Biomasse Et Biodigesteur
Biomasse Et Biodigesteur
Biomasse Et Biodigesteur
© INRS, 2013.
Conception graphique et mise en pages : Michel Maître, www.planete-m.com
Illustrations (de couverture et intérieures) : Jean-André Deledda, www.3zigs.com
Méthanisation de déchets
issus de l’élevage, de l’agriculture
et de l’agroalimentaire
Risques et prescriptions de sécurité
ED 6153
juin 2013
Ce document a été réalisé par un groupe de travail
piloté par l’INRS et composé des personnes suivantes :
A. Bec, F. Boutin, P. Delaunois (Direccte Bretagne),
J. Beillevaire, A. Giraudeau, S. Moreau (Direccte Pays de la Loire),
G. Mauguen, T. Palka, G. Petegnief (Carsat Bretagne),
C. David, F. Marc, B. Sallé (INRS).
Sommaire
1 Méthanisation et biogaz 5
1.2. Le biogaz 9
L’avant-chantier 35
La réalisation de chantier 36
Bibliographie 39
Dans le cadre de la réduction des impacts envi-
ronnementaux (gaz à effet de serre entre autres),
la stabilisation des déchets issus de l’élevage, de
l’agriculture et de l’agroalimentaire, notamment
par le procédé de méthanisation, est devenue un
enjeu pour les professionnels. La décomposition
des déchets organiques, dans des conditions parti-
culières, produit en effet du gaz valorisable comme
combustible.
4
Méthanisation et biogaz
1
1•1• Le principe de la méthanisation
Le principe de la méthanisation est identique à ce- valorisé en fertilisant naturel ou maturé en compost.
lui qui se déroule naturellement dans la panse des Le digestat liquide est, quant à lui, réutilisé dans
ruminants : en l’absence d’oxygène, des bactéries le process pour fluidifier et réensemencer le mé-
spécifiques dégradent les matières organiques tout thaniseur ou décanté pour faire de l’engrais liquide.
en produisant du biogaz, mélange de plusieurs gaz. Différentes approches du procédé de méthanisa-
Ce processus sera plus ou moins long selon la tem- tion existent en fonction de l’état de la matière
pérature optimale de croissance des bactéries pré- d’alimentation (intrants solides ou liquides) et de la
sentes : trois à cinq semaines pour des bactéries quantité à traiter ; un procédé en phase sèche, en
mésophiles se développant entre 20 et 30 °C ou phase humide ou en phase liquide peut être mis en
deux à trois semaines pour des bactéries thermo- œuvre 1. Actuellement, le procédé en phase humide
philes se développant entre 45 et 80 °C. est le plus répandu car il permet, entre autres, le
Le biogaz ainsi formé est composé principalement traitement d’une plus grande diversité d’intrants.
de méthane (CH4) et de dioxyde de carbone (CO2). Il C’est donc ce type de procédé qui est décrit pré-
est ensuite utilisé comme combustible, par exemple, férentiellement dans ce document (voir figure 1).
sur place en cogénération : il alimente un moteur
thermique qui produit de l’énergie électrique par La méthanisation par voie sèche en processus
l’entraînement d’un alternateur et de la chaleur, discontinu fait également l’objet d’une attention
utilisable en chauffage par échange thermique. particulière sur certains points. Les opérations de
En parallèle de la production du gaz, le résidu de chargement des intrants et de déchargement du
fermentation (digestat) est traité, essentiellement digestat seront en effet abordées car elles peuvent
par séparation mécanique, afin d’extraire la partie li- nécessiter la présence d’une personne dans le
quide de la partie solide. Le digestat solide peut être digesteur (voir p. 33).
1. Le procédé en phase liquide étant un procédé mis en œuvre à des fins de dépollution, il ne sera pas abordé dans ce document.
5
Figure 1. Schéma de principe d’une installation de méthanisation en phase humide
Désulfuration
Biogaz
Biogaz
Intrants pâteux
Intrants liquides
Digesteur
Intrants solides
Équipements
de stockage
Réensemencement
6
Bâtiments
(locaux, habitations,
élevages) Biogaz : Mélange de gaz issus de la réaction
de méthanisation de différents déchets, composé
principalement de méthane et de dioxyde de carbone.
7
Quelques textes concernant les installations de méthanisation et leurs équipements
è Pour plus d’informations, consulter en pdf sur www.inrs.fr : Mise en œuvre de la réglementation relative
aux ATEX. Guide méthodologique, ED 945.
è Pour plus d’informations, consulter sur www.inrs.fr : Les machines neuves « CE », ED 54 (pdf),
et Machines, DW 35 (dossier web).
l Différentes rubriques peuvent concerner les ment « Méthanisation de déchets non dangereux
installations de méthanisation, notamment les ru- ou matière végétale » et « Combustion à l’exclusion
briques 2781 et 2910 de la nomenclature (plus des installations visées par les rubriques 2770 et
particulièrement 2781-1 et 2910-C pour les ins- 2771 » 2.
tallations décrites dans ce document), respective-
2.
2. Les rubriques 2770 et 2771 concernent le traitement thermique des déchets dangereux et non dangereux.
8
Exemple de proportions des différents constituants
1•2• Le biogaz susceptibles d’être présents dans un biogaz issu de
la méthanisation
400
m³ de CH4 par tonne de matière brute
350
300
250
200
150
100
50
0
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9
Risques liés aux produits
2
Les intrants peuvent être de plusieurs natures (dé- Le biogaz et les autres produits de fermentation
jections animales, déchets agroalimentaires, dé- génèrent également des risques liés à leurs carac-
chets verts…) et sous différentes formes (solides, téristiques, notamment des risques d’explosion et
pulvérulentes, liquides, pâteuses…). Ils présentent des risques chimiques.
des risques spécifiques, en particulier des risques
biologiques.
l Dans un local exigu contenant une pompe de l Des fuites sur le digesteur (suintement) présen-
relèvement au dessus d’une fosse de lisier, l’utilisa- tes depuis plusieurs mois ont provoqué une accu-
tion d’une disqueuse pour ouvrir la trappe donnant mulation de digestat dans une cavité sous la dalle
accès directement en haut de fosse a généré une de béton. Le biogaz généré s’est échappé par la
flambée brûlant gravement deux ouvriers. Les porosité du béton. Un véhicule de transport de
points chauds et étincelles générés par la disqueuse lisier a enflammé le gaz présent au niveau de la
sont à l’origine de l’inflammation de l’atmosphère dalle de béton du fait des surfaces chaudes qu’il
explosive se trouvant au-dessus du lisier. comportait (pot d’échappement, freins, moteur…).
L’inflammation s’est ensuite propagée à la cavité
générant une explosion qui a fissuré la dalle.
11
2•1• Risques biologiques 2•2• Risques chimiques
Les intrants et le digestat contiennent des micro- Les produits de fermentation tels que l’ammo-
organismes (bactéries, virus, parasites, champi- niac, l’hydrogène sulfuré ou le dioxyde de carbone
gnons microscopiques…) pouvant représenter un exposent les opérateurs à des risques en raison de
danger pour l’homme. leurs caractéristiques toxicologiques.
Ceux-ci peuvent se retrouver sur les parois des
différentes fosses, cuves ou canalisations, et aussi Le sulfure d’hydrogène, à l’odeur caractéristique
en suspension dans l’air ambiant lorsqu’une forte d’œuf pourri, est un gaz mortel. À partir de 100 ppm,
pression d’air ou d’eau vient les décrocher des sur- il anesthésie l’odorat et n’est donc plus décelable.
faces ou des liquides. Par exemple, le déversement
d’une citerne dans une cuve de lisier peut créer des L’exposition à l’ammoniac provoque immédiate-
projections et des aérosols contenant des micro- ment des irritations des muqueuses oculaires et
organismes. De même, le nettoyage à l’aide d’un respiratoires et peut même déclencher des vomis-
jet d’eau à haute pression met en suspension les sements.
micro-organismes présents sur les surfaces.
Le dioxyde de carbone agit sur l’organisme à de
Ces agents biologiques peuvent être à l’origine plus fortes concentrations. Il est particulièrement
de maladies plus ou moins graves chez l’homme : dangereux car, lorsqu’il est présent en grande
infection, allergie, intoxication (à partir de toxines quantité, l’air s’appauvrit en oxygène (voir ci-contre
produites par des bactéries ou des moisissures). « Risque d’asphyxie »).
Notamment, le lisier de porc peut contenir des
micro-organismes ou parasites présents dans l’éle- Afin de réduire ces risques, il est essentiel de res-
vage (Streptococus, Escherichia coli, Clostridium, pecter les valeurs limites d’exposition (voir tableau
Ascaris, Taenia…). ci-dessous).
Valeurs limites d’exposition professionnelle (VLEP) des principaux gaz dangereux composant le biogaz
(extrait du document INRS ED 984)
ppm mg.m –3
3. Les fiches toxicologiques, établies par l’INRS et disponibles gratuitement sur le site www.inrs.fr, regroupent une synthèse des
informations disponibles sur ces substances (propriétés physico-chimiques, dangers relatifs à la santé, l’environnement, l’incendie
et l’explosion, mesures de sécurité…).
4. Une valeur limite réglementaire contraignante impose à l’employeur un contrôle annuel des expositions par un organisme accrédité.
12
2•3• Risques d’asphyxie 2•4• Risques d’explosion
(hypoxie ou anoxie)
La formation de biogaz, son transport et son brûlage Le biogaz et en particulier le méthane, son com-
sont autant d’étapes pouvant générer des atmos- posant principal, sont susceptibles de s’enflammer
phères appauvries en oxygène. L’accumulation en présence d’une source d’énergie suffisante, et
de biogaz dans une zone, voire tout un local, peut ce dans des conditions spécifiques.
en effet diminuer sensiblement le taux d’oxygène
et rendre le travail dangereux. Le taux normal Les trois sommets du triangle du feu, conditions
d’oxygène dans l’atmosphère est de 20,9 % et la à réunir pour qu’un incendie survienne, peuvent
concentration minimale compatible avec une acti- en effet être présents simultanément sur ce type
vité humaine est de 19 %. d’installation : le combustible (biogaz ou méthane),
le comburant (oxygène de l’air) et une source d’in-
Un biogaz contenant 60 % de méthane, 38 % de flammation (étincelle, surface chaude, travaux par
dioxyde de carbone et 2 % de gaz résiduels pos- points chauds, flamme nue…) (voir figure 3).
sède une densité d’environ 0,9. Il aura donc ten-
dance à se mélanger facilement à l’air (densité = 1). L’inflammation peut se produire très rapidement et
ainsi passer en régime d’explosion si trois conditions
Cependant, au regard des densités du méthane supplémentaires sont réunies : un confinement, la
et du dioxyde de carbone (respectivement 0,55 et mise en suspension du combustible, une concen-
1,53), en l’absence de mouvement d’air notamment tration en combustible suffisante (située dans son
dans un espace confiné, un phénomène de strati- domaine d’explosivité). C’est ce que l’on appelle
fication des gaz peut se présenter. Le dioxyde de l’hexagone de l’explosion (voir page suivante).
carbone se trouvera préférentiellement en partie
basse, contrairement au méthane qui aura ten- Tout combustible (gaz, vapeurs, aérosols et pous-
dance à s’élever. sières) se trouvant dans ces conditions génère une
explosion se manifestant par une surpression bru-
tale associée à un flux thermique.
Combustible
13
Figure 4. Hexagone de l’explosion et domaine d’explosivité
Combustible
Combustible en suspension
Domaine d’explosivité
(gaz, aérosol, poussières)
Comburant
Source d’inflammation
(oxygène de l’air)
Confinement
0 % combustible Trop pauvre en combustible Domaine d’explosivité Trop riche en combustible 100 % combustible
100 % air 0 % air
LIE LSE
Les valeurs du tableau ci-contre sont données pour Pour un biogaz composé de 60 % de méthane
un mélange de méthane / dioxyde de carbone dans et 40 % de dioxyde de carbone, la gamme de
les proportions 60/40, les plus fréquemment ren- concentrations de biogaz dans l’air nécessaire pour
contrées. Pour des mélanges à plus forte teneur atteindre le domaine d’explosivité est donc com-
en méthane, les données concernant l’explosivité prise entre 8,5 et 20,7 %.
peuvent être assimilées à celles du méthane pur.
La présence de CO2 a donc tendance à réduire le Un risque d’explosion est également présent
domaine d’explosivité du biogaz. lorsque sont manipulés des produits pulvérulents
5. Seule la partie combustible du biogaz est détectable par un explosimètre, c’est-à-dire le méthane. C’est pourquoi la LIE et la LSE
s’expriment en pourcentage de CH 4 dans l’air.
14
ou émettant des poussières combustibles 6 (par La réglementation dite « réglementation ATEX »
exemple, des intrants type résidus d’ensilage). Une (« atmosphères explosives », voir p. 8) définit les
explosion peut en effet se produire si ces poussières différentes zones où des concentrations de gaz/
sont en concentration suffisante dans l’air (valeur vapeurs ou de poussières sont susceptibles de
supérieure à la concentration minimale d’explosion générer une explosion.
– CME ) et s’il y a une source d’inflammation.
7
•••
6. De manière générale, seules les poussières combustibles d’une taille inférieure à 0,5 mm de diamètre peuvent générer une explosion.
7. Dans le cas des poussières, la LIE est nommée CME. Les LSE sont rarement établies car difficilement déterminables (de l’ordre de
plusieurs kg.m –3).
15
Adéquation du matériel à la zone ATEX – Marquage
l La réglementation définit, en plus des différents types de zone, le type de matériel (électrique et non
électrique) devant être utilisé en zone ATEX :
0 Catégorie 1 CE II 1 G
20 Catégorie 1 CE II 1 D
l De plus, il est impératif d’adapter le matériel aux caractéristiques des produits générant les ATEX :
– le matériel ne doit pas avoir une température maximale de surface dépassant les 200 °C (matériel de
classe de température T3) pour les zones poussières, valeur déterminée à partir de la moyenne des
températures d’auto-inflammation en couche de poussières de céréales (environ 300 °C) ;
– pour les gaz/vapeurs, cette température maximale de surface ne doit pas dépasser 450 °C (classe
de température T1), valeur déterminée à partir de la température d’auto-inflammation du méthane
(600 °C) ;
– les équipements en zones poussières doivent être caractérisés par un indice d’étanchéité aux poussières
d’une valeur de 6 8.
8. Le marquage correspondant est IP6X, X correspondant à l’indice d’étanchéité à l’eau, restant à définir.
16
Risques et mesures de prévention
à chaque étape du procédé
de méthanisation en phase humide
3
L’évaluation des risques et leur prévention sont Les principaux risques et les mesures de préven-
d’autant plus efficaces que celles-ci sont prises en tion associées à mettre en place sont indiqués pour
compte dès la conception. Le respect des règles de chaque étape du procédé de méthanisation par
l’art en conception d’ouvrages permet de prévenir voie humide.
aussi bien les risques liés au chantier que d’anticiper Cependant, l’évaluation des risques doit être
ceux générés par l’exploitation et la maintenance globale et doit tenir compte des autres risques
de l’installation. Les étapes clés de la conception communs à toute unité de production, qu’elle soit
sont rappelées en annexe. en exploitation ou en maintenance : risque élec-
trique, risque de chute de hauteur…
La suite du document détaille le procédé de mé-
thanisation en phase humide. Pour les autres types L’ensemble de ces risques doit faire l’objet d’une
d’installation, les risques sont globalement iden- évaluation spécifique, formalisée dans le document
tiques à ceux traités ici, cependant les mesures unique, conduisant à la mise en place de mesures
à mettre en place pour les prévenir doivent être tant techniques qu’organisationnelles afin de sup-
adaptées aux spécificités du process. primer ou de réduire les risques identifiés.
Remarque : Les différents zonages ATEX figurant dans ce document sont présentés à titre indicatif.
Ils doivent faire l’objet d’une appropriation et être adaptés aux spécificités de chaque installation.
17
3•1• Alimentation en matières organiques
Intrants pâteux
Équipements
Intrants liquides
de stockage
Intrants solides
Présentation Identification
de l’étape des principaux risques
La première étape du process est l’alimentation Les principaux risques de cette étape sont ceux liés
de l’installation en matières organiques (intrants). aux caractéristiques des intrants.
Elles se présentent sous forme solide (déchets de Un risque biologique par contact avec les ma-
graines, poussières de céréales…), liquide (déchets tières dépotées ou par inhalation de poussières/
d’élevage…) ou pâteuse (huiles, graisses…). aérosols est en effet présent car ces derniers peu-
L’installation dispose de fosses de stockage, en par- vent contenir des micro-organismes pathogènes.
ticulier pour les intrants liquides. De plus, la présence de gaz de fermentation (tels
que le sulfure d’hydrogène H 2S, l’ammoniac NH3
Le transfert des matières organiques se fait de dif- ou le dioxyde de carbone CO2) issus des matiè-
férentes manières : res organiques expose les personnes à un risque
l à l’aide de pompes pour les matières liquides ; chimique tant pour leurs propriétés irritantes ou
l par vis sans fin pour les matières solides. toxiques intrinsèques que pour leur caractère as-
Un système de chauffage peut être utilisé afin de phyxiant, notamment dans les espaces confinés.
faciliter le transport des matières pâteuses type
huile ou graisse. De la même manière, ces intrants constituent un
Enfin, un mélangeur est parfois présent afin de réa- risque d’explosion lié à :
liser un prémélange et d’homogénéiser les matières l l’émission de gaz issus d’un début de fermen-
à méthaniser avant leur transfert dans le digesteur. tation dans les cuves d’intrants ou l’éventuelle
fosse de prémélange ;
l la mise en suspension de poussières (nuage) lors
du dépotage ou du chargement de la trémie de
transfert par vis sans fin ;
l la présence de couches de poussières sur une
surface chaude (appareil de chauffage par
exemple) pouvant s’autoenflammer.
18
Les fosses de stockage des intrants présentent un l Les locaux abritant les équipements (salle des
risque de chute lorsqu’elles ne sont pas protégées. pompes…) sont constitués de matériaux incom-
La mise en œuvre d’un transfert des intrants li- bustibles (classe A1 de réaction au feu). Les murs
quides utilisant des pompes, pouvant être regrou- sont d’une résistance au feu REI 120 9 (coupe-feu
pées dans un local spécifique, génère un risque 2 heures).
lié au bruit. De plus, un niveau sonore élevé peut
rendre difficile toute communication (isolement de Mesures techniques
la personne). Les pièces en mouvement, de type l Le matériel, électrique et non électrique, doit être
vis sans fin, génèrent des risques d’écrasement, adapté à la zone ATEX (voir partie « Proposition
d’entraînement… La présence d’engins dans la de zonage » ci-après et p.15). Une attention par-
zone de dépotage expose à un risque de collision ticulière doit être portée sur les luminaires et leurs
engin-piéton. dispositifs de commande, tant sur leur implan-
tation que sur leurs caractéristiques techniques.
l Un plot de terre doit être disponible afin d’ef-
Principales préconisations fectuer une mise à la terre des véhicules lors des
de sécurité opérations de dépotage.
l Les fosses couvertes font l’objet d’une ventila-
La gestion des intrants dès leur arrivée sur le site est tion mécanique permanente afin d’éviter l’accu-
essentielle au bon fonctionnement de l’ensemble mulation de gaz de fermentation.
de l’installation de méthanisation. Pour cela, on se l Le dépotage des liquides se fait à l’aide de
reportera aux préconisations de la partie « Gestion tuyauteries reliées aux cuves afin d’éviter les
du site » p. 29. projections.
l En cas de cuves dédiées à certains types de
Mesures de conception liquides, des raccords clairement identifiés et
l Chaque zone de dépotage dispose d’une dalle spécifiques avec détrompeurs sont mis en place.
de béton adaptée, notamment en superficie l La présence d’un indicateur de niveau de cuve,
et en résistance au sol, au passage et au sta- ou a minima d’un indicateur de niveau haut, est
tionnement des différents véhicules (camions, essentielle afin d’éviter tout risque de déborde-
tracteurs…). ment. Un report de l’information au niveau du
l Le dépotage des solides se fait dans une zone à poste de dépotage signale l’état de remplissage.
l’air libre afin d’éviter le confinement des pous- l Des modes de transfert de matières sèches limi-
sières. tant l’émission de poussières sont à privilégier
l Les fosses et tous les cheminements en hauteur (vis sans fin par exemple).
font l’objet d’une protection collective contre les l L’accès direct aux éléments en mouvement (vis
chutes de hauteur (par exemple, mise en place sans fin, arbre de l’agitateur…) doit être impos-
de garde-corps). sible, notamment par la mise en place de capo-
l Les locaux contenant les systèmes de transfert tages de protection.
des intrants (pompes…) sont conçus de façon l Les éléments de chauffage et les circuits chauf-
à éviter l’accumulation des gaz. Ils sont no- fés sont isolés (calorifugés…) afin d’éviter tout
tamment ventilés mécaniquement en perma- contact direct pouvant entraîner des brûlures.
nence. Les entrées d’air en partie basse et les l La zone de dépotage dispose d’une « zone de
sorties en partie haute ne doivent pas pouvoir premiers secours » équipée d’une douche de
être obturées ou colmatées. sécurité et d’un rince-œil en cas de projections
ainsi que d’absorbant pour les égouttures et en
cas de déversement accidentel.
9. Les trois principaux critères de réaction au feu sont toujours suivis d’un temps en minute ; R : résistance au poids (dédié aux éléments
porteurs) ; E : étanchéité aux flammes, fumées et gaz chauds ; I : isolation thermique.
19
Mesures organisationnelles
l Chaque zone de dépotage est clairement iden- l Un mode opératoire est établi en cas de prise
tifiée (balisage et affichage de la nature des d’échantillon dans le but de vérifier la qualité
intrants par exemple). Elle est exclusivement dé- des intrants, ceci afin de prendre en compte les
diée à un type d’intrant, ceci afin d’éviter toute différents risques (chute de hauteur, produits
réaction indésirable (production de mousse, dangereux…).
dégagement de gaz, débordement…). l Les systèmes de transfert (canalisations, pompes,
l Les zones de dépotage ne présentent pas de vannes…) comportent une indication claire et
sources d’inflammation : interdiction de fumer, pas durable du produit qu’ils véhiculent et du sens
d’opération générant des points chauds (soudage, de circulation.
meulage, tronçonnage…) ou d’équipement pré- l Des équipements de protection individuelle
sentant des surfaces chaudes (lampe halogène…). (EPI) doivent être à disposition des personnes
l Des instructions sont affichées sur l’aire de dé- intervenant sur l’installation (visières, masques
potage afin d’encadrer l’opération et d’indiquer de protection respiratoire, protections auditives
les mesures à respecter et le comportement à pour l’accès aux salles de pompes, combinaisons
adopter en cas d’incident. jetables…).
Proposition de zonage
Trémie de chargement Zone 21 : sphère de rayon Zone générée lors du chargement,
solide 1 m autour des extrémités par la mise en suspension de poussières
de la trémie fines (par exemple de céréales)
Ciel de fosse couverte Zone 21 : ciel de fosse Zone générée lors du chargement,
ou de cuve ou de cuve par la mise en suspension de poussières
des intrants solides fines (par exemple de céréales)
Ciel de fosse couverte Zone 1 : ciel de fosse Zone ATEX présente, la réaction
ou de cuve des intrants ou de cuve de méthanisation pouvant déjà être
liquides type lisier amorcée pour ce type d’intrants
Possibilité de classer le ciel en zone 2
dans le cas d’une ventilation mécanique
Aire de dépotage permanente efficace
(cuve, fosse, lieu
de déchargement) Fosse à lisiers ouverte Zone 1 : Zone 2 car la ventilation naturelle
intérieur de la fosse (flux d’air extérieur) peut ne pas
Zone 2 : toujours être correctement assurée
1 m autour de la fosse
Ouvertures Zone 21 : Zone générée lors du chargement,
de remplissage 1 m autour des ouvertures par la mise en suspension de poussières
des fosses fines (par exemple de céréales)
Soupapes/évents Zone 1 :
de respiration sphère de rayon 1 m
des cuves ou fosses Zone 2 : sphère de rayon
2 m autour de la zone 1
Mélangeur Ciel de cuve Zone 0 : ciel de cuve Zone permanente liée à un début
du mélangeur de méthanisation
Local des pompes Intérieur du local Zone 2 : tout le local Possibilité de réduction de la zone
à une sphère de rayon 1 m entourant
les pompes en fonction de l’efficacité
de la ventilation et des dispositifs
de contrôle associés
20
3•2• Digestion et production de biogaz
Désulfuration
Biogaz
Digesteur Biogaz
Digestat
Présentation Identification
de l’étape des principaux risques
21
Principales préconisations de sécurité
Membrane souple
Sortie du biogaz
Soupape de sécurité
Poteau central
Entrée
de matière
Revêtement
Moteur
de l’agitateur
Sortie
de matière Agitateur
22
Mesures organisationnelles
l Les raccords des tuyauteries de biogaz sont sou- l Des procédures de mise en sécurité de l’instal-
dés, notamment lorsqu’ils se situent dans ou à lation et du redémarrage en fonctionnement
proximité d’un local. normal sont établies.
l Afin de ne pas perturber le processus de mé- l Les systèmes de transfert (biogaz et digestat)
thanisation et pour ne pas générer une atmos- comportent une indication claire et durable du
phère explosive, la pompe d’injection d’air de produit qu’ils véhiculent et du sens de circulation.
désulfuration est réglée pour délivrer un débit l L’ajustement du pH, généralement effectué
ne dépassant pas 6 % du volume de biogaz pro- avec des produits dangereux (corrosifs), se
duit dans le même laps de temps. Le système fait à un poste dédié, disposant de l’affichage
ne pourra en aucun cas injecter une quantité des opérations à effectuer, des consignes en
d’air plus importante, même en cas de dysfonc- cas d’incident ou d’urgence médicale. Les EPI
tionnement. nécessaires (gants, masques/visières, blouses/
l Le matériel, électrique et non électrique, combinaisons…) sont mis à disposition. Cette
doit être adapté à la zone ATEX (voir partie zone, établie sur un sol étanche et résistant aux
« Proposition de zonage » ci-après et p.15). Une produits corrosifs, permet de récupérer les dé-
attention particulière est portée sur les zones à versements accidentels (cuvette de rétention) et
proximité des évents (exemple : pas de luminaire est située à proximité immédiate de la zone de
non adapté). premiers secours (douche de sécurité, rince-œil,
adsorbant adapté…).
Proposition de zonage
23
3•3• Production d’énergie
Bâtiments
(locaux, habitations,
Torchère élevages)
Condenseur
Chaleur Électricité
Local de cogénération
Présentation Identification
de l’étape des principaux risques
Le biogaz issu du méthaniseur circule dans un Le condenseur peut laisser échapper du biogaz
condenseur (ou dessiccateur) afin de réduire son et présenter un risque d’explosion (formation
taux d’humidité. Il est ensuite véhiculé jusqu’à un d’une zone ATEX). Les risques sont d’autant plus
local où il est brûlé par des moteurs thermiques importants que cet équipement se trouve souvent
de cogénération afin de produire de l’énergie dans un endroit confiné situé en point bas de l’ins-
électrique et thermique (chaleur). L’électricité est tallation.
directement injectée sur le réseau ERDF alors que
la chaleur, transmise via un fluide caloporteur, peut Les gaz d’échappement des moteurs de cogénéra-
servir à chauffer les digesteurs, les installations, des tion présentent un risque chimique (notamment
habitations ou encore des élevages. un risque d’asphyxie). La survenue de fuites de
biogaz, sur le moteur ou au niveau de son alimen-
Un dispositif d’évacuation par brûlage du gaz, tation, peut former des ATEX générant un risque
type torchère, est installé afin de gérer tout dys- d’explosion. Ces risques sont d’autant plus im-
fonctionnement lié à la cogénération (panne ou portants que le local de cogénération constitue un
défaillance du moteur, surproduction brutale de espace confiné pouvant favoriser l’accumulation
biogaz…). Ce dispositif permet également de des polluants.
mettre tout ou partie de l’installation en sécurité
avant certaines opérations de maintenance, par Les moteurs génèrent un niveau élevé de nuisances
brûlage du biogaz qu’elle contient. sonores provoquant également un risque lié au
bruit et favorisant l’isolement des personnes inter-
En fonction de la production de biogaz et du sys- venant dans ces locaux (difficultés pour communi-
tème de cogénération choisi (puissance, nombre quer). Le brûlage du biogaz dans un ou plusieurs
de moteurs…), un stockage tampon de gaz peut moteurs thermiques produit de la chaleur qui est
être installé en complément. récupérée. Il y a donc un risque de brûlures au
24
niveau du moteur et au niveau des canalisations de l Le local de cogénération est constitué de maté-
transport de cette énergie (via un fluide calopor- riaux incombustibles (classe A1 de réaction au
teur par exemple). feu). Les murs sont d’une résistance au feu REI
120 (coupe-feu 2 heures).
La production d’électricité nécessite un appa- l L’emplacement des moteurs et celui des armoi-
reillage spécifique exposant les personnes à un res électriques dans le local de cogénération
risque électrique. sont séparés par un mur de mêmes caractéris-
tiques que ceux du local.
l La conception du local des moteurs intègre des
Principales préconisations dispositifs permettant de réduire le bruit généré
de sécurité (isolement acoustique…).
25
Mesures organisationnelles
l Une procédure de mise en sécurité de la cogéné- les personnes ayant reçu une formation spéci-
ration et de la mise en sécurité de l’installation fique sont autorisées à y pénétrer.
qui en découle est rédigée, affichée et portée à l Dans le cas où les moteurs ne sont pas équipés de
la connaissance des personnes concernées. carters d’insonorisation, des protections auditives
l Le local des moteurs et le local du transforma- (bouchons d’oreilles ou casques antibruit) sont à
teur présentant des risques particuliers, seules disposition à l’entrée du local de cogénération.
Proposition de zonage
Local Intérieur du local Zone 2 : tout le local Dans le cas d’une ventilation mécanique
de cogénération permanente et d’une détection gaz
asservie au fonctionnement
de la cogénération, il est possible
de classer le local hors zone
si ces mesures sont pérennes
(ventilation et détection)
Local Intérieur du local Zone 1 : tout le local Dans le cas d’une ventilation mécanique
du condenseur permanente efficace, il est possible
de classer le local en zone 2
Condenseur Condenseur Zone 2 : sphère de rayon
en extérieur 1 m autour du condenseur
26
3•4• Séparation mécanique du digestat
Digestat
Stockage du lixiviat
Lixiviat
Local de séparation mécanique
Réensemencement
Présentation Identification
de l’étape des principaux risques
27
Principales préconisations de sécurité
Mesures de conception
l Les locaux abritant les équipements sont consti- l Les éléments de chauffage et les circuits asso-
tués de matériaux incombustibles (classe A1 de ciés sont isolés (calorifugés…) afin d’éviter tout
réaction au feu). Les murs sont d’une résistance contact direct pouvant entraîner des brûlures.
au feu REI 120 (coupe-feu 2 heures). l L’accès direct aux éléments en mouvement (élé-
l Dans le cas de l’utilisation de panneaux ments de la presse ou de la centrifugeuse) doit
sandwichs (matériau isolant entre deux parois être impossible.
métalliques) pour assurer une étanchéité ther- l Les systèmes de transfert de matières pouvant
mique de ces locaux, un isolant incombustible, contenir des micro-organismes et des gaz in-
type laine de roche, est à privilégier plutôt que flammables sont capotés et ventilés.
du polyuréthane, matière combustible12. Un in- l Le stockage du lixiviat et de la partie solide du
cendie débutant au niveau du polyuréthane se digestat suit les mêmes prescriptions que celles
développera en effet à l’intérieur de la cloison concernant le stockage des intrants (voir partie
sans pouvoir être atteint par un agent d’extinc- « Alimentation en matières organiques » p. 18).
tion, du fait de la paroi métallique.
Mesures organisationnelles
Mesures techniques l Les zones de stockage du lixiviat et de la partie
l Les locaux de déshydratation du digestat sont solide du digestat sont clairement identifiées afin
ventilés mécaniquement de manière per- qu’il ne puisse y avoir aucune confusion entre
manente afin d’évacuer les gaz résiduels de les différents stockages (intrants, digestat…).
fermentation, les aérosols contenant des micro- l Les systèmes de transfert (digestat, lixiviat…)
organismes et l’humidité. L’air rejeté est filtré comportent une indication claire et durable du
afin d’éliminer ces différents polluants. produit qu’ils véhiculent et du sens de circulation.
Proposition de zonage
Stockage Ciel de fosse couverte Zone 2 : ciel de fosse Zone présente en cas de méthanisation
du digestat, ou de cuve de digestat ou de cuve incomplète et de présence de biogaz
de sa partie solide résiduel
et du lixiviat
Soupapes/évents Zone 2 :
de respiration sphère de rayon 1 m
des cuves ou fosses
Locaux Intérieur du local Zone 2 : tout le local Possibilité de réduction de la zone
de déshydratation à une sphère de rayon 1 m entourant
les équipements en fonction
de l’efficacité de la ventilation
et des dispositifs de contrôle associés
12. La mise en place de panneaux sandwichs à base de polyuréthane doit suivre les règles de l’art détaillées dans le document APSAD
D14-A, en particulier en ce qui concerne la réalisation de passages au travers de ces éléments. Les règles APSAD sont disponibles
sur le site www.cnpp.com.
28
Principales préconisations
3•5• Gestion du site de sécurité
Mesures de conception
Identification l Les activités propres à une éventuelle exploitation
des principaux risques agricole et à l’unité de méthanisation doivent être
clairement délimitées.
L’exploitation d’une unité de méthanisation néces- l Les voies d’accès au site sont conçues pour être ac-
site une gestion stricte du site. La présence simul- cessibles en permanence aux véhicules de secours.
tanée d’engins, de véhicules et de piétons doit être l Les différents flux (engins, véhicules et piétons)
prise en compte afin d’éviter le risque de collision sont canalisés dans des voies de circulation via-
(séparation des flux, plan de circulation…). bilisées et identifiées par des marquages au sol
et des panneaux.
L’absence de gestion des intrants tant au dépotage l Une délimitation physique (grillage, barrière…)
qu’à l’alimentation du digesteur (quantité, qualité de l’unité de méthanisation et de l’ensemble de
et pouvoir méthanogène) peut engendrer des em- ses équipements est mise en place.
ballements de réaction et des débordements l Les digesteurs sont distants d’au moins 50 m de
de cuve ou de digesteur (par exemple, l’ajout de tout bâtiment d’habitation ou de locaux à fort
graisse va engendrer la formation rapide d’une potentiel calorifique (stockage de paille, engrais,
quantité importante de biogaz et peut entraîner cuve de gasoil…). Une distance d’au moins 10 m
le débordement du digesteur par formation de est recommandée entre les différents locaux
mousse). (pompes, cogénération, technique…).
l De manière générale, les locaux sont conçus
Le fonctionnement global de l’installation néces- de façon à éviter l’accumulation de polluants.
site la vérification régulière de certains paramètres, En particulier, tout local à pollution spécifique
notamment : (biologique ou chimique) doit être équipé d’une
l les concentrations en oxygène, méthane, sul- ventilation mécanique permanente balayant la
fure d’hydrogène, ammoniac (voir encadré totalité du volume du local.
« Détection gaz » p. 31) ; l Des accès aux différentes installations sont pré-
l la pression du biogaz dans le réseau, dans le vus (trappe de visite des réseaux aérauliques ou
digesteur ; de fluides par exemple) et sécurisés afin de fa-
l la composition et les caractéristiques physico- ciliter leur entretien et réparation.
chimiques (pH…) du digestat par prises d’échan- l Les voies de cheminement, les postes de dépo-
tillons. tage disposent d’un éclairage extérieur implanté
hors des zones ATEX. De même, l’ensemble des
Les opérations de prise d’échantillon et de contrôle locaux possède un éclairage intérieur, adapté
exposent les personnes à l’ensemble des risques aux influences externes (poussières, projections,
vus précédemment (risques biologique, chi- risques d’explosion…).
mique, mécanique, d’explosion, lié au bruit, l Le site dispose de moyens d’extinction de type ro-
risque de chute de hauteur) qui doivent donc binet d’incendie armé (RIA) afin de pouvoir lutter
également être pris en compte. rapidement contre un départ de feu quel que soit
l’emplacement du sinistre. Ces RIA sont complé-
De la même manière, certaines activités (mainte- tés par des extincteurs adaptés aux risques spéci-
nance, entretien…) exposent les opérateurs à ces fiques liés à certaines activités (telle la production
différents risques renforcés par des situations de d’énergie dans le local de cogénération où un
travailleur isolé ou de travail en espace confiné. extincteur à CO2 est à installer à proximité). Ces
équipements sont facilement accessibles, iden-
tifiés, repérables et maintenus régulièrement 13.
13. Pour plus d’informations, voir la brochure publiée par l’INRS Les extincteurs portatifs, mobiles et fixes (ED 6054).
29
Mesures organisationnelles
l Avant le démarrage de l’installation, l’exploitant et la date du dépôt ainsi que la zone de l’opéra-
tout le personnel sur place (y compris intérimaire) tion. Il figure, le cas échéant, le motif d’un refus.
doit avoir reçu une formation spécifique sur le l Pour des questions d’hygiène, le site dispose de
fonctionnement de l’installation, sa maintenance, sanitaires et de lave-mains équipés de savon li-
sur les risques existants ainsi que sur la conduite à quide et d’essuie-mains jetables.
tenir en cas de dysfonctionnement ou d’accident. l L’ensemble du personnel est formé à l’utilisation des
l Le site clôturé ne doit être accessible qu’aux seules différents EPI (appareils de protection respiratoire14,
personnes autorisées ou encadrées. protections auditives...) et aux moyens de pre-
l Les plans de circulations sont affichés à l’entrée et mière intervention disponibles (RIA, extincteurs...).
sur le site. Tout croisement d’engins, de véhicules l Les EPI réutilisables font l’objet d’entretien et de
et de piétons fait l’objet d’un marquage spécifique. contrôles réguliers conformément aux prescrip-
l Un affichage des consignes de sécurité (interdic- tions du fabricant, aux bonnes pratiques et aux
tion de fumer, zones ATEX, circulation d’engins…) dispositions du code du travail.
est fait à l’entrée du site et près des zones à risques l Les démarches de plan de prévention, autorisation
spécifiques (ATEX, biologique, chimique…). de travail et permis de feu doivent être établies et
l Un plan général, permettant de repérer les bâ- affichées pour les différentes activités les néces-
timents et installations, l’ensemble des réseaux, sitant. Des procédures spécifiques sont mises en
les voies de circulation, les stockages et locaux à place, notamment pour encadrer les interventions
risques spécifiques, est présent sur place et mis à impliquant des opérateurs en situation de tra-
disposition des services de secours. Les canalisa- vailleur isolé quand elles ne peuvent être évitées
tions enterrées font l’objet de repères en surface. (DATI 15, prise de contact à intervalles réguliers…).
l Un protocole de sécurité est établi avec les dif- l Les systèmes de surveillance du site et des pa-
férents transporteurs pour assurer la sécurité ramètres essentiels au bon fonctionnement du
au sein du site, formaliser les procédures appli- procédé doivent être fiables et garantir en per-
cables et organiser le chargement et le déchar- manence la transmission de l’information à l’ex-
gement des matières. ploitant ou à une personne désignée en mesure
l Un suivi des intrants est essentiel pour le bon d’intervenir sans délai.
fonctionnement de l’installation. En particulier, un
14. Pour plus d’informations, voir la brochure publiée par l’INRS Les
registre des entrées et des sorties stipule la nature
appareils de protection respiratoire. Choix et utilisation (ED 6106).
du produit, sa provenance, la quantité, l’heure et 15. Dispositif d’alarme du travailleur isolé.
30
Détection gaz
L’exploitation d’une unité de méthanisation nécessite la mise en place d’une détection de différents
gaz. Ce système de détection, installé par un spécialiste, impose des prescriptions particulières de choix,
d’utilisation et de maintenance pour une efficacité optimale.
Détecteurs fixes
Leur nombre est fonction de la configuration des locaux (ventilation, volumes morts notamment).
Pour chaque gaz, deux seuils d’alarme peuvent être choisis, par exemple :
Le premier seuil déclenche une alarme sonore et visuelle, provoquant l’arrêt des activités en cours et l’ana-
lyse de la situation. Le dépassement du deuxième met en sécurité l’installation et entraîne l’évacuation
des personnes à proximité. Dans tous les cas, la conduite à tenir lors du déclenchement de l’alarme est
rédigée, affichée et portée à la connaissance des personnes concernées.
Le système de détection fixe doit être maintenu selon les prescriptions du fabricant. La vérification des
détecteurs doit être réalisée régulièrement avec chacun des gaz de référence.
Détecteurs portatifs
Les détecteurs portatifs, essentiels lors des interventions sur les installations et les équipements, doivent :
l être suffisamment petits et légers pour ne pas engendrer une gêne lors du travail ;
l afficher en permanence les différents niveaux de concentration.
Deux seuils d’alarme peuvent également être définis, identiques à ceux des détecteurs fixes.
Au premier seuil, les travaux en cours doivent être stoppés et la situation analysée. Le dépassement du
deuxième seuil doit entraîner une procédure d’évacuation des personnes présentes.
Les détecteurs portatifs doivent être vérifiés régulièrement (dans le meilleur des cas, avant toute utilisation)
via une station de vérification. Celle-ci permet de placer l’appareil en présence d’un gaz de concentration
connue et de contrôler le temps de réponse et les seuils de déclenchement.
31
3•6• Maintenance des installations
La maintenance est définie comme l’ensemble l les détails du fonctionnement global de l’instal-
des actions, qu’elles soient techniques, adminis- lation ;
tratives ou de gestion, durant le cycle de vie d’un l les prescriptions de maintenance pour chaque
équipement (réseaux de ventilation, pompes, ca- équipement (référence des éléments à chan-
nalisations, moteurs…), destiné à le maintenir ou à ger, périodicité des vérifications, indicateur
rétablir l’état dans lequel il peut accomplir la fonc- d’usure, temps de fonctionnement avant chan-
tion qui lui est dévolue. gement…).
Dans ce cadre, deux catégories de maintenance Les documents qui composent la notice d’instruc-
peuvent être mises en place : tions et la consigne d’utilisation constituent le dos-
l la maintenance préventive, exécutée à des in- sier d’installation. Il est obligatoire, notamment,
tervalles prédéterminés ou selon des critères pour tout système de ventilation.
prescrits et destinée à réduire les défaillances
et la dégradation de l’équipement ; Par ailleurs, certains équipements (extincteurs, ins-
l la maintenance corrective, exécutée après détec- tallations de ventilation, installations électriques,
tion d’une panne et destinée à remettre l’équi- EPI…) sont soumis à des obligations de vérifications
pement dans un état de fonctionnement. générales périodiques. Les équipements concernés,
l’objet de la vérification et sa périodicité sont détail-
La mise place d’une démarche de maintenance lés dans le document publié par l’INRS Principales
préventive est un enjeu capital pour l’installation vérifications périodiques (ED 828).
et ceci à différents niveaux :
l la sécurité : les risques sont d’autant plus im- L’intervention sur un équipement génère des
portants que les opérations s’effectuent dans risques spécifiques liés aussi bien à l’équipement
la précipitation, ce qui est généralement le cas (électricité, pièce mobile, fluide dangereux…) qu’à
en maintenance corrective. L’environnement des son environnement (zone ATEX, espaces confinés,
opérations (atmosphère et sol) peut être pollué, travaux en hauteur…). Il est donc nécessaire d’avoir
notamment en cas de fuite. L’intervention néces- une connaissance approfondie de ces deux para-
sitera alors des dispositions spécifiques (ajout mètres et de faire intervenir des personnes com-
d’une ventilation forcée, nettoyage des sols, pétentes formées.
intervention en binôme sous appareil de pro-
tection respiratoire…) afin d’opérer en sécurité ; La prise en compte des risques liés à l’intervention
l la productivité et la durabilité des biens : en ré- sur un équipement et leur prévention sont détail-
duisant la défaillance des équipements, les ar- lées dans les documents suivants publiés par l’INRS :
rêts de production sont moindres. De la même l Intervenir sur un équipement de travail : penser
manière, en limitant les effets d’usure et de vieil- sécurité (ED 134) ;
lissement, la maintenance préventive permet de l Consignations et déconsignations (ED 6109).
conserver plus longtemps un outil de production
en bon état de fonctionnement. Les travaux en espaces confinés doivent suivre les
prescriptions particulières détaillées dans le docu-
Afin de planifier et d’établir les modes opératoi- ment Les espaces confinés (INRS, ED 967).
res des différentes actions de maintenance, le La sous-traitance des opérations de maintenance
constructeur doit fournir des notices d’instructions nécessite une gestion particulière formalisée dans
contenant, entre autres : les plans de prévention, comme expliqué dans le
l les détails du fonctionnement des équipements document Intervention d’entreprises extérieures
en mode normal et en mode dégradé ; (INRS, ED 941).
32
Cas de la méthanisation discontinue
par voie sèche
4
Cette technique est préférentiellement mise en Les risques sur ces installations sont similaires à
œuvre pour des intrants dits secs (intrants ayant ceux déjà cités. Les principales préconisations de
entre 15 et 50 % de matière sèche) comme le fu- sécurité sont applicables de la même manière.
mier ou les déchets de céréales.
L’installation se résume généralement à des zones Toutefois, une attention particulière doit être
de stockage (intrants, digestat et lixiviat), plusieurs portée aux phases de chargement et de déchar-
méthaniseurs et un moteur de cogénération. Les gement du (des) digesteur(s). Ces phases sont en
méthaniseurs, de type cellules en béton , sont 16
effet susceptibles de générer des risques plus im-
chargés à l’aide d’engins mécaniques puis fermés portants.
hermétiquement. Des rampes de pulvérisation
vont asperger de lixiviat le tas d’intrant afin de
l’ensemencer avec des bactéries méthanogènes.
Le temps de séjour, plus long que pour la méthani- 4•1• Phase de chargement
sation par voie humide, peut aller jusqu’à 60 jours.
Une fois le processus terminé, le biogaz est direc- Les engins utilisés disposent d’un système de filtra-
tement brûlé dans un moteur de cogénération. Le tion, filtre poussières haute efficacité de type P3 et
retrait du digestat s’effectue de nouveau à l’aide filtre charbon actif de type ABEK, afin que l’air de
d’un engin mécanique. la cabine ne contienne pas de produit dangereux
(ammoniac, sulfure d’hydrogène, micro-organis-
mes). L’air de la cabine a un taux minimal de re-
16. Il existe également des digesteurs possédant une membrane
souple devant être manipulée à chaque chargement. Les risques nouvellement de 30 volumes par heure.
et contraintes supplémentaires liés à la manutention de ce type Par conception, le digesteur comporte les dispo-
d’installations font qu’elles ne peuvent être adaptées qu’aux
petits volumes. sitifs de contrôle et de protection déjà évoqués
(capteur de pression, évent d’explosion…).
33
La fermeture des portes du méthaniseur se fait de (a minima six fois par heure) pour l’ensemble du
préférence manuellement afin de s’assurer qu’au- volume du digesteur. Il est, de plus, de catégorie 2
cun opérateur ou engin ne reste enfermé dans (voir p. 16).
l’enceinte. L’ouverture de la porte s’accompagnera de l’aug-
Dans le cas d’une fermeture mécanisée, celle-ci doit mentation du volume d’extraction permettant d’as-
se faire par une action maintenue sur un organe de surer un flux d’air allant de la porte jusqu’au fond
service de type bouton affleurant via un poste de du digesteur.
commande permettant de visualiser la zone de fer- L’air aspiré est filtré avant rejet à l’extérieur afin de
meture des portes. Une alarme sonore et visuelle se retenir les micro-organismes et les gaz dangereux.
met en fonctionnement avertissant de l’opération Un dispositif au sol, de type bouche de soufflage,
en cours. De plus, un dispositif (bouton poussoir apportera de l’air neuf au sein du tas de digestat
pneumatique par exemple) permettant l’ouver- évitant ainsi les poches de biogaz résiduelles.
ture de la porte de l’intérieur doit être installé afin Avant et durant les activités au sein du digesteur,
qu’une personne enfermée accidentellement puisse l’atmosphère sera contrôlée à l’aide d’un détecteur
sortir du méthaniseur. vérifié pour s’assurer que les gaz (O2, H2S, NH3 et
CH4 ) respectent les limites fixées p. 12 et 13.
34
Annexe. Les bonnes pratiques
en phase de conception
Les mesures de prévention les plus efficaces sont Il est également essentiel de constituer le docu-
celles qui s’exercent en amont dès la conception et ment d’intervention ultérieure sur l’ouvrage (DIUO)
la construction des locaux. Le respect des règles de dès la phase de conception afin que les différentes
l’art en conception d’ouvrages permet de prévenir mesures de prévention puissent être intégrées à
aussi bien les risques liés au chantier que d’anticiper l’ouvrage le plus en amont possible.
ceux générés par l’exploitation de l’installation.
Le processus de conception peut se diviser en dif-
Or, le constat général, ainsi que les bilans effec- férentes étapes : celles d’avant-chantier puis celles
tués par les organismes de prévention, mettent de réalisation de chantier.
en évidence des dysfonctionnements en matière
d’hygiène et de sécurité sur les opérations de
construction tant en phase de conception qu’en
phase de réalisation des installations. Ces dys- L’avant-chantier
fonctionnements sont à l’origine de nombreux
accidents graves voire mortels. Les trois phases d’avant-chantier sont fonction de
l’avancement du projet. On distingue :
Nous rappelons ici les étapes clés, essentielles au l l’avant-projet sommaire (APS) ;
bon déroulement de la conception d’un ouvrage, l l’avant-projet définitif (APD) ;
ainsi que les points incontournables pour la maî- l la conception avant commencement des travaux
trise d’œuvre. (ACT).
À l’issue de cette démarche, il est essentiel d’effec-
tuer non seulement la réception de l’ensemble de
l’installation mais aussi celle de chaque équipement. •••
35
Ces différentes phases mettent en œuvre les ac- Déclaration préalable
teurs suivants : 1 mois avant ACT
l le maître d’ouvrage qui peut être aussi le futur Cette étape correspond au dépôt de la déclaration
exploitant de l’ouvrage ; de travaux. Elle est réalisée par le maître d’ouvrage
l le maître d’œuvre qui coordonne l’ensemble du en collaboration avec le CSPS et diffusée aux orga-
projet ; nismes officiels et à l’inspecteur du travail.
l le coordonnateur de sécurité et protection de
la santé (CSPS) qui met en œuvre la prévention Dossier d’intervention ultérieure
des risques notamment liés à l’intervention de sur l’ouvrage
plusieurs entreprises sur un même chantier. Phases APS à ACT
Ce document établi par le CSPS avec la colla-
Ces acteurs élaborent les documents et réalisent boration du maître d’œuvre est remis au maître
des actions spécifiques, mais toujours en relation d’ouvrage en trois exemplaires dont un doit être
les uns avec les autres. duplicable.
Nomination du CSPS
Phase APS
Il doit être nommé dés le début de la phase La réalisation de chantier
APS par le maître d’ouvrage. Le CSPS donne un
avis motivé sur la prise en compte des risques dans Outre la prise en compte unitaire des risques spé-
les documents d’études et aussi dans la rédaction cifiques aux différents travaux à effectuer, il est
des appels d’offres et des marchés réalisés par le essentiel de gérer les risques liés à la présence
maître d’œuvre. simultanée de différents corps de métiers (coac-
tivité). On pourra s’appuyer sur l’organisation
Registre-journal de la démarche décrite dans le document INRS
Phase ACT Intervention d’entreprises extérieures (ED 941).
Ce registre permet au coordonnateur de regrou-
per l’ensemble des informations utiles à sa mission
(décisions, inspections, consignes particulières…).
POUR ALLER PLUS LOIN
Il servira à transmettre les informations en cas de
changement de coordonnateur ou de coordonna-
Pour plus d’informations, consulter les différents
teurs différents entre les étapes d’avant-chantier et documents suivants publiés par l’INRS :
celles de réalisation du chantier. • Conception des lieux et des situations de travail,
ED 950.
Plan général de coordination • Aide-mémoire BTP. Prévention des accidents
du travail et des maladies professionnelles
Phases APD et ACT dans le bâtiment et les travaux publics, ED 790.
Ce plan est élaboré par le CSPS après avis du maître • Maintenance et prévention des risques
d’œuvre. Il est ensuite intégré dans le dossier de professionnels dans les projets de bâtiment,
ED 829.
consultations par le maître d’ouvrage et envoyé aux
• Logistique de chantier et coordination de sécurité,
organismes officiels et inspection du travail. ED 884.
• Contact direct d’engins avec les lignes électriques
Projet de marché aériennes, ND 1879. Document uniquement
téléchargeable en pdf sur www.hst.fr
Phase ACT
• La programmation, une aide à la conception
Le CSPS rédige le projet de marché en collaboration des lieux de travail, ED 91.
avec le maître d’œuvre. Ce projet comprend entres • Conception des usines d’épuration des eaux
autres les plans, les cahiers des clauses techniques résiduaires, ED 968.
et administratives particulières (CCTP et CCAP).
36
Les points essentiels pour l’installation d’un chantier de méthanisation
•••
37
l pour la manutention et les engins de levage :
– l’emplacement des engins ou équipements (grue mobile…),
– la matérialisation des zones de survol et des voies de roulement,
– l’emplacement et la matérialisation des lignes électriques aériennes (hauteur, puissance…) ;
38
Bibliographie
39
Pour obtenir en prêt les audiovisuels et multimédias et pour commander les brochures et les affiches
de l’INRS, adressez-vous au service Prévention de votre Carsat, Cram ou CGSS.
CGSS MARTINIQUE
CGSS GUYANE
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