Géologie de La Guinée
Géologie de La Guinée
Géologie de La Guinée
Tome 3
Février 2017
Réseau d’Excellence Mine & Société (Mines ParisTech, Mines Nancy, Ecole Nationale
Supérieure de Géologie, Mines d’Alès)
Coordination : Philippe Kister
Rédacteurs : Hossein Ahmadzadeh, Jean-Alain Fleurisson, Damien Goetz, Philippe Kister,
Yann Gunzburger, Michel Jébrak, Brice Laurent, Jack-Pierre Piguet, David Salze.
Galin R., Urien P., Charles N., Bailly L. (2017) – Projet minier et parties-prenantes. Collection « La mine
en France ». Tome 3, 24 p., 4 fig.
Sommaire
1. Introduction .............................................................................................................................7
1. Introduction
Localiser des gisements a de tout temps été un défi majeur pour le développement de la plupart
des civilisations. Les poteries les plus anciennes, découvertes en Chine, et fabriquées à partir
de matériaux argileux auraient plus de 20 000 ans. En Europe Occidentale, l’âge du cuivre
s’étend approximativement entre -2 500 ans et -1 800 ans. Entre -1 800 ans et -1 600 ans, le
mélange de l’étain et du cuivre donne naissance à la métallurgie du bronze, caractéristique du
premier véritable âge des métaux et à l’origine de nombreux bouleversements socio-
économiques.
La découverte de gisements minéraux qui ne représentent qu’une infime partie des surfaces
émergées nécessitent la mise en œuvre d’un ensemble de techniques rassemblées sous le
terme de techniques d’exploration. Ces dernières sont nombreuses et sont en constante
évolution technologique. Que de chemin parcouru depuis les premières recherches effectuées
avec un simple pendule ou une baguette de sourcier (Figure 1) jusqu’à l’utilisation actuelle de
détecteurs capables de déceler des concentrations minérales à plusieurs centaines de mètres
de profondeur !
Dans le cas le plus simple, ces gisements sont exposés à la surface ou à très faible profondeur.
Les techniques à mettre en œuvre pour les localiser et les caractériser sont dans ce cas
relativement simples. Cependant, ces gisements ont été pour la plupart largement localisés et
exploités. Localiser des gisements cachés en profondeur nécessite en revanche la mise en
œuvre de plusieurs techniques complémentaires dans le but de définir leurs dimensions et leurs
caractéristiques. Ces techniques s’étendent depuis le travail de reconnaissance géologique de
surface mené par le géologue jusqu’à l’utilisation de moyens d’investigations plus pénétrants
nécessaires à la caractérisation des terrains en profondeur.
L’exploration est réalisée sur des zones totalement vierges ou au voisinage de zones dans
lesquelles d’anciennes exploitations minières ou la présence d’indices minéralisés sont
connues. Dans les pays développés, l’un des rôles de l’État consiste à capitaliser les
connaissances géologiques dont celles concernant les ressources minérales voire à en acquérir
de nouvelles afin de promouvoir le potentiel de son territoire auprès des opérateurs miniers.
Ces données constituent l’infrastructure géologique nécessaire à la mise en œuvre de grands
projets d’aménagement des territoires et de développement d’une politique
d’approvisionnement en matières premières minérales. Ces données sont à la disposition des
opérateurs miniers et sont une aide précieuse pour sélectionner les zones potentiellement
favorables à la présence de gisements.
Les travaux d’exploration débutent généralement par une reconnaissance à grande échelle et
couvrent de grandes surfaces afin d’y détecter des indices de la présence d’un gisement. Les
moyens d’investigation utilisés, par exemple, les mesures géophysiques aéroportées
permettent de déceler au sein de cette surface initiale, des anomalies de densité, de
magnétisme, de radioactivité naturelle sur lesquelles se focaliseront les phases d’exploration
suivantes. L’objectif est de rapidement réduire la zone d’investigation pour concentrer les efforts
d’exploration sur les zones les plus prometteuses.
Dans de nombreux cas, les travaux d’exploration ne déboucheront pas sur une exploitation en
raison de paramètres techniques (volume et/ou teneurs trop faibles, complexité de la géométrie
de la structure minéralisée, profondeur trop importante, etc.), économiques (cours des métaux),
sociétaux et/ou environnementaux.
Dans les rares cas favorables, des études plus poussées de préfaisabilité puis de faisabilité
seront menées. Ces études permettront d’évaluer la validité du modèle géologique, de proposer
un modèle d’exploitation (mine à ciel ouvert ou souterraine), un modèle de concentration du
minerai (études minéralurgiques), un modèle d’extraction des substances utiles (études
métallurgiques), un modèle économique global. Ce n’est qu’à l’issue de ces études que la
décision finale de lancer l’exploitation sera prise ou non. Selon les cas, il peut s’écouler
plusieurs années voire 10 ans ou plus entre les premiers travaux d’exploration et l’ouverture
d’une mine.
L’élaboration d’un projet minier, qui doit réunir les importants investissements nécessaires à sa
mise en production, nécessite la prise en compte de nombreux paramètres techniques,
économiques, environnementaux et sociaux. Sa mise en œuvre est réalisée par étapes
successives, la décision de mise en exploitation d’un gisement n’étant prise qu’à l’issue des
résultats acquis au cours de chacune de ces étapes (Figure 2).
À tout moment, le projet peut être abandonné faute d’avoir réuni toutes les conditions
favorables, ce qui se traduit, alors, par une perte financière sèche pour l’opérateur minier. On
estime que les chances de découverte d’un gisement remplissant simultanément les critères
environnementaux, techniques et économiques sont inférieures à 5 %. Toutefois, les
paramètres de la décision et les technologies (exploration, exploitation, traitement des minerais)
évoluant dans le temps, il n’est pas rare de voir des opérateurs revenir sur d’anciens prospects
abandonnés depuis plusieurs années voire décennies, c’est ce que l’on constate actuellement
en métropole.
Figure 2 : Les principales étapes d’un projet minier. Les coûts, durées et surfaces pour chacune des
étapes sont données à titre indicatif et peuvent fortement varier d’un projet à l’autre.
Une fois la zone sélectionnée et après obtention d’un permis exclusif de recherche (PER), la
phase d’exploration peut réellement commencer (étape 2). Durant cette phase, elle-même mise
en œuvre progressivement, un ensemble de techniques d’exploration seront utilisées dans le
but d’identifier des cibles dans la zone sélectionnée, puis de délimiter le gisement et d’estimer
ses ressources présentes. Si l’intérêt minier est avéré, suivront plusieurs phases d’évaluation
techniques (test de récupération des substances d'intérêt par exemple), économiques,
environnementales, sociétales, menées en parallèle à la caractérisation du gisement pour
aboutir à une meilleure définition du modèle de gisement et à une estimation des réserves
(étapes 3 à 5). Là encore, le projet peut être abandonné suite à des problèmes techniques,
financiers (chute des cours des métaux par exemple, l’exploitation se révélant trop coûteuse par
rapport au prix du métal considéré sur les marchés internationaux), d’infrastructures,
environnementaux ou sociétaux. L’ensemble des résultats forme une étude de faisabilité, qui
conclut sur les possibilités technique et économique d’exploiter le gisement dans les conditions
du marché espérées ou prévisibles pendant sa durée de vie.
Quel que soit le niveau de détail des études, ces résultats restent entachés d’incertitudes
majeures : d’une part, le gisement n’est jamais connu à 100 %, le sous-sol n’étant accessible
que par des sondages isolés qui représentent une proportion négligeable du volume
souterrain ; d’autre part, les prix de vente des produits, mais aussi les prix d’intrants
fondamentaux comme l’énergie, ne sont pas connus avec certitude pour la durée de vie du
projet et peuvent varier dans des proportions considérables, bien au-delà des paramètres de
l’inflation.
Les effectifs sont ensuite stabilisés pour la durée de l’exploitation (étape 7) qui varie en fonction
de l’importance du gisement et des contraintes économiques. L’objectif de l’exploitation est de
produire, à partir d’un minerai, un ou plusieurs concentrés marchands contenant la ou les
substances utiles (Figure 3) ; ce concentré est obtenu par des traitements dits minéralurgiques
qui reposent sur le principe de la sélection des différents « grains » composant la roche, sans
attaque chimique de leur composition. Le concentré est ensuite habituellement acheminé vers
des centres de traitement métallurgique adaptés (pyrométallurgie, hydrométallurgie), ; dans des
cas plus rares, certaines de ces étapes d’extraction métallurgique peuvent être réalisées sur le
site minier ou à proximité.
Par exemple, le gisement de zinc de Saint-Salvy (Tarn) a produit plus de 500 tonnes de
germanium, assurant ainsi à la France, durant de nombreuses années, le rôle de premier
producteur mondial. Ce germanium était séparé du zinc dans une usine métallurgique située
dans le nord de la France.
Durant l’exploitation, des travaux d’exploration sont généralement poursuivis afin de valider les
données acquises lors des étapes précédentes et si possible de trouver des ressources
supplémentaires. L’exploitation peut ainsi donner lieu à la mise à jour de ressources qui
n’avaient pas été trouvées ni prises en compte dans le projet initial, prolongeant la durée de vie
du projet. En effet, les caractéristiques d’un gisement (sa teneur ou ses propriétés mécaniques
par exemple) peuvent fortement varier latéralement et en fonction de la profondeur conduisant
à une adaptation constante et régulière du schéma d’exploitation initial.
Figure 3 : Les différentes étapes de production d’un métal à partir d’un minerai.
Cette étape 8 n’est pas forcément la dernière et de nouveaux travaux d’exploration pourront
éventuellement être engagés plusieurs années après la fermeture de la mine. En effet, certains
gisements ont par le passé été abandonnés après exploitation de certaines parties, en raison
du coût d’approfondissement des travaux, de l’appauvrissement du gisement en profondeur ou
latéralement, ou du cours des matières premières. De nouvelles techniques d’exploration,
d'exploitation et de traitement des minerais peuvent permettre à un moment donné de lever ces
obstacles et d’envisager la réouverture de certains gisements dont les ressources peuvent de
nouveau présenter un intérêt économique. Des travaux d’exploration réalisés en France sur
plusieurs gisements de tungstène ont par exemple été stoppés suite à la chute des cours de ce
métal au début des années 1970.
C’est durant les phases 6 et 7 que d’importants volumes de déblais et résidus sont produits ; il
convient de gérer pour limiter l’impact du projet (Figure 3). La terre végétale décapée lors de
l’ouverture d’une mine à ciel ouvert pour accéder au gisement et pour la construction des
différentes unités de traitement du minerai doit être stockée pour pouvoir être réutilisée lors des
travaux de réhabilitation du site. Les résidus produits au cours des différentes étapes de
l’exploitation et du traitement du minerai doivent également être gérés en fonction de leur
nature et de leur composition. En effet, les résidus minéralurgiques et métallurgiques
contiennent fréquemment de faibles quantités de métaux sous forme de sulfures qu’il est
nécessaire de stocker avec des règles et des dispositifs de gestion permettant d’éviter de
générer des eaux acides toxiques pour l’environnement (phénomène du drainage minier acide).
Des bassins de stockage de ces résidus sont souvent prévus et aménagés afin d’éviter les
échanges avec l’extérieur. Dans d’autres cas, ces résidus peuvent être utilisés pour combler les
galeries minières.
La gestion des matériaux générés par l’exploitation constitue un des enjeux majeurs des
activités minières et de traitement des minerais. Elle fait l’objet d’un soin tout particulier lors des
études préalables aux autorisations de travaux ou d’exploitation des usines de traitement des
minerais. C’est particulièrement le cas des bassins de stockage de résidus miniers en raison
principalement des surfaces qu’ils occupent et les risques de rupture des digues de retenue.
Ces bassins lorsqu'ils sont mal conçus, mal entretenus ou insuffisamment suivis sont en effet à
l’origine d’accidents dévastateurs pour l’environnement, l’agriculture, les biens et les personnes,
comme malheureusement constaté récemment (5 novembre 2015) à Mariana au sud-est du
Brésil.
Un projet minier est une succession d’étapes jalonnées de prises de décision sur la poursuite
ou non du projet en fonction de multiples critères comprenant la technique, la micro et macro-
économie, les aspects socio-environnementaux, le financement et le cadre législatif et fiscal. Au
cours de ces processus, le risque financier augmente pour les compagnies minières et leurs
investisseurs. Les décisions sont contraintes par les processus d’instructions de titres miniers et
les diverses autorisations nécessaires (installations classées, permis de construire, autorisation
de défrichement, etc.) qui peuvent conduire également à l’arrêt du projet. La capacité de
l’opérateur à donner de la visibilité sur les étapes successives et à prendre des engagements
précis est faible au départ de l’exploration et augmente avec l’avancement du projet. De même,
l’intensité des transformations du territoire apportées par le projet qu’elles soient assorties
d’impacts positifs ou négatifs, temporaires ou permanents, est de plus en plus importante.
Chacune des étapes d’un projet minier fait intervenir un grand nombre de personnel ayant
chacun ses spécialités :
Ces métiers de spécialité sont pour une grande partie d’entre eux accessibles aux personnes
recrutées localement moyennant des compléments de formation que ce soit en métropole ou en
Guyane.
La mine comme toute industrie nécessite également des compétences non spécialisées pour
les services administratifs, la maintenance, la logistique, etc.
Pour être complet, il faut ajouter l’ensemble des sous-traitants en charge des travaux de
sondage, de la réalisation des pistes, de la construction des usines de traitement des minerais
et des concentrés, des analyses d’impacts sociaux et environnementaux, des études
économiques, etc.
Les petites entreprises ou « sociétés minières juniors » dont l’activité principale consiste
à obtenir des titres d'exploration et à mener des travaux pour mettre en évidence un
éventuel potentiel minier. Compte-tenu des coûts financiers des différentes étapes d’un
projet minier et en particulier de l’exploitation, et des différentes compétences que celle-
ci exige, il est rare, mais pas impossible, qu’une entreprise junior aille au-delà des
travaux initiaux de reconnaissance et de définition des ressources et/ou réserves
minières ;
Les grandes entreprises ou « sociétés minières majors » dont les ressources financières
et les compétences, issues de leurs opérations passées et en cours, permettent de
couvrir l’ensemble des étapes de développement d’un projet minier. Lorsque ces
entreprises veulent trouver de nouveaux gisements, elles peuvent réaliser des travaux
d’exploration ou acheter et/ou s’associer avec des sociétés minières juniors qui
disposent de projets suffisamment avancés.
L’exploration en métropole est actuellement conduite pour l’essentiel par des sociétés minières
juniors. L’exploitation des mines de sel est conduite par des groupes industriels intégrés.
En Guyane, cette typologie est complétée par les artisans-mineurs dotés de moyens financiers
et techniques réduits mais appropriés à l’exploitation d’or alluvionnaire et les PMI locales à la
structure financière et technique usuelle pour ce type d’entreprise.
L’industrie minière est fondamentalement financée par les ventes des produits qu’elle extrait,
transforme et commercialise. À partir de ces recettes, il appartient aux entreprises minières et
métallurgiques de payer les frais d’exploitation et d’arbitrer entre investissements à court et
moyen terme (matériels, nouvelles galeries d’accès, renouvellement d’infrastructures, etc.) et
investissements à long terme (nouvelles mines, nouvelles usines, etc.) voire très long terme
(exploration afin de découvrir de nouveaux gisements). Pour cela, les sociétés minières doivent
faire appel à tout un ensemble d’options de financement, par exemple l’endettement auprès de
banques ou de particuliers (marchés des obligations), mais aussi l’élargissement de leur capital
par souscription d’actions, y compris par appel public à l’épargne.
Les activités les plus en amont, y compris et surtout l’exploration, sont normalement financées
par fonds propres (augmentation de capital ou utilisation du « cash-flow » industriel). Le recours
à l’endettement auprès d’opérateurs financiers publics ou privés, nationaux ou internationaux,
est couramment pratiqué pour une partie du financement de la mise en exploitation, en parallèle
avec une poursuite du financement en fonds propres.
L’appel public à l’épargne se fait parfois très tôt dans le processus du cycle industriel minier ;
les sociétés minières junior, qui sont l’équivalent des « start-up » connues dans d’autres
domaines industriels, ne disposent pas du « cash-flow » issu d’activités industrielles, elles sont
entièrement financées par leurs actionnaires, dont la motivation pour un niveau de risque
important est la mise en place d’une activité rémunératrice de long terme. Dans le monde,
plusieurs places de marché sont spécialisées dans l’émission de ce type particulier d’appels
publics à l’épargne, les plus importantes étant Toronto et Sydney, à un degré moindre Londres.
Cette diversité d’intervenants est prise en compte lorsque l’État accorde des exclusivités sur
des zones d’exploration (« permis exclusifs de recherches », selon la définition du code minier
actuel) ; le code minier prévoit en effet que cette attribution soit précédée d’une évaluation des
capacités financières du demandeur. Pour un groupe minier producteur, l’évaluation relève
d’une analyse classique de compte d’exploitation et de bilan considérant le fait que l’exploration
est financée par fonds propres et non par l’endettement ; pour les start-ups, elle doit être
adaptée à leur situation et prendre en compte leur capacité de continuer à faire appel à
l’épargne (pour les sociétés cotées) ou à leurs actionnaires. Le risque pour l’État résulte de
l’immobilisation du périmètre correspondant au bénéfice d’un opérateur ; il est limité par la
durée maximale des permis exclusifs de recherches.
La portée de l’activité minière que ce soit au stade d’un projet ou d’une exploitation dépasse
largement le territoire de son implantation, ce qui multiplie les parties-prenantes (Figure 4).
Néanmoins c’est nécessairement à l’échelle du territoire d’implantation que se distinguent les
parties-prenantes les plus impliquées dont le processus minier devra s’attacher à comprendre
les attentes.
Figure 4 : Les parties-prenantes d’un projet minier (d’après Patrice Christmann - BRGM).
Les riverains qui comprennent les habitants dont le projet vient transformer le
quotidien ; ils peinent à trouver spontanément des avantages au projet et expriment
souvent des craintes pour leur santé, l’environnement naturel (eau, biodiversité, etc.) et
patrimonial (paysage, image, immobilier, etc.) à toutes les étapes du projet.
Le rejet par principe de l’activité minière n’est pas rare ; pour instaurer le débat, les
riverains ont besoin d’informations sur les impacts, l’empreinte environnementale et les
moyens de les réduire. Ces informations doivent être à la fois complètes,
compréhensibles, vérifiables voire validées par des tiers de confiance compétents et
indépendants. Les bureaux d’études mandatés par l’exploitant sont souvent taxés de
complaisance technique.
Les élus locaux représentent les citoyens. Ils relaient légitimement les préoccupations
des riverains sur les impacts du projet et exprimeront les mêmes attentes, notamment
relatives à l’accès aux données de suivi environnemental de l'activité. Ils attachent
beaucoup d’importance à la compensation des impacts, au développement économique
et social du territoire via le développement de nouvelles activités et au volume des
retombées directes et indirectes du projet sur le territoire. Selon leur échelle
d’implication (commune, intercommunalité, département, région), ils appréhendent
différemment le projet sous l’angle du bilan avantages/inconvénients en mesurant les
risques et les opportunités et considérant notamment les conséquences et les
nécessités d’anticipation en termes d’aménagement du territoire (infrastructures,
équipements, logements, nouvelles ressources financières, etc.). Ils ont donc un rôle
capital, et ce n’est pas propre à la mine, pour la concrétisation ou non d’un projet.
Les services de l’État sont à considérer sous différents angles. La politique minière est
une politique industrielle conduite par le ministre, qui délivre les titres miniers. Le préfet
est le dépositaire de l’autorité de l’État dans le département. Il est responsable de la
mise en œuvre des dispositions législatives et réglementaires et a autorité sur les
services en charge des polices administratives concernées, confiées pour l’essentiel à la
Direction (Régionale) de l'Environnement, de l’Aménagement et du Logement
(D(R)EAL). Une grande compétence et une grande rigueur sont attendues de ces
services dans la conduite des processus d’instruction et ultérieurement d’application des
règlements en phase d’exploitation. Cette mission de police sous l’autorité du préfet
garantit la protection des intérêts de santé, d’environnement et économiques. Au titre
des politiques gouvernementales de développement et d’aménagement du territoire, le
préfet est également un acteur du débat autour de la pertinence du projet et de la
recherche des meilleures modalités de sa réalisation.
L’opérateur minier s’engage dans un projet minier qui s’inscrit dans une stratégie. Il
escompte construire un projet répondant aux critères de rentabilité des investisseurs en
respectant les lois et règlements applicables et en minimisant les risques
environnementaux, sociaux et financiers. Il est de son devoir et de son intérêt de définir
et de mettre en œuvre les moyens financiers et techniques appropriés à chacune des
étapes (Figure 2). Ces moyens ne peuvent être définis que par un dialogue confiant et
éclairé avec les autres parties-prenantes dès la première étape. La qualité du dialogue
est capitale dans la réussite de son projet. Le projet est jalonné d'engagements
concrets. L’opérateur doit faire la preuve de leur respect devant les actionnaires, les
pouvoirs publics et les acteurs du territoire dans la durée et assumer, si nécessaire, les
responsabilités de réputation, civiles ou pénales correspondantes. La vie des
entreprises est soumise à des aléas qui peuvent conduire à des changements de
personnes, l'exploitant doit être particulièrement attentif à la gestion de ces
changements vis-à-vis des parties-prenantes. Il se peut également que l’entreprise
engagée dans l’exploration cède le projet, dans ce cas il importe que le nouvel opérateur
reprenne bien à son compte les démarches engagées, il en va de sa crédibilité. Le code
minier donne toutefois au ministre chargé des mines la possibilité de s’opposer au
transfert du titre minier.
Le code minier actuel ne prévoit pas formellement d’instances de dialogue autour des projets
miniers. Toutefois, en métropole, depuis 2012, le ministre chargé des mines demande
systématiquement au préfet la création d’une commission de suivi. Cette commission n’est pas
un moyen exclusif d’échange et de dialogue. Celui-ci doit pouvoir s‘engager à l’initiative des
élus, des organisations non gouvernementales ou d’acteurs économiques.
Il est important de rappeler qu’en s’engageant dans un projet minier, l’opérateur prend des
risques très importants dus au montant des investissements, au retour sur investissement
incertain et sur un temps long, à la volatilité des marchés, etc.
En outre, la stratégie de l’opérateur minier est au service d’une stratégie beaucoup plus large
définie au niveau d’une, voire plusieurs filières industrielles, qui visent elles-mêmes à répondre
aux besoins de la société.