M Lo Mamadou PDF
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SOUS LA DIRECTION DE
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·. UN ASPECT D.E LA PÇ>ESIE "WOLOFAL" MOURIDE.
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PRESENTE
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PAR
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MAMADOU LÔ
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SOUS LA DIRECTION DE
BASSIROU DIENG,
PROFESSEUR
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Par la Grâce de
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PROBLÈMES DE TRANSCRIPTION
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Pour certains noms en effet, l'habitude est si marquée, que les transcrire
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autrement pourrait surprendre.
Il y a cependant des noms que nous avons transcrits avec l'alphabet
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officiel surtout pour faire ressortir la prononciation.
Nous espérons que ces options ne déconcerteront pas trop le lecteur.
O
Nous ajoutons à cela, en annexe, une "note sur l'écriture" qui précise la
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Pour les termes arabes, nous avons adopté le système utilisé dans la
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"cAyn". Ex : "cAyni".
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S'agirait-il, malgré son caractère écrit de littérature orale si l'on prend en considération
tous ces indices d'oralité que l'on remarque dans les textes ?
Ne pourrait-on pas également parler d'oralité si l'on sait que la production est destinée
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plus à la déclamation qu'à la lecture?
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Pourrait-on par ailleurs considérer le "wolofal" comme littérature traditionnelle si l'on
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sait que ni les thèmes qu'il développe, ni l'alphabet et la prosodie qu'il utilise ne sont
spécifiquement négro-africains ?
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Pourtant le caractère écrit de cette littérature est indéniable. Si la langue est le wolof
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du Sénégal des royaumes, les images et figures puisées dans les milieux "ajoor" et mourides,
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la graphie est arabe ; ce qui rendra d'ailleurs la lecture assez difficile, du fait des nombreuses
incompatibilités entre cette graphie et le système phonologique wolof.
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Le "wolofal" mouride que nous entendons plus particulièrement étudier, avec comme
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corpus quelques titres du grand poète mouride Sëriii Mbay JAXA TE, se présente dans sa
thématique comme une manière de vulgarisation du dogme islamique et de l'éducation morale
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Pour les formes, il s'agit de très beaux textes avec des règles prosodiques précises,
abordant tous un aspect de l'éducation morale et religieuse des Mourides.
Et sur le plan linguistique, l'étude des poèmes wolof soulève des questions intéressant
directement la diachronie de la morphologie, de la syntaxe et du lexique dela langue wolof,
avec donc une incidence sur la promotion des langues nationales dans la perspective de leur
introduction dans l'enseignement.
2
Mais, à ce jour, et dans l'état actuel de nos investigations, nous pensons pouvoir dire
que très peu de chercheurs se sont intéressés à la littérature "wolofal" de manière
systématique.
Pourtant, nous relevons dans le n° 81 de la revue Notre _librairie, deux titres portant
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sur la question2.
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"Les chants mourides wolof, thématique et formes" (mémoire de maîtrise) et
"Poèmes religieux mourides en wolof écrit" (Thèse de Doctorat).
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Mais, avons nous constaté, aucune de ces études n'a été présentée ou publiée.
LI
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Ce n'est que tout récemment qu'un travail sera fait sur la question, à la Faculté des
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Cheikh A. DIOP, depuis Nations nègres et culture a attiré l'attention sur le genre.
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"On a souvent ignoré l'existence d'unë poésie en langue du pays selon les règles bien
définies d'un art poétique. Telle est par exemple, toute la poésie religieuse des Valafs qui
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constitue les premiers monuments littéraires de notre langue et par conséquent les premiers
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Assane SYLLA, un autre chercheur de l'IFAN, abordera la question à peu près dans le
même sens.
1 KESTELOOT (L). Antlwlogie Négro-africaine. lA lillérature de 1918 à 1981. Edicef Marabout, Paris,
1987 (p. 6).
2 Ces deux titres font partie d'un programme de publications en langues nationales pour l'année 1983/1984,
en annexe à un article de L. KESTELOOT : "la recherche en littérature orale à l'Université de Dakar"
p. 40-41.
3 Diao FAYE : Jasaawu Sakkoor u géej gi de Moussa KA, un épisode de l'épopée de Cheikh A. BAMBA.
Mémoire de Maîtrise. Faculté des Letttes et Sciences Humaines. U.C.A.D. 1992.
4 DIOP Cheikh AntaNations nègres et culture. T2, 3ème éd., Présence Africaine, Paris 1979.
3
Dans un article intitulé "la poésie religieuse wolof', paru dans le n° 81 de Notre
librairie!, il met lui aussi l'accent sur la qualité de la production et les risques de perdition.
Amar SAMB qui a également été à l'IFAN, s'est beaucoup intéressé à l'Islam, au
Mouridisme, et à la langue et la culture wolof.
Dans son article "influence de l'Islam sur la littérature wolof'3, il explique l'apport de
l'arabe à la littérature wolof par la trop forte présence de l'Islam dans toute la vie du négro-
africain musulman.
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Il y évoque également - aspect essentiel de l'écriture "wolofal" - les moyens
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diacritiques par lesquels les écrivains wolof représentent les phonèmes de leur langue qui,
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n'existant pas dans le système phonologique arabe, ne sont pas prévus par la graphie.
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Il y a également le travail de Claudine GERESH, un chercheur Belge qui a travaillé à
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arabe, écrit par Madiakhate KALA, considéré par beaucoup comme un précurseur du
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"wolofal"4.
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Samba MBOUP est un autre auteur qui a consacré une bonne partie de sa thèse de
3ème cycle au "wolofal" mouride5.
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Son étude, menée dans une perspective surtout idéologique, révèle une analyse
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thématique assez poussée, et la traduction de vers des "wolofal-kat" les plus représentatifs.
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Nous terminerons par Ch. A. NDAO, un auteur déjà consacré par la littérature
française. Il nous intéressera non seulement pour ses contributions au débat sur les langues
1 P. 16-18.
2 Essai sur la contribution du Sénégal d la littéralure d'expression arabe. Thèse de Doctorat d'Etat,
soutenue à Paris le 16 mars 1971 par Amar SAMB, Professeur agrégé.
3 Bull.IFANT30, ser. B, n.. 2, Avril 1968.
4 Bull. /FAN T36, ser. B, n° 4, Octobre 1974, p. 714-832. Madiakhaté KALA est par ailleurs le père de
Sëriil Mbay JAXATE, l'auteur de notre corpus.
5 Littérature nationale et conscience historique. (Essai sur la perspective nationaliste dans la littérature
d'expression wolof de 1850 d nos jours). Université de Sorbonne Nouvelle, Paris III, Sous la direction du
Pr. R. ETIEMBLE, 1976-1977.
4
nationales en général et le "wolofal" en particulier, mais encore parce que Ch. A. NDAO est
un "wolofal-kat" moderne 1•
C'est donc dire que ce genre, originaire du terroir des wolof (Jolof, Kajoor, Bawol),
ayant vu le jour avec la revivification de l'Islam et héritière d'une tradition littéraire séculaire,
mérite certainement d'être connu.
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C'est dire également toute l'urgence que requiert l'étude du genre, ne serait ce que pour
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pallier les risques d'oubli et de perte de manuscrits et d'informations.
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Ch. A. DIOP, comme un avertissement, lançait dans son ouvrage signalé plus haut:
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"Cette poésie devrait être l'objet de nos plus grands soins si nous ne voulons pas la
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perdre un jour. En effet, les conditions dans lesquelles elle nait et se développe sont
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* LA MÉTHODOLOGIE
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1 Buur Ti/éen, (Paris P.A. 1972), roman de Ch. A. NDAO, a d'abord été écrit en wolof, et l'auteur compte
plusieurs poèmes en wolof.
2 L. IŒSIBLOOT, article déjà cité, p. 38.
3 DIOP (Ch. Anta), op. cit, p. 540.
5
Mais nous pouvons dire tout de suite que ces démarches nous ont été grandement
facilitées par l'initiative de vulgarisation des poèmes de Sëriii Mbay JAXATE entreprise par
Sëriii Abdul Ahad MBACKE alors Khalife Général des Mourides.
Si nous avons pu en effet rassembler les textes de notre corpus, nous le devons pour
une part, au département "Islamologie" de l'IFAN, mais surtout à l'initiative de Sëriii A.
Ahad.
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Les manuscrits furent empruntés panout où l'on croyait en trouver : à la "daara" de
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Sëriii Mor Mbaye CISSE chez Sëriii Souhaïbu MBACKE et à XURU MBAKKE2
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notamment.
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Sëriii Abdul Ahad, à l'instar de tout ce qu'il entreprenait, fit montre d'une remarquable
détermination dans l'opération. "J'estime, disait-il qu'un aspirant ne peut se passer des poèmes
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de S. Mbay JAXA TE".
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C'est ainsi qu'aujourd'hui, des milliers de vers sont rassemblés dans vingt-deux (22)
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Il nous faudra ensuite, après la collecte des poèmes, rassembler toutes informations
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relatives à l'auteur, sa vie et son œuvre, ainsi que tous renseignements aptes à éclairer le
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1 Abdoul A. TOURE, homonyme et "taalibe" de Sëriil Abdoul A. MBACKE est un grand chanteur de
"Qacâyid" mouride. C'est lui qui nous communiqua les renseignements relatifs à la vulgarisation des
poèmes le 07-06-92 à TOUBA-BELEL.
2 XURU MBAKKE est le village de Sëriil Mbay JAXATE. Il se trouve près de NDOULO dans le
département de MBACIŒ.
6
Mais, c'est sunout au centre culturel-"daara" du Dahira des Etudiants Mourides
(D.E.M.)* que nous avons eu recours dans le domaine des références et de la documentation.
Là, les études qui se font sur les écrits du Cheikh, les sermons des différents Khalifes du
Mouridisme et les recherches sur le mouridisme en général permettent les recoupements les
plus enrichissants.
Cl LE TRAITEMENT DE L'INFORMATION
La traduction française a posé cenains problèmes dont le plus aigu nous paraît la
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difficulté du français à signifier cenains concepts et tournures propres à la religion
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musulmane ou à la culture wolof.
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Notre désir de rester le plus proche possible du sens tout en essayant de respecter tous
les effets de style expliquera cenaines lourdeurs du texte français, le nombre de termes entre
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parenthèses, et sunout le lexique prévu à la fin du travail.
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comprendre les nombreux référents, images et allusions que l'on rencontre dans les textes.
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en français.
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Ce n'est qu'après cela que nous aborderons l'analyse thématique et stylistique des
textes.
7
Nous espérons ainsi aider à une meilleure diffusion de l'œuvre de Ch. A. BAMBA que
la langue arabe rend peu accessible à un grand nombre de personnes.
Notre objectif c'est enfin orienter autrement les recheches actuelles sur
l'alphabétisation. Car, on oublie trop souvent que le "wolofal" est notre première expérience
qui traduit notre rencontre avec l'écriture.
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Partant du principe qui veut que toute littérature soit fille de son époque, nous nous
proposons ici de donner un aperçu assez sommaire du cadre socio-historique qui a vu naître et
se développer le "wolofal" en général, en tant que littérature religieuse wolof, et la poésie de
Sëriii Mbay JAXATE, poète wolof mouride en particulier.
Il faut cependant tout de suite préciser qu'il ne s'agira que de rapides évocations. Nous
avons pu nous rendre compte de l'importance et de la richesse des travaux entrepris dans ce
domaine : de nombreuses thèses, des mémoires et autres études ont en effet parlé sous divers
angles sur cette période de l'histoire du Sénégal 1•
Et puis, notre travail se voulant avant tout littéraire, nous voulons éviter de faire
œuvre d'historien, d'éthnologue ou de sociologue.
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Le domaine de notre étude étant une poésie religieuse essentiellement axée sur
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l'éducation morale, la formation spirituelle et une critique sévère de tout fait non conforme
aux prescriptions de l'Islam, il nous a paru plus judicieux de mettre l'accent sur les mutations
d'une société en quête de son destin. TH
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"pays wolof', c'est-à-dire ces royaumes précoloniaux : Kajoor, Bawol, Jolof, Waalo où le
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C'est à peu près ce que Abdoulaye B. DIOP considère comme le domaine traditionnel
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des Wolof. Il s'étend selon lui "du nord au sud, depuis le delta du Sénégal jusqu'à la latitude
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10
1.2. LA SOCIÉTÉ WOLOF: ORGANISATION POLITIQUE ET SOCIALE
"La structure sociale du Djolof, note V. MON1EIL est semblable à celle du Wâlo et
du Kayor ... "1 ; et pour M. DIOUF également, "le Kajoor n'a pas présenté des structures
politiques et sociales différentes des autres Etats wolof'2.
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A. L'ARISTOCRATIE
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Elle est composée du roi, de sa cour et des dignitaires qui forment le gouvernement.
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L'appellation des titres variait suivant les royaumes. Le roi était "dammeel" au
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Kajoor, "teeii" au Bawol, "Braak" au Waalo et "buurba" au Jolof.
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Mais, on peut retenir que ces gens dont la caractéristique essentielle est la
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B.LEPEUPLE
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Le peuple dans les royaumes wolof était composé des "baadoolo", des "Jaambur" et
des "jaam" ou captifs.
1 V. MON"IEIL. Esquisses Sénégalaises. Initiations et études Africaines, n° XXI, IFAN, Dakar, 1966, p.
122.
2 M. DIOUF. Le Cayor au X/Xème s. et la conquête coloniale. Thèse de Doctorat du 3ème cycle,
Université de Paris I, Panthéon, Soibonne, U.E.R. d'Histoire, 1979-1980, p. 47.
11
Etymologiquement, le terme "baadoolo" signifierait : "qui n'a pas de force" et par
conséquent qui n'a ni charge politique, ni richesses, ni terres.
Selon M. DIOUF, "Ils sont les principales victimes des razzias et pillages et
constituent le réservoir d'esclaves de la classe dirigeante" 1•
Ch. T. SY résume ainsi leur condition : "on peut dire qu'ils étaient les seuls à gagner
leur vie à la sueur de leur front''2.
Cependant, même de condition modeste, ils étaient des hommes libres. On peut
subdiviser leur groupe en deux sous-groupes :
a. "les géer" :
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C'est à dire s'ils étaient sans profession autre que l'agriculture.
U
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b. "les fleeflo" :
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Selon M. DIOUF "le groupe inférieur de la société wolof, défini
positivement par leur spécialisation socio-professionnelle''3.
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prépondérante que les griots - sous-groupe des iieeiio - ont occupé et occupent toujours dans
-B
de par la modestie de leur condition sociale, ils ne pouvaient prétendre à des charges de
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dignitaires, mais d'après B. DIENG, ils avaient "une place prépondérante dans la structure
C
12
B.3. Les "jaam"
C. "CEDDO" ET MARABOUTS
Même s'il faut séparément donner un aperçu de ces deux personnages, il convient de
noter le caractère interdépendant de leurs actions, la contradiction de leurs significations
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respectives. "La figure du marabout, du sërifi, note Christian COULON, prend le contrepied
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de celle du ceddo"l.
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C.l. Le "ceddo" TH
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Le personnage du "ceddo" est l'un de ceux qui ont le plus marqué les études de la
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Une des planches de !'Abbé BOILAT peut donner une idée du personnage avec son air
détaché, sa bouteille et son verre2.
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Au plan moral, ce qui retient surtout l'attention, c'est son manque de religion et sa
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"Nous sommes tieddo,' et notre religion est de boire" nous dit Ch. T. SY, faisant parler
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l'un d'eux3.
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Po.ur Rokhaya FALL, "le ceddo, dans l'esprit des wolof, est un homme dont
l'idéologie est en opposition avec l'idéologie de l'Islam"4.
1 Christian COULON: us musulmans et le pouvoir en Afri~ noire. KARTHALA, Paris, 1983, p. 24.
2 Abbé BOILAT. Esquisses Sénégalaises. Karthala, 1984. Planche VI.
3 Ch. T. SY., op. ciL, p. 419.
4 R. FALL, u Roya,une du Bawo/ du XJU au X/Xè. s. Pouvoir wolof et rapports avec les populations
serer, Thèse de 3ème cycle, Paris, 1983, p. 182.
13
Ahmadou BAMBA DIOP, dans sa définition du phénomène, retient du "ceddo" sa
fonction politique, qu'il oppose à celle du "baadoolo" 1•
Dans la littérature, et en particulier, l'épopée orale, le "ceddo" n'est pas cet homme
fruste, cet ivrogne violent et pillard, mais un noble, superbe de prodigalité, avec un sens de
l'honneur aigu2
Mais, dès que l'on donne la parole au religieux, il n'est évidemment plus question, ni
de dimension épique, ni de fonction politique. Le moraliste, en censeur de la religion, ne voit
du "ceddo" que "des gens sans croyance aucune [qui] s'adonnent à tous les vices
spécialement à la boisson de l'eau-de-vie''3.
Amar SAMB, sans être moraliste, mais qui a étudié le phénomène "ceddo" dans le
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cadre d'une semaine culturelle dédiée à Ch. A. BAMBA, dépeint ces hommes comme [des]
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"esclaves de la couronne, plus portés à l'ivrognerie, aux pillages, à la brutalité à l'égard des
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faibles qu'à la défense et à l'illustration des valeurs traditionnelles"4.
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Et pour Sëriii Mbay JAXA TE qui nous intéresse plus particulièrement, ce personnage
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n'est autre que "l'alter-ego" de Satan. "Seytaane ceddo bi" (Satan, le "ceddo") dit-il dans
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Voilà brièvement présenté ce personnage qui nous intéressera d'autant plus que c'est
son empreinte que l'on remarque le plus, dans la société, toile de fond de la poésie de notre
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auteur.
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caractériser dans la mesure où, avec l'évolution socio-politique du pays, il a connu divers
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1 Ahamdou B. DIOP•. "Lat Dior et le problème musulman". in Bull /FAN. T. 27, n° 1 - 2, 1966, p. 497 et
suivantes.
2 cr. Karim, TOllllJ/I sénigalais. Paris. N.E.A., 1935-1936 et la geste de Jéeri Joor NDEELA.
3 A. BOILAT,Esquisses Sénégalaises Karthala, 1984 (p. 309).
4 A. SAMB "l'œuvre littéraire de Ch. A. BAMBA". Semaine culturelle sur la vie et l'œuvre de Ch. A.
BAMBA organisée par IU.C.M. du 15 au 22 juillet 1977 à l'Institut Islamique de Dakar.
• "Sëriii-Làmb" - ''Sëriii lâkk-taar : voir A. SAMB ''Essai sur la contribution au Sénégal à la littérature
d'expression arabe".Bu/llFAN, T33, Ser. B, n° 3, 1971, (p. 659).
14
Egalement maître d'école coranique ("Sëriii fàkk-taal")* ou guerrier de la foi, les
marabouts ont été les premiers à détenir ce merveilleux instrument qu'est l'écriture. Dans une
société qui n'a connu que !'oralité, ils seront les premiers à produire des textes écrits, et l'on
devine aisément l'importance du rôle politique et culturel qu'ils auront à jouer.
L'histoire nous a montré que, nombreux et privilégiés par les monarques, ils ont
longtemps évité de jouer leur rôle véritable. C'est peut être ce qui a été à l'origine de la
dénaturation de certains événements religieux comme la "Tabaski"l, le "Tarn xarif'2 ou le
"Gàmmu"3 qui, perdant leur contenu originel, étaient devenus de véritables moments de
défoulement populaire.
Quelquefois même, ce sont des fragments du Texte Sacré4 qui entraient dans la
composition de productions folkloriques et profanes telles que le "mband" et le "laawaan"s.
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Moussa KA, dans son Jasaawu Sak6or fait une peinture saisissante de ce phénomène6.
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C.3. "Le pouvoir ceddo"
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C'est à Christian COULON que nous empruntons la définition du concept "pouvoir
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ceddo". Il note en effet dans les musulmans et le pouvoir en Afrique noire : "Entendons par là
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non seulement celui des esclaves guerriers de la couronne de la royauté wolof que le mot
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désigne au sens strict, mais aussi plus largement tout pouvoir oppressif, celui du monarque
-B
razziant les villages, du chef africain de l'Administration coloniale traquant les insoumis, des
commandants de cercle emprisonnant les "Saints de l'Islam"7.
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La citation est longue, mais elle résume assez bien la situation et surtout, celle-ci
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permet de bien comprendre la réaction des musulmans qu'elle ne tardera pas à provoquer.
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Une ère de troubles et de violences s'installa en effet. Des disettes et des famines
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frappèrent le peuple.
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"Les pillages, les vols, les viols, les rafles de personnes et de bétail étaient devenus
monnaie courante" note MBaye GUEYEB.
15
Quant à la traite négrière, même si B. BARRY affirme qu"'il n'existe pas d'étude
systématique ( ... ) du point de vue du nombre d'esclaves exportés pour l'ensemble de la
Sénégambie" ( .. .)1, il nous semble que le caractère funeste de ses conséquences pour
l'homme noir n'a plus besoin d'être démontré.
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Pour A. SAMB, "l'histoire de l'Islam au Sénégal se confond avec celle du Sénégal lui-
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même2. Cela nous semble se vérifier simplement dans le fait qu'il est difficile d'imaginer une
période du Sénégal évoquée dans l'histoire sans aucune trace de l'Islam.
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Ce qu'il convient de retenir, c'est que, durant toute la période du règne "ceddo",
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l'Islam n'a cessé d'exister au sein des populations wolof, tantôt guerrier et conquérant, tantôt
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A chaque phase cependant, on peut noter avec la plupart des auteurs que c'est le
peuple, plus que l'aristocratie qui observe les règles.
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1. LA "RÉVOLUTION ISLAMIQUE"
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V. MONTEIL note dans ses "Esquisses" que "ce sont à n'en pas douter, [les]
D
exactions des tyeddo qui ont causé les révoltes historiques des musulmans du Kayor contre
O
leurs Damels''3.
C
1 B. BARRY : La Sénégamb~ du XWme au XJXime siècle. Traite négrière, Islam conquête coloniale.
L'harmattan, Paris. 1988, p. 103.
2 Arnar SAMB, "l'Islam et l'histoire du Sénégal", Bull. !FAN, T 33,juillet 71, n° 3, (p. 463).
3 V. MONTEIL, op. ciL, p. 87.
16
Pourtant, "les marabouts guerriers" ne réussiront ni à renverser la situation, ni à
prendre le pouvoir. (Sauf peut être pour le cas des Lébous du Cap Vert). Que ce soit contre les
monarques locaux ou l'envahisseur colonial, ces marabouts seront à chaque fois vaincus 1•
II faudra attendre Je dernier quart du XIXème s., quand le système colonial a vaincu le
pouvoir "ceddo" pour voir certains guides religieux réussir à rassembler les populations
wolof autour d'eux.
A. B. DIOP note que "la défaite des monarchies wolof, dans la deuxième moitié du
XIXème s (1855-1890) par l'impérialisme français, favorisa l'expansion rapide de l'Islam''2,
Il sera désormais question pour l'Islam en milieu wolof, non plus de guerres ou
d'autres conflits, mais d'épanouissement et de propagation par l'enseignement et l'activité
E
culturelle.
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2. LES CONFRÉRIES, LES FOYERS D'ENSEIGNEMENT
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Nous n'entrerons pas dans la polémique des confréries. Notre propos sera moins de les
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étudier que de noter simplement que c'est par elles - Mouride, Tidiane - Quadir, Layène - que
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Le foyer d'enseignement peut se définir comme un centre d'études, une "daara" où,
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sous la conduite d'un "sërifi", le "taalibe" ou disciple acquérait non seulement les
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connaissances nécessaires à la pratique de sa foi, mais aussi une vaste culture embrassant de
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1 Cf. ce que les historiens ont appelé la "guerre des marabouts" et l'avènement des "guerriers de la foi" tels
Eh Hadj Omar, Maba Diakhou, Mamadou Lamine, Ahmadou Cheikhou etc .••
2 Abdoulaye B. DIOP, op. cil, p. 247.
17
1. BREF APERÇU HAGIOGRAPHIQUE
E
C'est dans ce contexte particulier que celui qui allait devenir "Xâdimu RasûJ"I vit le
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jour en l'an 1272 de !'Hégire soit 1855, à M'Backé, une localité du Bawol.
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Il s'agira pour nous, moins de faire une biographie classique du Saint Homme que de
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donner quelques repères hagiographiques pouvant donner un éclairage nouveau aux études
sur le Mouridisme.
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impressionnant. Le mémoire de Momar C. DIOP sur "la littérature mouride"2 peut en donner
-B
une idée avec près de deux cents titres parlant directement ou indirectement du Cheikh de
TOUBA et du Mouridisme.
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Mais, pour nombreuses et variées qu'elles soient, ces études peuvent se répartir en
ES
Une première catégorie, initiée par Paul Marty3est surtout le fait "d'africanistes"
O
1 "Xâdimu Rasûl" : tenne arabe signifiant littéralement : Serviteur de )'Envoyé Qe Prophète Muhammad
P.S.L.).
2 Momar C. DIOP. ''La lillérature mouride. Essai d'analyse thématique", Bull. /FAN, T 41, Avril 79, n° 2.
3 Paul Marty, /es Mourides d'Ahmadou BAMBA, Paris, Leroux, 1913.
18
Une autre catégorie, plus objective, mais pas suffisamment démarquée de la première
a été entreprise par des intellectuels qui ont cependant le mérite de s'intéresser aux œuvres du
Cheikh et au vécu des Mourides. Cheikh Tidiane SY, Fernand DUMONT et V. MON1EIL
peuvent y être rangés 1•
Il y a également une troisième catégorie d'études, souvent inédites, entreprises par des
auteurs proches du Cheikh et très au fait des réalités des Mourides. C'est de cette source, la
moins connue, complétée par les multiples sermons et causeries des Autorités du Mouridisme
que nous nous inspirerons dans notre relation.
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péché"2•
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EQ
Vers la trentaine, il avait épuisé toutes les disciplines de la connaissance de l'époque
en matière de sciences religieuses et instrumentales3. TH
O
Le véritable point de départ de son hagiographie est marqué par le rappel à DIEU de
LI
son père. C'est en effet en 1882 que Maam Moor Anta Sali, père de Ch. A. BAMBA s'éteignit
IB
et à ce propos, Sëriii Muhammadou Lanrine DIOP Dagana nous apprend que : "Durant la vie
-B
de son père, Ahmadou BAMBA ne prenait aucune décision sans le consulter. Bien plus, il lui
obéissait inconditionnellement"4.
IA
R
A partir de 1882 donc, des changements radicaux intervinrent dans son itinéraire
O
C'est l'époque où Sëriii TOUBA exerça une influence grandissante qui ne laissa
indifférents ni ses "compatriotes", ni l'Administration coloniale.
19
Les souverains locaux, les dignitaires religieux, tous parlaient de lui. Les disciples
affluaient de partout. Il émigra à Mbakke Bawol, puis à Daaru Salaam avant de fonder
TOUBA, qui deviendra le sanctuaire du Mouridisme en 1888.
Sept ans après - et au terme d'un contrat qu'il signa avec le Prophète Muhammad
(P.S.L.) -, il quitta TOUBA pour s'installer à Mbakke Baari au Jolof.
C'est là où, le 10 Août 1895, Sëriii TOUBA est arrêté par l'Autorité coloniale et exilé
peu après au Gabon.
E
U
SEIGNEUR de lui avoir permis d'assumer les épreuves qui allaient lui faire acquérir tout ce
EQ
qui constituait l'objet de sa quête.
TH
Sëriii Saliou MBACKE, actuel Khalif Général des Mourides nous apprend que c'est au
jour du départ du Cheikh en exil que DIEU lui accorda tout ce à quoi il aspirait. Cest le }8ème
O
jour du mois lunaire de SAFAR, en l'an 1313 de l'hégire1•
LI
IB
hostile, le Cheikh fut ramené au Sénégal, auréolé de gloire et plus populaire que jamais.
R
ES
obligatoire à Diourbel.
O
C
v
:-
1 Sermon de Sërift Saliou MBACIŒ à l'approche du Grand Magal de TOUBA le 12 Août 1991 à TOUBA.
20
2. LE MOURIDISME
Le Cheikh commença par donner congé à tous les disciples uniquement préoccupés de
culture livresque et invita ceux qui voulaient acquérir une éducation spirituelle à rester avec
lui. Ainsi, nous apprend M. Lamine DIOP "Ahmadou BAMBA décida t-il de passer avec le
groupe de disciples restés avec lui de l'éducation livresque à l'éducation spirituelle. Je pense
que ce fut sur l'ordre du Messager de DIEU (P.S.L.)2.
E
Pensée religieuse d'A. BAMBA note : "dès le début, des personnes plus ignorantes que
U
EQ
malintentionnées - mais possédant les deux défauts - ont voulu voir, dans l'apparition du
Mouridisme, la naissance d'une "secte" ... 3.
TH
Seriii Saam Mbay, en évoquant ces réactions, met l'accent su1e caractère presque
O
révolutionnaire de l'événement. Le conférencier mouride parle de bouleversement total de la
LI
société, d'une culture nouvelle qui se manifesta tant dans l'habillement, l'artisanat que dans
IB
l'inspiration des poètes. Selon Sëriii Saam, l'élément le plus marquant de l'avénement du
-B
Mouridisme réside dans le fait que jadis, après les études coraniques, les disciples rentraient
chez eux comme simples lettrés, alors que désormais, le disciple mouride qui obtient la
IA
satisfaction de Sëriii TOUBA a son "ngërëm',. et devient "Cheikh" avec des disciples. Cest
le "seexal" qui venait de faire son entrée dans le système socio-religieux du Sénégal4.
R
ES
Pourtant, le Cheikh de TOUBA s'est très tôt défendu d'avoir créé une confrérie.
D
O
"Je n'ai point fondé de confrérie ... a-t-il dit, j'ai plutôt trouvé que la voie qu'avaient
C
suivie le Prophète (P.S.L.) et ses Compagnons était presque flétrie. Je l'ai défrichée le plus
proprement et rénovée dans toute son originalité',s.
1 Voir page 9 (Note sur !'Auteur). Recueil de poèmes en Sciences Religieuses op. ciL
2 M. Lamine DIOP DAGANA,op. ciL, p. 12.
3 F. DUMONT, op. âL, p. 83-84.
• Ngërëm : ce concept recouvre à la fois la satisfaction du guide à l'endroit de son disciple, et tous les
bienfaits que celui-ci peut en retirer.
4 Cette opinion a été recueillie auprès de Sërill Saam MBAY au cours d'un entretien à Louga le 24-05-92.
5 Révélations de S. Abdu Ahad MBACKE, alors Khalife Général des Mourides à l'occasion du sennon de
la Karité de l'an 1986.
21
En tous cas, le Mouridisme est l'un des rares mouvements islamiques dont le nom ne
provient pas de celui de son fondateur. Le terme "mouride" vient du vocable "al murid" qui
signifie en français "l'aspirant".
C'est d'ailleurs de cette acception qu'il s'agira pour les nombreuses fois où Sëriii Mbay
JAXATE interpelle le mouride dans ses poèmes.
E
qui nous est rapporté par le Coran 1.
U
EQ
En effet, sous !'Arbre*, les musulmans jurèrent de sacrifier leur vie et leurs biens à la
Cause de DIEU et DIEU en retour leur promit Son Paradis. TH
O
Des auteurs occidentaux et des chercheurs Sénégalais, dans leur étude de la relation
LI
"taalibe-sëriii" dans le milieu mouride ont malheureusement, le plus souvent, circonscrit les
IB
Le mouridisme étant perçu par Sëriii TOUBA comme une revivification de l'Islam, il
est aisé de comprendre que le Coran, la "Sunna',. et le comportement des premiers croyants
D
A la place du sang versé par les Compagnons du Prophète (P.S.L.) le mouride sacrifie
son âme et ses biens (jëfe ndigal,joxe addiya .. ) à la Cause de DIEU. Cest le ''njébal"....
l.-,
22
Et quant à cette soumission totale, cette confiance absolue que le mouride voue à son
guide spirituel, il faut en chercher l'explication dans sa conviction que c'est Cheikh A.
BAMBA qui l'a délivré de toutes les entraves qui compromettaient l'excercice du culte qu'il a
à rendre à DIEU, et qui constitue du reste, l'unique motif de sa création 1.
4. MOURIDISME ET SA VOIR
"Xaadimu Rasûl" qui a très tôt privilégié la conduite morale au détriment des
connaissances livresques, enseigne que c'est par le cœur et la pureté des intentions que l'on
atteint DIEU ; que des connaissances poussées, mais non servies par une bonne éducation ne
peuvent mener l'aspirant vers DIEU.
Il illustre cette idée par une métaphore pertinente de réalisme : "Celui qui a acquis la
E
U
science et ne l'applique pas, celui-là est un âne chargé" nous apprend-il dans le "Tazawwudu-
EQ
sh-shubbân" (le viatique de la jeunesse)2.
TH
Il est d'ailleurs attesté que dans le système éducatif de l'époque, l'étudiant dont les
capacités intellectuelles n'étaient pas très développées était condamné à "végéter" dans la
O
"daara" avec de fones chances de devenir "laawaan-kat"* . Seule une bonne éducation
LI
C'est là une des explications de la profusion d'images dans les poèmes de Sëriii Mbay
JAXATE. Le poète puise en effet directement dans le vécu quotidien des mourides tous les
IA
Mais, de toutes façons, qui a suffisemment approché Sëriii TOUBA, et les mourides a
une idée du nombre inestimable des écrits du Cheikh et de la haute considération qu'il ponait
D
23
A côté d'eux, il y avait aussi une corporation d'anisans dont le travail exclusif était de
confectionner des étuis pour le Livre Saint et des malles pour le contenir.
Voilà pourquoi aussi bien les vues colonialistes que les analyses "marxisantes" ou
"intégristes" des auteurs ne sauront rendre compte de phénomènes que seules la foi et une
clairevoyance octroyées par DIEU peuvent expliquer.
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E
Notre corpus se présente comme une sélection de dix-sept (17) poèmes numérotés de
1 à 171 et dont la caractéristique essentielle est de traiter tous de l'éducation morale et
religieuse.
Cela ne signifie pas que Sëriii Mbay JAXATE n'a pas abordé d'autres thèmes; nous
avons simplement voulu, dans le présent travail, nous focaliser sur ce thème qui, au
demeurant, constitue une dominante dans l'œuvre de notre auteur.
Mais nous croyons utile, avant d'aller plus loin de signaler que l'œuvre de Sëriii Mbay
JAXATE, contrairement à celle des autres "wolofal-kat" de sa génération, n'a pa été éditée.
E
U
Nous avons expliqué plus haut comment nous avons pu constituer le corpus. Nous
EQ
ajouterons simplement à cela un certain nombre de mises au point concernant la métrique
arabe qui, comme nous l'avons signalé plus haut, constitue le modèle prosodique de la poésie
"wolofal". TH
L IO
IB
-B
1. LE "BAHRU"
IA
MAJAXATE KALA définit dans son traité de versification arabe comme "des mesures
ES
métriques auxquelles se conforme la poésie'>2. La métrique contient aussi, selon l'auteur, "ce
qu'il faut éviter et ce à quoi il faut se conformer3. Cela nous indique dores et déjà que la
D
O
L'auteur de l'"Exposé"4 y indique également qu'il existe 16 mètres différents qu'il cite
avec leurs mesures et les règles qui les régissent.
Pour notre part, nous n'en retiendrons que deux : le "basît" et le "xabab", les deux
seuls mètres arabes utilisés dans notre corpus.
1 Ces numéros sont les références pour identifier les poèmes qui n'ont pas de titre.
2 Le livre de métrique "Mubayyin-al lskâl du Cadi Madiakhate KALA : introduction historique, texte arabe
traduction et glossaire par Cl. GERRESCH in Bull /FAN. T36, Ser.B, n° 4, 1974, p. 775,verset 13.
3 Id. p. 775,verset 14.
4 "Mubayyin Al-lskâl" signifie: "exposé des difficultés" ...
26
Mais, il faut signaler ici qu'il existe des "bahru" qui n'ont pas été créés par les Arabes.
C'est le cas du "tashmîd" que Cheikh A. BAMBA a adapté sous deux formes différentes à
0
deux parmi ses poèmes les plus connus : le "Jazbul Qulûb" et le "Mawâhibu NâfiCu"...
Ces deux formes de "tashmîd" seront également adoptées par S. Mbay JAXA TE ; ce qui
porte à quatre les "bahru" utilisés dans notre corpus.
La versification française fonde généralement son unité de mesure sur la syllabe ; or,
comme le dit Jean MAZALEYRAT, "les syllabes d'une phrase, fût-elle ordonnée en vers, ne
sont nullement égales"!. Il s'ensuit souvent des désaccords sur le mode de scansion et de
découpage des groupes dans le décompte des pieds.
E
D'un autre côté, MAZALEYRAT montre la confusion faite dans la versification
U
française sur les concepts de "syllabe" et de "pied" et démontre qu'il s'agit d'une erreur car,
EQ
affirme-t-il, le pied est "un terme de métrique ancienne s'appliquant à des groupes de syllabes
TH
combinées en fonction de leur durée, groupes qui forment les unités constituantes du vers
( ... ). Les pieds devraient être alors non des syllabes, mais ce qu'on a appelé d'autre part
O
groupes rythmiques, membres rythmiques ou mesures" 2 •
LI
IB
Cette dernière considération nous paraît tout à fait convenable à la notion de "pied"
-B
Ici en effet, selon "l'Exposé", la scansion d'un vers est définie en pied plutôt qu'en
mots3.
R
ES
Chaque "bahru" sera donc reconnu par un rythme essentiellement fondé sur le pied
D
qui rejoint à peu près ce que MAZALEYRAT identifie comme "groupe rythmique" ou
O
"membre rythmique".
C
Les "bahru" auront ainsi pour chacun d'eux un pied représenté selon un système assez
complexe par les indices "fa Cûlun", "ma fâ Cilun", "mustaf Cilun" etc ...
Pour ce qui concerne notre corpus, les deux "bahru" de tradition arabe auront pour
indice:
27
a. "Le basît"
. --
mustafCil.un fâCilun mustaf Cilun
' . -
fâ.Ci)un
. //mustaf CiJun fâCilun mustaf cnun
fa cilun
Ce qui ferait 28 pieds répartis en deux séries de 14 selon le système français,
mais, pour la versification arabe, cela ne fait que 8 pieds répartis en 2
hémistiches de 4.
Exemple du corpus :
Ma wax fi Ahmadu Kumbay wax ju koy taxa raw
Seytaane ak bakkan ak mbooleem lu deefi ragal (poème n° 9).
Les autres titres du corpus en "basît" sont: N°8-N°10- N°11-N°12-N°13-
N014 - N°15 - N°16- N°17.
b. Le "xabab"
E
faCûlun faCûlun faCûlun faCû // faCûlun faCûlun faCûlun faCû 1
U
EQ
Ce qui fait également 8 pieds pour la versification arabe, mais cela en compte
22 dans la perception française.
Exemple du corpus : TH
Xarit dëgg bul mer te hui jàpp mer
O
Mer ak jàpp mer day alak ab murit (poème n° 5)
LI
IB
S'agissant du "tashmîd" qui, comme nous l'avons dit n'est pas le fait des arabes, notre
IA
Exemple du corpus :
O
1 Dans "!'Exposé" de M. !CALA, le dernier pied de ce mètre fait "faCûlun" au lieu de "faCû". Ce qui ferait
2 pieds de plus que chez S. MB JAXATE. Nous ne pouvons dire s'il s'agit ici de licence poétique ou de
divergence d'opinion.
28
2.2. "tashmîd" modèle "mawâhibu"
Exemple du corpus :
Lu dul ni fiokket
Rekk ni waqet
Dabi ngërëm kat
Gaayi du mbir kat (poème n° 4)
Comme on le voit, la structure estla même dans les deux cas. La seule différence se
situe dans le nombre de pieds dans chaque hémistiche: (8 dans le 1er cas, 5 dans le second)!.
E
Cependant, la configuration de ces "bahru" (non arabes) appelle quelques précisions,
U
notamment en ce qui concerne les notions de vers, de rime et d'hémistiche.
EQ
TH
2.3. Rime, vers et hémistiche dans les versifications arabe et française
IO
Afin de mieux appréhender la spécificité arabe dans ce domaine, nous prenons appui
L
sur celle que nous sommes censé mieux connaître : la versification française.
IB
-B
a. Le vers
R
ES
d'énoncé qui tient graphiquement en une ligne et qui se termine souvent d'une façon
O
particulière. De ce point de vue, le vers arabe présente des différences dont la plus notoire
C
demeure l'étendue.
En effet, si le vers français ne tient qu'en une seule ligne, le vers arabe lui, est plus
étendu sur le plan typographique.
Ainsi, pour les textes de notre corpus, les poèmes en "basît" ou en "xabab"
présentent des vers qui occupent 2 lignes2 alors que ceux en "tashmîd" ont des vers qui
s'étendent sur 4 lignes.
1 Ceue fois-ci, le "bahru" n'étant pas arabe, la notion de pied sera comprise selon la perception française.
2 Il faut signaler ici que dans cenains poèmes arabes ou "wolofal", les deux hémistiches sont présentées en
"vis-à-vis" et non l'une au dessous de l'autre.
29
Voilà pourquoi nous pensons qu'il est plus judicieux de parler, pour les poèmes arabes
ou "wolofal" de "verset" que MAZALEYRAT définit comme "unité de discours poétique
délimité par l'alinéa et que son étendue empêche d'être globalement perceptible comme
vers" 1• L'arabe parlerait de "bayit" quand le français croirait avoir une strophe.
b. La rime
Si l'on ne tient pas compte de cenaines caractéristiques de la rime française telles que
E
la qualité ou la succession, nous pouvons considérer cette notion comme représentant la
U
EQ
même réalité dans les systèmes français et arabe, notamment en ce qu'elle constitue une
cenaine homophonie et qu'elle termine le vers.
TH
Cependant, il existe dans le système arabe une règle paniculière qui constitue une
O
différence notoire d'avec le système français : la rime ne varie pas - pour de nombreux
LI
"bahru" - suivant les vers, elle est une rime de base, unique pour tout le poème.
IB
-B
Ainsi, on dira par exemple que le poème N° 6 est un "xabab" avec une rime en "aw",
le poème 8 un "basît" avec une rime en "ab" etc...
IA
R
seulement la rime de base qui est la même pour tout le poème existe, mais, les trois
"hémistiches" précédant celle qui porte cette rime de base riment ensemble, et ce, de façon
D
Ainsi, la rime de base du poème N° 2 est en "ax", mais dans le 1er "bayit", les trois
premières "hémistiches" se terminent toutes en "w", pour le zème bayit, c'est en "t" etc ...
c. L'hémistiche
L'hémistiche ou "xàbb" en wolof ne sera donc pas ici seulement p~rçue comme la
moitié d'un vers, c'est à dire d'une ligne, mais elle doit être comprise comme une ligne si le
vers en compte deux, ou detix lignes si le vers en compte quatre.
30
Et il faut noter enfin que pour tous les "bahru ", le nombre de pieds est le même dans
toutes les "hémistiches".
Sëriii Mbay JAXATE est le fis de "Xaali" MAJAXA TE KALA et de "Soxna" Penda
E
U
Kumbë FAAL.
EQ
Il naquit à Aynumaan dans le Kajoor en 1875. Si le fils ne connut de son vivant qu'une
notoriété assez relative, on ne peut en dire autant du père.TH
O
MAJAXATE KALA en effet passe pour l'un des lettrés les plus connus du Sénégal
LI
des royaumes. Claudine GERRESCH, un chercheur Belge qui a travaillé à l'IFAN lui a
IB
secrétaire d'un roi3, homme politique, mais aussi un métricien renommé et un très grand
ES
poète"4.
D
Sa vie connut sur le plan politique plusieurs péripéties que nous n'évoquerons pas ici ;
O
nous retiendrons simplement de lui, outre le fait qu'il fut le père de notre auteur, qu'il a
C
1 L'essentiel de cettè relation nous a été faite avec beaucoup de complaisance par Sëriil Moodu JAXATE,
fùs et actuel Khalüe de S. MB. JAXATE à XURU MBAKKE le 27-12-92.
2 Mubayyin-al-lskJU, ouvrage déjà signalé.
3 Il s'agit du Dammeel lat Dior Diop.
4 Mubayyin-al-Iskâl ... , op. cil, p. 714.
5 "lrwâ-unnadim" ... ML. DIOPDAGANA, op. cit., p. 7.
31
Aussi aurait-il pu sembler quelque peu étonnant que Sëriii Mbay JAXA TE, avec un
père d'une telle stature, décidât de rejoindre Ch. A. BAMBA afin de lui prêter serment
d'allégeance.
Sëriii Moodu JAXATE, son fils et actuel Khalife ne fait-il pas allusion à ce fait quand
il nous confia : "ce qui l'a fait venir auprès du Cheikh ne peut être nommé par notre langue.
Cela dépasse notre perception"' ?
Sëriii Moodu JAXA TE nous apprend que c'est alors que le CHEIKH était au Gabon
que Sëriii Mbay JAXATE quitta Aynumaan pour aller rejoindre Ch. A. BAMBA. Son père
MAJAXATE KALA vivait encore.
E
U
Mais, le CHEIKH étant absent, c'est sous la responsabilité de MAAM CERN02 à
EQ
DAARU MARNAAN qu'il était placé. C'est auprès de ce dernier qu'il termina ses études
coraniques. TH
O
Après le retour du Gabon, alors que le CHEIKH s'apprêtait à partir en Mauritanie,
LI
nouvelle terre d'exil, S. MB. JAXATE lui fut présenté par Maam CERNO.
IB
-B
Ce sera donc en Mauritanie que S.MB. JAXATE commença son service (tarbiya)
auprès de SËRIN TUUBAA. Là, le CHEIKH lui confia son fils Sëriii Basiiru MBAKKE,
IA
En Mauritanie donc, toujours selon S. Moodu JAXA TE, sous la direction de Sëriii
O
Mbay, Sëriii Basiiru ne tarda pas à écrire son premier exemplaire du Coran.
C
C'est également en Mauritanie, nous apprend son fils que S. MBA Y commença la
production de ses poèmes;
32
C'est donc pendant plus de vingt ans (4 ans en MAURITANIE, 5 au JOLOF et 15 à
DIOURBEL) que S. Mbay resta au service de Sëriii TUUBAA, lui dédiant des panégyriques,
contribuant à la formation des aspirants, se vouant entièrement au service de son Maître.
Peut-être que ces vers composés avec le mètre "tawîl" que le "taalibe" dédie à son
Maître peuvent-ils donner une certaine idée de leurs relations.
E
U
Traduction :
EQ
TH
C'est le CHEIKH qui, de toutes façons me tient lieu de jeûne et de prière,
Quand les autres se mettent à jeûner, prier et invoquer DIEU, moi, je me cramponne à lui,
O
Et je fais de lui (le symbole) de mon savoir et de ma foi,
LI
Mes moyens n'outrepassent pas BAMBA,je me limite à lui, le Meilleur ici-bas .••
IB
-B
En 1918, Sëriii Mbay JAXATE fut envoyé à Xuru MBAKKE par son Maître. Les
raisons et les circonstances de cet envoi revêtent pour notre informateur une dimension
R
ES
tellement mystique qu'il ne nous paraît pas indiqué de les développer ici.
D
Toujours est-il que pour se donner une idée de l'importance mystique de ce petit
O
village du Bawol, il suffit de savoir que les Vénérés parents de CH. A. BAMBA y ont vécu
C
avant leur départ pour le Saalum, qu'ils y ont laissé leur dernier enfant et que Sërifi TUUBAA
lui même y fera inhumer un certain nombre de ses propres fils trop tôt rappelés à DIEU. De
plus, le CHEIKH y enverra un autre de ses grands disciples : Cheikh Ibrahima FAAL.
Une constante qui ressort de toutes les informations que nous avons pu recueillir sur
S. Mbay JAXATE: sa vie à Xuru MBAKKE était entièrement consacrée à l'étude, la prière,
l'enseignement, le travail agricole et bien entendu à la production de poèmes.
33
Sëriii Moodu nous apprend qu'à chaque fois que le muezzin appelait à la prière, rien
ne bougeait plus dans le village. Tout adulte se rendait obligatoirement à la mosquée.
Tous ceux qui nous ont entretenu de notre auteur concordent à affirmer qu'il était un
véritable "sufi"l, modèle vivant de ses leçons.
Il nous est aisément apparu à l'étude des poèmes et de toutes nos informations, que
l'inspiration de S. MB. JAXATE est essentiellement religieuse et didactique.
E
U
EQ
Autrement dit, toute sa préoccupation de poète était d'emmener les aspirants à parfaire
leur conduite, à tourner le dos au bas-monde et à ses mirages et à ne se préoccuper que du
salut de leurs âmes. TH
O
On peut même considérer que les innombrables panégyriques qu'il a dédiés à Ch. A.
LI
ce qui pourrait pousser les gens à mieux se conduire afin de pouvoir bénéficier de ses Grâces.
-B
sens que le poète était persuadé que ses poèmes lui étaient dictés et ses facultés gracieusement
octroyées par l'intercession de son Maître. Aussi croyait-il fermement à tout ce qu'il écrivait
R
ES
Traduction :
1 Soli signifie mystique. "Le vrai sûli, dit Ch. A. BAMBA, est un savant, mettant réellement sa science en
pratique sans transgression d'aucune sorte (v. 653), Masâlik-al-Jinân traduction de Sëriil Saam MBAY.
Dar-el-Kitâb, 1984.
34
Sëriii Saam MBA Y explique ce phénomène par l'exemplarité de la foi du poète. Pour
le conférencier mouride, S. MB JAXA TE considérait l'écriture de ses poèmes comme un
devoir, un sacerdoce, bref, une sorte de prière.
Sëriii Mbay avait des crises de veine subites au cours desquelles il produisait tel un
E
fleuve qui se déverse. L'on devait alors se dépécher de lui présenter de quoi écrire ; sinon, il
U
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lui arrivait de graver directement sur le sol des vers que les présents s'empressaient de
recopier ou d'apprendre par cœur.
TH
Voilà peut être qui explique la dispersion de la production de notre auteur et le
O
manque de titre de ses textes.
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35
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POÈME N° 1 : BASTUL A BON BU DEE TAXA W
E
Moo gëna bon ci ab murit
Lépp lu bon ci ab murit
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Yaw bu ko séenu bu ko séen
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5. Ku jox jigéenam la mu laaj
Xaii sëriiiam la mu ko laaj
Ku xaii Sëriii nag la mu laaj
Réccu ko gaa yi déggléen
TH
6. Murit da daa wut sëriiiam
O
Tey daw lu du! ab sëriiiam
LI
37
QUE LA BASCULE EST DANGEREUSE AV MOMENT DE LA PESÉE
E
(Et) tout ce qui est défavorable à l'aspirant
Ne l'attend pas, ne le vise pas.
U
5. Qui satisfait la demande de sa femme,
EQ
Refuse la demande de son guide (spirituel)
Et qui refuse à son guide ce qu'il demande,
6.
Aura à s'en répentir, comprenez bien.
L'aspirant (d'habitude) est en quête de son guide
TH
O
En s'éloignant de tout ce qui n'est pas son guide
Jusqu'à ce que Dieu lui octroie et son guide
LI
38
POÈME N° 2 : RIKK ASAN LU MANA XEW
1. Rikk Asan lu mana xew
Awal ndigal te yaru yaw
Kon dinga làq6 wépp yiiw
Tey ale ëllëg maa la ko wax
2. Mbooleem lu deefij6g di wut
Yar a ko gën gën koo rafet
Moo jara dox junni hi at
Di wut Sëriii bu la ko jox
3. Ku yaru rekk a mata am
Ku yaru rekk a mata xam
Ku yaruwul matula am
Matula xam turam wa sax
4. Ab yar li tax amui moroom
Day taxa gën fa say moroom
Tey taxa gën fa sa boroom
E
Ku la yarul rekk a la nax
U
5. Ku la mayoon i junni yit
EQ
Te jàppul ub yar may la yit
Leegi nga gis junni ya rot
Woroomi7 yar for ko te sex
6. Ku yaruwul matula yër
TH
Ku yaruwul matula yor
O
Ku yaruwul alku na far
LI
Ku ko am it iiakkul dara
Sëriii bi yal na nu ko jox
8. Ab yar la deefi gën e nit
IA
Te ku ko am du ko damoo
O
39
'·
E
Qui ne t'a pas éduqué t'a trompé.
U
5. Si quelqu'un t'offrait des milliers (de francs)
EQ
Mais s'abstenait de te donner une bonne éducation,
Tu verrais bientôt les milliers (de francs)se perdre
Pour être ramassés et consommés par !'éduqué,
6. L'impoli ne mérite pas l'intérêt
TH
L'impoli ne mérite pas que l'on se charge de lui,
IO
L'impoli enfin est maudit
On n'a plus qu'à le mettre en terre.
L
40
POÈME N° 3 : MA JÔG CA W UB Y AR •••
E
Soosee nga wax far
U
5. Teggin a nguy jooy
EQ
Noiiam a ngiy jooy
Y al na iiu far jooy
6.
Yépp ak sunuy !or
Tey foo waxes lëf
TH
IO
Nit wax ca as lëf
Te du ca wax lëf
Lu dul dangay nar
L
IB
7. Du la ni nar nga
Du la ni fen nga
-B
Tuuti te moy yi
O
Bareeki kër-kër
C
41
JE M'EN VAIS DONNER LE FOUET •..
1. Je m'en vais donner le fouet
A celui qui n'a pas d'éducation ;
Qui n'a pas d'éducation
Mérite de recevoir le fouet.
2. Celui (là) qui, à chacun de tes propos
Oppose ses propres propos,
Seulement pour attaquer tes propos
Et te rendre résigné et enragé.
3. Où trouver la bienséance ?
La voie de la bienséance,
Ainsi que les parlers respectueux
Qui ont toujours réduit les conflits ?
4. A chaque fois que tu tiens le moindre propos,
On y oppose un autre petit propos
Dont la perfidie rendra le petit propos
E
Que tu as émis caduc.
U
5. Les bonnes manières se désolent ;
EQ
Leurs semblables se désolent ;
Que nous autres les pleurions
Tous, ainsi que nos maux.
6. Aujourd'hui, dès que l'on émet un avis,
TH
Quelqu'un y ajoute quelque chose ;
O
Et il n'y ajoute rien d'autre
Que "tu mens".
LI
La longévité et l'équilibre,
La paix et (l'état de) satisfaction;
C'est elle qui octroie aussi la richesse.
11. La bienséance est préférable à la mère,
Elle est également préférable au père ;
Elle est meilleure qu'un nombre important d'amis,
Tâche de te l'attacher.
12. Qu'il est utile de se l'attacher!
Qu'il est dangereux de s'en départir !
Elle maîtrise et modèle,
Sans avoir besoin de donner le fouet.
42
POÈME N° 4 : LU DUL NI NOKKET...
1. Lu dul ni fiokket
Rekk ni waqet
Dabi ngërëm kat
Gaa yi du mbir kat
2. Dee gi du jekki
Day xëy di songe
Di gont songe
Te ku ko gis rët13
3. Du difiel4 mukk
Du fandel5 mukk
E
Du fiàkk lekk
U
Tey xëy di gis nit
EQ
4. Farlu gu nekk
War na ku nekk.
Ngir nit ku nekk TH
Dee gaa ngi koy-wut
O
5. Ndaw fiaa ngi koy daw
Mag fiaa ngi koy daw
LI
6. Ku mu jotul tey
Jot la bu du! tey
Nelawatoo kay
IA
Ba amatoo maam ·
Dana la fab yit
9. Dee ken la du! ha
Donte dafay ha
Yonen ha Jay ha
Kay ngën ji aw nit
43
SEULE LA FERME RESOLUTION .•.
E
Elle n'est jamais à court de subsistance
U
Alors qu'elle voit des gens.
EQ
4. Toutes dispositions
Incombent à n'importe qui,
Car, chaque être humain
Est sans cesse recherché par la Mort.
TH
IO
5. Les jeunes la fuient ;
Les vieux la fuient ;
L
Chacun la fuit,
IB
Hâte-toi de te purifier.
O
'
44
10. Dee daw ko dum xel
Muslu ko dom xel
Fàww mu teeral
Gaalam fi sag wet
11. Fexeela am yaw
Ngërëm ak uw yiiw
Te ba fen ak jëw
Fab sa bakkan not
12. Dangaa fasoo dem
E
Te ku fasoo dem
War na balaa dem
U
Y6bbalam mat
EQ
13. Yokkal sa itte
Yokk gu metti
Tey daw wereµte TH
Fàww ak barig jot
IO
\
14. Moyul barig jot
L
Nanga ni téppét
Seytaane saa kat
R
ES
''
45
10. Fuir la mort n'est pas raisonnable ;
Chercher à s'en protéger (non plus) n'est raisonnable;
Elle accostera inéluctablement
Sa pirogue à tes côtés. ,·g
E
Or qui se destine à partir,
Doit avant son départ,
U
S'assurer d'un viatique complet.
EQ
13. Accentue (donc) ta résolution
D'une façon radicale ;
Fuis les discussions vaines
Et le désœuvrement.
TH
O
14. Méfie-toi du désœuvrement,
LI
Déguerpis aussitôt
(Car) il s'agit de Satan.
R
_46
POÈME N° 5 : MURID DËGG Blll.. MER TE BUL JÀPP MER
E
5. Jom ak jikk6 ale fulla yii yattl7 a bon
Jigul rëbb ak ub dag jigul ab murid
U
EQ
6. Ku am yatt yii du am yatt yii :
Ngërëm, bàrke, wërsëg; yëgal yaw murid
!ii
Sa rab wii di raw yaw lu jar murid
IB
47
DE GRACE, Ô L'ASPIRANT NE SOIS NI COLEREUX NI RANCUNIER
2. Mets toi en colère contre tes défauts, et rends grâce à ton guide (spirituel);
Evite aussi son mécontentement afin d'avoir tes (propres) disciples.
3. Et puis sois d'un abord facile, car, qui n'est pas d'un abord facile,
N'aura ni agréments ni (ses propres) disciples.
E
5. La fierté (excessive), le (mauvais) caractère et la morgue, que ces trois (travers) sont mauvais!
Ils ne sont favorables ni au chasseur, ni au serviteur, ni à l'aspirant.
U
EQ
6. Qui est marqué de ces trois là ne peut avoir ces trois-ci :
Le mérite, la grâce et la chance ; sois en averti ô l'aspirant.
7. TH
Agis avec prudence, te planquant et courant afin d'abattre (ta proie) ;
Etre instable (de caractère) est certes une tare pour l'aspirant.
O
8. Avoir trop mauvais caractère, trop de morgue et une trop grande fierté,
LI
Tache de suivre ce conseil ; qui agit ainsi devient le meilleur des aspirants.
R
48
POÈME N° 6 : XARIT DËGG YEWWUL BA YEWWUY JARIN ...
E
U
6. Li ngay mujje moo tee nga koo jëkke far
EQ
Dangay mujj daw bis te doo daw ba raw
49
Ô AMI, REVEILLE TOI PENDANT
.,
QUE L'EVEIL SERT ...
2. Cette belle situation que tu as dans ta maison, ainsi que ces fidèles qui t'entourent,
Ne peuvent t'empêcher d'être mis un jour en terre.
3. Alors, tu resteras dans ton trou, tout seul avec tes actes
Et jamais tu ne reverras ni adulte ni jeune.
E
Oriente ta conscience vers cette autre maison, et gare toi.
U
6. Que ne commences-tu par faire ce à quoi tu finiras par être réduit ;
EQ
Tu finiras par vouloir te sauver un jour, alors que jamais tu ne pourras t'échapper.
10. Cest l'hivernage qui est le bas-monde, et le travail agricole les bonnes actions ;
Le mil constitue ta paie. A terme, tu (en) seras ravi.
IA
11. Quant l'autre travaille, travaille; quand l'autre ne travaille pas, travaille.
R
50
POÈME 7 : XARIT BUL TAMAL SA BOPPUW LËJAL
E
5. Te ab !al bu iiuy tëdd akuw fas ba tey
Jarul leb ku leb yii bakkan Jay lebal
U
EQ
6. Ndegam bëg nga yii nag te am séeni njëg
Fabal mbaa nga jox sab sëriii far mu jël
TH
7. Nangay not bakkan yaw te kat hum la not
O
Bu lay woo ci loo xam ne w6orul banal
LI
51
Ô AMI N'HABITUE PAS TON CORPS A DES SERVITUDES
E
5. Un lit pour dormir et un cheval également
U
Ne valent pas l'endettement. Celui qui s'endette pour ces choses le fait (uniquement) pour son
EQ
plaisir.
6. Si tu désires ces choses et disposes de leur prix,
TH
Prends les ou (mieux), offre les à ton maître pour son service.
10. (Le sens de) l'honneur, la foi et la pudeur (ces venus) ne se voient plus
R
11. Qui vient (te solliciter), offre lui ce que tu peux sans (rien) lui prêter.
Cela est préférable aux querelles, aux regrets et aux plaintes
D
12. Le prêt consenti à DIEU est préférable à celui consenti à son esclave;
O
52
. .. - , \
E
5. Doo seeru ngën jib murit muy j6g di waaxu di wéy
Ba jongamay bari man-man nag ba jog di ko dab.
U
EQ
6. Doo seeru ngën jiy murit muy nekk: fenn di wax
Ba jongomay j6g di fookay jëm fa booba barab
. ~
a' 16. Tey làmb jaa ngü di gor, koo seeru nag mi ngi tëb
Ngir bëgga ub, y6bbu npam; yal nan ko ub te nga ub.
53
Ô MASSAMBA, PLONGE DANS L'OCEAN DE BAMBA ...
_1,, ~ t~
1. Ô Massamba, plonge dans l'océan de Bamba (afin) de proprement te laver;
Avance en longues brasses jusqu'à atteindre (J'.objectif) et te noyer.
3. Affine ta foi, rends la pareille à une machette (aussi coupante) qu'un rasoir,
Pour élaguer les obstacles tel le lawbe • coupant des arbres,
E
U
6. On ne verra jamais l'aspirant vertueux intervenant quelque part,
EQ
Et une belle se mettre à s'amuser et à y diriger ses pas.
convaincra pas.
R
11. C'est la femme qui a coupé la route à ceux qui étaient en quête de DIEU, je te l'affirme;
ES
Car elle est un piège posé par Satan, ne t'en approche pas.
D
14. Céla, comme gage de fidélité est suffisant, prends en .soin, quelle grande fidélité !
Voilà Massamba ta leçon, rends grâce à Dieu et reçois (la).
54
POÈME N° 9 : MA WAX FI AHMADU KUMBA ...
E
U
5. Foo xam ne boo fa demee yokkoo fa yaw bu fa gëj
EQ
Te képp kuy gëj fa muy yokkoo du job du jubal
, ,
SS
~\ 1 '
1. Je men vais ici confier à Ahmadu Kumbë des recommandations propres à le faire échapper
A Satan, à l'âme charnelle, ainsi qu'à tout ce qui constitue l'objet de crainte.
2. ô toi Ahmadu, l'écuelle (à nourriture) est là bien disponible, approche !
Sers toi et mange ; hâte-toi d'en consommer jusqu'à satiété.
3. Acquitte toi de toutes tes dettes, éduque tes gens et maîtrise ta passion (profane);
Tâche aussi d'acquérir le mérite et de rendre des visites pieuses avec des biens en viatique.
4. Mourir avec des dettes (non payées) provoque des tourments ; jamais ceux qui savent ne le
feront.
Etre négligent au point de mourir avec des tettes, que DIEU nous en préserve !
E
U
5. Des endroits où tu es sûr de gagner quelque chose, ne t'absente pas trop longtemps ;
EQ
(Car) ceux qui désertent les lieux qui leur sont favorables ne peuvent ni être honnêtes ni bien
se conduire.
6. Maîtrise ta passion profane et habitue-toi aux visites pieuses;
Evite de ne te préoccuper que d'épouses, d'enfants. et de vivres.
TH
O
7. Se préoccuper uniquement de fiançailles, de mariages et de concurrences (galantes),
LI
Ne te fera réussir; cela ne te fera pas non plus atteindre* (en plein) le mérite.
IB
10. Je t'ai indiqué ce que je sais, rends grâce et fais cè que tu peux ;
ES
Mais (surtout), tâche d'aller accomplir tout ce qui t'est difficile (à faire)
11. L'ami ne sert à rien d'autre que d'être bienveillant à l'égard de son ami.
D
• L'auteur joue ici sur le sémantisme du mot "jam" qui signifie à la fois "atteindre un objectif" et l'emporter sur un
coucurrent galanl
•• Nous avons voulu respecter la métaphore de l'auteur, mais ici il faudrait comprende par ce verbe, l'expression du
pacte d'allégeance cf ·~aayante".
56
12. Neexal deret te maneel ak mbokk ak dëkkandoo
Bul moslu kenn te kuy moslooti dee ko mosal
13. Bul mer te kuy mer demal neexal ko barn béga bég
Bu! topp yaw sa bakkan bul topp yit ku xamul
14. Murid bu dul julli ak bay julli bul ko xalam
Foo gis ku bon defaral mbaa boo munul suturaal
E
U
16. Murid bu ndaw ak bu mag ak koo fu gis te mu gëm
Yonen ba ak Yàlla jàppal seeni xol di seral
EQ
17. Tiijaan ak ub xaadir ak koo seeru dee ko bégal
Mbégum jullit rëy na kuy merloo jullit texewul TH
18. Jullit bu mer Yàlla mer buy bég µm daaldi bég it
O
Moo tax nga xam ni ku.fiy merloo jullit xamagul
LI
'·.
57
12. Tâche d'être sociable, ménage patents,et voisins ; . ,,
Ne sollicite personne, mais qui vient (te) solliciter, pourvois-le.
13. Ne te mets jamais en colère,et à celui qui se tache, trouve le moyen de rendre la joie.
Ne te soumets pas à ta passion (profane), ne suis pas (non plus) les ignorants.
"
14. De l'aspirant qui ne fait pas ses prières et de celui qui s'en acquitte, ne t'occupe.
. Devant le corrompu, tâche de (le) corriger ; si tu ne le peux, montre toi indulgent.
15. Si tu dois réfléchir, réfléchis sur tes propres travers en oubliant ceux
Des autres ; sache que s'occuper des travers des autres n'est pas bienséant.
E
16. Au jeune aspirant comme à l'adulte, ainsi qu'à n'importe qui croyant
Au Prophète et à DIEU, évertue toi a apaiser le cœur. '
U
EQ
17. Le Tidiane, le Qâdir ainsi que n'importe qui d'autre, tâche de les rendre heureux,
Le bonheur d'un croyant est inestimable ; qui mécontente le croyant ne peut-être bienheureux.
18. TH
Chaque fois qu'un croyant se fâche, DIEU se tache; s'il se réjouit, DIEU se réjouit (deniire)
Voilà pourquoi qui contrarie un croyant n'est point encore informé.
O
19. Rends à ta mère ainsi qu'à tous tes proches tout l'honneur qui 'leur est dû.
LI
Et évite de te disputer avec les gens ; les disputes ne sont pas ce qu'il y a de mieux à faire.
IB
20. Sois réservé et évite de te mettre à critiquer des guides (religieux) ainsi que des confréries ;
-B
21. Les guides (religieux), de même que leurs voies et leurs adeptes, ménage-lés.
IA
Considère les et témoigne leur de l'indulgence afin que DIEU te rende meilleur.
R
58
POÈME N° 10 : ADDINA BËGG NA LAA FAB •••
E
4. .Mbaam ak gëléem ak fafalnaaw35 ak wataaku36 gelaw
·1.oo ciy war it du la tee xëy bis ni céoo fi suuf
U
EQ
5. Néegub iiax ak baari seng ak taaxi suuf aki kaw
Loo yàgg yàgg ci iioom it génn dugg fi suuf
Moo lay fegal lori kaw moo lay fegal lol:"Î suuf
11. Suuf ak kaw ak féppa am.lor féppa am njariii it
D
59
N'••'•' ~·•f' ,•, 'o' , ,.. ~· ,,
(!.,:,h J_
E
Quelque soit ta monture, cela ne peut t'empêcher de rester un jour, seul en terre.
U
5. Que ce soit la case en paille, l'abri fait dë tôles, le bâtiment en rez-de-chaussée ou à étage,
EQ
Quelqu'y soi't la durée de ton séjour, tu en sortiras toujours pour entrer en terre.
6. Le cous-cous "la/', .à la viande fràîche, un cous-cous ordinaire à haricot
TH
De même que l'épinard* et le son sont parfaitement pareils le jour où tu arrives en terre•• .
O
7. Le simple manant, le roi ou le serviteur sont parfaitement à égalité ;
A la longue, ils finiront par disparaître tous ensemble en terre.
LI
IB
8. Epouser une princesse, une captive ou une chienne sont parfaitement équivalents ;
Quelque soit le nombre de tes mariages, un jour, la mort te prendra*** .pour te confier à la
-B
terre.
9. Le bas-monde a trahi vieux et jeunes ; trahis le dès maintemant ;
IA
Cest LUI qui te préserve du Mal (venant du).haut etde celui (venant du) bas.
D
11. Le bas corilme le haut comportent aussi bien le mal que le Bien ;
Qui se détourne du (bas-monde) gagne et le Bien du haut et celui du bas.
O
C
12. Se préoccuper de la mission jusqu'à oublier la récompense n'empêche guère l'octroi de (cette)
récompense ;
Tâche de gagner l'élection du haut et celle du bas.
13. Dieu fasse que nous soyons tous triomphalement élus la-haut
(Une élection) durable aussi bien qu'ici~bas ; que n'importe qui soit au dessous de nous.
• Epinard : traduit ici "Mbuum" quê le Dictionnaire wolof{rançais 12, CLAD: 1977 traduit par "feuiiles
fraîches à usage culinaire". .
•• Ici, l'auteur veut dire que devant la mort, la qualité des mets impor1e peu .
••• Voir petit lexique, note 40.
60
POÈME N° 11 : ADDINA MOO MANA NAX NDAW •••
E
5. _ Moo jaa fia mbooloo ya da,a wër gàddo seeni filai
. : Di sënk:44 akay sànk45 tey jii nag ku xam ana fiu ?
U
EQ
6. Moo jaa fia daa dox di wëndéeluy xareeka wasaJ46
Alcay piccaarooka47 dàkk48 uw nit ku xam ana nu ?
7. Na daa rey uw nit akay rëylookajekki ca kaw
TH
Di xulli ay gët49 akay xooleeka bew56 ana fiu ?
O
LI
61
QUE LE BAS-MONDE EST HABILE À LA TROMPERIE!
1. Que le bas-monde est habile à la tromperie ! p a trompé tellement (de gens) ! Qui sait
.
Ce que ceux qui étaient rois ou simples manànts sont devenus ?
'
2. Ceux qui faisaient galoper leurs chevaux, faisant des captifs et ravissant,
Vendant des esclaves. et les conduisant, qui sait ce qu'ils sont devenus ?
3. Qui sait où ceux qui passaient leur temps en selle sur leurs "pur-sang"; ainsi que ceux qqi,
Razziaient les villages provoquant pleurs et exodes se trouvent (maintenant) ? "'
-~
4. Qui sait où ceux qui faisaient battre le jungjung** pour réunir les gens,
Ainsi que ceux-là qui méprisaient et insultaient le peuple se trouvent-ils .(maintenant) ?
5. Et ceux-là que des gens entouraient, se chargeant de leurs fusils,
E
Les flagornant et les perdant, qui sait ce qu'ils sont aujourd'hui devenus ?
U
EQ
6. Et ceux qui ne faisaient que vagabonder, guerroyer et razzier,
Se barricadant pour se soustraire aux gens, qui sait où ils se trouvent (à présent}?
7. TH
Ceux qui tuaient les gens, se gonflaient d'orgueil et s'installaient bien haut,
Roulant des yeux et toisant si orgueilleusement le monde, que sont-ils devenus ?
O
8. Ceux qui passaient leur temps à s'entretuer et à rassembler les gens
LI
(Ceux qui), cruels, se souhaitaient tous les malheurs, qui sait ce qu'ils sont devenus ?
10. Ceux qui se disputaient, se poignardant dans les querelles,
Se livrant à des beuveries, qui sait ce qu'ils sont devenus ?
IA
R
11. Que le péché est éxécrable ! Qui s'y adonne ne peut connaître une fin heureuse ;
Tous ceux-là qui se complaisaient dans le mal, nul ne sait ce qu'ils sont devenus !
ES
12. Aussi bien les rois que (leurs) sujets ont tous ensemble disparu
D
13. Repens toi, rends grâce à (DIEU), et tâche résolument de trouver l'agrément de DIEU;
C
Tâche de ne jamais faire partie de ceux dont on se demande ce qu'ils sont devenus.
62
POÈME N° 12 : SËRIN BI AAYE NA JËW
E
4. Ku.dolliwul sab Iiggéey it bul ko faf joxe des
U
Te fab sa dagga56 di lokkat57 mbir la muy alake
EQ
5. Jullit bu dee jëw moroom um jullitam dafa dof
Ngir jàpp saw yiiw di jox nit dof la koy alake
6. Doo gis ku yewwu ku am xel mukk muy jëw u nit
TH
Ku ye11Wu gistee58 ko muy def mukk luy alake
O
LI
. 63
LE CHEIKH A INTERDIT LA MEDISANCE
E
4. A défaut de cherchr à augmenter ses bienfaits, que l'on se garde (au moin.s) de les distribuer ;
U
Et se mettre à brûler* son grenier, est un fait propre à la malédiction.
EQ
5. Un croyant qui se met à médire de son frère croyant n'est qu'un sot,
Car, se mettre à abandonner son mérite à 110 autre, est une sottise à rendre maudit.
6.
TH
On ne verrait jamais un homme éveillé, plein de raison se mettre à médire (des gens) ;
On ne verrait (en effet) un homme intelligent faire des actes qui rendent maudit.
O
LI
7. Que le Cheikh est éveillé ! Dieu fasse qu'il nous réveille au point que l'on ne s'adonne plus
Ni à la médisance, ni à rien de semblable, ni à rien (du reste) qui soit propre à rendre maudit.
IB
Que l'on médise. Quel grand guide ! C'est lui qui (nous) a préservés de tout ce qui rend
maudit.
IA
R
ES
D
O
C
'1•··
.. Image : on peut brûler certainuherbes de son champ pour le nettoyer, mais il ne viendrait à personne l'idée de
brûler son grenier.
64
POÈME N° 13 : YA W FOO DAJEETEEKU NIT •••
E
'Béréb bu mbooloo dajeey xooleeka wax dawe fa
U
6. Fu fiw jullit da.je déglul koo fa dégg mu wax
EQ
Ag dëgg jàppal ku wax aw fen nga ree te ba fa
7. Ab yar bu sotti bu ànd ak dëgg moo mata yor
Yii yaari yëf ku ko yor fum jëkki jekkiji fa TH
O
8. Nangay naxante ba doo moy Yàlla doo moy unit
LI
65
CHAQUE FOIS QUE TU RENCONTRES DES GENS Ô (AMI) ...
1. Chaque fois que tu rencontres des gens ô (ami),' sois' parfaÎ;e;ent réservé ;
(Car} Satan est un champion, et il se trouve partout o,ù l'on est en public.
2. Et c'est là où les croyants se réunissent pour parler de.DIEU dans la joie,
Qu'il porte davantage préjudice, car personne ne l'y croirait; ·
3. Un voleur (qui opère) à notre insu et sans que l'on s'y attende est d'autant plus,dangereux ;'2
Or, ce n'est qu'un voleur; dès que l'on s'aperçoit de sa présence, il s'empresse' de déguerpir;
4. Méfie toi des assemblées (mondaines), car à chaque fois que tu te mélanges (aux gens), ,:.
Tu te verras porter du tort, et porter tort ; tu auras nui et on t'aura nui.
5. Cache-toi et isole-toi; suffis toi à DIEU, en dehors (du secours) des gens.
Ces endroits où les gens s'assemblent pour discourir vainement, déserte-les.
E
6.
U
En tout endroit où sont rassemblés des croyants, si tu entends quelqu'oo ·
Dire vrai, acquièsce; sion profère un mensonge, contente toi d'en rire.
EQ
7. Une parfaite éducation doublée de franchise, voilà ce qu'il faut avoir;
Tache de toujours fréquenter les endroits où se mettent les gens qui sont dotés de ces deux
TH qualités..
O
8. Evite par la diplomatie de violer les lois de DIEU et de porter tort aux gens ;
Si tu te trouves incapable de réussir cela, va (alors) t'abandonner à DIEU.
LI
9.
IB
10. Que jamais à quelqu'un qui dit une contre-vérité, .tu dises que cela n'est pas ;
(Car) celui qui, en public se met à démentir les gens n'y est certainement pas meilleur.
IA
Tout ce qui n'est pas du fait de DIEU ; tu arriveras ainsi à être le meilleur où que tu iras.
ES
13. Les gens avertis (ont l'habitude.de) rechercher le mérite, et jamais autre chose. ;>
De là où tu entends les discussions vaines, déguerpis vite, il n'y a point de mérite. ,
C
14. Les discussions vaines sont toujours suscitées ou par Satan ou par ses suppôts.
A celui qui exprime des propos, qu'ils soient vrais ou faux, abandonne les .lui.
15. Si on te tient des propos mensongers, abstiens toi de confirmer, d'infirmer ou de ridiculiser
. · (l'auteur) ;
Mais: évite (aussi) de croire; accepte pudiquement le mensonge jusqu'au départ (du m:nlfllri
16. Et ne le calomnie pas après ·son départ, il emporterait tes (bonnes) actions ;
Même s'il a pris congé de toi, DIEU LUI est toujours là.
66
POÈME N° 14: JÀPPAL SA XOL BI DEFAR ...
E
5. ~u kër gi jag jag bu ruugiy rot nga génn ko dem
'ljaw rekk.ken du la topp it menn xel du ko daj
U
EQ
6. Te rikk ak sa bakkan Jàppal ma addina wor
Te daaldi wéy hala laa workon sa mbir du fi lëj
TH
7. Am wéttal al iiàkk wéttal waaji fioo xala yem
O
Buur ak dagam ya mu àndal fioo xaloo yami muj
LI
67
,,, 1
1. Emploie toi à te purifier le cœur car c'est le cœur qui constitue ta demeure ;
A quoi (le fait de) rendre sa maison propre en laissant son cœur (souillé) peut-il servir?
4. Ceux qui logeaient bien haut, mais se complaisaient dans le pêché sont aujourd'hui
Dans les cimetières, subissant le fouet dont on peut partout entendre les coups;
E
5. Malgré tout l'agencement de ta maison, dès que (ton) âme tombe•, tu la quittes pour t'en aller
Tout seul, sans aucune compagnie ; nulle conscience n'y penserait.
U
EQ
6. Et, de grâce, avec ton âme chamelle, emploie-toi à trahir le bas-monde ;
Pour t'en aller (vers le salut) avant qu'il ne te trahisse ; ainsi tes affaires ne seront pas
emmêlées ici-bas.
7.
TH
Sache qu'avoir de la compagnie ou être seul sont parfaitement pareils;
O
Le prince ainsi que les serviteurs qui l'accompagnaient, sont tous voués au même destin.
LI
8. Le prince tout comme sa suite sont strictement égaux, car celui d'entre eux qui trépasse,
IB
9. Si, (à présent) tu désirais avoir une compagnie qui ne te quitterait jamais plus,
Ouvre ton cœur, place-y DIEU, et referme-le.
IA
10. Quelque soit ce que tu enfermerais dans ton cœur, si ce n'est LUI, cela te filerait un jour
(entre les doigts)
R
Tout être humain est destiné à mourir, tout récipient finira par ce casser
ES
11. Tout édifice est voué à la chute, toute demeure est destinée à la ruine ;
Et la maisonnée également finira par être dispersée ; dans ce bas-monde, le bonheur n'a pas
D
de place.
O
12. Le bas-monde est une bien mauvaise demeure; il n'a jamais satisfait, etjamais il ne satisfera.
C
Qui ne se préoccupe que de sa bonne marche, ne verra jamais ses besoins satisfaits .
68
POÈME N° 15 : XAM NAA NE AG NAKK A MAANDOO BON ...
E
Te def ku sàmm iy céram, ay da! ko, yiw sori ko
U
7. Koo xam ne day seeru yëf yoo xam ne moomu ca lëf,
EQ
Te bëgg cas lëf, bu baaxul far ca mos ; moyu ko
8. TH
Sa kër sëriii noo ca tàbbee rekk génne na yaw
Bu! génne kas lëf lu dul loo xamne jox na la ko
O
9. Sa kër Sëriii loo ca gis, ak kër gu du! këram it
LI
10. Loo gis lu sew sew bàyyil, ngir lépp loo mana fab
Lu sew sew it daaldi rëy, ag moy du tuuti ba ko
-B
69
,·
\,
E
Dont il a envie d'une panie et (d'ailleurs) finit par y goûter s'il est pas honnête, évite-le.
U
8. De chez ton guide spirituel, sors comme tu es entré ;
EQ
Ne repars avec rien d'autre que ce qu'il t'a luicmême offen.
9. Chez ton guide spirituel, quelque soit ce que tu y vois, et même ailleurs que chez lui,
Attends patiemment l'autorisation au lieu de te l'approprier. TH
10. Ce qu tu y verrais, quelque soit son insignifiance, ne t'en occupes pas ; car tout ce que tu
O
pourrais t'y attribuer,
Quelque infime soit-il deviendrait imponant ; un pêché n'est jamais anodin, abandonne-le.
LI
11. L'aspirant n'a de devoir que (de) vénérer son Maître, lui attribuer son cœur,
IB
(Lui faire don) de ses biens, suivre ses directives, et se garer de sa colère.
-B
Le vol, le vagabondage, le furetage, ainsi que l'écoute (aux portes) et le rapport mensonger.
R
Qui exerce la fonction de chambellan, c'est de ceux-là qu'il doit s'inspirer, tu en es averti.
15. Que l'ange est vertueux ! qu'il est plein d'honneur, et que ses mœurs sont saines !
D
Ile ne ment ni ne rapporte les secrets ; cela ne lui effleure même pas l'esprit
O
• Difficilement traduisible ·dans ce contexte, le "bëkk néeg" signifie à la fois chambellan, .huissier et portier et
quelquefois même condifent et secretaire.
•• Jibriil : !'Ange Gabriel
••• Le ciel
70
POÈME N° 16 : NAN JÀPP T ÀNK YI AK LÀMMIN YI •••
E
5. Doxkat bu y6bbuwul iy !or, delluseek i loram .
U
Moyul ma ab dox ak ub doxkat, te defku yaru
EQ
6. Dox am na kat njariii ak !or, waande fab njariiiam
Ba fay loram të na ; jàppul ndax nga far defaru
7. Koo xam ne xam nga sa lor xam say njariii mana daw
TH
Sa !or te fab sa njariii, dox dootu tax nga loru
O
8.
LI
9. Bul toppandoo gaa ya man ndox kon iiu mucc nga !ab
Bul roy ci gaa yi manul ndox kon nga moy le xaru
IA
71
,.
1. Tâchons de discipliner nos pas ainsi que nos propos de façon radicale ; .
Celui qui agirait autrement que comme je dis, nuit (aux autres) et se porte préjudice.
E
(Je t'exhorte à) éviter le vagabondage et les vagabonds et, à être bien éduqué. ·
U
6. La promenade a certes des avantages et des inconvénients ; mais prendre les avantages
EQ
Et délaisser les inconvénien'ts est difficile ; sois réservé
. (alors) afin de devenir meilleur.
7. Celui qui a une conscience claire de ses préjudices et de ses avantages, et qui peut füir
TH
Les méfaits pour bénéficier des bienfaits, à celui-là; le vagabondage ne peut nuire.
O
8. Si (par contre) tu es incapable de distinguer les préjudices des bienfaits, incapable
De ceuillir les avantages tout en fuyant les méfaits, rester tranquille et t'isoler esf ta meilleure
LI
ressource.
IB
9. N'imite pas les bons nageurs, car ils seront saufs quand tu te noieras ;
-B
Ne fais pas non plus comme ceux qui ne savent pas nager, car alors, tu devieras .(de la voie
· droite) et te perdras.
IA
10. Repens toi et soumets toi ; rejette (l'usage) d~ raisonnement vain po~ suivre les
recommandations;
R
·/•
72
POÈMEN° 17: YAWMIYNELAW
E
5. Yaw miy nelaw te xamoo bis péfic76 boofa layoo
U
Dangay yey am dafiu Jay yey moo na ngay melawe ?
EQ
6. Yaw miy nelaw njël te say sët yépp toll ni yaw
Dee rekk far des ci yaw moo jaa na ngay nelawe ?
7. Yaw miy nelaw te sa lollib dund wéy te amoo
TH
Loo y6bbaloo fa nga jëm moo jaa na ngay nelawe ?
O
LI
.'
73
Ô TOI QUI DORS ...
1. Ô toi qui dors sans rien connaître de tes affaires, comment peux-tu dormir?
Toi qui t'endors sans être fixé sur ton destin, comment peux-tu dormir?
2. Toi qui dors de la nuit au petit matin sans savoir
Où de l'enfer ou du paradis tu seras envoyé, comment peux-tu dormir?
3. Toi qui t'endors si profondément, en ronflant si fort sans savoir
Comment tu franchiras le Pont*, comment arrives-tu à dormir?
4. Toi qui ronfles si fort alors que tous tes pairs t'on laissé en chemin,
Comment celui qui est l'égal de n'importe qui, mais (qui est) sans mérite peut-il dormir?
5.
E
Toi qui dors sans savoir si au Jour Ultime, lors de ton procès,
Tu l'emporteras ou tu seras condamné, comment réussis-tu à dormir ?
U
EQ
6. Toi qui dors au petit matin alors que tous tes petits-fils t'égalent,
Qu'il ne te reste plus qu'à mourir, comment réussis-tu à dormir?
7. TH
Toi qui dors quand le printemps de ta vie** est révoiu, alors que tu n'as pas
De viatique à emporter là où tu vas, comment peux-tu dormir?
O
8. Qu'il est temps de se réveiller ! Grand temps de se tirer du sommeil !
LI
Comment quelqu'un qui traîne encore alors que tout Je monde est arrivé peut-il dormir?
IB
9. Que l'ignorance est mauvaise ! Si quelqu'un après la mort, ressussitait et revenait ici-bas,
-B
(Car) c'est Dieu qui l'a créé en toi, il faut que tu cèdes au sommeil.
R
11. Sache (seulement) que le bas-monde est un véritable champ pour DIEU ;
ES
Or personne n'enverrait (ses gens) dans son champ uniquement pour qu'ils y dorment.
D
O
C
74
PETIT LEXIQUE DE TERMES AUJOURD'HUI INUSITES
Poèmen°1
1 Bastul taxaw : plus communément : "barigo taxaw", se dit de la période de la commercialisation des
arachides. Appelé aussi traite, c'est un moment particulièrement favorable aux débordements à cause de la
facilité de circulation de l'argenL
"Bastul" est la déformation du mot français ''bascule".
"Barigo", litter. "fût" , signifie un "quintal".
2 Aaréen : autre nom de "gerte" : arachide.
3 Làpp : frapper, ici: battre. Le terme le plus approprié serait "bàcc".
4 Laxasaay : bande d'étoffe ou ceinture de cuir que le mouride se ceint autour des reins pour exprimer sa
détermination et son ardeur au travail. Le mot signifiera métonymiquement : "ardeur", "détermination".
5 Ngëlëen : vent poussiéreux.
Poème n°2
6 Làq: litter, cacher. Ici, détenir, posséder.
7 Woroom : pluriel de boroom. L'alternance b/w marque souvent le rapport singulier/pluriel en wolof. Mais ce
phénomène s'observe de moins en moins aujourd'hui.
E
8 Larax : !iller. : moisissures que l'on remarque sur des céréales altérées. Ici, futilités.
U
9 Kerkeraan : intermédiaire, moyen.
EQ
Poèmen°3
10 ër : respecter.
li naw : calme, tranquilité.
12 way : équilibré. TH
O
Poèmen°4
13 rët :sëpouvanter, sursauter (de peur).
LI
Poème n°5
-B
Poèmen°6
R
19
20 Lar: vigueur, force.
21 Jàppu : se réserver.
D
Poèmen°7
O
22 Asal : Pas facile à traduire, ce terme pourrait signifier "am na", "di na am" (cela est - cela sera). C'est donc
C
Poèmen°8
24 Sëmb : patauger, se baigner.
25 UCAjab" : mot arabe dont le sens marque l'étonnemenL
26 Pettngal : piège particulièrement efficace.
27 Tërëx • meoo : intensificateur pour marquer l'intégralité de l'engagemenL
28 Neefa : ba iiu ni ••• : archaïsme.
Poimen°9
29 Yeggle: litt : achever. Ici, faire aboutir des fiançailles
30 Jamoo : rivaliser (pour mie femme).
31 Xalam : réfléchir sur
32 Ngér: voie religeuse (tarîqa).
75
.Poème n° 10
33 Tagar : Matériau entrant dans la confection de lit rudimentaire.
34 Selen : Idem.
35 Fafalnaaw : avion.
36 Wata : auto (automobile).
37 Lay : "cerey Jay" : couscous de qualité, lrès fin.
38 Wataboor : viande fraîche.
39 Ndàpp ndiir : couscous ordinaire, sans condiment
40 Jël: littéralement, prendre, ici épouser. L'auteur joue sur le sémantisme du mot jël (épouser)/ jël (prendre) par
la mort
41 Pal : de "Cal" : élection.
Poèmen°11
42 Maf: aigle: emploi métaphorique. Ici, ravir tel un aigle.
43 Njar fukk : liner. qui vaut dix. Pur sang tellement coté qu'il était estimé à la valeur de 10 esclaves.
44 Sënk : Louer, vanter.
45 Sànk : perdre.
46 Wasal: razzier.
E
47 Piccaaru : Système de fermeture des portes. Ici, se barricader.
48 Dàkk : chasser, repousser.
U
49 Gët : Pluriel de "bët" (yeux).
EQ
50 Bew : céder à l'orgueil.
51 Tirim : intensificateur pour exprimer la violence et la soudaineté de l'action.
52 Yool: payer, ici pour des services occultes.
53
54
Gobar : couteau
Neefaa: iiu naan : archaïsme.
TH
IO
Poèmen°12
55 Rékki : ébranler (ici la foi)
L
56 Dàgga : grenier
IB
Poèmen°13
60 Wëllis : à l'exclusion de.
IA
Poèmen°15
D
Poème16
70 Tar: ici véritable, déterminé.
71 Asaru : se perdre.
72 Xiyaas : technicité.
Poèmen°17
73 Naari : L'enfer.
74 Xunni : soupir dans le sommeil, ici, dormir profondément
75 Siraat : Le "Pont". Un pont dans "l'au-delà" par où passent obligllloirement tous les hommes avant de rejoindre
leur demeure (Paradis ou Enfer). Cest apres l'étape du "Pont" que l'homme est fixé sur son destin.
76 Bin pénc : litt : le jour de la "place publique" : le jour du jugement dernier.
76
C
O
D
ES
R
IA
-B
IB
LI
O
TH
EQ
U
E
Nous n'avons pu, malgré beaucoup de recherche, détenniner avec précision le moment
et les circonstances à partir desquels les lettrés sénégalais ont commencé à produire des textes
en langues nationales wolof, pulaar, manding ou autre.
Selon une version assez répandue, le "wolofal" venait, au début, en appoint à l'écriture
arabe. C'est dans des phrases arabes semble t-il, que les écrivains wolof adjoignaient des mots
wolof transcrits avec les mêmes caractères.
E
U
EQ
Il évoque la position d'un africaniste Soviétique D.A. OLDEROGGE qui a voulu
prouver "l'existence d'éléments rudimentaires de langue écrite chez les populations des états
TH
médiévaux d'Afrique occidentale ... "2 et celle d'un autre chercheur britannique qui, elle, nie
l'existence d'une écriture africaine au Bénin3.
L IO
Nous pensons quant à nous pouvoir avancer que les Sénégalais ont écrit dès qu'ils ont
IB
Ont-ils écrit avant? Nous ne pouvons l'affirmer. Il nous semble seulement que, puisque
IA
le besoin d'expression littéraire existe en principe chez tout homme civilisé, les écrivains
R
D'ailleurs une vaste production orale est là pour prouver que des manifestations de ce
D
C'est un peu ce que Christiane SEYDOU note dans son "Panorama de littérature
Peule". "C'est l'introduction de l'Islam et du Livre (Coran) affirme t-elle qui a ouvert aux
Peuls les voies de l'écriture et d'une forme de littérature bien déterminée''!i.
Cette remarque sur les Peuls est évidemment valable pour les wolofs et les Manding.
0
)i
1 CfV. MONTEIL: "Sur !'Arabisation des langues africaines" . 1
in Génève-Afrique Vol. JI, n°/, 1%3, p. 12-19.
2 Idid., op. cit p. 12-19.
3 Il s'agit de Mrs Katleen HANN qui écrit : "No évidence of a script of any ldnd has ever been discovered in
the ldngdom ofBenin". ·
4 Voir Amar SAMB : "Folklore wolof du Sénégar', Bull !FAN, T. 37, n°4, 1975.
s Christ-SEYOOU : "Panorama de /i11érature Peule" Bull. !FAN, T. 35 n°1, janvier 73, p. 178.
78
Cependant, la particularité sur laquelle il faut insister ici, est que les lettres arabes étant
venues avec l'Islam, les lettrés seront du même coup, très au fait des sciences religieuses
islamiques, de la littérature et de la culture arabes.
lr.i/ ~
En dehors des productions des guides fondateurs de confréries que nous n'a~derons ;;)
..~ 1 'te~ ...
pas ici 1, les écrivains sénégalais ont produit d'importants ouvrages en arabe. " ; , ~ 1f
~ ,y / . ~-/
~{J ~,;/
Cest ainsi que Xaali Majaxate Kala, père de l'auteur de notre corpus se'~gt1i!]~'P.1!!:'.:h.(
remarquable traité de prosodie2.
E
Sërifi Lamine DIOP DAGANA, un des 17 scribes de Ch. A. BAMBA, Sërifi Bassirou
U
MBAKÉ, un des fils.du Cheikh et lbra DIOP MASSAR, originaire de Saint-Louis se sont tous
EQ
illustrés dans la production d'écrits. en arabe.
TH
Cheikh Moussa KAMARA, un marabout Toucouleur et Moor Xujjë KUMBË,
O
grammairien et lexicologue, eurent également à leur actif d'importants .ouvrages en arabe.
LI
IB
Voilà qui explique peut-être le phénomène qui a voulu que la quasi totalité de la
-B
production littéraire en langue nationale et en caractères arabes sera axée sur la Religion
musulmane.
IA
Cela peut faire également comprendre le fait que la plupart des écrivains ont d'abord été
R
ES
victimes d'un phénomène qui rappelle beaucoup l'imitation servile qui a longtemps caractérisé
les premiers écrivains africains d'expression française, anglaise ou portugaise.
D
O
Samba MBOUP note à ce propos : "Bien souvent, l'Arabe était de la pan de bon
C
nombre de ces intellectuels du Bilaad-es-Soudan, l'objet d'une vénération et d'un culte quasi
religieux de mime nature que celui voué jadis tiU latin par les moines et les scribes du français
du Moyen-âge•'3.
Les productions étaient souvent de simples copies de la poésie arabe, aussi bien dans la
langue, les formes, les thèmes que les styles.
ÎI
,~ _,
J '
1 Voir A. SAMB : "Essai sur la contribwion du Sénégal d la littérature d'expression arabe", Bull lFAN,
T. 33, Juillet 71, p. 658 et suivantes.
2 Xaali Majaxate KALA: "Mubbayin -al-lskâr', op. cil
3 Samba MBOUP :Lillérature nationale et conscience historique (Essai sur la perspective nationaliste dans
la littérature d'expression wolof, de 1850 d nos jours). Thèse de Doctorat de 3è cycle. Université de
Sorbonne Nouvelle Paris m. 1976-77, op.. ciL, p.79.
79
C'est ainsi que l'on a pu voir de surprenantes productions où des poètes "Sahéliens",
soucieux de faire montre de leur maîtrise de la langue arabe, décrivaient des paysages où des
campements, des chameaux et des décors désertiques prenaient une part importante.
Dans le cadre de cette étude, nous ne nous intéresserons qu'au cas des wolof et plus
particulièrement des écrivains mourides.
E
U
11.1. DÉFINITION
EQ
Pour tenter de définir ce vocable, nous allons essentiellement nous fonder sur sa
TH
morphologie. En effet, le mot "Wolofal" est composé du radical "wolof' - qui indique l'ethnie
et la langue - et du suffixe -al qui, comme le dit Diao FAYE indique "une action faite ou à
O
faire" 1•
LI
IB
Nous ajouterons à cela que le suffixe al signifie aussi "rendre" dans le sens de "faire
-B
Ainsi donc, le texte dont il s'agit passerait de "l'état arabe" à "l'état wolof'. Ce qui
R
signifie que la production ''wolofal" est en wolof, mais elle devrait être en arabe. On l'a mise
ES
en wolof seulement pour qu'elle soit comprise des wolof non alphabétisés en arabe.
D
Traduction
Ce qui fait que ce poème est en wolof alors qu'il devait être en arabe,
C'est parce que j'ai l'intention defaire connaitre leur Seigneur d ceux qui n'ont pas
étudié (l'arabe).
Il faut cependant préciser que l'utilisation des caractères arabes dans le domaine
épistolaire, très courante dans certains milieux, sans relever deia littérature, n'en est pas moins
considérée comme du "wolofal".
S'il est relativement simple de poser que le "wolofal" est la rencontre de l'alphabet
arabe et de la langue wolof, le système d'écriture n'en pose pas moins certains problèmes dont
le plus aigu nous semble l'inaptitude de la graphie arabe à transcrire certains phonèmes wolof.
E
Si en effet, pour la plupart des sons wolof il n'y a pas de problème de transcription, les
U
phonèmes tels que :
EQ
TH
g - ng - U - nk - p - mb - mp - ii- c - ne - nj - nd qui n'existent pas dans le système
phonologique · arabe-et qui ne sont donc pas prévus par la graphie -, ne seront transcrits que
O
conventionnellement.
LI
IB
- U - ng - g - nk. seront transcrits par la lettre "kâf" à laquelle ont ajoute trois points
-B
diacritiques2: •
IA
,
ES
...
f'-
D
Concernant les voyelles, l'arabe n'ayant que le "a", le "i"et le "u" en longue et en
brève3, la convention "wolofal" décidera d'adjoindre un point diacritique à la notation du "i"
et du "u" pour avoir respectivement les "e"f'é" et "o"f'o".
Quant au phon~me "ë" non également prévu par l'alphabet arabe, il sera transcrit par la
· notation du "a" arabe.
Les problèmes que pose dn tel système sont donc manifestes. Si le même signe
représente plusieurs sons différents comment peut-il y avoir uniformité dans la lecture?
Nous trouvons cette affirmation quelque peut exagérée, singulièrement dans le domaine
de la correspondance.
E
remplit avec assez d'efficacité son rôle de véhicule de la pensée, même si la lecture n'est pas
U
aisée.
EQ
TH
Il nous resterait cependant à trouver, dans le contexte particulier du Sénégal des
royaumes, à cette époque où la communication était sûrement loin de ce qu'elle est aujourd'hui,
O
par quel processus, les utilisateurs de l'alphabet "wolofal" ont établi les conventions de
LI
transcription et de lecture.
IB
-B
IA
R
Il faudrait peut être ici avant tout, préciser que la littérature "WOLOFAL" n'est pas le fait
ES
des seuls écrivains mourides. Cheikh Anta DIOP note le fait en disant qu"'il n'y a pas que les
mourides qui aient écrit une poésie valable chez les Valafs''2.
D
O
On peut donc dire qu'aussi bien les Mourides, les Tidianes que les layènes ont donné
des "wolofal-kat".
Si nous limitons notre réflexion aux seuls Mourides, c'est par rapport d'abord aux
limites du présent travail, et ensuite à notre accessibilité aux sources d'information.
E
U
EQ
En effet, tous les "wolofal-kat" Mourides de la première génération ont été promus
"Cheikh" par leur guide Cheikh Ahmadou BAMBA.
TH
Mais, il serait utile de préciser ici que ce n'est peut-être pas uniquement pour leur
O
considération de la langue wolof que les écrivains Mourides bénéficiaient de cette place
LI
Toujours est-il que pour S. MBOUP, "les propagateurs de la Tidjanya ( ... ) s'étaient
faits les défenseurs d'un arabisme intégriste et impétinent''3. Pathé DIAGNE lui, affumera que
IA
''El. Hadji Omar(... ) se dressera contre les Hawsaphones, les Al Pular et les Walaphones qui,
en développant dans leurs langues une culture nationale, risquaient (...) de tuer l'arabe, langue
R
ES
"Ecrire en langues nationales, selon MBOUP était souvent considéré comme une activité
O
inessentielle un passe-temps, un prétexte pour dissener sur des sujets futiles et anodins''5.
C
Ces écrivains éprouvaient d'ailleurs souvent le besoin d'avenir le lecteur par cette sorte
de préambule : "Si j'écris en langue nationale, cela ne signifie pas que j'ignore l'arabe".
Ainsi donc, la particularité essentielle des "wolofal-kat" mourides réside dans le fait
que, outre leur totale allégeance à Cheikh Ahmadou BAMBA, leur guide et inspirateur, ils se
sont tous présentés comme des défenseurs de la langue nationale wolof.
83
Ce vers de Moussa KA exprime bien leur motivation :
E
U
EQ
A. THÈMES DU "WOLOFAL" MOURIDE
TH
Abordés par des poètes qui sont avant tout des "taalibe" ayant prêté serment
d'allégeance, les thèmes de la littérature "wolofal" mouride peuvent se circonscrire en trois
O
axes principaux.
LI
IB
1. Les panégyriques
R
ES
Ces "chants" sont motivés par l'action de grâce que le poète ne peut s'empêcher
D
d'exprimer devant les bienfaits tant matériels que spirituels octroyés par le Cheikh.
O
C
Le savoir et la richesse sont si difficiles (à acquérir) que celui qui les réunit
Sans études ni labeur se doit d'être un champion de l'action de gr&:e.
Î
84
D'un autre côté, les poètes ne sauront taire leur émerveillement devant les multiples
prodiges du Cheikh, devant son comportement constant-malgré toute sones d'adversité-dans le
culte exclusif rendu à DIEU.
Et puis , à l'image de leur guide qui a affirmé : que "le motif de [ses] éloges envers le
Prophète est un amour ardent de sa personne"' les poètes wolof mourides, chacun dans son
style,ses propres thèmes, chanteront sur tous les tons les hautes qualités morales et spirituelles
de Cheikh Ahmadou BAMBA.
2. La prière
Hommes de leur temps en confrontation avec les dures réalités de leur époque, les
poètes mourides confiaient leur soucis et préoccupations ainsi que ceux de leurs proches à leur
E
Cheikh.
U
EQ
Sërifi hi noo ngi Jay fiaan
Fàgir da fay nanggoo dagaan
Nanggul nu lépp Ion la fiaan
TH
O
Ndax Valla naatal xarnu bi
LI
IB
Traduction
-B
Ce vers tiré de ''xarnu bi"•, est de Moussa KA, tandis que Sëriii Mbay JAXAIB,
O
Traduction
1 Révélation de S.A. Ahaad MBAIŒ, IOIS du sermon au cours du Grand Magal de l'an 1987.
• Xarnu bi : liuer. "le siècle" ici l'époque.
85
De la même manière, ils exprimaient leurs besoins spirituels notamment en matière de
qualités morales ("mbaax") et de crainte révérencielle ("ragal Yàlla").
3. L'éducation morale
Plus que tout autre, le thème de l'éducation morale auquel il faut ajouter celui du
perfectionnement spirituel a retenu l'attention des poètes mourides. N'oublions pas qu'à
l'origine, ce qui à justifié l'acte d'écriture lui-même, c'était surtout une volonté de doter les
disciples de qualités morales et spirituelles suffisamment solides pour les préserver de toutes
tentations, dans ce contexte si particulier.
E
maîtrisaient pourtant parfaitement
U
EQ
Nous reviendrons sur ces différents points dans l'étude détaillée des textes de Sëriii
TH
Mbay Jaxate qui peut sans conteste passer pour le poète mouride le plus spécialisé dans
l'éducation morale.
O
LI
1. Les poètes
IA
Ici, nous ne parlerons guère que des poètes de la première génération, c'est-à-dire les
premiers poètes ayant vécu à l'ombre du Cheikh et dont les écrits, même s'ils n'ont pas
R
ES
Par contre, s'ils existe bien une nouvelle génération, il ne sera pas aisé d'en parler dans
O
la mesure où faute d'édition et de publication suffisemment larges, il s'avère difficile avec ces
C
ouvrages de faire la part des choses entre ce qui est imitation, plagiat et création originale.
Nous avons cependant l'intention dans des études ultérieures, de nous consacrer à
l'étude de la production des écrivains wolof contemporains.
SËRIN MOOR KAYRE : né vers 1869 dans une localité proche de Mbour, ce poète a
été disciple et contemporain du Cheikh. Il est donc un poète de la première heure qui a exercé
une certaine influence sur tous les autres.
86
"Dexug KAYRE laa naane ànd ak Abaabakar Sadîq"
Traduction :
Les vers suivants qui sont de sa plume, illustrent à la fois son an et son allégeance à
Sëriii TUUBAA ;
E
Saa sori gii nay sori goo roof "sirru"
U
Te bu mu doon sori gu ànd ak "sarru"
EQ
Man sori naa waaye bu soobee "BARRU"•
W éetal la ak jëfal la laay def "birru" TH
O
Traduction :
LI
IB
Que cet éloignement que je vis soit un éloignemeril comblé de tes mystères
-B
Remarquons l'art du poète, notamment dans l'utilisation des mots arabes ("sirru",
D
"sarru", "BARRU" "birru'') qu'il intègre si harmonieusement dans les phrases wolof, et la
O
SEEX SÀMBA JAARA MBA Y Originaire de Saint-Louis, il est l'auteur entre autres
de Gànnaara, panégyrique écrit à l'occasion du séjour du Cheikh en Mauritanie, Jazbul
Majzflb, j6g leen tawaw etc ..
C'est lui l'auteur de ces vers qui expriment particulièrement le fait que pour ces
écrivains, l'acte d'écriture était une mission.
.' '
.
Traduction
SËRIN MOUSSA KA
E
Le plus connu parmi les poètes mourides. l'IFAN dispose de la quasi totalité de sa
U
production et beaucoup de chercheurs se sont penchés sur son oeuvre.
EQ
TH
Appelé aussi NJAMME, Moussa KA a bénéficié de l'influence des pionniers tels que
Sëriii Moor KA YRE et Seex Sàmba Jaara MBA Y. Il a produit des poèmes dont les
O
caractéristiques essentielles demeurent la diversit~ et l'ampleur. D. FAYE en dénombre 24 dans
LI
son étude2 • Ses œuvres les plus populaires sont : Jasaa u Sakoor- Xamu bi- Taxmîs
IB
etc ...
-B
dédiés au Cheikh, abordé d'autre sujets tels que l'histoire, la morale et la chronique ; il aurait
même été l'auteur de poèmes dédiés à des personnalités contemporaines à l'occasion de
R
ES
certaines cérémonies.
D
En tous, cas, il peut être considéré comme un poète de génie, servi par une lll3làise rare
O
Sëriii Saam MBAY n'est pas loin de le considérer comme le meilleur versificateur parmi
les poètes wolof.
Sëriii Mbay JAXATE , auteur de notre corpus est présenté plus haut ; et à ces quatre
poètes que S. MBOUP appelle "la Pléiade" par analogie au célèbre groupe de la Renaissance
française, il faudra ajouter Sërîii Moor Taala FAAL, fils du grand disciple Cheikh lbra FAAL et
beaucoup d'autres encore.
A côté des poèmes plus populaires du fait même de leur nature,. les écrivains mourides
ont produit un grand nombre d'ouvrages en prose. Leur thématique et leur motivation peuvent
être considérées comme identiques à celles des poètes.
Son ouvrage majeur • Xuratul cAyni embrassant tous les aspects de la charia,
E
comporte des conseils et mises en garde destinés aux musulmans. On y trouve également des
U
prescriptions thérapeutiques et prophylactiques pour certaines maladies, des indications
EQ
concernant la vie conjugale et bien d'autres recommandations encore.
TH
Ces thèmes sont également abordés par Sêriii Moodu DEM, un disciple du Cheikh qui a
O
écrit "yi mata xam•'2 et .Sërîii MBACKE BUSÔ oncle maternel, mais disciple du Cheikh qui
LI
Dans le domaine des écrits tendant à mieux faire connaître le Cheikh on peut retenir :
IA
- Sërîn bi yaw mi xam (ô cheikh toi qui sais) de Taiba SARR et Joar Jaari
Boroom TUUBAA (Etapes hagiographiques du Maître de TOUBA) de Sërîii
R
Il nous reste à présent à essayer de mieux appréhender tout cela dans le cadre concret de
O
l'analyse textuelle.
C
Les textes du corpus vont en effet nous permettre d'avoir des illustrations précises des
diverses formes et du fond de la poésie "wolofar', même si, seule l'éducation morale sera
étudiée.
E
Nahjul-Qadâ-il'-hâjl, (la Voie de la Satisfaction des Besoins) et Je Maghâliqu-n-Nîrân -
U
wa - Mafâtihul - Jinân 1, les Verrous de !'Enfer et les Clefs du Paradis), le Cheikh reprend
EQ
les mêmes thèmes consacrés aux vices apparents et cachés des êtres humains et aux règles de
bonne conduite et de vertu.
TH
Quant au Coran, la Source mère de toutes les Sciences Religieuses islamiques, ce sont
O
des dizaines de versets qui y sont consacrés à ces thèmes.
LI
IB
Nous verrons que Sëriii MBA Y JAXATE va s'inscrire en droite ligne dans cette
-B
perspective visant l'éducation des adeptes. La lecture (ou l'audition) de ses poèmes révèle les
mêmes objets et la même préoccupation.
IA
R
Ce que l'on peut considérer comme singulier cependant, et qui est l'objet de notre étude
ES
ici, c'est le cachet particulier de notre auteur, son empreinte personnelle, bref, son style que la
transtextualité telle que le conçoit G. GENETTE n'empêche nullement de percevoir.
D
O
Nous verrons que le "dire", l'énonciation sont bien propres à notre auteur, que les
C
poèmes vont se greffer "d'une manière qui n'est pas celle du commentaire''3 à un "hypotexte"
essentiellement représenté par les ouvrages du Cheikh.
1 Ouvrages contemis dans le Reclll!il de poèmes en Sciences Religieuses de Cll. A. BAMBA tome 2.
Traduction de Sêrîll Same BAYE avec la collaboration du Dahira des Etudiants Mourides Dar. El Kitab,
Maroc, 1989.
2 Masâlik - al -Jinân: Cheickh A. BAMBA trad; S. SAME MBAYE Dar El- Kitab- 1984.
3 GENETTE (G.) Palimpsestes. La littérature au second degré. Seuil, 1982, p. 13, GENETTE appelle ici
"transtextualité" ou "hypertextualité" la relation unissant un texte B (hypertexte) à un texte
antérieur A (hypotexte).
91
1. "Seytaane" ou Satan
Le Coran relate comment "Seytaane" ou Satan ou encore Iblîs s'est mis hors la loi vis
à vis de DIEU en refusant d'obtempérer à Son Ordre1• C'est·d!ai9eurs là la justification du
séjour de l'homme sur terre2.
Ainsi donc, cet ennemi, hors du commun, doté d'une puissance extraordinaire n'aura de
cesse que de perdre le genre humain. Il déploiera toutes sortes d'astuces, de ruses et de pièges
pour emmener l'homme à pécher. Dès lors, toute la préoccupation du poète sera d'attirer
l'attention de l'aspirant et de le mettre en garde.
Plusieurs textes du corpus nous montrent que l'arme privilégiée de Satan est la femme,
la "jongama" séductrice qui, dès qu'elle réussit à entraîner l'aspirant, le détache de son ardeur
E
et le perd inéluctablement.
U
EQ
Egalement auxiliaire sur laquelle compte Satan pour tromper,
Aussi le poète recommande t-il à l'aspirant de s'assimiler au lion afin d'échapper aux
ES
malices du Diable.
D
Traduction
C
Traduction
Un voleur (qui opère) à notre insu et sans que l'on s'y attende est d'autant plus
dangereux.
Pourtant, nous montre le poète, la femme, cette terrible anne de Satan ne devrait pas
être aussi efficace qu'il n'y paraît
E
Loo xam ne day mujj nëb bis loola yaw bu ko nob.
U
EQ
Traduction
TH
Un objet dont on sait que le destin est de pourrir ne t'en éprends pas!
O
LI
Donc malgré toute la force du Démon, l'homme peut échapper à ses malices. Toutes les
IB
exhortations du poète auront pour but de montrer à l'aspirant que son salut se trouve dans la
-B
93
Ce que l'on peut donc retenir, c'est simplement le fait que les deux concept expriment la
difficulté pour l'homme à résister à ses penchants, surtout s'ils vont à l'encontre des
prescriptions divines.
Voilà qui explique également l'adjonction des qualificatifs "profane" et "charnelle" pour
bien connoter les termes. Ils constituent au même titre que Satan et le bas-monde un ennemi
monel pour l'homme, en tant que source de péché et obstacle au mérite.
E
U
EQ
Le poème n°17 (YAW MIY NELA W) passe pour un véritable réquisitoire contre le
sommeil.
TH
Selon l'auteur, on ne doit pas dormir quand on est pas assuré de son destin.
O
LI
Yaw miy nelaw te xamoo sag muj na ngay nelawe? (p.17 Vl).
IB
-B
Traduction
IA
Toi qui t'endors sans êtrefvcé sur ton destin, comment peux-tu dormir?
R
ES
On ne peut dormir si l'on a pas fini d'assurer tout le viatique dont on a besoin pour le
jour du Jugement.
D
O
Pour le poète enfin, qui n'est pas sans reconnaître le caractère nécessaire du repos, on
C
ne peut pas faire du sommeil une activité essentielle car, la signification de notre séjour ici- bas
est de peiner!.
L'incipit du pôème n°9 est explicite quant à la volonté du poète de doter l'aspirant de
moyens propres à le faire échapper aux méfaits de ses sens.
Il importe pour le salut de l'aspirant qu'il s'acquitte de toutes ses dette avant sa mon.
Traduction :
Mourir avec des dettes (non payées) provoque des tounnents ... .
E
U
Le Coran consacre un long verset à la dette et aux modalités pratiques et légales qui la
EQ
régissent!. D'ailleurs, semble dire le poète, ne vaut-il pas mieux se passer systématiquement de
l'endettement ?
TH
Xarit bol tamal sa boppuw lëjël (Ne t'habitue pas ô ami à des servitudes) conseille
O
t-il à l'aspirant au vers 1 du poème 7. Pour lui, le café, le thé, la kola et même la viande, le lit
LI
ou le cheval ne sont que désirs futiles. Il n'est certes pas interdit au croyant d'en jouir s'il en a
IB
les moyens, mais ce qu'on ne saurait lui pardonner, c'est qu'il s'endette pour se les procurer.
-B
Qui s'endette pour ces biens là, affirme t-il, ne le fait que pour son bon plaisir.
IA
R
Traduction :
Celui qui est astreinr d l'endettemenl, c'est celui-là qui n'a ni vêtement, ni nourriture.
Mais, il ne s'agit pas seulement d'emprunt; .on doit tout aussi bien éviter le prêt et même
l'aval.
'
1 Verset 282 de la Sourate 2 (baqarab : la Vache).
95
Traduction : (voir corpus)
Le vol, également dicté par la non maîtrise des sens est pris en compte par les leçons du
poète. Le Coran prescrit de couper la main à tout croyant qui s'en rend coupable!.
E
U
Le vol est à éviter soigneusement car , non seulement il ne peut servir à combler un
EQ
manque, mais il constitue un péché grave.
TH
Lu dol jariii dara tey lor kay ku xam bayyiko (p. 15, V.l).
O
LI
Traduction
IB
-B
Ce qui est sans utilité et porte préjudice est, en vérité, à délaisser par quiconque est
conscient.
IA
Et le poète d'évoquer plus particulièrement le cas du délinquant qui se trouve dans des
R
ES
circonstances de facilité de commettre son délit. Il en est ainsi du "bëkk néeg''2 ou de tout
autre gérant, intendant, surveillant qui ont sous leur responsabilité des biens qui ne leur
D
appartiennent pas.
O
C
Et, précise t-il, la gravité de l'acte ne dépend nullement de la quantité du corps du délit
La signification pénale est la même quelque soit la dimension du vol
'' '
'
1 S.S, V.38.
2 Bëkk néeg : Chambellan, portier.
96
Ag moy du tuuti... (p.15 V .10)
Traduction
E
Traduction
U
EQ
La médisance rend (l'homme) maudit.
TH
La médisance est d'autant plus néfaste qu'elle ébranle la foi et diminue la rétribution du
O
croyant Autrement dit, non seulement elle constitue un péché imputable à celui qui s'y adonne,
LI
mais encore elle se paie par la diminution de son mérite au profit de celui qui en est la victime.
IB
-B
3. Le bas-monde (Addina)
D
O
compte la vanité et la briéveté de la vie ici-bas, l'inutilité des biens matériels et l'égalité de tous
les hommes devant la mort.
Dans le poème N°10, le poète met en garde contre les mirages du bas-monde et exhorte
l'aspirant à lui tourner le dos.
Addina bëgg na laa fab waaye yaw na nga baii (p. 10 v.l).
Traduction
97
Pour caractériser le bas-monde, le Cheikh utilise dans "!'Illumination des Cœurs"
l'image d'une vielle femme "hideuse, borgne, chenue et puante", mais parée de jolis atours
empêchant de percevoir sa véritable physionomie.
A l'aspirant qui se laisse ravir, elle ne tarde jamais à montrer son véritable aspect!.
D'ailleurs, quelque soient son luxe et ses merveilles, cela ne sera devant la mort
d'aucune utilité.
Traduction
E
U
Quelque soit son ascension, on finira toujours par revenir en terre (p. 10, V.2).
EQ
TH
La situation sociale et la fortune son également vaines pour l'homme devant
l'irréversibilité du destin. Et à ce titre, le poème n° li est révélateur qui pose la question en
O
épiphore poignante sur la destinée des anciens régnants pécheurs.
LI
IB
Mbooleem iia daa def lu baaxul ken xamul anaiiu (p. li V.11).
-B
Traduction
IA
Tous ceux là qui se complaisaient dans le mal, nul ne sait ce qu'ils sont devenus!
R
ES
Pourtant, semble dire le poète, le bas-monde ne mérite guère l'importance qu'on lui
D
accorde.
O
C
Traduction
Le bas-monde est une bien mauvaise demeure ; il n'a jamais satisfait et jamais, il ne
satisfera.
Le séjour ici bas est si bref, et sa fin tellement inéluctable que seuls les actes pieux,
devraient constituer la préoccupation de l'aspirant
Dee gi du jekki
Day xëy di songge
Di gont songge
te ku ko gis rët (p. 4. V2)
E
U
Traduction
EQ
TH
Abandonne l'habitude de discourir (vainement) et de te vautrer dans les lits.
O
Pour le poète enfin, la vie terrestre est un champ qui faut cultiver pendant qu'il est
LI
temps. la mon est rapide et elle ne laisse plus aucune possibilité de repentir.
IB
-B
Traduction
R
ES
Cependant, même si chacun des aspects de la Guerre Sainte de l'âme peut-être étudié de
O
façon paniculière, il impone de voir que les quatre ennemis de l'homme se retrouvent toujours
C
Malgré leur spécificité respective, chacun d'eux a un domaine d'application, une aire
d'influence qui inclut nécessairement les autres.
On a vu par exemple que Satan, avec toute sa panicularité, utilise souvent le penchant
humain au désir charnel, à la gommandise et à la.paresse pour corrompre l'aspirant.
Autrement dit, Satan exploite la difficulté de l'homme à dominer ses sens pour le faire
tomber dans ses pièges.
99
Ce phénomène de connexion se voit bien dans Je "Masâlik" où le Cheikh montre que
l'amour du bas-monde réside dans Je désir de l'une des quatre choses suivantes :
Par "murid Sâdiq", syntagme arabe qui, littéralement signifie "aspirant véridique", il
faut comprendre Je croyant qui, à force d'efforts d'abstinence et de bonne conduite, se trouve
dans la situation d'espérer l'agrément de son SEIGNEUR.
E
U
D'ailleurs, la définition pourrait être approfondie, car chacune des lettres composant Je
EQ
syntagme a une signification précise qui se révèle une des composantes des vertus qu'il faut
réunir pour mériter ce statut TH
IO
Parmi ces vertus, on peut retenir l'Amour de son guide spirituel, la soumission à sa
L
Au fil des poèmes, S. MB. JAXATE a brossé le profil de cet homme que nous allons à
présent tenter d'établir.
IA
Le "murid sâdiq" se doit de maîtriser ses sens et de garder son calme dans toutes
R
circonstances.
ES
D
Traduction :
Il doit également être d'un abord facile et d'un· commerce agréable vis-à-vis de ses
proches.
Le poète recommande au "sâdiq " d'éviter les fréquentations mondaines qui ne causent
que maux et préjudice.
Watul ma ab jaxasoo.
Traduction
En plus de cette aptitude à la réserve, l'aspirant véridique doit être pourvu de deux
qualités très appréciées dans le milieu wolof le "yar" et le "teggin". Deux qualités qui se
E
manifestent à la fois par la bonne éducation, le sens de la mesure, le savoir-vivre et la politesse.
U
EQ
D'ailleurs, précise t-il, au poème n°2, non seulement le mérite de l'aspirant se mesure à
TH
l'aune de son "yar", mais encore, affirme t-il, qui ne l'a pas ne peut espérer quelque avantage
que ce soit.
O
LI
Mais, aux yeux de l'Islam, ces concepts ont un champ sémantique plus vaste, en ce
IB
sens qu'ils prennent en compte également la culture, la crainte de DIEU etc .. C'est
-B
ku amui ub yar
C
Ku amui ub yar
Mata cawub yar (p.3 V.l)
101
Murit bu dul julli ak buy julli bul ko xalam.
Traduction
De l'aspirant qui ne fait pas ses prières et de celui qui s'en acquitte, ne t'occupe.
Traduction
E
U
la poète, la contrariété ou la satisfaction du croyant entraînent également celles de DIEU.
EQ
Jullit buy mer Yàlla mer, buy bég Mu daaldi bég it (P;V.18)
Traduction
TH
O
LI
Chaque fois qu'un croyant sefliche, DIEU sefliche; s'il se réjouit,.DIEU se réjouit (de
IB
même).
-B
Le sens de la diplomatie est également recommandé parmi les civilités. il s'agit ici
,··
IA
d'avoir l'agrément de DIEU tout en ménageant la susceptibilité de gens. Exploit difficile certes,
mais qui fait partie de la "politesse légale ".
R
ES
Nangay naxante ba doo moy yàlla doo moy u nit ( p. 13, V.8).
D
O
Traduction
C
Evite.par la diplomatie de violer les lois de DIEU et de poner ton aux gens.
102
Jorn ak jikko ak fullë yii yatt a bon
jigul rëbb akub dag jigul ab murit (p.5 V.5).
A l'instar du chasseur qui verrait sa proie lui échapper s'il faisait montre d'impatience.ou
de précipitation, l'aspirant orgueilleux ne saurait être agrée par son Seigneur. ·
Ainsi donc, au delà des indications et mises en garde qu'il adresse aux aspirants, c'est
une véritable critique des mœurs qu'on lit dans les poèmes de S. MB JAXAlE, témoin de son
temps et moraliste sans complaisance.
Le poète est tellement sensible aux comportements de ses contemporains qu'il a ùne idée
E
peu flatteuse de son époque.
U
EQ
Ngor ak worma ak diine yii jeena tey (P.7, V. 10).
Traduction
TH
O
LI
(Le sens de) l'honneur, la pudeur et la foi, (ces vertus) ne se voient plus.
IB
-B
Il est persuadé que les difficultés qui caractérisaient cette époque marquée par ce que
l'on a àppelé le "règne ceddo", n'étaient que les conséquences des comportements.
IA
Gàtt te may yi
Tuuti te moy yi
D
103
INTRODUCTION
Il s'agira ici moins de dresser une taxinomie des différentes figures utilisées dans les
textes que d'essayer de découvrir les sources isotopiques qui servent de référence au
destinateur, et partant, l'impact pédagogique que les textes auront sur les destinataires.
E
Quant à la métonymie et la synecdoque qui, pourtant, avec la métaphore, passent pour
U
les tropes les plus fréquemment utilisés voire ''les seuls dignes de ce nom"!, nous pensons
EQ
pouvoir les omettre dans notre analyse.
TH
En effet, s'il existe bel et bien des occurrences de la métonymie et de la synecdoque
dans le corpus, ces deux tropes s'y présentent sous une forme tellement lexicalisée qu'ils ne
O
peuvent plus être "opérationnels".
LI
IB
Dans le poème N°9, "ndab" qui signifü:littéralement "récipient" est une métonymie du
-B
champ sémantique plus étendu de "haute naissance", "noblesse"; c'est donc une synecdoque.
ES
Mais il est aisé de constater qu'aussi bien l'une que l'autre sont si l'exicalisées qu'elles
D
Ce sont justement ce décalage, ce conflit qui nous semblent peu pertinents dans notre
corpus.
t
104
A. MÉTAPHORE - ALLÉGORIE • COMPARAISON
Qualifiée de "plus élaborée des tropes" 1, la métaphore est la figure la plus utilisée dans
notre corpus.
Elle peut être "in absentia", c'est-à-dire ne comportant que le comparé (le comparant
devant être deviné par le décodeur), elle peut être "filée", si elle est maintenue pendant une
certaine période, elle est enfin souvent le résultat d'une personnification.
Cependant sa distinction d'avec l'allégorie n'est pas toujours aisée. En effet, si cette
dernière est généralement vue comme la représentation par une figure humaine d'une réalité
abstraite, elle est aussi pour FONTANIER, "figure d'expression par fiction" ... "une figure par
laquelle on présente une pensée sous l'image d'une autre pensée, propre à la rendre plus
E
sensible et plus frappante •'2. Cest cette acception que nous retiendrons dans la présente
U
EQ
analyse.
TH
D'ailleurs MORIER reconnaît que l'allégorie est une "métaphore ou_ symbole animé''3 et
DUPRIEZ parle de "métaphore filée " ou "métaphore en plusieurs points "4•
L IO
Ces deux figures seront donc pour nous, malgré leur différence, deux moyens de
IB
persuasion jouant le même rôle consistant à "présenter une idée sous le signe d'une autre idée
-B
Quant à la comparaison , il en sera question lorsque les deux termes assimilés sont
présents dans l'énoncé et liés par un comparatif "melni" ou ''ni" que l'on peut traduire en
R
r
Il s'agit là d'une métaphore verbale lexicalisée qui suggère, à partir du verbe "taxaw"
(se tenir debout) la détennination à réaliser une action, l'imminence de cette action.
Bastul bu dee taxaw (quand la bascule se tient debout) Seytaane taxaw (Satan se
tient debout) Jongama ... taxaw (la belle se tient debout) ... La répétition de la métaphore
participe de la mise en garde destinée à l'aspirant.
E
autrement dit, celui qui aspire à DIEU sans suivre les recommandations de son guide spirituel.
U
EQ
Koo xam ne kii awul u yoon
Mbiram dafay dënnoo ka xiin
Waaye du gis lu du! ngëléeri (v.11)
TH
IO
L'efficacité de la figure est plus manifeste si l'on prend en compte les vers 6 à 10 qui
R
Pour ce faire, il exploite la terreur que la mort .inspire aux humains, et use de la
personnification métaphorique. Autrement dit, il fait "d'un être abstrait et purement idéal, une
espèce d'être réel et physique doué de sentiment et de vie!.
106
premier pour marquer l'absence de répit, le second, le caractère combatif et belliqueux du
combattant auquel la mort est comparée.
E
s'occuper à remplir sa vie d'œuvres pies.
U
EQ
3. Poème n° 5 : MURIT BUL MER TE BUL JÀPP MER.
TH
L'isotopie évoquée ici est le domaine de la chasse. L'image du chasseur rend
O
évidemment l'idée "plus sensible et pl us frappante que si elle était présentée directement et sans
LI
dans l'assimilation des deux isotopies. Cest ce qui explique la forme sentencieuse que prend
l'assertion.
Rëbb day iiàkk jom ha jam doora am jom ... (v. 4).
Traduction :
• - Wut: pourchasser.
- Jot : atteindre .
- Teeral gaalam : accoster .
- rab : ravir.
- ba : laisser, ici : épargner.
1 FONTANIER: op. cil p. 114.
107
Le vers suivant (V.5) conforte l'image. Trois caractéristiques (jom-jikko- fullë) 1
appliquées au chasseur et au serviteur sont également peu indiquées pour l'aspirant (al
murid).
Les syntagmes "def ndànk"(user de prudence) "waaf' (se camoufler) "daw" (courir)
"jam" (atteindre sa proie) "rab" "ndawal " (proie, venaison), tous éléments isotopiques de la
chasse reviennent pour consolider l'image.
E
"barke", le "wersëg"•.
U
EQ
De même que le chasseur qui ne fait pas montre de patience ne peut attraper sa proie, de
TH
même, s'il ne persévère pas, s'il abandonne trop vite par excès d'orgueil ou de fiené, l'aspirant
ne peut atteindre ses objectifs.
O
LI
(waaf, daw) les actes de piété, la proie (rab, ndawal) le but à atteindre.
-B
de renverser le contenu.
R
ES
Avant l'usage proprement dit de la métaphore, et comme pour marquer son caractère
C
didactique, le destinateur énonce une série de recommandations ponant sur les componements à
observer ici-bas et la conscience qu'il faut en permanence avoir de l'au-delà (v.1 à 7).
1 Voir traduction v. 5.
2 FONTANIER : op. ciL p.99
• ngërëm : V; note p. 21.
barke : gtâce
wërseg :· fortune, chance.
108
Sa kër gii • du tee kat •.. (v.2)
nga des nag • te d6otoo gis (v.3)
Elle repose également sur rallusion. En effet, sans expressément nommer le bas-monde
et l'au-delà , l'auteur les évoque clairement mais allusivement grâce aux démonstratifs (fii (ici)
et fee (là-bas), kër gii (cette demeure-ci) et kër gee (cette demeure là).
E
Autrement dit, le champ sémantique de l'agriculture est comparé à celui de la religion.
U
EQ
Produites par un destinateur et adressées à des destinataires de tradition essentiellement
paysanne, les images réunissent toutes les conditions de l'efficacité. D'ailleurs deux vers plus
loin, (v. 10) le destinateur décode l'image. TH
O
Nawet moodi dunyaa
LI
Traduction :
IA
le salut de l'âme. Voilà pourquoi, chez les Mourides, le travail est une forme de prière.
A la fin de la période hivernale (farmànku) , tout comme après la mon, il n'est plus
possible d'entreprendre des réalisations. Il ne reste plus qu'à jouir des fruits de sa peine ou à
pâtir de ses inconduites.
1 Sërift A. Ahad MBacké dira : "Lu tàmblee fi barab yem fi barab, lu mu mana doon lu gàtt
la"Traduction : "ce qui débute à un endroit déterminé et finit à un autre, quel qu'il soit est éphémère".
Sermon du Khalife à l'occasion de la korilé de l'an 1989.
109
Le poème prend fin sur une dernière métaphore avec changement d'isotopie. Le
"phore" est le berger et son troupeau. La comparaison de l'aspirant au berger et ses membres
aux chèvres se fonde sur une relation intertextuelle avec un "Hadith" qui affecte à l'homme le
statut de berger qui aura à rendre compte du comportement de chacun des membres de son
corps, et de ceux de sa famille!.
Métaphore filée dès le début du poème. (V. 1 et 2). L'isotopie du "phore" est l'océan
E
U
(Géej). Les sèmes retenus : le caractère insondable et les multiples richesses de l'océan dont
EQ
l'image est par ailleurs souvent utilisée pour représenter le Cheikh.
TH
Toutes les recommandations que le poète donne à l'aspirant sont encodées dans
l'isotopie. "sangu" (se baigner) ''xuus" (pataùger) "!ab" (se noyer) pour signifier Ja· nécessité
O
de s'engager intégralement dans la voie du Cheikh.
LI
IB
Cette intégralité est marquée par l'invite à ne pas faire les choses à moitié : "se mouiller
-B
sans réussir à se rendre propre ", "phore" à son tour imagé par une allégorie dont l'isotopie est
le domaine de la lutte.
IA
R
Traduction :
D
O
1 Un Hadith est une relation de traditions que l'on tient du Prophète (P.SL) ou d'une soorce autorisée.
2 LEGUERN (M) Sémantique de la méthaphore et de la métonymie. Paris, Jarousse, 1972 p. 19.
110
La même opération tropologique s'observe dans la deuxième hémistiche, ainsi que la
même incompatibilité entre "dagg" (couper) et "ndog yi" (les obstacles). Cest là le signal de
LEGUERN qui "invite le destinataire à sélectionner parmi les éléments de signification
constitutifs du texte ou ceux qui ne sont pas compatibles avec le contexte" 1.
Le même type de comparaison introduite par "ni" (ainsi que ) vient renforcer l'image
tout en l'explicitant (v. 3).
Les sèmes sélectionnés dans les comparants "jaasi" et "lawbe" sont donc le caractère
coupant du premier et l'habileté professionnelle à la coupe du bois du second.
E
métaphore renforcée par une comparaison.
U
EQ
La recommandation du vers 4 est également une comparaison dont le sémantisme du
comparant "gaynde" (lion) est clairement explicité. TH
IO
Ku mel ni gaynde ken du la dog (v. 4).
L
IB
Traduction '
-B
La métaphore revient aux vers 12 et 13 avec cette fois comme isotopie : le domaine
D
agricole. Le "sas"qui est la part de travail qui échoit à chaque membre d'un groupe dans le
O
Les deux derniers vers qui ferment le poème sont des métaphores avec le réemploi des
isotopies de la mer et de l'arène.
1 LEGUERN Ibid.
2 "ndab"qui signifie recipient est ici mie métonymie du contenant pour le contenu. De ce fait, il prend le
sens de "nourriture".
111
La première est renforcée par les intensificateurs "tërëx" mefüi 1 et la deuxième par
l'accumulation des termes propres à la lutte : "làmb"(arène) "gor" (battre) "tëb" (sautiller)
"ub" (vaincre) "ndam" (victoire).
Dans ce poème, qui est en fait un projet pédagogique explicitement annoncé dès
l'incipit, la métaphore repose sur l'isotopie de la nourriture. (v.2).
Le comparé qui est la leçon est représenté par le comparant "ndab" (récipient) dont le
sème essentiel sélectionné ici est la capacité de nourrir. La nourriture est bien entendu d'ordre
spirituel puisqu'il s'agit d'éducation morale.
E
U
Les verbes "tibb" "sex", "lekk" ayant tous le sens approximatif de "se servir"
EQ
participent de l'explicitation de l'isotopie.
TH
La leçon qui s'achève au vers 23 est métaphoriquement comparée à un breuvage
médicamenteux ("saafara") qui fait recouvrer la santé ("wér ni pelet)"). Autrement dit, les
O
leçons que donne le destinateur rendent la conduite meilleure et assurent le salut
LI
IB
Au vers 4, nous avons une allégorie dont le domaine isotopique est l'agriculture.
IA
Utilisée ici comme moyen d'illustrer une assertion, cette allégorie a d'ailleurs tout l'air d'un
R
aphorisme.
ES
Traduction
C
Cette allégorie est remarquable de pertinence et elle réunit toutes les qualités identifiées
par FONTANIER pour la métaphore.
Elle est "vraie" et "juste" ; elle est "lumineuse" aussi en ce sens qu'"elle frappe .a
l'instant l'esprit''Z du paysan à qui il ne viendrait jamais à l'idée de brûler sa récolte.
112
Elle est également "naturelle" et "cohérente", car le "lokkat" qui est une opération
agricole consistant à brûler les mauvaises herbes d'un champ ne peut évidemment être appliqué
au "dagga" que est le grenier renfermant les récoltes.
L'auteur décode d'ailleurs l'image dès le vers suivant. (2e hémistiche du vers 5).
Traduction
E
U
Se mettre d abandonner son mérite d autrui est une sottise d rendre maudit.
EQ
8. Poème n° 13: YAW FOO DAJEETEE KU NIT TH
O
Ce poème nous offre le même type d'allégorie avec les mêmes caractéristiques.
LI
Cependant au vers 3, le destinateur annonce d'abord l'allégorie (1ère hémistiche du vers) avant
IB
Satan est donc comparé non seulement à un champion ("mbër"), mais également à un
IA
voleur ("sAcc"). Il importe ainsi de décoder correctement ces rapprochements afin d'en mieux
appréhender la signification. Nous avons évoqué plus haut la force de Satan de même que sa
R
ES
Donc, s'il est comparé à un lutteur, on ne retiendra que les sèmes péjoratifs du
O
champion doué de force satanique. Tous les sèmes mélioratifs doivent être suspendus.
C
"Seytaane mbër la" (Satan est un champion) doit être interprété ici comme le lutteur
maléfique qui n'a d'occupation que de "faite tomber" l'aspirant dans ses pièges.
Quant au comparé "sàcc" (voleur), c'est surtout le sens de "détourneur" qu'il faut
considérer. Il s'agit en effet ici, moins de dérober quelque chose à l'homme que de le dévier du
"Sirâtal mustaqîm" (le chemin de la vérité). .
113
9. Poème n° 14 : JÀPPAL SA XOL BI DEFAR •••
"Defar sa xol" signifiera donc ici assainir ses mœurs, n'avoir strictement que des
comportements pieux.
E
U
EQ
La comparaison va être reprise au vers 3 avec les mêmes termes. Mais cette fois, elle
sera de supériorité.
Traduction
IB
-B
S'occuper de son cœur... vaut mieux que de se faire des palissades ...
IA
Mais la comparaison sera aussi d'égalité pour signifier la similitude des conditions dans
toute situation profane ou irreligieuse (v. 7 et 8).
D
O
Un autre exemple de comparaison noùs est offert par le poème n° 15 : Xam naa ne ag
C
Ici, c'est de comparaison d'égalité qu'il s'agit avèc "yem" (égal à ) comme terme
comparatif.
Bëkk néeg aki géej ak teen aki dex a yem (v. 4).
Traduction
114
Ici, en effet, le "bëkk néeg" (chambellan) est explicitement comparé à différents plans
d'eau : la mer, le puits et le fleuve avec à charge du destinataire de décoder l'image en identifiant
la noyade et la mort comme sèmes sélectionnés.
Ces trois figures sont considérées par FONTANIER comme "figures du discours autres
que les tropes" ou "figures non-tropes"I. Elles présentent des différences certes en ce sens que
la première est un tour de phrase, la seconde une reprise d'un même motif, alors que la
troisième peut être vue comme un inventaire de divers aspects d'une situation visant tous à
mettre une réalité en relief.
E
Mais elles apparaissent généralement toutes comme un moyen d'insistance et de
U
EQ
. persuasion dans le discours. Nous allons voir que l'effet peut être saisissant quand ell~sont
combinées dans la même énonciation.
Ce poème qui est, comme nous l'avons montré plus haut, un véritable réquisitoire
IB
contre le sommeil est composé de telle manière que le destinataire se trouve interpelé avec une
-B
insistance particulière.
IA
épiphore "participent de la part du destinateur d'une volonté d'insistance dont le but essentiel
C
Mais il s'agit là d'une interrogation qui, comme le note FONTANIER , n'est pas ·~pour
marquer un doute et provoquer une réponse, mai5,pour indiquer au contraire la plus grande
persuasion et défier ceux à qui l'on parle de pouvoir nier ou même répondre''2.
115
EtJ afin. de mieux convaincre, les situations sont diversifiées par l'énumération qui est
aussi un "mode d'amplification"'·
En effet, aussi bien le verdict du jugement dernier ("bis pénc boo fa layoo"
v. 5),que l'échec de la vie terrestre en matière d'actes pieux ("sa kem yépp yegg nga des"
v. 4) et l'imminence de la mon ("dee rekk far des" V. 6) sont pris en compte par le
destinateur (voir traduction dans le corpus).
Cette combinaison de figures est donc d'un effet remarquable. La répétition sur ce ton
lancinant est presque propre à couper le sommeil à l'aspirant ; et avec l'interrogation, pour
reprendre MORIER, "la vérité que trouve l'interlocuteur, ou qu'il à l'illusion de trouver,
s'impose avec plus de force à son esprit que celle qu'on prétend lui dicter''2.
E
U
EQ
2. Poèmes n° 11 : ADDINA MOO MANA NAX NDA w
TH
Sone de tableau·qui nous offre un aperçu significatif des moeurs de l'époque "ceddo",
ce poème présente la même structure et la même composition que le précédent Le poète semble
O
également y nourrir les mêmes préoccupations.
LI
IB
La question "ana fiu" ? (que sont-ils devenus ? )scandée tout le long du poème sè
-B
présente comme un moyen de faire entrer dans le subconscient du destinataire cette idée de la
perdition des gens qui consacrent leur vie au péché.
IA
Cette épiphore plusieurs fois répétée, régulièrement reprise comme des coups assénés,
R
ES
est propre à faire réfléchir l'aspirant en lui montrant avec acuité ce vide effrayant laissé par la
disparition des pécheurs.
D
O
De la même manière que dans le poème n°17, au syntagme "fia daa" (ceux-là qui...),
C
anaphore qui représente l'objet de l'énonciation fait écho la question "ana fiu" ? (que sont-ils
devenus ?) et ce, durant presque tout le poème.
Ainsi donc, quelque soit la qualité de la literie, ("lalub gitax, lal ub tagar"
v. 3) de la monture ("mbaam, gëléem, fafalnaaw, wata ... V. 4) , de l'habitation ("néeg
ub iiax" "baari sengg", "taaxi suuf aki kaw" v.5) ou de la condition sociale
("baadoolo".. ; "buur" "dag" v. 7), la destinée est identique pour tous : la mort inéluctable!.
E
Et cette idée de conclusion fatale est marquée par l'épiphore "suur• (la terre), rime de
U
EQ
base qui ponctue tout le poème. Si l'on prend en compte le sémantisme du mot qui évoque la
tombe, donc la mort, l'effet est assez saisissant.
C. L'ANTITHÈSE
TH
L IO
Henri MORIER définit l'antithèse comme une figure par laquelle on établit un violent
IB
contraste entre deux idées afin que l'une mette l'autre en évidence''2.
-B
Notre corpus nous offre plusieurs occurrences de cette opposition d'idées se révélant
IA
L'examen de quelques ùnes de ces occurrences nous montre que le plus souvent, l'idée
que le destinateur à l'intention de mettre en évidence est l'irréversibilité de la mort, la vanité de
D
Et l'idée dont il se sert pour y arriver se retrouve dans toutes ces situations très
valorisées par les hommes en général et que le poète lui, tient toujours pour quantité
négligeable.
Cest à l'antithêse que le destinateur aura recours pour marquer dans le poème N°4 (Lu
du) ni iiokket... ) l'inutilité pour les hommes de tenter de se dérober à la mort. Il apparaît en
Le poème n°6 XARIT DËGG YEWWUL ... ) nous présente sur plusieurs vers cette
opposition de l'irréversibilité de la mort et de l'attachement de l'homme au bas-monde.
E
U
EQ
Sa kër gii nga nekk ak murit yii la ëw
Du tee kat iiu xëy fab la bis suuli yaw (v.2)
Dans ADDINA BËGG NA LAA FAB ... (poème n°10), le contraste se trouve dans
IB
les idées d'élevation que le bas monde procure et la chute irrévocable vers la mort.
-B
Les deux situations sont ici symboliquement représentées par les termes "kaw'' (le haut)
IA
et "suuf' (le bas). L'opposition se constate entre les deux hémistiches de la quasi totalité des
vers.
R
ES
Traduction
C
Dans ADDINA MOO MAN A NAX NDAX (n°11), le contraste se situe entre la
magnificence, le panache des anciens régnants et leur silence d'aujourd'hui exprimé par
l'angoissante question "ana iiu" ? (que sont-ils devenus ? ).
118
Dans "JAPPAL SA XOL BI DEFAR" (n°14) l'opposition se trouve dans la
situation enviée des fortunés à la conduite blâmable '(''fia daa dëkke taaxi kaw tey def lu
bon") et leur sort peu enviable d'aujourd'hui. ("Ca sëg ya fiuy caw i yar " ... v. 4).
L'antithèse met donc ici en relief l'hypocrisie d'avoir un intérieur bien tenu et un cœur
plein de souillure.
Et dans "yaw miy nelaw" (p. 17) enfin, c'est la doute, l'incertitude de son sort après
la mort, qu'il faut opposer à l'abandon et l'inconscience du sommeil.
E
Yaw miy nelaw te xamoo .•• nareeki aljanna
U
Foo fuy jëm na ngay nelawe ? (v. 2)
EQ
Traduction
TH
Toi qui dors sans savoir ... où de l'enfer ou du paradis tu sera envoyé, comment peux tu
O
dormir?
LI
IB
"On appelle énonciation, affirme Jean Michel ADAM, la trace du sujet dans son
IA
énoncé"l. Et plus loin, citant E. BENVENISTE, il précise : " le discours est constitué par toute
énonciation supposant un locuteur et un auditeur, et chez le premier, l'intention d'influencer
R
Ces repères se manifestent dans beaucoup de textes de notre corpus, constituant autant
D
haut.
C
,:
Dans les poèmes, trois indices au moins appartenant spécifiquement à l'oralité peuvent
être relevés
D'abord, le terme "rikk" - qui peut également se dire "dëgg"* ou "ngalla" - souvent
employé dans le corpus est un véritable déictique en ce sens que [son] "référent ne peut être
déterminé que par rapport aux interlocuteurs" 3.
ADAM (J. M. ) linguistique et théorique littéraire - Théorie et pratique des te:rJes. Larousse Université
coll. L. 1976. P.295.
2 Ibid. p. 308.
• dëgg : à distinguer du sens de "vérité" que prend le plus souvent ce moL
3 DUCROT (0) et TOOOROV (f) Dictionnaire encyclopédique des Sciences du l ang age. - Seuil Paris
1972 p 323.
119
Autrement dit, "rikk" (de même que ses variantes) est un terme que l'on ne peut
employer que pour un interlocuteur à qui on s'jid.resse "hic et nunc". Jackobson parlerait
"d 'embrayeurs".
Dans le vers 1 du poème n°2 où le poète exhone le destinataire Assane à avoir une
E
bonne éducation.
U
EQ
Rikk Asan ... Awal ndigal te yaru .• (V .1 ).
TH
Traduction O
De grâce ô Assane.. obéis aux recommandations et sois poli.
LI
IB
Dans les poèmes n°6 et n°5 ("XARIT DËGG YEWWUL .. t et "MURIT DËGG
-B
BUL MER ... ", c'est avec le déictique "dëgg" que l'auteur s'adresse.au destinataire pour
donner toute une série de recommandations propres à améliorer la conduite.
IA
Traduction
Dans le vers 8 du poème n°6 enfin, (XARIT DËGG YEWWUL ... ), il s'agit
métaphoriquement de cultiver son champ, c'est-à-dire de remplir sa vie d'œuvres pies.
Traduction :
120
Autrement dit, "rikk" (de même que ses variantes) est un terme que l'on ne peut
employer que pour un interlocuteur à qui on s'adresse "hic et nunc". Jackobson parlerait
"d'embrayeurs".
Dans le vers 1 du poème n°2 où le poète exhorte le destinataire Assane à avoir une
bonne éducation.
E
U
Rikk Asan ... Awal ndigal te yaru .• (Y.1).
EQ
Traduction TH
O
De grâce ô Assane.. obéis aux recommandations et sois poli.
LI
IB
Dans les poèmes n°6 et n°5 ("XARIT DËGG YEWWUL ... " et "MURIT DËGG
-B
BUL MER ... ", c'est avec le déictique "dëgg" que l'auteur s'adresse au destinataire pour
donner toute une série de recommandations propres à améliorer la conduite.
IA
Traduction
Dans le vers 8 du poème n°6 enfin, (XARIT DËGG YEWWUL ... ), il s'agit
métaphoriquement de cultiver son chainp, c'est-à-dire de remplir sa vie d'œuvres pies.
Traduction :
120
Travaille donc, ô homme, avant que ne survienne la saison sèche.
E
U
Accentue ta résolution
EQ
Na ngay naxante ... (p. 13 v. 8)
Evite, par la diplomatie ...
TH
Le troisième indice de !'oralité est la forme de maxime que prennent certaines pensées du
O
poète. En éffet, le destinateur use souvent de la forme lapidaire et sentencieuse de l'aphorisme
LI
Pour ne citer que l'exemple des aphorismes de Kocc· BARMA "ou la forme des
proverbes wolof, on peut attester que cette forme d'énonciation est une marque de !'oralité.
IA
R
Tenter d'acquérir ce qui est révolu, ne saurait servir qu'd assécher le cœur.
C
• KOCC BARMA FAAL : célèbre philosophe wolof qui vécut dans le Kajoor au XVIlème S. Il se rendit
célébre par les aphorismes que l'on a appelés les 4 touffes de KOCC BARMA.
1 DUPRIEZ (B). Dans l'ouvrage déjà cité, définit la maxime comme "une formulation frappante d'une
assertion générale, dans les limites restreintes d'une phrase" op. cil p. 280.
121
Kuy bëkk néegu bu toppee bakkanam alaku (p.15 v.4)
Qui (exerce la fonction de) chambellan risque la perdition s'il est possédé par ses passions.
E
L'aspirant n'a de devoir que de vénérer son Maître, lui attribuer son cœur,
U
EQ
(Lui faire don) de ses biens, suivre ses directives et se garer de sa colère.
TH
O
LI
IB
-B
IA
R
ES
D
O
C
122
0 CONCLUSION A L'ANALYSE
Ainsi donc, on se rend aisément compte que ce qui fait la poéticité du discours de
SËRIN MBAY JAXATE n'est pas dans le fond des textes.
Il resson en effet assez facilement que le poète mouride tient un discours réaliste en ce
sens que ses textes ne sont ni des contes, ni des récits fictifs, ni de la poésie d'imagination ; il
s'agit tout au moins pour les titres de notre corpus, d'un projet pédagogique qui , en tant que
tel, réunit toutes les conditions du genre.
Les poèmes se présentent comme des leçons, des prescriptions et interdits qui ont un
E
destinataire : l'aspirant (murit bi), un contenu : des leçons d'éducation morale et spirituelle
U
(dénk), des objectifs pédagogiques : le rapprochement de l'aspirant à DIEU (yegg) et enfin
EQ
des moyens pédagogiques : l'ensemble des figures et images utilisées par le poète pour faire
passer son message.
TH
"La langue est un système de moyens d'expression appropriés à un but" nous dit J. M. ADAM,
O
citant R. JACKOBSON l",
LI
IB
D'autre part,. à la lecture (ou l'audition) des poèmes, une certaine constance dans les
-B
A entendre S. Mbay JAXATE, on devine aisément, non seulement son origine sociale,
R
mais également celle de ses interlocuteurs et par conséquent, leurs principales préoccupations.
ES
Il s'agit tant pour le destinateur que pour les destinataires de paysans wolof mourides
D
O
confrontés aux réalités socio-économiques de leur milieu et préoccupés de Grâce divine avec
l'espoir de l'intercession de leur guide spirituel.
C
D'un autre côté, nous pensons que la poésie de Sëriii Mbay JAXATE, de même que
celle des autres "wolofal-kat" mourides sont de véritables œuvres orales malgré leur support
écrit.
D'abord, sur le plan socio-culturel nous sommes dans une civilisation de !'oralité,
ensuite, nous avons là une production dont la vocation essentielle est d'être déclamée ou
chantée : les différentes sonorités, les rythmes, tous les effets poétiques ne se font jamais
suffisamment sentir à l'état écrit.
Nous pensons qu'elle n'aura été pour les poèmes qu'un phénomène exogène mais
opportun propre à en fixer les formes afin d'en assurer la pérennité.
E
"Un poème, poursuit-il, composé par écrit, mais "performé" "oralement change par là
U
de nature et de fonction".3
EQ
Les poètes "wolofal-kat" ont tous subi l'influence de l'écriture, mais en lisant leur
TH
poèmes, "on sent avec intensité, pour reprendre ZUM1HOR, qu'ils exigent d'être prononcés,
qu'une voix pleine vibrait à l'origine de leur écriture"4 •
O
Quand Moussa KA, s'adressant aux destinataires de sa poésie leur dit:
LI
IB
Traduction :
Ecoutez que je vous relate ce qui fut la genèse du Grand Magal.
IA
ou encore:
R
ES
Traduction :
O
ou quand
S. Mbay JAXATE débute ainsi un poème :
Ma wax fi Ahmadu Kumbë wax ju koy taxa raw (p. 9 v.l)
Ils ne font rien d'autre que confirmer que le "woiofal" est bien une poésie orale "dite"
par un poète et "écoutée" par un auditoire.
1 ZUMTHOR (P) Introduction à la poésie orale, coll. Poétique. Seuil Paris 1983.
2 ZUMTHOR (P) l111Toduction à la poésie orale, op.ciL p.38.
3 ibid., p. 38.
4 ibid., p. 38.
s M. KA, jasaawu Shakkoor, op. ciL
6 M. KA Jasaawu Shakkoor, op. ciL
124
C
O
D
ES
R
IA
-B
IB
LI
O
4
TH
EQ
U
E
Ainsi donc, au terme de ce périple que nous allons clore à présent, notre étonnement est
entier devant le caractère universel des principes qui régissent le langage humain.
Il est en effet assez extraordinaire de voir que des théories toutes occidentales, élaborées
par des linguistes ayant eu peu de chances d'avoir pratiqué une langue africaine telle que le
wolof, s'appliquent parfaitement à la langue de Sërin Mbay JAXATE.
L'étude des textes nous a montré que tous ces tropes, toutes ces figures de construction
définis par les théoriciens occidentaux avec des exemples tirés de leurs langues sont tout aussi
opérants pour la langue de notre corpus.
L'étude de notre corpus nous a par ailleurs appris que l'acte d'écriture chez Sëriii Mbay
JAXATE n'est en fait que l'imitation d'une pratique initiée par le Cheikh : la reprise revivifiante
E
d'anciennes œuvres d'instruction islamique telles que celle de l'IMAM AL AQDARI', le
U
EQ
"Umul Barâhin (la Source des Preuves), un ouvrage de théologie de l'imam As-Sanusi, et le
"Bidâyal Hidâya" (le Commencement de la Bonne Direction) de l'imam AI Ghazaii2.
TH
Le Cheikh précise lui-même à ce propos :
O
LI
"Il m'arrive souvent d'ajouter quelque part une chose qui ne figurait pas dans la prose,
IB
les rendant dans une langue plus souple et sous une forme versifiée, nous pouvons penser que
S. MBay JAXATE a voulu faire de même.
R
ES
Alors que pour le Maître, la forme poétique est le principal facteur de vulgarisation ,
D
Il fallait en effet rendre toutes ces connaissances dans le parler le plus répandu du
"Sénégal des royaumes", afin ~e les mettre à la portée du plus grand nombre.
Bien que l'étude des œuvres religieuses dans leur médium original fût assez répandue
chez les mourides de l'époque, l'arabe n'en était pas moins une langue étrangère ; et de toutes
1 Cet ouvrage est un traité de jurisprudence versifié par le Cheikh sous le titre de "Jawharu-n- nar1S"
(voir Recueil de poèmes en Sciences Religieuses)
2 cf. Recueil de poémes en Sciences Religieuses, op. cit., p.9.
3 Mawâhibul Qudûs ( les Dons du TRES-SAINT) in Recueil de Poèmes en Sciences Religieuses 12,
op. ciL, vers 18 p. 21.
126
façons, le choix de la langue nationale s'imposait, surtout en raison du caractère oral que
revêtait le message.
Et ce qui frappe le plus ici, c'est la perfection,de l'adaptation de la prosodie arabe à une
langue aussi différente que le wolof, tant sur les plans syntaxique, phonologique que lexical.
On peut donc considérer les poèmes de Sëriii MBay JAXATE comme l'aboutissement
d'un processus de vulgarisation initié par Je Cheikh et appliqué aux anciennes œuvres de
théologie. Les relations intertextuelles entre les poèmes de Sëriii Mbay JAXATE et les œuvres
de Cheikh A. BAMBA, très nombreuses, confirment cet état de fait. ·
E
par représentation, notre auteur se révèle ainsi un grand pédagogue qui a compris assez tôt la
U
force de l'image dans le langage.
EQ
TH
Une réalité enseignée à l'aide d'une image judicieusement choisie est évidemment plus
didactique que la réalité directement énoncée. N'est-ce pas là la différence fondamentale entre le
O
langage poétique et Je parler ordinaire ?
LI
IB
Concernant à présent Je contenu des poèmes, la première remarque qui s'impose est le
-B
Avant l'exil, il y eut une période de douze années (1301.h, date de l'Allégeance du
R
ES
Cheikh à !'Elu et 13 l 3h., date du départ en exil) de terribles séances de mortification qui ont
donné les preruiers disciples de la trempe de Sëriii MANUMBE, Cheikh Ibra FAAL, Cheikh
D
Et cela n'est nullement une innovation du Mouridisrne ; c'est une pratique aussi ancienne
que l'Islam.
Dans la Religion musulmane en effet, nul ne peut prétendre à quelque bienfait, quelque
avantage que ce soient, sans être au préalable éprouvé et agrée.
Ainsi, les combattants de BEDRI n'ont-ils été agrées par DIEU que pan:e qu'ils ont
bravé l'ennerui de l'Islam, accepté d'offrir leur sang et leurs biens à la Cause de DIEU.
1 La bataille de BEDR fait partie des grandes guerres islamiques. Elle opposa le Prophète (P.SL.)et ses
Compagnons à des milliers d'infidèles le 17 Ramadan 624. Elle se tennina parla victoire des Musulmans
malgré leur petit nombre.
127
Sërifi Mbay JAXATE exprime bien cette réalité dans le vers 10 du poème n°1
(BASTUL A BON ... ).
E
dans lesquelles les premiers textes "wolofal" ont été produits.
U
EQ
Il serait en effet d'un intérêt particulier si l'on parvenait à trouver par exemple le premier
texte wolof écrit en caractères arabes. Cela aurait peut être permis de répondre en partie aux
TH
questions soulevées par les conventions graphiques, les premiers thèmes abordés et les
objectifs visés.
O
LI
De même, le thème de l'éducation morale abordé dans le présent travail, il serait d'un
IB
intérêt certain d'étudier aussi le panégyrique et la prière dans l'œuvre de Sërifi Mbay JAXATE.
-B
Et l'intérêt serait également appréciable si tous ces thèmes étaient vus sous la plume des
différents ''wolofal-kat" mourides.
IA
R
Il s'agit notamment de certains archaïsmes que l'on rencontre souvent dans les poèmes,
O
Il s'agit également de l'usage fréquent que S. MBay JAXATE fait des intensificateursl
qui se révèlent un moyen privilégié pour accentuer l'expressivité du message.
1 L'intensilicateur peut être défini comme un mot dont la caractéristique essentielle est d'accentuer
"d'intensifier" le sens d'une idée. Ex : mëtJo, pour montrer l'intégralité d'une disparition.
128
C
O
D
ES
R
IA
-B
IB
LI
O
TH
EQ
U
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ES
FAYE(D):
Jasaawu Sakkoor u géej gi de Moussa KA, un épisode de l'épopée de C. A.
BAMBA.
Mémoire de maîtrise présenté à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de
l'U.C.A.D., 1992.
IŒSTELOOT (L) :
Anthologie Négro-africaine. la littérature de /918 à 1981. Edicef Marabout,
Belgique, 1987.
133
II. LES LETTRES SUIVANTES EMPRUNTÉES À L'ALPHABET LATIN ONT, DANS !'ALPHABET
OFFICIEL DU-SÉNÉGAL, LA VALEUR PHONÉTIQUE SUIVANTE :
a. CONSONNES
E
son existe en espagnol (jota) et en allemand (ach-laut)
U
xalam : guitare
EQ
q - n'existe pas en français: le son le plus approchant est celui de k
TH
r réalisé très guttural, au niveau de la.luene; ce son existe en arabe (qarib "proche")
fiaq : sueur
O
w . existe en français dans oui
LI
woo appeler
IB
fas wi le cheval
U· Ce qu'on entend en français dans les mots empruntés à l'anglais
IA
parking .
uaam: mâchoire
R
ES
D
b. VOYELLES
O
C
a • Ce son est plus fermé qu'un a français mais plus ouvert que ë:
Ex : lal : lit
Cest le son a du français :
Ex: làkk: parler une langue étrangère
â - Voyelle nasaJel: alma (allemand)
e - Son è ou ê du français père, tête; il n'est jamais prononcé central comme dans
petit.
Ex : set : propre·
ë - Son e du français comme dans demain
Ex : bët : œil
VINCENT (M) :
Sur l'arabisation des langues négro-africaines.
In Généve-Afrique, Vol. Il, N° 1, 1963.
SAMB (A):
"L'œuvre littéraire de Ch. de A. BAMBA". Semaine Culturelle sur la vie et l'œuvre
de Ch. A. BAMBA.Organisée par l'Union Culturelle musulmane du 15 au 22
E
juillet 1977 à l'Institut islamique de Dakar.
U
- "Essai sur la contribution du Sénégal à la littérature d'expression arabe" in Bull. ·
EQ
IFANT33 Ser B, n°3 1971
TH
- "Folklore wolof au Sénégal" in Bull.1FAN, t37 n°4 1976.
O
SEYDOU (Chr.) :
LI
- '
SOCE(O):
IA
134
C
O
D
ES
R
IA
-B
135
IB
LI
O
TH
EQ
U
E
ANNEXE 1 NOTE SUR L'ECRITURE•
Afin de faciliter la tâche du lecteur non averti, nous avons établi les correspondances
phonétiques entre l'alphabet officiel du Sénégal et l'alphabet latin.
1. LES LETIRES SUIVANTES ONT LA MÊME VALEUR PHONÉTIQUE QUE DANS L'ALPHABET
LATIN UTILISÉ POUR LA LANGUE FRANÇAISE.
a. CONSONNES
p - paaka : couteau
E
b - bakkan : nez
U
m - mar: avoir soif
EQ
f. for : ramasser
t - taw : pluie
n - nelaw : donnir
TH
O
s • est toujours prononcé sourd comme dans si et non sonore comme dans
LI
base.
IB
suur: sol
r- est toujours prononcé roulé
-B
k - kër : maison
R
g - est toujours prononcé occlusif comme dans gare et non constrictif comme
ES
dans page
D
garab: arbre
O
C
b. VOYELLES
i - cin : marmite
e - ser : pagne
• Note extraite du dictionnaire wolof-français par Mmes Arame Fal, Rosine Santos et
Jean Léonce Doneux, 342p., Karthala, 1990.
136
II. LES LETIRES SUIVANTES EMPRUNTÉES À L'ALPHABET LATIN ONT, DANS !'ALPHABET
OFFICIEL DU-SÉNÉGAL, LA VALl;UR PHONÉTIQUE SUIVANTE :
a. CONSONNES
E
son existe en espagnol Uota) et en allemand (ach-laut)
U
xalarn : guitare
EQ
q - n'existe pas en français: le son le plus approchant est celui de k
TH
r réalisé très guttural, au niveau de la.luene; ce son existe en arabe (qarib "proche")
naq: sueur
O
w - existe en français dans oui
LI
woo appeler
IB
fas wi le cheval
t) • Ce qu'on entend en français dans les mots empruntés à l'anglais
IA
parking .
t)aarn : mâchoire
R
ES
D
b. VOYELLES
O
C
a • Ce son est plus fermé qu'un a français mais plus ouvert que ë :
Ex : lai : lit
Cest le son a du français :
Ex: làkk: parler une langue étrangère
â - Voyelle nasale1: alma (allemand)
e - Son è ou ê du français père, tête; il n'est jamais prononcé central comme dans
petit
Ex : set : propre·
ë - Son e du français comme dans demain
Ex : bët : œil
E
Ex: mbër: champion
U
ndab: récipient
EQ
njaay: vente
ngelaw
samp:
vent·
planter un pieu
TH
O
bunt : porte
LI
denc: garder
IB
tànk : jambe
-B
·suuf : Sol
Les doubles-consonnes transcrivent des consonnes fones
R
Bakkan: nez
ES
D
O
C
138
E
U
EQ
TH
O
LI
IB
-B
IA
R
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ES
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INTRODUCTION .................................................................................................... . 1
PREMIERE PARTIE:
LE CONTEXTE SOCIO-HISTORIQUE DE PRODUCTION ................................ . 9
I. Espace géopolitique du "pays wolof' ................................................................... . 10
1. Le cadre géographique.....................................,............................................. . 10
2. La société wolof : organisation politique et sociale ..................................... . 11
A. L'aristocratie. .................................................................................................... 11
B. Le peuple ........................................................................................................ . 11
1. Les "baadoolo" .......................................................·........................................ . 11
2. Les "jaambur" .................................................................................................. . 12
3. Les "jaam" ....................................................................................................... . 13
C. "Ceddo" et marabouts ................................................................................... . 13
1. Le ceddo ......................................................................................................... . 13
2. Les marabouts .................................................................................................. . 14
3. 0 Le "Pouvoir ceddo" .......................... :........................................................... . 15
E
II. L'Islam dans le "pays wolof' : Evolution et changements ............,................ . 16
U
1. La révolution islamique ................................................................................. . 16
EQ
2. Les confréries : les foyers d'enseignement ..................................................... . 17
III.CHEIKH AHMADOU BAMBA : Le mouridisme ....................... ~ ............... . 18
1. Bref aperçu hagiographique ........................................................................... . 18
TH
2. Le mouridisme .......................................................................................... :..... .
3. La relation taalibé-Sëriii dans le Mouridisme................................................. .
21
22
4. Mouridisme et savoir
. . ...................................................................................... . 23
O
: '
LI
DEUXIEME PARTIE:
LE CORPUS : PRESENTATION DES TEXTES ET DE L'AUTEUR .................... . 25
IB
l. Le "bahru" .................................................................................................... . 26
2. La notion de pied "dans la métrique arabe ...................................................... 27
3. Rime, vers et hémistiche dans la versification arabe et française .................... 29
IA
LE CORPUS .............................................................................................................. 36
O
E
1. La guerre sainte de l'âme : les quatre ennemis de l'homme ............................ .. 91.
U
1. "Seytaane" ouSatan ....................................................................................... . 92
2. La passion profane et l'âme charnelle (bànneex-bakkan) ............. :............... . 93
EQ
3. Le bas-monde (Addina) ................................................................................ .. 97
B. Le pro fi1I de l'aspirant
. vén.d.1que ou .. mun"d sa"d'1q" ......................................... . 100
TH
Il. Analyse des procédés stylistiques ................................................................ .. 104
Introduction ........................................................................................................ . 104
A. Métaphore - Allégorie - Comparaison ........................................................... . 105
O
Etude de quelques cas concrets .......................................................................... . 105
LI