La Reconnaissance
La Reconnaissance
La Reconnaissance
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la reconnaissance
Des revendications collectives
à l’estime de soi
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Diffusion : seuil
Distribution : Volumen
les individus que les groupes. Au travail, elle concerne toutes les
organisations, privées ou publiques, et toutes les professions, du
bas en haut de la hiérarchie et prend la forme de revendications
de salaires, de statuts, mais aussi d’une demande plus générale et
plus difuse qui porte sur la personne elle-même, le « respect » et
la dignité que chacun estime dus.
Mais de quelle reconnaissance parle-t-on ? Ne s’agit-il pas
d’un concept fourre-tout ? Nombreux sont ceux qui se sont
interrogés, d’hier à aujourd’hui, sur le besoin de considération
collective ou individuelle, sur ce qui se joue « sous le regard de
l’autre ».
5
La reconnaissance
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Les philosophes de la reconnaissance
les philosophes
de la reconnaissance
Les philosophes de l’Antiquité, Aristote, Platon, et après eux les grands
moralistes de l’époque classique, comme Montaigne ou La Rochefoucauld,
n’ignorent pas le caractère social de l’être humain. Mais ils le considèrent
généralement comme une faiblesse. La recherche d’approbation des autres
humains est une coupable vanité ; le sage doit atteindre l’autosuisance.
Il faut attendre le milieu du xviiie siècle, avec le relux des privilèges et
l’émergence de la notion de dignité de l’individu, pour que des philosophes
airment le besoin inné de reconnaissance de l’humain.
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Penser la reconnaissance
HEGEL (1770-1831) :
L’« ANERKENNUNG » OU LA RECONNAISSANCE
Hegel, peut-être parce qu’il est le premier à utiliser ce terme, est sou-
vent considéré comme le principal philosophe de la reconnaissance. Il
s’était en efet donné comme projet de reconstituer à l’aide du concept de
reconnaissance l’histoire de l’évolution de la moralité humaine. Selon lui,
ce qui diférencie l’animal de l’homme, c’est que le premier n’obéit qu’à son
instinct de conservation, alors que le second, en plus de ce désir biologique
de la vie, aspire à la reconnaissance de sa valeur par autrui. L’homme pour-
rait alors aller jusqu’à la mort pour obtenir les honneurs.
Hegel considère que la lutte pour la reconnaissance, « lutte à mort de
pur prestige », est à l’origine des progrès dans la moralité. Le progrès moral
s’accomplirait par une succession de paliers, trois modèles de reconnais-
sance de plus en plus ambitieux, que les sujets cherchent à atteindre : la
reconnaissance juridique, déinissant la sphère de la liberté individuelle, la
reconnaissance dans l’amour, ofrant la sécurité afective, et la reconnais-
sance dans l’État, qui permet à chacun de contribuer à la reproduction de
l’ordre social dans le respect de lui-même.
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Les philosophes de la reconnaissance
CHARLES TAYLOR :
PAS D’INDIVIDU SANS AUTRUI
AXEL HONNETH :
JUSTICE SOCIALE ET RECONNAISSANCE
11
AXEL HONNETH
ET LA LUTTE POUR LA RECONNAISSANCE
De Hegel à Honneth
On doit au philosophe allemand Axel Honneth d’avoir repris
la question de la reconnaissance avec rigueur pour en faire le
pivot d’une nouvelle théorie de la société. Le concept n’est pas
neuf. Hegel dans la Phénoménologie de l’esprit mettait en scène
la lutte engagée par deux individus pour faire reconnaître l’un à
l’autre leur liberté. Ce conlit prenait la forme d’un afrontement
marquant le besoin qu’a chacun du regard de l’autre pour recon-
naître sa propre valeur. C’est donc sur une lecture de Hegel que
A. Honneth, le dernier héritier de l’école de Francfort, va asseoir
sa théorie critique de la société, et non sur Karl Marx comme
l’avaient fait ses prédécesseurs. La lutte pour la reconnaissance
produit une tension qui pousse la société à approfondir toujours
plus ses principes de justice. Elle joue un rôle moteur dans l’his-
toire qui conduit par exemple dans la sphère politique à étendre
le droit de vote d’une petite élite à tous les hommes, puis aux
12
Axel Honneth et la lutte pour la reconnaissance
13
Penser la reconnaissance
tant sa contribution.
• Le principe de l’égalité dans la sphère des relations juridiques. Chacun
doit pouvoir sentir avoir les mêmes droits que les autres individus pour
développer ainsi le sentiment de respect de soi.
Pour A. Honneth, ce sont ces trois principes de reconnaissance qui
déterminent les attentes légitimes de chacun.
Catherine Halpern
1- P. Ricœur, Parcours de la reconnaissance. Trois études, Stock, coll. « Les Essais », 2004.
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Parcours de la reconnaissance
Catherine Halpern
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SOUS LE REGARD
DES AUTRES
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Sous le regard des autres
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Penser la reconnaissance
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Sous le regard des autres
reconnaissance de conformité
et reconnaissance de distinction
Il faut maintenant séparer deux formes de reconnais-
sance auxquelles nous aspirons tous, mais dans des proportions
très diverses. On pourrait parler à leur propos d’une reconnais-
sance de conformité et d’une reconnaissance de distinction. Ces
deux catégories s’opposent l’une à l’autre : ou bien je veux être
perçu comme diférent des autres, ou bien comme leur sem-
blable. Celui qui espère se montrer le meilleur, le plus fort, le
plus beau, le plus brillant veut évidemment être distingué parmi
tous ; c’est une attitude particulièrement fréquente pendant la
jeunesse. Mais il existe aussi un tout autre type de reconnais-
sance qui est, lui, caractéristique plutôt de l’enfance et, plus tard,
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Sous le regard des autres
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Penser la reconnaissance
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Penser la reconnaissance
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Sous le regard des autres
vivre. Il n’est pas certain qu’il retrouve tout cela dans le loisir :
personne n’y a besoin de lui, les rapports humains qui s’y nouent
sont dépourvus de toute nécessité. Le repos physique peut être le
bienvenu, mais l’absence de reconnaissance engendre l’angoisse.
Donner sens et agrément au travail lui-même est sans aucun
doute plus utile que de multiplier les loisirs.
Quelles que soient les formes de la reconnaissance, une de ses
caractéristiques premières ne doit pas être oubliée : la demande
étant par nature inépuisable, sa satisfaction ne peut jamais être
complète ou déinitive. Avec la meilleure volonté du monde, les
parents ne peuvent occuper tout le temps de veille du nourris-
son : d’autres êtres les sollicitent, à côté de lui, et puis eux-mêmes
ont besoin d’autres sortes de reconnaissance, et non pas seule-
ment de celle que leur accorde, indirectement, leur bébé. Du
reste, celui-ci élargit rapidement le rayon de son avidité : il n’y a
pas que les parents qui doivent lui accorder toute leur attention,
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Tzvetan Todorov
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La reconnaissance au cœur du social
1- P. Ricœur, Parcours de la reconnaissance. Trois études, Stock, coll. « Les Essais », 2004.
2- F. Fischbach, Fichte et Hegel, la reconnaissance, Puf, 1999.
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Penser la reconnaissance
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La reconnaissance au cœur du social
le déni de reconnaissance
On doit à Christophe Dejours d’avoir souligné toute l’impor-
tance de la reconnaissance interindividuelle dans l’activité pro-
fessionnelle. Tout travail étant générateur de soufrance, celui-ci
ne peut remplir une fonction psychique positive pour l’individu
qu’à condition qu’il parvienne à transformer cette soufrance en
plaisir. La reconnaissance par les collègues et la hiérarchie joue
un rôle non négligeable à cette in. Mais la reconnaissance de la
réalité et de l’utilité du travail conditionne également la coordi-
nation des diférentes activités ; la dimension coopérative du tra-
vail dépend donc aussi de la reconnaissance. Si les composantes
psychologiques et sociologiques de l’activité de travail font inter-
venir une problématique de reconnaissance, C. Dejours montre
également que le sentiment d’injustice est souvent référé par les
salariés à un manque de reconnaissance8. à l’heure où le nou-
veau management utilise la promesse de reconnaissance comme
une technique de gestion du personnel, voire de domination,
la question de la reconnaissance devient brûlante, et exige sans
7- E. Renault, Mépris social. Éthique et politique de la reconnaissance, Éditions du Passant,
2000.
8- C. Dejours, Le Facteur humain, 4e éd., Puf, coll. « Que sais-je ? », 2005, et Travail,
usure mentale, nouv. éd., Bayard, 2000.
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Penser la reconnaissance
Emmanuel Renault
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11- Ibid.
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Penser la reconnaissance
ou de disqualiication.
Selon Charles Taylor, la position libérale s’avère insuisante au vu
même de ses objectifs. Tout d’abord, elle semble incapable de protéger
la liberté qu’elle croit garantir. En efet, celle-ci n’est pas seulement mise
en danger par les violations explicites des droits universels, mais aussi par
l’oppression dont sont victimes tous ceux qui s’identiient à des valeurs
socialement méprisées ou disqualiiées. La position libérale ne peut pas non
plus garantir ce qu’elle présente comme un autre de ses buts principaux :
la constitution de l’espace politique comme une instance de neutralisation
de l’afrontement des options morales et religieuses divergentes. C’est en
efet un fait peu contestable que chaque société donne une interprétation
particulière des principes universels dont elle se réclame. Une telle interpré-
tation relète toujours la culture du groupe social dominant, et implique
donc toujours une certaine forme de dévalorisation, voire d’exclusion, des
individus dont les croyances appartiennent à d’autres ensembles culturels :
« Par conséquent, la société prétendument généreuse et aveugle aux dif-
férences est non seulement inhumaine (parce qu’elle supprime les identi-
tés), mais hautement discriminatoire par elle-même, d’une façon subtile
et inconsciente. » (C. Taylor, Multiculturalisme. Diférence et démocratie,
Aubier, 1994)
E.R.
la reconnaissance
Dans la sPHère PUBliQUe
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LA RECONNAISSANCE
AU TRAVAIL
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La reconnaissance dans la sphère publique
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La reconnaissance au travail
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La reconnaissance dans la sphère publique
Jean-Pierre Brun
LA QUESTION
DE LA DIGNITÉ
liques anonymes).
De manière générale, les groupements récents font de leur
manifestation publique un élément important de leurs actions.
Ces mobilisations sont pourtant loin d’être toutes semblables.
Notamment, elles hésitent entre deux visées, que l’on peut d’ail-
leurs rencontrer successivement dans une même association.
Au nom de l’intégration, l’action associative peut avoir pour
objectif la « déstigmatisation » de la « victime » pour qu’elle ne
soit plus traitée comme un être à part, puisque « ça peut arriver à
tout le monde » : concernant les malades atteints du sida, c’est le
cas d’Aides, pour qui la restauration des liens passe par une mise
en réserve de l’identité (avec, par exemple, un principe de secret
sur le statut sérologique et sur l’orientation sexuelle).
Mais, cette position victimaire peut également être combat-
tue, et se voit alors au contraire airmée et revendiquée la spé-
ciicité identitaire des personnes concernées. Ainsi, Act Up va
mettre l’accent sur la visibilité des victimes de l’épidémie. Selon
elle, la posture distanciée de la condition des malades ou d’ho-
mosexuels touchés par le sida, adoptée par les associations de
Du « je » universel au « je » singulier
Ces luttes, pour beaucoup d’entre elles, dans la mise en
œuvre même du retournement du stigmate, sont conduites à
faire aichage de l’intime du sujet et à ne pas écarter la mise en
scène des afects dans le cours même de l’action : témoignages,
exposition publique des émotions font partie des modalités
d’intervention et de publicisation de ces causes. Elles rompent
ainsi avec ce qui a longtemps été le modèle du militantisme en
France, à savoir une séparation radicale entre le privé et le public,
héritée des Lumières. Pendant très longtemps, l’engagement a en
efet été marqué par un idéal du citoyen, être de raison, détaché,
au moins en principe, de ses appartenances communautaires et
de sa propre histoire. Le « vrai » militant, même ancré dans des
4- Sur les mouvements de patients, voir notamment J. Barbot, Les Malades en mouvements.
La médecine et la science à l’épreuve du sida, Balland, 2002, N. Dodier, Leçons politiques
de l’épidémie de sida, EHESS, 2003, et M. Callon, Le Pouvoir des malades. L’AFM et la
recherche, Presses de l’École des mines, 1999.
5- Sur ce sujet, voir J. Siméant, La Cause des sans-papiers, Presses de Science Po, 1998,
C. Péchu, « Quand les “exclus” passent à l’action. La mobilisation des mal logés », Politix,
n° 34, 1996, et D. Demazière et M.-T. Pignoni, Les Chômeurs : du silence à la révolte,
Hachette, 1999.
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La reconnaissance dans la sphère publique
engagement et reconnaissance
La question de la dignité n’est pas nouvelle ; elle a tou-
jours été au cœur des luttes émancipatrices comme des luttes
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mais aussi que serait niée dans les faits une égalité proclamée en
droit.
Jacques Ion
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LES CONFLITS SOCIAUX
SONT DES LUTTES POUR LA RECONNAISSANCE
Rencontre avec Axel Honneth
Est-ce que tout conlit social doit être analysé comme une lutte
pour la reconnaissance ?
Ma position sur ce point a évolué au cours de mes recherches.
Au départ, mon projet était seulement de critiquer le modèle
classique qui analyse les conlits sociaux comme des conlits
d’intérêts. Selon ce modèle, vous présupposez des sujets ou des
groupes de sujets qui ont des intérêts déinis, lesquels ne sont
pas satisfaits dans les conditions données ; ces sujets luttent donc
pour les satisfaire. Or, pour moi, il apparaissait qu’une partie en
tout cas des conlits sociaux se comprenaient mieux en faisant
intervenir des attentes morales, c’est-à-dire en les expliquant
par des sentiments d’honneur bafoué, de mépris ou de déni de
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La reconnaissance dans la sphère publique
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Les conflits sociaux sont des luttes pour la reconnaissance
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La reconnaissance dans la sphère publique
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Les conflits sociaux sont des luttes pour la reconnaissance
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La reconnaissance dans la sphère publique
2- Entretien publié pour le première fois dans « Paroles de philosophes », Sciences Hu-
maines, n° spécial 13, mai-juin 2011.
LES DILEMMES DE LA JUSTICE SOCIALE
Rencontre avec Nancy Fraser
Dans les débats sur la justice, vous vous êtes attachée à articu-
ler redistribution et reconnaissance. Pouvez-vous nous éclai-
rer sur le contexte qui vous y a conduite ?
J’ai commencé à travailler sur cette question au milieu des
années 1990. Il y avait surtout aux États-Unis un divorce au sein
de la gauche entre ceux qui adoptaient une perspective écono-
mique ou distributive et un nouveau courant qui s’intéressait
aux « politiques de reconnaissance », en focalisant l’attention sur
les questions d’identité et de diférence, en particulier celles des
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La reconnaissance dans la sphère publique
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Les dilemmes de la justice sociale
gays et lesbiens, dès lors qu’ils sont pris dans une politique iden-
titaire, ils airment une identité de groupe qu’ils igent et ils
renforcent les stéréotypes. La lutte pour la reconnaissance selon
moi n’est pas une revendication destinée à valoriser l’identité
spéciique d’un groupe (qu’il s’agisse d’une identité féminine, ou
noire, etc.), mais plutôt la revendication d’un statut égal, celui
de pair dans les interactions sociales. C’est ce que j’appelle un
modèle statutaire de la reconnaissance que j’oppose au modèle
identitaire.
Vous avez été plus loin encore dans votre théorie de la jus-
tice en ajoutant un troisième terme : celui de représentation.
Pourquoi ?
Il y a une dizaine d’années, j’ai été peu à peu convaincue que
ce modèle à deux dimensions, distribution-reconnaissance, était
insuisant. Je me suis inspirée de Max Weber qui dans Économie
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La reconnaissance dans la sphère publique
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Les dilemmes de la justice sociale
1- Entretien publié pour le première fois dans « Paroles de philosophes », Sciences Hu-
maines, n° spécial 13, mai-juin 2011.
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La reconnaissance dans la sphère publique
Catherine Halpern
à propos de…
reconnaissance et redistribution1, de N. Fraser
Être reconnu, c’est important, mais est-ce suisant ? Pour la phi-
losophe américaine Nancy Fraser, les luttes pour la reconnaissance aux
États-Unis auraient tendu à évincer la question matérielle de la redistri-
bution des richesses. En se focalisant sur les questions d’identités et de
diférence, en s’attachant d’abord aux aspects culturels et symboliques
de la domination, ils ont négligé la réalité des inégalités économiques.
« Pas de reconnaissance sans redistribution », martèle donc N. Fraser.
La question de l’identité ne rend pas caduque la rélexion marxiste
sur la domination. Les luttes pour la reconnaissance aux États-Unis
font courir selon elles un autre danger : celui de réiier les identités,
de les iger. S’agit-il de valoriser une identité noire ou féminine ? Ne
s’agit-il pas plutôt d’exiger d’être reconnu comme des pairs et d’avoir
les mêmes droits ?
La théorie d’Axel Honneth échappe en grande part à cette critique
car la reconnaissance n’est pas pour lui un enjeu simplement sym-
bolique. Une demande d’augmentation faite par un salarié n’est en
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général pas seulement une revendication matérielle : elle est aussi une
demande de reconnaissance. C’est donc plutôt à un usage étroit de la
reconnaissance, limitée à sa dimension culturelle et symbolique, que
s’attaque N. Fraser, soucieuse de tenir ensemble plusieurs principes de
justice : la reconnaissance, la redistribution et la représentation.
Catherine Halpern
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La recherche de la notoriété en politique
67
La reconnaissance dans la sphère publique
68
La recherche de la notoriété en politique
qui ont besoin d’un regard d’autrui aussi étendu que possible
pour se sentir pleinement exister. À cet égard, la consécration
oferte par le sufrage universel comble le désir de reconnaissance
sociale et multiplie les situations qui placent l’individu au centre
de l’attention générale.
Lorsque la notoriété se convertit en popularité, il devient par-
ticulièrement réconfortant de se considérer comme aimé d’un
très grand nombre de ses concitoyens. Valéry Giscard d’Estaing,
sur ce point, a fait des aveux surprenants de sincérité dans son
livre Le Pouvoir et la Vie (Cie 12, 1990-1991). Ainsi, lors d’un
meeting, il a eu l’impression que des milliers de femmes, qui
le regardaient avec le sourire, étaient amoureuses de lui et en a
ressenti un profond bonheur. La théorie psychologique classique
(Alfred Adler, Karen Horney, Harold Lasswell…) attribue ce
trait de caractère à l’existence d’un sentiment d’incertitude, d’un
doute fondamental sur soi que l’approbation d’autrui exorcise
avec une particulière eicacité. Mais on doit aussi le mettre en
relation avec ce que Heinz Kohut appelle « un moi grandiose »,
c’est-à-dire une personnalité organisée autour du sentiment
subjectif d’être si exceptionnel que seul le premier rang puisse
satisfaire le besoin de reconnaissance. Chez de tels individus, les
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La reconnaissance dans la sphère publique
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La recherche de la notoriété en politique
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La reconnaissance dans la sphère publique
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La recherche de la notoriété en politique
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La reconnaissance dans la sphère publique
Philippe Braud
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reconnaissance
eT esTiMe De soi
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SOIF DE RECONNAISSANCE
ET INÉGALITÉS VOLONTAIRES
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Reconnaissance et estime de soi
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Soif de reconnaissance et inégalités volontaires
4- A. Cohn et al., « Social comparison in the workplace. Evidence from a ield
experiment », colloque Advances with ield experiments, Wharton School, université de
Pennsylvanie, 15-16 octobre 2010.
5- P. Bourdieu, Homo academicus, Minuit, 1984.
6- N. Jounin, Chantier interdit au public. Enquête parmi les travailleurs du bâtiment, La
Découverte, 2008.
81
Reconnaissance et estime de soi
Jean-François Dortier
84
Se comparer aux autres
85
Reconnaissance et estime de soi
accepter son sort, mais ce n’est pas lui qui donne l’envie et le
courage de se battre. En efet, lorsque l’on demande aux per-
sonnes atteintes d’un cancer d’évaluer leurs chances de s’en sor-
tir, elles vont se comparer à des gens qui ont réussi à guérir, ceci
ain de se motiver et de rester optimistes.
la comparaison ascendante
Dans ce cas, la comparaison sociale est dite ascendante car
elle consiste à se comparer à quelqu’un que l’on estime supérieur
à soi. C’est là le moteur de l’ambition, de l’envie de s’améliorer,
de progresser. La comparaison ascendante se retrouve particu-
lièrement dans le domaine professionnel où l’idée est de faire
carrière. Cette troisième forme de comparaison sociale permet
elle aussi d’augmenter l’estime de soi puisque, sans être supé-
rieur aux autres, on pense cependant avoir le potentiel néces-
saire pour le devenir. On s’identiie au modèle positif que l’on
vise, on a l’impression de sortir du lot et ceci procure une forte
satisfaction. Mais il n’est pas nécessaire de chercher à égaler
ou supplanter un modèle, on peut également se valoriser par
Lisa Friedmann
L.F.
89
L’ESTIME
DE SOI AU QUOTIDIEN
1- R.F. Baumeister et al., « Does high self-esteem cause better performance, interpersonal
success, happiness, or healthier lifestyles ? » Psychological Science in the Public Interest
2003, 4(1), pp. 1-44.
90
L’estime de soi au quotidien
91
Reconnaissance et estime de soi
92
L’estime de soi au quotidien
95
Reconnaissance et estime de soi
celles qui font défaut aux personnes à basse estime de soi, ayant
du mal à suivre des régimes alimentaires, observer des consignes
d’hygiène de vie (ne plus fumer, faire du sport), etc.
Les diférents travaux soulignent également le lien de ce que
l’on nomme « optimisme adaptatif » avec le niveau d’estime de
soi : les sujets optimistes sont capables, face à toute incertitude,
d’imaginer qu’ils auront les ressources nécessaires pour faire face
comportementalement (si l’événement est contrôlable) ou émo-
tionnellement (si l’événement ne dépend pas de la personne).
On voit donc combien l’estime de soi va inluencer les capacités
adaptatives. Chez les chômeurs, par exemple, trois phases ont
été décrites : dans les premiers mois, l’estime de soi est abaissée
(choc de la perte d’emploi), puis elle remonte après six mois
(mobilisation maximale des ressources de l’individu) avant de
commencer à décroître progressivement à partir d’un an… Les
expériences de chômage répétées ont un efet délétère cumula-
tif sur l’estime de soi, diminuant notamment le sentiment de
contrôle du sujet sur son existence.
L’estime de soi est donc précieuse pour s’adapter à des expé-
riences de vie parfois diiciles. Elle a également d’autres fonc-
tions importantes. La première d’entre elles, et la plus facilement
96
L’estime de soi au quotidien
97
Reconnaissance et estime de soi
98
L’estime de soi au quotidien
99
Reconnaissance et estime de soi
Christophe André
IDENTITÉ CONTRE ÉGALITÉ
rencontre avec François de singly
être des femmes-objets. L’égalité est une valeur, mais une valeur
parmi d’autres. Les progrès des femmes dans leur émancipa-
tion sont incontestables, y compris dans leur vie conjugale.
Mais dans le couple, la reconnaissance de l’identité sexuelle
de chacun est très forte. Ce qui apparaît très clairement dans
notre enquête, c’est que les hommes et les femmes veulent être
identiiés comme des « hommes » et des « femmes ». Les jour-
naux féminins le démontrent : la remise en question quant à la
place de la dimension de genre ou de sexe reste marginale. Dans
la société, cette dimension personnelle est – à juste titre – dés-
tabilisée au nom de l’égalité. Dans les ofres d’emploi, il doit
toujours être précisé H/F à la suite du poste, etc. La sexuali-
sation de la relation professionnelle est (en principe) interdite
et même punie par des lois comme celle sur le harcèlement.
Dans l’intimité, cette dimension redevient légitime ain
d’assurer la reconnaissance de l’identité personnelle. Si pour
une femme, il est devenu inacceptable de se faire siler dans la
rue, il lui est diicilement supportable de ne pas se faire admirer
par son compagnon si elle se fait coquette. L’articulation entre
égalité et reconnaissance se règle en partie par la diférenciation
entre sphère publique et sphère privée.
101
Reconnaissance et estime de soi
Est-ce que cela suit à justiier que les femmes restent davan-
tage en charge des corvées ménagères que les hommes ?
Non, tout cela prend appui sur des « restes » importants
de domination masculine. La charge du travail domestique
est diférente selon l’intérêt de la tâche et les bénéices qui en
découlent… Mijoter le petit plat préféré de l’un ou préparer le
gâteau d’anniversaire de l’autre est plus gratiiant que de faire
les vitres… Le fait que les femmes sont obligées de faire ce que
les deux conjoints considèrent comme corvée est une preuve du
maintien de l’existence de la domination.
Aujourd’hui, le sentiment d’inégalité a diminué par la com-
pression du travail domestique, c’est-à-dire le fait de déléguer
(à des machines ou à des tiers) une partie des tâches – les plus
ingrates, et par une autonomie plus grande pour efectuer ce
travail.
102
Identité contre égalité
afaires de famille : c’est moi qui fais donc c’est moi qui décide !
Les femmes se sentent plus responsables du « nous » conjugal
ou familial. Les hommes, quant à eux, sont devenus des « domi-
nants silencieux ».
103
à propos de…
séparée. Vivre l’expérience de la rupture1,
de François de singly
Si le dernier quart du xxe siècle a sonné la in des grands récits,
comme l’ont airmé les philosophes de la postmodernité, il en est
pourtant un qui résiste. Le grand récit de l’amour n’a rien perdu
de sa vitalité, nous rappelle François de Singly. Bien au contraire.
Car dans les formes de l’individualisme contemporain, l’amour est,
selon ce sociologue, « la seule belle histoire qui permet à l’individu
de croire qu’il est reconnu à titre personnel ». Et le regard de l’autre
(l’autrui signiicatif ) devient le miroir de cette reconnaissance sans
laquelle nous ne pouvons vivre. Oui, mais voilà : cette reconnaissance,
lorsqu’elle n’est pas au rendez-vous, rend les unions plus fragiles et
éphémères. Comme l’atteste l’augmentation spectaculaire du nombre
des divorces…
Constatant que, dans la grande majorité des cas, ce sont les
femmes qui décident la rupture conjugale, l’auteur a voulu en savoir
plus. Pourquoi rompent-elles ? Pour survivre et échapper à un com-
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Martine Fournier
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RECONNUS
COMME VICTIMES
4- Tous les prénoms ont été changés ain de préserver l’anonymat des patients ayant eu
la gentillesse de participer à cette recherche.
108
Reconnus comme victimes
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Reconnaissance et estime de soi
110
Reconnus comme victimes
111
Reconnaissance et estime de soi
le désir de réparation
Le désir de réparation est afecté par le dépôt de plainte. Les
victimes qui n’ont pas porté plainte sont très négatives en ce qui
concerne la réparation. Elles sont centrées sur une idée de ven-
geance et sur la sanction de l’agresseur. Les personnes expriment
leur frustration, leur colère, leur sentiment profond d’injustice :
« Il y a un profond sentiment d’injustice, de choses non méritées,
de solitude… ce n’est pas juste », s’exclamera Irène qui a subi
un vol à main armé à l’étranger. Gisèle, victime d’un accident
de la route, déplore le classement de son dossier : « C’est quand
même pas anodin, j’aurais pu mourir… Il y a quand même une
faute, je suis en colère avec tout ce que ça m’a perturbé dans ma
vie, mon travail… alors que lui peut-être qu’il dort sur ses deux
oreilles. »
Les victimes qui sont en procès, elles, parlent de leur désir
de réparation sur un plan davantage moral : elles veulent que
l’agresseur reconnaisse ce qu’il leur a fait et qu’il exprime des
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Reconnus comme victimes
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Reconnaissance et estime de soi
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Reconnus comme victimes
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Reconnaissance et estime de soi
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Reconnus comme victimes
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Reconnaissance et estime de soi
Véronique Duviard-Marsan
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annexes
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INDEX
Milbrath L. : 69
Dubet F. : 15 Montaigne : 9
Moritz K. : 24
Festinger L. : 84 Morse S. J. : 89, 93
Frank R.H. : 80, 82
Fraser N. : 33, 50, 55, 59-65
Freud S. : 29, 82 Proust M. : 16
AVANT-PROPOS 5
PENSER LA RECONNAISSANCE
INDEX 121
CONTRIBUTEURS 123
TABLE DES MATIÈRES