Le Mariage Selon Saint Jean Eudes Anthologie

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Mariage

et S. Jean Eudes
au XVIIe s.

Textes recueillis des O.C.


de S.J.Eudes

Doc.Rech.no44

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Jean-Rémi Côté c.j.m.
[email protected]

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Observations générales sur le Doc.Recherche,
no 44: Mariage et Jean-Eudes.

1) Les textes sont présentés dans l’ordre des Oeuvres Complètes de 1 à 12.

2) Jean Eudes n’est ni un théologien, ni un canoniste, mais un auteur spirituel, qui a


missionné pendant 60 ans en France.

3) Il faut toujours tenir compte du contexte littéraire et spirituel du XVIIe s.,


en lisant un extrait sorti de son contexte.

4) Sa préoccupation est avant tout apostolique et pastorale.

5) Il faudrait sans doute chercher les occurences de d’autres termes connexes ou


apparentés à mariage, comme époux(se), sacrement, parents, education, etc.
famille, fiançailles, fréquentation, procréation, avortement, etc.

6) Souvent dans l’Enfance Admirable, il fait des applications à l’éducation des enfants.
MARIAGE ET JEAN EUDES
o.c. t.1 Royaume de Jésus
p.340-341
XII- Les principaux états et mystères de la vie de la sainte Vierge 1 .
Les principaux états et mystères de la vie de la très sainte Vierge sont: sa
Conception; sa résidence dans les bienheureuses entrailles de sainte Anne sa mère; sa
Naissance; le jour auquel elle a reçu le saint nom de Marie, qui fut huit jours après sa
naissance 2 ; sa Présentation au temple; tout l'état de son enfance jusqu'à l'âge de
douze ans; sa demeure dans le temple et le service qu'elle y a rendu jusqu'à l'âge de
quinze ans 3 ; son saint mariage avec saint Joseph, dont on fait la fête en quelques
églises le quinzième de janvier; l'Incarnation de Jésus en elle, Mariage et Jean Eudes
et son établissement dans la dignité de Mère de Dieu à l'âge de quinze ans; la résidence
de Jésus en elle; sa Visitation au regard de sainte Élisabeth, et sa demeure de t r o i s

1
Le B. P. Eudes fit célébrer dans sa Congrégation des fêtes en l'honneur du Mariage de
la Bienheureuse Vierge avec saint Joseph de Notre-Dame de Pitié, de l'Apparition de
Notre-Seigneur à sa sainte Mère après sa résurrection, des Joies de la Bienheureuse
Vierge, de Notre-Dame des Anges, du saint Nom de Marie, de Notre-Dame de la Victoire,
de la Sainte-Enfance, de l'Expectation et surtout du très saint Coeur de Marie. Il
avait lui-même composé des offices propres pour plusieurs de ces fêtes. Cf. Le Doré,
Les Sacrés-Coeurs, et le V. J. Eudes, tom. I, p. 18.

2
«Apud Hebraeos mos inolevit octavo die infantibus nomen imponere, quo die juxta legem
circumcidebantur: de foeminis autem nihil certi reperitur. Forsan enim octavo quoque
die ipsis nomen indebatur... Cui existimationi subsidiantur ritus aliquarum ecclesiarum
in Hispania, nempe Toletanae, Conchensis, et aliae in Castella, quae diem 15 septembris
vel, quia hic impediri solet, 17 diem septembris auctoritate Pontificia Mariani nominis
impositioni dedicarunt... Aliqui in ea sunt sententia, ut asserant, sicut maribus
transactis septem immunditiae diebus, octavo die, quo circumcisio fiebat, nomen
imponebatur, ita similiter post duas hebdomadas, quibus immunda erat mater, juxta ritum
menstrui, ut docet Moyses (Levit. XII), foeminis infantibus nomen indebatur. Statuit
itaque haec sententia B. V. inditum fuisse nomen quintodecimo a nativitatis die, ac
proinde 22 septembris. In hac re nihil certi hucusque reperire potui. » VEGA, Theologia
Mariana, Palaestra, XVIII, cert. I.

3
Pour fixer l'âge de la sainte Vierge au moment de sa sortie du temple et de son
mariage avec saint Joseph, les auteurs s'appuient communément sur ce texte d'Evodius,
premier successeur de saint Pierre sur le siège d'Antioche, que cite NICEPHORE, Hist.
Lib. II, c. III: « Trimula cum esset in templum praesentata, ibi... traduxit annos
undecim: deinde vero sacerdotum manibus Joseph ad custodiam est tradita , apud quem
quum menses peregisset quatuor, ab angelo laetum illud (Incarnationis) accepit nuntium.
Peperit autem hujus mundi lucem, annum agens quindecimum, vigesima quinta die mensis
decembris. » Christophore de CASTRO, Hist. Dieparae, C. IV, conclut de ce texte que la
sainte Vierge fut fiancée à saint Joseph a l'âge de treize ans et trois mois, et
qu'elle conçut le Sauveur quatre mois plus tard, et par conséquent dans sa quatorzième
année. Mais BARONIUS, Apparatus ad Annales ecclesiasticos, nn. XLVII LIV, et après lui
le P. de BÉRULLE, Vie de Jésus, c. Vll, pensent que la sainte Vierge resta au temple
jusqu'a sa quinzième année. Tout naturellement le P. Eudes adopte l'opinion du P. de
Bérulle, son maître. Cf. VEGA, Theologia Mariana, Palaestra, 22, cert 3.
mois en sa maison 4 ; son voyage de Nazareth en Bethléem; son divin enfantement; sa
Purification; sa fuite et sa demeure en Égypte avec l'enfant Jésus et saint Joseph;
son retour d'Égypte et sa demeure en Nazareth avec son Fils jusqu'à l'âge de t r e n t e
ans de ce même Fils Jésus; tous les voyages qu'elle a faits avec son Fils Jésus, le
suivant partout durant le temps de sa vie conversante; son martyre au pied de la
croix; sa réjouissance en la Résurrection et Ascension de son Fils;

o.c. t.11 Contrat par le Baptême


p.198-199
Il faut avouer du reste que, si le Baptême participe de la nature du contrat, ce
n'est pas, comme le mariage, un contrat proprement dit. Entre Dieu et l'homme, un
acte de ce genre ne saurait exister. Le Baptême, comme l'Ordination, est avant t o u t
une consécration de la personne humaine à Dieu. Il nous incorpore à Jésus-Christ, nous
initie à la religion qu'il est venu établir sur la terre et nous impose par le fait même,
sans qu'il soit besoin d'un consentement spécial de notre part, l'obligation de vivre de
sa vie. Loin d'y contredire, le P. Eudes le proclame en termes exprès, lorsqu'il dit en
s'adressant au chrétien:
« Par le saint Baptême, votre corps et votre âme, et toutes les parties de l'un et de
l'autre ont été consacrées à la très sainte Trinité, et d'une consécration plus sainte,
plus divine que celle par laquelle les temples matériels, les autels, les calices et les
ciboires lui sont consacrés; celle-ci ne se faisant que par quelques cérémonies e t
prières, et celle-là par un grand sacrement. D'où il s'ensuit qu'il ne vous est point
permis d'employer aucune partie de votre corps ni de votre âme, qui sont le temple
vivant de la très sainte Trinité, que pour la gloire de Celui auquel ils ont été dédiés
d'une manière si sainte et si solennelle 5 . »
Cependant, par certains côtés, le Baptême tient réellement du contrat. On y
trouve une donation réciproque de Dieu et de la créature, accompagnée, de la part de
Dieu, de promesses magnifiques, et, de la part de l'homme, d'engagements solennels
pris par le baptisé lui-même ou, en son nom, par ses répondants, et que l'on appelle
communément les « voeux du Baptême. » Le P. Eudes était donc autorisé, non
seulement par l'exemple de plusieurs Pères de l'Église, Mariage et Jean Eudes
mais encore par la nature des choses, à voir dans le Baptême une sorte de contrat.
On s'explique d'ailleurs qu'il ait choisi cette manière d'envisager le Baptême. Il
visait à amener les fidèles à pratiquer leurs devoirs de chrétiens, et pour y réussir
rien n'était plus commode que de leur rappeler qu'ils en avaient pris l'engagement
formel dans un contrat à la fois très solennel et très avantageux.

o.c.t.2 Catéchisme
4
« Mansit autem Maria cum illa quasi tribus mensibus, et reversa est in domum suam. »
Luc. I, 56.

5
__Contrat, ch. V, 2.__
p.420
D.-- Jusques à quel âge a-t-elle demeuré au temple?
R.-- Jusqu'à l'âge de quinze ans ou environ.
D.-- Que lui est-il arrivé à cet âge-là ?
R.--Elle a été mariée avec saint Joseph.
D.--Quel a été ce mariage ?
R.-- Ça été un Quant à la valeur des Avertissements voici ce qu'en dit le P.
Martine:« On ne peut lire ces Avertissements sans être obligé de convenir qu'ils sont
pleins d'une excellente doctrine, et accompagnés d'une sagesse qui ne pouvait venir
que de l'esprit de Dieu et d'une longue et salutaire expérience, également éloignée de
la morale relâchée et d'une trop grande sévérité 6 . »
« Nous dirons, nous, ajoute le P. Boulay 7 , qu'ils ne respirent que douceur, sans
rien céder des vrais principes. Il est vraiment difficile d'amasser, sous un aussi p e t i t
volume, tant de sages conseils et de précieux enseignements. C'est un traité complet,
dans sa brièveté, touchant la manière de confesser ceux qui se présentent dans les
missions. Sur quelques points même où le relâchement est plus à craindre, de solides
documents appuient les assertions de l'auteur, afin de montrer qu'il n'avance rien que
sur de bonnes raisons. Dispositions des confesseurs, règles à observer pour accueillir,
encourager, examiner, interroger, absoudre ou renvoyer à plus tard les pénitents,
remèdes propres à assurer leur persévérance, satis£actions à leur imposer, rien
n'est oublié, tout est exprimé simplement, avec méthode, clarté, précision. Il n'est pas
jusqu'aux cas et voeux réservés au Souverain Pontife, jusqu'aux empêchements
invalidant le mariage, qui n'y soient suffisamment exposés. »
tout céleste, tout spirituel, tout angélique, tout divin: mariage de deux Anges, de
deux Séraphins, de deux Vierges, de Marie et Joseph Mariage et Jean Eudes

qui sont toujours vierges, devant et après le mariage.


D.-- Après avoir été mariée à saint Joseph, où est-elle allée demeurer?
R.-- En la ville de Nazareth, parce que son père saint Joachim y avait une
maison, et que son époux saint Joseph y en avait aussi une où il demeurait.
D.-- Qu'est-ce qu'il lui arriva étant à Nazareth, incontinent après son mariage
avec saint Joseph ?
R.-- L'Archange saint Gabriel lui fut envoyé de Dieu, qui lui annonça que Dieu
l'avait choisie pour être Mère de son Fils; et au même temps le Fils de Dieu fut conçu
dans ses sacrées entrailles par la vertu du Saint-Esprit.
D.-- Que fit-elle premièrement après avoir conçu le Fils de Dieu en ses
entrailles?
R.-- Elle alla visiter sa cousine sainte Élisabeth, qui était enceinte par miracle, il
y avait déjà six mois, de saint Jean-Baptiste, précurseur de son Fils.
6
Vie du P. Eudes, I. p.112.

7
Vie du Vénérable Jean Eudes, I, p.418.
o.c. t.2 Catéchisme
p.425
Des douze Fêtes principales de la sainte Vierge,
et de plusieurs autres.
D. -- Combien y a-t-il de fêtes principales de la sainte
Vierge?
R. --Il y en a douze.
D.-- Quelle est la quatrième?
R. -- C'est la fête de son mariage tout angélique et divin avec saint Joseph, qui
se célèbre en quelqueslieux le quinzième, et en d'autres le vingt-deuxième dejanvier.
Mariage et Jean Eudes
o.c. t.2 Catéchisme
p.429
D. -- Combien y a-t-il de Sacrements?
R. --Il y en a sept, institués par Notre-Seigneur Jésus-Christ.
D. -- Qui sont-il ?
R. --Baptême, Confirmation, Pénitence, Eucharistie,
Extrême-Onction, Ordre, mariage.

o.c. t.2 Catéchisme


pp.454 et sq

CHAPITRE XXI. Du mariage.


D. --Qu'est-ce que le mariage ?
R. --C'est un sacrement par lequel l'homme et la femme sont unis ensemble, en
la face de l'Église, par foi et promesse mutuelle, pour avoir lignée en laquelle Dieu soit
béni éternellement.
D. -- Qu'est-ce que ce sacrement représente ?
R. --Il représente l'union sainte et divine de Jésus-Christ avec son Église8 .
D. -- Quels sont les effets de ce sacrement?
R. -- Il donne la grâce à ceux qui le prennent chrétiennement, pour conserver la
fidélité, la paix et la dilection mutuelle; pour porter avec patience les peines e t
tribulations qui accompagnent ceux qui sont dans l'état du mariage; et pour vivre
chastement et saintement dans cette condition.
D. - -Si ce Sacrement est si saint et opère des effets si saints, quelle est la
cause de tant de désordres et de malheurs qui se rencontrent si souvent dans la
condition du mariage ?
R. --Il y en a quinze causes principales.
D. -- Quelle est la première ?
R. -- C'est que, lorsqu'il est question de choisir une condition, on n'a pas recours
à Dieu pour lui recommander la chose, prendre conduite de lui, et lui demander lumière
8
« Sacramentum hoc magnum est: ego autem dico in Christo et in Ecclesia. » Eph. V, 32.
et grâce afin de connaître et de suivre sa sainte volonté. À raison de quoi, Dieu
n'ayant point de part en cette affaire, il n'y donne point de bénédiction; ce qui e s t
cause que tout y est plein de malédiction. Mariage et Jean Eudes
II-455
--Vous dites fort bien; car comme Dieu est notre Souverain et notre Père,
duquel nous dépendons infiniment et auquel nous appartenons absolument, il
n'appartient qu'à lui de nous appeler là où il lui plaît, et de choisir la condition qu'il
connaît nous être convenable pour sa gloire et pour notre salut. C'est pourquoi nous
ne devons rien faire en cela, ni en toute autre chose, que par sa divine volonté.
D. -- Quelle est la seconde cause des désordres qui arrivent dans le mariage ?
R. --C'est qu'il y en a peu qui imitent le saint homme Tobie le jeune, qui disait à
Dieu: « Seigneur, vous savez que j'épouse une femme par désir, non point de volupté
charnelle, mais seulement d'avoir des enfants qui vous bénissent éternellement 9 . » Et
sa sainte épouse Sara, qui parlait aussi en cette façon: « Vous connaissez, Seigneur,
que jamais je ne convoitai homme, et que j'ai gardé mon âme pure de t o u t e
concupiscence; mais j'ai consenti de prendre mari en votre crainte, et non selon les
inclinations de la chair 1 0.»
Au contraire, il y en a quantité qui, dans le dessein du mariage, n'ont point Dieu
devant les yeux, ainsi que dit l'Ange Raphaël au jeune Tobie; mais y sont portés plutôt
par des motifs de charnalité ou d'avarice, que pour les intentions pour lesquelles Dieu
a établi ce Sacrement. Et ce sont ceux-là, dit le même Ange, sur lesquels le diable a
puissance 1 1; et ce fut la cause pour laquelle Dieu lui Mariage et Jean Eudes
II-456
permit de tuer les sept maris qui furent donnés à Sara avant le jeune Tobie.
D - Quelle est la troisième cause des malheurs qui arrivent aux personnes
mariées ?
R. -- C'est qu'il y en a plusieurs qui se marient, non seulement sans aucune
vocation de Dieu à cet état, mais contre sa volonté directement.
D. -- Qui sont ceux-là ?
R. --Tous ceux qui se marient ayant fait voeu de chasteté on de religion; on
n'ayant pas encore l'âge compétent; ou dans des degrés de consanguinité ou d'alliance
qui sont prohibés; ou avec des dispenses mal obtenues; ou à des hérétiques; ou avec
quelque autre empêchement rendant le mariage nul ou illicite; ou clandestinement,
c'est-à-dire hors de la présence de leur propre Curé, sans témoins et sans
9
« Et nunc, Domine, tu scis quia non luxuriae causa accipio sororem meam conjugem, sed
sola posteritatis dilectione, in qua benedicatur nomen tuum in saecula saeculorum. »
Tob. VIII, 9.

10
« Tu scis, Domine, quia nunquam concupivi virum, et mundam servavi animam meam ab
omni concupiscentia. » Tob. III. 16.

11
« Hi namque qui conjugium ita suscipiunt, ut Deum a se et a sua mente excludunt, et
sua libidini ita vacent sicut equus et mulus quibus non est intellectus habet
potestatem daemonium super eos. » Tob. VI, 17.
proclamation de bans.
D. --Qu'elle est la quatrième cause ?
R --C'est lorsque les parents obligent ou même forcent leurs enfants à se
marier contre leur volonté ou à prendre des partis pour lesquels ils n'ont point
d'affection, ou qui sont d'âge trop inégal, ou qui sont méchants, ou de religion
contraire.
D. -- Quelle est la cinquième cause ?
R.--C'est lorsqu'on use de quelque moyen illicite et désagréable à Dieu pour
parvenir au mariage, comme les filles et femmes qui à cette fin s'habillent
mondainement, portent la gorge découverte, se parent avec excès et vanité; et tous
ceux et celles qui usent de potions, de charmes et autres superstitions pour la même
intention.
D. -- Quelle est la sixième cause ?
R. -- Ce sont les vanités et mondanités, superfluités et dissolutions qui se
passent ordinairement aux fiançailles et aux noces, qui provoquent l'ire de Dieu, parce
qu'elles sont contraires à la profession solennelle que tous les chrétiens ont faite au
baptême, de renoncer aux oeuvres et aux pompes de Satan. Mariage et Jean Eudes
II-457
D. -- Quelle est la septième cause ?
R. -- C'est que plusieurs, étant accordés ou fiancés, s'imaginent qu'il leur e s t
permis de vivre comme s'ils étaient mariés; à raison de quoi ils commettent beaucoup
de péchés qui attirent par après la malédiction de Dieu sur leur mariage.
D. -- Quelle est la huitième cause?
R. --C'est qu'il y en a plusieurs qui reçoivent ce sacrement en péché mortel, ne
s'étant pas bien confessés auparavant, et ainsi ils sont privés de la grâce e t
bénédiction qu'il doit conférer.
D. -- Quelle est la neuvième cause?
R. --C'est quand la fidélité mutuelle est violée, ce qui est un très grand crime e t
la source d'une infinité de maux.
D. -- Quelle est la dixième cause ?
R. -- C'est quand la sainteté du mariage est profanée par ceux qui n'en usent
que pour assouvir leur passion et brutalité, sicut equus et mulus « comme des bêtes
», ainsi que dit l'Ange au jeune Tobie 1 2, ou comme des hommes qui n'ont point de
connaissance de Dieu, ainsi que dit saint Paul 1 3. se persuadant faussement qu'étant
mariés, il leur est permis de se vautrer comme des pourceaux en toutes sortes de
saletés et d'infamies: ce qui est cause de plusieurs châtiments de Dieu sur eux.
D.--Quelle est l'onzième cause?
R. -- C'est quand la paix et dilection mutuelle est éteinte par les aversions,
haines, discordes, jalousies, injures, crieries, malédictions, imprécations et mauvais
12
Tob. VI, 17,

13
«Non in passsione desiderii, sicut et gentes qua ignorant Deum ». I Thes. IV, 5.
traitements les uns au regard des autres; car alors c'est un enfer et un
commencement de damnation, si on n'y remédie.
D. -- Quelle est la douzième cause ?
R. -- C'est quand les affections mutuelles passent les bornes qui les doivent
limiter, et qu'elles sont tellement Mariage et Jean Eudes
II-458
déréglées que le mari ne se soucie point d'offenser Dieu pour plaire à sa femme, ainsi
que fit le premier homme; et la femme ne fait point d'état de préférer les inclinations
de son mari aux volontés de Dieu.
D . -- Quelle est la treizième cause?
R. --C'est lorsque, craignant d'avoir trop d'enfants, on use de moyens illicites
pour empêcher d'en avoir.
D. -- Quelle est la quatorzième cause ?
R. --C'est quand on n'a pas soin de former ses enfants et domestiques en la
crainte et service de Dieu, et de leur enseigner à le connaître, aimer et prier, à garder
ses commandements, à fréquenter comme il faut les saints Sacrements. « Si
quelqu'un, dit saint Paul, n'a pas soin des siens, spécialement de ses domestiques, il a
renié la foi et est pire qu'un infidèle 1 4. »
D. -- Quelle est la quinzième cause ?
R. --C'est lorsque les pères et mères s'arrogent une autorité sur leurs enfants,
qui n'appartient qu'à Dieu; c'est-à-dire lorsqu'ils veulent faire leur vocation, obligeant
les uns à entrer dans l'état ecclésiastique ou dans la religion, qui n'y sont point
appelés; et en détournant quelquefois les autres qui y sont appelés: ce qui attire de
grandes malédictions de Dieu sur les familles.

o.c. t.2 Catéchisme


p.458 et sq
CHAPITRE XXII. Remèdes à tous les maux précédents, et Moyens pour v i v r e
chrétiennement et saintement dans le mariage.

D. --Il ne faut pas s'étonner s'il arrive tant de désordres dans l'état de
mariage; car en voilà bien des causes qui ne sont que trop vraies et trop communes.
Mais quels remèdes à tant de maux, et quels moyens pourrait-on trouver pour vivre
chrétiennement dans cette condition? Mariage et Jean Eudes
II-459
R. --En voici douze excellents.
D. -- Dites le premier.
R. --Auparavant que de s'engager à aucune condition, il faut se mettre en bon
état, s'exercer quelque temps en prières, lectures spirituelles, aumônes, jeûnes,
mortifications et autres exercices de piété, invoquer la très sainte Vierge, les Anges
et les Saints, et consulter quelques serviteurs de Dieu. pour obtenir de lui, par tous
14
I Tim. V, 8.
ces moyens, qu'il donne lumière pour connaître sa sainte volonté, et grâce pour
l'accomplir.
D. -- Dites le second.
R. --Après qu'on a reconnu, par les moyens précédents. qu'on est appelé de Dieu
à la condition du mariage, la principale chose qu'il faut considérer dans le parti qu'on
doit choisir, c'est de prendre bien garde à jeter les yeux sur celui avec lequel on peut
servir Dieu et faire son salut plus facilement.
D. -- Dites le troisième.
R. --C'est, lorsqu'on est résolu d'entrer en cet état, de renoncer fortement aux
inclinations charnelles et terrestres de la volupté et de l'avarice, et de protester à
Dieu qu'on ne veut se marier que pour les intentions pour lesquelles il a institué le
mariage.
D. -- Dites le quatrième.
R. --Retrancher des festins et solemnités qui se font aux fiançailles et aux
noces, tous les excès, mondanités et dissolutions; et faire en sorte qu'il ne se passe
rien qui soit contraire à la modestie, prudence et sainteté chrétiennes.
D. --Dites le cinquième.
R. -- Durant le temps qu'on est en fiançailles, éviter plus que la peste les
moindres choses contraires à la chasteté, et se conserver soigneusement en la
crainte et grâce de Dieu.
D . -- Dites le sixième . Mariage et Jean Eudes
II-460
R. --Avant que de recevoir ce sacrement, se préparer dignement à faire une
bonne confession et communion. Et si d'aventure on n'est pas instruit suffisamment
touchant les choses qu'un chrétien doit savoir et pratiquer, avoir soin de se faire
instruire par son confesseur ou pasteur, qui doit avoir un grand soin de ne point
permettre qu'aucune des personnes qui sont en sa conduite reçoive ce sacrement, si
elle n'a la connaissance qui est nécessaire des principaux mystères du christianisme,
et si elle ne sait le Pater, l'Ave, le Credo, et les commandements de Dieu et de l'Église,
au moins en substance. Car, s'ils ne savent pas ces choses, comment les
enseigneront-ils à leurs enfants ?
D. --Dites le septième.
R.-- Suivre le conseil que l'ange Raphaël donna aux jeune Tobie 1 5; que saint
Évariste, Pape et Martyr, donne à tous les chrétiens dans une épître qu'il écrit aux

15
Tu autem cum acceperis eam, ingressus cubiculum, per tres dies continens esto ab ea,
et nihil aliud, nisi orationibus vacabis cum ea. » Tob VI, 18.
Évêques d'Afrique 1 6; et que même le sacré Concile de Trente 1 7 insinue, à savoir: «
Qu'après avoir reçu le sacrement, on demeure au moins deux ou trois jours en
continence et chasteté, employant ce temps-là en prières et bonnes oeuvres, afin de
plaire à Dieu et d'obtenir de sa divine bonté les grâces et bénédictions qui sont
nécessaires pour le servir et honorer dignement en la condition en laquelle on entre.»
D. --Dites le huitième.
R. --Graver dans son coeur ces paroles de saint Paul Mariage et Jean Eudes
II-461
et les pratiquer, lequel, parlant aux personnes mariées, leur dit:«Vous savez quels
sont les commandements que je vous ai donnés par le Seigneur Jésus, qu'un chacun
de vous sache se comporter avec honnêteté et sainteté dans le mariage, et non
point étant passionnés de concupiscence, comme les Gentils qui ne connaissent point
Dieu. Car Dieu ne nous a point appelés à l'immondice, mais à la sainteté. C'est pourquoi
quiconque rejette ceci, ne rejette point un homme, mais Dieu 1 8.»
D. --Ajoutez quelque chose à cela.
R. --Vivre selon le conseil que ce même apôtre donne à tous les chrétiens qui
sont dans le mariage, lorsqu'il les exhorte de s'abstenir quelquefois pour un temps,
par un mutuel consentement, afin de mieux vaquer à l'oraison 1 9.
Ce qui serait bon à faire spécialement au temps des fêtes de Notre-Seigneur e t
de sa sainte Mère, et au saint temps de l'Avent et de Carême, afin d'imiter au moins
en partie tant de saintes personnes, dont les unes ont vécu en perpétuelle virginité
dans le mariage; les autres, après avoir eu quelques enfants, ont conservé la
chasteté jusqu'à la fin de leurs jours. Ce qui était très commun parmi les premiers
chrétiens: et c'est une chose infiniment agréable à celui qui aime infiniment les âmes
chastes.
D. -- Dites le neuvième moyen de vivre chrétiennement dans le mariage.
R. --Sur toutes choses, conserver la paix et la dilection
II-462
mutuelle très soigneusement et au dépens de quoique ce soit, hormis de l'honneur de
16
Uxor solemniter accipiatur [a viro]: et biduo vel triduo orationibus vacent et
castitatem custodiant. » In decreto, 2 p., caus. XXX, quaest 5, cap. 1.

17
« Postremo sancta Synodus conjuges hortatur ut, antequam contrahant, vel saltem
triduo ante matrimonii consummationem, sua peccata diligenlter confiteantur et ad
sanctissimum Eucharistiae sacramentum pie accedant.» Conc. Trid.,sess. 24, de Ref,
cap. 1.

18
« Scitis enim quae pracepta dederim vobis per Dominum Jesum...: ut sciat unusquisque
vestrum vas suum possidere in sanctificatione et honore.., Non in passione desiderii,
sicut et gentes quae ignorant Deum... Non enim vocavit nos Deus in immunditiam, sed in
sanctificationem. Itaque qui haec spernit, non hominem spernit sed Deum » . I Thess.
IV, 2-8,

19
Nolite fraudare invicem, nisi forte ex consensu ad tempus, ut vacetis orationi, "
I.Cor VII.
Dieu, craignant et fuyant plus que la mort tout ce qui est capable de l'altérer;
supportant et excusant bénignement les défauts les uns des autres; le mari aimant sa
femme comme Jésus-Christ aime son Église, selon la parole sacrée 2 0; et la femme
rendant honneur et obéissance à son mari, comme à celui qui lui représente Jésus-
Christ 2 1.
D. -- Dites le dixième.
R. -- Si Dieu ne donne point d'enfants, faire Notre- Seigneur et sa très sainte
Mère ses héritiers en la personne des pauvres. S'il en donne, ne laisser pas de leur
réserver une place parmi les héritiers, leur donnant une portion de son bien, selon le
conseil de saint Chrysostome 2 2.
D. -- Dites l'onzième.
R. --Offrir et consacrer à Dieu ses enfants par l'entremise de la bienheureuse
Vierge, au même temps qu'on vient à connaître qu'ils commencent à avoir l'être et la
vie; les faire baptiser sitôt qu'ils sont nés, sans différer aucunement; leur prononcer
souvent les saints noms de Jésus et Marie, quand ils approchent du temps auquel ils
commencent à parler, afin que les premières paroles qu'ils profèreront soient Jésus,
Maria; et avoir un très grand soin de leur aider à conserver le précieux trésor de la
grâce baptismale lorsqu'ils sont arrivés à l'usage de raison, leur imprimant de bonne
heure dans l'âme une très grande horreur du péché; et leur donnant et faisant
donner et pratiquer, comme aussi à ses serviteurs et domestiques,
II-463
toutes les instructions nécessaires pour vivre chrétiennement.
D. --Dites le douzième.
R. -- Ne forcer point les enfants à prendre une condition contre leur volonté;
mais lorsqu'ils sont en âge d'en choisir une, les faire mettre en bon état et s'y m e t t r e
avec eux; puis communier ensemble, et après la sainte communion, conférer avec eux
sur ce sujet pour tâcher de connaître à quoi Dieu les appelle, afin de les aider à suivre
sa vocation.

o.c. t. 2 Catéchisme
p.492
II-492
Contre le neuvième et dixième Commandement.

FEMME D'AUTRUI NE CONVOITRAS,


20
« Viri diligite uxores vestras et Christus dilexit Ecclesiam ». Eph. V, 25.

21
« Mulieres viris suis subdita sint, sicut Domino. » Eph, V. 22.

22
« Licet et in extremis vita momentis Deo (in persona pauperum) se gratum reddere,
licet et per testamentum probabilem fieri. Qualiter et quomodo? Si cum necessariis tuis
haeredem, et ipsiquoque totius hareditatis partem distribuas.. Coharedem eum tuorum
institue filiorum. » Ad populum Antioch, Hom. XXV.
DIEU LE DÉFEND ABSOLUMENT.
SES BIENS TU NE DÉSIRERAS,
POUR LES AVOIR INJUSTEMENT.

Les péchés qui se peuvent commettre contre ces deux commandements, sont
compris parmi ceux qui se font contre le sixième et septième, excepté ce qui suit.
Entrer dans la condition du mariage plutôt par un motif charnel et t e r r e s t r e ,
que pour les intentions pour lesquelles Dieu l'a établi.
Recevoir ce sacrement en péché mortel.
Ne vivre pas dans la paix et charité mutuelle qui doit être entre les personnes
mariées, mais s'injurier, maudire et maltraiter les uns les autres.
Désirer d'avoir le bien d'autrui, en quelque façon que ce soit, tandis qu'il ne veut
pas s'en défaire.
Désirer que son prochain tombe en nécessité, afin, qu'il soit obligé de vendre son
bien.

o.c. t.2 Catéchisme


p.487
Contre le sixième Commandement.

LUXURIEUX POINT NE SERAS


DE CORPS NI DE CONSENTEMENT.

Avoir volonté de commettre quelque péché déshonnête; et si c'est au regard


d'une personne mariée, ou parente, ou d'Église, il est nécessaire de le spécifier...
Commettre le péché en effet; sur quoi il est nécessaire de spécifier si ç'a é t é
avec personnes mariées, ou parentes. ou consacrées à Dieu; et s'il y a eu scandale; e t
en cas qu'il en soit sorti des enfants, si on a eu soin de les faire nourrir et instruire;
et si ce péché continue encore, et s'il y a point d'occasion prochaine; si on a point usé
de violence ou de fraude
p.488
Tromper une fille ou femme sous promesse de mariage, et par après ne
l'épouser pas, double péché.
p.489
489
Abuser l'un de l'autre avant le mariage, quoiqu'on soit fiancé ou accordé.
Ceux qui sont mariés doivent s'examiner ici, si dans l'usage du mariage, ils o n t
rien, fait pour empêcher d'avoir des enfants, ou contre l'obligation mutuelle qu'ils o n t
les uns aux autres; ou s'ils ont point usé du mariage par les voies ou manières
illicites; ou s'ils y ont point fait quelque autre chose dont leur conscience les reprenne.
Les pères et mères doivent aussi s'examiner si, en ce qui est du péché
déshonnête, ils n'ont point donné de mauvais exemples à leurs enfants ou serviteurs
par paroles ou actions impudiques, et s'ils ont apporté le soin et la diligence requise
pour empêcher qu'il ne se dise ou fasse rien parmi eux, qui soit contraire a la pureté.

o.c. t.2 Catéchisme


p.501
Péchés par les Gouverneurs, Magistrats et autres Seigneurs temporels.

Maltraiter et tyranniser ses vassaux et sujets.


Les obliger, par violence ou par artifices, à leur céder ou vendre leurs terres ou
maisons, ou quelque autre chose de ce qui leur appartient.
Obliger, par contrainte, autorité, menaces ou artifices, directement, ou
indirectement, par eux ou par autrui, les pères et mères à donner leurs filles, ou les
tuteurs et parents leurs mineures qui sont héritières, en mariage à leurs
domestiques ou à d'autres; ou bien empêcher la liberté de tels mariages jusqu'à ce
qu'on ait composé avec eux. En quoi il y a non seulement obligation de restitution à la
fille, si elle n'est mariée aussi richement qu'elle aurait été si on n'y avait pas mis
d'empêchement; mais encore il y a excommunication fulminée par le saint Concile de
Trente 2 3.

o.c. t.3 Mémorial de la vie ecclésiastique


DEUXIEME PARTIE
Mémorial des devoirs de l'État ecclésiastique.

pp.43
N'admettre pas au sacrement de mariage ceux qui ont quelque empêchement à le
recevoir validement et licitement, ni ceux qui ignorent les choses que tous les
chrétiens sont obligés de savoir, jusqu'à ce qu'ils aient été instruits et qu'ils les
sachent.
p.75
4. Prendre un soin particulier d'instruire le peuple en la connaissance qu'il doit
avoir sur ce sujet, et de lui faire entendre que tous les Sacrements sont grands e t
admirables en toute manière: grands en leur première origine, qui est la bonté et la
miséricorde de Dieu; grands en leur seconde source, qui est la passion et la mort de
Notre-Seigneur Jésus-Christ; grands en leurs significations qui sont très profondes e t
très mystérieuses; grands en leurs effets, qui sont l'accomplissement de la passion
du Sauveur, la sanctification de l'Église, la destruction de la tyrannie du péché et du
diable, et l'établissement du règne de Dieu en la terre; et qu'ainsi étant si grands en
toute façon et si saints, ils doivent être extrêmement révérés; qu'on ne doit pas les
23
« Quare, cum maxime nefarium sit matrimonii libertatem violare, ...praecipit sancta
Synodus omnibus, cujuscumque gradus dignitatis et conditionis existant, sub anathematis
poena, quam ipso facto incurrant, ne quovis modo directe vel indirecte subditos suos,
vel quoscumque alios cogant, quominus libere matrimonia contrabant. »Conc. Trid., sess.
24, cap. 9.
recevoir qu'avec une parfaite pureté de corps et d'esprit, et avec des dispositions
très saintes; qu'on en doit tirer de grands fruits pour la gloire de Dieu et pour notre
avancement dans son amour; et qu'on doit éviter et retrancher toutes les choses qui
sont capables de les profaner, telles que sont aujourd'hui les dissolutions e t
insolences, la vanité, le luxe et la mondanité, les paroles et chansons lascives, le
dérèglement des jeux et des danses, et les autres excès et désordres qui précèdent,
qui accompagnent et qui suivent ordinairement la célébration du sacrement de
mariage, là où la plupart de ceux qui reçoivent ce sacrement semblent désavouer la
profession qu'ils ont faite au baptême, de renoncer aux pompes de Satan, et vouloir
plutôt se marier en païens et en bêtes qu'en chrétiens: ce qui attire sur eux et s u r
leurs enfants de grandes malédictions. À raison de quoi les pasteurs et les prêtres
doivent apporter un grand zèle pour faire voir aux chrétiens l'importance de ces
choses, et pour empêcher, autant qu'ils peuvent, toutes ces profanations d'un si
grand sacrement: Sacramentum maqnum in Christo et in Ecclesia 2 4. o.c.t.3 Mémorial
de la vie ecclésiastique
pp.76
III-76
5. Outre ces instructions générales, apprendre aux fidèles ce que c'est que
chaque sacrement en particulier, et en quoi il consiste; qui l'a institué, quels sont ses
effets, à quoi il nous oblige, et quelles sont les dispositions avec lesquelles il le f a u t
recevoir. Mais spécialement leur donner ces enseignements sur le sacrement du
Baptême et sur les promesses solennelles que nous y avons faites à Dieu, dont la
connaissance et la considération est presque entièrement éteinte aujourd'hui parmi la
plupart des chrétiens, au grand dommage de la religion chrétienne et au grand
préjudice de leur salut.
Vous trouverez plusieurs choses très utiles sur ce sujet, dans un petit livre
intitulé: Contrat de l'homme avec Dieu par le saint Baptême 2 5.

o.c. t.3 Manuel de prières


p.481
La Dédicace de cette Congrégation dédiée à l'honneur de la très sainte
Communauté de Jésus, Marie et Joseph, a été faite en la fête du divin mariage de la
sacrée Mère de Dieu avec saint Joseph, qui se célèbre en la même Congrégation, le 2 2
de janvier.

o.c. t.4 Prédicateur apostolique


p.37
A donner les instructions nécessaires sur le sacrement de mariage, qui est une
chose des plus importantes d'entre celles sur lesquelles les prédicateurs doivent
24
__ Ephes.V,32. __

25
__ Publié dans le second volume des Oeuvres. __
prêcher 2 6, pour enseigner aux chrétiens quelle est la sainteté de ce sacrement,
comme il est institué pour donner des enfants à Dieu qui le servent en la terre, et qui
le bénissent à jamais dans le ciel.
Que ceux qui ont encore leur père et leur mère ne doivent pas entreprendre de
s'engager dans le mariage, que par leur conseil et leur consentement.
Que tous ceux qui veulent entrer en cette condition doivent auparavant
recommander soigneusement cette affaire à Notre-Seigneur, à sa sainte Mère et à
saint Joseph, se souvenant qu'une femme vertueuse et prudente est un don de Dieu.
Qu'ils doivent bien considérer le parti qu'ils ont à prendre, et choisir la personne
avec laquelle ils pourront plus facilement servir Dieu et faire leur salut, préférant la
vertu et les bonnes moeurs au bien temporel et à tous les autres avantages.
Qu'il faut se préparer pour recevoir ce sacrement, et pour attirer les grâces e t
bénédictions du ciel qui sont si nécessaires aux personnes mariées; et, pour cet e f f e t ,
employer la prière, le jeûne et la continence, à l'imitation du jeune Tobie, et faire une
bonne confession et communion. Qu'il faut bannir des noces tout ce qui peut ê t r e
désagréable à Dieu et mettre empêchement à ses grâces, comme les danses, les
paroles dissolues, les excès au boire et au manger, et autres semblables désordres.
o.c. t.4 Prédicateur Apostolique

p.38
38
Que les pères et mères ne doivent pas laisser longtemps leurs enfants en
fiançailles, et que durant ce temps, ceux qui sont en cet état sont obligés de vivre
dans une parfaite continence, s'ils ne veulent attirer la malédiction de Dieu sur leur
mariage.
Que ceux qui sont dans l'état de mariage ne doivent pas s'imaginer que, pour
être mariés, il leur soit permis de s'abandonner à toutes sortes de libertés e t
d'ordures; mais qu'ils doivent éviter les péchés qui s'y peuvent commettre, et s'y
comporter honnêtement et saintement par la pratique de la chasteté conjugale qui e s t
fort bien décrite par saint François de Sales en sa Philothée 2 7.
Surtout que leur principale obligation consiste en la bonne éducation de leurs
enfants.
Que pour cet effet, il les faut offrir et donner à Dieu dès qu'ils commencent
d'avoir l'être; les faire baptiser sitôt qu'ils sont venus au monde; quand ils ont l'usage
de raison, leur apprendre ce qu'un chrétien doit savoir et doit faire pour vivre en la
crainte et en l'amour de sa divine Majesté; et quand ils sont en état de choisir une
condition, les exhorter et même leur aider à en élire une par dépendance de Dieu, e t
après lui avoir beaucoup recommandé leur vocation, et l'avoir supplié de leur donner la
26
Voir les instructions que le Vénérable a données sur ce sacrement, dans le Catéchisme
de la Mission, ch 21 et 22. (Oeuvres, t 2, p. 454, 458).

27
Introduction à la vie dévote, 3e part., ch. 38.
grâce de connaître et de suivre sa très sainte volonté: comme aussi après s'être
confessés et communiés avec eux (c'est-à-dire avec leurs père et mère) et avoir
consulté et délibéré par ensemble, en la présence de quelque bon serviteur de Dieu,
pour reconnaître quel est l'état de vie auquel Dieu les appelle.
Les prédicateurs doivent faire connaître la laideur et l'horreur infinie du péché
en général, et de chaque vice en particulier; le faire haïr et détester, et faire aimer e t
embrasser la pratique des vertus et des oeuvres chrétiennes.

o.c. t.4 Le Bon Confesseur

p.185
Pour leur apprendre tout ceci, il faut y employer les exhortations, les prônes,
les catéchismes en public et en particulier, les instructions dans le confessionnal, e t
ne les admettre point ni au mariage, ni à nommer des enfants au baptême, qu'ils ne
sachent les choses susdites. Voilà la seconde chose que doit faire un pasteur qui veut
satisfaire à son devoir.

p.210
6. Il doit savoir les empêchements qui rendent le mariage invalide, et qui seront
marqués vers la fin de ce livre.

p.220
Lorsqu'on trouve quelques-uns qui sont en bonne foi, et avec ignorance
invincible, dans un péché, soit qu'ils l'aient déjà commis ou qu'ils soient en volonté de le
commettre, et qu'on croit probablement qu'en les avertissant et tirant de leur bonne
foi et ignorance, par la connaissance qu'on leur donnera du péché, ils ne se résoudront
pourtant pas de le quitter, ou ne laisseront pas de le commettre, alors on ne doit
point les avertir, car cela serait inutile, et même dommageable au pénitent. Si
néanmoins il avait le moindre doute de son péché et qu'il en demandât avis, on serait
obligé de lui dire la vérité, encore qu'on sait bien qu'il ne ferait rien de ce qu'on lui
dirait; car depuis qu'il commence à douter pour peu que ce soit, il n'est plus en bonne
foi. Exemple: deux personnes mariées sont en degré prohibé, et par conséquent le
mariage est nul, mais ils ne le savent pas: le mari vient à confesse, et le confesseur
croit probablement qu'en l'avertissant de cet empêchement, il n'y remédiera pas, il ne
lui en doit rien dire, mais le laisser en sa bonne foi.

p.311
10. S'ils ont point usé de violence ou de fraude en promettant d'épouser, ou de
doter la personne. Car en ce cas ils sont obligés de l'épouser, si elle est de leur
condition; ou de la doter, s'il y a cause raisonnable pour empêcher le mariage.
11. L'induction: S'ils ont point excité ou attiré d'autres hommes à ce péché e t
s'ils étaient libres, ou mariés, ou consacrés à Dieu.
p.316
SECTION III.--Pour les hommes et femmes mariés.

Si ce sont des hommes ou des femmes mariés, il faut les examiner:


1. Sur les péchés déshonnêtes qu'ils ont commis avant le mariage et pendant
qu'ils étaient libres.
2. S'il s'est rien passé d'impur entre eux, pendant qu'ils étaient fiancés
seulement et non mariés.
3. Si depuis le mariage ils n'ont rien fait, ou de volonté, ou d'action, contre la
fidélité mutuelle qu'ils se doivent l'un à l'autre.
4. S'ils n'ont rien fait contre la sainteté et honnêteté du mariage. Je parle ici
des péchés qui se peuvent commettre entre les personnes mariées, auxquelles il f a u t
faire entendre que l'Écriture sainte nous apprend qu'il y en a plusieurs qui ont attiré e t
qui attirent tous les jours de grandes malédictions de Dieu sur ceux qui en sont
coupables, et même sur leurs enfants. En voici quatre principaux:
Le premier se fait par désobéissance de la femme au mari en ce qu'elle lui doit
touchant l'usage du mariage, lorsqu'elle n'est point appuyée sur aucune raison ou
excuse légitime, et qu'elle est cause que Dieu est offensé du mari, en quelque manière
que ce soit: soit par colère, soit par quelque action contraire à la chasteté.
Le second par crainte d'avoir des enfants, lorsque cette crainte est cause qu'on
fait quelque chose, en quelque manière que ce soit, à dessein d'empêcher la
génération.
Le troisième procède de trop grandes libertés, excès et désordres qui se
peuvent passer dans l'usage du 315
mariage, dans lesquels il se commet quantité de péchés véniels, et quelquefois même
de mortels, à savoir quand ces choses-là sont cause de quelque pollution, ou qu'elles
empêchent la génération.
Le quatrième est ce péché exécrable, qui tire son nom de cette ville abominable
que Dieu a foudroyée pour son sujet, et qu'il permet quelquefois entre les personnes
mariées, en punition de leurs autres dérèglements, ainsi qu'il est marqué en ces
paroles de S. Paul: Tradidit illos impassiones ignominiae mutaverunt naturalem usum in
eum qui est contra naturam 2 8.
Il faut interroger sur ces quatre choses avec grande retenue et modestie, en
cette manière:
Touchant le premier, il faut demander aux femmes si elles n'ont point eu de
querelles avec leurs maris. Quand elles disent que non, il n'est point besoin de passer
outre. Quand elles disent que oui, il faut leur demander si cela a point été cause
qu'elles leur aient désobéi en ce qui est de l'usage du mariage, leur faisant entendre
au même temps, qu'elles sont obligées d'obéir à leurs maris, et par conséquent
qu'elles pèchent d'y manquer sans raison et excuse légitime, parce qu'elles sont cause
28
Rom. I, 26.
de leur faire offenser Dieu, par colère, ou par impureté, non pas seulement au regard
d'autres femmes, mais en se corrompant eux-mêmes.
Touchant le second, il faut demander tant aux hommes qu'aux femmes, s'ils o n t
des enfants. S'ils disent que non, il ne faut point passer outre; s'ils disent que oui, il
faut leur demander s'ils ont point eu crainte d'en avoir trop. S'ils disent que non, il ne
faut pas les interroger davantage; s'ils disent que oui, il faut leur demander s'ils o n t
point usé de quelque breuvage, ou de quelque autre invention, dans les actions du
mariage, pour empêcher d'en avoir. 316
Touchant le troisième et quatrième, il faut leur demander s'il ne s'est point
passé quelque autre chose entre eux, dans les choses du mariage, dont ils aient
remords de conscience, les exhortant encore une fois à se confesser entièrement,
sans omettre quoi que ce soit, et comme s'ils devaient mourir à l'heure même et aller
rendre compte devant Dieu. S'ils disent que oui, il faut les exciter de dire ce que c'est,
ou d'en dire quelque chose, afin qu'on puisse les aider à se déclarer plus parfaitement.
S'ils demandent qu'on les instruise et éclaircisse sur ce sujet, et quand ils ne le
demanderaient pas, si on trouve qu'il soit à propos de le faire au regard de ceux qu'on
en jugera capables, afin de les tirer de scrupule et de leur faire discerner ce qui e s t
mal d'avec ce qui ne l'est pas, il faut se donner à l'esprit de Dieu, puis leur dire, avec
les termes les plus honnêtes qu'il sera possible, ce qui leur est permis et ce qui ne
l'est pas. A cela pourra servir ce que dit le bienheureux François de Sales, évêque de
Genève, au chap. 38 de la 3e partie de sa Philothée, qu'il est bon de lire pour ce sujet,
et d'exhorter ceux qui en sont capables de le lire.

Outre cela il faut encore demander:


Aux femmes mariées: Si elles ont point mis des servantes à coucher dans leurs
chambres, et les exhorter à ne le faire plus, parce que souvent cela est cause de
faire commettre beaucoup de péchés aux susdites servantes; comme aussi de m e t t r e
des serviteurs et des servantes à coucher dans une même salle ou dans une même
chambre.
Aux pères et mères: l. S'ils ont point fait coucher leurs enfants dans leur lit, ce
qui est encore cause, et trop souvent, de beaucoup de péchés dans les enfants.
2. S'ils ont point mis leurs garçons et leurs filles à coucher dans un même lit.
3. S'ils ont point baillé leurs filles à instruire à des hommes, chose t r è s
dangereuse. 317
4. S'ils ont point permis à leurs enfants et serviteurs de dire ou de faire des
choses déshonnêtes, et s'ils les y ont point excités.

p.323 et sq.
CHAPITRE XXI.--Sur le neuvième Commandement:
Femme d'autrui ne convoiteras: Dieu le défend absolument.

Ici il faut demander aux personnes mariées, outre les interrogations qui sont
marquées pour ces personnes-là sur le sixième commandement:
1. S'ils sont point entrés dans la condition du mariage, plutôt par motif de
charnalité ou d'avarice, que pour les intentions pour lesquelles Dieu l'a institué. 3
2. S'ils ont point reçu ce sacrement en péché mortel.
3. S'ils avaient point donné leur foi à quelque autre.
4. S'ils ont point contracté mariage avec quelque parente ou alliée, ou doutant
qu'elle le fût.
5. S'ils ont point contracté avec une personne veuve, ayant fait mourir sa
partie, et conjuré cette mort pour faire ce mariage.
6. S'ils ont point contracté mariage avec une personne avec laquelle ils avaient
commis adultère, elle étant mariée, et ayant fait mourir sa partie.
7. Si étant mariés, ils ont point contracté un second mariage avec celui ou celle
qui savait le premier; et après la mort de la partie du premier mariage, s'ils o n t
contracté derechef et réitéré le second.
8. S'ils ont point contracté avec celle qu'ils avaient portée au péché sous
espérance et promesse de l'épouser si on devenait veuf.
9. S'ils ont point contracté avec la parente au premier degré de celle avec
laquelle ils avaient contracté fiançailles valides, ou mariage nul.
10. S'ils ont point contracté avec celui ou celle avec le parent ou la parente
duquel, au premier ou second degré, l'on avait péché avant le mariage.
11. S'il n'y avait point quelque autre empêchement à leur mariage, ou de
parenté spirituelle, ou de voeu de chasteté ou de religion, ou de quelque autre sorte.
12. S'ils ont point obtenu dispense de quelque empêchement, sous un faux énoncé.
13. Si les femmes se sont confessées avant leurs couches, spécialement les
premières, et quand elles sont fort périlleuses.
14. S'ils ont point mis leurs enfants à coucher avec eux avant l'an.
15. S'ils y en ont point suffoqués.
16. S'ils ont vécu dans l'union, la paix et la charité qui doit être entre eux; e t
s'ils se sont point injuriés, 324
maudits et maltraités les uns les autres; et s'ils ont point désiré la mort les uns des
autres.
17. Si les femmes ont refusé de suivre leurs maris dans le changement
d'habitation, n'ayant pas de raisons suffisantes pour un tel refus.
18. S'ils se sont point séparés et quittés les uns les autres, sans cause
légitime.
19. Si les maris n'ont point empêché leurs femmes de servir Dieu.
20. Si les femmes ont point été rebelles, opiniâtres et fâcheuses à leurs maris.

p.362-366
CHAPITRE XLIX.--Des Empêchements qui rendent le mariage nul.
Il y en a douze:
l. L'erreur, non de la qualité ou de la fortune, croyant quelqu'un être bon qui e s t
méchant, ou le croyant riche qui est pauvre; mais l'erreur de la personne, comme si on
épouse Marie, pensant épouser Catherine; ou bien lorsqu'on pense épouser une
personne libre, et qu'elle est esclave: mais cela n'arrive point en France.
2. La condition, c'est-à-dire, lorsqu'on se marie à quelque condition qui e s t
contre la substance du mariage; comme 363
si une des parties disait à l'autre: Je me marie avec vous, à condition que vous vous
prostituerez, ou que vous me permettrez de me prostituer; ou bien, à condition que
vous prendrez quelque breuvage pour vous rendre stérile, ou que vous ferez quelque
autre chose pour empêcher d'avoir des enfants; ou bien, à condition que nous ne
demeurerons point dans une même maison.
3. Le voeu solennel de chasteté, qui a été fait, ou en prenant les Ordres sacrés,
ou en faisant profession en religion. J'ai dit, solennel; car le voeu simple de chasteté,
ou de ne se point marier, ou d'entrer en religion, ne casse pas le mariage. Il est vrai
que ceux qui ont fait quelqu'un de ces voeux simples, pèchent mortellement s'ils se
marient; mais le mariage n'est pas rendu nul pour cela.
4. La parenté, qui est: ou naturelle, entre les consanguins, et casse le mariage
jusqu'au quatrième degré inclusivement; ou légale, qui est une alliance qui vient
d'adoption, et rend le mariage nul au premier degré; ou spirituelle, qui se contracte
entre celui qui baptise et le parrain d'une part, et celui qui est baptisé et ses père e t
mère de l'autre part.
5. Le crime d'adultère et d'homicide, qui se commet en quatre manières:--1.
Quand quelqu'un, durant son mariage, a abusé d'une personne libre ou mariée, et qu'il
contracte avec elle par verba de praesenti. -- 2. Quand quelqu'un, encore qu'il f û t
libre, a abusé d'une personne mariée, avec promesse de l'épouser si sa partie
mourait.--3. Quand une personne mariée, ayant dessein d'épouser quelqu'un, machine
avec lui la mort de sa partie, d'où l'effet s'ensuit. --4. Quand quelqu'un fait mourir l'un
des mariés, pour épouser le survivant avec lequel il a commis adultère, lorsque ce
crime est connu en qualité d'adultère des deux coupables. 5. La diversité de religion
entre un fidèle et un infidèle qui n'est point baptisé, et non pas avec un hérétique,
quoique ce soit un grand péché, si ce n'est à dessein 364
de le convertir, et qu'il y ait grande apparence et presque assurance de le pouvoir
faire.
7. La force et la crainte injustement causées, capables d'ébranler un homme
constant; car elles ôtent la liberté requise à un parfait consentement.
8. L'Ordre, car si quelqu'un initié aux Ordres sacrés se marie, tel mariage e s t
nul.
9. Le lien, par lequel quelqu'un est lié et conjoint avec sa partie encore vivante.
10. L'honnêteté publique, par laquelle il est défendu aux fiancés, si l'un d eux
meurt durant les fiançailles, que le survivant puisse épouser le parent consanguin du
défunt dans le premier degré; savoir le père ou la mère, le fils ou la fille, le frère ou la
soeur.
11. L'affinité ou alliance qui procède d'un légitime mariage, casse le mariage
avec les alliés jusqu'au quatrième degré inclusivement, tout de même comme la
parenté.
Que si elle procède de fornication au d'adultère, elle ne s'étend que jusqu'au
second degré inclusivement.
12. L'impuissance perpétuelle de consommer le mariage, arrivée par nature ou
par maléfice, rend le mariage nul. Quand c'est par maléfice, l'Église donne trois ans
pour recourir aux prières et aux exorcismes, et pour tenter la consommation; après
lequel temps, si le maléfice persévère, elle permet de se séparer et de se remarier
ailleurs.

29
SECTION I.--Quand l'Évêque peut dispenser des susdits empêchements .

Quand le mariage a été fait en bonne foi, et sans connaissance de


l'empêchement qui y était, et que cet empêchement est occulte et le mariage public,
et qu'on ne peut

365
aller facilement au Pape, étant retenu par une légitime excuse: alors l'Évêque en peut
dispenser toutes sortes de personnes, si l'empêchement n'est que de droit
ecclésiastique.
Tout de même, quand le mariage est contracté, et que les mariés sont
pauvres, quoiqu'ils eussent connaissance de l'empêchement lorsqu'il se sont mariés,
l'Évêque en peut aussi dispenser: car leur pauvreté ne leur permettant plus d'aller, ni
même d'envoyer à Rome, et le joug de Jésus-Christ étant suave et l'Église bénigne, il
n'y a pas d'apparence qu'elle veuille laisser ses enfants dans un état de damnation,
faute de les en retirer par une dispense, principalement lorsque le mariage e s t
consommé, et qu'ils ont des enfants, et que moralement parlant il n'y a plus d'autre
remède. Car en telles nécessités, lorsqu'on ne peut facilement avoir recours à Sa
Sainteté, chaque Évêque peut en son diocèse ce que le Saint-Père peut en t o u t e
l'Église.

SECTION II.--Trois autres empêchements qui rendent le mariage nul.

Outre les empêchements précédents, il y en a encore trois autres, dont le


premier est le défaut de l'âge de puberté, qui est quatorze ans aux garçons, et douze
ans aux filles; si bien que les mariages qui sont faits devant cet âge sont nuls, si ce
n'est que la malice, comme parlent les Docteurs, supplée au défaut de l'âge susdit,
c'est-à-dire qu'ils soient capables de mariage avant l'âge susdit, et que cela soit bien
29
Sur cette question encore, pour être au courant de la discipline actuelle de
l'Église, il faut recourir à une théologie morale récente.
certain, ou bien que l'Évêque en dispense. Ce qu'il peut faire pour quelque grande e t
urgente nécessité.
Le second c'est le rapt, pendant que la personne qui a été ravie demeure en la
puissance de celui qui l'a ravie. 366
Le troisième c'est l'absence du curé et des témoins, qui rend le mariage
clandestin et nul.
Ces deux derniers empêchements ont été établis par le saint Concile de Trente.
Lorsque le mariage se fait sans bans ou proclamations, et sans en avoir
dispense, il y a péché mortel; mais il ne laisse pas d'être valide, pourvu que ce soit en
la présence du curé et des témoins.

p.376 Avertissement aux confesseurs


CHAPITRE XLIX.--Des Empêchements qui rendent le mariage nul.

Il y en a douze:
l. L'erreur, non de la qualité ou de la fortune, croyant quelqu'un être bon qui e s t
méchant, ou le croyant riche qui est pauvre; mais l'erreur de la personne, comme si on
épouse Marie, pensant épouser Catherine; ou bien lorsqu'on pense épouser une
personne libre, et qu'elle est esclave: mais cela n'arrive point en France.
2. La condition, c'est-à-dire, lorsqu'on se marie à quelque condition qui e s t
contre la substance du mariage; comme 363
si une des parties disait à l'autre: Je me marie avec vous, à condition que vous vous
prostituerez, ou que vous me permettrez de me prostituer; ou bien, à condition que
vous prendrez quelque breuvage pour vous rendre stérile, ou que vous ferez quelque
autre chose pour empêcher d'avoir des enfants; ou bien, à condition que nous ne
demeurerons point dans une même maison.
3. Le voeu solennel de chasteté, qui a été fait, ou en prenant les Ordres sacrés,
ou en faisant profession en religion. J'ai dit, solennel; car le voeu simple de chasteté,
ou de ne se point marier, ou d'entrer en religion, ne casse pas le mariage. Il est vrai
que ceux qui ont fait quelqu'un de ces voeux simples, pèchent mortellement s'ils se
marient; mais le mariage n'est pas rendu nul pour cela.
4. La parenté, qui est: ou naturelle, entre les consanguins, et casse le mariage
jusqu'au quatrième degré inclusivement; ou légale, qui est une alliance qui vient
d'adoption, et rend le mariage nul au premier degré; ou spirituelle, qui se contracte
entre celui qui baptise et le parrain d'une part, et celui qui est baptisé et ses père e t
mère de l'autre part.
5. Le crime d'adultère et d'homicide, qui se commet en quatre manières:--1.
Quand quelqu'un, durant son mariage, a abusé d'une personne libre ou mariée, et qu'il
contracte avec elle par verba de praesenti. -- 2. Quand quelqu'un, encore qu'il f û t
libre, a abusé d'une personne mariée, avec promesse de l'épouser si sa partie
mourait.--3. Quand une personne mariée, ayant dessein d'épouser quelqu'un, machine
avec lui la mort de sa partie, d'où l'effet s'ensuit. --4. Quand quelqu'un fait mourir l'un
des mariés, pour épouser le survivant avec lequel il a commis adultère, lorsque ce
crime est connu en qualité d'adultère des deux coupables. 5. La diversité de religion
entre un fidèle et un infidèle qui n'est point baptisé, et non pas avec un hérétique,
quoique ce soit un grand péché, si ce n'est à dessein 364
de le convertir, et qu'il y ait grande apparence et presque assurance de le pouvoir
faire.
7. La force et la crainte injustement causées, capables d'ébranler un homme
constant; car elles ôtent la liberté requise à un parfait consentement.
8. L'Ordre, car si quelqu'un initié aux Ordres sacrés se marie, tel mariage e s t
nul.
9. Le lien, par lequel quelqu'un est lié et conjoint avec sa partie encore vivante.
10. L'honnêteté publique, par laquelle il est défendu aux fiancés, si l'un d eux
meurt durant les fiançailles, que le survivant puisse épouser le parent consanguin du
défunt dans le premier degré; savoir le père ou la mère, le fils ou la fille, le frère ou la
soeur.
11. L'affinité ou alliance qui procède d'un légitime mariage, casse le mariage
avec les alliés jusqu'au quatrième degré inclusivement, tout de même comme la
parenté.
Que si elle procède de fornication au d'adultère, elle ne s'étend que jusqu'au
second degré inclusivement.
12. L'impuissance perpétuelle de consommer le mariage, arrivée par nature ou
par maléfice, rend le mariage nul. Quand c'est par maléfice, l'Église donne trois ans
pour recourir aux prières et aux exorcismes, et pour tenter la consommation; après
lequel temps, si le maléfice persévère, elle permet de se séparer et de se remarier
ailleurs.
SECTION I.--Quand l'Évêque peut dispenser des susdits empêchements 3 0.

Quand le mariage a été fait en bonne foi, et sans connaissance de


l'empêchement qui y était, et que cet empêchement est occulte et le mariage public,
et qu'on ne peut

365
aller facilement au Pape, étant retenu par une légitime excuse: alors l'Évêque en peut
dispenser toutes sortes de personnes, si l'empêchement n'est que de droit
ecclésiastique.
Tout de même, quand le mariage est contracté, et que les mariés sont
pauvres, quoiqu'ils eussent connaissance de l'empêchement lorsqu'il se sont mariés,
l'Évêque en peut aussi dispenser: car leur pauvreté ne leur permettant plus d'aller, ni
30
Sur cette question encore, pour être au courant de la discipline actuelle de l'Églis
il faut recourir à une théologie morale récente.
même d'envoyer à Rome, et le joug de Jésus-Christ étant suave et l'Église bénigne, il
n'y a pas d'apparence qu'elle veuille laisser ses enfants dans un état de damnation,
faute de les en retirer par une dispense, principalement lorsque le mariage e s t
consommé, et qu'ils ont des enfants, et que moralement parlant il n'y a plus d'autre
remède. Car en telles nécessités, lorsqu'on ne peut facilement avoir recours à Sa
Sainteté, chaque Évêque peut en son diocèse ce que le Saint-Père peut en t o u t e
l'Église.

SECTION II.--Trois autres empêchements qui rendent le mariage nul.

Outre les empêchements précédents, il y en a encore trois autres, dont le


premier est le défaut de l'âge de puberté, qui est quatorze ans aux garçons, et douze
ans aux filles; si bien que les mariages qui sont faits devant cet âge sont nuls, si ce
n'est que la malice, comme parlent les Docteurs, supplée au défaut de l'âge susdit,
c'est-à-dire qu'ils soient capables de mariage avant l'âge susdit, et que cela soit bien
certain, ou bien que l'Évêque en dispense. Ce qu'il peut faire pour quelque grande e t
urgente nécessité.
Le second c'est le rapt, pendant que la personne qui a été ravie demeure en la
puissance de celui qui l'a ravie. 366
Le troisième c'est l'absence du curé et des témoins, qui rend le mariage
clandestin et nul.
Ces deux derniers empêchements ont été établis par le saint Concile de Trente.
Lorsque le mariage se fait sans bans ou proclamations, et sans en avoir
dispense, il y a péché mortel; mais il ne laisse pas d'être valide, pourvu que ce soit en
la présence du curé et des témoins.

p.376 Avertissements aux confesseurs


Quant à la valeur des Avertissements voici ce qu'en dit le P. Martine:« On ne
peut lire ces Avertissements sans être obligé de convenir qu'ils sont pleins d'une
excellente doctrine, et accompagnés d'une sagesse qui ne pouvait venir que de l'esprit
de Dieu et d'une longue et salutaire expérience, également éloignée de la morale
relâchée et d'une trop grande sévérité 3 1. »
« Nous dirons, nous, ajoute le P. Boulay 3 2, qu'ils ne respirent que douceur, sans
rien céder des vrais principes. Il est vraiment difficile d'amasser, sous un aussi p e t i t
volume, tant de sages conseils et de précieux enseignements. C'est un traité complet,
dans sa brièveté, touchant la manière de confesser ceux qui se présentent dans les
missions. Sur quelques points même où le relâchement est plus à craindre, de solides
documents appuient les assertions de l'auteur, afin de montrer qu'il n'avance rien que
31
Vie du P. Eudes, I. p.112.

32
Vie du Vénérable Jean Eudes, I, p.418.
sur de bonnes raisons. Dispositions des confesseurs, règles à observer pour accueillir,
encourager, examiner, interroger, absoudre ou renvoyer à plus tard les pénitents,
remèdes propres à assurer leur persévérance, satis£actions à leur imposer, rien
n'est oublié, tout est exprimé simplement, avec méthode, clarté, précision. Il n'est pas
jusqu'aux cas et voeux réservés au Souverain Pontife, jusqu'aux empêchements
invalidant le mariage, qui n'y soient suffisamment exposés. »

o.c. t.5 Enfance admirable


p.384 (Révélations de Ste Brigitte)
... Ensuite la très pure Vierge, après avoir parlé de la merveilleuse pureté qui
accompagnait le saint mariage de son père et de sa mère, se plaint beaucoup des
femmes mariées qui ne vivent pas chastement dans leurs mariages, mais qui s'y
comportent brutalement, se plongeant dans les immondices de la chair, comme des
bêtes; et elle leur déclare que leurs plaisirs passeront, et qu'elles perdront les joies
immortelles du ciel et seront abîmées dans les supplices éternels de l'enfer.

o.c. t.6 Coeur Admirable

p.238
dans le paradis terrestre: J'en remarque quatre principales.
La première est le mariage qui s'y est fait entre le premier homme et la
première femme; mariage entre deux vierges, mariage que Dieu a fait lui-même,
mariage fait dans un paradis, mariage saint et mystérieux, mariage qui représente
la divine alliance de la Personne du Verbe éternel avec la nature humaine, et de Notre-
Seigneur Jésus-Christ avec son Église: alliance dont le trait a été fait dans le Jardin du
divin Époux, c'est-à-dire dans le Coeur de sa divine Mère. C'est là, dit un grand Prélat
que nous nommerons et citerons ailleurs, qu'il s'est fait un secret et admirable
commerce entre le Père éternel et la bienheureuse Vierge, touchant le mystère de
l'Incarnation. C'est là, dit un autre Docteur dont nous rapporterons aussi le nom et les
paroles plus au long dans un autre lieu, que la Miséricorde et la Justice divine se sont
donné le baiser de la paix. C'est là enfin que cette bien-aimée de Dieu a offert une
Épouse au Fils de Dieu, qu'elle l'a porté à l'accepter et à consentir au mariage, e t
qu'elle l'a attiré en elle, voire ravi et comme enlevé du sein de son Père, ainsi que nous
l'avons vu ci-devant, pour lui faire contracter l'alliance ineffable dans laquelle il e s t
entré avec notre humanité, et le divin mariage qui est entre lui et son Église.
o.c. t.6 Coeur Admirable

p.318
Si ces mêmes chérubins sont une figure, selon d'autres Docteurs, de la
bienheureuse Vierge et de saint Joseph, n'est-ce pas pour dénoter que, dans leur
angélique mariage, ils n'ont jamais eu qu'un même Coeur, un même esprit et une
même volonté ?

p.327
Ne savez-vous pas que saint Augustin 3 3 et saint Grégoire le Grand 3 4, disent que les
saintes Écritures font mention de plusieurs choses, lesquelles, quoique profanes e t
mauvaises, figurent néanmoins et représentent des choses bonnes et saintes ? Qu'y
a-t-il de plus profane qu'un bouc puant et un serpent plein de venin ? Et cependant le
Saint-Esprit emploie l'un et l'autre pour représenter l'Agneau de Dieu chargé de tous
les péchés du monde 3 5. Qu'y-a-t-il de plus mauvais et de plus condamnable que l'amour
sensuel et déréglé du roi Salomon au regard des femmes étrangères, et que l'alliance
criminelle qu'il a contractée avec elles au mépris de la loi de Dieu qui la lui défendait ?
Et néanmoins le Saint-Esprit en fait une figure des amours adorables du Roi des Anges
au regard des âmes pêcheresses, et du divin mariage que sa bonté infinie a voulu
faire avec elles 3 6. Quelle ressemblance y a-t-il entre une femme égyptienne, noire
comme une égyptienne, ainsi qu'elle l'avoue elle- même, Nigra sum 3 7, sortie d'un peuple
barbare et idolâtre, fille d'un roi infidèle et idolâtre, et épouse d'un roi qui,
reconnaissant les désordres de sa vie débordée, con fesse qu'il est le plus insensé de
tous les hommes: Stultissimus sum virorum 3 8; quelle ressemblance, dis-je, entre
cette égyptienne et la Reine de toutes les femmes, qui est belle comme la lune,
choisie comme le soleil, qui a pris naissance du peuple de Dieu, qui est la Fille du saint
roi David, qui est l'Épouse du Roi des rois, et la Mère du Dieu des dieux ? Et pourtant le
livre sacré des Cantiques, dont l'Esprit de Dieu est l'auteur, nous met l'égyptienne
devant 328
les yeux comme une image et un portrait de la Vierge Mère 3 9.
Ne savez-vous pas qu'un époux passionné pour son épouse prend son divertissement
à écrire son nom et tracer sa figure partout où il se trouve, non seulement sur le
papier, sur le parchemin et sur la toile, mais sur les arbres, sur les pierres, sur les
rochers, et sur toutes les choses qu'il rencontre ? Ainsi l'amour incompréhensible de
33
Contra Faustum, lib. 23, cap. 83.

34
Moral. lib. 3, cap. 21.

35
Cf. Levit. XVI, 7. 8; Num. XX1, 9.

36
Cf. Cant. V1, 7, 8.

37
Cant. 1, 4.

38
Prov. XXX, 2.

39
Cf. Cant. VI, 9. Dans ce passage et dans ceux qui précèdent, le V. P. Eudes se confor
à l'opinion de la plupart des Pères et des commentateurs catholiques qui voient dans
Cantique des Cantiques le récit du mariage mystique de Jésus-Christ avec son Église
aussi avec Marie et avec l'âme fidèle, union symbolisée par le mariage de Salomon avec
fille du roi d'Egypte.
celui qui est le Dieu, le Père et l'Époux de la toute parfaite et tout aimable Marie, f a i t
qu'il prend son contentement à écrire les excellences et à peindre le portrait de son
divin Coeur, non seulement sur le ciel, sur le soleil, sur la terre, sur la mer, dans le
paradis terrestre, dans le buisson ardent de la montagne d'Horeb, dans la harpe de
David, dans le trône de Salomon, dans le temple de Jérusalem, sur le chandelier d'or,
sur la table des pains de proposition, sur l'autel des parfums, sur l'arche d'alliance,
sur le vaisseau d'or qui contenait une portion de la manne, sur la verge de Moise, s u r
les tables de la loi, sur l'autel des holocaustes, mais encore dans la fournaise de
Babylone.

o.c. t.7 Coeur Admirable

p.468
selon le langage de quelques grands Théologiens 4 0, qui assurent que cette alliance e t
consanguinité est plus noble et plus parfaite que celle qui procède du sacrement de
mariage; et que, par ce moyen, nous sommes faits concorporei et consanguinei
Christi et Mariae.
o.c. t.8 Coeur Admirable

p.116
selon le langage de quelques grands Théologiens 4 1, qui assurent que cette alliance e t
consanguinité est plus noble et plus parfaite que celle qui procède du sacrement de
mariage; et que, par ce moyen, nous sommes faits concorporei et consanguinei
Christi et Mariae.

p.242
Descendons en la terre, et voyons ce qu'il y a de plus digne et de plus grand dans
l'Église militante. Ne sont-ce pas les saints Sacrements du Baptême, par lequel nous
sommes faits enfants de Dieu; de la Confirmation, qui nous donne le Saint-Esprit; de la
Pénitence, qui efface nos péchés et qui nous remet en grâce avec Dieu; de
l'Eucharistie, qui nourrit nos âmes de la chair et du sang du Fils de Dieu, afin de nous
faire vivre de sa vie; du mariage, qui donne des enfants à Dieu, pour le servir e t
honorer en la terre, et pour l'aimer et le glorifier à jamais dans le ciel; de l'Ordre, qui
donne des prêtres à l'Église, pour y continuer les fonctions du sacerdoce du souverain
Prêtre, et pour coopérer avec lui par ce moyen au grand oeuvre du salut du monde: à
raison de quoi ils portent le nom et la qualité de sauveurs, dans les divines Écritures:

40
Louis Bail, en sa Théol. affect., part. 3., méd. 20; B. Petr. Dam, Serm. 2. de Nativ,
Virg.

41
Louis Bail, en sa Théol. affect., part. 3., méd. 20; B. Petr. Dam, Serm. 2. de Nati
Virg.
Ascendent salvatores in montem Sion 4 2; et de l'Extrême-Onction, pour nous f o r t i f i e r ,
en la sortie de ce monde, contre les ennemis de notre salut, qui en cette extrémité
font leur dernier effort pour nous perdre ?

o.c. t.8 Coeur Admirable (Société du Coeur Admirable)

p.599 (intro.Lebrun)
Le Vénérable P. Eudes « désira, dit le P. Hérambourg, que ceux qu'on agrégerait
à cette Compagnie, fussent sans reproche, qu'ils pratiquassent une vraie et solide
dévotion, qu'ils eussent un coeur vraiment filial pour la Mère d'amour, et qu'ils
vécussent dans une continence et chasteté parfaite 4 3.» En y entrant les membres
prennent l'engagement de garder le célibat perpétuel. Cette pieuse Association a donc
sous ce rapport quelque chose de plus que les Tiers-Ordres ordinaires, l'obligation de
renoncer pour toujours au mariage. Ils s'y obligent non par voeu, mais par forme de
bon propos, et ils n'ont d'autre lien que ceux de la charité. A leur réception ils ne f o n t ,
comme les PP. Eudistes, qu'une simple promesse ou protestation. Ils ne s'en
regardent pas moins comme liés irrévocablement au Coeur de Jésus et de Marie; et il
est bien rare que l'on en voie se rendre infidèles à cet engagement d'honneur.
Cette réception ou consécration est toujours précédée d'une année de probation
ou d'épreuve; et les personnes du sexe ne peuvent faire cette consécration avant
l'âge de vingt-cinq ans révolus.

p.612 (Confrérie) Coeur Admirable


« Le clergé, dit à son tour un historien du temps 4 4, était aidé dans sa glorieuse
tâche par de pieuses filles, nommées dans l'Église Soeurs des Saints Coeurs de Jésus
et de Marie. Ces humbles femmes, tout en renonçant au mariage, vivaient dans leurs
familles dont elles étaient la joie et l'orgueil. Elles étaient au milieu du monde comme le
lis entre les épines. Elles faisaient l'école aux enfants, leur apprenaient leurs prières
et le catéchisme, leur montraient à lire et à écrire de manière à pouvoir suffire plus
tard par eux-mêmes à leurs affaires. Ces filles, d'une modestie irréprochable,
inculquaient l'amour de cette vertu à leurs jeunes élèves.
« Quand les prêtres eurent quitté le sol de la patrie, quand les chaires
chrétiennes furent envahies par les forcenés qui hurlaient le blasphème e t
l'impudicité, quand nos églises furent profanées par des chants infâmes, la bonne
soeur , comme on l'appelait alors, apprenait aux enfants à o.c. t.8
VIII-613
chanter les cantiques de la Mission. Quand le malade était gisant sur un lit de douleur,
42
Abd. I. 21.

43
Vie du P. Eudes, ms. 2. p , ch. 13.

44
M. l'Abbé Lécarlate, Essai historique sur les monuments de Dol.
sans prêtre, elle s'ingéniait à lui en procurer un, sans craindre la mort dont on la
menaçait. A défaut de prêtre, elle prenait dans le bon trésor de son coeur des paroles
de consolation, pour aider le mourant dans le passage du temps a l éternité. Quand il
fut défendu, sous peine de mort, de prier Dieu, d'avoir un objet de piété, ces bonnes
filles continuaient à remplir leur apostolat, et allaient en prison, joyeuses d'avoir
accompli un devoir sacré. Si, durant la Terreur, des prêtres ont fait faire quelques
premières communions, c'étaient à des enfants instruits par ces âmes d'élite. »

o.c. t.8 Société du Coeur Admirable


p.653
Il faut que les personnes qui se présenteront pour être reçues n'aient pas moins
de vingt-cinq ans, qu'elles soient libres, ou que ceux de qui elles dépendent y
consentent, afin qu'elles puissent pratiquer avec une entière liberté les choses
portées par ce Règlement; autrement, elles ne seront point admises, quelque raison
qu'elles puissent alléguer.
Les postulantes commenceront à s'habiller comme celles de la Société 4 5, un an
avant que d'être reçues, afin que l'on puisse juger de leur fermeté au service de Dieu,
contre tous les respects humains; et la première question qu'on leur fera avant que
de leur expliquer l'esprit de la Société, sera si elles sont entièrement déterminées à
faire toute leur vie une profession particulière de continence et de chasteté, et à ne
penser jamais au mariage; car si elles n'en ont pas une résolution ferme, elles ne
conviennent pas à la Société, et il ne faut pas les recevoir.
o.c. t.8 Société du Coeur Admirable

p.653
CHAPITRE VII.--De la Chasteté dans laquelle doivent vivre les Associés, e t
des moyens dont ils se serviront pour cela.

La pureté du Coeur de la très sainte Vierge ne saurait rien souffrir d'impur.


Cette vertu est la vertu favorite, qui a attiré les regards de Dieu sur elle. C'est
pourquoi les personnes qui seront dans la Société de son sacré Coeur, feront une
profession particulière de continence et de chasteté; et si elles n'y sont pas engagées
par voeu, au moins elles ne penseront jamais au mariage. Pour ce sujet, elles auront
toujours beaucoup de soin de veiller sur tous leurs sens, tant intérieurs qu'extérieurs,
spécialement sur leurs yeux, ne les tournant jamais de côté ni d'autre que dans la
nécessité; mais elles marcheront toujours dans une grande modestie, ayant toujours

45
« Cela veut dire qu'elles supprimeront tout ce qui est mondain ou superfluité dans le
costume et cela ne doit nullement s'entendre du saint habit, dont elles ne doive
recevoir aucune pièce qu'à la fin du noviciat, le jour ou elles font l'acte de le
consécration. » Commentaire de M. Souchet dans le Livre des Vierges et des pieus
Veuves, p . 123 .
46
la vue baissée, autant que les bienséances le permettront .

p.669 ibidem
Cette ceinture est de soie qui, par sa douceur, nous exprime le bonheur de la
virginité, nous apprend que nous sommes mille fois plus heureux dans la pureté, dans
le célibat, que dans l'esclavage des passions de la chair, que dans le mariage, dont les
suites sont souvent si tristes, si fâcheuses.
o.c. t.11 Correspondance

p.44
Marier Fanfan! marier le beau Bouton de lys! Oh! si vous saviez combien c e t t e
parole, quoique vous ne la disiez qu'en riant, m'a navré le coeur! Toutefois, je suis
d'avis qu'elle soit mariée, mais à un céleste et divin Époux qui est le Roi du ciel et de la
terre. Mais faites en sorte, ma chère Fille, que vous la disposiez peu à peu à ce divin
mariage; car cet adorable Époux la regarde, mais il veut qu'elle le regarde
réciproquement. Il y a deux jours que l'Aigle m'en parlait, et de son mouvement, sans
que je lui en parlasse, et me témoignait être en soin sur son sujet, m'exhortant de
vous dire que vous la préparassiez peu à peu à être Épouse du divin Époux, c'est-à-dire
à être Religieuse, et me disant qu'il craignait fort qu'elle ne regardât pas assez ce
très aimable Époux, à raison de la plainte qu'il en avait faite, et qu'elle ne regardât un
peu trop son ennemi qui est le monde, et que vous y prissiez garde, lui prêchant
souvent la haine du monde et de ses vanités et de ses modes que la très sainte Vierge
a en horreur, et contre lesquelles elle est toujours en colère; que vous prissiez garde
même avec qui et en quelle manière être fait les récréations, et que vous les lui
fassiez faire quelquefois avec vous. Tout cela est le discours de

XI-45
l'Aigle, et de son mouvement, et je remarquai qu'il était en soin de toutes ces choses,
et il me témoigna qu'il y pensait souvent; non pas qu'il ait aucune connaissance d'autre
chose, à ce qu'il m'a assuré, mais aussi c'est un avertissement qui mérite bien que
vous y pensiez, ma chère Fille, et que vous en fassiez bon usage. J'oubliais à vous dire
que l'Aigle m'a encore dit que vous lui fassiez faire un peu de méditation, et que vous
lui parliez souvent de Notre-Seigneur, tâchant de lui imprimer une grande haine du
monde et du péché, et un grand amour pour celui qui désire posséder entièrement son
coeur.
46
« Elles ne peuvent trop observer toutes les règles d'une rare modestie, et telle que
les Anges la garderaient s'ils nous honoraient sensiblement de leur présence,
puisqu'elles doivent paraître comme des Anges, et porter en tous lieux le parfum de la
pureté. Pour n'y manquer jamais en public, elles doivent s'y accoutumer en leur
particulier, se souvenant de la sainteté de leur Ange gardien. et du Dieu des Anges qui
demeure dans leurs personnes. » Avranches, ch. 5, p. 14; Caen, 1757, ch. 6;. p. 17. «
La garde des yeux, l'amour de la retraite, la retenue de la langue et une aimable
simplicité dans les habits, sont de trop puissants secours pour procurer et entretenir
la pureté de coeur, sans qu'il soit besoin d'en dire davantage. » Ibid.
o.c. t.11

p.143
La fête du mariage de la sainte Vierge et de saint Joseph avait été autorisée
par le Pape Paul III, et, au temps du P. Eudes, on la célébrait dans plusieurs églises de
France. Dans la Préface du Propre de 1652, le Bienheureux nous apprend qu'il en
emprunta l'office au Propre de Nantes. Dans la suite, il remplaça les hymnes, qui
étaient celles du commun de la sainte Vierge, par des hymnes propres, qui paraissent
d'ailleurs modelées sur les précédentes, et que l'on trouve déjà dans le Propre de
1668. La seconde et la troisième strophe de l'hymne des II. Vêpres rappellent la
consécration de la Congrégation de Jésus et Marie à la sainte Famille, et nous invitent
à chanter et à imiter l'union admirable qui règne toujours entre Jésus, Marie e t
Joseph. Voici ces deux strophes:
O unitas amabilis,
Coetusque nostri formula:
Jesu, Joseph et Virginis
Unum Cor, una regula !

Hanc unitatem vocibus


Noster Chorus sic concinat,
Ut corde, vita, moribus
Hanc diligenter exprimat.

On trouve aujourd'hui, dans le Bréviaire romain,

XI-145
au propre de certains lieux, un office des Épousailles de la sainte Vierge et de saint
Joseph, qui est complètement différent de celui du P. Eudes.

o.c. t.11 Oeuvres liturgiques

pp.223-235
LE XXII JANVIER
EN LA FETE DU SACRÉ MARIAGE DE LA B. VIERGE MARIE
ET DE SAINT JOSEPH4 7

DOUBLE DE SECONDE CLASSE.

47
__ D'après l'indication du B. P. Eudes, donnée dans la Préface de 1652, il auru
emprunté cet office au Propre du diocèse de Nantes; mais il en a changé les hymnes da
les éditions de 1668 et 1672.__
AUX I. VEPRES

Ant. Missus est Gabriel, avec les autres de Laudes.


Ps. Dixit Dominus, avec les autres du Commun de la
sainte Vierge.
CAPITULE. Isa. 61.

GAUDENS gaudebo in Domino, et exultabit anima mea in


Deo meo: quia induit me vestimentis salutis, et indumento

XI-224
justitiae circumdedit me, quasi Sponsum decoratum corona, et quasi
Sponsam ornatam monilibus suis.
Aux lieux où l'on dit un Répons avant l'Hymne, il faut prendre le
premier Répons du premier Nocturne, Missus est.

Hymne 4 8
Ave, Joseph Sponsa4 9,
Laus et honor Sponsi:
Spes nostra Maria,
Digna Mater Dei.
Ave, Joseph sancte,
Joseph semper virgo:
Matris Dei Sponse,
Cujus Sponsa Virgo.
O miranda Virgo,
Floris virginalis
Mater et imago,
Norma puritatis.
Joseph admirande,
Tuam praecellentem
Sacrae coeli turmae
Stupent sanctitatem.
Eia dulcis Parens,
Cordisque Regina,
Esto nobis clemens
Mater et patrona.
Joseph regum proles,
48
__ Dans l'édition de 1652, l'hymne est l'Ave Maris Stella.__
49
__On se met à genoux pendant les deux premières strophes. ( Note de l'auteur.)__
Regis regum pater,
Domus Dei praeses,
Esto nobis pater.
Trinitati sanctae
Salus, honor, virtus:
Jesu, Joseph, Sponsae
Hymnus sit aeternus.
Amen.
V. Missus est Gabriel Angelus.
R. Ad Mariam Virginem desponsatam Joseph.
XI-225
A Magnif. Ant. Cum esset desponsata Mater Jesu Maria Joseph,
antequam convenirent, inventa est in utero habens de Spiritu
Sancto, alleluia.
ORAISON .
DEUS, qui sacratissimum inter beatam virginem Mariam Matrem
tuam, et justum Joseph celebrari conjugium voluisti: concede
propitius, ut quorum mysterium de vote veneramur in terris, eorum
pariter consortium asse quamur in coelis. Qui vivis et regnas cum
Deo Patre.
A MATINES
Invitatoire 5 0. Desponsationem Virginis Mariae celebremus: Christum
ejus Filium adoremus Dominum.
Ps. Venite exultemus.
HYMNE 5 1.
SPONSUM Maria virginem,
Sponsamque Joseph virginem,
Christi parentes virginis,
Nostris colamus canticis.
Matrem sibi dat virginem
Jesus, corona virginum,
Sponsumque Matri comparem,
Joseph Davidis filium.
Pars sancta, conjux optima
Viro paratur optimo:
Maria sacratissima,
Joseph datur sanctissimo.
O quanta, Joseph, gratia
50
__ Dans la première édition, 1652, l'Invitatoire est celui du Commun de la sain
Vierge: Sancta Dei Genitrix Virgo, intercede pro nobis.__

51
__Dans la première édition, l'hymne est celle du Commun de la sainte Vierge, Quem
terra, pontus, sidera, etc.__
Tuae datur custodia !
Princeps polorum maxima
Tuae subest potentia.
Uni Deo, ter maximo
Sit sempiterna gloria;
Joseph, Maria, Filio
Per cuncta sit laus saecula.
Amen .
XI-226
Les Psaumes des Nocturnes se disent comme au Commun
de la très sainte Vierge.

AU I. NOCTURNE
Ant. Benedicta tu in mulieribus, et benedictus fructus
ventris tui.
Ant. Sicut myrrha electa, odorem dedisti suavitatis,
sancta Dei Genitrix.
Ant. Ante torum hujus virginis, frequentate nobis
dulcia cantica dramatis.
V. Missus est Gabriel Angelus. R. Ad Mariam Virginam
desponsatam Joseph.
De Canticis Canticorum.
Lecon j. Cap. 4.
Quam pulchra es, amica mea, quam pulchra es ! Oculi t u i
columbarum, absque eo quod intrinsecus latet. Capilli tui sicut
greges caprarum, quae ascenderunt de monte Galaad. Dentes t u i
sicut greges tonsarum, qua ascenderunt de lavacro: omnes gemellis
foetibus, et sterilis non est inter eas. Sicut vitta coccinea labia tua,
et eloquium tuum dulce. Sicut fragmen mali punici, ita genae tuae,
absque eo quod intrinsecus latet. Sicut turris David collum tuum,
quae adificata est cum propugnaculis: mille clypei pendent ex ea,
omnis armatura fortium.
R. Missus est Angelus Gabriel a Deo in civitatem Galilea, cui nomen
Nazareth, ad ~irginem desponsatam viro, cui nomen erat Joseph, de
domo David:* Et nomen Virginis Maria. V. Ipsa est mulier, quam
praeparavit Dominus filio Domini mei. Et nomen.

Leçon ij.

TOTA pulchra es, amica mea, et macula non est in te. Veni de
Libano, Sponsa mea, veni de Libano, veni: coronaberis de capite
Amana, de vertice Sanir et Hermon, de cubilibus leonum, de
montibus pardorum. Vulnerasti cor meum, Soror mea Sponsa,
vulnerasti cor meum in uno oculorum tuorum, et in uno crine colli tui.
Quam pulchra sunt mammae tuae, Soror mea Sponsa ! Pulchriora
sunt ubera tua vino, et odor unguentorum tuorum super omnia
aromata.
XI-227
R. Sancta et immaculata Virginitas, quibus te laudibus e f f e r a m
nescio: * Quia quem coeli capere non poterant, tuo gremio contulisti.
V. Benedicta tu in mulieribus, et benedictus fructus ventris tui. Quia
quem.

Leçon iij.

Favus distillans labia tua Sponsa, mel et lac sub lingua tua: et odor
vestimentorum tuorum sicut odor thuris. Hortus conclusus, Soror
mea Sponsa, hortus conclusus, fons signatus. Emissiones t u a
paradisus malorum punicorum cum pomorum fructibus. Cypri cum
nardo, nardus et crocus, fistula et cinnamomum cum universis
lignis Libani, myrrha et aloe, cum omnibus primis unguentis. Fons
hortorum, puteus aquarum viventium, qua fluunt impetu de Libano.
R. Congratulamini mihi omnes qui diligitis Dominum, quia cum essem
parvula placui Altissimo: * Et de meis visceribus genui Deum e t
hominem.V. Beatam me dicent omnes generationes, quia ancillam
humilem respexit Deus. Et de meis. Glori~. Et de meis.

AU II. NOCTURNE
Ant. Specie tua et pulchritudine tua, intende, prospere procede e t
regna.
Ant. Adjuvabit eam Deus vultu suo; Deus in medio ejus non
commovebitur.
Ant. Sicut laetantium omnium nostrum habitatio est in te, sancta
Dei genitrix.
V. Desponsata est beata Virgo Maria. R. Justo Joseph
filio David.

Sermo Sancti Ambrosii Episcopi.

Lib. ij. Comment. in Luc. Capit.1.

Leçon iv.

PULCHRE docuit sanctus Matthaeus Evangelista quid facere debeat


justus, qui probrum conjugis deprehenderit, ut incruentum ab
homicidio, castum ab adulterio praestare se debeat. Qui enim
jungitur meretrici, unum corpus est. Ergo ubique in Joseph, justi
gratia et persona servatur, ut testis ornetur.
XI-228
Os enim justi mendacium nescit, et lingua ejus loquitur judicium.
Judicium ejus loquitur veritatem. Nec te moveat quod frequenter
Scriptura conjugem dicit. Non enim virginitatis ereptio, sed conjugii
testificatio, nuptiarum celebratio declaratur. Denique quam non
accepit, nemo dimittit. Et ideo qui volebat dimittere, fatebatur
acceptam.
R. Beata es Virgo Maria, quae Dominum portasti creatorem mundi: *
Genuisti qui te fecit, et in aeternum permanes Virgo.
V. Ave Maria gratia plena, Dominus tecum.
Genuisti .

Leçon v.

Simul etiam movere non debet, quod ait Evangelista: Non cognovit
eam, donec peperit Filium. Illud enim velut idioma Scripturae e s t ,
sicut habes alibi: Et donec senescatis ego sum. Numquid post
illorum senectutem Deus esse desivit? Et in Psalmo: Dixit Dominus
Domino meo, sede a dextris meis, donec ponam inimicos tuos
scabellum pedum tuorum. Numquid postea non sedebit? Vel quia qui
causam agit, satis putat quod causa est dicere, redundantia non
requirit. Satis enim est ei, ut causam susceptam astruat,
incidentem differat. Et ideo qui Incarnationis incorruptum
susceperat probare mysterium, non putavit uberius prosequendum
virginitatis Maria testimonium, ne derensor magis Virginis, quam
assertor Mysterii crederetur.
R. Ornatam monilibus filiam Jerusalem Dominus concupivit:
* Et videntes eam filia Sion, beatissimam praedicaverunt, dicenles:
Unguentum effusum nomen tuum.
V. Astitit Regina a dextris tuis in vestitu deaurato, circumdata
varietate. Et videntes.

Leçon vj.

CERTE quando justum docuit Joseph, satis declaravit quod sancti


Spiritus templum, uterum Mysterii, Matrem Domini violare non
potuit. Didicimus seriem veritatis, didicimus consilium, discamus
Mysterium. Vere desponsata, sed Virgo, quia est Ecclesia typus,
quae est immaculata, sed nupta. Concepit nos virgo de Spiritu, parit
nos virgo sine gemitu. Et ideo fortasse sancta Maria
XI-229
alii nupta, ab alio repleta: quia et singulae Ecclesiae Spiritu quidem
replentur et gratia, junguntur tamen temporali ad speciem
sacerdoti.
R. Beatam me dicent omnes generationes: * Quia fecit mihi Dominus
magna qui potens est, et sanctum nomen ejus
V. Et misericordia ejus a progenie in progenies timentibus eum.
Quia. Gloria. Quia.

AU III. NOCTURNE

Ant. Gaude Maria Virgo, cunctas haereses sola interemisti in


universo mundo.
Ant. Dignare me laudare te, Virgo sacrata; da mihi virtutem contra
hostes tuos.
Ant. Post partum, Virgo, inviolata permansisti: Dei genitrix
intercede pro nobis.
V. Elegit Dominus virum justum Joseph. R. In sponsum Virginis Matris
suae.

Lectio sancti Evangelii secundum Matthaeum.

Lecon vij. Cap. 1.

CUM esset desponsata Mater Jesu Maria Joseph, antequam


convenirent, inventa est in utero habens de Spiritu sancto. Et
reliqua.

Homilia sancti Rernardi Abbatis.

Homil. ij. super Missus est.

Necessario desponsata est Maria Joseph, quando per hoc et a


canibus sanctum absconditur, et a sponso virginitas comprobatur,
et Virginis tam verecundia partitur, quam fama providetur. Quid
sapientius ? quid dignius divina Providentia? Uno tali consilio secretis
coeslestibus, et admittitur testis, et excluditur hostis, et integra
servatur fama Virginis Matris. Alioquin quando pepercisset justus
adultera? Scriptum est autem: Joseph autem vir ejus cum esset
justus, et nollet eam traducere, voluit occulte dimittere eam. Bene
cum esset justus, noluit eam traducere, quia sicut nequaquam
justus esset, si cognitam ream consensisset, sic nihilominus justus
non esset, si probatam innoxiam condemnasset.
R. Felix namque es sacra Virgo Maria, et omni laude
XI-230
dignissima: * Quia ex te ortus est sol justitia, Christus Deus noster.
V. Ora pro populo, interveni pro clero, intercede pro devoto
foemineo sexu, sentiant omnes tuum juvamen, quicumque celebrant
tuum sacrum Conjugium.
Quia ex te.

Leçon viij.

PROPTER hoc Joseph voluit dimittere eam, propter quod et Petrus


Dominum a se repellebat, dicens: Exi a me, Domine, quia homo
peccator sum; propter quod et Centurio a domo sua eum
prohibebat, cum diceret: Domine, non sum dignus ut intres sub
tectum meum. Ita ergo et Joseph indignum et peccatorem se
reputans, dicebat intra se, a tuli et a tanta non debere sibi ultra
familiare praestari contubernium, cujus supra se mirabilem
expavescebat dignitatem.
R. Apparuit Angelus Domini Joseph in somnis, dicens: Noli timere accipere
Mariam conjugem tuam:* Quod enim in ea natum est, de Spiritu sancto est.
V. Pariet autem Filium, et vocabis nomen ejus Jesum. Quod
enim. Gloria Patri. Quod enim.

Leçon ix.

Videbat et horrebat divina praesentia certissimum gestantem


insigne, et quia mysterium penetrare non poterat, volebat dimittere
eam. Expavit Petrus potentia magnitudinem. Expavit Centurio
praesentia majestatem. Exhorruit nimirum et Joseph, sicut homo,
hujus tanti miraculi novitatem, mysterii profunditatem, et ideo
occulte voluit dimittere eam.

Pour les lieux où l'on dit un Répons avant le Te Deum.

R. Elegit Dominus justum Joseph in sponsum Matris


sua. * Joseph, noli timere accipere Mariam conjugem tuam.
V. Quod enim in ea natum est, de Spiritu sancto
est. Joseph. Gloria Patri. Joseph.
Te Deum.
A LAUDES ET AUX HEURES

Ant. 1. Missus est Gabriel Angelus, ad Mariam Virginem


desponsatam Joseph.
XI-231
Ps. Dominus regnavit, avec les autres de Laudes.
2. Joseph autem vir ejus, cum esset justus, et nollet eam
traducere, voluit occulte dimittere illam.
3. Joseph, fili David, noli timere accipere Mariam conjugem
tuam: quod enim in ea natum est, de Spiritu sancto est.
4. Erant Joseph et Maria, Pater et Mater Jesu, mirantes
super iis quae dicebantur de illo.
5. Fili, quid fecisti nobis sic ? Ecce pater tuus et ego dolentes
quaerebamus te.
Capitule. Gaudens gaudeho, comme à Vêpres.

HYMNE (a).

O VIRGINALE vinculum,
Connubium mirabile,
In quo Creator syderum,
Sol nascitur de sydere.
O unitas amabilis,
Coetusque nostri formula:
Jesu, Joseph et Virginis
Unum Cor, una regula.
Hanc unitatem vocibus
Noster chorus sic concinat,
Ut corde, vita, moribus,
Hanc diligenter exprimat.
Uni Deo ter maximo
Sit sempiterna gloria:
Joseph, Maria, Filio,
Per cuncta sit laus saecula.
Amen.
_________________________________
(a) 1652. Hymne.
O gloriosa Domina,
Excelsa super sidera,
Qui te creavit provide
Lactasti sacro ubere.
Quod Eva tristis abstulit,
Tu reddis almo germine:
Intrent ut astra flebiles,
Coeli fenestra facta es.
Tu Regis alti janua, Et porta lucis fulgida:
Vitam datam per Virginem Gentes redempta plaudite.
Gloria tibi Domine, Qui natus es de Virgine,
Cum Patre et alma Spiritu, In sempiterna saecula.
Amen .
XI-232

V. Missus est Gabriel Angelus. R. Ad Mariam Virginem


desponsatam Joseph.
A Bened. Ant. Cum esset desponsata Mater Jesu Maria Joseph,
antequam convenirent, inventa est in utero habens de Spiritu
sancto, alleluia.
Oraison. Deus, qui sacratissimum, p. 225.

A PRIME

Au Rép. bref, Christe Fili Deivivi, on dit ce V. Qui natus es


de Maria Virgine.

A TIERCE

Ant. Joseph autem.


Capit. Gaudens gaudebo, p. 223.
R. br. Missus est* Gabriel Angelus. Missus est. V. Ad
Mariam Virginem desponsatam Joseph. Gabriel Angelus.
Gloria Patri. Missus.
V. Desponsata est beata Virgo Maria. R. Justo Joseph filio David.

A SEXTE

Ant. Joseph fili David.

CAPITULE. Cant. 4.

FAVUS distillans labia tua, Sponsa, mel et lac sub lingua tua: et odor
vestimentorum tuorum, sicut odor thuris.
R. br. Desponsata est * Beata Virgo Maria. Desponsata est. V. Justo
Joseph filio David. Beata Virgo. Gloria Patri.
Desponsata est.
V. Elegit Dominus virum justum Joseph. R. In sponsum
Virginis Matris sua.

A NONE

Ant. Fili, quid fecisti?

CAPITULE. Osee, 2.
SPONSABO te mihi in sempiternum: et sponsabo te mihi in justitia, e t
judicio et in misericordia, et in miserationibus: et sponsabo te mihi
in fide, et scies quia ego Dominus .
R. br. Elegit Dominus* virum justum Joseph. Elegit
XI-233
Dominus. V. In sponsum Virginis Matris sua Virum justum.
Gloria Patri. Elegit Dominus.
V. Elegit eam Deus, et praelegit eam. R. In tabernaculo suo habitare
eam.

AUX II. VEPRES

Toul comme aux premières, excepté l'Ant. suiv.

A Magnif. Ant. Joseph autem fecit sicut praecepit ei Angelus Domini,


et accepit Mariam conjugem suam.

MISSA IN FESTO VIRGINALIS CONJUGII B. MARIAE ET S. JOSEPH

INTROITUS.

GAUDEANUS omnes in Domino, diem festum celebrantes sub


honore Beata Maria Virginis et Sancti Joseph, de quorum sacro
Conjugio gaudent Angeli et collaudant Filium Dei. Psalm. (104).
Constituit eum Dominum domus sua: et Principem omnis
possessionis sua.V. Gloria Patri. Gaudeamus.
ORATIO.

DEUS qui sacratissimum inter beatam Virginem Mariam,


Matrem tuam, et justum Joseph, celebrari Conjugium voluisti:
concede propitius, ut quorum mysterium devote veneramur in
terris, eorum pariter consortium assequamur in coelis. Qui vivis e t
regnas cum Deo Patre.
Lectio Isaiae Prophetae. (Cap. 62).

PROPTER Sion non tacebo: et propter Jerusalem non quiescam,


donec egrediatur ut splendor Justus ejus: et Salvator ejus ut lampas
accendatur. Et videbunt gentes Justum tuum; et cuncti reges
Inclytum tuum. Et vocabitur tibi nomen novum, quod os Domini
nominavit; et eris corona gloria in manu Domini, et diadema regni in
manu Dei tui. Non vocaberis ultra derelicta: et terra tua non
vocabitur ultra desolata. Sed vocaberis Voluntas mea in ea, e t
terra tua inhabitabitur; quia complacuit
XI-234
Domino habitarein te. Habitabit enim Juvenis cum Virgine: e t
habitabunt in te filii tui: et gaudebit Sponsus super Sponsam: e t
gaudebit super te Deus tuus.
Graduale. Desponsata es, beata Virgo Maria, justo Joseph, filio
David. V. Elegit Dominus virum justum Joseph in sponsum Virginis
Matris sua.
Alleluia, alleluia. V. Joseph fili David, noli timere accipere
Mariam conjugem tuam; quod enim in ea natum est, de Spiritu sancto
est. Alleluia.
Post Septuages., omisso Alleluia et versu sequenti, dicitur
Tractus. Fili, quid fecisti nobis sic ? Ecce pater tuus et ego
dolentes quaerebamus te. V. Quid est quod me quaerebatis ?
Nesciebatis quia in iis qua Patris mei sunt,
oportet me esse ? V. Et descendit cum eis, et venit Nazareth,
et erat subdilus illis.
Tempore Pasch. omittitur Graduale et dicitur:
Alleluia, alleluia. V. Missus est a Deo Gabriel Angelus ad Mariam
Virginem désponsatam Joseph. Alleluia. V. Tu scis, Domine, quia
numquam laetata sit uncilla tua, nisi in te Deus meus. Alleluia.
† Sequentia sancti Evangelii secundum Matthaum.
(Cap. 1.)
In illo tempore. Cum esset desponsata Mater Jesu Maria
Joseph, antequam convenirent, inventa est habens in utero de
Spiritu sancto. Joseph autem vir ejus, cum esset justus et nollet
eam traducere, voluit occulte dimittere eam. Haec autem eo
cogitante, ecce Angelus Domini apparuit in somnis ei, dicens:
Joseph, fili David, noli timere accipere Mariam conjugem tuam: quod
enim in ea natum est, de Spiritu sancto est. Pariet autem Filium, e t
vocabis Nomen ejus Jesum; ipse enim salvum faciet populum suum a
peccatis eorum. Credo.
Offertorium. Tulerunt puerum Jesum parentes ejus in
Jerusalem, ut sisterent eum Domino: et offerrent pro eo par
turturum, aut duos pullos columbarum.
SECRETA .
SUBVENIAT nobis, quaesumus, Domine, Dei Genitricis, e t
sanctissimi Sponsi ejus oratio; quorum virgineum
XI-235
illud Conjugium veneramur, in quo natum credimus illum, qui pro nobis
in ara Crucis immolatus est, Dominus noster Jesus Christus Filius
tuus, qui tecum vivit et regnat in unitate Spiritus.
Praefatio de B. Virgine. Et te in Desponsatione.
Communio. Erant Joseph et Maria, Pater et Mater Jesu,
mirantes super iis qua dicebantur de eo.
POSTCOMMUNIO.
GRATIAS agimus tibi, Domine Jesu, pro virginali Conjugio sacrosanctae Matris
tuae Mariae, et justi Joseph: eorum intercessione postulantes, ut benedicti fructus in
eo nati, perpetua suavitate fruamur. Qui tecum vivit et regnat in unitate Spiritus.

o.c. t.12 Ancien Office de la fête de Jean Eudes

p.217
AU II NOCTURNE Leçon IV.
EN l'an 1601, au bourg de Ri, du diocèse de Séez, Jean naquit de parents remplis de
piété et de vertu, qui le consacrèrent à la Vierge Marie, après qu'elle eut exaucé leur
voeu relatif à la naissance de cet enfant. Dès ses premières années, il s'adonna
tellement à la piété qu'à l'âge de douze ans il faisait voeu de chasteté perpétuelle, e t
qu'à quinze ans il se plaçait sous la protection spéciale de Marie: bref, il était digne du
nom que lui donnaient ses camarades: le dévot Eudes. Quand il eut achevé chez les
Pères Jésuites le cycle de ses études, il écarta avec dédain un projet de mariage qui
lui était offert, entra dans la Congrégation de l'Oratoire de Bérulle, et reçut à Paris la
dignité de la prêtrise. Son esprit de religion, son goût pour la sainte Écriture, son zèle
à prêcher la loi de Dieu, le firent particulièrement remarquer. Et ce n'est pas
seulement par ses paroles, c'est aussi par ses exemples qu'il refléta la charité du
Christ. En effet, quand les habitants d'Argentan furent frappés de la peste, il se
rendit à pied dans leur pays, et dans les endroits les plus contaminés il donna tous ses
soins à la guérison des corps et des âmes. Ces mêmes services il les rendit quatre
ans après aux habitants de Caen, et pour ne point communiquer aux autres la
contagion, il passait des nuits entières dans un tonneau placé au milieu d'une prairie.
Ces vertus le firent élire, bien malgré lui, Supérieur de la maison de l'Oratoire de Caen.
Cependant, depuis bien longtemps il songeait à former des jeunes gens au service de
l'Église. Pour réaliser avec plus de facilité son pieux projet, il quitta les compagnons
avec qui il avait vécu vingt ans de vie commune. Avant d'exécuter son dessein, il
implora avec ardeur l'assistance du Ciel, puis il quitta ses Frères non sans
déchirement mais avec courage.

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