Hefele. Histoire Des Conciles D'après Les Documents Originaux. 1869. Vol. 5
Hefele. Histoire Des Conciles D'après Les Documents Originaux. 1869. Vol. 5
Hefele. Histoire Des Conciles D'après Les Documents Originaux. 1869. Vol. 5
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H.
HISTOIRE '^^
DES CONCILES
d'après
PAR
TRADUITE DE L'ALLEMAND
TOME CINQUIÈME
PARIS
ADRIEN LE CLERE et C'% LIBRAIRES-ÉDITEURS
IMPRIMEURS DE N. S. P. LE PAPE 3T DE l'ARCHEVÊCHÉ DE PARIS
Rue Cassette, 29, près Saint-Sulpice.
1870
,W''^'.
HISTOIRE
DES CONCILES
LIVRE DIX-NEUVIÈME
^SYNODES N'AYANT PAS TRAIT A L'HERESIE DES ICONOCLASTES
ET AYANT EU LIEU ENTRE 738 ET 788.
\S
SUITE)
CHAPITRE SECOND
SYNODES ENTRE 15b ET .788.
§ 377.
'\9 (1) On ne sait si S. Boniface est mort le 5 juin 754 ou 755, car une partie
i^des documents se prononce pour une année et une partie pour l'autre. Sei-
^ters (S. 544) et Rettberg (1, 397) préfèrent 755.
-^ (2) Dans sa dissertation Qui hierarchiœ status fuerit Pippini tempore, p. 58,
^Hahn place ce synode en 756, parce qu'il est daté de la quatrième année
T. V. 1
2 SYNODE A VERNEUIL EN 755
du règne de Pépin, et que Pépin n'a été élu qu'en juillet 752 mais cette ,*
dernière date n'est pas inattaquable. Hahn veut aussi conclure de quelques
expressions du synode (par exemple de ce qu'on y parle de Pépin à la
troisième personne) que le roi Pépin n'assista pas à l'assemblée, et il sup-
pose que les décisions des évêques ne devaient avoir force de loi que jusqu'à
l'époque où le roi reviendrait de la guerre contre les Lombards. C'est évi-
demment là une erreur. Le synode voulait, ainsi qu'il le dit dans son Pro-
œmium, porter remède à quelques abus du temps; il était donc nécessaire
qu'il rendît des lois ayant plus de trois quarts d'année de durée.
ET PRÉTENDU SYNODE DE METZ. 3
du diocèse. De même une religieuse ue doit pas quitter son cou-
vent. Siune religieuse a commis une faute, elle devra faire péni-
tence dans l'intérieur du couvent, d'après le conseil (c'est-à-dire
les prescriptions) del'évéque. S'il est nécessaire défaire connaître
au roi ou au synode les besoins d'un couvent, les prœpositi ou
missi des couvents de femmes seront chargés de faire cette com-
munication (voy. le c. 13 des Statuts de S. Boniface, § 376), et
évêque a décidé qu'il y en aurait un. Ce n'est que dans les cas
de nécessité que les prêtres peuvent baptiser à un autre en-
droit.
8. Tous les prêtres qui vivent dans un diocèse sont sous la ju-
ridiction de l'évêque, et sans permission ils ne doivent pas plus
clercs, nous prescrivons que l'archidiacre ainsi que les comtes les
exhortent avenir au synode. Quiconque n'y paraîtra pas devra, lui
ou son défenseur, être puni par les comtes d'une amende de 60 so-
lidi qui reviendront au fisc royal quant à l'évêque, il sera puni
;
(1) Mansi, t. Xlf, p. 578. — Hard. t. III, p. 1993. — Pertz, Monum. t. III,
Lerj. t. I, p. 24 sqq.
6 SYNODES EN ANGLETERRE, A LIFTINA ET A COMPlÈGNE.
378.
bien, une femme prise sur le fief. Quelque temps après le vassal
revient chez les parents de son premier maître, où il épouse une
autre femme. Il doit garder cette dernière.
10. Il est arrivé que quelqu'un, s'étant marié, a épousé une
femme qui s'était déjà oubliée avec son frère (le frère du mari) ;
il en épouse une autre, mais celle-ci n'est pas non plus vierge. Il
(1) En 756 ou 757, le pape Etienne II avait envoyé à Pépin ces deux per-
sonnages, pour lui annoncer qu'Astolphe, l'oi des Lombards, était mort, et
?ue Didier lui avait succédé. Les ambassadeurs devaient aussi engager
épin à rester fidèle à Torthodoxie à l'endroit des iconoclastes. Voyez la
lettre du pape, Explere,àd,n& Baron, ad ami. 756, 14, et Mansi, t. XII, p. 549 A.
SYNODES EN ANGLETEHRE, A LIFTINA ET A COMPIÈGNE. 9
doit laisser cette femme et vivre sans être marié. Quant à la mère
et à la fille, elles peuvent se marier si l'une ne connaît pas le
péché de l'autre. Si elles le connaissent, elles doivent se séparer
des maris qu'elles auraient épousés plus tard et faire pénitence.
Quant aux hommes, ils peuvent épouser d'autres femmes.
18. Il en sera de même pour celui qui se serait oublié avec les
deux sœurs, et qui, ensuite, en aurait épousé une. Il ne pourra
plus se marier le reste de ses jours. Quant aux deux sœurs, elles
pourront se marier, si aucune des deux ne connaît la faute de
l'autre.
un lépreux permet à sa femme qui n'est pas lépreuse
19. Si
d'épouser un autre homme, elle doit le faire. Il en sera de
même pour le mari d'une femme atteinte de la lèpre.
une femme prétend que son mari n'a pas vécu avec elle
20. Si
et si le mari dit le contraire, on doit croire le mari.
21. Si un homme s'enfuit dans un autre pays par suite d'une
querelle et s'il abandonne sa femme, ni elle ni lui ne pourront
se remarier *
(1) Pertz, Leg. t. I, p. 27. — Maksi, t. XII, Appdx, p. 128. - Hard. t. III.
p. 2004.
10 SYNODES DE ROME ET DE CONSTANCE EN 757 RT 759.
§ 379.
(1) Mansi, t. XII, p. 656. — Mtjratori, HisL d'Ital t. IV, p. 365 sq.
""
SYNODE d'aSCHAÏM EN BAVIERE. 11
tiers.
'380.
(l) C'est ce que dit aussi Bintertm, Deutsche Concil. Bd. II, S. 103.
14 SYNODE d'aSCHAÏM EN BAVIERE,
lement à la messe, mais aussi dans les heures du jour, prier Dieu
pour le duc, pour le royaume et pour ses fidèles.
devez vous souvenir d'avoir décrété ici à Aschaïm, dans une réunion anté-
rieure. »
16 SYNODES ANGLAIS ET FRANCS, PARTICULIEREMENT A ATTIGNY.
§ 381.
§ 382.
p. 2009.
(2) Mansi, 1. c. p. 701
T. Y. 2
18 CHARLEMAGNE
cilié avec ses fils, et elle s'aboucha avec Didier, pour négocier
(1) Le codex Carolinus est une collection faite par Charlemagne lui-môme,
en 791, et comprenant les lettres adressées par les papes, entre 739 et 791,
aux princes carlovingiens elle a été éditée par GEiNNi, Monumenta domina-
;
tionis ponlif. Romœ, 1760, et se trouve dans le 98« yoI. du Cunus patrol.
de MiGNE. Paris, 1851.
ET LES PREMIERS SYINfODES CELEBRES SOUS SON REGNE. 19
''1) Voy. MuRATORi, Hist. d'Iiaî. t. IV, p. 394, 397. — Damberger, Bd. II
Kritikheft, S. 165, 166.
(2) Plusieurs historiens soutiennent, au contraire, que Charles était à
cette époque, bien réellement marié, et qu'il avait rompu de force son rna-
riage. C'est là en particulier l'opinion de Luden, Gesch. d. t. Volkes Bd IV
S. 256, 367, 511. Nr. 27 f. et 546, Nr. 13 ff. Damberger (Bd. II, S. 420) croit
que Charlemagne avait demandé au pape de casser son premier mariage
mais quela lettre donnée maintenant comme la réponse du pape est évi-
demment apocryphe. Nous ferons remarquer contre cette hypothèse que si
Charlemagne avait, comme on le soutient, écrit au pape au sujet de son
mariage avec une fille de Didier, le pape serait, dans sa réponse, bien mieux
renseigné qu'il ne l'est, car il ne sait même pas lequel des deux frères doit
contracter ce mariage.
(3) Vgl.^ Luden, a. a. 0. S. 260 et 513 f. Il ne faut pas oublier que la légis-
lation chrétienne sur le mariage n'avait pas encore, à cette époque, vaincu
toute résistance.
SYNODES A DINGOLFING ET A NEUCHING EN BAVIERE, ETC. 21
§ 383.
par ces mots Hœc sunt décréta, quœ constitiiit sancta synodus
:
(1) Ils ont été imprimés dans Mansi, t. XII, p. 851 sqq. Hard. t. III,
p. 2029 sqq. en partie aussi dans Harzheim, 1. 1, p. 128 sqq. Vgl. Binterim,
Deutsche Condl. Éd. II, S. 108 et 208. Winter a défendu l'authenticité de ces
actes contre les attaques sans fondement dont ils avaient été l'objet. Voyez
sa dissertation dans les actes de l'académie des sciences de Bavière, elle
contient aussi une traduction allemande de ces actes.
24 SYNODES A DINGOLFING ET A KEUCHING EN BAVIÈRE,
GAN. I.
«Au sujet du dimanche, il est prescrit qu'il doit être observé, ainsi que
le commandent la loi {lex Bajuvariorum) canons. Quiconque agit en
et les
opposition avec cette loi, et avec ces canons, sera passible des peines qui y
sont décrétées. «
GAN. II.
« Au sujet d'un héritage fait en faveur d'une église, le synode ordonne que
GAN. III.
CAN. IV.
" Au sujet des vierges consacrées à Dieu, il décide que nul ne pourra les
épouser si quelqu'un Iq fait, il devra faire pénitence, d'après les prescrip-
;
GAN. V.
« Les nobles, les hommes libres et les esclaves peuvent donner d'une
manière valide ce qui, d'après la loi, leur revient du vivant de leur père
(ou bien de leur maître). »
GAN. VL
De eo quod ut si qui de nobile génère de ha?reditate sua dare vellent ad
sanctuarium Dei, in sua potestate esset, nemo prohibuisset, nec mutaret in
perpetuum.
GAN. VII.
« Les serviteurs (nobles) des princes qui sont appelés adelschalche (de
'ichalch, serviteur, et adel,noble) doivent avoir leur weregeld (amende pour
lamort d'un homme) tel qu'il était au temps de leurs pères, et les serviteur.s
de moindre importance doivent avoir leur tveregeld suivant leur état. »
GAN. VIII.
« Ge qui, dans l'intérieur de la Bavière, a été donné aux nobles par les
aïeux du prince, doit être respecté, et doit venir à leurs héritiers, tant qu'ils
resteront fidèles au prince et continueront à le servir.
GAN. IX.
GAN. X.
GAN. XI.
GAN. XII.
« Lorsqu'un noble s'est rendu coupable d'une des quatre fautes énumé-
rées plus haut, il doit, pour cette faute, perdre sa portion d'héritage, mais
sa femme ne perdra pas son droit ^ »
du Ghrist, document pour le traité qui a été conclu entre les évêques et les
abbés du peuple des Bavarois, et dont nous avons décidé d'écrire les noms
•comme il suit Manno évêquede Neubourg (sur le Danube), Alim (évêque
:
(1) Dans le canon 9 on n'a cité que trois cas aussi est-il probable que
;
dans lecanon 12 on aura écrit par erreur IIll au lieu de III. Vgl. Winter,.
a. a. 0. S. 75 .
EN 769 ET 772. 27
Les deux autres documents que nous avons donnés sous les
n"' 3 et 4 et qu'on attribuait antérieurement au synode de Din-
golfing appartiennent, ainsi que nous l'avons dit, à celui de Neu-
ching. Ce sont A) Le prologue ou bien l'aperçu sommaire des
:
a choisi, pour accomplir cette œuvre les hommes les plus distin-
gués recommandables, ayant l'adhésion de tous, et il
et les plus
leur a recommandé de porter une décision sur tout ce qui était
déjà gâté par la suite du temps, ainsi que sur ce qui était incer-
tain, et de remplacer tout cela par ce qui était à propos. Dans une
si grande assemblée de clercs, dans laquelle les livres furent ou-
promesse analogue, et non moins (que les abbés) ils ont, après
avoir entendu la lecture des sentences (des Pères et des conciles),
décidé que l'on devait porter, à l'encontre (de ces gens-là, c'est-à-
dire des moines et non pas des communes, comme le dit Winter),
tout le soin bien-aimé des âmes, ainsi que l'exigent aussi bien
l'autorité des canons que l'unité de l'Eglise. Après que ce con-—
cile eut été terminé et eut été unanimement confirmé par tous,
CK^. I.
(1) Tel est, à mon avis, le sens de ces mots et nihil eorum impîerent com-
:
(2) Au lieu de 5e ingerere depellerentur, qui n'a pas de sens, il faut lire depa-
larentur, c'est-à-dire manifestentur. Da.ns sa traduction Winter n'a fait aucune
allusion au depellerentur, ei il s'est aussi trompé dans ce qui suit.
EN 769 ET 772. 29
province un esclave, soit son propre esclave, soit un esclave fugitif. Qui-
conque n'observe pas cette prescription sera puni conformément à son were-
geld ^. »
CAN. II.
« Nul ne doit vendre en dehors de la Bavière ce qui a été volé, que ce soit
un cheval, ou un autre quadrupède, ou un objet inanimé nul ne doit le ;
faire sortir par un art diabohque, ou bien le découvrir par ruse. S'il le
fait, il sera puni d'une amende de quarante solidi qu'il devra payer à la
commune. »
CAN. IV (111).
(1) Dans notre traduction de ces canons, nous avons cherché à corri-
ger,en plusieurs endroits, celle que Winter a donnée dans les mémoires
de l'Académie royale des sciences de Bavière. 1807. S. 137 ff.
(2) Insortiare, c'est-à-dire s'aff'ermir contre les sorts, ce passage a été mal
rendu par Winter.
^0 SYNODES A DINGOLFING ET A NEUCHING EN BAVIERE,
GAN, V (IV).
que nous appelons Gamfwie, ose porter la même accusation contre ceux qiii
étaient auparavant les accusateurs, devra prêter dans l'église, avec trois
garants, le serment que nous appelons asteia i. »
GAN. VI (V).
dans les mots dont on se sert à cette occasion, d'après une ancienne cou-
tmne, des traces d'idolâtrie païenne, de telle sorte qu'à l'avenir quiconque
voudra qu'on lui rende ce qui lui revient, devra simplement dire « C'est à :
faute est reprochée une seconde fois, il dira « Nous voulons étendre notre
:
GAN. VU (VI).
Nul ne doit recevoir ce qui est volé, ou le receler infra terminum (de son
«
pagus ou du temps prescrit). Quiconque l'aura fait, devra payer une amende
(componere) de quarante solidi. »
(1) Peut-être faut-il faire dériver ce nom d'atya, haine, c'est-à-dire le ser-
ment qu'on n'attaquait pas à son tour son accusateur par un motif de haine.
Voy. dans Du Gange, au mot Atya.
(2) D'après Spelmann (dans Du Gange), ce mot vient de l'anglo-saxon
scaf, qui signifie statue, et àesaka, action, par conséquent serment devant une
idole.
(3) Winter a lu ducalis, dans ce sens qu'ils n'avaient pas été punis par le
duc.
EN 769 ET 772. 31
G AN. IX (VIII).
« Ceux qui ont obtenu leur liberté dans' l'église, doivent, aussi bien eux
que leurs descendants, ne pas être inquiétés dans la jouissaiice de cette
liberté, à moins qu'ils n'aient commis des dommages irrémédiables, dont
ils ne pourraient en aucune manière payer les compensations {componere), »
CÂN. X (IX).
Qui ex eis occidentur, pretium eorum his solvatur ecclesiis ubi liberi
|
dimissi sunt. Liberi qui ad ecclesiam dimissi sunt liberi, vel per ehartam
acceperunt libertatem a rege, si occidantur, lxxx solidis componantur
'
parentes ejus non exadomaverunt eam ut libéra fuisset, nec ante comitem,
nec ante ducem, nec ante regem, nec in publico niallo, transactis tribus
Kalendis Martis, post haec ancilla permaneat in perpetuum, et quicumque
ex ea nati fuerint, servi et ancillse sunt.
«t Si l'un de ces hommes vient à être tué, son estimation (c'est-à-dire le
weregeld payé par le meurtrier) devra être soldée à l'église qui avait affranchi
le mort *. Les hommes libres, qui ont été affranchis dans l'église, ou qui ont
obtenu leur liberté par un document du roi, seront rachetés, s'ils viennent à
être tués, par une amende de quatre-vingts solidi, pour l'église ou pour
les enfants du mort, et de quarante solidi pour le fisc du lieu {in domi-
nico). Une esclave affranchie dans l'église ou par un document, qui épouse
ensuite un esclave, devra rester l'esclave de l'église (c'est-à-dire retombera
dans l'esclavage). Si une Bavaroise libre épouse un esclave de l'église et se
refuse {contradixerit) à remplir les fonctions d'esclave, elle devra s'en aller
(c'est-à-dire quitter la place et son mari) ; mais si elle a eu dans cette union
des fils et des filles, ils restent esclaves et ne peuvent s'en aller. La mère
conserve pendant trois ans le droit de s'en aller. Si pendant trois ans elle
a rempli les fonctions d'esclave sans que ses parents aient solennellement
affirmé qu'elle était de condition libre ^, s'ils ne l'ont fait ni devant le comte,
ni devant le duc, ni devant le roi, ni dans le mallum public, dans l'espace
de trois calendes de mars, elle devra rester à perpétuité dans l'esclavage,
elle et ses enfants . »
CAN. XI (X).
CAN. XI Y (XIII).
« Au sujet des cas que nous venons d'énumérer, si quelqu'un est pris en -
flagrant délit de vol, et est tué, (on ajoute) que si un parent du mort veut
venger celui qui a été puni pour son crime, ce parent perdra son bien. »
CAN. XV (XIY).
nat; m
suum ^veregeldum iv exterminetur abacto officio.
;
(2) Winter fait dériver selisuchen du mot sala (maison), et comme suchen
signifie en allemand c/terc/ier, l'étymologie du mot serait recAerc/ies c?an5 wne
maison.
(3) Hantelod vient du mot hand (main) et load (prise de possession), par
conséquent hantelod signifie reprise de possession d'un objet volé. Voy. Du
Gange, t. III, p. 1054.
EN 769 ET 772. 33
«Nul ne doit, après avoir reçu la tonsure, laisser croître ses cheveux à la
façon des gens du monde. Une femme voilée ne doit pas quitter le voile pour
revêtir les habits du monde. Quiconque agit contre ces prescriptions doit
être repris ou excommunié. »
l'évêque doit-il les exercer tous les jours à la lecture, afin que la
science et la sagesse brillent en eux, et qu'ils s'acquittent tous les
jours, devant Dieu, de leurs fonctions d'une manière irrépro-
chable. Il doit partager selon la population les prêtres qui sont
auprès de lui, dans son diocèse, et il doit assignera chacun d'eux
un poste, de telle sorte qu'il ne soit pas guidé par des motifs d'a-
varice dans les soins qu'il rendra aux âmes, mais qu'il s'inspire
seulement du désir de les gagner à Dieu. L'évêque doit en outre
indiquer à ses prêtres les endroits qu'ils ont à gouverner, et ce
que sont ces endroits; il leur rappellera qu'aucun d'eux ne doit se
rendre coupable de négligence dans l'accomplissement de ses
devoirs. L'évêque doit également s'assurer que ses prêtres ne sont
pas ignorants, qu'ils lisent au contraire et comprennent la sainte
Ecriture, qu'ils prêchent d'après les traditions de l'Église ro-
maine, qu'ils vivent et qu'ils instruisent le peuple confié à leurs
soins d'après la foi catholique, enfin qu'ils disent la messe comme
romaine. On doit administrer deux fois par
le prescrit la tradition
an le baptême solennel, à Pâques et à la Pentecôte, et on le fera
d'après les règles de la tradition romaine. Chacun aura un livre
pour les sacremeiitSy, et l'évêque devra l'examiner, pour voir s'il
EN 769 ET 772. 35
paroisse deux synodes tous les ans, pour communiquer à ses clercs
les instructions et les' avertissements nécessaires. Il doit enraie-
ment deux fois par an chez le métropohtain.
se rendre Ce der- —
nier avis a donné lieu à beaucoup d'historiens de ne pas attribuer
cette instruction pastorale au synode de Neuching. La Bavière,
a-t-on dit, n'avait pas alors de métropolitain, et de même les sy-
36 SYXODES FRANCS DE 773 A 781.
§ 384.
Ces prescriptions ont été insérées dans le Corpus juris canon, c. 22,
(1)
Dist. LXIII. Le pape Léon VllI assure dans un décret de l'année 963 qu'A-
drien avait réellement fait ces concessions au roi Charles. Voy. sur ce point
la dissertation du D^ Héfélé die Papste und die Kaiser (les Papes et les Empe-
reurs) etc. in der N. Sion, 1855. Nr. 63, S. 995.
(2) Baron, adann. lli, 10 sqq. — Marca., de Concordia sacerdoiiiet imperii,
lib. VllI, c. 12 et 19, 6. —
Pagi, adann. 774, 13 sqq. —
Maksi, t. XII, p. 857
et 884 sqq. —
Gfrorer {Kirch. G. 111, 2, S. 582) regarde comme fondées les
assertions de Sigebert, et ne s'occupe pas des graves objections qui existent
contre tous ces récits imaginaires.
38 SYNODES FRANCS DE 773 A 781.
(1) —
HABZHEiM,t. II,5u/3/)/e?n.p.689. Biî^terim, DeufacAe Cona7.Bd.II,S. 107.
(2) Harzheim, t. I, p. 235.
(3) Harzheim, 1. c. p. 236. — Binterim, a. a. 0. S. 93.
(4) Mansi, t. XII, p. 889.
(5) Mansi, L c. — Hard. t. III, p. 2056.— Binterim, a. a. 0. S. 37.
(6) Mansi, t. XII, p. 889 sq.
SYNODES Ï'RANCS DE 773 A 781. 39
(2) Bi'îWBRiM, a. a. 0-. S. 94, dit à ee suj-et: « On a ioiilu Tôif dan-s' 6e eanoA'
la première origine de la dîme que Gliarlemagne aurait insti^tuée eïi favéù*
40 SYNODES FRANCS DE 773 A 781.
13. Redevances que l'on doit prélever sur les biens de l'Église
confiés à des laïques. Si ces biens sont déjà frappés par le cens, on
retirera, sanscompter ce cens, la dîme et la neuvième. S'ils ne
sont pas frappés du cens, on se contentera de prélever la dîme
et la neuvième ^
des églises et des serviteurs de l'église. Mais c'est là une erreur car, à :
etnemo alterius herbam tempore defensionis toUere prœsumat, nisi in hoste per-
gendum aut missus noster sit.
Pertz, Monum. t. III, Legum
(2) t. I, p. 39. — Mansi, t. XII, Appdx.
p. 145. —
BiNTERiM, a. a. 0. S. 95.
(3) Harzheim, t. I, p. 243.
4S SYNODES FRANCS DE 773 A 781.
parce qu'ils avaient détrôné son père et que sa sœur avait été
répudiée par Charlemagne. On sait que dans de pareilles dispo-
sitions une femme ne manque jamais de semer la zizanie, et
dans le cas présent c'était d'autant plus facile que Tassilon
voulait atténuer la domination des Francs sur la Bavière, tandis
que Charlemagne voulait la fortifier. Nous verrons plus loin que
Charles l'emporta dans cette lutte, et qu'il renversa le pouvoir
des Agilolfinger. Dans ce synode de Worms, Charles acquiesça
à la demande du peuple pour qu'à l'avenir les évêques ne fussent
plus forcés de prendre part en personne anx: expéditions guer-
rières. Il ne devait y avoir, dans l'armée, que deux ou trois
d'entre eux pour pourvoir aux besoins spirituels de l'expédition;
les autres devaient rester chez eux, et faire des prières pour le
roi et pour son armée ^.
k cette même année 781 s-e rattache aussi probablement ce
synode germanique tenu à Katisbonne, qui ordonna de porter
dans l'intérieur de cette ville et dans l'église de Saint-Etienne les
vaient, et qui lui était dédiée, était située hors des murs de la
ville ^
§ 385.
§ 386.
moi, c'est celle qui dit : Moi et le Père nous ne sommes quun.
Quoique Elipand ne se serve pas du mot adoption, il enseigne
cependant d'une manière très-claire le fond de l'erreur de l'a-
doptianisme car il ne rattache pas la nature humaine du Christ à
:
vent pas exercer le saint ministère s'ils sont saints, ils ne doi- ;
(1) Voyez sur ce point la dissertation du D'' Héfélé Pa-pst Liherius unddas :
nicanische Symbolum, in der theol. Qmrtalsch. 1853, S. 261 ff. und Co?iciUen-
geschichte. Bd. J. S. 657 ff.
48 MIGETIUS ET LE SYNODE DE SÉVILLE EN 782.
encore à cette époque. Voyez les notes de Cenni dans Migne, 1. c. p. 337,
note a, et p. 326, note f.
(1) Les Romains ont suivi pendant longtemps cette coutume (voy. dans le
t. I àeVBist. des Conc. le § 37). Gomme le Christ avait été crucifié le 14 ni-
mière à Egila, combat les mêmes erreurs pour les mêmes mo-
tifs, et en se servant des mêmes citations des Pères; toutefois elle
(1) Dans
le codex Carol. n^QT.dans Maksi, 1. c,p. 814. —
Migne,1. c.p. 374.
(2) Ilfaut pas trop s'étonner de voir Egila faire cause commune avec
ne
Migetius. Déjà_ la lettre maintenant perdue écrite au pape, et à laquelle
Adrien répondit par sa première lettre, semble avoir laissé percer des pré-
férences pour la doctrine de Migetius sur la Pàque; aussi Adrien jugeait-il
nécessaire de lui envoyer une pressante exhortation, pour qu'il n'obéît pas
à ces tendances. En outre, comme Egila se plaint au pape de ceux qui
mangent et qui boivent avec les infidèles, il trahit aussi par là ses préfé-
rences vers le rieorisme des mi2;étiens.
MIGETIUS ET LE SYNODE DE SÉVILLE EN 782. 5X
moindre faute dans l'Église, et ils ont regardé comme sans va-
leur les sacrements administrés par des prêtres en état de pé-
ché. Cette hypothèse s'accorderait très-bien avec le renseigne-
ment que nous avons extrait du
du premier ordre de
n° 5
renseignements « Migétius s'était vanté d'être sans péché, et
:
pour ce que nous avons dit dans les n°' 6 et 7; ils font voir aussi
que ce fonds donatiste se retrouvait chez les migétiens et, en outre
que Migétius avait reproché aux Églises d'Espagne diverses taches,
tandis que tout ce qui était à Romelui semblait digne d'admiration
• Enhueber explique, dans sa savante dissertation sur les adop-
tianistes (imprimée dans l'édition des Œuvres d'Alcuin par Fro-
ben, 1. c. § 1, n° 31, p. 357), ce renseignement fourni par notre
n. 3 que Migétius était le magister Casimiorum,en disant qu'il était
chef de quelques sectes donatistes, parce que l'expression de Ca-
sianorum provenait de ce que Donat, le célèbre chef des dona-
tistes^ avait été évêque a Casis Nigris. Toutefois, si nous nous
souvenons qu'en parlant des migétiens le pape Adrien P' parle
en même temps de ceux qui faisaient opposition à la doctrine de
la prédestination, nous verrons qu'il est bien plus logique de faire
dériver le mot Casianorum de Gassien, le chef des semi-péla-
giens, et de croire que Migétius avait remis en honneur contre la
doctrine de la prédestination les théories semi-pélagiennes.
Nous avons vu, dans la troisième source des documents, que
Migétius est aussi appelé magister Salibanorum. Le savant Ma-
jans a prouvé qu'il fallait lire Sahellianorum, ce qui nous paraît
d'autant plus vrai que les adversaires de Migétius, c'est-à-dire
Elipand et les évêques espagnols, anathématisent Sabellius,
quelques lignes plus bas, dans le même document 2. Ce que nous
*
§ 387.
ou aux démons;
10. Pour celui qui fera cause commune avec les païens, contre
les chrétiens ou contre le roi ;
23. Les sorciers et les devins doivent être donnés (comme es-
claves) aux églises et aux prêtres.
24-31. Ordonnances concernant les affaires temporelles.
Le sermon doit être prononcé dans l'église. Quiconque se
32.
refuse à prêter le serment qu'il a le devoir de prêter payera 15 so-
lidi pour son refus, et il donnera, en outre, une compensation
§ 388.
Les prêtres doivent être examinés tous les ans par les évo-
i .
gieuse.
Lorsqu'un abbé vient à mourir, on doit, avec l'assentiment
5.
personne. Les rois et les princes doivent obéir avec humilité aux
évêques, parce que ceux-ci ont le pouvoir des clefs. Les clercs ne
peuvent être jugés par les gens du monde, etc.
12. Les rois doivent être également choisis par les évêques et
parles grands du peuple, etc.
13- On doit juger avec droiture et justice sans acception de
personnes.
14. On ne doit pas imposer aux Eglises de trop lourdes rede-
vances, mais seulement celles qui sont consignées par la loi ro-
maine et coutume, etc.
par la
5 389.
CHAPITRE PREMIER
390.
(1) Les sources pour l'histoire des discussions soulevées par l'adop-
tianisme seront indiquées dans notre travail, à mesure que l'occasion s'en
présentera. Les plus importantes sont 1) las écrits d'Elipand et de Félix;
:
agitée. Quant à la littérature moderne ayant trait à ce débat, elle a été in-
diquée par Walgh, Ketzerhist. Bd. IX, S. 673, 850 ff. 935 ff. Ce savant a lui-
même traité deux fois ce thème de l'adoptianisme une première fois, ex
:
professa, dans son Historia Adoptianorimi, Gotting. 1755, et plus tard, d'une
manière beaucoup plus pertinente, en 1780, dans le 9*^ volume de sa Ketzer-
hist. S. 667-940. Nous citerons en outre, parmi les ouvrages importants et
méritant d'être consultés 1) Observationes historicœ circa Felicianam hœresim,
:
par Jacques Basnage, dans le t. II, p. 284 sqq. de son Thésaurus monumentorum ;
2) les dissertations de Madrisi, prêtre de l'Oratoire à Utine, qu'il a insérées
62 CARACTÈRE ET ORIGINE DE l'aDOPTIANISME.
dans son édition des Œuvres de Paulin d'Aquilée, et dont une est particu-
lièrement dirigée contre Basnase ; elle a été réimprimée par Migne dans le
QQ"" volume de son Cursus Patrologiœ; 3) la dissertation de Enhueber, prieur
unique (du Père) est le vrai Fils de Dieu, tandis que le pre-
mier né (de Marie) est simplement fils adoptif. Ils oubliaient
que conformément à leur supposition, l'humanité du Christ
si,
nature ne pouvait pas plus être appelée fils adoptif que fils
proprement dit. Par contre, quiconque n'admet dans le Christ
qu'une seule personnalité, celle du Logos, doit, pour être con-
séquent avec lui-même, ne parler non plus que d'un seul fils, et,
après l'incarnation, cette personne reste ce qu'elle était aupara-
vant de toute éternité, c'est-à-dire le Logos éternel du Père. Le
fils unique et le premier-né sont donc, puisqu'ils n'ont qu'une
seule et même personnalité, un seul et même Fils de Dieu, c'est-
(1) Cf. Epist. Elipandi ad Alhinum (Alcuin), dans Migne, Cursus Patrol.
t. XGVI, p. 872.
CARACTÈRE ET ORIGINE DE l'aDOPTIANISME. 65
« On ne peut cependant pas nier que le Fils de Dieu est une personne sous
le rapport de sa nature divine, et que l'Homme-Christ a été aussi une per-
sonne, qui toutefois n'avait pas de personnalité propre à elle-même. » {Kd-
zerhist. Bd. IX, S. 794.) De même S. 869. Anm. 2, S. 890 Anm. 3, et S. 904,
IV, on voit de nouvelles preuves du peu de lucidité de l'exposition de Walch^
qui, en outre, S. 862 et 882, regarde le principe fondamental des adoptia-
nistes comme un emploi légitime de la Communicatio idiomatiim, et qui s'ef-
force en même temps de les laver du reproche du nestorianisme. C'est seu-
lement avec ce nestorianisme acceptable, dit-il, S. 905, que les adoptia-
nistes avaient quelque analogie, mais ils n'en ont aucun avec ce que l'on
regarde ordinairement, parce que Cyrille nous a induits en erreur, comme
le nestorianisme. Avant Walch, plusieurs autres savants avaient cherché à
prouver que les adoptianistes ne devaient pas être accusés de nestorianisme,
et que toutes ces discussions étaient une pure logomachie; nous citerons,
par exemple, le jésuite espagnol Gabriel Vasquez, et les protestants Dorsch, :
(1) Alcuin, adv. Felicem, lib. I, 8, et II, 12, 17, dans Mione, t.^GI, p. 133,
155, 172, et Elipandi Ep. ad Albinum, dans Migne, t. XGVI, p. 87cS.
(2) Au lieu de ipsumque il faut lire ipsum. Walch, a. a. 0. S. 805.
CARACTERE ET ORIGINE DE L ADOPTIANISME. 67
suis, c'est-à-dire avec ses élus, le fils adoptif a été déifié et décoré
du titre de Dieu par une grâce d'adoption ; c'est ainsi que, dans
la sainte Écriture, on appelle aussi dieux {Joan. 10, 35) des
hommes qui, par leur nature, n'étaient pas semblables à Dieu,
mais qui ont été déifiés par la grâce de Dieu. Ces der-
nières appellations n'étant, comme on sait, données dans la
sainte Écriture que d'une manière figurée, on pourrait, au pre-
mier abord, croire que les adoptianistes n'appelaient aussi le
Christ Dieu que d'une manière figurée {per metaphoram). Il
n'en était cependant pas ainsi, et c'est ce que nous comprendrons,
si nous examinons de près le troisième principe de cette secte.
est par nature, et non pas simplement par suite du péché, ser-
viteur de Dieu, c'est-à-dire qu'il est tenu à obéir à la loi de Dieu
Ce caractère de serviteur est aussi celui du premier-né, et son
« Celui qui a paru in forma hominis a été déifié cum electis suis. »
a) A
première classe appartiennent les trois passages qui ne
la
(1) Dans la lettre des évêques espagnols (adoptianistes) aux évêques gau-
lois et germaniques, éd. des Œuvres d
Alcuin, t. 11, Appdx 11, Migne, t. Cl,
p. 1322 sqq.
(2) Voy. l'éd. du Missel mozarabique par Leslé, Romse 1755, Prœfaiio,
p. 32 sqq.
CARACTÈRE ET ORIGINE DE l'aDOPTIANISME. 71
que Dieu les a reçus de nouveau comme ses enfants, fais main-
tenant qu'ils participent à ta gloire. »
lo. feria §'wm.'<2 après Pâques qui pietati tuœ per adoptivi hominis
:
(1) Voyez l'article d' Helfférich, Aus und ûher Spanien, dans la. Gazette
i'Augsbourg, 1857, supplément du n° 178, S. 2842.
CARACTEEE ET ORIGINE DE L ADOPTIANISME. 73
pas ane concession faite plus tard aux orthodoxes par les adop-
tianistes. Nous la trouvons dans les premiers documents qui
exposent cette hérésie : ainsi, dans la lettre d'Elipand, arche-
vêque de Tolède, à Migetius, lettre qui est précisément le plus
ancien document de l'adoptianisme. Enfin nous voyons, par une
autre lettre d'Elipand à Alcuin, que les adoptianistes étaient les
premiers à porter contre leurs adversaires une accusation d'a-
rianisme ^
de Dieu eût pris une âme humaine. Ils ne voulaient lui recon-
naître qu'un corps humain, afin de pouvoir attribuer au Logos
lui-même les sentiments humains, comme sont la tristesse, la
joie, etc., et afin de pouvoir par là démontrer que le Logos
n'était pas Dieu, mais simplement une créature (cf. supra, t. I"
de VHist. des Conc. § 18, circa finem). On voit déjà que, sur ce
dernier point, les adoptianistes étaient en opposition directe
avec les ariens. Ceux-ci portent atteinte à l'humanité complète
du Christ; les adoptianistes, au contraire, la maintiennent in-
zième synode de Tolède tenu en 675, de même que pks tard par
les adoptianistes eux-mêmes.
Helfféric exprime, dans l'exposition de son hypothèse, un très-
de ce que l'importante et longue lettre écrite par Eli-
vif regret
pand, archevêque de Tolède, aux-évêques de France et d'Alle-
magne n'ait pas été publiée c'était, disait-il, le document le
;
le rapport des
idées,- du développement, des arguments et des
suum factum ex muliere, evidens quidem est, quoniam de homine dicit, qui
et ex muliere factus est, et sub lege conversatus est. Filium aiUem eumjure vocat,
utpole prœter omnes homines participatum filii adoptionem, propter cupxdationem
illam, qua Deus Verbum qui ex Pâtre est genitus, eum sibi copulare dignatus est.
CARACTÈRE ET ORIGINE DE L ADOPTIANISME. 7 7
(1) Enhueber, Dissert. 'etc. dansl'éd. des Œîtures (Z'A/cum par Froben. Voy.
Mir,NE, CI, p. 353-359.
fc. — Walch, a. a. 0. S. 902. —
Alzog, Histoire de
l'Eglise, 6" édUion, S. 376.
(2) Ce qui prouve que ce document renferme les premières traces de l'a-
doptianisme, c'est a) la phrase d'Elipand écrivant à l'abbé Fidelis dès le
:
est encore plus ancienne que ce synode, puisqu'elle avait pour but de con-
vertir Migetius.
78 LES PKEMIERS ADVERSAIRES
Ânte colles ego parturiebar, etc. ; après avoir pris chair, ce n'est
pas, comme tu le crois, cette personne qui, ayant pris chair,
dit : Le Père est plus grand que moi, c'est celle qui dit Mot :
§ 391.
fils adoptif, né de Marie, et non pas à celui qui avait été engendré
du Père avant tous les temps, et qui avait été au contraire
adopté, dans le temps, par la Mère. A qui le comparerais-je, si ce
n'est au manichéen Faustus ? Je vous adjure donc de faire dispa-
raître cette erreur du milieu de vous... Chez vous a paru le pré-
décesseur de l'Antéchrist, et il a annoncé que l'Antéchrist était
déjà né. Cherchez donc où, quand et comment est né l'esprit de
mensonge qui parle en lui *. » .
26 novembre, lorsque, pour une autre afiaire, ils lui avaient fait
visite, sur l'ordre de la reine Adosinde. Jusqu'alors il n'y avait
eu, dans l'Asturie, qu'une seule foi, mais à partir de ce moment
\SUi>%
82 LE PAPE ADRIEN ET LE SYNODE DE NAKBONNE DE l'ANNÉE 788.
§ 392.
(1) Epist. 97 du Cod. Carol.dans Migne, t. XGVIII. 0pp. Caroli Magni, l.W,
p. 373 sqq. — Walch (a. a. 0. S. 747) a élevé des doutes sur rauthentieité
de cette lettre.
(2) Epist. 96 du cod. CaroL 1. c. p. 336 sqq.
(3) Ce repi'oche contre Nestorius se retrouve plusieurs fois chez les anciens.
Yoy. t. II de VHisi. des Conciles, § 128 inilio. Les orthodoxes se servirent de
l'expression homo dominicus par opposition à celle dont se servaient les
apollinaristes. Voy. t. II de YHist. des Conc. § 102 initia.
LE PAPE ADRIEN ET LE SYNODE DE NARBONNE DE l'aNNÉE 788. 83
ce qui suit a trait à cette question des limites, et fait, en il n'y est
aucune manière, mention de Félix et de l'adoptianisme ; seule-
ment on trouve dans les signatures celle de Félix, qui signe, à
l'exemple de ses collègues, Félix episcopus Urgellitanœ sedis
^
suscripsi .
Pagi {ad ann. 788, il) et Walch [Hist. Adoptian., p. 100 sqq.
et Ketzer historié, Bd. IX, S. 688) ont élevé contre l'authenti-
cité de ces actes, des objections bien dignes d'être prises en consi-
dération, tandis que Baluze et le prince-abbé Froben ont cherché
à prouver qu'ils étaient authentiques ^. Quant à nous, nous nous
rangeons de l'avis de Pagi et de Walch, et voici nos raisons pour
cela :
nous savons qu'il n'a pu en être ainsi car c'est seulement en 792,
:
tures apposées au bas des actes, car en 788 Félix, qui appar-
tenait à la province deNarbonne, pouvait très-bien assister à un
synode tenu dans cette ville, pour fixer les limites du diocèse.
Il n'était probablement pas encore entré dans les premiers rangs
§ 393.
— Hard. t. IV, p. 823. — Vgl. BiNTERiM, Deutsche Concil. Bd. 233 II, S. ff.
8^ slfNôDÊ d'a'ix-la-chapelle en 789.
compte de même au nombre des ordonnances épiscopaUs et côw-^
ciliaires ^
mais Baluze doute fort que Charlemagne ait lui-même fait ces
citations, car il existe un codex de ce capitulaire qui -ne les-reli-
ferme pas. Pertz, partageant ce sentiment, Leg. I, p. 54, n'a pas
inséré cette partie dans son texte, et l'a reléguée dans les notes).
2. Conformément à ce même synode de Nicée (c. 9), l'évêque
doit examiner la foi et la vie de ceux qui veulent être ordonnés.
3. Ce même synode de Nicée (c. 16) et d'autres synodes pres-
crivent que des clercs étrangers ne doivent pas être admis, etc...,,
son évêque, ose remplir encore ses fonctions, nul ne doit plus
avoir de communication avec lui, conformément au 4® canon
d'Antioche (voy. t. I de YHist. des Conc. p. 507).
8. Conformément au 9^ cauon d'Antioche, l'évêque ne devait
rien faire d'inusité dans sa paroisse, sans l'assentiment de son
métropolitain, et de même le métropolitain sans l'assentiment
de ses suffragants-
9. D'après le canon d'Antioche et le 13® canon d'An-
20'
cyre, le chorévêque ne doit rien faire sans l'assentiment de son
évêque.
10. Aucun évêque, en général aucun clerc ne doit porter
et
pour une affaire qui le concerne aucune plainte au roi, sans
l'assentiment des évêques de la province, et en particulier du
métropolitain ; cette affaire doit plutôt, ainsi que l'a prescrit
le il* canon d'Antioche, être examinée dans un concile pro-
vincial.
11. Plusieurs anciennes lois de l'Église défendent aux évêques
d'empiéter sur la paroisse des autres.
12. Chaque évêque doit de même rester dans l'église pour la-
quelle il a été ordonné (c. 21 d'Antioche).
13. Les évêques de la province doivent tenir, deux fois par
an, un concile avec le métropolitain (c. 20 d'Antioche et c. 19
de Ghalcédoine).
14. D'après le canon 24' de Laodicée, etc., les moines et les
clercs ne doivent pas aller dans les auberges.
15. Conformément au canon 29* de Laodicée, le dimanche
doit se célébrer des premières vêpres jusqu'aux secondes.
16. Conformément au canon 35 de Laodicée, on ne doit se
servir que de noms d'anges qui sont connus, Michel, Gabriel et
Baphaël sont seuls dans ce cas. •
39. Celui qui a prêté quelque chose doit le recevoir dans l'état
où il l'a prêté '
.
méconnus.
45. Des personnes de condition peu élevée ne doivent pas se
(1) Voy. le Cod. can. Ecclea. Africanœ, n°^ 5, 7, 8, 9, 10, il, 15, 16; cf.
supra, Hist. des Concil. t. II, § 121.
(2) Voyez le Codex canonum Ecoles. Afric. n"" 44, 71, 83, 102, 122, 129, 126.
90 SYNODE d'aIX-LA-CHAPELLE EN 789.
58. Tout clerc qui méprise les canons, et ne veut pas s'a-
mender, sera déposé.
59. Le pape Gélase défend aux évêques de donner le voile aux
veuves.
La seconde série commence par une courte allocution de Ghar-
lemagne aux évêques, dans laquelle il les exhorte à suivre d'une
manière plus scrupuleuse les ordonnances canoniques, et il leur
donne ensuite les capitula suivants, qui ne sont extraits d'aucun
synode et qui doivent être la règle de leur conduite.
60. Les évêques et les prêtres doivent s'appliquer, par-dessus
tout, à instruire avec soin le peuple sur la foi catholique.
61 La paix doit régner dans la chrétienté.
62. Les juges doivent s'appliquer à l'intelligence de la loi et
juger avec équité.
63. Il faut éviter avec soin tout faux serment, quelle que soit
la manière dont on le prête. Celui-là même qui jure « sur l'a-
mour et sur la vérité » prête un serment, car Dieu est amour et
vérité. On ne
doit prêter serment qu'à jeun, et les enfants qui
n'ont pas encore plein usage de la raison ne doivent pas -être
admis à prêter serment; cela est aussi défendu chez les Guntbo-
dungers ^ Quiconque s'est rendu une seule fois coupable de faux
.
cet abus d'allumer des flambeaux auprès des arbres, auprès des
rochers ou auprès des sources; on devra détruire de même
toutes les autres superstitions.
65. On s'appliquera à faire voir quels grands maux sont la
haine, l'envie, l'avarice et la curiosité.
66. Dans l'intérieur du pays, on ne doit commettre aucun
meurtre, soit par vengeance, ou par avarice, ou dans le but de
voler; lorsqu'un meurtre a été commis, il doit être puni par nos
juges d'une manière conforme à nos lois. On ne doit enlever la
vie àun homme que dans le cas où la loi l'ordonne.
67. Vous devez empêcher, ainsi que nous vous l'avons sou-
vent demandé, le vol, les unions défendues et les faux témoi-
gnages.
(1) G'est-à-dire chez les Burgundes, quia lege Gundeboda mvehctnt. Voj.
Du Gange, s. h. v.
SYNODE d'aix-la-chapelle EN 789. 91
ne devez pas souffrir que les enfants fassent des copies altérées
de ces livres mais, lorsqu'il s'agit de copier l'évangile, le psal-
;
73. On doit avoir partout, dans les villes comme dans les cou-
vents, des poids et mesures exacts.
74. Les étrangers et les pauvres doivent être admis partout
dans les couvents dans
maisons de chanoines.
et les
75 Nous avons appris que, contre la coutume de la sainte Église,
certaines abbesses donnaient des bénédictions aux hommes, et
leur imposaient les mains, en les marquant du signe de la croix,
de même qu'elles conféraient le voile aux vierges avec les béné-
dictions sacerdotales. Vous devez, ô saints pères, prohiber en-
tièrement ces abus dans vos paroisses.
Les clercs qui se font passer pour moines, sans l'être
76.
réellement, et qui s'habillent comme eux, doivent s'amender, et
choisir entre la vie de moine et celle de chanoine.
77. Les écrits apocryphes, par exemple la lettre que l'on sou-
tenait êtretombée du ciel l'année dernière, ne doivent pas être
lus,mais bien être brûlés.
78. Les trompeurs appelés mangones [mengue signifie four-
berie dans les anciens poètes français) et cotiones [scottones ?) ne
doivent plus aller çà et là en toute liberté ; il en sera de même
pour ceux qui courent nus avec des chaînes, sous prétexte
et
qu'ils ont des pénitences à remplir. S'ils ont commis un grand
crime, ils devront rester en un endroit fixe et y faire pénitence.
79. On doit enseigner partout le chant romain, ainsi que l'a
prescrit notre père Pépin, lorsqu'il a aboli le chant gallican.
80. Les ouvrages serviles sont prohibés le dimanche. On énu-
mère ces œuvres serviles.
81. Vous, évêques, vous devez veiller à ce que les prêtres
qui dépendent de vous, enseignent d'une manière orthodoxe;
mais vous-mêmes vous devez aussi prêcher. Il faut s'appliquer
principalement à prêcher qu'il y a un Dieu, qui est Père, Fils
et Saint-Esprit que le Fils s'est fait homme, que les morts
;
§ 394.
(1) Eginhardi Annales ad ami. 792 et 793, dans Pertz, Monum. t. I, p. 179.
(2) Ilne faut pas le confondre avec le jeune Pépin, autre fils de Charles et
issu d'Hildegarde, celui-là même qu'à cette époque Gharlemagne nomma roi
d'Italie.
(3) Les conjurés avaient tenu conseil dans l'église de Saint-Pierre de Ra-
tisbonne; aussi le clerc Fardulf, qui était caché sous l'autel, put-il entendre
toute leur délibération. —
Monachus Sangall. (^e gestis Caroli, lib. II, c. 12,
dans Pertz, t. II, p. 755.
34 LE SYNODE DE RATISBONNE DE 792 ET FELIX d'uRGEL.
il enfermé dans
fut le couvent de Saint-Gall, et plus tard dans
celui de Prûm ^
A cette même époque, c'est-à-dire en 792, Charles réunit à
Ralisbonne un synode, surtout au sujet des discussions de l'a-
doptianisme. Il avait, dans ce but, convoqué un grand nombre
d'évêques de la Germanie et de l'Italie, et Félix d'Urgel dut lui-
même comparaître. Malheureusement, les actes de ce synode
sont perdus; mais presque to.us les doctimejats qui ont trait à l'a-
doptianisme parlent aussi de cette assemblée. Eginhard dit (1. c.
ad ann. 7 92) Hujus rei causa (la diffusion de ces erreurs) ductus
:
§ 395.
Nous avons déjà dit plus haut, en nous appuyant sur l'autorité
d'Eginhard, qu'à l'issue du synode de Ratisbonne, Féhx avait
été envoyéRome, au pape Adrien, par Charlemagne. Eginhard
à
condamné de nouveau son hé-
ajoute que Félix avait abjuré et
résie, en présence du pape, dans la basilique de Saint-Pierre.
Les annales de Fulda, de Lauresheim, etc., rapportent que l'abbé
Angilbert ou Engelbert (époux de Berthe, fille de Charlemagne)
avait été chargé de conduire Félix à Rome
Le pape Léon III
^.
relevé de toutes les peines que lui avait values sa conduite anté-
396.
frère Elipand, dont Alcuin parlait avec bonheur [quem {?i amore
nomino), à faire de même, afin qu'ils pussent arriver l'un et
397.
(1) Ce dernier n'avait pas été évèque de Rome, ainsi que le prétendait
Alcuin, mais bien évêque d'Aquilée; il était du reste Romain d'origine.
(2) Dans l'édit. des Œuvres d
Alcuin par Froben, éd. Migne, t. II, p. 119.
— Vql. Brterim, Deutsche Concilie?!. Bd. Il, S. 63 ff. —
Néander s'est trompé
(111, è. 232) lorsqu'il a soutenu qu' Alcuin avait écrit, à cette époque, à Eli-
pand. Une pareille lettre n'existe pas, et la conclusion de la lettre à Félix
laisse voir qu'elle n'a jamais été écrite.
ET AUX ÉVÊQUES DES GAULES ET DE LA GERMANIE. 99
/
(1) Dans MiGXE, la première est t. XGVI, p. 867, la seconde t. CI, p. 132i.
.100 LES DEUX LETTRES DES ESPAGNOLS A CHARLEMAGNE , ETC.
souvent que celui qui occupait une position inférieure avait des
révélations inconnues à celui qui était placé plus haut. Il ne
devait pas s'opposer lui seul à la doctrine de tant de saints Pères^
au sujet de l'adoption; il allait même, d'après le bruit qu'on avait
répandu, jusqu'à employer la force (pour faire abjurer l'adoptia-
nisme). Il voyait avec peine que Beatus qui, après sa conversion,
était revenu ad thorum scorti, se glorifiait d'avoir gagné à sa
§ 398.
(2)Madrisi, éd. 0pp. S. Paulini, Vita, c. 7, 1, p. 64. éd. Migne (t. XCIX).
— Walch, a. a. 0. S. 760.
102 SYNODE DE FEANCFORT EN 794.
commun contre elle un écrit qui fut signé par tous K » Sans
compter les légats, il y eut parmi les évêques venus d'Italie
Paulin patriarche d'Aquilée et Pierre, archevêque de Milan;
Charlemagne avait même convoqué, ainsi qu'il le dit dans sa
lettre à Elipand, plusieurs savants clercs (par conséquent non
pas seulement que
Alcuin, ainsi Walch), afin que
le soutenait
l'enquête fût d'autant plus sérieuse qu'elle était faite par un plus
grand nombre. Les Annales veteres Francorum, qui, d'après les
travaux de Pertz, ne sont autres qu'une amplification du Chro-
nicon Moissiacense, ajoutent que le célèbre abbé Benoît Yitiza,
d'Aniane, dans la Gothie (Septimanie), aux environs de Nar-
bonne, était présent, de même que les moines Beda et Ardo ap-
pelé Smaragdus, et leurs frères et disciples Ingeila, Aimo, Raban
et George. Félix avait été certainement convoqué avec les autres
évêques de l'Espagne franque, mais il ne comparut pas. Baro-
nius élève à environ trois cents le nombre de ceux qui prirent
part au concile [ad ann. 794, 1), et beaucoup d'historiens ont
accepté ce nombre de Baronius, sans voir s'il était fondé sur
des documents originaux. Charles présida en personne, du
moins exerça la présidence d'honneur, et Paulin d'Aquilée
il
« H n'a pas épargné son Fils unique, mais il l'a donné pour
non pas de trois substances dans le Christ. C'est pour cela qu'Eli-
pand et Félix seront frappés d'anathème et exclus de l'Église,
s'ils ne s'amendent pas et ne font pas pénitence. De même, celui
(1) Nous avons montré plus haut, au commencennent de notre travail sur
l'adoptianisme, que ces passages de S. Isidore et de la liturgie mozarabique
pouvaient s'entendre dans un sens orthodoxe. Le synode de Francfort ne
fait aucune allusion à ces passages de S. Isidore.
SYNODE DE FF.AKCFORT EN 794. 107
elle était inconnue, mais elle est même positivement fausse, car
elle ferait croire que le Christ n'est pas le proprius Filius Dei. Il
Sans compter ces deux pièces, dont le synode fit deux lettres
synodales par l'approbation qu'il leur donna, l'assemblée pro-
nonça encore la condamnation des erreurs de Félix et d'Elipand,
dans une courte proposition qu'il plaça, sous le n° 1, en tête de
lus SYNODE DE FRAiNCFORT EN 794.
ticité, c'est que, dans sa lettre aux Espagnols, Adrien dit bien que
Charles lui a communiqué la lettre d'Elipandaux évêques francs;
mais il ne dit, en aucune manière, que Charles lui ait envoyé les
vous appeler tous frères et coopérateurs, car celui qui n'a pas la
même foi que nous ne saurait être aussi pour nous l'objet d'un
amour fraternel Notre très-cher fils et spiritualis compater
Charles ^, grand et illustre prince, roi des Francs et des Longo-
bards et patrice de Rome...., m'a envoyé en toute diligence le
document hétérodoxe qu'il avait reçu d'Espagne. Plein d'amour
pour S. Pierre, il n'a pas hésité à lui rendre l'honneur qui lui
revient, et à écrire à ses successeurs pour leur demander conseil
et pour remettre par là en honneur une tradition tout à la fois
royale et canonique ^. Cette lettre des Espagnols, qui a été lue et
scrupuleusement examinée par nous, contient plusieurs passages
qui, comme leur auteur Elipand, sont dignes de blâme et de pu-
nition. Nous avons été très-afïligé de cela, et comme il s'agit de
la foi, nous nous somme vu forcé d'y répondre par écrit et
qui ont trait à cette question, et du reste il suffit d'en citer quel-
ques-uns. Vient
>' ensuite toute une série de passages de la Bible
et des saints Pères, S. Atbanase, S. Grégoire de Nazianze,
S. Augustin et S. Grégoire le Grand, qui servent à exposer la
doctrine orthodoxe, et le pape déclare que cette proposition :
(1) Mansi, t. XIII, p. 865 sqq. — Haru. t. IV, p. 865 sqq. — • Harzheim,
1. 1, p. 288 sqq. et Caroli Magni 0pp. éd. Migke (t. XCVIII), t. II, p. 374 sqq.
112 SYNODE DE FRANCFORT EN 794.
a réellement professée .)
3. Tassilon, duc de Bavière, a demandé pardon, dans ce même
synode (de Francfort), et a renoncé pour lui et pour sa famille
à tous ses droits et possessions en Bavière. Aussi a-t-il été gracié
(c'est-à-dire qu'il n'a pas été condamné à mort), et il s'est retiré
dans un couvent.
4. Avec l'assentiment du synode, Charles a fixé le prix de toute
espèce de blé et de pain.
5. Les nouveaux deniers doivent être admis partout.
6. Le roi et le synode ont décidé que, dans leurs diocèses, les
évêques jouiraient du pouvoir judiciaire [justitias faciant, voy.
Du Gange). Si un abbé, un prêtre, un clerc, un moine, ou quelque
autre personne de l'évêché, ne veut pas se soumettre à la décision
de l'évêque, il doit s'adresser au métropolitain, qui examinera
l'affaire avec les suffragants. Les comtes royaux doivent être
T. V. 8
1J4 SYNODE DE FKANXFORT EN 794.
(1) Voy. Hist. des Conciî. t. III, ^ 211, p. 190 sq. et Wiltsch, Kirchl. Geogr.
u. Statistik. Bd. L S. 303.
(2) BiNTERiM [Deutsche Comilkn. sQà^ll,'^. 215) j, traduit ce texte d!une
manière inexacte.
SYNODE DE FRANCFORT EN 794. )11.5
20. L'évêque doit connaître les canons et les règles (de la vita
cànonicd).
21. Le dimanche doit être célébré des premières aux secondes
vêpres
22. Dans dans les villages, on ne doit instituer
les villas et
aucun évêque.
23. Les esclaves étrangers ne doivent être admis par perso^me,
et ne doivent pas non plus être sacrés par l'évêque.
24. Les clercs et les moines doivent rester fidèles à leur état.
25. Chacun doit, conformément aux anciennes ordonnances
royales, donner à l'Église la dîme de ce qu'il possède. Nous
avons 'été, en effet, condamnés à voir, dans l'année de la grande
disette (779), le hlé disparaître parce qu'il avait été
mangé par
les démions, etnous avons dû entendre des voix (mystérieuses)
qui nous blâmaient *
26. Les bâtiments des églises doivent être entretenus aux frais
de ceux qui ont des bénéfices sur ces églises.
27. Les clercs ne doivent pas passer d'une église dans une
autre, sans l'assentiment et des lettres de recommandation de
leur évêque.
28. On ne doit pas conférer les ordres sans condition.
29. L'évêque doit donner une instruction sérieuse à ceux qui
sont «ous sa juridiction.
30. 'Les conflits surv^-enus entre les clercs doivent être vidés
d'après les canons. S'il survient un conflit entre un laïque et
un clerc, le cornes et l'évêque devront se réunir pour juger
l'affaire
il doit être conduit à l'évêque etpuni par lui. S'il nie sa culpa-
bilité, et si elle ne peut pas être démontrée, l'affaire sera dé-
férée au synode général (de la province ; voy. le 6^ canon).
40. Les filles demeurées orphelines doivent être élevées par
des prêtres.
41. L'évêque ne doit pas habiter ailleurs (que dans son dio-
cèse) ; il ne doit pas même rester plus de trois semaines là oii il
Guntbodingers ^
46. Quant à l'époque oii les vierges devront prendre le voile, et
au sujet de leurs occupations jusqu'à Tâge^ de vingt-cinq ans, on
observera les prescriptions canoniques.
47 Les abbesses qui ne vivent pas d'une manière conforme à
leur règle, doivent être dénoncées au roi par l'évêque, afin
qu'elles perdent leur dignité.
48. Au pour l'église et pour les pauvres, on
sujet des offrandes
observera les anciens canons; celui-là seul pourra disposer de
ces offrandes qui aura été désigné pour cela par l'évêque.
49. Nul ne doit être ordonné prêtre s'il n'a trente ans.
50. A l'issue de la messe, tous doivent se donner la paix.
51. Les noms (inscrits dans les diptyques) ne doivent pas être
lus avant l'offrande.
Mansi, XIII, p. 909, et Appdx. 189 sqq. — Hard. IV, p. 903 sqq.
— Pertz,p.Monum.X.
(1) t. t.
CHAPITRE II
§ 399.
Pour compléter ce que nous avons déjà dit sur les troubles oc-
il nous reste à raconter la part
casionnés par les iconoclastes,
prise à ces questions par l'Occident. Il s'était déjà tenu, sur ce
sujet, un synode à Gentilly en 767, sous Pépin le Bref (cf. su-
pra § 341); mais les plus vives discussions ne comm.encérent
que sous Charlemagne, et après la fin du 7^ concile œcumé-
nique. Ainsi que nous l'avons déjà vu, le pape Adrien I" fit faire
une traduction latine des actes du 2" concile œcuménique de Ni-
cée et il en envoya un exemplaire à Charlemagne. Malheureu-
sement cette traduction était si défectueuse, que, plusieurs an-
nées après, le savant bibliothécaire romain Anastase en parlait
comme il suit: Le traducteur a méconnu aussi bien le génie de la
langue grecque que celui de la langue latine, il- a. traduit mot à
mot, et de telle manière que, aut vix aut nunquam, on ne peut
comprendre ce qu'il veut dire, aussi personne ne lit cette tra-
duction ou n'en fait de copie. C'est pour ces motifs qu 'Anastase
s'était appliqué avec soin à en composer une meilleure ^.
(1) Hincmar, in opusc. adv. Hincm. Laudon. c. 20. — Walch, Bd. IX,
S. 45 et 70.
(2) Walch, Bd. IX, S. 51 f. — HEU>fANN, Prœfat. de son éd. des libri Caro-
lini, p. 15.
120 ORIGINE, BUT, AUTEUR ET AUTHENTICITÉ DES LIBRI CAROLINI.
traire d'un' anonyme, et avait déjà paru dans une des anciennes
éditions de Goldast. Heumann collationna les notes de du Tillet
et de Goldast, y joignit les siennes propres, et mit enfin ultimo
loco de son édition un dictionnaire des passages latins les plus
difficiles des libri Carolini. Plus tard, le prince-abbé Froben
(1) Voy. la Prœfatio generalis de Froben, pour son édit. des Œuvres d'Al-
cuin, n''10, et la prœfatio pour l'édit. des libri Carolini par Heumann, p. 13 sqq.
ORIGINE, BUT, AUTEUR ET AUTHENTICITE DES LIBIÎI CAROLINI. 121
nom d'un prince placé en tête d'un décret ne prouve que ce prince
ait lui-même composé le décret. C'est là une question d'autorité,
mais non pas une question d'auteur. Charlemagne a, il est vrai,
composé quelques traités de théologie, mais ces traités mêmes
font voir que le grand roi n'a pas composé les libri Carolini, car
ces derniers travaux accusent en théologie, en philosophie et
dans les langues grecque et hébraïque, une science plus grande
que n'en possédait Charles. Nous ne nous attarderons pas à exa-
miner quel est celui des savants de la cour de Charlemagne qui a
pu composer ces libri Carolini ; bien des indices porteraient à
croire que ce fut Alcuin, surtout si l'on réfléchit aux rapports exis-
tant entre Alcuin et Charlemagne. Ouest, en outre, frappé de l'a-
nalogie qui existe entre un passage du commentaire d'Alcuin sur
S. Jean (4, un texte des livres carolins, 1. IV, c. 6,
5 sqq.) et
p. 455, éd. Heumann. Une très-ancienne tradition s'est aussi
conservée en Angleterre, portant qu'Alcuin avait écrit contre le
2' concile de Nicée ^
p. 110 sqq. éd. Venet. 1778) ont déjà fait justice de ces attaques.
§ 400.
(1) Voy. \a.prœfatio de Heumann, p. 35, et Walch, Bd. XI, S. 49, 61, 65.
(2) Walch, a. a. 0. S. 45.
(3) Ils sont réunis dans Migne, 0pp. Carol. Magn. t. II, p. 995 sqq.
OBJET DES LIBRI CAROLINI. 123
maltraités, parce qu'ils avaient dit dans leur lettre (au pape
(1) Charlemagne. place à- tort en Bithynie le synode qui s'est tenu à Gons-
tantinople en 754.
(2) Il s'agit ici du 2« concile de Nicée.
124 OBJET DES LIBRI CAEOLINI.
synode avait également tort de citer (Hard. 1. c.p. 195, 202, 478)
les passages de Moïse (1 Mos. 23, 7, et 2 Mos. 18, 7), où il est dit
qu'Abraham avait adoré les fils de Heth, et que Moïse avait adoré
Jéthro (l'expression adorasse signifie ici simplement s'incliner
avec la plus grande vénération devant quelqu'un). Il y avait entre
cette adoratio d'Abraham et de Moïse et Yadoratio d'une image
peinte, la même différence qui existe entre un homme vivant et
un homme peint. Autre chose est salutationis officio et humanita-
tis obsequio adorando salutare, et autre chose est nescio que cultu
baiser par amour paternel l'habit d'un de ses enfants. C'était là,
qu'il faut vénérer les saints [veneratio exhibenda), mai-s que les
images des saints [omni cultura et adoratione seclusd) servent ou
ne servent pas pour rappeler les faits passés, ou pour l'orne-
mentation des églises, c'est là une question qui n'intéresse pas la
foi catholique. G. 22. Les images ne sont pas non plus nécessaires
pour rappeler le souvenir, par exemple, celui du Ghrist. G. 23.
La décision de Nicée est en opposition<avec une ordonnance du
pape S. Grégoire le Grand, qui écrit à Serenus de Marseille On :
ne doit pas plus adorare les images que les frangere (cf. supra^
§ 332). G. 24. Il existe une différence entre adorer les hommes,
pour les saluer et pour leur témoigneri-de l'affection, et imagines
manufactas adorare. G. 25. Les apôtres n'ont autorisé cette der-
nière adoration, ni par leurs paroles, ni par leurs exemples.
G. 26. Il est tout à fait absurde et condamnable de comparer avec
l'arche d'alliance les imagines manufactas, ainsi que l'avait fait
le concile de Nicée. Gette arche d'alliance avait été faite sur
l'ordre de Dieu, tandis images provenaient de la fan-
que les
le mcrificiiim incruentum *
. Aussi, dans sa réponse aux Livres
carolins, le pape Adrien regarde-t-il cette accusation comme
non fondée, et il dit, avec beaucoup de raison, que ce sont
les ennemis et non pas les amis des images, qui avaient
d'une manière insensée, comparé l'Eucharistie à une imao-e du
Christ^. On a souvent émis l'avis que Gharlemagne avait ici,
par erreur, regardé comme une décision de Nicée une proposition
du synode iconoclaste de 754, combattue dans ce même concile
de Nicée, et, en effet, les reproches de Gharlemagne ne pourraient
guère s'adresser qu'au conciliabule de 754 % mais en réalité
les mots blâmés par Charles, et qu'il donne comme les vet^ba ip-
sissima, ne se trouvent pas plus dans les actesdu conciliabule que
dans ceux du concile de Nicée, ce qui fait voir avec quel peu de
soin ont été composés les libri Carolini. La réponse d'Adrien
prouve, d'un autre côté, qu'il ne faut pas imputer la présente er-
reur à la traduction latine des actes de Nicée, mais qu'elle revient
de droit à l'auteur àes On trouve de même d'autres
libri Carolini.
saints eux-mêmes ne devaient pas être non plus adorés. Les Occi-
dentaux avaient vénéré juxta antiquorum Patrum traditionem
les reliques des saints et les débris de leurs vêtements; mais
ceux de Nicée allaient jusqu'à adorer des murs et des tables, et
plaçaient toutes leurs espérances dans les images. Les livres ca-
rolins mettent encore plus en relief dans le chap. 24 la différence
qui existe entre les reliques et les images, et dans le chap. 25
ils prouver que, même dans le cas où on au-
s'efforcent de
raitobtenu des miracles par l'intercession des images, ce n'était
cependant pas une raison pour les adorer. Il est dit dans plusieurs
chapitres, 21, 26,30, 31, que les membres de l'assemblée de Ni-
cée avaient cité en faveur des images quantité de fables, d'écrits
apocryphes et de livres. Les libri Carolini insistent particulière-
ment, c. 17, sur ce fait que Constantin, évêque deConstantia, dans
l'île de Chypre, avait dit «Je vénère les images, de la même ma-
:
sous prétexte que les images ont, il est vrai, des yeux, et que
cependant elles ne voient pas les cierges, qu'elles ont bien un
nez, mais qu'elles ne sentent pas l'encens. Dans le 4^ chapitre, on
attaque la comparaison faite entre les iconoclastes et Nabucho-
donosor; dans le c. 5 on déclare apocryphe la lettre de S. Si-
méon Stylite à l'empereur Justin, à laquelle en avaient appelé
les Pères de Nicée [sessio V); et enfin, c. 6-8, on reproche à ceux
de Nicée le peu de respect qu'ils ont eu pour leurs propres Pères
et prédécesseurs. On ne saurait admettre, continue le chap. 9,
comme concluant ce que le secrétaire impérial Léontius a dit
dans la cinquième session de Nicée (Hard. 1. c. p. 310), lorsqu'il
a attaché tant d'importance à la reliure d'un livre ornée d'i-
mages, et loi'squ'il a donné cette reliure comme preuve de la
vénération quenous devons aux images. G. 10. L'Ecriture sainte
ne dit, en aucune manière, que le Christ ait envoyé à Abgar son
portrait. C. 11. Les Libri gestorum Patrum (légendes) cités à
Nicée, et dont on ne connaissait par Tauteur, ne pouvaient être
admis comme autorité. C. 12. Le récit de Denys, prêtre d'As-
OBJET DES LIBRI CAROLINI. 131
aller contre la théologie que de dire, ainsi que l'ont fait les
Pères de Nicée « Nous faisons du Christ notre chef, « car le
:
adoratio'^. Parmi les passages des actes de Nicée qui sont l'objet
de leur blâme, ils en prennent un certain nombre (sans le dire,
il est vrai) dans la lettre du pape Adrien à Irène, lettre qui est
jointe aux actes de Nicée ^ leur critique, et elle est parfois très-
;
LIBEI CAROL.
Lib. II. C.14, .... IL 1. C. p. 178, 214.— M. 1. et. XIII, p. 23 sq. 70.
15. .... II. 1. c. p. 90. — M. t. XII, p. 1068 (extrait de la
lettre d'Adrien).
16. .... H. 1. c. p, 87. — M. 1. c. p. 1065 (extrait de la
lettre d'Adrien).
17. .... IL 1. c. p. 166, 414. — M. t. XIIL p. 10, 323.
Dans d'autres passages, le synode de Nicée
cite de même S. Grégoire de N^fese,
18, . . . . H. 1. c. p. 185. — M. 39.t. XIII, p.
19. .... IL 1. c. p. 87, 214. — M. XIL 1068, XIII,
t. p. t.
p. 67.
20. . . . . H. 1. c. p. 90. — M. XII, p. 1068. (extrait de
t.
la lettre d'Adrien).
Revient souvent, par exemple : H. 1. c.p.470, 483.— -l^L t. XIII,
p. 398, 415.
22. Pas de citation.
23. Pas de citation.
24. Pas de citation.
25. Pas de citation.
26. .... IL 1 p. 150. — M. t. XII, p. 1145.
27. .... H, 1.
1 c. p. 370. —M. t. Xin, p. 263 (expression
du conciliabule qui est attribuée au concile de
Nicée).
28)
29 H. 1. c. p. 453. — M. t. Xin, p. 379.
30)
31. H. 1. c. ;p. 470, 483. t. XIIl, p. 398, 415.
Lib.III. c. 1. Pas de citation
9 Pas de citation,
.... H. , L c. p. 131. —M. t. ZIl, p. 1121.
4. .... H, . 1. c, p. 142 sq. — M. 1. 1136,
c. p.
5. Citéà tort. H. . 1. c. p. 144. — M. L c. p. 1135„
6. .... H, . 1. c, p. 42. — M. 1. c. p. 1009.
7. .... H. , 1. c. p. 43. — M. L c. p. 1012 sq.
8. Pas de citation précise.
9. Pas de citation.
10. .... IL 1. c. p. 150. — M. p. 1. c. 1 144...
p. 414.
14. .... H. L c. p. 35 et 39. —
M. t. XII, p. 1004,1005.
15. .... H. L c. p. 90. - — M. t. XII, p. 1068 (blâme contre
l'emploi d'un passage de S. Jean Chrysostome,
dans la lettre d'Adrien).
16. 1. c. p. 150, M5.— M.t.XII,p.ll45.t.XIII,p.7L
17. 1. c. p. — M. XII,
151. t. p. 1148 (cité à tort),
18. I. c. p. 152 — M.
s q. 1. c. p. 1148.
19. 1. c. p 106. — M. L p. c. 1088.
20. L c. p 163. — M. t. XIII, p. 10.
21. L c. p. 167. — M. t. XIIl, p.14 (blâme con-
tre un passa 5e de S. Grégoire de Nazianze),
136 OBJET DES LIBRI CAROLINI.
LIBEI CAKOL.
Lib.III. C.22. IL 1. c. p. — M.
171. 1. c. p. 18.
23. H. 1. c. p. 174. — M. p. 19.
1. c.
24. H. 1. c. p. 455. — M. 379.
1. c. p.
25. H. 1. c. p. 178, 195. — M. ]. c. p. 23, 47.
26. H. 1. c. p. 186. — M. 1.34. c. p.
§ 401 .
autre ordre que les livres carolins. Le pape Adrien dit explici-
tement que « le premier chapitre blâmait cette proposition des
Grecs Le Saint-Esprit procède du Père per Filium. » Or dans
:
p. 805, Hard., t. IV, p. 816) contient ces mots Sive illud quod :
carolins.
e) On pourrait constater d'autres différences notables, sans
compter les moindres, entre les capitula 1 etc. 48 d'Adrien
(Mansi, p. 760 et 781, Hard., p. 775 et 794), et entre /zô. ///, 3, et
lib. /, 5 des livres carolins.
§ 402.
ptis aiunt : per eum qui conregnat nobis Deus. Cène sont pas
les deux souverains, mais bien le synode qui s'est servi de cette
expression qui conregnat vobis (Mansi, p. 408, Hard., p. 477).
:
EPIST. ADR.
142 EÉPONSE DU PAPE ADRIEN l" AUX LIVRES CAROLIKS.
EPIST. ADK.
SYiNODE A FPJOUL, SOUS PAULIN, EM 796. 143
CHAPITRE III.
§ 403. ,
§ 404.
§ 405.
Kénulph, le nouveau
de Mercie, forma, dès son entrée au
roi
pouvoir, le plan de rendre au siège de Cantorbéry toutes ses an-
ciennes prérogatives, et c'est dans cette intention qu'il envoya à
Rome, en 797, Athélard, évêque de Gantorbéry. Nous apprenons,
par des lettres de Kénulph et d'Alcuin, qu'avant de partir pour
Rome Athélard réunit un synode ^
Les deux archevêques anglais tinrent, probablement l'année
suivante un concile provincial, Ganbald d'York à Finchall
,
(I) Les actes de ce synode se trouvent dans Mansi, t. XJII, p. 830 sqq. '—
Hard. t, IV, p. 847 sqq. et avec beaucoup de notes dans l'édition des Œuvres
§ 406.
(1) Il a été imprimé pour la première fois dans l'édit. des Œuvres d'Alcuin
par P'roljen Forster, p. 759 sqq., réimprimé dans Migne, t. II, p. 86 sqq.
(2) Cette lettre de Félix n'existe plus; mais nous en avons encore des
fragments dans contre Félix, et dans la lettre d'Eli-
les sept livres d'Alcuin
pand à Félix. Migne, XCVI, p. 880.
t.
(3) Alguini 0pp. éd. Froben. p. 783 sqq. éd. Migne, t. II, p. 119 sqq.
(4) Paulini 0pp. éd. Madrisi, dans Migne, t. XGIX, p. 350 sqq.
148 SYNODES A ROME ET A AIX-LA-CHAPELLE
avec lui (et non pas un synode, ainsi que l'affirment quelques
historiens), et ils le déterminèrent à venir une fois de plus
trouverle roi Charles en personne. Charles réunit, à cette occa-
Maînsi, 1. c. p. 1030. —
Hard. 1. c. p. 927.
(1)
(2) Les Epp. 77 et 79;
lettres 92 et 94 d'Âlcuin (dans Froben, —
Alcuim
0pp. éd. MiGNE, t. I, que ce synode devait avoir lieu
p. 297, 300) font voir
au mois de mai 799, mais Félix n'arriva à Aix-la Chapelle 'que dans la
trente-deuxième année de Charles, c'est-à-dire au mois d'octobre 779. (Al-
cuin. adv. Elipandum, lib. 1, 16), etChariemagne, qui, sur ces entrefaites, était
allé en Saxe, regagna, vers cette même époque, Aix-la-Chapelle. Binterim,
Denisch Concil. Bd. 11, S. 85.
(3) Epist. H7 de l'ann. 800, dans Froben, Epist. 176. ~Migne, t. I,p. 350.
AU SUJET DE L ADOPTIANISME. 798. 149
(i) Elipandi et Felicis Opip. éd. Migne, t. XCVI, p. 883. Sur ce synode
d'Aix-la-Chapelle, voy. Mansi, t. XIII, p. i034.— Harzheim, t. I, p. 336. —
BiNTERiM, a. a. 0. S. 85 ff.
(2) HiNGMARi Opip. éd. Migne, t. I, p. 55 (t. GXXV de la collection).
(3) Voy. réd. des Œuvres de S. Hilaire par les Bénédictins de Saint-Maur,
dans Migne, t. X, p. 68 sq. Uadoptaturde S. Hilaire est identique àadsumitur,
et on pouvait très-bien dire, ainsi que je l'ai prouvé dans le § 390, que la
nature humaine avait été adoptée par le Logos.
150 SYNODES A ROME ET A AIX-LA-CHAPELLE.
(1) Alcuini Epist. 117 (dans Froben, 176), dans Migne, t. G, p. 351.
(2) khcvim Epistol. 117, p. 351, éd. MigiNe. Le prince abbé Froben Forster
a très-bien démontré que ces ambassadeurs deCharles avaient été envoyés en
Espagne, une première fois avant le synode d'Aix-la-Chapelle, et une seconde-
fois après ce synode. Voy. sa dissertation de hœresi Elipandi, etc., n° 50 sqq..
dans Migne, 0pp. Alcuini, t. II, p. 324 sqq. de même Walch, Bd. IX, S. 771,
775. C'est aussi ce qui ressort clairement des lettres d' Alcuin. Dans l'^/iisi. 92'
(Migne, 1. c. 1. 1, p. 297). Alcuin parle du premier voyage, dans X Epist. 117
(Migne, 1. c. p. 351); il parle du second, qui eut lieu après le synode d'Aix-
la-Chapelle.
(3) Peut-être lors du voyage de Leidrad en Espagne; on ne sait où est de-
meuré Félix, pendant l'absence de Leidrad.
(4) Alcuini Epist. 108 (Froben 92). —.Migne, 1. c. p. 829.
SYNODES DE RIESBACH, FKEISING ET SALZBOURG, EN 799. i51
§ 407.
raison jusqu'à un certain point, car ils étaient rédigés dans l'é-
(î) Comme les cinq premiers canons tranchent assez sur les autres, quant
à la forme, et sont plus longs, et d'un autre côté, comme le canon 5 finit
par ces mots ; Similiter decrevimus reliqua capitula conventionis nostrœ per
singula quœque hreviter prœnotari, on est porté à croire que le 6® ca^non corn--
mence les ordonnances rendues à Freising.
SYNODES DE EIESBACH, FREISING ET SALZBOURG, EN 799. 155
cisions des papes Zosime et Gélase, être ordonnés que dans les
temps voulus.
8. Ainsi que le prescrit le premier chapitre des règles du pape
Innocent, on doit recommander joacem ciistodiri in ecclesia (l'an-
cien traducteur allemand des canons de Riesbach avait entendu
ce canon dans ce sens « On ne doit pas parler dans les églises.
:
>»
des intérêts).
11. Aucun évêque ou abbé ne doit s'emparer, par esprit de
lucre, des biens des nobles.
12. Si un sacerdos (évêque et prêtre) transgresse les statuts
synodaux, et ne veut pas s'amender, il sera excommunié. Il en
sera de même à l'égard des laïques.
13. La dîme en quatre parties pour l'évêque,
doit être divisée :
par semaine.
3. Tous les fidèles doivent suivre avec dévotion (ces proces-
sions) et chanter le Kyrie eleison mais non pas d'une manière
;
à leurs parents une plus grande partie des biens de l'Église que
ne le permettent les canons.
Les archiprêlres qui ont la surveillance des autres prêtres
7.
doivent s'observer eux-mêmes avec soin, et ne pas négliger
ceux qui sont sous leur juridiction; ils se souviendront qu'ils
sont établis pour partager les charges de l'évêque.
8. Les diacres doivent vivre chastement et se garder de l'ivro-
gnerie.
Les moines qui sont établis dans les couvents, comme re-
9.
présentants du prieur, c'est-à-dire les doyens, les portiers, les
sommeliers, ne doivent rien s'approprier.
10. Quatre fois par an, on célébrera la messe solennelle (la
fête) de la sainte Mère de Dieu, c'est-à-dire, pour la Purification
les règles des moines. Si plus tard il quitte cet état, il devra ser-
vir de nouveau à la guerre [hostem facere, voyez Du Gange)
comme les laïques.
ne doivent par faire preuve de partialité vis-à-
14. Les abbés
vis de quelques-uns des frères du couvent.
15. S'il survient un
des époux, et si le mari
conflit entre
§ 408.
(1) Tel est le récit d'Anastase dans les Vitœ Pontificum (Maîssi, t. XIII, p. 929
sq. —Baron, ad ann. 799, 2 sqq.) et Alcuin confirme la même donnée
[Epist. 105 et 109 de l'éd. Migne, t. I, p. 302 et 330), et, à la suite de ces té-
moignages, la Coyigregatio Rituum fit insérer en 1673,<dans le Martyrologe du
12 juin, le récit de ce miracle. Par contre, Dajiberuer [Synchron. Gesch. Bd. II
Kritikheft S. 210 f.) dit avec raison qu'on acceptant ces données, le Mar-
tyrologe n'a pas fait preuve d'une critique suffisante; de pareils bruits de la
mutilation du pape Léon et de sa merveilleuse guérison avaient en effet
couru dans le peuple, mais on avait trouvé qu'ils n'étaient pas fondés.
160 SYNODES A CLOVESHOÉ, A TOURS ET A EOME, EN 800.
sons pas juger le Siège apostolique, qui est la tête de toutes les
Églises; car, d'après l'ancienne tradition, nous tous nous sommes
jugés par lui, mais lui n'est jugé par personne; nous nous
soumettrons, conformément aux prescriptions des canons, à ce
que le pape aura lui-même décidé dans cette affaire. » Léon ré-
pondit :« Je suis les traces de mes prédécesseurs, et je suis prêt
« Tous les crimes qui me sont reprochés par mes injustes persé-
cuteurs, me sont étrangers; j'ai la conscience de n'avoir rien
fait de semblable. » Tous les clercs qui étaient présents récitè-
(1) Mansi, t. XIII, p. 932, 1042 et 1045. — Hakd. t. IV, p. 936 et 937.
SYNODES A CLOVESHOÉ, A TOURS ET A EOME , EN 800. 161
(1) Eginhard assure {Yita Caroli, c. 28) que Charles ne connaissait rien
du projet du pape, il aurait même dit que, s'il en avait eu connaissance, il
ne serait pas venu dans l'église. La Clironique de Jean Diacre (dans Muratori,
Script, rerum ital. II, a. p. 312) laisse voir au contraire que la restauration
de la dignité d'empereur d'Occident avait été négociée auparavant entre
Charles et le pape.
(2) Anastase et Adamar dans Mansi, 1. c. p. 1045 sq., et Hard. 1: c. p. 937.
11
182 SYNODES D'AIX-LA-CHAPiiLLE EN 801 OU 802.
CHAPITRE IV
^ 409.
se trouve aussi dansHardouin (t. IV, p. 957), dans Mansi (t. XIV,
Appdx. p. 256), et naturellement aussi dans l'édition des ca-
pitulaires francs donnée par Baluze.
SYNODES d'aix-la-chapelle EN 801 OU 802. 163
sa famille.
2. Pareillement pour l'évéque.
3. Il doit tenir en bon état les bâtiments de son église, et réci-
ter les heures canoniales près des reliques des saiuts.
4. Il prêchera tous les dimanches et les jours de fête.
5. Il enseignera, etc., à son peuple Iq Notre Père et le Sym-
bole.
6. Il doit engager tous les fidèles à s'acquitter de la dîme.
7. Les clercs doivent recevoir la dîme et la partager en
trois parts par= devant témoins a) pour l'entretien de l'église,
:
à l'empereur.
3-9. Ce que ce serment contenait in specie.
10-12. Les évêques et les prêtres doivent vivre d'une manière
conforme aux canons.
13. Les évêques, les abbés et les abbesses ne doivent prendre
que des hommes justes et versésdans la jurisprudence, pour en
faire les advocatiy les vicedomini et centenarii de leurs églises
et de leurs couvents.
Les évêques, abbés, abbesses et comtes doivent s'appli-
14.
quer à vivre en paix entre eux et à soutenir les pauvres et les
veuves.
15. Les abbés et les moines sont sous la dépendance de l'é-
vêque.
16-18. Prescriptions au sujet des couvents.
19. Les clercs ne doivent avoir ni chiens de chasse ni fau-
cons, etc.
On doit observer très-exactement
20. la clôture dans les cou-
vents de femmes
21. Les clercs qui sont au service d'un comte restent sous la
dépendance de l'évêque.
22. Prescription pour les chanoines, condamnations des5<2r«-
baïtes^ c'est-à-dire des canonici vagabundi.
23 Les prêtres doivent exercer une surveillance active sur les
clercs qui demeurent avec eux.
24. Défense au sujet des subintroductœ.
25. Devoirs des comités et des centenarii.
26. Les juges doivent rendre des jugements équitables.
27. Toute personne, soit pauvre soit riche, doit exercer l'hos-
pitalité à l'égard des étrangers.
Ace synode du mois de mars 802, ou, d'après Binterim (S. 314),
à l'assemblée tenue en avril 802, appartiennent probablement
aussi les capitula missis dominicis data, qui déterminent les
points sur lesquels doit porter l'enquête des missi dominici. On
y a joint deux formules de prestation du serment On se de- ^.
mande si, dans ce même synode, ont été décrétés les capitula de
purgatione sacerdotum (touchant la manière dont peuvent se
disculper les prêtres qui sont sous le coup d'une accusation) ^.
S. 230), de même
que les homélies pour les dimanches et jours
de fête elles seront pour eux des modèles de prédication. Les
;
(1) Pertz, 1. c. p. 105 sqq. —Binterim, Deutsche Condlie7i, Bd. II, S. 313
-a. 446 ff.
168 SYNODES ENTRE 803 ET 809.
§410.
l'empire.
5. On ne doit point porter des armes dans l'intérieur du
pays.
6. Désignation des villes jusqu'où les marchands peuvent aller
pire entre ses trois fils, dans le cas de sa mort ^ On y trouve cette
phrase tout à fait digne de remarque, pour ce qui concerne le
droit de succession au trône de France « Dans le cas où l'un
:
§ 411.
p. 729.
(3) Théophan. 1. c.p. 752. — Pagi, ad ann. 806, 3j 808, 1 sqq. u. 809, 1. —
Dalham, Concil. Salisb. p. 43.
172 DISCUSSION SUR LE FILIOQUE. SYNODE d'aIX-LA-CHAPELLE EN 809.
(1) Binterim, Deutsche Concilien, Bd. II, S. 325. — Alcuini 0pp. ed.MiGNE,
t. II, p. 63.
(2) EiNHARDi Annales, dans Pertz, Motium. 1. 1, p. 194, et Migne, Patrol.
t. G IV, p. 468.
(3) « Haroun plaça, dans une certaine mesure, la -ville de Jérusalem sous la
suzeraineté de Charles, qu'il reconnut pour lui et pour les chrétiens de cette
ville; il se donna lui-même comme le représentant de Charles, pour défendre
la ville contre tout ennemi. Il ne faut pas se dissimuler qu'il y avait en tout
cela plutôt des paroles qu'une concession sérieuse. » Damrerger, Synchr.
Gesch. Bd. III, S. 29.
DISCUSSION SUR LE FILIOQUE. SYNODE d'aIX-LA-CHAPELLE EN 809. 173
les moines francs s'adressèrent au pape Léon III, dans une lettre
que nous possédons encore [Epistola peregrinorum monacho-
rum) ils lui racontèrent toute la suite de cette affaire, l'assurèrent
;
(1) Nous tenons ces détails de la lettre des moines au pape Léon.
174 DISCUSSION SUR LE FILIOQUE. SYNODE d'aIX-LA-CHAPELLE EN 809.
(1) BiNTERiM (a. a. 0. S. 341) remarque avec raison que c'est peut-être ce
20^ et dernier canon qui aura fait dire à Eginhard que la question de statu
ecclesiœ n'avait pas été tranchée.
SYNODE ROMAIN TENU EN 810 AU SUJET DU FILIOQUE. 177
§ 412.
En 811, après avoir fait la paix avec Hemming, roi des Danois,
Gharlemagne tint une diète synodale à Aix-la-Chapelle, à la suite
de laquelle il publia le capitulare duplex Aquisg?'a?iense^ qui
prouve tout à la fois et le zèle de l'empereur pour les intérêts de
l'Eglise, et les abus qui régnaient alors dans le clergé.
(1) Pertz, Legum t. I, p. 166 sqq. — Mansi, t. XIV, Appdx. p. 328 sqq.
180 LES CINQ SYNODES EÉPORMATËURS d'aRLES, DE REIMS,
§ ^i^-
(1) Mansi, t. XIV, p. 55 sqq. — Hard. t. IV, p. 1002 sqq. — Natal. Alex.
Hist. ecdes. sec. IXetX, c. 4, art. 6, p. 199, éd. Venet. 1778.
162 LES CINQ SYNODES RÉFORMATEURS DARLES, DE REIMS,
le temps de pénitence qui doit leur être assigné. 17. Les évê-
ques elles abbés ne doivent pas souffrir que l'on fasse devant eux
des plaisanteries déplacées ; ils auront à leurs tables des pauvres,,
et en outre ils feront lire la sainte Ecriture pendant leurs repas.
18. Les serviteurs de Dieu ne doivent pas nimis incumbere aux
banquets et aux réunions où l'on boit. 19. Lesévéques et le&
juges doivent user de prudence, en rendant la justice. 20. Les-
prêtres ne doivent pas passer d'un ??2z?2on^i/M/o«c?m«/ore»i (d'un&
église moindre à une plus grande Tout simoniaque doit
église). 21 .
des subintroductœ. 23. Dans leur genre de vie, les abbés se con-
formeront à la volonté de Dieu et à celle de l'empereur. 24. Les
prieurs elles vice-domini doivent être institués d'après les règles
Gfc les canons. 25. Les moines et les chanoines doivent se con-
sulter entre eux, pour savoir par quel moyen ils serviront le
mieux le Seigneur; ils ne devront, en particulier, errer de droite
ou de gauche sous aucun prétexte. 26. Ils n'iront dans aucune
hôtellerie. 27. Dans aucune ville, et dans aucun couvent, il rie
doit y avoir plus de clercs ou de moines qu'on ne peut en entre-
tenir.» 28. La cupidiié ne doit se montrer nulle part. 29. Les
32. Les clercs ne doivent pas pratiquer l'usure, etc.. 33. On doit
fournir aux couvenls de femmes ce qui leur est nécessaire pour
vivre, et y faire en même temps
observer la discipline et la chas-
teté. 34. Une veuve ne doit pas vivre dans
la luxure; elle sera
(1) Mansi, t. XIV, p. 75 sqq. — Hard. t. IV, p. 1018 sgq. — Natal. Alex.
1. c. p. 201.
184 LÏÏS CI\Q SYNODES REFORMATEURS d'aRLES, DE REIMS,
<
6. L'Église doit prêter son appui aux orphelins qui ont été
dépouillés de leur héritage, et qui veulent le recouvrer. 7. Aucun
évêque, abbé, comte, juge, ne âoit acheter la propriété d'un
etc.,
pauvre ou d'un homme d'une condition humble, et il ne doit pas
non plus s'en emparer. Ce n'est que dans le publico placito et
devant des témoins qu'il pourra faire des achats. 8. C'est aux
évêques à administrer, à gouverner et à défendre, conformément
aux canons, les res ecclesiasiicas; les laïques [advocati, etc.) qui
se trouvent à leur service, doivent leur obéir, et défendre les
églises, les veuves et les orphelins. Les évêques doivent s'en-
tendre avec les comtes et les juges pour pratiquer la justice.
9. Sur le genre de vie des chanoines. 10, Ceux qui ont renoncé
au monde doivent aussi renoncer aux plaisirs du monde, au
théâtre, aux banquets, aux affaires séculières, et consacrer leur
temps à de saintes lectures, à la psalmodie, etc. 11. Les abbés ne
doivent, en aucune manière, vivre en commun avec leurs moines.
12. Les moines ne doivent pas paraître dans les tribunaux civils
[placitis] pas plus que l'abbé, sans l'assentiment de l'évêque.
monde. 17. Les clercs ne doivent pas porter d'armes. 18. La foi
doit être accompagnée d'une vie vertueuse. 19. Dans les couvents
DE MAYENCE, DE TOURS ET DE CHALON, EN 813. 185
doit ensuite regagner son éghse. 27. Le chrême doit être fermé,
et on ne doit pas en donner comme médecine. 28. Le prêtre doit
(i)' Les autres devaient aussi les apprendre en latin, Voy. la lettre pasto-
rale de Haito, évêque de Bàle : Ab omnibus discatur tain latine quam barbarice.
Bfnterim, a. a. 0. S. 468, u. 472, et Mansi, t. XIV, p. 393. — Hard. t. IV,
p. 1241.
DE MAYENCE, DE TOUES ET DE CHALON, EN 813. j 87
18. Les parrains, ainsi que les plus proches parents, doivent
élever dans la religion catholiques leurs filiolos spirituales. Yoy.
c. 47 de Mayence, c. 19 d'Arles.
19. Les églises existant depuis longtemps ne doivent pas être
DE MAYENCE, DE TOURS ET DE CHALON, EN 813. 191
Mayence, c. 22 d'Arles.
22. Les comtes, les vicaires, et les comtes centurions ne doi-
vent pas abuser de telle ou telle situation pour acheter les biens
des pauvres, ou pour s'en emparer; mais s'ils veulent faire une
acquisition de ce genre, ne pourront le faire que dans un pla-
ils
(1) De ces quatre numéros, Mansi et d'autres n'ont ajouté que les deux
premiers aux 26 autres ^de là 28), parce que les n"^ 3 et 4 étaient identiques
aux n°^ 4 et 5 de la série. '
LIVRE VINGT ET UNIÈME
415.
(ï) Mansi, t. XIV, p. 115. — Hard. t. IV, p. 1046. Les principales sources
originales à consulter pour cette renaissance de l'hérésie des iconoclastes
sont 1) le continuateur anonyme de Théophane, placé dans la collection des
:
1. c. p. 1047 sqq.
sous LÉON l'arménien. 195
lui représenta qu'il était trop jeune, et en outre qu'il n'était pas
de race noble, et Léon se décida à nommer Théodotus Gassitera,
gendre de l'ancien empereur Constantin Copronyme. C'était un
fonctionnaire de l'État et un homme marié, qui reçut en toute
hâte la tonsure et fut ordonné pour la Pâque de 815. Vers la
même époque, c'est-à-dire le jour des Rameaux 815, Théodore
Studita fit une procession solennelle autour de son couvent, dans
laquelle on porta les images, et on chanta des cantiques en leur
honneur. Théodore évita aussi d'entrer en communion avec le
nouveau patriarche, et il engagea même les autres moines à n.e
pas aller dans sa maison *
de choses. —
Avec Tiiéodore, beaucoup de ses amis et de ses
disciples furent poursuivis maltraités et emprisonnés et lui-
, ,
tous les autres amis des images ne furent pas si courageux que
lui; beaucoup jugèrent prudent de se taire, d'autres passèrent
même dans le camp des adversaires pour se délivrer par là de la
prison et de l'exil. Parmi ceux qui restèrent inébranlables jusqu à
la fin, il faut aussi citer le chronographe Théophane, que nous
avons si souvent nommé, et qui, à l'époque où nous sommes
arrivés, était déjà courbé par l'âge et affaibli par de cruelles souf-
frances. Néanmoins l'empereur ne put pas ébranler sa fermeté;
ce fut en vain qu'il lui fit les plus belles promesses, il fut réduit à
l'envoyer en prison ^ ..
§ 416.
nonici, c. 28, Distinct. 63; mais Baronius [ad ann. 816, 101),
Noël Alexandre [Hisl. eccles. t. VI, p. 138) et d'autres historiens
la regardent comme
apocryphe, tandis que Pagi [ad ann. 816,
19, et 897, 4 sqq.) la rejette pas complètement, mais pense
ne
qu'elle a été publiée quatre-vingts ans plus tard par le pape
Etienne VI (VII). En revanche, Muratori a prouvé, dans sa note
sur supplément du concile romain de 863, que ce concile en
le
§ 417.
vantage des clercs moins savants, une collection des règles sur
la Vita canonica qui se trouvaient dans les anciens canons et
dans les écrits des Pères. Les évêqaes déclarèrent qu'ils accep-
taient de tout cœur cette exhortation, quoique la plupart d'entre
eux menassent avec leurs subordonnés un genre de vie tout à fait
conforme aux canons; ils l'acceptaient d'autant mieux que l'em-
pereur leur avait donné des livres nécessaires pour une pareille
collection (ces livres avaient été pris dans la "bibliothèque de
Gharlemagne à Aix-la-Chapelle). —
On composa en effet, dans
un temps assez court, deux collections de ce genre, une pour le
clergé, l'autre pour les religieuses elles furent approuvées par
;
demandent de
114. Les préceptes de la sainte Écriture, qui
mener une vie austère, ne s'appliquent pas seulement aux moines
et aux clercs, ainsi que le supposent beaucoup de personnes,
mais bien à tous les chrétiens
115. Les chanoines peuvent porter du lin, manger de la viande,
et avoir des propriétés à eux, toutes choses qui sont défendues
aux moines mais les uns comm.eles autres doivent être pleins de
;
livres de vin et trois livres de bière s'il n'y a pas de vin, il recevra
;
une livre de vin et cinq livres de bière. Dans les endroits pauvres,
on diminuera proportionnellement cette quantité dans les plus ;
pauvres, il aura deux livres de vin, ou trois livres de bière et, s'il
est possible,uns livre de vin. Dans ces pays les prélats auront soin
de faire venir du vin d'autres contrées. Les jours de fête, on fera
des améliorations pour la nourriture et pour la boisson. Si, dans
un temps de famine, lesprœlati ne peuvent pas donner ce qui est
EN 816 ET 817. 205
§ 418.
thèse hardie avait autrefois une certaine raison d'être^ parce que
l'on ne possédait qu'une forme altérée et interpolée de la règle
de Ghrodegang, laquelle contenait incontestablement beaucoup
d'additions faites plus tard, et, en particulier, des emprunts
faits aux statuts d'Aix-la-Chapelle. Mais le P. Labbe a donné
un autre texte, copié sur un manuscrit de la bibliothèque du
Vatican dans le fond venu de Heidelberg ce texte est plus court ;
tout fait voir qu'il contient la règle destinée, dans l'origine, à l'É-
glise de Metz in specie. Ainsi c'est ce que laissent voir les ea^
nous 4, 5, 24, dans lesquels il est question de la cathédrale de
Saint-Etienne, et d'autres églises de Metz, de même que le c. 20,
à la fin duquel Angilram, successeur de Ghrodegang, trouva bon
de faire une addition. Ce nouveau texte que Mansi (t. XIV, p, 314)
et Hardouin (t. IV, p. 1181) ont accepté, résout la plupart des
objections faites contre l'existence de cette règle de Ghrodegang;
aussi, si nous joignons à ce nouveau document les affirmations
très-précises des anciens auteurs, en particulier celle de Paul
Diacre ^ on ne peut nier que dans la seconde moitié du viu^ siècle
Ghrodegang a relevé à Metz la vita canonica, et qu'il a fait une
règle dans cette intention. Plusieurs synodes et capitulaires du
temps de Pépin et de Charte magne font mention d'une règle de ce
genre sur la vie canoniale; nous citerons en particulier le conci-
lium Vernense de 755, lecapitulaire de 789 et les synodes d'Arles,^
de Mayence et de Tours de l'année 813. On a pensé que les —
statuts d'Aix-la-Chapelle n'avaient pas mentionné la règle de
•
Ghrodegang, parce qu'elle ne s'était pas répandue hors de la
ville de Metz, et qu'elle était bientôt tombée en désuétude ^ ;
mais cette opinion n'est rien moins que fondée, car les évêques
présents à Aix-la-Chapelle disent, dans le prologue de leurs sta-
tuts, que la plupart d'entre eux vivaient selon l'ordre canonique,
ainsi que ceux qui leur étaient soumis, et que, in plerisque locis,
idem ordo plenissime servaiur. On s'explique jusqu'à un certain
point le silence gardé sur la règle de Ghrodegang par les sta-
tuts d'Aix-la-Chapelle, si l'on réfléchit que Louis le Débon-
naire se proposait tout autre chose que de faire une simple
(1) Dans Dachery, Spicileq. sive collect. veterum aliquot script, t. I, p^ 565.
— Mansi, t. XIV, p. 332 sqq! — Hard. t. IV, p. 1198 sqq.
(2) Dans iMansi, L c. p. 313.
(3) Voy. BiisTERiJi, Denkwûrd. Bd. III, S. 322.
212 LES STATUTS d'aIX-LA-CHAPELLE
La Règle de Chrodegang *
1. Exhortations à l'humilité.
2.Les chanoines doivent prendre place d'après l'époque de
leur ordination, à l'exception de ceux que l'évêque aura voulu
honorer d'une manière particulière, ou bien de ceux qu'il aura
dégradés. Aucun ne doit appeler son collègue simplement par
son nom, mais toujours en y ajoutant le titre de la dignité dont
il est revêtu. Lorsque plusieurs se rencontrent, le plus jeune doit
avec lui une partie des m-ets ou de quoi boire,on ne devra pas
non plus entrer dans le réfectoire à un autre moment que celui
des repas, et demander à boire ou à manger au cellarius. Aucun
laïque ou aucun manger ou boire dans le
clerc étranger ne doit
réfectoire, sans la permission du supérieur.
S^-SS. Prescriptions sur la quantité des mets et des boissons.
Lorsqu'il y a deux repas en an jour, le premier aura lieu ad
sextam, et le second le soir ad cœnam. A sexte, le prêtre et le
diacre recevront trois calices (de vin), et pour la cœna deux ca-
lices les autres en auront un peu moins. S'il n'y a qu'un seul
;
de la règle de Chrodegang).
30. Des fêtes, et des repas qui ont lieu pendant les fêtes. Les
ET LA RÈGLE DE CHRODEGANG. 217
§ 419..
(1) Mansi (t. XIV, p. 347) a supposé qu'une partie de ces quatre-vingts
capitula appartenait à un ancien synode tenu sous Ghai'lemagne, et que
cette ancienne partie coïncidait avec les règlements donnés au couvent de
Murbach par S.Simpert, évêque d'Augsbourg.
(2) BiNTERiM au sujet de ces abbés et de ces moines convoqués par
dit,
Tempereur {Deutsche Concilien, Bd. II, S. 359) « L'homme le plus influent
:
de cette réunion paraît avoir été Benoît d'Âniane, que l'empereur chargea,
avec quelques autres personnes, de visiter tous les couvent?, pour y intro-
duire la nouvelle règle. (Pagi, ad ann. 817, 6.) Au lieu de Benoît d'Aniane,
d'autres nomment Benoît abbé de Gorneliusmûnster, près d'Aix-la-Chapelle ;
c'est, en particulier, l'opinion de Damberger, Synchron. Gesch. Bd.III, S. 100,
et iTnizMe/'/;, S. 31. Ce que rapporte WalafridStrabo prouve que S. Benoît
d'Aniane a été le principal auteur de la réforme des moines; Strabo dit
qu'en 818 Hatto, abbé de Reichenau, où Walafrid avait été autrefois élève,
avait envoyé à Aniane deux des moines les plus distingués de son couvent,
Grimoald etTatto, afin d'y étudier les institutions qui y étaient en vigueur,
et après leur retour, en 819, on avait fait des réformes semblables a Rei-
chenau. (Katholik, 1857, Oktob. 2.)
AUTRES DÉCISIONS DU SYNODE d'aIX-LA-CFIAPELLE DE 817. 219
14. Les moines qui ont commis une faute seront fouettés à nu, en
présence de leurs frères. 15. Aucun ne doit sortir seul. 16. Aucun
ne doit servir de parrain, et nul ne doit embrasser une femme.
20-22. Leurs habits ne doivent être ni trop pauvres ni trop re-
cherchés, mais d'une qualité moyenne; la cuculla aura deux
aunes de long S* chaque moine doit avoir deux camisiœ (che-
mises), deux tuniques, deux cuculles et deux capj^as, ou si cela
est nécessaire, une troisième. En outre, il aura qndXve pedules paria
(caleçons ou bas) et deux femoralia paria [cuIoUq^), roccum unum
(un rochet), pellicias (pelisse) usque ad talos duas, fasciolas duas
(jarretières), et, pour les voyageurs, deux autres paires, des
gants pour l'été, appelés wantos, deux paires de souliers, deux
paires de subtalares (pantoufles) pour les nuits d'été, et, en hiver,
des saccos (sabots). En outre, ils recevront du savon et des on-
guents, ainsi que de la graisse pour manger (cf. c. 77), et aussi
une hemina de vin, ou le double de bière (on ne sait plus quelle
est la valeur de V hemina; voy. Du Gange s. h, v.). 23. Durant le
carême, les frères doivent se laver les pieds les uns aux autres, et,
le jour de la Cœna Dommi, Pabbé lavera et baisera les pieds de
ses moines. 31. La première place, après celle de l'abbé, revient
au prieur, qui devra toujours être un moine. 34. On fera un an
de noviciat. 36. Lorsque des parents veulent offrir leur enfant à
un couvent, ils doivent le présenter à l'autel pendant l'offertoire,
et ils feront leur demande (pour l'admission de l'enfant) par-
devant des témoins laïques. Si l'enfant a l'âge déraison, il confir-
mera demande. 40. On aura, pour ceux qui doivent être
cette
sévèrement punis, un bâtiment spécial, qui pourra être chauffé
en hiver, et qui aura une cour où ils feront les travaux qui leur
sont assignés. 42. Aucun clerc séculier ne devra demeurer dans
un couvent. 45. Il n'y aura dans
le couvent qu'une seule école,
pour les oblati. — canon qui a donné lieu à l'institution
C'est ce
générale des scholœ externœ. Quelques couvents avaient eu, an-
térieurement déjà, deux écoles, une externaei utiq interna. Ainsi,
en 815, Walafrid Strabo entra dans l'école des externes de Rei-
chenau, et elle comptait alors quatre cents élèves, tandis que la
classe d'internes en comptait cent ^. 47. Le vendredi saint, on
elles ont été réunies par Pertz, 1. c. p. 210, 214 et 216. Les der-
nières se rapportent aux devoirs des missi.
Dans ce même synode d'Aix-la-Chapelle, on partagea en trois
classes, au point de vue de leurs revenus, les couvents de l'em-
pire : ceux qui, dans une campagne de l'empereur, pouvaient
l'aider de leur argent et de leurs soldats puis ceux qui ne pou-
;
vaient lui procurer que des secours en argent, et enfin ceux qui
ne pouvaient l'aider que de leurs prières. Les quatorze couvents
de la première classe sont Saint-Benoît à Fleury, Ferrière,
:
Wessobrunn ^.
§ 420.
A DIEDENHOFEN, EN 818-821.
pendant six années entières, et payera 600 solidi, une triple com-
position etc.
d'un prêtre, le coupable fera douze carêmes (et si
3. S'il s'agit
le prêtre meurt, douze ans de pénitence), il payera 600 solidi,
une com,positio triple, et les bannos episcopales \ si le prêtre
meurt, tout sera payé triple, et on donnera 900 solidi.
4. Si on maltraite un évêque, on fera pénitence pendant dix
ans, et on payera trois fois plus que pour le prêtre qui ne meurt
226 SYNODE d'attigny en 822.
§ 421.
(1) DAjrBERGER (Bd. III, S. Î27) croit que le bamius dont il est ici question
est le bannus ecclésiastique ; mais il se trompe, car l'empereur dit in nostro :
banno.
(2) Mansi, t. XIV, p. 390. — Hard.
IV, p. 1238.
t. —
Harzheim, 1. c. p. 23.
— BiNTERiji, Deutsche Concilien, Bd. S. 362.II, —
Pertz n'a publié le capi-
tulaire de Diedenhofen que dans la deuxième division de la deuxième partie
des Leges {Monum.t. IV, p. 5), et il doute qu'il soit authentique Ebbo de :
Beims n'est devenu ai'chevêque qu'après le 5 juin 822;d'un autre côté, Haistulf
deMayence est mort en 825, et entre 822 et 825 il n'y a certainement eu aucun
synode à Diedenhofen. D'après Mansi (1. c. p. 394), fes décisions de Diedenho-
fen auraient été portées sous le règne de Gharlemagne et seraient de l'an-
née 813. Voy. par contre Binterim, a. a. 0. S. 354, et Pertz, 1. c.
(3) Pjertz, Leg. 1. 1, p. 228, 229.
SYi\ODE d'attigny EN 822. 227
semblables aux demi-frères du roi d'Italie, à Drogo, Théodoric et
Hugo, fils naturels de Gharlemagne, ainsi qu'à d'autres parents.
On leur rasa également les cheveux pour qu'ils se fissent moines.
— Maintenant, dans cette diète d'Attigny, tenue au mois
d'août 822, l'empereur revêtu d'un habit de pénitence reconnut,
en présence des prélats et des grands de son empire, qu'il avait
péché; il se réconcilia avec ses demi-frères, donna à Drogo l'é-
vient pas de l'empereur, mais bien des évêques ayant fait partie
du synode d'Attigny, lesquels, sous l'impression des exhortations
de l'empereur, avaient voulu, eux aussi, travailler à l'œuvre de
la réforme, et avaient fait connaître leurs décisions dans les six
numéros suivants ; c'est pour cela que ces numéros sont rédigés
souslaforme d'un discours à l'empereur. « 1. Éclairés par l'inspi-
ration divine, et par votre zèle si pieux (celui de l'empereur),
excités par votre exemple salutaire (la confession que l'empereur
venait de faire), nous reconnaissons que, nous aussi, nous avons
été coupables de bien des manières, soit au sujet de notre genre
de vie, soit au sujet de l'enseignement que nous devons donner
et de notre ministère (lisez ministerio). Mais, fortifiés grâce à
votre bonté, et ayant la liberté et la compétence nécessaires,
nous voulons être à l'avenir plus vigilants. 2. Gomme le salut
du peuple dépend surtout de l'enseignement qu'il reçoit, on doit
avoir soin qu'il y ait partout des clercs savants. 3. Nous voulons
apporter tout notre soin à améliorer les écoles, H faut que qui-
§ 422.
—
(1) Mansi, 1. c. p. 410. — Pagi,
Baron, ad ann. 823, 1-3. ibid.' — Bower,
Gesch. der Papste. Bd. V, S. 523 ff.— Damberger, Bd. III, S. 129.
230 SYNODES A LONDEES, A CLOVESHOE , A OSLAVESHLEN ^
§ 423.
que, pendant six ans, le peuple entier des Anglais fut privé sacri
baptismatis ministerio \ Au bout de quelque temps, c'est-à-dire
en 816, le roi convoqua une grande assemblée dans la villa
royale de Londres et menaça l'archevêque d'un exil éternel,
s'il ne lui donnait son bien de Yongesham, qui comprenait trois
(1) C'est là ce que rapportent les actes. Mansi, 1. c. p. 401. Serait-ce donc
que l'archevêque était seul à baptiser, ou bien a-t-il, parce qu'il était persé-
cuté, fait publier un interdit général?
(2) Mansi, XiV, p. 401 et 489.
t. —
Habd. t. IV, p. 1245.
(3) Mansi et Hakd. 11. ce, —
Lingard, Ilist. d'Angl. t. I, p. 155 sga.
ET A AIX-LA-CHAPELLE ENTRE 816 ET 825. 231
§ 424.
envoyés en exil, de rentrer libres dans leur pays. C'est ainsi que
Théodore Studita revint à Constantinople, après avoir quitté sa
prison de Smyrne, et ayant été présenté à Tempereur, il lui
adressa un panégyrique, de même qu'une apologie pour les
images, dans l'espoir que l'empereur Michel opérerait une res-
tauration semblable à celle d'Irène. C'était une illusion. L'em-
pereur renvoya Théodore, en assurant qu'il serait personnelle-
ment à l'abri de tout danger, mais en ajoutant aussi qu'il n'y
aurait aucune modification dans les affaires de la religion, c'est-
à-dire que le culte des images ne serait pas rétabli. L'empereur
Michel fît aussi la même déclaration au sénat, et la tentative de
l'ancien patriarche Nicéphore pour appeler l'empereur à de
meilleurs sentiuients ne produisit aucun résultat. Quelque temps
après, c'est-à-dire en 821, l'empereur chercha, dans un synode;
un pied
à faire mettre sur d'égalité les amis et les ennemis des
images. Conformément à ses ordres, les évêques orthodoxes et
les supérieurs des couvents délibérèrent ensemble, et, à la suite
de cette réunion, on remit à l'empereur une déclaration portant
en substance qu'il leur était impossible d'assister à un synode
auquel assisteraient également les hérétiques. Du reste, s'il
restait encore un point qui, dans la pensée de l'empereur, n'eût
baisée. Ils ont agi de cette manière pour que ces images ne
fussent pas adorées par les ignorants et par les faibles, et pour
qu'on ne pût allumer devant elles ni lampes ni encens. Nous
partageons nous-même ce sentiment, et nous chassons de l'E-
glise tous ceux qui se font les partisans de ces nouveautés. C'est
pour cela que quelques-uns, ne voulant pas admettre le conci-
lium locale, et, refusant d'entrer dans le chemin de la vérité, se
sont enfuis d'ici, et sont allés dans la vieille Rome, pour y
injurier l'Église et la religion. Quant à nous, oubliant leurs dis-
cours impies, nous aimons mieux faire connaître notre foi or-
thodoxe, car nous professons, non-seulement de bouche, mais
aussi de cœur, et d'une manière inébranlable, le symbole des six
synodes saints et généraux. Nous vénérons la Trinité..., nous
implorons l'intercession de notre maîtresse immaculée, la Mère
de Dieu, et toujours vierge Marie, ainsi que celle de tous les
saints nous vénérons avec foi [cum fîde veneramur) les véné-
;
425.
(1) Cette dernière apporta, entre autres présents, les écrits de Denys l'A-
réopagite. Voy. Pagi, ad an?!. 827, 14.
(2) Mansi, t. XY, Appdx. p. 437. —Baluz. Capitularia regum Franc, t. I,
p. 643. Il est aussi question de tous ces incidents dans d'autres documents
de cette époque. Voy. par exemple Mansi, t. XIV,p. 413 et 463. Vgl. "Walch,
Ketzerhist. Bd. XI. S. 105. 108, 112.
(3) Mansi, t. XIV, p. 463. Le pape dut permettre bien plus facilement aux
évêques francs de rédiger des travaux préparatoires, pour les lui remettre,
plutôt que de se réun'r en synode, pour porter un jugement.
CONTRE LES IMAGES. 237
pris un moyen terme entre les ennemis des images et ceux qui
exagéraient d'une manière superstitieuse le culte qu'on voulait
leur rendre ; ils avaient voulu apporter une médecine salutaire
à ces deux partis qui étaient également malades. Mais, comme
l'erreur avait été défendue là même où elle eût dû être condamnée
Rome), Dieu avait indiqué aux empereurs an autre
(c'est-à-dire à
chemin à suivre, en leur inspirant de demander au pape la per-
mission de faire avec les leurs une enquête sur la véritable ma-
nière de juger cette affaire, et d'exposer ensuite le résultat de
cette enquête, afin que toute autorité dût nolens volens s'in-
cliner devant la vérité. La prudence demandait du reste que,
dans les déclarations envoyées par l'empereur, on insérât tous
les blâmes de rigueur contre les amis et les ennemis des images;
on devait le faire, en particulier, dans la lettre aux Grecs mais ;
(1) Nous savons cependant que, d'après une ancienne coutume, on allu-
mait en Gaule des lampes dev9.nt les images. Ainsi Fortunat dit, dans une
pièce de vers sur S. Martin :
Satan avait poussé dans des opinions extrêmes aussi bien les
iconoclastes que l'impératrice Irène. La suite manque K
Ce fuL le 6 décembre 825 que Halitgar et Amalarius remirent
à l'empereur les documents rédigés par l'assemblée de Paris, et
Louis s'en montra satisfait il ne voulut cependant pas les en-
;
(1) Mansi,
c. p. 463-474. Voy. par contre Bellarmin, 1. c. p. 478.
1.
cela ne voulait pas dire du tout que ce dernier point fût néces-
saire, et que les ambassadeurs du pape n'eussent pas assez de ta-
lent pour remplir seuls cette mission ^ » .
On ne sait si pape entra dans les idées des Francs, et si, con-
le
le vol, sur les mauvais traitements infligés au clergé, sur les ora-
toires, etc., et b) un second capitulaire remettant en vigueur quel-
ques anciennes ordonnances. Le dernier de ces deux capitulaires
(Pertz, Leg. t. I, p. 253) est le seul authentique, tandis que le
premier (dans Mansi, t. XV, Appdx. p. 440; Harzheim, t. II,
p. 36) n'est autre que la réunion des numéros 97-103, et n° 383
p. II, p. Il- 17; en outre dans Mansi, t. XIV, p. 999 sqq. — Hard. t. V,
p. 62 sqq. Vgl. Pa-jI, ad ann. 826, 1.
244 SYNODES A INGELHEIM, A ROME ET A MANTOUE,
(2) Le de « patriarche » ne fut pris que plus tard par les évêques
titre
d'Aquilée, et lorsque la séparation d'Aquilée et de Grado fut un fait accom-
pli. Voy. t. III de \:Em. des Conciles, § 283.
SYNODES RÉFORMATEURS FRANCS TENUS EN 828 ET 629, ETC. 247
§ 427.
drez, j'en suis persuadé, que, sur le conseil des évêqueset d'autres
fidèles, nous avons demandé pour cette année la prescription
d'un jeûne général, afin que Dieu nous soit favorable et nous fasse
connaître en quoi nous l'avons plus particulièrement offensé, et
afin que par là il nous accorde des jours tranquilles pour que nous
puissions nous amender. Notre désir était de réunir au moment
opportun un placitum générale, et d'y traiter les conditions d'une
réforme universelle mais, comme vous le savez, les invasions
;
(1) Elles sont à la suite l'une de l'autre dans Pertz, Leg. t. l, p. 329, et en
outre elles se trouvent, la plus courte dans Mansi, t. XV, Appdx. p. 441. —
Hard. t. IV, p. 1280. —
Harzheim, t. II, p. 44 et la plus longue dans Mansi,
t. XIV, p. 529 et t. XV, Appd. p. 4U. — ;
Hard. 1. c. p. 1289. —
Harzheim,
1. c. p. 52. — Damberger (Bd. 111, S. 152) semble vouloir placer cette lettre
dans le mois de janvier 829 mais les mots du commencement
;
en cette
><
« Nous avons résolu en outre d'envoyer des missi dans tout l'em-
pire, qui amélioreront autant qu'il est en eux tout ce qui laissera
à désirer, et s'ils ne peuvent parvenir eux-mêmes à faire
les améliorations nécessaires, ils porteront les abus à notre
connaissance. Yous tous, vous devez leur obéir et les soutenir.
De plus, nous tiendrons toutes les semaines dans notre palais, à
un jour déterminé, une audience publique pour apprendre par
tel ou tel cornes quel est le zèle des missi et comment le peuple
leur obéit. Afin que tout ait une heureuse fin, nous prescrivons
également qu'il y aura un jeune général de trois jours à partir du
lundi après l'octave de la Pentecôte. Comme les ennemis mena-
cent l'empire de tous côtés, tous les hommes tenus au service
militaire devront préparer leurs chevaux, leurs armes, leurs
habits, leurs chars et leurs vivres pour pouvoir répondre immé-
diatement à notre appel et se rendre là où sera le danger.
Le jeûne que l'empereur prescrit ici une fois de plus, s'accorde
très-bien avec le temps où, ainsi que nous le verrons, ont été
célébrés les synodes également indiqués par l'empereur.
Quoique plus longue, la seconde lettre donne cependant moins
de renseignements que la première. Après avoir fait aussi con-
naître que l'on devait célébrer les synodes, la missive impériale
se contente uniquement de développer cette pensée, à savoir
que les malheurs des années précédentes étaient une juste puni-
tion de Dieu, et que, pour ce motif, l'empereur désirait apaiser le
Seigneur et lui donner satisfaction pour toutes les fautes et né-
gligences commises. « Dans cette intention, disait l'empereur,
nous décidons et nous concluons, sur le conseil des évêques et
des autres fidèles, que Ton tiendra des synodes dans quatre
villes de notre empire. A Mayence se réuniront les archevêques
Autgar (Otgar) de Mayence, Hadabald de Cologne,- Héthi de
Trêves et Bernuin de Besançon, avec leurs sufFragants à Paris,
;
d) Les prêtres, qui sont les médiateurs entre Dieu et les hommes,
doivent être plus honorés qu'ils ne le sont ; on ne les emploiera
pas pour divers états, car il résulte de là que des enfants meu-
rent sans être baptisés et des adultes sans s'être confessés.
e)L'empereur doit faire exécuter son ancien décret portant que les
églises sont affranchies de tout census. f) Lorsque ceux qui ont
commis des fautes capitales ne veulent pas se soumettre à la pé-
nitence publique, les comtes devront dans ce cas prêter secours
aux évêques. g) Dans toutes les provinces on aura des mesures
ment trop loin lorsqu'il prétend que les évêques n'en avaient
pas voulu, et que, pour gagner du temps et faire traîner l'affaire
en longueur, ils avaient conseillé la réunion d'un synode. A mon
avis, un pareil conseil était au contraire le meilleur moyen de
faire aboutir cette réforme.
§ 428.
Le chrétien
1 . manière
doit avoir la vraie foi et vivre d'une
conforme à cette Enumération des principaux points de la
foi.
foi et des principales vertus. Sans ces vertus, nul ne peut gagner
le ciel, car la foi sans les œuvres est une foi morte. Celui-là doit
être puni d'une manière particulière qui, au lieu de rehausser sa
foi par ses œuvres, la ternit et la souille par diverses fautes. On
compte surtout quatre vices spirituels superbia, invidia, odium :
(1) Lorsque Luden (Gesch. d. teutsch. VolJc. Bd.V,S. 316. Histoire du peuple
allemand) dit « L'empereur ne reçut (de ces quatre synodes) que des con-
:
seils dont il n'avait pas besoin, et on lui demandait à lui seul de s'amender
au sujet des fautes qu'il n'avait pas été seul à commettre, etc., » on voit
qu'il n'est pas dans le vrai. L'empereur demandait, il est vrai, des conseils;
mais les évèques ne se bornèrent pas à émettre des plans de réforme pour
l'empereur, ils en firent pour eux-mêmes et pour tout le clergé, ainsi que
le prouvent'une foule de capitula de l'assemblée de Paris.
236 SYNODE RÉFORMATEUR CÉLÉBRÉ A PARIS AU MOIS DE JUIN 829.
Les prêtres et les diacres doivent y assister, ainsi que tous ceux
qui se tiennent pour lésés et veulent faire examiner leur affaire
par le synode. L'évêque doit aussi y amener des savants qu'il a
formés pour le service du Christ et pour l'honneur de l'Eglise,
afin qu'ils soient également connus des autres églises.
27. Les évêques sont les successeurs des apôtres, les choré-
vêques sont les successeurs des soixante-dix disciples, ainsi
qu'il résulte des actes des apôtres et des canons. C'est donc à tort
que quelques chorévêques donnent la confirmation et accom-
plissent d'autres fonctions réservées aux seuls pontifîces. Il ne
devra plus en être ainsi à l'avenir. Réitération du canon 13 de
Néocésarée, et du canon 10 du synode d'Antioche tenu en 341.
28. Les clercs et les moines ne doivent pas, ainsi que cela
arrive malheureusement, s'occuper d'affaires mondaines et d'ob-
tenir un gain sordide. Citation d'anciens canons sur ce point.
29. Les évêques utilisent quelquefois leurs clercs pour des
affaires ou des missions mondaines, de telle sorte que quelques
églises restent un certain temps sans prêtres et que le bap-
tême... n'est pas administré. 11 ne devra plus en être ainsi à
l'avenir. De même, si, sans ordre de l'évêque, des prêtres quit-
tent leurs églises pour leurs plaisirs ou pour un motif de gain, ils
roisse ces faux petits livres pour les faire brûler; devra égale-
il
l'évêque, bénir le voile des veuves, de peur que celles qui ont été
voilées sans ces précautions ne retournent ensuite dans le
monde.
41. Aucun prêtre ne doit lui-même faire la consécration d'une
-vierge à Dieu.
42. Beaucoup de femmes, agissant surtout par esprit de sim-
plicité, se donnent à elles-mêmes le voile sans l'assentiment du
prêtre, afin de pouvoir devenir veilleuses ou servantes dans les
églises. Les évêques ne doivent plus permettre qu'il en soit
ainsi, et comme nous avons appris que quelques-unes de ces
femmes ainsi voilées étaient devenues pour certains prêtres une
occasion de scandale, on ne doit plus les autoriser à servir dans
les églises.
43. Il que des abbesses ou des re-
est tout à fait inadmissible
ligieuses donnent elles-mêmes le voile à des veuves et à des
jeimes filles. Presque dans tous les couvents on trouve des
personnes qui ont reçu le voile de cette manière elle est même
;
devenue habituelle, parce que l'on croit que les personnes ainsi
voilées peuvent se permettre de pécher beaucoup plus facilement
que les autres. Tl ne devra plus en être ainsi à l'avenir.
44. Il arrive souvent qu'après la mort de leur mari, les
femmes nobles prennent le voile, mais ne vont pas dans un cou-
vent, au contraire restent dans leur maison, y élèvent leurs en-
fants et y administrent leurs biens. Il ne doit plus en être ainsi
à l'avenir. Ces femmes ne doivent pas prendre le voile immé-
diatement après la mort de leur mari; mais, ainsi que l'empe-
reur Louis l'a ordonné, de concert avec les évêques (voyez plus
haut, § 419), elles doivent attendre trente jours, et puis ou bien
ou bien elles iront dans un couvent. Car
elles se remarieront,
nous avons appris que souvent ces jeunes veuves qui portent
dans leur propre maison l'habit des religieuses deviennent la
proie de Satan.
45. Il arrive dans quelques provinces que les femmes s'appro-
chent de l'autel, par exemple, touchent les vases sacrés, four-
nissent aux prêtres les vêtements sacerdotaux et vont même
jusqu'à distribuer aux fidèles le corps et le sang du Seigneur.
SYNODE REFORMATEUR CELEBRE A PARIS AU MOIS DE JUIX 829. 2ol
sinier.
8. Les inférieurs doivent obéir fidèlement au prince et prier
pour lui.
des empereurs, ils avaient indiqué dans les livres précédents les
points sur lesquels devait porter la réforme du clergé et de tout
le peuple, et ils les soumettaient aux empereurs pour qu'ils les
approuvassent. Ils n'avaient pas voulu non plus passer sous si-
lence ce qui se rapportait aux personnes et aux fonctions des em-
pereurs; au contraire, par souci pour le salut de leurs âmes, ils
l'État ont été causés par tous nos péchés, en particulier par la bes-
tialité et la pédérastie. Il est aussi resté plusieurs vestiges du pa-
ganisme; par exemple, la sorcellerie, l'art des devins, l'explica-
tion des songes, les breuvages que l'on donne pour aimer, les
amulettes, etc. Plusieurs font changer le temps par des artifices
diaboliques, font tomber la grêle, empêchent les vaches d'avoir
du En outre, l'ivrognerie, la^gioutonnerie, la haine, etc.,
lait, etc.
Le mariage n'a pas été institué par Dieu pour un motif de volupté,
mais seulement pour donner naissance à des enfants; la virgi-
nité doit être conservée jusqu'au mariage ceux qui sont mariés
;
que vous leur citiez comme un modèle ces paroles que l'empereur
Constantin adressait aux évêques : « Dieu vous a institués prêtres
et vous a donné un pouvoir judiciaire qui s'étend même sur
nous; quant à vous-mêmes, vous ne pouvez être jugés par per-
sonne, mais c'est à Dieu qu'il faut laisser le soin de vous juger. »
9. Yous leur rappellerez aussi ce que dit Prosper pour louer
l'état ecclésiastique.
pauvres.
16. Comme il s'est commis d'épouvantables forfaits dans les
paroisses (évêchés) d'Haligar (de Cambrai) et de Rangart (de
Noyon), veuillez envoyer 'vos missi dans ces pays pour que, en
se concertant avec ces évêques, ils extirpent le mal le plus tôt
possible.
266 SYNODE RÉFORMATEUR CÉLÉBRÉ A PARIS AU MOIS DE JUIN 829.
§ 429.
Ainsi que nous l'avons déjà dit, nous n'avons plus les actes des
ont pensé qu" Agobard avait déféré au synode tenu à Lyon en 829
l'affaire dont il parle dans cette lettre, à savoir, le danger que
l'on courait à cause des juifs, et qu'ilavait écrit cette lettre à Louis
le Débonnaire, du consentement de l'assemblée ^ . La seconde
(1) Paqi {ad ann. 829, 8) et Mansi (dans ses notes sur Baronius) mettent
en doute la valeur de cette date du 6 juin.
(2) Mansi, t. XIV, p. 605 sq.
(3) LuflEN {Gesch. d. teutschen Volkes, Bd. V, S. 316) émet une pure bypo-
268 SYNODES EÉFORMATEURS A MAYENCE,
par les juifs fussent emmenés en Espagne, que des femmes chré-
tiennes en service chez les juifs célébrassent le sabbat avec eux,
travaillassent au contraire le dimanche et mangeassent avec eux
en carême. Aucun chrétien ne devait acheter de la viande aux
juifs ou boire de leur vin, etc. —
Sur les plaintes des juifs, l'em-
pereur envoya trois missi, Gerrik, Frédéric et Evrard; mais ces
envoyés firent preuve d'une telle partialité en faveur des juifs
qu'Agobard se vit dans la nécessité d'envoyer à l'empereur la
première de ces deux lettres. Grâce à la manière dont les missi
avaient traité cette affaire, les juifs, disait l'archevêque, ne gar-
daient plus aucune mesure ; « ils osaient bien poursuivre les chré-
tiens et même lui, l'archevêque ; ils voulaient enseigner aux chré-
tiens ce qu'ils devaient croire (c'est-à-dire ce que permettait la
thèse lorsqu'il affirme que, sur la demande d'Âgobard, les quatre synodes
tenus en 829 s'étaient occupés de l'affaire des Juifs.
A LYON ET A TOULOUSE , Ei\ 829. 269
pagnon de captivité qui, six ans auparavant, avait été volé pa-
reillement par un juif à Arles. De pareils cas se présentaient
souvent, et l'on parlait en outre de plusieurs autres méfaits dont
les juifs s'étaient rendus coupables. »
§ 430.
Après avoir reçu les actes des quatre synodes, l'empereur fit
célébrer, aumois d'août de cette même année 829, un grand
svnode à Worms. Hincmar de Reims l'appelle un synodus etpla-
dtum générale; rapporte qu'un légat du pape y avait assisté, et
il
p. 352.
(2) Mansi, t. XIV, p. 626. — Hard. t. IV, p. 1362.
GRAND SYNODE TENU A WORIMS AU MOIS d'aOUT 829. 271
pereur au sujet de ce qu'il avait à faire de son côté. Elle est prise
intégralement du 3* livre des actes de Paris, numéros 8-21 inclu-
sivement.
5. Dans un autre document les évêques indiquent à l'empereur
qitœ populo annuntianda sunt, et ils placent sous ce titre ce que
(1) Mansi, t. XV, Appdx. p. 447 sqq. — Pertz, Monum. t. III, Leg. 1. 1,
p. 349 sqq.
272 GRAND SYNODE TENU A WORiMS AU MOIS d'aOUT 829.
(1) Pertz n'est pas non plus toujours exact dans ses citations.
RÉVOLTE DES FILS DE LOUIS LE DÉBONNAIRE CONTRE LEUR PERE, ETC. 273
en croit les bruits qui coururent. Or, ce fut précisément lui que
l'empereur Louis nomma tuteur et précepteur de Charles, pour
le gagner tout à fait à sa cause et à celle de son plus jeune fils ;
« C'est là presque |le seul point des capitulaires laissés par Louis
qui ne se trouve pas dans les actes du concile de Paris, » il
431.
§432.
n'y avaient pas encore paru. Dans cette nouvelle réunion on dé-
montra, à l'aide de témoins, que les plaintes des moines n'étaient
pas fondées, et comme ceux-ci manifestèrent du regret, on leur
fit demander par écrit de revenir à l'observation de la règle *
§ 433.
naire Ânsgar;le sacre fut fait par Drogo de Metz, Ebbo de Reims,
Hetti de Trêves et d'autres évêques.
Les commencements de la nouvelle brouille qui eut lieu entre
l'empereur dans la diète de Die-
et ses fils étaient déjà sensibles
denhofen, qui se pendant l'automne de 831 Pépin avait donné
tint .
(1) Agobardi 0pp. p. 287, éd. Migne, t. GIV. du Cursus Patrol. Vgl. Luden,
Gesch. cl teutschen Yolkes, Bd. Y, S. 343 ff. u. 606.
ENTRE LOUIS LE DEBONNAIRE ET SES FILS, DE 830 A 833 INCL, 279
palais impérial. »
L'empereur Louis aurait pu tout d'abord avoir facilement
raison de ses fils, s'il les avait attaqués lorsqu'ils n'étaient pas
encore complètement armés mais il différa de le faire et con-
;
que son fils Charles s'était fait couper les cheveux, qu'il avait
pris l'habit monastique et qu'il avait dit au monde un éternel
adieu. — Ilque les saints dont les reliques reposaient
paraît
dans le couvent de Saint-Médard lui firent voir la fausseté de
ces nouvelles, et en même temps l'abbé lui recommanda de ne
pas abdiquer la place que Dieu lui avait assignée sur le trône.
Au mois d'octobre 833, Lothaire tint une diète à Compiègne,
et les évêques qui y assistèrent, en particulier Ebbo archevêque
l'avait déjà fait à Soissons, que pour faire une pareille démarche
il fallait jouir de toute sa liberté.
434.
Ce n'est pas en 836, mais en j uin 835 que s'est tenu une diète à
Stramiac près de Lyon ^
; elle s'était réunie pour porter une der-
nière décision au sujet d'Agobard de Lyon et de Bernard de
Vienne, les deux principaux adversaires de Louis, et
pour
donner leurs sièges à d'autres. Toutefois, comme l'un et l'autre
avaient pris la fuite, on ne voulut pas porter cette sentence en
leur absence et on la remit à un synode qui se tiendrait plus
tard *
§ 435.
(1) Flori 0pp. éd. MiGNE dans le t, GXIX du Cursus Patrol. p. 71 et 94, et
dans Mansi, t. XIV, p. 663 sqq. —
Harzheim, t. II, p. 66 sqq. Une troisième
lettre de Florus concernant cette même affaire a été adi'essée au synode de
Quiercy tenu en 838. Les auteurs de l'Histoire littéraire de la France, t. Y,
p. 223, croient que la plus courte des deux lettres dont nous parlons (c'est la
première dans Mansi, la troisième dans Migne) n'est pas adressée à notre
synode, mais à un autre tenu plus tard à Diedenhofen ; Mansi a déjà, p. 663,
réfuté cette opinion.
(2) Mansi, 1. c. p. 655 et 662. — Binterim, a. a. 0. S. 395 ff.
réponses à ces questions, ils voulaient s'en tenir aux statuts des
Pères, en particulier à ceux de Grégoire le Grand, et, au sujet des
laïques, ils n'entendaient parler que de l'empereur, de ses fils et
de ses employés. La première partie des actes comprend trois
chapitres i) de la vie des évêques, 2) de la science des évéques,
:
pas déprécier, ainsi que cela arrive souvent, les pastores sur les
paroisses desquels ils se trouvent. 4. Il est arrivé que les ministri
des évêques, c'est-à-dire les chorévêques, archiprêtres et archi-
montrés pleins d'avarice vis-à-vis des prêtres et
diacres, se sont
du peuple. L'évêque ne doit instituer aucun minister avide de
s'enrichir. 5. Les prêtres, qui sont à la tête des églises et sont
les collègues des évêques par la confectio divini corporis et
sanguinisy doivent être assidus à remplir leurs fonctions, ainsi
qu'à prêcher et à s'acquitter de tout ce qui regarde leur ministère.
Ils auront souci de tous ceux qui appartiendront à leur église,
leur couvent aucun coin obscur oii l'on puisse commettre des
fautes. 15. Les missi impériaux doivent veiller à ce que les supé-
rieurs des canonica^ ainsi que des couvents d'hommes et les supé-
rieures des couvents de femmes fassent observer la règle scrupu-
leusement. 16. Autant que possible, l'évêque devra placer dans
chaque église un prêtre, afin qu'il la gouverne, qu'il la dirige
d'une manière indépendante ou sous la surveillance d'un archi-
prêtre [prior presbyter), beaucoup d'endroits sont en effet privés
de prêtres. Ils peuvent, il est vrai, célébrer des messes [dans
toutes les églises qui leur sont confiées ; mais ils ne peuvent pas-
remplir les autres fonctions de leur ministère, parce qu'ils ont
trop d'églises, et c'est ainsi qu'il y a au sujet du baptême des
malades, de la confession de ceux qui s'accusent et de la commu-
nion de ceux qui sont en danger de perdre la vie, des lacunes bien
regrettables.
GRAND SYNODE A AIX-LA-CHAPELLE EN 836. 291
fidélité n'a été ébranlée que par suite de la défection de vos pro-
(1) Au lieu de nuptias, Binterim (Bd. II, S. 492j |veut qu'on lise iiundinas.
292 GRAND SYNODE A AIX-LA-CHAPELLE EN 836.
degré inouï jusqu'ici. Tout cela ne sera réparé que si, après avoir
recouvré la puissance et la dignité impériales, vous travaillez
à faire rendre à l'Église les honneurs qui lui reviennent et à
relever l'autorité épiscopale. Dans les synodes précédents, les
évéques ont, sur vos exhortations, porté de nombreuses ordon-
nances pour la réforme de tous les états. Mais ces capitula sont,
nous ne savons pourquoi, tombés dans l'oubli. Plaise à Dieu qu'il
n'en soit pas de même pour les capitula actuels ^ » !
de ces biens n'en avaient plus besoin; ou bien. Dieu n'avait pas
demandé de pareilles offrandes puisque tout lui appartenait. »
436.
(2) C'est l'opinion émise par Astronomus dans sa Yita Ludovici ; voy.
Pehtz, Monum. t. II, p. 640.
(3) Voy. YEpist. 139 dans Wurdtwein, dans YAppdx, de son édition de
Opéra sancti Bonifacii, p, 329, et dans l'édition de Giles, t. I, p. 255; seule-
ment il faut remarquer qu'il y a dans ce dernier auteur la fausse date de 840.
DIETES SYNODALES A AIX-LA-CHAPELLE ET A QUIERCY EN 838. 295
encore, le dernier aurait été déclaré majeur par son père, ceint
296 ÉVÉNEMENTS QUI SURVIENNENT DANS LA FAMILLE IMPÉRIALE.
{ad ann. 838, 13) suppose qu'il s'est tenu un autre synode d'Aix-
la-Chapelle au mois de septembre 838. En un mot, il a, sans
aucune raison, mis de côté les dates chronologiques indiquées
par les sources, sans arriver néanmoins à des conclusions claires
et incontestables. Mansi avait déjà remarqué que cette exposition
historique renfermait des erreurs; mais ce qu'il a donné dans ses
notes sur Baronius [ad. ann. 837, p. 231 de son édition) comme
étant le vrai, il l'a ensuite lui-même écarté dans sa collection des
actes des conciles (t. XIV, p. 765), en y substituant de nouvelles
hypothèses. A part quelques erreurs peu considérables, ces nou-
velles hypothèses de Mansi étaient cette fois l'expression de la
vérité, et si un plus grand nombre de savants modernes ne les a
pas acceptées comme justes, il prendre à la
faut surtout s'en
manière peu claire et assez prolixe de l'argumentation de Mansi.
Pour plus de nous commencerons par résumer nous-
clarté,
même, dans de nos
les trois propositions qui suivent, le résultat
recherches personnelles a) La diète d'Aix-la-Chapelle, dont il
:
du Mans qui avait pris rang parmi les rebelles, Pépin le Bref avait
soustrait ce couvent à la juridiction de l'évêque et l'avait placé
sous sa protection immédiate. Plus tard, l'évêque reconnut sa
faute et, demande, Charlemagne remit les choses dans leur
à sa
premier t. XIV, p. 757). Dans la suite, les moines
état (Mansi,
d'Anisol voulurent de nouveau se soustraire à l'obéissance de
l'évêque et, au moyen de ruses et de tromperies, ils obtinrent de
Louis le Débonnaire un diplôme dans lequel on confirmait leur
exemption [ibid., p. 766). Il en. résulta un conflit entre AIdrich
évêque du Mans et Sigismond abbé d'Anisol, et celui-ci ne voulut
pas entendre parler des propositions de paix les plus conci-
occupa dans le
liantes. L'affaire fut déférée à l'empereur, qui s'en
placitum qui s'ouvrit dans son palais d'Aix-la-Chapelle pendant
le carême. Les deux partis devaient présenter leurs preuves im-
mon esprit. » Les évêques lui dirent que c'était un esprit d'er-
reur, et après qu'on eut encore beaucoup disserté au sujet d'A-
malarius, le synode déclara que cette doctrine était tout à fait
SYNODE DE KINGSTON EN 838. MORT DE LOUIS LE DEBONNAIRE. 299
condamnable..., tout à fait différente de la vraie foi et étrangère
à toute l'Église. Les cérémonies de l'Ancien Testament avaient
été, il en partie mystérieuses et typiques; mais la venue
est vrai,
du Christ resplendissait de vérité (c'est-à-dire qu'il n'y avait plus,
après cette venue, de types). Les types de l'ancienne loi et la
vérité de l'Évangile avaient pour eux l'autorité divine ; aussi,
nul ne devait introduire de nouveaux types et de nouveaux
mystères, et, de même, on devait se conformer aux règles de
l'Église au sujet des habits et des vases sacrés, sans aller cher-
cher des explications fantastiques et nébuleuses. Quant à la
doctrine du triple corps du Christ, les la condamnaient
évêques
et n'hésitaient pas à dire qu'elle provenait du démon. Florus
assure ensuite qu'il avait, autant que possible, rendu les mots
et le sens du synode, et puis il s'apphque à réfuter longue-
ment Amalar, soit par des passages de la Bible, soit par des cita-
tions des Pères ^.
§ 437.
Dans Mansi, t. XIV, p. 741 sqq. mieux dans Flori Opéra, éd. Migne,
(1)
t. GXIX, p. 80 sqq. Nous remarquerons, en passant, cette phrase qui se trouve
dans la lettre de Florus « L'Église de Lyon est présentement malheureuse,
:
car elle a un episcopus sine potestate et un magister sine veritate.'.» Dans son édi-
tion de Baronius, Mansi {ad ann. 837, 5, t. XIV, p. 231) comprend cette
phrase comme il suit Agobard était alors en exil, par conséquent sine po-
:
testate, et Amalar était le magister sine veritate. Mais alors, cette phrase ne
s'accorde pas avec ce que Florus a dit au début, que « le pasteur avait accusé
Amalar auprès de l'empereur^ » et nous voyons, en outre, qu' Agobard as-
sista au synode de Quiercy, qu'il était par conséquent réintégré dans sa
potestas.
300 SYNODE DE KINGSTON EN 838. MORT DE LOUIS LE DEBONNAIRE.
voulut que son fils Louis fût réduit à la Bavière, tandis que Lo-
thaire et Charles se partageraient tout le reste de l'empire. Lo-
thaire accueillit ce plan avec joie et se hâta de passer les Alpes.
Ce fut en vain que le Bavarois Louis menaça de s'avancer avec
une armée le partage n'en eut pas moins lieu à Worms en
;
(1) Mansi, t. XIV, p. 754 sq. D une manière incomplète dans Hard, t. IV,
p. 1447.
(2) Mansi, t. XIV, p. 767.
SYNODE D'I\GELHE1M PENDANT l'ÉTÉ DE 840. 301
§ 438.
ces événements. —
Le document forme la seconde partie de
V Apologeticum en quelques phrases les détails sui-
et contient
vants l'archevêque Ebbo avait été chassé par suite de l'ini-
:
mitié que lui portait l'empereur Louis, puis il avait été réintégré
par l'empereur Lothaire et par les évêques, et cette décision
avait été souscrite avec joie par les prélats Théodoric de Cambrai,
Hrodhad (Rothad) de Soissons, etc. *. — La troisième division
est d'Ebbo lui-même; elle contient la déclaration qu'il publia lors
souviens que ton frère est irrité contre toi, laisse là ton of-
frande, etc.. [Matth. 5, 23); or, comme ce n'était pas seulement
un frère, mais son maître et empereur, qui s'était irrité contre
lui, il avait tout supporté avec patience, espérant qu'un aveu
sincère lui obtiendrait l'oubli et le pardon de ses fautes. Il s'était'
de droit le condamner sur les autres écrits. Il avait dit aussi que
l'on pouvait nommer un autre évêque pour Reims, et il n'avait
pas empêché de le faire, mais on ne l'avait pas fait. Du reste,
d'après le droit canon, l'abdication d'un évêque emprisonné n'est,
valide que si la paroisse de cet évêque donne à cette abdica^
tion son consentement. Enfin, sur la demande plusieurs fois ré-
â439.
(1) Mansi, t. XIV, p. 774 sqq. — Hard. t. IV, p. 1447 sqq. — Binterim,
Bd. II,S. 406 ff.
304 SYNODES A FONTENAI, A AIX-LA-CHAPELLE, ETC.
(1) Dans Pertz, Monum. t. II, p. 662 ; avec moins de soin dans Mansi,
t. XIV, p. 786, et dans Hard. t. IV, p. 1458.
—
(2) Tel est le récit de Nithard dans Pertz, I. c. p. 668. Mansi, 1. c. p. 786.
(3) Mansi, 1. c. p. 784, 790, 794.
FIX DE I. HÉRÉSIE DKS ICONOCLASTES. 305
dans les dernières années, et on les remplaça sur les murs des
églises par des oiseaux ou des représentations d'autres animaux ;
(1) Le Quien a fait voir que c'étaient là les trois noms de ces patriarches
et Walch a sni-vi son sentiment. Ketzerhist. Bd. X, S. 727.
(2) Le mémoire a été publié pour la première fois par Combhkis, Manipulus
origin. Constantinop. p. 110-145; puis par Le Quien, dans son édition des 0pp.
S. Joannis Damasceni, 1. 1, p. 638-646. Mansi en a inséré une partie, prise vers
le milieu. Voy. t. XIV. p. H4-120. —
Walgh en a donné aussi un extrait,
a. a. 0. S. 593 ff.
T. V. 20
306 FIN DE L HERESIE DES ICONOCLASTES.
pitale; quant aux artistes qui se trouvaient parmi eux, ils devaient
être exterminés, et s'ils continuaient, comme par exemple le
moine Lazare, composer des images, ils devaient être fouettés
à
jusqu'au sang, et leurs mains brûlées à l'aide d'un fer rouge,
comme ayant été l'organe dont ils s'étaient servis pour leur
art. Pareil châtiment fut infligé aux savants qui cherchèrent à
défendre le culte des images. L'empereur se laissa quelquefois
entraîner à discuter avec eux mais malheur à celui qui ne se
;
n'en poussa que de plus profondes racines dans les cœurs, sans
même excepter l'impératrice Théodora et sa mère Théoktista.
Celle-ci enseignait à ses petites-filles, c'est-à-dire aux enfants de
l'empereur, à baiser les images des saints, ce que voyant Théo-
(1) Elle prétendit que le nain avait vu dans une glace son image et celle
des dames de sa suite et qu'il avait cru voir de véritables tableaux. Constan-
tin, 1. c. c. 6, p. 92.
(2) Le général Théopliob as
était tellement aimé de ses soldats que l'empe-
reur conçut contre lui des sentiments de jalousie.
308 FIN DE L HERESIE DES ICONOCLASTES.
blessé.
On donna pour successeur au patriarche Jean le savant Mé-
(1) Par ex. Constantin. Porphyr. 1. c. lib. IV, de Michaele, p. 149 sqq. f.
mais elle aurait assuré que, sur ses instances, il aurait au dernier
moment reconnu ses erreurs et aurait baisé les images des saints
qu'elle lui aurait présentées. —
Enfin, pour perpétuer le souve-
nir de ce qui venait de se passer, le synode décida que l'on célé-
brerait tous les ans par une procession solennelle une fête de
l'orthodoxie, le premier dimanche de carême, et qu'on y renou-
(1) Sur le sens de cette fête, vgl. TuMnger theol. Quartalschrifl,\%!k<6. 8.454.^
Et quant aux cérémonies qui l'accompagnaient, vgl. Walch, a. a. 0. S. 800.
(2) Constant. Porphyr. 1. c. c. 4, 5, p. 152sqq.etc. H, p. 160.—
Walch,
a réuni les autres documents fournis par les sources, a. a. 0. S. 736, 741,.
f. 749, 773, 783, 788 f. 799.
§ 441.
(1) Sancliinonialcs olim diciœ feminœ aut virgmes, quoi sanctimonise daba?ït
operam, interdmn certis, sœpe nullis illigatœ moiiasticis votis. Du Gange,
(2) Peuïz, Leg. 1. 1, p. 383. — Hard. 1. c. p 1463 et 1470. — Mansi, t. XIV,
p. 806 et 810, t. XVII, Appdx. p. 9 sqq.
314 SYNODES FKANCS DEPUIS LE TRAITE DE VERDUN
(1) Cf. Flodoakd, Eist. eccL Rhemensis, lib. III, c. 1, réimprimé dans Mansi,
t. XIV, p. 810, et dans Migne, t. GXXXV du Cursus Patrol. p. 1B8.
(2^ Pertz, 1. c. p. 387. —
Mansi, t. XVII, Appdx. p. 16. —
Fard, t- VI,
p. 1474. -
pour faire leurs visites, etc. 29. Ils doivent visiter eux-mêmes
leurs diocèses. 30. Ils ne doivent pas passer d'une église
moindre à une église plus considérable. 31. On doit respecter
et maintenir les droits des métropolitains. 32. Les princes doi-
vent permettre que l'on tienne tous les ans un ou deux synodes
provinciaux et diocésains. 33. Un évêque qui, sans aucune
excuse, ne se rend pas à ces assemblées, sera suspendu Jusqu'à
ce qu'il ait donné satisfaction à ses collègues. 34. On doit ob-
server les canons, expliquer les saintes Ecritures d'après le sens
des Pères, et ne pas permettre que les moines se servent de ces
nouvelles expressions au moyen desquelles ils veulent se rendre
célèbres. 35. Chaque évêque doit avoir un savant coopérateur,
pour instruire les prêtres. 36. Les prêtres doivent rester dans
leurs églises, et là où se tient le prêtre, aucune femme ne doit
entrer. 37. Aucun clerc ne doit, sous peine de déposition, porter
les armes. 38. Aucun évêque ne doit prêter serment super sacra
(c'est-à-dire prêter serment en étendant la main sur des choses
saintes); il peut toutefois, inspectis sacris, prêter serment en face
de choses saintes. Voyez du Gange s. Y.jurare, t. III, p. 1610 et
1613). 39. Le parjure doit être plus rare. Il est arrivé que des
parjures, s' étant rendus dans le sanctuaire d'un martyr, y ont
été saisis par un démon. 40. Les hospices, en particulier ceux qui
ont été fondés par les Scots, doivent être rétablis. 41 . Les cou-
vents qui ont été donnés aux laïques sont tombés dans une grande
décadence. Devoirs du roi à ce sujet. 42. Il nommera des missi
intelligents pour rechercher la quantité de biens ecclésiastiques
qui a été donnée aux laïques soit par lui, soit par son père.
43. Pressante exhortation contre la simonie. 44. Un chorévêquene
doit ni consacrer le saint chrême, ni donner la confirmation,
ni consacrer des églises. Il ne peut conférer les ordres mineurs
que jusqu'au sous-diaconat, et le sous-diaconat lui-même il ne
pourra l'administrer que sur un ordre de l'évêque; toutefois, il
pourra imposer des pénitences et réconcilier les pénitents, s'il a
reçu de l'évêque mission de le faire. Après la mort de l'évêque,
il ne doit rien faire de ce qui doit être fait exclusivement par un
chanoines, aussi bien ceux qui sont dans la ville que ceux qui
sont dans les couvents, doivent dormir dans le même dortoir,
manger au réfectoire, etc. Si un évêque n'a pas de place conve-
nable (pour l'érection d'un canonicat), ou s'il n'a pas les moyens
d'en élever un, le prince doit, conformément à l'ordonnance de
l'empereur Louis, venir à son aide. 54. Les évêques doivent dis-
poser des tituli cardinales (églises) qui se trouvent dans leurs
villes ou dans leurs faubourgs. 55. Les clercs et les laïques doi-
vent s'abstenir de l'usure, et les évêques menaceront des peines
canoniques ceux qui s'obstineront à la pratiquer. 56. L'évêque
ne doit excommunier personne sans que la faute ne soit prouvée,
et sans l'assentiment de l'archevêque et des évêques ses collè-
gues de même, il ne doit anathématiser personne sans donner
;
à moins que les besoins de l'Église ou les services qu'ils ont rendus
ne permettent de faire une exception. 65-68. Autres ordonnances
au sujet des raptores virginum, de même qu'au sujet de ceux qui
enlèvent une religieuse ou la fiancée d'un autre. 69. Celui qui,
ayant commis un adultère avec la femme d'un autre, épouse
ensuite cette femme après la mort de son mari, sera soumis à une
pénitence publique. Si c'est la femme ou bien son complice qui
a tué le mari, ne pourront se marier ensemble et seront con-
ils
longtemps entre les mains des laïques les chapelles de ses villas,
et s'il ne les fait pas occuper par des clercs. 76. Le roi doit or-
donner à tous ses serviteurs de ne tenir ni de placitum ni de
mallum, depuis le mercredi qui commence le jeûne (jusqu'à l'oc-
tave de Pâques), parce que c'est là un temps de pénitence. 77. Les
huit jours de la fête de Pâques doivent être de même exempts de
tous travaux servîtes, etc. 78. On doit observer fidèlement les
capitula ecclesiastica publiés par Charlemagne et par Louis le
Débonnaire. 79. Par égard pour les besoins de l'époque et pour
la faiblesse des hommes, on a néanmoins sur certains points
adouci l'ancienne sévérité. Mais si quelqu'un méprise avec obsti-
nation les prescriptions de l'autorité royale, il devra, s'il est clerc,
être déposé de sa charge par le synode, et s'il est laïque, il sera
frappé ou bien par la perte de sa dignité, ou bien par l'exil, ou
Pagi (t. XIV, p. 850), et en outre il commet une faute que nous
aurons à relever plus tard. Pour ma part, je serais assez disposé
à me ranger du côté de l'opinion de Pagi car, comme le synode ;
(1^ Pertz, Monum. t. III, Leg. t. I, p. 388. — Mansî, t.XIV,p. 850.—. Hard.
t. iV, p. 1506.
JUSQU'EN 847. 323
(1) Peut-être parce que à cette époque les Sarrasins assiégèrent Rome et
pillèrent l'église de Saint-Pierre. Voyez la chronique de Prudentius de Troyes
{Contin. Annal. Berlin.), dans Migne, t. GXV, p. 1399. Pertz, Monum. 1. 1, —
p. 442.
(2) Hincmar, ep. \\ ad Nicoîaum papam, dans MrGNE, t. Il (CXXVI), p. 82 sq.
— Mansi, t. XV, p. 777.
(3) Nous avons vu un peu plus haut qu'Ursmar est désigné comme arche-
vêque de Tours; avant et après lui, il y a eu, sur ce même siège, un certain
Lautran ou Landranus. On croyait antérieurement que Lantran avait abdi-
qué, mais, tout en gardant le titre, et qu'il avait peut-être ensuite exercé de
nouveau en quelques circonstances ses fonctions. Toutefois, le 14^ volume
du Gallia Christiana, paru il y a quelques années, distingue (p. 34 sqq.) deux
Lantranne, le prédécesseur et le successeur d'Ursmar.
(4) Flodoard, Hist. EccL Rhem. lib. III, c. 2, éd. Migne, t. GXXXV, p. 139 sq.
Mansi, t. XIV, p. 899. —
Hard. t. V, p. 3.
324 LES SYNODES FKANCS DEPUIS LE TRAITE DE VERDUN, ETC.
peut-on dire que les lettres du pape ont été reçues dans le
royaume franc vers la Pâque de 846, qui tom-
cette année-là
bait le 18 avril. Comme il est dit dans ces lettres que le pape
enverrait ses légats immédiatement après la fête de Pâques,
il est évident qu'il fait allusion à la Pâque de 846, et que les
ses moines, et parce qu'il avait pris parti pour l'empereur Lotliaire
contre Louis, roi de Bavière. Néanmoins, ces vingt années d'une
administration économe et intelligente avaient rendu célèbre le
couvent de Fulda, et de tous côtés les jeunes gens étaient
accourus à cette école ainsi Walafrid-Strabo de l'Alemannie,
:
(1) C'est ainsi que s exprime l'abbé Hatto, clans sa lettre au pape Léon IV.
PREMIER SYNODE DE MAYENCE SOUS RABAN-MAUR, EN 847. 327
fundamentum; mais la foi sans les œuvres est une foi morte.
Yoyez le c. 1 du synode de Mayence de l'année 813.
viatique.
Lorsque quelque condamné à mort pour divers méfaits
27.
confesse ses fautes, on doit le traiter comme toute autre personne,
c'est-à-dire qu'on doit recevoir son cadavre dans l'église et cé-
lébrer la messe pour lui.
28. Tous ceux qui vivent dans des unions incestueuses doivent
(1) Sur les vomeres ferventes, voy. Du Gange, t. VI, p. 1695, et BiiNteeim,
Den/av. Bd. V. Thl. 3, S. 69.
330 PREMIER SYNODE DE MAYENCE SOUS EABAN-MAUR, EN 847.
duit des opinions très- diverses sur l'époque où se sont tenus ces
synodes; voir, par exemple, Mausi, t. XIV, p. 130-132. Quoiqu'il
SYNODES
DURANT LES DISCUSSIONS SOULEVÉES PAR GOTTESCHALK
DE 848 A 860
443,
tions, mais le temps n'a pas permis de tout traiter. » C'est proba-
blement à cause de ce qui restait encore à faire que s'est réunie,
dans l'année suivante, le 1" octobre 848, à Mayence, une autre
assemblée, moitié diète, moitié synode. Louis le Germanique y
assista en personne,reçut les ambassadeurs de ses frères et
il
(i) Maugin a soutenu à tort (t. II, p. 45) que Gotteschalk avait été élevé
dans le couvent de Reichenau. Ce Gilbert Maugin, conseillei' du roi et pré-
sident de l'hôtel des Monnaies à Paris, était janséniste. 11 a réuni sur les
discussions soulevées par Gotteschalk, plusieurs écrits anciens et a donné à
sa collection le tiire : Vetenim auctorum, qui ix sœculo de prœdestinatione et
gratia scripserunt, etc. Paris 1650. Dans les dissertations du deuxième volume,
Maugin cherche à prouver que Gotteschalk était orthodoxe, et il regarde
comme une pure fiction l'existence d'une secte prédestinatienne.
(2) De Us, qui répugnant institutis B. P. Benedicti,
ou bien sous le titre :
De oblatione puerorum, dans rédidon des Œuvres d' Hincmar par Migne, t. I,
p. 419 sqq. (t. GXXV du Cursus PatroL). On a seulement mis à tort 819 au
lieu de 829.
(3) Le troisième synode de Tolède tenu en 633 avait dit, dans son c. 49 :
Kuntsmann suppose (S. 120) que Gotteschalk avait été deux fois
en Italie et que cette pièce de vers se rapporte à son retour du
premier voyage, et non pas à son retour du second, qui eut des
suites si considérables. Quant à moi, je ne trouve rien dans ces
vers qui soit à l'appui de cette hypothèse; Walafrid dit au con-
traire que la lettre de Gotteschalk avait chassé de ses yeux les 7ie-
biilas palatinas, et, comme précisément dans les derniers temps
de sa vie (il est mort en 849) il fut envoyé par le roi Louis le
Germanique en qualité d'ambassadeur auprès de Charles de
France, cette expression se rapporte plutôt au voyage que Got-
teschalk fit à Rome en 847-848, et nous n'avons aucune raison
pour supposer que Gotteschalk ait fait deux fois ce même voyage.
Nous voyons en outre, par ces vers de Walafrid, qu'il avait une
très-bonne idée de la science de Gotteschalk; il le blâme de n'être
plus déjà si libéral de l'or de sa science, ainsi qu'il l'était autre-
fois, lorsqu'ils passaient leur jeunesse ensemble, et d'être avare
du talent que Dieu lui avait donné. Enfin Walafrid dit de la vie
de Gotteschalk : cum vita tÂbi potior lege sit Lycurgi.
A Orba'is, Gotteschalk entretint des correspondances avec divers
savants, ainsi qu'il le dit dans son épitre poétique à Ratramnus ^.
(1) Elle a étéimprimée dans Maugin, 1. c, t. II, p. 47, et dans l'édition des
Œuvres de Walafrid Strabo, par Migne, t. II (t. CXIV), p. 1116.
(2) Maugin croit que cette correspondance n'a eu lieu que plus tard.
(3) Maugin (t. II, p. 61) a conclu de cette expression terna responsa, que
:
Gotteschalk avait consulté ses amis sur ces trois points, de prœdestinatione,
de gratia et libero arbitrio et de superfluasanguinis Christi taxatione.
336 SYNODE DE MAYENCE EN 848
(1) Dans MiGNE, Cursm Patrpl. t. CXXI, p. 367, en partie dans Kunstmann,
a. a. 0. S. 119 avec des éclaircissements dans Maugin, 1. c. t. II, p. 60.
f.
hommes ont été voués à la ruine, ils sont devenus uue massa
damnabilis ; mais de cette massa damnabilis, Dieu, sans aucune
acception des personnes et par sa pure bienveillance [non per-
sonarum acceptione sed judicio œquitatis suœ irreprehensibili), a
y
Cette secte a déjà jeté bien des personnes dans le désespoir, car
ils disent :A quoi bon faire tant d'efforts pour arriver au salut
et à la vie éternelle? Si je ne suis pas prédestiné à la vie, toutes
mes bonnes œuvres ne me servent à rien si au contraire je suis
;
(1) Rabani 0pp. 1. c. p. 1553-1562. Maugin n'a inséré ni cette lettre ni celle
à No tins.
(2) Maugin, 1. c. t. II, p. 52 sq.
342 SYNODE DE MAYENCE EN 848
qu'ils sont prédestinés, ils n'en seront pas moins jugés et con-
damnés au jour du jugement à cause de leurs péchés, parce qu'ils
ont fait de plein gré ce qu'ils ont fait nécessairement; en effet, ce
n'est pas la nécessité, mais bien la contrainte physique qui peut
seule enlever la responsabilité. » Il faut dire toutefois que Gottes-
chalk ne s'est jamais exprimé avec autant de clarté que Calvin,
soit qu'il ne se soit jamais rendu aussi bien compte de son sys-
tème, soit qu'il n'ait pas osé en parler sans ambages.
Sans compter cette profession de foi, Gotteschalk publia un
autre document qui semblait être adressé à Raban, mais qui
dans fond n'était qu'une attaque contre ce même Raban;
le
Hincmar ne craint pas de dire que c'était une pièce venimeuse,
parce que, au moyen de déductions sophistiques, elle expliquait
plus triste fm, et c'est pour cela qu'il les a prédestinés à une
ruine éternelle... De même [sicut] qu'il a prédestiné par pure
grâce les élus à la vie, absolument de la même manière [sic
omnino) il a prédestiné les re/:>ro6z par un juste jugement à la
peine delà mort éternelle. Dans un second fragment (Hincmar, «
(1) Maugin a donné ces divers passages en deux endroits différents, t. IL'
P.II, p. 3 sqq. ett.II, p. 63 sq. .
344 SYNODE DE MAYENCE EN 848, ETC.
morts déjà depuis des années, par exenaple HetLi de Trêves, liil-
debald de Cologne et Eginhard de Seligenstadt d'autres au con-
;
§ 444.
nouveau, mais que nous avons déjà utilisé plus haut, qu'on
n'avait pas voulu laisser Gotteschalk sous la juridiction de son
propre évêque diocésain Rothadius, parce que cet évêque était
ses opinions ^. »
(1) Dans le 121^ volume du Cursus Patrol. de Migne, p. 1027, et dans Mau-
GIN, t. II, p. 76.
HiNCM. Ep. adNicoL 0pp. éd. Migne, t. II, p. 43.
(2)
Dans Pertz, Monum. 1. 1, p. 443 sq. et réimprimé dans le 115^ volume
(3)
du Cursus Patrol. de Migne. p. 1402. —
Maugin (t. II, p. 76) attache une grande
importance à ce que quelques mots manquent dans les Annales de Saint-Ber-
tin; mais cette lacune a été comblée dans toutes les nouvelles et meilleures
éditions. La seconde partie des Annales de Saint-Bertin, qui va de 836 à 861,
et dans laquelle se trouve le passage en question, est ordinairement attribuée
à S. Prudence de Troyes; mais ce Prudence était un défenseur de Gotteschalk,
348 SYNODE DE QUIERCY EN 849.
aies reçu cette dignité, et, quoi qu'il en soit, tu ne devras plus en
aucune manière te permettre d'en exercer de nouveau les fonc-
tions. En outre, comme, au mépris des lois de l'Eghse, tu cher-
ches à mettre le désordre dans les affaires de l'Église et de
l'Etat, vœux et de ton nom de
sans tenir plus de compte de tes
moine, nous avons décidé, en vertu de l'autorité épiscopale,
que tu serais très-durement battu et que tu serais ensuite, con-
formément aux règles de l'Église, mis en prison. Enfin, pour que
tu ne puisses plus te permettre d'enseigner, nous te condamnons,
en vertu du Verbe éternel, à garder un éternel silence *. >>
tandis que le passage dont nous parlons s'exprime d'une manière très-défa-
vorable au sujet de ce môme Gotteschalk. Aussi a-t-on pensé que ce passage
n'était pas à l'origine ce qu'il est aujourd'hui, qu'il avait été modifié; voyez
les varias lect. dans les éd. de Pertz et de Migne. — Sur les Annales de Saint-
Bertin, dont la troisième partie proviendrait d'Hincmar lui-même, vgl. Bahr,
Gesch. der rom. Litteratur im Caroling. Zeitalter,'ë>. 167 fî.
(1) Mansi, t. XIV, p. 921. —Hard. t. V, p. 20. Et dans Maugin, t. II,
CONDAMNATION DE GOTTESCHALK. 349
Rémi de Lyon a blâmé toute cette procédure (voy. plus loin vers
la fin de ce paragraphe).
La sentence donne deux motifs pour la condamnation de Got-
b)
donne ici une autre signification. Hincmar veut dire que, par ses
erreurs, Gotteschalk avait occasionné des désordres dans l'Éoiise
et dans dans ce sens que ses partisans ne s'appliquaient
l'État,
(1) Maxjgin (t. II, p. 80) a aussi mal compris les mots : ecclesiastica et civi-
lia negotia, et croit qu'il s'agit
des embarras causés par Gotteschalk au Con-
cilium mixtum de Mayence, qui s'occupait des affaires ecclesiastica et civilia.
350 SYNODE DE QUIERCY EN 849.
(1) Remigii Liher de trihulis epistolis, clans le 12l<= volume du Cursus Pa-
trol. de MiGNE, p. 1028 et 1030 dans Maugin, t. I, p. II, p. 107 et 109.
;
(2) Nous n'avons plus qu'un seul fragment de cette lettre dans Flo'doard,
lib. III, c. 21, 1. c. p. 205, et Maugin, t. 11, p. 93.
§ 445.
les avais pas, eux aussi, prédestinés à cette vie. A peu près
de la même manière [propemodum] tu as prédestiné au démon
et à tous les maudits une peine éternelle, qu'ils ont méritée, et
en même temps tu les as prédestinés à cette peine qui serait
éternelle et toujours la même, car en toi il n'y a jamais de chan-
gement ». Gotteschalk dit ensuite avec S. Augustin « Au sujet :
leurs méfaits ont été, il est vrai, prévus par Dieu, mais il ne les a
pas voulus et il n'y a prédestiné personne, car ici se présente le
principe Dieu ne prédispose pas au mal. Par contre, la punition
:
(1) Vers le milieu de cette seconde profession de foi, il revient sur cette
même pensée et l'énonce avec plus de clarté.
T. V. 23
354 DOUBLE PROFESSION DE FOI
nation absolue, même pour les reprobi !?) Il remercie Dieu de lui
avoir donné ces lumières ; il assure que la crainte des hommes ne
le fera jamais vaciller, il traite ses adversaires d'hérétiques et de-
mande à Dieu d'extirper de la terre cette hérésie par la lumière
de la vérité. Quoiqu'il ne veuille avoir aucun rapport avec les
ceux qui ne sont pas prédestinés ad vitam, non tamen pro eis
^rucem subiit, nec mortem pertulit, nec sanguinem fudit, « et « il
y a deux redemptiones une quœ communis est et electis et re-
,
(1) HiNGMAR,|De^?m^es^. c. 29, 34, 35, éd. Migne, 1. 1, p. 291, 365, 370, 371,
-o7v.
356 RATRAMNUS, LOUP ET PRUDENTIUS PRENNENT PARTI
Maugin (t. II, p. 307) a déclaré, sans le prouver il est vrai, que ce
Pittacium n était pas un écrit authentique de Gotteschalk; l'intré-
pide janséniste a agi de la même manière à l'égard de tous les
documents qui pouvaient faire tort à son client. C'est ainsi qu'il a
nié plus tard l'authenticité de la lettre de Gotteschalk à Amolo.
Maugin croit (t. II, p. 171) que Gotteschalk n'a pu écrire aucune
lettre, etc., sans l'assentiment d'Hincmar, et que ses deux profes-
sions de foi ontdû passer d'abord par les mains de l'arches^êque
de Reims. On ne sait à qui il les communiqua; mais nous voyons
que vers cette époque, c'est-à-dire vers le milieu de l'année 849,
Hincmar jugea nécessaire d'éclairer les moines au sujet des erreurs
de Gotteschalk, probablement parce que plusieurs d'entre eux
avaient pris parti pour leur collègue. L'archevêque écrivit à ce
sujet son Opusculum ad rechisos et simplices, dont nous ne con-
naissons encore quelque chose que grâce à Raban Cet opuscule ^
.
(1) Raba.ni Ep. IV o.à Hincmar. dans l'édition de Migne, t. VI, p. 1519,
(2) Dans Raban, 1, c. p. 1522.
POUR LA DOUBLE PEÉDESTINATION. SYNODE DE PARIS EN 849. 357
leurs sièges des évêques légitimes, pour les remplacer par des
mercenaires. Ce qui était plus grave, il avait méprisé le vicaire de
S. Pierre, à qui Dieu a donné la primauté sur le monde entier. Il
avait, il est vrai, désiré être en relation avec le pape, et cepen-
dant il n'avait pas voulu recevoir sa lettre, de peur qu'elle ne
contînt quelque reproche à son endroit. Il l'exhortait avec ins-
tances à faire pénitence el à recevoir la lettre du pape qui, ainsi
qu'ils l'cvaient vu de leurs propres yeux, était conçue d'une ma-
nière tout à fait Nous ajouterons, pour faire mieux
impartiale ^.
p. 105 sq.
(2) Mansi, t. XIV, p. 923. Hakd.— t. V, p. 19.
(3) Mansi, t. XIV, p. 924 et 942.
POUR LA DOUBLE PREDESTINATION. SYNODE DE PARIS EN 849. 359
porte cette variante : qui sera versé pour vous. On voit donc par là
que le sang du Christ n'a pas été versé pour tous; on lit, il est
vrai, dans 1" ép. àTimothée, 2, 4 quivult omneshomines salvos :
fleri, mais le mot omnes doit être pris ici non pas ge?ieraiiier,
mais specialiter. Il désigne non pas tous les hommes, mais, ainsi
que le dit S. Augustin, ou bien ceux dont Dieu veut qu'ils arrivent
au bonheur éternel, ou bien des hommes pris dans toutes les
nations, ou enfin ce mot revient à ceci Dieu fait que nous vou- :
§447.
(l) Dans MiGNE, t. GXV, p. 971-1010. Maugin n'a inséré qu'une partie de
cet écrit, t. II, p. 107.
362 AUTKES ÉCRITS DE LOUP ET DE RATRAMNUS
même pro muitis, et S. Jérôme explique ces mots pro his qui are'
dere voluerint. Par conséquent il entend dans ce pro midtis les
(1) LuPT Epist. 128 dans le t. GXIX du Cursus Patrol. de Migne, p. 601 sqq.
— Maugin, 1. c. t. I, P. II, p. 37, et t. II, p. 110. Voyez t. III de l'Histoire des
Conciles, §127.
(2) Lupi 0pp. éd. Migne, I. c. p. 619 sqq. mieux dans Maugin, t. I, P. II,
;
p. 9 sqq. Seulement Maugin est dans le faux lorsqu'il attribue cet ouvrage.
SUR LA MÊME QUESTION. 3C3
tandis qu'en réalité elle commence plus haut et par ceci Hœc :
arbitre pour le bien doit être affranchi par la grâce de Dieu, et par
conséquent il comprend, comme il l'avait déjà fait dans la lettre
mus quod prœceptum est nobis. Loup émet aussi cette proposition
tout à fait digne d'être remarquée, et qui coïncide avec le c. 19
non pas à Lonp abbé de Ferrières, mais à un prêtre qui vivait à cette même
époque à Mayence il pense que Loup a simplement composé
;
la lettre ad
Carolum CoUectaneum dont nous parlerons plus tard (t. 1, P. Il,
re-jern et le
p. 10, et t. II, p. 114). Le P. Sirmond a bien jugé cette question (Migne, 1. c.
p. 619 not.) ainsi que l'auteur de l'Histoire littéraire de la France, t. V,
p. 262 sqq.
364 AUTRES ÉCRITS DE LOUP ET DE EATRAMNUS
vait les uns et non pas les autres, elle était supra hominem. Vient
ensuite l'explication de l'expression : « Dieu endurcit >> (voy. le
commencement du présent paragraphe), et puis Loup indique, en
donnant exactement l'interprétation fournie plus haut par Pruden-
tius,dans quel sens il faut entendre ce passage de l'apôtre S Paul . :
qui vult omnes homines salvos fieri, rejette la doctrine d'une seule
prédestination pr opter prœmsa mérita, enseigne la gemina prœ-
destinatio, en s'exprimant comme il suit [Deus] operatur in :
Loup a réuni les passages des Pères sur lesquels il appuyait son
sentiment *.
mais Dieu sait de toute éternité les péchés que chacun commettra
en toute liberté on ne devait pas dire non plus que la prédesti-
;
nation obligeait les hommes à se perdre, car nul n'est damné parce
qu'il est prédestiné à la damnation, mais parce que Dieu a vu qu'il
persévérerait librement dans le péché. —
Un très-beau passage de
^.lQ\àovQ [Différent, Tl , 11, 2) donne à l'auteur l'oc-
lib. 11, dist.
§ 448.
§ 449,
Aussi, est- elle une, car rien ne saurait être double en Dieu.
Cette prédestination une est celle des justes. Elle est iden-
(1) Rabani Op-p. éd. MiGNE, t. VI, p. 1518. Voy. Maugin, t.II, p. 100, 109,
112. —KuNSTMANN, Hrahan. Maur. S. 138 ff.
—
(2) Dans le 121" volume du Cursus Patrol.
de Migne, p. 1052 et 1054.
Maugin, t. II, p. 230.
(3) Il a été édité pour la première fois
par Maugin, 1. c. t. I, P. I, p. 103
sqq. et de nos jours, par Floss dans le 122'' volume da Cursus Patrol. de
MiaNE, p. 355 sqq.
ET PRUDENTIUS CONTRE SCOT ERIGENE. 371
ils font comme le Christ, qui dit à Judas, amice, au lieu de ini-
§ 450.
FLORUS ET AMOLO.
exposée par Florus, est hérétique. Aussi Maugin (t. Il, p. 160),
qui s'est fait l'apologiste de Gotteschalk, a-t-il cru nécessaire de
faire remarquer que Florus ne connaissait alors la doctrine de
Gotteschalk que par ouï-dire, et que ce qu'il donne comme étant
cette doctrine, n'est autre que répandus par des
les faux bruits
adversaires. Il est vrai,que dans un écrit composé plus
en effet,
(1) Sur ces six propositions et pour savoir si elles expriment la doctrine
de Gotteschalk, et en quel sens on peut défendre l'une ou l'autre, voyez Mau-
GiN, t. II, p. 175 sqq.
376 FLORUS ET AMOLO.
REMI DE LYON.
[opéra) des créatures; aussi sont-elles prévues, mais non pas pré-
destinées par Dieu. 5) Dieu sait celui qui s'obstinera dans l'injus-
tice et il a, avec une équité parfaite, prédestiné tous ceux-là à la
ruine [prœdestinavit perituros). Mais en vertu de la prescience et
de la prédestination, il ne les force pas à être mauvais, de telle
façon qu'ils ne puissent pas ne pas l'être. Au contraire, il les
invite tous à la pénitence et au salut. 6) Lorsque la sainte Écri-
ture se sert, dans certains passages, du mot prœscire, et dans
d'autres du mot prœdestinare, on ne doit pas, à la manière des
enfants, s'en tenir uniquement aux mots, mais on doit examiner
quel est le sens de ces passages et s'ils enseignent, oui ou non, la
est pro omnibus^ nisi solummodo pro his qui passionis ejus sal-
vantur mysterio. Rémi fait voir dans quel sens la sainte Écriture
dit que le Christ est mort pour tous, et il remarque qu'on ne
peut cependant pas nier que le Christ n'a pas versé son sang
précieux pour les milliers de personnes qui sont mortes et se
sont perdues avant son arrivée sur la terre, et que ce sang n'a
pas pu contribuer à les racheter. Le Christ n'est venu et n'a été
cruciflé que pour les fidèles, et on peut même dire que parmi les
fidèles il n'est mort que pour ceux qui ont persévéré jusqu'à la
fin. S'il était mort pour tous les hommes, il serait donc mort
il ne fait, il est vrai, que répéter ce que dit la sainte Écriture. Mais
répondre avec raison que le libre arbitre n'avait pas été seule-
ment lésé, mais qu'il était devenu comme latent. Malheureuse-
ment, au lieu de se servir de cette expression, à Vétat latent, il
emploie le mot mortuum^ qu'il corrige il est vrai aussitôt après
par cette explication : Mortua est anima per peccatum, non amit-
tendo naturam suam^ sed amittendo veram vitam suam. Au sujet
de l'autre principe, il reproche à Hincmar de vouloir, sans raison
aucune, partager le bien entre Dieu et l'homme, et il dit à ce
sujet « Tout le bien que nous faisons est totum Dei donando^ et
:
Ce que Raban affirme dans les autres passages n'était nié par
personne, et ce qu'il attaque n'était non plus professé par per-
sonne (c. 42). Rémi a tout à fait tort, lorsque, au c. 43, il veut
prouver contre Raban que, à celui qui est damné, on imputera
toutes les fautes qu'il avait commises, même celles qui avaient
été effacées par le baptême, sans en excepter le péché originel.
Il engage ensuite une pure question de mots lorsque, dans le
§452.
(1) Dans MiGNE, 1. c. p. 1068 sqq. — Maugin, t. l, P. II, p. 118 sqq. Voyez
t. II,p. 259.
(2j Sui' la chronologie, voyez les notes de Mansi, t. XIV, p. 930, et Pagi
ad ann. 850, 5.
(3) Il était archichapelain de l'empereur Louis II. Voyez Mansi, 1. c
p. 1019. — Hard. t. V, p. 77.
ET n'ayant pas trait A LA QUESTION DE GOTTESCHALK. 383
font pas et si une fille vient à commettre une, faute, les parents
chez eux pour avoir avec elles des relations adultères. En consé-
quence, on ne devra plus à l'avenir marier un fils encore trop
jeune avec une femme plus âgée. 23. Les femmes qui font naître
l'amour ou la haine dans l'esprit des autres par leurs sortilèges,
ou qui vont jusqu'à les faire mourir, seront recherchées avec soin
et soumises à une sévère pénitence. 24. Les juifs ne doivent pas
exercer l'office de juges sur des chrétiens, et ils ne doivent pas
non plus exiger d'eux des redevances.
Le troisième document édité par Pertz aurait dû n'être placé
qu'après le quatrième, car il contient un extrait fait pour les
comités de la grande et générale ordonnance contenue dans le
quatrième document, et qui a été publié par l'empereur Louis II
à la demande de son père. Le but de cette ordonnance était de
mettre un terme aux désastres causés par les brigands et d'em-
pêcher l'oppression des petits par les grands ^
Nous apprenons, par les actes du synode romain tenu en 853,
qu'il s'est tenu en 850 un synode romain sous le pape Léon IV,
dans lequel le cardinal-prêtre Anastase fut déposé ^ Deux synodes .
c'est ce que nous apprend le 5^ canon d'un synode qui s'est tenu
plus tard à Soissons en 853 *.
En Espagne, Abderrhame II avait, sous peine de mort, défendu
de parler en pubhc contre Mahomet et contre l'islam, et beaucoup
de chrétiens, des clercs surtout, ayant contrevenu à cet ordre,
furent réellement exécutés. On les vénéra comme des mar-
tyrs; mais, sur le désir du calife, un conciliabule d'évêques es-
pagnols déclara que, puisqu'ils s'étaient eux-mêmes précipités
vers la mort, ils ne devaient pas être vénérés comme des mar-
tyrs. Ils n'avaient pas non plus fait de miracles, comme en
avaient accompli les véritables martyrs, et leurs corps n'étaient
(1) Pertz, Monim. t. III, Leg. 1. 1, p. 395 sqq. — Mansi, t. XIY, p. 930 sqq.
— Harb. t. V,p. 26 sqq.
(2) Mansi, 1. c. p. 943
et 1026. —
Hard. 1. c. p. 85.
(3) Mansi, I. c. p. 962-964. —
Hard. 1. c. p. 34.
(4) Mansi, 1. c. p. 967. —Hard. 1. c. p. 38.
T. V. 25
386 SYNODES TENUS ENTRE 850 ET 853,
pas avoir de femmes chez eux, et ils ne doivent pas non plus en
Ce qu'on doit faire lorsqu'un prêtre est accusé par-
visiter. 8.
devant le synode de se mal conduire. 9. Peine portée contre
ceux qui oppressent ou étouffent leurs enfants par imprudence.
10. Quiconque a commis un inceste en secret doit aussi faire pé-
nitence en secret. 11. Peine ecclésiastique portée contre le
meurtre. Décision rendue dans deux cas particuliers d'adultère et
de meurtre. 12. Celui qui a une concubine à laquelle il n'est pas
réo'ulièrement fiancé, peut l'abandonner pour épouser une autre
femme. 13. Du meurtre, et en particulier du m_eurtre commis
(1)
—
Mansi, 1. c. p. 970. Hard. l. c. p. 38.
(2) Le codex de Bamberg porte 852, mais Pertz a corrigé cette indication
et mis 851, bien à tort il est Yrai^, car il est dit, au commencement du
docu-
ment, que le synode avait eu lieu le 18 octobre die tertia. Or en 832 le J8oc-
tobre'tombait un mardi, par conséquent die tertia, tandis qu'en 851 ce jour
était un dimanche.
ET N AYANT PAS TRAIT A LA QUESTION DE GOTTESCHALK, 387
entre époux. 14. Quels sont les ouvrages serviles qui sont dé-
fendus le dimanche. 15. Celui qui a une femme et une concu-
bine ne doit pas être admis à la communion mais on y admettra
;
(1) Pertz, Monum.i. III, Leg. 1. 1, p. 410 sqq.; en allemand, dans Binte-
KiM, Deutsche Concil. Bd. II, S. bOâ ff.
388 SYNODES TENUS ENTRE 850 ET 853,
§ 453.
(1)Pertz, 1. c. p. 418, —
Mansi, t. XVII, Appdx. p. 37. —
Hard. 1. c. p. 54.
Pertz, Monum. t. III, Leg. t. I, p. 420.— Mansi, t. XVII, Appdx. p. 40.
(2)
— Hard. t. V, p. 59.
(3) Mansi, t. XIV, p. 997. —
Hard. t. V, p. 61. Les actes mentionnent ici
Sour la première fois la date des années du pape à côté de la date des années
e l'emperenr.
ET LES QUATRE CHAPITRES d'hUSTCMAR. 393
1. Quod ima tantum sit prœdestinatio Dei. Deus omnipotens homineni sine
peccato rectum cum libero arbitrio conclidit et in paradiso posuit ,
quem in
sanctitate justitiee permanere Toluit. Homo maie utens pec-
libero arbitrio
cavit et cecidit, et factus est massa perditionis totius humani generis. Deus
autem bonus et justus elegit ex eadem massa perditionis, secundum prœ-
scientiam suam, quos per gratiam prsedestinavit ad vitam, et vitam illis prse-
destinavit seternam. Gaeteros autem, quos justitise judicio in massa perditio-
nis reliquit, perituros prsescivit, sed non ut périrent preedestinavit, pœnam
autem illis, quia justus est, preedestinavit seternam. Ac per hoc unam Dei
praîdestinationem tantummodo dicimus, quse aut ad donum pertinet gratise,
aut ad retributionem justitiee.
2. Quod liberum hominis arbitrium per gratiam sanetur. Libertatem arbitrii
in primo homine perdidimus (!), quam per Ghristum Dominum nostrum re-
§ 454.
leur avait opposé quatre autres capitula qu'il donna clans une
lettre archevêque de Sens ^ Nous possédons
écrite à "Wenilo,
encore cette lettre de Prudentius, et nous y Toyons que les évê-
ques de la province de Sens s'étaient réunis à Paris ou à Sens,
afin d'ordonner ^neas, évêque de Paris, après la mort d'Erchan-
rad. Prudentius, empêché par la maladie, ne put se rendre en
personne à ce synode mais il y envoya un de ses prêtres nommé
;
Spe enim salvi facti sumus, ut tamen semper ad omne opus bonum Dei om-
nipotentis gratià indigeamus sive cogitandum, sive inchoandum, operandum
ac persévérante!" consummandum, et sine ipsa nihil boni nos posse ullate-
nus aut cogitare aut velle aut operari sciamus.
2. Ut Dei omnipotentis altissimo secretoque consilio credat atque fatea-
tur, quosdam Dei gratuita misericordia ante omnia seecula praedestinatos ad
vitam, quosdam imperscrutabili justitia prœdestinatos ad pœnam. Ut id vi-
delicet sive in salvandis sive in damnandis prsedestinaverit, quod se prse-
scierat esse judicando facturum, dicente Propheta Qui fecit, quœ futura sunt.
:
Filius hominis non ministrari, sed ministrare et dure animam suam in redemptio-
nem pro multis.
4. Ut credat atque confiteatur, Deum omnipotentem omnes quoscumque
,
"vult, salvare, et neminem posse salvari uUatenus, nisi quem ipse salvave-
rit;omnes autem salvari, quoscumque ipse salvare voluerit. Ac per hoc
quicumque non salvantur, penitus non esse voluntatis illius ut salventur, ,
§ 455.
justitiœ; mais il aurait dû ajouter que Dieu lui avait aussi donné
la grâce pour cela, et que les anges, de même que nos premiers
parents avant leur chute, avaient besoin de l'assistance divine
pour faire le bien (c. 3). Hincmar n'a jamais nié cela, b) Le cha-
pitre disait Dieu a secundum prœscientiara suam choisi dans la
:
(le Christ) primogenitus. (Il est ici évidemment fait violence aux
paroles d'Hincmar, Il parle simplement de l'égalité naturelle de
tous les hommes avec le Christ : Rémi, au contraire, ne parle que
de l'unité morale des justes avec le Christ), b) La propositon était
est véritablement né une seconde fois n'est pas par le fait même
redemptus, » elle était aussi insensée que celle-ci : « Le Christ a
aussi souffert pro impiis. »
§ 456.
contre lui et que le procès eut été j ugé, nous ne savons dans quel
sens, le synode publia vingt-trois canons. Ebbo de Grenoble se
distingua dans ce synode par son activité c'était un neveu d'Eb-
:
(1) Les trois métropoles de Lyon, de Vienne et d'Arles, ainsi que la ville
de Valence (province ecclésiastique de Vienne), appartenaient au royaume
de Lothaire.
400 SYNODE DE VALENCE EN 855 ET REPONSE d'hiNCMAR.
aux autres et déclare que, dans les choses de foi, on doit éviter les
novitates vocum et les garrulitates, et qu'au sujet de la pres-
esse non posset, sed quod ille futurus erat ex propria voluntate,... Deus....
prsesciit ex sua omnipotenti et incommutabili majestate. Nec ex praejudicio
ejus (Dei) aliquem, sed ex merito proprise iniquitatis credimus condemnari;
nec ipsos malos ideo perire, quia boni esse non potuerunt, sed quia boni
esse noluerunt, suoque vitio in massa damnationis vel merito originali vel ,
tum eorum sequentem, uti Deum qui omnia prospicit, prsescivisse, et prœ-
destinasse, quia justus est Verum aliquos ad malum prsedestinatos esse
divina potestate, videlicet ut quasi aliud esse non possint (possent), non
solum non credimus, sed etiam si sunt, qui tantum mali credere velint,
cum omni detestatione, sicut Arausica synodus, illis anathema dicimus.
4. Item de redemptione sanguinis Christi, propter nimium errorem, qui
de bac causa exortus est, ita ut quidam, sicut eorum scripta indicant, etiam
pro illis impiis qui a mundi exordio usque ad passionem Domini in sua
,
ut omnis qui crédit in eum, non pereat, sed habeat vitam œternam, et Apostolus :
Christus, inquit, semel oblatus est ad multorum exhaurienda peccata. Porro ca-
pitula quatuor, quse a concilie fratrum nostrorum (à Quiercy) minus pro-
specte suscepta sunt, propter inutilitatem vel etiam noxietatem et errorem
contrarium veritati, sed et alla 19 syllogismis ineptissime conclusa {il s agit
de l'écrit d'Origène), et, licet jactetur, nulla sseculari litteratura nitentia, in
(1) Baronius {ad ann. 855, 1), qui ne connaissait pas les écrits de Scot Eri-
gène, a pensé que quelques Scoti vagabundi ayant à leur tcte Gotteschalk,
avaient répandu les erreurs du prédestinatianisine.
T. Y. 26
402 SYNODE DE VALENCE EN 855 ET RÉPONSE D'hINCMAR.
Christ est mort pour tous, » laquelle avait été résolue dans le
c. 4. On ne saurait admettre l'hypothèse imaginée par Hincmar
[De prœdest. c. 24), que Rémi avait passé sous silence la question
« si Dieu voulait que tous les hommes arrivassent au bonheur
raison (t. II, p. 308) que Rémi ne donne pas ces mots dans le
c. 4, mais par c. 4 Hincmar n'entendait pas le
4^ canon de
(1) HiNCMAra 0pp. 1. 1, éd. Migne, t. GXXV, p. 49, 51. 55, 67 et 297,
(2) Migne, 1. c. p. 49 sqq. et Flodoari», lit). III, c. 15.
AUTRES SYNODES DE 855 A 859. TRÊVE DANS LES LUTTES, ETC. 405
§ 457.
ter le peuple dans leurs voyages, de ne pas, ainsi que cela ar-
et
rivait trop souvent, laisser voler leurs serviteurs. Un second édit
impérial contient des prescriptions pour les missi; un troisième,
enfin, renferme d'autres ordonnances, sur la manière de pratiquer
la justice, sur la restauration des églises baptismales, sur les
dîmes et sur la réédificalion des ponts, surtout à Pavie ^
Au mois même année 855 (d'après Mansi 853),
d'août de cette
vingt-huit évêques francs et treize abbés célébrèrent un synode
à Boneuil sur la Marne, non loin de Charenton. Les quatre
métropolitains Amalric de Tours, Wenilo de Sens, Hincmar de
Reims et Paul de Rouen assistèrent à ce synode, qui confirma les
privilèges du couvent d'Anisol {S. confessoris Carilefi) près du
Mans, contre les prétentions de l'évêque de cette ville ^.
Uu synode romain tenu sous le pape Léon IV, entre 853 et 855,
s'occupadu conflit de Sienne et d'Arezzo. Déjà, en 715, un synode
avait adjugé à l'évêché d'Arezzo les églises et couvents au sujet
desquels s'était élevé le conflit. Mais le pape Léon IV se prononça
alors en faveur de l'église de Sienne ^, Nous verrons plus tard
que cette question a été de nouveau agitée en 1139.
Au mois de novembre de l'année 855, se tint un grand concile
anglais à Winchester [Wintoniensis], auquel assistèrent les trois
rois Ethelwulf de Vl^essex, Béorred de Mercie et Edmund d'Os-
tanglie, ainsi que les évêques et les grands de toute l'Angleterre.
Le roi Ethelwulf fit, dans ce synode, des présents considérables à
l'Église, qui avait tant souffert par suite de l'invasion des bar-
Ci) Très-complet dans Pertz, Monum. t. III, Leg. t. I, p. 430; moins com-
plet dans Mansi, t. XV, p. 15. —
Hard. t. V, p. 97.
(2) Mansi, t. XV, p. 22. La question du couvent d'Anisol a été plusieurs
fois traitée par les synodes francs. Voyez plus haut
§ 446 et plus bas H 467
Isidor [in lUgm-Niedner, Zeitsch. f. hisior. Tlieol. 1858, Hft. 3 ,S. 408 f.), veut
trouver dans cette lettre d'Hincmar des preuves d'une duplicité manifeste,
dans ce sens que l'archevêque de Reims tiendrait tantôt le parti de Charles
et tantôt celui de Louis.
REPRISE DES DISCUSSIONS SUR LA PRÉDESTINATION. 411
§ 458.
«on fils aîné Louis II obtint l'Italie et la couronne impériale Lothaire (le ;
sumsubditus).
Le synode répondit à ces plaintes du roi dans six des ,treize
capitula suivants :
(1) Pertz, Monum. t. III, Leg. t. I, p. 462 sqq. — Mansi, t. XV, p. 5'27
sqq, — Hard. t. V, p. 483 sqq.
SECOND ÉCRIT d'HINCMAR SUR LA PRÉDESTINATION. 415
la province de Rémi de Lyon étaient opposés à la nouvelle doc-
trine de la double prédestination, mais qu'il n'avaient pas
eu le
courage de se montrer, afin de ne pas troubler la paix *
Maugin prétend (t. II, p. 325-327) qu'Hincmar commet une
fausseté lorsqu'il prétend une seconde fois avoir lu à Toul (lisez
Savonières) les articles de Quiercy ^, par la raison qu'il n'aurait
pas alors osé faire cette lecture. Maugin s'appuie, pour porter
cette conclusion, sur ce seul motif que les capitula de Quiercy
ne se trouvent pas dans les actes de Savonières (il aurait dû
dire dans les actes mutilés, tels que nous les avons). Son autre
sentiment est tout aussi peu fondé, que les capitula de Langres
ont été approuvés à Savonières, c'est-à-dire l'ont été par toute
l'Église des Gaules. Maugin donne, comme preuve de ce qu'il
avance, que ces capitula se trouvent dans les actes de Savo-
nières. Maugin ne voit pas que le c. 10 lui donne tout à fait tort,
et Schrockh [K. G. Bd. 24, S. 106 f) a vu la présente question
sous son vrai jour. L'approbation donnée aux capitula de
Langres par le pape Nicolas I" conclut de même contre Maugin.
Il est vrai que Prudentius de Troyes parle dans ses annales [ad
Saint-Bertin, qui sont également citées par Maugin (t. II, p. 330)
sont, pour la partie dont il s'agit ici, l'œuvre du même Pruden-
tius, c'est-à-dire que ce sont précisément les annales de Pruden-
tius citées par Hincmar.
459.
(1) Hincmar, Ep. ad Carol. en tête de son second écrit De prœdest. p. 66,
dans Migne. t. CXXV.
(2) Hincmar l'assure de nouveau dans la. prœfatio de son second écrit De
prœdest. p. 63, dans Migne, 1. c.
416 SECOND ECRIT D HINCMAR SUR LA PRÉDESTINATION.
aussi dans la lettre qu'il écrivit au roi pour lui présenter son
livre, lettre qui adû être faite par conséquent lorsque le livre
était déjà composé, Hincmar dit explicitement que, trois ans au-
paravant, on lui avait remis à Nielfa les canons de Valence. Or,
ce fut, comme on sait, dans l'été de 856 que cette remise eut
lieu. — Les motifs allégués par Maugin pour soutenir que l'écrit
d'Hincmar avait été terminé en 862 ou 863 (t. H, p. 339 sqq.),
ne sont pas soutenables. Hincmar dit, il est vrai, qu'il avait dû
utiHser pour le composer le temps que lui laissaient ses nom-
breuses occupations mais on ne peut cependant pas conclure
^
;
dans le c. 36, que ce n'est pas Rémi, pas plus qu'un autre évêque
de la province de Lyon, qui en est le véritable auteur d'après ;
ad mortem (p. 98, éd. Migne). S. Augustin avait, il est vrai, em-
ployé, dans ses premiers ouvrages, l'expression &e prœdestinatio
dans un sens peu défini, et il avait aussi parlé d'une prœdestinatio
ad interitum; mais, dans ses derniers livres. De dono perseveran-
tiœ et De libero arbitrio, il s'était exprimé avec plus de nréci-
sion. Hincmar donne ensuite, comme conclusion, sa propre doc-
trine, que ceux qui se perdent ne se perdent pas par suite de
la prédestination, mais par suite du péché d'Adam. La prédes-
tination de Dieu ne portait que sur ce que Dieu faisait lui-même;
par conséquent, il prédestinait simplement la peine, la punition
aux pécheurs. On ne devait pas dire que Dieu prédestinait les
pécheurs ad pœnam ou ad mortem, de même qu'il prédestinait
les autres ad vitam^ car pour ces derniers Dieu les faisait arriver
au bonheur éternel mais ce n'était pas lui qui faisait tomber
;
date de toute éternité, par conséquent elle est antérieure aux me-
ritis et demeritis. On ne devait pas cependant parler ainsi, car Dieu
cience, Dieu damne les hommes, non pas seulement à cause des
péchés qu'ils commettent, mais encore à cause de ceux qu'ils
auraient commis, s'ils avaient vécu plus loDgtemps; h) pour ceux
qui ne sont pas prédestinés à la vie, le baptême n'ôte pas le péché
originel, et ils n'obtiendront de la vie que ce qu'il leur en faut
pour pécher ; c) la prescience et la prédestination sont identiques ;
et pœna prœdestinata est repr obis, mais, non pas reprobi adpœnam.
C. 21 Les anciens prédestinatiens enseignaient qu'il n'y avait
:
aucun libre arbitre, et que Dieu inspirait aux méchants les vo-
lontés mauvaises qui les faisaient agir. C'est contre cette erreur
que le 2° canon de Quiercy avait été porté. Prudentius l'avait
d'abord souscrit, et puis il l'avait combattu. Le compilateur avait
§ 460.
(1) Qui vim eis intulerint, non pas clans le sens qu'on leur ait fait violence,
car il n'est pas ici question de violence, mais simplement dans le sens
qu'on les ait séduites, ainsi que le prouve la lettre d'Hincmar aux deux
archevêques de Bourges et de Bordeaux. Dans Mansi, t. XV, p. 585.
424 SYNODE DE TOUSl EN 860.
que Dieu voulait le salut de tous les hommes, que le libre ar-
s'était autrefois oublié avec une jeune fille; que, plus tard, son
père l'avait fiancé avec une parente de cette jeune fille, qu'il
avait fait alors connaître l'embarras où il se trouvait à son con-
fesseur, et que ordonné de ne pas épouser sa
celui-ci lui avait
fiancée. Il avait été pendant longtemps dans la perplexité,
lorsque enfin la crainte de Régimund l'avait fait consentir aux
noces mais il n'avait jamais voulu avoir commerce avec sa
;
461.
(l) Photius a aussi traité ce sujet dans ses Amphilochis , q. 27. Voy. la
dissei'tation d'HERGENROTiiER dans la Tub. Quartalschr. 1858, S. 287.
DISCUSSION SUR LA TRINA DEITAS. 429
plaint de lui dans une lettre écrite au roi. Aussi jugea-t-il pru-
dent, lorsque, en 866, Egilo, archevêque de Sens, se rendit à
Rome pour ses affaires particulières, de lui demander [epist. 9
et 10) de vouloir bien s'occuper aussi de ses intérêts, et de parler
au pape de cette assertion du Chronicon de Prudentius, par
loir se réconcilier^.
(1) Hincmar en parle dans son Epist. i{ ad Nicolaum, dans Migne, 1. c. p. 78;
(2) Elle se trouve dans le c. 19 de l'écrit d'HiNCMAR De una et non trina
Beitate , et elle est, en résumé, composée d'une manière très-modérée.
(3) Hincmar, De una et non trina Deitate, p. 616, éd. Migne. Vgl. Gfrorer,
die Carolinyer. Bd. I,S. 279.
iJi :VRE VINGT-TROISIÈME
^ 46î.
(,1) HiNGMAR, De divortio Lothani, etc., dans l'édition des Œuvres d'Hincmar
par MiGNE, t. I, p. 629 sqq. éd. Sirmonw, p. 568, Qi Annales Bertm. {Prudent.
Trec.) cul aiin. 858, dans PE.RTz,.Monwn. t. I, p. 452. Vgl. Natal,. Alex.
Diss. IX, De divortio Lotharii régis, etc., dans Y Histoire ecclésiastique, t. VI.
p. 399, éd. Venet. 1778.
(2) Dans Pertz, 1. c. p. o7i. Gomme Tanalyste de Metz copie Beaucoup
Régino, ii arrive que Les Annales Metenses sont souvent citées à la place de
Régino.
(3) Régino confond (1. c.) ce synode avec celui de Metz. La vérité se
trouve dans Hingmar, De divortio etc. éd. Migne, 1. c. p. 636 (imprimé aussi
dans Pertz, t. III, Legum t. I, p. 465) et Annales Bertin. dans Pertz,
1. 1, p. 454.
AU SUJET DU DIVORCE DE LOTHAIRE DE LORRAINE. 435
l'incertitude, et que, pour ce motif, il demandait aux prélats de
questionner sérieusement Theutberge sur la valeur de ces
bruits. Par ruse et par force, au moyen des menaces et des
mauvais traitements, ainsi que l'insinue Hincmar, on amena la
malheureuse femme à avouer à l'archevêque Gunther qu' « elle
avait^ il est vrai, une faute sur la conscience, mais que cette faute
n'avait pas été volontaire; elle avait été forcée à la commettre, et
elle n'était en effet plus digne de rester l'épouse du roi ou d'être
l'épouse d'une autre personne. Elle demandait qu'on lui permit de
prendre le voile. » Elle fut ensuite la première, grâce aux intri-
gues ourdies autour d'elle, à demander à Gunther de faire con-
naître ses aveux aux au très évêques et aux abbés *. Ces incidents
occasionnèrent, dans le mois de février de la même année, la réu-
nion d'un autre synode à Aix-la-Chapelle, auquel, sans compter
évêques de la France et
les prélats lorrains, assistèrent aussi les
de la Provence, en particuher Wenilo de Rouen, Hildegard de
Meaux, Hilduin d'Avignon, ainsi que plusieurs laïques de dis-
tinction. Theutberge y déclara de vive voix et par écrit, par-de-
vant le roi ainsi que par-devant les clercs et les laïques, qu'elle
était en effet coupable de l'épouvantable inceste dont on l'accu-
sait, et elle protesta également que son aveu était tout à fait
celas I", qui était monté sur le trône pontifical peu cle temps
auparavant, en 858. Elle se plaignit de l'injustice qui venait
d'être commise à son égard. De leur côté, les évêques qui te-
naient parti pour Lothaire, écrivirent aussi au pape pour lui
demander de ne pas se laisser influencer contre le roi Lothaire
par les ambassadeurs que les adversaires de ce roi avaient
envoyés à Rome, mais d'attendre l'arrivée des ambassadeurs de
Lothaire, c'est-à-dire de Thietgaud archevêque de Trêves et
§463.
464.
Hincmar, £'^.24 dans l'édition des Œuvres d Hincmar ]iz.v Migme, t. Il,
(1)
p. 154, et dans Mansi, t. XV, p. 590.
(2) Nos principales sources sont les suivantes a) les lettres du pape Ni-
:
le Blême sujet sont les suivants 1) Histoire de [Photius, etc. d'après les
:
qu'on lui avait fait une très-grande violence mais toute sa con- ;
Baronius est donc dans l'erreur, lorsque [ad ann. 856, 7) il pré-
tend conclure de ces passages que le pape Benoit avait formelle-
ment anathématisé Grégoire, et Du Gange se trompe également
lorsqu'ilregarde l'expression obligati comme synonyme de
excommunicati. Dans cette 9* lettre déjà indiquée, le pape Ni-
colas P' dit d'une manière si claire que Léon et Benoît n'avaient
pas confirmé la sentence sévère portée par Ignace, que,
d'après de douceur du Siège apostolique aurait
lui, cet esprit
implique que Grégoire ait été convaincu par Rome. Toute diffi-
culté disparaît, au contraire, si nous lisons convinctus (lié, sus-
pendu), mot identique à ohligatus, et indiquant comme lui une
suspensio in sacris. On voit que le texte primitif portait réelle-
ment cette variante, et que le mot convictus provient d'une faute
de copiste, par la traduction grecque de cette lettre papale, tra-
duction faite dès le début et employée par le 8^ concile œcumé-
nique. On y lit au passage en question ^srrjjt.euGèVrcov (de ^£(T[xeuco,
nier furent brûlés plus tard avec d'autres documents des par-
tisans de Photius, par ordre du pape et de l'empereur Basile
Macédo.
A partir de cette époque, Ignace fut à plusieurs reprises traité
d'une manière très-brutale, pour obtenir de lui une abdication
par écrit ;
il fut chargé de chaînes comme un criminel et relégué
d'abord à Mitylène. Ses partisans, parmi lesquels se trouvait Mé-
trophanes, furent également emprisonnés et maltraités. Bardas
était l'auteur de toutes ces persécutions, il cherchait à cette
même époque à mettre tout à fait sous sa dépendance le nouveau
paLiiardie, sa créature, et à lui enlever tout pouvoir, de telle
sorte que Photius crut nécessaire ou opportun de lui écrire pour
lui demander de modifier sa manière de faire. Ils ne se brouillè-
rent cependant pas entre eux, ils avaient pour cela trop de mo-
tifs à faire cause commune.
Ignace voulut faire connaître à toute la chrétienté, par une en-
cyclique, l'injustice qui lui était faite, mais ses lettres furent
arrêtées, et les deux clercs qui devaient en apporter un exem-
plaire à Rome, les abandonnèrent traîtreusement. Photius chercha
alors de son côté à être reconnu par Rome et, dans ce but, il
envoya, de concert avec l'empereur, en 859, une grande ambas-
sade au pape; elle comprenait quatre évêques et le ministre
impérial Arsaber, oncle de Photius. L'ambassade devait remettre
à Nicolas des lettres et de riches présents ^ Pour comprendre ce
qui est dit au sujet de cette ambassade, il ne faut pas perdre de
(1),Anastasii Vita Nicolai, dans Mansi, t. XV, p. 147, et Migne, Cwrsus Pa-
trol. CXXVIII, p. 1362. J'ai donné une description de ces présents dane
t.
de l'or le plus pur avec diverses pierres précieuses blanches (probablement des
diamants), vertes (prasinis, c'est-à-dire des smaragdes) et couleur d'hyacinthe
(des hyacinthes); de même, un calice d'or entouré de pierres précieuses, etayant
en outre des hyacinthes rattachées par des fils d'or. —
Il estplus difficile d'ex-
pliquer les mots qui suivent Et repidis duobus in typo pavonum cum scutis et
:
diversis lapidibus pretiosis hyacintlds, albis. Du Cange lui-même n'a pas su ex-
,
pliquer le mot repidis et s'est contenté de reproduire mot à mot, dans son Glos-
saire, le passage qui nous occupe, sans l'expliquer. A mon avis, néanmoins,
Anastase a simplement latinisé ici le mot grec pimSiov, éventail; nous devons
nous souvenir ici que, chez les Grecs, pendant la messe, deux diacres se
tenaient constamment à l'autel avec des éventails pour chasser les
mouches, etc. Ces éventails avaient ordinairement la forme de queues de
paon {ia typo pavonum), et afin d'imiter ce qu'on appelle les yeux de paon,
on les avait ornés de petits écussons {cam scutis) ou de diverses pierres
précieuses blanches et bleues. — Il est également nécessaire d'expliquer le
passage qui suit dans Anastase Similiter vero et vestem de chrysoclavo cum
:
Yrirent, au nom de leur empereur, les deux côtés de l'autel avec cet orne-
ment d'une grandeur et d'une beauté merveilleuses. » Celui qui s'est rendu
compte des nombreuses altérations que l'on constate dans le texte d'Anas-
tase ne saurait être étonné de la rectification que nous demandons.
PREMIERS SYMOUES AU SUJET DE PHOTIUS. 447
vue qu'elle avait une double mission. Il fallait avant tout faire
confirmer à Rome l'élévation de Photius sur le siège de Gons-
tantinople. Nicétasdit, au sujet de cette première et principale af-
faire: « Photius avait écrit au pape qu'Ignace avait volontairement
abdiqué à cause de son âge et de son état maladif, et qu'il s'élait
retiré dans un couvent, où il continuait à jouir de toutes sortes
d'honneurs de la part de l'empereur, du clergé et du peuple \ »
Cette donnée de Nicétas a été jusqu'ici appréciée de bien des
manières occasionné diverses hypolhèses plus ou moins sou-
et a
tenables. Nous possédons encore la lettre, à la fois fort belle et
très-adroite, que Photius envoya alors à Rome ^ elle exprime ;
à l'empereur ; l'empereur
d'après cette lettre,
aurait raconté
de la manière suivante ce qui s'était passé à Constantinople :
(1) L'addition qui se trouve dans VEp. 1 du pape Nicolas « Ignace a été :
chassé avant qu'on eût formulé la moindre accusation contre lui, » n'a pas
été écrite dans l'exemplaire remis aux légats elle n'a dû l'être que plus
:
tard, lorsque le pape rédigea cette Ep. I et après avoir reçu d'autres ren-
seignements de Gonstantinople. A l'époque où les légats furent envoyés, il
ne connaissait pas encore ce détail, ainsi que le prouve sa première lettre à
l'empereur.
(2) NiGOLAi I Epp. 1 et 4, 11. ce.
T. V. 29
450 PREMIERS SYNODES AU SUJET DE PHOTIUS.
(1) NicoLAi I Ep. 2 dans Mansi, t. XV, p. 162, et t. XVI, p. 59. — Hard.
t. V, p. 121 et 802.
(2) NiGOLAi I Ep. 3, 11. ce.
PREMIERS SYNODES AU SUJET DE PHOTIUS. 451
C'est ainsi qu'après avoir résisté pecdant trois mois, ils consen-
tirenl à tlécftir et à manquer à leurs devoirs ^ Photius réunit
aussitôt,en présence de l'empereur, des légats, de beaucoup
de grands de Fempire et d'une foule de peuple, un prétendu
synode général dans l'église des Apôtres à Constantinople, au
mois de mai 861 . On y
pour ne pas dire conduit de
avait invité,
force, trois cent dix-huit membres,
afin de pouvoir comparer ce
conciliabule avec le très-saint synode de Nicée. Comme il com-
prend deux parties, on a souvent parlé du premier et du
deuxième synode de Photius tenus, en 861 ; le pape l'appela
[ep. 10) un nouveau brigandage. L'assemblée se proposait de
décider d'une manière solennelle et définitive au sujet du siège
de Constantinople, soit en amenant Ignace à abdiquer volontaire-
ment, soit en prononçant sa déposition. On avait pour ce motif fait
venir Ignace à Constantinople^ et il fut alors officiellement invité
à comparaître par-devant le synode, lors de la seconde citation,
qui se fit au nom des prétendus légats du pape. Ignace comparut
(1) NiGOLAi. I i;'jt3;3._6 et 10;,11. ce. et Nicetas,, Yita, 5. /(^.naïlîï, dans Mansi,
t.-X.VI, p. 246,. — Habb. t. V„ p. 971.
(2) NiGETAS, '^ita S^Ignatii, dan&MANSi,t. XVI,.p. 238. — HARD.t. V, p. 966.
452 PREMIERS SYNODES AU SUJET DE PHOTIUS.
ainsi que le 4'= canon de Sardique et d'autres pièces qu'il avait fait
remettre aux évêques dans l'intérêt de sa défense. On fit auprès
de lui de nouvelles instances pour qu'il comparût en personne,
et alors il se rendit dans l'assemblée et dit « Yous n'avez donc :
pas lu les canons? car, d'après eux, un évêque ne peut être cité à
se rendre devant un synode que par deux autres évêques. Vous,
au contraire, vous m'envoyez simplement un sous-diacre et un
laïque. » On lui répondit « Tu n'es pas un évêque légitime, tu
:
que par la force. Aussi lui appliqua-t-on le 31' (29) canon apos-
'
(1) Nous puisons tous ce? détails dans une lettre écrite par Ignace lui-
même, par l'intermédiaire du moine Théognost, qui la fitparvenir au pape ;
dans Mansi, t. XVI, p. 259 sqq. — Hard. t. V, p. 1014 sqq.
PREMIERS SYNODES AU SUJET DE PHOTIUS. 453
dut lui prendre de force la main pour lui faire écrire une croix au
bas du document d'abdication. Photius ajouta la phrase suivante
à ce semblant de signature : « Moi, très-indigne Ignace, je re-
connais être devenu évêque sans une élection préliminaire, et
j'avoue également avoir gouverné, non pas d'une manière sainte
mais d'une façon tyrannique. » Ignace fut alors délivré de sa pri-
son, et on le laissa quelque temps tranquille dans sa propre mai-
son, dont il avait hérité du côté de sa mère. C'est probablement
alors qu'il envoya à Rome ce document composé avec le secours
de Théognost et que nous avons déjà mis à profit. On voulut, du
reste, qu'il reparût une fois de plus devant le synode pour lire,
du haut de Pambon, sa sentence de déposition. On devait ensuite
lui crever les yeux; mais il s'enfuit lors de la Pentecôte, et il se
cacha successivement dans des îles, des couvents, des cavernes,
des déserts, poursuivi comme une bête féroce par les émissaires
de l'empereur, qui souvent ne surent cependant pas le recon-
naître quand il fut en leur présence. Au mois d'août 861, un
violent et long tremblement de terre ayant ébranlé Gonstanti-
nople, le peuple vit là une punition de Dieu pour les mauvais
454 PREMIERS SY.YODES AU SUJET DE FHOTIUS.
ainsi que les premières (il est bien difficile d'admettre, ainsi que
le font quelques historiens, que les partisans d'Ignace aient
fait disparaître ces pièces). Aussi ne possédons-nous de ce con-
en les dotant avec les biens des églises, parce que plus d'un
évêque a déjà ruiné par ces moyens le patrimoine de ses églises.
8. Quiconque s'est mutilé lui-même ne peut, conformément
aux canons ecclésiastiques, devenir prêtre. 9. Les clercs ne
doivent châtier que par des paroles, et non par des coups : c'est
ce que prescrit le 28* canon apostolique. 10. Conformé-
(le 26'')
(1) N1COL.U Ep. iO, d?ns Mansi, t. XV, p. 243. — Hard. 1. c. p. 199.
456 PREMIERS SYNODES AU SUJET DE PHOTIUS.
chez les Grecs. De même, les Latins avaient une autre manière
(1) Elle est en latin dans Baron. 861, 34 sqq.; elle a été publiée pour la
première fois en grec dans le T6[aoç x^P»?» 6t puis réimprimée dans Touvrage
de l'abbé Jager (1. c. p. 439), qui l'a aussi traduite enfrançais à la p. 59.
(2) Phrase tout à fait insidieuse Le pape pouvait conclure de là que
!
(1) L'abbé Jager (p. 68) a traduit ce passage d'une manière tout à fait
inexacte.
453 PREMIERS SYNODES AU SUJET DE PHOTIUS.
(1) La traduction latine qui se trouve dans Baronius (1. c.) rend aÙToQev
par ex se, et de même l'abbé Jager traduit « qui ont été ordonnés de leur
:
§ 465.
biens que tu as pris à TÉglise romaine pour les donner aux tienc
ou à d'autres en présents. — Le
décret synodal qui termine
»
dire depuis son enfance, il avait vécu avec des femmes., il décla-
rait qu'il ne lui serait pas possible maintenant d'être; privé de
toute femme ou de toute concubine. Aussi demandait-il aux évê-
ques de lui permettre de contracter un second mariage ^.
Thietgaud archevêque de Trêves se leva alors, et affirma que
avec Waldrade eurent lieu à Noël de 862 (Mansi, t. XV, p. 305 sq.
Hard. t. V, p. 269).
§ 467.
les duperies, les atteintes portéesaux biens des églises, les mau-
vais traitements infligés aux clercs, et on engage les évêques à
excommunier les grands de l'empire qui ne voudraient pas tra-
vailler à leur amendement et à celui de leurs inférieurs ^ Le
synode de Pistes confirme, en outre, au couvent d'Anisole les
privilèges dont il jouit, et que lui dispute l'évêque du Mans
(cf.5Mpr.§§436et457)2.
Quant à l'évêque Rothade, le synode de Pistes était disposé, sur
la demande d'Hincmar, à ratifier la sentence de déposition, et
celui-ci comprit que, s'il voulait l'éviter, il devait sans délai en
appeler à Rome. Le synode reconnut la légalité de cette appellation
et lui donna un sursis, dans l'intervalle 'duquel il devait faire
le voyage de Rome. Aussi revint-il immédiatement à Soissons,
d'où il écrivit au roi et à Hincmar pour leur recommander son
Église pendant son absence. Il adressa également une lettre au
prêtre qu'il avait déposé, pour qu'il comparût aussi à Rome et y
exposât sa défense. Rothade confia également aux clercs qui
devaient porter ses lettres au roi et à Hincmar dans rassemblée
de Pistes, une troisième lettre pour un évêque de ses amis, dans
l'espoir que celui-ci serait encore au synode et, dans cette lettre,
il exhortait instamment tous ceux de ses collègues qui, à Pistes,
(1) Pertz, t. ni, Leg. t. I, p. 477 sqq.— Mansi, t. XVIII, Append. p, 104
sqq. Vgl. Gfeorer, CaroHnqer, Bd. I, S. 328 f.
(2) Mansi, t. XV, p. 63r/pq.
(3) Gfrorer [Carolinger, Bel. I, S. 4G5) dit à tort que Rhotade avait sim-
plement imploré l'assistance de ces évêques pour le temps que durerait son
voyage à Rome.
ROTHADE ET LA REINE JUDITH. 469
^}iy^^^^'^
^^^ Lîie/te proclam, dans Mansi, t. XV, p. 682 sa. et H^rd. t. V,
p. 580.
(2) Mansi, l. c. p. 683 sqq. —
Hard. l. c. p. 580 sqq.
(3) Hincmar, Ep. 2 nd NicuL dans Migne, 1. c. p. 30.
m \ s'^T'-
^' ^' ^' ^^^' ~ ^^^^^' '* ^' P" ^'^' " G™ORKR, die Carolinger,
470 SYNODES DE SOISSONS ET DE POTES. ROTHADE ET LA REINE JUDITH.
§ 468.
auprès du roi Lotliaire et, d'un autre côté, les efforts de Charles
pour empêcher son neveu de répudier sa femme, avaient, on le
comprend, augmenté considérablement la mésintelligence qui
existait déjà entre ces deux princes. Aussi l'entrevue qu'ils eurent,
par l'entremise de Louis le Germanique, à Sablonières (Savo-
nières) près de Toul, le 3 novembre 862, n'amena-t-elle aucun
résultat ^. On a quelquefois, mais bien à tort, regardé cette
entrevue comme un synode, parce que chacun des rois qui y pri-
rent part était accompagné de quelques évêques. Nous trouvons
dans cette même année 862 un synode tenu à Sens, dans lequel
Hérimann, évêque de Nevers (cf. supr. § 452 circa finefii), fut
déposé pour divers méfaits et parce qu'il ne jouissait pas de toute
sa raison ^. On même année 862 le synode
a aussi plticé en cette
romain qui condamna la doctrine des théopaschites (voyez plus
haut§ 202); mais, ainsi que Muratori et Mansi l'ont prouvé, ce
synode ne s'est tenu que l'année suivante'*. JafTé maintient au con-
traire la date de 862. Ce synode fit, contre les théopaschites les
déclarations suivantes 1 Le Christ n'a souffert que dans sa chair;
: .
(1) Voyez l'hypothèse émise par Gfrôrer pour exphquer les uns par les
autres ces divers incidents. Caroling. Bd. I, S. 325 f.
(2) Les actes de cette réunion ont été édités pour la première fois par
Baron, ad ann. 862, 36 sqq., et plus tard par Baluze et Mansi (t. XVIII,
Append. p. 111 sqq.): la meilleure édition est celle de Pertz, t. III, Leg.
L 1, p. 483.
Mansi, t. XV, p. 607.
(3) —
Hard. t. V, p. 538.
Mansi, t. XV, p. 658-662 et p. 611.
(4) —
Jaffè, Regesta Pontif. Rom.
p. 239 et 243.
472 LOTHAIRE ET NICOLAS I^''.
(1) Hincmar. 0pp. ert. MifiNi:, t. î, p. 62:3 sqq. dans le t. GXXV du Cursm
Patrol.
LE SYNODE DE METZ EN 863. 473
disait que les évêques de son pays lui avaient permis (dans le
troisième synode d'Aix-la-Chapelle) de répudier Theutberge et
d'épouser Waldrade. Toutefois, afm que tout se passât dans
l'ordre, il priait le pape d'envoyer des légats qui réuniraient un
synode en Lorraine et éclairciraient toute cette affaire du ma-
riage est probable que la sentence du synode d'Aix-la-Cha-
^. Il
pelle, car la lettre impériale est plus récente que cette sentence,
c. p. 320.
LE SYNODE DE METZ EN 863. 47 7
[ep. 20, 21) traitant l'affaire de Baudoin; on voit donc par là que
ces lettres leur avaient été aussi enlevées), et enfin il leur confiait
comme supplément une nouvelle lettre [ep. 22) pour les évêques
des Gaules et de la Germanie.
On est porté à croire que les légats eurent avec Lothaire une
première entrevue, avant d'avoir reçu les nouvelles dépêches, et
comme dans celte intervalle ils se trouvaient sans instructions
écrites, il furent obligés de se borner à faire connaître de vive
voix au roi les ordres du pape (Mansi, 1. c. p. 335; Hard. 1. c.
p. 288).
Le synode de Metz avait été fixé pour le 5 février 863, peut-
être même avant que les légats du pape n'arrivassent en Lor-
raine. C'est ce que nous apprend une remarquable lettre écrite
par Adventius de Metz à Thietgaud (dans Baron, ad ann. 862,
60, et mieux dans Damberger, Bd. l\l Kritikhcft, S. 168). Cette
lettre est à dessein quelque peu obscure, et on demande à
Thietgaud de la brûler dès qu'il l'aura reçue, tant elle devait
rester secrète. Adventius y dit que Lothaire était présentement
décidé à se soumettre sans condition aucune aux décisions qui
seraient portées par le synode de Metz; Thietgaud ne devait
cependant pas l'induire en erreur sur ce point et ne pas le
détourner dela voie de Dieu, en lui suggérant de trompeuses
478 LOTHAIKE ET .MCOLAS i'"'.
n'y manquait que Hungar d'Utrecht, qui était malade. Mais aucun
évêque des autres royaumes francs n'y assista Lothaire, s'inspi- ;
rant des conseils que Tliietgaud lui avait donnés, n'avait pas
voulu les inviter. Il avait, en outre, ainsi que l'affirment le pape
etHincmar, gagné ses propres évêques, ou bien il les avait inti-
midés par ses menaces. D'un autre côté, les légats étaient gagnés
par des présents aussi n'insistèrent-ils pas pour que l'on fît venir
;
(1) Pertz, 1. c.
(2) Fertz, t. 1, p. 460.
Baron, ad ann. 862, 30.
(b) —
Pertz, t. I, p. 375. — Nicolm l En. 58 dans
Mansi, t. XV, p. 335 sq. —
Hard. t. V, p. 288 sq.
(4) Pertz, t. I, p. 460.
(5) Baron. a(Z ojîh. 865, 57.
Pertz, t. I, p. 375. 460. — Maksi, p. ib-l. Nous cilei'ons le fait suivant pour
montrer avec combien peu de dignité on se conduisit dans le synode. Un
évèque avait ajouté à sa signature cette stipulation, que le décret ne pourrait
avoir de valeur qu'après la décision émise par le pape; mais Gunther
coupa, dans le parchemin, celte stipulation, et ne laissa que le nom de
l'évêque. (Nicol. I Ep. 58. —
Mansi, 1. c. p. 338. —
Hard. 1. c. p. 292.)
TROIS SYNODES EOMAINS. DEPOSITION DE PHOTIUS. 4 81
S 470.
rable pour ses intérêts. Aussi longtemps que les ennemis du pape
dominèrent à Rome, Nicolas ne put, comme on le comprend,
faire examiner par un synode l'affaire de Rodoald, mais il l'en-
gagea à ne pas quitter Rome et à se présenter au prochain synode,
l'assurant qu'il n'avait rien à craindre et qu'il pourrait en toute
liberté exposer sa justification et ses excuses. Au contraire, s'il
Mansi, 1. c. p. 635. —
Hard. c. p. 575. — Pertz, I, p. 464.
(1)
(2)NiGOLAi I Ep. 7 dans Mansi,
1.
colas que son oncle, l'illustre Drogo de Metz,' avait élevé cet Ad-
vemtius et l'avait pris parmi ceux qui composaient sa maison.
Nous voyons également par cette lettre qu'elle fut confiée au
moine Betto pour qu'il la portât à Rome *.
Quelque temps après, le député d'Adventius, c'est-à-dire le
prêtre Teuderich, arriva à Rome et remit une lettre de son maître
encore plus détaillée. C'est ce que nous apprend la lettre du pape.
En même temps, les autres évêques lorrains envoyèrent vers
cette époque des lettres et des députés à Rome; c'est ce que
firent, en particulier, Ratold de Strasbourg nous possédons —
^
encore le commencement de la lettre d'excuses qu'il écrivit
— et Franco évêque de Tongres, auquel le pape répondit dans
sonep. 45.
Le roi Lothaire voulut aussi essayer d'adoucir le pape à son
égard, et il lui adressa dans ce but une lettre que Baronius nous
a conservée (864, 24) ^. Il se plaignait d'abord, dans cettre lettre,
de ce que le pape, pour lequel il avait cependant tant d'estime,
ajoutait beaucoup trop de créance à ses adversaires. « Le pape
Nicolas avait cependant pu apprendre de ses légats que lui, Lo-
thaire, n'avait fait aucune difficulté pour exposer par-devant eux
ses plaintes, et comme l'aurait fait un homme d'une condition
ordinaire (dans le synode de Metz) Le véritable mobile de ses
.
L
faite après
PUNITION DES LÉGATS ET DES LORRAINS. SIEGE DE ROME. 491
(1) Voyez la note de Mansi dans Baron, t. XV, p. 9, éd. Lucc. et Gfrorer>
Carolinger, Bd. I, S. 418.
492 SUITE DE L HISTOIRE DU CONFLIT
§471.
(1) NiGOLAi I E}). 28. — JAFFÉa (dans ses Regestes des papes, p. 241) mal
exposé le rapport de ceLte lettre du pape avec ce qui précède, et il a placé
—
plus tard ce qui était antérieur. Matssi, 1. c. p. 294. Hard.1. c. p. 247.
ENTKE flINCMAR ET EOTHADE. 495
(1) On
serait porté à croire, d'après cela, que le synode de Sois&ons, qui
s'étaittenu sous l'influence de Charles le Chauve et d'Hincmar, et qui, par
conséquent, était mal disposé à l'égard de Lothaire, aurait engagé le pape
à ne pas permettre au roi de répudier sa femme et à retirer la permission
qu'il aurait déjà donnée (le parti de Lothaire avait en effet prétendu que le
pape avait donné cette permission à Lothaire).
ENTRE HINCMAR ET ROTHAUE. 497
ces décisions à Rome et pour y apporter les lettres qui les an-
nonçaient, on envoya dans cette ville le diacre Liudo, et, lors-
qu'il revint, le pape lui donna à son tour plusieurs lettres et
entre autres deux pour le roi et pour la reine ^ . Il explique à
cette dernière pourquoi il ne peut accéder à sa demande de
laisser reposer l'affaire de Rothade, et dans la première lettre il
loue le roi de la condescendance dont il vient de faire preuve, il
lui demande d'oublier tous ses ressentiments contre Rothade et
de l'envoyer à Rome en lui fournissant tout ce qui était néces-
saire pour sou voyage. Dans une troisième lettre adressée à Ro-
thade lui-même [ep. 34), il lui demande de lui déclarer en cons-
cience s'il se reconnaît, oui ou non, coupable, s'il a fait appel et
s'il a ensuite demandé à être jugé par les évêques. S'il en était
ainsi, il ne devait pas se donner tant de peines et en donner aux
autres, c'est-à-dire que le mieux était qu'il restât chez lui. Si
on l'avait déjà réintégré dans son évêché, on avait agi d'une ma-
nière juste et légale; mais si on ne l'avait pas fait et s'il persis-
tait dans son appellation, il devait avoir bon courage et venir à
Rome; il en obtiendrait la permission, car le roi Charles et Hinc-
mar avaient promis de la lui accorder. — Le pape écrivit en
même temps à Hincmar, et indiqua le 1" mai 864 comme jour
auquel Rothade et les députés de ses adversaires devaient se
trouver à Rome. La lettre de Nicolas est perdue, il est vrai, mais
(1) Sur la manière tout à fait sublime dont Nicolas entendait la primauté-
romaine, vgl. Neander, Kirchengesch. Bd. IV, S. 12ô f.
(,'; Ep. 35 et 36 dans Mansi, 1. c.p. 308 sqq. —
Hard. 1. c. p. 261 sqq.
ENTRE HU\CMAE ET ROTHADE. 499
nous tenons les détails que nous venons de donner de Vep. 37 de
ce même pape.
Avant que ces lettres du pape arrivassent en France, on avait
déjà tenu un grand synode à Verberie [inpalatio Ve^^merid) qui ,
dans laquelle le pape disait que son intention n'était pas de faire
abstraction, dans cette affaire, des lois de l'Eglise, et que les
intéressés devaient être soumis à une pénitence. Sur le conseil
de plusieurs amis, Hincmar consentit cependant à ce que l'on
suivît la première et non la seconde lettre du pape, et i! conseilla
même au roi de consentir à une union régulière entre sa fille et
son séducteur. Néanmoins ni Hincmar ni le roi Charles ne vou-
lurent assister à la célébration de ce mariage ^.
par haine ou par des motifs semblables ils ne l'avaient fait qu'à ;
les évêques, les prêtres et les diacres (il y avait donc une sorte
de synode), que Rothade était digne de répiscopat,et il fut de nou-
veau revêtu du costume d'évêque. Rothade déclara en même
qu'il avait été toujours jusque-là et qu'il était encore prêt à ré-
pondre à ses adversaires. On attendit encore jusqu'à la fête de
Ste Agnès (21 janvier 865), et comme aucun accusateur ne se
présenta, le pape réunit une nouvelle assemblée dans l'éghse de
Sainte-Agnès en dehors de la ville, et ce fut là que Rothade remit
son Libellus excusationis et promissionis Onlelut publiquement,
.
p. 583.
ENTRE HINCMAR ET ROTHADE. 505
diocèse (ce mot est pris ici selon le sens qu'il avait dans les pre-
miers siècles de l'Église), ou qu'il la fît résoudre par le siège de
Constantinople (cf. supr. § 200). Ce droit revenait encore plus à
l'Église de Rome qu'à FÉglise de Constantinople. C'est ainsi que
plusieurs papes antérieurs, Jules par exemple, avaient appelé à
leur tribunal les discussions survenues entre évêques (le pape
cite iciun fragment du pseudo-Isidore). Hincmar avait cherché
par tous les moyens à rendre nulle l'appellation de Rothade, et
il n'avait pas obéi aux ordres du pape plusieurs fois réitérés.
§472.
sait-il rien de leurs efforts. Aussi les adjure-t-il, dans les termes
avec les autres fidèles, les côtes de la mer contre les pirates. Le
pape remarque à ce sujet que ce n'est pas aux évêques à faire la
guerre; le roi de France a également tort de soutenir que la pré-
sence des évêques francs dans le synode romain n'était pas né-
cessaire. Quand même les évêques des royaumes de Charles et
de Louis auraient été empêchés (par l'empereur) de traverser les
Alpes, le même empêchement n'aurait pas existé pour les évê-
ques de son frère Lothaire. La présence de ces évêques aurait
été au contraire très-utile pour éclaircir la question du ma-
riage et, en s'abstenant de comparaître, ils avaient certainement
augmenté l'obstinationdu roi. —
Le pape continue comme il
suit, en s'adressant aux deux rois Charles et Louis « Vous pré- :
tendez avoir déjà averti plusieurs fois le roi Lothaire, ainsi que
je puis le conclure, dites-vous, de votre commonitorium. Mais
vous ne m'avez pas envoyé ce commonitorium; aussi ne puis-je
pas savoir ce que vous avez fait. Lothaire m'a déclaré, comme
vous, qu'il voulait venir à Rome en personne; mais je lui ai dé-
fendu d'y venir dans l'état où il est, parce que la sainte Eglise ro-
maine rejette et condamne toute personne dans cet état. Je suis
^(t) Son serment se trouve dans la Chronique de Regino, ainsi que dans les
Annales de Mets (Pertz, t. I, p. 573), et dans Baron, ad ann. 865, 61.
LA QUESTION DU MARIAGE DE LOTHAIRE , ETC. 513
473.
(1) Dans Baron, ad ann. 865, 63 sq. en partie dans Pertz, 1. c. p. 574.
;
on lui
savait très-bien qu'elle avait été forcée d'écrire sa lettre, et
avait dit déjà depuis longtemps qu'elle devait écrire dans ce
sens. Elle ne devait pas craindre la mort, si Lothaire la menaçait
de la faire mourir, et, du reste, en agissant ainsi, ce serait sur-
tout à lui qu'il nuirait le plus. Enfin, lorsqu'elle affirmait qu'elle
voulait la séparation pour vivre ensuite dans la continence, on
ne pouvait l'autoriser à agir ainsi que lorsque son mari aurait
émis le même vœu ^.
Dans la lettre écrite à la même époque à Charles le Chauve, le
pape déplore que cet ancien défenseur si courageux de Theut-
berge eût consenti à se liguer, pour le prix d'une abbaye, avec
Lothaire, pour perdre cette malheureuse femme « il se refusait à ;
croire que cela fût vrai. Lothaire comptait réunir une assemblée
pour faire juger Theutberge, même, s'il le fallait, au moyen d'un
jugement de Dieu. Gela était tout à fait défendu. Theutberge ne
devait plus être soumise à un tribunal, car son affaire avait déjà été
jugée, et elle avait en outre demandé secours au Saint-Siège. Son
mari s'était de même adressé à Rome par ces diverses raisons, ;
leur avait écrites à ce sujet. Quand même cela serait vrai, ils
eux n'avaient mieux aimé prendre parti pour l'adultère que pour
menacés
la vérité. Il les connaissait très-bien, et s'il les avait
jusqu'ici, maintement décidé à les excommunier et à les
il était
aussi être courageux comme l'avaient été les apôtres. Enfin, ils
devaient lui faire connaître, par des députés et par des lettres, si
ceux qui intercèdent pour les deux archevêques déposés, et, dans
celle adressée aux évêques allemands, le pape va même jusqu'à
donner une liste des fautes qu'ils ont commises l'un et l'autre.
pas encore allés à Rome à cette époque. Mais ils ne durent pas
tarder à y arriver, ce qu'ils firent soit dans les derniers jours du
pape Nicolas, soit après sa mort (13 novembre 867) car nous ;
Privileg. etc., p. 37. Damberger (a. a. 0. S. 222) met aussi en doute ce do-
cument.
(1) Pertz, I, p. 476.
(2) Dans Mansi, t. XV, p. 759. — Harzheim, t. II, p. 327. Vgl. Bjnterim,
Deutsche Conc. Bd. III, S. 127 f.
(3) Mansi, Le. p. 890.
SST DE NOUVEAU AGITEE. 5«1
ficum (Baron. 867, 147), fait une pénitence suffisante (ou promis
de la faire); mais, d'après la décision rendue par le pape Nicolas,
Thietgaud ne put pas recouvrer son évêché il dut se résigner,
;
avait méritée ^. »
(1) Berlin. Annales dans Pertz, I, p. 476, et Joann. Diac. dans Baron. 868,
51 sq.
(2) Mansi, t. XV, p. 831. —Hard. t. V,p. 700. —
Baron. 867, 150.
(3) Nous ne possédons plus qu'un fragment de cette lettre dans Regino ,
ai ann. 868. —
Pertz, I, p. 579. —
Gfrorer (Carolinger, II, S. 11) pense
que ce fragment n'est pas une réponse aux lettres précédentes, mais à une
autre lettre écrite plus tard au pape par Lothaire.
024 LA QUESTION DU MARIAGE DE LOTHAIRE
sévérer dans cette voie, prouve encore qu'Adrien n'a pas déserté
les principes de son prédécesseur et du Siège de Rome. Mais Adrien
se préoccupait aussi de montrer la plus grande condescendance
vis-à-vis de Lothaire et de son frère l'empereur, qui venaient, sur
ces entrefaiLes , de réunir leurs armées pour lutter contre les
Sarrasins, qu'ils combattaient déjà séparément depuis longtemps,
mais détourner maintenant des États de l'Église,
qu'ils voulaient
et comme l'empereur assurait d'une manière expresse que Wal-
drade menait alors une conduite irréprochable et qu'elle avait
renoncé à son ancienne opiniâtreté, Adrien se décida, en fé-
vrier 868, sur les instantes prières de l'empereur \ à délivrer
Waldrade de la sentence d'excommunication portée contre elle,
et à lui permettre de communiquer avec les chrétiens, à l'excep-
tion toutefois du
roi Lothaire, afin que Satan ne la fît pas tomber
une fois de plus dans ses embûches. A la fin du décret adressé à
Waldrade, le pape 'dit encore avec beaucoup de prudence qu'il
ne servirait de rien d'être délivré de l'excommunication aux
yeux des hommes, si Dieu ne lai pardonnait à son tour, et, dans
le cas où elle aurait menti, Dieu ferait au contraire peser sur elle
une excommunication beaucoup plus terrible ^. Adrien fît con-
naître, le 12 février 868, aux évêques des royaumes francs les
décisions qu'il avait prises ^, et 11 écrivit à la même date aux rois
Charles le Chauve et Louis le Germanique, pour leur défendre
de s'emparer du royaume de leur neveu, qu'ils convoitaient déjà
depuis longtemps *.
Lorsque Ado archevêque de Vienne apprit la sentence rendue
par le pape au sujet de Waldrade, il ne crut pas devoir cacher le
grand mécontentement qu'il en ressentit. Mais Adrien lui ré-
pondit, dès le mois de mai 868, une très-bienveillante lettre, pour
lui dire que son unique intention avait été de terminer la cure
(1) L'empereur pouvait désirer que l'honneur de son frère fût sauf et, en
particulier, que la honte qui rejaillissait sur lui, par suite de l'anathème dé-
crété contre Waldrade disparût. Mais il n'était certainement pas dans ses
vues que Waldrade devînt jamais la femme de Lothaire, parce qu'il avait
déjà eu des enfants d'elle, tandis que la stérilité de Theutberge lui laissait
espérer d'hériter du royaume de Lorraine.
(2) Mansi, 1. c. p. 834. —
Hard. 1. c. p. 704. —
Danberger (a. a. 0. S. 322)
regarde comme insoutenable, que l'on tienne la lettre de Waldrade pour
authentique.
(3) Mansi, 1. 835.
c. p. —
Hard. 1. c. p. 705.
(4) La au roi Louis existe encore. Mansi, 1. c. p. 829.
lettre —
Hard. 1. c.
p. 699; et Hincmar parle de celle qui fut adressée à Charles, dans les An?ia/es
de Saint-Bertin. Voy. Pertz, I, p. 477.
526 LA QUESTION DU MARIAGE DE LOTHAIRE
avait mis en pratique; puis venait le tour des remèdes plus doux,
elle moment lui semblait venu de les appliquer *.
que Waldrade lui était rendue i^ut per laenam de Waldrada rêve-
stiretur); la palme, la réussite de ses projets, et le bâton, la puni-
tion des évêques qui lui avaient fait de l'opposition. Mais, dit
Hincmar, le pape ne partageait pas ces interprétations, et il se
décida à envoyer encore dans les Gaules l'évèque Formose avec
un de ses collègues, afin qu'ils délibérassent avec les évêques de
ce pays sur les demandes de Lothaire, et que, le 1" mars 870, ils
rendissent compte de leur mission par-devant le synode romain
que le pape voulait réunir pour cette époque. A ce synode
devaient aussi assister quatre évêques du royaume de Charles le
Chauve et de Louis le Germanique, ainsi que des ambassadeurs de
ces rois, et avec eux quelques évêques de Lorraine; tous devaient
§ 474.
lorsqu'il était déjà évêque, apposé son nom au décret qui existait
antérieurement.
Le roi Charles et Hincmar ajoutaient aux actes de Soissons des
lettres pour le pape, et on envoya Egilo archevêque de Sens pour
porter à Rome
ces divers documents. Le roi Charles assure,
dans sa au pape, qu'Hincmar avait le plus grand désir de
lettre
satisfaire à la demande de Sa Sainteté, concernant la réintégration
immédiate des clercs déposés mais que les lois de l'Église ne
;
(1) Maa'si, 1. c. p. 765. --- IIard. 1. c. p. 651. — Hincmar. 0pp. éd. Migne,
t. il, p. 61.
538 SYNODE DE SOISSOXS DE 863.
lettres datées du 6
décembre 866. La première, adressée à
tous les évêques qui avaient 'été membres du syn-ode de Sois-
sons, exprime d'abord la satisfaction qu'a éprouvée le pape en
voyant que la concorde avait régné dans l'assemblée ; puis il
passe à des attaques contre Hincmar. Les actes, du premier
synode de Soissons (cf. supr. § 452) contenaient déjà plu-
sieurs passages qui donnaient prise à la critique. Il y était dit que
avait tantôt fait usage de ses droits, tantôt s'en était abstenu on ;
pape, voici ce qui s'était passé. Hincmar avait écrit à plusieurs re-
prisesau pape Léon au sujet de Wulfad, etc., ce qui lui avait plu,
et il avait pape approuvât le synode. Le pape s'y
demandé que le
était refusé, parce que les actes de Soissons (en 853) n'avaient pas
(1) Dans
la lettre écrite par le pape à Hincmar, et que nous allons ana-
lyser ayant la fin de ce paragraphe, Nicolas- fait beaucoup, mieux ressortir
la falsification dont il accuse l'archevêque de Reims; mais voyez, en re-
vanche, ce qui est dit à ce sujet au § 475.
540 SYNODE DE SOISSONS EN 866.
une relation complète de ce qui s'était passé. Ils auraient dû, non
pas seulement lui raconter par écrit ce qui s'était dit au sujet de
la déposition et de la réintégration d'Ebbo, ainsi qu'au sujet de
l'ordination de ces clercs et de la seconde déposition d'Ebbo,
mais, en outre, lui envoyer les documents officiels concer-
nant ces divers incidents. Il était encore temps de le faire. I/a-
dhésion d'Hincmar aux décisions modérées du synode prêtait
à sourire mais on était obligé de rire quand on le voyait affirmer
;
légale, il ordonnait que l'on commençât par leur rendre leurs an-
ciennes fonctions et dignités. Gela fait, Hincmar devait présenter,
dans le délai d'un an, au Saint-Siège, ses accusations contre eux et
lespreuves démontrant qu'ils avaient été déposés d'une manière
canonique. S'il ne le faisait pas, le pape n'aurait pas de repos
qu'Hincmar n'eût lui-même reconnu
que ces clercs avaient
été réintégrés en toute justice (et non pas par grâce), ou bien
qu'il n'eût prouvé qu'il les avait autrefois déposés avec raison;
si les choses ne se passaient pas de cette manière, le pape de-
(1) HiNCMAK. JEp. 41 ad Nicol. dans l'édition de ses œmvres par Mign^,
t. 11, p. 76;dans Hard. 1. «. p. 657. —
Maksi, U c. p. 772, Voy, Pjehtz, L
p. 474.
544 SYNODE DE TROYES EN 867.
Hincmar s'apitoie ensuite sur les mauvais traitements qui lui ont
été infligés, ainsi que sur son grand âge, et enfin il demande s'il
pourra faire arriver ces clercs à des degrés supérieurs, dans le
cas où ils viendraient à êlrè choisis pour cela ^
(1) Le pou de garantie que l'on avait dans les royaumes francs de voir
son droit reconnu et les procédés par trop sommaires des Uarolingieus
648 SYNODE DE TROYES EN 867.
firent ([ue les évoques furent les premiers à demander au pape de reconnaître
les principes pseudo-isi.loriens, qu'Hincmar avait été le premier à com-
battre dans la qiiestion de Rotliade.
(1) Mansi, 1. c. p. 791. —lÏARD. 1. c. p. G81.
SYNODE DE TROYES EN 867. 549
§ 476.
865 [ep. 8). « J'avais, dit le pape, déjà rédigé pour vous une
lettre amicale, lorsque le protospathar Michel m'a remis une
lettre de Votre Magnificence. Gomme cette lettre est pleine de
blasphèmes et d'injures, ma joie s'est obscurcie... et le style a dû
s-e ressentir de ce changement. Je ne crois pouvoir mieux faire
par une simple négation. Mais quant à ce que vous avez écrit
pour nuire à l'Église romaine, nous devons le réfuter énergique-
ment sans peur ni crainte... Vous dites Depuis le sixième
:
(1) Voyez plus haut § 471, où Nicolas paraît entendre dans un autre sens
ce passa.w de tUialcédoine;, et sans croirequeces mots p/imas diœceseos con-
cernent le pape.
554 CONTINUATION DES DIFFICULTES AU SUJET DE PHOTIUS.
besoin de nous pour avoir raison de cette hérésie (celle des ico-
noclastes), par la raison qu'elle avait été déjà vaincue par le
deuxième synode de Nicée. Mais est-ce que le Siège apostolique
n'a pas présidé ce deuxième synode de Nicée?... Est-ce que Mé-
thodius (cf. swpr. § 440) n'a pas eu l'appui de Rome?... Nous te-
nons à répondre de cette manière au commencement de votre
lettre, pour réfuter la folie de ceux qui ont inventé de pareilles
clioses, car elles ne sont certainement pas sorties de votre cœur
qui est pieux. Quant au reste de votre lettre, je ne puis y ré-
pondre, d'abord parce que je suis tombé malade et que votre am-
bassadeur ne peut attendre plus longtemps, et puis parce que
cette partie de votre lettre est pleine de malices et de blas-
phèmes et contraire à l'ordonnance divine qui a donné à l'Église
romaine ses privilèges... Ces privilèges lui ont été donnés par
Dieu et non pas par les synodes, et c'est en verLu de ces préroga-
tives que nous devons veiller sur toutes les Églises de Dieu...
L'Église romaine tient par héritage ses privilèges des apôtres
Pierre et Paul. L'un et l'autre ont fondé l'Église romaine, et par
leurs disciples ils ont aussi fondé les Églises d'Alexandrie et
d'Antioche (dirigé contre le patriarcat de Gonstantinople, qui
n'avait été fondé que par une série d'extorsions). Les apôtres
avaient gouverné les autres Églises par l'intermédiaire de ces
trois sièges principaux... Aucun synode, pas même celui de
Nicée, n'avait octroyé un privilège à l'Église de Rome... Mais le
synode de Nicée s'était contenté d'accorder au siège d'Alexandrie
un privilège analogue à celui dont jouissait l'Église romaine
(cf. swpr. § 42). Ce privilège me fait un devoir de déposer Photius
et de l'excommunier... Nous n'avions pas chargé nos légats de
porter un jugement sur Ignace et sur son élévation au siège;
nous leur avions simplement mandé de faire une enquête sur
son expulsion et de nous en faire connaître le rèsuUat. C'est ce
que prouve notre lettre [ep. 2supr. § 464), dont nous avons
; cf.
légats), et les décisions au sujet des images. Cet envoi des dé-
putés des deux parties dont nous avons déjà parlé, me paraît être
556 NOUVELLES LETTRES DU PAPE AU SUJET DE PHOTIUS,
§ 477.
(1) NicoLAi I Ep. 8 dans M\xs[, t. XV, p. 187. — TIard. t. V, p. 144. Lei^
dernières plirascs de ce document, à partir des mots Jiœc qaidem jusqu'à la
fin (Mansi, 1. c. p. 216; liARo. 1. c. p. 172), ne font pas partie de la lettre du
pape à l'empereur, mais forment la concUnioa d'une lettre de Nicolas aux
patriarches orientaux; cytte lettre, aux orientaux comprend les Epp. 1 et 7,
ainsi que cette conclusion.
LE 13 NOVEMBRE 866. 157
vait comparer l'exemplaire qui lui avait été remis par les légats
à celui qu'il lui envoyait présentement. On racontait que ces fal-
sifications n'éiaient pas rares chez les Grecs; mais le pape avait
cependant beaucoup de peine à comprendre comment de pareils
faitspouvaient se passer, soit au su de l'empereur, soit à son
insu. Le pape ne pouvait adhérer en aucune manière à la déposi-
tion d'Ignace avant que cette affaire n'eût été examinée de nou-
veau par le Saint-Siège. Ignace était peut-être coupable, mais on
aurait dû néanmoins sauvegarder le droit. Ignace n'aurait pas dû
être chassé de force et par ses inférieurs, il n'aurait dû l'étie que
par une autorité supérieure. Jus(ju'à ce qu'il en fût ainsi, le pape
devait regarder Ignace comme l'évêque légitime de Gonstanti-
nople; il devait condamner l'élévation de Photius etne pas même
la communion de l'Église, s'il
admettre cet intrus à ne s'amendait.
Son ordination par Grégoire de Syracuse, qui était lui-même
déposé, était nulle de plein droit. Ignace avait déposé ce Gré-
goire et avait demandé que cette sentence fût confirmée à Rome.
Mais les papes Léon et Benoît n'avaient pas voulu porter une dé-
cision avant d'avoir entendu les deux parties; c'est pour cela
qu'ils avaient aussi pressé Ignace d'envoyer de son côté des dé-
putés à Rome. Grégoire, l'ayant appris, avait abusé de la longani-
mité de Rome, avait poursuivi Ignace avec plus d'ardeur que ja-
mais, avait même osé ordonner un autre sujet à sa place, avait
553 NOUVELLES LETTRES DU PAPE AU SUJET DE PHOTIUS,
Ignace encore sur son siège, Photius faisait déjà partie des
était
i
LE 13 NOVEMBRE 866. 561
levé la main contre leur seigneur. Les anciens papes et les sy-
nodes avaient défendu que quelqu'un devînt évêque d'une ma-
nière si rapide, et c'était unque de soutenir,
vrai faux-fuyant
ainsi que que canons
le faisait Photius, de Sardiquelesqui con-
tenaient ces défenses n'étaient pas connus à Gonstantinople. L'a-
pôtre {1 Tim. h, 22) avait déjà dit « N'imposez pas les mains
:
lepape a fait pour lui depuis le retour des légats. « Il avait déclaré
nul l'assentiment donné par les légats à la déposition d'Ignace et
à l'élévation de Photius, et après avoir annoncé cela à l'empe-
reur, il avait d'abord puni le légat Zacharie et puis le second,
Rodoald il avait ensuite prononcé la sentence contre Photius et
;
ses partisans, et, après avoir dépouillé de la prêtrise tous ceux qui
avaient été ordonnés par Photius, il a déclaré qu'Ignace était
l'unique évêque de Gonstantinople, a menacé de peines sévères
tous ses adversaires et a ordonné que les évêques exilés fussent
réintégrés. On pourrait commencer
à émettre des accusations
contre eux lorsqu'ils auraient été déjà réintégrés sur leurs sièges;
mais ils ne devaient être jugés par nul autre que par le pape. »
En terminant-, Nicolas exhorte Ignace à rester ferme et à se
confier en Dieu, et il lui rappelle que S. Anathase a passé par les
mêmes traverses ^
(1) Ep. H
dansMANSi, t. XV, p. 259. —
Hard. 1. c. p. 214. Dambergeh —
(a. a. U. S. 205) croit qu'il y a des intercalations dans ceLte lettre. Le pape,
dit-il, n'a certainement pas menacé les nombreux amis et partisans de Pho-
tius; c'aurait été mécontenter à la fois bien des personnes. Ce raisonnement
est tout à fait arbitraire.
(2) Ep. 13 dans Mansi, 1. c. p. 269. -
Hard. 1. c. p. 224; dans un extrait
grec, Mansi, p. 306. —
Hard. p. 1022.
T. V. 36
562: NOUVELLES LETTRES DU PAPE AU SUJET DE PHOTIUS, ETC.
§ 478.
—
(1) Mansi, 1. c. p. 178. Hard. 1. c. p. 136. —
Damberger (a, a. 0. S. 216)
a remarqué, il est vrai, que cette lettre n'était pas adressée à Tempereur;
mais il n'a cependant pas connu le yéritable état des choses. A la page 215,
il n'a pas compris non plus que cette note finale Hœc quidem appartenait
sents, parmi lesquels les armes qui avaient servi au roi pour
vaincre les révoltés. Les Bulgares demandèrent en même temps
qu'on leur envoyât des prêtres, et ils présentèrent plus de cent
questions ou doutes sur différents points de la foi ou de la mo-
rale. Le pape Nicolas nomma aussitôt les évêques Paul de
Popu-
lonia en Toscane et Formosus de Porto ses légats en Bulgarie,
(1) Voyez surtout le n" 106 des Responsa Nicolai ad consulta Bulgaro-
rum.
LES BULGARES ET LE PAPE NICOLAS l"'. 565
tius, tout savant et tout rusé qu'il était, ne savait pas se mettre à
intelligence moindre.
Le pape ayant, ainsi que nous le savons, envoyé en Bulgarie
les évoques Paul et Formose, en même temps qu'il envoyait à
Gonstantinople Donat d'Ostie, le prêtre Léon et le diacre Marin de
Rome, ils se dirigèrent les uns et les autres par le même chemin
vers la Bulgarie, et on vit bientôt que ce chemin était le seul
sur 2. Voici le résumé des cent-six Responsa ad consulta Bulgaro-
rum t 1 . Le christianisme comprend la foi et les bonnes œuvres.
2. Il est défendu de se marier avec ses parrains. 3. Description
des usages latins pour la célébration d'un mariage ; toutefois ces
cérémonies ne sont pas absolument nécessaires, et plusieurs
n'est plus propre à la tristesse et au jeûne que le mercredi, parce que c'est
en ce jour que Judas a enseveli le Seigneur dans son cœur, c'est-à-dire a
formé le dessein de le ti-ahir. »
(2) Annales Berlin, et Fuldenses, dans Pertz, t. I, p. 379, 380, 473, 474, et
Yita S. Nicolai 1 Pontif. d'ANASTASius, dans Baron. 866, 1. —
Mansi, t. XV,
p. 156. —
MiGNE, t. GXXVllI, p. 1374.
566 LES BULGARES ET LE PAPE NICOLAS I''^
d'entre elles n'ont pas lieu quand il s'agit des pauvres. Le prin-
cipal est le consensus, sans lequel les cérémonies sont de nulle
valeur, quand même le mariage aurait été consommé. 4 et 5. Sur
les jours de jeûne. Lorsque Noël, ou l'Epiphanie, ou une fête
de Marie, ou de Pierre et de Paul, de Jean-Baptiste, de Jean
celles
l'Evangéliste, d'André ou d'Etienne tombent un vendredi, on
peut ce jour-là manger de la viande. 6. Les Grecs croient à tort
qu'on ne doit se baigner ni le mercredi ni le vendredi. On peut
aussi le faire le dimanche 7 . et 8 . Un homme impur ne doit ni bai-
ser ni porter la croix. 9. Celui qui est sans péché mortel doit com-
piuniertous les jours pendantle carême, mais il doit aussi pendant
ce temps s'abstenir du mariage. 10. On doit s'abstenir de tra-
vailler le dimanche seulement, mais non pas le jour du sabbat.
11. Enumération des fêtes des saints pendant lesquelles on ne
doit point travailler : les fêtes de Marie, celle des douze apôtres,
des évangélistes, de Jean-Baptiste et d'Etienne. 12. Ces jours-là
on ne non plus aucune séance judiciaire ou faire
doit tenir
quelque exécution. 14. Conformément à votre désir, nous avons
aussi doniîé aux légats les codes de lois civiles mais ils doivent ;
n'est pas juste que le roi fasse exécuter ceux qui se sont ré-
voltés, aiyisi que leurs enfants. 18. Celui qui a été baptisé et a
jgipostasié ensuite sa foi, doit y être ramené de force (voy. le
n° 41). 19-32. manière de traiter diverses espèces de mal-
Sur la
faiteurs, allusion aux codes de lois civiles et ecclésiastiques que
les missionnaires emportent avec eux. Dans bien des cas, il
faudra laisser aux prêtres le soin de décider. 33. Au lieu d'une
queue de cheval, vous porterez désormais une croix sur vos
étendards. 34-36, A moins de nécessité, vous ne devez pas mar-
cher en guerre un jour de fête; à part cela, il ne faut pas s'atta-
<îher à tel ou tel jour. Au lieu des anciens usages païens, vous
devez commencer toute campagne par la prière et les bonnes
çeuvres. 37. Nous vous envoyons volontiers les livres qui vous
sont nécessaires. 38. Plus le danger est grand dans une guerre,,
LES BULGARES ET LE PAPE NICOLAS l". 567
(1) Ces redites ne prouvent pas, ainsi que le suppose Damberger, contre
Tunité de ce document; mais ce défaut provient de ce que les demandes
des Bulgares n'avaient pas été faites dans un ordre parfaitement logique.
(2) Voyez Vierordt, De junclarum in precando manuum origine indo-germa-
nica et usu inter plurimos Christianos adscito. 1851.
668 LES BULGARES ET LE PAPE NICOLAS l".
Avec ces derniers on ne doit faire la paix que pour pouvoir les
amener à la vraie foi. 83 jusqu'à 85. Yous demandez si vous devez
punir les malfaiteurs. Oui, mais non pas les clercs. Exhortation
à la douceur. 86. Défense d'appliquer la torture. 87. Celui qui
obligera (Quelqu'un à entrer dans un couvent devra être puni. 88.
Yous ne devez pas prier pour ceux des vôtres qui sont morts
dans l'infidélité. 89. Les offrandes des prémices sont très-an-
ciennes. 90. Yous demandez si on peut manger un animal qui
n'a pas été tué avec un couteau, mais qui est mort à la suite d'un
coup. Yous pouvez le manger. 91. En revanche, vous ne devez
pas manger d'un animal qui a été poursuivi par un chrétien, mais
qui n'a été tué que par un infidèle (ou vice versa). On ne doit avoir
aucun rapport avec les infidèles. 92. Yous demandez quels sont
les vrais patriarches. Ce sont, à proprement parler, ceux des
sièges fondés par les apôtres, c'est-à-dire ceux de Rome, d'A-
lexandrie et d'Antioche. Les évêques de Constantinople et de Jé-
rusalem sont, il est vrai, appelés également patriarches; mais ils
n'ont point la même de Constantinople n'a
autorité, carie siège
pas été fondé par un apôtre synode de Nicée, qui est le plus
; le
tellement satisfait de ces légats qu'il renvoya tous les autres mis-
sionnaires, et un jour fit couper ses cheveux et ceux de ses
Bulgares pour se proclamer solennement serviteurs de l'Église
romaine. Ils envoyèrent à Rome une seconde ambassade pour
demander au pape de nommer Formose archevêque des Bul-
gares, et d'envoyer d'autres prédicateurs ^
§ 479.
car tout jeune homme qui voulait y entrer devait déclarer aupa-
ravant par écrit qu'il était en communion ecclésiastique avec le
afinque vous nous envoyiez des députés qui nous aident à arra-
cher cette ivraie. J'espère que les Bulgares se laisseront gagner
de nouveau, car il n'est pas jusqu'au cruel Ruthène qui ne se soit
converti. Vos députés doivent être munis de pleins pouvoirs bien
en règle. Il m'est aussi venu de l'Italie des plaintes contre Nicolas
(de Thietgaud, Gûnther et d'autres) ^ Ils me demandent de leur
venir en aide contre la tyrannie du pape. Les moines Basile, Zo-
zime et Métrophanes nous ont aussi parlé de cette tyrannie. Je
vous envoie ci-jointe une copie de la lettre des Latins, parce que le
synode général qui va se tenir aura aussi à émettre une décision
,'>ur ce document. Enfin vous devez regarder comme œcuménique
et le rapport qui existe entre ces deux écrits est facile à constater.
Toutefois, la lettre aux Bulgares comprend deux accusations de
plus. Cette lettre, il est vrai, est perdue; mais nous savons ce
qu'elle contenait par le pape Nicolas [ep. 70), auquel les Bulgares
dévoués à Rome en envoyèrent une copie lorsque, peu de temps
après, les trois légats regagnèrent Rome ^ Avec eux partit aussi
probablement cette ambassade des Bulgares dont nous avons
parlé plus haut, qui demandait l'envoi de nouveaux missionnaires,
ainsi que l'élévation de Formose à la dignité d'archevêque des
Bulgares. Le pape ne put pas accéder à cette dernière prièfe,
parce que les canons défendaient de transférer un évêque d'un
siège à un autre. Jusqu'à cette époque, on n'avait encore jamais
choisi, même pour pape, un candidat qui fût déjà évêque, et
Formose fut précisément le premier ou le second ^ pour qui
cette règle ne fut pas observée, lorsque, en 891, il monta sur le
siège pontifical aussi cette nouveauté lui valut-elle parfois des
;
cette sentence que vingt et un évêques tous les autres s'y refusè-
;
(1) Nous avons des renseignements sur cette assemblée par Anastase
dans sa traduction des actes du 8^ concile œcuménique, dans Mansi, t. XVI,
p. 5. — Hard. 1. c. p. 752; de plus dans Nicetas Yita Ignatii dans ,
—
,
§ 480.
(1) A7maL lib. XVI, c. 8, p. 167, t. II, éd. Paris, p. 131, éd. Ve-
ZoNARAS,
net. — Léo Gkamm. Chronograph. p. 471 éd. Paris, p. 254 éd. Bonn. Voyez
Lammer, Papst Nicolaus I, etc. S. 50.
(2) Neander (Bd. IV, S. 423) paraît tout disposé à le faire; mais il croit en
dernier lieu qu'on doit mettre en doute le récit de Zonare.
T. V. 37
578 CHUTE DE l'empereur MICHEL ET DE PHOTIUS.
§ 481.
des représentants des deux partis, pour que le pape pût juger en
connaissance de cause. Du reste, même dans le cas où les amis
de Photius n'auraient pas émis cet avis, l'empereur devait être
amené à agir de cette manière, à cause de la lettre écrite par le
pape à l'empereur Michel en 865 [ep. 8). Ignace choisit alors pour
le représenter le métropolitain de Silaeum et de Perge, et Photius
choisit Pierre archevêque de Sardes. L'empereur leur adjoignit
§ 482.
marque alors qu'il existe sur ce point divers usages suivant les
contrées; en Germanie, par exemple, on faisait usage de lait, de
(1) ^Ene/E Paris liher adv. Grœcos, in Acherii Spicileg. t. I (t. VII de l'an-
cienne édition) imprimé dans Migne, Cursus Patrol. t. CXXI, p. 685-762. —
Mansi (t. XV, p. 362) et Hard. (t. V, p. 314) ne donnent que la préface de
ce mémoire.
L'agneau pascal que Ton bénissait dans plusieurs églises de l'Occi-
(2)
mangé comme eulogie, mais n'était nullement regardé comme
dent, était
sacrement; on ne l'offrait pas non plus à l'autel comme une hostie.
LE SYNODE DE WORMS EN 868 ET SON SENTIMENT, ETC. 585
l'on confectionnait le chrême avec de l'eau, étaient également
fausses l'une et l'autre; il énumère ensuite les autres chefs d'ac-
§ 483.
sonnes divines et de leur rapport les unes avec les autres, en par-
ticulier au sujet du Saint-Esprit. [Spiritum enim sanctum, qui est
tertia in Trinitate persona, unam atque œqualem cum Deo Pâtre
et Filio credimus esse Deum, unius substantiœ^ unius quoque na-
turœ; nec tamen genitum vel creatum, sed a Pâtre Filioque proce-
dentem, ambormn esse Spiritum Nec enim procedit de Pâtre in .
toutefois il ne devra jeûner que trois fois par semaine (cf. supra,
§ 420). 27. On ne doit pas non plus tuer un païen. 30. Punition
de ceux qui tuent leurs parents ou leurs frères (la stipulation
qu'ils peuvent continuer la vie conjugale ou se marier est un
adoucissement à l'ancienne pratique). 32. Pour les mariages, nous
n'indiquons pas de degré de parenté mais si l'on connaît encore
;
vent être punies comme des meurtrières; quant à celles qui, sans
le vouloir, étouffent leurs enfants pendant leur sommeil,
on les
moins de rigueur (ces accidents ont été plus tard
traitera avec
ET SON SENTIMENT TOUCHANT LES GRECS. 591
d'Hippo, cf. supra § 109). 77. Contre ceux qui enlèvent les
femmes; est identique au c. 27 de Ghalcédoine; 80. Lorsqu'un
condamné à mort a été exécuté, s'il a fait une bonne confession et
a été véritablement pénitent, son corps sera porté à l'église et on
célébrera la messe pour lui ^
§ 484.
—
(1) Mansi, 1. c. p. 869. Hard. 1. c. p. 737. —
Harzheim, 1. c. p. 3H. —
Deutsche dans Binterim, Bd. III, S. 163 ff. Au sujet des autres prétendues
ordonnances de Worms qui auraient été découvertes par Augustin Theiner,
voyez Binterim, a. a. 0. S. 220.
(2) Mansi, t. XVI, p. 120. — Hard. 1. c. p. 860.
(3) Vita Adriani, par le continuateur des œuvres d'Anastase dans Migne,
t. GXXVIII, p. 1386. — Mansi, t. XV, p. 810. Voyez Anastasu Interpret. sy-
nodimu, prœfat. dans Migne, t. GXXIX, p. 15. —
Mansi, t. XVI, p. 7. —Hard.
1. c. p. 753.
ET CÉLÈBRE UiV SYNODE AU SUJET d'aNASTASE. 593
tion (on voit par là que le député d'Ignace n'était pas encore
arrivé à Rome avec
les lettres qui lui avaient été confiées). Adrien
dit ensuite qu'ilmaintiendra ce que Nicolas avait décidé sur la
personne d'Ignace et ses compagnons d'infortune, ainsi que sur
l'Église de Gonstantinople. Il lui envoyait maintenant Théognost,
qui s'était constamment employé pour l'Église de Gonstantinople
auprès de lui ainsi qu'auprès de son prédécesseur Nicolas; il
(1) L'opinion émise par Daiiberger (Bd. III, Kritikii. S. 237) portant que
la seconde ambassade de Gonstantinople n'avait été envoyée qu'après la
publication de ces deux lettres du pape, c'est-à-dire dumoisde décembre 868
;(et non pas 867), n'est pas fondée, car les lettres confiées à cette ambassade
furent, on s'en souvient, adressées au pape Nicolas.
T. V. 38
594 SYNODE DANS l'ÉGLISE DE SAINT-PIERRE, EN 869.
Nous tenons
ces meurtres et avait occasionné d'autres injustices.
ces détails d'Hincmar, qui nous les fournit dans les Annales de
Saint-Bertm (Pertz, I, p. 477 sqq.); mais dans ces annales, cet
Anastase y est désigné à tort comme bibliothécaire, c'est-à-dire
qu'il est confondu avec le savant abbé auquel nous devons les
Vitœ pontificiimy ainsi que la traduction du 8^ concile œcumé-
^
nique, etc.
§ 485.
chant de
cette affaire, afin
réfuter tous les bruits mauvais qu'on
avait fait courir sur son compte (comme s'il voulait suivre une
autre voie que son prédécesseur) il prononça ensuite l'anathème ;
corde, mais le sacre de ceux qui avaient été ordonnés par Pho-
tius était sans valeur. Le spathar Basile avait intercédé avec
instance en ileur faveur, 'mais iil n'avait pas été possible de les
reconnaître comme ayant été légitimement ordonnés. Le pape se
réservait le droit d'user plus tard de condescendance. Adrien dési-
rait du reste que l'empereur réunît un grand synode sous la pré-
sidence de ses légats, afin que l'assemblée jugeât les coupables
selon le degré de leurs fautes et qu'ilfît brûler tous les exem-
486.
sonnier.
Nous n'avons que très-peu de détails sur ce qui s'est passé à
Verberie; nous savons seulement qu'il compta vingt-neuf
évêques, dont huit métropolitains, qu'Hincmar de Reims y exerça
(1) On trouve dans Mansi, 1. c. p. C88, une biographie de cet évêque faite
par Cellol.
(2) Le mémoire d'Hincmar Y -ancien pro ecclesiastîca libertaie iuenda
in causa
Laudiinensis episcopi, qu'il remit dans l'assemblée de Pistres au roi Charles
le Chauve, se trouve avec des additions, des appendices et des notes du jé-
suite Cellot dans Mansi, 1. c. p. 755 sqq. et, sans ces notes, dans Hard. 1. c.
p. 1328 sqq. dans Hincmar, 0pp. éd. Migne, t, I, p. 1035, et t. II, p. 94 et
StiiNGxMARi Laudun. 0pp. éd. Migne, t. CXXi V, p. 1025.
602 SYNODES DE VERBERIE , DE PISTRES ET BE METZ, EN 869.
Charles le Chauve
enfermé à Silvacum dans l'évêché de Laon.
et
Avant d'être fait prisonnier, Hincmar eut encore une occasion pour
ordonner à son clergé diocésain de faire durer l'interdit aussi
longtemps que durerait sa captivité ^ heureusement qu'en qua-;
pas sur l'autre (cf. supra, § 472). Le siège de Trêves était présen-
tement vacant, aussi était-il d'autant plus autorisé à exercer ces
fonctions. Les autres évêques lui donnèrent leur consentement.
Il ajouta que le roi Glovis avait été baptisé aussi par Rémi, évêque
(1) Pertz, t. I, p. 483, t. III [Leg. Y), p. 512. — Mansi, t. XVI, p. 555.
IlARD.l.c.p. 1211 sqq.
LIVRE VINGT- QUATRIÈME
§ 487.
XXV, car en 869 ce n'est pas le 15, mais le 25, qui tombait un dimanche.
606 ARRIVÉE DES LEGATS DU PAPE A CONSTANTINÔPLE.
Nicolas que l'Église romaine, qui est la mère de toutes les autres
Églises, s'est occupée avec une très-fidèle diligence de l'Église
tard sur ce point). Mais, pour lui, ce qu'il avait donné était au-
thentique *. »
§ 488.
Après que le Libellus satisfactionis apporté par les légats eut étô
traduit en grec etque tous les préparatifs eurent été terminés, le
synode fut solennellement ouvert, le 5 octobre 869, dans l'église
de Sainte-Sophie ^. Les membres prirent place sur le côté droil.
de ce qu'on appelait les catéchuménies ^, et pour rehausser la
que pour la seconde, ainsi qu'Anastase le dit avec raison au sujet des autres
sessions. L'extrait grec est aussi dans le vrai sur ce point. Cf. Pagi, 869, 5.
(2) Les catéchuménies n'étaient pas, ainsi qu'on le croit ordinairement,
la place destinée aux catéchumènes ; on entendait par là l'espace des ar-
cades supérieures où se plaçaient les femmes pour entendre les prières et
les chants; cf. Du Cange, Constaiitinopolis chrUtiana, lib. III, §.38, p. 22.
Pour deux sessions du synode, les actes n'indiquent pas le local où elles
se sont tenues, et pour les autres il se contente d'indiquer « le côté droit
de l'église de Sainte-Sophie; » mais toutes les sessions se sont certainement
tenues au même endroit, c'est-à-dire au côté droit des catéchuménies de
l'église de Sainte-Sophie.
T. V. 39
610 PREMIERE SESSION DU HUITIEME CONCILE ŒCUMENIQUE.
« Que Dieu soit loué, parce qu'il a pris soin de nous par l'inter-
médiaire de Yotre Sainteté. » Élie, représentant du patriarche de
Jérusalem, déclara alors que son collègue Thomas, archevêque
de Tyr, n'avait reçu aucun document établissant ses pleins pou-
voirs, parce que le siège d'Antioche était vacant et que lui-même
était administrateur du patriarcat. Il faisait cette déclaratio-a
parce que Thomas ne s'exprimait pas facilement en grec. Lui-
même (Éiie) avait une lettre de son patriarche Théodose, et il
demandait qu'on en fît la lecture. Il demandait en outre qu'on lût
un autre document, c'est-à-dire son vote sur les questions pen-
PREMIÈRE SESSION DU HUITIÈME CONCILE ŒCUMÉx\IQUE. 611
-dantes rédigé par écrit, qu'il avait préparé sur l'ordre de l'em-
pereur, pour pouvoir rentrer chez lui (dans le cas où l'arrivée
des légats du pape se serait prolongée plus longtemps). La lettre
du patriarche Théodose de Jérusalem, qui fut lue alors et qui était
adressée à Ignace, « patriarche œcuménique, » est une réponse
à la lettre de celui-ci, dans laquelle il annonçait à son collègue sa
réintégration et l'invitait au synode. Théodose y exprimait d'a-
bord la joie que éprouver la réintégration d'Ignace,
lui faisait
(i) L'empereur Basile avait en efîct, ainsi que le rapporte Nigetas dans
sa Vita Ignatii, gagné à sa cause, par des lettres et par des présents, le gou-
verneur sarrasin de la Syrie. Ce gouverneur était Achmed de Tulunide, qui
avait aussi l'Egypte sous sa domination, et qui, dans son ardent désir de
se rendre indépendant des califes, comptait bien mettre à profit l'amitié de
l'empereur de Byzance.
(2) Il était nécessaire d'user d'un pareil prétexte, sinon pour les califes,
du moins pour les soldats et pour le peuple sarrasin qui étaieni animés d'un
très-grand fanatisme.
612 PREMIÈRE SESSION DU HUITIEME CONCILE ŒCUMENIQUE.
séparons pas de cette foi, et, suivant en tout les décisions des Pères et
en particulier des papes, nous anathématisons tous les hérétiques,
y compris les iconomaques et Photius... et nous suivons le saint
synode que le pape Nicolas, de pieuse mémoire, a tenu au tom-
beau des apôtres Pierre et Paul, et que toi aussi, ô évêque supé-
rieur, Adrien, tu as également signé. Nous suivons aussi le
synode que tu as célébré toi-même il y a quelque temps, et nous
condamnons ce qu'il condamne, c'est-à-dire Photius, Grégoire
.
de Syracuse et leurs partisans, qui se sont obstinés dans le schisme
et sont restés en communion avec lui. Nous frappons d'un
anathème éternel les détestables conventicules (conciliabules)
qui ont été tenus sous l'empereur Michel, à deux reprises contre
Ignace et une fois contre le primat du Siège apostolique, et nous
anathématisons également tous ceux qui ont défendu les con-
clusions fie ce synode ou qui en cachent les actes et ne les brûlent
pas. Au sujet d'Ignace et de ses partisans, nous suivons com-
plètement ce qui a été décidé de par l'autorité du Siège aposto-
lique, et les noms de tous ceux qui ne sont pas d'accord avec
ce Siège seront passés sous silence au service divin. »
devait pas ainsi faire enlever les exemplaires. S'il prétendait que
cela s'était fait sans son ordre, le meilleur moyen de le prouver
était d'ordonner que l'on rendît ces exemplaires. » Ces conseils
furent écoutés, et l'empereur donna en effet cet ordre. Les légats
confièrent alors les papiers qui leur avaient été remis à Anastase,
qui les apporta heureusement à Rome, tandis que les légats fu-
rent complètement dépouillés par des pirates lorsqu'ils navi-
guaient de Dyrrachium à Ancône, et on leur enleva tous leurs
papiers.
Dans la première session du synode, on lut, en outre, la décla-
ration annoncée par Elie et rédigée par lui ainsi que par son col-
lègue Thomas. Il y était dit dans l'introduction qu'ils (les deux
vicaires de l'Orient) étaient venus à Constantinople, sur le désir
de l'empereur, pour travailler au rétablissement de l'ordre dans
cette Ëghse. « On attendait depuis longtemps l'arrivée des légats
du pape (le document était, ainsi que nousl'avons fait remarquer,
composé déjà depuis longtemps), et il n'était pas prudent à eux
de rester plus longtem^ps à Constantinople, parce qu'ils pourraient
par là éveiller les soupçons des Sarrasins. Il n'était pas néces-
saire, du reste, qu'ils attendissent les légats romains, car ils pos-
sédaient les décisions du pape Nicolas et la lettre d'Adrien, et ils
clercs qui, après avoir été ordonnés par Méthode et par Ignace ,
avaient ensuite pris le parti de Photius, mais étaient rentrés dans
614 PREMIÈRE SESSION DU HUITIEME CONCILE ŒCUMENIQUE.
ambassa-
charie, en qualité de légats à Constantinople. Mais ces
deurs avaient eu la faiblesse de prendre part à un nouveau bri-
gandage, à la suite duquel l'empereur avait envoyé à Rome son
secrétaire Léon avec des lettres de l'empereur lui-même et de
Photius; le pape, ayant découvert toute la supercherie, avait
convoqué un synode, dans lequel Photius et son conciliabule
avaient été condamnés et les légats également punis (tout s'étais
Les débats gui eurent lieu lors de la quatrième session font mieux
(1)
comprendre la nature de robjection soulevée par les commissaires im-
périaux.
DEUXIÈME ET TEOISIÈME SESSIONS DU Vllf CONCILE ŒCUMÉNIQUE. 615
vait jamais été, pas plus par le pape que par les patriarches d'A-
lexandrie, d'Antioche et de Jérusalem, reconnu comme évêque
légitime, mais tous les patriarches avaient constamment regardé
Ignace comme le véritable évêque de Constantinople . Or, onn' était
tenu de convoquer l'accusé en personne avant de le juger que
lorsqu'il s'agissait d'un évêque réel et légitime. Ils avaient ap-
pris du reste, non pas de Photius lui-même, mais de ses amis,
ce qu'il disait pour sa défense, et ils l'avaient trouvé sans valeur.
Photius avait lui-même prouvé qu'il n'avait jamais été reconnu
par les patriarches orientaux, car, après l'arrivée à Constanti-
nople de Thomas, archevêque de Tyr, il lui avait demandé de le
pour nous avoir laissé voir un tel jour » Puis le diacre Etienne
!
Toutes les autres sessions se terminèrent à peu près par les mêmes
acclamations.
489.
ŒCUMÉNIQUE.
sur leur demande, les évêques ordonnés par Ignace et par son
prédécess(3ur Méthode, mais qui ensuite avaient embrassé le
parti de Photius. A leur tête se trouvait Théodore, métropolitain
de Laodicée (autrefois de Carie, cf. supra, § 480). Ils se prosternè-
rent devant le synode et déclarèrent, sur la demande des légats
du pape, qu'ils reconnaissaient leur faute et voulaient faire pé-
(1) Mansi, t. XVI, p. 16 sqq. 310 sqq. — Hard. t. V, p. 764 sqq. 1025 sqq.
616 DEUXIÈME ET TROISIEME SESSIONS DU ¥111*= CONCILE ŒCUMÉNIQUE.
C'est dans ces sentiments que nous vous remettons en toute hu-
milité et avec beaucoup de contrition cet écrit; Dieu nous est
témoin que nous ne mentons pas. Nous comptons sur sa mi-
séricorde, ainsi que sur l'intercession de la sainte Yierge, des
saints apôlres et du saint pape Nicolas, sur les prières de notre
saint évêque Ignace, sur les vôtres (celles des légats) et celles des
vicaires de l'Orient. Yous nous tendrez la main pour nous relever,
afin que nous défendions ensuile l'Église par notre saug, si cela
est nécessaire, et que nous obtenions le pardon de nos fautes.
Nous n'aurons aucune communication avec Photius et avec ses
partisans, tant qu'ils s'obstineront dans leur condamnation, et
nous accepterons volontiers la peine qu'Ignace nous infligera ^. »
par une note d'Anastase sur la troisième session et par une lettre écrite
plus tard au pape par Ignace. Maksi, 1. c. p. 205. —
Hapd. 1. c. p. 938.
(2) MA^SI, 1. c. p. 37 sqq. —
Hard. 1. c. p. 781 sqq. 1034 sqq.
618 DEUXIÈME ET TROISIÈME SESSIONS DU VIII® CONCILE ŒCUMENIQUE.
à Rome et qui avaient pour but d'obtenir que le pape rendît une
décision sur l'affaire des partisans de Photius. On lut alors la
lettre du pape Adrien à Ignace écrite le 10 juin 869, dans laquelle
(1) Pagi (889, 8) croit que ces deux évêques étaient ceux dont Anastase
disait qu'ils voyaient dans la signature du Libellus satisfactionis la consé-
cration d'une trop grande soumission de l'Eglise de Gonstantinople à l'E-
glise romaine.
QUATRIÈME ET CINQUIEME SESSIONS DU Tllf CONCILE ŒCUMÉNIQUE. 619
§ 490.
sous nos yeux le jugement de Rome, et s'ils n'y peuvent rien op-
poser, le monde sera parle fait même guéri. Mais comment pour-
(1) Mansi, 1. c. p. 44 sqq. — Hard. 1. c. p. 788 sqq. 1035 sqq. Les trois
documents qui furent lus dans cette session sont notablement abrégés dans
le texte grec.
(2) Anastase les appelle à plusieurs reprises les « anciens >> évêques, et le
texte grec dit de son cûté ol tcots è7ti'c»xo7:ot; ils étaient probablement sus-
pendus.
620 QUATRIÈME ET CINQUIÈME SESSIONS DU VIII® CONCILE ŒCUMÉNIQUE.
ries *
. »
rendue par Rome, ce serait agir contre les canons. Les partisans
de Photius étaient du moins représentés à Rome par leurs dé-
romaine, pourront les faire connaître s'ils n'en ont pas, ils
ils ;
comme chacun sait, qu'il y^it une enquête minutieuse qui soit
ensuite suivie d'une décision. » Cette réplique ne fait pas hon-
neur aux sénateurs byzantins, elle renfermait une duperie:
il y avait là une fallacia amphïboliœ^ le jugement demandé par
tion fût faiLe par les légats, ainsi qu'ils l'avaient faite pour les
évêques repentants, car ces évêques n'avaient pas refusé de
signer le Libellus satisfactionis qu'ils ne connaissaient même pas.
Les légats accédèrent encore à cette demande, et lorsque Théo-
phile et Zacharie eurent été introduits, on leur demanda naturel-
lement s'il était vrai que le pape Nicolas les eût admis à sa com-
munion. Ils répondirent de nouveau par l'aSîrniative, mais les
légats protestèrent qu'il n'en avait pas été ainsi, et surtout le
diacre Marin, qui exerçait ses fonctions auprès du pape Nicolas,
dans de Sancta Maria ad Prœsepe (Sainte-Marie Majeure),
l'église
(1) MaivSî, I. c. p. 53 sqq. 327 sqq. —^Hard. 1» c. p. 797 sqq;. 1042 sqq.
624 QUATRIÈME ET CINQUIEME SESSIONS DU VIII® CONCILE ŒCUMÉNIQUE.
une garde sur ma bouche (Ps. 38, 2). Vous pouvez vous-mêmes
lire la suite du passage dans la Bible. » Or la suite du passage
portait «parce que l'impie est contre moi, j'ai pris la résolu-
:
lui (il peut donc se taire, s'il le veut), mais pour mettre fin à tout
ce que Rome et les Églises d'Orient ont dû faire à cause de lui. »
Anastase remarque, à ce sujet, que les légats n'avaient parlé de
l'Orient ici que par politesse, car dans le fait l'Orient ne s'était
jamais occupé de Photius avant la célébration du synode. Sur —
la demande d'Élie de Jérusalem, le synode renvoya à Photius
l'injure qui était contenue dans ses paroles, et il lui rétorqua cet
autre passage du psalmiste « Avec la bride et le frein, tu devras
:
« Mon droit n'est pas sur la terre. Le synode lui accorda encore
»
§ 491.
on n'avait pas pour Lut de condamner celui qui avait été ordonné;
on voyait, du reste, que dans le fait plusieurs personnes étaient
passées de l'état de laïque à l'épiscopat, par exemple Nectaire,
Am.broise, etc. Ce qui avait été trouvé valide pour eux devait
être trouvé tel pour Photius. On ajoutait qu'il avait été or-
donné par des évêques déposés, mais ces évêques n'avaient pas
été déposéa pour divers méfaits, ils l'avaient été simplement
parce qu'ils avaient troublé (antérieurement) la paix de l'Église;
or, on doit toujours admet! re de pareils évêques, lorsqu'ils se ré-
concilient et cessent de résister (c'était là en effet le cas de Gré-
goire de Syracuse). Même dans l'occurrence où Grégoire aurait été
condamné, la faute n'en retombe pas sur Photius, mais sur ceux
qui l'ont amené à Grégoire ([)Our le faire ordonner par lui) \;
mais ceux-là même n'étaient pas coupables, car ce fut ainsi, par
exemple, qu'Anatole de Constantinople admit Eutychès, quoique
Flavien l'eût déjà condamné, et cependant Anatole ne fut pas
(1) Tel est le sens que me paraît avoir ici TipoàYEw; il ne signifie pas promo-
vere, .linsi qu'avait traduit Anastase, mais Trpoâyeiv a souvent ici le sens de
conduite. Ce !^ens est en effet le soûl qui rende in!,elligible ce passage^ que
l'abréviateur grec a presque complètement passé sous silence.
DU HUITIÈME CONCILE ŒCUMÉXIQUE. 629
leur, car,dans ces exemples, il est arrivé que pour diverses cir-
constances un patriarche a jugé d'une manière différente une
question, ayant des motifs ponr cela; mais vous, vous êtes con-
damnés par tous les patriarches, et c'est seulement par esprit
de miséricorde que je me
préoccupe de vous faire obtenir grâce
de la part du synode. Nous savons tous que vous n'êtes que des
laïques (c'est-à-dire que votre sacre par Photius est sans valeur),
et je ne vous ai pas fait venir ici pour vous entendre aboyer ou
parler d'une manière désordonnée, car tout ce que vous dites
n'est que fourberie et mensonge. » Ils s'écrièrent « Le démon :
reçu par d'autres évêques.Il était bien vrai que Marcel d'Ancyre
justices et qui lui avait été déjà présentée dans la session précé-
dente. Il dit alors : « Grégoire et moi, nous ne répondrons qu'à
l'empereur, maisnon pas aux vicaires.» Et tous deux- continuèrent
(1) Mansi. 1. c. p. 81 sqq, 343 sqq. — Hard. 1. c, p. 823 sqq, 1054 sqq.
DU HUITIÈME CONCILE ŒCUMENIQUE. 631
plus prolixes, et Photius eut hâte de déclarer qu'il n'était pas venu
pour entendre des injures. On introduisit ensuite les evêques
ordonnés par lui, et on leur demanda s'ils étaient prêts à signer le
libellus. Quelques-uns refusèrent immédiatement, d'autres deman-
parti qui avait contre lui tous les patriarches, eût le dessus ? Tel
est votre cas. Qui donc vient à votre secours? » Les partisans de
Photius répliquèrent : « Les canons des apôtres et des conciles. »
Baanès : « Où donc Dieu a-t-il fait connaître les saints canons ?
la liberté de parler, mais comme ils n'avaient proféré que des in-
jures, les juges (c'est-à-dire les légats et les vicaires orientaux)
n'étaient pas disposés à les entendre plus longtemps. « Photius
et ses amis protestèrent alors contre ces juges, soutenant qu'ils
agissaient en opposition avec les canons et avec leurs propres
patriarches. L'empereur leur répondit comme il l'avait déjà fait :
(1) Mansi, 1. c. p. 96-133 et 357 sqq. — Hard. i. c. p. 8a7 sqq. 1065 sqq.
DU HUITIEME CONCILE ŒCUMÉNIQUE. 633
à Rome, pour y faire ses dévotions; mais, étant tombé malade sur
ces entrefaites, il rendu de Venise à Constantinople, où il
s'était
(1) Tel est le véritable sens de cette phrase et le seul qui s'accommode
avec lecontexte.
(2)Le texte du canon, tel qu'il est donné ici, diffère en un passage de
celui que nous avons donné dans le ^ 307 mais nous pensons que la meil-
;
Kicétas, qui ont été à la tête de l'hérésie sous les isauriens (comme
évéques de Constantinople; cf. supî'ci, § 364). Anathème à
ïhéodote, à Antoine et à Jean! » On renouvela ensuite les
anathèmes déjà prononcés contre Photius dans la séance précé-
dente K
§ 492.
(1) MaiXsi, 1. 0. p. 134 sqq. 382 sqq. — Hard. 1. c. p. 874 sqq. 1086 sqq.
NEUVIÈME SESSION, LE 12 FEVRIER 670, 637
ravant mon clerc, mais qui, suivant en cela ses inclinations, vi-
vait depuis de longues années dans la solitude, et c'est en effet
ce qu'il a fait. Par l'intermédiaire du moine Joseph, je t'en-
voie maintenant, ô empereur, cette lettre sans valeur qui n'est
pas même digne de t'être présentée; mais je sais que tu imites
le Christ, qui a attaché un très-grand prix au denier de la veuve.
(Vient ensuite une citation inintelligible prise dans un poëte et
qu'Anastase, qui avait cependant le texte original sous les yeux,
n'a pas pu expliquer. L'abréviateur grec l'a tout à fait passée
sous silence.) Quant aux deux patriarches existant en même
temps à Constantinople, je ne puis, vu le grand éloignement où
je me trouve et l'ignorance complète oii je suis sur toute cette
affaire, émettre un jugement. Mais y a parmi vous un très-
il
jugement. » —
Joseph fut donc officiellement reconnu comme
vicaire d'Alexandrie, et, sur la demande des légats, le synode s'oc-
cupa d'une autre affaire.
puis même pas dire s'il était />re/r<? (!), mais j'ai fait la pénitence
qui qui m'a été alors imposée. Je reconnais la réintégration
d'Ignace, ainsi que le présent synode et ses décrets. »
confessé leur faute à Ignace, qui leur avait en retour imposé une
pénitence. Les légats romains déclarèrent néanmoins qu'on leur
infligeraitune autre pénitence dans la session suivante, et c'est
en effet ce qui fut fait dans le 16' canon. Quant à ce point, si
Photius avait assisté aux représentations bouffonnes des orgies
impériales, dans lesquelles on outrageait le Très-Haut, les cou-
pables ne purent donner aucun nouvel éclaircissement, mais,
640 NEUVIÈME SESSION, LE 12 FEVRIER 870.
(1) Mansi, 1. c, p. 143 sqq. 390 sqq. ~ Hard. 1. c. p. 882 sqq. 1091 sqq.
DIXIEME ET DERNIERE SESSION. 641
493.
nons qui ont été approuvés par le synode, et en efîet on lut ces
canons, qui étaient au nombre de vingt-sept (l'abréviateur grec
n'en a donné que quatorze). Le diacre Etienne les lut à haute
voix dans la partie supérieure du local des sessions, et le diacre
Thomas dans la partie inférieure. Plusieurs de ces canons sont
dirigés contre Photius et contre ses partisans, et comme ils sont
conçus d'une manière très-prolixe, il nous sufîira d'en donner
ie sens sans les traduire mot à mot ^
CANON I.
lOé'XovTsç, oTcv Tivaç itupaoùç àeiXap.TïsTç xoùç twv ôcy^wv TCaiépwv opouç xpaxstv
oç£iXo[ji.£V •
ToiYû'pouv Toùç £V TY) 7,aôo)\i/,Yi xai cxTCoaToXtxvî 'Ey.*/,X-/]ata Tîapaâo-
Bévxaç 6sa[J.où(; Tuapà t£ twv ôcyîwv xai xaveuçifijji.wv (ZTCoaTéXwv, irapa te opQo-
&6^o)v cuvôâwv oî/.ou[j,£va(]iv T£ xal loizixm, yJ
xat Tcpoç tivoç ÔEvjYopou TcaTpbç
Siâac'AaXou x^ç ^Ev.yCkq'sio.q, TY)p£tv xat ©uXoctteiv o[;i.oXoYOuiJt.£V •
xpa-CEÏv ^àp
Tàç xapaâiueiç, aç TCap£Xa6o[X£V, £Ït£ otà Xoyou, eIts Si' èiutaxoXwv iwv Tcpo-
^ôVSGTépwç SiaXajJMl^avxwv aYÎwv, wapeY^ua Siapp^^Bvjv IlaOXo; 6 iasy*^? '^^^*'
OToXoç.
(1) Sur ces canons, voyez Assemani, Biblioth. juris Orient. 1. 1, p. 325 sqq.
T. V. 41
642 DIXlÈiVi£ ET DEaiVIKSïï SESSION.
maintenues (allusions à
t'Lre l'élévation de Photius, qui s'était faite-
au mépris des canons).
CANON II.
y.vX TGV è/.e(vou Staco/^ov tgv à^'-w^aTCiV rAr^a» 'ASptavbv, op-'s^l-'.îv y.al OsaTit-
'C2;j,£v Tricvta Ta t^j.^' aÙTÔv èy.TaOévTa y.a\ GUvo3r/,wç è-/.çwv/]Gév-a -/.a-à otaç6"
pc'jç xaipouç UTuàp èy.o'.x/jaswç y>.al cucxacswç ty]!; àyiaç Kwvc-cavT'.vou'ÂoXtTWv
'Er/Jo/jaiaç xatxoû àyiou ajtYJç àpy^tspétoç 'lYva-cbu/Aat r^ç ^iw-bu â|'o)6-^(j£Ôç
"£ xai xataxp''ccOiç, Ti-jpîtaOat xal ç'jXâiirecjOat 7î,avT0T£ cùv toTç; èz-TcOstcrv /,£çpa-
•3e Tiç [J.£Tà Tou-ov •îjixtov TGV opov owpaO£'.-/] à0£TWV T'. Tîov. 'ï:ap' £y.£LVOiç, èzxe-
fjsvxwv X£œa7va(wv, Σp£Ùç [j.èv wv Tj .y,X-/;piy.bç, è/.Trtzxéxw t-^ç tBfaç Ttpr^ç y.al
'iÇ£Ci)ç* [J.ova/Jcç C£ T^Xar/.Ci; àçopiî^éaDw,
l^é^p'? «v p.e'avcf^cY].
CANON III.
Ty]v Itpb) £?y.(5va tg3 ocupicu -/([xtoy ''Vqcdù XpiofToS .ci;.s-q;jwç x^- (âiéXw-Tôivt
œv-'wv £ÙaYY£X''(j)v TcpGcizuvcïcOat Gîctu'^ojj.sv • wcTCîp ^àp Btà xôJv £[j.cp£po[ji-£VO)v.
7pa^ï] xaxaYYÉXXst xs y.al Tuapîaxrjjtv • £t xt;; cùy oà 'jTpsay.uvci xTjV £r/,Gva xoG'
cMX'^poç XpiGXOU, \j.ri ïo'/j £V x^ oî'jxépa TcapGuaîa xy)V xGÔtou [^.opç'/jv- 6[xot(i)ç 0£
y.al XT(V er/.éva XYJç à)^pâv-GU tj.y]xpcç aùxou, y.al xàç £r/.cva; xûv aYtwv à^ys-
Awv, y.aGwç aùxoùç ^apay.x'/)p(!^£i où xcov Xoy(o)V -^ àyia ^(pot-t^-q, Y.a\ Tupoaéxt
xGJv «Y'^''' '^^'^"wv, y.al xt[Aa)[j.£V y,al 7:poGy.uvûJiJ-£V y.al cl [j:q ouxwç è'jrovxEç
dvâO£[J.a £!jxtoaav.
CANON IV.
vovTsç, Tov T;poTC3i;ÔL)ç xa\ àOiî(xa);, oiiv TLva. Au/.ov ^apùv eîç xb tou Xciavoû
Tr^ç TîpoGTaîîa; à-£{pYcix£V Xé^^i fàp o tûv ûAwv 6£bç 8tà lou xposVjTOO-
•
Nous déclarons que Photius n'a jamais été évoque et ne l'est pas
non plus aujourd'hui; que ceux qui ont été ordonnés ou promus par
lui à des fondions, ne retireront aucun avantage de cette ordmation
ou promotion que ceux qui ont été placés par lui comme supérieurs
;
(dansies couvents) on^, perda leurs places \ et enfin que les églises ou
les autels consacrés ou établis par lui, ou par les évolues, ordonnés
par lui, doivent être de nouveau consacrés et établis.
CANON V<.
/.c-ià xr,v 7:ÎGTiv, '7^ y.aTa tcv îepa-'.y.cv -/.A'^pov u7îip-/ov-a, îva p/q tuçwOîIç sic
:p''[j.a £[J.7r£G-/] xai 7:aY''^* ''^^^ ûta6cXcu, v,aOâ çr,ziv b llajXo;, G'j;/cpa)va)ç xo(vuv
:oùxM \t(:,[j.vf , [rrjBéva twv àzb rr^ç guyvAyîtix-?]; àçtaç xal 7.0G[xr/,Yiç.àYWY"'5<;
y.aT' où3£|X'lav u-o'^îav T?iç,£tp-/][;.£v/)ç £7:t6'JiJ.îa; y.al TupOGâovuaç èvApq, àXXà Stà
To yaVov t^; y.a-à Xp'.Gtbv TroÀiTcia; y^ïcv£ y.X-op'.y.bç ?, [/.ovaxc; y.aj luivca
3afi[A2V £xy,Av;ria7-r/.bv (j.£T£}vGoj.v xaxà. Toùç.wptGijivouç xp:v;uc; àv£'n;{AYixroç
supÉG-/]. TTpooiéasOr.TO) £?; rî^v àpx[£po)G'Jvr,v, ûgt£ èv to) PaÔiJ.w tcu àvaYvwG-ou
£via'j-bv TîX'/îpwGat, èv ck tû ~ou u-ociazdvcu c6o, y,al èv -cw xoD ciy.7.cvo'j -rosr
vtat xii^'^s.p'i.q èv tw toD 'irpîGê'JTépou •
èirl 8k twv )^povtGavTiov eiiXcSwc tw tocy-
j^ait •tw.vx/vr;pt7.fî)v T£ y.al [Aova/^cov ô 7rpO£'.p-/][jivoç yoévcç GUGTaX'/j-GETai xapà
Twv y.axà y.a'.pciùï;.è-tGy.67:o)v. E'!, oè 7:apà tojtov xbvcpsv izpoayJiî.i'fi z'.q-elq lYjv
£tp-/];j.£V/îy U7:£p-:7.Tr,v Ttjr/îv., à-ooo"/.'.p.aGO'/;-w Tcav-i-aGtv.
CANON VI.
psTixàç auxoçavïtaç xai oiaooXàç %a-cà tou i/a/.ap(ou TCaTra NixoXàou Tupsufraç,
xa\ To àvâôsixa Xaôpaicoç /.ax' aùxoG '/.at tcov /.oivwvouvtwv aùxô) à'::o(p'^vd[;i,£voç,
xô) auxw àvaôéjxaxt uTcoêaXXo[J!.£V, xaôwç xai ô xy;ç £ija£6£ta(; à6XY]xr,ç Mapxtvoç
£/,av6vi(j£V.
Comme Photius a voulu faire passer pour des vicaires des patriar-
ches orientaux quelques hommes ramassés dans la rue, et s'en est
servi dans le conciliabule contre le pape Nicolas, conciliabule dont les
actes ont été condamnés au feu, nous l'anathéma tisons de nouveau
pour ce motif, ainsi que tous ceux qui l'ont aidé dans sa fourberie,
c'est-à-dire les faux vicaires des patriarches et ceux qui ont fabriqué
mensongers (contre Nicolas) nous
les écrits ; les anathématisons
conformément au canon de Martin P'' (cf. supra § 49'l).
CANON VIL
Tb xàç à-Yiaç v.a\ ae%ioi<; dxôvixq àvaaxvjXouv xal xoùç 7c>.iQ(Jtov SiSaaxEtv xà
Stâaaxeiv, [xé/piç Sv èTîicxpaçûctv èx xy^ç iSiaç àTCar/]ç. El' xtç ouv iJ.£xà xouxcv
•^[jLÛv xbv opov -Jtpbç î^wYpacpixr^v aYiwv eixivtov èv
èxxXvjata v^ BtBaaxaXixYjv
aùxoùç cTiwcfouv TxapaBé^oixo irpa^iv ei \xh/ xXvjptxoç èaxtv, £iç xbv tStov xtv-
•
CANON VIII.
CANON IX^.
T^ç Gstaç àvaçavSbv [Sodb^Yjç ypaç'^ç, Trpb è^exaaew!; \}:q \f'é\).'}^-Q, oiv.txîh)q v.cd
Xar/.bv, y] xiva xoij -/.axcckô-^ou twv y.'XïjpiT.tov Tcpb r^ç à/,pi6o0ç £^£Taa£(i)ç v.cà
a\Jvooiv/i]ç (XTïOtpâacWç àizo if^q )coivo)vîaç Éautbv àcpopi^Eiv xoD lOtou Tca-uptap^^ou,
7.7.7 b{v.\-q\x%xu6'f Ti '^V)ù>^Y.ef.'f SiaT£[v/]Tai irpaYiJ.a* TïapaTïX-^ffiwç Ss v.où toÙç
£V £^(i)T:i/,atç TioXsat î^al )^a)pa'.ç èTriax.O'iro'Jç v.a\ hpeXq §'.aT{6£a6at Trpbç toùç
l^'.ouq [j:q'p07:oki'ïaq ôp(!^o[J,£V, w3X£p xat Toù; [JLY]TpOTïoXiTaç Tcpbç xbv l'âtov
Tyjç TcaXaiaç t£ xai y.xi-rqç, oiaO-^y.-^ç j;,iav <i(i'jyT,'> XoY'.xrjV xe v.cà voepàv
otBar/.cùc-^ç eyjvf tcv àvOpw-ov, y.al 7:av-ojv tôv Os'/jYépwv r:xxipm xa\ BiBa-
a'/.âXwv TQç 'E7.xX-^(jîaç Tfjv aùrr^v Sô^av 7.a-£!j.z£OoûvTWv, ebî t'.vîç ci Bûo ^'U/àç
£/£tv aùtcv âoçâî^ov-£ç -/.ai Tiatv àauXXoYtaTGiç è7t'./£tp-/i[;.xŒ'. ty;v tâfav xpai:6-
vouatv aipzGVf • •?) toi'vuv ày-'a -/.xl cr/.sutj,£vt7.Y) auTr] cuvo^oç Toyç r?;; xo.'.aÛTYjç
àasôeiaç Y£vv/j-opa<;, zat to'jç oixo'^povcuvia; aùxzXq àvx^qxoLx'Zei [).e-^akof6i'mq ,
CANON XII \
CANON XIII.
(1) Ge canon a été vivement discuté dans -ces '.derniers temps, au sujet
des théories de Giinther; aussi.avons-nous tenu à en donner le texte latin
aussi bien que le texte grec ; Veteri et novo kstamento unam animam ratiuna-
hilem et inte/lecLunlem hubere hominem docente, et oiniàbus deUoqak Palribas et
tnngistrh Ecclesiœ eamdem ojnamiiem as-^i'-v-erantibas, in tantum iinpietdfÂs qui-
dam, iwilûram inve/itionibus duitcs nf}era>n,.decerierurit, ut duas eam habere
animas impadenter doginutizare et qnihuidam ù'ralian^hitibus coiiatibas per sei-
pientiam, qaœ stulta ficta est, propriam hœresiin conjirmnre pertentcuit. Iiaque
ianctn liœc et univer-ialii st/aolus, vela'i quoddam pes^iinum zizanium nunc ger-
minantem neqtiam opinionem evellere fcstijiaas, immo vero veiitilabnun iii manu
veritatis portans, et iqni inextinguibili tra)f<mittere omnem paleam, et aream
Christi tnundam exhibere volens, t tli^ impietatts inventores et pulralores, et kis
dmilia sentientes magna voce anatkem définit atque promulgat, neminem
itizat, et
prorsus habere vel servare qunqnomodo statnta hnjm impietatis anctorum. Si
'lutemquii contraria gerere prœsumpserit, huic sanclœ.etmagnœ synodo, anathema
rvt, et a fille atque cultura Gkrist.ianonun alienus.
GÂNONXIV.
Lesévêqires doiventôtTehonofrés,'îainsi qu'il convient, par les^rands
&\i monde ils ne devront plus aller au-devant de ces puissants à une
;
distance de leurs églises ils ne doivent pas non plus, lorsqu'ils les
;
GANONXV(engiiegXI).
saéva Y.a\ tu-ov cpépovtaç xwv aYÎwv xai oùpavi'wv {£pap)^twv, Tcaci'^ç Tt[j/?iç
vuv wpcffp.éva à^opiuôr^xo) ItlI ivtau-bv eva* %at ô «p^wv èxeivoç èzc Suo eisac
CANON XVI \
sous l'empereur Michel, se sont moguês des 'Cêî'émonies
'Ceti'xqui,
de ont joué le rôle d'évêques, etc., et qui il'ont pas encore
l'Église,
confessé leur faute et n'en ontpas fait pénitence, seront excommuniés
pendant trois ans. Ils seront pendant un an au nombre des fientes, la
seconde année au rang des catéchumènes, et la troisième, à celui des
co7îsistentes. Si à l'avenir un empereur ou un grand voulait recom-
mencer de pareilles représentations, évoques le patriarche et les
*
'*HXO£V £?ç xàç Y)[J.wv ày.oàç, xb [ay] oûvaŒÔai àvsu àp)rovTa'^ç Trapoutriaç
cùvoSov Y£véa6at •
oijSa[;,cu Sa oi Ostot v.mà'^e^ awipyeo^ai xoa[xiy,oùç ap^^ovxaç
èv xcdç, cuvéSoiç vop.oôeToîîaiv, àXXà j;.6vouç lohq £71:15x671001; •
oôev cà'èï, tcX'Jjv
CANON XYIIP.
Les biens et les privilèges que possède une église depuis trente ans,
ne doivent plus lui être enlevés.
CANON XIX.
CANON XX.
Aucun évêque ne doit enlever de force à quelqu'un, un bien qi-e
celui-ci possède comme emphyteuse, il doit seulement faire savoir au
possesseur qu'il perdra son bien s'il reste trois ans sans payer le census.
S'il est resté aussi longtemps sans payer ses redevances, l'évêque
doit porter sa plainte devant le tribunal et redemander le bien de
l'Eglise.
El' Tiç Tocaûr/j ToX[J/?j y^p-riaaixo, ojcte -/.ccmiov <I)(iTtovxat Ai6ay,opov, I^Ypa-
<pwç -q àypàcpwç Tuapotvtaç xtvàç xaxà r^ç xaQiâpaç tléxpou tou xopuça-Iou twv
àxocToXwv xiveîv, tyjv aiJT'})v £y.£Îvot(; oey^écôo) zatocxpiciv ei Bè, auYy.pOT'rjOsia*/)!;
0Uv6Sou otxou[A£Vi7.vi(;,Y£V7]xa( Ttç v.a\ x£pi xy^ç 'Ex/.X'/]criaç lûv 'Pw[xa[wv à[;-9t-
êoXi'a, £^£GTtv £ijXa6wç xal [Acxà tv^ç Tcpoc/jy-ouc/jç aïooOç 8iaTïuv0av£a6ai 'Kepi
TOU TrpoxEipivou ^'^r/jiJ-aToç y.al B£j(£a9at xr^v Xuaiv y.at '^ o)cp£7v£T(j6at y^ W(p£X£tv
{;.Y) [j-évTOt 6pafféwç aTrocpépsaôai xaià twv x^ç TrpEffSuxépaç 'Pa)[;//jç t£pap)(cov.
CANON XXIII.
A l'avenir, les évêques ne devront plus donner des biens qui appar-
tiennent à d'autres diocèses ils ne devront pas non plus installer des
;
CANON XXIV.
Quelques métropolitains sont si négligents, qu'ils confient indiffé-
remment à un de leurs suffragants le soin de célébrer le service
dans leur propre église. Quiconque agira ainsi à l'avenir sera puni
par le patriarche.
CANON XXV.
Tous les clercs de l'église cathédrale de Constantinople qui ont
CANON XX VP.
un prêtre ou un diacre est déposé par son évêque, il peut en ap-
Si
pelerau métropolitain, qui aura ensuite à juger ce procès dans un
synode provincial. De même, un évoque peut en appeler au patriarche
de la décision d'un.métropohlain, et, dans ce cas, le patriarche aura
à juger l'afîaire avec les autres métropolitains qui lui sont soumis.
'
Bzc7:i'C,0[).vf Tcù? optcOiVTaç wiJ.o^opsfv lizio-Âéizouq ètci Tiat y,atpotç àr^OY.e-
vSkTipiùiJ.ho'.ç, h ToTç loioû-otç ittpiSioXftody.i xauia xatpotç v.cà -ci-otç, v.xi [xyj
Y.ix.xxAey prierai -zr^ TOiauTYj xa-acToXY) cià xûçov xal y.evo5o^iav, y.ai èv Travxt
xaipco Tqç 6£'!aç [j.ua-aYWYi'aç, /.al izda-qq aX\-qç VAy.\-qai.aau-/.riq XsiTOup^faç
tauTa çopstv • àXXà %ai toù^ [j.eT{6'ny.q eùXaSôç tov [j.ovï)p'^ (5îov, xai zr^q e-rzi-
axoTîixv;ç à^twOéviaç xttj.-?]?, çuXai-siv tb c^v^lJ-a xat rr^v (jxoXy)v twv {ji.ova)^t7.wv
Stà Tuyov -/.al àXaï^wviv.v^v Yvw'rr//, xàvteuOâV supîcxecôai izapcc^d-çf twv éauxoiî
TJvO-zjxwv £1 Ttç oûv è-iaxoTroç TTapà touç wptc7tJ.évouç aùxto è^Yp^youç -^ àypd-
çou^ xxtpo'j; xîp'.xaXocTO to o>;j,5^opov v^ -tûv [j.ovaj(ixtt)V àtsçtaa^âiwv à-o-
oiXot'To a}(YJ[ji.3c 'q âtopiOouaQw •?, xaOatpsitjOo).
(1) Mansi, 1. c. p. 185 sqq. 407. — Hard.1. c. p. 918 sqq. 1103 sq.
(2) Mansi, 1. c. p. 263. —Hard. 1. c. p. 988.
DiXIiirvIE EÏ.DJESA'IERE &KSSi0K.
(1) Tel est lé récit' du continnateuT d'Anastase dans la Vita Adrinni II,
dans MiGNE, t. CXXVIII, p. 1390, et cette clause se trouve en effet à la suite
de la signature des lécçats.
(2) Mansi, 1. c. p. 196 sqq. 4I0. —
IIaud. ,L,c...p.>. 922,1103.
(3) Mansi, 1. c. p. 200. 411.
—
Barb. 1. o. .p. .933, liiO.
DIXIEME JET DERNIÈRE SESSiOiV. §55
Gomme, dansAnastase, cetle lettre adressée an pape est suivie
àe^ce&Jii:ois: flœdepistola missaest ad omnes pattiarchaies sedês,
Fleury {lib. LI, n. 46) et après lui l'abbé Jager (p. 226) ont
pensé que cette même lettre avait été également envoyée à
tous les autres- patriarches. Le contenu même delàlettrene s'har-
monisait avec cette opinion... Mais les documents qui, dans
p-as
§ 494.
(1) MiGNE, t. CXXVIII, p. 13^5. — Baron. 869, 92. Ces deux auteurs âonnent
le texte d'inie manière très-différente.
T. V, 42
658 ADDITION ILLEGALE AU SYNODE
voulions pas passer au milieu de vous sans vous saluer, car nous
savons que vous êtes des fils de la sainte Église romaine. » Ces
derniers mots donnèrent aux Bulgares occasion de faire con-
naître le plan perfide qu'ils avaient conçu pour quitter le pa-
triarcat romain. « Il y a encore peu de temps, dirent-ils, nous
étions païens, mais depuis nous avons été rendus participants
de la grâce du christianisme. Afin de n'errer sur aucun point,
nous désirons savoir de vous, qui êtes les représentants de tous
es patriarches, à quelle Église nous devons être soumis (c'est-
là-dire à quel patriarcat nous appartenons). » Les légats répon-
dirent : « A l'Église romaine, car c'est à elle que s'est donné
Gonstantinople.
Les légats dirent alors avec beaucoup de justesse « La mission :
lique ne vous a pas choisis, vous qui êtes ses inférieurs, pour être
juges dans cette affaire, et nous ne l'avons pas fait, nous non
plus, car seul il a le droit de juger les autres églises. Il ne nous
a pas chargés de donner une solution à cette question, aussi la ré-
servons-nous tout entière à son jugement. Il a assez de docu-
ments pour défendre son droit, et la facilité avec laquelle il
n'était pas non plus si âgé pour qu'on lui fît faire ce qui paraîtrait
§ 495.
(1) Vita Adriani II, dans Mignb, t. CXXVIII, p. 1394. — Baron. 869, 86.
(2) Pagi, 869, 16.
AUTORITÉ DU HOITIÈME CONCILE GENERAL. 663'
essayant d'abord de faire croire aux Latins que les Grecs n'a-
vaient pas le livre demandé. Puis il continua « Mais quand :
D'après ce qui prépède, on voit que les Grecs ont été, à l'égard
de ce synode, inconséquents avec eux-mêmes; mais en revanche
il a été, en Occident, tenu jusqu'à présent pour œcuménique, et,
d'après la formule donnée par Baronius (869, 59), les papes eux-
mêmes devaient (ou doivent) avant leur consécration, reconnaître
comme œcuménique, le huitième concile général tenu à Gonstan-
tinople ^
qu'il a eu pleinement raison de ne pas insister sur ce point, s'il voulait évi-
ter une difficulté secondaire.
(3) Sur la reconnaissance de ce synode comme œcuménique, vgL Natal.
Alex. Hist. eccl. sec. ix et x. Dissert, IV, g 24, t. VI, p. 348, ed, Venet. 1778.
664 AUTORITE DU HUITIÈME CO^rCILE GÉXÉHAL.
LIVRE DIX-NEUVIÈIE
Pag.
Chapitre II.Synodes entre 755 et 788 1
LIYUE VINGTIÈME
LIVRE VINGT-DEUXIÈME
LIVRE VINGT-TROISIÈME
LIVRE VINGT-QUATRIEME