Texte Malade 1

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Faut-il dire la vérité au malade ?

Le médecin doit-il dire ou ne pas dire la vérité? Doit-il ou non


révéler au malade le nom de sa maladie ? Vieux débat sans cesse repris.
Quels sont les nombreux arguments avancés contre la vérité ?
Le cancer est porteur de mort et le malade atteint de cancer porte
la mort en soi. A-t-on le droit de le désespérer ? L’homme est le seul être
vivant qui sache qu’il doit mourir. Pourquoi le faire savoir à une seule
catégorie d’êtres humains privilégiés, si l’on peut dire, de ce seul point
de vue: les cancéreux ? Pourquoi donner à leur vie la compagnie
quotidienne de la mort ? La peine capitale n’est pas la mort ; c’est de
l’attendre à tout moment sans savoir exactement quand elle doit venir.
Si un malade cancéreux guérit à quoi sert-il de lui dire ce qu’il avait
puisque, de toute façon, il va continuer à vivre avec la hantise de la
rechute? On lui impose une angoisse, un désespoir parfaitement inutile.
Pourtant, c’est sa maladie, c’est son affaire à lui. Le simple respect de
l’homme exige qu’on lui dise ce qu’il en est. Pourquoi serait-il le seul à
n’avoir pas le droit de savoir ce qui le touche si profondément : que la
maladie va, au minimum, ralentir sa vie et, au maximum, l’interrompre ?
Ce qui est terrible quand on ment au malade, ce n’est pas de lui
dissimuler la vérité, c’est de lui cacher ce que les autres savent. Une telle
situation crée des relations entièrement faussées où se mêlent la pitié et
l’hypocrisie. Il faut réussir à faire comprendre au malade ce qu’il peut ou
veut comprendre. S’il souhaite se dissimuler à lui même la vérité, alors
qu’il le fasse ; qu’il soit lui, le responsable du mensonge, et non le
médecin.
Les rapports médecin-malade gagnent énormément lorsque la
vérité est connue. Le malade comprend mieux les exigences du
traitement suivi, il accepte beaucoup plus aisément d’en supporter les
effets secondaires. Il participe à son propre traitement, le suit avec
beaucoup plus de soin et finit parfois par mieux connaître sa maladie
que le médecin lui même.
D’ après P. Viansson-Ponte et L. Schwartzenberg,
Changer la mort, Albin Michel, Paris 1997

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