Campus Analyse
Campus Analyse
Campus Analyse
cAmpUS
NOUVEAUX
VERS
DE NOUVEAUX
CAMPUS
–
Sommaire
Avant-propos
Des campus qui recomposent la ville 5
Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
14
36
Un espace muséographique
« Terre, Univers, Environnement » à Grenoble 48
Jean-Pierre Gratier, Emmanuel Robert, François Renard,
Fabrice Cotton et Michel Fily
58
80
104
d’Aix-en-Provence
Christophe Bienvenu
ANNEXES
Lexique 124
contributeurs 126
AvANt-PRoPoS
DES CAMPuS
qui RECoMPoSENt
LA viLLE
geneviève fioraso
Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
5
QUEL FUtUR
POUR
LES CAMPUS ?
–
1
LES CAMPuS,
LABoRAtoiRES DE LA viLLE
DE DEMAiN
jean-marie Duthilleul
8
1
MOBILITÉ
MuLTIMO
LTIMOda
daLLe
da
agglomération – où vivent 12 millions d’habitants – en
métropole et d’instauration de nouveaux réseaux de rela-
tion entre les hommes et les richesses de ce grand terri-
toire, des réflexions du même type ont été engagées dans
la plupart des grandes villes françaises.
repenser la mobilité
1 Parvis du pôle d’échanges multimodal du Mans. Se pose d’abord le sujet de la mobilité. Aujourd’hui, la ville
© Architectes : J.-M. Duthilleul, F. Bonnefille, E. Tricaud est à recomposer autour de tous les mouvements qui la
SNCF – AREP / Photographe D. Boy de la Tour.
font vivre. Alors que la ville est par essence un lieu d’accu-
mulation de richesses humaines et matérielles, en même
9
temps qu’un lieu de mise en relation entre ces richesses,
l’implantation et l’organisation des nouveaux transports
mécaniques dans cette ville au cours du XXe siècle l’ont fait
littéralement exploser, créant ici des lieux de congestion,
là des isolats coupés du reste du territoire. La recomposi-
tion des agglomérations passe par un travail de conception
nouvelle et approfondie de tous les systèmes et de tous les
espaces qui permettent d’y circuler.
10
SE DÉPLACER
CoPE
PEnh
nhAAgu
nh guEE
développeR
des tRanspoRts paRtagés
11
se restaurer
rotterdam
12
Les campus,
richesses des villes
Chaque campus est une richesse qui ne demande qu’à
être révélée et sans cesse complétée par d’autres. La ville
se forme au cours de l’histoire par sédimentation : ainsi
s’enrichit en permanence un territoire auquel chaque
époque apporte sa part. Les campus français se sont sou-
vent installés dans des lieux offrant certaines ressources
naturelles – ici un canal, là des calanques – ou sur des
sites qu’ils ont créés sous forme de parcs, de jardins ou
de lieux de pratiques sportives. Des ensembles bâtis y
ont été installés, parfois remarquables, parfois moins. Ils
ont surtout mis en place les éléments de diffusion, voire
de développement d’un savoir scientifique particulier,
fondateur de leur identité et de leur réputation. Ce savoir
scientifique particulier fait – lorsqu’il est explicite et clair
au plus grand nombre – la fierté de toute la ville qui en est
la dépositaire.
La structuration
d’un écocampus démonstrateur
et expérimental
Une réflexion collective entre les établissements du cam-
pus et les collectivités territoriales avait permis en 2007 1
d’affirmer une identité commune : « chimie et ingénierie
pour le développement durable » et de décider de mettre
en place des organes de gouvernance propres au cam-
pus. Cette « identité » du campus a été réaffirmée dans le
cadre du schéma de développement universitaire de l’agglo
mération (SDU) approuvé en 2010 par le Grand Lyon et
l’université de Lyon.
Un des principaux objectifs du schéma directeur d’aména-
gement du campus élaboré en 2009 par l’agence Lipsky-
Rollet architectes est la structuration d’un écocampus
démonstrateur et expérimental.
14
le campus
de demain
Le campus
aujourd’hui
15
schéma d’aménagement
l’axe vert
16
Des objectifs de durabilité
Le schéma directeur a ainsi posé un certain nombre d’ob-
jectifs de durabilité :
– la gestion économe du foncier, donnant la priorité à la
réhabilitation sur la construction neuve, la densification des
constructions par surélévation (lorsque c’est techniquement
et économiquement pertinent), et par des constructions
neuves à l’alignement, de hauteur R + 4 à R + 6 ;
– la gestion durable des eaux pluviales par rétention (si
possible), épuration locale dans des noues et infiltration au
plus près, voire réutilisation pour des usages locaux ;
– les économies d’énergies, par la réhabilitation des bâti-
ments construits dans les années 60 et 70, l’optimisation
de l’éclairage public ;
– le développement des modes de « déplacements doux »,
avec l’aménagement de trottoirs et la hiérarchisation des
voiries, la création de pistes cyclables, le report en péri
phérie et la réduction de l’offre de stationnement, concomi
tamment au développement de la desserte en transports en
commun du campus par le syndicat mixte des transports
(SYTRAL) ;
– le maintien et le développement de la biodiversité urbaine
du campus.
4 Aménagement paysager de l’axe vert. Ce comité scientifique est intervenu en premier lieu sur une
© Dumétier Design. opération d’aménagement financée par l’État sur les inté-
rêts 2011 et 2012 de la dotation Opération Campus : l’Axe
vert. Il a contribué à orienter la programmation de cette
opération, et a proposé d’y intégrer des projets scientifiques,
permettant un suivi sur plusieurs années des choix mis en
œuvre, et des planches d’essai pour tester, à la demande
d’entreprises, des matériaux, des technologies ou des dis-
positifs de gestion.
Ainsi, parmi les dispositifs mis en œuvre, on peut men
tionner :
– des zones d’éclairage public représentatives de diverses
situations urbaines, qui feront l’objet d’enquêtes sociales ;
– des places de stationnement conçues pour tester pendant
un semestre ou plus des matériaux perméables et analyser
les eaux infiltrées ;
– la végétalisation spontanée du sol en cas d’aménage-
ments de stationnements de type « terre-pierre » ;
– l’enrichissement de sols de remploi par des plantes acti-
norhiziennes (qui fixent l’azote) ;
– la dépollution de l’air par des peintures ou enduits
photocatalytiques ;
– et enfin le suivi des pratiques sociales sur les nouveaux
aménagements.
17
Une gestion du campus
centrée sur l’écologie
et le développement durable
Le comité scientifique a ensuite été associé aux études de
maîtrise d’œuvre, comme il le sera à la réalisation des tra-
vaux, puis, dans la durée, au suivi et à l’évaluation des amé-
nagements et des techniques mis en œuvre.
Ce comité scientifique sera associé à l’approfondissement
du schéma directeur, avec notamment la définition d’un
schéma directeur de gestion des eaux pluviales, et l’enga
gement d’un plan de déplacement d’entreprises pour
le campus. Il sera aussi associé à l’élaboration du pro-
gramme technique détaillé des réhabilitations à venir, qui
représentent l’investissement majeur sur le campus et un
enjeu central en matière d’économies d’énergie pour le
patrimoine immobilier existant.
Enfin, le campus est situé en limite du Parc naturel urbain 6 Parc urbain de la Feyssine
de la Feyssine, il s’étend sur 55 hectares le long des berges et les berges du Rhône.
© Stéphane Toraldo.
du Rhône et de la nouvelle station d’épuration du Grand
Lyon. Cette station a été conçue avec un souci d’intégra-
tion architecturale et paysagère, mais aussi d’éducation à
l’environnement et prévoit de proposer au public des visi-
tes dans le cadre d’activités pédagogiques. Le campus est
aussi doté d’un observatoire de la faune, de la flore et des
impacts de la station animé par la FRAPNA (association
de protection de l’environnement), une plate-forme de
recherche et expérimentation d’IRSTEA (ex-Cemagref), et
des équipements pour la valorisation des boues et la récu-
pération des calories. Des réflexions sont engagées avec
le Grand Lyon et l’exploitant de la station pour intégrer le
parc et la station dans la logique de l’écocampus démons-
trateur et expérimental.
Le parc de La Feyssine
sur Les berges du rhône
Un nouveau schéma
de déplacement
à Marseille-Luminy
Nathalie Jauny et Bertrand Mallet
Vers un désenclavement
du campus
Le campus universitaire de Luminy, conçu il y a 50 ans, se 1 Vue aérienne du campus de Luminy.
situe au pied du mont Puget, à une heure à pied du bord de @ C. Moirenc.
mer, sur un domaine protégé d’une centaine d’hectares qui
va du massif des calanques jusqu’aux abords de Cassis.
20
un nouvel axe
majeur
21
repenser la circulation
et le stationnement
En termes opérationnels, faire entrer le BHNS sur la voie 2 La future voie principale du BHNS.
centrale du parc a nécessité l’élaboration d’un nouveau @ Christo Bakalov.
schéma de circulation, non plus traversant mais contour-
nant, à l’image d’un périphérique urbain qui dessert des
voies de quartier. quant à la circulation des voitures : les
automobilistes devront suivre un maillage transversal.
futurE voiE
ils pourront continuer à utiliser les voiries existantes, qui
seront requalifiées comme suit :
– un point d’entrée sur le campus par un carrefour des-
servira 3 entrées (une entrée centrale pour le BHNS, deux
autres pour les entrées nord et sud, actuellement sous
utilisées) ;
– une voie principale en boucle, à l’image d’un périphé-
rique ;
principalE
– des voies de distribution en impasse ;
– des voies de services réservées.
22
de ce parvis minéral et les nouveaux espaces offerts aux
étudiants favoriseront la reconquête des espaces exté-
rieurs et de nouvelles pratiques de travail, individuelles ou
de groupe : des kiosques (pourvus de tables et de bancs
protégés du mistral) seront répartis sur le parvis et la cou-
verture WiFi permettra aux étudiants d’y travailler tout en
profitant du panorama.
Ces aménagements favoriseront un apaisement de la cir-
culation et la réappropriation du site par les piétons.
esplanade
tiques, et non plus par bâtiments.
Cette signalétique fixera l’identité du nouvel écoquartier
publique
et soulignera son appartenance au site de Luminy.
–
Des programmations
architecturales et urbaines
innovantes à Saclay
Aurélie Cousi
24
QUARTIER DU MOULON
POLARITÉS
Métro
TCSP
Téléphérique
Polarité
SITE DU qUarTIEr
JolIIoTT-C
Jol -CUrIE
25
Nouvelle
iNte
teNNsité
urbaiNNe
urbai
26
une école D’ingénieur
Du xxie siècle
ouverte sur le monDe
L’École centrale, avec le concours de son assistant à maî-
trise d’ouvrage Pro Développement, a défini les concepts
programmatiques répondant à ses valeurs et porteurs de
son identité. voici les principaux :
l’hybridation
Refuser les regroupements fonctionnels monotypologiques
(tels qu’ils existent au sein de l’École) et, au contraire, struc-
turer l’organisation de l’établissement autour d’« espaces
projets » qui agrègent enseignement et recherche, à proxi-
mité des locaux réservés à l’administration et aux entre-
prises. Et aussi, proposer des espaces de vie et de rencontre
en lien direct avec l’espace public.
la sérendipité
Le rôle du hasard dans les découvertes – qui consiste à
découvrir autre chose que ce que l’on cherche – est à la
source de l’esprit de créativité que l’École souhaite insuffler.
Aussi, les échanges seront-ils favorisés dans tous les espaces
conçus ; les circulations deviendront des lieux de croise-
ments productifs et récréatifs, la répartition des fonctions
favorisant les flux, horizontaux comme verticaux.
la diversité
La pluralité des ambiances doit répondre à celles des usages
et des usagers. La diversité des espaces dédiés à l’enseigne-
ment – à différentes échelles – doit accompagner les muta-
tions technologiques et sociales actuelles.
l’élasticité / la flexibilité
Les différentes temporalités des programmes de recherche
et les changements annoncés des modes d’apprentissage
individuel ou en groupes nécessitent une réflexion sur le
bâti qui sache s’adapter dans la durée, qui soit plastique,
modulable – voire réversible – avant d’être assigné à un
usage précis.
Le concept d’« univers » a servi de modèle pour l’organi-
sation fonctionnelle de l’École.
l’homme / le monde
Porteur des valeurs fondamentales du leadership et de
l’ouverture de l’École à l’international, le binôme l’homme /
le monde est au cœur du concept de l’identité centralienne.
Espace ouvert sur l’espace public et participant à l’inten-
sité urbaine du quartier, l’École accueille un restaurant et
des équipements sportifs en lien avec le quartier, visibles
et accessibles depuis l’extérieur.
l’entreprise
Représentatif de l’esprit d’entreprise, le campus se veut
aussi un incubateur et un Science Park pour les équipes
mobiles de Recherche & Développement (R&D) à forte
intensité technologique.
3 Nouvelle intensité urbaine et programmatique. Ces concepts et leur application président à une conception
© mstka architectes. à dimension tant architecturale qu’urbaine. L’École achève
de s’inscrire dans la logique d’ouverture et de mutualisation
27
voulue pour le campus, particulièrement dans ce quartier.
D’une part, elle intègre à son opération un bâtiment d’ensei-
gnement commun avec Supélec, l’ENS Cachan et Paris Sud,
destiné aux langues et aux étudiants étrangers, et, d’autre
part, elle externalise sa fonction documentaire au sein d’un
Learning Centre.
28
espace
de respiration à moyen terme du fait des temps liés à des projets ou
équipements de recherche, ont été fléchées vers la maî-
trise d’ouvrage publique. Les parties portant le plus
grand potentiel de valorisation par un partenaire privé
– surfaces en blanc pour des entreprises, événementiel –
ont été adjointes au contrat de partenariat.
Quelles sont
les attentes nouvelles
d’une communauté
universitaire ?
À l’exception du cas du plateau de Saclay ou de celui du
campus Condorcet, qui impliquent tous deux l’invention d’un
espace nouveau, tous les projets à réaliser dans le cadre du
Plan Campus concernent des ensembles aujourd’hui vieillis
et inadaptés aux exigences actuelles d’une vie universitaire
exposée à la comparaison internationale.
32
à s’attarder sur place, et moins nombreux encore à s’y
investir dans des formes plus ou moins permanentes de
vie sociale.
Il était tentant de faire de cette question de la « fixation »
des étudiants le point crucial de la réflexion sur la vie de
campus, en s’efforçant d’identifier les services – néces-
sairement bon marché et suffisamment rentables – qu’il
faudrait installer pour satisfaire les besoins de la popula-
tion étudiante et la dissuader d’aller chercher ces mêmes
services au dehors, dans les centres villes ou dans les
zones commerciales de proximité. On mesura très vite le
risque que présentait, pour la dynamique des projets en
cours, cette approche réduisant les attentes étudiantes en
matière de vie de campus à une somme de besoins indivi-
duels peu ou mal satisfaits. Car si les « besoins de base »
(se nourrir, se divertir, se soigner, faire de l’exercice, etc.)
concernent tout un chacun, ils ne spécifient en aucune
manière les attentes collectives d’une communauté uni-
versitaire en matière de convivialité et de sociabilité.
À chaque campus
son « vivre ensemble »
Comment échapper au destin fatal des campus, qui se
transforment en parking quelques heures par jour et
quelques mois par an, et sont déserts le reste du temps ?
Comment faire pour que la présence des étudiants, des
enseignants et des chercheurs soit l’expression sponta-
née d’une vie collective qui les attache au lieu, et non une
contrainte que les uns et les autres s’efforcent de réduire
à son strict minimum ?
33
Des réponses spécifiques
à chaque campus
Cela implique que soient pensés, en même temps que la
meilleure fonctionnalité possible des espaces dédiés à la
recherche et à l’enseignement, tous les dispositifs permet-
tant de créer les conditions d’une convivialité universitaire
en matière d’accueil, d’accès et de circulation sur le cam-
pus, d’appui à la vie associative, de services aux personnes,
d’événements culturels, de résidences temporaires... Cela
suppose, en matière de sociabilité étudiante recherchée,
que les solutions à apporter aux différents aspects pra-
tiques de la vie quotidienne (logement, loisirs, santé...) ne
soient pas séparées de la réflexion d’ensemble sur les fina-
lités et l’organisation de la formation.
Singulariser la vie
de chaque campus
Cette spécificité est définie avant tout par le travail qui s’y
fait, par les relations intellectuelles, scientifiques et péda-
gogiques que ce travail génère, par les échanges et les
coopérations qu’il suscite.
34
À chaque campus son identité
Cette dernière remarque ouvre des pistes multiples, en
fonction des ressources propres à chaque campus. Pour
que les étudiants, les enseignants et les chercheurs aient le
désir d’habiter leur campus, il faut certes qu’ils y trouvent
les conditions les plus adéquates à une forme de recueille-
ment nécessaire au travail et à l’échange intellectuel. Mais
ils ne vivront sur le campus que si, par ailleurs, le monde
social y entre. Et celui-ci n’y entrera que pour ce que la
communauté universitaire peut précisément lui offrir de
meilleur, en fonction de son identité propre. L’offre ne sera
donc pas la même sur un campus où les sciences dures
sont massivement représentées que sur un campus SHS,
ou sur un autre qui a des STAPS ou encore sur celui qui
abrite des architectes, des juristes ou des étudiants en
art ou en langues, etc. Cependant, l’attraction qu’exerce
le campus vis-à-vis de l’extérieur est aussi une condition
de l’attachement des étudiants, des enseignants et des
chercheurs à « leur » campus, et l’un des moteurs des ini-
tiatives (associations, propositions culturelles, etc.) qu’ils
auront envie de prendre sur place.
le campus
« quartier Des facultés »
ici, pas de problème d’éloignement urbain : le campus, 1 Les entités du campus.
en plein quartier résidentiel, est à 10 minutes du célèbre @ Aix-Marseille Université.
Cours Mirabeau. Riches d’un passé historique exceptionnel,
les 150 000 habitants d’Aix-en-Provence ont conscience
de l’atout que représente pour leur ville la présence de
40 000 étudiants, enseignants et personnel universitaire,
la qualité des formations dispensées et des équipes de
recherche de tout premier plan au niveau international.
Malgré cela, on constate depuis quelques années le reflux
de nombreuses filières et, comme ailleurs, nombre d’étu-
diants diplômés peinent à trouver un emploi qualifié qui
corresponde avec leur niveau d’études.
le cœur De campus
Comme bon nombre d’expressions à la mode, « cœur de
campus » est une notion assez floue et, lors des ateliers
de préprogrammation du premier semestre 2010, nous
avons pu constater que chacun avait imaginé le lieu à 1
l’aune de ses inclinations personnelles. S’il était clair pour
tous que le bâtiment devait devenir le moteur de la future
36
QUARTIER
DES FACULTÉS
Droit
Économie
Lettres
IUT
CROUS
Sports
37
espace public
2
cœur de campus
38
vie de campus, il y avait quant à sa réalisation autant de
formes que d’interlocuteurs. Faudra-t-il aménager un
espace de services et de commerces de luxe avec restau-
rant à thème, alors qu’il en existe déjà dans le centre ville ?
Créer une MJC autogérée ? Un foyer offrant des loisirs, des
jeux en lignes, des salles de billards, etc. ?
L’équipe de site et les chargés de mission Campus écou-
taient, notaient, discutaient, sans pour autant trouver une
idée qui ferait la différence. L’enjeu était perçu par tous
comme important, mais aucune ligne directrice n’arrivait
à s’imposer…
39
un lieu
De professionnalisation
un cœur de campus s’est alors dessiné : résolument orienté
vers la ville, ouvert à des publics nouveaux, offrant à l’uni-
versité un rayonnement à travers tout le territoire, tourné
vers la professionnalisation avec des espaces dédiés à une
pépinière d’entreprises, à but lucratif ou non. S’est alors
dispositif
urbain
esquissée une « Maison du droit » où les étudiants de mas-
ter pourraient donner aux étudiants en arts des conseils
sur la propriété intellectuelle, des stages multimédias dans
lesquels les étudiants en audiovisuel pourraient appren-
dre aux étudiants en anthropologie à monter une thèse
vidéo, où seraient organisés des ateliers d’écriture où les
étudiants en lettres et en droit pourraient dispenser leurs
connaissances aux personnes en difficulté, des stages
d’expression orale et corporelle où les étudiants en psy-
chologie pourraient conseiller les chercheurs d’emploi, des
ateliers de rédaction de Cv et de lettres de motivation, etc.
Ce nouvel espace, dans lequel les étudiants apprendraient
en faisant, les aiderait à prendre leur avenir en main.
un lieu De proDuction
culturelle
L’aspect culturel est décliné selon le même concept fédé-
rateur de la professionnalisation. L’université accueille
en ses murs le théâtre vitez, théâtre associatif en lien
avec d’autres salles aixoises, dont le Grand théâtre de
Provence. Ainsi, les étudiants en art du spectacle bénéfi-
cient déjà d’une passerelle ouverte sur le monde profes-
sionnel. Ce théâtre pourrait être mis en valeur dans une
salle polyvalente de 350 places (avec un traitement acous-
tique adéquat), disposer de locaux aux normes et d’un
traitement de scène et de salle améliorés. Conçu comme
la « locomotive » culturelle de ce lieu, cet espace pourrait
également être utilisé comme salle de colloque en jour-
née, d’autres salles de répétition étant à la disposition des
acteurs. Ce lieu pourrait aussi, indépendamment du reste
du site, être ouvert en soirée.
un Dispositif architectural
et urbain
Du bâtiment « cœur de campus » initial, le dispositif s’est 3 Plan du nouveau dispositif urbain.
alors étendu sur les espaces extérieurs. il a pris de l’ampleur, @ Aix-Marseille Université. 4
40
gagné en cohérence et s’est emparé des bâtiments voisins.
Cinq espaces se sont alors dessinés :
– le bâtiment actuellement utilisé par la bibliothèque uni-
versitaire ;
4 Les deux bâtiments de la « Porte » du campus. – le bâtiment « Porte » qui parachève le projet de façade
@ dietmar feichtinger architectes. urbaine de l’université conçue par l’architecte Feichtinger
et qui accueillera les formations spécifiques en langues et
en art ;
– le bâtiment « L », qui hébergera les services destinés aux
étudiants ;
– la « place de la culture », dispositif de théâtralisation des
étudiants et des usagers du campus où, grâce à l’instal-
lation de mobiliers urbains à inventer, chacun pourra tra-
vailler, échanger et créer en plein air ;
– le « parking silo » excentré, en accès direct, qui permet-
tra de faire disparaître la voiture du paysage et de libérer
les artères alimentant le cœur de campus.
la porte
du campus
La préfiguration
du campus Condorcet
Françoise Plet-Servant
Construire l’identité
du campus, une démarche
largement participative
Au lendemain de la création de la Fondation Condorcet,
en décembre 2009, un travail collectif de réflexion et de
programmation a été engagé avec des représentants des
établissements et organismes fondateurs. Des groupes de
travail, puis des séminaires ont abouti à trois textes – dits
« fondamentaux » – qui énoncent et précisent les principes
directeurs du campus en matière d’espaces de recher-
che, de vie de campus et d’offre numérique. Ces principes
fondent le programme général voté en octobre 2012 et
continueront d’inspirer l’action des porteurs du projet au
cours de sa réalisation.
Parallèlement, à la demande de la Commission nationale
du débat public, une concertation publique a été organisée
1. D
ont les fondateurs sont : le cnrs, l’ehess, l’École des Chartes,
l’ephe, la Fondation Maison des sciences de l’homme, l’ined
et les universités Paris 1, Paris 3, Paris 8 et Paris 13.
42
1
CAMPUS
CONDORCET
43
LE SITE
D’AUBERVILLIERS
44
en 2011 à Paris, Aubervilliers et Saint-Denis en collabo-
ration avec les collectivités territoriales. Cette initiative
a permis aux étudiants et aux habitants des alentours du
campus d’être pleinement informés sur le projet, ses atten-
dus et ses ambitions. Elle a aussi contribué à l’expression
d’interrogations, d’avis et de suggestions, et permis de
mesurer le degré de consensus autour du projet en phase
de conception.
45
territoriales souhaitant un campus ouvert sur la ville. À
cet égard, l’enjeu du logement est essentiel, spécialement
le logement étudiant.
Les Conférences
Campus Condorcet :
diffusion et partage
Dès 2010, le conseil scientifique du campus Condorcet a
lancé une initiative de diffusion des savoirs à destination
des riverains et des habitants du Nord-Est parisien et de
Plaine-Commune. Les « Conférences Campus Condorcet » 3 Conférence au théâtre de la Commune
ont ainsi permis de faire vivre le campus avant son ouver- à Aubervilliers.
@ Campus Condorcet.
ture – favorisant ainsi l’appropriation précoce du projet – et
de rendre son identité visible et familière.
Suivie par près de 300 personnes, la conférence inaugu-
rale a été donnée le 3 juin 2010 à Aubervilliers par Andrea
Leers, architecte et professeure associée à l’université
Harvard, et avait pour thème l’insertion d’une grande
structure universitaire dans un territoire en transforma-
tion. Les conférences se sont poursuivies en 2011 au Stade
de France, avec des cycles consacrés aux transnationali-
tés et à la construction du territoire du Nord-Est parisien.
En prenant le relais des « Lundis du Collège de France »
présents depuis 2006 à Aubervilliers, les conférences se
sont ensuite déroulées au théâtre de la Commune et au
lycée Le Corbusier. Un cycle annuel de 6 à 8 conférences y
est désormais programmé de septembre à juin. Un public
de 150 à 200 personnes le suit de façon régulière, et ces
conférences sont également diffusées sur le site internet
du campus Condorcet.
46
aires culturelles (« La Mesure du temps », « Les images en
danger ») ou encore les problématiques contemporaines
4 Couverture du programme de la conférence (« Les transnationalités, la construction du territoire du
« Transnationalités » en 2011. Nord-Est parisien »). Ces cycles de conférences sont pro-
@ Campus Condorcet – LM communiquer.
grammés pour la période 2011-2013.
maintenir la mobilisation
pour faire connaître le projet
Les conférences sont un premier pas visant à faire connaî-
tre le campus Condorcet. Les porteurs du projet espèrent
en ajouter d’autres, qui favoriseront l’appropriation du cam-
pus par les habitants du territoire. on pense aujourd’hui, en
coopération avec le CNRS, à une initiative intitulée « Portraits
de chercheurs » afin de rendre accessibles les méthodes
et les enjeux de la recherche en Sciences humaines. Des
« balades urbaines » sont également organisées sur les
sites du campus et sur la ville en cours de transformation.
Ces initiatives créent des moments privilégiés de convivialité
et de proximité permettant de partager les objectifs et les
enjeux du campus avec les riverains et les acteurs de la cité.
Et, avant même le premier coup de pioche, l’identité du cam-
pus prend peu à peu corps dans l’imaginaire collectif.
–
théâtre
de la commune
4
uN ESPACE MuSÉoGRAPHiquE
« tERRE, uNivERS, ENviRoNNEMENt »
à GRENoBLE
jean-pierre gratier, emmanuel robert, françois renard,
fabrice cotton et michel fily
le futur
un lieu ouvert
au cœur De l’université
Le développement de la qualité de vie et de l’attractivité
des campus, tel est l’enjeu du Plan Campus. il offrira aux
acteurs et aux usagers de l’université, ainsi qu’à l’ensemble
musée
du public, un lieu ouvert, au cœur de l’université. Ainsi, au
cœur de l’université de Grenoble, des merveilles de la nature
seront présentées, accompagnées d’explications sur leur
évolution. L’humanité s’interroge sur l’origine de l’univers,
de la vie, sur l’évolution de la terre, de son climat, de ses
ressources, en lien avec l’activité humaine. Chacun pourra
profiter de cet espace de découvertes et de loisirs et aussi
y trouver des réponses à ses interrogations. Dans une
société où la science et la technique prennent chaque jour
plus d’importance, ce lieu contribuera à l’émergence de
l’identité du campus où les rapprochements entre les usa-
gers et l’ensemble de la société seront vivement encou-
ragés. ils pourront se familiariser avec les connaissances
scientifiques nouvelles, dans le cadre d’une politique de
développement durable.
1
un lieu
De culture scientifique
Dans le domaine des sciences de la terre, de l’univers et de
l’environnement, qui passionne une large part des publics,
les savoirs et les savoir-faire de l’observatoire de Grenoble en
matière de diffusion des connaissances sont très variés : les
conférences, les observations guidées (astronomie, risques,
climats, les sentiers géologiques et planétaires, etc.), les
cours spécifiques (diffusion des savoirs, université inter-
âges, formation professionnelle) attirent des centaines de
personnes chaque année, et de nombreux étudiants parti-
cipent aux diverses animations.
48
alpins et mondiaux1. L’étude constante de la terre et de
l’univers, qui est la mission des observatoires, prolonge
aujourd’hui cette démarche de « collections naturalistes » :
les phénomènes naturels se caractérisent en effet par de
grandes variations dans le temps avec des événements
catastrophiques (séismes, crues, éruptions solaires, etc.)
qui s’inscrivent dans des cycles d’évolution dont les durées
vont de l’année aux milliards d’années. il est donc indis-
pensable de collecter des données sur de très longues
périodes pour comprendre les mécanismes d’évolution de
la terre et de l’univers2.
un lieu D’exposition
La plus grande part de l’espace d’exposition accueillera
régulièrement des visiteurs aux heures d’ouverture de
l’observatoire. une partie de cet espace sera aménagée en
divers secteurs, certains seront dévolus à l’esthétique des
1. http://collections.obs.ujf-grenoble.fr/
2. http://www.osug.fr/
49
objets naturels exposés, d’autres proposeront des expli-
cations détaillées, présenteront des données d’observation
ou de démonstration.
un lieu ouvert
À l’expérimentation
Des informations seront plus spécifiquement destinées 4 Cette image composite infrarouge
aux plus passionnés et il leur sera possible de se livrer à de l’environnement de l’étoile Bêta Pictoris
(située à 65 années-lumière du Soleil) montre
certaines observations personnelles (astronomie, géolo- la lumière réfléchie sur un disque de poussière
gie, etc.). Parallèlement, un petit espace sera dévolu à des ainsi qu’une planète géante (7 à 11 fois la masse
expériences qui seront organisées à la demande, en pré- de Jupiter) orbitant à environ 10 unités astronomiques
sence d’animateurs, pour un public qui doit ou qui souhaite de l’étoile.
Les deux parties de l’image ont été obtenues
être guidé (notamment les scolaires). il est en effet impos- sur des télescopes de l’ESO équipés de systèmes
sible de prévoir des visites guidées tous les jours. Ces d’optique adaptative développés par des laboratoires
démonstrateurs proposeront des expériences pédagogi- français dont l’IPAG (Observatoire de Grenoble).
ques comme, par exemple, celle du vent solaire produisant Les technologies mises au point pour ces instruments
sont aujourd’hui valorisées et ont conduit à la création
la génération d’aurores polaires ou celles d’optique adap- de deux start-up génératrices d’emplois.
tative, d’interférométrie et de géodynamique. © CNRS / UJF / ESO.
2 3
astronomie
REPENSER
LA VIE
ÉtUDIANtE
–
3
Développer
une vie de campus
en concertation
avec les étudiants
Marie-Jeanne Charrier
Favoriser la rencontre
et l’échange
Il n’existe pas de solution miracle, mais des progrès sont
possibles. Il suffirait par exemple de concevoir des espaces
publics favorisant la rencontre et l’échange permettant aux
usagers du campus de se sentir bien sur leur lieu de tra-
vail et, surtout, de se repérer et de s’orienter. Cela semble
anodin mais comment développer un sentiment d’appar-
tenance à un lieu dans lequel on se sent perdu ?
54
Développer une offre
de services diversifiés
Une étape importante du renforcement de l’offre de servi-
ces aux étudiants consisterait d’abord dans l’amélioration
de la lisibilité du fonctionnement administratif de l’univer-
sité grâce à la concentration de différents services dans
un espace de type « guichet unique » (université, CROUS,
CAF, accueil étudiant étranger, médecine préventive, gui-
chet poste, etc.) à l’instar de ce qui a été fait à Grenoble au
niveau de « l’Espace vie étudiante ». Cela permettrait aussi
l’implantation sur le campus de commerces de première
nécessité, l’hébergement de courte à moyenne durée et
faciliterait les relations entre universités et entreprises…
Encourager
les projets associatifs
Dans le rapport Les associations et syndicats étudiants : un
moyen d’intégration ?, Sonia Lefeuvre note que l’on « peut
mesurer le niveau d’intégration » des étudiants à la faculté
en fonction de leur investissement dans les associations
et les syndicats1. L’implication dans un projet associa-
tif permet d’établir de nombreuses relations au sein de
l’institution universitaire et de mieux en appréhender les
rouages. Jean-Marc Petrot, dans son étude menée sur
Bordeaux, confirme que les « Bureaux étudiants » partici-
pent à la construction d’un esprit corporate qui aura des
incidences positives sur l’insertion professionnelle des
étudiants à leur entrée sur le marché du travail, et contri-
buent au rayonnement national – voire international – de
l’université.
55
d’ouvrir le campus vers l’extérieur en invitant le public
local à découvrir la vitalité étudiante. Au-delà de l’offre
culturelle, ces projets proposent aux étudiants, aux collec-
tivités territoriales, aux universités, aux CROUS, etc. des
opportunités de dialogue autour d’un projet commun et
à l’échelle de l’agglomération.
56
d’associer les usagers à la conception des espaces communs
et, en particulier des lieux de vie étudiante.
–
soit sollicité.
REPENSER
LA viE ÉtuDiANtE
à BoRDEAuX
camille jelowicki
1
le nouveau moDe De vie
étuDiant
à partir de ces données, il nous faut dégager quelques
traits fondamentaux de ce mode de vie étudiant. Adminis-
trativement, c’est le fait d’être inscrit dans un établisse-
ment d’enseignement supérieur. Au-delà, c’est le fait d’être
en formation dans un processus transitoire, d’être un indi-
vidu social en grande partie à venir. Aujourd’hui cependant
l’importance de la construction d’un projet professionnel,
l’obligation d’acquérir des expériences pratiques au cours
de son cursus et la nécessité pour un certain nombre
d’étudiants de financer leurs études, rendent la frontière
entre formation et vie active de plus en plus floue.
58
2 Crèche universitaire. Pessac-Gradignan offre aux étudiants un nouveau service,
Architecte Francis Guiyesse, 2011. en cohérence avec une interpénétration de plus en plus
© Université de Bordeaux.
marquée entre études et vie professionnelle.
un Désir D’urbanité
un autre trait essentiel du mode de vie étudiant, c’est la
séparation d’avec la cellule familiale.
Selon l’enquête « vie de campus » réalisée en 2011 par le
PRES-université de Bordeaux, 75 % des étudiants quittent
le domicile familial pour effectuer leurs études. Cette auto-
nomie a été prise en charge notamment par les politiques
publiques du logement étudiant, entraînant des plans de
construction de villages ou de résidences universitaires
à proximité des lieux d’enseignement. outre la vétusté de
certains logements qui n’ont pas encore été rénovés, les
étudiants souhaitent aujourd’hui une plus grande diversité
de logements sur le campus, ils souhaitent pouvoir y habi-
ter à plusieurs, accéder à des services, bref : ils ont un désir
de ville. La réflexion sur une offre de logements complé-
mentaires de ceux proposés par le CRouS a conduit au
projet de construction d’un immeuble comprenant des
vie de
campus
59
3
PLAINE DES
SPORTS
60
logements de courte durée pour l’accueil de chercheurs ou
de post doctorants en mobilité, mais également des loge-
ments de « colocation solidaire », pour lesquels les étu-
diants s’engageraient dans un projet utile à leur territoire
de résidence.
Un désir de sociabilité
et de convivialité
3 Résidence Émile Durkheim. Les deux caractéristiques évoquées plus haut convergent
Architecte Hugues Legrix vers un besoin de sociabilité intense, aspect qui a été insuf-
de la Salle, 2010.
© Université de Bordeaux.
fisamment pris en compte lors de la conception des campus.
L’autonomie dans les études comme dans l’organisation de la
vie personnelle tend à favoriser les rencontres, les échanges.
81 % des étudiants déclarent se retrouver très régulière-
ment chez des amis. L’université demeure un des derniers
lieux de brassage social avant que les identités ne se cris-
tallisent. Le succès manifeste des réseaux sociaux parmi
les étudiants témoigne de cet appétit de mélange et d’en-
richissement mutuel. Cette dimension de la vie étudiante a
souvent été reportée sur les villes et leurs attraits commer-
ciaux. Or cette prise en considération de la sociabilité des
étudiants constitue un enjeu fondamental pour le renou-
veau de la vie du campus. Certes, les espaces de convi-
vialité ne peuvent se décréter, mais l’écoute des attentes
particulières des étudiants conditionne la réussite future
des lieux dédiés à la vie de campus.
Les vestibules
de la vie universitaire
Dans le cadre de notre action de réhabilitation et de réap- 2 Aménagements projetés dans l’Atrium.
propriation prioritaire de tous les espaces communs du © Université de Strasbourg – Mission campus.
Infographie : R. Fischkandl.
campus et en nous inspirant de l’Aula du Palais universitaire,
nous avons décidé de donner à ces grands vestibules une
vie à la fois étudiante et universitaire. Notre modèle n’est
62
le campus
historique
l’atrium 63
tour
de chimie
learning
centre
64
pas l’espace silencieux de la bibliothèque, mais davantage
un espace partagé, pour discuter et se détendre librement,
où l’on se donne rendez-vous, où les conversations télé-
phoniques et les casse-croûte avalés sur un coin de table
sont autorisés. un lieu qui sert aussi à réviser un cours ou
à préparer un exposé en petit groupe, en somme un espace
accessible favorisant les échanges.
Nous avons emprunté au traditionnel Stammtisch10 alsa-
cien sa table longue et étroite et ses bancs. Nous allons
ajouter quelques prises électriques permettant une utili-
sation optimale des connexions WiFi indispensables à la
génération y, un éclairage adapté, des cimaises pour affi-
cher ou exposer momentanément des travaux, des points
de restauration et laisser l’architecture des bâtiments
s’imposer. Dans le vestibule de l’Atrium, la culture numé-
rique et la vue sur le parc sont privilégiées ; dans le vesti-
bule du Patio, les abords du grand amphithéâtre (qui sera
complètement rénové) sont naturellement favorisés ; dans
l’Aula des Mathématiques, l’accent est mis sur la circulation
entre les lieux de travail et les jardins environnants. à tra-
vers ces interventions modestes mais nombreuses, c’est
l’ensemble de la vie étudiante qui réinvestira les vestibules
des bâtiments universitaires du campus de Strasbourg,
offrant à tous des espaces de liberté, d’égalité et, nous le
souhaitons, de fraternité dans l’échange.
De la reconquête
Des vestibules Du xxe siècle
aux aménagements
Du xxie siècle
3 Tour de Chimie restructurée. Par delà la réappropriation et la réhabilitation des bâtiments
© Université de Strasbourg – Mission Campus. existants, l’opération Campus apportera à la vie étudiante
Infographie : R. Fischkandl.
de nouveaux services indispensables à une attractivité
renouvelée. Cette ambition passe aussi, dans le cadre d’une
démarche d’optimisation des surfaces affectées à l’univer-
sité, par des opérations de démolition et reconstruction,
voire par des opérations de nouvelles constructions.
L’ensemble de ces nouveaux lieux a été opportunément
distribué à l’intérieur de divers bâtiments entourant le parc
central. L’actuelle tour de Chimie sera totalement rénovée
et accueillera des logements universitaires sur cette partie
du campus qui en est dépourvue. à l’entrée Nord, la démo-
lition de l’actuelle bibliothèque Blaise Pascal et la construc-
4 Maison de l’étudiant – Learning Centre. tion d’une future « Maison de l’étudiant – Learning Centre »
© Université de Strasbourg – Mission Campus. permettra de regrouper divers services ouverts sur la ville.
Infographie : R. Fischkandl.
Au Sud, un nouveau Centre sportif sera prochainement édi-
fié. à l’entrée ouest, nous projetons de construire un Faculty
Club et un « hôtel des Chercheurs » en lien avec le quartier
de la Krutenau (véritable quartier latin strasbourgeois) et le
centre historique voisin.
un nouveau Destin
pour la tour De chimie
Construite d’après les plans de Roger Hummel et d’Alfred
Kronenberg de 1960 à 1965, la tour de Chimie est l’élément
phare du campus de l’Esplanade. Avec ses 69,6 mètres de
hauteur, elle est, après la cathédrale, l’immeuble le plus
10. Dans les régions de langue allemande, le Stammtisch est une tablée
traditionnelle qui permet à des amis de se retrouver.
65
haut de Strasbourg. témoignage audacieux de l’architec-
ture des trente glorieuses, emblème des ambitions et de la
modernité du campus lors de sa création, la tour fut par-
fois décriée mais est désormais ancrée dans la mémoire
centre
collective des Strasbourgeois. Mais elle ne répondait plus
aux exigences fonctionnelles et aux normes de sécurité et
d’accessibilité des activités de recherche et la construc-
sportif
tion, en 1999, d’une nouvelle école de chimie a accéléré sa
désertion.
66
un centre sportif
tourné vers Des activités
spécifiques et innovantes
5 Futur centre sportif. Cette opération implique aussi la restructuration complète
© Université de Strasbourg – Mission Campus. du centre sportif universitaire. L’implantation d’un nou-
Infographie : R. Fischkandl.
veau bâtiment offre une répartition nouvelle des activités
sur le site et l’opportunité de repenser radicalement l’offre
sportive. Les pratiques autonomes seront favorisées, sous
la responsabilité d’étudiants ayant suivi une formation
idoine. Les choix d’horaires, de partenaires et des niveaux
d’entraînement seront possibles, en particulier par la mise
en place d’un système inédit de réservation en ligne avec
« le Pass Campus Alsace12 ». Des sports spécifiques (han-
disports) et des disciplines particulières seront développés.
Des partenariats avec le quartier et les associations sporti-
ves locales sont très attendus.
faculty
club
12. unistra.fr.
LA viE ÉtuDiANtE
Au CœuR Du PRoJEt CAMPuS 2025
à GRENoBLE
claude schwartzmann
la mutualisation,
une traDition
De l’université De grenoble
Les universités de Grenoble ont une forte tradition de tra-
vail et de mutualisation, qui s’est concrétisée au fil des ans
par la gestion d’actions communes à travers des services
et des structures interuniversitaires. 1
Ainsi, dès 1972, dans le cadre d’une gestion interétablis-
sement, un service chargé de la maintenance régulière
des espaces et de l’aménagement a été mis en place sur
le domaine universitaire. il a en charge l’entretien des
espaces verts et urbains, des voiries et des réseaux, de la
sécurité, et il accompagne les missions de l’architecte et du
paysagiste-conseil préalables à tout permis de construire.
le grand
sportifs. Dès les années 1980, les missions et les équipes
de médecine préventive ont été rassemblées en un seul
service : le centre de santé interuniversitaire. quelques
années plus tard a été mis en place le Service accueil han-
dicap (SAH), dédié à l’accueil des étudiants handicapés sur
le site universitaire.
En 1992, la création du pôle universitaire européen a per-
mis d’étendre l’opération « un tramway nommé Culture »
lancée par l’université Pierre-Mendès-France, opération
destinée à développer les pratiques culturelles étudiantes
et à favoriser les échanges entre la ville et l’ensemble des
établissements d’enseignement supérieur grenoblois. Ainsi,
le pôle a lancé la première édition de « L’espace logement
étudiant », guichet unique d’accueil et d’accompagnement
des étudiants à leur arrivée sur le site universitaire.
Cette même année, un projet de « Maison des étudiants »
– porté par le collectif étudiants les « rEvEurs » et avec
le soutien du pôle européen – a démarré sur le site de
Saint-Martin-d’Hères – Gières et s’est achevé dix ans plus
tard, en 2002.
68
L’objectif des « rEvEurs » était de bâtir une Maison des
étudiants gérée par et pour eux.
Sachant qu’ils ne seraient plus étudiants à l’ouverture de
ce lieu, les initiateurs du projet ont travaillé pendant dix ans
pour les générations futures et – fait remarquable – se
sont, au fil des années, passé le relais jusqu’à l’ouverture au
public de l’Espace vie étudiante (EvE) en octobre 2003.
le rôle D’eve
aujourD’hui et Demain
Sur le domaine universitaire et au sein d’EvE, les activités
de la pépinière d’associations, le soutien aux associations
étudiantes, l’animation et la programmation culturelles
– qui incluent l’organisation d’événements publics –, le
1 Le Grand Café d’EVE. service aux étudiants et le Grand Café attestent du dyna-
© Université de Grenoble. misme de la vie de campus.
café
un peu à l’étroit et de restructurer et remettre aux normes
les locaux techniques et logistiques.
accompagner
la vie étuDiante
Grâce aux services de la direction de la vie étudiante, le
PRES-université de Grenoble accompagne ce dynamisme.
voilà ses différents objectifs :
– contribuer à l’intégration et à la réussite des étudiants
en favorisant l’ouverture sur la cité ;
– offrir un cadre de vie et des services de qualité (accueil,
information, accompagnement, santé, handicap, etc.) ;
– favoriser l’accès de tous les étudiants à la culture ;
– recenser et évaluer les besoins des étudiants, à travers
l’observatoire de la vie étudiante, par exemple, et les amé-
liorer dans une démarche de qualité ;
– et, enfin, encourager les initiatives étudiantes.
69
L’extension d’EvE est assurée par la direction du Dévelop- 2 Extension d’EVE.
pement et de l’Aménagement du PRES, qui a mis en place © Chapuis et Roger architectes.
le programme immobilier et d’aménagement urbain prévu
dans le cadre de l’opération Campus.
réaliser
un projet De site
une nouvelle étape a été franchie avec la création du GiP-
Grenoble universités, puis du PRES-université de Grenoble
en 2010. une forte volonté politique a permis de passer de
la mise en œuvre de l’action interuniversitaire à la réalisa-
tion d’un projet de site. à ce stade, l’université Grenoble-
Alpes ambitionne de devenir d’ici cinq à dix ans un pôle
international de tout premier plan. il s’agit aujourd’hui,
au-delà de son excellence, largement reconnue pour ses
résultats scientifiques et académiques, de poursuivre ses
actions en faveur de la qualité de vie étudiante.
eve extension
tions, citons :
– le renforcement des coopérations interuniversitaires
et la mutualisation des actions, dans le cœur de métier 2
comme dans les fonctions de support et de soutien afin
d’offrir les meilleurs services possibles aux étudiants et
aux personnels ;
– le portage et la mise en œuvre de l’opération Campus,
en collaboration avec les établissements, les organismes et
les collectivités territoriales, particulièrement dans le cadre
de la vie de campus.
une Dynamique
De vie étuDiante
menée en partenariat
L’université de Grenoble se donne pour objectif premier
en matière de vie étudiante l’intégration et la réussite des
étudiants. il faut pour cela :
– favoriser l’ouverture sur la cité et le territoire ;
– offrir aux étudiants un cadre de vie et des services de
qualité : pôle d’accueil, information, accompagnement des
étudiants, des chercheurs nationaux et internationaux
au cœur du campus, opération « Étudiants, bienvenue à
Grenoble » sur le campus et en ville, accompagnement
des étudiants en situation de handicap au SAH, services
de santé et de soins assurés par le centre de médecine
préventive de l’université de Grenoble, assistance infor-
matique aux étudiants, etc. ;
– favoriser l’accès à la culture pour tous les étudiants et 3 Manifestation culturelle étudiante.
les usagers par une programmation culturelle annuelle © Université de Grenoble.
en concertation avec les établissements d’enseignement
supérieur, les associations étudiantes et les structures
culturelles du site : « un tramway nommé culture »
(23e saison en 2012) ;
– encourager et accompagner financièrement les initia-
tives étudiantes telles que : l’opération « Étonnez-vous »
et la labellisation d’associations pérennes et fédératrices,
dont l’orchestre des campus et les chorales universitaires,
l’association étudiante éponyme gestionnaire d’EvE, la
BD-thèque du campus, etc.
70
3
une vie de campus
74
une démarche
TerrITOrIaLe
75
PARC CENTRAL
BORDEAUX
76
en partie effacés, mais que l’on doit redécouvrir : ce sont
des stimulateurs d’idées. À partir de l’étude des inflexions
du sol, de la compréhension de la pente du site, de la coupe
sur le relief, peut s’organiser un nouveau tracé, vecteur d’un
urbanisme émergent.
L’étendue des campus est le siège d’un système interrela
tionnel dynamique, aussi ses éléments doivent-ils être
considérés dans leur ensemble.
L’avancée
du Landscape urbanism
Il est plus aisé d’appréhender le territoire contemporain sur
lequel sont implantés les campus en s’appuyant sur les pro-
cessus et les techniques environnementales mis en avant
par le Landscape urbanism. L’« urbanisme paysage(r) »
abolit toute prédominance hiérarchique entre ces discipli-
nes, alors que le paysage était jusque-là communément
considéré comme assujetti aux autres disciplines, cantonné
dans un aspect cosmétique d’embellissement et de valori-
sation des espaces bâtis. La compréhension de ce moment
historique, où la question du paysage prend place dans les
débats et dans la majorité des projets, permet de clarifier
son implication, de mettre l’accent sur son rôle incitatif dans
la dynamique du projet et d’imaginer une transdisciplinarité
dans laquelle il aurait toute sa place.
77
Ce processus, d’ores et déjà engagé sur le campus de
talence à Bordeaux, permettra de réduire radicalement
la place de l’automobile et de mettre en œuvre le concept
de « parc structurant », traversant l’ensemble du site,
reliant toutes les institutions, mais aussi des mobilités
douces : voies piétonnes, tramway, cycles, etc. Ainsi, la
domestication de ces réseaux et la requalification du pay-
sage – associée à la création de polarités urbaines – vont
permettre à un nouveau cadre de vie plus attractif d’ap-
paraître dans le campus.
le paysage,
un socle vivant
Contre la tentative d’un aménagement trop volontaire d’un 3 La Garonne, futur espace public des habitants
site, l’acceptation de plages non (ou faiblement) colonisées du Grand Toulouse, agence TER.
© agence TER.
constitue pour le concepteur un nouveau défi et contribuera
à faire découvrir les dynamiques à l’œuvre – végétales,
hydrologiques, sociales. une grande partie de l’étendue des
campus pourrait redevenir un socle vivant.
La prise en compte et le traitement de plusieurs centaines 4 Seine Park, les différentes ambitions, agence TER.
d’hectares nécessite que l’on s’appuie sur leur passé pour © agence TER.
construire leur avenir : l’installation des campus sur d’an-
ciens terrains agricoles fertiles autorise leur réinterpréta-
tion à travers le concept de socle vivant, qui privilégie des
solutions fondées sur des notions de milieu, de biodiversité,
de gestion alternative. Ainsi un parc forestier, des jardins
partagés, des prairies humides ou sèches traversées de
cheminements pourront innerver les campus. Ce déve-
LE GRAND TOULOUSE
loppement du « vivant » prendra appui sur la végétation,
souvent très conséquente, qui existe sur les campus et
constitue, pour certains, un patrimoine arboré souvent
remarquable et sous-estimé.
78
repenser le territoire
À Différentes échelles
À partir Du campus
Les équipes multidisciplinaires se doivent d’apporter des
réponses qui dépassent le cadre des campus et prennent
en compte les transformations morphologiques de la ville
contemporaine.
Pour appliquer une démarche territoriale aux campus, il faut
d’abord réfléchir à partir des équipements existants alen-
tour et de tout ce qui peut entrer en synergie à proximité.
Par exemple, le campus de Lyontech – la Doua, plutôt
fermé sur lui-même, ne profite pas suffisamment de sa
position clé entre un parc public sur les bords du Rhône,
le centre ville de villeurbanne et la Cité internationale,
etc., un contexte de rêve pour une université d’excellence,
mais jusqu’ici sous-utilisé et que le projet va permettre de
déverrouiller. un système d’espaces publics, internes et
externes, sera alors mis en place et tissera de nouveaux
liens entre les établissements et son environnement.
Lier la planification et le projet, à différentes échelles, tant
locales que globales, aidera à sortir de l’alternative « pla-
nification ou projet », le temps de la planification et celui
de l’action pouvant non seulement se succéder mais aussi
se combiner.
L’expérience de l’iBA Emsher Park en Allemagne du Nord
(Ruhr), à cet égard emblématique, a démontré que le pay-
sage peut être la matrice d’une nouvelle culture associée
à une nouvelle pensée du processus de développement.
Mais l’iBA Emscher Park a également prouvé que la pla-
nification pouvait succéder au projet. Ainsi nous pourrions,
à partir des campus, lancer une dynamique qui trouve un
écho jusqu’au grand territoire.
–
seine
park
4
Création d’un parc central
à l’échelle de l’agglomération
de Bordeaux
Jérôme Goze
Un processus lent
de construction
du paysage universitaire
D’après l’article de la revue Architecture d’Aujourd’hui de 1 Maquette du campus par Louis Sainsaulieu en 1961.
1964, le travail de composition d’ensemble du site ne s’est @ Archive rectorat – Jean Biaugeaud.
réalisé qu’après la construction initiale et indépendante de
la faculté des Sciences. Comme le notent Maurice Culot
et Jean-Paul Midant dans leur étude1 sur le patrimoine
architectural et paysager du domaine universitaire, l’archi-
tecte René Coulon a d’abord conçu dès 1958 une première
tranche opérationnelle comme un ensemble cohérent.
Lorsque, en 1964, il a fallu étendre l’université, le nouvel
80
maquette du
campus
81
des lignes
de force
82
architecte coordonnateur Louis Sainsaulieu a établi un
plan d’ensemble.
Ce plan organise une trame urbaine autour d’un grand
espace vert traversé par quelques zones boisées selon un
axe est-ouest. La presque totalité des espaces verts de la
grande perspective est occupée par les terrains de sports
de chaque faculté, ce qui en assurera la pérennité et l’en-
tretien. Le projet est alors décrit comme « une cité linéaire
du savoir, dédiée au savoir et à sa transmission », inaugurée
pour sa première phase en 1960.
Le plan d’aménagement
de Tania Concko en 2006
2 Plan d’aménagement du campus En 2003, dans le cadre du contrat de projet État-Région
en 2006 par Tania Concko. 2000-2006, le constat établi par l’agence Concko est celui
@ Tania Concko.
d’une réalité urbaine plutôt dégradée et dysfonctionnante :
une emprise et une densité qui ne forment pas une entité
urbaine par le dessin de son bâti, un tissu urbain frag-
menté, un paysage mal défini, voire médiocre.
83
3
Le schéma directeur
immobilier et d’aménagement
de l’Université de Bordeaux
De 2008 à 2010, le PRES-Université de Bordeaux a tra-
vaillé à la production de son schéma directeur immobi-
lier et d’aménagement. Fraîchement lauréate de l’appel à
projet national Opération Campus, il s’agissait aussi pour
l’Université de renouer avec les questions d’aménagement
à travers ses objectifs en matière de vie de campus.
En 2011, une grande enquête auprès des étudiants a été 3 Plaine des sports.
menée par l’Université autour de la question de la vie de @ Zoé Fontaine, 2010.
campus, des temps des études et des loisirs. Outre la fonc-
tion universitaire du sport comme une discipline encadrée,
des attentes simples émergent : envie de pouvoir faire du
sport entre deux séquences d’études, pouvoir se prome-
ner dans la « cité linéaire des sciences et du savoir », et
« faire ville », tout simplement. Et, pour faire ville, il faut
aussi « faire parc ».
84
les étuDes De programmation
et De conception urbaines
Le lancement des études de programmation et de concep-
tion à la fin 2011 avait un double objectif : conforter la
programmation universitaire et urbaine, et formaliser
un « plan guide » définissant les qualités architecturales,
paysagères et urbaines à obtenir. Ce lancement s’est réa-
lisé avec le soutien sans faille des collectivités locales.
La co-maîtrise d’ouvrage, constituée par le PRES et les
acteurs de l’agglomération, bientôt rejointe par le Conseil
régional d’Aquitaine, partage ces ambitions urbaines avec
les universités. L’accompagnement de cette démarche
plaine des
par l’État renforce la cohérence de ce travail partenarial.
Cette étape garantira à l’université ainsi qu’à ses parte-
sports
naires le portage dans le temps des ambitions partagées,
la cohérence des investissements publics à consentir, ainsi
que leur pérennité. Ce travail de plan guide débouchera
directement sur le lancement de maîtrises d’œuvre afin
de concrétiser rapidement certains espaces publics, dont
le parc central, dès lors que les questions concernant les
attentes des futurs bénéficiaires, les fonctions urbaines à
remplir, les usages à encourager – mais aussi les questions
liées à l’entretien, la maintenance voire l’exploitation –
auront été traitées.
4 Plaine des sports par Signes Ouest et 2PM. Cette démarche est illustrée par la recomposition urbaine
@ Signes Ouest et 2PM, 2011. de la plaine des sports Monadey, qui traite la question des
équipements sportifs, comme outils de travail des ensei-
gnants. Elle brise enfin la monofonctionnalité de ces équi-
pements en les ouvrant sur la ville et sur des pratiques
sportives urbaines non encadrées.
Plus largement, le campus s’ouvre sur la vie en métropole,
tout simplement.
–
Un campus vert et ouvert
à Strasbourg
Édouard Manini
Autour d’un grand « parc central » de 13 hectares, les bâti- 1 Futur parc central.
ments emblématiques du campus de l’Esplanade vont être © Conception : Digitale paysage.
Infographie : R. Fischkandl.
rénovés et des constructions neuves issues de l’Opéra-
tion Campus seront déployées. L’ambition de ce projet est
d’opérer un véritable renouveau du campus. Barcelone a
su, il y a plus de vingt ans, prêter aux grands projets et aux
espaces publics la vertu d’influer sur la vie urbaine, en y
inscrivant de nouveaux usages et en suscitant de nouvelles
activités économiques et sociales. Le cœur du campus 1
de l’Esplanade, essentiellement occupé par les voitures,
nécessitait une transformation capable de bouleverser le
cadre de vie des nombreux étudiants, usagers et riverains
du campus, mais aussi de renouveler son image qui s’était
lentement dégradée.
86
futur
parc central
plan
historique
de
strasbourg
87
un campus
plus vert
88
D’espace tour à tour naturel, agricole ou militaire, le site
trouvera au fil du temps sa vocation universitaire et s’affir-
mera comme lieu d’enseignement et de recherche. D’abord
sous l’impulsion des architectes Conrath et orth, qui ont
dessiné les plans d’extension de la ville, et de Hermann
Eggert qui, en 1878, dota le campus d’un ensemble de
« palais » ordonnancés autour d’un premier parc de facture
classique2, d’alignements arborés et d’un jardin botanique.
Puis avec les architectes et urbanistes Charles-Gustave
Stoskopf et Roger Hummel3 qui, quatre-vingts ans plus
tard, conçoivent respectivement le quartier et le campus
de l’Esplanade comme un ensemble résolument moderne,
avec ses nouveaux bâtiments (tour de Chimie, facultés de
Droit, de Mathématiques et d’informatique, de Lettres et
Sciences humaines) qui auraient dû encadrer un grand parc
central. Ce dernier ne verra jamais le jour, dissout dans un
aménagement fonctionnel et de circonstance, aujourd’hui
presque exclusivement assujetti à la voiture.
un projet ouvert,
itératif et interactif
« Planifier en figeant progressivement et collectivement »,
telle est la méthode de travail que nous avons adoptée
pour élaborer notre projet. Enrichi au fil des contributions
et approprié par le plus grand nombre de publics au sein
de l’université, ce que nous appelons le « projet ouvert4 » a
permis de définir une ambition, de déterminer les grandes
orientations stratégiques, les contours des opérations
prioritaires et les variables de négociation.
3 Plan de référence du parc central. un premier dessin, volontairement non technique, a servi
© E. Manini. de support aux échanges menés avec chaque porteur de
projet et la plupart des bénéficiaires (étudiants, enseignants
et chercheurs, personnels, associations). De ce dessin ini-
tial ont émergé des principes de compositions paysagère,
architecturale et urbaine et le fil conducteur de ce projet :
favoriser l’émergence d’un campus plus vert et plus ouvert.
4 Des réalisations immédiates. Parallèlement, une première esquisse du parc (le plan de
© Photographie : P. Untereiner – J. Brion. référence) réalisée en régie a permis d’ouvrir le débat sur
les principales intentions d’aménagement et d’ajuster les
futures constructions en fonction des programmes et des
enjeux d’urbanisme, de rayonnement et de repositionne-
ment attendus.
89
événements médiatiques tels que « Les journées du patri-
moine ou de l’architecture », « Les assises européennes du
paysage5 » ou « La semaine européenne de la démocratie
locale6 », des événements de rentrée comme « L’agora de
la rentrée universitaire7 » ou la manifestation « Strasbourg
aime ses étudiants8 ».
90
Ces aménagements accordent une large place à la biodi-
versité et la préservation de l’environnement. ils prévoient,
entre autres, l’absorption des eaux de pluie et excluent
l’usage de produits phytosanitaires lors de leur entretien.
lignes
En outre, les travaux paysagers en surface seront réalisés
après dépollution des sols et remplacement des anciens
réseaux enterrés. La palette végétale n’a pas été rete-
nue en fonction de données exclusivement esthétiques.
D’autres critères touchant à l’écologie, à la nature du
sol du site et au mode de cultures locales ont été pris en
compte et ont permis d’identifier (avec l’aide des person-
nels du jardin botanique) des espèces indigènes ou natu-
de mobilier
ralisées, qui nécessitent un minimum d’entretien.
6
Un nouveau paysage
pour le campus de Toulouse
Grand-Sud-Est
Christophe Sonnendrücker
valorisation
des espaces publics
Le PRES-Université de Toulouse, conscient des enjeux
d’une politique urbaine d’ouverture du campus à la ville
après quarante d’ans d’isolement, de la nécessité d’amé-
liorer la vie de campus, a associé aux opérations immo-
bilières un programme de mise en valeur urbaine et
paysagère des espaces publics.
Ce rapprochement tire profit d’une situation aujourd’hui
propice à une vision commune, dans laquelle le projet
d’agglomération et l’Opération Campus convergent sur le
fait que l’espace urbain, bien que géré et entretenu avec
des améliorations notables sur certains sites, a longtemps
été délaissé en tant que véritable « espace de projet ».
Désormais, les espaces naturels, les espaces publics et de
loisirs sont considérés comme les éléments marqueurs
de l’identité du nouveau campus de Rangueil.
L’héritage négligé
du canal du Midi 1
Avec une surface équivalente au centre historique de 1 Le campus traversé par le canal du Midi.
Toulouse, le campus universitaire de Rangueil, qui accueille © Dominique Viet.
pas moins de 30 000 usagers, est comparable à une ville
comme Cahors, Périgueux ou Albi. Cet ensemble considé-
rable, inclus dans une métropole dynamique d’un million
d’habitants et situé entre les vallées de la Garonne et de
l’Hers, est traversé par le canal du Midi, ouvrage emblé-
matique classé au patrimoine de l’Unesco.
92
le campus
le canal du midi
structure
du territoire
Continuité paysagère autour du canal du Midi
2 La Garonne
93
3
la ville
L’axe institutionnel
94
prise en compte progressive
Jardins et milieux spécifiques ponctuels
De l’échelle territoriale
Paysage stabilisé structurant Ce n’est que progressivement, au fil des années, que le
« grand paysage » s’est affirmé comme élément d’identité
Parc habité du campus de Rangueil. Le premier schéma d’aménage-
ment de 1993, aux intentions trop prescriptives et régle-
Parc habité potentiel mentaires, fut actualisé en 1999 sur de nouvelles bases. il
s’agissait de doter le campus d’une véritable infrastructure
Séquences transversales
de liaison entre ses sites et le reste de l’agglomération, de
Paysages de coline
redonner à l’espace public un rôle fondateur, d’aménager
des pôles de vie, de gérer les accès et de réorganiser le
Rivière et infrastructure stationnement en vastes cours plantées.
95
les principes D’aménagement
Les principes d’aménagement proposés par Frédéric Bonnet
se structurent autour de 4 figures d’appui urbaines et pay-
sagères qui mettent en valeur le futur « parc urbain » :
– le canal du Midi devient le cœur vert du projet, l’élément 5 Le canal du Midi.
d’identité relié au reste de l’agglomération ; © Obras Architecte-urbaniste.
– l’axe nord-sud, nouveau lien entre l’université et le
monde économique (« l’entreprise et l’innovation »). à la
fois connecté à la ville et au centre du site, il pourra
accueillir des pépinières d’entreprises ou des laboratoires
un cœur
vert
de recherches associés aux activités du campus. C’est
d’ailleurs sur cet axe que sera implantée la « Maison de la
recherche et de la valorisation » ;
– l’axe est-ouest est celui de la représentation institu-
tionnelle, soulignée notamment par la présence du bâti-
ment de l’administration de l’université Paul Sabatier ;
– une frange d’interface avec les quartiers environnants,
où sont réparties les diverses entrées du campus.
DES Séqu
équEEncES
ncES
paySSagèrES
pay
98
LE POtENtIEL
ARCHItECtURAL
Et URBAIN
DES CAMPUS
–
5
Paradis
Bruno Fortier
Ce que l’on y lit depuis – ce qu’il arrive que l’on y retrouve
dès lors que l’on s’est soucié d’y mettre un peu d’ar-
gent – c’est donc cette générosité : un vallon, des bos-
quets, le contour paresseux d’un étang. La plupart en ont
joué, aucun ne les a ignorés : ils s’étirent, nous épuisent,
beaucoup sont encore étonnants (à Caen un paysage, à
Grenoble un galet, amphithéâtre de guingois sur un grand
tapis noir et blanc). Mais voilà, ces campus ont leur âge
et les années 1960 – leurs constructions surtout – ont
imprimé une sécheresse qui fait que l’on y passe sans vrai-
ment les aimer.
1
Tous, c’est vrai, ne sont pas en danger. On les a financés,
on les a laissés là (après tout, le travail était fait), mais
la plupart du temps sans bien se rendre compte à quel
point on était allé vite et à quel point surtout leur projet se 1 Campus du Triolet à Montpellier.
cherchait. À Montpellier, un sol, des portiques, des patios : @ Styles Architects.
un début de paradis, au détail près de « barres » que per-
sonne n’a entretenues et qu’il faut retaper ; à Marseille,
un village (des maisons, des hameaux…) et, en face, de
l’autre côté d’un vallon, deux longs prismes orphelins. 2 Campus du Mirail.
Sans parler du Mirail et de l’idée baroque qu’au centre d’un @ atelier choiseul.
quartier à donner le tournis, l’université, elle, pouvait être
une médina : mélange d’acacias et de pins, et méli-mélo
de coursives au beau milieu duquel, passés des amphi
théâtres spartiates, on monte pour retrouver un tapis de
terre cuite et la même lumière tamisée.
100
montpellier
le triolet
toulouse le mirail
101
bibliothèque
grenoble
102
Premier enjeu donc : les faire vivre. Autre urgence : les
doter d’un projet. or si rien n’est perdu (ils ont désormais
le tramway), si les crédits arrivent – missions, milliards,
concours et PPP – il reste qu’un danger les guette et que
ce que l’on s’apprête à y mettre – ici un bâtiment, vert
pomme de préférence, et là, au contraire, un îlot – risque
fort de ne pas tout à fait s’appuyer sur ce qu’ils ont eu
de précieux : la générosité d’abord, l’idée un peu désuète
(mais est-elle si mauvaise ?) que leurs murs ne devaient
jamais se toucher. La rigueur aussi, le béton ; une grandeur
sans détails, le mépris des colifichets… or, si distendus que
paraissent ces campus (tous ont été des acropoles ; presque
aucun n’a tenté le tissage, cherché à continuer la ville ou
à lui ressembler) ; si étranges finalement au moment où la
densité est une obligation, c’est bien cette volonté de n’être
pas des villes, du moins pas tout à fait, qui les aura mar-
qués. ici un zeste de Beaux-Arts (de longs axes, des allées) ;
là l’inverse, tout un discontinu d’objets, le tout formant un
univers difficile à appréhender (les universitaires hésitent,
les grands ensembles sont-ils si différents ?). à ceci près
que les architectes d’alors en ont fait des tableaux : pas
de quoi accueillir venturi, encore moins de quoi hési-
3 BU du campus de Grenoble, ter (Louis Kahn et ses caprices, Mies van der Rohe et les
architecte Olivier Cacoub. 18 versions du campus du Mit).
@ Styles Architects.
on est allé très vite : les trames ont remplacé les banches,
les panneaux se sont alourdis, les plus fins ont fini par
rouiller. Mais les bâtiments restent, sculpturaux, émou-
vants : les capiteux, les lourds, les vifs et les légers (celui de
4 Façade avec des panneaux Prouvé à Lyon, ceux d’Albert à Jussieu…). Anthologie peut-
de Jean Prouvé,
campus de la Doua à Lyon. être, mais qui mériterait que l’on s’y penche et l’examine
@ Styles Architects. un peu mieux.
Bien sûr, cet enjeu est second – les campus ont besoin d’un
futur, de laboratoires qui se tiennent, de bibliothèques où
dîner… Sans doute aussi toute cette histoire de plan est-
elle un peu trop compliquée. on voudrait de la ville, voilà
qu’il faudrait faire l’inverse : garder ces paysages, profiter
des rénovations pour retrouver telle vue, tel porte-à-faux
sous lequel le regard s’échappait et que l’on a bouché pour
y installer des bureaux… Mais – quitte à le dire vite – l’un
des grands enjeux des campus ne réside pas tant dans
le fait d’accueillir de nouveaux bâtiments que dans celui
de retrouver les Arcadies modernes que les années 1960
avaient imaginées.
Peut-être leur faut-il de l’argent ? il faudrait surtout des
projets, un soin que les campus n’ont pas eu, et les veilleurs
partout présents – à Shanghai, à oxford et à Columbia – que
sont les jardiniers.
–
lyonTECH – la doua
jEan prouvé
Mise en valeur
du patrimoine universitaire
d’Aix-en-Provence
Christophe Bienvenu
Des bâtiments
témoins de l’histoire
de l’université
À l’entrée nord du site apparaît la faculté de Droit et 1 Vue de la Faculté de Droit
Lettres1, datant de l’après-guerre. Fernand Pouillon y met et Lettres de Fernand Pouillon.
@ Styles Architects.
en scène ce qu’il appellera sa « monstrueuse Villa Médicis ».
Cet architecte y signe en outre l’un de ses bâtiments
les plus marquants du site, la bibliothèque universitaire de
Droit, labellisée patrimoine du XXe siècle.
Dans les années 1960, alors que se développe l’université 2 Maquette de la Faculté de Droit
de masse, l’architecte René Egger conçoit dans sa partie et Lettres de Fernand Pouillon.
@ Styles Architects.
sud le statutaire bâtiment des Lettres et la bibliothèque
universitaire. La logique d’industrialisation de son procédé 1
constructif, décliné sur d’autres sites universitaires, mon-
tre ses faiblesses dès la livraison des ouvrages. À la veille
de mai 68, les étudiants découvrent un bâtiment massif,
austère et labyrinthique, voué à une dégradation rapide.
L’Opération Campus pose la question du devenir de cette
construction, peu appréciée par ses utilisateurs, mais visible
depuis l’entrée de la ville et donc constitutive du paysage
urbain d’Aix-en-Provence.
Où placer le curseur
entre muséification
et restructuration brutale ?
Le sujet fut soumis à des spécialistes : fallait-il aborder ce 3 Plan d’ensemble du site des universités
bâtiment comme une œuvre intouchable et le muséifier de Droit et Lettres réalisé par René Egger.
@ Styles Architects.
jusqu’au calepinage des pierres collées en façade, ou, à l’in-
verse, ne conserver que le nécessaire et mettre l’ensemble
au goût du jour, la vérité étant entre deux ?
Le schéma directeur mené par le rectorat de l’acadé-
mie d’Aix-Marseille préconisait certaines orientations.
104
FACULTÉ
DE DROIT
ET DE LETTRES
3 PLAN
DU SITE ACTUEL
105
LIGNES
ET RYTHMES
rÉHabiliter
avec respect
106
4 Façade de la faculté des Lettres De même, l’étude d’urbanisme réalisée par le cabinet
de René Egger. 2DKS dans le cadre de la préprogrammation conduite par
@ Styles Architects.
Florence Dalibard développait un concept attrayant. Mais
ces études restaient sans légitimité en matière de conser-
vation du patrimoine historique.
Le comité d’orientation stratégique (COS) mis en place
par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la
Recherche a ici joué pleinement son rôle de conseil. En
effet, M. Bruno Fortier, architecte membre du COS, a solli
cité l’expertise de l’architecte Paul Chémétov, fin connais-
seur de l’architecture des années 1960, avis auquel se sont
ajoutés ceux de Maurice Culot et de Jean-Paul Midant,
architectes historiens de l’architecture, qui ont mené une
étude patrimoniale sur 10 campus2.
Un projet partagé
La reprise des façades
5 L’état actuel de la façade Les façades du bâtiment d’Egger sont dans un état de
du bâtiment de René Egger. dégradation avancée qui masque aux usagers les qualités
@ Styles Architects.
du dessin original. Il est donc souhaitable d’en préserver
les éléments fondamentaux :
– les lignes de force et les proportions ;
– le rythme des poteaux créant un ordre monumental serré ;
– la masse du socle sur 2 niveaux, coupée par la barre dont
le travail sur les nus de façades crée un ordre à la fois ver-
tical (maintien de la trame) et horizontal (changement du
thème sur les 3 niveaux hauts) ;
– l’étage d’attique avec voûtains en partie périphérique.
107
De même, un bâtiment récent occupe le patio central d’ori-
gine. Sa démolition et son remplacement par un aména-
gement végétal maîtrisé remettraient en valeur la clarté
néo-classique de la conception d’origine. Le patio sud pourra
bénéficier d’un traitement adapté à sa fonction de restau-
ration des personnels et de lieu d’échanges informels.
Par ailleurs, l’étroitesse des terrasses – encombrées par
des édicules et des gaines – et la nécessité de prévoir des
chemins d’entretien empêchent l’installation de panneaux
photovoltaïques. Les toitures terrasses, visibles depuis les
étages et les environs, seront traitées comme une cin-
quième façade.
La rénovation intérieure
Il serait regrettable de démolir les sols en terrazzo utilisé
pour ce bâtiment. Les concepteurs s’inspireront donc de
ce matériau, à la fois souple dans sa mise en œuvre et
pérenne ; ils sont invités à proposer des ambiances dyna-
miques, sensuelles et colorées, et à prescrire des systèmes
durables low-tech.
Extension du concept
à l’ensemble du campus
Ces principes de mise en valeur d’un bâtiment remar-
quable du campus ont guidé l’élaboration du programme
suivant :
– identifier et revenir aux intentions premières de l’archi-
tecte pour les confronter à la réalité des usages ;
– conserver et magnifier celles qui vont dans le sens de la
vie de campus ;
– nettoyer, dans la mesure du possible, les scories qui
masquent la force du message ;
– ancrer le campus dans son territoire en utilisant des réfé-
rences urbaines locales, notamment les places et les fontai-
nes si nombreuses à Aix-en-Provence ;
– construire peu, mais là où une architecture novatrice
permet, par contraste poli, d’entrer en résonnance avec le
patrimoine bâti ;
– et, surtout mettre, en scène l’usager.
108
La structuration du contrat
de partenariat
Ce projet, très ambitieux, requiert des compétences de haut
niveau et 3 sensibilités distinctes correspondant aux
3 ensembles immobiliers :
– une compétence en urbanisme, paysage, urban-design
et architecture, ainsi qu’une capacité à créer un lien fédé-
rateur entre les différentes architectures du site ;
– des compétences en rénovation de bâtiments patrimo-
niaux et en aménagement de bibliothèques ;
– une sensibilité particulière pour les bâtiments des années
1960, une expérience en matière d’opération universitaire
et une capacité à créer des espaces intérieurs dynamiques,
colorés et pérennes dans un budget contraint.
Un campus enclavé
Enserré entre une digue de protection contre le Rhône
au nord et des quartiers ouvriers au sud, le site marquait
1
alors une limite de la ville. Enclos, il n’a pas été pensé
comme un quartier de Villeurbanne, mais comme une
entité autonome tournant le dos à la ville, voire comme
plusieurs entités ayant chacune sa composition urbaine :
l’INSA autour d’un grand espace partagé entre pelouses
et aires de stationnement, pour les bâtiments de recher-
che et d’enseignement ; la faculté des Sciences (aujourd’hui
composante de l’université Claude Bernard Lyon 1) autour
d’une voirie centrale ou du square Évariste Gallois, avec
une composition propre pour chaque département de bio-
logie, de chimie et de physique.
Situé hors la ville, la place de la voiture y est logiquement 2 Plan masse d’intention
importante, et le piéton est invité à profiter des grands de Jacques Perrin-Fayolle vers 1963.
© Styles Architects.
espaces laissés ouverts avant de regagner son véhicule…
La densité y est faible – 0,45 aujourd’hui – et les terrains
de sports nombreux.
Une réhabilitation
en lien avec la ville
et la communauté urbaine
L’appel à projet lancé par le ministère de l’Enseignement
supérieur et de la Recherche en 2008 a été l’occasion
d’engager une réalisation d’envergure, comparable au
projet initial : restructurer le campus et réhabiliter 40 % du
patrimoine bâti. Ce projet s’est inscrit dans un contexte
110
campus
Lyontech
Faculté
des sciences
111
3
Quartiers
4 scientifiQues
scientifi
112
par ticulièrement porteur, avec une volonté des collectivités
de mieux intégrer l’université dans la ville, avec un renfor-
cement des coopérations et des mutualisations entre éta-
blissements d’enseignement supérieur et de recherche, la
responsabilisation de ces établissements et la convergence
des opinions sur les enjeux du développement durable
et les « bonnes pratiques urbaines ». Cet appel à projet a
permis, au regard des pratiques précédentes dans le cadre
des contrats de projet État-Région, une approche globale
particulièrement propice à la mise en œuvre de solutions
cohérentes.
l’affirmation
D’une iDentité De campus
à l’échelle de l’agglomération, le Grand Lyon et le syndicat
mixte du schéma de cohérence territoriale (SCot) de l’aire
urbaine de Lyon ont souhaité intégrer au SCot la théma-
tique de la recherche et de l’enseignement supérieur. La
création du Pôle de recherche et d’enseignement supérieur
(PRES) université de Lyon a facilité cette réflexion et l’éla-
boration d’un schéma de développement universitaire (SDu)
pour l’agglomération. Approuvé en 2010 par le conseil
d’administration du PRES et le conseil de communauté
urbaine, il identifie 6 campus dont les 2 campus « moteurs »
Lyontech – la Doua et Charles Mérieux, leur reconnaît des
identités propres et pose les principes d’une meilleure inté-
gration dans les politiques territoriales (urbanisme, déve-
loppement économique, déplacements, logement…).
la recomposition urbaine
Du campus
à l’origine, le campus a donc été conçu dans une logique
de composition organisée autour de ses principaux centres
d’activité. Accessible par des entrées limitées et contrôlées,
le campus était entouré par une voie de circulation inté-
rieure. La réalisation du tramway t1, mis en service en
2001 et le traversant d’ouest en est, a été l’occasion d’un
débat important sur cette question de l’ouverture (ou non)
113
du campus. Le choix retenu a été de faire pénétrer le tram-
way sur le campus, les contrôles d’accès ont été enlevés et
les murs d’enceinte pour partie supprimés. Le campus a
ainsi été globalement ouvert à la circulation automobile. un
premier schéma directeur, élaboré en 2001, a permis d’in-
tégrer le tracé du tramway et de redessiner les nouvelles
portes d’entrée du campus. une première hiérarchisation
du réseau de voirie a permis d’identifier les voies ayant
vocation à intégrer le domaine public communautaire, dont
deux sections ont fait l’objet d’aménagements dans le cadre
du contrat de projet État-Région.
rue de la physique
pour les piétons et les cycles.
modes d
quartiers thématiques apportera aussi de la lisibilité,
notamment pour les visiteurs. Les espaces publics seront
redéfinis à l’échelle des quartiers et disposeront chacun d’un
pavillon ouvrant sur l’axe vert. Porte d’entrée sur le quar-
tier, il offrira des services communs (accueil, hall d’exposi-
tion, salle de soutenance de thèse, etc.).
un campus ouvert
et accessible aux riverains
L’ouverture sur la ville suppose d’abord un meilleur maillage
avec les quartiers limitrophes. il n’y pas aujourd’hui de
continuité entre le réseau viaire au sud du boulevard du
11-Novembre et le campus. Le schéma directeur de 2009
prévoit donc la mise en place d’accès piétonniers, voire
114
oux cyclables dans le prolongement des rues et des passages
piétons. En particulier, une allée piétons et cycles séparés
sera créée depuis le sud du campus jusqu’au pied de la
digue au nord, proposant ainsi aux usagers du campus un
accès aisé depuis le centre de villeurbanne, et aux habi-
tants un cheminement protégé jusqu’à la digue puis, au-
delà, au parc urbain naturel de la Feyssine.
6 Rue de la Physique. à une échelle plus large, les pistes cyclables prévues sur le
© Agence APS. campus s’inscrivent dans le plan « modes doux » arrêté par
le Grand Lyon. La desserte du campus, satisfaisante depuis
les pôles de correspondance de villeurbanne – Charpennes
et de Lyon – Part-Dieu par le tramway t1 (et bientôt par
le tramway t4) sera renforcée par la réalisation, pré-
vue au plan de déplacements urbains de l’agglomération,
d’une nouvelle ligne forte reliant le campus au centre de
villeurbanne et au sud-est de Lyon. Le schéma directeur
de 2009, repris par le schéma de développement universi-
taire de l’agglomération, pose le principe du prolongement
de cette nouvelle liaison vers la Cité internationale située en
limite nord-ouest du campus et permettra de rejoindre la
rive droite du Rhône en empruntant une correspondance.
Le schéma propose aussi le prolongement du tramway
t1 vers l’est de villeurbanne et la ville de vaulx-en-velin.
Ainsi, le campus cessera d’être un terminus et deviendra
un quartier desservi par les transports en commun dans les
quatre directions.
–
PARtiR Du PAtRiMoiNE
PouR CoNStRuiRE L’AvENiR
Du CAMPuS DE touLouSE
GRAND-SuD-ESt
christophe sonnendrücker
quatre Décennies
D’une granDe stabilité
L’essentiel du bâti a été mis en place dans les années 2 Datation des bâtiments du campus
1960. Jusqu’aux années 1980, le site central ainsi que les et infrastructures.
© Styles Architects.
parcelles périphériques sont peu modifiés et conservent
une grande cohérence. Ce ne sera plus le cas avec les
constructions nouvelles du « Plan université 2000 ».
Aujourd’hui se dégagent 2 grandes phases dans l’histoire
du campus universitaire de Rangueil : celle de son implan-
tation dans les années 1960 et, actuellement, son inscrip-
tion dans une vision à l’échelle de l’agglomération. 2
En 1982, le campus se dote d’un schéma directeur, ensuite
d’une charte universitaire, puis d’un PoS. La trame
116
campus
de rangueil
1
Datation
Des
bâtiments
117
le cycle
de vie
des bâtiments
3
réhabilitation
et extension
118
orthogonale devient le principe reconnu de la coordination
des lieux à toutes les échelles. Entre 1990 et 2000, les
plans des architectes Bonnet et villien s’appuient à la fois
sur l’héritage d’une spatialité moderne et sur une trame
d’îlots évoquant la ville constituée. Cet effort consistant
à qualifier les espaces extérieurs comme de véritables
espaces collectifs se poursuit aujourd’hui avec l’opération
toulouse Campus1.
l’opération
De la bu Des sciences :
un signe précurseur
Des nouveaux enjeux
Alors que l’espace urbain du campus est fortement sollicité
au gré des nouvelles constructions, l’architecture des années
1960 n’est que peu modifiée : on a plutôt construit et densi-
fié là où c’était possible et la question des réhabilitations ou
des rénovations lourdes ne se posait pas encore.
La donne change au début des années 2000. L’évolution des
effectifs, les changements dans les pratiques pédagogiques
et scientifiques, la réalité du cycle de vie des bâtiments, etc.,
incitent la communauté universitaire à intervenir sur l’exis-
3 La Bibliothèque à son origine. tant. Ainsi est entreprise la réhabilitation / extension de la
© Styles Architects. bibliothèque universitaire des Sciences, un des bâtiments
les plus emblématiques du paysage de Rangueil.
4 La Bibliothèque après sa réhabilitation. Cette construction a été rénovée et agrandie entre 2003
© Styles Architects. et 2009 par les architectes toulousains Espagno&Milani.
Ce chantier a été l’occasion de prolonger le hall de lecture
par un édifice de qualité, aux lignes sobres. La position
et le traitement du volume initial confèrent à ce bâti-
ment un rôle monumental dans la perspective majeure
du campus.
119
la MRv et d’autres prouvent qu’il est possible d’intervenir
sur le bâti existant à condition que le programme l’ait
prévu dès l’origine, car le système constructif conditionne
fortement les capacités d’accueil du bâtiment face aux
normes et à la réglementation actuelles.
la prise en compte
Du patrimoine universitaire
Dans le caDre Des ppp
La prise en compte du patrimoine dans les grandes opéra-
tions PPP demande stratégie et méthode. Cette démarche
a pour mission le maintien d’une vision urbaine et architec-
turale tout au long de la chaîne de production décisionnelle,
du règlement de la consultation à celui de l’urbanisme. une
règle, à la fois coercitive, assurant la diversité des équipes
de concepteurs au sein des groupements PPP, mais aussi
incitative : elle oblige à prendre pour socle du projet l’in-
ventaire approfondi réalisé par Maurice Culot et Jean-Paul
Midant dans leur étude patrimoniale du site3. Bâtiments remarquables
Bâtiments à signaler
inscrire la stratégie urbaine dans la durée
Les opérations réalisées en PPP sur le site de Rangueil s’ins- Constructions courantes
patrimoi
volume de surfaces à traiter (31 000 m² SHoN), voire de
la technicité des bâtiments à construire. Certains d’entre
eux nécessitent des méthodes et des savoir-faire spécifi-
ques, et la conception des bâtiments doit tenir compte de
la variété des besoins. Afin d’éviter l’uniformisation des
immeubles à construire, de mettre en œuvre leur diver-
sité et de tenir compte de la complexité du projet, le PRES
a demandé aux groupements candidats de présenter une
architectural
équipe comprenant au moins 3 architectes pour la concep-
tion des 5 opérations concernées.
Faire réaliser ces ouvrages par des architectes différents
vise à une meilleure adaptation des constructions aux
besoins des usagers, grâce au dialogue engagé entre le
concepteur et les principaux utilisateurs. trop souvent
ce dialogue est restreint lorsqu’il s’agit pour un même
concepteur de réaliser plusieurs immeubles dans des
délais contraints.
120
Le guide de recommandations qui prolonge cet inventaire
définit une stratégie de mise en valeur du patrimoine archi-
tectural de l’ensemble.
Dans un complément à l’édition de son dossier d’expertise
initial, le PRES a insisté pour que les partenaires privés
respectent ces recommandations.
Ainsi les bâtiments et les ensembles urbains, architectu-
raux et paysagers considérés comme « remarquables »
doivent faire l’objet d’une étude historique préalable à
leur transformation. Ceux dits « à signaler » doivent être
ne
considérés avec attention : il sera demandé aux équipes
de concepteurs appelés à intervenir de prendre en compte
leur forme première dans leur projet.
aDapter le règlement
D’urbanisme aux principes
patrimoniaux et paysagers
Parallèlement, afin de s’assurer d’une certaine autorité
et légitimité en matière de réglementation urbaine, les
grands principes exposés dans les recommandations de
l’inventaire et dans le schéma directeur ont été appliqués
dans l’orientation d’aménagement et de programmation
(oAP) de Rangueil en vue de la prochaine révision du PLu
de la ville de toulouse. opposable au tiers, l’oAP assure
la conservation des principes patrimoniaux et paysagers
à valoriser ou à créer, dont les éléments bâtis ou natu-
rels, ainsi que les principes de qualité architecturale et de
formes urbaines.
–
annexes
LEXIQUE
–
contributeurs
LEXIQUE
Animafac EPHE
Réseau national d’associations étudiantes créé en 1996 École pratique des hautes études.
dont le slogan était « Anime ma fac ».
Équipex
BHNS Équipement d’excellence. Équipement de recherche
Bus à haut niveau de service. retenu, à l’issue de l’appel à projets lancé en juin 2010,
dans le cadre du programme « Investissement d’avenir ».
BU
Bibliothèque universitaire. ESO
European Southern Observatory [Observatoire européen
Cemagref austral].
Centre national du machinisme agricole, du génie rural,
des eaux et des forêts, devenu « Irstea » en 2011. Faculty Club
Club des facultés.
CNRS
Centre national de la recherche scientifique. Frapna
Fédération Rhône-Alpes de la protection de la nature.
Cluster
Unité urbaine ou géographique thématique constituant IBA Emscher Park
un pôle de développement économique qui vise à tirer Internationale Bauausstellung Emscher Park.
profit de la concentration des acteurs comme source L’exposition internationale d’architecture de la vallée
de synergies et d’externalités positives. de l’Emscher était destinée à requalifier ce territoire
en crise en y développant des projets urbains
COS et paysagers, à partir de la reconversion culturelle,
Comité d’orientation stratégique des ateliers campus. sociale, économique et écologique de friches
industrielles.
Crous
Centres régionaux des œuvres universitaires Ined
et scolaires. Institut national d’études démographiques.
124
IUT PPP
Institut universitaire de technologie. Partenariat public-privé.
Labex PPRI
Laboratoire d’excellence. Laboratoire de très haut niveau Plan de prévention des risques d’inondation.
scientifique retenu, à l’issue de l’appel à projets lancé en
juin 2010, dans le cadre du programme « Investissement Pres
d’avenir ». Pôle de recherche et d’enseignement supérieur.
MRJC TCSP
Mouvement rural de la jeunesse chrétienne. Transport en commun en site propre.
OVE UAM
Observatoire de la vie étudiante. Université Aix-Marseille.
PLU WiFi
Plan local d’urbanisme. Contraction de « Wireless Fidelity ». Marque commerciale
de la technologie WLAN, « Wireless Local Area Network »,
POS technologie sans fil permettant à des appareils informatiques
Plan d’occupation des sols. de communiquer entre eux au moyen d’ondes radio.
Contributeurs
Jérome Goze
Directeur de l’Opération Campus
du PRES-Université de Bordeaux.
Jean-Pierre Gratier
Physicien de l’Observatoire de l’université
Joseph Fourier de Grenoble.
Danièle Hervieu-Léger
Sociologue, ancienne directrice de l’EHESS,
membre du COS.
Nathalie Jauny
Adjointe au directeur de programme
Opération Campus Aix-Marseille Université.
126
Un ouvrage conçu et réalisé par le ministère
de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Direction
Alain Neveü, chef du service des grands projets
immobiliers, direction générale pour l’enseignement
supérieur et l’insertion professionnelle,
direction générale pour la recherche et l’innovation,
ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Conception et coordination
Florence Kohler, conseillère campus,
service des grands projets immobiliers.
Édition
Auteurs des textes : Henri Bava, Christophe Bienvenu,
Marie-Jeanne Charrier, Jean Chaudonneret, Fabrice Cotton,
Aurélie Cousi, Jean-Marie Duthilleul, Michel Fily,
Bruno Fortier, Jérôme Goze, Jean-Pierre Gratier,
Danièle Hervieu-Léger, Nathalie Jauny, Camille Jelowicki,
Bertrand Mallet, Édouard Manini, Françoise Plet-Servant,
François Renard, Emmanuel Robert, Claude Schwartzmann
et Christophe Sonnendrücker.
Réécriture et suivi éditorial : Isabelle Blumet,
avec la collaboration de Françoise Liffran.
Relecture : Anne-Marie Chaintreau, conservateur
des bibliothèques, service des grands projets immobiliers.
Direction artistique et réalisation graphique :
opixido et Claudie Robet.
© des visuels de couverture : Zoé Fontaine 2010 –
mdp.xdga-faa-arep – Styles Architects –
Université de Strasbourg Mission Campus,
conception P. Riechling, réalisation Sineu Graff –
Université de Strasbourg Mission Campus,
infographie R. Fischkandl.
Iconographie
L’ensemble de l’iconographie de cet ouvrage
nous a été transmis par les auteurs ; tous droits réservés.
Impression
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