, quoiqu'il se soit coul plusieurs
milliers d'annes depuis le solstice d'hiver, dans lequel on tablit un calendrier
et qui se trouve joint avec la syzygie de la lune minuit d'un jour, Kia-tz, il
sera facile de dterminer quand cela est arriv.
La longue vie des premiers hommes, tels que l'Ecriture nous les prsente,
leur tat et leur genre d'occupation, ont d les rendre presque universellement
astronomes; les patriarches, pasteurs, agriculteurs ont d multiplier les obser
LE RAMEAU D'OB d'LEUSIS 455
vations et les transmettre leurs enfants, qui y joignaient les leurs et les laissaient
galement ceux qui venaientaprs eux. On doit aux enfants de Seth, dit Joseph,
leur esprit et leur travail, la science de l'astrologie, et, parce qu'ils avaient
appris d'Adam que le monde prirait par l'eau et par le feu, la crainte qu'ils eurent
que cette science ne se perdt auparavant que les hommes en fussent instruits, les
porta btir deux colonnes en pierre sur lesquelles ils gravrent les connaissances
qu'ils avaient acquises, afin de conserver la postrit la mmoire de ce qu'ils y
avaient crit; leur prvoyance russit, et on assure que ces colonnes se voient i
encore aujourd'hui dans la Syrie. j
De l a d se former un dpt de connaissances, de remarques et d'poques
astronomiques, plus ou moins conserv, plus ou moins altr parmi les nations j
qui ont tir d'eux leur origine; la priode astronomique de 600 ans s'explique |
trs-bien : Dieu prolongea la vie des patriarches pour leur donner les moyens de j
perfectionner lessciencesde lagomtre etdel'astronomiequ'ils avaient trouves, j
ce qu'ils n'auraient pu faire s'ils avaient vcu moins de 600 ans, parce que ce '
n'est qu'aprs la rvolution de six sicles que s'accomplit la grande anne. Dieu
dit l'homme : levez-vous si haut qu'il vous plaira, agitez-vous, tourmentez- j
vous dans tous les sens, les flots tumultueux de vos opinions, souvent contraires, :
vos discussions profondes, vos savantes recherches viendront se briser contre les |
temps que j'ai marqus, contre les faits que j'ai dicts, et ma parole restera seule !
immuable...
D.\ Quel est le peuple primitif?
R.'. En considrant avec attention l'tat de l'astronomie la Chine, dans l'Inde,
dans la Chalde, j'y trouve les dbris des lments de la science, j'aperois des
conformits bien remarquables entre les Chinois, les Chaldens, les Indiens et tous
les anciens peuples, dans les traditions, dans les usages, dans la philosophie, dans
la religion, dans les sciences et dans les institutions qui y sont relatives; j'y
trouve gnralement le tableau de l'innocence primitive du monde et de l'ge d'or,
le souvenir du dluge, les alarmes qu'il a rpandues sur la terre, le culte des
montagnes, la tradition des gants, l'usage d'orienter les temples, la subdivision
de l'anne en douze mois ou lunes, la priode des sept jours, un mme lgislateur
pour les sciences, les arts et la religion, une grande uniformit dans la marche
des ides, et enfin des traces partout conserves de l'ignorance qui succde
la lumire; toutes ces conformits ne sont pas le produit de la communication,
elles ne tiennent point essentiellement la nature, elle naissent d'une identit
d'origine entre les anciens peuples et sont les restes des institutions d'un peuple
encore plus ancien.
D.'. Qu'entendez-vous par l'tat de nature animale?
R.'. L'tat de nature animale est un tat sans rflexion, soumis au hasard et au
caprice, qui rapproche l'homme de la brute.
D.*. Et l'tat de nature convenable un homme?
R.\ C'est un tat de raison et de rflexion; il est de l'essence de son me de
penser et de rflchir, c'est ilonc par cet tat seul qu'il a pu commencer. L'homme
n'est tomb dans la vie sauvage que lorsqu'il a cess de raisonner sur les murs
456
et sur les usages qu'il tenait de ses anctres, ou lorsqu'il a continu les suivre
Fans en connatre l'esprit.
D.-- Tous les peuples ont-ils eu l'ide de la cration du monde?
R. '. Oui, toutirs les nations, sans exception, ont eu l'ide de son commencement;
c'est un fait attest parles traditions de tous les peuples de la terre. Transportons-
nous dans l'ancienne Egypte, dans la Chalde, dans la Perse, dans les Indes,
Siam. la Chine, au Japon, chez les anciens peuples du Nord, enfin dans l'ancienne
Grce, toutes ces diffrentes nations nous diront d'une voix unanime : La terre
n'a pas toujours t, et il y a eu des premiers hommes qui ont donn leurs enfants
une vie qu'ils n'avaient reue que d'une main invisible; il est des faits constants
qui ont avec elle une liaison naturelle. Telle est la persuasion o sont tous les
peuples, dans toutes les parties du monde, de l'existence de Dieu, comme premire
cause toute-puissante et intelligente... Le fait que nous a transmis cette tradition
universelle du commencement du monde est mme de nature n'avoir pu tre
invent; tous les peuples n'eussent point dout de l'ternit, du monde; si en effet
le monde tait ternel, o eussent-ils puis l'opinion de son commencement?
Leur exprience, ni celle de leurs anctres, ne le leur aurait pas appris, elle leur
aurait montr au contraire un monde toujours subsistant, ils eussent donc jug
que le monde avait toujours exist.
D.-. Ont-elles toutes fait sortir l'homme de la terre?
R.-. Oui, presque toutes; cependant on forme contre cette premire origine de
tout le genre humain deux difficults : l'une est la diffrence des blancs et des
ngres, qui prouve, dit-on, que tous les hommes ne sortent pas d'un premier
homme; l'autre est le peu de communication qu'il y avait entre les hommes de
l'ancien continent et ceux du nouveau.
Le genre humain n'est pas compos d'espces diffrentes entre elles; au
contraire, il n'y a eu qu'une seule espce d'hommes, qui, s'tant multiplis et
rpandus sur toute la surface de la terre, ont subi diffrents changements par l'in
fluence du climat, par la diffrence de la nourriture, par celle de la manire de
vivre, par les maladies pidmiques, et aussi par le mlange vari l'infini des
individus plus ou moins ressemblants; ces altrations n'taient pas si marques
et ne produisaient que des varits individuelles, mais elles sont devenues varits
de l'espce, parce qu'elles sont devenues plus gnrales, plus constantes par
l'action continue de ces mmes causes; il est trs-probable qu'elles disparatraient
aussi peu peu avec le temps, si ces mmes causes ne subsistaient plus, ou si
elles venaient varier dans d'autres circonstances et d'autres combinaisons.
Quant leur premire origine, je ne doute pas qu'elle ne soit la mme que la
ntre; la ressemblance des sauvages de l'Amrique septentrionale avec les Tar-
tares orientaux doit faire souponner qu'ils sortent anciennement de ces peuples;
les dcouvertes que les Russes ont faites, au-del du Kamtschatka, de plusieurs
les qui s'tendent jusqu' la partie de l'ouest du continent de l'Amrique, ne lais
seraient aucun doute sur la possibilit de la communication. N'est-il pas trs-pos
sible que des hommes aient travers ces intervalles, et qu'ils soient alls chercher
ces nouvelles terres, ou qu'ils y aient t jets par la tempte.
LE RAMEAU d'OR d'eLECSIS 457
Le Mexique et le Prou doivent tre considrs comme les terres les plus
anciennes de ce continent et les plus anciennement peuples; elles sont les plus
leves et les seules o l'on ait trouv des hommes runis en socit.
La matire, le monde, toutes les parties du monde ont donc aussi t crs?
Supposons la matire ternelle :
Premirement, rien n'a pu agir sur elle; si elle est ternelle par elle-mme,
chacune de ses particules ne peut rien recevoir ni rien communiquer, rien perdre
ni rien acqurir, parce que tout, en elle et dans toutes ses parties, est ds lors nces
saire par sa propre essence: rien ne pourrait donc tre comme il estdansla nature;
secondement, si la nature est ternelle par elle-mme, elle a d tre de toute
ternit en mouvement ou en repos; si elle a t en mouvement, est-ce par elle-
mme ou par une premire cause ? Par elle-mme, le mouvement lui serait donc
essentiel, la communication du mouvement de chaque partie de matire impos
sible, l'ide mme du repos contradictoire? Par une premire cause.
Voil donc au moins le mouvement cr en elle; si elle a t ternellement en
prose, on fera la mme demande, est-ce par elle-mme?
R.\ Le repos lui serait ncessaire, et le mouvement impossible, par une autre
cause.
D.\ Vous la supposez donc indiffrente de sa nature, au mouvement ou au
repos, puisqu'elle est sortie du repos pour tre mue ; voil donc encore une fois
une cause cratrice du mouvement dans la matire.
Mais si en supposant que la matire est ternelle, vous ne prtendez pas qu'elle {
soit ternelle par elle-mme, on vous fera avant tout les mmes questions que
nous venons de faire sur son mouvement et son repos, et de plus on vous deman
dera ce que c'est qu'une matire ternelle, qui existe par une autre cause qu'elle-
mme, qui ne trouve dans son propre fonds ni son existence ni sa manire d'exis
ter, et qui cependant n'est pas cre?
R.\ Ceux qui ne veulent pas admettre une cration dans le temps seront lou-
jours forcs, en remontant aux vrais principes, de l'admettre dans l'ternit, ce
qui implique contradiction, puisque c'est supposer dans l'ternit la production
d'une chose dj produite.
I).'. Ce qui effraie l'imagination, c'est ce quelque chose sorti de rien?
R.*. Mais il faut observer que ce n'est pas avec rien ou par rien qu'il en sera
sorti, ds que vous reconnatrez une premire cause, une puissance infinie qui
renferme dans sa fcondit le pouvoir de crer; or, pour sauver toutes les absur
dits qui suivent de l'ternit de la matire, il faut bien admettre cette premire
cause, distingue de la matire intelligente et libre, existante par elle-mme et
ayant, par sa nature, le pouvoir infini de crer, ou la libert de crer tde ne crer
pas, de le faire dans un temps ou dans un autre, de la manire qu'il lui a plu de
choisir entre toutes les autres.
D.'. La raison toute seule nous rappelle donc la cration du monde, la
cration du premier homme?
R.*. Permettons un moment ceux qui ne veulent point voir l'action de Dieu
dans la nature, ou qui n'y veulent que le mouvement une fois imprim, permet- |
458 LE RAMEAU d'0E d'ELEDSIS.
dans son mouvement, une de ces courbes qu'on nomme sections coniques : ainsi
ce mme corps doit ncessairement, en vertu des lois de la pesanteur, retomber
dans sa premire rvolution sur la surface de l'autre. Si donc notre globe s'tait
dtach de quelque corps cleste pour tre lanc dans l'espace, il serait retomb
sur ce mme corps, et ne ferait point autour du soleil la rvolution dont nous
sommes les tmoins et les admirateurs. Un boulet, parti de la surface de la terre
avec une force quelconque et sous tel angle que l'on voudra, sera oblig d'y
retomber en vertu de sa gravitation. Mais si un canon tait suppos lev au-
dessus du globe, et que le boulet partit de cet endroit, il est certain qu'il tournerait
autour de la terre sans retomber, et qu'il passerait dans chaque rvolution par le
point dont il tait parti. Il en est de mme par rapport notre terre et au soleil :
puisque les observations prouvent qu'elle dcrit une ellipse autour de cet astre,
il s'ensuit que, depuis que le monde a exist, elle a toujours t dans un point de
son orbite actuelle, sans quoi aucune loi de la nature n'aurait pu l'y placer. Ceci
sert prouver en mme temps que la nature d'un systme plantaire n'admet
point d'arrangement successif, et que ds le commencement tout a d tre dans
le mme ordre que nos yeux voient actuellement dans l'univers.
Dieu existe; sa providence rgit l'univers; l'homme est sa crature et son
ouvrage le plus parfait; ds lors, il est bien ordonn dans le systme gnral des
choses, et l'unique soin prendre pour son bonheur est d'empcher qu'il ne
dgnre. Deux tres sont en lui, distingus sous bien des faces, quoique subor
donns l'un l'autre : l'tre physique, conduit et conserv par les lois du
mouvement, et l'tre moral, conduit et conserv par les lois naturelles; lorsque
ce dernier, libre dans sa marche, s'carte des lois morales, il cesse d'exister
tout comme l'tre physique, il doit se mfier de ses sens et de sa faible intelli
gence: abus par quelques dehors trompeurs, il se croira le mme homme dans
sa rbellion aux lois naturelles, tandis que toute sa moralit aura disparu pour ne
laisser sous ses yeux que l'tre physique, esclave des lois du mouvement; mais
quoi lui servirait toute cette savante thorie, sans la science des murs qui en est
l'application 1
D.\ Qu'entendez-vous par la connaissance de Dieu?
R.\ Dieu est un tre ncessaire, ternel, d'une intelligence infinie, libre,
immatriel, trs-parfait, trs -puissant, cause de tout ce qui est cr, et son con
servateur.
La sagesse infinie de Dieu consiste dans une ide adquate de tout ce qui est
prsent, futur et possible.
D.\ Est-il ncessaire d'avoir toutes les connaissances?
R.*. Oui ; comment parvenir au dveloppement de la raison sans les avoir mdi
tes? Cette carrire est vaste, mais dangereuse; tous les hommes veulent y entrer,
mais bien peu portent une lumire assez sre pour ne pas s'garer; tudions ce
qui nous a t dvoil de la nature et de l'indestructibilit de l'me humaine,
runissons les preuves accumules et victorieuses de son immortalit; contractons
une ide claire et distincte de ses facults principales, de sa volont, de sa libert,
de sa raison ; connaissons la force des habitudes et des passions, pour les vaincre
460 LE RAMEAU D'OK d'KLECSIS.
et les analyser; distinguons ce qui est vrai, faux et trompeur; examinons le vice
et la vertu, le bonheur et la misre, ce que nous sommes et ce que nous devrions
tre, et ce travail produira des principes lumineux, guides assurs de nos recher
ches et de notre bonheur.
D.\ Croyez-vous que la vrit et le bonheur soient incompatibles?
R.\ Non, je crois que l'une est ncessairement faite pour conduire l'autre?
D.*. Pour qui la plupart des hommes ne la recherchent-ils pas avec ardeur?
R.*. La paresse de penser, la crainte de rflchir trop srieusement, et de l le
dfaut de principes, une croyance mal assure, une sorte d'incrdulit.
D.". Il ne faut pas vous lasser; les dons les plus prcieux ne s'accordent qu' la
persvrance; la vrit mrite bien qu'on la cherche, qu'on fasse des efforts pour
la trouver, elle ne demande pas des recherches bien pineuses, elle a des preuves
qui sont la porte de toutes les intelligences, il ne faut qu'un cur droit pour
pntrer dans son sanctuaire. ..
Ici se termine l'examen, et les Chevaliers d'office conduisent processionnelle-
ment le candidat la porte de l'aropage; elle s'ouvre devant lui; mais avant
de lui permettre d'avancer, chacun des FF.\ lit d'une voix ferme et solennelle
une des sept sentences ci-aprs :
1. Ne sois jamais prompt juger tes FF.\, quels que soient leurs apparents;
sois juste envers tes amis comme envers tes ennemis, envers tous les hommes,
envers tout ce qui respire.
Ne mprisons jamais, car aux vices qui nous sont communs avec les vices que
nous mprisons, nous ajoutons souvent le pire de tous, l'orgueil de nous croire
meilleurs...
Tiens toujours ton me assez pure pour paratre dignement devant le Sublime
Architecte des mondes, qui est Dieu. coute toujours la voix de la conscience...
vite les querelles, prviens les insultes, songe que, dans la route ingale de la
vie, la plus mle fermet se trouve souvent expose aux plus rudes preuves, et
que de les surmonter, c'est en cela que consiste la vertu. L'utilit de la vertu est
si manifeste, que les mchants la pratiquent quelquefois par intrt...
2e Ne souffre pas qu'un seul de tes jours s'coule sans avoir grossi le trsor
de tes connaissances et de tes vertus. La paresse nuit toute entreprise ; le
travail rend tout facile; celui qui se lve tard s'agite tout le jour et commence
peine ses affaires quand il est dj nuit; n'oublie pas que l'homme le plus parfait
est celui qui est le plus utile ses frres
Pardonne ton ennemi ; ne te venge que par des bienfaits, ce sacrifice gn
reux te procurera les plaisirs les plus purs, et tu deviendras la vive image de la
divinit ; rappelle-toi que c'est l le triomphe le plus beau de la raison sur
l'instinct...., oublie les injures, mais jamais les blenfaits
3e N'oublie pas que le culte le plus agrable Dieu consiste dans les bonnes
murs et dans la pratique de toutes les vertus ; la Maonnerie est l'ordre et la
vrit dans toutes choses, elle est la haine de tous les vices : son culte est Dieu;
ses mystres, la lumire et la raison ; et ses prceptes, la charit
k Travaille rendre les hommes meilleurs ; dissipe les tnbres de l'ignorance;
LE RAMEAU 1) OR D ELEUSIS. 461
fais natre toutes les vertus qui dcoulent de l'instruction et de l'amour de tes
semblables; apprends-leurs'aimer, se secourir mutuellement et tu accompliras
ta sublime destine, tu deviendras la crature chrie du ciel, les bndictions de
tes FF.-, s'arrteront sur toi, et, mritant le titre glorieux de Grand lu chevalier
Kadosch, tu marcheras sur cette terre lgale des bienfaiteurs de l'humanit....
5e Sois soumis aux lois de ton pays, car la loi tablit, assure et conserve les
droits contre les prtentions qui voudraient te les ravir ; ne blme point et con
damne moins encore la religion des autres. Le Sublime Architecte des mondes ne
te demande compte que de tes uvres et ne te rend pas responsable des erreurs
ou des faiblesses des autres hommes, tes gaux et comme toi les objets de prdi
lection et d'amour de la divinit ; songe que le Maon doit respecter tous les cultes,
tolrer les opinions, fraterniser avec tous les hommes, tre secourable toutes les
infortunes.
6 Le niveau montre que tous les hommes sont gaux ; ne rougis jamais d'un
F.-, obscur, mais honnte, son tour l'Ordre rougirait de toi... Si tu supportes
des injures, console-toi, le vrai malheur est d'en faire ; ne crains pas d'avouer
tes torts, car faire de pareils aveux, c'est dire seulement qu'on est plus sage au
jourd'hui qu'on ne l'tait hier.
7 En change de ton admission parmi nous, tu vas abandonner une partie de
ta libert naturelle; tu dois accomplir strictement les nouvelles obligations qui
te seront imposes ; des rglements particuliers rgissent cet aropage, et tu
serais un mauvais F.-, si tu mconnaissais la subordination ncessaire dans toute
socit, et la ntre serait oblige de l'exclure de son sein; le serment solennel
que tu prononceras en invoquant Dieu comme tmoin, tune pourras jamais le
rompre, car il sera ratifi par lui; crains les peines attaches au parjure, tes
FF.-, te dclareraient sans foi et sans honneur...
Aprs la neuvime sentence, l'introducteur conduit le candidat dans l'aropage,
sur un sige qui lui est destin; l'encens brle, une douce harmonie se fait
entendre; le Grand-Commandeur frappe sur un timbre, et dit : En place, Che
valiers.
Le Sublime Commandeur dit au candidat :
o La Franc-Maonnerie drive videmment des associations mystrieuses des
peuples anciens. Ces associations antiques, cres avant les lois rgulires qui,
plus tard, rgirent les tats, avaient pour but de rendre un hommage d'amour
et de reconnaissance une puissance suprme, inconnue la vue matrielle et
indtermine pour l'esprit, mais visible et concevable au cur par ses bienfaits
et par le spectacle des merveilles de la nature; d'clairer l'homme pour qu'il
devint sociable, juste et bon; de le diriger dans la voie de la vertu par rapport
ses semblables et lui-mme; enfin, de former sous l'empire de la morale uni
verselle le corps d'une doctrine sage qui, par le seul ascendant de la raison, tint
l'homme dans une dpendance raisonnable, calcule dans l'intrt de tous, et non
dans l'intrt d'un seul ou de plusieurs. On dcouvrait aux adeptes des vrits
qu'on ne pouvait rendre communes dans l'tat de grossiret et d'ignorance o
taient alors les peuples; un petit nombre d'hommes tenaient dans leurs mains
462 LE RAHBU 0*OB D'ELEUSIS
les germes des sciences et des arts ; ils ne faisaient participer leurs connais
sances que des hommes choisis et dont les facults de l'me et le courage taient
prouvs de bien des manires : ces hommes taient honors, respects comme
des amis des Dieux, ils taient initis^ et ce titre tait ambitionn par les puissants
de la terre; les prtres ne rvlaient mme les hautes connaissances qu' un cer
tain nombre d'entre eux.
Voil le principe, l'origine et le but de toutes les associations chez les
anciens; mais elles ont t diverses comme les climats, comme les individus,
comme les temps, enfin comme les intrts d'une politfque plus ou moins claire
sous le rapport de l'instruction ou de la puissance des peuples. On a vu ces asso
ciations mystrieuses, calmes et douces chez les nations primitives, dans l'Inde,
par exemple; superbes et absolues dans l'Egypte, sous l'influence thocratique;
solennelles, mais un peu dmocratiques dans la Grce ', mystiques dans la Jude,
ples dans Rome ancienne, etc.
Nous assistons bien encore, en quelque sorte, aux confrences des gymno-
Bophistes, aux initiations des gyptiens et des Grecs, quand, dans la Franc-Ma
onnerie, nous voyons interroger l'aspirant et symboliser le passage de l'tat de
souillure o l'a tenu la socit profane, l'tat de puret et de lumire qu'il doit
son initiation; c'est du moins l'ide qu'on s'en fait. Mais cette imitation plus ou
moins fidle des crmonies de l'antiquit n'est plus notre poque qu'un simple
dlassement de l'esprit, et la morale qu'on y dveloppe n'est autre que celle qui
se trouve naturellement dans le cur de tout homme de bien.
Le Chevalier Kadosch a trois croyances : un dieu unique, crateur et conser
vateur de toutes choses, l'immortalit de l'me, et le perfectionnement de l'esprit
humain.
Cette sublime institution n'accepte pas l'athe et elle repousse le mat
rialiste.
Elle n'entre pas dans lajuridiction de la conscience et laisse chacun la libert
de suivre son culte ; elle exige la vertu et la charit.
Le Sublime Commandeur frappe suivant la batterie du grade, il descend les sept
marches et tous les Chevaliers se groupent autour de lui ; aprs un moment de
silence ils reprennent leurs places respectives, et le S.'. G.*, Commandeur annonce
su candidat qu'il est admis; le Chevalier introducteur le prend par la main droite
et lui fait monter les sept degrs de l'chelle mystique; pendant ce temps le Che
valier orateur lui en donne l'explication. (Voir Ychelle mystique.)
L'encens brle sur l'autel, des flots de lumire inondent le temple, la colonne
d'harmonie fait entendre les sons les plus mlodieux, tous les Chevaliers sont en
gants blancs, debout et l'ordre; le nophyte prte le serment des Chevaliers
Kadosch avec toute la crmonie d'usage.
SERMENT
conduite, se sont levs au-dessus de leurs semblables; les Maons vulgaires qui,
satisfaits d'une apparence mystrieuse, se contentent de savoir prononcer quelques
mots dont ils ignorent le sens, de rpter quelques signes inexacts, sont ternel
lement soumis des preuves qui, le plus souvent, les conduisent dans les tnbres
de l'ignorance. Travaillez-donc, mon bien-aim F.\, poursuivez votre route avec
courage et persvrance et n'oubliez pas que c'est parmi les successeurs des sages
Elus Kadoscli que vous trouverez des connaissances nouvelles. t
La parole est accorde au Secrtaire :
Il1.* . Chevaliers,
Plus d'une fois la voix de la sagesse a f;iit retentir les votes de nos temples
pour prcher l'union, la paix, la fraternit, et tous les gnreux sentiments qui
peuvent contribuer au bonheur de l'humanit.
Permettez-moi, Chev.'., d'appeler votre attention sur l'un des brillants aspects
de la M.', et de la placer pour quelques instants dans un horizon plein de gran
deur et de magnificence : dans l'horizon de l'art.
Pure et brillante manation de la divinit, l'art est incr, l'art est contem
porain de la cration; il est l'expression terrestre des beauts infinies de l'tre
ineffable. Toutes les grandes manifestations de l'art ne se produisent pas ds
lespremiers jours du monde. Condamn soumi ttre une nature rebelle et la
faonner ses services, l'homme dut conqurir la terre avant de songer
l'embellir.
Il est assez connu que les premires notions d'art et de science nous sont
venues de l'gypte, par l'entremise des Giecs et ensuite des Romains; il n'y avait
qu'un certain nombre d'hommes choisis parmi les gvptiens qui possdassent la
science, encore fallait-il passer par un giand nombre d'preuves physiques et mo
rales avant d'arriver aux premires initiations. Ces hommes, voulant s'isoler du
reste du monde pour travailler plus tranquillement leurs recherches philoso
phiques, formrent des institutions secrtes, et ce sont ces socits travaillant sous
les noms des mystres d'Isis, d'leusis, etc., qui eurent le monopole de la science.
Mais il fallait perptuer d'une manire matrielle, et cache aux yeux du vul
gaire, le rsultat de ces travaux ; c'est alors que l'on employa les caractres hiro
glyphiques qui taient composs des figures de tous les objets qui frappaient les
sens et auxquelles on donnait des significations analogues leurs formes et
leurs attributs.
Ainsi, ds le commencement, l'criture, moyen physique par lequel la science
se communique, n'tait autre chose que des tableaux reproduisant les actions ou
les sujets dont on voulait perptuer le souvenir.
C'est la Maonnerie que nous devons les premiers principes de science et
les premiers essais de l'art d'imitation, puisque les anciens initis n'taient
autres que des Maons dont nous continuons les travaux.
Nobles travaux, qui n'ont pour objet que la science m )rale et philosophique,
et la propagation de toutes les vertus sociales, dont l'loge retentit, chaque jour,
dans nos temples sacrs !
30
466 LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS
Oui, Chev.\, c'est la M.*. que nous devons les premiers principes de l'art,
de l'art, sentiment sublime qui rapproche l'homme de la Divinit! L'art qui donne
l'enthousiasme aux mes et qui les pousse l'ide du grand et du beau, c'est
l'art qui perptue les plus beaux traits de l'humanit, l'art qui embellit la vie I
L'art enfin, c'est l'histoire. Que nous resterait-il de ces grandes cits dtruites
par le temps et les passions humaines, si ce n'est ces beaux vestiges de sculp
ture et d'architecture qui, encore debout au milieu des dserts, semblent dire
pour nous stimuler : ici les hommes ont fait de grandes choses.
Et nous, Chev.'., enfants de la M '., enorgueillissons-nous des grandes choses
qui ont t opres par elle, aspirons notre tour marquer notre passage sur
la terre par quelque uvre digne de rester dans le souvenir des hommes. Faisons-
nous gloire d'apporter, chacun, notre pierre cet admirable difice maonnique,
dont les fondements plongent dans les entrailles de la terre et dont le dme
sublime s'lance jusqu'aux cieux.
Aprs ce discours, le sublime Commandeur annonce les confrences.
CONFRENCES
mais elle en diffre bien des gards ; le vieillard est rarement barbare, et l'enfant
est vraiment et instinctivement impitoyable ; le vieillard, assez frquemment,
s'occupe avec ardeur de l'avenir : il thsaurise; c'est cette poque que l'avaiice
s'exagre jusqu' la fatuit; d'autre part, ne se dissimulant qu' moiti sa dcadence,
il tche d'allonger par ses souvenirs le futur avec le pass, et dnigre le prsent
au profit des prjugs auxquels il ne tient que parce qu'ils datent de sa jeunesse;
enfin, la vieillesse s'affecte peu, parce qu'elle regrette beaucoup ; le vase rempli
n'admet plus gure que des imbibitions superficielles et phmres : c'est l'ge
de l'exprience.
D.\ Croyez-vous que le dpt de toutes les vrits utiles aux hommes se
trouve dans notre Ordre?
R.'. Oui.
D.'. Quel est notre secret?
R.\ Il consiste dans la connaissance de la nature et de sa puissance, il donne
l'homme le but glorieux de rendre Dieu l'hommage qui lui est d, et d'lever
l'homme au-dessus de ses semblables, en le mettant l'abri des passions qui
dvorent son existence.
D.'. Quelle est la nature de nos travaux?
R.'. Nous sommes la recherche de la vrit, c'est'-dire des grands principes
qui dirigent l'homme sur cette vaste chelle o le Trs- Haut l'a plac.
D.\ En quoi consiste la libert morale de l'homme?
R.'. Dans cette facult que nous avons de suspendre nos jugements et nos
actions jusqu' ce que nous ayons examin mrement.
D.*. Qu'est-ce que la vie?
R.\ La vie n'est autre chose qu'une lutte permanente de l'organisme avec le
monde intrieur et extrieur, qu'une srie continuelle d'actions et de ractions,
de vicissitudes rciproques entre un individu et le reste des molcules, entre une
existence et elle'mme : la rsistance, comme condition de la vie; enfin, la vie
n'est qu'un rapport : toute philosophie tient dans cette conception ; et, en effet,
apprendre, ce n'est que diffrencier; il n'y a pas d'esprit sans discernement,
parce qu'il n'est pas de notions sans comparaisons ; connatre, c'est distinguer;
distinguer, c'est juger, et juger, c'est savoir; donc, tout savoir n'est qu'un paral
lte ; nul objet n'est saisissable en lui-mme, en lui seul ; la perception de quoi
que ce soit n'est que l'valuation de ce qui fait qu'il n'est pas autre que ce qu'il
est. Qu'est-ce qu'un solide, abstraction faite d'un liquide et d'un gaz? Rien.
Qu'est-ce que la vie sans la mort? Trois lettres.
D.\ La Franc-Maonnerie, grande et belle institution, dont le noble but est
d'tre utile l'humanit, ne peut accomplir cette haute mission et se perptuer
comme socit morale, bienfaisante et scientifique, qu' la condition expresse de
ne renfermer, dans son sein, que des membres capables de comprendre et de
pratiquer les vertus sociales, et dgags surtout de cet esprit de jalousie et d'am
bition, source de haines et de dissentions.
C'est un malheur funeste lorsque des hommes, anims de mauvaises passions,
s'introduisent dans nos temples et que, guids par l'gosme ou l'intrt, ils
LE RAMEAU D'OR d'ELEUSIS 469
Et c'est seulement au septime jour que l'humanit peut se reposer dans l'ordre,
pour aussi longtemps que le globe peut lui conserver la vie.
Des le premier jour humanitaire, le premier besoin social est de baser les
vertus, le dvouement, l'ordre enfin, sur une sanction religieuse, hors laquelle
l'existence de toute vie sociale est aussi impossible que l'existence de toute vie
organique hors de l'atmosphre, et, en effet, depuis la horde la plus sauvage
jusqu' l'empire le plus civilis, l'ordre n'a jamais pu exister que bas sur une
sanction religieuse commune; et, ds que cette communaut a cess d'exister,
l'empire ou la horde se sont vanouis en mme temps que cette communaut.
D.\ Qu'est-ce que la loi de l'activit?
R.'. Apprendre vouloir, pouvoir et faire, c'est la grande loi de l'activit
des tres intelligents; c'est une loi que la nature a donne l'homme pour tre
le principe de son dveloppement physique, moral et intellectuel, et de son per
fectionnement. L'homme est sur la terre pour la cultiver, pour travailler
embellir son existence, tablir et tendre sa puissance sur la nature.
D.*. Crois-tu qu'il existe des esprits clestes formant une chane invisible de
l'homme Dieu, semblable celle qui existe de l'homme la brute?
R.*. Oui. Je crois que des clestes intelligences, avoues par les traditions les
plus anciennes et les plus universellement rpandues, des esprits purs, clairs
de la lumire divine, brlant des feux de son amour, s'lvent de degr en degr
jusqu'au trne de sa gloire, et sont les ministres de ses volonts en ce monde des
intelligences; tous ces esprits, dgags de la matire, et continuant nanmoins la
chane des tres, en forment une nouvelle entre eux, telle que nous l'offrent, dans
ce monde visible, les tres matriels, sensibles, anims, et ceux qui unissent
comme nous une substance spirituelle une substance corporelle, l'esprit la
matire; le Sublime Architecte des mondes prside tout, tenant le til de nos
destines, voulant le bonheur de ses cratures, selon la mesure qui leur convient,
et en proportion de nos mrites.
Regarde le soleil, il va disparatre; il symbolise la vie sur la mort, le prsent
sur le pass : c'est la mort qui produit la vie... Au-del du tombeau commence
notre activit. Ici-bas, c'est le pays des erreurs, du doute et de la croyance. C'est
aprs avoir franchi le royaume de la mort que tu trouveras le rgne de la certi
tude, de la conviction, et ta vraie patrie...
D.'. Que pensez-vous de la perfection des tres?
R.'. Elle consiste dans l'assemblage de toutes les qualits de l'tre et dans la
convenance de ces qualits la destination de cet tre; mais il est vident que
cette connaissance surpasse la sphre de notre entendement.
Les jugements que nous portons sur la perfection et l'imperfection des tres
sont relatifs; nous apercevons quelques qualits, dans un tre, plus estimables que
celles d'un autre; il nous semble qu'un tre rpond mieux son but qu'un autre;
alors nous portons notre jugement surla perfection ou l'imperfection d'un tre.
Nous ne devrions jamais prononcer un pareil jugement d'une manire absolue,
car il surpasse notre capacit.
D.'. En quoi consiste la vie des tres?
LE RAMEAU D'OE d'LEUSIS. 471
R.\ La vie d'un tre, en gnral, consiste dans son action; sa mort, au contraire,
consiste dans la privation de l'action, c'est l'ide gnrale.
Nous attribuons la vie un animal capable de mouvement, une plante qui
vgte, une eau qui court dans la route qui lui est prescrite, et nous disons
qu'un animal devenu incapable de mouvement, qu'une plante arrache de la terre,
o le tronc est spar de sa racine, qu'une eau qui croupit sans mouvement, sont
des tres prives de leurs actions, et par consquent morts.
D.\ Qu'entendez-vous par la volont?
R.\ La volont est la dernire dlibration de l'me qui la dtermine em
brasser le bien ou fuir le mal aperu dans les objets qui l'occupent, c'est donc
la volont qui choisit d'aprs les lumires de l'entendement et d'aprs l'usage de
la libert.
On se trompe, lorsqu'on attribue la libert la facult de choisir : elle ne fait
qu'clairer la volont, lorsque les lumires de l'entendement ne suffisent pas. Cette
erreur vient de ce qu'on confond la libert morale avec la libert naturelle, oppo
se la force.
Plus l'me est claire, et plus elle est libre, parce qu'elle a plus de moyens
pour parvenir la dcouverte du bien et du mal ; la libert est donc proportionne
l'ducation raisonnable, qui claire l'me, et qui fournit les moyens de dcouvrir
le vrai et le faux, le bien et le mal.
D.'. Et la raison?
R.\ La raison est la facult d'apprcier les proportions probables ou videntes ;
on appelle tre raisonnable celui qui a des principes probables ou vidents; on
n'est pas raisonnable ds qu'on manque de pareils principes ; mais leur nombre
ne change pas la nature de la raison.
D.'. Que signifient les trois coups que vous avez frapps l'entre de l'aropage?
R.'. Les trois essences de la divinit : sagesse, force, beaut.
D.'. Qu'a-t-il fait de vous, le Sublime Commandeur?
R.\ Il m'a arm Chevalier.
D.\ O travaillons-nous?
R.'. Dans un lieu sacr o rgnent la paix, la concorde et l'union.
D.*. Quel est le mot sublime?
R.'. (Il le donne.)
D.\ Expliquez-moi l'allgorie du temple de Salomon?
R.\ Les compagnons sont les vices qui nous attaquent, dont souvent nous
sommes vaincus, et qui donnent la mort notre me.
L'exacte recherche que fait faire Salomon des coupables nous apprend quel soin
nous devons avoir terrasser les crimes qui donnent la mort notre me.
Le tratre Abiram, surpris dans une grotte et dans le silence de lu nuit, nous
apprend que c'est dans la retraite et dans le silence que nous pouvons trouver
des remdes nos maux quand nous avons puni le tratre, c'est--dire quitt nos
passions.
D.\ Que signifie votre premire grande parole?
R.\ En travaillant sans cesse pour le bien, je produirai de bons fruits.
472 LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS
INVOCATION
Sublime Architecte des mondes! chef et pre de cette raison qui habite en nous!
daigne nous faire ressouvenir de cette grandeur que nous avons reue de toi, fais
LE HAMEAU D'OR d'eLBDSIS 473
qu'elle nous aide nous purifier des passions draisonnables, nous rendre
suprieurs elle, en sorte que nous ne nous servions de nos organes que d'une
manire convenable; daigne clairer d'un rayon de la lumire divine le nophyte
qui est parmi nous; reois l'hommage de son amour, bnis nos travaux, dissipe
les nuages qui couvrent nos yeux, afin que nous puissions devenir dignes de tes
bonts.
Aprs l'invocation, il frappe suivant la batterie, et dit : A la gloire du Sublime
Architecte des mondes, les travaux sont suspendus.
Allez en paix, Chevaliers, et que l'esprit de Dieu veille jamais sur vous!
A moi! Chevaliers, etc.
I/DUCATION MAONNIQUE
*
474 le rameau o'oa d'eleusis
L'INSOUCIANCE
Voyez la Maonnerie !
Son front est ceint d'un triangle lumineux, sa voix cadence par les harmonies
clestes retentit majestueusement comme les brises printanires sous la charmille
embaume... Heureuses les intelligences dont le feu vivifiant aura fcond le
monde des curs et l'aura fait fructifier pour la gloire de la vrit imprissable,
pour la paix, pour la prosprit des nations, et par l'union de tous les enfants du
Sublime Architecte des mondes. Elle dit au Maon :
Hommes, enlants de la terre, je vous appelle, ma voix s'adresse vous; cou
tez-moi, car je dirai des choses importantes, je parlerai de la vrit; tous mes
discours sont dits avec justice, il n'y a rien en eux de dtourn ni d'impur.
Vous, insenss, devenez intelligents de cur, et je vous ouvrirai les portes de
mon Temple.
Moi, la Sagesse, j'habite avec la Discrtion, et je dcouvre la connaissance de
la prudence ; je dteste le mal, j'ai en haine l'orgueil et l'arrogance, la mauvaise
478 LE RAMEAU d'OR d'ELEUSIS
Celui qui ferme l'oreille au cri du pauvre criera lui-mme et ne sera point
exauc.
On ne devrait jamais oublier que s'exposer la maladie, c'est faire des avances
la mort : un capital bien prcieux nous est confi, la sant; si nous la plaons
fonds perdus chez les vices, ceux-ci en payeront l'intrt en infirmits et en
soucis.
Il faut aimer un ami pour le bonheur d'aimer, et non pour le profit qu'on en
peut attendre.
Un honnte homme, aux prises avec l'adversit, mriterait tous nos respects
s'il ne fallait en rserver la meilleure part pour celui qui vient le soulager.
L'homme sans conscience russit parfois dans le mal, mais arrive un jour o
ses fautes tournent sa ruine.
Si l'on voulait n'tre qu'heureux, cela serait bientt fait ; mais on veut tre
plus heureux que les autres, et cela est presque toujours difficile, parce que nous
croyons les autres plus heureux qu'ils ne le sont.
Si le Sublime Architecte des mondes vous donne un fils, remerciez-le, mais
tremblez sur le dpt qu'il vous a confi; soyez pour cet enfant l'image de la
divinit; faites que jusqu' dix ans il vous craigne, que jusqu' vingt il vous
aime, que jusqu' la mort il vous respecte ; jusqu' dix ans soyez son matre,
jusqu' vingt ans son pre, jusqu' la mort son ami. Pensez lui donner de bons
principes plutt que de belles manires; qu'il vous doive une droiture claire,
et non pas une frivole lgance; fais-le honnte homme plutt qu'habile
homme.
Si vous rougissez de votre tat, c'est orgueil; songez que ce n'est pas votre
place qui vous honore ou vous dgrade, mais la faon dont vous l'exercez.
La fiert du cur est l'attribut des honntes gens, mais la fiert des manires
est celle des sots.
Si vous supportez des injures, consolez-vous, car le vrai malheur est d'en
faire.
S'tonner d'une belle action, c'est s'avouer incapable de la faire.
Se fier tout le monde est d'une me honnte, ne se fier personne est d'un
homme prudent.
Si rien n'est pnible comme la demande d'un service, rien n'est beau comme
de la prvenir.
On donne toujours trop tard quand on s'est laiss demander.
Placer ses bienfaits est d'un homme, les srmer est d'un Dieu.
Les petits esprits qui veulent juger des grandes choses ressemblent ces
enfants qui regardent k's objets par le gros bout d'une lunette.
Nos vritables ennemis sont avec nous; dracinons de nos curs l'ambition,
l'avarice et la jalousie, nous rtablirons l'ordre et l'harmonie qui doivent rgner
dans la socit, tous les hommes seront amis.
Quand vous connatrez un homme vertueux, faites que vos pieds pressent sou
vent le seuil de sa porte.
L'union, quand elle est parfaite, satisfait tous les dsirs et simplifie les biens;
LE HAMEAU D*OR d'LELSIS 481
elle prvient les vux de l'imagination, elle remplace tous les biens, c'est une
fortune devenue constante.
Un homme ne devrait jamais avoir honte d'avouer ses torts, car faire de pareils
aveux, c'est dire seulement qu'on est plus sage aujourd'hui qu'on ne l'tait hier.
Le temps use l'erreur et polit la vrit.
Les hommes sans cur n'aperoivent dans le monde que ceux qui ont pros
pr ; ceux que le sort a culbuts ont disparu totalement pour eux ; ils n'admettent
pas que le mrite puisse surnager sur cette mer de douleur o le destin les a
naufrags; quelle leon pour ceux qui le bonheur fait regagner le port !
Ce n'est pas dans le don que consiste la vraie libralit, mais dans la faon de
la faire.
Il faut de grandes ressources dans l'esprit et dans le cur pour aimer la sinc
rit lorsqu'elle blesse et pour la pratiquer sans qu'elle offense ; peu de gens ont
assez de fond pour souffrir la vrit et la dire.
Les fortunes promptes en tout genre sont les moins solides, parce qu'il est
rare qu'elles soient l'ouvrage du mrite ; les fruits mrs mais laborieux de la
prudence sont tardifs.
L'utilit de la vertu est si manifeste que les mchants la pratiquent quelquefois
par intrt.
Si l'ordre domine dans le genre humain, c'est une preuve que la raison et la
vertu y sont les plus forts.
Honorez Dieu comme l'auteur de tout le bien, et la vertu comme destine
conserver le bien qu'il a fait. Il nous a donn la raison pour nous apprendre
distinguer le bien du mal, le vrai du faux.
Cultivez votre raison comme le moyen le plus sr de lui plaire et d'tre utile
vos semblables.
Cultivez la science afin de rendre la raison profitable, d'tablir l'amour de
l'humanit, et de vous sauver des ragaves de l'erreur et du mensonge.
Vos vritables ennemis sont avec vous : dracinez de vos curs l'ambition,
l'avarice et la jalousie, et vous rtablirez l'ordre et l'harmonie qui doivent rgner
dans la socit; alors tous les hommes seront amis.
La mdiocrit, avec la paix, vaut mieux que le luxe avec des querelles.
> II ne suffit pas d'avoir raison ; c'est la gter, c'est la dshonorer, que de la
soutenir d'une manire brusque et hautaine.
Avant de s'exposer au pril, il faut le prvoir elle caindre, mais, quand on y
est, il ne reste plus qu' le mpriser.
Oh! tu le peux, tu le dois, divine crature, splendide et ravissante jeune fille!
Oui! contemple, admire dans cette glace ta beaut cleste, tes grces touchantes,
ton clatante parure, et bnis dans ton cur le Dieu qui t'a faite si belle ; mais si
jamais un sourire de mpris osait souiller tes lvres en face de la pauvret ou de
la misre, rappelle-toi que la beaut dure un jour, que la soie, les perles, les
diamants qui rehaussent la splendeur de tes charmes, sont le tombeau d'un
insecte, la maladie d'un mollusque, un peu de charbon calcin; qu'enfin les roses
482 LE RAMEAU D'OR d'LEUSIS.
qui couronnent ta tte et parfument ton sein, doivent une nourriture sans nom,
et leur parfum et leur clat.
Le mal est un fait rel : en nier l'existence, c'est fermer les yeux la lumire,
c'est lever l'erreur et le mensonge sous les ruines de la vrit; l'attribuer aux
consquences du pch, c'est mconnatre la sagesse et la misricorde de l'Arbitre
suprme : le mal, comme le bien, fait partie de l'harmonie universelle ; il est, au
mjne degr que le bien, indispensable au dveloppement des facults de la
crature.
L'ingalit des cratures n'a rien d'absolu, rien de dfinitivement arrt. Toutes
sont parties du mme point, elles sont toutes d'une mme essence : ce que peut
l'une, l'autre le peut ou le pourra; libres de s'approcher du but, qui est Dieu, leur
diffrence de forme et d'intelligence ne vient que de celles de leurs actes, et de
l'emploi qu'elles ont fait des facults communes.
Songe que la loi de la gravitation qui rgit le monde physique, veut qu'une
pierre jete en l'air retombe sur la terre ; la loi du monde moral, qui est la justice,
veut que, dans un temps donn, le mal produise le mal, comme le bien doit
produire le bien. Raisonner autrement, ce serait nier la Providence, ce serait
dire que le bien et le mal sont indiffrents; doctrine essentiellement mauvaise,
car elle porterait le trouble dans la socit et accuserait la sagesse divine.
Clops, roi de Memphis, initi aux mystres, fit lever la premire pyramide;
1,060 talents furent dpenss pour sa construction.
Phrecldc, philosophe de Syros, fut vers dans la science de l'astronomie;
il prdisait les clipses avec la plus grande exactitude; ferme soutien de l'immor
talit de l'me, il crivit dans ce sens. Pythagore fut son lve et celui qui lui
fut le plus dvou. Phrecide tant tomb dangereusement malade dnns 1 -le do
Dlos, Pythagore alla l'y retrouver, afin de lui prodiguer les soins les plus
tendres; ses efforts ne furent point couronns du succs qu'il en attendait; il
perdit celui auquel il devait de si prcieuses teons; mais, du moins, il ne le
quitta qu'aprs lui avoir rendu les derniers devoirs, puis il se retira en Italie.
Anacharsis, philosophe scythe, initi aux mystres, se distingua par l'tendue
de ses connaissances et la simplicit de ses murs. Une petite voiture lui servait
de maison. Il vint tudier Athnes, dans l'intimit de Selon. Lorsqu'il retourna
LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS 483
en Scythie, il essaya d'y introduire les lois des Athniens. Son frre, qui rgnait
alors sur ce peuple, irrit de ces intentions, le tua en lui lanant une flche.
Anacharsis laissa des pomes et des crits remarquables ; on lui attribue l'inven
tion de l'ancre des vaisseaux.
Maison, philosophe lacdmonien, l'un des sept sages de la Grce, initi en
l'anne 585 avant Jsus Christ.
Empdocle, philosophe, pote et historien d'Agrigente, vivait l'an 444 avant
Jsus-Christ. Ayant adopt chaudement la doctrine de la mtempsycose, il crivit
un pome pour soutenir les opinions de Pythagore, dans lequel pome il parle de
ses transmigrations dans d'autres corps. Empdocle n'tait pas moins remar
quable par ses vertus sociales que par son savoir. Grand amateur de musique, il
s'en servit souvent pour apaiser les douleurs du corps et de l'me.
Ayant voulu visiter de trop prs le cratre de l'Etna, il y fut englouti, et sa
mort serait jamais reste ignore si le volcan n'avait rejet ses sandales.
Prlandre, un des sept sages de la Grce, se montra l'ami et le protecteur
des lettres et des arts ; il mourut Corinthe, en 585 avant J.-C.
Xnophon, bis de Gryllus, n Athnes, fut clbre comme gnral, pote
et historien. Il fut disciple de Socratc, et ne quitta la littrature pour les armes
qu' la prire de Proxenus, son intime ami, qui l'engagea soutenir le jeune
Cyrus, en l'accompagnant dans son expdition contre le roi de Perse. Xnophon
se distingua la tte de l'arme, comme il l'avait fait dans la littrature. On lui
reproche sa trop grande partialit pour son favori Cyrus. Cet homme, si clbre,
ayant droit tous les honneurs, finit dans la retraite, partageant sa vie entre les
plaisirs de lachasse et les travaux de l'agriculture; il mourut 90 ans, 359 ans
avant J.-C.
Dion, natif de Nice, en Bithynie, philosophe et historien, recueillit patiem
ment, pendant dix ans, les documents ncessaires la composition de son histoire
romaine, et mit douze ans l'crire; elle fut livre au public en quatre-vingts
livres. Son style est pur, lgant, et son uvre digne d'estime; malheureusement,
une grande partie du manuscrit ayant t gare, l'ouvrage est rest incomplet.
Dion vivait en l'an 230 de l're chrtienne.
Rhampslnite, roi d'Egypte, initi l'an 1081 avant J.-C, fonda le grand
oblisque de Memphis, dans lequel il dposa ses immenses richesses, lesquelles
lui furent voles par l'architecte, qui s'tait mnag, son insu, une entre
secrte.
Ccrops, originaire d'Egypte, initi aux mystres Mac.\ en 1582, vint s'ta
blir en Grce et fonda Athnes, destine devenir la ville la plus clbre de cette
contre par la civilisation et les arts.
Cadmus, phnicien, initi aux mystres en 1519, s'tablit en Grce, o il
fonda Thbes, qui joua d'abord un grand rle dans l'histoire fabuleuse des Grecs.
C'est l que rgnrent Etocle, Labdacus, Laus et dipe. Cette ville rivalisa un
moment avec Athnes et Sparte.
PisiHtratc, athnien, initi en 561 aux mystres, s'empare du pouvoir, et
gouverne Athnes pendant trente-trois ans; il maintient les lois deSolon, favorise
484 LE RAMEAU d'OH D'ELEUSIS
niens envoyrent aux Spartiates, qui leur avaient demand un gnral; Tyrte,
la tte des troupes, rcita des vers de sa composition, qui inspirrent un tel
courage aux Lacdmoniens, qu'ils remportrent sur les Messniens une victoire
complte et finirent par les assujettir.
Terpandre, initi aux mystres d'Eleusis, tait de Lesbos; il fut appel
Sparte par ordre de l'oracle, pour y apaiser une sdition ; il vivait environ un
sicle aprs Lycurgue, dont il mit, dit'on, les lois en vers, car il tait la fois
grand pote et grand musicien ; il fut le premier qui remporta le prix Lacd-
mone, aux jeux Carnens. Il avait ajoute trois cordes la lyre qui, jusqu' lui,
n'en avait eu que quatre.
Zalencn*, contemporain de Pylhagore, initi aux mystres de Memphis,
donna des lois aux Locriens, peuple de la grande Grce. Plutarque, dans son
Trait sur la manire de se louer soi-mme sans exciter l'envie, dit que ces lois
plurent beaucoup aux Locriens, parce que Zaleucus leur avait persuad qu'elles
venaient toutes de Minerve; Stobe, dans son quarante-deuxime discours, nous
a conserv le prambule de ses lois, qui est de la plus grande beaut, et dans
lequel ce lgislateur parle de la Divinit, de l'adoration qu'on lui doit, et du culte
qui lui est le plus agrable, celui de la vertu et des bonnes actions, avec une
grandeur et une dignit admirables.
Bacchyllde, de la ville d'Ioulis, dans l'le de Cos, compatriote et neveu de
Simonide, fut initi aux mystres d'Eleusis; il florissait dans la 82e et la 87 olym
piade. Il s'tablit dans le Ploponse, et y composa la plupart de ses ouvrages;
il chanta, comme Pindare, les victoires d'Hiron dans les jeux de la Grce, et fut
mme prfr ce pote ; Ammien Marcellin dit que les vers de ce pote faisaient
les dlices de l'empereur Julien.
Oiarldmc, de la ville d'Ore, dans l'Eube, tait fils de Scellius et gendre
de Cotys, roi de Thrace; il fut initi aux mystres d'Eleusis.
Dioscorides fut initi aux mystres de l'antiquit; il tait un philosophe
stocien et pre de ce Zenon qui succda Chrysippe dans cette cole.
Philippe tait Samothrace dans sa premire jeunesse; il se fit initier aux
mystres avec Olympias, alors enfant, et orpheline de pre et de mre ; il en de
vint amoureux, et aprs avoir obtenu le consentement d'Arymbas, frre de cette
princesse, il l'pousa. Les mystres de la Samothrace n'taient gure moins
anciens ni moins clbres que ceux de Crs et d'Eleusis ; les femmes s'y faisaient
initier aussi bien que les hommes, et mme ds leur enfance.
tatou, d'Utique, initi aux mystres d'Eleusis, rest de bonne heure orphelin,
fut lev par un homme sage et instruit, dont les soins se portrent surtout
former son esprit et son cur.
Caton possdait non-seulement toutes les vertus qui font l'homme de bien,
mais encore lys qualits qui distinguent le guerrier de talent, qui forment le
politique sage et clair.
On trouvait en lui l'austrit jointe la douceur, la valeur la prudence, la
sollicitude pour autrui l'oubli de soi-mme, un zle inflexible pour la justice, un
amour et un dvouement sans bornes pour la patrie ; form de bonne heure une
486 LE RAMEAU D'OR d'eLEUSIS
vie sobre et dure, il conserva jusqu' la fin de sa vie cette temprance, cette rigi
dit de murs qui lui tait devenue comme naturelle.
Phocion, initi aux mystres d'Eleusis, fut d'abord disciple de Platon,
ensuite de Xnocrate, le plus vertueux des philosophes de la Grce. lev
l'Acadmie, il y puisa cette philosophie douce et modre dont Socrate avait
donn les premires leons, et dont la morale tait si propre inspirer l'amour de
la vertu.
Phocion, l'exemple de Solon, d'Aristide et de Pricls, voulut se former
galement la politique et la guerre, quoique, par ses talents militaires, il et
sur tous les capitaines de son temps une supriorit qui pouvait suffire sa gloire.
Homre, initi aux mystres, devint clbre par l'excellence de ses pomes.
Les anciens regardaient ses deux popes comme la production la plus rare et la
plus prcieuse de l'esprit humain.
Thocrite, auteur d'idylles crites dans le dialogue dorique, qui offrent un
sujet d'tude attrayant et sans difficult, fut initi aux derniers degrs des
mystres,
Thucydide, auteur clbre de la Grce. Son histoire de la guerre du Ploponse
passait, dans l'antiquit, pour le chef-d'uvre de la prose antique; initi aux
mystres d'Eleusis, il mrita la dcoration de TAlide.
Isocrate, initi aux mystres, tait un matre d'loquence; ses crits ne sont
que des exercices de rhtorique, mais l'art y est admirable : la noblesse, l'har
monie du style surtout, en font de vritables chefs-d'uvre.
Ovide, initi aux mystres, tait le plus fcond et le plus facile des poles
latins. Son style conserve la puret et l'lgance qui caractrisent tous les crivains
du sicle d'Auguste. 11 pntra, par la puissance de son gnie, jusqu' la connais
sance des derniers degrs de la doctrine sacre.
Clcron. Nous n'avons besoin que de nommer le plus grand crivain de
l'ancienne Rome, et dire qu'il fut initi aux mystres de la desse Isis.
Tlte-LIve, auteur romain. Son histoire est un chef-d'uvre : l'intrt du rcit,
l'loquence des discours qui y sont mls, la puret et l'clat du style font de cet
ouvrage un des plus beaux monuments de l'antiquit.
Tite-Live se fit initier aux mystres.
Eplnus (F.-M.-Ulr.-Thod.), clbre physicien, n en 1724 Rostoch, initi
aux mystres ma. -, en 1769, s'est surtout occup d'lectricit, et a beaucoup
avanc cette partie de la physique, en y appliquant le calcul avec un grand succs;
il a laiss des ouvrages trs-estims.
Gozon (Dieudonn de), Grand-Matre de l'Ordre de Saint-Jean-de-Jrusalem,
clbre par son courage et ses autres vertus, fut initi aux mystres ma.-. l'ge
de trente-sept ans; on raconte de lui qu'il tua un dragon d'une espce monstrueuse
qui infectait l'le de Rhodes, rcit qu'on doit regarder comme un symbole, qui
signifie la destruction du vice et le triomphe de la vrit ; il mourut en 1333.
Graresandc (Guillaume-Jacques), n en 1688, Delf, en Hollande, fut
professeur de mathmatiques et d'astronomie Leyde, et le premier qui enseigna
la philosophie de Newton dans cette universit ; il confirma les nouvelles thories
LE HAMEAU D'OR d'ELEUSIS 487
par ses appareils et ses expriences, les entoura de preuves, et les dveloppa
avec clart. Dans le grand nombre d'ouvrages qu'il a produits, nous citerons:
Instituliones nmvtonian ; Introductio ad philosophiam ; Physices elementa
malhematica; il eut part la composition du Chef-d'uvre d'un inconnu; il fut
initi aux mystres ma.'. l'ge de trente et un ans.
Benezet (Antoine), clbre par sa philantropie et sa charit, n en 1713,
Saint-Quentin; il vint s'tablir Londres, o il fit de bonnes tudes; il tait destin
l'tat de tonnelier; mais en 1731, il avait suivi sa famille Philadelphie; ses
frres prosprrent dans le commerce qu'il avait quitt; pour lui, il adopta les
principes des quakers. On a de lui plusieurs crits sur la traite des ngres et une
relation historique de la Guine; on a d ses efforts l'tablissement d'une cole
Philadelphie pour l'instruction des noirs, qu'il dirigea lui-mme jusqu' la fin
de sa vie; il mourut en 1784, pleur des pauvres et des citoyens de tous les rangs ;
en 1767, il avait prsent un mmoire pour l'amlioration du sort des esclaves
ngres; il fut initi aux mystres ma.'. quarante-deux ans.
Bacon (Franois), galement clbre en qualit de philosophe et d'homme
d'tat, naquit Londres, en 1561, de Nicolas Bacon, garde des sceaux sous lisa-
beth ; il donna, ds son enfance, des marques de ce qu'il devait devenir. A l'avne-
ment de Jacques 1er, la fortune lui sourit; il fut honor de l'ordre de la chevalerie,
ce qui n'tait que le prlude de plus grandes faveurs; il fut lev, en 1617, la
dignit de garde des sceaux, et deux ans aprs celle de lord grand chancelier;
il fut, en outre, nomm baron de Vrulam et vicomte de Saint-Albans; mais ses j
succs furent mls de peines et de dsagrements, et il prit le parti de la retraite; (
il y mourut pauvre en 1626. Bacon avait tudi toutes les sciences, et voulut j
rformer les fausses mthodes suivies dans l'enseignement; il semble avoir dcou
vert l'attraction des corps, que Newton dmontra par le calcul ; il a laiss des
crits sur la jurisprudence, la politique, l'histoire, la morale et la philosophie : ce
sont surtout ces derniers qui l'ont "rendu clbre; l'ide fondamentale de ces
travaux est de faire une restauration des sciences, et particulirement des sciences
naturelles, en substituant aux vaines hypothses et aux subtiles argumentations
qui taient alors en usage dans l'cole, l'observation, les expriences et une lgitime
induction ; c'est donc avec raison que Bacon a t nomm le pre de la physique
exprimentale. Sans parler de plusieurs autres ouvrages, Bacon a crit des essais
de morale et de politique qui jouissent d'une grande rputation pour le style et
pour les penses, et il a laiss des lettres qui jettent beaucoup de jour sur sa vie
et son caractre ; il fut initi aux mystres maonniques l'ge de vingt-neuf ans.
Henri IV, roi d'Angleterre, fut nomm Grand-Matre des mystres maonniques
en l'an 1443; il existe un fragment de rituel de cette poque la Bibliothque,
qu'on dit avoir t crit de la main du roi, dans lequel on lit : Les mystres
maonniques sont la connaissance de la nature, de sa puissance et de ses diffrentes
oprations, en particulier dans la science des calculs, etc.
Mahomet, fondateur de l'islamisme, naquit le 10 novembre 5/0, la Mecque,
ville d'Arabie, et fut initi aux mystres de l'antiquit l'ge de trente ans; il tait
de la tribu des Koreischites, et passa ses premires annes dans la pauvret, tant i
r
488 LE RAMEAU D'OR d'eLEUSIS
encore enfant lorsque son pre mourut. Son oncle Abu-Taleb, qui tait marchand,
l'envoya en Syrie avec ses chameaux. A l'ge de vingt-cinq ans, il entra au service
d'une veuve nomme Kadidjah, qu'il pousa ; lorsqu'il eut atteint l'ge de quarante
ans, il commena rpandre autour de lui qu'il avait des communications avec
l'ange Gabriel ; il persuada sa femme, et commena s'lever contre le paganisme.
Ses compatriotes attentrent sa vie, mais son oncle le fit chapper au danger.
Cependant le nombre de ses disciples s'accroissait. Pendant trois ans il continua
de vivre dans la solitude; au bout de ce temps, il consigna les rvlations qui
devaient former la loi nouvelle dans le Koran et fil de ce livre l'vangile et le
code des Musulmans. Ne trouvant point de sret pour lui la Mecque, il s'enfuit
Mdine, et c'est de cette fuite, arrive l'an de J. C. 622, que date l'hgire ou re
des Mahomtans. Il institua le Kebla, qui oblige tous les Mulsulmans se tourner
vers la Mecque en faisant leur prire, et plusieurs autres pratiques qui donnrent
une forme rgulire la nouvelle religion. Mahomet combattit avec succs un
grand nombre de tribus arabes et runit le pouvoir d'un souverain celui d'un
prophte. En 630, il brisa les idoles du temple de la Caabah, la Mecque, et
dfendit qu'on mt aucune figure d'hommes ou d'animaux dans les mosques; il
institua la polygamie, et pousa lui-mme plusieurs femmes: la plus connue aprs
Kadidjah, dont il eutFatim, est Acha.Le fatalisme fut un des plus puissants ressorts
qu'il employa pour propager ses doctrines. Il mourut le 6 juin 632, le troisime
jour du premier mois de la onzime de l'hgire. On attribue sa mort au poison
qu'il avait pris trois ans auparavant. Il est enterr la Mecque, et la place
mme o tait le lit mortuaire, et toutautour, on a lev une magnifique mosque.
Les principaux dogmes du Koran sont : L'unit de Dieu, l'immortalit de l'me,
un paradis o les jouissances sont toutes sensuelles, le jugement dernier et la
prdestination. Le fatalisme, qui ne saurait s'accorder avec la justice de Dieu, fut
adapt par Mahomet sa doctrine, pour en faire un auxiliaire de l'esprit de
conqute, en inspirant le mpris de la mort. Les prceptes sont : La circoncision,
la prire, les ablutions, l'aumne, le jene, les sacrifices et l'abstinence du vin et
des liqueurs fermentes. Abu-Feda a crit en arabe la vie de Mahomet, elle a t
traduite en franais par M. Nol Desvergers.
SerTct (Michel), mdecin, n Villa-Nuova, dans l'Aragon, en 1509. Aprs
avoir t initi aux mystres ma.\, il tudia Paris, et publia un trait dans
lequel il attaquait le dogme de la Trinit; il fut, Genve, arrt par ordre des
magistrats. On croit que ce fut l'instigation de Calvin, dont il avait attaqu quel
ques opinions. Servet, mis en jugement, ne voulut pas se rtracter et fut condamn
aux flammes en 1553; il souffrit la mort avec courage. On prtend que la circu
lation du sang est indiqiu'e dans son trait, intitul: Christianismi restitulio. Il
publia une dition de Ptolme et une bible avec commentaire.
Ferdinand, duc de Brunswick, aprs avoir t initi aux mystres
maonniques, dploya un zle, une philantropie digne d'loge et fut lev la
hante dignit de Grand-Matre de la grande Loge aux Trois Globes.
Maon, Carthaginois, auteur d'un ouvrage sur l'agriculture, fut initi aux
mystres. Il fleurit vers l'an 140 avant J. C. Scipion, aprs la prise de Carthage,
LE RAMEAU D'OR d'ELEUSIS 489
s'empara de cet ouvrage, qu'il porta au Snat et qui fut souvent consult ; on dit
mme que les Romains lui rendirent autant d'honneur qu'aux livres sibyllins.
Nous avons une copie textuelle d'un tableau de la Loge des Neuf-Surs, 1785,
qui porte les noms des FF.-. Delille, membre de l'Acadmie franaise, de Pasto-
ret, de Choffard, de Cormenin, de Lalande, Benjamin Franklin, de Cubires, de
Cailhava, de Sbastien Lemercier, de Piccini, Franois de Neufchteau, le mar
quis de Fontanes, Paul Jones, de Cabanis, de Roucher, de Greuze, de Lacpde,
de Vernet, de Houdon, Garat, Dupaty, Lays, de Guinguen, de Candeille, Court
deGebelin, Voltaire; enfin la Maonnerie compte encore au nombredeses adeptes:
Gondulphe, vque de Rochester; les rois d'Angleterre : Henri Ier, Henri H,
Richard-Cur-de-Lion, douard III, David H, Henri VI, Charles H; les rois
d eosse: Alexandre III, Robert-Bruce, Robert H, Jacques II; Henri Chicheley,
archevque; Guillaume Waneflut, vque; Hermann , vque; Jean Poynet,
vque; le gnral Monk, le vicomte de Kingston, Franois Ir, le Grand-Duc de
Toscane; Franois, duc de Lorraine; Frdric-Guillaume, prince royal de Prusse;
Louis de Bourbon, comte de Clermont; le duc d'York, frre du roi George; le
prince de Hesse-Darmstadt ; l'abb Robins, cur de Saint-Pierre-d'Angers ; le
duc Ernest de Saxe-Gotha, le marquis de la Rochefoucauld, le prince Omur-ul-
Omrah-Bahander, le prince Frdric de Hesse-Cassel, Paschalis-Martines, duc de
Balcarres; de Zinnendorf, mdecin-gnral; d'Alembert, membre de l'Acadmie
franaise; de Bley, comte de Milly; le duc de Luxembourg, le comte de Moroy,
lord Byron, le duc de Holstein-Beck, lord Aberdour, lord Shatto-Douglas, le
comte de Kellie, le comte de Velbruck, le prince-vque Savalette de Langes ; le
comte Schovolof, fondateur de plusieurs Loges Saint-Ptersbourg et Moscou ;
George, prince de Galles; Gustave III, roi de Sude; l'abb Piogr, astronome;
Frdric-Auguste, duc de Brunswick; Frdric-Guillaume H, roi de Prusse;
Alexandre, empereur de Russie; le prince Joseph Bonaparte, roi de Naples; le
prince Cambacrs, Franois Delalande, Alexandre, grand-duc de Wurtemberg ;
comte de Lasalle, gnral; Charles XIII, roi de Sude; Charles-Frdric, grand-
duc de Bade; Jrme, roi de Westphalie; le prince de Saxe-Cubourg, roi des
Belges; le chevalier de Parny, pote; le prince de Latour-d'Auvergne; Mesmer,
doeteur-mdecin ; le marchal Massna, duc de Rivoli; don Pedro I, empereur
du Brsil; le duc de Choiseul-Stainville, de Sze, avocat; le marchal Mortier,
duc de Trvise; le marchal Kellerman, duc de Valmy ; le comte Muraire, Zade
Mcezzo, fils du roi de Perse; le marquis de Pastoret, le prince Murat, le comte de
Zetland, le duc de Leinster, de Santis, avocat; le duc de Gazes, Frdric-Guil-
laume-Louis, prince de Prusse; le prince Guillaume de Nassau, le roi Oscar Ier,
le roi Christian VIII, de Faegz-d'Ath, Stevens, C.-G.-F. Winckler, le prince
Murat, le marchal Magnan, grand-matre; Heullant, grand-maitre, adjoint de la
Maonnerie de France; le prince Napolon (Jrme), Viennet, J. S. Boube, Alf.
Blanche, l'abb Expilly, etc.; enfin l'lite de la magistrature, des camps, du
barreau, du commerce, de la littrature et des arts.
490 LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS.
CHANT MAONNIQUE
UNE VOIX.
ENSEMBLE.
plusieurs voix.
une voix.
plusieurs vont.
ENSEMBLE.
ENSEMBLE.
UNE VOIX.
DU DUEL
Les profondes racines que le duel a pousses dans les murs de la socit,
malgr les rsultats funestes qui en sont trop souvent la suite, appellent sur ce
fait un examen mr et svre.
Les plus dplorables consquences dcoulent du duel pour la socit, pour
l'tat, pour la famille et pour l'individu : pour la socit dont il trouble le repos
et rompt l'unit en excitant les passions et en allumant des guerres intestines et
incessantes ; pour l'tat dans lequel il arme les citoyens les uns contre les autres
et qu'il accoutume ainsi fouler les lois aux pieds et mpriser la justice en se
la faisant eux'mmes; pour la famille o il porte la dsolation, qu'il plonge dans
le deuil, o il peut, ce qui n'est malheureusement pas sans exemples, armer un
bras fratricide; enfin pour l'individu dont il endurcit le cur, dont il excite la
susceptibilit et exalte l'orgueil, passion funeste, cause de tous les maux de
l'humanit.
Tous ces rsultats, il y a longtemps qu'on les connat; il y a longtemps que
les moralistes, que les philosophes les ont signals et en ont justement fltri la
cause ; il y a longtemps que J.- J. Rousseau s'est cri, dans sa noble indignation :
Du sang!... et qu'en veux-tu faire de ce sang, bte froce? Et cependant
il est bien peu d'hommes qui ne courbent pas le front sous le joug du prjug
fatal qui a soutenu le duel pendant tant de sicles, et qui le maintient encore dans
nos murs modernes? Ne voyons-nous pas dans l'enceinte mme de nos temples
des frres dont nous honorons le noble caractre, en qui brillent les plus pr
cieuses qualits du cur, dplorer les affreuses consquences du duel, et douter
cependant que la Maonfierie puisse contribuer l'abolition de cette coutume
barbare?
Examinons le duel sous deux aspects diffrents, et par rapport la Maonnerie,
et par rapport au monde profane.
Dans la premire partie de cet examen, une question se prsente d'abord : la
Maonnerie peut' elle admettre le duel?
La rponse cette question est facile : elle dcoule de la base de la morale
maonnique : Dieu et Vamour de ses semblables... Dieu est amour, et les cratures
faites son image ne doivent tre domines que par le sentiment de l'amour:
amour envers le Crateur, amour envers les cratures. Est ce aimer Dieu que
d'attenter ses lois ternelles, que de porter une main forcene sur un tre
le rameau n'oa d'eledsis A93
auquel il a donn l'existence et de briser le fil d'une vie qui a son utilit dans
l'harmonie des tres ; que d'exposer la sienne propre, d'en disposer aveuglment
comme d'une proprit, quand elle n'est qu'un dpt sacr ? Est-ce aimer Dieu
que de transformer l'amour en haine, l'union en discorde, la paix en guerre ?
Est-ce aimer ses semblables que de s'exposer les tuer ou les rendre homicides ?
Non; le duel renverse compltement, de fond en comble, la base de la morale
maonnique, comme de toute espce de morale. Il est plus qu'odieux, il est
ridicule, il est absurde, car il se rduit ceci: a Tu m'as insult, tu as attaqu
ma rputation, tu as dtruit mon bonheur, tu es coupable, mais il faut que je sois
plus coupable que toi ; l'insulte pourra tre oublie, ma rputation rpare, mon
bonheur rtabli, mais pour cela il faut que je sois plus coupable que toi, il faut
que je te tue.
' f Tel est l'argument sur lequel repose le duel.
Un pareil principe est subversif de toute socit et attentatoire toute ide
d'ordre; aussi, ds que la libert humaine eut t reconnue, ds que la force
physique ne fut plus regarde comme une raison suffisante du bon droit, aussitt
que la justice s'tablit sur des principes plus rationnels et plus vrais, on cessa
d'en appeler au jugement de Dieu, et la lgislation humaine fltrit et proscrivit le
duel.
Comment se fait-il donc que jusqu' ce jour les lois aient t impuissantes
pour le rprimer? C'est que l'erreur o la lgislation premire tait tombe s'est
implante dans les masses encore peu claires, et ne peut tre dtruite que len
tement et peu peu; c'est que dans les lois il faut distinguer celles qui s'appuient
sur des faits humains et celles qui drivent des principes ternels et absolus
de la justice et de la vrit. Les premires sont acceptes et ont une application
facile; les secondes sont longtemps combattues par l'erreur, les prjugs, les
.habitudes, et ne reoivent leur sanction que du temps. Est-ce dire pour cela
que les lois ne doivent pas devancer les ides de leur poque? Non, sans doute;
ce serait vouloir dtruire la condition ncessaire du progrs. C'est aux hommes
clairs, ceux dans le cur desquels le sentiment du juste, du bon, du vrai, a
pntr, s'en faire les aptres, le propager, en rpandre les principes,
combattre l'erreur et les prjuges par leurs paroles et par leurs exemples; c'est
eux faire accepter la loi en l'expliquant, en la faisant comprendre, et, avant
tout, en l'acceptant eux-mmes et en s'y soumettant.
Telle est la tche de la Maonnerie, que l'on a appele avec raison la sentinelle
avance de la civilisation. Le Maon, homme d'lite dans le monde profane, doit
sans cesse combattre l'ignorance et les prjugs, opposer la lumire aux tnbres.
Ce n'est pas pour rien que sa main porte le glaive, symbole des rayons de la
vrit; il faut, qu'arm de la vrit, il fasse l'erreur une guerre incessante; il
ne doit point y avoir de repos pour lui jusqu'au jour du triomphe d la vrit.
Sur le duel, le triomphe sera facile, car sa puissance diminue chaque jour. S'il
y a peu d'hommes vraiment courageux qui, mis l'preuve, osent braver ouver
tement le prjug fatal qui s'est audacieusement dcor du nom de point d'hon
neur, du moins le nombre des esprits senss qui repoussent les principes absurdes
494 LE HAMEAU D'OR D'ELEUSIS
sur lesquels s'appuie le duel, augmente chaque jour. Ce n'est pas, d'ailleurs,
seulement dans l'opinion publique que le duel dchoit, c'est aussi dans sa forme,
dans son existence, dans sa valeur propre.
Dans sa forme antique, le duel avait quelque chose de grave, de solennel, de
public. Lorsque le combat avait t autoris, le champ-clos tait prpar. L, en
prsence du roi, des juges du camp, des seigneurs de la cour et du peuple,
paraissaient les champions. L'accus jetait le gant, et le gage du combat tait
relev par l'accusateur. Puis, aprs maintes crmonies, auxquelles la religion
ajoutait plus de solennit, la trompette se faisait entendre, et les champions en
venaient aux mains. Des lois particulires rglaient les prparatifs du combat, le
combat mme, et les suites du combat.
Lorsque la lgislation eut interdit le duel, en perdant de sa publicit, il n'en
conserva pas moins un caractre srieux, et l'on vit des hommes haut placs dans
l'opinion publique aller au-del des frontires vider leurs querelles par les armes,
et dans ces cas graves la mort devait s'ensuivre. Le duel tait alors une sorte de
prrogative rserve la noblesse; mais, depuis l'abolition des privilges, la
manie du duel s'est rpandue dans toutes les classes de la socit avec une
effrayante rapidit, et la futilit des motifs l'a singulirement modifi. Il ne s'est
plus agi de combats outrance et mort, on s'est content du premier sang ; le
plus souvent, le fer crois, une amorce brle, ont suffi pour rparer l'honneur
offens. Le duel dgnr a eu honte de lui-mme; il a cherch les endroits
dserts, les lieux carts. On a rougi de servir de tmoins, ou si l'on a accept
cette pnible fonction, qu'autrefois on tenait honneur de remplir, ce n'a t
qu'avec rpugnance ou dans l'espoir d'amener les adversaires un accommode
ment. Les tmoins n'ont pas craint de faire entendre le langage de la raison;
autrefois ils ne l'auraient pu, sous peine de passer pour lches ou flons. Le
mpris public a fltri ces hommes qui font du duel l'occupation de leur oisivet,
et qui, fort heureusement, deviennent de jour en jour plus rares. Voyez d'ailleurs
quels sont aujourd'hui les hros les plus nombreux du duel : des jeunes gens
imberbes, des adolescents tourdis, des joueurs de profession, des ferrailleurs
patents, des femmes, jusqu' des femmes chez lesquelles l'immoralit ne le cde
qu' la dpravation; tels sont, le plus souvent, les tres auxquels un homme de
cur ne rougit pas de s'assimiler!...
A une poque o la raison humaine est dveloppe, le duel ne peut tre le
partage que de la faiblesse, car la susceptibilit, l'irritabilit, la colre, dnotent
la faiblesse. Une raison forte, un caractre rflchi et nergique, ne descendent
pas de pareils moyens. Le vrai courage, dans l'homme raisonnable, consiste
supporter l'injure si elle est mrite, la mpriser si elle ne l'est pas.
Mais il est, dira-t-on, des torts qu'on ne peut passer sous silence; il est des
dommages rels ports noire honneur, notre rputation, notre fortune,
notre position sociale, qui compromettent notre avenir, notre existence, celle de
nos familles, et qui demandent une rparation. Cette rparation, la trouverez-
vous dans le meurtre de celui qui vous a nui, dans votre propre mort La trou-
verez-vous dans un peu de sang rpandu? L'obtiendrez-vous en vous rendant
LE RAMEaH D'OR d'SLEUSIS -495
plus coupable que celui qui fut coupable envers vous? Non. S'il y a une rparation
obtenir, il y a aussi des lois protectrices qui rparent les torts. Pourquoi crain-
driez-vous d'invoquer l'appui de ces lois? Est-ce pour rien qu'elles ont t faites?
Vous ne craindrez pas d'appeler leur rigueur sur le voleur qui aura enfonc votre
porte, sur le faussaire qui aura contrefait votre signature, sur le banqueroutier
dbont qui vous aura enlev le prix de vos sueurs, pourquoi n'agiriez-vous pas
de mme envers le diffamateur, envers le calomniateur, envers l'homme immoral
qui vient jeter le trouble dans votre famille? Tous les mchants, tous les coupables
sont gaux devant la loi; et pour que la loi soit puissante, pour qu'elle atteigne
les mchants et qu'elle rprime les dsordres de la socit, il faut que les hommes
de bien, ayant la conscience de leurs droits, respectent la loi, c'est--dire s'y
soumettent sans cesse et sachent l'invoquer au besoin.
Voil les ides que tout Maon clair doit comprendre et s'attacher rpandre
dans le monde profane. Il faut, qu'appuy sur cette conviction forte et profonde
que le duel est anti-maonnique, il ne craigne pas de professer en tous lieux et
hautement qu'il est ridicule, odieux, immoral et anti-social (1).
SYMBOLES ET EMBLMES
Les symboles et les emblmes furent la langue primitive des peuples de l'Orient
et l'image simple et naturelle de la qualit des choses : le cheval reprsenta le
courage, le buf la force, le serpent la prudence. La thologie paenne se servit
des symboles pour peindre la vertu distinctive de chaque divinit, et les sciences
et les arts n'eurent pas d'autre langage.
Les symboles exprimrent aussi une grande pense de cration, un dogme, une
doctrine, une croyance; le grand hiroglyphe de la nature rappelle l'esprit
l'animation ternelle du monde plantaire, la destruction et la gnration des
tres dont le soleil est la cause premire; enfin la langue symbolique et embl-
matique fut la langue des prtres, des savants et des pogtes, non parce qu'elle
est cache et plus mystrieuse, mais parce qu'elle personnifie et caractrise mieux
la vrit des choses.
Quand les symboles et les emblmes ne serviraient la Franc-Maonnerie que
pour lui conserver, parmi les sicles, le caractre de son antiquit et montrer sa
vritable origine, ils devraient tre un objet de vnration aux yeux des frres;
mais ils ont une application sacramentelle qui sanctifie leur sage coutume. Sous
leur enveloppe mtaphysique se trouve le critrium du dogme religieux et philo
sophique de l'institution ; chaque figure symbolique ou emblmatique est l'image
d'une vrit naturelle qui sert de flambeau au Maon pour clairer sa raison et
lui frayer une voie droite dans le passage de la vie.
Dans la classification moderne de la Franc-Maonnerie, chaque degr a ses
symboles et ses emblmes, qui sont autant de lignes lumineuses traces l'intel
ligence de l'initi pour arriver dcouvrir l'essence du vrai, du bon et du juste
de chaque chose; ainsi le Rose-Croix a pour insignes une rose unie une croix :
la rose, symbole du secret, la croix, symbole de l'immortalit. Or, voil la clef du
degr maonnique; mais le sens moral et philosophique que renferment ces deux
symboles, c'est le secret de la science que l'on ne parvient dcouvrir que par
une tude particulire. Le secret, comme vertu du sage, prte d'heureuses
leons de prudence, de modration, de confiance intime; en dirigeant ses tudes
selon l'esprit fraternel et humanitaire de la Franc Maonnerie, le Maon Rose-Croix
se fait ncessairement une ide juste de la vertu du secret et de la vril de sa
qualit morale; il en est de mme du symbole de la croix, en considrant l'im
mortalit de l'me comme un prix glorieux rserv au sage qui consacre sa vie
au bonheur de ses semblables; des sentiments gnreux, de nobles inspirations
naissent dans son cur. L'immortalit n'est pas pour lui le stimulant de l'gosme
ni l'illusion d'un orgueilleux prjug, c'est la rcompense que le Grand Architecte
de l'univers rserve la vertu.
Les symboles et les emblmes d'un rite, renfermant chacun dans leur expres
sion mtaphysique un rayon de la vraie lumire, l'explication ou le dveloppement
scientifique de ces figures amne la connaissance certaine des principes moraux
de la Maonnerie. Les anciens initis se reconnaissaient entre eux, non pas seu
lement par les signes et les attouchements, mais par les rgles de conduite que
ces principes leur imposaient; alors la fraternit ne se formulait pas en paroles
ni en dmonstrations, elle tait toute en action. C'tait le cur qui faisait l'uvre;
et comme la nature en rglait le mouvement, il n'y avait point d'ambiguit de
langage ni de pense; Dieu, patrie, amour, dvouement, libert, galit et tant
d'autres mots qui disent de si grandes choses et que l'on emploie depuis si long
temps pour en accomplir de si mauvaises, avaient un sens prcis et absolu; il n'y
a pas de meilleure logique que celle du cur, quand l'amour de Dieu et des
hommes le domine.
Quelques Maons clairs, mais sduits par le faux clat de la science profane,
s'imaginent que les symboles et les emblmes n'ont ni porte sociale ni caractre
solennel, et ils voudraient ne plus les voir figurer comme langue sacre du code
LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS. 497
que l'esprit doit savoir comprendre sans chercher les dfinir. Ce qui est essence
etlurnire peut se reprsenter par le symbole, rnqis non s'expliquer par la logique
des roots, pn eei c'est la foi qui voit et la conscience qui dcide. La symbolique
de l'Qyiathan des Qphjtes, ou celle de Sphiioth , des kabalistes hbreux, renfer
mant dans pn simple tableau les attributs de Dieu et leurs proprits spirituelles,
Sont des images grandes et sublimes qui nous inspirent l'admiration et le respect,
mais qui nuus imposent l'humilit et le silence,
Voulez-Vous viter le sot examen des indiffrents et des impies, ne pas donner
une orgueilleuse philosophie |e moyen de subtiliser sur vos doctrines et de
matrialiser votre foi? respectez le voile sous lequel la nature cache ses mystres;
ponteptez-VQUs du langage muet qu'elle parle votre raison ; elle est elle-mme
un grand symbole, une image parfaite d'une suprme Providence. Restez donc
ljdles la langue qu'elle yoga a donne pour vous initier l'uvre ternelle de
bienfaisance et d'apupr du prand Architecte de l'univers (1).
Nous donnons ici les signes caractristiques de tous les grades de la Maon
nerie i
Pour le premier grade maonnique, trois points (suivant la batterie) ; pour
le deuxime grade, cinq points; pour le troisime grade, trois points dans une
querre ; pour le quatrime grade, une clef; pour le cinquime grade, un com
pas ouvert sur un segment de cercle gal soixante degrs; pour le sixime
grade, trois triangles entrelacs; pour le septime grade, une clef avec trois
points; -r pour le huitime grade, un triangle; pour le neuvime grade, un
poignard entour de neuf points ; pour le dixime grade, trois petites croix ;
pour le onzime grade, trois curs enflamms ; pour le douzime grade,
une plaque carre sur laquelle sont quatre demi-cercles ; pour le treizime
grade, un triangle ayec un point au milieu; r pour le quatorzime grade, un
compas avec une rgle ; pour le quinzime grade, une pe en travers sur un
qeur; pour le seizime grade, un carr dans lequel se trouve une balance;
t- pour le dix-septime grade, une mdaille formant un heptagone ; pour le
POPULATION DE LA TERRE
BANQUET MAONNIQUE
COMPAGNONNAGE
point de sret, ils se lirent, entre eux, par un contrat d'assistance, d'hospitalit,
de bons services, et pour empcher que des personnes trangres ne profitassent
frauduleusement des avantages qu'ils s'assuraient ainsi, ils institurent le ser
ment du secret et des signes de reconnaissance. Il y avait la tte de chaque
section un chef, et chaque escouade de dix compagnons avait son matre et un
certain nombre d'aspirants, sur le lieu o ils devaient travailler. Et quand tout
tait termin, ils se rendaient ailleurs; mais ces travaux de construction occu
prent presque toujours plusieurs gnrations, et souvent ne furent pas achevs,
tmoin le grand nombre de cathdrales qui, de nos jours, sont encore incom
pltes. Chaque membre de la corporation avait voix aux assembles selon son
grade, et dans l'excution, chacun, en ce qui concernait les dtails, suivait sa
propre ide; il en rsulte, en architecture, que tout en restant toujours fidles aux
proportions et l'harmonie des plans gnraux de leurs difices, ces corporations
ngligrent l'unit et l'homognit dans les ornements; ceux-ci tant des parties
purement accessoires, ils les abandonnrent au caprice individuel des matres
chargs de les excuter.
De l cette tonnante varit, si caractristique, dans presque tous les difices
gothiques, des colonnes, de leurs bases, des architraves, bas-reliefs, corniches,
en un mot, de toutes les parties secondaires.
D'un autre ct, cette institution, jalouse de s'assurer exclusivement les bn
fices de son art, malgr les nombreux et magnifiques monuments qui attestent I
son talent, ne laissa jamais aucun indice pouvant contribuer rpandre, aprs ;
elle, les principes de l'art et de la science, et voil comment se perdit pour nous I
le secret de cette magnifique architecture gothique que l'on admire aujourd'hui
en Angleterre, dans la chapelle de Henri VU, Westminster.
Cette institution, qu'on nomme aujourd'hui compagnonnage, est fille de la
Philantropie et sur de la Fraternit, fonde sur ce divin principe : Aimez-vous
les uns les autres. Elle a servi de type et de modle la plupart des institutions non
religieuses, ayant pour objet la bienfaisance et pour lien l'amour de l'humanit.
Dissmins sur la surface de la France, les Compagnons du Devoir s'entr'aident
les uns les autres, se donnent toutes les preuves de cette amiti qui unie tous
les hommes. Cette conduite est belle, honorable et digne d'loge ; mais pourquoi
ces haines, ces jalousies entre des ouvriers de professions diffrentes? pourquoi
cette loi, cette coutume existe-t-elle encore? pourquoi traiter en ennemi l'ouvrier
qui ne rpond pas au mot d'ordre qui lui est donn? Songez que tous les hommes
sont frres, parce qu'il n'y a qu'une seule essence vitale, qu'une seule nature
d'me, qu'un seul souffle divin. Travaillez, compagnons, travaillez sans cesse afin
d'acqurir les connaissances ncessaires pour amliorer votre belle institution et
procurer vos frres un bonheur qui n'existe qu'avec l'amour de nos semblables.
Ecoutez les sages et savantes leons qui vous sont donnes par Agricol Perdiguier,
Giraud, Escole, dit Joli-Cur de Salerne, etc., et soyez unis, car l'union fait la
force (I).
ARCHITECTURE MAONNIQUE
Adam la postrit
Transmit de l'art la connaissance,
Et Ca'ln, par l'exprience,
En dmontre l'utilit.
Celui-ci btit une ville
Dans un pays de l'Orient,
O l'architecture civile
Prit d'abord son commencement.
Le pacifique Salomon
Avait de son temps l'avantage
D'tre des hommes le plus sage
Et le plus excellent Maon ;
11 rigea de Dieu le temple,
Qui fut le chef-d'uvre des arts,
El tous les rois, son exemple,
Eurent Maons de toutes parts.
508 LE RAMEAU D'OK D'ELEUSIS
No eut trois fils : Japhet, Sem et Cham. Les descendants du premier de ces trois
frres furent les fondateurs des Loges de l'Europe et de l'Asie mineure. Ces pays
sont appels, dans le livre de la Gense, les Iles des Gentils, et par le prophte
Esae les Iles de la mer. Ce nom d'le aura sans doute t donn ces rgions )
parce que la mer les sparait de l'Assyrie, de l'gypte, etc.
Les fils de Japhet taient au nombre de sept. Gomer, le premier d'entre eux, fut
le Grand-Matre des Loges de la partie septentrionale de l'Asie mineure. De lui
taient descendus les Galates; ils avaient eu autrefois le nom deGomentes, comme
Joseph le tmoigne dans le chapitre sixime de ses Antiquits judaques. Les
Cimmriens, dont les Loges taient fameuses par leur science, y demeuraient
aussi, selon Hrodote, dans le quatrime livre de son histoire. Pline, au livre V,
chap. 3, parle de la ville de Cimmris, qu'il place dans la Troade, qui faisait
partie de la Phrygie.
Les Loges du pays situ au nord-ouest eurent pour fondateur Ashkenaz, son
fils an. C'est de lui que le golfe Accenien, dans la Bithynie, avait pris son nom,
de mme que la mer d'Ashkenaz, appele aujourd'hui Pont-Euxin.
Les Loges de la Paplagonie reconnaissaient pour leur G.*. M.'. Riphat, second
fils de Gomer. Ce sentiment est d'autant mieux fond, que les Romains ont appel
Riphatiens les peuples"de cette rgion.
La grande matrise de toutes les Loges de la partie la plus orientale de l'Asie
mineure fut confre Togarma, frre de Riphat.
Dans la suite des temps, les peuples descendus de Gomer et de ses fils fondrent
des At.\ dans diverses parties de l'Europe. Les Francs-Maons cimmriens, entre
autres, btirent des villes vers les Palus'Motides, au nord du Pont-Euxin, d'o,
aprs s'tre multiplis avec le temps, ils s'tendirent dans la Germanie, vers le
Danube, et, dans la suite, jusque dans les Gaules. Les Celtes, anciens Gaulois,
ont fond les premires Loges des lies Britanniques, o ils envoyrent les pre
mires colonies. Les anciens Bretons descendaient de Gomer. Les habitants du
pays de Galles s'appellent encore aujourd'hui Kumero, Cymro ou Kumeri.
Les Loges des pays situs au midi de l'Asie mineure, o se trouvait l'Ionie,
reconnaissaient pour Grand-Matre Javan, autre fils de Japhet.
Tarshish, le second, fonda les Loges dans la partie orientale de l'Asie mineure,
o tait la ville de Tars, capitale de la Cilicie.
LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS 509
Les At.\ de la partie occidentale de Tareis eurent pour leur Matre Kittim,
troisime fils de Javan.
Elishah, le quatrime, fut le Matre des Francs-Maons de l'Aeolide, au septen-
jrion de Tarcis.
Dodanim, l'an des fils de Javan, fut le fondateur des Loges ma.\ des ctes
occidentales de l'Asie, et en tablit dans la Grce.
Les les les plus considrables qui se trouvent entre l'Asie et l'Europe sont
dsignes sous le nom d'les d'lishah par le prophte zchiel, et le dtroit
appel Hellespont signifie Elis Pontus ou mer d'Elishah.
Les descendants d'Elishah, tant passs en Europe, furent dans la suite appels
Hellnes, et leur pays Hellas, nom qui fut commun toute la Grce. L'lide,
contre du Peloponse, Elis, sa capitale, Elasis, ville de l'Attique, et l'Ilisius,
rivire de cette dernire province, tmoignent assez avoir reu leur nom du
Grand-Matre Elishah.
Les Spartes ou les Lacdmoniens tiraient leur origine de Dodanim. Les pre
mires Loges de l'le de Cypre. celles de la Macdoine et d'une grande partie de
l'Italie furent fondes par des descendants de Kittim. Enfin les Francs-Maons
descendus de Tarshish se rpandirent dans une partie de l'Italie et en Espagne.
Meschech, fils de Japhet, fonda plusieurs Loges l'orient du pays de Gomer,
de mme que dans une partie de la Cappadoce et de l'Armnie. Les Moscovites
d'aujourd'hui sont descendus de lui.
Tubal fut le fondateur des Loges de l'brie asiatique.
Magog s'tablit au noid de Tubal, o il fonda une multitude de Loges ; il fut
le pre des Scythes, qui habitaient l'est-nord-est du Pont-Euxin.
Les descendants de Mada ont habit la Macdoine, avec les enfants de Kittim,
et les Francs-Maons de ce pays n'avaient qu'un Grand-Matre; il est probable que
le nom de Macdoine a t compos de ceux de Mada et de Kittim. Enfin Thyras
a t le pre des Thraces et le premier Grand-Matre de leurs Loges ; ils ont autre
fois t connus sous le nom de Tyrites ou de Tyragtes.
Sem, second fils de No, fut pre de cinq enfants mles, dont la postrit a fait
le plus de progrs dans la Maonnerie.
Aram, l'un d'eux, fonda les Loges des pays que les Grecs ont appels Armnie,
Msopotamie et Syrie. Il est vraisemblable qu'il donna son nom la premire de
ces contres. Pour ce qui est de la Msopotamie, les Grecs la nommaient ainsi
cause de sa situation entre deux rivires, savoir : le Tigre et l'Euphrate. Ils
donnaient le nom de Padan-Aram et de Sedan-Aram la partie de la mme
Msopotamie la plus proche de l'Armnie, cause de sa fertilit. Les parties
septentrionale et orientale de la Syrie taient aussi tombes en partage Aram;
et comme Canaan, fils deHam, possdait le surplus, les Francs-Maons de cette
province dpendaient de deux Grands-Matres.
Uz, un des fils d'Aram, fut le fondateur de la Loge et de la ville de Damas. Job
habitait dans ce pays.
On peut conjecturer que Hul, aussi fils d'Aram, fut Matre des Loges de la
Grande-Armnie, dont les Francs-Maons se sont rendus clbres.
510 LE RAMEAU D'OR D'ELEUSIS
MLANGES
PagM.
L'Histoire abrge de la Maonnerie, son origine, ses mystres, son action
civilisatrice, son but ^
L'Initiation de Salomon 8
Temple de Salomon *6
L'Introduction de la Maonnerie dans les divers pays du monde, nomenctature
des Rites les plus universellement pratiques 19
Grandes Loges rpandues sur tous les points du Triangle, le Carr mystique 26
Le Temple des Symboles, Initiation de Thals 43
L'Homme libre et l'homme esclave . . "." 50
Le Crime et le repentir 51
La Vie humaine 57
L'Image enchante 60
Le Code maonnique 66
Travaux complets du premier Degr maonnique 75
Discours sur la Maonnerie - 92
Le Papillon (allgorie) 95
! Fte de l'Ordre maonnique 97
I Cration de la Femme 101
Une Aventure maonnique en pays arabe 103
Une Loge la Bienveillance 105
Astre (Discours sur la Justice) '08
La Maonnerie 112
De la Langue et de la parole 413
La Constance dans le malheur (Potier) tl5
L'ducation de l'Amiti 117
Chant maonnique 121
Des Influences 122
L'Hiver 123
L'Education de l'enfance 125
Orphe dans les catacombes de Memphis 130
Travaux complets du deuxime Degr maonnique 139
Glorification du Travail 162
Catchisme indien 170
\
11 TABLE DES MATIRES
Pages.
Initiation de Platon i71
Travaux complets du grade de Matre 1"
Alphabets et hiroglyphes 213
Calendrier maonnique 215
Le Grand livre d'or 220
V La Croix philosophique 228
L'Inauguration d'un temple 232
Le Temple mystique 237
Formation d'une Loge 245
Des fonctions des Officiers de la Loge 248
Installation des Officiers dignitaires 250
Comit des finances 251
Conseil d'administration 251
Comit de bienfaisance ' 251
Installation d'une Loge 258
Hymne maonnique , 259
Formalits remplir pour tre reu Ma. . 259
Les Louvetons et les fils des Maons 260
Affiliation dans une Loge 200
Costumes et insignes ma. . 260
Des fautes et dlits ma. . 260
Un voyage maonnique (premire partie) 263
L'chelle mystique 266
Explication du dix-huitime au trentime degr 268
Un voyage maonnique (deuxime partie) 272
Le Tuileur gnral 273
Maonnerie Scandinave 275
Maonnerie anglaise 279
Maonnerie amricaine 288
Maonnerie des Chevaliers de la Rose croissante 290
Maonnerie chaldenne 292
Maonnerie des Ngociates 294
Maonnerie clectique 295
Maonnerie gyptienne de Cagliostio 296
Les Anciens mystres d'gyple 299
La Maonnerie de Zoroastre 307
Travaux complets des Chevaliers Rose-Croix 308
Rite des Illumins par excellence 331
L'Union des rites 334
Maonnerie pythagoricienne 337
Maonnerie franaise, G. - . 0.' 340
Maonnerie cossaise 350
Travaux complets des Chevaliers du Delta sacr 372
La Maonnerie d'adoption 394
L'Ordre maonnique de Mcmphis 398
Maonnerie des Noachitcs ou Chevaliers prussiens 419
Maonnerie des Sublimes lus de la vrit 452
TABLE DES MATIRES II I
Pagi-s.
Maonnerie adonhiramite 424
Maonnerie misramile 428
Charte de Cologne 431
La Maonnerie en Allemagne 436
Rite d'Hrodom de Kilwinning 437
Maonnerie musulmane 440
La Charit maonnique 441
Discours sur l'sotrisme maonnique 445
Grand lu Chevalier Kadosch 449
L'ducation maonnique 473
L'Insouciance 476
La Franc-Maonnerie prche sa doctrine , 477
Le Grand livre d'or (suite ct fin) 482
Chant maonnique 490
Le Duel 492
Symboles et emblmes 495
Signes caractristiques des quatre-vingt-dix grades 498
Population de la terre 501
Banquet maonnique 502
Compagnonnage 504
Architecture maonnique 506
Notice pour servir l'histoire de l'Ordre ma. . 508
Mlanges 512
GRAVURES