Biomasse Et Biodigesteur

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Méthanisation de déchets

issus de l’élevage, de l’agriculture


et de l’agroalimentaire
L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS)

Dans le domaine de la prévention des risques


professionnels, l’INRS est un organisme scientifique
et technique qui travaille, au plan institutionnel,
avec la CNAMTS, les Carsat, Cram, CGSS
et plus ponctuellement pour les services de l’État
ainsi que pour tout autre organisme s’occupant
de prévention des risques professionnels.
Il développe un ensemble de savoir-faire pluridisciplinaires
qu’il met à la disposition de tous ceux qui, en entreprise,
sont chargés de la prévention : chef d’entreprise,
médecin du travail, CHSCT, salariés.
Face à la complexité des problèmes,
l’Institut dispose de compétences scientifiques,
techniques et médicales couvrant
une très grande variété de disciplines, toutes
au service de la maîtrise des risques professionnels.
Ainsi, l’INRS élabore et diffuse des documents
intéressant l’hygiène et la sécurité du travail :
publications (périodiques ou non), affiches,
audiovisuels, multimédias, site Internet…
Les publications de l’INRS sont distribuées par les Carsat.
Pour les obtenir, adressez-vous au service Prévention
de la caisse régionale ou de la caisse générale
de votre circonscription, dont l’adresse
est mentionnée en fin de brochure.
L’INRS est une association sans but lucratif (loi 1901)
constituée sous l’égide de la CNAMTS et soumise
au contrôle financier de l’État. Géré par un conseil
d’administration constitué à parité d’un collège
représentant les employeurs et d’un collège
représentant les salariés, il est présidé alternativement
par un représentant de chacun des deux collèges.
Son financement est assuré en quasi-totalité
par le Fonds national de prévention des accidents
du travail et des maladies professionnelles.

Les caisses d’assurance retraite et de la santé au travail (Carsat),


les caisses régionales d’assurance maladie (Cram)
et caisses générales de sécurité sociale (CGSS)

Les caisses d’assurance retraite et de la santé


au travail, les caisses régionales d’assurance maladie
et les caisses générales de sécurité sociale
disposent, pour participer à la diminution
des risques professionnels dans leur région,
d’un service Prévention composé d’ingénieurs-conseils
et de contrôleurs de sécurité. Spécifiquement
formés aux disciplines de la prévention des risques
professionnels et s’appuyant sur l’expérience
quotidienne de l’entreprise, ils sont en mesure
de conseiller et, sous certaines conditions,
de soutenir les acteurs de l’entreprise (direction,
médecin du travail, CHSCT, etc.) dans la mise
en œuvre des démarches et outils de prévention
les mieux adaptés à chaque situation.
Ils assurent la mise à disposition
de tous les documents édités par l’INRS.

Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’INRS,


de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite.
Il en est de même pour la traduction, l’adaptation ou la transformation, l’arrangement ou la reproduction,
par un art ou un procédé quelconque (article L. 122-4 du code de la propriété intellectuelle).
La violation des droits d’auteur constitue une contrefaçon punie d’un emprisonnement de trois ans
et d’une amende de 300 000 euros (article L. 335-2 et suivants du code de la propriété intellectuelle).

© INRS, 2013.
Conception graphique et mise en pages : Michel Maître, www.planete-m.com
Illustrations (de couverture et intérieures) : Jean-André Deledda, www.3zigs.com
Méthanisation de déchets
issus de l’élevage, de l’agriculture
et de l’agroalimentaire
Risques et prescriptions de sécurité

ED 6153
juin 2013
Ce document a été réalisé par un groupe de travail
piloté par l’INRS et composé des personnes suivantes :
A. Bec, F. Boutin, P. Delaunois (Direccte Bretagne),
J. Beillevaire, A. Giraudeau, S. Moreau (Direccte Pays de la Loire),
G. Mauguen, T. Palka, G. Petegnief (Carsat Bretagne),
C. David, F. Marc, B. Sallé (INRS).
Sommaire

1 Méthanisation et biogaz 5

1.1. Le principe de la méthanisation 5

1.2. Le biogaz 9

2 Risques liés aux produits 11

2.1. Risques biologiques 12

2.2. Risques chimiques 12

2.3. Risques d’asphyxie 13

2.4. Risques d’explosion 13

3 Risques et mesures de prévention 17


à chaque étape du procédé de méthanisation en phase humide

3.1. Alimentation en matières organiques 18

3.2. Digestion et production de biogaz 21

3.3. Production d’énergie 24

3.4. Séparation mécanique du digestat 27

3.5. Gestion du site 29

3.6. Maintenance des installations 32

4 Cas de la méthanisation discontinue par voie sèche 33

4.1. Phase de chargement 33

4.2. Phase de déchargement 34

4.3. Proposition de zonage 34

Annexe. Les bonnes pratiques en phase de conception 35

L’avant-chantier 35

La réalisation de chantier 36

Les points essentiels pour l’installation d’un chantier de méthanisation 37

Bibliographie 39
Dans le cadre de la réduction des impacts envi-
ronnementaux (gaz à effet de serre entre autres),
la stabilisation des déchets issus de l’élevage, de
l’agriculture et de l’agroalimentaire, notamment
par le procédé de méthanisation, est devenue un
enjeu pour les professionnels. La décomposition
des déchets organiques, dans des conditions parti-
culières, produit en effet du gaz valorisable comme
combustible.

Après avoir détaillé le principe de la méthanisa-


tion et sa mise en œuvre, ce document aborde les
principaux risques liés à chacune des étapes du
procédé et les principales prescriptions de sécurité
associées, à l’intention de l’ensemble des acteurs
de la filière (conception, exploitation, mainte-
nance…).

4
Méthanisation et biogaz

1
1•1• Le principe de la méthanisation

Le principe de la méthanisation est identique à ce- valorisé en fertilisant naturel ou maturé en compost.
lui qui se déroule naturellement dans la panse des Le digestat liquide est, quant à lui, réutilisé dans
ruminants : en l’absence d’oxygène, des bactéries le process pour fluidifier et réensemencer le mé-
spécifiques dégradent les matières organiques tout thaniseur ou décanté pour faire de l’engrais liquide.
en produisant du biogaz, mélange de plusieurs gaz. Différentes approches du procédé de méthanisa-
Ce processus sera plus ou moins long selon la tem- tion existent en fonction de l’état de la matière
pérature optimale de croissance des bactéries pré- d’alimentation (intrants solides ou liquides) et de la
sentes : trois à cinq semaines pour des bactéries quantité à traiter ; un procédé en phase sèche, en
mésophiles se développant entre 20 et 30 °C ou phase humide ou en phase liquide peut être mis en
deux à trois semaines pour des bactéries thermo- œuvre 1. Actuellement, le procédé en phase humide
philes se développant entre 45 et 80 °C. est le plus répandu car il permet, entre autres, le
Le biogaz ainsi formé est composé principalement traitement d’une plus grande diversité d’intrants.
de méthane (CH4) et de dioxyde de carbone (CO2). Il C’est donc ce type de procédé qui est décrit pré-
est ensuite utilisé comme combustible, par exemple, férentiellement dans ce document (voir figure 1).
sur place en cogénération : il alimente un moteur
thermique qui produit de l’énergie électrique par La méthanisation par voie sèche en processus
l’entraînement d’un alternateur et de la chaleur, discontinu fait également l’objet d’une attention
utilisable en chauffage par échange thermique. particulière sur certains points. Les opérations de
En parallèle de la production du gaz, le résidu de chargement des intrants et de déchargement du
fermentation (digestat) est traité, essentiellement digestat seront en effet abordées car elles peuvent
par séparation mécanique, afin d’extraire la partie li- nécessiter la présence d’une personne dans le
quide de la partie solide. Le digestat solide peut être digesteur (voir p. 33).

1. Le procédé en phase liquide étant un procédé mis en œuvre à des fins de dépollution, il ne sera pas abordé dans ce document.

5
Figure 1. Schéma de principe d’une installation de méthanisation en phase humide

Désulfuration

Biogaz

Biogaz
Intrants pâteux

Intrants liquides

Digesteur
Intrants solides

Équipements
de stockage

Réensemencement

6
Bâtiments
(locaux, habitations,
élevages) Biogaz : Mélange de gaz issus de la réaction
de méthanisation de différents déchets, composé
principalement de méthane et de dioxyde de carbone.

Condenseur Cogénération : Procédé de valorisation du biogaz


produisant de la chaleur et de l’électricité.
Électricité Condenseur : Équipement permettant de réduire
le taux d’humidité du biogaz.
Torchère
Chaleur Désulfuration : Procédé permettant, par injection
d’air, de réduire la teneur en sulfure d’hydrogène
du biogaz.
Digestat : Matière pâteuse issue du digesteur
ou du postdigesteur, composée principalement
de matière minérale et végétale ainsi que de bactéries,
résultant de la réaction de méthanisation.
Digesteur : Enceinte étanche dans laquelle
se déroule la réaction de méthanisation.
Intrant : Matière solide, liquide ou pâteuse
alimentant le procédé de méthanisation.
Lixiviat : Partie liquide du digestat, obtenue
Local de cogénération après séparation mécanique de ce dernier.
Mélangeur : Enceinte permettant un prémélange
Digestat Stockage de la partie solide Stockage des intrants (homogénéisation) avant leur introduction
du lixiviat dans le digesteur.
Postdigesteur : Enceinte étanche, éventuellement
présente, positionnée à la suite du digesteur, dans
laquelle se poursuit la réaction de méthanisation.
Réensemencement : Réutilisation d’une partie
du lixiviat afin d’alimenter le digesteur en bactéries
réalisant la méthanisation.
Séparateur mécanique : Équipement
(par exemple centrifugeuse ou presse) permettant
la séparation physique de la partie liquide (lixiviat)
de la partie solide du digestat.
Stockage tampon : Enceinte permettant
Lixiviat
Local de séparation le stockage plus au moins long d’une quantité
mécanique variable de biogaz.
Torchère : Équipement permettant de brûler
le biogaz (en cas de dysfonctionnement des moteurs
de cogénération par exemple) sans le transformer
en électricité et sans récupérer la chaleur.

7
Quelques textes concernant les installations de méthanisation et leurs équipements

Atmosphères explosives (ATEX) l La directive 1999/92/CE du 16 décembre


1999, communément appelée « directive ATEX
l La directive 94/9/CE du 23 mars 1994, sociale », concerne les prescriptions minimales
communément appelée « directive ATEX matériel », visant à améliorer la protection en matière de sécu-
concerne les appareils et systèmes de protection rité et de santé des travailleurs susceptibles d’être
destinés à être utilisés en atmosphères explosibles. exposés au risque d’atmosphères explosives. Elle
Elle a été transposée en droit français par le décret a été transposée en droit français par les décrets
n° 96-1010 du 19 novembre 1996 modifié. n° 2002-1553 et 2002-1554 du 24 décembre 2002
modifiés, et codifiée aux articles R. 4216-31 et
R. 4227-42 à 4227-54 du code du travail.

è Pour plus d’informations, consulter en pdf sur www.inrs.fr : Mise en œuvre de la réglementation relative
aux ATEX. Guide méthodologique, ED 945.

Machines l La directive 2009/104/CE du 16 septembre


2009, communément appelée « directive utilisation
l La directive 2006/42/CE du 17 mai 2006, machine », concerne les prescriptions minimales de
communément appelée « directive conception ma- sécurité et de santé pour l’utilisation par les travail-
chine », est relative à la conception des machines. leurs d’équipements de travail. Elle est codifiée aux
Elle est codifiée aux articles L. 4311-1 et suivants, articles L. 4321-1 et suivants, R. 4321-1 et suivants,
R. 4311-1 et suivants, R. 4312-1 et suivants et R. 4322-1 et suivants, R. 4323-1 et suivants et
R. 4313-1 et suivants du code du travail. R. 4324-1 et suivants du code du travail.

è Pour plus d’informations, consulter sur www.inrs.fr : Les machines neuves « CE », ED 54 (pdf),
et Machines, DW 35 (dossier web).

Installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE)

l Différentes rubriques peuvent concerner les ment « Méthanisation de déchets non dangereux
installations de méthanisation, notamment les ru- ou matière végétale » et « Combustion à l’exclusion
briques 2781 et 2910 de la nomenclature (plus des installations visées par les rubriques 2770 et
particulièrement 2781-1 et 2910-C pour les ins- 2771 » 2.
tallations décrites dans ce document), respective-
2.

è Pour plus d’informations, consulter www.ineris.fr/aida.

2. Les rubriques 2770 et 2771 concernent le traitement thermique des déchets dangereux et non dangereux.

8
Exemple de proportions des différents constituants
1•2• Le biogaz susceptibles d’être présents dans un biogaz issu de
la méthanisation

Constituants du biogaz Proportions


Le biogaz formé lors de la méthanisation est un
mélange de gaz dont la composition (voir tableau Méthane 45-80 %
ci-contre) peut varier significativement en fonction
Dioxyde de carbone 20-55 %
des intrants, matières alimentant le procédé de mé-
thanisation. Azote < 6 %

Eau (fonction de la température) 1-6 %


Les caractéristiques (essentiellement l’humidité et la Hydrogène sulfuré < 1 %
granulométrie) et surtout la nature des intrants in-
Ammoniac <  0,01 %
fluent sur la quantité de biogaz produit (voir figure 2).
Hydrogène, monoxyde de carbone Traces
En revanche, toutes les matières ne sont pas « mé-
thanisables ». C’est le cas, par exemple, des déchets servant à la méthanisation. Ces substances dan-
ligneux (bois…) et des déchets inorganiques ou gereuses se retrouveront de plus dans le digestat.
inertes (sable, verre, plastique…) qui ne sont pas dé-
gradés dans le digesteur mais peuvent perturber son Les intrants doivent donc être choisis judicieuse-
fonctionnement (formation de mousse, sédimenta- ment en fonction de leur pouvoir méthanogène.
tion, encombrement, diminution du volume utile…). Par exemple, le lisier de porc peu méthanogène
est mélangé avec divers produits à potentiel plus
De même, il est important de ne pas introduire de subs- élevé, comme les résidus de céréales, les graisses
tances dangereuses (métaux lourds, antibiotiques, (provenant d’abattoirs, de stations d’épuration…)
détergents…) qui pourraient détruire les bactéries ou encore la mélasse.

Figure 2. Exemple de quantités de méthane formé en fonction de la nature des intrants


(source : ATEE Club biogaz)

DÉJECTIONS RÉSIDUS DÉCHETS D’INDUSTRIES DÉCHETS


ANIMALES DE CULTURE AGROALIMENTAIRES DE COLLECTIVITÉS

400
m³ de CH4 par tonne de matière brute

350

300

250

200

150

100

50

0
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9
Risques liés aux produits

2
Les intrants peuvent être de plusieurs natures (dé- Le biogaz et les autres produits de fermentation
jections animales, déchets agroalimentaires, dé- génèrent également des risques liés à leurs carac-
chets verts…) et sous différentes formes (solides, téristiques, notamment des risques d’explosion et
pulvérulentes, liquides, pâteuses…). Ils présentent des risques chimiques.
des risques spécifiques, en particulier des risques
biologiques.

Exemple de deux accidents

l Dans un local exigu contenant une pompe de l Des fuites sur le digesteur (suintement) présen-
relèvement au dessus d’une fosse de lisier, l’utilisa- tes depuis plusieurs mois ont provoqué une accu-
tion d’une disqueuse pour ouvrir la trappe donnant mulation de digestat dans une cavité sous la dalle
accès directement en haut de fosse a généré une de béton. Le biogaz généré s’est échappé par la
flambée brûlant gravement deux ouvriers. Les porosité du béton. Un véhicule de transport de
points chauds et étincelles générés par la disqueuse lisier a enflammé le gaz présent au niveau de la
sont à l’origine de l’inflammation de l’atmosphère dalle de béton du fait des surfaces chaudes qu’il
explosive se trouvant au-dessus du lisier. comportait (pot d’échappement, freins, moteur…).
L’inflammation s’est ensuite propagée à la cavité
générant une explosion qui a fissuré la dalle.

11
2•1• Risques biologiques 2•2• Risques chimiques

Les intrants et le digestat contiennent des micro- Les produits de fermentation tels que l’ammo-
organismes (bactéries, virus, parasites, champi- niac, l’hydrogène sulfuré ou le dioxyde de carbone
gnons microscopiques…) pouvant représenter un exposent les opérateurs à des risques en raison de
danger pour l’homme. leurs caractéristiques toxicologiques.
Ceux-ci peuvent se retrouver sur les parois des
différentes fosses, cuves ou canalisations, et aussi Le sulfure d’hydrogène, à l’odeur caractéristique
en suspension dans l’air ambiant lorsqu’une forte d’œuf pourri, est un gaz mortel. À partir de 100 ppm,
pression d’air ou d’eau vient les décrocher des sur- il anesthésie l’odorat et n’est donc plus décelable.
faces ou des liquides. Par exemple, le déversement
d’une citerne dans une cuve de lisier peut créer des L’exposition à l’ammoniac provoque immédiate-
projections et des aérosols contenant des micro- ment des irritations des muqueuses oculaires et
organismes. De même, le nettoyage à l’aide d’un respiratoires et peut même déclencher des vomis-
jet d’eau à haute pression met en suspension les sements.
micro-organismes présents sur les surfaces.
Le dioxyde de carbone agit sur l’organisme à de
Ces agents biologiques peuvent être à l’origine plus fortes concentrations. Il est particulièrement
de maladies plus ou moins graves chez l’homme : dangereux car, lorsqu’il est présent en grande
infection, allergie, intoxication (à partir de toxines quantité, l’air s’appauvrit en oxygène (voir ci-contre
produites par des bactéries ou des moisissures). « Risque d’asphyxie »).
Notamment, le lisier de porc peut contenir des
micro-organismes ou parasites présents dans l’éle- Afin de réduire ces risques, il est essentiel de res-
vage (Streptococus, Escherichia coli, Clostridium, pecter les valeurs limites d’exposition (voir tableau
Ascaris, Taenia…). ci-dessous).

Valeurs limites d’exposition professionnelle (VLEP) des principaux gaz dangereux composant le biogaz
(extrait du document INRS ED 984)

Substance VLEP sur 8 heures Fiche toxicologique 3 Observations

ppm mg.m –3

Ammoniac (NH3) 10 7 FT 16 Valeur limite réglementaire


contraignante 4

Hydrogène sulfuré (H2S) 5 7 FT 32 Valeur limite réglementaire


contraignante 4

Dioxyde de carbone (CO2) 5 000 9 000 FT 238 Valeur limite réglementaire


indicative

3. Les fiches toxicologiques, établies par l’INRS et disponibles gratuitement sur le site www.inrs.fr, regroupent une synthèse des
informations disponibles sur ces substances (propriétés physico-chimiques, dangers relatifs à la santé, l’environnement, l’incendie
et l’explosion, mesures de sécurité…).
4. Une valeur limite réglementaire contraignante impose à l’employeur un contrôle annuel des expositions par un organisme accrédité.

12
2•3• Risques d’asphyxie 2•4• Risques d’explosion
(hypoxie ou anoxie)

La formation de biogaz, son transport et son brûlage Le biogaz et en particulier le méthane, son com-
sont autant d’étapes pouvant générer des atmos- posant principal, sont susceptibles de s’enflammer
phères appauvries en oxygène. L’accumulation en présence d’une source d’énergie suffisante, et
de biogaz dans une zone, voire tout un local, peut ce dans des conditions spécifiques.
en effet diminuer sensiblement le taux d’oxygène
et rendre le travail dangereux. Le taux normal Les trois sommets du triangle du feu, conditions
d’oxygène dans l’atmosphère est de 20,9 % et la à réunir pour qu’un incendie survienne, peuvent
concentration minimale compatible avec une acti- en effet être présents simultanément sur ce type
vité humaine est de 19 %. d’installation : le combustible (biogaz ou méthane),
le comburant (oxygène de l’air) et une source d’in-
Un biogaz contenant 60 % de méthane, 38 % de flammation (étincelle, surface chaude, travaux par
dioxyde de carbone et 2 % de gaz résiduels pos- points chauds, flamme nue…) (voir figure 3).
sède une densité d’environ 0,9. Il aura donc ten-
dance à se mélanger facilement à l’air (densité = 1). L’inflammation peut se produire très rapidement et
ainsi passer en régime d’explosion si trois conditions
Cependant, au regard des densités du méthane supplémentaires sont réunies : un confinement, la
et du dioxyde de carbone (respectivement 0,55 et mise en suspension du combustible, une concen-
1,53), en l’absence de mouvement d’air notamment tration en combustible suffisante (située dans son
dans un espace confiné, un phénomène de strati- domaine d’explosivité). C’est ce que l’on appelle
fication des gaz peut se présenter. Le dioxyde de l’hexagone de l’explosion (voir page suivante).
carbone se trouvera préférentiellement en partie
basse, contrairement au méthane qui aura ten- Tout combustible (gaz, vapeurs, aérosols et pous-
dance à s’élever. sières) se trouvant dans ces conditions génère une
explosion se manifestant par une surpression bru-
tale associée à un flux thermique.

Figure 3. Triangle du feu

Combustible

Source d’inflammation Comburant (oxygène de l’air)

13
Figure 4. Hexagone de l’explosion et domaine d’explosivité

Combustible

Combustible en suspension
Domaine d’explosivité
(gaz, aérosol, poussières)

Comburant
Source d’inflammation
(oxygène de l’air)

Confinement

0 % combustible Trop pauvre en combustible Domaine d’explosivité Trop riche en combustible 100 % combustible
100 % air 0 % air
LIE LSE

En l’absence de confinement, on assiste plutôt à un Valeurs indicatives du domaine d’explosivité (ex-


phénomène de flambée brutale ou boule de feu primées en % de méthane dans l’air) du méthane
pur et d’un mélange 60/40 méthane/dioxyde de
(flux thermique prédominant).
carbone

Le domaine d’explosivité du biogaz est défini par LIE LSE


(% CH 4 dans l’air) (% CH 4 dans l’air)
ses limites inférieures et supérieures d’explosivité
(LIE et LSE) ou d’inflammabilité (LII et LSI). Ces li- Méthane pur 4,4 17
mites sont exprimées en pourcentage volumique
Biogaz 5,1 12,4
de méthane dans l’air 5.

Les valeurs du tableau ci-contre sont données pour Pour un biogaz composé de 60 % de méthane
un mélange de méthane / dioxyde de carbone dans et 40 % de dioxyde de carbone, la gamme de
les proportions 60/40, les plus fréquemment ren- concentrations de biogaz dans l’air nécessaire pour
contrées. Pour des mélanges à plus forte teneur atteindre le domaine d’explosivité est donc com-
en méthane, les données concernant l’explosivité prise entre 8,5 et 20,7 %.
peuvent être assimilées à celles du méthane pur.
La présence de CO2 a donc tendance à réduire le Un risque d’explosion est également présent
domaine d’explosivité du biogaz. lorsque sont manipulés des produits pulvérulents

5. Seule la partie combustible du biogaz est détectable par un explosimètre, c’est-à-dire le méthane. C’est pourquoi la LIE et la LSE
s’expriment en pourcentage de CH 4 dans l’air.

14
ou émettant des poussières combustibles 6 (par La réglementation dite « réglementation ATEX »
exemple, des intrants type résidus d’ensilage). Une (« atmosphères explosives », voir p. 8) définit les
explosion peut en effet se produire si ces poussières différentes zones où des concentrations de gaz/
sont en concentration suffisante dans l’air (valeur vapeurs ou de poussières sont susceptibles de
supérieure à la concentration minimale d’explosion générer une explosion.
– CME ) et s’il y a une source d’inflammation.
7

Six types de zone ATEX sont définies en fonction


Les couches, dépôts et tas de poussières combus- de la nature du combustible et de la fréquence de
tibles doivent être traités comme susceptibles de formation de l’atmosphère explosive (voir tableau
générer une atmosphère explosive en cas de re- ci-dessous).
mise en suspension, à l’occasion par exemple d’un
courant d’air, de l’utilisation d’une soufflette à air L’identification et la classification de ces zones per-
comprimé ou d’un balai. De plus, ces couches et mettent d’établir le zonage ATEX. Ce zonage, sous
dépôts peuvent donner lieu à des feux couvants la responsabilité de l’exploitant, est effectué après
lorsqu’ils se situent sur une surface chaude (carter l’évaluation du risque de formation d’une atmos-
moteur par exemple). phère explosive.

L’ensemble du matériel électrique et non électrique


doit alors être en adéquation avec la zone (voir
encadré page suivante) et posséder un marquage
spécifique, garantissant que ces équipements ne
constituent pas une source d’inflammation pour
la zone dans laquelle ils se trouvent.

Tout autre équipement ou activité susceptible de


générer une source d’inflammation (travaux par
points chauds par exemple) est exclu en l’absence
de mesures compensatoires de prévention permet-
tant de supprimer l’atmosphère explosive.

ATEX présente… Zone gaz/vapeurs Zone poussières

… en permanence ou pendant de longues périodes,


0 20
en fonctionnement normal

… occasionnellement, en fonctionnement normal 1 21

… accidentellement, en cas de dysfonctionnement


2 22
ou pendant de courtes durées

•••

6. De manière générale, seules les poussières combustibles d’une taille inférieure à 0,5 mm de diamètre peuvent générer une explosion.
7. Dans le cas des poussières, la LIE est nommée CME. Les LSE sont rarement établies car difficilement déterminables (de l’ordre de
plusieurs kg.m –3).

15
Adéquation du matériel à la zone ATEX – Marquage

l La réglementation définit, en plus des différents types de zone, le type de matériel (électrique et non
électrique) devant être utilisé en zone ATEX :

Zone Catégorie du matériel Exemple de marquage réglementaire

0 Catégorie 1 CE II 1 G

20 Catégorie 1 CE II 1 D

1 Catégorie 2 (ou 1) CE II 2 G (ou 1 G)

21 Catégorie 2 (ou 1) CE II 2 D (ou 1 D)

2 Catégorie 3 (ou 2 ou 1) CE II 3 G (ou 2 G ou 1 G)

22 Catégorie 3 (ou 2 ou 1) CE II 3 D (ou 2 D ou 1 D)

l De plus, il est impératif d’adapter le matériel aux caractéristiques des produits générant les ATEX :
– le matériel ne doit pas avoir une température maximale de surface dépassant les 200 °C (matériel de
classe de température T3) pour les zones poussières, valeur déterminée à partir de la moyenne des
températures d’auto-inflammation en couche de poussières de céréales (environ 300 °C) ;
– pour les gaz/vapeurs, cette température maximale de surface ne doit pas dépasser 450 °C (classe
de température T1), valeur déterminée à partir de la température d’auto-inflammation du méthane
(600 °C) ;
– les équipements en zones poussières doivent être caractérisés par un indice d’étanchéité aux poussières
d’une valeur de 6 8.

8. Le marquage correspondant est IP6X, X correspondant à l’indice d’étanchéité à l’eau, restant à définir.

16
Risques et mesures de prévention
à chaque étape du procédé
de méthanisation en phase humide

3
L’évaluation des risques et leur prévention sont Les principaux risques et les mesures de préven-
d’autant plus efficaces que celles-ci sont prises en tion associées à mettre en place sont indiqués pour
compte dès la conception. Le respect des règles de chaque étape du procédé de méthanisation par
l’art en conception d’ouvrages permet de prévenir voie humide.
aussi bien les risques liés au chantier que d’anticiper Cependant, l’évaluation des risques doit être
ceux générés par l’exploitation et la maintenance globale et doit tenir compte des autres risques
de l’installation. Les étapes clés de la conception communs à toute unité de production, qu’elle soit
sont rappelées en annexe. en exploitation ou en maintenance : risque élec-
trique, risque de chute de hauteur…
La suite du document détaille le procédé de mé-
thanisation en phase humide. Pour les autres types L’ensemble de ces risques doit faire l’objet d’une
d’installation, les risques sont globalement iden- évaluation spécifique, formalisée dans le document
tiques à ceux traités ici, cepen­dant les mesures unique, conduisant à la mise en place de mesures
à mettre en place pour les prévenir doivent être tant techniques qu’organisationnelles afin de sup-
adaptées aux spécificités du process. primer ou de réduire les risques identifiés.

Remarque : Les différents zonages ATEX figurant dans ce document sont présentés à titre indicatif.
Ils doivent faire l’objet d’une appropriation et être adaptés aux spécificités de chaque installation.

17
3•1• Alimentation en matières organiques

Intrants pâteux

Équipements
Intrants liquides
de stockage

Intrants solides

Présentation Identification
de l’étape des principaux risques

La première étape du process est l’alimentation Les principaux risques de cette étape sont ceux liés
de l’installation en matières organiques (intrants). aux caractéristiques des intrants.
Elles se présentent sous forme solide (déchets de Un risque biologique par contact avec les ma-
graines, poussières de céréales…), liquide (déchets tières dépotées ou par inhalation de poussières/
d’élevage…) ou pâteuse (huiles, graisses…). aérosols est en effet présent car ces derniers peu-
L’installation dispose de fosses de stockage, en par- vent contenir des micro-organismes pathogènes.
ticulier pour les intrants liquides. De plus, la présence de gaz de fermentation (tels
que le sulfure d’hydrogène H 2S, l’ammoniac NH3
Le transfert des matières organiques se fait de dif- ou le dioxyde de carbone CO2) issus des matiè-
férentes manières : res organiques expose les personnes à un risque
l à l’aide de pompes pour les matières liquides ; chimique tant pour leurs propriétés irritantes ou
l par vis sans fin pour les matières solides. toxiques intrinsèques que pour leur caractère as-
Un système de chauffage peut être utilisé afin de phyxiant, notamment dans les espaces confinés.
faciliter le transport des matières pâteuses type
huile ou graisse. De la même manière, ces intrants constituent un
Enfin, un mélangeur est parfois présent afin de réa- risque d’explosion lié à :
liser un prémélange et d’homogénéiser les matières l l’émission de gaz issus d’un début de fermen-
à méthaniser avant leur transfert dans le digesteur. tation dans les cuves d’intrants ou l’éventuelle
fosse de prémélange ;
l la mise en suspension de poussières (nuage) lors
du dépotage ou du chargement de la trémie de
transfert par vis sans fin ;
l la présence de couches de poussières sur une
surface chaude (appareil de chauffage par
exemple) pouvant s’autoenflammer.

Certains intrants visqueux ou pâteux étant chauf-


fés, l’unité de chauffage génère un risque de
brûlures.

18
Les fosses de stockage des intrants présentent un l Les locaux abritant les équipements (salle des
risque de chute lorsqu’elles ne sont pas protégées. pompes…) sont constitués de matériaux incom-
La mise en œuvre d’un transfert des intrants li- bustibles (classe A1 de réaction au feu). Les murs
quides utilisant des pompes, pouvant être regrou- sont d’une résistance au feu REI 120 9 (coupe-feu
pées dans un local spécifique, génère un risque 2 heures).
lié au bruit. De plus, un niveau sonore élevé peut
rendre difficile toute communication (isolement de Mesures techniques
la personne). Les pièces en mouvement, de type l Le matériel, électrique et non électrique, doit être
vis sans fin, génèrent des risques d’écrasement, adapté à la zone ATEX (voir partie « Proposition
d’entraînement… La présence d’engins dans la de zonage » ci-après et p.15). Une attention par-
zone de dépotage expose à un risque de collision ticulière doit être portée sur les luminaires et leurs
engin-piéton. dispositifs de commande, tant sur leur implan-
tation que sur leurs caractéristiques techniques.
l Un plot de terre doit être disponible afin d’ef-
Principales préconisations fectuer une mise à la terre des véhicules lors des
de sécurité opérations de dépotage.
l Les fosses couvertes font l’objet d’une ventila-
La gestion des intrants dès leur arrivée sur le site est tion mécanique permanente afin d’éviter l’accu-
essentielle au bon fonctionnement de l’ensemble mulation de gaz de fermentation.
de l’installation de méthanisation. Pour cela, on se l Le dépotage des liquides se fait à l’aide de
reportera aux préconisations de la partie « Gestion tuyauteries reliées aux cuves afin d’éviter les
du site » p. 29. projections.
l En cas de cuves dédiées à certains types de
Mesures de conception liquides, des raccords clairement identifiés et
l Chaque zone de dépotage dispose d’une dalle spécifiques avec détrompeurs sont mis en place.
de béton adaptée, notamment en superficie l La présence d’un indicateur de niveau de cuve,
et en résistance au sol, au passage et au sta- ou a minima d’un indicateur de niveau haut, est
tionnement des différents véhicules (camions, essentielle afin d’éviter tout risque de déborde-
tracteurs…). ment. Un report de l’information au niveau du
l Le dépotage des solides se fait dans une zone à poste de dépotage signale l’état de remplissage.
l’air libre afin d’éviter le confinement des pous- l Des modes de transfert de matières sèches limi-
sières. tant l’émission de poussières sont à privilégier
l Les fosses et tous les cheminements en hauteur (vis sans fin par exemple).
font l’objet d’une protection collective contre les l L’accès direct aux éléments en mouvement (vis
chutes de hauteur (par exemple, mise en place sans fin, arbre de l’agitateur…) doit être impos-
de garde-corps). sible, notamment par la mise en place de capo-
l Les locaux contenant les systèmes de transfert tages de protection.
des intrants (pompes…) sont conçus de façon l Les éléments de chauffage et les circuits chauf-
à éviter l’accumulation des gaz. Ils sont no- fés sont isolés (calorifugés…) afin d’éviter tout
tamment ventilés mécaniquement en perma- contact direct pouvant entraîner des brûlures.
nence. Les entrées d’air en partie basse et les l La zone de dépotage dispose d’une « zone de
sorties en partie haute ne doivent pas pouvoir premiers secours » équipée d’une douche de
être obturées ou colmatées. sécurité et d’un rince-œil en cas de projections
ainsi que d’absorbant pour les égouttures et en
cas de déversement accidentel.

9. Les trois principaux critères de réaction au feu sont toujours suivis d’un temps en minute ; R : résistance au poids (dédié aux éléments
porteurs) ; E : étanchéité aux flammes, fumées et gaz chauds ; I : isolation thermique.

9. Les trois principaux critères de réaction au feu sont toujours


suivis d’un temps en minute ; R : résistance au poids (dédié aux
éléments porteurs) ; E : étanchéité aux flammes, fumées et gaz
chauds ; I : isolation thermique.

19
Mesures organisationnelles
l Chaque zone de dépotage est clairement iden- l Un mode opératoire est établi en cas de prise
tifiée (balisage et affichage de la nature des d’échantillon dans le but de vérifier la qualité
intrants par exemple). Elle est exclusivement dé- des intrants, ceci afin de prendre en compte les
diée à un type d’intrant, ceci afin d’éviter toute différents risques (chute de hauteur, produits
réaction indésirable (production de mousse, dangereux…).
dégagement de gaz, débordement…). l Les systèmes de transfert (canalisations, pompes,
l Les zones de dépotage ne présentent pas de vannes…) comportent une indication claire et
sources d’inflammation : interdiction de fumer, pas durable du produit qu’ils véhiculent et du sens
d’opération générant des points chauds (soudage, de circulation.
meulage, tronçonnage…) ou d’équipement pré- l Des équipements de protection individuelle
sentant des surfaces chaudes (lampe halogène…). (EPI) doivent être à disposition des personnes
l Des instructions sont affichées sur l’aire de dé- intervenant sur l’installation (visières, masques
potage afin d’encadrer l’opération et d’indiquer de protection respiratoire, protections auditives
les mesures à respecter et le comportement à pour l’accès aux salles de pompes, combinaisons
adopter en cas d’incident. jetables…).

Proposition de zonage

Élément Localisation Type de zone Observations


de l’installation de la zone ATEX et dimensionnement

Trémie de chargement Zone 21 : sphère de rayon Zone générée lors du chargement,
solide 1 m autour des extrémités par la mise en suspension de poussières
de la trémie fines (par exemple de céréales)
Ciel de fosse couverte Zone 21 : ciel de fosse Zone générée lors du chargement,
ou de cuve ou de cuve par la mise en suspension de poussières
des intrants solides fines (par exemple de céréales)
Ciel de fosse couverte Zone 1 : ciel de fosse Zone ATEX présente, la réaction
ou de cuve des intrants ou de cuve de méthanisation pouvant déjà être
liquides type lisier amorcée pour ce type d’intrants
Possibilité de classer le ciel en zone 2
dans le cas d’une ventilation mécanique
Aire de dépotage permanente efficace
(cuve, fosse, lieu
de déchargement) Fosse à lisiers ouverte Zone 1 : Zone 2 car la ventilation naturelle
intérieur de la fosse (flux d’air extérieur) peut ne pas
Zone 2 : toujours être correctement assurée
1 m autour de la fosse
Ouvertures Zone 21 : Zone générée lors du chargement,
de remplissage 1 m autour des ouvertures par la mise en suspension de poussières
des fosses fines (par exemple de céréales)
Soupapes/évents Zone 1 :
de respiration sphère de rayon 1 m
des cuves ou fosses Zone 2 : sphère de rayon
2 m autour de la zone 1

Mélangeur Ciel de cuve Zone 0 : ciel de cuve Zone permanente liée à un début
du mélangeur de méthanisation

Local des pompes Intérieur du local Zone 2 : tout le local Possibilité de réduction de la zone
à une sphère de rayon 1 m entourant
les pompes en fonction de l’efficacité
de la ventilation et des dispositifs
de contrôle associés

20
3•2• Digestion et production de biogaz

Désulfuration

Biogaz

Digesteur Biogaz

Digestat

Présentation Identification
de l’étape des principaux risques

L’étape principale du procédé de méthanisation Le digesteur et le postdigesteur sont en légère sur-


est la production de biogaz, principalement com- pression du fait de la production en continu du
posé de méthane et de dioxyde de carbone (voir biogaz. La présence de ce gaz inflammable génère
la composition p. 9), par dégradation bactérienne, un risque chimique et un risque d’explosion
en l’absence d’oxygène, des matières organiques lorsqu’il se trouve en mélange avec l’air. Une atten-
introduites dans le digesteur. Un postdigesteur tion particulière doit donc être portée aux zones
peut être ajouté pour optimiser la réaction de mé- entourant les équipements contenant du biogaz
thanisation. (digesteurs, tuyauteries…) ainsi que les dispositifs
Ces choix de conception sont essentiellement fonc- empêchant une pression trop élevée (soupapes de
tion de la quantité des intrants à traiter. sécurité, garde hydraulique, disques de rupture…).
Une agitation mécanique ou via un bullage par
réinjection de biogaz est mise en place sur le di- Le contrôle du pH est essentiel pour le bon dé-
gesteur et éventuellement le postdigesteur afin veloppement des micro-organismes. Les produits
d’homogénéiser leur contenu. utilisés pour l’ajuster sont corrosifs et exposent les
Pendant le temps de séjour des intrants dans les personnes les manipulant à un risque chimique.
digesteurs, le biogaz est émis en continu et s’accu-
mule dans le ciel du digesteur, par exemple, sous Les digesteurs sont des ouvrages de taille impor-
une double membrane souple s’adaptant à la quan- tante. Ils peuvent être enterrés, mais lorsque ce
tité de gaz présent. n’est pas le cas, les diverses opérations nécessai-
res au process (contrôles, prises d’échantillons…)
Une quantité importante de sulfure d’hydrogène ou de maintenance se déroulent alors en hauteur,
peut être dégagée et doit faire l’objet d’un traite- exposant le personnel à un risque de chute de
ment au regard des caractéristiques toxiques de ce hauteur.
gaz (voir p.12). La technique la plus utilisée est la
désulfuration par injection contrôlée d’air au sein
du digesteur 10.

10. Une alternative peut consister à ajouter du chlorure ferrique.

21
Principales préconisations de sécurité

Mesures de conception Mesures techniques


l Les matériaux utilisés pour la réalisation des l Un contrôle de pression au sein de la double
équipements (digesteur, postdigesteur…) sont membrane du digesteur et du postdigesteur as-
choisis en tenant compte des ambiances agres- sure en permanence la détection de la rupture
sives présentes (liés à NH3, H2S…) afin d’assurer d’une des membranes.
leur pérennité. l Lorsque ces membranes sont maintenues par
l Le digesteur est distant d’au moins 50 m de tout des boudins gonflés à l’air, ils sont comparti-
bâtiment d’habitation ou de locaux à fort poten- mentés. Un dispositif de sécurité, alimentation
tiel calorifique (stockage de paille, engrais, cuve redondante par exemple, assure à tout moment
de gasoil…). leur maintien en pression.
l Des dispositifs de limitation d’une éventuelle l En cas de fuite de la membrane, l’installation
surpression, brutale ou non, sont mis en place doit être mise en sécurité (arrêt de l’alimenta-
(membrane souple, disque de rupture, évent tion du digesteur en intrants, brûlage forcé du
d’explosion…). biogaz via la torchère…).
l Les conduites d’évents de respiration ou de sur- l Dans le digesteur, un contrôle permanent du
pression doivent déboucher à une hauteur de niveau du digestat, de la concentration en oxy-
plus de 3 m au dessus du dernier niveau acces- gène et de la surpression (empêchant l’entrée
sible. non contrôlée d’air) est réalisé.
l Il est conseillé de disposer d’une fosse permet- l Les réseaux de transport biogaz et digestat sont
tant de récupérer le digestat en cas de nécessité séparés. Des vannes en amont et en aval de
de vidange du méthaniseur, de mise en sécurité chaque capacité sont installées afin de pouvoir
de l’installation, de dysfonctionnement du sé- les isoler. Les éventuelles électrovannes doivent
parateur mécanique… être doublées d’une vanne manuelle.

Figure 5. Schéma d’un digesteur

Membrane souple
Sortie du biogaz
Soupape de sécurité

Poteau central
Entrée
de matière
Revêtement
Moteur
de l’agitateur

Sortie
de matière Agitateur

Prise d’échantillon Réseau de chaleur

Isolant Matériau de construction

22
Mesures organisationnelles
l Les raccords des tuyauteries de biogaz sont sou- l Des procédures de mise en sécurité de l’instal-
dés, notamment lorsqu’ils se situent dans ou à lation et du redémarrage en fonctionnement
proximité d’un local. normal sont établies.
l Afin de ne pas perturber le processus de mé- l Les systèmes de transfert (biogaz et digestat)
thanisation et pour ne pas générer une atmos- comportent une indication claire et durable du
phère explosive, la pompe d’injection d’air de produit qu’ils véhiculent et du sens de circulation.
désulfuration est réglée pour délivrer un débit l L’ajustement du pH, généralement effectué
ne dépassant pas 6 % du volume de biogaz pro- avec des produits dangereux (corrosifs), se
duit dans le même laps de temps. Le système fait à un poste dédié, disposant de l’affichage
ne pourra en aucun cas injecter une quantité des opérations à effectuer, des consignes en
d’air plus importante, même en cas de dysfonc- cas d’incident ou d’urgence médicale. Les EPI
tionnement. nécessaires (gants, masques/visières, blouses/
l Le matériel, électrique et non électrique, combinaisons…) sont mis à disposition. Cette
doit être adapté à la zone ATEX (voir partie zone, établie sur un sol étanche et résistant aux
« Proposition de zonage » ci-après et p.15). Une produits corrosifs, permet de récupérer les dé-
attention particulière est portée sur les zones à versements accidentels (cuvette de rétention) et
proximité des évents (exemple : pas de luminaire est située à proximité immédiate de la zone de
non adapté). premiers secours (douche de sécurité, rince-œil,
adsorbant adapté…).

Proposition de zonage

Élément Localisation Type de zone Observations


de l’installation de la zone ATEX et dimensionnement

Proximité immédiate Zone 2 :


sphère de rayon 3 m
Ciel gazeux Zone 2 : Zone présente en cas d’introduction
ciels des digesteur d’air non contrôlée
et postdigesteur (lors d’un dysfonctionnement)
Digesteur Disques de rupture, Zone 2 : Dans le cas d’un évent d’explosion,
et postdigesteur évents d’explosion sphère de rayon 3 m une zone de sécurité de 10 m minimum
et de surpression, doit être exempte de toute circulation
garde hydraulique… (engins et piétons), équipement
et matière combustible
Ouvertures (trappes Zone 2 :
de visites, hublots, sphère de rayon 3 m
passage agitateur…)

23
3•3• Production d’énergie

Bâtiments
(locaux, habitations,
Torchère élevages)

Condenseur
Chaleur Électricité

Local de cogénération

Présentation Identification
de l’étape des principaux risques

Le biogaz issu du méthaniseur circule dans un Le condenseur peut laisser échapper du biogaz
condenseur (ou dessiccateur) afin de réduire son et présenter un risque d’explosion (formation
taux d’humidité. Il est ensuite véhiculé jusqu’à un d’une zone ATEX). Les risques sont d’autant plus
local où il est brûlé par des moteurs thermiques importants que cet équipement se trouve souvent
de cogénération afin de produire de l’énergie dans un endroit confiné situé en point bas de l’ins-
électrique et thermique (chaleur). L’électricité est tallation.
directement injectée sur le réseau ERDF alors que
la chaleur, transmise via un fluide caloporteur, peut Les gaz d’échappement des moteurs de cogénéra-
servir à chauffer les digesteurs, les installations, des tion présentent un risque chimique (notamment
habitations ou encore des élevages. un risque d’asphyxie). La survenue de fuites de
biogaz, sur le moteur ou au niveau de son alimen-
Un dispositif d’évacuation par brûlage du gaz, tation, peut former des ATEX générant un risque
type torchère, est installé afin de gérer tout dys- d’explosion. Ces risques sont d’autant plus im-
fonctionnement lié à la cogénération (panne ou portants que le local de cogénération constitue un
défaillance du moteur, surproduction brutale de espace confiné pouvant favoriser l’accumulation
biogaz…). Ce dispositif permet également de des polluants.
mettre tout ou partie de l’installation en sécurité
avant certaines opérations de maintenance, par Les moteurs génèrent un niveau élevé de nuisances
brûlage du biogaz qu’elle contient. sonores provoquant également un risque lié au
bruit et favorisant l’isolement des personnes inter-
En fonction de la production de biogaz et du sys- venant dans ces locaux (difficultés pour communi-
tème de cogénération choisi (puissance, nombre quer). Le brûlage du biogaz dans un ou plusieurs
de moteurs…), un stockage tampon de gaz peut moteurs thermiques produit de la chaleur qui est
être installé en complément. récupérée. Il y a donc un risque de brûlures au

24
niveau du moteur et au niveau des canalisations de l Le local de cogénération est constitué de maté-
transport de cette énergie (via un fluide calopor- riaux incombustibles (classe A1 de réaction au
teur par exemple). feu). Les murs sont d’une résistance au feu REI
120 (coupe-feu 2 heures).
La production d’électricité nécessite un appa- l L’emplacement des moteurs et celui des armoi-
reillage spécifique exposant les personnes à un res électriques dans le local de cogénération
risque électrique. sont séparés par un mur de mêmes caractéris-
tiques que ceux du local.
l La conception du local des moteurs intègre des
Principales préconisations dispositifs permettant de réduire le bruit généré
de sécurité (isolement acoustique…).

Mesures de conception Mesures techniques


l Le condenseur et ses équipements sont disposés l Un arrête-flamme est installé en amont de la
de manière à éviter tout confinement du gaz torchère afin d’éviter le passage de la flamme
pouvant s’en échapper (à l’air libre sous un au- vers le digesteur. Un dispositif de ventilation
vent dirigé vers le haut, évitant l’accumulation adapté à ce type d’équipement assure un ba-
de gaz) ou situés dans un local doté d’une ven- layage préalable à l’allumage et après l’arrêt de
tilation mécanique permanente. Leur implanta- la flamme.
tion doit aussi faciliter leur accès pour l’entretien l Dans le cas d’un stockage de gaz auxiliaire, des
et la maintenance. capteurs de pression vérifient en permanence la
l La torchère est positionnée dans une zone ex- quantité de biogaz présent.
clusivement dédiée, balisée et débroussaillée, à l Un dispositif d’arrêt d’urgence des moteurs (type
10 m de toute autre installation. « coup de poing ») et une vanne d’arrêt de l’ali-
mentation en biogaz sont installés à l’extérieur
du local de cogénération, clairement identifiés
et d’accès facile.
l Le fonctionnement des moteurs de combustion
est asservi au débit de biogaz. Ainsi, tout débit
en dehors de la plage optimale de fonctionne-
ment du moteur entraîne l’arrêt de l’alimen-
tation en biogaz via une vanne automatique,
doublée d’une vanne manuelle.
l Le local des moteurs dispose d’une ventila-
10 mètres tion mécanique permanente qui devra pouvoir
fonctionner en présence d’une atmosphère
explosive en cas de dysfonctionnement (fuite
de gaz).
l Un dispositif de détection de méthane dans le
local de cogénération, régulièrement vérifié et
Figure 6. Torchère et zone de sécurité associée
étalonné, met l’installation en sécurité en cas
l Les rejets de gaz de combustion issus de la tor- de dépassement du seuil défini. Il déclenche
chère et des moteurs de cogénération, dont l’alarme sonore et visuelle, stoppe la cogéné-
l’orifice de sortie est à une hauteur d’au moins ration, l’alimentation en biogaz et en intrants.
3 m au-dessus du dernier niveau accessible, se L’information de mise en sécurité est relayée
font à une distance d’au moins 5 m des bâti- auprès d’une personne en mesure d’intervenir
ments et des voies de circulation. et de traiter le dysfonctionnement.

25
Mesures organisationnelles
l Une procédure de mise en sécurité de la cogéné- les personnes ayant reçu une formation spéci-
ration et de la mise en sécurité de l’installation fique sont autorisées à y pénétrer.
qui en découle est rédigée, affichée et portée à l Dans le cas où les moteurs ne sont pas équipés de
la connaissance des personnes concernées. carters d’insonorisation, des protections auditives
l Le local des moteurs et le local du transforma- (bouchons d’oreilles ou casques antibruit) sont à
teur présentant des risques particuliers, seules disposition à l’entrée du local de cogénération.

Proposition de zonage

Élément Localisation Type de zone Observations


de l’installation de la zone ATEX et dimensionnement

Local Intérieur du local Zone 2 : tout le local Dans le cas d’une ventilation mécanique
de cogénération permanente et d’une détection gaz
asservie au fonctionnement
de la cogénération, il est possible
de classer le local hors zone
si ces mesures sont pérennes
(ventilation et détection)
Local Intérieur du local Zone 1 : tout le local Dans le cas d’une ventilation mécanique
du condenseur permanente efficace, il est possible
de classer le local en zone 2
Condenseur Condenseur Zone 2 : sphère de rayon
en extérieur 1 m autour du condenseur

26
3•4• Séparation mécanique du digestat

Digestat

Stockage de la partie solide

Stockage du lixiviat

Lixiviat
Local de séparation mécanique

Réensemencement

Présentation Identification
de l’étape des principaux risques

Les matières organiques introduites dans le diges- La phase de déshydratation du digestat, le


teur ainsi que les micro-organismes ayant partici- stockage du lixiviat et de la partie solide génèrent
pé à la méthanisation ressortent sous forme d’un des aérosols pouvant contenir des micro-organis-
digestat pâteux. mes pathogènes et des gaz toxiques (H 2S et NH3)
constituant respectivement un risque biologique
Ce digestat brut est généralement déshydraté par et chimique. En fonction de la fraction de matiè-
séparation mécanique (presse, centrifugation…) res fermentescibles restant dans le digestat, des
afin de concentrer la partie solide. Il en résulte : dégagements de méthane peuvent encore se pro-
l des jus (lixiviat) pouvant être réinjectés afin d’en- duire, d’où la présence d’un risque d’explosion.
semencer le digesteur ;
l une partie plus solide, riche en matière miné- Toutes les étapes de transfert de matières (digestat,
rale et organique, pouvant être utilisée comme
11
lixiviat, partie solide) exposent les personnes à des
fertilisant, compost, combustible… risques similaires à ceux décrits pendant la phase
d’alimentation en intrants, c’est-à-dire risques bio-
Une autre technique s’ajoutant ou remplaçant la logique, chimique, mécanique, d’explosion, lié
séparation mécanique consiste à utiliser la chaleur au bruit et risque de chute de hauteur.
produite par la cogénération pour déshydrater le
digestat. Les pièces en mouvement sur les équipements
(centrifugeuse, presse…) génèrent des risques
d’écrasement, d’entraînement…

Par ailleurs, un risque de brûlure est présent du


fait de l’utilisation de la chaleur issue de la cogé-
11. Fraction NPK : azote, phosphore et potassium. nération.

27
Principales préconisations de sécurité

Mesures de conception
l Les locaux abritant les équipements sont consti- l Les éléments de chauffage et les circuits asso-
tués de matériaux incombustibles (classe A1 de ciés sont isolés (calorifugés…) afin d’éviter tout
réaction au feu). Les murs sont d’une résistance contact direct pouvant entraîner des brûlures.
au feu REI 120 (coupe-feu 2 heures). l L’accès direct aux éléments en mouvement (élé-
l Dans le cas de l’utilisation de panneaux ments de la presse ou de la centrifugeuse) doit
sandwichs (matériau isolant entre deux parois être impossible.
métalliques) pour assurer une étanchéité ther- l Les systèmes de transfert de matières pouvant
mique de ces locaux, un isolant incombustible, contenir des micro-organismes et des gaz in-
type laine de roche, est à privilégier plutôt que flammables sont capotés et ventilés.
du polyuréthane, matière combustible12. Un in- l Le stockage du lixiviat et de la partie solide du
cendie débutant au niveau du polyuréthane se digestat suit les mêmes prescriptions que celles
développera en effet à l’intérieur de la cloison concernant le stockage des intrants (voir partie
sans pouvoir être atteint par un agent d’extinc- « Alimentation en matières organiques » p. 18).
tion, du fait de la paroi métallique.
Mesures organisationnelles
Mesures techniques l Les zones de stockage du lixiviat et de la partie
l Les locaux de déshydratation du digestat sont solide du digestat sont clairement identifiées afin
ventilés mécaniquement de manière per- qu’il ne puisse y avoir aucune confusion entre
manente afin d’évacuer les gaz résiduels de les différents stockages (intrants, digestat…).
fermentation, les aérosols contenant des micro- l Les systèmes de transfert (digestat, lixiviat…)
organismes et l’humidité. L’air rejeté est filtré comportent une indication claire et durable du
afin d’éliminer ces différents polluants. produit qu’ils véhiculent et du sens de circulation.

Proposition de zonage

Élément Localisation Type de zone Observations


de l’installation de la zone ATEX et dimensionnement

Stockage Ciel de fosse couverte Zone 2 : ciel de fosse Zone présente en cas de méthanisation
du digestat, ou de cuve de digestat ou de cuve incomplète et de présence de biogaz
de sa partie solide résiduel
et du lixiviat
Soupapes/évents Zone 2 :
de respiration sphère de rayon 1 m
des cuves ou fosses
Locaux Intérieur du local Zone 2 : tout le local Possibilité de réduction de la zone
de déshydratation à une sphère de rayon 1 m entourant
les équipements en fonction
de l’efficacité de la ventilation
et des dispositifs de contrôle associés

12. La mise en place de panneaux sandwichs à base de polyuréthane doit suivre les règles de l’art détaillées dans le document APSAD
D14-A, en particulier en ce qui concerne la réalisation de passages au travers de ces éléments. Les règles APSAD sont disponibles
sur le site www.cnpp.com.

28
Principales préconisations
3•5• Gestion du site de sécurité

Mesures de conception
Identification l Les activités propres à une éventuelle exploitation
des principaux risques agricole et à l’unité de méthanisation doivent être
clairement délimitées.
L’exploitation d’une unité de méthanisation néces- l Les voies d’accès au site sont conçues pour être ac-
site une gestion stricte du site. La présence simul- cessibles en permanence aux véhicules de secours.
tanée d’engins, de véhicules et de piétons doit être l Les différents flux (engins, véhicules et piétons)
prise en compte afin d’éviter le risque de collision sont canalisés dans des voies de circulation via-
(séparation des flux, plan de circulation…). bilisées et identifiées par des marquages au sol
et des panneaux.
L’absence de gestion des intrants tant au dépotage l Une délimitation physique (grillage, barrière…)
qu’à l’alimentation du digesteur (quantité, qualité de l’unité de méthanisation et de l’ensemble de
et pouvoir méthanogène) peut engendrer des em- ses équipements est mise en place.
ballements de réaction et des débordements l Les digesteurs sont distants d’au moins 50 m de
de cuve ou de digesteur (par exemple, l’ajout de tout bâtiment d’habitation ou de locaux à fort
graisse va engendrer la formation rapide d’une potentiel calorifique (stockage de paille, engrais,
quantité importante de biogaz et peut entraîner cuve de gasoil…). Une distance d’au moins 10 m
le débordement du digesteur par formation de est recommandée entre les différents locaux
mousse). (pompes, cogénération, technique…).
l De manière générale, les locaux sont conçus
Le fonctionnement global de l’installation néces- de façon à éviter l’accumulation de polluants.
site la vérification régulière de certains paramètres, En particulier, tout local à pollution spécifique
notamment : (biologique ou chimique) doit être équipé d’une
l les concentrations en oxygène, méthane, sul- ventilation mécanique permanente balayant la
fure d’hydrogène, ammoniac (voir encadré totalité du volume du local.
« Détection gaz » p. 31) ; l Des accès aux différentes installations sont pré-
l la pression du biogaz dans le réseau, dans le vus (trappe de visite des réseaux aérauliques ou
digesteur ; de fluides par exemple) et sécurisés afin de fa-
l la composition et les caractéristiques physico- ciliter leur entretien et réparation.
chimiques (pH…) du digestat par prises d’échan- l Les voies de cheminement, les postes de dépo-
tillons. tage disposent d’un éclairage extérieur implanté
hors des zones ATEX. De même, l’ensemble des
Les opérations de prise d’échantillon et de contrôle locaux possède un éclairage intérieur, adapté
exposent les personnes à l’ensemble des risques aux influences externes (poussières, projections,
vus précédemment (risques biologique, chi- risques d’explosion…).
mique, mécanique, d’explosion, lié au bruit, l Le site dispose de moyens d’extinction de type ro-
risque de chute de hauteur) qui doivent donc binet d’incendie armé (RIA) afin de pouvoir lutter
également être pris en compte. rapidement contre un départ de feu quel que soit
l’emplacement du sinistre. Ces RIA sont complé-
De la même manière, certaines activités (mainte- tés par des extincteurs adaptés aux risques spéci-
nance, entretien…) exposent les opérateurs à ces fiques liés à certaines activités (telle la production
différents risques renforcés par des situations de d’énergie dans le local de cogénération où un
travailleur isolé ou de travail en espace confiné. extincteur à CO2 est à installer à proximité). Ces
équipements sont facilement accessibles, iden-
tifiés, repérables et maintenus régulièrement 13.

13. Pour plus d’informations, voir la brochure publiée par l’INRS Les extincteurs portatifs, mobiles et fixes (ED 6054).

29
Mesures organisationnelles

Figure 7. Affichage de sécurité à l’entrée du site

l Avant le démarrage de l’installation, l’exploitant et la date du dépôt ainsi que la zone de l’opéra-
tout le personnel sur place (y compris intérimaire) tion. Il figure, le cas échéant, le motif d’un refus.
doit avoir reçu une formation spécifique sur le l Pour des questions d’hygiène, le site dispose de
fonctionnement de l’installation, sa maintenance, sanitaires et de lave-mains équipés de savon li-
sur les risques existants ainsi que sur la conduite à quide et d’essuie-mains jetables.
tenir en cas de dysfonctionnement ou d’accident. l L’ensemble du personnel est formé à l’utilisation des
l Le site clôturé ne doit être accessible qu’aux seules différents EPI (appareils de protection respiratoire14,
personnes autorisées ou encadrées. protections auditives...) et aux moyens de pre-
l Les plans de circulations sont affichés à l’entrée et mière intervention disponibles (RIA, extincteurs...).
sur le site. Tout croisement d’engins, de véhicules l Les EPI réutilisables font l’objet d’entretien et de
et de piétons fait l’objet d’un marquage spécifique. contrôles réguliers conformément aux prescrip-
l Un affichage des consignes de sécurité (interdic- tions du fabricant, aux bonnes pratiques et aux
tion de fumer, zones ATEX, circulation d’engins…) dispositions du code du travail.
est fait à l’entrée du site et près des zones à risques l Les démarches de plan de prévention, autorisation
spécifiques (ATEX, biologique, chimique…). de travail et permis de feu doivent être établies et
l Un plan général, permettant de repérer les bâ- affichées pour les différentes activités les néces-
timents et installations, l’ensemble des réseaux, sitant. Des procédures spécifiques sont mises en
les voies de circulation, les stockages et locaux à place, notamment pour encadrer les interventions
risques spécifiques, est présent sur place et mis à impliquant des opérateurs en situation de tra-
disposition des services de secours. Les canalisa- vailleur isolé quand elles ne peuvent être évitées
tions enterrées font l’objet de repères en surface. (DATI 15, prise de contact à intervalles réguliers…).
l Un protocole de sécurité est établi avec les dif- l Les systèmes de surveillance du site et des pa-
férents transporteurs pour assurer la sécurité ramètres essentiels au bon fonctionnement du
au sein du site, formaliser les procédures appli- procédé doivent être fiables et garantir en per-
cables et organiser le chargement et le déchar- manence la transmission de l’information à l’ex-
gement des matières. ploitant ou à une personne désignée en mesure
l Un suivi des intrants est essentiel pour le bon d’intervenir sans délai.
fonctionnement de l’installation. En particulier, un
14. Pour plus d’informations, voir la brochure publiée par l’INRS Les
registre des entrées et des sorties stipule la nature
appareils de protection respiratoire. Choix et utilisation (ED 6106).
du produit, sa provenance, la quantité, l’heure et 15. Dispositif d’alarme du travailleur isolé.

30
Détection gaz

L’exploitation d’une unité de méthanisation nécessite la mise en place d’une détection de différents
gaz. Ce système de détection, installé par un spécialiste, impose des prescriptions particulières de choix,
d’utilisation et de maintenance pour une efficacité optimale.

Détecteurs fixes

Ils doivent être installés judicieusement, notamment :


l au plus proche de la source d’émission ;
l dans les espaces confinés ;
l en dehors de zones de courants d’air (à plus de 1,50 m d’une porte par exemple) ;
l éloignés des bouches d’amenée d’air et à proximité des bouches d’évacuation.

Leur nombre est fonction de la configuration des locaux (ventilation, volumes morts notamment).
Pour chaque gaz, deux seuils d’alarme peuvent être choisis, par exemple :

1er seuil d’alarme 2e seuil d’alarme

Méthane 0,4 % (10 % de la LIE) 1,1 % (25 % de la LIE)

Ammoniac 10 ppm 20 ppm

Sulfure d’hydrogène 5 ppm 10 ppm

Oxygène 19 % 17 %

Le premier seuil déclenche une alarme sonore et visuelle, provoquant l’arrêt des activités en cours et l’ana-
lyse de la situation. Le dépassement du deuxième met en sécurité l’installation et entraîne l’évacuation
des personnes à proximité. Dans tous les cas, la conduite à tenir lors du déclenchement de l’alarme est
rédigée, affichée et portée à la connaissance des personnes concernées.

Le système de détection fixe doit être maintenu selon les prescriptions du fabricant. La vérification des
détecteurs doit être réalisée régulièrement avec chacun des gaz de référence.

Détecteurs portatifs

Les détecteurs portatifs, essentiels lors des interventions sur les installations et les équipements, doivent :
l être suffisamment petits et légers pour ne pas engendrer une gêne lors du travail ;
l afficher en permanence les différents niveaux de concentration.

Deux seuils d’alarme peuvent également être définis, identiques à ceux des détecteurs fixes.
Au premier seuil, les travaux en cours doivent être stoppés et la situation analysée. Le dépassement du
deuxième seuil doit entraîner une procédure d’évacuation des personnes présentes.

Les détecteurs portatifs doivent être vérifiés régulièrement (dans le meilleur des cas, avant toute utilisation)
via une station de vérification. Celle-ci permet de placer l’appareil en présence d’un gaz de concentration
connue et de contrôler le temps de réponse et les seuils de déclenchement.

31
3•6• Maintenance des installations

La maintenance est définie comme l’ensemble l les détails du fonctionnement global de l’instal-
des actions, qu’elles soient techniques, adminis- lation ;
tratives ou de gestion, durant le cycle de vie d’un l les prescriptions de maintenance pour chaque
équipement (réseaux de ventilation, pompes, ca- équipement (référence des éléments à chan-
nalisations, moteurs…), destiné à le maintenir ou à ger, périodicité des vérifications, indicateur
rétablir l’état dans lequel il peut accomplir la fonc- d’usure, temps de fonctionnement avant chan-
tion qui lui est dévolue. gement…).
Dans ce cadre, deux catégories de maintenance Les documents qui composent la notice d’instruc-
peuvent être mises en place : tions et la consigne d’utilisation constituent le dos-
l la maintenance préventive, exécutée à des in- sier d’installation. Il est obligatoire, notamment,
tervalles prédéterminés ou selon des critères pour tout système de ventilation.
prescrits et destinée à réduire les défaillances
et la dégradation de l’équipement ; Par ailleurs, certains équipements (extincteurs, ins-
l la maintenance corrective, exécutée après détec- tallations de ventilation, installations électriques,
tion d’une panne et destinée à remettre l’équi- EPI…) sont soumis à des obligations de vérifications
pement dans un état de fonctionnement. générales périodiques. Les équipements concernés,
l’objet de la vérification et sa périodicité sont détail-
La mise place d’une démarche de maintenance lés dans le document publié par l’INRS Principales
préventive est un enjeu capital pour l’installation vérifications périodiques (ED 828).
et ceci à différents niveaux :
l la sécurité : les risques sont d’autant plus im- L’intervention sur un équipement génère des
portants que les opérations s’effectuent dans risques spécifiques liés aussi bien à l’équipement
la précipitation, ce qui est généralement le cas (électricité, pièce mobile, fluide dangereux…) qu’à
en maintenance corrective. L’environnement des son environnement (zone ATEX, espaces confinés,
opérations (atmosphère et sol) peut être pollué, travaux en hauteur…). Il est donc nécessaire d’avoir
notamment en cas de fuite. L’intervention néces- une connaissance approfondie de ces deux para-
sitera alors des dispositions spécifiques (ajout mètres et de faire intervenir des personnes com-
d’une ventilation forcée, nettoyage des sols, pétentes formées.
intervention en binôme sous appareil de pro-
tection respiratoire…) afin d’opérer en sécurité ; La prise en compte des risques liés à l’intervention
l la productivité et la durabilité des biens : en ré- sur un équipement et leur prévention sont détail-
duisant la défaillance des équipements, les ar- lées dans les documents suivants publiés par l’INRS :
rêts de production sont moindres. De la même l Intervenir sur un équipement de travail : penser
manière, en limitant les effets d’usure et de vieil- sécurité (ED 134) ;
lissement, la maintenance préventive permet de l Consignations et déconsignations (ED 6109).
conserver plus longtemps un outil de production
en bon état de fonctionnement. Les travaux en espaces confinés doivent suivre les
prescriptions particulières détaillées dans le docu-
Afin de planifier et d’établir les modes opératoi- ment Les espaces confinés (INRS, ED 967).
res des différentes actions de maintenance, le La sous-traitance des opérations de maintenance
constructeur doit fournir des notices d’instructions nécessite une gestion particulière formalisée dans
contenant, entre autres : les plans de prévention, comme expliqué dans le
l les détails du fonctionnement des équipements document Intervention d’entreprises extérieures
en mode normal et en mode dégradé ; (INRS, ED 941).

32
Cas de la méthanisation discontinue
par voie sèche

4
Cette technique est préférentiellement mise en Les risques sur ces installations sont similaires à
œuvre pour des intrants dits secs (intrants ayant ceux déjà cités. Les principales préconisations de
entre 15 et 50 % de matière sèche) comme le fu- sécurité sont applicables de la même manière.
mier ou les déchets de céréales.
L’installation se résume généralement à des zones Toutefois, une attention particulière doit être
de stockage (intrants, digestat et lixiviat), plusieurs portée aux phases de chargement et de déchar-
méthaniseurs et un moteur de cogénération. Les gement du (des) digesteur(s). Ces phases sont en
méthaniseurs, de type cellules en béton , sont 16
effet susceptibles de générer des risques plus im-
chargés à l’aide d’engins mécaniques puis fermés portants.
hermétiquement. Des rampes de pulvérisation
vont asperger de lixiviat le tas d’intrant afin de
l’ensemencer avec des bactéries méthanogènes.
Le temps de séjour, plus long que pour la méthani- 4•1• Phase de chargement
sation par voie humide, peut aller jusqu’à 60 jours.
Une fois le processus terminé, le biogaz est direc- Les engins utilisés disposent d’un système de filtra-
tement brûlé dans un moteur de cogénération. Le tion, filtre poussières haute efficacité de type P3 et
retrait du digestat s’effectue de nouveau à l’aide filtre charbon actif de type ABEK, afin que l’air de
d’un engin mécanique. la cabine ne contienne pas de produit dangereux
(ammoniac, sulfure d’hydrogène, micro-organis-
mes). L’air de la cabine a un taux minimal de re-
16. Il existe également des digesteurs possédant une membrane
souple devant être manipulée à chaque chargement. Les risques nouvellement de 30 volumes par heure.
et contraintes supplémentaires liés à la manutention de ce type Par conception, le digesteur comporte les dispo-
d’installations font qu’elles ne peuvent être adaptées qu’aux
petits volumes. sitifs de contrôle et de protection déjà évoqués
(capteur de pression, évent d’explosion…).

33
La fermeture des portes du méthaniseur se fait de (a minima six fois par heure) pour l’ensemble du
préférence manuellement afin de s’assurer qu’au- volume du digesteur. Il est, de plus, de catégorie 2
cun opérateur ou engin ne reste enfermé dans (voir p. 16).
l’enceinte. L’ouverture de la porte s’accompagnera de l’aug-
Dans le cas d’une fermeture mécanisée, celle-ci doit mentation du volume d’extraction permettant d’as-
se faire par une action maintenue sur un organe de surer un flux d’air allant de la porte jusqu’au fond
service de type bouton affleurant via un poste de du digesteur.
commande permettant de visualiser la zone de fer- L’air aspiré est filtré avant rejet à l’extérieur afin de
meture des portes. Une alarme sonore et visuelle se retenir les micro-organismes et les gaz dangereux.
met en fonctionnement avertissant de l’opération Un dispositif au sol, de type bouche de soufflage,
en cours. De plus, un dispositif (bouton poussoir apportera de l’air neuf au sein du tas de digestat
pneumatique par exemple) permettant l’ouver- évitant ainsi les poches de biogaz résiduelles.
ture de la porte de l’intérieur doit être installé afin Avant et durant les activités au sein du digesteur,
qu’une personne enfermée accidentellement puisse l’atmosphère sera contrôlée à l’aide d’un détecteur
sortir du méthaniseur. vérifié pour s’assurer que les gaz (O2, H2S, NH3 et
CH4 ) respectent les limites fixées p. 12 et 13.

Les opérations de déchargement du digestat s’ef-


4•2• Phase de déchargement fectuent avec des engins mécaniques possédant
les mêmes caractéristiques que pour les étapes de
Cette étape est obligatoirement précédée d’un chargement des digesteurs.
assainissement de l’atmosphère du digesteur. Des
dispositifs, type capteurs ou prises d’échantillons
d’air, sont mis en place afin que toute entrée dans
le digesteur contenant encore une atmosphère 4•3• Proposition de zonage
dangereuse (concentration en oxygène inférieure
à 19 %, présence d’une atmosphère explosive liée Voir les éléments de zonage concernant :
au méthane, concentration en hydrogène sulfuré l le digesteur : p. 23 ;
ou ammoniac supérieure aux valeurs d’expositions l le local de cogénération : p. 26 ;
professionnelles, voir p. 12) soit rendue impossible. l le stockage du digestat, sa partie solide
et du lixiviat : p. 28.
Même si le moteur de cogénération transforme la
majeure partie du biogaz du digesteur en électri-
cité et chaleur, les concentrations résiduelles des
différents gaz et micro-organismes ne sont en effet
pas compatibles avec une activité humaine. La ven-
tilation forcée est donc essentielle afin d’assurer le
renouvellement de l’air du méthaniseur.

Ainsi, à l’arrêt du moteur de cogénération, une


ventilation mécanique assure un flux d’air balayant
l’ensemble de la cellule (entrée d’air frais en partie
basse au niveau de l’entrée du digesteur et sortie
d’air pollué en partie haute sur la face opposée).
Le ventilateur à vitesse variable en mode extrac-
tion, positionné en fond de cellule, est dimensionné
pour assurer un renouvellement d’air suffisant

34
Annexe. Les bonnes pratiques
en phase de conception

Les mesures de prévention les plus efficaces sont Il est également essentiel de constituer le docu-
celles qui s’exercent en amont dès la conception et ment d’intervention ultérieure sur l’ouvrage (DIUO)
la construction des locaux. Le respect des règles de dès la phase de conception afin que les différentes
l’art en conception d’ouvrages permet de prévenir mesures de prévention puissent être intégrées à
aussi bien les risques liés au chantier que d’anticiper l’ouvrage le plus en amont possible.
ceux générés par l’exploitation de l’installation.
Le processus de conception peut se diviser en dif-
Or, le constat général, ainsi que les bilans effec- férentes étapes : celles d’avant-chantier puis celles
tués par les organismes de prévention, mettent de réalisation de chantier.
en évidence des dysfonctionnements en matière
d’hygiène et de sécurité sur les opérations de
construction tant en phase de conception qu’en
phase de réalisation des installations. Ces dys- L’avant-chantier
fonctionnements sont à l’origine de nombreux
accidents graves voire mortels. Les trois phases d’avant-chantier sont fonction de
l’avancement du projet. On distingue :
Nous rappelons ici les étapes clés, essentielles au l l’avant-projet sommaire (APS) ;
bon déroulement de la conception d’un ouvrage, l l’avant-projet définitif (APD) ;
ainsi que les points incontournables pour la maî- l la conception avant commencement des travaux
trise d’œuvre. (ACT).
À l’issue de cette démarche, il est essentiel d’effec-
tuer non seulement la réception de l’ensemble de
l’installation mais aussi celle de chaque équipement. •••

35
Ces différentes phases mettent en œuvre les ac- Déclaration préalable
teurs suivants : 1 mois avant ACT
l le maître d’ouvrage qui peut être aussi le futur Cette étape correspond au dépôt de la déclaration
exploitant de l’ouvrage ; de travaux. Elle est réalisée par le maître d’ouvrage
l le maître d’œuvre qui coordonne l’ensemble du en collaboration avec le CSPS et diffusée aux orga-
projet ; nismes officiels et à l’inspecteur du travail.
l le coordonnateur de sécurité et protection de
la santé (CSPS) qui met en œuvre la prévention Dossier d’intervention ultérieure
des risques notamment liés à l’intervention de sur l’ouvrage
plusieurs entreprises sur un même chantier. Phases APS à ACT
Ce document établi par le CSPS avec la colla-
Ces acteurs élaborent les documents et réalisent boration du maître d’œuvre est remis au maître
des actions spécifiques, mais toujours en relation d’ouvrage en trois exemplaires dont un doit être
les uns avec les autres. duplicable.

Nomination du CSPS
Phase APS
Il doit être nommé dés le début de la phase La réalisation de chantier
APS par le maître d’ouvrage. Le CSPS donne un
avis motivé sur la prise en compte des risques dans Outre la prise en compte unitaire des risques spé-
les documents d’études et aussi dans la rédaction cifiques aux différents travaux à effectuer, il est
des appels d’offres et des marchés réalisés par le essentiel de gérer les risques liés à la présence
maître d’œuvre. simultanée de différents corps de métiers (coac-
tivité). On pourra s’appuyer sur l’organisation
Registre-journal de la démarche décrite dans le document INRS
Phase ACT Intervention d’entreprises extérieures (ED 941).
Ce registre permet au coordonnateur de regrou-
per l’ensemble des informations utiles à sa mission
(décisions, inspections, consignes particulières…).
POUR ALLER PLUS LOIN
Il servira à transmettre les informations en cas de
changement de coordonnateur ou de coordonna-
Pour plus d’informations, consulter les différents
teurs différents entre les étapes d’avant-chantier et documents suivants publiés par l’INRS :
celles de réalisation du chantier. • Conception des lieux et des situations de travail,
ED 950.
Plan général de coordination • Aide-mémoire BTP. Prévention des accidents
du travail et des maladies professionnelles
Phases APD et ACT dans le bâtiment et les travaux publics, ED 790.
Ce plan est élaboré par le CSPS après avis du maître • Maintenance et prévention des risques
d’œuvre. Il est ensuite intégré dans le dossier de professionnels dans les projets de bâtiment,
ED 829.
consultations par le maître d’ouvrage et envoyé aux
• Logistique de chantier et coordination de sécurité,
organismes officiels et inspection du travail. ED 884.
• Contact direct d’engins avec les lignes électriques
Projet de marché aériennes, ND 1879. Document uniquement
téléchargeable en pdf sur www.hst.fr
Phase ACT
• La programmation, une aide à la conception
Le CSPS rédige le projet de marché en collaboration des lieux de travail, ED 91.
avec le maître d’œuvre. Ce projet comprend entres • Conception des usines d’épuration des eaux
autres les plans, les cahiers des clauses techniques résiduaires, ED 968.
et administratives particulières (CCTP et CCAP).

36
Les points essentiels pour l’installation d’un chantier de méthanisation

Le plan général de construction (PGC) contient, entre autres :

l la nature de l’opération : construction d’une installation de méthanisation ;

l l’identification des acteurs :


– maître d’ouvrage et maître d’œuvre,
– CSPS en phase de conception et CSPS en phase de réalisation ;

l la présentation succincte des opérations à réaliser :


– calendrier d’exécution global et par opération,
– effectif prévisionnel et maximal ;

l les études géotechniques : étude de faisabilité (sondages, essais dans le sol…) ;

l la conception des installations :


– études bétons pour la construction du digesteur et/ou des fosses,
– construction de réservoirs de stockage fixe ou temporaire,
– dimensionnement des stockages de déchets et ouvrages de rejets (cheminée et canalisations),
– repérage et identification des réseaux de l’installation,
– ventilation des locaux,
– accès sécurisés (plateforme) pour les différents contrôles (CH 4, H2S, CO, COV…),
– aménagement des voies de circulation, parking visiteur, voie(s) de secours,
– contrôle et accès au site,
– protection incendie des bâtiments et locaux techniques,
– protection des installations électriques contre la foudre,
– moyens de lutte contre l’incendie (robinets d’incendie armés (RIA) et extincteurs…)
et disponibilité en eau.

Le plan d’installation du chantier (PIC) contient, entre autres, les dispositions :

l pour la clôture de chantier :


– délimitation, affichage, type de clôture,
– les accès piétons et engins ;

l pour les zones de vie :


– l’emplacement des locaux communs (sanitaires, salles de réunion, bureaux de chantier…),
– l’emplacement des locaux privatifs (vestiaires, réfectoire, hébergement…) ;

l pour les circulations :


– les voies de circulation piétons et engins,
– les zones de stationnement,
– l’emplacement des zones de déchargement et de réception (coffrages, ferrailles…),
– l’emplacement des équipements autour des ouvrages (tour d’accès, échafaudage de pied, engin de
levage, garde-corps…),
– les mesures retenues pour assurer la stabilité et le maintien en bon état des voies de circulation,
– l’éclairage des différentes voies ;

•••

37
l pour la manutention et les engins de levage :
– l’emplacement des engins ou équipements (grue mobile…),
– la matérialisation des zones de survol et des voies de roulement,
– l’emplacement et la matérialisation des lignes électriques aériennes (hauteur, puissance…) ;

l pour l’évacuation des déchets :


– l’emplacement des différentes bennes (gravats, emballages…),
– la périodicité d’enlèvement des bennes ;

l pour l’installation électrique du chantier :


– la vérification des installations provisoires,
– le nombre de coffrets électriques,
– les habilitations du personnel ;

l pour les protections collectives :


– les règles d’installation, d’entretien et de démontage des protections collectives,
– la stabilisation des bords de fouilles,
– la protection des accès aux fosses et aux quais de déchargement ;

l pour l’encadrement de la coactivité :


– l’identification précise des différentes étapes du chantier générant de la coactivité,
– la gêne liés aux ambiances physiques (bruit, éclairage…) créées par ces activités,
– le risque de propagation d’un incendie et/ou d’une explosion ;

l pour la sécurité du site :


– les plans d’accès et d’intervention,
– l’emplacement du matériel de première intervention (RIA, extincteurs…),
– la présence de sauveteurs secouristes,
– l’emplacement des systèmes de coupure (électricité, gaz…),
– les réserves en eau.

38
Bibliographie

Les mélanges explosifs. Rapport n° DRA-07-88414-10586B


1. Gaz et vapeurs, INRS, ED 911, 2004. « Étude des risques liés à l’exploitation
des méthaniseurs agricoles », INERIS, 2008.
Les mélanges explosifs.
2. Poussières combustibles, INRS, ED 944, 2006. Guide de bonnes pratiques pour les projets
de méthanisation, ATEE Club biogaz (Association
Mise en œuvre de la réglementation relative technique énergie environnement), 2011.
aux atmosphères explosives.
Guide méthodologique, INRS, ED 945, 2011. État des lieux de la filière méthanisation
en France, ATEE Club Biogaz, 2011.
Interventions en espaces confinés
dans les ouvrages d’assainissements. Information technique 4 « Règles de sécurité
Obligations de sécurité, INRS, ED 6026, 2010. relatives aux installations de méthanisation »,
Union allemande des fédérations professionnelles
Détecteurs portables de gaz et de vapeurs, agricoles – Bureau principal de la sécurité
INRS, coll. « Aide-mémoire technique », et la protection de la santé, 2008.
ED 6088, 2011.
La méthanisation à la ferme. Guide pratique,
Rapport n° 530 « Règles de sécurité ADEME/AILE/TRAME/SOLAGRO, 2011.
pour les installations agricoles »,
FAT (Station de recherches en économie Synthèse de l’étude bibliographique
et technologie agricoles, Suisse), 1999. sur la méthanisation par voie sèche,
TRAME/Biogaz Lorraine, 2007.
Règles de sécurité des installations
de méthanisation agricole, INERIS, 2009. Rubrique 2781-1 de la nomenclature des ICPE
« Méthanisation de matière végétale brute,
effluents d’élevage, matières stercoraires,
lactosérum et déchets végétaux d’industries
agroalimentaires » (www.ineris.fr/aida).

39
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(16 Charente, 17 Charente-Maritime, Carsat NORMANDIE
68018 Colmar cedex 19 Corrèze, 23 Creuse, 79 Deux-Sèvres, (14 Calvados, 27 Eure, 50 Manche,
tél. 03 88 14 33 02 86 Vienne, 87 Haute-Vienne) 61 Orne, 76 Seine-Maritime)
fax 03 89 21 62 21 37 avenue du président René Coty Avenue du Grand-Cours, 2022 X
www.carsat-alsacemoselle.fr 87048 Limoges cedex 76028 Rouen cedex
tél. 05 55 45 39 04 tél. 02 35 03 58 22
Carsat AQUITAINE fax 05 55 45 71 45 fax 02 35 03 60 76
(24 Dordogne, 33 Gironde, [email protected] [email protected]
40 Landes, 47 Lot-et-Garonne, www.carsat-centreouest.fr www.carsat-normandie.fr
64 Pyrénées-Atlantiques)
80 avenue de la Jallère Cram ÎLE-DE-FRANCE Carsat PAYS DE LA LOIRE
33053 Bordeaux cedex (75 Paris, 77 Seine-et-Marne, (44 Loire-Atlantique, 49 Maine-et-Loire,
78 Yvelines, 91 Essonne, 53 Mayenne, 72 Sarthe, 85 Vendée)
tél. 05 56 11 64 36 92 Hauts-de-Seine, 93 Seine-Saint-Denis, 2 place de Bretagne
fax 05 57 57 70 04 94 Val-de-Marne, 95 Val-d’Oise) 44932 Nantes cedex 9
documentation.prevention@carsat- 17-19 place de l’Argonne
aquitaine.fr
tél. 02 51 72 84 08
75019 Paris fax 02 51 82 31 62
www.carsat.aquitaine.fr tél. 01 40 05 32 64 [email protected]
fax 01 40 05 38 84 www.carsat-pl.fr
Carsat AUVERGNE [email protected]
(03 Allier, 15 Cantal, 43 Haute-Loire, www.cramif.fr Carsat RHÔNE-ALPES
63 Puy-de-Dôme) (01 Ain, 07 Ardèche, 26 Drôme, 38 Isère,
48-50 boulevard Lafayette Carsat LANGUEDOC-ROUSSILLON 42 Loire, 69 Rhône, 73 Savoie,
63058 Clermont-Ferrand cedex 1 (11 Aude, 30 Gard, 34 Hérault, 74 Haute-Savoie)
tél. 04 73 42 70 76 48 Lozère, 66 Pyrénées-Orientales) 26 rue d’Aubigny
fax 04 73 42 70 15 29 cours Gambetta 69436 Lyon cedex 3
[email protected] 34068 Montpellier cedex 2 tél. 04 72 91 96 96
www.carsat-auvergne.fr tél. 04 67 12 95 55 fax 04 72 91 97 09
fax 04 67 12 95 56 [email protected]
Carsat BOURGOGNE [email protected] www.carsat-ra.fr
et FRANCHE-COMTÉ www.carsat-lr.fr
(21 Côte-d’Or, 25 Doubs, 39 Jura, Carsat SUD-EST
58 Nièvre, 70 Haute-Saône,
Carsat MIDI-PYRÉNÉES (04 Alpes-de-Haute-Provence,
(09 Ariège, 12 Aveyron, 31 Haute-Garonne, 05 Hautes-Alpes, 06 Alpes-Maritimes,
71 Saône-et-Loire, 89 Yonne, 32 Gers, 46 Lot, 65 Hautes-Pyrénées, 13 Bouches-du-Rhône, 2A Corse-du-Sud,
90 Territoire de Belfort) 81 Tarn, 82 Tarn-et-Garonne) 2B Haute-Corse, 83 Var, 84 Vaucluse)
ZAE Cap-Nord, 38 rue de Cracovie 2 rue Georges-Vivent 35 rue George
21044 Dijon cedex 31065 Toulouse cedex 9 13386 Marseille cedex 5
tél. 08 21 10 21 21 tél. 0820 904 231 (0,118 €/min) tél. 04 91 85 85 36
fax 03 80 70 52 89 fax 05 62 14 88 24 fax 04 91 85 75 66
[email protected] [email protected] [email protected]
www.carsat-bfc.fr www.carsat-mp.fr www.carsat-sudest.fr

Services Prévention des CGSS


CGSS GUADELOUPE CGSS LA RÉUNION
Immeuble CGRR, Rue Paul-Lacavé, 97110 Pointe-à-Pitre 4 boulevard Doret, 97704 Saint-Denis Messag cedex 9
tél. 05 90 21 46 00 – fax 05 90 21 46 13 tél. 02 62 90 47 00 – fax 02 62 90 47 01
[email protected] [email protected]

CGSS MARTINIQUE
CGSS GUYANE
Quartier Place-d’Armes, 97210 Le Lamentin cedex 2
Espace Turenne Radamonthe, route de Raban, tél. 05 96 66 51 31 et 05 96 66 51 32 – fax 05 96 51 81 54
BP 7015, 97307 Cayenne cedex [email protected]
tél. 05 94 29 83 04 – fax 05 94 29 83 01 www.cgss-martinique.fr

Achevé d’imprimer par xxxxxxx - code postal Ville


N° d’Imprimeur : xxxxxx - Dépôt légal : mai 2013 - Imprimé en France
La valorisation des déchets et le développement
d’énergies renouvelables sont des enjeux environnementaux
d’actualité. La méthanisation répond à ce double objectif.
Les déchets issus notamment de l’agriculture
(effluents d’élevage, végétaux…) et de l’agroalimentaire
permettent de produire du biogaz valorisable.
Toutefois, les procédés de méthanisation mettant en œuvre
ces déchets génèrent des risques particuliers et nécessitent
donc des mesures de prévention adaptées.
Ce document expose les principaux risques liés à la mise
en œuvre d’une unité de méthanisation et les prescriptions
de sécurité associées, à l’intention de l’ensemble des acteurs
de la filière (conception, exploitation, maintenance…).

Institut national de recherche et de sécurité


pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles

65, boulevard Richard-Lenoir 75011 Paris Tél. 01 40 44 30 00

www.inrs.fr e-mail : [email protected]

Édition INRS ED 6153


1re édition • juin 2013 • 3 000 ex. • ISBN 978-2-7389-2074-4

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